UNIVERSITE OFFICIELLE DE BUKAVU
U.O.B
251660288
m
B.P.: 570
FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
DES INTERVENTIONS DE L'ONU AU CONGO:
REGARD SUR LE MANDAT DE LA MONUSCO
DEPARTEMENT DES SCIENCES POLITIQUES ET
ADMINISTRATIVES
OPTION : SCIENCE ADMINISTRATIVE
Mémoire présenté et défendu en vue de
l'obtention du diplôme de Licence en Science Administrative.
Par: SHERIA
NKUNDAMWAMI Ange- Marie
Directeur :
Professeur BALAAMO Jean-Pacifique
Encadreur :
C.T. BAGALWA MALABI Jossart
ANNEE ACADEMIQUE 2012-2013
SIGLES ET ACRONYMES
ADF : Allies Democratic Forces
APCLS : l'Alliance des Patriotes pour un Congo libre et
souverain
BONUC : Bureau de l'Organisation des Nations Unies au
Congo
CDF : Franc Congolais
CIRGL : Conférence internationale sur le
Région des Grands Lacs
CNS : Conférence Nationale Souveraine
CPI : Cour pénale internationale
DDR : désarmement démobilisation et
réintégration
DDRRR : Programme de désarmement,
démobilisation, réintégration, et réinstallation ou
rapatriement
DGDA : Direction Générale des Douanes et
Accises
DGI : Direction Générale des
Impôts
DGM : Direction Générale des Migrations
DGRAD : Direction Générale des Recettes
Administratives, Domaniales, Judiciaires et de Participation
FARDC : Forces armées de la République
Démocratique du Congo
FDLR : les Forces Démocratiques de
Libération du Rwanda
FMI : Fond Monétaire International
FNL : Forces Nationales de Libération
LRA : Lord Resistance Army
M23 : Mouvement du 23 mars
MONUC : Mission de l'Organisation des Nations Unies au
Congo
MONUSCO : Mission de l'Organisation des Nations Unies
pour la Stabilisation en République Démocratique du Congo
OCC : Office Congolais de Contrôle
OMP : Opération de Maintien de la Paix
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
ONUC : Opération des Nations Unies au Congo
OUA : Organisation pour l'Unité Africaine
RDC : République Démocratique du Congo
SADC : Southern Africa Development Community
SDN : Société Des Nations
SPRL : Société Privée à
Responsabilité Limitée
STAREC : Programme de Stabilisation et de Reconstruction
de la République Démocratique du Congo.
URSS : Union des Républiques Socialistes
Soviétiques
IN MEMORIAM
Mon Papa NKUNDAMWAMI KAHASHA Joseph;
Très cher papa, ton souvenir et tes actions
demeurent toujours visibles dans ma vie, l'éducation et les conseils que
tu m'as prodigués ont fait de moi ce que je suis aujourd'hui et m'ont
aidé à accomplir cette oeuvre
grandiose : « les morts sont vivants à travers leur
progéniture ».
Très cher Papa, que ton âme repose en paix et
que la terre de nos ancêtres te soit propice !
SHERIA NKUNDAMWAMI Marie Ange
DEDICACE
A ma très chère maman, MUTWAMBAKA M'BIDEKO
Euphrasie : voici le fruit de ta bravoure et de tes multiples
privations ;
A tous les NKUNDAMWAMI, mes frères et soeurs,
trouvez ici l'engouement d'aller plus loin sur le sentier de la
science,
A tous les miens.
SHERIA
NKUNDAMWAMI Marie Ange
REMERCIEMENTS
La présente oeuvre ne pourrait aboutir n'eût
été l'apport combien louable de quelques personnes à qui
nous avons l'honneur d'exprimer nos hommages les plus
déférents,
A Dieu notre père source de vie et d'intelligence qui a
permis la conception et la production de ce travail,
A tout le corps enseignant de la Faculté des sciences
sociales, politiques et administratives de l'Université Officielle de
Bukavu,
A Monsieur le Professeur BALAMO Pacifique qui a accepté
la direction de ce travail.
A Monsieur le Chef des Travaux BAGALWA Jossart qui
malgré ses multiples occupations a accepté l'encadrement de ce
travail par des orientations et des remarques qui nous ont donné une
nette clairvoyance du sujet abordé,
A ma très chère maman, MUTWAMBAKA M'BIDEKO
Euphrasie, pour vos sacrifices de toute nature en vue de ma formation, vos
sages conseils nous ont permis de nous situer dans ce monde,
A tous mes frères, soeurs : José,
Valéry, Jules, Roger, Justin, pour votre indéfectible
attachement,
A mes oncles : BIDEKO Juvénal et KAHASHA Pierre
pour votre appréciable soutien,
A BASHIZI Alain pour ton fidèle accompagnement, sois
rassuré de notre sincère attachement,
A mon beau-frère Docard et à mes neveux et
nièces Divine, Dorcas et Joseph pour vos prières.
A tous mes collègues amoureux de la science dont NEEMA
Nelly,
A tous les Artisans de la Paix et de la sécurité
plus particulièrement, le personnel de la MONUSCO,
A tous ceux qui m'ont soutenue, un seul mot suffit :
« MERCI ».
SHERIA NKUNDAMWAMI Marie Ange
EPIGRAPHES
L'humanité, de toute évidence, a atteint un
point critique de son histoire. Le monde se réduit de jour en jour, et
devient de plus en plus interdépendant. Une nation aujourd'hui ne peut
plus résoudre ses problèmes par elle-même. Sans un sens de
responsabilité à l'échelle de l'univers, notre avenir
même est en danger.
Dalaï Lama à l'occasion du
38ème anniversaire du Soulèvement national du Peuple
tibétain
Seuls peuvent encore nous sauver ceux qui comprendront que
l'unique patrie qui mérite d'être défendue est la patrie
humaine. Ceux qui auront le courage de désobéir à leurs
gouvernants et placeront le monde au-dessus des nations.
Bernard CLAVEL
Si l'ONU est incapable de gérer la paix et la
sécurité du monde, il est impératif que tous les citoyens
du monde exigent sa disparition et son remplacement par un gouvernement mondial
dont les règles de fonctionnement seront démocratiques et
conformes au droit.
Madame Ndèye Khady BA, chercheuse
sénégalaise (29/10/2012)
INTRODUCTION GENERALE
1. CHOIX, INTERET ET OBJET DU SUJET
CHOIX
DU SUJET
Le choix de ce sujet a
été motivé par le fait de vouloir évaluer les
avancées et les limites des interventions de l'ONU en RDC par rapport
au mandat de la MONUSCO. En effet, on observe à l'Est du pays, la
souffrance du peuple congolais, la perturbation du fonctionnement normal et
régulier de l'Etat dans certains territoires tels que Masisi et
Rutshuru, la menace de destruction à long terme de la
société et de la nation congolaise suite à des guerres
récurrentes.
Ces multiples problèmes
ont captivé notre esprit de recherche et nous ont conduit à
vouloir analyser la situation sécuritaire au regard du mandat de la
MONUSCO comportant comme priorités majeures la protection des
civils, la stabilisation et consolidation de la paix en RDC.
La résolution du Conseil de
sécurité S/RES/1925 du 25 Mai 2010 transformant la MONUC en
MONUSCO lui assigne, entre autre, comme objectif de développer
les services publics essentiels et la capacité administrative au niveau
national pour assurer ces services et promouvoir la réconciliation
nationale.
En effet, la guerre et les attaques militaires
étrangères (par exemple celles du Rwanda et de l'Ouganda) ont
poussé l'ONU à intervenir comme acteur principal du maintien et
du rétablissement de la paix dans le monde et particulièrement
dans notre pays à travers les mécanismes du maintien de la paix
et de réconciliation nationale.
Cependant, cet objectif n'a pas été atteint
à l'Est de notre pays. Surtout l'évolution récente
inquiétante de la situation sécuritaire dans cette partie de
la RDC nous interpelle pour mieux comprendre les limites qu'éprouve la
MONUSCO pour accomplir son mandat. Toutes ces considérations nous
permettent en plus de justifier le choix de ce thème de recherche en
tant qu'administrativiste.
De ce fait, le présent
travail revêt un intérêt scientifique, social et
personnel :
INTERET DU SUJET
Intérêt scientifique
Ce travail constitue un outil
d'analyse permettant de comprendre et d'expliquer le fonctionnement et les
réalisations voire les limites de la MONUSCO à travers certaines
théories de droit international et du fonctionnaire international.
Intérêt social
Cette étude se veut un
document de référence pouvant aider la population et toute autre
personne désireuse de mener ses recherches dans le domaine
similaire...
Intérêt personnel
En tant que chercheuse en science
administrative, les activités de la MONUSCO se rapportant au maintien et
au rétablissement de la paix ne peuvent pas nous laisser
indifférente surtout qu'il s'observe une prolifération des
groupes armés pillant et violant en toute impunité et
empêchant l'Etat, surtout l'administration publique à travers ses
services publics, de fonctionner normalement et régulièrement
pour résoudre les multiples problèmes auxquels est
confronté la population.
OBJET DU SUJET
La présente étude
porte sur les interventions de l'ONU en RDC, spécifiquement en
référence au mandat de la MONUSCO.
2. ETAT DE LA QUESTION
Notre étude portant sur
« les interventions de l'ONU au Congo : regard sur le mandat
de la MONUSCO » ne peut être abordée sans la
consultation systématique des publications des chercheurs qui en ont
fait leur préoccupation afin d'éviter d'enfoncer une porte
déjà ouverte.
Béatrice POULGNY, dans son
ouvrage « Ils nous avaient promis la
paix », réalise que la géographie locale des
opérations de paix menées aujourd'hui par l'ONU n'a plus rien
à avoir avec le schéma des missions classiques. La guerre comme
la paix se jouent au coeur de l'espace sociopolitique, physiquement et
symboliquement : dans les lieux de pouvoir comme dans les ruelles des
bidonvilles ou sur les routes au milieu de nulle-part, ce qui va se jouer dans
l'interaction entre les opérations de la paix et la population
locale.
S'intéressant par la suite
aux objectifs d'une mission onusienne, Béatrice P. précise que le
fait qu'une mission soit déployée dans le cadre de l'application
d'un accord de paix ou au contraire, en l'absence d'un tel accord change
directement ou radicalement la donne pour les acteurs politiques. Dans ce cas
l'accord a généralement fait l'objet des longues
négociations entre les parties tout comme le contenu du mandat de la
MONUSCO.1(*)
Pour sa part, Jean
François HUGO affirme que le rôle des Nations Unies pendant la
première guerre au Congo s'est limité sous la pression
américaine, à des atermoiements au sujet de la situation des
réfugiés Rwandais dans l'Est de la RDC et à l'expression
de son inquiétude vis-à-vis de la stabilité de la
Région. Il précise en outre que la rapidité avec laquelle
l'AFDL s'est emparée du pouvoir, a pris de cours la machine onusienne
qui n'a eu ni le temps, ni la réelle motivation pour cesser les combats.
La seconde guerre du Congo va lui donner l'occasion de faire preuve de ses
compétences en matière de résolution des conflits.
L'auteur continue en précisant que la première résolution
pose le cadre des préoccupations de l'ONU, d'abord centrées sur
la violation de la souveraineté nationale du pays et de son
intégrité territoriale, les violations des droits de l'homme et
du droit humanitaire, ainsi que les mouvements illicites d'armes et de
matériel militaire dans la région des Grands Lacs.2(*)
Dans un ouvrage collectif (sous la
direction de MAMPUYA KAMUNKO) ,LUKUNDA VAKALA note que la mission de
l'organisation des nations unies au Congo dont les effectifs ont
été à nouveau augmentés de par la résolution
1565 (2004) du 1er Octobre 2004 du conseil de sécurité
a, pour sa part, connu des hauts et des bas dans l'exécution de son
mandat en RDC. En effet, les membres de la MONUC ont été
tantôt félicités pour bravoure, tantôt
reprochés pour hésitation dans l'accomplissement rapide de
l'objectif de leur mission, tantôt cités pour abus sexuels sur les
populations à protéger. Ces actes ont été
condamnés par le Secrétaire Général KOFFI
ANNAN.3(*)
Timothée MBUYA estime que
le fonctionnement de la MONUC devenue MONUSCO a, substantiellement
été revu, d'où l'importance de remédier à
certaines activités et personnels de la mission. Il précise que
certains droits reconnus aux citoyens, notamment la conversion de tous les
journaliers en contrat individuel de l'ONU (ICS), vont à l'encontre du
droit de travail applicable en RDC et aussi aux conventions de l'OIT. Il montre
que la MONUSCO fait recours à l'utilisation abusive des journaliers
sachant qu'elle est dispensée de toute poursuite devant les
juridictions congolaises. Il précise enfin qu'il est inimaginable que la
MONUSCO créée par le Conseil de Sécurité pour
soutenir les efforts de la mise en place d'un Etat de droit en RDC, puisse par
des actes de guerre aller à l'encontre de la philosophie ayant
présidé à sa création.4(*)
Charles CHAUMONT, dans son
investigation sur les nations unies, réalise que l'ONU dans ses
fonctions en matière de sécurité s'est exercée,
bien que certaines des plus importantes affaires aient été
débattues en dehors des Nations Unies. C'est dans ce contexte que les
Nations Unies sont intervenues plusieurs fois dans le monde et
particulièrement en Afrique. Certaines de ces interventions ont
été couronnées de succès et d'autres des
échecs.5(*)
Sur place en RDC, la MONUC a
traversé difficilement l'année 2008. Toutefois, dans son bilan,
M.Alan DOSS reconnaît des signes d'espoir au début de
l'année. L'optimisme affiché en janvier 2008 à Goma, s'est
émoussé, dès octobre 2008, avec la reprise des
hostilités dans le Nord-Kivu.
L'action de la MONUC a toujours
été mal perçue par les congolais qui reprochent souvent
à la force onusienne, son inaction face aux exactions des groupes
armés. D'où, la question qu'on se pose de savoir si le mandat de
la MONUC est correctement exécuté. Dans son communiqué
daté du 15 décembre 2008, la MONUC révèle la
répartition des forces à la RDC, sur le 17.421 Casques bleus,
6.139 sont stationnés dans le Nord-Kivu, soit 8 bataillons sur 17.
Près de 8000 à 1000 hommes sont déployés à
Goma, 3.513 dans le Sud-Kivu et 3.769 en Ituri. L'ouest du pays se partage le
reste des troupes.
L'augmentation de tension à
l'Est a placé la MONUC devant un défi, celui de renforcer ses
effectifs. L'ONU a sollicité à l'Union Européenne l'envoi
des troupes supplémentaires. La requête demeure encore sans
écho.6(*)
On s'attendait à ce que
les différentes opérations menées depuis fin 2008
atténuent la virulence de la LRA, des FDLR, et de certains groupes
armés de l'Ituri, mais, hélas, il y a en outre la
présence des groupes armés, des bandits organisés qui
s'adonnent notamment à couper les routes. La nécessité de
voir la MONUC et les forces armées de la RDC (FARDC) redoubler
d'efforts devient impérieuse. Entre-temps, l'Etat-major
Général des FARDC, dans son communiqué du 12 mai 2009,
note une amélioration de la situation et « souligne que toutes
les opérations menées tant au Nord-Kivu, Sud-Kivu que dans le
haut-Uélé (Province Orientale) se déroulent dans le strict
respect des droits de l'homme.7(*)
Dans son rapport préalable
à la décision du conseil, Kofi Annan mesurait bien le risque
qu'il prenait à une époque où le congolais entre de
palabrer sur la tenue du dialogue inter congolais. « en
formulant ces recommandations je suis pleinement conscient, écrivait-il,
des risques qui, sur le plan politique et du point de vue de la
sécurité, sont associés à ces prochaines
dispositions nécessaires pour faire avancer le processus de la paix de
manière décisive, et des coûts élevés
qu'elles entraîneront sur le plan financier ».
La communauté
internationale n'avait pas géré la sécurité au
Congo avec beaucoup de brio. En effet, le mandat confié à la
MONUC à l'issue de la signature de l'accord de Lusaka est un mandat
très « léger ». Alors que le Rwanda et
l'Ouganda sont toujours présents et très actifs dans
l'exploitation illégale des ressources naturelles dans l'est du pays
(Ituri et Kivu) et que des petits ou moyens chefs de guerre, non-signataires de
l'accord, se livrent à des actions de pillage systémique, il
prévoit initialement, non pas un maintien de la paix encore moins une
imposition de paix , mais une mission de simple observation et
de « maintien de liaison entre les différents
signataires de l'accord » . Il précise qu'il fallait attendre
octobre 2011 pour que finalement la MONUC reçoive l'autorisation de se
déployer de manière plus conséquente dans les
régions « sensibles » du Kivu et d'Ituri. Toutefois son
mandat et les directives opérationnelles restaient limités.
D'observateurs, les casques bleus devenaient une force théorique
autorisée à «utiliser la force pour la protection des
populations civiles menacées ».8(*)
Tous ces chercheurs ont mis
l'accent sur le fonctionnement de l'ONU à travers ses Missions de
maintien de la paix, ses échecs et ses succès sur le terrain des
opérations ainsi que son fonctionnement interne et celui de ses
opérations de maintien de la paix dans le monde.
Quant à nous, nous nous
focaliserons essentiellement sur les interventions de l'ONU au Congo tout en ne
perdant pas de vue ses succès ainsi que ses échecs dans les
événements alors qu'un regard particulier sera jeté sur
l'Organisation des Nations Unies pour la Stabilisation de la République
Démocratique du Congo « MONUSCO » en analysant dans
la mesure du possible la crise de l'Est et son impact sur les fonctionnement de
l'administration publique à l'est du pays, tout en relevant les limites
de la mission sur le terrain par rapport à son mandat.
3.
PROBLEMATIQUE
La mission des Nations-Unies au
Congo (MONUC) a reçu mandat du Conseil de Sécurité en
1999, consistant à protéger les civils, à aider les FARDC
à démanteler les bastions des groupes armés nationaux et
étrangers ; et à instaurer l'autorité de l'Etat sur
l'ensemble du territoire national. Le 25 Novembre 2009 le porte-parole de la
MONUC a déclaré « qu'en dix ans, la MONUC s'est
remarquablement acquittée de ses mandats et de ses
tâches » Cependant, il faut noter qu'un concert de
déclarations réclamant le départ de la MONUC avait
été constaté dans l'opinion publique congolaise.
Alors que la RDC demandait le
départ de la MONUC M. Alan DOSS, Représentant Spécial
du Secrétaire Général de l'ONU en RDC, tenait au
renouvellement du mandat de la Mission onusienne pour les prochains six mois.
Le conseil de sécurité a finalement décidé de
prolonger le mandat jusqu'au 31 Mai 2010. A ce sujet, il faut rappeler qu'une
délégation du conseil de sécurité avait
été dépêchée à Kinshasa .Il s'agissait
alors de trouver un terrain d'entente sur la nouvelle configuration de la MONUC
et de fournir des précisions sur son futur mandat.
Les entretiens concernaient
également le calendrier du retrait et la prise de connaissance des
dispositions sécuritaires arrêtées par le Gouvernement en
vue d'accomplir le rôle dévolu à la MONUC. En tout
état de cause l'essentiel consistait à éviter un
départ précipité de la MONUC. Le Gouvernement Congolais
n'a jamais été pour une telle formule, bien qu'il ait fermement
recommandé son retrait. Les négociations consistaient à
recueillir des données objectives en perspective de la rédaction
d'une résolution y afférente.
Toutes ces tractations ont abouti
à la transformation de la MONUC en Mission de l'Organisation des Nations
Unies pour la Stabilisation du Congo (MONUSCO).
Le Conseil de sécurité des Nations Unies, par
sa résolution 1925 adoptée le 28 mai 2010, a décidé
que la Mission s'appellera à partir du 1er juillet 2010 ''Mission de
l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République
Démocratique du Congo'' ou ''MONUSCO'', en remplacement de la
MONUC9(*).
Depuis le 9 Juin 2010, le nouveau Chef de la MONUSCO fut
connu. Il s'agit de M. Roger MEECE, un Américain qui a
été Ambassadeur des USA en RDC, de 2004 à 2007.Il a
reçu mission de mettre en oeuvre la Résolution 1925 du Conseil
de Sécurité portant création de la mission actuelle.
A l'occasion de sa première
rencontre avec la presse en Août 2010, M. Roger MEECE, Chef de la MONUSCO
a fixé l'opinion sur les priorités de l'organe qu'il dirige. Il a
insisté sur le renforcement des capacités des institutions du
pays, la formation de la police et l'appui à la tenue des
élections de 2011.Sa préoccupation portait également sur
le retour de la paix et de la sécurité, la protection des civils
contre les exactions des groupes armés congolais et étrangers.
Faciliter l'établissement de l'autorité de l'Etat sur
l'étendue de la RDC constitue une autre priorité de son mandat.
Cependant, M. MEECE, a
prévenu les membres du Conseil de Sécurité des
difficultés rencontrées dans l'Est de la RDC sur le plan
sécuritaire et de l'incapacité de la MONUSCO à assurer la
protection des civils, la recrudescence des cas des viols et autres exactions
ne pouvant être atténuées qu'avec notamment la
réforme du secteur de la sécurité. La situation
sécuritaire en RDC demeure toujours préoccupante pour le Conseil
de Sécurité.
C'est cela qui justifie le
renouvellement du mandat de la MONUSCO : d'abord par la résolution
1991 adoptée le 28 Juin 2011 par le conseil de sécurité le
prorogeant jusqu'au 30 Juin 2012, ensuite la MONUSCO a vu son mandat reconduit
jusqu'au 30 Juin 2013.Cette prorogation a été obtenue à
l'unanimité. Le Conseil de sécurité a demandé
à la MONUSCO de protéger prioritairement les civils tout en
insistant sur le fait que le gouvernement congolais demeure le responsable
principal, sur le plan sécuritaire, de réconciliation nationale
ainsi que de la consolidation de la paix et du développement du
pays10(*).
Par opposition aux faits positifs
vantés dans divers bilans de cette mission et dont certains ne peuvent
être niés. Objectivement, il ya lieu de souligner des
résultats négatifs de cette massive et impressionnante
présence Onusienne en RDC douze ans durant.
L'insécurité
persiste dans le pays, en général et en particulier à
l'Est et en Ituri, les viols et autres violences sur les femmes continuent, les
guerres de l'Est sont devenues chroniques et caractéristiques comme
symboles de l'instabilité et des faiblesses de la gouvernance en RDC,
les crimes de guerre, les crimes contre l'humanité, les violations
massives des droits de l'homme sont monnaie courante, la
légitimité du leadership est contestée par ce que ce
dernier serait imposé de l'extérieur avec l'appui et sous la
couverture de la mission de Nations Unies, la souveraineté de l'Etat est
remise en cause avec comme caractéristiques le dysfonctionnement de
l'administration et de certains services publics de l'Etat
générateurs des recettes tels que DGRAD, DGDI ,DGI et
OCC& etc. Pire, cette mission a eu à afficher des attitudes
ambigües et pris des prétextes pour ne pas intervenir
vigoureusement contre les milices et rebellions. Il lui est arrivé de
décourager certaines actions militaires congolaises, et pour certains
des ses officiers, de développer des relations de copinage avec les
officiers commandants des rébellions et même de tenir de propos
à leur endroit.11(*)
Pour contribuer à l'analyse
de cet état des choses, nous articulons notre problématique
autour des questions suivantes :
1. Pourquoi la MONUC aujourd'hui MONUSCO ne parvient-elle pas
à rétablir la paix en RDC malgré les moyens énormes
dont elle bénéficie ?
2. Quel est contenu du mandat de la MONUSCO et ses limites sur
les
champs des opérations?
3. Comment le non
rétablissement de la paix, de la sécurité et de la
réconciliation nationale influe- il sur le fonctionnement de
l'administration publique de l'Etat à l'Est de la RDC?
4. HYPOTHESES
Pour M. GRAWITZ, l'hypothèse est une proposition de
réponse à la question posée quitte à formuler une
relation entre les faits significatifs, même plus ou moins
précises. Elle aide à sélectionner les faits
observés.12(*)
Ainsi, en guise des réponses aux questions
posées dans la problématique, nous formulons nos
hypothèses comme suit :
1. Plusieurs facteurs expliqueraient le non
rétablissement de la paix par la MONUSCO. Il faut noter d'abord que les
pays membres ayant fourni les troupes ne voudraient pas engager leurs soldats
dans des combats qui souvent leur coûtent la vie inutilement. En outre,
l'ingérence des Etats voisins (le Rwanda et l'Ouganda) ainsi que
les faiblesses de l'Etat observées dans presque tous les secteurs de la
vie nationale seraient des entraves au rétablissement de la paix et
une occasion de résurgence des groupes armés
2. Par rapport à son mandat, la MONUSCO aurait comme
missions principales la protection des civils, la neutralisation des groupes
armés par la brigade d'intervention, la surveillance de la mise en
oeuvre de l'embargo sur les armes et l'appui aux procédures judiciaires
nationales et internationales et ce, conformément à la
résolution 2098 adoptée par le Conseil de sécurité
du 28 mars 2013.
- Les limites de la MONUSCO seraient dues au fait qu'elle
n'est pas parvenue à imposer la paix, la sécurité, la
réconciliation nationale et la protection des populations civiles, pour
que l'administration publique fonctionne bien. Ces multiples limites ont
conduit au renforcement de son mandat par la brigade d'intervention .La
persistance de groupes rebelles à l'Est de la RDC, fait que cette partie
du pays continue d'être le théâtre de conflits
récurrents et de violences persistantes perpétrées par des
groupes armés tant nationaux qu'étrangers tel que le
M23.Ce sont ces groupes armés qui occasionnent le déplacement
massif de la population. Ces multiples défis ont conduit le conseil de
sécurité à renouveler le mandat de la MONUSCO. En outre,
ces limites seraient également liées à l'immensité
du territoire congolais.
3. Quant au fonctionnement de
l'administration publique, l'Etat congolais aurait enregistré des
déficits budgétaires importants dans le chef des régies
financières telles que la DGDA, DGRAD, DGI, etc....suite aux guerres a
répétitions à Est de la RDC.
3. METHODOLOGIE
Pour Madeleine GRAWITZ, la
méthode est un moyen de parvenir à un aspect de la
vérité, de répondre plus particulièrement à
la question : « Comment », est lié au
problème de l'explication.13(*) Toute étude qui se veut scientifique doit
être menée à l'aide des méthodes et techniques.
Ainsi, dans le but de vérifier nos hypothèses, nous allons
recourir à la méthode Fonctionnelle ou fonctionnalisme de David
MITRANY; appuyée par l'exégèse ou méthode d'analyse
des textes juridiques
La méthode fonctionnelle a
pour objectif d'envisager la stabilité de la paix internationale
à « la coopération à la
carte » c'est- à- dire aborder la coopération dans son
approche technicienne.
En Appliquant cette
définition dans notre recherche, il sera ici question de recueillir les
informations orales, le témoignage, les récits autobiographiques,
les documents contemporains auprès de deux parties, l'ONU et la RDC.
Quant à J Jacques ROCHE, le
fonctionnalisme se présente comme une méthode originale de
conciliation des intérêts des Etats, il transforme les objectifs
de l'action internationale.
Elle doit permettre, en
priorité aux nations du monde de vivre harmonieusement entre elles
plutôt que de fonder leurs rapports mutuels sur le plan
perpétuel.
Jean BORREA expose les quatre
postulats de la méthode fonctionnelle telle que présentée
par David MITRANY, qui structurent sa stratégie de la paix
internationale.
Principe de non territorialité :
Ce principe stipule que l'autorité étatique doit s'abstenir de
concentrer entre ses mains toutes les fonctions.
Ce principe l'achèvement,
la superposition de plusieurs centres de décisions sur un même
territoire chacun opérant dans le limites fonctionnelles de sa
compétence.
-Principe de
l'allégeance utilitaire et fractionnée au loyalisme politique
monolithique traditionnel : Il nous permet de comprendre comment
les peuples du monde cherchent à aller au-delà de leur
nationalisme entant que soutien moral monolithique d'un pouvoir lui-même
centralisé, c'est-à-dire que le nationalisme reste un
élément d'identification au sein de cette diversité de la
scène internationale et non celui de cloisonnement.
-Le principe de la
séparabilité entre les matières d'ordre politique et
d'autres matières de la survie de l'Etat : pour ce
principe les Etats doivent être capables d'identifier les matières
ou domaine de compétences où apparaissent plus facilement
des intérêts aux besoins communs naturellement
générateurs de coopération internationale.
-Le principe de
ramification (Spill-Over) de la pratique
coopérative : Une fois acquise dans un domaine
donné, la coopération fonctionnelle est censée se
propager naturellement à d'autres domaines d'activités tissant
ainsi progressivement autour des Etats un filet des pratiques et des
mentalités de nature coopérative de l'autre.14(*)
Pour éclairer notre
analyse nous allons recourir à l'approche inter gouvernementaliste
Pour le cas sous examen, les
acteurs historiques sont l'ONU, la RDC et la population
bénéficiaire des actions des parties.
Voici trois conditions à
remplir pour que la participation des parties soit possible et
féconde :
° Il faut une situation de crise : c'est le moment
où les contradictions d'une société ou d'une institution
deviennent virulentes, intolérables, et où les luttes politiques
commencent à prendre les pas sur les autres formes de changements
sociaux.
° Il faut que les acteurs sociaux concernés par
les contradictions prennent conscience de leurs conditions, des enjeux
politiques et s'engagent dans ses pratiques transformatrices
révolutionnaires.
° Il faut que le chercheur repère les acteurs
sociaux, observe leurs pratiques, les écoute et, si possible, instaure
un dialogue avec eux.15(*)
Pour cette étude nous
constatons que la situation de crise est explicite dans le contexte de la RDC,
les acteurs ont pris part à des différents pourparlers pour
tenter d'améliorer la situation dont ils ont pris conscience de la
gravité.
Ainsi la méthode
exégèse va quant à elle, nous aider à mieux
interpréter le contenu de l'accord ONU-RDC en vue d'en étayer le
sens et de mieux éclairer l'opinion scientifique afin de contribuer
à une meilleure intelligibilité des textes faisant force de
Droit. Cette méthode nous aidera à avoir les explications
détaillées tirées de plusieurs passages de l'accord
sus-évoqué.
Notons que le mot
exégèse dérive du grec « exigeais de
exêgisthai » qui signifie « raconter,
dévoiler ou expliquer ». Il s'agit d'une interprétation
grammaticale, historique et juridique. L'exégèse essaie par une
étude soignée de pénétrer au-delà des mots
écrits afin de comprendre la pensée conçue par le
législateur afin de rendre cette pensée compréhensible aux
lecteurs et auditeurs d'aujourd'hui. Grâce à elle, on peut
accéder au message d'un texte, à l'esprit et à la lettre
du texte juridique.
Pour Benoit VERHAEGEN, la
technique est définie comme un ensemble des moyens et des
procédés qui permettent à un chercheur de rassembler les
informations originales sur un sujet donné16(*).
Ainsi dans le but de
récolter et traiter les données, nous allons faire recours aux
techniques ci-après :
° Le recueil des données existantes,
données secondaires et documentaires : grâce à cette
technique nous avons procédé à la lecture des
différents ouvrages, revues, et différents articles contenant
des informations en rapport avec ce sujet.
° L'enquête par questionnaire : Elle nous
permet de poser des questions a un ensemble de répondants le plus
représentatif d'une population une série des questions relatives
à leur position sociale, professionnelle, ou familiale, à leur
opinions ,à leurs attitudes , à l'égard d'options ou
d'enjeux humains et sociaux ,à leurs attentes,...etc.
° L'entretien ou interview : Cette technique nous
permet de recueillir des informations et des éléments de
réflexion très riches et nuancés. Elle nous aider à
entrer en contact direct avec nos interlocuteurs pour recueillir des
informations.
° L'analyse du contenu : L'analyse du contenu est
une technique de codage ou de classification visant à découvrir
d'une manière rigoureuse et objective la signification d'un
message17(*). Cette
technique nous a permis de dégager le sens logique de ce que nous
avons entendu, perçu, échangé. Grâce à elle,
nous avons présenté systématiquement nos informations.
L'observation directe : L'observation n'est donc pas un
mode d'investigation, de perception des phénomènes comme
l'entrevue. Elle est directe : le regard du chercheur porté sur les
phénomènes eux-mêmes et non sur les perceptions de
phénomènes par des enquêtes. L'observation est aussi un
mode d'investigation du réel très différent de la
méthode expérimentale. Et ce pour une raison principale :
l'observation se déroule dans un le milieu naturel et non dans un
laboratoire. En recourant à ce mode d'investigation du réel, le
chercheur observe donc l'individu ou le groupe en pleine action, dans son
milieu de vie.18(*)
Le fait de vivre à l'Est,
d'assister aux événements nous permet d'observer les faits tels
qu'ils se déroulent sur le terrain.
4. DELIMITATION DU SUJET
Bien que notre sujet
suggère de par son intitulé, un domaine d'investigation plus
vaste, il implique néanmoins une délimitation spatiale et une
délimitation temporelle.
La délimitation spatiale
porte particulièrement sur l'Est de la RDC notamment, les provinces du
Nord et Sud-Kivu, le Nord Katanga et la Province Orientale.
La période concernée
va de 2008 à 2012, période au cours de laquelle nous avons
assisté au changement de la mission de l'Organisation des Nations Unies
au Congo (MONUC) qui était initialement chargée de l'observation
du respect des engagements par les belligérants en Mission des Nations
Unies pour la stabilisation de la République Démocratique du
Congo (MONUSCO) à laquelle le Conseil de Sécurité
conféra aussi le mandat de stabilisation et d'accompagnement au
développement sur demande du gouvernement de la RDC.
5. DIFFICULTES RENCONTREES
Comme toute oeuvre humaine, la
réalisation de ce travail n'a pas été facile car nous
avons été conduit à nous heurter à plusieurs
obstacles inhérents à la disponibilité de certaines
données que nous avons été parfois obligé d'aller
collecter dans une autre province, notamment celle du Nord-Kivu.
D'autre part, dans certains
services, les données ne nous ont pas été livrées
sous prétexte qu'elles étaient confidentielles et parfois nous
étions suspectée d'espionnage pour le compte des insurgés.
Nous avons perçu une
certaine méfiance de la part des agents des services publics
visités et cette situation ne nous a pas permis de mener notre recherche
dans un temps record. Nous avons contourné ces obstacles par le contact
personnel avec des agents qui nous étaient ouverts et favorables.
6. SUBDIVISION DU TRAVAIL
Hormis l'introduction et la conclusion, la présente
étude est subdivisée en quatre chapitres. La première
porte sur le cadre théorique et conceptuel. Le second examine les
interventions de l'ONU au Congo. La troisième analyse
problématique du maintien de la paix au Congo. Et enfin le
quatrième aborde l'incidence de la guerre de M23 sur le fonctionnement
de services publics de l'Etat.
CHAPITRE PREMIER : CADRE
CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Dans ce chapitre, nous allons
examiner le concept de base. Ensuite nous présenterons les
théories explicatives de notre thème. Il s'agit de la
théorie de la sécurité collective, sécurité
sociétale, sécurité humaine et maintien de la paix.
I.1 CONCEPTUALISATION
La conceptualisation est plus
qu'une simple définition ou convention terminologique. Elle constitue
une construction abstraite qui vise à rendre compte du
réel. À cet effet, elle ne retient pas tous les aspects de la
réalité concernée mais seulement ce qui en exprime
l'essentiel du point de vue du chercheur. Il s'agit donc d'une construction-
sélection. Construire un concept, c'est ensuite en préciser les
indicateurs grâce auxquels les dimensions pourront être
mesurées.19(*)
A ce propos, M.GRAWITZ souligne
que : « De manière générale, le concept
peut être entendu comme une représentation mentale et abstraite.
La signification que peut porter un concept dépend de celui qui
l'utilise ». Ainsi un même concept peut être dans deux
ou plusieurs disciplines avec des significations différentes.20(*)
Quant à F.DEPELTEAU, les
concepts sont des abstractions construites par le chercheur afin de nommer et
de définir une réalité21(*).
I.1.1.INTERVENTION
D'après le lexique des
Sciences Sociales, les expressions d'intervention
psychologique ou sociologique désignent le plus souvent des pratiques de
consultation répondant aux demandes d'acteurs se trouvant en situation
problématique. Certaines d'entre elles donnent priorité à
l'établissement d'une relation d'aide, d'autres les utilisent d'avantage
comme stratégie de recherche, toutes s'inscrivent dans un rapport de
collaboration entre praticiens et acteurs.22(*)
L'intervention : Selon le Lexique de
termes Juridiques l'intervention est définie comme un
acte d'ingérence d'un Etat dans les affaires d'un autre pour le
contraindre à agir selon sa volonté. L'intervention est illicite
(principe de non-intervention) sauf quand elle est fondée sur un titre
(traité).On peut admettre aussi la licéité de
l'intervention d'humanité entreprise pour protéger la vie de
personnes gravement menacées (mais elle a souvent servi d'alibi aux
politiques de puissance). Introduction volontaire ou forcée d'un tiers
dans un procès déjà ouvert.23(*)
Interventionnisme : Intervention plus au
moins étendue (planification souple, impérative, etc.) de
l'Etat. Empirique d'abord, s'est ensuite érigée en doctrine.
Interventionnisme
libéral : Admet que l'Etat veille au maintien des
règles de la concurrence.
Interventionnisme
social : A surtout pour but de corriger les
inégalités.24(*)
I.1.2.INGERENCE
Pour M.GRAWITZ,
l'ingérence est une intrusion, intervention jugée
illégitime ou déplacée. Jugée illégitime ou
déplacée. Le terme a pris une grande importance en droit
international.
1°Le principe de la
souveraineté des Etat s'oppose à toute intervention
étrangère même orale, lorsqu'il s'agir d'affaires
intérieures. Cette souveraineté se trouve de plus en plus
limitée par l'adhésion de nombreux Etats à des conventions
ou des traités reconnaissant des règles et la compétence
de juridictions internationales en cas d'infraction.
2°Sous l'influence de la
France, la Communauté Internationale commence à admettre que des
principes supérieurs de solidarité humaine font un devoir
à tous les Etats, sous l'égide de l'ONU, d'intervenir là
où les droits de l'homme sont menacés, de veiller à leur
respect et à la protection des populations civiles dans les pays en
guerre. C'est la naissance de droit d'ingérence humanitaire
(Bernard Kouchner en Yougoslavie). Ce droit encore faible
nécessite l'accord des intervenants difficile à obtenir du fait
de leurs intérêts opposés. Intervention plus facile
à décider dans le cas de pays faibles.25(*)
Ingérence :
L'ingérence définit dans le lexique de termes juridiques
comme la prise illégale d'intérêts.
Ingérence
humanitaire : Droit d'ingérence humanitaire,
non-ingérence (principe de).
Ingratitude : Cause de révocation
des libéralités lorsque le gratifié a attenté
à la vie du disposant, on s'est rendu coupable envers, ou délits
aux injures graves ou refuse de lui verser des aliments. Indignité
successorale.26(*)
Ingérence : Dans le Dictionnaire
de Relations Internationales, l'ingérence est défini comme la
non-intervention dans les affaires intérieurs d'un Etats, posée
en principe, souffres bien des exceptions au 2Oéme s .avant d'être
résolument battue en brèche dans le dernier quart du
siècle.27(*)
Ingérence
humanitaire :
L'objectif du « droit d'assistance
humanitaire » est dépasser le principe de non-ingérence
d'où l'assimilation au « droit
d'ingérence » sans pour autant remettre en cause la
souveraineté de l'Etat. Il s'agit d'aménager un nouvel espace
juridique où se trouveraient indissolublement liés les
légitimations de l'intervention humanitaire et le principe fondamental
de l'indépendance et de la non soumission de l'Etat à
l'égard de l'extérieur. L'ingérence humanitaire
relève d'une nouvelle conception des Relations internationales
et des prérogatives de l'Etat au sein du système. Elle s'inscrit
en cela dans le mouvement d'affaiblissement du rôle de l'Etat sur la
scène internationale, mais aussi de son aptitude à gérer
ses propres affaires. Pour les défenseurs de l'ingérence
humanitaire, la souveraineté étatique ne doit plus être ce
rempart qui permet à un gouvernement de cautionner voir de
perpétrer sur son territoire et en toute impunité, des violations
massives des droits de l'homme. C'est également dans cet esprit que se
développent des différentes formes d'ingérences
judiciaires au travers des tribunaux pénaux internationaux pour
l'ex-Yougoslavie et pour le Rwanda et la cour pénale
internationale.28(*)
Mandat :
pouvoir qu'une personne donne a une autre d'agir en son nom. Le mandat
est la mission
L'Organisation
Internationale :
A proprement
parler, il n'existe pas une définition universellement acceptée
d'une organisation internationale. Au-delà d'absence d'une
définition précise, l'organisation internationale peut se
comprendre de deux manières : au sens large et au sens
strict.29(*)
1. L'organisation
internationale au sens large : au sens large l'organisation
internationale recouvre deux réalités
différentes :
°Selon la
première réalité :
L'organisation internationale
s'entend comme synonyme d'organisation de la société
internationale. Elle désigne dans ce sens la manière dont cette
société est organisée. L'expression décrit alors la
structuration cohérente que l'on donne ou que l'on tente de donner
à la communauté internationale. Au sens de la définition
ci-dessous, l'expression organisation internationale fut introduite dans la
littérature pour la première fois par François LORIMER
lorsque, dans le vocabulaire juridique de langue française il regrettait
l'insuccès des efforts d'organisation internationale. En effet, il
décrit en 1871 qu'il est inévitable que le commencement et plus
encore que la fin de toute guerre fassent surgir à nouveau le
problème d'une organisation européenne ou cosmopolite. Ainsi, le
concept d'organisation internationale, dans cet entendement est ainsi
lié à celui de l'organisation de la paix.30(*)
°Selon la seconde
réalité :
Le terme organisation
internationale vise les méthodes et modalités de
coopération internationale -action commune, réunion
internationale, intégration, l'intervention d'un organisme
spécialisé créé pour remplir une fonction
spécifique. Dans ce cas, l'expression prend alors le sens d'institution
internationale tel que le stipule le chapitre IX de la charte de nations unies
consacré à la coopération économique et sociale
internationale. L'organisation internationale prise dans ce sens sert de
support à l'élaboration d'une théorie institutionnelle
dans la société internationale.
Malgré la double
définition dans un lato sensu, la définition de l'OI paraît
encore trop vaste et insuffisamment précise, car elle évoque deux
réalités sociales différentes qui se développent
sur deux plans différents : les organisations inter
étatiques et les organisations non gouvernementales. Ces deux formes
d'organisation soulèvent des problèmes politiques et juridiques
ne présentant pas un même caractère et ayant de nature
différentes. C'est pour cette raison qu'il convient de recourir à
une définition plus restrictive, plus opérationnelle de
l'OI.
7. Organisation
internationale au sens strict
La définition d'une OI au
sens strict se réfère à des considérations d'ordre
juridique et sociologique.31(*)
°Du point de vue
sociologique, ces organisations présentent toutes un trait commun :
elles sont fondées et constituées par les représentants
des gouvernements qui ont la qualité pour agir au nom de ces
Etats : ce sont des organisations internationales ;
°Du point de vue juridique
les organisations internationales peuvent être définies comme des
associations d'Etat, établies par accord entre leurs membres et
dotées d'un appareil permanent d'organes chargés de poursuivre la
réalisation d'objectifs d'intérêt commun par voie
d'intégration.
La définition juridique
fait ressortir les caractères spécifiques de l'organisation
internationale : elle a un fondement inter étatique, elle a un
fondement volontariste, elle a une existence dotée d'un appareil
d'organes permanents, elle est autonome et elle poursuit des objectifs
d'intérêt commun.
1° Une organisation
internationale est une association à fondement inter étatique.
A ce titre sont exclues de la catégorie des organisations
internationales celles que la Charte des Nations unies qualifie, en son
article71, §§de non gouvernementales, c'est-à-dire celles qui
associent d'autres groupes sociaux que les Etats ou encore des
individus.32(*)
I.1.3. ONU
L'ONU est une organisation
internationale à vocation universelle, et celle qui se rapproche le
mieux de la qualification de l'organisation internationale est bel et bien
l'Organisation des Nations unies. Cet organisation a pour principes de
base : l'égalité de toutes les nations pacifiques, et
ouverte à l'adhésion de tous les Etats, petits ou grands, pour le
maintien de la paix et la sécurité internationales.33(*)
Pour nous le
mandat est un pouvoir ou une procuration conférée
à une personne ou une organisation en vue d'agir et d'accomplir une
mission en lieu et place de la personne ou l'organisation qui la lui confie.
MONUSCO
La MONUSCO est une mission de
Nations unies ayant pour mission principale la protection des civiles, la
stabilisation et la consolidation de la paix en RDC.
I.2. THEORISATION
En termes académiques, les théories sont des
ensembles d'énoncés généraux décrivant des
phénomènes réels. En termes de plus métaphoriques,
les théories sont, comme le disait si joliment Karl
Popper, « des filets destinés à capturer ce que
nous appelons ` le monde' ; à le rendre rationnel,
l'expliquer et le maîtriser».34(*)
En termes simples, les théories sont des
constructions intellectuelles prenant la forme de systèmes de concepts.
Et servant à expliquer des phénomènes réels. Le
choix d'une théorie dépend généralement du principe
de pertinence et de motifs stratégiques.35(*)
En principe, un chercheur choisit la théorie qui
paraît être la meilleure, c'est-à-dire la plus
adéquate, pour investiguer, expliquer et comprendre son objet
d'étude.
Dans le souci d'explication et
d'investigation, notre recherche s'appuie théoriquement sur les
théories suivantes :
La théorie de la sécurité
collective ;
La théorie de la sécurité
sociétale
La théorie de la sécurité humaine et la
théorie de maintien de la paix.
La notion de
sécurité collective inscrite dans la Charte de l'ONU renvoie
déjà à une acception particulière de la
sécurité basée sur l'interdépendance. Ceci
étant, et quand bien même la Charte en appelle à la
solidarité de toutes les nations et les peuples pour « lutter
contre le fléau de la guerre », la sécurité
collective se conçoit avant tout comme une assurance permettant la
sauvegarde de l'intégrité et de la souveraineté de ses
Etats membres et renvoie essentiellement à la gestion des conflits
interétatiques : théorie de la
sécurité collective. Les conflits intra étatiques
et les guerres civiles qui feront suite à la chute du Mur de Berlin en
1989 vont conduire certains chercheurs à s'intéresser de plus
près à la question des identités nationales et à
proposer la notion de sécurité sociétale afin de mieux
appréhender la conflictualité de l'après-guerre
froide :théorie de la sécurité
sociétale. Cette évolution connaîtra un point
culminant avec le succès des discours portant sur la
sécurité humaine, dernier avatar de la notion de
sécurité : théorie de la
sécurité humaine.
I.2.1. La sécurité collective
La sécurité
collective se conçoit dans le cadre d'un système
interétatique et repose sur le principe selon lequel, en cas
d'emploi de la force ou de menace d'emploi de la force par n'importe quel Etat,
tous les Etats participants entreprendront une action commune afin de
prévenir l'agression ou de lui faire échec. La
sécurité collective ne doit pas être confondue avec une
alliance défensive : cette dernière ne peut être
invoquée contre les membres de l'Alliance et est
généralement dirigée contre un Etat particulier ou un
groupe d'Etats alors même que la sécurité collective peut
jouer contre n'importe quel agresseur.
Origine : recherche d'un
remède aux défauts engendrés par la structure de la
communauté internationale. Contrairement à l'ordre juridique
interne, il n'existe pas, dans l'ordre juridique international, d'organe
chargé de maintenir la paix. Or il ne peut y avoir de
sécurité véritable si ce sont des Etats individuels qui
doivent y pourvoir ; c'est l'ensemble des Etats qui doit remplir cette fonction
en agissant contre les perturbateurs.36(*)
I.2.1.1. Les conditions
à remplir pour que le système fonctionne :
- les assises géographiques
doivent être suffisamment larges pour qu'à l'intérieur du
système il existe un contrepoids à l'Etat le plus puissant,
- le recours à la force
doit être prohibé et les infractions à cette interdiction
constatées, non pas par des Etats individuels, mais par un organe
collectif
- les sanctions prises contre un
éventuel agresseur doivent être considérées comme
obligatoires et être effectives,
- il faut organiser des
procédures permettant de régler pacifiquement les
différends pouvant surgir entre Etats.
- les Etats doivent avoir
confiance dans le système,
- la dissuasion est un
élément fondamental (crédibilité de la
réaction collective).
Première tentative : la Société
des Nations (v. art. 11 du Pacte)
Cette initiative visant à
assurer un système de sécurité collective reposait sur
l'idée que la guerre contre un des Etats membres affecte tous les Etats.
En conséquence ces derniers doivent prendre des mesures (comme des
sanctions commerciales) pour venir en aide à l'Etat qui est victime
d'une agression et sanctionner l'Etat agresseur. L'art. 16 prévoyait que
le Conseil pouvait recommander des mesures militaires contre l'agresseur. Il
faut cependant noter que le Pacte n'interdisait pas toute forme de recours
à la force et ne prévoyait pas d'organe compétent pour
constater l'agression ; les sanctions étaient de surcroît
recommandées et pas imposées.
La faiblesse intrinsèque de
la SDN provenait aussi du fait que les Etats-Unis n'en faisaient pas partie et
que des Etats comme l'Allemagne et l'URSS n'en n'ont fait partie que de
manière temporaire.
Les auteurs de la Charte de l'ONU
ont voulu remédier à cette situation en rédigeant
l'article 2 (bannissant le recours à la force et à la menace) et
l'article 26 qui confie au Conseil de sécurité la
responsabilité principale en matière de maintien de la paix et de
la sécurité internationale. Le Conseil peut constater une menace
et une rupture de la paix et décider de toutes mesures, y compris des
actions militaires. Les Etats membres sont tenus de s'y conformer et de faire
en sorte que les Etats non membres agissent conformément aux principes
de la Charte.37(*)
La théorie
de « sécurité
collective » est présentée comme moyen de
réduire les risques constant de guerre entre les Etats. Le principe est
simple en apparence : Si un Etat est la cible d'une agression, d'autres
Etats viendront automatiquement à son secours. Dans la pratique le
chapitre VII de la charte l'ONU en est l'incarnation à ce jour la plus
aboutie mais aussi la plus fragile. Pierre de Senarclens (Mondialisation
Souveraineté et théorie de relations internationales ) parle avec
ironie d'une véritable « religion onusienne » avec
ses exigences éthiques ,ses idéaux hors d'atteinte, son
autorité suppose infaillible, ses fonctionnements internationaux qui
se comportent comme des « clercs »,ses instances
comparables à des lieux de culte, sa foi en un oecuménisme
appelé « communauté internationale » ses
fonctionnaires en « missions » mais qu'elle est
l'efficacité de l'ONU à l'épreuve des faits, lorsqu'il
s'agit de remplir sa mission principales : l'établissement d'une
sécurité collective.38(*)
I.2.1.2. Les conditions de
la sécurité collective
Les Etats doivent rejeter l'option de l'usage de la force pour
modifier le statu quo (la délimitation d'une frontière par
exemple) ;
Les Etats responsables doivent s'efforcer de ne pas se baser
sur une conception étroite de leur propre intérêt
national ;
Chacun doit avoir l'assurance qu'il sera automatiquement
défendu par les autre s'il est victime d'une agression contre un Etat
membre d'un système de sécurité collective est entendue
comme une agression contre tous les autres car s'il est clairement prouve que
l'agression ne paye pas même les Etats réticents au premier
principe y souscriront.39(*)
I.2.1.3. Les faiblesses de
la théorie de la sécurité collective
La théorie de la
sécurité collective est « trop belle pour être
vraie »(Mearsheimen). Ses partisans les plus ardents le reconnaissent
parfois : elle « présume qu'un ensemble
extraordinairement complexe d'exigences puisse être
satisfaisant », pour être applicable (Claude). Les Etats
doivent être à mesure d'identifier clairement la victime et
l'agresseur-- mais qui est l'agresseur entre l'Inde et le Pakistan au
Cachemire? Certaines « agressions » ne sont-elles pas
justifiées? On pense ici à l'invasion du Cambodge des Khmers
rouges par le Vietnam en 1979 voir également le cas de
« guerres justes » selon Walzer. Même si les Etats
s'accordent pour répondre collectivement et automatiquement à une
agression, reste la question cruciale des « partage du
fardeau ». C'est-à-dire du financement des opérations
et surtout des pertes humaines à envisager : le débat entre
alliés sur le financement de la guerre du Golfe, puis les
réticences américaines en envoyant des soldats sur le terrain
dans les Balkans ont illustré ce point.40(*)
I.2.1.4. bases institutionnelles
de la sécurité collective
Le bases juridiques ou
constitutionnelles de la sécurité collective, au sens où
Michel Virally l'entendait, se trouvent logiquement dans la charte de Nations
Unies. Parce qu'elle est constitutive, elle établit à la fois un
régime juridique spécifique et un ordre juridique particulier,
au sein duquel la sécurité collective occupe une place
primordiale. Cet ordre juridique s'est enrichi de nouvelles normes,
découlant de l'action des organes institués par la charte. La
présentation de la réglementation contemporaine de la
sécurité collective oblige ainsi à prendre en
considération les dispositions de la charte, mais aussi les
développements postérieurs qui s'y rattachent. L'étude du
système de la charte (§1) permettra de mettre en évidence
ses imperfections (§2) et leur résultante, le concept
d'opérations de maintien de la paix (§3).41(*)
§1.système
de la charte des nations unies
L'originalité du
système de sécurité collective institué par charte
va de pair avec le réalisme politique qui a inspiré ses
rédacteurs, ce que confirme l'étude de la nature et du contenu du
système.
Nature du système
Le pacte de la SDN avait
déjà établi un système de sécurité
collective afin de préserver la paix. Malgré ses faiblesses et
les échecs de la société de l'ONU a repris à son
compte une formule similaire, mais en y apportant des modifications
extrêmement importantes.
A.SECURITE COLLECTIVE
SELON LE PACTE DE LA SDN
La SDN représente la
première tentative de création d'un système de
sécurité collective. La naissance de cette première
organisation internationale à vocation universelle, avec l'entrée
en vigueur du pacte de la SDN le 10 janvier 1920, reflète les
idées de deux homes politiques : l'idéalisme du
président des Etats-Unis, Woodrow Wilson et la
« solidarité internationale » prônée
par l'homme politique français, Léon Bourgois.
