Les terrains superficiels de la plaine de Kinshasa n'offrent
pas beaucoup de diversité. Toute la ville est recouverte par du sable ou
du « limon » avec quelques pointements ou affleurements de «
grès polymorphes » ou grès tendre. Quant à la plaine
d'entre N'djili - N'sele, on n'y voit que du sable plus ou moins blanc ou
jaune, plus ou moins argileux. La structure de Kinshasa est dominée par
un envahissement récent du fleuve Congo. Antérieurement à
cet envahissement, on observait une sédimentation en plusieurs
épisodes séparés par autant de discordances, et culminant
par une silicification généralisée. Celle - ci est
à l'origine du « grès polymorphe » en place (EGOROFF,
1955).
Le fleuve Congo a profondément entaillé ce
premier complexe, y traçant des chenaux plus ou moins larges et
profonds. Il les a ensuite comblés avec un sable très grossier,
vers la base duquel se sont accumulés des produits de remaniement tels
que graviers roulés et débris de « grès polymorphes
». A un épisode relativement violent de l'activité du
fleuve, a succédé une période plus calme, avec
dépôt dans des marais, de sables éoliens et de limons ainsi
que des ravinements correspondants (EGOROFF, 1955).
Déjà en 1954, CAHEN attribuait ces sables
à la Série des sables ocres qui se confondaient entre la surface
fin-Crétacé et la surface mi-Tertiaire. Il souligne que cette
Série des sables ocres reposait généralement par
l'intermédiaire d'un faible gravier, de grenailles ou d'une cuirasse
latéritique sur la Série des grès polymorphes. C'est le
cas à Thysville (actuel Mbanza Ngungu sur la route de Matadi), aux
environs de Léopoldville (actuellement Kinshasa), au Kwango, au
Kasaï, au Lomami et au Katanga (au Biano notamment). Parfois ces sables
reposent directement sur les terrains antérieurs à la
Série des grès polymorphes. Ce contact dessine une surface
remarquablement plane et les sables ocres reposent tour à tour sur les
grès polymorphes, sur le Mésozoïque et sur des terrains
divers du soubassement. Il s'agit donc d'une surface d'érosion aplanie
qui constitue la surface mi-Tertiaire.
Lorsque les sables reposent directement sur des terrains
antérieurs aux grès polymorphes, la surface mi-Tertiaire peut
être confondue avec la surface fin-Crétacé. Ce sable est
d'origine subaquatique probablement (dépôt de sable
supérieur, plus fin) ou incontestablement
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d'origine éolienne (dépôt de sable
inférieur). BURKE & GUNNELL (2008) parlent de deux séquences
de dépôts terrigènes attribués à des
conditions semi-arides, impliquant tous deux de grands lacs, qui ont
été identifiés.
Les mouvements qui ont déformé l'aplanissement
fin-Crétacé ont créé des points
élevés qui ont été érodés. Alors que
dans les positions déprimées s'accumulaient les produits de
l'érosion qui, silicifiés en partie, ont constitué les
« grès polymorphes » et les sables et grès qui leur
sont associés. La surface qui résulte de cette action
érosive et d'accumulation est l'aplanissement mi - tertiaire. Ce qui a
été déjà étudié par CAHEN &
LEPERSONNE (1952) cités par CAHEN (1954) ainsi que par BOUDOURESQUE
et al. (1982) cités par BURKE & GUNNELL (2008).
L'analyse de la carte géomorphologique et
géotechnique (Planche IV Géotechnique réalisée en
1976 - 1977 par VAN CAILLIE) nous renseigne que dans cette région, le
toit du socle est entre 10 et 30 mètres. Ce socle est constitué
d'un grès tendre Secondaire. Les essais de pénétration
atteignent le refus dans la zone des graviers, sables grossiers ou
débris de grès silicifiés qui coiffent les grès
secondaires. Ces grès sont fréquemment altérés en
sables fins divers. La feuille géologique de Kinshasa a
été établie par le Musée royal de l'Afrique
centrale de Tervuren en Belgique en 1963 (Figure 1.2).