1.5. LES ALIMENTS NON CONVENTIONNELS UTILISES DANS LA
PRISE EN CHARGE DE LA MALNUTRITION
A défaut des ATPE fournis par le PAM et l'UNICEF, les
CREN utilisent des aliments locaux généralement employés
sous forme de bouillies à base de céréales à
enrichir. En effet, il se trouve que dans les céréales les acides
aminés tels que la lysine et le tryptophane sont des facteurs limitant,
c'est-à-dire que leur proportion est faible dans les
céréales en comparaison avec leur teneur dans l'oeuf
(Kiemdé, 2008). A cet effet, les céréales sont dites
aliments à faible valeur biologique et on les associe aux légumes
secs, aux légumineuses ou au lait pour augmenter leur valeur biologique.
C'est ainsi que, selon Kiemdé en 2008, on observe par exemple
l'utilisation des bouillies de riz, de mil, enrichies soit au lait entier, soit
à la farine de soumbala ou poisson séché, soit encore aux
tourteaux d'arachide ou de haricot au CREN de Tanghin à Ouagadougou. Il
y a également de la bouillie - communément appelée par
l'acronyme MISOLA - à base de mil, soja, arachide, sucre et sel et
l'emploi de la spiruline en supplément alimentaire, employée au
CREN du Centre Médical Saint Camille à Ouagadougou
(Compaoré, 2006).
L'emploi d'autres aliments de types familiaux a
été rapporté par Traoré en 2006, dans des CREN
à Koudougou et Léo. Ce sont : le tô avec des sauces
locales, le riz à sauce ou au gras et le haricot. Ces aliments sont
certes préparés à base d'une variété
d'ingrédients, mais cette opération
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est sujette à des risques de contaminations par des germes
pathogènes.
1.6. LE SUIVI-EVALUATION DE LA PRISE EN CHARGE DE LA
MALNUTRITION DANS LES CREN
Chez les enfants admis dans un centre de
récupération nutritionnelle (CREN), l'efficacité du
traitement et la qualité du suivi nécessitent une bonne
évaluation nutritionnelle (Sondé, 2009). L'évaluation
contribue à améliorer la qualité de la prise en charge
(DN, 2007) en essayant de déterminer et de montrer aussi objectivement
et systématiquement que possible la pertinence, l'efficacité et
l'impact d'un programme, compte tenue de ses objectifs (FAO, 2010). Mais les
programmes de nutrition sont rarement évalués et leur
efficacité est difficile à démontrer (Briend, 1992). Selon
l'UNICEF, jusqu'en 2010 au Burkina Faso, les CREN élaboraient les
statistiques mensuelles de la PECMA mais dans la plupart des centres non
appuyés par une ONG, les indicateurs de performance (taux de
guérison, taux d'abandon, taux de décès, taux de non
répondants, ...) n'étaient pas calculés. Les
données récoltées au niveau des CREN privés, sous
un format standard sont transmis au niveau des régions ou des districts.
Mais au niveau des districts, aucune analyse des données n'est faite
pour tirer des informations susceptibles d'aider à la prise de
décision. Les districts compilent et acheminent les données au
niveau central et il n'y a aucune rétro-information aux niveaux des
prestataires de soins (UNICEF, 2010). Il s'avère donc justifié
que l'évaluation du CREN du CSPS Juvénat-Fille de Saint Camille,
privé et non appuyé par une ONG, était
nécessaire.
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