Selon l'article 10 du
pacte, « les membres de la société s'engagent
à respecter et à garantir contre toute agression
extérieure l'intégrité territoriale et
l'indépendance politique présente de tous les membres de la
société ».Le double engagement du respect de
l'intégrité territoriale et de l'indépendance politique
des Etats constitue le fondement de leur sécurité. Les rapports
entre les Etats ne sont plus régis par les puissances dont ils
disposent, mais par le droit, la sécurité collective reposant sur
l'idée séduisante de la paix par le
droit » ?très en vogue au moment de la création de
la SDN. Le système de sécurité collective exige donc la
solidarité de tous contre l'agresseur et n'est dirigé contre
personne, ce qui signifie que la sécurité collective
possède un caractère défensif. Il entend dépasser
les mécanismes des alliances rigides existantes et ne repose pas sur une
coalition d'Etats. Pour comprendre le terme de Miche
Virally, « l'essence de la sécurité
collective »peut se résumer selon la
formule : « alliance universelle et tous
azimuts ».
L'article 11 de la charte de la
SDN, selon lequel « toute guerre ou menace de guerre, qu'elle
affecte directement ou non l'un de membres de la Société,
intéresse la Société toute entière et celle-ci doit
prendre les mesures propres à sauvegarder efficacement la paix des
Nations », exprime la conviction que la paix est un bien indivis et
la sécurité et la sécurité collective un instrument
de dissuasion. Cette base sur laquelle se fonde la sécurité
collective vise à décourager tout agresseur éventuel, car
il aura en face de lui une coalition d'Etats appartenant à la SDN.
L'universalité du système, avec ses avantages, apparaît
ici, un Etat n'ayant plus nécessairement besoin de devenir une puissance
militaire pour se défendre. Les intérêts du
mécanisme de sécurité collective de la SDN, deviennent
aussi ceux de la communauté internationale dans son ensemble, exigent en
conséquence des membres qu'ils acceptent d'intervenir militairement dans
un conflit étranger à leurs intérêts nationaux.
Sur le plan de la limitation du
recours à la force, le pacte de la SDN ne va pas aussi loin que la
charte de l'ONU. Il interdit les guerres d'agressions (art.10, préc.) et
celles déclarées à un Etat se conformant à une
décision arbitrale ou juridictionnelle, ou encore à une
recommandation figurant dans un rapport du Conseil de la SDN (art.13§6 et
15§6).Bien que l'interdiction de la guerre ne fasse pas l'objet d'une
prohibition totale, le pacte tente de prévenir les conflits par des
méthodes de règlement pacifique des différends, tels
l'arbitrage, la décision judiciaire, l'intervention du Conseil ou de
l'Assemblée de la SDN. L'article 16 du pacte prévoit le
système des mesures coercitives, qui peuvent prendre la forme de
sanctions économiques, politiques et militaire contre un Etat agresseur.
Le paragraphe 2 de cet article, relatif à l'usage de la force
armée prévoit que « le conseil a le devoir de
recommander aux divers gouvernements intéressés les effectifs
militaires, navals ou aériens par les lesquels les membres de la
Société contribueront respectivement aux forces armées
destinées à faire respecter les engagements de la
Société ».Si les sanctions économiques
présentent un caractère automatique, les sanctions militaires
sont prises sur recommandation du Conseil statuant à l'unanimité,
les Etats conservant toute leur liberté d'application.
D'après l'esprit du
système de sécurité collective, les Etats de la SDN sont
persuadés que leur sécurité est garantie. De ce fait, le
désarmement est encouragé et u « annuaire des
armements »doit permettre la transparence sur cette question. De
même, les traités doivent être publiés, dans le but
d'assurer la fin de la diplomatie secrète.
Ce premier modèle de
sécurité collective a connu quelques succès dans les
années vingt, mais n'a pas résisté aux tensions qui ont
traversé la société internationale par la suite. Sans
entrer dans le détail, son échec retentissant peut s'expliquer
par trois causes.
Le premier est très connue
et traduit l'absence d'universalité de la SDN : Les Etats-Unis ne
sont pas membres de la Société, car le sénat a
refusé de ratifier le traité de Versailles, le pacte de la SDN en
étant partie intégrante. Les Etats-Unis en dehors du
système, la France et le Royaume-Uni allaient étaler leurs
divergences de vues et l'URSS n'y entrera qu'en 1934. L'efficacité des
sanctions économiques se trouvait ainsi réduite et le rôle
de la coalition militaire incarnant la SDN gravement
hypothéqué.
Sur ce point, le pacte
Briand-Kellog de 1928 ? visant a compléter celle de la SDN,
condamne la guerre comme moyen de règlement de différends
internationaux et demande qu'elle ne soit plus utilisée comme instrument
de politique nationale dans le relations mutuelles entre les Etats. C'est en
améliorant les mécanismes de la SDN et en tirant enseignements de
ses échecs que les rédacteurs de la charte de l'ONU ont
renouvelé les fondements de la sécurité
collective42(*).
B.LA SECURITE COLLECTIVE SELON LA
CHARTE DE L'ONU
Le système de
sécurité collective de la charte est beaucoup moins abstrait que
celui de la SDN, même si la charte ne définit pas et n'emploi
jamais le terme « sécurité collective ». Il
repose sur l'idée d'une « sorte de contrat sociale
internationale », l'interdiction du recours à la force en
échange d'un système garantissant en principe la
sécurité « contre tous, par tous et pour
tous ».
Beaucoup plus réaliste que
le pacte de la SDN, la Charte interdit totalement et sans équivoque le
recours à la force dans son article 2§4. Les Etats membre ou non
membres de l'ONU se voient interdire « de recourir à la menace
ou à l'emploi de la force soit contre l'intégrité
territoriale ou contre l'indépendance politique tout Etat, soit de
toute autre manière incompatible avec les buts de Nations
Unies » .Ces buts sont formulés à l'article 1 de
la Charte et confèrent une dimension économique et sociale
à la sécurité collective, ce que la SDN avait
négligé. Une politique de force ne peut plus, « quelles
que soient les déficiences(...) de l'organisation internationale,
trouver une place dans le droit international ».L'article 51 de la
charte reconnaît cependant à un Etat objet d'une agression
armée la possibilité d'invoquer un « droit naturel de
légitime défense, individuelle ou collective ».La
légitime défense est perçue comme une conséquence
de l'interdiction de recours à la force et une réplique
justifiée contre une agression armée. La sécurité
collective n'est pas synonyme de désarmement. Les Etats restent libres
de s'armer et l'ONU porte un moins grand intérêt aux questions de
désarmement que sa devancière.
En contrepartie de cet engagement
de ne plus utiliser la force dans leurs relations mutuelles, les Etats membres
de l'ONU acceptent la mise en place d'un système garantissant leur
sécurité. Selon le Professeur P.M. Dupuy, le Conseil
Sécurité « véritable agent de la
sécurité collective » dispose dans ce but des
« des moyens de la coercition militaire nécessaires à
l'accomplissement de sa mission de police internationale ». La
logique du système de sécurité collective repose sur son
caractère défensif. La sécurité collective est un
concept qui ne se fonde pas sur une coalition d'Etats partageant un
idéal de paix ou une même conception de la sécurité,
mais sur la solidarité et la responsabilité de tous les Etats
composant la communauté internationale. Un Etat devient dépendant
des autres pour sa sécurité et une agression dans les relations
internationales susceptible de présenter des répercussions au
plan international entraînera une réponse collective des Etats
membres de la communauté internationale. Tout Etat qui transgresserait
la prohibition du recours à la force doit s'entendre à une
réaction approprie du conseil de Sécurité agissant au nom
de la communauté internationale.
Dans le système de la
Charte, dont les différences sont accentuées par apport
au système
précédent, le Conseil de sécurité possède
des pouvoirs institutionnels spécifiques qu'ils doit exercer dans le
respect des buts et principes de Nations unies.
En amont d'un conflit, son action
est possible dès qu'il y a « menace contre la
paix », mais elle est limitée à un pouvoir
d'enquête ou à la possibilité d'inviter les parties
à régler leur différend (articles 34 et 33) .Ses pouvoirs
au titre du règlement pacifique des différends ne constituent
plus une étape préalable et ne lui attribuent pas de pouvoir de
coercition, car il peut seulement agir par voie de recommandations.
L'échec du système de sécurité collective onusien a
cependant mis en évidence l'interdépendance entre
règlement pacifique de différends et maintien de la paix et, ce
fait accru l'importance du chapitre VI.
Le chapitre VII de la charte
« Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et
d'acte d'agression » confère par contre au conseil de
sécurité un pouvoir de décision et de coercition. Il
centralise l'autorisation du recours à la force, du fait que les Etats y
ont renoncé en application de l'article 2§4, ce qui constitue une
innovation de taille par rapport à la SDN. Les forces dont doit disposer
le conseil de sécurité grâce au système des accords
spéciaux de l'article 43 doivent normalement permettre de dissuader
toute velléité de la part d'un éventuel agresseur.
L'universalité du
système de la charte est acquise parce que contrairement au pacte de la
SDN, toutes les grandes puissances sont membres de l'ONU après la
seconde Guerre mondiale. Le conseil de sécurité peut donc bien
disposer du monopole de l'autorisation de recours à la force
conformément au chapitre VII « Accord
régionaux », les autres mécanismes militaires en
vigueur sont subordonnés à ceux de la charte.
Les mécanismes de la
sécurité collective se caractérisent donc par une double
dimension : dissuasive et coercitive. Le système repose toute fois
avant tout sur le maintien de la paix et la sécurité
internationales, qui forme le coeur de compétences du Conseil de
sécurité43(*).
§2 Imperfections du Système de la Charte des
Nations unies
Les postulats sur lesquels repose
le système de sécurité collective se sont
avérés erronés. Les imperfections qui en résultent
sont à l'origine de plusieurs faiblesses expliquant certaines
tentatives d'évolution de la Charte, dont le but était de rompre
avec son esprit.
1.
Faiblesses du système
Les insuffisances du
système de sécurité collective ont entraîné
une paralysie des mécanismes du chapitre VII, paralysie d'autant plus
grave qu'elle s'est accompagnée d'une absence de moyen militaires
affectés au service de la coercition collective.
A.paralysie de
mécanismes du chapitre vii
D'un point de vue historique, la
philosophie du système de sécurité collective est
fondée sur l'accord des vainqueurs de la seconde Guerre mondiale. Les
cinq Grands sont bénéficiaires d'un double
privilège : ils sont membres permanents du conseil de
sécurité et disposant du droit de veto (articles23et 27 de la
charte). Pour que l'alliance du temps de guerre puisse se poursuivre en temps
de paix, l'entente des P 5 était indispensable. Le bon fonctionnement du
système est donc tributaire de l'absence d'utilisation du veto ou de
l'unanimité des grandes puissances, le système n'étant pas
mis en oeuvre par tous. La preuve en est par exemple fournie par le vote
unanime de douze résolutions d'août à novembre 1990,
pendant le conflit Irak /Koweït, le conseil fonctionnant alors sans
accroc.
La méfiance et l'opposition
entre les Etats-Unis et l'URSS a très vite paralysé le conseil de
sécurité. La naissance de la guerre froide et la division du
monde en deux blocs politiques ont empêché le conseil d'appliquer
les dispositions du chapitre VII. En 1950, seule l'absence conjoncturelle de
L'URSS du conseil de sécurité permet de mettre entre
parenthèses momentanément leur opposition et décider d'une
intervention militaire des Nations unies en Corée. La logique bipolaire
va ensuite entraîner le développement d'une utilisation extensive
du veto, parce que les grandes puissances s'en servent dans des situations
où leurs intérêts sont indirectement en cause. Ainsi, des
Etats agresseurs protégés par un membre permanent, tout comme par
les membres permanents eux-mêmes, peuvent rester en dehors du
système de sécurité collective. Sans volonté
politique des Etats de se conformer à la charte, la
sécurité collective est en crise : « Des
Etats de se conformer à la charte, on passe ainsi à une paralysie
généralisée au gré des alliances et
clientèles établies au espérées ».
Quand elle veut protéger
ses intérêts directs, ou indirects, chaque grande puissance
utilise également parfois le droit de veto de manière plus au
moins abusive. Durant les années 50 et 60, l'Occident a
dénoncé l'abus du droit de veto par l'URSS. Dans l'affaire de
suez en 1956, la France et le Royaume-Uni ont fait de même. Suite
à la nationalisation du canal de Suez, ces deux Etats interviennent
militairement en Egypte et opposent ensuite leur veto par l'adoption d'une
résolution du conseil, saisi de l'affaire par les Etats-Unis.
L'Assemblée générale interviendra alors en se fondant sur
la résolution Acheson. Les Etats-Unis et le Royaume- Uni se sont
opposés à une proposition dont l'objet était de
sanctionner les Etats ne respectant pas les mesures imposées par le
conseil dans l'affaire rhodésienne. Les Etats-Unis ont aussi souvent
utilisé leur droit de veto pour éviter la condamnation
d'Israël et différer la reconnaissance des droits du peuple
palestinien. Le conseil de sécurité peut encore n'être
jamais saisi d'un conflit parce que des membres permanents y sont fortement
impliqués, ainsi qu'en atteste la guerre de Viêt-Nam. Ces jalons
montrent que l'utilisation du droit de veto comme instrument politique ne
pouvait qu'aboutir à la paralysie du chapitre VII.
L'après « guerre
froide » et l'activité soutenue du conseil de
sécurité pendant la guerre du Golfe ont pu laisser croire que la
voie de la coercition collective avait été retrouvée. Le
conseil a adopté jusqu'à 93 résolutions en une
année (1993), au point qu'on puisse évoquer « une sorte
de surchauffe du système de sécurité
collective », même si cet activisme n'est pas toujours synonyme
d'efficacité. Le groupe occidental avait trouvé temporairement,
sous M. Gorbatchev, un terrain d'entente et le veto russe semblait
remisé aux oubliettes.
Actuellement, le conseil de
sécurité semble de nouveau bloqué, mais par un double veto
en quelque sorte, russe et chinois. La Russie confrontée a des graves
difficultés intérieures, s'oppose aux pays occidentaux. Pour
essayer des jouer à nouveau un rôle de premier ordre au plan
international. La chine, obnubilée par la question de Taïwan et
par la crainte d'accusation de violation de droit de l'homme, multiplie les
contentieux avec les membres permanents du conseil, principalement les
Etats-Unis et refuse de coopérer.
B. absence des moyens
techniques de la coercition collective
Le fait que les articles 43 et
suivants de la charte soient restés lettre morte explique ce
défaut de moyens techniques. L'absence d'une vraie force militaire
à la disposition de conseil de sécurité trouve sa raison
dans le manque de volonté des Etats pour conclure les accords de
l'article 43 et fait qu'ils souhaitent conserver la maîtrise de leurs
contingents . Cette carence hypothèque grandement les
capacités des interventions de l'organisation mondiale, car elle est
dans l'obligation de solliciter les Etats membres pour qu'ils pour qu'ils
mettent a sa disposition des moyens militaires et /ou financiers ou de
sous-traite avec des Etats volontaires pour intervenir, comme dans le Golfe ou
en Somalie (opération « tempête du
désert » et « Restaurer l'espoir »).
En l'absence des accords spéciaux de l'article 43, le conseil n'a pas
été en mesure d'appliquer la plus coercitive des mesures,
l'action militaire prévue à l'article 42.Les régime
provisoire de l'article 106, applicable avant l'entrée en vigueur des
accords spéciaux, ne s'est jamais non plus traduit par une intervention
commune des P5.
L'ancien secrétaire de
l'ONU s'est prononcé dans son rapport intitulé Agenda de la
paix, pour renforcement des moyens de l'ONU, parce qu'il estime que des
forces armées immédiatement disponibles constituent, pour le
conseil de sécurité, un moyen de dissuasion contre un agresseur
potentiel. Avec sa proposition de création
de' « unité d'imposition de la paix », la
situation serait la suivante. Les forces prévues à l'article 43
interviendraient « en cas d'agression caractérisée, en
cours ou imminente », mais il est peu probable qu'elles existent dans
un proche avenir, malgré l'invitation à conclure les accords
spéciaux. Les unités d'imposition de la paix placée sous
la responsabilité du conseil de sécurité et
dirigées par le secrétaire général, dont le mandat
serait défini à l'avance suite a une décision du conseil,
représenteraient un moyen supplémentaire permettant le respect de
cessez-le-feu ou l'application d'un traité de paix. Elles seraient
fournies par les Etats membres, composées de militaires volontaires
préalablement entraînés et tenues en réserve. Elles
devraient être plus lourdement armées que les forces de maintien
de la paix. Ces caractéristiques laissent supposer qu'elles
s'affranchiraient des limites s'appliquant aux forces des maintiens de la paix,
notamment quant à l'utilisation des armes en cas de légitime
défense. Fondées sur l'article 40 de la charte, les unités
d'imposition de la paix sont donc des forces intermédiaires entre celles
de l'article 43et la force classique de maintiens de la paix. Leur
création permettrait certainement à l'ONU de disposer de forces
armées aptes à réaliser une opération militaire
coercitive.
L'agenda pour la paix a
reçu un accueil réservé de la part des Etats mais l'ONU
dispose tout de même depuis 1994 de ressources « en
attente ». Ces forces en « standby » sont
résultat d'accords passés entre l'ONU et chacun des Etats
membres, afin d'établir un tableau de forces susceptibles
d'intervenir.
Portant du constant que le moyens
militaires destinés à assurer le maintien de la paix ne
répondent plus en quantité et en qualité aux besoins de
l'organisation, le secrétaire général a encore
proposé la création d'une « force de réaction
rapide » constituant « la réserve stratégique
du conseil de sécurité, qui pourrait la déployer en cas de
besoin urgent de troupes de maintien de la paix ». Les conflits des
années 1990 que l'ONU prend en charge ont monté ont montrent
l'importance du pouvoir agir rapidement, afin d'éviter des pertes en
vies humaines et de limiter les souffrances des populations. Cette force
comprendrait des bataillons en provenance de plusieurs pays. Ils auraient
reçu la même instruction, opéreraient selon les mêmes
procédures, utiliseraient des matériels compatibles et feraient
régulièrement des manoeuvres communes. Stationnés dans
leurs pays d'origine, ces contingents offriraient au conseil de
sécurité possibilité de déployer, en cas d'alerte,
une force indépendante dans l'urgence. L'inconvénient est que
cette force de déploiement rapide est une initiative complexe et
onéreuse.
Un autre concept novateur a été avancé
dans un rapport de 13 pays sous la direction, de Danemark, celui d'une
« brigade multinationale d'intervention rapide de forces en attente
des Nations unies ». Devant l'impossibilité de remplir
correctement sa mission de sécurité collective et l'impuissance
à enrayer les abus dans l'invocation de l'article 51. L'organisation
mondiale a du, en a l'inapplication de la charte, développer la
pratique des opérations de maintien de la paix.
I.2.2 MAINTIEN DE LA PAIX
Dans la charte de Nations unies,
l'objectif du maintien de la paix et de la sécurité
internationale, dont le contenu n'est pas clairement précisé,
doit être recherché en priorité par les moyens de
règlement pacifique des différends au sens du chapitre VI de le
Charte. Ce premier volet à caractère préventif est
toutefois complété par un second, de nature curative ou
corrective constitué par le système de sécurité
collective, dont l'objet est d'éradiquer les menaces contre la paix et
les menace d'agression. Les relations entre paix internationale et
sécurité sont ainsi régies par la centralisation du
système de sécurité internationale, telle que
réalisée par les chapitre VI de San Francisco. Pour que le
système de sécurité collective fonctionne avec
efficacité et puisse réprimer tout recours à la force et
d'assurer le respect de l'interdiction de l'emploi de la force posé par
l'article 2§4 , un dispositif institutionnel reposant sur des organes
compétents des procédures et des moyens existe(chapitre 1) .
Depuis sa mise en place, le système a profondément
évalué, en raison d'événements de premier plan
comme chute de l'empire soviétique et la fin de la bipolarité
idéologique ou la guerre du Golfe née du conflit
Irak /Koweït. Ses perspectives de développement s'en trouvant
renforcées (chapitre 2). 44(*)
I.2.2.1.NAISSANCE DES OPERATIONS
DE MAINTIEN DE LA PAIX
L'échec de la
sécurité collective et l'incapacité de l'ONU à
assurer le maintien de la paix par des mesures coercitives vont entraîner
un sursaut qui a donné naissance aux opérations de maintien de la
paix. La crise de Suez va être à l'origine du concept que celle du
Congo mettre en évidence que le nouveau système n'est la
panacée.
1. NOTION D'OPERATION DE MAINTIEN
DE LA PAIX
Comme la notion d'OMP n'est pas
expressément prévue par la Charte, cette absence amène
à se poser la question de son fondement juridique puis celle de ses
caractères généraux.
1.1Définition et
caractéristiques principales
L'ONU ne disposant pas de forces
armées permanentes, du fait que le dispositif militaire de la charte
soit resté une coquille vide, les OMP seront forcément des
opérations entreprises au coup par coup et de façon plus au moins
empirique sous le pavillon de l'organisation. Par conséquent il est
toujours possible à l'heure actuelle d'en donner une définition
négative : « les OMP sont toutes les
opérations militaires et paramilitaire qui sont organisées sous
la pression et la nécessité, faute de pouvoir mettre en oeuvre
les mécanismes de l'article 43 et parfois faute de pouvoir, elles sont
connues du grand public sous l'appellation « Casques bleus ayant
reçu le prix Nobel de la paix en 1988.
Une OMP est d'abord une
opération entreprise par l'ONU, ce qui se matérialise par une
présence physique de « Casques bleus »de sur le
terrain et par le fait que l'opération est celle de l'ONU, bien qu'elle
utilise des contingents nationaux. La présence de l'ONU peut consister,
selon la nature de l'opération, en un déploiement de personnels
militaires ou civils, de force de police ou encore d'observateurs, ce qui
explique le nombre variable des effectifs (de quelques dizaines d'hommes
jusqu'à 40 000 pour la FORPRONU en 1995). Si au départ les
membres permanents ne fournissaient pas des contingents, ce qui ne plus le cas
actuellement, car ils sont le plus souvent les seuls possesseurs des moyens
matériels adéquats pour les succès des OMP. De même
un pays dont sa position géographique pourrait lui procurer
intérêt spécial pour une opération ne peut pas
fournir d'unité militaires. Les responsabilités du
secrétaire générale sont multiples, car il négocie
les conditions de mise en place de l'opération : recherche des
contingents auprès des Etats membres, conclusion d'un accord avec ou les
Etats d'accueil, désignation du commandement, établissement du
règlement de l'opération, gestion de l'opération et
rapport au conseil sur son exécution.
Le dernier élément
caractérisant l'OMP est l'aspect conservatoire, symbolisé par la
recherche de la paix et la neutralité de l'opération sur les
plans politique et juridique. Traditionnellement, la mission des OMP
était l'interposition entre les des forces opposées, la
surveillance du respect d'un cessez-le-feu ou la prévention de la
reprise de hostilités devant favoriser l'émergence des conditions
propices à une règlement politique futur. A cette
génération des OMP destinées
à
assurer le « silence des armes », a
succédé une seconde génération, dont la mission
s'est considérablement élargie. L'extension de leur mission porte
notamment sur la reconstruction de l'Etat, le contrôle
d'opérations électorales, la sauvegarde des droits de l'homme ou
l'assistance humanitaire, l'ONU étant devenue la « bonne
à tout faire de la sécurité internationale ».
1.2 Imperfection de la notion
d'opérations de maintien de la paix
Le mécanisme des OMP repose
sur des caractères dont l'application sur le terrain présente des
risques de déviations. Ces limites inhérentes aux
systèmes, malgré l'ingéniosité de sa conception,
ont été à l'origine, lors de l'affaire du Congo, d'une
crise durable.
2 .LIMITES DU SYSTEME DES
OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA PAIX
Les OMP n'étant qu'un
substitut de la sécurité collective, leurs principes s'en
éloignent et connaissent des limites de différents ordres.
La première limite
réside dans l'imprécision relative à l'usage des armes.
L'éthique des « casques bleus » pourrait se
résumer, sans être caricaturale, par « l'art de recevoir
de coups sans avoir l'initiative d'en donner ». L'éthique des
soldats de la paix a été à juste titre qualifiée
d' « éthique du gendarme ». Quand le conseil de
sécurité a décidé de rompre avec la règle de
la légitime défense, en autorisant le recours à la force
au Congo après la sécession du Katanga, sa décision
à été stigmatisée. Les OMP symbolisant une
communauté internationale souvent critiquée, le système
reste malgré tout diplomatique. Une OMP est astreinte aux aspects du
principe de non intervention dans les affaires internes d'un Etat, ce qui est
difficile quand une crise présente à la fois une nature
internationale et interne, l'intervention au Congo pouvant à nouveau
illustrer cette affirmation.
La dernière réside
dans le risque d'enlisement d'une OMP, ce qui provoque une certaine
désillusion et porte atteinte au crédit de l'ONU. Si
l'Organisation veut mettre sur pied des OMP crédibles, elle doit
éviter à tout prix d'afficher des ambitions
disproportionnées par rapport aux moyens dont elle dispose. A ce propos,
l'extrême diversité des tâches que l'ONU doit entreprendre
dans le cadre de la deuxième génération d'OMP n'a pas
manqué d'accroître ces difficultés. Ainsi, en raison de son
ampleur, son action au Cambodge n'a été perçue au mieux
que comme un demi-succès. Elle ne peut pas non plus persister à
intervenir si les belligérants n'ont aucune volonté de mettre fin
à leur conflit et entrainent l'ONU vers un échec retentissant
(Somalie) ou entravant un processus de réconciliation nationale
(Angola). Sans sombrer dans un certain pessimisme, n'oublions pas que
l'histoire des hommes a été émaillée de crises,
parfois très graves.
Les tentatives de limitation des
armements se sont soldées par des échecs et ont
obéré l'efficacité de la sécurité
collective, la SDN s'étant montrée, totalement impuissante face
à l'Allemagne nazie.
La troisième cause, sans
doute la plus déterminante, réside dans « l'excessive
abstraction du système », qui est à l'origine de son
insuffisante crédibilité. La faiblesse des mécanismes de
la SDN n'a pas permis l'instauration d'un système efficace de
sécurité collective, qui n'est, de plus, définie que d'un
point de vue politique, les aspects économiques ayant été
négligés. Les Etats ont souvent invoqué les respects de
leur « compétences exclusives » par la SDN, au sens
de l'article 15§8 et peu recourir aux mécanismes des sanctions. Le
déclenchement automatique des sanctions économiques est
difficilement supportable pour les Etats. Malgré les principes
posés dans le pacte, les Etats ont une grande liberté d'action
et peuvent recourir légalement à la guerre, en raison de ses
malfaçons et sans violer leurs engagements internationaux ce qui ne les
expose pas aux sanctions.45(*)
I.2.3. La notion de sécurité sociétale
(Ole Wæver)46(*)
Dans le contexte de
l'après-guerre froide et des conflits nationalistes qui ont
marqué cette période, les chercheurs ont estimé que les
notions de nation et d'identité, pourtant centrales pour comprendre la
conflictualité dans le monde contemporain, n'avaient pas fait l'objet
d'une véritable problématisation dans les études
réalistes. Certains auteurs réalistes avaient
étudié les conflits ethniques, mais toujours dans une optique
très classique et objectiviste (en recourant une fois encore à
l'anarchie pour expliquer les confrontations) et en opérant simplement
quelques substitutions, le groupe ou l'individu devenant l'objet
référent de la sécurité en lieu et place de l'Etat.
