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Etude de l'érosion ravinante à  Kinshasa par télédétection et SIG ( système d'information géographique ) entre 1957 et 2007

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par Fils Makanzu Imwangana
Université de Liège - Master complémentaire en gestion des risques naturels 2010
  

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I.8 Kinshasa et les risques naturels

I.8.1 Concepts et définition : aléa, vulnérabilité et risque

OZER (2009) signale que le risque est une notion composite. Car il est le produit d'un aléa et d'une vulnérabilité. L'aléa est un concept relativement récent qui désigne la probabilité d'occurrence d'un phénomène et ce, principalement fonction de l'intensité du phénomène et de son occurrence. Au sens large, la vulnérabilité exprime le niveau de conséquences prévisibles d'un phénomène sur les enjeux qui sont les domaines affectés par le risque et ce, selon la capacité de réponse des sociétés analysées face à des crises potentielles. Ce qui traduit la fragilité d'un système dans son ensemble et, de manière indirecte, sa capacité à surmonter une crise provoquée par un aléa. Bref, plus un système est apte à se rétablir après une catastrophe, moins il est vulnérable. Etant donné que le risque est le produit de l'aléa par la vulnérabilité et donc, il n'est jamais définitif et son appréciation varie dans le temps.

I.8.2 Kinshasa et les risques géomorphologiques

En nous inspirant de MOEYERSONS & TREFOIS (2008), nous pourrions énumérer les dangers ou les risques hydrologiques auxquels une pente est exposée lors d'une augmentation du ruissellement :

- Le ruissellement diffus constitue un premier risque. Il est peu connu que le ruissellement diffus dans la ville de Kinshasa peut prendre l'allure d'un vrai « sheet flood » (McGEE, 1887), mais il se fait que des personnes sont parfois emportées par le courant, ou même des objets lourds comme une camionnette, etc. Aussi, constate - t'on souvent sur les sommets et la partie supérieure des flancs de collines, le déchaussement des maisons ou même de gros arbres ;

- C'est un fait connu que le ruissellement peut se concentrer le long de routes et qu'il se crée ainsi des problèmes de ravinement (MOEYERSONS, 1991). L'érosion hydrique en général et en particulier le ravinement constitue un grand problème dans la ville haute de Kinshasa. Les problèmes corrélatifs sont les dépôts et ensablements dans les vallées et dans la basse ville ;

- Les inondations de cours d'eau et ensablements en basse ville à cause des crues de rivières plus importantes qui jadis n'atteignaient pas une telle ampleur, ...

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? Le ravinement en haute ville

La haute ville connait une forte dissection par des profonds (30 m) et larges (40m) ravins de plusieurs centaines de mètres de long. Ainsi, le site urbain est localement transformé en bad-land. Ces méga-ravins isolent et séparent les quartiers habités en îlots, hypothéquant ainsi tout développement harmonieux de la ville. Sur les flancs des collines et les versants, des torrents modèlent le relief et le paysage de Kinshasa (MITI et al., 2004). Dans leur description, MITI et al. (2004) confondent les glissements de terrain comme le témoignent très souvent leurs loupes observées dans le paysage de Kinshasa et l'érosion ravinante. Car ces deux phénomènes sont encore en activité dans ce paysage.

La Fédération des organisations non gouvernementales laïques à vocation économique du Congo (FOLECO, 2002/2003) signale 212 érosions10. Ce même rapport fait état de 2400 maisons englouties par l'érosion ravinante.

LELO (2008) dénombre 19 grandes érosions en utilisant une méthode d'observation directe sur le terrain tandis que MAKANZU (2008) en a dénombré 22 sur base de la photo - interprétation et qu'il a bien désignées par le terme « ravin.»

L'érosion de la drève de Selembao, commencée en 1990, longue de 1300 mètres et de largeur moyenne de 60 mètres avec une profondeur moyenne de 12 mètres, a déjà causé la mort des 6 personnes et la destruction de 71 logements (STEVENS, 2006). Cette érosion qui semble être maîtrisée pour l'instant grâce aux travaux de génie civil financé par la Banque Mondiale, menaçait de détruire tout un quartier résidentiel de haut standing, planifié, structuré. Au-delà, elle menaçait la route RN1 reliant la ville de Kinshasa aux villes portuaires de Matadi et Boma.

? L'ensablement

De nombreux ravins de grande envergure entaillent les altérites sableuses sur 40 m de profondeur dans la zone à collines de la ville, tandis que les déblais générés par le ravinement ensevelissent l'habitat dans la zone basse et y favorisent des inondations parfois catastrophiques (MITI & ALONI, 2005).

La plupart des bassins versants des parties ouest et sud sont ravinés : Lukunga, Lubudi, Bumbu, Funa, Matete, N'kwambila, N'djili, ... Généralement, ces rivières ont une pente suffisante pour qu'un écoulement puisse s'établir. Mais leur régime est perturbé par le phénomène d'érosion en amont de ces petits bassins versants qui fait naître un débit solide constitué pour la plupart de sable et secondairement de limons. Ce débit crée un encombrement progressif des lits de rivières et par conséquent, on assiste à la naissance de bancs de sable qui augmentent l'envasement des cours d'eau, exhaussent les lits des rivières et

