CONCLUSION GENERALE
Au terme de la présente
étude portant sur les interventions de l'ONU au Congo : regard
sur le mandat de la MONUSCO, nous nous sommes fixé comme objectif
de comprendre les interventions de l'ONU au Congo tout en penchant un regard
particulier sur le mandat réel de la MONUSCO au vue de ses multiples
limites qui transparaissent sur le terrain en matière de
sécurité et de rétablissement de la paix en RDC et plus
spécifiquement à l'Est.
Pour mieux saisir l'orientation
méthodologique et l'analyse de notre sujet, nous avons fait recours
à la méthode fonctionnelle ou fonctionnalisme de David
MITRANY appuyée par l'exégèse ou méthode
d'analyse des textes juridiques. Quant aux récoltes et traitements des
données, nous avons fait appel à la technique de recueil des
données existantes, des données secondaires et documentaires,
l'enquête par questionnaire, l'entretien ou interview, l'analyse du
contenu et l'observation directe.
Dans ce travail, nous nous sommes
proposé de répondre aux questions suivantes :
- Pourquoi la MONUC, aujourd'hui
MONUSCO, n'est-elle pas parvenu à rétablir la paix en RDC
malgré les moyens énormes dont elle
bénéficie ?
- Quel est le contenu du mandat de
la MONUSCO et ses limites sur les champs des opérations ?
- Comment le
non-rétablissement de la paix, de la sécurité et de la
réconciliation nationale influe-t-il sur le fonctionnement de
l'administration publique à l'Est de la RDC ?
Nous avons soutenu, en guise
d'hypothèses, que les facteurs qui empêchent le
rétablissement de la paix en RDC. sont les suivants :
- Les pays membres ayant fourni
les troupes ne voudraient pas engager leurs soldats dans des combats qui
peuvent leur coûter la vie inutilement.
- L'ingérence des Etats
voisins : le Rwanda et l'Ouganda soutiennent les mouvements
insurrectionnels à l'Est de la RDC.
- Les faiblesses de l'Etat
observées dans tous les secteurs de la vie nationale seraient une
entrave au rétablissement de la paix et une occasion de
résurgences des groupes armés.
Par rapport au mandat, la MONUSCO
aurait comme mission principale la protection des civils, la neutralisation des
groupes armés, la surveillance de la mise en oeuvre de l'embargo sur les
armes et l'appui aux procédures judiciaires nationales et
internationales conformément à la résolution 2098 du 28
mars 2013 du Conseil de Sécurité de l'ONU.
Les limites de la MONUSCO seraient
dues au fait que la MONUSCO ne serait pas parvenue à imposer la paix,
la sécurité, la réconciliation nationale et la protection
des populations civiles pour que l'administration publique fonctionne
normalement. Ces multiples limites auraient conduit au renforcement de ses
troupes par la création de la brigade spéciale d'intervention,
mise en place à cause de la persistance des groupes rebelles à
l'Est de la RDC, qui continue à être le théâtre des
conflits récurrents et des violences interminables, occasionnant des
déplacements massifs de la population. Ce sont ces multiples
défis qui ont conduit le conseil de sécurité à
renouveler le mandat de la MONUSCO. En outre, ces limites seraient liées
à l'immensité du territoire congolais.
Quant au fonctionnement de
l'administration publique, l'Etat congolais aurait enregistré des
déficits budgétaires importants surtout à la DGDA,
à la DGRAD, à la DGI, à la DGM, à l'OCC...suite
à la reprise des hostilités entre le M23 et les FARDC. Après avoir confronté nos
hypothèses aux faits analysés, les résultats qui en
découlent les confirment conformément au tableau
présenté dans le texte.
Hormis l'introduction et la
conclusion, ce travail comporte quatre chapitres. Le premier chapitre
porte sur le cadre conceptuel et théorique. Le second aborde la
problématique du maintien de la paix en RDC. Le troisième a
analysé le contenu du mandat de la MONUSCO et ses limites sur le
terrain alors que le dernier a montré l'incidence de la reprise des
hostilités par le M23 sur le fonctionnement de l'administration
publique.
Dans le premier chapitre, nous
avons examiné les concepts de base et présenté les
théories explicatives de notre thème à savoir la
théorie de la sécurité collective, de la
sécurité sociétale, de la sécurité humaine
et enfin celle du maintien de la paix.
Au second chapitre, nous avons
fait un rappel historique des interventions de l'ONU au Congo ainsi que la
présentation sommaire de la MONUSCO.
Le troisième chapitre nous
a permis de présenter dans un premier temps le contenu du mandat de la
MONUSCO conformément à la Résolution 1325 et celui de la
récente Résolution 2O98 du conseil de sécurité
créant la brigade spéciale d'intervention. Nous avons
abordé les limites de ce mandat à l'épreuve des faits
ainsi que les contraintes auxquelles la MONUSCO est confrontée dans
l'accomplissement de son mandat en RDC et particulièrement à
l'Est du pays.
Dans le dernier chapitre, nous
avons examiné l'incidence de cette crise de la paix sur le
fonctionnement de l'administration publique, plus concrètement, son
impact sur les services publics de l'Etat générateurs de
recettes financières mais aussi ses conséquences sur
l'administration publique en général. En effet, l'Administration
publique ainsi que les services publics ne peuvent fonctionner que si l'Etat
fonctionne normalement sur toute l'étendue du territoire national. Nous
avons examiné dans ce chapitre trois points saillants faisant appel
à l'histoire notamment les trois interventions de l'ONU au Congo au
regard de leurs différents mandats.
Dans la perspective d'aboutir au rétablissement de
la paix par l'ONU et spécifiquement par la MONUSCO en RDC en
général plus particulièrement à l'Est, nous
suggérons ce qui :
- La MONUSCO doit exécuter le mandat musclé lui
conféré par le conseil de sécurité à
travers la création de la brigade africaine
d'intervention ;
- De poursuivre efficacement l'accompagnement des
institutions de la RDC. Le conseil de sécurité devrait continuer
à faire pression sur les Etats voisins, l'OUGANDA et surtout le RWANDA
afin qu'ils s'abstiennent de soutenir les groupes armés qui pullulent
à l'Est de la RDC.
Nous proposons au gouvernement congolais que la solution est
donc politique et se trouve en partie à Kinshasa, qui doit changer de
mode de gouvernance pour enfin asseoir son autorité ; et à
Kigali, qui est accusé de soutenir les rebellions successives dans l'Est
du Congo et plus récemment celle du M23. Kigali est encore en mesure de
siffler la fin du match dans les Kivus et pour y arriver, Kigali devrait
s'asseoir sur la table des pourparlers avec ses opposants et conclure des vrais
accords pour mettre fin à cette tragédie qui a commencé en
1994 et dont toute la région continue à souffrir jusqu'à
ce jour tel que l'avait aussi suggéré le président
Tanzanien, Mr JAKAYA KIKWETE à l'occasion du lancement du
déploiement des contingents Tanzaniens de la brigade spéciale
d'intervention.
Hier comme aujourd'hui, il y a lieu de retenir deux grandes
leçons de l'histoire :
Primo : Les Nations Unies semblent gérer la
crise congolaise avec les mêmes erreurs : inaction et obstination
à résoudre par des mécanismes internes un conflit qui
touche les Etats des pays des grands lacs.
Secundo : L'analyse juridico-politique des Tables
Rondes et l'expérience de la Conférence Nationale Souveraine
(CNS) démontre à suffisance que, bien qu'indispensable, la
viabilité d'une construction engendrée par le dialogue
était souvent sujette à caution. Ces appréhensions ne
préjugent en rien du résultat final que pourrait avoir la mission
de l'ONU au Congo.
Cependant, en rapport avec la
problématique que nous avons abordé, nous ne prétendons
pas avoir tout expliqué, ni tout dit, ni tout analysé. Ce travail
reste donc ouvert à toute critique objective et constructive contribuant
à l'approfondissement de ses analyses ou de sa thématique.
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