En règle générale, les réalistes qui se sont
penchés sur cette question en reviennent toujours explications
classiques à la main: le nationalisme est une conséquence de
l'insécurité et l'insécurité est liée aux
menaces extérieures développées par les autres
Etats.
Et si le nationalisme en Europe
occidentale a faibli, ainsi que le nombre de conflits, c'est grâce
à la protection militaire offerte par les Etats-Unis (Cfr. B.
Posen). Or, pour les chercheurs de l'école de Copenhague notamment, la
question de l'identité requiert de penser les interactions entre
individus et groupes sociaux avec des outils et des concepts différents
permettant de comprendre des processus et non des faits empiriques «
déjà là ». Pour saisir le sens de l'expression «
sécurité sociétale » qui est au coeur de leurs
travaux, on peut la comparer avec celle de « sécurité
politique » ; cette dernière concerne la stabilité de
l'Etat, du système de gouvernement et des idéologies qui
légitiment le pouvoir. Pour penser la sécurité
sociétale, il est évident que l'on doit se référer
à une distinction binaire (Etat/société étant deux
choses distinctes). Par conséquent, la question de
sécurité doit aussi être appréhendée en
fonction de cette différenciation : pour l'Etat, il s'agirait de «
sécuriser » sa souveraineté et pour la
société, son identité. Dans ce deuxième cas de
figure, le sentiment d'insécurité peut amener les populations
à se sentir menacées par l'immigration ou une forme
d'impérialisme culturel. Si certaines réponses peuvent être
apportées par l'Etat (décision de fermer les frontières ou
de transférer certaines compétences au niveau supranational), il
est plus difficile d'imaginer les moyens (étatiques) permettant de
défendre une culture. C'est au sein même de la
société que des réponses doivent être
trouvées. Un problème supplémentaire doit être
mentionné : qui parle pour la société ? Quelles
institutions ? Quels acteurs ? Il conviendrait dès lors de
développer une approche duale de la sécurité et la
repenser en fonction du fait qu'elle concerne à la fois l'Etat (la
souveraineté) et la société (son identité). Dans
les conflits ethniques, les revendications souverainistes sont à
l'origine des conflits. Ce que les groupes recherchent c'est avant tout
à sécuriser une « idée » et quand bien
même les considérations matérielles peuvent être
importantes, on ne peut réduire ces conflits à une lutte entre
intérêts contradictoires découlant de situations objectives
dans la mesure où ces conflits concernent avant tout la création
d'une nouvelle « situation ».
I.2.4. La
sécurité humaine : une nouvelle conception des relations
internationales ?
Le livre qui porte ce titre est
consacré à l'étude d'une vision de la
sécurité qui a été promue par le ministre canadien
des Affaires étrangères, Lloyd Axworthy entre 1996 et 2000 et ses
partenaires norvégiens. Pour ses promoteurs, la sécurité
humaine part d'une définition de l'insécurité comme
l'ensemble des menaces politiques, économiques, sociales,
environnementales et culturelles auxquelles sont confrontés les
individus dans leur vie quotidienne. Dans ce sens, la sécurité
humaine concerne avant tout la satisfaction des besoins primaires des individus
et remet en question la primauté accordée à l'Etat et
à sa défense. Elle induit par conséquent des changements
radicaux dans la conduite de la politique internationale car elle
présuppose que les besoins de sécurité des individus
passent avant la défense des intérêts de l'Etat... «
La doctrine de sécurité humaine est aussi remarquable en ce
qu'elle implique l'exercice (dans certaines circonstances qui restent à
définir clairement) d'un droit d'ingérence humanitaire dans les
affaires intérieures des Etats, qui peut prendre la forme d'assauts
militaires ».47(*)
Pour clore ce chapitre, nous
pouvons affirmer à l'issue de ce constat, que la sécurité
collective, maintien de la paix prônée par la charte de l'ONU est
une réalité que même l'ONU n'arrive pas à appliquer
au regard des épreuves qu'il rencontre sur le terrain en RDC depuis la
naissance de sa mission de maintien de la paix au Congo. La théorie de
la sécurité collective demeure un idéal et non une réalité.
CHAPITRE DEUXIEME :
PROBLEMATIQUE DU MAINTIEN DE LA PAIX AU CONGO
Dans ce chapitre, nous allons
faire un rappel historique des interventions de l'ONU au Congo mais aussi,
nous ferons une présentation sommaire de la MONUSCO.
SECTION I : LES
INTERVENTIONS DE L'ONU AU CONGO
Dans cette section, nous allons
faire un rappel historique des interventions de l'ONU en RD Congo depuis 1960
jusqu' à nos jours avec ces différentes appellation confier au
mandat. Mais nous essayerons de donner le contenu de mandat
spécifiquement sur le mandat de la MONUSCO, ses commencement et sa fin,
ses réalisations tout en plaçant un accent particulier sur les
limites (fin ou terme) de ces mandats.
Paragraphe1. SOUS LA
PREMIERE REPUBLIQUE (1960-1963) : OPERATION DE NATIONS UNIES AU CONGO
(ONUC)
L'Opération des
Nations unies au Congo (ONUC) était une mission de
l'
Organisation
des Nations unies (ONU) en activité du
14 juillet
1960 au
30 juin
1964, durant la
Crise congolaise,
dont l'objectif fut d'aider le gouvernement congolais (alors appelé
Congo-Léopoldville) à rétablir et à maintenir
l'indépendance et l'intégrité territoriale, à
maintenir l'ordre et la loi, et à mettre en place un large programme
d'assistance technique.
Quelques jours après
l'indépendance de la République du Congo (Kinshasa), des
mutineries contre les officiers blancs et les populations européennes au
Congo amenèrent à une intervention militaire de la
Belgique dans son ancienne
colonie.
Le 12 juillet 1960, le
gouvernement du Congo-Kinshasa demanda l'aide de l'ONU afin de protéger
le pays des agressions extérieures. Dans les deux jours qui suivirent,
le Conseil de sécurité de l'ONU demanda à la Belgique de
retirer ses troupes et autorisa une provision visant à procurer une
assistance militaire au Congo jusqu'à ce que son gouvernement juge sa
mission accomplie.48(*)
Rapidement, un contingent de
l'ONU, composé des
forces
de maintien de la paix des Nations unies venu en majorité des pays d'
Asie et d'
Afrique, arriva au Congo,
accompagné d'experts civils afin de procurer une assistance aux services
publics.
Ils furent engagés dans des
combats contre l'
armée
katangaise lorsqu'ils reçurent l'ordre de réduire l'
État du
Katanga.
À son apogée, l'ONUC
comptait près de 20 000 militaires et civils, L'opération a
été marquée par plusieurs batailles et par de nombreuses
opérations civilo-militaires, 126 soldats des Nations Unies ont
été tués, et 109 sont morts par suite d'accidents ou pour
des raisons naturelles.
1.1. Assurer
l'intégrité territoriale et l'indépendance politique
Initialement établie pour
assurer le retrait des forces belges, aider le gouvernement à
rétablir l'ordre public et fournir une assistance technique. Le mandat
de l'ONUC a été ultérieurement modifié pour lui
permettre d'assurer le maintien de l'intégrité territoriale et de
l'indépendance politique du Congo, de prévenir la guerre civile
et d'assurer le retrait de tous les conseillers et forces militaires et
paramilitaires étrangers ne relevant pas des Nations Unies, ainsi que de
tous les mercenaires. 49(*)
Les forces de l'ONU
s'étaient complètement retirées du pays le 30 juin 1964
1.2. Mandat
L'ONUC a été établie par le Conseil de
sécurité par la
résolution
143 (1960) du 14 juillet 1960 qui « autorise le Secrétaire
général à prendre, en consultation avec le Gouvernement de
la République du Congo, les mesures nécessaires en vue de fournir
à ce gouvernement l'assistance militaire dont il a besoin, et ce
jusqu'au moment où les forces nationales de sécurité,
grâce aux efforts du Gouvernement congolais et avec l'assistance
technique de l'Organisation des nations Unies, seront à même, de
l'opinion de ce gouvernement, de remplir entièrement leurs tâches
».
Dans sa
résolution
161 (1961) du 21 février 1961, le Conseil de sécurité
« demande instamment que les Nations Unies prennent immédiatement
toutes mesures appropriées pour empêcher le déclenchement
d'une guerre civile au Congo, notamment des dispositions concernant des
cessez-le-feu, la cessation de toutes opérations militaires, la
prévention de combats et le recours à la force, si besoin est, en
dernier ressort ».
Dans sa
résolution
169 (1961) du 24 novembre 1961, le Conseil de sécurité
autorise le Secrétaire général à entreprendre une
action vigoureuse, y compris, le cas échéant, l'emploi de la
force dans la mesure requise, pour faire immédiatement
appréhender, placer en détention dans l'attente de poursuite
légales ou expulser tous les personnels militaire et paramilitaire et
conseillers politiques étrangers ne relevant pas du Commandement des
Nations Unies ainsi que les mercenaires ».
Paragraphe 2. SOUS LA
TRANSITION (MISSION DE L'ORGANISATION DES NATIONS UNIES EN RD Congo(MONUC)
Pour la deuxième fois en
l'espace de quarante ans, les Nations Unies interviennent au Congo dans le
cadre d'une mission de maintien de la paix.
L'histoire rappelle d'abord
à la mémoire l'Opération des Nations Unies au Congo
(ONUC), qui eut lieu de juillet
1960 à juin 1964 à la suite de la proclamation de la
sécession du Katanga le 11 juillet 1960. 50(*)
La guerre engagée le 2
août 1998 contre la République Démocratique du Congo (RDC)
par l'Ouganda, le Rwanda et le Burundi justifie la deuxième
présence de l'Organisation des Nations Unies (ONU) dans cet Etat, le
plus grand et le plus riche en ressources au coeur de l'Afrique.51(*)
Du fait de ce conflit, le Conseil
de sécurité de l'ONU a adopté la résolution 1234 du
9 avril 1999 qui demande " la signature immédiate d'un accord de
cessez-le-feu ". Lui viennent à l'appui les articles 36 et 52 de la
Charte de l'ONU.
Les paragraphes 1 et 2 de
l'article 36 disposent :
1. « Le Conseil de
Sécurité peut, à tout moment de l'évolution d'un
différend (dont la prolongation est susceptible de menacer le maintien
de la paix et la sécurité internationales, art.33) ou d'une
situation analogue, recommander les procédures ou méthodes
d'ajustement appropriées.
2. Le Conseil de
Sécurité devra prendre en considération toutes les
procédures déjà adoptées par les parties pour le
règlement de ce différend ».
Concernant les Accords ou
organismes régionaux, les paragraphes 2 et 3 de l'article 52 stipulent
:
« Les Membres des Nations Unies qui concluent ces accords
ou constituent ces organismes (régionaux) doivent faire tous leurs
efforts pour régler d'une manière pacifique [...] les
différends d'ordre local, avant de les soumettre au Conseil de
Sécurité.
2. Le Conseil de
Sécurité encourage le développement du règlement
pacifique des différends d'ordre local par le moyen de ces accords ou de
ces organismes régionaux soit sur l'initiative des Etats
intéressés, soit sur renvoi du Conseil de Sécurité
».
C'est ainsi que fut signé
le 10 juillet 1999 cet accord cadre, communément appelé «Accord de Lusaka ».
Les parties signataires en sont : l'Angola, la
Namibie, l'Ouganda, la RDC, le Rwanda, le
Zimbabwe (le 10 juillet 1999); le Rassemblement Congolais pour
la Démocratie, (31 août 1999) et le Mouvement
pour la Libération du Congo (1er août 1999).
Sont témoins : la
Zambie, l'ONU, l'OUA, la SADC.
1 Le premier appel au secours de
l'Etat congolais à l'ONU a été lancé au
Secrétaire Général, Dag Hammarskjöld par le Chef de
l'Etat congolais, Joseph Kasa Vubu, en accord avec le Premier Ministre, Patrice
E. Lumumba le 12 Juillet 1960. Les premières troupes de l'ONU furent
déployées à Kinshasa le 15 juillet.
Les termes de cet Accord et les
Annexes "A" et "B" font partie intégrante de cet arrangement dont le
vocable officiel est l'Accord de cessez-le-feu52(*). Les définitions
des termes communs utilisés dans l'Accord sont à l'Annexe "C".
La Mission de l'Organisation des
Nations Unies au Congo (MONUC), dirigée par le Représentant
Spécial du Secrétaire Général en RDC, l'Ambassadeur
Kamel Morjane , nommé par le Secrétaire Général, M.
Kofi Annan, le 16 novembre 1999, résulte donc de l'engagement pris par
l'ONU et l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) sur base de l'Article
III, al. 1 de l'Accord et surtout du Chapitre 8,1 de l'Annexe A dudit Accord,
qui stipule :
« Les Nations Unies, en
collaboration avec l'OUA devront constituer, faciliter et déployer une
force appropriée en RDC pour assurer la mise en oeuvre du présent
Accord. »
Mais finalement, en dépit
de toutes ces précautions définissant le cadre de l'action de
l'ONU, la question qui se pose une année après la signature de
l'Accord est celle de savoir pourquoi on assiste à des violations
absolues du cessez-le-feu, au non-respect ou à l'application timide
sinon inopérante de l'Accord de Lusaka ?
2.1 Motivation de
l'intervention
Dans sa Résolution 1234
du 9 avril 1999, le Conseil dispose que « le conflit actuel en
République Démocratique du Congo constitue une menace pour la
paix, la sécurité et la stabilité dans la région
des Grands Lacs.
Ainsi dit, la MONUC tire sa base
légale des articles 39 et 40 de la Charte de l'ONU. En vertu de
l'article 39, le Conseil de sécurité « constate l'existence
d'une menace contre la paix, d'une rupture de la paix ou d'un acte d'agression
». L'article 40 stipule que le Conseil «avant de faire les
recommandations ou de décider des mesures à prendre
conformément à l'article 39, peut inviter les parties
intéressées à se conformer aux mesures provisoires qu'il
juge nécessaires ou souhaitables ».
Dorénavant, la
présence de l'ONU au Congo n'est pas justifiée par une quelconque
action extérieure d'un Etat tiers contre ce pays. Elle s'explique et se
fonde en fonction d'un critère international. Il s'agit de la
perturbation de la paix dans la sous-région centrale de l'Afrique en
tant qu'elle menace la paix du monde et la stabilité même des
Nations Unies. La conception du Conseil de sécurité ne
s'écarte pas de la Charte en ce sens que la présence non
désirée du
Rwanda, de l'Ouganda et du
Burundi, "les Etats non invités", a, en réaction, provoqué
l'intervention des Etats de la SADC53(*) dans le conflit avec les conséquences que cela
comporte contre la menace à la paix internationale. Cela veut dire que
les exigences du rétablissement de la paix et de la
sécurité internationales rendent impérative la
présence des Nations Unies au Congo.
7. Rapport présenté
devant la Commission des droits de l'homme à la 55ème session le
31 mars 1999, soit neuf jours avant l'adoption de la résolution 1234
(1999). Cinquième rapport sur la situation des Droits de l'homme en RDC,
Doc.ONU, E/CN.4/1999/31. Cette résolution fait d'ailleurs en son
paragraphe 7 expressément mention du rapport Garreton.
8. Les Etats membres de la SADC
alliés à la RDC sont intervenus dans le conflit en faveur de
cette dernière en vertu de l'accord de défense qui les lie.
9. Formellement, pendant
l'année 1997, à l'aube de la prise du pouvoir par le
Président L.D. Kabila, les Nations Unies avaient dans le cadre de la
diplomatie préventive du Secrétaire Général, Kofi
Annan, planifié et préparé l'envoi d'une mission au Congo
pour le cas où le Conseil de sécurité déciderait
d'y déployer la mission de maintien de la paix54(*). Cette volonté se concrétisa par la création au cours de
la même année à Kinshasa, du Bureau des Nations Unies au
Congo
(BONUC) aujourd'hui
incorporé au sein de la MONUC. Il a été dirigé par
Cheikh-Ti diane Gaye devenu Directeur de la Division des Affaires Politiques de
la MONUC.
Cette section se penche sur
l'examen du niveau d'application de l'Accord de Lusaka et des
résolutions pertinentes des Nations Unies au fur et à mesure des
modifications du mandat de la Mission de l'Organisation des Nations Unies en
République Démocratique du Congo.
2.2Le mandat de novembre
1999
Au paragraphe 16 de sa
première Résolution 1234 (1999), le Conseil de
sécurité a prié le Secrétaire
Général, notamment « de promouvoir le règlement
pacifique du conflit, de faire des recommandations concernant le rôle que
pourrait jouer l'ONU à cette fin, et de le tenir informé de la
situation ».
Dans son préambule : «
Considérant l'article 52 de la Charte de l'ONU relatif aux arrangements
régionaux concernant les questions relatives au maintien de la paix et
de la sécurité internationales dans le cadre d'une action
régionale appropriée », l'Accord de cessez-le feu dispose en
son article III, 11-a :
«Le Conseil de
sécurité agissant conformément aux dispositions du
chapitre VII de la Charte des Nations Unies et en collaboration avec l'OUA
[...] et compte tenu de la situation particulière de la
République Démocratique du Congo, lui confiera [à une
force de maintien de la paix] le mandat de poursuivre tous les groupes
armés en République Démocratique du Congo. A cet
égard, le Conseil de sécurité des Nations Unies
définira en conséquence le mandat de la force de maintien de la
paix ».
Fort de cette disposition, le
Conseil de Sécurité, s'inspirant du rapport n° 790 du
Secrétaire
Général du 15 juillet 1999 sur le déploiement
préliminaire des Nations Unies en RDC(10), a adopté la
Résolution 1258 (1999) du 6 août 1999 qui, en son
paragraphe 8, a autorisé le Secrétaire général
à procéder pour une période de trois mois, au
déploiement de 90 membres du personnel militaire de liaison des Nations
Unies au maximum ainsi que du personnel civil, politique, humanitaire et
administratif. Ce déploiement préliminaire constitue la phase
1 de la Mission des Nations Unies. Il a été effectif dans
les capitales des Etats signataires et au quartier
général provisoire de la Commission militaire mixte, Kinshasa,
à partir du 23 septembre 1999.
Dans son rapport n° 1116 du
1er novembre 1999, agissant dans la logique du
Développement de la MONUC,
le Secrétaire Général Kofi Annan envisageait, «
sous réserve de nouveaux progrès dans le processus de paix, de
soumettre au Conseil de sécurité un nouveau rapport contenant des
recommandations et un projet de concept d'opérations 10 Dont le mandat
n'est pas à confondre avec celui relatif au déploiement de la
force de maintien de la paix de l'ONU. Le développement
préliminaire devait s'étaler sur une période de trois
mois, avec le mandat suivant :
a) "Etablir des contacts et
assurer la liaison avec la Commission militaire et toutes les parties à
l'Accord;
b) Aider la Commission militaire
mixte et les parties à mettre les modalités d'applications de
l'Accord;
c) Fournir une assistance
technique, sur demande, à la Commission mixte;
d) Tenir le Secrétaire
général informé de la situation sur terrain et aider
à mettre au point un concept d'opération en vue de renforcer
éventuellement le rôle de l'Organisation des Nations Unies dans
l'application de l'Accord une fois qu'il aura été signé
par toutes les parties.
e) Obtenir des parties des
garanties de coopération et des assurances de sécurité en
vue du déploiement éventuel d'observateurs militaires à
l'intérieur du pays ". S/RES/1258 (1999), 6 août 1999, par. 8.
» pour un déploiement plus large de troupes de maintien de la paix
des Nations Unies »(11) au Congo.
Le mandat initial de la MONUC a
été formulé en vertu du chapitre 8, paragraphe 8.2 de
l'Annexe A à l'Accord de Lusaka qui stipule :
« Le mandat de la force des
Nations Unies devra inclure les opérations de maintien et de
rétablissement de la paix... »
.
Ce premier mandat
conféra à la MONUC un rôle passif, celui de
facilitateur.
Naturellement, il ne pouvait en
être autrement car l'ONU était uniquement chargée d'aider
les parties à appliquer leur Accord, d'en surveiller l'application et de
coordonner l'aide humanitaire liée aux opérations de secours. A
ce titre, son action se réduisait à une mission d'observation
puisqu'en définitive, la résolution 1279 (1999) n'a fait, selon
le Secrétaire Général, que concevoir le «concept
d'opérations que proposait l'Organisation des Nations Unies pour aider
les parties à appliquer l'Accord de Lusaka» en R.DC. Le
précédent de la Mission d'observation
des Nations Unies au Liberia (MONUL) aurait apparemment inspiré le
Conseil de sécurité.
Par rapport au
développement préliminaire tenant lieu de la phase I de la MONUC,
le mandat de novembre 1999 passe donc pour une étape préparatoire
à la deuxième phase(26) dans la perspective du déploiement
complet d'une force des Nations Unies au Congo.
2.3 Le mandat de
février 2000
La résolution du 30
novembre 1999 avait prié le Secrétaire Général de
le « tenir régulièrement informé et de lui rendre
compte dans les meilleurs délais de la situation en RDC, [...] de lui
soumettre des recommandations au sujet du déploiement de personnel
supplémentaire des Nations Unies dans le pays et de sa protection »
(Paragraphe 8).
Le mandat de février 2000
s'inscrit dans la continuité du processus du déploiement des
Nations Unies en RDC.
Au paragraphe 65 de son rapport
n° 30 daté du 17 janvier 2000, le Secrétaire
Général décrit en 11 points, « les principales
tâches militaires de la MONUC »(27) qui inspirèrent
indubitablement le futur projet de mandat.55(*).
Cette réalité dénote la difficulté
de la tâche quand on sait que la résolution du 6 août 1999
avait conformément à son paragraphe 8, imparti trois mois au
Secrétaire Général pour l'accomplissement de sa mission.
Par la suite, la résolution du 5 novembre 1999 prorogea jusqu'au 15
janvier 2000 le mandat du personnel militaire de liaison des Nations Unies.
Cfr.par.l. 24 Un montant de 41 millions de dollars a été
autorisé au Secrétaire Général par le Conseil de
sécurité pour financer le déploiement préliminaire
des Nations Unies dans la sous-région des Grands Lacs, la mise en place
et le financement de la MONUC pour la période du 6 août 1999 au
1er mars 2000. 56(*)
Les éléments
onusiens présents à Kisangani n'avaient ni mandat ni la
capacité de venir en aide à la population civile sans
défense. La destruction et l'horreur devant les massacres de vies
humaines ont finalement décidé le Secrétaire
Général à prendre une nouvelle initiative à la
vitesse supérieure.
2.4 Le mandat de juin
2000
En dépit de l'arrêt
effectif des hostilités à Kisangani le 10 juin entre les
troupes
Rwandaises et ougandaises, devant
la gravité de la situation qui y avait prévalu une semaine plus
tôt, le Secrétaire Général a pris la mesure de la
situation en RDC.
Dans son troisième rapport
sur la MONUC présenté le 12 juin au Conseil de
Sécurité, M. Kofi
Annan a, pour la toute première fois depuis le début du conflit,
en vertu de l'article 99, menacé de recourir aux moyens coercitifs pour
imposer le retour de la paix au Congo, en formulant au Conseil les termes de la
résolution.
«J'invite le Conseil de
sécurité, martèle-t-il, s'autorisant du Chapitre VII de la
Charte des Nations Unies, à exiger que le Gouvernement rwandais et le
Gouvernement ougandais ordonnent à leurs armées respectives de
s'abstenir dorénavant de combattre et de se retirer immédiatement
de Kisangani puis, sans tarder davantage, de la République
Démocratique du Congo. Ces deux armées devraient être
tenues pour responsables des pertes humaines et des dégâts
matériels qu'elles ont infligés à la population civile de
Kisangani. J'invite instamment le Conseil, agissant également au titre
du Chapitre VII de la Charte, à exiger ensuite le retrait rapide de
toutes les autres forces étrangères du territoire de la
République Démocratique du Congo comme le prévoit l'Accord
de cessez-le-feu de Lusaka »
Après deux jours de
débats des 15 et 16 juin avec les membres du Comité Politique
pour l'application du cessez-le-feu de Lusaka, le Conseil de
sécurité a obtenu à l'unanimité un vote à
l'arrachée de la Résolution 1304 (2000) du 16 juin 2000 contre
les réticences des Etats Unis et de la Grande-Bretagne. Dans le cadre du
C.P, la délégation congolaise a été conduite
à cette réunion spéciale par le Ministre d'Etat
chargé des Affaires Etrangères et de la Coopération
Internationale, M. Yérodia Abdoulaye Ndombasi qu'accompagnait M.
Ntwaremba Onfre, Commissaire Général du gouvernement
Chargé des Affaires de la MONUC. Conçue sur base d'un projet de
résolution de la France, la Résolution 1304 (2000)
du 16 juin 2000 a conféré à la
MONUC un troisième mandat, défini comme suit
:
46 Au 4 juin, soit la veille des
hostilités entre les deux armées étrangères, la
MONUC n'avait déployé dans l'ensemble que 228 observateurs
militaires et officiers de liaison à l'intérieur et autour de la
RDC (161 observateurs militaires et 67 personnels d'état-major)
provenant de 33 nationalités.57(*)
Le Gouvernement a évolué les destructions et
dégâts matériels provisoires
à 2 milliards de dollars, dont la cathédrale de Kisangani. A part son contenu, l'élaboration dans le
temps de ce rapport n'est pas expressément liée à la
situation de Kisangani. Sa publication correspond
au délai de 60 jours imparti au Secrétaire Général
par les Dispositions du paragraphe 19 de la résolution 1297 (2000).
58(*)
A.RAPPROCHEMENT ENTRE L'ONUC ET LA MONUC : la leçon
d'histoire
A. a. Regard sur
l'Opération des Nations Unies au Congo.
Initialement établi pour
assurer le retrait des forces belges, aider le gouvernement à rétablir l'ordre public et fournir une
assistance technique, le mandat de l'Opération des Nations Unies au
Congo(ONUC), a été ultérieurement modifié pour lui
permettre d'assurer le maintien de l'intégrité territoriale et de
l'indépendance politique du Congo, de prévenir la guerre civile
et d'assurer le retrait de tous les, conseillers et forces militaires et
paramilitaires étrangers ne relevant pas des Nations Unies ainsi que de
tous les mercenaires.
Pour se faire une idée sur
le mandat de l'ONUC, on ne ferait mieux que de citer Paul-Henry Gendebien dans
son excellent ouvrage, « L'intervention des Nations Unies au Congo 1960-1964 ». « La position du
Conseil de Sécurité », fait - il observer, «avait ceci
d'ambigu que, d'une part, il considéra en juillet 1960 que l'aspect
interne de la crise ne concernait pas l'Organisation et que par
conséquent l`action entreprise restait dans le cadre international
d'Etats organisés ne nécessitant pas l'intervention de l'ONU dans
une crise interne; mais que d'autre part il ne condamna pas la Belgique pour
"agression", ce qui écartait Cette action du
Gouvernement est menée conjointement i celle initialement entreprise par
celui-ci devant la même juridiction, et qui suit son cours normal contre
ces 3 Etats poursuivis du chef d'agression armée et d'atteinte à
la souveraineté nationale et à l'intégrité
territoriale de la RDC.
A .b.
Le fallacieux accord de Lusaka
L'accord de Lusaka de juillet
1999, unanimement présenté par les faiseurs de la paix comme
l'incontournable mode d'emploi de sorte de crise pour la RDC et le pays de l'
Afrique des Grands Lacs en général, se place dans un contexte
dont il convient de rappeler brièvement les grandes lignes.