10 Ravins qu'elle appelle érosion

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accroissent le débit à pleins bords. Ce qui amoindrit le débit liquide en aval. L'exemple le plus frappant est celui de la rivière Lukunga où est implantée depuis 1932 la première usine de la régie de distribution d'eau potable de Kinshasa (Régideso) obligeant l'exploitant public de recourir au pompage d'eau du fleuve Congo, compliquant ainsi la chaîne de traitement. NTOMBI & TUMWAKA (2004) conclurent en ces termes : « en conséquence, il est plus que vraisemblable que les nombreux problèmes auxquels est confrontée la Régideso, notamment ceux aujourd'hui avec l'usine de Lukunga, procèdent fondamentalement d'une approche de la géologie environnementale urbaine et dont la mauvaise occupation des surfaces marginales constitue la clé de voûte ». Aussi, ce phénomène est accentué par l'apport des déchets ménagers et autres ordures. Ce qui accentue le phénomène d'inondations des quartiers de la plaine de Kinshasa : Bandalungwa, Lingwala, Ngiri Ngiri, Kasa Vubu, ... Perturbant parfois, la fourniture électrique sinon occasionnant des cas d'électrocution.

L'accumulation des matériaux arrachés sur les versants est matérialisée par l'envasement du réseau du drainage, débordement du débit à pleins à bords et par des pavages en bancs de sable. A Pompage, au quartier Kinsuka dans la commune de Ngaliema, le mesurage systématique dans le canal d'alimentation de la Régideso sur la rivière Lukunga pendant les mois de juillet, août, novembre et décembre 1998, donne un total de 4.035,6 tonnes de sable charrié par le cours d'eau (MAKANZU, 2004).

? Les inondations

Il existe différents types d'inondation à Kinshasa ; notamment :

- des crues de rivières : N'djili et le Pool Malebo dues aux pluies qui s'abattent en amont ;

- par des crues de remous de la N'djili dues aux inondations du Pool Malebo suite aux hautes eaux venant des affluents comme l'Oubangui ;

- par des débits à pleins bords des cours d'eau locaux dues aux pluies locales.

Ainsi, malgré une pente suffisante (2,3 - 7%) du réseau hydrographique pour évacuer les pluies les plus importantes dans un laps de temps évalué à 24 heures (VAN CAILLIE, 1983), on enregistre très souvent lors de pluies d'une certaine intensité des inondations dans la ville basse en novembre et décembre. Dans certains quartiers cependant, l'évacuation de plus fortes pluies est insuffisante, car les fossés de drainage sont encombrés de sable ou de débris divers. Ailleurs, l'érosion généralisée du sol a abaissé certains quartiers de 20 à 50 cm sous le niveau originel, favorisant leur inondation lors des pluies qui ne sont plus évacuées (VAN CAILLIE, 1983).

Les inondations provoquées par le débordement du débit à pleins bords et ensablements jamais vécus à Kinshasa se sont produits les 13 et 20 mai 1990 et le 17 mai 2001 en aval de la rivière Lubudi (appelé communément Makelele à Kinshasa). Ils ont gravement touché le quartier Lubudi et Makelele de la commune de Bandalungwa s'étendant sur une superficie de 11,2 hectares à une distance moyenne de plus ou moins 90 mètres du lit mineur où une

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épaisseur moyenne de 66,5 cm d'enfouissement sableux des habitations a été calculée. On enregistra la mort de 33 personnes, d'une vingtaine des disparus, 1070 familles sinistrées et les pertes matérielles estimées à 1.005.800 dollars américains ; hormis les diplômes, brevets, attestations et autres documents de grande valeur difficile à estimer en terme monétaire (KODIAWILA, 2009). Ces catastrophes étaient dues à la suite des pluies diluviennes. Au pluviomètre, on enregistra 142,3 mm le 13 mai 1990, 96,7 mm au 20 mai 1990 et 212 mm le 17 mai 2001. Le phénomène n'est pas différent de celui qui est décrit par MOEYERSONS & TREFOIS (2008) : les lits de rivière, en aval des sources, s'adaptent aux nouvelles conditions hydrauliques créées par l'occurrence des inondations des cours d'eau. Dans les terrains plats, les crues subites conduisent à l'élargissement des chenaux de cours d'eau et l'installation des systèmes de rivières en tresse. L'érosion latérale va de pair avec une forte accumulation dans les radiers. Dans des zones escarpées, les crues subites contribuent à l'érosion verticale active, ce qui conduit la plupart du temps aussi à des instabilités de pente et par conséquent des mouvements de masse.

Les observations du niveau d'eau au port public de Kinshasa nous renseignent que sa variation annuelle entre les saisons des pluies et sèches est d'environ trois mètres et que la différence entre le niveau d'eau maximum et minimum connue est d'environ six mètres selon MBOKOLO (2003). En saison des pluies, une influence par remous, appelée aussi contre courant, dans la partie allant de Masina Pétro - Congo à Kingabwa-Pêcheurs et donc, en aval de quelques petites rivières traversant la ville de Kinshasa, crée durant des mois (Mi-novembre - début janvier) par moment des inondations des quartiers et périmètres maraîchers riverains du fleuve. Cette inondation par remous des eaux du fleuve Congo, remonte parfois sur la rivière N'djili jusqu'à inonder le quartier Limete/Salonga en aval du pont N'djili qui relie Kinshasa Est et Ouest. L'analyse de la Planche II Hydrologie de la carte géomorphologique et géotechnique de la ville de Kinshasa réalisée par VAN CAILLIE (1976/77) nous renseigne qu'en ces endroits, la profondeur de la nappe souterraine au repos varie entre 0 et 2 m voire 4 m. Ces inondations sont exacerbées par la saturation du sol due par des remontées de la nappe phréatique lors des événements pluvieux exceptionnels.

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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand