A mes parents,
Pour leurs énormes sacrifices, l'heure la plus
sombre est celle qui vient juste avant le levé du soleil. Proverbe
oriental.
Ayons foi en l'avenir.
REMERCIEMENTS
Le présent travail n'aurait pas pu être
réalisé sans le concours, sous quelque forme que ce soit, de
certaines personnes à qui nous adressons nos sincères
remerciements.
Nous remercions tout d'abord notre directeur, le Docteur
Robert KPWANG, pour avoir bien voulu diriger ce travail ainsi que ses conseils
multiformes et sa disponibilité constante en dépit de ses
multiples occupations et préoccupations.
Nos remerciements vont ensuite à l'encontre de nos
informateurs, tant ceux cités dans le travail que ceux qui ont bien
voulu garder l'anonymat. Nous leur en sommes gré.
A tous nos enseignants du département d'histoire de
l'Université de Yaoundé I et de l'Ecole Normale Supérieure
de l'université de Yaoundé I, Nous leur remercions pour leurs
formations et le culte de l'effort qu'ils nous ont inculqué.
Puissent-ils trouver ici notre profonde reconnaissance.
A notre grande famille, nos frères et soeurs, pour leur
soutien moral et leur encouragement sans faille.
A madame Chaché née Tseguen Clotilde pour ses
précieux conseils ainsi que pour son soutien matériel.
A nos amis de toujours, nos compagnons de route, dont ni la
distance ni le temps n'ont su altérer les liens profonds qui nous unis.
Nous pensons notamment à Valéry Dzeumkoé, Gislain Takouo,
Bertrand Mbiakop, Lambert Metampa, Alexis Njohnou, Martial Tagatio...
A toute notre promotion de l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun (IRIC) pour les encouragements sans faille qui ont
été les leurs durant ces deux années. Nous leur en sommes
gré.
A Mademoiselle Clarisse Alida Djiya pour avoir bien voulu
mettre à notre disposition le matériel ayant servi à la
saisie de ce travail.
A Mademoiselle Moudze Sandrine pour sa disponibilité et
son effort de recherche de certains documents ayant servis à la
réalisation de ce travail. Puisse-t-elle trouver ici notre profonde
reconnaissance.
Enfin, que toutes les personnes, de près ou de loin,
qui reconnaissent avoir contribué, à quelques niveaux que se
soit, à la réalisation de ce travail, trouvent ici le
témoignage de notre profonde gratitude et l'expression de notre
sincère reconnaissance.
SOMMAIRE
Pages
DEDICACE.................................................................................................i
REMERCIEMENTS.......................................................................................ii
SOMMAIRE...............................................................................................iii
LISTES DES SIGLES ET
ABBREVIATIONS......................................................vi
LISTES DES TABLEAUX, ILLUSTRATIONS ET DOCUMENTS
ANNEXES............vii
RESUME.................................................................................................viii
ABSTRACT................................................................................................ix
INTRODUCTION
GENERALE........................................................................1
PREMIERE PARTIE : LE CAMEROUN DU PARTI
UNIQUE A L'EXPERIENCE DEMOCRATIQUE : LA TRAME DE LA DEMONOPOLISATION DU
SYSTEME POLITIQUE CAMEROUNAIS
(1982-1992)......................................................17
CHAPITRE I : LES FACTEURS DE LA
LIBERALISATION POLITIQUE AU CAMEROUN (1982-1990). LES PREMICES DE LA
DEMOCRATISATION................18
I-LES FACTEURS EXOGENES : LA FIN DE LA GUERRE FROIDE ET
LA LEGITIMATION DU « DISCOURS DE LA
PAIX».............................................18
A-L'EFFET GORBATCHEV OU LA FIN DU BLOC DE
L'EST..............................19
B-L'AFFIRMATION DES REGIMES CAPITALISTES OU LA NAISSANCE DE
L'UNIPOLARITE.......................................................................................22
II-LES FACTEURS ENDOGENES : LES AVATARS DE L'ALTERNANCE
POLITIQUE AU
CAMEROUN........................................................................................25
A-LE CHANGEMENT DE REGIME POLOITIQUE AU CAMEROUN : ENTRE
CONTINUITE ET
ESPOIRS...........................................................................25
B-CRISE SOCIALE ET NAISSANCE DES APPETITS DE
POUVOIRS......................30
CHAPITRE II :
L'AVENEMENT DU PLURALISME POLITIQUE OU LE RETOUR A L'EXPERIENCE
DEMOCRATIQUE AU CAMEROUN (1990-1992). LE DISCOURS DE LA PAIX A
L'EPREUVE..............................................................................34
I-LES GRANDES ETAPES DE L'OUVERTURE POLITIQUE AU
CAMEROUN : ENTRE CONTAGION ET EPIDEMIE
PROPRE.............................................................34
A-L'IMPULSION DE L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL : L'EFFET
PAPILLON SE
MATERIALISE......................................................................................34
B-LES SIGNES INTERNES DE LA DEMOCRATISATION AU CAMEROUN :
DES REACTIONS EPARSES AUX MANIFESTATIONS DE
MASSE..............................38
II-LE VENT D'EST AU CAMEROUN : MANIFESTATIONS ET
REAPPROPRIATION
INTERNE..................................................................................................41
A-L'EPOPEE DES BOULEVERSEMENTS SOCIAUX : LA PAIX EN
QUESTION........42
B-L'ETAPE DE LA CONSTRUCTION D'UN DIALOGUE SOCIAL :
REALITES ET
LIMITES................................................................................................45
DEUXIEME PARTIE : DE LA TRANSITION
DEMOCRATIQUE A LA DEMOCRATISATION DE LA SOCIETE POLITIQUE AU CAMEROUN :
LES USAGES DU SYMBOLE DE LA PAIX
(1992-2006)..........................................................52
CHAPITRE III : LA CONSTRUCTION DE
«L'HEGEMONIE DE PACIFICATION »AU CAMEROUN : LE POIDS DE
L'INCIDENCE INTERNE -EXTERNE (1992-2000)........53
I-LA MISE EN PLACE D'UN ESPACE DEMONOPOLISE AU CAMEROUN :
VOLONTE DE FAIRE CORPS AVEC LA MONDIALISATION ET FIN DE LA TRANSITION POLITIQUE
(1992-1997)..............................................................................53
A-LE CAMEROUN ENTRE CRISE DE MULTIPARTISME ET VOLONTE DE
LIBERALISATION POLITIQUE : ENTRE REFORMES IMPORTANTES ET MENACES SUR LA
PAIX..........................................................................................53
B-L'AMELIORATION NECESSAIRE DE L'IMAGE INTERNATIONALE DU
CAMEROUN : LE DOUBLE JEU GOUVERNEMENT-
OPPOSITION........................57
II-LE CAMEROUN SOUS LE PRISME DE LA COMMUNAUTE
INTERNATIONALE : UNE CREDIBILITE NECESSAIRE ?
(1997-2000)................................................62
A-ENTRE ESPOIRS ET ILLUSIONS : CONSTRUCTION D'UNE
« QUERELLE POLITIQUE » ENTRE LE CAMEROUN ET LA COMMUNAUTE
INTERNATIONALE.62
B-LA REACTION CAMEROUNAISE : LE RENFORCEMENT DU SYSTEME
DE GOUVERNANCE
PUBLIQUE........................................................................66
CHAPITRE IV : LE CAMEROUN FACE AUX ENJEUX
DE LA DEMOCRATISATION AU DEBUT DU XXIEME SIECLE : ENTRE
EXIGENCES INTERNATIONALES ET VOLONTE INTERNE
(2000-2006)...................................................................70
I-DES SANCTIONS INTERNATIONALES AUX INITIATIVES
INTERNES : «SORTIR DE LA CRISE DE DEMOCRATISATION»
(2000-2004).......................................70
A-LE PROCESSUS DE DEMOCRATISATION AU BORD DU GOUFFRE OU «
LA GREFFE QUI TARDE A PRENDRE» : LES MENACES SUR LA
PAIX.....................71
B-LA POURSUITE DES MESURES DE BONNE GOUVERNANCE : LE
DEBUT DE LA FIN DE L'IMPUNITE ? ENJEUX ET
REALITES.................................................73
II-«LE GRAND BOND» OU L'ARRIMAGE PROGRESSIF DU
CAMEROUN AUX ENJEUX DE DEMOCRATISATION EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE A L'AUNE DU
XXIEME SIECLE
(2004-2006)..........................................................................80
A-TIRER LES LEÇONS DU PASSE : LA DEMOCRATISATION
PASSE PAR L'ERADICATION DE FLEAUX SOCIAUX. LA REALITE
CAMEROUNAISE............80
B-ENTRE BATAILLE AUTOUR D'UNE COMMISSION ELECTORALE
INDEPENDANTE ET REFORMES ECONOMIQUES SUBSTANTIELLES...............84
CONCLUSION
GENERALE...........................................................................89
SOURCES ET REFERENCES
BIBLIOGRAPHIQUES...........................................93
ANNEXES.............................................................................................101
TABLE DES
MATIERES...........................................................................133
LISTE DES SIGLES ET ABBREVIATIONS
AN : Assemblée Nationale
ANIF : Agence Nationale d'Investigation
Financière
ANY : Archives Nationales de Yaoundé
BICIC : Banque Internationale du Cameroun pour
l'Industrie et le commerce
CONAC : Commission Nationale Anti- Corruption
DSA : Dimension Sociale de l'Ajustement
DSRP : Document Stratégique de Réduction de
la Pauvreté
DTS : Droit de Tirages Spéciaux
ELECAM : Election's Cameroon
FALSH : Faculté des Arts, Lettres et Sciences
Humaines
FBI : Federal Bureau of Investigation
FMI : Fond Monétaire International
FPAE : Fondation Paul Ango Ela
IFC-Y : Institut Français du
Cameroun-Yaoundé
IPPTE : Initiative des Pays Pauvres et Très
Endettés
MDR : Mouvement Des Républicains
NOIA : Nouvel Ordre International Africain
OCI : Organisation de la Conférence Islamique
OMD : Objectif du Millénaire pour le
Développement
ONEL : Observatoire National des Elections
ONG : Organisation Non Gouvernementale
ONU : Organisation des Nations Unies
ONUDC : Organisation des Nations Unies contre la Drogue
et la Corruption
OUA : Organisation de l'Unité Africaine
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PNG : Programme National de Gouvernance
RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple
Camerounais
SDF : Social Democratic Front
UDC : Union Démocratique du Cameroun
UNC : Union nationale Camerounaise
UNDP : Union Nationale pour la Démocratie et le
Progrès
UPC : Union des Populations du Cameroun
URSS : Union des Républiques Socialistes et
Soviétiques
USA: United States of America
LISTE DES TABLEAUX, ILLUSTRATIONS ET DOCUMENTS
ANNEXES
Tableau n° 1 : taux de croissance de
l'URSS sous Brejnev en % et par an...............
Tableau n° 2 : taux de croissance
annuel moyen de l'économie soviétique entre 1971 et
1985..................................................................................................
Tableau n° 3 : sélection de
quelques partis politiques de l'opposition......................
Tableau n° 4 : résultats des
élections législatives de 1992 ainsi que le nombre de
sièges par partis
politiques.......................................................................................
Carte n° 1 : carte politique du
Cameroun à l'issue des législatives de 1992................
Tableau n° 5 : résultats de
l'élection présidentielle de 1992 au Cameroun par candidat et par
région.....................................................................................................
Carte n° 2 : carte politique du
Cameroun à l'issue des présidentielles de 1992...............
Tableau n° 6 : résultat des
élections législatives de 1997 au
Cameroun........................
Graphique n° 1 : courbe
d'évolution des ratifications des conventions de Mérida et de
Palerme...................................................................................................
Graphique n° 2 : évolution du
taux de ratification de la convention de Mérida par continent et en
pourcentage........................................................................................
Photo n° 1 : Monsieur Ni John Fru Ndi,
principal leader de l'opposition camerounais.........
Photo n° 2 : Le Chef de l'Etat Paul
Biya..................................................................................
Photo n° 3 et 4: Messieurs
François Xavier Mbouyom, ancien président de l'ONEL et Samuel
Fonka Azuu, actuel président
d'ELECAM................................................
Annexe n° 1 : quelques lois
importantes promulguée entre 1990 et 1992 (la loi relative aux partis
politiques, la loi portant amnistie des infractions et condamnations politiques
et la loi portant réhabilitation de certaines figures de l'histoire du
Cameroun.............................
Annexe n° 2 : Allocution de M. Ni John
Fru Ndi à l'occasion de sa proclamation de victoire aux élections
présidentielles de
1992..................................................................
Annexe n° 3: discours de Madame Frances
Cook lors du discours d'adieu offert à son honneur par le gouvernement
Cameroun................................................................
Annexe n° 4: rapport liminaire du NDI sur
les élections présidentielles du 11 Octobre 1992 au
Cameroun................................................................................................
Annexe n° 5: composition du gouvernement de
coalition de 1992 à l'issue des élections présidentielles
de
1992.....................................................................................
Annexe n° 6 :
déclaration d'approbation du Programme national de
Gouvernance...................
RESUME
Le lien entre le processus de démocratisation et le
maintien de la paix et de la stabilité a été
institutionnalisé comme paradigme d'analyse des relations
Internationales au début des années 1990. Si au Cameroun,
« l'ouverture » s'est manifestée un peu tôt
à la faveur de la passation de pouvoir de 1982, il n'en demeure pas
moins que ce sont les évènements de 1990 à 1992 ont
précipité le Cameroun dans l'ouverture au multipartisme. Celle-ci
s'est manifestée parfois par des procédés violents, des
élections contestées, mais la classe politique a su pendant cette
période, malgré des divergences il est vrai, trouver des points
de consensus traduisant ainsi la volonté pacificatoire et pacificatrice
qui les animent. Dès lors, l'étape des élections
tumultueuses ont laissé place à une période de malaise
général au sein de la société camerounaise
où la population souffre de nombreux maux et où l'on constate une
vie ostentatoire de sa classe dirigeante. Comme à la période
précédente, les injonctions de la communauté
internationale auront raison du gouvernement qui entreprit des réformes
visant à aménager un cadre de gouvernance viable et fiable au
Cameroun. Ceci passa par des mesures de lutte contre la corruption et de
réhabilitation progressive des institutions démocratiques. Ainsi,
le gouvernement du Cameroun obtiendra quelques lauriers au nombre desquels on
mentionne l'atteinte du point d'achèvement de l'initiative pays pauvres
très endettés.