Le 4 août 1998 débute
ce qu'on appelle la « première guerre continentale
africaine ». Des troupes rwandaises, ougandaises et banyamulenges
(Tutsi congolais du Kivu). Commandées par un général
rwandais, James Kabarebe commencent les hostilités à Kinshasa
ainsi que dans l'Est de la RDC.59(*)
A .c. Les failles de l'accord
de Lusaka
L'accord de Lusaka a
été le produit d'un long cheminement, commencé en
réalité dès décembre 1998 et au cours duquel il a
fallu contenter de nombreuses composantes de conflits. D'emblée
toutefois, l'enjeu_ et le piège dans lequel ces médiateurs se
sont trouvés a résidé dans la participation aux
négociations de groupes rebelles et de seigneurs de la guerre. Pour
Kabila, la solution est simple :il ne peut y avoir des négociations
qu'entre la RDC et les pays agresseurs , en l'occurrence le Rwanda et
l'Ouganda. Les rebelles ne sont que de prête-noms des forces
étrangers qui n'ont d'existences que par elles.
Les négociateurs qui
précéder l'accord de Lusaka ne mettent d'ailleurs en
présence que des acteurs étatiques, et non pas
de « seigneurs des guerres »60(*)
Paragraphe3. DE LA TRANSFORMATION DE LA MONUC EN MONUSCO (2010
à nos jours)
Malgré tout ce que l'ONU
fait le grand problème se situe à l'est du pays et
principalement dans le territoire de Masisi et Rutshuru. C'est ainsi que le
conseil de sécurité conscient qu'il existe des défis qui
empêchent la stabilisation de la RDC et constatant que la situation dans
le pays reste une menace pour la paix et la sécurité
internationale dans la région.
La Résolution 1925
adoptée par le conseil de sécurité le 28 mai 2010
reconnaît « les progrès réalisés en RDC,
compte tenu des défis que le pays a eu à surmonter ces 15
dernières années ». Il note toutefois qu'il
subsiste encore des défis qui empêchent la stabilisation de la
RDC.
Au regard de l'évolution de
la situation, le conseil de sécurité a estimé qu'il
était nécessaire de donner une nouvelle orientation au mandat de
la mission des Nations unies au Congo, en accordant une importance accrue
à la consolidation de la paix pour raffermir et faire avancer la
stabilisation du pays.
C'est ainsi qu'au terme de la
présente Résolution, le conseil a décidé que la
Mission s'appellera à partir du premier juin 2010 « Mission de
l'Organisation des Nations Unies en République Démocratique du
Congo » ou MONUSCO en remplacement de la MONUC.61(*) Ce point sera
détaillé dans le chapitre III.
3.1. LE CONTEXTE D'UNE TRANSFORMATION DE MANDAT 62(*)
Si à la constitution d'une opération des Nations
Unies le consentement de l'Etat hôte est indispensable, la question de
son retrait, même progressif, paraît être guidée par
des critères objectifs auxquels tient le Conseil de
sécurité au point, comme le révèle le cas sous
examen, que celui peut y passer outre. Il sied d'analyser d'une part la
volonté du Gouvernement congolais quant au retrait de la MONUC et la
position imposée du Conseil de sécurité.
3.1.1. La demande congolaise du retrait de la
MONUC : Une condition déterminante, mais insuffisante
Le caractère récurrent de
l'insécurité ainsi que l'attitude de la MONUC sont autant de
données objectives qui ont justifié la prise de position
officielle de la République démocratique du Congo.
3.1.2. Les données objectives à
charge de la MONUC
La demande gouvernementale du retrait de la MONUC avait
suscité des débats, des indignations et des craintes parmi tous
les acteurs intervenant dans le processus de pacification de la RD Congo. Du
côté de la population, la peur de la recrudescence des actes de
violence de la part des groupes armés était réelle. Les
organisations humanitaires opérant dans la partie Est du pays
prévenaient que tout retrait prématuré des forces
onusiennes serait une catastrophe pour la stabilisation du pays. Dans un
rapport intitulé 'Un avenir fragile', Oxfam déclarait que sans
une forte présence des Nations unies, le Congo risquait de faire face
à une reprise généralisée des combats,
réduisant à néant les acquis des élections
historiques de 200663(*).
Au-delà ces prises de position, il y a lieu de rechercher les
motivations profondes de la demande du Gouvernement congolais.
Le Gouvernement congolais et la MONUC ne semblaient plus
entretenir de bonnes relations depuis octobre 2008. Les causes de cette
méfiance sont à trouver dans le comportement imputé aux
agents de la MONUC, notamment leur attitude complaisante et complice à
l'égard des rebelles du CNDP.
Des faits saillants ont ainsi fait asseoir dans le chef de
l'opinion congolaise l'inquiétude de voir en cette opération non
pas un ange gardien de la paix, mais une couverture de distribution de la mort
aux Congolais par les Rwandais.
D'abord, au début de la transition, l'affaire d'un
certain major Kasongo qui s'était rebellé contre le Gouvernement
au point de voir le RCD violer les accords issus du dialogue intercongolais. On
a noté en conséquence des tueries à grandes
échelles à Bukavu imputées à Jules Mutebusi et
Laurent Nkunda, sans la moindre intervention de la MONUC. Ce qui avait
occasionné des émeutes sanglantes à Kinshasa Capitale
Kinshasa contre ses installations. Mais ce qui a choqué l'opinion
mondiale est le fait que les casques bleus de l'ONU aient laissé la
population civile être massacrée par les soldats du CNDP sans la
moindre réaction de leur part. Un tel manquement contrastait avec leur
mandat de protection de la population civile. Le Professeur Noël Obotela
Rashidi résumait les critiques à l'endroit de la MONUC en ces
termes : « La détérioration de la situation place la MONUC
dans une position inconfortable. Le Nord-Kivu, l'Ituri, le Sud-Kivu et le Nord
Katanga baignent dans l'insécurité. Que fait alors la MONUC ? De
nombreuses critiques ont été émises à son endroit
».
Ensuite, certains agents de la MONUC étaient
déjà accusés de scandales et d'abus sexuels depuis 2004.
En décembre 2007, par exemple, après des histoires de
pédophilie et de trafic d'armes contre minerais attribués au
personnel de la MONUC, les Congolais étaient convaincus des
soupçons envers celle-ci d'avoir en plus des missions officielles de
maintien de la paix, d'autres missions obscures. Enfin, au titre des faiblesses
reprochées à la MONUC, on dénombre aussi l' «
implication quasi permanente des Etats fournisseurs de troupes ». Ce refus
de Casques bleus à assurer la protection aux civils pendant la campagne
des groupes rebelles cachait mal le déficit dans le commandement des
troupes onusiennes présentes en RD Congo.
L'implication de ces Etats s'est manifestée sous trois
aspects : le refus des pertes qui entraine le désengagement des troupes
face à une attaque rebelle, la réticence des Etats à
placer leurs troupes sous le commandement onusien et l'engagement à but
mercantile de certains pays du tiers monde. Les difficultés de
commandement des Forces onusiennes expliquent la démission, une semaine
après la prise de fonction, de l'Espagnol Vincente Diaz de Villegas
nommé par le Secrétaire général pour commander les
Forces de la MONUC.
En prenant la précaution de ne pas perdre des troupes
au Congo, les Etats fournisseurs demandaient à leurs militaires de ne
pas intervenir, même lorsqu'il s'agirait de protéger les
populations civiles. L'engagement intéressé et mercantiliste a
engendré un goût affairiste dans le chef des Casques bleus qui
n'ont pas pour certains hésité à s'adonner à
l'extraction minière. Cet affairisme a engendré une
solidarité avec les groupes armés. Pris dans cet angle,
l'embrassade chaleureuse de Laurent Nkunda par le colonel indien Sahora Chand
en fin de mission ne pouvait pas constituée une surprise scandaleuse.
Mais ce qui aurait le plus offensé les autorités gouvernementales
ce sont certains attributs de souveraineté bafoués par certains
agents de la MONUC.
Beaucoup d'autres allégations sont mises à
charge de la MONUC allant de la complicité dans le pillage
illégal de ressources naturelles au trafic des armes avec les milices
congolaises. Cette attitude de la part de la MONUC ne pouvait pas laisser
indifférent le Président de la République. C'est dans ce
contexte que nait la demande de désengagement de la MONUC car elle
commençait à desservir les intérêts de la paix au
Congo.
Bref, on avait constaté avec regret qu'en dépit
d'énormes services que rend l'ONU en RDC, ces quelques faits et gestes
posés par le personnel de la MONUC confortaient la thèse de la
nécessité d'encadrer les activités de ce personnel tant
civil que militaire.
Mais cette demande n'ignorait pas l'importance de la
présence de la MONUC sur le territoire congolais.
3.1.3. La demande formelle du Gouvernement
congolais64(*)
L'annonce de l'intention de l'Etat congolais de voir la MONUC
se désengager dans le délai qu'il proposait avait engendré
des malentendus amplifiés par les interviews répétitives
du Ministre congolais de l'Information et de la Communication. D'où la
nécessité de chercher le contenu de cette demande et les mesures
gouvernementales qui l'ont accompagnée.
C'est lors de son séjour à Mbuji-Mayi (29
novembre 2009) que le Président Joseph Kabila fait une conférence
de presse au cours de laquelle il annonçait déjà la
prorogation du mandat de la MONUC. Il s'exprimait en ces termes : « Le
mandat de la MONUC sera encore renouvelé pour 6 mois à partir du
mois de décembre. Le souhait du gouvernement congolais est de recevoir
un plan de désengagement de la MONUC avant le 30 juin 2010, parce que
nous pensons, et c'est le cas, que depuis le début de cette
année, il y a une amélioration nette de la situation
sécuritaire dans l'Est du pays » . Si l'on peut croire à ces
propos du Président de la République tels que rapportés
par la Radio Okapi, la Résolution 1906 et le plan de
désengagement gouvernemental courant à partir du 30 juin 2010 ne
sont pas des faits nouveaux pour les deux partenaires.
Devant les réactions que provoquait l'exigence par le
Gouvernement d'un plan de désengagement de la MONUC, surtout dans les
milieux des organisations humanitaires, le Président Kabila apporta une
précision de nature à apaiser les esprits. Selon lui, le
Gouvernement n'a pas demandé à la MONUC de plier bagages et de
quitter le Congo immédiatement, mais de commencer à s'y
préparer. Il déclara plus tard ce qui suit : « On a
demandé à la MONUC de nous présenter un plan de
désengagement, j'espère bien que ce sera pour bientôt ou du
moins avant la fin de cette année. C'est sur base (sic) de ce plan qu'on
va finalement étudier avec la MONUC les modalités pratiques de ce
retrait progressif ». L'on peut bien reprocher à la démarche
gouvernementale l'unilatéralisme dans la fixation d'un délai
limite en absence de toute concertation.
L'adoption le 23 décembre 2009 par le Conseil de
sécurité de la Résolution 1906 va exacerber la divergence
entre les points de vue du Gouvernement congolais et les Nations Unies au sujet
de la présence de la MONUC sur le sol congolais. La réaction du
Gouvernement congolais en rapport avec cette Résolution 1906 est sans
équivoque. Elle consistait pour la mission onusienne de présenter
un plan de son désengagement progressif prenant cours à partir de
la fin du mois de juin 2010. On assista pour la première fois à
un bras de fer net entre le Gouvernement congolais et l'ONU depuis la
création de la MONUC et son établissement sur le sol congolais.
Le désaccord du Gouvernement congolais et de l'ONU ne
se limite pas simplement sur le délai du désengagement de la
MONUC. Elle concerne également une sorte d'autoritarisme restreignant
les « prérogatives » de souveraineté du pays.
Présent à la séance du Conseil de sécurité
au cours de laquelle la Résolution 1906 a été
adoptée, le Représentant permanent de la RD Congo à l'ONU,
l'Ambassadeur Ileka Atoki, a tenu à clarifier la position de son pays en
ces termes : « Les Congolaises et Congolais désirent la paix, et la
paix maintenant. La République démocratique du Congo n'est la
cause de la situation de rupture de paix et de sécurité
internationales que connaît la région des Grands Lacs. Votre
résolution enjoint mon gouvernement à adopter des
législations et à les mettre en oeuvre dans ce délai de
six mois d'existence de vie de cette Résolution. Pour Aucune raison au
monde souhaiterions-nous revenir à une quelconque forme d'autoritarisme
fut-elle du Conseil de sécurité ». Les clauses de la
Résolution 1906 incriminées par le Représentant permanent
congolais rappellent bien la tutelle que le CIAT exerça durant toute la
période de la transition.
L'on ne pouvait pas penser que le travail de la réforme
de l'armée et de la police auquel il fallait ajouter la traque des
groupes armés soit achevé en cinq mois. La réaction de
l'ONU était très attendue dans l'opinion congolaise à
l'approche de l'expiration du mandat de la MONUC. Sur le plan scientifique, la
réponse de l'ONU devait confirmer ou non la désuétude du
principe du consensualisme. L'examen de la Résolution 1925 du 28 mai
2010 révèle les limites de ce principe qui confirme que les
Nations Unies ne sont pas totalement liées par ce principe et elles
peuvent le contourner au grand dam de l'Etat-hôte.
3.2.4 L'imposition de l'avènement de la
MONUSCO par le Conseil de sécurité des Nations Unies65(*).
Dans la pratique des Nations Unies, parmi les repères
pouvant aider à déterminer à quel moment le processus de
consolidation de la paix est suffisamment avancé pour permettre le
transfert de certaines responsabilités, on retrouve :
- L'absence de combats violents et de violations des droits de
l'homme à grande échelle et le respect des droits des femmes et
des minorités ;
- La mise en oeuvre effective du DDR d'anciens combattants
(hommes et femmes, adultes et enfante) et le progrès vers le
rétablissement ou la création d'institutions de
sécurité responsables ;
- La capacité des forces armées nationale et de
la police nationale d'assurer la sécurité et de maintenir l'ordre
public sous le contrôle civil et dans le respect des droits de l'homme ;
- Le progrès vers un système judiciaire et
pénal indépendant et efficace ;
- La restauration de l'autorité de l'Etat et le retour
de services de bases à travers le pays ;
- Le retour et la réimplantation des personnes
déplacées avec un minimum de perturbations ou de conflits dans
les zones de retour ou de réinsertion ; et
- La mise en place effective d'institutions politiques
légitimes à la suite des élections libres, justes et
transparentes om les femmes et les hommes jouissent d'un doit égal pour
voter et présenter leur candidature.
La mission doit chercher de multiples sources de validation
concernant le niveau de progrès enregistré et ne doit pas
hésiter de rendre compte d'une dégradation éventuelle de
la situation. A cet égard, les opérations de maintien de la paix
doivent résister à la tentation de donner des évaluations
trop optimistes des progrès réalisés. Ainsi, à
travers la résolution 1925, le Conseil de sécurité, tout
en prenant acte des progrès réalisés en République
démocratique du Congo, compte tenu des défis que le pays a eu
à surmonter ces 15 dernières années, souligne qu'il est
urgent pour la stabilisation à long terme du pays, de mettre en oeuvre
une réforme globale du secteur de sécurité et de parvenir,
selon le cas au désarmement, à la démobilisation et
à la réintégration (DDR) des membres des groupes
armés congolais et au désarmement, à la
démobilisation, au rapatriement, à la réinstallation et
à la réintégration (DDRRR) des groupes armés
étrangers (...) . Le Conseil souligne en outre les graves
problèmes de sécurité que soulèvent, en
République démocratique du Congo, plus particulièrement
dans les Kivus et la Province Orientale, la présence continue de groupes
armés, la nécessité d'assurer l'autorité de l'Etat,
le risque d'une résurgence des conflits avec le retour des
réfugiés et des personnes déplacées et la poursuite
illicite des ressources naturelles et résolu à éviter
qu'un vide sécuritaire n'entraîne le retour de
l'instabilité dans le pays . Aussi, le Conseil se déclare-t-il
très préoccupé par la situation humanitaire et la
situation des droits de l'homme dans les zones touchées par les conflits
armés, condamnant en particulier les attaques ciblées contre la
population civile, les violences sexuelles généralisées,
le recrutement et l'emploi d'enfants soldats et les exécutions
extrajudiciaires...
Selon l'évolution de la situation, il est parfois
nécessaire de modifier ces repères pendant la mission.
Quels que soient ces repères adoptés, ils sont
à considérer comme des objectifs intermédiaires dans le
cadre d'un effort plus large visant à construire une paix durable dont
la réalisation effective permettra à la communauté
internationale de passer progressivement de la stabilisation post-conflit
à la consolidation d'une paix durable et à la promotion du
redressement socio-économique de long terme .
Le retrait d'une opération de maintien de la paix des
Nations Unies doit être planifié et mis en oeuvre en consultation
avec l'ensemble des partenaires internationaux et locaux afin de minimiser la
perturbation de leurs programmes et l'impact sur la population et
l'environnement du pays hôte. Dans la mesure du possible, ces
repères doivent se définir en concertation avec les
interlocuteurs nationaux. Dans le cas sous examen, la position officielle, mais
ambigüe du Gouvernement de la République démocratique du
Congo sus-évoquée ne s'étant pas inscrite dans cette
logique de la pratique des OMP, il ne restait plus au Conseil de
sécurité que de décider d'autorité, au vu de la
situation précédemment décrite, d'abord du prolongement du
mandat de la MONUC jusqu'au 30 juin 2011 et, ensuite, ayant estimé que
la République démocratique du Congo était
entrée dans une nouvelle phase, de sa nouvelle appellation, la
MONUC, à partir du 1er juillet 2010.
II.1. La continuité de la mission de la
MONUC par la MONUSCO66(*)
Il sied de relever qu'une analyse objective de la MONUSCO
actuelle permet d'affirmer qu'elle se place dans la continuité de
l'implication des Nations Unies dans le règlement pacifique de la
situation en RDC, spécialement en remplacement d'un autre organe
subsidiaire, instrument d'exécution et de contrôle de ses
décisions. Ainsi, elle a hérité de la MONUC son personnel
tant civil que militaire, ses infrastructures, matériels, etc. pour
poursuivre les tâches encore en cours au jour dudit remplacement. C'est
qu'en tant qu'une opération de maintien de la paix des Nations Unies, la
MONUSCO, au-delà de tout mandat propre, assure des missions
traditionnelles et autres, en rapport avec son caractère
multidimensionnel.
3.1.5. Les missions traditionnelles
léguées par la MONUC67(*)
Même si la résolution instituant la MONUSCO ne le
prévoit pas expressément, celle-ci devrait hériter de
certaines missions originelles qui ont justifié la création d'une
mission des Nations Unies en RDC. Il en est ainsi des violations du
cessez-le-feu et du désengagement des troupes (retrait des troupes), si
bien sûr, il en existe encore sur le sol congolais.
S'agissant de la MONUC, dont la création effective
n'est intervenue que le 30 novembre 1999, le Conseil de sécurité
a assigné, sur la base du chapitre VI de la Charte des Nations Unies,
respectivement et essentiellement les missions de faciliter la mise en oeuvre
de l'Accord de Lusaka, d'assurer l'observation du cessez-le-feu, l'appui
institutionnel et de mettre fin au conflit armé. Ces missions
découlent de l'économie générale des
résolutions pertinentes du Conseil, lesquelles déterminent leur
nature. Elles ont ainsi changé à chaque étape du conflit.
Jusqu'à la fin officielle du conflit, on peut retenir trois phases.
Le mandat initial de la MONUC, plus consistant que celui du
personnel de liaison auquel elle faisait suite, est fixé au paragraphe 5
de la résolution 1279 du Conseil de sécurité :
« a) Etablir des contacts avec les signataires de
l'Accord de cessez-le-feu, au niveau des quartiers généraux et
dans les capitales des pays signataires ;
b) Etablir une liaison avec la Commission militaire mixte
et lui fournir une assistance technique dans l'exercice de ses fonctions
découlant de l'Accord de cessez-le-feu, y compris les enquêtes sur
les violations du cessez-le-feu ;
c) Fournir des informations sur les conditions de
sécurité dans tous les secteurs d'opérations, notamment
sur les conditions locales affectant les décisions concernant
l'introduction du personnel des Nations Unies ;
d) Elaborer des plans en vue de l'observation du
cessez-le-feu et du désengagement des forces ;
e) Maintenir le contact avec toutes les parties à
l'Accord de cessez-le-feu afin de faciliter l'acheminement de l'aide
humanitaire aux personnes déplacées, aux réfugiés,
aux enfants et autres des droits de l'homme, y compris les droits de
l'enfant. »
Ce mandat va certainement justifier la constitution par la
MONUC d'un véritable groupe d'observateurs militaires (500). Mais, au
fur et à mesure que la situation évoluait, le Conseil de
sécurité envisagea l'étude des mesures permettant
d'élargir ce mandat et autoriser le passage à la phase suivante.
C'est la phase du lancement proprement dit de la Mission
Onusienne avec la résolution 1291 du 24 février 2000, l'envoi de
5.537 militaires, plus le personnel d'appui nécessaire.
Au paragraphe 7, l'on peut relever de nouveaux
éléments quant audit mandat :
« a) De surveiller l'application du cessez-le-feu et
d'enquêter sur les violations du cessez-le-feu ;
b) D'établir et de maintenir en permanence une
liaison sur le terrain avec les quartiers généraux des forces
militaires de toutes les parties ;
e) De superviser et de vérifier le
désengagement et le redéploiement des forces des parties ;
f) Dans les limites de ses capacités et de ses
zones de déploiement, de surveiller l'application des dispositions de
l'Accord de cessez-le-feu concernant l'acheminement de minutions, d'armes et
d'autres matériels de guerre à destination du
théâtre des opérations (...) ;
g) De faciliter l'acheminement de l'aide humanitaire et de
veiller au respect des droits de l'homme (...) ;
h) De coopérer étroitement avec le
Facilitateur du dialogue national, de lui apporter appui et assistance
technique et de coordonner les autres activités menées par les
organismes des Nations Unies à cet effet ;
i) De déployer des experts de l'action anti-mines
pour mesurer l'ampleur du problème posé par les mines et les
engins non explosifs, de coordonner l'action anti-mines (...) ».
L'on pouvait signaler, par rapport à ce mandat à
première vue révolu, des progrès significatifs sur le plan
tant militaire que politique : meilleure application du cessez-le-feu, le
désengagement effectif des forces et leur déploiement (...), la
relance du processus du dialogue intercongolais (...), une certaine
décrispation par la libération des activités politiques.
La troisième phase dudit mandat a porté sur le
désengagement des forces dont la question du passage avait
été préludée par les résolutions 1291
§11 ; 1392 § 6 où le Conseil
« Prie le Secrétaire général de
lui présenter (...) des plans de désengagement ainsi que des
éléments d'actualisation du concept d'opérations » ;
et 1341, §20 où le Conseil souligne «
qu'il est prêt à envisager de réexaminer une nouvelle fois
le concept d'opération pour la MONUC, le moment venu et en fonction de
l'évolution de la situation, afin de surveiller et de vérifier le
retrait des troupes étrangères (...) ».
En des termes on ne peut plus clairs, à travers la
résolution 1376 du 9 novembre 2001, le Conseil de sécurité
« appuie le démarrage de la phase III du déploiement de
la MONUC selon le concept (...) », mais requiert, au paragraphe 12,
des mesures à respecter par les parties.
Ce mandat est resté le même pendant longtemps
(DDR et DDRRR). Ainsi par exemple, dans l'Accord de Pretoria, le rôle de
la MONUC dans le retrait des troupes consiste en la vérification
(§1), au regroupement et désarmement des ex-FAR et des Interahamwe
(§§ 7 et 8,2) et au rapatriement de ceux-ci vers le Rwanda (§
8,4).
Bref, la mission d'assurer la sécurité du
territoire de la RDC a impliqué pour la MONUC, l'obligation d'observer
et rendre compte, dans les plus brefs délais, de la position des
mouvements et groupes armés et de la présence militaire
étrangère dans les principales zones d'insécurité ;
surveiller le respect de l'embargo sur les armes (infra) ; saisir ou recueillir
les armes et tout matériel connexe qui entreraient dans le territoire
congolais en violation des dispositions pertinentes relatives à
l'embargo sur les armes ; aider les autorités douanières
congolaises à empêcher les mouvements transfrontaliers d'armes ;
aider le Gouvernement à améliorer sa capacité de
déminage.
Ces tâches ont certes tenu à la vie, mais aussi
à la survie de la République démocratique du Congo. A
notre avis, ces tâches sont d'actualité même non
expressément reprises par la résolution 1925 (2010) pour deux
raisons. D'abord, en réaffirmant son attachement à la
souveraineté, à l'intégrité territoriale et
à l'indépendance de la République démocratique du
Congo le Conseil de sécurité prévient contre les
éventuelles velléités agressantes et occupationnistes
des pays étrangers en ce sens comme dans le passé. C'est
dans ce sens qu'il faille saisir la crainte du Conseil du risque d'une
résurgence des conflits, y compris les guerres d'agression et les
rébellions. Ensuite, en soulignant que les processus de Goma et de
Nairobi et les accords du 23 mars 2009 contribuent à la stabilisation de
la situation dans l'est de la République démocratique du Congo et
demandant instantanément à toutes les parties de respecter et
d'appliquer ces accords dans leur intégralité, le Conseil
revient entre autres à la question du désengagement des troupes.
En effet, ces derniers accords trouvent leur origine dans les deux Accords de
Pretoria et de Luanda sur le retrait des forces rwandaises et ougandaises,
où était aussi évoquée la question de divers
groupes armés. C'est donc un processus.
II.1.2. Les missions multidimensionnelles
léguées par la MONUC
Dans son évolution de la mission de la MONUC, l'on peut
constater qu'après l'arrêt officiel des hostilités, la
MONUC s'est vue confier la latitude d'imposer la paix, au besoin par la force
armée, et de mener des actions de manière à consolider
cette paix durement acquise. La quasi-totalité de ces tâches font
l'objet de la résolution 1925 (2010).
A. L'imposition de la paix en vue de la protection
des civils et du personnel des Nations Unies
L'imposition de la paix comprend l'application, avec
l'autorisation du Conseil de sécurité, de mesures coercitives, y
compris l'usage de la force militaire, pour maintenir ou rétablir la
paix dans des situations où il a déterminé l'existence
d'une menace contre la paix, une rupture de la paix ou un acte d'agression.
Avec un conflit armé persistant dans les provinces de
Kivu, la MONUC était entrée dans une phase d'imposition de la
paix pour aider le Gouvernement à démanteler les FDLR,
protéger les communautés vulnérables des violences
commises par les rebelles et instaurer l'autorité de l'Etat et
l'état de droit.
En effet, par la résolution 1291 du 24 février
2000 déjà, le Conseil de sécurité décidait
de donner à la MONUC la faculté de prendre les mesures
nécessaires, dans les zones de déploiement de ses bataillons
d'infanterie et pour autant qu'elle estime agir dans les limites de ses
capacités, pour protéger le personnel, les installations et le
matériel de l'Organisation des Nations Unies, ainsi que ceux de la
Commission militaire mixte, qui partage les mêmes locaux, assurer la
sécurité et la liberté de son personnel, et de
protéger les civils se trouvant sous la menace imminente de violences
physiques. La MONUC avait donc été autorisée à
utiliser la force, en dehors de la légitime défense, pour
défendre la population civile, les « mesures nécessaires
» incluant l'usage de la force.
