CHAPITRE IV : ANALYSE, PREVENTIONS ET GESTION DES
RISQUES DU RAVINEMENT
IV.1 Analyse et cartographie des zones à
risques
IV.1.1 Analyse des conditions
LATEEF et al. (2010) parlent d'un soulèvement
tectonique régional qui serait à l'origine de l'érosion
verticale et de la dissection du paysage observés à Kinshasa.
Pourtant, nous ne voyons pas de linéaments sur les photographies
aériennes et les images à notre disposition. Aussi aucune carte
de Kinshasa ne signale la présence de failles qui seraient la preuve
d'une tectonique active dans ce paysage. Cette région est
réputée comme étant stable. Les risques
géomorphologiques auxquels la haute ville de Kinshasa est exposée
découlent des changements dans la réponse hydrologique du paysage
de la ville aux conditions climatiques et environnementales qui se sont
produits au cours de la construction de la ville et de son expansion.
Nous nous sommes rendus compte que les conditions de la
manifestation de l'érosion ravinante dans le paysage de Kinshasa ont
sensiblement changé par rapport à ce que décrit VAN
CAILLIE (1990) : « quand le sol est dénudé, le rôle de
la pente est fondamental. Le type de phénomène d'érosion
lui est lié. Le ruissellement en filets d'eau apparait dès 5
à 9% de pente. Au-delà de 12,5%, ces filets d'eau creusent le
sol, le ruissellement est alors érosif. A partir de 20 à 25% de
pente, l'érosion linéaire prend le pas, le ruissellement
concentré creuse alors en formant des ravines et des ravins dont les
entailles remontent dans les versants. »
Pour les mêmes types de sols sableux, l'érosion
ravinante se manifeste déjà à 5% de pente et devient
très caractéristique à 10% de pente.
Les raisons de ce changement sont à trouver dans :
- l'accroissement du ruissellement qui est consécutif
à la diminution de l'infiltration due à
l'imperméabilisation excessive du sol résultant de son
dénudement par le désherbage principalement pour l'implantation
des parcelles d'habitation et à l'ouverture de voies d'accès dans
la partie haute de la ville (TRICART, 1985) ;
- ce qui a pour conséquence le changement du
régime hydrologique (écoulement, ruissellement sur les versants)
qui est un impact dû à l'urbanisation non proportionnelle dans les
bassins versants (GAUTHIER, 1998 ; VIRAMONTES et al., 2002 ; VALENTIN
et al., 2005 ; BENABDESSELAM et al., 2009 ;
PETIT, 2010).
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L'urbanisation (infrastructures routières,
imperméabilisation des parcelles, ...) a engendré la
vulnérabilité dans une région où l'aléa
existait déjà et a conduit aux risques d'érosion hydrique
avec comme conséquence :
- le ravinement sur les flancs de collines et les versants des
rivières Lukuya, Lutendele, Lukunga, Binza, Mampenza, Lubudi, Bumbu,
Funa, Matete, Mumfu, N'kwambila, N'djili, Tshangu, Tshuenge, ...
- l'ensablement de leurs vallées surtout pour ce qui
est de Lukunga, Binza, Lubudi, N'djili où les conséquences sont
très catastrophiques ;
- l'ensablement aux piémonts de Kisenso et sur la
plaine engloutissant des maisons entières à l'instar de certains
quartiers des communes de Matete ;
- l'ensablement conduit à l'exhaussement des cours
d'eau et leur perte de compétence qui ont pour grave conséquence
le débordement du débit à pleins bords, les inondations
des plaines alluviales avec des dégâts matériels et des
pertes en vies humaines sus-mentionnnés.
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