ABSTRACT
The link between democratization, maintenance of law, order
and stability has been institutionalizing as a paradigm for the analysis of
international relations in the early 1990. In fact, Cameroon started quiete
earlier this process, namely by the transfer of power of 1982, though it is the
events of 1990 to 1992 that will really settle multipartism in Cameroon. The
advent of this multipartism will be followed by rude process, controversial
elections, but the political class, inspite of difference of opinion came out
with a consensus, showing their lively need of peace; From then on, Cameroon
stepped forward turmoiled elections, but this set place to a period of general
problems in the society; In the meantime, the ruling class was having a
luxurious life. Similarly to the previous period, the interference of the
international community will have reason on the government that will take some
reforms so as to settle viable and reliable governance in Cameroon. This was
made possible through some measures of fight against corruption and progressive
rehabilitation of democratic institutions. By so doing, the government earned
some laurels within which we had the completion point of the initiative poor
and heavily in debt countries.
INTRODUCTION GENERALE
En Décembre 1990, le président Américain
Georges Bush annonçait au monde la volonté des USA d'assurer la
paix et la stabilité partout dans le monde. Ceci passait par la
promotion des régimes de démocraties libérales. Si ces
mesures ont connues leurs « années de gloires » avec
le phénomène de la fin des régimes monolithiques d'Afrique
noire, il faut dire que les années n'ont pas suivi les exploits
escomptés. En effet, le 19 Décembre 2000, la Côte d'Ivoire,
un exemple de démocratie jusque reconnu sombre dans le
« chaos ». En Mars 2003, La République
Centrafricaine est en proie à de nouveau tumulte dont les
répercutions se sont fait sentir au Cameroun. Toutes ces
considérations nous ont amené à nous interroger la
fonctionnalité et la régularité du diptyque
« démocratie et paix »dans ce que Zartman a
appelé les fauled States1(*).
Ainsi, le fonctionnement de la démocratie camerounaise
se fait, depuis 1990, sur un double prisme à la fois interne et externe.
Se faisant, elle coïncide avec les idéaux de la fin du
XXème siècle, l'évolution politique du Cameroun
a, après les années de braise, retrouver peu à peu une
stabilité. C'est donc la volonté de ressortir les tenants et les
aboutissants de cette situation qui nous poussé à définir
le thème de recherche intitulé « Le symbole de la paix
dans le processus de démocratisation des « régimes
monolithiques » d'Afrique noire : le cas du Cameroun
(1982-2006). Approche historique ».
Cette partie du continent a été
présenté comme le talon d'Achille en matière
d'avancée démocratique. En outre, le choix du Cameroun
obéit à une logique d'identification et d'identisation. Ceci
apparait d'autant plus pertinent que Zacharie serge Nyanid2(*) écrivait à
l'ouverture de sa thèse que son choix d'éviter le Cameroun dans
son étude,
Participe non de faire dans la langue de bois que dans le fait
que malgré les entorses relatives qu'on pourrait constater ça et
là dans ce pays, il demeure un îlot de paix où jusqu'alors
aucune dérive démocraticide n'a été
observée .
« Ilot de paix », voilà justement
le terreau dans lequel notre travail ambitionne de se déployer. Ceci
pour ressortir les tenants et les aboutissants de cette
réalité.
Intérêt de la recherche
Ce sujet révèle des intérêts
à plus d'un titre. Et puisque « la pensée d'un auteur,
un mouvement scientifique ou encore une science sont en rapport avec le milieu
social qui les suscite» selon Saint-Arnaud3(*), sur un plan beaucoup plus subjectif, le désir
de traiter ce thème relève tout d'abord de notre formation
d'historien désireux d'apporter sa contribution à la
rédaction et à la compréhension de l'histoire de son pays.
Ensuite, nous avons été marqués par l'unité
d'enseignement portant sur « la résolution des conflits et la
promotion de la paix » de master I à l'université de
Yaoundé I. Nous nous sommes alors rendu compte que les Relations
internationales avaient subi de profondes modifications après 1990.
Ainsi, au Cameroun comme partout en Afrique, la légitimation politique
passe désormais non seulement par l'ouverture démocratique, mais
aussi par la préservation de la paix et d la stabilité. Ilo est
donc important pour nous de ressortir l'influence de la communauté
internationale sur les choix politiques, stratégiques et gouvernementaux
du Cameroun.
Sur un autre plan plutôt objectif, notre
intérêt relève de ce que le monde de l'après 1990
est celui d'un capitalisme triomphant. En situant notre travail quelques
années avant ces bouleversements, nous avions aussi la volonté de
mettre en évidence la réponse du Cameroun par rapport aux
nouvelles dynamiques de la communauté internationale que sont la
stabilité et la démocratie. Ainsi donc, le Cameroun pourrait
constituer un espace-leader en ce sens qu'il peut et doit servir d'exemple pour
les autre pays d'Afrique noire dans ce vaste contexte qu'est la mondialisation.
Cadre théorique de la
recherche
La recherche historique est un long canevas mêlant
à la fois discussions aussi bien d'époques que d'écoles.
De fait, l'histoire a toujours été considérée comme
« une science du passé »4(*) en ce sens qu'elle est
sensée s'occuper des périodes révolus. Mais
progressivement, la conception historique connut des changements et des
évolutions non seulement sur l'objet de la discipline, mais aussi sur le
concept de « périodicité ». Resté
latente pendant les périodes antiques et moyenâgeuses, elles
prirent de l'ampleur au début du XXème siècle
avec la fondation de l'école des Annales dont les travaux
influencèrent la science historique. Désormais, l'histoire quitte
le champ de l'évènementiel pour recouvrir celui de « la
globalité et de la totalité »5(*). Ainsi, écrit Fernand
Braudel, « l'histoire se trouve aujourd'hui, devant des
responsabilités redoutables, mais aussi exaltantes. Sans doute parce
qu'elle n'a jamais cessé, dans son être et dans ses changements,
de dépendre des conditions sociales concrètes. L'histoire est
fille de son temps »6(*). C'est donc dire qu'avec l'école des Annales,
c'est non seulement un pan de l'histoire qui se ferme, mais c'est aussi une
nouvelle ère qui s'ouvre car désormais, « tout est
objet de l'histoire » au sens de Marc Bloc. Aucun domaine
n'échappe désormais à l'entendement historique. Mais, un
problème demeure à savoir celui de la
périodicité.
En effet, la perspective évènementielle et
annaliste de l'histoire considère toujours qu'il doit avoir un
fossé entre la période des faits et leur moment d'étude.
En un mot, « le temps de l'histoire doit être différent
du temps de l'historien »7(*).Il faut dire cette conception de l'histoire a
été très répandue dans la plupart des Etats
francophones d'Afrique. Mais cette approche apparait de plus en plus comme une
incongruité. Ceux d'autant plus que ce modèle a connu des
réaménagements dont on tarde encore à s'en apprivoiser
sous les tropiques. Or, à l'heure de la cybernétique, pourquoi
rester dans ce que René Rémond a appelé la
« proto-histoire »8(*). C'est sous ce prisme que voit le jour la perspective
de la nouvelle histoire avec des auteurs comme Emmanuel Leroy Ladurie,
René Rémond... rejoignant ainsi certains auteurs antiques comme
Voltaire qui établissait un rapprochement étroit entre l'objet
étudié et le temps d'étude. C'est ainsi que sonne le glas
de l'approche classique de l'histoire mettant en relief la possibilité
d'une histoire immédiate dont la consécration est manifeste au
début des années 1990 et qui constitue aujourd'hui tout un champ
de la recherche historique9(*).
L'histoire immédiate appréhende désormais
les faits actuels comme relevant de l'analyse historique. Le reproche à
eux fait par les annalistes est relative à la temporalité car dit
Fernand Braudel l'histoire s'évalue et s'appréhende sous le
prisme de ce qu'il appelle « la longue durée » qui
catégorise les évènements entre
« évènements-monstre » et donc propre
à l'histoire et les « phénomènes de
surface » qui relève beaucoup plus du journalisme.
Le mot est lancé et les historiens de l'histoire
immédiate sont assimilés aux journalistes car traitant des faits
présents et actuels comme des journalistes sans toute
considération sur la durée des faits étudiés. Or,
abordant cette problématique du « présent »
en histoire, Corneille y répondait déjà dans ses
mémoires lorsqu'il écrivait que « considérer
l'histoire comme une science relevant de l'étude du passé, c'est
bien omettre que toute étude se fonde d'abord sur la
réalité vécu par les hommes du
présent »10(*). C'est donc dire qu'il n'existe pas de passé
sans présent tout comme le présent ne prend du sens et de la
compréhension que par rapport à l'intériorisation du
passé. Cela donne donc au présent une consonance relativiste.
Alors, qu'est-ce donc que le présent ? Pour Marc Bloch,
« le présent est cet instant qui meurt aussitôt
né »11(*). C'est dire que tout instant passé est
considéré comme relevant du domaine de l'histoire. Comme l'a donc
écrit, Henri Irénée Marrou, « tout ce qui a
été dit hier, tout ce qui é été dit il y a
une heure, tout ce qui a été dit il y a une minute fait partir du
passé »12(*) et donc peut être étudié.
Tout compte fait, la querelle des époques et des
écoles ne pourrait contribuée qu'à affaiblir la science
historique plus globalement. Si le problème de l'histoire
immédiate est celui du risque de faire du journalisme, il faut tout
suite dire que ce qui distingue l'historien du journaliste c'est
« l'effort de mise en perspective historique » qui
caractérise l'historien. Cet effort de mise en perspective donne
à l'historien de l'histoire immédiate l'obligation de faire
preuve de la pluri-disciplinarité qui occupe ainsi une place de choix
dans ses investigations.
C'est donc dans toutes ces considérations d'ensemble
qu'ambitionne de s'inscrire le présent travail non pas pour battre en
brèche la conception classique de l'histoire, mais pour montrer tout
simplement que l'histoire peut et doit désormais être
analysé selon de nouveaux postulats afin de faire de cette discipline
« la mère des sciences » au sens d'Hérodote.
L'histoire se doit de s'accommoder à l'évolution du temps
à la fois au sens historique qu'au sens classique du terme13(*). C'est donc seulement ainsi
que la science historique prendra plus d'échos dans les
sociétés d'Afrique francophone globalement et du Cameroun
spécifiquement.
Cadre conceptuel de la recherche
Comme l'écrit Emile Durkheim, « les mots de
la langue usuelle comme les concepts qui les expriment sont toujours ambigus et
le savant qui les exploiterait tel qu'il les reçoit de l'usage sans leur
faire subir d'autres élaborations s'exposerait aux plus graves
confusions »14(*). Ainsi poursuit-il,
Toute investigation scientifique porte sur un groupe
déterminé de phénomènes qui répondent
à une même définition [...] La première
démarche du chercheur [...] doit être de définir les choses
dont il traite afin que l'on sache de quoi il est question [...] C'est la
première et la plus indispensable condition de toute preuve et de toute
vérification15(*).
Ainsi donc, il convient dans le cadre de ce travail, pour
éviter toute confusion, de définir les concepts clés de
notre recherche. Le premier de ces concepts c'est le concept de
démocratisation. De prime abord, il faut préciser que
démocratisation ne veut pas dire démocratie même si le
concept de « démocratisation est une excroissance de celui de
démocratie dans la mesure où il implique une action tendant
à l'instauration des normes, pratiques et valeurs d'un système
démocratique »16(*). Dans cette logique, il convient de s'appesantir un
instant sur le concept de démocratie car son éclaircissement
permet une meilleure compréhension de celui de démocratisation.
De fait, l'examen de la notion de démocratie exige un
« passage obligé par l'histoire et l'évolution des
mentalités, des institutions, des mutations sociales et
économiques, qui met à jour peu à peu l'avènement
d'un régime politique autre que la monarchie et la
tyrannie... »17(*). Comme on peut le constater, la démocratie
n'est pas seulement une manière d'être des institutions, elle est
plus encore peut-être une exigence morale. Or, cette exigence n'est pas
définissable dans l'abstrait, car son contenu est
déterminé à la fois par l'insatisfaction que procure une
situation présente et par l'image de ce que serait un ordre
politico-social meilleur18(*).
Démocratisation s'entend donc selon le dictionnaire
Larousse comme « l'action de démocratiser ». Au
plan strictement interne, elle s'entend comme « le processus
d'établissement et de reconstruction d'un régime de
libertés appréciés tant au niveau de son enracinement
durable que de son authenticité en matière de respect de la
volonté populaire et des Droits de l'Homme »19(*). Passer donc d'une conception
interne à une conception globale, amène à
considérer ce concept comme,
Une quête inachevée, qui s'appréhende sous
la perspective d'un processus par lequel les règles et les
procédures de la citoyenneté sont soient élargies afin
d'englober les individus qui n'en bénéficiaient pas, ou encore
étendues pour recouvrir les domaines et les institutions qui
précédemment étaient fermés à la
participation des citoyens20(*).
Dans cette logique, Georg Sorensen21(*) élabore trois
modèles de démocratisation à savoir les
démocratisations faibles et non consolidées, les
démocratisations confrontées aux problèmes
socio-économiques et les organisations et mobilisations populaires pour
la démocratie. Le premier modèle s'observe dans les pays
politiquement et économiquement non viables. Ce sont des
démocratisations dites « néo-patrimoniales »
marquées par l'omniprésence du « chef ». Le
Cameroun comme la plupart des pays d'Afrique noire obéit à ce
premier modèle de démocratisation.
Coïncidant donc avec les idéaux de la fin de la
guerre froide, la démocratisation s'entend donc comme,
Le développement d'une culture démocratique
précise, exigeante, évolutive, à la fois originale pour le
peuple qui la génère et s'y reconnait, et pourtant universelles
par leurs valeurs et principes qu'elle inculture [...] : Droits de l'Homme
et des peuples. Le principe de fonctionnement est le dialogue
systématiquement institutionnalisé supposant la reconnaissance de
multiples pôles d'autorités [...] et par conséquent la
distinction des pouvoirs coordonnés [...] Il y a démocratisation
lorsqu' un progrès dans la distinction et la coordination des pouvoirs
est réalisé. Une démocratisation est donc une double
dynamique de pluralisation et de cohérence22(*).
Le second concept est celui de la paix. La paix, voilà
un concept dont la consonance et la signification posent un certains nombre de
problèmes. En effet, s'il est des termes dont la définition pose
problème, le concept de paix fait partie de ces termes. De fait, tout
comme il est impossible de penser à la vie sans penser à la mort,
il est difficile de concevoir la paix sans la guerre, la stabilité sans
le conflit, le repos sans le tumulte. Ainsi donc, pour comprendre le concept de
paix, il faut élucider celui de guerre car comme le dit Proudhon,
« la guerre a pour elle le fait, c'est-à-dire une possession
de six milles (6000) ans, tandis que la paix est toujours à
l'état de projet et de perspective »23(*). Alors, Thierry de Montbrial
et Jean Klein continue en déclarant que :
La guerre a sur la paix l'avantage de la visibilité
[...] Le fait qu'on en donne souvent une réponse négative
(absence de guerre ou intervalle entre deux guerres) ne plaide pas en faveur
d'un repérage chronologique, mais souligne aussi combien il est
difficile de donner à la paix un visage autre que banal et sans
relief24(*).