Cette protection devenait, par la résolution 1856, une
priorité pour la MONUC tant celle-ci avait eu pour nouveau
« mandat ce qui suit dans cet ordre de priorité:
« (...)
a) Assurer la protection des civils, y compris le
personnel humanitaire, se trouvant sous la menace imminente de violences
physiques, en particulier de violences qui seraient le fait de l'une quelconque
partie au conflit ;
b) Contribuer à l'amélioration des
conditions de sécurité dans lesquelles est apportée l'aide
humanitaire, et aider au retour volontaire des réfugiés et des
personnes déplacées ;
c) Assurer la protection du personnel, des locaux et
installations et du matériel des Nations Unies ;
d) Assurer la sécurité et la liberté
de mouvement du personnel des Nations Unies et du personnel associé ;
e) Mener des patrouilles conjointes avec la police et les
forces de sécurité nationales pour accroître la
sécurité en cas de troubles civils ; (...) ».
La tâche de protéger la population civile
revenait à la composante militaire de la MONUC. Elle a concentré
son activité dans les zones les plus instables, c'est-à-dire
celles qui abritent des groupes armés aussi bien étrangers que
nationaux (Ituri, Nord-Kivu, Sud-Kivu, Nord-Katanga) et la ville de Kinshasa.
Des questions de protection particulière de certaines
catégories se sont aussi posées.
La protection du personnel des Nations Unies et des civils est
aussi indirectement assurée par l'assistance de la MONUC au processus de
désarmement.
Ces opérations de désarmement forcé des
groupes armés visent les groupes armés tant nationaux (DDR)
qu'étrangers (DDRRR). En effet, le désarmement, la
démobilisation et la réinsertion des groupes armés
congolais apparaît clairement dans le mandat de la MONUC à partir
de 2003 par l'article 17 de la résolution 1493. Ce processus, qui
était prévu dans l'Accord global et inclusif signé
à l'issue du dialogue intercongolais, s'est voulu volontaire au
départ, avec l'aide de la MONUC et en coordination avec le PNUD.
Le mandat de la nouvelle MONUC va être renforcé
par la résolution 1355 du 20 juin 2001. Cette résolution autorise
la MONUC à prêter assistance pour le désarmement, la
mobilisation, le rapatriement, la réinsertion et la
réintégration (DDRRR) des groupes armés étrangers
se trouvant sur le territoire congolais, principalement les Interahamwe. Cette
mission deviendra habituelle pour les autres résolutions, étant
donné que la question des groupes armés continue à
constituer la vraie menace au processus.
Aux termes des résolutions 1856 (2008) et 1906 (2009),
la MONUC a été mise entièrement à disposition pour
porter son soutien, sous réserve que ces opérations soient
planifiées conjointement, et qu'elles soient menées par des
bataillons des FARDC qui ont bénéficié de la formation de
la MONUC. C'est dans ce cadre qu'il est signalé que les
opérations militaires menées par les FARDC dans la partie
orientale de la RDC, avec l'appui de la MONUC, ont continué à
déloger des groupes armés étrangers et congolais
résiduels de leurs fiefs et ont permis au gouvernement d'étendre
son contrôle dans des zones jusque-là inaccessibles, etc..
L'on peut illustrer ici qu'après le lancement de
l'offensive conjointe Ouganda-RDC contre l'armée de la Résistance
du Seigneur (LRA) en décembre 2008, la sécurité de la
Province Orientale s'est détériorée de manière
significative. Selon les rapports militaires de la MONUC, 82 opérations
militaires conjointes ont été menées contre la LRA.
Aussi, depuis le début de l'opération Kimia II
au Nord Kivu, a-t-on noté l'augmentation du nombre d'attaques contre les
civils par les forces rebelles des FDLR au motif que ceux-ci auraient
collaboré avec les FARDC. Que des viols, d'arrestations arbitraires,
d'actes de vandalisme, de pillages massifs, d'enlèvements et
d'interdictions de mouvements de manifestations des populations civiles
utilisés comme armes de guerre pour répandre la terreur parmi les
villageois.
En réponse à ces actes de représailles
des FDLR, 50 bases opérationnelles ont été
installées pour assurer la protection communautaire dans les territoires
du Nord et du Sud Kivu ; les casques bleus y montent
régulièrement des patrouilles à partir de leurs bases. La
coordination entre les organisations humanitaires et les composantes civiles de
la MONUC a également abouti à la « protection » et
à la « planification » conjointes et aux déploiements
récents des Equipes de Protection Conjointes (JPT) dans les zones les
plus vulnérables. Ceci aboutirait à une meilleure capacité
d'anticipation des mouvements des populations et leur concentration, à
prioriser les axes pour la livraison humanitaire et la protection des civils.
C'est donc un appui important accordé aux opérations des FARDC
contre les FDLR.
Un rapport du Secrétaire général signale
que depuis septembre, la MONUC et les FARDC ont oeuvré à la
planification de la prochaine phase des opérations contre les FDLR, ce
qui a abouti à l'élaboration d'une directive
opérationnelle conjointe, dont la stratégie : «
nettoyer, tenir et construire ».
Il en est pareil de la résolution 1925 (2010), à
travers laquelle l'on peut constater que, même si le ton semble avoir
baissé quelque peu, les responsabilités dévolues à
la MONUSCO en cette matière viennent notamment en soutien ou en appui
aux actions du Gouvernement de la RDC, auquel revient en premier lieu la
responsabilité de protéger sa population.
Section II :
PRESENTATION DE LA MONUSCO
Dans cette section nous allons
aborder la présentation de la Mission en indiquant le contexte de sa
création, son mandat, ses objectifs, ses réalisations, ses
ressources et enfin les limites que connaissent ses interventions.
Paragraphe I : CONTEXTE DE
LA CREATION DE LA MONUC
Après le génocide
perpétré au Rwanda en 1994 et la formation dans ce pays d'un
nouveau Gouvernement, près de 1,2 million des Hutus rwandais, dont
certains avaient pris part aux massacres, ont fui vers le Nord-Kivu et le
Sud-Kivu, deux provinces limitrophes situées à l'est de
l'actuelle République démocratique du Congo (RDC) (ex-Zaïre)
et peuplées par d'autres ethnies, notamment des Tutsis. En 1996, une
insurrection dans cette région a conduit à des affrontements
entre les forces dirigées par Laurent-Désiré Kabila et
l'armée du Président zaïrois Mobutu Sese Seko. Les forces de
Kabila, appuyées par le Rwanda et l'Ouganda, se sont emparées en
1997 de la capitale, Kinshasa, et ont rebaptisé le pays
République démocratique du Congo.
En 1998, un soulèvement
contre le gouvernement Kabila a éclaté dans les deux provinces du
Kivu. Quelques semaines plus tard, les rebelles avaient occupé une
importante partie du pays. L'Angola, la Namibie, le Tchad et le Zimbabwe ont
proposé un soutien militaire au Président Kabila, mais les
rebelles conservèrent leur emprise sur les provinces orientales. Le
Rwanda et l'Ouganda soutenaient le mouvement rebelle, le Rassemblement
Congolais pour la Démocratie (RCD). Le Conseil de sécurité
a demandé un cessez-le-feu, exigé le retrait des forces
étrangères, et exhorté les États à ne pas
intervenir dans les affaires intérieures du pays.
Paragraphe III : LA MONUC,
SON MANDAT ET SES REALISATIONS
III.1.SON MANDAT ET SES OBJECTIFS
Après la signature, en
juillet 1999, de l'accord de cessez-le-feu de Lusaka entre la République
démocratique du Congo (RDC) et cinq États de la région
(Angola, Namibie, Ouganda, Rwanda et Zimbabwe), le Conseil de
sécurité a créé, par sa résolution 1279 du
30 novembre 1999, la Mission de l'Organisation des Nations Unies en
République démocratique du Congo (MONUC). La mission devait
à l'origine élaborer des plans en vue de l'observation du
cessez-le-feu et du désengagement des forces, et maintenir la liaison
avec toutes les parties à l'accord de cessez-le-feu. Par une
série de résolutions ultérieures, le Conseil a
étendu le mandat de la MONUC au contrôle de l'application de
l'accord de cessez-le-feu et lui a attribué plusieurs autres
tâches connexes.68(*)
III.2 SES REALISATIONS
Le 30 juillet 2006, à l'occasion des premières
élections libres et équitables organisées dans le pays en
46 ans, les électeurs ont choisi les 500 députés de
l'Assemblée nationale. À l'issue d'un deuxième tour de
scrutin tenu le 29 octobre, et du règlement de la contestation
électorale, M. Joseph Kabila dont le père, Laurent
Désiré Kabila, avait été assassiné en 2001,
a été élu Président de la République. De
toutes celles que les Nations Unies ont contribué à organiser,
ces élections ont été parmi les plus complexes.
Après les élections, conformément aux
résolutions du Conseil de sécurité, la MONUC est
restée sur le terrain et a continué à s'acquitter de
multiples tâches d'ordre politique, militaire, ou relatives à
l'état de droit et au renforcement des capacités, notamment le
règlement des conflits en cours dans un certain nombre de provinces de
la RDC.
Paragraphe IV : LA MONUSCO,
SON MANDAT ET SES REALISATIONS
IV.1.SON MANDAT ET SES OBJECTIFS
Le 1er juillet 2010, par la
résolution 1925 (2010), le Conseil de sécurité a
rebaptisé la MONUC Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la
stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) pour
tenir compte de l'entrée du pays dans une nouvelle phase.
La nouvelle Mission a
été autorisée à utiliser tous les moyens
nécessaires pour s'acquitter de son mandat, à savoir notamment
garantir la protection des civils, du personnel humanitaire et des
défenseurs des droits de l'homme exposés à une menace
imminente de violences physiques, et aider le gouvernement de la RDC à
stabiliser et à consolider la paix.
Le Conseil a décidé
que la MONUSCO comprendrait, en sus des composantes civile, judiciaire et
pénitentiaire appropriées, un effectif maximal de 19
815 soldats, 760 observateurs
militaires, 391 fonctionnaires de police et 1
050 membres d'unités de police constituées. Les
reconfigurations futures de la Mission seront fonction de l'évolution de
la situation sur le terrain, en particulier de l'achèvement des
opérations militaires en cours dans les Kivus et dans la province
Orientale, de l'amélioration des moyens dont dispose le gouvernement de
la République démocratique du Congo pour protéger
efficacement la population, et du renforcement de l'autorité de
l'État sur l'ensemble du territoire.
IV.2.REALISATIONS
Bien qu'il ne soit pas facile
d'énumérer les réalisations d'une mission qui n'est pas
encore arrivée au terme de son mandat, nous pouvons cependant signaler
que la MONUSCO a réalisé certaines activités en
accompagnement à celles du gouvernement comme nous l'a affirmé Mr
MUGARUKIRANGABO Fabrice, Assistant à la Section chargée des
Affaires Politiques de la MONUSCO/BUKAVU :
- L'appui logistique aux Forces Armées de la
RDC ;
- La collaboration de Police de la MONUSCO avec la PNC dans le
cadre du renforcement de la sécurité ;
- Dans le cadre des infrastructures, le programme STAREC dans
lequel prennent part des autorités de la RDC ainsi que celles de la
MONUSCO a participé à la réhabilitation des
infrastructures pénitentiaires, des cours et tribunaux ainsi que des
bâtiments administratifs ;
- La CENI a bénéficié d'un appui
substantiel dans le cadre de ses activités électorales telle que
la formation des agents électoraux ainsi que dans celui de la logistique
notamment le transport des kits électoraux à travers le
pays.69(*)
IV.3.LES RESSOURCES DE LA MONUSCO
Le
Personnel : Les Contingents Militaires
Tableau N°1
PAYS
CONTRIBUTEUR
|
NOMBRE
|
Afrique du Sud
|
1056
|
Bangladesh
|
1330
|
Bénin
|
750
|
Bolivie
|
200
|
Chine
|
218
|
Ghana
|
461
|
Guatemala
|
105
|
Inde
|
4372
|
Indonésie
|
175
|
Jordanie
|
66
|
Malawi
|
109
|
Maroc
|
809
|
Népal
|
1030
|
Pakistan
|
3551
|
Sénégal
|
450
|
Serbie
|
6
|
Tunisie
|
463
|
Uruguay
|
1324
|
TOTAL
|
16475
|
Source : http/www.monusco.org
Tableau N°2 : Les Observateurs Militaire
PAYS
CONTRIBUTEUR
|
NOMBRE
D'OBSERVATEURS
|
Afrique du Sud
|
17
|
Algérie
|
5
|
Bangladesh
|
24
|
Belgique
|
9
|
Bénin
|
14
|
Bolivie
|
7
|
Bosnie et Herzégovine
|
4
|
Burkina Faso
|
12
|
Canada
|
9
|
Chine
|
12
|
Danemark
|
2
|
Égypte
|
23
|
Espagne
|
2
|
France
|
7
|
Ghana
|
24
|
Grande Bretagne
|
6
|
Guatemala
|
6
|
Inde
|
49
|
Indonésie
|
13
|
Irlande
|
3
|
Jordanie
|
25
|
Kenya
|
36
|
Malaisie
|
17
|
Malawi
|
26
|
Mali
|
24
|
Maroc
|
4
|
Mongolie
|
2
|
Népal
|
20
|
Niger
|
19
|
Nigeria
|
30
|
Pakistan
|
46
|
Paraguay
|
17
|
Pays-Bas
|
1
|
Pérou
|
5
|
Pologne
|
3
|
République
Tchèque
|
3
|
Roumanie
|
24
|
Russie
|
23
|
Sénégal
|
23
|
Sri Lanka
|
2
|
Suède
|
5
|
Suisse
|
2
|
Tunisie
|
31
|
Ukraine
|
10
|
Yémen
|
4
|
Zambie
|
24
|
TOTAL
|
719
|
Source : http/www.monusco.org
|
Tableau N°3 : LE BUDGET
|
|
N°
|
CATEGORIE DE
DEPENSES
|
MONUSCO
|
I
|
Militaires et personnel de
police
|
513 640 000
|
II
|
Personnel
civil
|
312 365 000
|
III
|
Dépenses
opérationnelles
|
|
1
|
Personnel fourni par des
gouvernements
|
6 398 200
|
2
|
Observateurs électoraux
civils
|
|
2
|
Consultants
|
161 000
|
4
|
Voyages
|
9 841 000
|
5
|
Installations et
infrastructures
|
115 156 300
|
6
|
Transports terrestres
|
26 358 300
|
7
|
Transports aériens
|
258 912 400
|
8
|
Transports maritimes ou
fluviaux
|
1 812 400
|
9
|
Communications
|
39 945 700
|
10
|
Informatique
|
10 717 800
|
11
|
Santé
|
15 447 600
|
12
|
Matériel spécial
|
5 013 600
|
13
|
Fournitures, services et
matériels divers
|
25 823 700
|
14
|
Projets à effet rapide
|
2 000 000
|
|
Total brut
|
1 343 593 000
|
|
|
|
Source : http/www.monusco.org
En guise de conclusion nous avons parcouru dans ce
chapitre trois points importants qui font appel à l'histoire politique
du Congo. Il s'agit de l'examen des trois interventions de l'ONU au Congo au
regard de leurs différents mandats nous permettant de jeter un jalon sur
l'actuel mandat afin d'une appréhension plus claire du
phénomène sous examen.
Comme s'interrogeait le feu Dag
Hammarskjöld, dans l'un comme dans l'autre cas, Comment l'ONU peut-elle
espérer trouver un remède ((sans une analyse calme, non politique
et claire de la maladie dont souffre le Congo ?»
Toutefois, l'usage de la force prévu par la
résolution du 21 février 1961 ne se fondait pas sur les articles
41 et 42, car l'article 42 vise la guerre interétatique et la
résolution en question ne concernait que la guerre civile.
Hier comme aujourd'hui, il y a
lieu de retenir deux grandes leçons de l'histoire :
Primo : Les Nations Unies
semblent gérer la crise congolaise avec les mêmes erreurs :
inaction et obstination à résoudre par des mécanismes
internes un conflit international.
Secundo : L'analyse
juridico-politique des Tables Rondes (104) et l'expérience de la
Conférence Nationale Souveraine (CNS) démontrent à
suffisance que, bien qu'indispensable, la viabilité d'une construction
engendrée par le dialogue était souvent sujette à caution.
Ces appréhensions ne préjugent en rien du résultat final
de la mission de l'ONU au Congo70(*).
Chapitre III : LE CONTENU DU
MANDAT DE LA MONUSCO ET SES LIMITES SUR LE TERRAIN
Dans ce chapitre nous allons
d'abord présenter le contenu du mandat de la MONUSCO conformément
à la Résolution 1325 et le contenu de la ressente
Résolution 2O98 de 2013 du conseil de sécurité visant
à confier à la MONUSCO la brigade d'intervention rapide et en
suite nous allons aborder les limites de ce mandant à l'épreuve
de fait et enfin les contraintes auxquelles la MONUSCO est confronter dans
l'accomplissement de son mandat en RDC et particulièrement à
l'est du pays.
SECTION 1 : LE CONTENU
DU MANDAT DE LA MONUSCO
Dans cette section nous allons
présenter le mandat de cette missions conformément à la
Résolution 1325 et la Résolution 2098 du Conseil de
Sécurité.
Paragraphe 1 : LA
RESOLUTION 1325 DU CONSEIL DE SECURITE
Le conseil de
sécurité axe le mandat de la MONUSCO sur deux priorités
majeures : la protection de civils et la stabilisation ainsi que la
consolidation de la paix.
1.2. La protection des civils
La résolution 1925 place
une nouvelle fois la protection des populations civiles au coeur du mandat de
la MONUSCO, comme ce fut le cas avec la MONUC. La résolution souligne
clairement que « la protection des civils doit être la
priorité lorsqu'il s'agit de décider de l'usage des
capacités et ressources disponibles ». Elle autorise la
mission a « utilisé tout le moyens nécessaires,
dans le limite de ses capacités et dans les zones où ses
unités sont déployées, pour s'acquitter de son mandat de
protection ».
Le conseil précise que la MONUSCO doit assurer la
protection effective de civils y compris le personnel humanitaire et le
personnel humanitaire et le personnel chargé de défendre les
droits de l'homme se trouvant sous menace imminente de violences physiques, en
particulier de violences qui seraient le fait de parties au conflit .
Le reste du mandat dévolu à la MONUSCO dans le
cadre de son mandat de protection, viennent notamment en suite ou aux actions
du gouvernement, à qui revient en premier lieu, la responsabilité
de protéger sa population. Ainsi la MONUSCO est chargée
de :
-Soutenir l'action que mène le Gouvernement de la RDC
pour protéger les civils contre les violations du droit international
humanitaire et des droits de l'homme, y compris toutes les formes de violence
sexuelle et sexiste, pour promouvoir et protéger, les droit de l'homme
et pour lutte contre l'impunité ;
- Appuyer l'action menée au niveau national et
international pour que les auteurs de ces violences soient traduits en
justice ;
- Collaborer étroitement avec le Gouvernement pour
s'assurer de la réalisation de ses engagements pour empêcher que
des services graves ne soient infligés à des enfants ;
- Appuyer les efforts que le gouvernement, le concert avec
les partenaires internationaux et le pays voisins, pour créer des
conditions qui permettent aux personnes déplacées et aux
réfugies de rentrer chez eux librement, en toute dignité, ou de
s'intégrer ou se réinstaller volontairement sur place ;
-Soutenir l'action que mène le gouvernement de la RDC
pour conduire à bonne fin les opérations militaires en cours
contre les FDLR, l'Armée de résistance du Seigneur (LRA) et
d'autres groupes armés.
- Appuyer l'achèvement des activités de DDR des
groupes armés congolais, ou leur intégration effective dans
l'armée, dès lors qu'ils auront été formés
et équipés de façon appropriée,
-Appuyer les activités de DDRRR des membres de groupes
armés étrangers, y compris des FDLR et de la LRA, menées
dans l'est du pays.
1 .2. Stabilisation et consolidation de la
paix
La stabilisation est certainement la nouveauté
fondamentale introduite dans le mandat de la mission de nations unies en RDC.
Il s'agit, pour la mission, de capitalisé en RDC, maintenir le cap sur
le relèvement du pays après 15 années de conflit et aider
à la consolidation de la paix de la sécurité dans le
pays.
Pour consolider les acquis, le conseil de
sécurité charge la MONUSCO d'appuyer l'action que mènent
les autorités congolaises pour renforcer et réformer les
institutions de sécurité et l'appareil judiciaire. La MONUSCO
aidera le Gouvernement de la RDC a renforcer ses capacités militaires, y
compris la justice militaire et la police militaires et, si le Gouvernement en
fait la demande, aidera à former les bataillons des FARDC et de la
police militaires, y compris, la justice militaire, soutiendra les institutions
de justices militaires. La reformes de la police, de la justice et le
renforcement de l'autorité de l'Etat sur le territoire
libéré des groupes armés sont autant d'actions que va
appuyer la MONUSCO.
Paragraphe2 : LA RESOLUTION 2098 DU CONSEIL DE
SECURITE
2.1.
LA BRIGADE D'INTERVENTION
Bien que des progrès
importants aient été réalisés en République
démocratique du Congo depuis qu'une opération de maintien de la
paix des Nations Unies y a été établie et que la situation
s'est globalement stabilisée dans plusieurs régions du pays,
l'est du pays est toujours en proie à des vagues de conflit
récurrentes, à des crises humanitaires chroniques et à des
violations graves des droits de l'homme, en particulier des violences sexuelles
et sexistes. Le cycle de violence est entretenu par la présence
persistance de groupes armés congolais et étrangers profitant de
la vacance du pouvoir et du vide sécuritaire qui caractérisent
l'est du pays, l'exploitation illégale des ressources,
l'ingérence de pays voisins, l'impunité
généralisée, des affrontement intercommunautaires et
l'incapacité de l'armée et de la police nationales de
protéger efficacement les civils et le territoire national et de
maintenir l'ordre et la loi.71(*)
Ces flambées
récurrentes de violence, comme l'a montré l'importante crise qui
a éclaté au Nord-Kivu en avril 2012, demeurent un obstacle
à la paix en République démocratique du Congo et menacent
la stabilité et le développement de toute la région des
Grands Lacs. Afin de s'atteler aux causes profondes du conflit et de garantir
le maintien d'une paix durable dans le pays et dans l'ensemble de la
région, l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la
coopération pour la République démocratique du Congo et
dans la région a été signé par les
représentants de 11 pays de la région, les Présidents de
l'Union africaine, la Conférence internationale sur la région des
Grands Lacs, la Communauté de développement de l'Afrique australe
et le Secrétaire général de l'Organisation des Nations
Unies le 24 février 2013 à Addis-Abeba, en
Éthiopie.72(*)
Le 28 mars 2013, en soutien de
l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération
pour la République démocratique du Congo et dans la région
et en réponse à l'appel lancé par les Gouvernements dans
la région des Grands Lacs, le Conseil de sécurité a
adopté la résolution 2098 (2013), par laquelle il proroge
jusqu'au 31 mars 2014 le mandat de la Mission de l'Organisation des Nations
Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo
(MONUSCO) et crée une « brigade d'intervention »
composée des casques blues Tanzaniens, Sud-Africains et Malawites pour
renforcer les opérations de maintien de la paix.
Agissant sur la base des
recommandations contenues dans le rapport spécial du 27 février,
le Conseil a décidé que ladite brigade serait mise en place pour
une période initiale d'un an et dans les limites de l'effectif maximum
autorisé de 19 815 hommes, à titre exceptionnel et sans
créer de précédent ni sans préjudice des principes
convenus du maintien de la paix. Elle comprendra trois bataillons d'infanterie,
une compagnie d'artillerie, une force spéciale et une compagnie de
reconnaissance, aura son quartier général à Goma et sera
placée sous le commandement direct du commandant de la force de la
MONUSCO, qui aura pour responsabilité de neutraliser les groupes
armés et pour objectif de contribuer à réduire la menace
que représentent les groupes armés pour l'autorité de
l'État et la sécurité des civils dans l'est de la
République démocratique du Congo et de préparer le terrain
pour les activités de stabilisation. Il a également
été décidé que la brigade d'intervention aurait une
stratégie de retrait clairement définie et que le Conseil
envisagerait d'étendre son mandat à plus d'un an en fonction des
résultats obtenus par la brigade et des progrès que la
République démocratique du Congo aura accomplis au niveau de la
mise en oeuvre de l'Accord-cadre pour la paix et la sécurité dans
la région.74(*)
La résolution condamne
fermement le Mouvement du 23 mars (M23), les Forces démocratiques de
libération du Rwanda (FDLR), l'Armée de résistance du
Seigneur (LRA) « et les autres groupes armés ainsi que les
violences et les atteintes aux droits de l'homme ». Elle charge la
nouvelle brigade de mener, unilatéralement ou conjointement avec les
forces armées congolaises, des offensives « robustes, en faisant
preuve d'une grande mobilité et adaptabilité » dans
l'optique de perturber les activités de ces groupes.75(*)
Eu égard à
l'Accord-cadre pour la paix et la sécurité dans la région,
négocié par le Secrétaire général, le
Conseil a exigé des États signataires qu'ils mettent pleinement
en oeuvre leurs engagements de bonne foi et encouragent la mise en place d'un
mécanisme de suivi régional impliquant les dirigeants de la
région et d'un mécanisme national afin de superviser la mise en
oeuvre des engagements pris dans le cadre de la réforme de la
République démocratique du Congo.76(*)
SECTION 2 : LES
LIMITES DU MANDAT DE LA MONUSCO
En abordant cette études
nous avons décelé l'existence de plusieurs faiblesses
inhérentes à l'exécution du mandat de la mission sur le
terrain en RDC et beaucoup plus particulièrement à l'est du pays.
Ces contraintes ou faiblesses sont dénommées limites du mandat
de la MONUSCO. Plusieurs idées préconçues circulent au
sein de l'opinion en RDC et même à l'étranger ; c'est
ainsi que certains enquêtés affirment à ce sujet que la
MONUSCO serait :
Paragraphe1. La MONUSCO a l'épreuve de faits
1.1. Responsable de tous les maux
Tous les acteurs et observateurs,
journalistes, politiques, diplomates, humanitaires, groupes armés,
civils et même ceux qui y travaillent, critiquent la MONUSCO, son mandat,
ses lourdeurs administratives, ses choix stratégiques, avant même
de balayer devant leur propre porte. Des critiques objectives, les casques
bleus n'arrivent souvent même pas à protéger les civils qui
se trouvent autour de leur base. Des fantasmes aussi : ils seraient là
pour piller les ressources du pays, pour soutenir le Rwanda ou seraient
complices des atrocités commises par l'armée congolaise et
beaucoup plus en train de préparer la balkanisation du pays bref, une
mafia organisée.
« C'est paradoxal,
demandez à un civil congolais, ce qu'il pense de la MONUSCO et il va
multiplier les critiques. Et pourtant si l'Onu essaie de retirer l'un de ses
contingents ou de fermer l'une de ses bases, il y a des manifestations de
protestation ».77(*) Il y a aussi eu bien sûr des manifestations
contre la MONUSCO, accusée le plus souvent d'être inefficace,
inapte à protéger les civils. Mais c'est toujours vers la force
de L'ONU qui se tourne la population menacée, jusqu'à tenter
d'entrer de force dans la base la plus proche.
« L'ONU a quand
même réussi à rétablir la
« sécurité » sur une bonne partie du
territoire et à le réunifier »78(*), poursuit Séverine
Autesserre.