Comprise alors comme « l'état de concorde,
d'accord entre les membres d'un groupe, d'une nation » selon le
Petit Larousse, « la paix désigne un état
positif de concorde, d'harmonie, de sérénité et n'est donc
pas qu'une simple absence de guerre »25(*).Elle est un bel idéal qu'on cependant
difficilement cerner, mesurer ou localiser. En effet, « la paix pose
des problèmes bien plus complexes que la guerre, celle-ci peut
être totale, la paix ne l'est jamais »26(*). La charte des nations Unies,
acte fondateur du nouvel ordre mondial après 1945 fait du respect et du
maintien de la paix le premier de ses objectifs27(*).
C'est dire que la paix a donc désormais son statut, de
plus en plus précis et détaillé. Ainsi, le projet de paix
perpétuel d'Emmanuel Kant, remis au gout du jour après 1009
assimile le maintien de la paix à la pratique de la démocratie.
Alors, le concept de paix a une signification polysémique et polymorphe
car il signifie à la fois un état d'esprit (paix
intérieure) et un comportement. En tant que comportement, il peut s'agir
du comportement d'un individu ou d'un Etat. Dans le cas d'un Etat, la paix est
alors assimilable à la stabilité. Il est donc important de
considérer dans ce travail, de manière interchangeable, les
concepts de paix et de Stabilité.
La stabilité, étymologiquement
« caractère de ce qui est stable », pour un Etat est
une conjonction à la fois des données structurelles et du
comportement de ceux qui constituent au sens de Luc Sindjoun, « le
marché gouvernant ». Le maintien de la paix c'est donc le
maintien de la stabilité. Et ceci n'est possible que si l'ensemble des
acteurs de la société internationale appréhendent et
apprécient une même logique de comportement. Ainsi, la convergence
vers l'unilatéralisme de la pensée est induite par la promotion
des valeurs démocratiques de plus en plus véhiculées sur
la scène internationale. C'est ainsi que le concept de la paix prend des
allures de mondialisation au point où l'on pense désormais
à « mondialiser la paix ». Mondialiser la paix
suppose donc prôner des valeurs de démocraties car « les
démocraties tendent à former une communauté de
sécurité informelle reposant sur leur caractéristiques
domestiques et au sein de la quelle le recours à la violence et à
la guerre seront pour l'essentiel exclu »28(*).
Ainsi, l'un des faits majeurs de la fin du
XXème siècle est « l'émergence de la
mondialisation comme paradigme quasi-central de l'évolution des
Relations Inter-étatiques »29(*). Cette dernière est dès lors
présentée comme une « occurrence irrésistible,
un évènement implacable, un phénomène d'ordre
quasi-naturel, qui déferlerait sur nos sociétés comme une
forte pluie dont on ne peut attendre à la fois des effets fertilisants
et quelques dégâts matériels »30(*). C'est donc dans toutes ces
considérations conceptuelles qu'il faudra comprendre certains concepts
utilisés dans le cadre de ce travail.
De plus, l'expression important dont il est nécessaire
de clarifier est celui de « régimes monolithiques ».
De fait, définir l'expression de régimes monolithiques revient
à clarifier celui de régime. En effet, un régime se
définit étymologiquement vient du latin regimen qui
signifie « direction », « c'est une règle
observée dans le mode de vie »31(*). C'est le mode de fonctionnement d'une organisation
politique, économique et sociale d'un Etat32(*). Le terme monolithique quand
à lui est un adjectif qui signifie « d'un seul bloc où
il n'y a pas de tendances ». Ainsi, un régime monolithique est
un régime au sein duquel le fonctionnement politique, économique
et social suit un seul et même direction. Cela veut dire que ce type de
régime est basé sur la volonté d'un seul homme. Ils
furent institués en Afrique au lendemain des indépendances
basé sur le règne de ceux que l'on a appelé
« les pères d'indépendances »33(*) dont les régimes
étaient basés sur l'institution d'un parti unique, « un
parti unifié », comme ils l'appelaient à cette
période, l'embrigadement de la parole, le bannissement des opposants
politiques.
Ainsi, les évènements de 1990 constituent donc
à cet égard un changement radical dans le mode de gouvernance
où désormais, le jeu politique est favorisé par
l'organisation d'élections démocratiques. C'est ainsi que les
anciennes dictatures d'Afrique noire ont été, malgré
elles, contrainte à s'ouvrir aux nouvelle dynamiques mises en place par
l'accroissement du phénomène de la mondialisation. C'est donc
dans cette logique qu'il faut entendre l'expression de régimes
monolithiques dans le cadre de ce travail.
Cadre Spatio-temporelle de la
recherche
Tout travail de recherche, tout raisonnement scientifique
obéit au diptyque espace-temps. Et ceci est d'autant plus important que
l'histoire a justement pour vocation de « reconstituer ce qui s'est
passé ». Ainsi, la réalisation de ce travail prend en
compte un découpage à la fois spatial et temporel.
L'espace d'étude considéré ici est le
Cameroun, pays situé en Afrique centrale au fond du golfe de
guinée, constitué d'une multitude d'ethnie et gouverné par
l'interaction de plusieurs climats. Cet état de chose fait de lui le
microcosme de l'Afrique. De fait, avec une population estimée à
19406100 habitants, le Cameroun est un pays considérable et à
considérer non seulement dans la logique des puissances en Afrique
centrale qu'en Afrique en général.
La délimitation chronologique quant à elle se
déploie dans le cadre temporel dont les extrémités sont
1982 et 2006. La première extrémité marque la date de la
passation de pouvoir au Cameroun entre les présidents Ahmadou Ahidjo et
Paul Biya. « Transition pacifique » a-t-on
considérer au soir du 06 Novembre 1982.
La seconde extrémité à savoir 2006,
marque un double évènement au Cameroun, l'atteinte du point
d'achèvement de l'Initiative Pays Pauvre Très Endetté
(IPPTE) et la signature du décret de loi portant création
d'Election's Cameroun (ELECAM). Il s'agira donc essentiellement de mettre en
évidence le fonctionnement du duopole démocratisation et paix
dans l'espace-temps considéré.
Revue de la littérature
Yves Alexandre Chouala34(*) écrivait que « toute construction
scientifique est une immense combinatoire, une reformulation et une
création nouvelle à partir du déjà là»
et Jean Pierre Frangnière35(*) de dire que :
On est rarement le premier à aborder une question, ou
plus précisément, le champ thématique que l'on entreprend
a déjà été balisé par des études
voisines ou « cousines », ou bien il se
réfère à des termes fondamentaux sur lesquels les
bibliothèques entières ont été écrites.
Ainsi donc, il est nécessaire de faire l'inventaire
des travaux relatifs à la thématique de la démocratisation
au Cameroun. Que se soit « la revue de la
littérature »36(*) pour les uns ou « l'état de la
question »37(*)
pour les autres, c'est un exercice important car il jette les bases de
l'orientation ou la réorientation même de la thématique
choisie. Ainsi donc, la démocratisation au Cameroun a fait l'objet d'une
immense littérature. Nous avons entre autre Hugues François
Onana38(*), Zacharie
Ngniman39(*) et Valentin
Ndi Mbarga40(*). A la
différence des deux premiers qui font simplement l'assemblage
d'évènements historiques relatifs à la période de
démocratisation au Cameroun, Valentin Ndi Mbarga y apporte des analyses
importantes notamment sur l'impact de la conjoncture internationale sur le
processus de transition démocratique au Cameroun. Néanmoins, son
analyse fait la part belle à l'exagération de
l'élément ethnique dans le choc des idées au Cameroun.
Moukoko Priso41(*) y apporte une analyse supplémentaire et
complémentaire en y mettant en exergue le rôle de l'opposition
Camerounaise dans l'ouverture démocratique au Cameroun. Mais, on y
relève une confusion entre l'histoire politique du Cameroun et celle du
«parti nationaliste » l'Union des Populations du Cameroun (UPC).
En outre, Zacharie Ngniman42(*) dans un autre ouvrage y fait un bilan de
l'évolution démocratique au Cameroun. Pour lui, la
démocratisation ne saurait être une donnée figée
mais bien un construit qui devra chaque subir des aménagements. Mais,
pour Ngniman, cette construction est imputable seulement au parti au pouvoir
d'où le risque pour lui de faire l'hagiographie du parti au pouvoir le
Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). Or, la
démocratisation d'un Etat est une interaction gouvernement-opposition.
De plus, il n'insiste pas sur l'élément de la paix ou mieux de la
stabilité dans la construction de cette architecture.
Fabien Eboussi Boulaga43(*) à travers son ouvrage met en évidence
tous les mécanismes ayant entouré le processus
démocratique au Cameroun. Pour lui l'ouverture démocratique au
Cameroun est antérieure à ce qu'il est convenu d'appeler
« le vent de démocratisation venu de l'Est ». C'est
pourquoi il divise la période camerounaise de démocratisation en
deux ; ce qu'il appelle « la démocratisation du parti
unique » et la « démocratisation à l'heure du
pluralisme politique ». Ainsi, conclut-il le processus
démocratique au Cameroun est encore à cheval entre l'acquis et le
souhaitable d'où le terme de « démocratie de
transit ». Néanmoins, son analyse bien qu'intéressante
ne prend pas en compte tout l'aménagement démocratique au
Cameroun car son ouvrage se limite aux évènements couvrant la
période allant de 1982 à 1997.
A contrario, Francine Bitee44(*) y poursuit son raisonnement jusqu'en 2004. Son
ouvrage constitue peut être la dernière parution sur la question
de la démocratisation au Cameroun. Au demeurant, elle y omet d'inclure
cette évolution dans la dynamique globale de la mondialisation. Ceci lui
a empêché de comprendre et de justifier un certains nombre d'actes
et de décisions posés par le gouvernement Camerounais.
Zacharie Ngniman45(*), bien qu'érigeant la paix en
«impératif absolu» au Cameroun, la limite à la seule
dimension locale. Or, l'unipolarisation implique nécessairement une
mondialisation de la paix comme l'a bien montré Denis Arielle46(*).
Au titre des travaux de recherche, on peut mettre en
évidence Martin Dieudonné Ebolo47(*) et Kenedy Fonju Njuafack48(*) qui mettent en évidence
l'action des facteurs extérieurs dans la démocratisation du
Cameroun. Néanmoins, le reproche que nous pouvons leurs faire est
d'omettre l'influence du facteur paix dans cette transition. Or, comme nous
pouvons le relever, le paradigme Camerounais doit s'appréhender avec les
« inputs» inhérents à la situation camerounaise. Ainsi
donc, les connivences et les convergences qui existent entre
démocratisation et paix à « l'ère de la pensée
unique» sont mises de coté.
Si Renner-Mamer-Lie Onana49(*) insiste pour sa part sur la dynamique de la
transition démocratique en Afrique subsaharienne depuis la fin de la
« situation coloniale », Zacharie Serges Nyanid50(*) y montre qu'à
l'ère de l'unipolarisation du monde, la diplomatie y joue un rôle
important dans les changements de régimes en Afrique noire. Ce qui
pousse de facto les gouvernements africains à s'arrimer à cette
nouvelle donne. Il y présente l'expérience camerounaise de cette
appropriation.
Problématique de la recherche
Tout travail de recherche passe incontestablement par la
présentation d'une problématique centrale, car « elle peut
être considérée comme l'intermédiaire entre la forme
et le contenu de la connaissance scientifique»51(*) . Madeleine Grawitz52(*) dira qu'« elle correspond
à un besoin de cohérence logique, met en oeuvre un ensemble de
problème qui oriente la recherche et un corps de concepts qui,
directement ou indirectement débouchent sur des hypothèses
rendant compte d'un contenu riche de conflit». A l'entendement donc,
« la problématique c'est l'ensemble construit, autour d'une
question principale, des hypothèses de recherche et des lignes
d'analyses qui permettront de traiter le sujet choisi»53(*). Ainsi donc dans ce travail il
s'énonce comme suit :
L'accession à l'indépendance de la plupart des
Etats africains en 1960 marque le début d'une vie politique
mouvementée dans la plupart de ces pays. Celles-ci sont d'autant plus
mouvementées que les modes d'accession à la souveraineté
internationale diffère d'un pays à un autre54(*). Le système politique
adopté par la plupart de ces pays fut identique à savoir le
régime de parti unique. La raison avancée ici et là
étant d'éviter « le prêt-à-porter
institutionnel »55(*). Le Cameroun employant donc cette voie ne peut
échapper à cette conjoncture africaine et avec elle le poids des
évènements mondiaux marqués par la bipolarisation du
monde. Le crédo du choix camerounais fut ainsi tempérer par la
recherche d'une stabilité quasi certaine. Cette aventure franchit un cap
important à la faveur du changement de régime intervenu à
la tête de l'Etat camerounais. « Le Renouveau » pose
donc au Cameroun un double enjeu, celui du maintien de la paix et de la
promotion de la démocratisation du système politique jusque
là en vigueur. Ceci allait le confronter à une double
dynamique : le maintien de la paix et l'arrimage à
l'évolution internationale marquée par la fin de la
bipolarité et l'avènement de l'unipolarité du monde
où les principes démocratiques sont érigés en mode
de gouvernance universelle permettant l'émulation de « l'ordre
mondial».
Dans cet écheveau et cet éventail de logique
globale, l'Afrique noire, et le Cameroun, furent entrainés dans ce
labyrinthe. Les réactions des uns et des autres allaient être
consécutives à leurs modes de fonctionnement intrinsèque.
Ainsi donc, le Cameroun allie stabilité et démocratisation afin
de construire un environnement politique de plus en plus compréhensif et
compréhensible faisant de lui une « entité
unique » dans sa sous région conférant à ce
dernier des attributs d'identification et d'identisation dans un contexte
global de la, mondialisation où rien ne se fait désormais en
marge de la compréhension internationale.
Alors, quels rapports pouvons-nous établir entre la
démocratie et la paix dans la scène politique
camerounaise ?
Quelle contenance peut-on et doit-on donner à la paix
telle qu'appréhender sur la scène politique
camerounaise ?
Tel sera le cadre d'analyse à partir duquel nous
allons mettre en évidence la manifestation de la démocratisation
dans le contexte camerounais.
Objectif de la recherche
« Toute écriture est inspirée de Dieu,
et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la
justice », écrit Louis Segond56(*). Ainsi, le choix de ce thème est guidé
par le désir de mettre en relief le parallèle qui existe entre la
démocratisation et la paix. Il est donc important de faire comprendre
aux politiciens africains que les instabilités politiques ne peuvent et
ne doivent plus être le lot quotidien des pays africains. Car, en
l'absence de la paix, ce sont les conditions d'un sous développement qui
s'installe.