En 2002, le pays était
encore ouvertement occupé par des armées étrangères
et notamment des contingents rwandais, ougandais, burundais,
zimbabwéens, angolais ou encore namibiens.
Même si Kinshasa accuse
aujourd'hui encore Kigali et Kampala de soutenir des mouvements rebelles
à l'est, l'implication de pays étrangers est sans commune mesure
avec celle qui prévalait 10 ans plus tôt. C'est aussi dans cette
perspective de long terme que se place Waatibal Kumaba Mbuta:
« L'aspect positif du travail de la MONUSCO, quand elle s'appelait
encore la MONUC, réside dans la démarche adoptée pour
résoudre le conflit : l'organisation d'un dialogue politique global
et inclusif en 2002 en Afrique du Sud qui a abouti à la signature d'un
Accord global et inclusif (1) ».79(*)
Cet accord prévoyait la
mise en place d'un gouvernement d'union nationale de transition chargé
de réformer l'armée, d'élaborer la Constitution et
d'organiser les élections.
On ne peut pas nier le vent
d'espoir né des accords issus du dialogue inter congolais de Sun City,
signés par les belligérants en 2002 en Afrique du Sud, et de la
transition. Les élections de 2006 étaient sans conteste une
prouesse logistique et ont été saluées par l'ensemble de
la communauté internationale. Si la transition a eu ses à-coups,
les belligérants d'hier s'étaient pliés au moins pour un
temps et dans une certaine mesure au jeu démocratique. Les Congolais
avaient enfin pu voter pour la première fois de leur histoire, ce qui
aurait été impensable quelques années plus tôt. Mais
l'évolution actuelle n'incite guère à l'optimisme.
Les élections de 2011
ont été très largement critiquées, y compris,
même si très tardivement, par la mission d'observation de l'Union
Européenne. Sur le plan économique et social, la même
année, le pays était bon dernier dans le classement du PNUD sur
l'indice de développement humain alors qu'on le qualifie souvent de
« scandale géologique » à cause de
l'immensité de ses ressources et même si les financements externes
représentent près de la moitié du budget de l'État.
Mais le plus grand échec de la transition congolaise et de la
communauté internationale est sans nul doute la réforme du
secteur de la sécurité. Les anciennes parties au conflit ont
été reversées au sein de l'armée, sans parvenir
à les « brasser ». Les militaires ne sont pas
payés, pas formés, peu encadrés et presque jamais
sanctionnés.
« C'est une armée
prédatrice, son déploiement dans l'état actuel des choses
est un désastre », explique Séverine Autesserre,
même si l'échec du réforme du secteur de la
sécurité n'est pas l'unique cause de l'insécurité
dans l'est.
Alors qu'aujourd'hui le budget
annuel de la MONUSCO avoisine le milliard et demi de dollars par an , le
montant de l'aide extérieure directement consacré à la
gestion et la réforme du secteur de la sécurité de 2006
à 2010 ne dépassait pas les 85 millions de dollars. Que conclure,
sinon que la communauté internationale préfère jouer les
pompiers que de prévenir le risque
d'incendie...
1 .2. Un éternel
recommencement
De fait, dans l'est du Congo, rien
ne semble véritablement changer. Les rebellions et les groupes
armés sont toujours là, ils changent de noms, parfois
d'alliances. Les civils continuent de se déplacer en masse. Le pays
compte plus de 2 millions de déplacés internes, qui se trouvent
pour l'essentiel dans le Kivu.
L'émergence de la
rébellion du M23, les mouvements de troupes des FDLR ou des Mai-Mai,
n'ont rendu que plus claire la réalité de la situation. Dans
cette partie de la République démocratique du Congo, la guerre se
poursuit. « Le problème, c'est qu'il y a ce parti pris de dire
qu'on est en période de consolidation de la paix, pas de maintien de la
paix. Mais dans l'est, on n'est pas en phase de consolidation de la paix, mais
de guerre civile », explique encore Séverine Autesserre.
« Avec ce changement de langage, on crée artificiellement
l'idée qu'on progresse. Mais c'est faux, cela n'a rien à voir
avec la situation sur le terrain », précise Adam BACZKO,
doctorant à l'École des Hautes Études en sciences
sociales.
Depuis que le tout premier casque
bleu a posé le pied sur le sol congolais en 1999, le mandat de la
mission a considérablement évolué. Aujourd'hui, toutes ses
forces sont concentrées à l'Est. La résolution 1925,
adoptée en mai 2010, rétrocède au gouvernement congolais,
issu des élections, la responsabilité première de la
protection des civils, même si cela fait toujours partie d'un mandat de
la MONUSCO. Elle doit surtout assurer la protection des personnels onusiens et
des humanitaires en réduisant la menace que constituent les
groupes armés, aider à la restauration de l'autorité de
l'État, insister sur la réforme du secteur de la
sécurité, entre autres. « Un inventaire à la
Prévert », commente Séverine Autesserre. Son
mandat a été prorogé à plusieurs reprises, la
dernière fois en juin 201280(*). 13 ans déjà de présence et il
est impossible de dire quand cette mission pourra prendre fin.
Le changement de position de la
MONUSCO est plus qu'une simple question de langage. Avant 2006, l'armée
et le gouvernement étaient considérés comme une partie au
conflit, au même titre que les groupes armés et partis politiques
qui leur étaient associés. Aujourd'hui, la mission est là
pour les appuyer. Le leitmotiv, c'est de dire que la MONUSCO est impartiale,
mais pas neutre. Encore une affaire de mots. « Le plus grave pour
moi, c'est cette perte d'impartialité. La MONUSCO ne peut plus jouer un
rôle de médiateur, elle est l'une des parties engagées dans
ce conflit. C'est ce qui explique aujourd'hui sa perte de
crédibilité et d'influence », explique Séverine
Autesserre. « L'élection de 2006 a été
supervisée par la communauté internationale, celle de 2010 a
été entachée d'irrégularités, mais la
communauté internationale a estimé que ces
irrégularités ne remettaient pas en cause le verdict des
urnes.
En principe, la MONUSCO ne peut
qu'appuyer les autorités congolaises. Il ne lui appartient pas de se
prononcer sur la légitimité ou non du gouvernement »,
pense quant à lui Waatibal Kumaba Mbuta. Revenir sur ce soutien, traiter
à nouveau l'armée congolaise comme un groupe parmi d'autres
serait sans nul doute le pire des constats d'échec. Ce serait aussi une
gifle intolérable pour Kinshasa. Mais aujourd'hui le positionnement de
la MONUSCO est devenu illisible au point que l'on prépare le
déploiement d'une force neutre à la frontière entre le
Rwanda et le Congo. N'est-ce pas en soi un constat d'échec pour la
mission de l'Onu?
A chaque fois qu'une conversation
s'engage sur le mandat de la MONUSCO, l'exemple de l'opération
Artémis revient régulièrement sur la table. Cette force de
1500 hommes à peine est parvenue en l'espace de trois mois à
sécuriser la ville de Bunia. Agissant sous couvert du chapitre 7 de la
charte des Nations-Unies, elle est entrée en guerre contre les milices,
les a désarmées de force. Son mandat et ses objectifs
étaient simples et clairs, son positionnement sans
ambiguïté. « La position actuelle de la MONUSCO est
intenable. Il y a un faux engagement, une fausse neutralité. Si la
MONUSCO conserve ce positionnement, la guerre va continuer », estime
Adam BACZKO.
Le soutien de la mission onusienne
à une armée défaillante, poursuit-il, ne permet pas
aujourd'hui au gouvernement de reprendre le contrôle de l'Est. Mais elle
ne permet pas non plus, précise-t-il, aux groupes armés de
prendre de l'envergure et de se muer en des alternatives politiques.
D'où, selon Adam BACZKO, ce sentiment de statu quo. Et finalement, les
populations civiles ne sont pas non plus véritablement
protégées. « Seule une démarche offensive de la
MONUSCO contre les groupes armés et particulièrement le M23 et le
FDLR peut permettre, à court terme, au gouvernement congolais de
contrôler l'Est de son territoire et de protéger efficacement la
population », assure Waatibal Kumaba Mbuta. C'est ce que
réclame aussi le gouvernement congolais, un élargissement du
mandat de la MONUSCO qui modifie les règles d'engagement des casques
bleus pour « protéger plus efficacement les
civils », sous-entendu, pour combattre directement les groupes
armés.
Les quelques 20 000 hommes en
uniforme de la mission peuvent-ils réellement venir à bout de la
multitude de groupes armés qui pullulent dans l'est du Congo? On parle
de plus de 180 000 kilomètres carrés, pas d'une ville. Et
pour permettre quoi exactement à court terme? Le déploiement de
l'armée telle qu'elle se présente aujourd'hui?
L'autre option serait de partir,
au moins pour la composante militaire de la force. Certains l'envisagent au
sein même de la MONUSCO. Une idée empreinte d'une certaine
nostalgie. La mission pourrait alors retrouver son rôle d'observateur et
de médiateur et en revenir à des missions civiles. Mais
après l'hypothétique départ des casques bleus, que
deviendrait l'armée congolaise? Comment arriverait-elle à
résister aux groupes armés? Plutôt qu'un départ
précipité qui pourrait se révéler catastrophique,
Séverine Autesserre préfère envisager un recentrage de ses
ressources sur des tâches précises comme la protection des civils.
« C'est une organisation très militaire, ce qui n'est toujours
pas adaptée pour remplir toute une partie de ses missions. Beaucoup,
comme par exemple le soutien à la réforme de l'Etat, pourraient
même être menées, non pas par la MONUSCO, mais par les
agences onusiennes ou les ONG », explique-t-elle. Cela demanderait
évidemment une plus grande coordination entre les différents
acteurs présents sur le terrain.
La MONUSCO est peut-être
pointée du doigt à raison. Mais tous ces manquements ne suffisent
pas à expliquer l'immense gâchis de ce conflit dans l'Est. Les
causes de l'insécurité sont multiples : la faiblesse de la
démocratie congolaise, l'échec de la réforme du secteur de
la sécurité, l'exploitation illégale des ressources
minières, mais aussi les conflits
locaux et notamment liés à la terre qui sont trop souvent
ignorés. C'est toute l'assistance étrangère au pays qui
doit être repensée, pas seulement un mandat : le positionnement
des chancelleries, l'affectation des aides financières et techniques,
les stratégies d'intervention des humanitaires...
Derrière la relative
inefficacité de la MONUSCO se profile surtout l'échec de la
communauté internationale. La géométrie des interventions
onusiennes n'est après tout que le résultat d'un compromis entre
États.
La République démocratique du Congo (RDC) ne
cesse de faire les manchettes, mais ce, rarement pour les bonnes raisons. Les
différents conflits ethniques, ainsi que ceux entourant le
contrôle des ressources naturelles, freinent le développement du
pays depuis plusieurs décennies. Récemment
qualifiée
de capitale mondiale du viol, il semble pertinent de se demander pourquoi
cette région du monde, riche en ressources naturelles, continue
d'être ravagée par la guerre et par les atrocités. Les
opérations de maintien de la paix (OMP) déployée en RDC
sont devenues les plus dispendieuses jamais implantées par l'ONU.
La
mission de l'ONU en République démocratique du Congo (MONUC),
qui a duré de 1999 à 2010, fut remplacée par la mission de
l'ONU pour la stabilisation de la République démocratique du
Congo (MONUSCO). L'incapacité de contrôler les reprises
périodiques des violences en RDC a instauré une situation
où l'efficacité de ces deux missions a été remise
en question. Dans un contexte où il y a de plus en plus d'interrogations
concernant l'implication de la communauté internationale dans des
conflits, que ce soit en Lybie en Syrie ou encore au Soudan, ce texte vise
à présenter deux difficultés notoires qui endiguent les
opérations de maintien de la paix de l'ONU.
1.3.
Contradiction entre valeurs libérales et peacebuilding : le
problème du manque traditionnel de démocratie
Le processus de peacebuilding se caractérise,
entre autres, par la mise en place d'élections démocratiques et
par le renforcement des structures économiques, souvent avec l'aide
du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale. En
fait, la majorité des acteurs internationaux impliqués dans le
processus de peacebuilding partagent une vision commune basée
sur l'économie de marché et sur la démocratie. Le
problème réside dans le fait que cette vision contredit le
principe même de paix, puisque la libéralisation implique des
actions compétitives qui valorisent les rivalités. Dans un
contexte précaire, tel un environnement post-conflit, il est difficile
d'imaginer que cette valorisation accordée aux rivalités, que ce
soit dans le contexte d'élections ou dans un contexte économique,
ne sera pas synonyme d'une recrudescence des situations conflictuelles.
Dans le cas de la RDC, le problème s'est
révélé lors de la première tentative de la MONUC de
mettre en place des élections en 2003. Suite à l'implantation
d'un gouvernement de transition, l'ONU voulait organiser des élections
rapidement. Cependant, le résultat ne fut pas à la hauteur des
attentes. Les entités exécutives n'arrivaient pas à
s'entendre, étant donné leur opposition trop marquée par
la guerre et cela empêchait tout avancement81(*). En fait, l'implication
énorme des acteurs internationaux, et surtout de la MONUC dans le
processus électoral, n'a pas permis de résoudre la crise. Ainsi,
le conflit a non seulement continué d'exister, mais on peut se demander
si ces efforts électoraux d'une ampleur énorme ont
réellement atteint leur objectif premier de pacification.
Le manque de tradition démocratique dans les pays
accueillant les OMP est fortement lié à cette possibilité
d'augmentation des rivalités lors d'un processus électoral. Les
pays en sortie de crise ont longtemps été condamnés
à évoluer dans un environnement belliqueux qui entravait toute
tentative de démocratisation. Cette caractéristique
empêcherait l'effectivité des élections, puisque le
processus électoral n'avait pas comme résultat
l'amélioration du bien commun, mais visait plutôt à ce que
chacun puisse faire entendre son association idéologique.82(*) Ces aspects s'ajoutent au fait
que plusieurs considèrent que les réformes économiques du
FMI et de la Banque mondiale amplifient de façon considérable
l'écart entre les riches et les pauvres83(*), ce qui n'aide vraisemblablement pas l'objectif de
diminution des rivalités.
1.4.
Problème d'organisation et d'harmonisation des actions
L'autre problème réside dans le manque de
cohésion entre les différents acteurs qui ont un rôle
à jouer dans les processus d'aide et de pacification. On distingue un
manque de communication entre les différents acteurs qui oeuvrent
pourtant afin d'atteindre le même objectif global. Dans certains
cas, on peut même être témoin de situations où les
différents acteurs travaillent en opposition. En RDC, ce manque de
cohésion fut frappant et
est
à l'origine de bons nombres de problèmes qui eurent un impact
sur le déroulement de la mission de la MONUC et de la MONUSCO. L'Union
européenne et l'ONU ont été très critiquées
dans leur démarche, certains les trouvant trop axées sur la
concurrence, d'autres les accusant de faire cavalier seul, ou d'autre encore de
mener «leur propre politique de collaboration militaire en dehors des
règles traditionnelles et collectives».84(*) En fait, la critique est
dure face au manque de coordination de la MONUC; « l'absence de
coordination au sein du gouvernement congolais dissimule le semblant de
coordination au sein de la communauté internationale, toujours
prête à demander aux autorités locales de faire ce qu'elle
ne réussit pas à faire elle-même »85(*).
En somme, l'implication internationale dans les situations
conflictuelles reste d'une grande complexité. Malgré l'effort
monétaire et les effectifs déployés par les acteurs
internationaux, il reste
qu'une bonne
compréhension de l'environnement post-conflit demeure primordiale,
afin d'atteindre des objectifs de pacification et de développement
à long terme. Si des réformes visant une plus grande
compréhension des effets de démocratisation et de
libéralisation étaient effectuées, en plus de changements
au niveau de la coordination et de la communication entre les différents
acteurs internationaux et nationaux dans une situation de
stabilisation, il serait probablement possible
d'améliorer l'efficacité des OMP. La question est de savoir si
l'ONU a la capacité de mettre en place ce genre de réformes. Les
critiques des OMP restent pertinentes puisque très peu d'entre elles ont
réussi à atteindre les objectifs d'imposition d'une paix à
long terme86(*). Ainsi,
l'augmentation des cas d'intervention dans divers conflits internationaux
oblige une amélioration rapide de ces solutions de pacification.
A l'issue des interviews
réalisées à la section des affaires politiques de la
MONUSCO/BUKAVU il nous a été dit que la mission est
limitée à trois principaux niveaux :
1. La mission ne dispose pas du pouvoir d'action
au-delà des prescrits de son mandat.
2. L'insuffisance de casques bleus : Le
même interviewé aux affaires politiques de la MONUSCO montre
qu'avant le déploiement de la force neutre ou de la brigade
d'intervention à l'est de la RDC, on compte à peu près
4 000 casques bleus au Nord et au Sud Kivu et en plus ils
n'étaient qu'une armée d'appui, il précise en fin qu'avec
un mandat offensif lui accorder pour attaquer les forces négatives la
MONUSCO patiente le résultat positif à la crise de l'est.
3. La souveraineté de la RDC ne permet pas à la
mission de remplacer les institutions légalement reconnues ni de faire
leur travail mais seulement de les appuyer.
Paragraphe II: le
déploiement dans l'est de la RDC, d'une brigade d'intervention sous le
commandement de la Monusco dont le mandat est prorogé jusqu'au 31 mars
2014
Au vue des limites ci-haut évoquées, le Conseil
de sécurité a prorogé jusqu'au 31 mars 2014, le mandat de
la Mission de l'Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en
République démocratique du Congo (MONUSCO), a
décidé le déploiement, « à titre
exceptionnel et sans créer de précédent », d'une
« brigade d'intervention », chargée de
« neutraliser » et de désarmer les groupes
armés menaçant l'autorité de l'État et la
sécurité des civils dans l'est de la RDC.
Le Conseil de sécurité, par la résolution
2098
(2013), adoptée à l'unanimité, a
précisé que cette « brigade d'intervention »,
dont la MONUSCO disposera « pour une période initiale d'un an
et dans les limites de l'effectif maximum autorisé de
19 815 hommes », comprendrait notamment trois bataillons
d'infanterie, une compagnie d'artillerie, une force spéciale et une
compagnie de reconnaissance.
Elle aura son quartier général à Goma et
sera placée sous le commandement direct du Commandant de la Force de la
MONUSCO, laquelle est en conséquence, autorisée, à prendre
les mesures nécessaires en matière de Protection des civils,
neutralisation des groupes armés, surveillance de l'application de
l'embargo sur les armes ou d'appui aux procédures judiciaires nationales
et internationales.
Pays auteur du texte, la France a précisé que
les tâches confiées à la brigade d'intervention ne
changeaient pas le mandat de la MONUSCO, lequel, a rappelé son
représentant, demeure avant tout une mission de maintien de la paix dont
l'objectif est la protection des civils. 87(*)
En conclusion, ce chapitre nous a permis de présenter
le contenu du mandat de la MONUSCO conformément à la
résolution 1325 ainsi que celui de la récente 2098 adopté
par le conseil de sécurité visant à neutraliser les
différents groupes armés opérant dans l'Est de la RDC et
plus particulièrement au Nord-Kivu.
Enfin, nous avons abordé les limites de ce mandat
à l'épreuve des faits ainsi que les différentes
contraintes auxquelles la mission se trouve régulièrement
confronté dans le cadre de l'accomplissement de son mandat.
CHAPITRE IV : L'INCIDENCE DE
LA REPRISE DES HOSTILITES PAR LE M23 SUR LE FONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION
PUBLIQUE
Dans ce chapitre nous examinons
l'incidence de cette de crise de la paix au fonctionnement de l'administration
publique, plus concrètement, son impact sur les services publics de
l'Etats générateurs de ressources mais aussi ses
conséquences sur l'administration publique, car l'Administration
publique ainsi que les services publics ne peuvent fonctionner que si l'Etat
fonctionne normalement sur tout l'étendue du territoire national.
SECTION 1 : IMPACT DE LA
GUERRE DU M23 SUR LES SERVICES PUBLICS DE L'ETAT A L'EST DE LA RDC
Le fait de l'occupation , du
contrôle et d'exercice des compétences de ces services par
des forces négatives connues sous le nom de M23,l'Etat congolais a
perdue de recettes budgétaires importantes fournies par ses services
générateurs de ressources publiques tel que DGDA, DGRAD, DGI DGM
et l'OCC, ainsi que des pillage des plusieurs matériels et engins de ces
services. Mais aussi un dysfonctionnement de l'administration publique du fait
du boycott des habitants pour dire « NON » à
l'invasion de leur ville ; Les maigres recettes reconnues à cette
période sont imputables aux recouvrements de certains opérateurs
économiques qui ne s'étaient pas acquittés auprès
des autorités rebelles.
La grève a touché
tous les secteurs sans exception. Les services de l'Etat n'ont pas
été épargnés et c'est ainsi que nous sommes
arrivées sur le terrain à Goma et nous avons tenté sans
succès d'obtenir quelques données sur les états financiers
des services générateurs des ressources publiques de l'Etat
à la période de l'occupation de la ville par les rebelles du M23.
Devant ce blocage nous avons interviewé quelques agents des dits
services qui ont accepté de nous répondre souvent avec
réserve et imprécision.
La plupart d'entre eux, nous ont
affirmé que toutes les recettes de cette période n'étaient
pas conduites vers le trésor public mais considérée comme
effort de guerre pour la rébellion et plus, c'est dans la même
philosophie que le M23 avait réquisitionné même les
véhicules des services précités.
IMPACT DE LA GUERRE SUR LA
DGDA/GOMA
Interrogée, Madame Anonciata M'MWEZE, Directrice du
Guichet Unique de la DGDA dans la province du Nord Kivu nous a confirmé
la même situation en nous apportant quelques détails relatifs
à l'impact de l'occupation de la ville mais aussi sur le manque à
gagner que son service a pu enregistrer pendant cette période : En
moyenne selon elle, le guichet unique contribue au trésor à
concurrence 5 à 8 milliards de francs congolais par mois mais au courant
de cette occupation son service a difficilement réalisé 500
millions des Francs congolais.88(*)
Interviewé, Madame Nathalie TALIKAMINWA,
déclarante en douane au sein de Royal Customs Services SPRL, nous a
avoué à ce sujet que les entreprises de déclaration en
douane n'étaient pas consultées ni opérationnelles au
courant de cette période cruciale. Elle a aussi confirmé que
plusieurs biens avaient traversé les frontières et que même
des opérateurs économiques s'étaient acquittés de
leur devoir fiscal auprès des services de la rébellion du
M2389(*).
IMPACT
DE LA GUERRE SUR LA DGM/GOMA
Un cadre de direction de la DGM qui a requis l'anonymat nous a
confié que la majorité des agents et cadres de ses services
vivaient dans la clandestinité pendant cette triste
période ; d'où difficulté de maîtriser les
mouvements des personnes et des biens sur les différents postes
frontaliers de la ville de Goma.
Ce tableau illustre cette réalité :
Tableau N°4 déficit budgétaire
SERVICES PUBLICS
|
AVANT L'OCCUPATION
|
PENDANT L'OCCUPATION
|
D.G.D.A
|
+de 5.000.000.000 CDF
|
-de 500 000 000 CDF
|
D.G.R.A.D
|
+de 37 000 000 CDF
|
-de 958 650 CDF
|
O.C.C.
|
+de 872 000 400 CDF
|
-de 22 456 000 CDF
|
D.G.I.
|
+de 2 500 000 000 CDF
|
-de 125 000 000 CDF
|
D.G.M.
|
+de 22 000 550 CDF
|
-de 23 000 CDF
|
TOTAL
|
+de 16.279.004.550
CDF
|
-de 648437650
CDF
|
Source : Résultats
obtenus à l'issue des interviews réalisés à la
direction du guichet unique du Nord-Kivu ainsi qu'aux directions provinciales
de la DGRAD, DGI et DGM du Nord-Kivu.
Les résultats de ce tableau
nous renseignent sur le manque à gagner occasionné par la prise
du contrôle de la ville de Goma par les rebelles du M23. Tous les
services visités ont connu un affaiblissement de leur capacité
mobilisatrice des recettes pour le compte du trésor public et comme la
province du Nord-Kivu est normalement classée 4ème du
point de vue de sa participation au budget du pays nous pouvons confirmer que
cette situation a occasionné des déficits budgétaires et
en conséquence un ralentissement de l'économie nationale.
SECTION II : L'INEFFICACITE
DE LA MONUSCO FACE A LA REPRISE DES HOSTILITES PAR LE M23
Trois points serons
développé dans cette section entre autres les facteurs internes
et externes à la mission qui sont à l'origine de cette
inefficacité mais aussi les différentes contraintes auxquelles la
mission se heurte dans l'exercice de son mandat et en fin une critique
positive et négative viendra en appui à l'issue données
empiriques.
Paragraphe 1: Les facteurs
internes à la MONUSCO
Dans ce paragraphe nous examinons
trois facteurs entre autres : les pays contributeurs de casques bleus ne
veulent pas engager leurs soldats dans de combats, l'insuffisance des casques
bleus, manque de la volonté de la mission, ou si réellement elle
est là pour le pillage de ressources ou si elle est réellement
complice des atrocités commises par l'armée congolaise.
Les pays contributeur de casques bleus ne veulent pas
les exposer au combat
Interrogé, Monsieur Fabrice MUGARUKIRANGABO, Assistant
aux affaires politiques MONUSCO/Bukavu, nous précise que beaucoup des
pays n'aiment pas engagé leurs militaires dans des pays à haut
risque tel que la RDC, il renchérit en disant que quelques pays
contributeurs de casques bleus les envoient avec des conditions que doivent
être signées équivaut de dommages et intérêts
en cas de dèches d'un casques bleus dans le champs des
opérations. Il précise en suite que la Brigade d'intervention est
composée des anglophones seulement suite à la défaillance
de volonté pour d'autres pays de contribuer à la force dans un
Etat à haut risque.90(*)
Paragraphe 2. Les facteurs externes a la MONUSCO
Dans ce paragraphe nous allons
analyser s'il s'agit de la faiblesse de l'Etat congolais qui ne remplit pas ces
obligations, la faiblesse de la diplomatie congolaise qui ignore la
coopération avec les pays contributeurs à la force onusienne en
vue répondre aux situations de ruptures de la paix ou soit
l'ingérence de pays voisins : le Rwanda et Ouganda.
La faiblesse de l'Etat congolais à remplir ses
obligations.
Section II. LA MONUSCO FACE AU FONCTIONNEMENT DE SERVICES
PUBLICS DE L'ETAT CONGOLAIS
La résolution du conseil de
sécurité S/RES/1925 du 25 Mai 2010 transformant la MONUC en
MONUSCO et lui assigne, comme objectif de développer les services
publics essentiels et la capacité administrative au niveau national pour
assurer ces services et promouvoir la réconciliation nationale. C'est
dans cette optique que nous avons examiné le rapport existant entre le
rétablissement de la paix, de la sécurité et de la
réconciliation nationale sur le fonctionnement de services publics de
l'Etat.
La MONUSCO qui prend part au
projet STAREC a contribué à la reconstruction du pays par des
réhabilitations des infrastructures administratives et même de
certaines routes d'intérêt national.
Lors des élections de 2006
ainsi que celles de 2011, la MONUSCO a appuyé la Commission Electorale
par le transport des kits électoraux à travers le pays.
SECTION III : CRITIQUE DES
DONNEES EMPIRIQUES
DU
PERSONNEL MILITAIRE
Bien que la MONUSCO bénéficie des ressources
humaines colossales nous pouvons dire que le rapport
efficacité-efficience demeure néanmoins très critiquable.
Nous avons découvert par exemple que certains pays contributeurs ne
veulent pas que leurs militaires soient engagés dans des combats qui
risqueraient de leur coûter la vie. Ceci nous a permis de comprendre que
la théorie de la sécurité collective sur lequel repose le
système des nations unies reste un idéal ; cela implique que
la solidarité entre les Etats, l'un des principes de la Charte des
nations unies n'est pas respecté pour le cas de la RDC.
Quant à la protection des
civils comme le préconise le chapitre VII de la Charte ainsi que les
différents mandats conférées aux missions successivement
envoyées en RDC, la MONUSCO a révélé une inaction
manifeste au regard de plusieurs cas documentés de violations massives
des droits de l'homme allant des violences de toutes formes aux crimes de
guerre ainsi que ceux contre l'humanité.
Au vue de cette
inefficacité, la Conférence Internationale sur la Région
des Grands Lacs en collaboration avec l'Union Africaine ont
préconisé la création d'une brigade d'intervention
revêtue du mandat de la MONUSCO afin d'imposer la paix par
l'éradication des différents groupes armés dont le M23 qui
menacent les civils. En entérinant la création cette force
d'environ 3.000 hommes, l'ONU a reconnu l'inefficacité de ses
16 475 Casques bleus initialement déployés en RDC.
DES RESSOURCES FINANCIERES
Alors qu'aujourd'hui le budget
annuel de la MONUSCO avoisine le milliard et demi de dollars par an (4), le
montant de l'aide extérieure directement consacré à la
gestion et la réforme du secteur de la sécurité de 2006
à 2010 ne dépassait pas les 85 millions de dollars. Que conclure,
sinon que la communauté internationale préfère jouer les
pompiers que de prévenir le risque d'incendie...
En ce qui nous concerne, le budget
alloué à la MONUSCO de 1 343 593 000 n'a
pas été affecté aux tâches les plus importantes
pouvant aider à instaurer la paix en RDC car jusqu'à ce jour le
secteur de la sécurité demeure préoccupant.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de la présente
étude portant sur les interventions de l'ONU au Congo : regard
sur le mandat de la MONUSCO, nous nous sommes fixé comme objectif
de comprendre les interventions de l'ONU au Congo tout en penchant un regard
particulier sur le mandat réel de la MONUSCO au vue de ses multiples
limites qui transparaissent sur le terrain en matière de
sécurité et de rétablissement de la paix en RDC et plus
spécifiquement à l'Est.
Pour mieux saisir l'orientation
méthodologique et l'analyse de notre sujet, nous avons fait recours
à la méthode fonctionnelle ou fonctionnalisme de David
MITRANY appuyée par l'exégèse ou méthode
d'analyse des textes juridiques. Quant aux récoltes et traitements des
données, nous avons fait appel à la technique de recueil des
données existantes, des données secondaires et documentaires,
l'enquête par questionnaire, l'entretien ou interview, l'analyse du
contenu et l'observation directe.
Dans ce travail, nous nous sommes
proposé de répondre aux questions suivantes :
- Pourquoi la MONUC, aujourd'hui
MONUSCO, n'est-elle pas parvenu à rétablir la paix en RDC
malgré les moyens énormes dont elle
bénéficie ?
- Quel est le contenu du mandat de
la MONUSCO et ses limites sur les champs des opérations ?
- Comment le
non-rétablissement de la paix, de la sécurité et de la
réconciliation nationale influe-t-il sur le fonctionnement de
l'administration publique à l'Est de la RDC ?
Nous avons soutenu, en guise
d'hypothèses, que les facteurs qui empêchent le
rétablissement de la paix en RDC. sont les suivants :
- Les pays membres ayant fourni
les troupes ne voudraient pas engager leurs soldats dans des combats qui
peuvent leur coûter la vie inutilement.
- L'ingérence des Etats
voisins : le Rwanda et l'Ouganda soutiennent les mouvements
insurrectionnels à l'Est de la RDC.
- Les faiblesses de l'Etat
observées dans tous les secteurs de la vie nationale seraient une
entrave au rétablissement de la paix et une occasion de
résurgences des groupes armés.
Par rapport au mandat, la MONUSCO
aurait comme mission principale la protection des civils, la neutralisation des
groupes armés, la surveillance de la mise en oeuvre de l'embargo sur les
armes et l'appui aux procédures judiciaires nationales et
internationales conformément à la résolution 2098 du 28
mars 2013 du Conseil de Sécurité de l'ONU.
Les limites de la MONUSCO seraient
dues au fait que la MONUSCO ne serait pas parvenue à imposer la paix,
la sécurité, la réconciliation nationale et la protection
des populations civiles pour que l'administration publique fonctionne
normalement. Ces multiples limites auraient conduit au renforcement de ses
troupes par la création de la brigade spéciale d'intervention,
mise en place à cause de la persistance des groupes rebelles à
l'Est de la RDC, qui continue à être le théâtre des
conflits récurrents et des violences interminables, occasionnant des
déplacements massifs de la population. Ce sont ces multiples
défis qui ont conduit le conseil de sécurité à
renouveler le mandat de la MONUSCO. En outre, ces limites seraient liées
à l'immensité du territoire congolais.
Quant au fonctionnement de
l'administration publique, l'Etat congolais aurait enregistré des
déficits budgétaires importants surtout à la DGDA,
à la DGRAD, à la DGI, à la DGM, à l'OCC...suite
à la reprise des hostilités entre le M23 et les FARDC. Après avoir confronté nos
hypothèses aux faits analysés, les résultats qui en
découlent les confirment conformément au tableau
présenté dans le texte.
Hormis l'introduction et la
conclusion, ce travail comporte quatre chapitres. Le premier chapitre
porte sur le cadre conceptuel et théorique. Le second aborde la
problématique du maintien de la paix en RDC. Le troisième a
analysé le contenu du mandat de la MONUSCO et ses limites sur le
terrain alors que le dernier a montré l'incidence de la reprise des
hostilités par le M23 sur le fonctionnement de l'administration
publique.
Dans le premier chapitre, nous
avons examiné les concepts de base et présenté les
théories explicatives de notre thème à savoir la
théorie de la sécurité collective, de la
sécurité sociétale, de la sécurité humaine
et enfin celle du maintien de la paix.
Au second chapitre, nous avons
fait un rappel historique des interventions de l'ONU au Congo ainsi que la
présentation sommaire de la MONUSCO.
Le troisième chapitre nous
a permis de présenter dans un premier temps le contenu du mandat de la
MONUSCO conformément à la Résolution 1325 et celui de la
récente Résolution 2O98 du conseil de sécurité
créant la brigade spéciale d'intervention. Nous avons
abordé les limites de ce mandat à l'épreuve des faits
ainsi que les contraintes auxquelles la MONUSCO est confrontée dans
l'accomplissement de son mandat en RDC et particulièrement à
l'Est du pays.
Dans le dernier chapitre, nous
avons examiné l'incidence de cette crise de la paix sur le
fonctionnement de l'administration publique, plus concrètement, son
impact sur les services publics de l'Etat générateurs de
recettes financières mais aussi ses conséquences sur
l'administration publique en général. En effet, l'Administration
publique ainsi que les services publics ne peuvent fonctionner que si l'Etat
fonctionne normalement sur toute l'étendue du territoire national. Nous
avons examiné dans ce chapitre trois points saillants faisant appel
à l'histoire notamment les trois interventions de l'ONU au Congo au
regard de leurs différents mandats.
Dans la perspective d'aboutir au rétablissement de
la paix par l'ONU et spécifiquement par la MONUSCO en RDC en
général plus particulièrement à l'Est, nous
suggérons ce qui :
- La MONUSCO doit exécuter le mandat musclé lui
conféré par le conseil de sécurité à
travers la création de la brigade africaine
d'intervention ;
- De poursuivre efficacement l'accompagnement des
institutions de la RDC. Le conseil de sécurité devrait continuer
à faire pression sur les Etats voisins, l'OUGANDA et surtout le RWANDA
afin qu'ils s'abstiennent de soutenir les groupes armés qui pullulent
à l'Est de la RDC.
Nous proposons au gouvernement congolais que la solution est
donc politique et se trouve en partie à Kinshasa, qui doit changer de
mode de gouvernance pour enfin asseoir son autorité ; et à
Kigali, qui est accusé de soutenir les rebellions successives dans l'Est
du Congo et plus récemment celle du M23. Kigali est encore en mesure de
siffler la fin du match dans les Kivus et pour y arriver, Kigali devrait
s'asseoir sur la table des pourparlers avec ses opposants et conclure des vrais
accords pour mettre fin à cette tragédie qui a commencé en
1994 et dont toute la région continue à souffrir jusqu'à
ce jour tel que l'avait aussi suggéré le président
Tanzanien, Mr JAKAYA KIKWETE à l'occasion du lancement du
déploiement des contingents Tanzaniens de la brigade spéciale
d'intervention.
Hier comme aujourd'hui, il y a lieu de retenir deux grandes
leçons de l'histoire :
Primo : Les Nations Unies semblent gérer la
crise congolaise avec les mêmes erreurs : inaction et obstination
à résoudre par des mécanismes internes un conflit qui
touche les Etats des pays des grands lacs.
Secundo : L'analyse juridico-politique des Tables
Rondes et l'expérience de la Conférence Nationale Souveraine
(CNS) démontre à suffisance que, bien qu'indispensable, la
viabilité d'une construction engendrée par le dialogue
était souvent sujette à caution. Ces appréhensions ne
préjugent en rien du résultat final que pourrait avoir la mission
de l'ONU au Congo.
Cependant, en rapport avec la
problématique que nous avons abordé, nous ne prétendons
pas avoir tout expliqué, ni tout dit, ni tout analysé. Ce travail
reste donc ouvert à toute critique objective et constructive contribuant
à l'approfondissement de ses analyses ou de sa thématique.
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7. MUKIRAMFI SAMBA, « Le mandat de la
Monusco : le consensualisme à l'épreuve de
l'unilatéralisme » Faculté de Droit, Université
de Kinshasa, 2012 , p15
8. ROLAND PARIS, « Peacebuilding and the limit
of liberal internationalism », International Security,
vol.22, no.2, 1997, p.74.
9. AUTESSERRE S, « The Trouble with the Congo.
Local Violence and the Failure of International Peacebuilding »
(Cambridge University Press. 2010) p23
10. WILLAME J.
Claude, « Les faiseurs de la paix au Congo », la gestion
d'une crise internationale dans un Etat sous tutelle, Belgique, « les
livres du Grip », éd .Complexe, n°288-289, 2007, p.388
III.DOCUMENTS DIVERS ET
RESOLUTIONS
Comprendre le Mandat de la MONUSCO, Résolution 1925
du Conseil de Sécurité, p 5
Résolution 2098 Adopté par le conseil de
sécurité, le 28 MARS 2O13.
IV. INTERVIEW
1. MUGARUKIRANGABO F., le 15 mai 1971 ,42 ans, Masculin,
Assistant aux Bureau des Affaires politiques, MONUSCO-BUKAVU, entretien
réalisé le 15 mai 2013, les réalisations ,les limites
et mission de la MONUSCO en RDC,MONUSCO.
2. M'MWEZE A., entretien réalisé le 08 mai
2013, 40 ans, Directrice du Guichet Unique de la DGDA, Goma/Nord-Kivu, impacts
de la guerre du M23 sur le fonctionnement de la DGDA et l'OCC au Nord-Kivu.
3. TALIKAMINWA N., entretien réalisé le 09 mai
2013, 33 ans, déclarante en douane au sein de Royal Customs Services
SPRL, impact de la guerre du M23 sur le fonctionnement de la DGDA Nord-Kivu,
le « manque à gagner » dans la province du Nord-Kivu.
V.COURS
1. DELCOURT Barbara, « Théories de la
sécurité », notes provisoires de
2ème cycle en sces Pô, orientation RI, 2006-2007, ULB,
Inédit. P.654
2. N.KPALAINGU KADONY, « Cours des Organisations
Internationales », UOB, éd. D'Essai, UNESCO, 2012-2013,
p.-144.
VI.
Sites Web
1. Accord de cessez-le-feu en République
Démocratique du Congo [en ligne] disponible sur
http://www.grip.org/bdg/g1701.html,
consulté le 16/06/2013, 13:30
2. fr.wikipedia.org/wiki/Fonds monétaire international
consulté le 16/07/2013, 15:49
3. http://fr.wikipedia.org/wiki/deuxi%C3%A8me guerre du
Congo#Glossaire des groupes a m.C3.A
http://monusco.unmission.org/Default.aspx?tabid=4905
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4. http://fr.wikipedia.org/wiki/programme alimentaire mondial
# historiques consulté le 29/05/2013, 18:52
5.
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6.
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12. MARIO BETTATI, L'Usage de la force par l'ONU, [en ligne],
disponible sur www.cairn.info/revue-pouvoirs2004-2-p-111.htm consulté le
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13. Nations-Unies, Opérations de maintien de la paix des
nations-unies. Principes et Orientation, 2008,[en ligne] disponible sur :
http://www.un.org/fr/peacekeeping/documents/corpstome_doctrine_fr.pdf
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14. ONU, Charte des Nations Unies. Note Liminaire, [en ligne],
San Francisco, 1945, Disponible sur
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15. ONU, Charte des Nations-Unies, (en ligne), San Francisco,
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20.
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21. www.digitalcongo.net/article/91760?, consulté le
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22.
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23.
info.microetape.com/nouveau-mandat-de-la-monusco-la-rdc-pose-des,
consulté le 29/05/2013, 18:52.
Table des matières
INTRODUCTION GENERALE
1
CHOIX DU SUJET
7
INTERET DU SUJET
8
PROBLEMATIQUE...............................................................................................................................................7
HYPOTHESES.......................................................................................................................................................9
3. METHODOLOGIE
16
4. DELIMITATION DU SUJET
20
5. DIFFICULTES RENCONTREES
20
6. SUBDIVISION DU TRAVAIL
20
CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE
21
Mandat
23
L'Organisation Internationale
23
MONUSCO
25
Première tentative : la
Société des Nations
27
BASES INSTITUTIONNELLES DE LA SECURITE
COLLECTIVE
29
LA SECURITE COLLECTIVE SELON LA CHARTE DE L'ONU
31
§2 Imperfections du Système de la
Charte des Nations unies
33
FAIBLESSES DU SYSTEME
33
I.2.2 MAINTIEN DE LA PAIX
37
I.2.2.1.NAISSANCE DES OPERATIONS DE MAINTIEN DE LA
PAIX
37
1. NOTION D'OPERATION DE MAINTIEN DE LA PAIX
37
1.1Définition et caractéristiques
principales
37
1.2 Imperfection de la notion d'opérations
de maintien de la paix
38
2 .LIMITES DU SYSTEME DES OPERATIONS DE
MAINTIEN DE LA PAIX
39
CHAPITRE DEUXIEME : PROBLEMATIQUE DU MAINTIEN
DE LA PAIX AU CONGO
42
1.2. Mandat
43
A.RAPPROCHEMENT ENTRE L'ONUC ET LA MONUC : la
leçon d'histoire
50
A .b. Le fallacieux accord de Lusaka
51
A .c. Les failles de l'accord de Lusaka
51
Paragraphe3. DE LA TRANSFORMATION DE LA MONUC EN
MONUSCO (2010 à nos jours)
51
III.1.SON MANDAT ET SES OBJECTIFS
64
Paragraphe IV : LA MONUSCO, SON MANDAT ET SES
REALISATIONS
65
IV.1.SON MANDAT ET SES OBJECTIFS
65
IV.2.REALISATIONS
65
IV.3.LES RESSOURCES DE LA MONUSCO
66
Le Personnel : Les Contingents Militaires
66
Tableau N°3 : LE BUDGET
68
Paragraphe 5. LA BRIGADE D'INTERVENTION
72
Chapitre III : LE CONTENU DU MANDAT DE LA
MONUSCO ET SES LIMITES SUR LE TERRAIN
70
Un éternel recommencement
76
Contradiction entre valeurs libérales et
peacebuilding : le problème du manque traditionnel de
démocratie
79
Problème d'organisation et d'harmonisation
des actions
80
Paragraphe II: le déploiement dans l'est de
la RDC, d'une brigade d'intervention sous le commandement de la Monusco dont le
mandat est prorogé jusqu'au 31 mars 2014
81
CHAPITRE IV : L'INCIDENCE DE LA REPRISE DES
HOSTILITES PAR LE M23 SUR LE FONCTIONNEMENT DE L'ADMINISTRATION PUBLIQUE
83
SECTION 1 : IMPACT DE LA GUERRE DU M23 SUR LES
SERVICES PUBLICS DE L'ETAT A L'EST DE LA RDC
83
IMPACT DE LA GUERRE SUR LA DGDA/GOMA
83
IMPACT DE LA GUERRE SUR LA DGM/GOMA
84
SECTION II : L'INEFFICACITE DE LA MONUSCO FACE
A LA REPRISE DES HOSTILITES PAR LE M23
85
Paragraphe 1: Les facteurs internes à
la MONUSCO
85
Paragraphe 2. Les facteurs externes a la
MONUSCO
85
Section II. LA MONUSCO FACE AU FONCTIONNEMENT DE
SERVICES PUBLICS DE L'ETAT CONGOLAIS
86
SECTION III : CRITIQUE DES DONNEES
EMPIRIQUES
86
DU PERSONNEL MILITAIRE
86
DES RESSOURCES FINANCIERES
87
CONCLUSION GENERALE
88
BIBLIOGRAPHIE GENERALE
92
I. Ouvrages,
92
21. WILLAME J. Claude, « Les
faiseurs de la paix au Congo », la gestion d'une crise internationale
dans un Etat sous tutelle, Belgique, « les livres du
Grip », éd .Complexe, n°288-289, 2007, p.388
93
VI. Webographie
94
Paragraphe 2 : LA RESOLUTION 2098 DU CONSEIL
DE SECURITE
Erreur ! Signet non
défini.
ANNEXES
* 1 B. POULGNY,
« Ils nous avaient promis la paix »,,
Sciences Politiques, Paris, 2004, p.55
* 2 JF.HUGO, « La
RDC, une guerre inconnue », MICHALON, Paris, 2006, p.59
* 3 LUKUNDA VAKALA, Sr dir de
MAMPUYA KAMUNKO, « Conférence internationale sur la paix,
la sécurité, la démocratie et le développement
dans la Région des Grands Lacs. », CEDI, KINSHASA, ISBN
2-7515, 2004, P59.
* 4 Me T. MBUYA, «
Lettre officielle adressée au Représentant Spécial du
Secrétaire Général. », KATANGA/LUBUMBASHI,
2010.pp.2-10.
* 5 C. CHAUMONT, L'ONU,
Collection Que sais-je ?, PARIS, PUF, 1982, p.62.
* 6
F .NTOLE, Congo-Afrique, La MONUC a connu une année
difficile et un bilan mitigé, XLVII Année (Janvier 2009)
n°431, p .76 .
* 7 Idem,
p473
* 8 J. Claude WILLAME,
« Les faiseurs de la paix au Congo » la gestion
d'une crise internationale dans un Etat sous tutelle, « les livres du
Grip » Belgique, éd .Complexe, n°288-289, 2007, p.38.
* 9 Rés. 1925 (2010),
§ 1er. Voir Comprendre le mandat de la MONUSCO. Résolution 1925
du Conseil de sécurité, Octobre 2010, p. 1.
* 10 Synthèse
établie à partir des données recueillies dans les
revues CONGO-ARIQUE.
* 11 J. KANKWENDA MBAYA Sir F.
MUKOKA NSENDA, «la République Démocratique du Congo face
au complot de balkanisation et d'implosion» in ICREDES, KINSHASA,
ISBN: 978, Ière Ed., 2013, P27-30
* 12 M.
GRAWITZ, « Méthodes des sciences
sociales », 2ème Ed. , PARIS, DALLOZ, P 217
* 13 A. BLOM,
Théories et Concepts des RI, Hachette, Paris, 1992, p 212
* 14 A.
BLOM, « Théories et concepts des RI » Hachette
supérieur, Paris, pp233-236
* 15 M.NDAY Wa M.,
Méthode de recherche en sciences sociales, Inédit, Notes
de cours, UOB, 2009-2010, P62
* 16 B. VERHAEGEN,
Méthodes et Techniques Sociales, Paris, Macro, 1950.
* 17 F. DEPELTEAU, La
démarche d'une recherche en science sciences humaines, de Boeck ,
Paris , 2è ed, ,2003, p 293.
* 18 F.DEPELTEAU, idem.
* 19 R.QUIVY L. VAN
COMPENHOUDT, « Manuel de recherche en Sciences Sociales, Dunod,
Paris, 3ème éd.1995-2006, p.115.
* 20M .GRAWITZ, op cite,
p 423
* 21 .F.DEPELTEAU, op.cit.,
p181.
* 22M .GRAWITZ, Lexique des
Sciences Sociales, Dalloz, paris ; éd.8, 2004, p .237
* 23 R .GUILLIEN et allie,
Lexique de termes Juridiques, Dalloz, Italie, 20O3, éd
14,p .329
* 24 M.GRAWITZ, op.cit.,
p .237.
* 25 Idem p. 226-22.
* 26 R .GUILLIEN et Alli,
op.cit p.319.
* 27 A.COLIN, Dictionnaire
de Relations Internationales au 20emes, Maurice Vaisse , Paris,
éd.2ème,2005 ,p.133.
* 28 M.BETTATI, Le droit
d'ingérence, Mutation dans l'ordre international, Paris, éd
.Odite , le Jacob Mars,1996 ,p.9.
* 29 N.KPALAINGU KADONY, Cours
des Organisations Internationales, UOB, éd.
D'Essai,UNESCO,2012-2013 ,p.1-4.
* 30 N.K. KADONY, op.cit,
p.1-2.
* 31 Idem. P.2.
* 32 Ibidem, P.2-3.
* 33 Op.cit. P.35-36.
* 34 Cité par
F.DEPELTEAU, Ibidem, dans le Méthode de Sciences humaines, p.129.
* 35 Ibidem
* 36 Barbara DELCOURT,
Théories de la sécurité, notes provisoires de
2ème cycle en sces pô, orientation RI, 2006-2007, ULB,
Inédit 33
* 37 B. DELCOURT,
Op.cit. .P10
* 38 A. Blom, Op.Cit.P.113
* 39 Idem, 114
* 40 Op.cit.p .113
* 41 J. LOYAL. Y.PETIT.
Op.Cit , p 19.
* 42 Idem, p.20-21.
* 43 Ibidem, p.22-23.
* 44 J. LOYAL Y. PETIT, Droit
International du maintien de la paix, LGDJ, EJA, Paris, 2000, p.16.
* 45 Op.cit. P156
* 46 V. aussi Barbara DELCOURT,
«Les dommages collatéraux de la nouvelle stratégie
étatsunienne: de la sécurité collective à la
sécurité sélective», in (Barbara Delcourt,
Denis
Duez, Eric Remâché (Eds.), La guerre d'Irak,
prélude d'un nouvel ordre international ?,
Bruxelles, Bern, Berlin, Frankfurt/M, New York, Oxford, Wien,
P.I.E.-Peter Lang, 2004,
pp. 21-39.
* 47 Ibidem, P .23-43.
* 48 Congo 1965, CRISP
Bruxelles et INEP Kinshasa, 1966.p .27
* 49 4. GENDEBIEN Paul HENRY,
L'intervention des Nations Unies au Congo 1960 -, paris, 1987,
p .78
* 50 Accord de cessez-le-feu
en RDC, in Congo Afrique, n° 338, Octobre 1999, p.469-498.
* 51 1. Accord de cessez-le-feu
en RDC, in Congo Afrique, n° 338, Octobre 1999, p.469.
* 52 . ANNAN, Kofi, Nous
les peuples ; le rôle des Nations Unies au XXIè
siècle, DPI/2103, avril 2000.
* 53 8. MAMBOLEO, Léon,
Le mandat de l'ONU au Congo, incréés, Paris,
1963.p20.
* 54ABC des Nations Unies,
DPI 11920, novembre 1999, p. 91.
* 55 Doc.ONU, S/2000/30, 17
janvier 2000. Voir tableau annexe, page 19
* 56 Doc. ONU,
S/2000/30,17 janvier 2000, par. 77.
* 57 Doc. ONU, S/2000/566,
16. 47 Au 6 juillet, le Comité International de la Croix Rouge a
établi un bilan non exhaustif de 760 morts, plus de3.000 blessés
et quelque 500 habitations détruites.
* 58 Voir supra, section
II, point b. 49 Doc.ONU, S/2000/556, 12 juin 2000, par. 79 et 80. 17
* 59 J .C. WILLAME, OpCit
P.48
* 60 J.C. WILLAME, Opcit P51
* 61 Comprendre le Mandat
de la MONUSCO, Résolution 1925 du Conseil de
Sécurité, p 5.
* 62 MUKIRAMFI SAMBA, « Le
mandat de la Monusco : le consensualisme à l'épreuve de
l'unilatéralisme » Faculté de Droit, Université de
Kinshasa, 2012, p 2.
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* 69 F. MUGARUKIRANGABO, le 15
mai 1971 ,42 ans, Masculin, Assistant aux Bureau des Affaires politiques,
MONUSCO-BUKAVU, entretien réalisé le 15 mai 2013 , les
réalisations et mission de la MONUSCO en RDC,MONUSCO .
* 70 Hubert
KABUNGULU-NGOY Kangoy, Ancien Consultant au Centre
d'Information de l'ONU à Kinshasa Chercheur
privé
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* 77 SÉVERINE
AUTESSERRE, « The Trouble with the Congo. Local Violence and the
Failure of International Peace building » (Cambridge University
Press. 2010) P23
* 78 Idem
* 79 WAATIBAL KUMABA MBUTA,
auteur de « L'ONU et la diplomatie des conflits : le cas de
la République démocratique du Congo » (éd.
L'Harmattan, Paris, 2012)
* 80 LECLERCQ, C., L'ONU
et l'affaire du Congo, Paris 1964.
* 81 Jean-François Hugo,
La république démocratique du Congo : une guerre
inconnue, Paris, Éditions Michalon, 2006, p.113.
* 82 Roland Paris,
« Peacebuilding and the limit of liberal
internationalism », International Security, vol.22, no.2,
1997, p.74.
* 83 [3]
ibidem. p.77..
* 84 Kaïdar Ayoub,
L'ONU face à l'irrationnel en RDC, Paris, L'Harmattan, 2011,
p.165.
* 85
ibid. p.167
* 86 Roland Paris,
« Peacebuilding and the limit of liberal
internationalism », p.64.
* 87 Département de
l'information
· Service des informations et des accréditations
· New York
* 88 A. M'MWEZE, entretien
réalisé le 08 mai 2013, 40 ans, Directrice du Guichet Unique de
la DGDA, Goma/Nord-Kivu, impacts de la guerre du M23 sur le fonctionnement
de la DGDA et l'OCC au Nord-Kivu.
* 89 N. TALIKAMINWA, entretien
réalisé le 09 mai 2013, 33 ans, déclarante en douane au
sein de Royal Customs Services SPRL, impact de la guerre du M23 sur le
« manque à gagner » dans la province du
Nord-Kivu.
* 90 F. MUGARUKIRANGABO,
entretien réalisé le 15 mai 2013 ; les limites au mandat de
la MONUSCO.