D'un autre coté, ce travail poursuit un tout autre
objectif, celui de faire comprendre aux politiciens africains en
général et camerounais en particulier que « la paix est
un bien avec lequel il faut continuer de composer » En effet, les
conditions de développement de la paix mettent en exergue la formation
d'un environnement démocratique. Ce qui suppose tout aussi
l'organisation d'élections libres et transparentes, la lutte contre les
fléaux sociaux...Car, au XXIème, la cause d'un conflit
n'est plus seulement le refus d'accepter le verdict d'une élection
présidentielle, mais bien les conditions sociales de vie des populations
dans un pays donné. En l'absence de ces mesures d'amélioration
des conditions de vies des populations, c'est un corps social qui se met en
branle. C'est pourquoi les pays qui, comme le Cameroun, connaissent des
conditions de « stabilité » doivent se rendre compte
qu'à l'évidence la paix n'est pas seulement absence de guerre,
mais aussi trouble de l'harmonie sociale.
En outre, il est aussi important de faire savoir à la
nouvelle génération, et la plus jeune destinée à
prendre la relève, que les idéaux de la paix doivent être
pérenniser en se basant sur des éléments palpables et
concrets permettant d'en mesurer le degré d'évolution du
Cameroun.
Méthodologie et technique de collecte des
données
La dialectique de la démocratisation et de la paix en
tant que dynamique de recomposition de l'ordre politique au Cameroun
soulève de grandes questions épistémologiques. En tant que
phénomène ou dynamique en cours, le dialogue
démocratisation-paix est un objet fluide qui refuse à s'enfermer
dans le monisme analytique. D'où la nécessité d'une
analyse pluridisciplinaire car « le but de la science est une
connaissance et une compréhension meilleure de tout ce qui
existe »57(*).
De fait, la méthode s'entend comme
« l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle
poursuit, les démontre, les vérifie »58(*). Elle est aussi « le
fondement de la scientificité de toute recherche et constitue l'ensemble
des opérations matérielles permettant au chercheur de transcender
les obstacles qui jonchent le parcours conduisant à la
vérité »59(*). Ainsi, Madeleine Grawitz renchérit :
Dans une recherche, la nature même des informations
qu'il convient de recueillir pour atteindre l'objectif, commande les moyens
employés pour le faire. On ne chasse pas les papillons avec les
hameçons en admettant que l'on puisse attraper parfois, des papillons
avec un filet à papillons. Il est donc indispensable d'approprier
l'outil à la recherche60(*).
De prime abord, l'on pourrait considérer que la
thématique que nous ambitionnons de traiter est plus du domaine de la
science politique que de l'histoire. Mais, il n'en est rien car dit le
Professeur Dieudonné Oyono, « l'approche historique est la
pierre angulaire de l'étude de la politique
internationale »61(*). C'est pourquoi notre méthode est un
combinatoire de la méthode empirico-inductive fait de la constatation
des faits suivi de l'analyse.
Nous emprunterons aussi à la démarche
comparativiste qui consiste en « un rapprochement raisonné
d'objets de nature analogue afin de mieux identifier les
caractéristiques »62(*). Ainsi, à travers cette méthode, il
s'agira pour nous de confronter le modèle camerounais à d'autres
modèles qui ont cours en Afrique en général et en Afrique
centrale en particulier afin de mieux saisir la spécificité
camerounaise.
La démarche systémique ne sera pas en reste dans
ce travail. Cette démarche est « interactionniste en ce sens
qu'elle met l'accent sur les interactions entre les membres d'un système
ainsi les échanges entre le système et son
environnement »63(*).
Pour mieux élucider cette dynamique, nous avons
utilisés des sources de premières mains parmi lesquelles nous
pouvons citer les sources d'archives constituées essentiellement des
journaux recueillis aux Archives Nationales de Yaoundé (ANY),
principalement ceux qui couvrent notre période d'étude64(*). Ces recueils de journaux nous
ont ensuite permis d'avoir une idée sur l'évolution du processus
de démocratisation du Cameroun.
A coté de ces journaux, nous nous sommes
également servis des recueils de lois et de décret trouves aux
Archives de L'Assemblée Nationale (AN) du Cameroun. Ces lois nous ont
permis de comprendre et d'appréhender l'ensemble des actions prises par
le gouvernement du Cameroun pour apaiser la situation critique des
années 1990. Cela nous a dès lors permis de mieux évaluer
à travers ces lois le symbole de la paix qui a en ces occasions jouer un
rôle important. A titre illustratif, ,nous pouvons citer la loi sur
l'amnistie général à l'issue des évènements
de 1991, la loi portant réhabilitation de certaines figures historiques
du Cameroun, bref toutes les lois adoptées lors de la session de
l'Assemblée nationale en 1990, baptisé « lois de la
session des libertés ». Nous avons également
consulté la bibliothèque de l'AN où nous sommes
entrés en possession de certains ouvrages comme ceux de Zacharie Ngniman
sur la démocratie et la paix.
En outre, nous avons ensuite eu recours aux sources orales que
nous avions recueillis auprès de certaines personnalités
politiques camerounaises ayant vécu les évènements ou
faisant parti de la scène politique camerounaise. A ce titre, nous
pouvons mentionner notre voyage à Ebolowa pour rencontrer Abel Eyinga
avec qui nous des entretiens fructueux65(*). C'est ainsi que nous avons rencontrés
certaines personnalités de l'opposition camerounaise afin de
d'appréhender leurs point de vue. C'est dans cette logique que nous
avons effectué un voyage à Bafoussam et à Bamenda afin de
rencontrer certains leaders de partis politiques sans oublier ceux rencontrer
à Yaoundé avec qui nous avons eu des échanges
fructueux.
Nous avons aussi rencontrés certains universitaires
comme le Professeur Charly Gabriel Mbock avec qui nous avons eu des discussions
très fructueuses. Il nous a permis d'avoir une autre idée de
notre sujet de recherche.
En ce qui concerne la conduite des discussions, nous pouvons
dire que nous avons plus largement eu recours à un guide d'entretien car
nous avons eu des contacts directs. Ce guide d'entretien nous a permis
d'orienter nos discussions avec nos informateurs.
De plus, les sources de secondes mains n'ont pas
été en reste dans la réalisation de ce travail. De ce
fait, ils sont constitués d'ouvrages, de mémoires et de
thèses que nous avons recueillies dans différents centres de
recherches. Nous avons tout d'abord consultés la bibliothèque
centrale de l'Université de Yaoundé I où nous avons
trouvé des ouvrages sur l'ouverture démocratique du Cameroun,
surtout ceux qui traite de l'apport de l'extérieur sur cette ouverture.
A ce titre nous pouvons citer l'ouvrage de Charly Gabriel Mbock intitulé
Cameroun, l'intention démocratique. Nous avons également
eu recours aux ouvrages de la bibliothèque de l'Institut des Relations
Internationales du Cameroun (IRIC) où nous avons trouvés la
plupart de nos ouvrages traitant du Cameroun comme celui de Fabien Eboussi
Boulaga qui nous a été très précieux dans la
réalisation de ce travail. Nous avons en outre eu accès aux
ouvrages et mémoires de Relations Internationales notamment les
mémoires de Martin Dieudonné Ebolo, de Zacharie Serges Nyanid et
autre.
Mentionnons aussi ici la bibliothèque de la
Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (FALSH) de
l'université de Yaoundé I où nous sommes entré en
possession de nombreux mémoires et thèses non seulement en
Histoire, mais aussi des autres disciplines comme la sociologie, la Philosophie
ou encore l'Anthropologie. Nous pouvons citer entre autre les mémoires
d'histoire de collince Gueguim Zébazé, de Timothée Bodo
Messina, de Laurent Aimé Perez Amougou Mbida ou encore de la
thèse Kenedy Fonju Njuafack. Nous pouvons également citer la
thèse de sociologie de Jacqueline Biyegue Noa et le mémoire de
Diplôme d'Etude Approfondie (DEA) de philosophie de Christian
Loajembe.
C'est le lieu aussi de mentionner la bibliothèque de
l'Institut Français du Cameroun-Yaoundé (IFC-Y), ancien Centre
Culturel Français (CCF), où nous avons trouvé des
documents sur la fin du régime communiste d'Union Soviétique
utilisé pour la réalisation d'une partie de travail. Nous pouvons
à ce titre mentionner l'ouvrage de Joseph Heffer, Jean Sapir ou encore
de Marc Ferro sur la démocratisation du bloc de l'Est.
Nous ne saurons finir sans mentionner la Bibliothèque
de la Fondation Paul Ango Ela (FPAE) où nous avons trouvés
d'énormes documents sur la démocratisation du Cameroun, mais
aussi sur les fléaux sociaux comme la corruption ou encore la
pauvreté et la faim. Nous pouvons à ce titre citer l'ouvrage de
Didier Boukongou ou encore celui de Pierre Titi Nwel, d'Alain Didier Olinga,
mais aussi la thèse de Mathias Eric Owona Nguini. Tous ces ouvrages ont
ainsi contribué dans une large mesure à la réalisation de
ce travail.
Toutefois, ce travail a butté face à de
nombreuses difficultés parmi lesquelles on peut énumérer
les difficultés d'accès aux sources orales dont la plupart de nos
informateurs, ceux qui ont bien voulu nous parler, ont choisi garder
l'anonymat en raison disent-ils de l'actualité de notre sujet. En outre,
l'autre blocage non moins important est le refus à nous opposé
par certains centres de recherche, ce qui a fragilisé un peu notre
travail. Nous devons aussi mentionner ici le fait que la période de
notre étude a coïncidé avec une période où les
ANY venaient de connaitre un coup de vols. Ce qui a freiné et ralenti un
tout petit peu l'avancée de notre travail. Car, après une
période de fermeture, les ANY, lorsqu'elles ont rouvertes les portes ne
donnaient aux chercheurs que des journaux et non des dossiers proprement
dites.
Néanmoins, ces difficultés ne nous ont pas
empêchés de mener notre travail à bout car malgré
tous ces désagréments, nous avons pu réaliser le travail
et le peaufiner.
Plan du travail
Ainsi, pour mieux rendre cette réalité
compréhensive et compréhensible, nous avons fait un plan
constitué de deux parties ayant chacune deux chapitres. La
première partie met en évidence l'évolution politique du
Cameroun entre les deux extrémités de
l'évènement-monstre de 1990. La première
extrémité s'attèle à rendre de la dynamique
opérée au Cameroun depuis la passation de pouvoir de 1982. Cette
passation a portée les germes de la transition démocratique au
Cameroun. Le ver étant déjà dans le fruit, les
évènements d'Europe de l'Est ont précipité le
Cameroun dans la marre de l'agitation démocratique. Tandis que le
second chapitre met en évidence les tenants et les aboutissants de la
transition démocratique au Cameroun avec notamment l'organisation du
premier scrutin pluraliste de l'après 1990. Nous y verrons qu'en ces
occasions, des dérives ont pu être constatées de part et
d'autre des protagonistes de la lutte démocratique.
La seconde partie qui porte sur l'extension de la transition
démocratique ce qui suppose l'implémentation de la
démocratisation. Ici, le troisième chapitre met en
évidence le fin de siècle difficile tel que constater au Cameroun
avec notamment la construction de « l'hégémonie de
pacification », ce qui a contribué à jeter du
bémol sur l'idéal de paix prôné par le pays. Alors
que le dernier chapitre y met en exergue ce que nous avons appelé des
mesures imposées qui ont contribué quelques fois en l'absence de
volonté de l'Etat à prendre un certain nombre d'initiatives comme
par exemple les mesures de lutte contre la pauvreté et les
détournements de fonds publics, ceci aussi permit de réaliser un
certain nombre d'aménagement institutionnelle afin d'assurer un espace
démocratique de plus en plus viable et fiable.
PREMIERE PARTIE
LE CAMEROUN DU PARTI UNIQUE A L'EXPERIENCE
DEMOCRATIQUE : LA TRAME DE LA «DEMONOPOLISATION» DU SYSTEME
POLITIQUE CAMEROUNAIS (1982-1992).
Avec l'accession à l'indépendance du Cameroun,
ce fut des « instants de gloire » qui s'emparèrent
du peuple camerounais. Toutefois, à l'euphorie des années 1960,
succéda une période de contrôle politique au Cameroun
caractérisée par l'instauration du parti unique en 1966. Ainsi,
questionner la problématique des transitions politiques en Afrique
subsaharienne plus globalement et au Cameroun plus spécifiquement, pose
de facto l'étude et la compréhension du fonctionnement des
systèmes politiques africains au lendemain des indépendances. Ces
derniers étaient, de manière caricaturale, constitués de
régimes forts où l'autorité du chef de l'Etat faisait
figure de règle établie et de norme à respecter. Joseph
Ki-Zerbo y a vu dans cet état de chose la volonté de la part de
ceux-ci de tourner le dos au « prêt-à-porter
institutionnel »66(*). L'ordre est ici rétabli parfois par la
force. Ceci est d'autant plus vrai que l'Afrique tout entière et
l'Afrique subsaharienne en particulier y est le théâtre de la
guerre froide. Dans cette perspective, le changement de régime politique
au Sénégal en 1980 apparait comme un geste sui
generis.67(*) Au
Cameroun, la situation est spécifique à plus d'un titre. En
effet, le régime politique camerounais sorti des luttes de
décolonisation fut marqué par des actes de
« brutalités extrêmes » qui ont parfois
sapé l'effort de stabilité entrepris par le gouvernement du
président Ahmadou Ahidjo68(*). Ainsi donc, inspiré sans doute de l'exemple
sénégalais, le Cameroun connait son premier changement à
la tête de l'Etat au début de l'année 1980. Poussé
en cela par la conjoncture internationale de l'époque où la
guerre froide vivait ses derniers instants, cette « transition
pacifique » devait constituer sans doute les prémices d'un
renouvèlement de la gouvernance politique au Cameroun. Mais, les
comportements des années antérieurs continuaient à se
faire ressentir, remettant ainsi en cause l'« îlot de paix que
constituait déjà le Cameroun ». C'est pourquoi
l'ouverture politique au Cameroun sera le fait de la conjonction des facteurs
à la fois internes et externes. Les deux chapitres que constitue cette
partie s'attèleront donc à mettre en évidence non
seulement ces facteurs, mais aussi les étapes de l'ouverture
démocratique au Cameroun.
Chapitre I
LES FACTEURS DE LA LIBERALISATION POLITIQUE AU CAMEROUN
(1982-1990). LES PREMICES DE LA DEMOCRATISATION.
Les réalités d'un système monolithique
étaient perceptibles au Cameroun comme partout en Afrique. Mais, la
dynamique internationale allait avoir raison des comportements politique au
Cameroun car, si la passation de pouvoir de 1982 apparaissait comme un moment
important dans l'évolution politique au Cameroun, il faut dire que les
évènements ayant suivi cette passation de pouvoir ont bien
montés au combien « les mentalités avaient la peau
dures ». C'est donc pourquoi il est important de s'arrêter un
instant sur ce moment crucial afin d'en comprendre et d'en déceler une
fois les tenant et les aboutissants de cette passation de pouvoir. Cela nous
amènera sans doute à comprendre pourquoi malgré les
espoirs qu'elle a suscité, la réalité fut tout autre.
à une époque où l'opinion publique international
était résolument en faveur des régimes
démocratiques, le gouvernement camerounais consentira, il est vrai
malgré elle, à une ouverture politique. Ainsi, ce chapitre mettra
donc en exergue concomitamment, les différents facteurs ayant
présidés au retour à l'expérience
démocratique au Cameroun.
I- Les facteurs externes : la fin de la guerre
froide et la légitimation du «discours de la paix».
Le fonctionnement du monde au lendemain de ce que Paul Ricoeur
a qualifié
« d'évènement-monstre » 69(*) de 1945 est
caractérisé par la bipolarité. Constituée de ses
logiques propres, la guerre froide était une sorte de conflit de
positionnement entre les deux grandes puissances de l'époque. Dans cette
guerre de positionnement, la partie du monde qui allait en pâtir
était sans nul doute le tiers monde et spécifiquement l'Afrique,
tributaire de cet état de chose. C'est pourquoi l'avènement de la
fin de la guerre froide est fondamental à plus d'un titre. En effet,
après y avoir installé des éléments de
« déstabilisation », le « gentleman
agreement » militait désormais pour la promotion des valeurs
de paix et de stabilité à l'échiquier international. Ce
qui supposait, spécifiquement pour l'Afrique noire le début de la
fin des « autocraties » car la fin de la guerre froide
signifiait aussi fin « supposée du
communisme »70(*) et donc le passage à un monde
« uni-centré » où les régimes
capitalistes imposent désormais leurs lois.
A- L'effet Gorbatchev ou «la fin du bloc de
l'Est».
L'évolution des évènements mondiaux
après 1945 est caractérisé par la bipolarisation du monde
et donc de l'évolution du système communiste. Cependant, au
milieu des années 1970, l'Union des Républiques Socialistes et
Soviétiques(URSS) commence à connaitre des problèmes
d'ordre interne dû à la crise économique. C'est dans ce
contexte que Mikhaïl Gorbatchev arrive au pouvoir et y entreprend une
restructuration du système politique soviétique.
1- Le système soviétique à la
veille de l'arrivée de Gorbatchev.
Caractériser le système soviétique avant
l'arrivée de Gorbatchev revient à mettre en exergue les
différents problèmes dont souffre l'URSS à partir de la
fin des années 1970.
En effet, l'URSS est gouvernée par l'entremise du
Secrétariat général du parti communiste. C'est donc le
secrétaire général du parti qui fait office de chef de
gouvernement. Mais, à partir de 1970, des voix s'élèvent
au sein du parti afin de remettre en question l'autorité du
Secrétaire général. Heffer y notera dans cette logique
que,
malgré le fait que l'autorité suprême de
l'Etat repose sur les épaules du Secrétaire général
du parti communiste, qui n' a certes plus le pouvoir de décider de tout
comme à l'époque de Staline, mais dispose au nom du centralisme
démocratique , de la capacité de fixer les grandes lignes de
l'action politique, le poste fut cependant confié à des hommes
âgés et malades entre 1973 et 198571(*).
C'est dire que l'une des raisons de l'affaiblissement du
communisme est due à la gérontocratie de ce régime.
Et pour cause, lorsqu'on observe attentivement les différents
secrétaires généraux ayant précédés
Mikhaïl Gorbatchev, l'on est frappé des contrastes qui existent
entre les uns et les autres. On prendra pour illustration ici Léonid
Brejnev (Octobre 1964- Novembre 1982) dont on accusait d'avoir un
sérieux penchant pour Bacchus72(*) et dont le règnent est
caractérisé par une extrême corruption73(*). A sa mort à
l'âge de 76 ans, il fut remplacé par un autre vieillard, Jouri
Andropov (68 ans) qui, atteint d'une maladie rénale, n'occupe le poste
que pendant quinze mois (Novembre 1982- Février 1984). Il fut à
son tour remplacé par Constantin Tchernenko, 72 ans, dont la
santé chancelante rappelle déjà Brejnev. A l'entendement
donc, l'URSS fut traversé pendant cette période d'une crise
d'autorité qui l'a amené à faiblir et à faire du
champ au capitalisme en pleine expansion.
L'absence d'une
« autorité forte » à la tête de
l'Etat a entrainé le pays dans une sorte de laisser-aller. C'est
pourquoi,
Le choix de Gorbatchev comme secrétaire
général du parti communiste ne permet pas de déduire ce
que sera l'évolution future de l'Union Soviétique, mais au moins
sa relative jeunesse met un terme à une période où les
responsabilités suprêmes du pays ont été
confiées à des vieillards malades.74(*)
A coté de ces dysfonctionnements structurels de
l'élite dirigeante de l'Union Soviétique, l'on constate
également une économie en totale déliquescence. De
fait, « à la fin des années
1970 », « l'économie soviétique
est entrée dans une crise structurelle »75(*). L'URSS est ainsi
traversée par de nombreux maux tels que la pénurie de logement,
l'absence des produits de consommation, ainsi que le taux de chômage
élevé à hauteur de 62%. Cela a des répercussions
sur le taux de croissance de l'URSS qui baisse d'année en année
pendant que les industries peinent à apporter l'excédent
d'autrefois. Ainsi, le tableau ci-après présente
l'évolution du taux de croissance de l'URSS entre 1961 et 1982 :
Tableau n°1 : taux de croissance de
l'URSS sous Brejnev, en % et par an.
|
Produit National Brut (PNB)
|
Industries
|
1961-1970
|
5,0
|
6,5
|
1971-1975
|
3,8
|
5,8
|
1976-1980
|
2,8
|
3,4
|
1981-1982
|
1,2
|
3,0
|
Source: J. W. Parker, Kremlin in
transition, vol 1, Boston, Boston university press, 1991, p.76.
L'on comprend dès lors à partir de ce tableau
que le taux de croissance de l'URSS a commence à régresser
dès 1971, traduisant ainsi l'absence d'une politique économique
appropriée. La faiblesse des industries soviétiques augurent du
retard que ce dernier enregistrait déjà par rapport à sa
rivale du bloc capitaliste. Néanmoins, il convient de ne pas justifier
ce retard par ce seul fait de la crise économique. En effet, l'on peut
également faire le constat selon lequel la plupart de ressources
économiques de l'Union soviétique était
détourné vers le secteur militaire sans doute pour ne pas perdre
du pied dans le domaine des armements. C'est cette situation qui a sans doute
justifié la régression de l'économique76(*). Il n'en demeure toutefois pas
moins que tous « les chiffres sont au rouge »77(*) en Union soviétique. Le
taux de croissance continuera sa décrépitude jusqu'au tournant de
l'année 1985 comme nous le confirme ce tableau :
Tableau n° 2 : Taux de croissance
annuel moyen de l'économie soviétique (en %)
|
1971-1980
|
1981-1985
|
1
|
5,30
|
3,20
|
2
|
3,70
|
2,00
|
3
|
2,00
|
0,59
|
4
|
3,50
|
0,65
|
1= Revenu National (chiffre officiel)
2= PNB
3= Revenu National
4=Produit Social Brut
Source : M. Ferro, Mélanges. De
la Russie et d'ailleurs, Paris, Plon, 1995, pp.216-218.
Ainsi, à l'analyse, la situation de l'Union
soviétique en 1985 était proche du tragique et même du
néant, annonçant par là même une période
tumultueuse dont Gorbatchev en sera le principal artisan.
2- Les mesures
«Gorbatchéviennes» : Perestroïka et Glasnost.
L'accession à la tête de l'URSS de Mikhaïl
Gorbatchev marque le début d'une série de reformes en union
soviétique. En effet, son gouvernement est marqué par
l'application de trois concepts clés à savoir la
perestroïka, la Glasnost et l'Uskorenie. Le
dernier concept qui signifie « accélération »
s'applique à l'économie et se présente comme le contraire
de la « stagnation » de l'époque de Brejnev. Mais la
faillite de l'économie dont le redressement semble de plus en plus
difficile pousse le chef de l'Etat à l'abandonner à partir de
1986. Resta alors les deux « maitre-mots » de la politique
soviétique sous Gorbatchev.
En effet, le terme perestroïka qui
signifie « restructuration, reconstruction », s'applique
d'abord aux seules méthodes de gestion de l'économie. Mais
à partir de 1986, Gorbatchev plaide « pour nue profonde
perestroïka du système de planification et d'administration, et de
l'ensemble du mécanisme économique »78(*). De l'économique, la
perestroïka englobe désormais le domaine politique et se faisant
prend des allures de « transparence »,
« d'ouverture ». C'est le sens même de la glasnost.
La combinaison de ces deux concepts introduit en URSS des idées
nouvelles. Heffer dit d'ailleurs que « dans sa
signification la plus large, il [la perestroïka et la glasnost] va
jusqu'à la liberté d'expression et d'information. Le concept de
glasnost autorisant de plus en plus le citoyen à pousser très
loin sa curiosité et de s'affranchir de la vérité
officielle »79(*). Adopté lors du vingt septième
congrès du parti unique en 1986 et ayant pour but de combler le retard
que l'Union Soviétique accusait par rapport au système
capitaliste,
La perestroïka a quitté les dorures des salles du
comité central. En Union soviétique, elle est devenue l'objet
d'un débat public qui déstabilise les structures les mieux
assises [...] En Europe de l'Est, c'est le début de la fin des partis
communistes et leur rôle dirigeant. Une révolution, donc, si l'on
entend par là une destruction radicale de l'ordre existant80(*).
Ainsi prend corps ce que Bertrand Badie a appelé
« le vent d'Est »81(*). A l'analyse donc, les réformes que Gorbatchev
initia eu des proportions importantes telles que lui-même ne l'avait
imaginé. Et parmi ces conséquences figurent en bonne place la
dislocation de l'URSS et son corollaire l'affirmation du capitalisme
occidental.
B- L'affirmation des régimes capitalistes ou la
naissance de l'unipolarité.
« Politiquement instable », l'URSS allait
suivre les lignes directrices élaborée par Gorbatchev. C'est
pourquoi l'analyse du revirement de 1988 tient une place essentielle dans
l'évolution politique de l'Union soviétique. En effet, d'abord
hostile au renversement du système communiste, Gorbatchev change de
position en 1988 lorsqu'il affirme que,
Pour nous, la nécessité du principe de
liberté de choix est claire. Refuser ce droit au peuple, quelque soit le
prétexte invoqué, quelque soit les mots employés pour
masquer ce refus, revient à mettre en péril l'équilibre
instable qu'il a été possible d'atteindre. La liberté de
choix est un principe universel qui ne souffre d'aucune exception82(*).
La conséquence qui s'en suit en est
inévitablement la chute du mur de Berlin accompagnée de la
divulgation des valeurs capitalo-occidentales parmi lesquelles
l'institutionnalisation du discours de la paix comme valeur cardinale et norme
de régulation de la société internationale.
1- La chute du mur de Berlin : catalyseur du monde
unipolaire.
Construit le 13 Aout 1961, le mur de Berlin était le
symbole de la guerre froide. En effet, caricaturer par la division en deux de
l'Allemagne, la chute du mur de Berlin allait apparaitre comme le point
d'aboutissement de la politique gorbatchévienne en Europe. De fait, les
bouleversements de l'Union soviétique, marqué par l'agitation des
«nationalismes d'Etat», conduisant à la chute des sanguinaires
comme Ceausescu83(*) et la montée au pouvoir des dramaturges
comme Vaclav Havel84(*),
posait le problème du maintien de l'Allemagne divisée en deux.
Ainsi, confiné aux frontières par des
gouvernements pro-capitalistes comme la Tchécoslovaquie ou encore la
Hongrie, le gouvernement sur place en Allemagne de l'Est adopte une
« politique de repli sur soi » avec la fermeture des
frontières d'avec ses voisins le 03 Octobre 1989. Néanmoins,
privé de possibilité de
sortie, « les allemands de l'Est se mobilisent
en masse, affrontent la police à Berlin, Leipzig et
Dresde »85(*).
Ces affrontements contraints le Chancelier Honecker à la
démission le 18 Octobre. Son successeur, Egon Krenz,
dépassé par l'ampleur des contestations dû se
résoudre à l'ouverture des frontières le 09 Novembre 1989.
Ainsi, « le mur de Berlin, symbole du repli sur soi du bloc
communiste tombe et avec lui la liberté de mouvement des populations
d'Allemagne de l'Est »86(*).
Il appert donc qu'avec la chute du mur de Berlin, c'est la
Perestroïka qui s'étend désormais en dehors des
frontières de l'Union Soviétique. Elle a donc constituée
en soi une « apocalypse » pour les régimes
autoritaires d'Afrique. Et pour cause, avec la perestroïka,
Un monde s'écroule, celui des dictatures
bureaucratiques affublées des attributs du socialisme. Un monde
s'évanouit, celui dont les trois grands avaient, dans leur superbe,
retaillé les frontières au lendemain de la guerre.
Désormais plus rien ne sera nulle part comme avant. L'heure est à
la créativité, à l'invention. C'est la première et
la plus essentielle des leçons qu'il faut tirer des années quatre
vingt87(*).
Avec la chute du mur de Berlin, c'est la naissance d'un monde
uni-centré où désormais aucune nation n'est
à l'abri de tels soubresauts. Autrement dit, c'est l'affirmation des
régimes capitalistes avec son corollaire, l'excroissance du
phénomène de la mondialisation. Les Etats-Unis d'Amérique
(USA), première puissance capitaliste en tirera forcément des
conséquences.
2- La divulgation des valeurs
occidentalo-capitalistes : « dame paix s'impose ».
La dislocation du bloc soviétique laisse
désormais le monde en proie à la suprématie capitaliste
avec ses valeurs telles que la démocratie, la libre concurrence, la
liberté d'expression et la coopération entre Etats. Cela suppose
donc que désormais, c'est d'un monde stable dont a besoin les chantres
du capitalisme néolibéral. Désormais, le discours de la
paix s'invite à toutes les tables, au déjeuné, au repas et
même au diner. C'est le président américain Georges Bush
qui le premier l'introduit dans la norme globale lors de son discours aux
Nations Unies en Septembre 1989 où il annonce déjà ce
qu'il appelait le « nouvel ordre international 88(*) : les USA s'engage
désormais à promouvoir les valeurs de paix, de stabilité
et de prospérité à l'échelle planétaire.
Qu'on soit tous d'accord, rien ne pourra être possible dans le
siècle qui s'ouvre sans stabilité, paix et liberté des
peuples »89(*). Le ton était donc donné
et la machine n'attendait qu'à se mettre en place.
L'Afrique y occupe dans cette logique une place de premier
plan car dans la majorité des cas, l'on est encore aux
« balbutiements » de la poussée démocratique.
Au pire, y règne-t-il encore de « dictatures de
parti-uniques »90(*).
La démocratie tend désormais à s'affirmer
comme « meilleur moyen de gouvernance mondiale » dans un
contexte où la paix occupe une place central sur l'échiquier
international. Au Cameroun, les usages de cette libéralisation y
trouvent un terrain favorable du fait que ce pays a connu une période
post-indépendante relativement atroce. Nulle part qu'ici l'on mesure les
biens fondés de la paix. C'est donc sous ce fond de stabilité que
le Cameroun va négocier sa sortie de dictature, sortie dont il convient
tout d'abord d'en préciser les modalités internes l'ayant
engendrée afin de comprendre par la suite les comportements des uns et
des autres lors de cette transition.
II- Les facteurs endogènes : les avatars de
l'alternance politique au Cameroun.
Le vent de libéralisation politique au Cameroun peut
être perçue comme antérieur au « vent
d'Est ». Et pour cause, le changement survenu à la tête
de l'Etat du Cameroun est un fait important dans la dynamique politique de ce
pays. Cet acte est donc perçu, à travers les conséquences
produit, comme un catalyseur du retour au multipartisme au Cameroun. En effet,
il est important de le considérer sous ce prisme pour mieux comprendre
«l'évolution de la société camerounaise» avant
le début des contestations politiques de 1990.
A- Le changement de régime politique au
Cameroun : entre crises de continuité et espoirs de rupture.
Lorsque le président Ahmadou Ahidjo affirme au soir du
04 Novembre 1982 à la radio camerounaise :
Camerounaises, camerounais, mes chers compatriotes, j'ai
décidé de démissionner de mes fonctions de
président de la république du Cameroun [...] J'invite toutes les
camerounaises et tous les camerounais à accorder sans réserve
leur confiance et à apporter leur concours à mon successeur
constitutionnel Mr Paul Biya. Il mérite la confiance de tous, à
l'extérieur comme à l'intérieur91(*).
C'est tout un peuple qui est plongé dans l'incertitude
et dans le doute non seulement vis-à-vis de l'acte qui vient
d'être posé mais aussi quant à l'avenir. De fait, la
démission d'Ahmadou Ahidjo posait un certain nombre de questionnements
dont l'un des plus pertinents semble être aujourd'hui l'enjeu et
même le fondement de cet acte politique. Nous pourront percevoir que
l'analyse de ces enjeux ont eu des conséquences qui, d'une
manière volontaire ou non, ont impacté sur l'évolution de
l'Etat du Cameroun.
1- Les enjeux de la passation de pouvoir
Le « système monolithique »
instauré par le président Ahmadou Ahidjo au lendemain de la lutte
pour l'indépendance avait jeté les camerounais dans
« une psychose générale dues à l'état de
violence politique et de brutalité sans limite instauré par les
gendarmes politiques du président de la
république »92(*).Bien sûr comme le rappelle Jean-François
Bayart, l'Etat post-indépendant du Cameroun était
caractérisé essentiellement par un « système
clientéliste ». Et pour cause, le chef de l'Etat souffrait
d'une « légitimité claire » :
Le chef de l'Etat a tiré sa légitimité
même du pouvoir, légitimité de facto qu'à
justifiée sa seule réussite et qui s'est ensuite transmuée
en une légitimé secondaire, de jure et démocratique [...]
La survie du régime est ainsi liée à la réussite
d'un homme(en l'occurrence Ahmadou Ahidjo). L'histoire de l'un se résume
largement à la maximisation continue des prérogatives de
l'autre93(*).
L'on comprend dès lors que l'annonce du départ
du président ait surpris plus d'un. Mais après la surprise vient
l'instant de l'angoisse et de l'espoir. Fanny Pigeaud le résume
d'ailleurs en ces termes :
Pour comprendre à la fois la popularité de Paul
Biya à son accession au pouvoir en 1982 et la nature de son
régime, il faut s'attarder sur les décennies qui l'ont
précédé et l'ont en grande partie façonné.
Sans remonter à l'ère précoloniale qui n'a pas
été exempte de violences, la période de protectorat
allemand qui a duré trente ans, celle de la tutelle française
(1914-1960) puis les vingt-deux années de présidence d'Ahmadou
Ahidjo ont été marquées par une même
caractéristique : une gestion autoritaire et brutale, qui a durablement
marqué l'ensemble des Camerounais94(*).
L'accession au pouvoir du président Biya pose ainsi un
double enjeu : celui de la libéralisation de la gestion de l'Etat
et de la consolidation de l'unité nationale c'est- à-dire en fin
de compte la promotion d'un cadre pacifique dans un environnement international
en proie à de nombreuses «
turbulences »95(*). Le Cameroun comme la plupart des pays d'Afrique et
du tiers monde est en position de contrariété dû aux
exigences internationales de cette dernière décennie du
XXème siècle. Envisager la reconfiguration de la
conception de la notion d'Etat entraine ainsi à opérer une sorte
de révolution de la part de l'élite gouvernante à
Yaoundé. Car qu'est ce qu'une révolution sinon ? De l'avis
d'Hubert Mono Ndjana, « toute révolution est un retournement
radical, et ce retournement, tranquille ou non, constitue déjà en
lui-même une violence faite aux structures anciennes »96(*).
A l'analyse donc, la passation de pouvoir au Cameroun posait
un problème de renouvellement de la classe politique dirigeante. Les
« idées neuves » veulent se substituées aux
« vieilles idées ». Ce qui, au-delà de toute
idée avancée pour justifier le départ de l'ancien chef de
l'Etat97(*), pose le
problème de la pérennité du système. C'est à
l'aune de ces considérations qu'on peut « rigueur,
moralisation de la gestion publique, démocratisation »
comprendre les slogans politiques adoptés par Paul Biya lors de sa
prestation de serment à savoir dont il en fait les maitres-mots de sa
ligne politique. Mais,
Quelles que soit les motivations qui le poussent à se
prévaloir de ces mots d'ordre (rigueur, moralisation de la gestion
publique, démocratisation), ceux-ci ont canalisé de puissantes
aspirations au changement et introduit la notion de démocratie comme
idée régulatrice et norme de jugement dans la politique au sein
même du parti unique98(*).
Ceci a amené les deux hommes à se brouiller au
sujet de la base même du pouvoir politique au Cameroun après 1982.
Pour le président Ahmadou Ahidjo, « l'UNC (parti unique)
définit les grandes orientations de la politique que le gouvernement
doit mettre en oeuvre »99(*), tandis que pour le nouveau chef de l'Etat, c'est le
président de la république qui incarne la politique
gouvernementales. Ainsi déclare-t-il, « en ce qui concerne la
constitution [...] qui est la règle la plus élevée, il est
dit que c'est le président de la république qui définit la
politique de la nation »100(*). On peut dès lors penser que cet usage
controversé met en place au Cameroun les germes d'une « crise
de succession » car le socle de stabilité que constituait le
cumul de fonctions de président de la république et de
président du parti est désormais remis en cause et même
contesté par deux hommes dont les aspirations s'avèrent de plus
en plus opposées. Alors, note Luc Sindjoun,
La crise de succession présidentielle met en jeu, de
manière succincte, des acteurs ayant des ressources politiques
différentes. L'un, le président Paul Biya, a comme ressource
matérielle l'Etat, et idéologique le changement et l'autre,
Ahmadou Ahidjo, le parti unique et idéologique, la
continuité101(*)
Toujours est-il que cette confrontation posa le
problème du bicéphalisme politique au Cameroun. Cette situation
allait, de manière volontaire ou non, entrainer le Cameroun au bord du
gouffre et susciter des enjeux dont le terme sera l'ouverture politique
à la compétition électorale.
2- Le bicéphalisme politique et ses
conséquences.
La condition de stabilité et de maintien de la paix
dans les pays d'Afrique noire post coloniales résidait pour une grande
sur le fait des « hommes forts », « les
pères de la nation »102(*), qui incarnaient tous les pouvoirs. Or, la crise
économique des années 1980 a fait perdre à ces derniers le
monopole d'influence dont ils disposaient. En effet, l'exigence de
libéralisation économique prônée au niveau
international avec la mise en évidence de l'émulation des forces
du marché, le monopole de contrôle échappe dès lors
à ces « pères de la nation ». De plus,
coïncidant avec les crises sociales en Europe de l'Est, favorisait les
vagues de démocratisation dans les Etats satellites d'Europe de l'Est
mais aussi d'Afrique subsaharienne.
Cependant, ces derniers devaient se dérouler dans un
environnement stable. Cela entraina donc la perte d'autorité de l'ancien
chef de l'Etat sur l'appareil d'Etat. En effet, « à la
succession ordonnée du 06 Novembre 1982, qui marque
l'auto-consécration du système de domination politique, va suivre
la perte de l'emprise du parrain sur l'appareil dont il a contribué, de
manière décisive à mettre sur pied »103(*). Cette situation
débouche tout naturellement sur des manoeuvres de suspicions dont on a
assisté au Cameroun après 1982. A la vérité,
« le court printemps de complicité entre le
prédécesseur et le successeur a cédé la place
à l'hiver de conflit politique pour la
prééminence »104(*).
Ainsi, naquit des accusations mutuelles et conflictuelles.
Celles-ci se traduisant par des paroles du genre, « je me suis
trompé, le président Biya est faible. Mais je ne savais qu'il
était aussi fourbe et hypocrite »105(*).
Il faut tout de même remarquer que cette
déclaration vient juste après l'annonce, à travers un
message présidentiel radiodiffusé, « d'un complot
contre la sécurité de la république ». Les
mesures prises à la suite de cette déclaration sont entre autre
le limogeage de Bello Bouba Maigari, alors Premier Ministre et du ministre
d'état chargé des forces armées, Maikano Abdoulaye ;
l'organisation d'un procès tenu du 24 au 28 Février 1984 et au
terme duquel l'ancien chef de l'Etat est jugé pour outrage au chef de
l'Etat et condamné à cinq ans de prisons et une amende de 20
millions de FCFA106(*).
Pour certains, comme pierre Flambeau Ngayap, la gestion
autocratique et personnalisée du pouvoir par Ahmadou Ahidjo n'avait pas
laissé la place à une continuité du système
après lui. Ainsi y note-t-il, « l'enjeu aujourd'hui, c'est de
savoir si sa gestion politique (Ahmadou Ahidjo) a été telle que
son remplacement à la tête de l'élite dirigeante ne
débouchera pas sur la dislocation de l'édifice
c'est-à-dire sur une crise de régime »107(*). L'hypothèse du coup
d'Etat manqué de 1984 est donc prévisible.
De fait, la confrontation des deux chefs de l'Etat
débouche sur le coup d'Etat manqué du 06 Avril 1984. Les
officiers accusés sont « tous originaires du Grand
nord ». Ceci paraissait d'autant plus logique qu'à l'annonce
de cette tentative de coup d'Etat, l'ancien chef de l'Etat
déclara : « si ce sont mes partisans, ils auront le
dessus »108(*). Le bilan fait état de 70 morts, 52
blessés, 1053 putschistes faits prisonniers et 265 gendarmes
portés disparus109(*).
Au-delà d'un simple constat de « menaces sur
la paix et la stabilité » au Cameroun, la tentative de coup
d'Etat du 06 Avril 1984 a permis de redéfinir les bases et les logiques
du pouvoir au Cameroun. Outre la valse des postes constatée au lendemain
de ce triste évènement110(*), la question centrale en politique est la remise en
cause de la base de la logique de l'Etat qu'était le parti. Le chef de
l'Etat annonça dès la couleur en ces termes :
...Il nous faut convenir, et le déplorer, qu'en ces
circonstances particulièrement graves (tentative de coup d'Etat), notre
parti n'a pas su démontré la pleine mesure de ses
capacités d'encadrement et de mobilisation des masses. Notre parti aura
davantage révélé en ces circonstances, les faiblesses de
ses structures et de son fonctionnement, telles qu'elles ses sont
manifestées dans l'impression de flottement qu'il a laissé
apparaitre et dans son attentisme qui a pu être perçu comme
traduisant de sa part, sinon de l'irrésolution, du moins un manque
notoire d'organisation111(*).
C'est à la suite de cela que se tint le congrès
du Renouveau à Bamenda, congrès au cours du quel l'on note la
consécration et la substitution de l'Union Nationale Camerounaise (UNC)
par le Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). La
naissance du RDPC pose ainsi Paul Biya comme dénominateur commun de tout
pouvoir au Cameroun. Désormais, « il n'existe plus par
procuration ». Cette « ouverture » permettait
dès lors la libéralisation des forces politiques au Cameroun.
Ceci est d'autant plus vrai qu'à la même période,
l'environnement international est propice à une décrispation des
masses. A partir de 1985 donc, on peut dire que le Cameroun est entré
dans une logique de contestation et de remise en cause de l'autorité. Le
chef de l'Etat allait l'apprendre à ses dépends avec la
montée d'adrénaline qui gagnait déjà toutes les
forces sociales du pays en cette année de 1985.
C- La naissance des appétits de pouvoir.
Le constat palpable de l'opposition au Cameroun entre les
partisans de l'ancien chef de l'Etat et ceux du nouveau, accentuée par
l'échec de la tentative de coup d'Etat manqué d'Avril 1984, avait
contribué à tort ou à raison à la
décrispation du paysage politique au Cameroun. Ce qui conduit à
la fin de la « pensée unique »112(*). De fait, le Cameroun est
consécutivement animé par plusieurs maux parmi lesquels le plus
spectaculaire semble être les signes annonciateurs de la crise au
Cameroun. Tout élément qui contribuera, volontairement ou
involontairement, l'ouverture démocratique au Cameroun et fera valser le
pouvoir résolu à maintenir le statu quo ante.
1- Les réactions « disparates» de
la classe politique camerounaise.
Au lendemain du coup d'Etat manqué de 1984 et surtout
de l'institutionnalisation du RDPC en lieu et place de l'UNC, le Cameroun est
entré dans une ère de « lévitation
extrême »113(*). Et pour cause, tous les feux Cameroun avaient
presque tous virés du vert au Jaune, la limite du rouge restant à
être franchi. Le gouvernement se devait donc de réagir afin de
tempérer les esprits et éviter le pire. Le chef de l'Etat n'avait
plus sous la main qu'une seule option : faire changer la vision du part
unique. C'est ainsi qu'il annonce des élections pour le renouvellement
des organes de bases du parti pour la mi- janvier 1986. On peut comprendre
dès lors que l'intention du chef de l'Etat était de permettre une
certaine émulation, un certain dilettantisme au sein
du « marché gouvernant camerounais »114(*).
C'est ainsi que du 12 Janvier au 10 Mars 1986, se tinrent
effectivement les élections pour le renouvellement des organes de bases
du parti115(*) .
Ces élections ont donc permis pour la première fois une multitude
de candidature pour les postes du parti. Le système de liste
était dès lors abandonné. De toute
façon, « les élections pour le renouvellement des
organes de bases du parti (RDPC) sont la première expression tangible de
l'intention démocratique du Renouveau »116(*). Cet intention
démocratique allait se poursuivre notamment lors des élections
municipales du 25 Octobre 1987 et surtout les législatives du 20 Avril
1988, scrutins qui allaient permettre l'irruption d'une « nouvelle
classe au sein du parti »117(*). En effet, à l'issue des législatives
de 1988, le débat politique au sein du RDPC est à son paroxysme
avec de « jeunes loups » comme Jean Jacques Ekindi qui
représente déjà ce que l'on ne manquera plus de
qualifié « d'ailes progressistes »118(*). Valentin Ndi Mbarga
souligne en ces termes :
Ces élections témoignent de [sa] volonté
de traduire [ses] paroles en actes. L'ouverture démocratique entre dans
les faits. Même s'ils ne se limitent qu'à une concurrence entre
partisans du RDPC, ces scrutins libres ont valeur de symbole. Ils annoncent
qu'il est désormais permis de penser que le jour pourrait bientôt
venir où les camerounais, dans leur ensemble, choisiront librement leurs
responsables municipaux, leurs députés à
l'Assemblée Nationale, voire le président de la république
parmi une multiplicité de candidats119(*).
En effet, Jean Jacques Ekindi et ses amis notamment le pasteur
Sendé, étaient partisans d'une refondation de l'organe
dirigeante du parti. Devant le refus manifesté par les
« caciques » du pouvoir représenté par
Grégoire Owona, l'aile progressiste commence à avoir des
idées d'ailleurs ; toute chose qui, pour le contexte international
de l'époque, n'était pas favorable au parti au pouvoir120(*).
Cela est d'autant plus critique que le Cameroun vit en ces
fins des années 1980 une crise économique et sociale sans
précédent. Le bureau et la rue auront donc certainement raisons
du gouvernement. On peut même dire que c'est la conjugaison de ces deux
réalités sociales qui a entrainé l'ouverture politique au
Cameroun. Mais arrêtons-nous un instant sur cette crise
économique.
2- Une crise économique et sociale
importante.
Pour comprendre les raisons du mécontentement social et
de la crise économique des années 1980 au Cameroun, il faut
remonter aux dernières heures de la passation de pouvoir. En effet,
comme le déclare l'ancien président Ahmadou Ahidjo au journaliste
de la chaine nationale Henri Bandolo, « j'ai laissé un pays
fort économiquement et qui fait la fierté de toute l'Afrique. En
effet, le Cameroun est un pays stable où tous les indices sont au vert,
ce qui augure d'un pays en bonne santé »121(*). Ces mots laissent sans
doute entendre que tous les malheurs futurs de l'économie camerounaise
devront être mis à l'actif de son successeur. La réponse du
chef de l'Etat est sans équivoque. En effet, pour Paul Biya,
« toutes les sociétés d'Etat héritées de
la période Ahidjo étaient presque toutes en état de
déliquescence avancée »122(*).
Ainsi, lorsque la crise économique des années
1980 atteint le Cameroun, au-delà des querelles partisanes, c'est un
pays totalement affecté. Les raisons de cette faillite sont imputables
aux deux régimes car en fin de compte, « l'un n'est que
l'excroissance de l'autre avec toutefois quelques
arrondis »123(*). En effet, le Cameroun des années 1980 avait
presque tout perdu de sa superbe. Malgré la croissance exceptionnelle
des années 1970-1980, « l'économie camerounaise
présentait des facteurs de blocage que les statistiques officielles ne
faisaient pas ressortir »124(*). De fait, l'agriculture camerounaise, principal
socle de son économie est en perte de vitesse. Jean Ngandjeu en a
dressé un tableau synthétique de l'état de cette
agriculture à cette période :
L'agriculture concerne les trois quarts de l'économie
camerounaise. Avant la manne pétrolière, elle contribuait pour
plus de 70% aux recettes des devises du pays et alimentait pour près de
40% le budget de l'Etat [...] Or, le pays accuse une tendance à la
stagnation et à la baisse [...] Si le Cameroun est
5ème producteur mondial de cacao, sa production stagne depuis
plusieurs années. Celle du café Robusta, après avoir le
niveau record de 110000 tonnes en 1984-1985, a ralentie, tandis que l'Arabica
est en déclin depuis 1980125(*).
Lorsqu'on sait que le tableau dressé ci-dessus affecte
en premier lieu les populations locales, on peut dès lors comprendre le
contexte social du Cameroun après 1985, lorsque les rumeurs
d'entrée au Fond Monétaire International (FMI) se font sentir. Le
chef de l'Etat interviendra même pour se fendre de ce que « le
Cameroun n'ira pas au FMI »126(*).Mais il fut très vite rattrapé par la
réalité et du se résoudre à abdiquer et à
prendre le chemin de New York. Voilà la lecture que Dieudonné
Oyono en fait de cette décision :
Le 20 Juin 1987, Paul Biya annonçait une série
de mesure pour réduire le train de vie de l'Etat. Ce fut le point de
départ de l'ajustement structurel [...] Ainsi, comme de nombreux pays
africains, le Cameroun est entré dans une ère d'ajustement
à travers les fourches caudines des organisations du système de
Brettons Wood127(*).
De fait, mettant en application ces mesures, le ministre des
finances, monsieur Sadou Hayatou, par une lettre d'intention, sollicite un
accord de confirmation de 18 mois portant sur un montant équivalent
à 69, 523 millions de DTS128(*).
C'est dans ce contexte que l'année 1989 s'ouvre au
Cameroun sous le couvert d'une année-témoin avec notamment les
évènements d'Europe de l'Est qui embrase le monde entier comme
une foulée de poudre. L'agitation sociale prend alors la forme de la
contestation. Les îlots de paix, jusque là
préservés, mutatis mutandis, sont au bord du
préjudice. Et pour cause, alors que des voix s'élèvent
pour réclamer l'ouverture politique, le chef de l'Etat monte au
créneau lors d'une déclaration radio
télévisée en Avril 1989 et y affirme que « le
Cameroun aujourd'hui a un seul problème majeur , la crise
économique, tout le reste n'est que manoeuvres de diversions,
d'intoxications et de déstabilisations »129(*). Ce fut peut être
l'erreur du régime de Yaoundé qui avait cru devoir opposer aux
revendications démocratiques, l'idée d'une crise
économique. Valentin Ndi Mbarga y cerne certainement l'erreur lorsqu'il
écrit que « le président Paul Biya et le RDPC
n'anticipent pas. Il ne semble pas se rendre compte que le glas des
particularismes et des régimes totalitaires a sonné à
travers le monde »130(*).
C'est sans doute cette « maladresse »,
ajoutée à d'autres facteurs importants comme les
« appétits de pouvoirs » manifestés par
l'aile progressiste, aussi bien interne qu'externe au parti, qui
précipiteront à coup sûr le Cameroun dans
l'épopée de la lutte pour la transition politique. Cette lutte
sera toutefois gérée avec et selon les modalités peut
être pas spécifiquement camerounaises, mais orientée vers
la vision globale du monde de l'après guerre froide.
Chapitre II
L'AVENEMENT DU PLURALISME POLITIQUE AU CAMEROUN OU
« LE RETOUR A L'EXPERIENCE DEMOCRATIQUE»
(1990-1992).
La problématique de l'ouverture politique au Cameroun
commence à se faire jour aux premières heures de la chute du mur
de Berlin. Evénement sinon déterminant du moins décisif,
la fin du régime communiste d'Europe de l'Est posait de facto le
problème de la régulation de la gouvernance mondiale. Cette
régulation s'appréhende et se comprend à l'aune du
« discours de la paix » mis en évidence par les
« nouveaux maitres du monde ». Cette boutade jetée
à la marre trouve dans les pays sous-développés un terreau
favorable car la survie de ces nations dépend désormais du
degré d'allégeance au sein duquel ces Etats sont disposés
à faire des efforts. C'est sous ce prisme que le Cameroun se trouve
lancé dans ce dilemme entre « conjoncture
politique » et « respect d'allégeance »
prônée par les alliés occidentaux. C'est donc sous ce
postulat qu'il convient désormais de relire
« l'épopée démocratique » en Afrique
noire globalement et au Cameroun spécifiquement. La trame du Cameroun a
suivi des étapes bien précises avant de connaitre des
manifestations spécifiquement camerounaises.
I- Les étapes de L'Ouverture Politique Au
Cameroun
L'ouverture politique au Cameroun s'est manifesté sous
la forme d'une succession d'évènements dont les liens entre les
uns et les autres permettent d'établir des effets de causalité.
C'est pourquoi avant de préciser l'ordre de succession de ces
évènements au niveau interne, il est important de mettre eh
évidence l'influence de l'environnement international dans ce passage
à la démocratie.
A- L'impulsion de l'environnement international
La chute du mur de Berlin en Novembre 1989 avait sonné
le glas de la guerre froide. Désormais, les alliés capitalistes
font parler l'élément monétaire afin d'obtenir des
régimes dictatoriaux des reformes nécessaires.
1- Les effets de la fin de la guerre froide.
La guerre froide, pendant tout le temps qu'elle a vécu
avait offert l'occasion aux jeunes Nations africaines, parmi lesquelles le
Cameroun de s'inscrire dans la logique de « non
alignement ». Cela supposait que ces Etats n'avaient pas à
choisir entre le bloc capitaliste et le bloc communisme. Or la capitulation du
bloc communiste influence le discours des jeunes Nations africaines131(*), car le rapprochement entre
les deux blocs « privait les pays du tiers-monde de la
possibilité d'exploiter la compétition entre l'Est et l'Ouest
comme certains en maîtrisaient l'art »132(*) En effet, les pays africains
profitaient de non alignement pour échapper à l'emprise d'un bloc
or avec la fin de la guerre Froide, le non alignement perdait de la valeur.
L'on assiste en Afrique au retour d'une force de la puissance
américaine. Ceci est d'autant plus important que les USA eux même
ont été ébranlé par cette situation « car
l'anticommuniste à toujours été le fondement de leurs
politique depuis 1944 »133(*). Désormais entendaient conditionner leur
guide au respect des valeurs américaines telles que
présentées par James Baker, secrétaire d'Etat aux affaires
étrangères, dans un discours prononcé devant la commission
sénatoriale des affaires étrangères. Les points saillants
développés par M. Baker touchent au premier plan l'Afrique car
ils concernent entre le respect des droits de l'homme, la pratique de la
Démocratie et l'économie de marché. Herman Cohen,
analysant cette sortie à donc déclarer que c'est dans un proche
avenir, la démocratisation serait la condition nécessaire pour
obtenir une aide au développement134(*). Dans cette logique devenant important aux
puissances de s'entendre sur l'échiquier à respecter. Ceci est
important dans la mesure où en Afrique, l'on n'est pas sensible au
renversement de l'Europe de l'Est,
Les profonds bouleversements dont l'Europe de l'Est est
aujourd'hui le théâtre et le est ouvert qui en découle se
traduiront tôt ou tard d'intense changement à travers le monde. Le
vent de ce changement ne pourra en particulier épargner l'Afrique [...]
grâce à la puissance du transistor et de la
télévision, de la vidéo cassette du
téléphone et de ses multiples dérivés, l'Afrique
n'est et ne peut plus désormais être un vase clos135(*).
L'on perçoit par là qu'avec la fin de la Guerre
Froide, c'est le du moins la du phénomène de la mondialisation
qui d'abord compris sous le prisme économique propre en ces
années 1990, une dimension purement politique. En effet,
Les dynamiques de la mondialisation prennent formes
aussi à travers l'institutionnalisation des conditionnalités
politiques dans la coopération au développement, pendant du
processus de globalisation. Ces conditionnalités politiques sont d'un
type nouveau par rapport à ceux qui ont existé pendant la Guerre
Froide celles là moins regardantes sur les questions relatives aux
droits humains avaient surtout favorisé politique, des dictatures
d'enjeux idéologiques et géostratégiques structurant.
Elles diffèrent donc de conditionnalité politiques qui
apparaissait dans les années 1990 et complète le valet
économique présentant par un valet politique tout entrer vers la
promotion de la Démocratie libérale et les valeurs qui en sont
sous jacentes »136(*).
L'on perçoit par là le lien étroit qui
peut être étalé entre le de la guerre froide et la
globalisation du phénomène mondialisation. Aucune nation, aucun
continent ne procure plus être en. D'ailleurs Paul BIYA déclarait
que « l'évolution d'une société politique est
la résultante d'une multitude de facteurs dont les facteurs externes ou
l'ère du temps »137(*). L'Afrique subsaharienne ne pouvait donc pas
échapper à cette réalité.
Mais, suivant le grand partage de la guerre froide qui faisait
du continent africain « la chasse gardée de la
France »138(*). Il lui a paru important d'en manifester le
désir de prendre les commandes de la réorientation politique du
continent. C'est ainsi que le président français François
Mitterrand prit l'initiative d'en préciser désormais le cadre
d'évolution des relations franco-africaines.
2- Le discours de la Baule et la naissance du Nouvel
Ordre International Africain (NOIA).
Prenant ainsi la logique de la conditionnalité afin de
ne point perdre du leste en Afrique, la France par l'entremise de son
président fixa le cadre de la future coopération franco
africaine. D'ailleurs, « il se dit partout aujourd'hui que
François Mitterrand par la déclaration de la baule en 1990 a
déclenché indirectement l'agitation populaire dans les
républiques francophones en y donnant le coup d'envoi de la
démocratisation »139(*) .
De fait, à y regarder de près, l'on se rend
compte que l'attitude de Paris visait non pas le bien être des Etats
Africains mais sa survie en tant que grande puissance à l'heure
où les Etats Unis gagnaient du terrain. C'est donc cette logique qui
guide le président français à procéder à ce
que Francine Bitée appelle le
« revirement »140(*). En recevant donc ces pairs africains pour le compte
du quatorzième sommet des chefs d'Etat et de gouvernements d'Afrique et
de France qui se tint à La Baule en France entre le 19 et le 21 Juin
1990, le président français prononça un discours
important. Le thème central portait sur la démocratie et les
Droits de l'Homme. Après avoir félicité et
remerciés ses pairs d'avoir acceptés l'invitation, Mitterrand se
plut à dire à propos des évènements de l'Europe de
l'Est, « ce souffle fera le tour de la
planète »141(*). Invitant ainsi ses pairs à adopter la voie
de la démocratisation.
Allant plus loin, et précisant la pensée de son
président, le ministre français des affaires
étrangères chargé de la coopération, M. Rolland
Dumas sera plus explicite :
Ce que le président a voulu dire c'est que le
vent de la liberté qui a soufflé à l'Est devra
inévitablement souffler un jour en direction du Sud [...] il n'ya pas de
développement sans démocratie et il n'ya pas de démocratie
sans développement142(*).
Le ton était donc donné désormais la
France lierait son aide au développement à l'effort consenti par
les pays africains vers plus de liberté143(*)et pour cause,
martèlera le président de la République lors de la
conférence qui allait suivre, il y'aura désormais selon
lui « une aide tiède » pour les régimes
totalitaires africains et une « une aide
enthousiaste » pour ceux qui franchiront le pas de la
démocratie144(*)
avec courage.
C'est donc un publique médusé qui quitte le sol
français au soir du 21 Juin 1990. Chaque pays est désormais mis
en garde et il appartiendra à chacun d'eux d'en faire bonne usage de ces
injonctions. Au-delà de tout, le discours de La Baule consacre
l'entrée de l'Afrique dans le mouvement global de reconfiguration des
positions internationales. J-F bayart a ainsi perçu le discours de La
Baule comme manifestant la naissance du nouvel ordre africain. Ainsi note
Francine Bitée :
Cette entrée de la Pérestroïka
à l'Elysée signifiait que la France, base arrière des
dictatures africaines avait préférée la fuite en avant
à une crise aigüe qui viendrait de son indifférence à
l'égard d'une évolution du monde qui balaierait son pré
Carré africain et son propre prestige si elle s'entêtait à
soutenir mordicus ses suppôts au pouvoir(...) ce revirement consistait en
un changement dans la demande politique vis-à-vis de la France
après l'autorité et des centres politiques forts, la France
demandait simplement le contraire à ses « clients »,
à savoir la démocratie et la liberté
d'expression 145(*).
Il revenait donc aux élites politiques africaines d'en
tirer les meilleures conséquences.
On constate dès lors que la fin de la guerre froide et
le revirement de paris ont « fortement contribué en
faveur du retour à la démocratie intégrale au
Cameroun »146(*). Paul Yambe Tchientcheu l'a d'ailleurs
affirmé en ces termes « ce sommet sonne le glas du parti
unique et un retour anticipé du système du multipartisme en
Afrique en général et au Cameroun en
particulier »147(*).
De plus, en face d'un calendrier d'arrimage pas clairement
défini, la contestation interne naquit au Cameroun et hâta
l'avènement du multipartisme. Cette contestation interne, apparu de
prime à bord comme une simple réaction éparse au refus du
gouvernement de libéraliser le champ politique camerounais allait
progressivement prendre l'allure des manifestations de masse. Le
détonateur principal de cette confluence est attribué à
l'ordre des avocats du Cameroun qui ont jeté les bases du mouvement
démocratique camerounais à partir de 1990.
B- Les signes internes de la démocratisation au
Cameroun : des réactions éparses aux manifestations de
masse
La libéralisation pris de ce fait le cours des
événements au Cameroun a partir des janvier 1990. En effet,
si tout semble calme en ce début de mois de janvier, des
réactions se font de plus en plus entendre. Le pouvoir avait bien
évidement mis en garde contre une quelconque manifestation politique
faisant entendre par la que le véritable socle de la concertation
restait la résorption de la crise économique. Mais, la frange de
l'opposition naissante allait entreprendre des manoeuvres jugées
dispendieuses par le système. Ce fut le début de la contestation
sociale au Cameroun. Cette dernière partir sur un coup de tête des
avocats conduisit à la naissance des partis politiques
1- l'affaire Yondo black et les autres : et tout a
commencé.
La base sociale de la contestation au Cameroun date
officiellement du 19 Février 1990. En effet, c'est à cette date
que Maître Yondo black Mandengué, ancien bâtonnier de
l'ordre des avocats est arrêté à Douala avec onze autres de
ses compagnons148(*)
parmi lesquels on peut retrouver entre autre Anicet Ekanè, Albert
Mukong, Francis Kwa Moutoné, Rudolphe Bwanga, Vincent Feko Amani, Mme
Badjé, Henriette Ekwé, Charles René Djoudjoce. Ils sont
accusés de « sédition, subversion et affront au chef
de l'Etat ».Mais, à la réalité Yondo black et
ses compagnons sont accusés d'avoir émis des tracts au nom du
«Comité de coordination pour le multipartisme et la
démocratie ». En terme claire, on les accuse
« d'avoir l'intention de créer un parti politique sans
l'autorisation de l'administration »149(*). Or, cet acte du
gouvernement allait à l'encontre même de la loi fondamentale qui
en son article 2 du titre premier permettait la liberté
d'association150(*). Cet
acte devait donc sans nul doute émouvoir le peuple camerounais qui
constate des manoeuvres de subversion de la part du gouvernement camerounais.
Quoiqu'il soit, les accusés seront jugés et
condamnés à trois ans de prison pour Yondo black, cinq ans pour
Anicet Ekanè et deux ans pour les autres151(*). Le procès mobilisa
d'énorme réaction à la fois interne et externe. C'est
ainsi que l'ordre des avocats se mobilisa. A la vérité comme le
remarque Andréas Mehler,
Le procès de l'ex bâtonnier Yondo black fut une
première apogée : environ deux cents avocats assistaient au
procès devant le tribunal militaire de Yaoundé impressionnait
par cet acte de solidarité [...] les organisations internationales de
défenses des Droits de l'Homme se mobilisèrent contre le
régime pour revendiquer la libération des
accusés...152(*)
A l'analyse donc, le mouvement initié par Yondo black a
eu le mérite de poser pour la première fois le problème
resté tabou depuis 1966. Le gouvernement camerounais ne pouvait que
réagir avec tempérance. Ceci est d'autant plus vrai que cette
contestation remettait ainsi en cause « le tempérament
pacifique» du gouvernement de Yaoundé. C'est ce qui explique
d'ailleurs cette sortie du gouvernement à travers le communiqué
du journal parlé le 14 Mars 1990, c'est-à-dire quatre jours
après le début du procès pour défendre le fait que
« l'arrestation de Yondo black ne portait pas sur le fait qu'il ait voulu
créer un parti politique mais bien parce que le mouvement formé
attentait à la vie de l'Etat»153(*). Cette réaction, aussi tardive soit-elle, a
permis de déceler de la part du gouvernement camerounais des relents
pacifistes. Mais, entrainé par le vent du multipartisme qui
s'était imposé dans des pays comme le Bénin, le Cameroun
n'allait pas rester indifférent. D'ailleurs, comme l'affirme Michel
lobé Ewane, « ce qui est sûr aujourd'hui, c'est qu'il sera
difficile que le souffle revendicatif initié par les avocats ne laisse
pas de traces»154(*).
Cela allait être visible à la suite des
évènements. Celles-ci ont contribué à prendre le
gouvernement aux mots. Ce sera la raison d'être de la marche du 26 Mai
1990.
2- La marche du 26 mai 1990 à Bamenda : et
le Social Democratic Front (SDF) naquit.
De l'ordre des avocats, les signes de la
démocratisation allait gagner le terrain des partis politiques. En
effet, voulant prendre le gouvernement aux mots, un jeune libraire, Ni John Fru
Ndi et maitre Siga Asange, déposent les dossiers administratifs pour la
légalisation d'un parti politique, le SDF à Bamenda, à la
préfecture de la Mezzan. En effet, ils étaient animés par
le fait que Yondo Black et les autres n'avaient pas été
condamnés ; comme l'affirme le gouvernement, « la
démocratie n'est effectivement pas proscrit »155(*).
Trois mois après le dépôt légal, le
fondateur n'avait toujours pas reçu de réponse de
l'administration. Or, la législation est claire dans ce domaine,
« trois mois après le dépôt légal des
statuts, la non-réponse des autorités vaut reconnaissance
implicite de l'organisation ou du parti »156(*). C est sur la base de cette
disposition que le communique de presse numéro 2 daté du 15 Mai
1990, la décision est prise :
Le SDF annonce à ses sympathisants et militants
potentiels que suite au dossier déposé à la
préfecture de Bamenda, le meeting inaugural du parti aura lieu le 26 Mai
dans la ville de Bamenda à partir de 14h. Le meeting commencera par une
longue marche depuis le Rond point City chemist jusqu'au stade municipal
Bamenda où des discours de lancements seront prononcés en
même temps que les manifestes du SDF seront distribués.157(*)
Le même communiqué ajoute que la date a
été choisie pour ne pas perturber la fête nationale du 20
mai. Toujours est-il que la marche sera interdite par les autorités
administratives.
Le 26 mai 1990 donc, la marche est officiellement
lancé. Bravant les mesures policières, une foule
déferlante se rue dans la ville de Bamenda ; on parle d'environ
80000 personnes. Le bilan de la riposte policière fait état de
six morts158(*). Ce sont
selon les mots de Valentin Ndi Mbarga « les premiers morts de la
démocratie ».
Ainsi, la marche de Bamenda, avec les conséquences
qu'elle a générée, a prouvé la détermination
du peuple camerounais à militer pour le multipartisme. La
réaction gouvernementale, comme on peut le remarquer oscillera entre
tâtonnements et adaptation. Le tâtonnement est perceptible à
travers l'organisation des manifestations pro-gouvernementales contre le
multipartisme à partir de juin 1990. Mené par le tout puissant
maire de Yaoundé Emah Basile, les partisans du régime militent
contre « le multipartisme précipité ».
Mais, les évènements de La Baule amena le
gouvernement camerounais à changer de vision politique afin de faire
corps non seulement avec l'environnement international, mais aussi et surtout
pour témoigner de son « intention
démocratique »159(*). Ainsi, lors du congrès du RDPC tenu du 28 au
30 Juin 1990, le chef de l'Etat prend la parole et, tranchant avec les
divergences des cadres de son parti affirment clairement que « le
RDPC doit se préparer désormais à une éventuelle
concurrence »160(*). C'est le début de la concurrence politique
au Cameroun161(*).
Ainsi, note Luc Sindjoun,
Le passage de monopole à la concurrence, fut-elle
déloyale, engendre un désordre structurel se traduisant par
l'entrée dans le marché politique de nouveaux entrepreneurs tels
que John Fru Ndi, Ndam Njoya, Bello Bouba Maigari [...] qui échappent,
dans une certaine mesure, au contrôle du président Paul Biya, et
aspirent à prendre sa place162(*).
Le président de la république entreprit donc de
prendre un certain nombre de mesure pour contenir cette vague de mobilisation.
Les vannes de l'ouverture démocratique s'ouvraient ainsi avec la
promulgation d'une série de lois issues de la session des
libertés de l'Assemblée Nationale. La plus importante de ces lois
est sans doute la loi n°90/056 du 19 Décembre 1990163(*).
Ceci prouve que la conjonction des évènements
aussi bien nationaux qu'internationaux a eu raison des forces de conservation.
Le ver était déjà dans le fruit et il ne fallait que
prendre des mesures afin qu'il pourrisse sans dégager des effluves.
II- « Le vent d'est » au Cameroun :
manifestations et réappropriations internes.
Le « vent d'est » entre officiellement au
Cameroun à partir des éléments de contestations mis en
place par l'affaire Yondo Black et « les premiers morts de la
démocratie camerounaise » du 26 Mai 1990. Ainsi,
« le cadeau de noël de Décembre 1990 des lois
assouplissants la vie politique camerounaise avait eu pour conséquence
la légalisation de l'opposition camerounaise »164(*). Cette opposition naissante
allait user de toutes les stratégies dont elle disposait pour changer le
paradigme politique au Cameroun. Mais en même temps, « sa
jeunesse et son inexpérience ont plongé le pays dans une
tourmente, caractérisé par l'accentuation de la dépression
économique et un grand malaise politique »165(*). Ces bouleversements sociaux
remettent en cause la situation d'accalmie politique au Cameroun. La
tripartite de 1991 ainsi que le double scrutin de 1992 allait contribuer dans
un sens ou dans un autre à soit tendre, soit détendre
l'atmosphère politique au Cameroun166(*). Le comportement des acteurs politiques camerounais
ont été dans cette période déterminante pour
l'évolution du Pays.
A- L'épopée des bouleversements
sociaux : la paix en question.
La fin de l'année 1990 marque un point important dans
l'histoire du Cameroun. La « session des
libertés »167(*) de l'Assemblée nationale avait balisée
le champ. Le peuple souhaitant le changement politique, accueille cette
décision avec joie. De nombreux partis politiques virent le jour
à partir de février 1992. On peut y voir dans le tableau suivant,
la sélection de quelques partis politiques dénombrés par
la presse camerounaise :
Tableau n°3 : sélection de
quelques partis politiques de l'opposition
Partis
|
Direction
|
Lancement
|
Autorisation
|
MDP
|
Samuel Eboua
|
24 Février 1992
|
13 Mars 1992
|
MDR
|
Dakolé Daissala
|
...
|
09 Octobre 1991
|
SDF
|
John Fru Ndi
|
26 Mai 1990
|
01er Mars 1991
|
UDC
|
Ndam Njoya
|
02 Mars 1991
|
26 Avril 1991
|
UFDC
|
Hameni Bieuleu
|
25 Septembre 1990
|
01er Mars 1991
|
UNDP
|
Bello Bouba Maigari
|
Mai 1990
|
25 Mars 1991
|
UPC (Nkongsamba)
|
Ndeh Ntumazah, Augustin Frédéric Kodock
|
10 Avril 1990
|
12 Février 1991
|
UPC (Bafoussam)
|
Michel Ndoh
|
...
|
Non autorisé
|
Source : Cameroon Tribune du 10
Janvier 1992, Messager n°206 du 22 Novembre 1990, rapports
variés compilés par Andréas Mehler, « Cameroun,
une transition qui n'a pas eu lieu ...», p. 116.
On peut voir à travers ce tableau que la plupart des
partis politiques d'opposition lancée pour la plupart à la fin de
l'année 1990 n'ont été reconnus qu'après Janvier
1991. Ceci est la preuve de ce que la démocratie libérale
instaurée dans les textes ne le fut dans les faits que bien plus tard. A
la fin de l'année 1992, tous les partis d'opposition sont donc mis sur
pied. Ainsi, cette jeune opposition « qui n'a ni projet politique ni
assise nationale va exiger le pouvoir »168(*). Ajouté à cela
la montée d'une forte contestation sociale qui entraina le pays dans une
grande tourmente économique.
1- Le procès Monga-Njawé : « la
goutte d'eau qui déborda le vase».
La construction du « désordre
social »169(*)
au Cameroun à partir de 1990 s'est manifesté à travers des
actions et des comportements éparses conjugué à la
« grotesque bavure [...] d'un régime encore gauche actions de
liberté »170(*). De fait, le procès Monga-Njawé
apparait comme la première manifestation de cet état de chose. En
effet, prenant la parole à la clôture des travaux de l'AN marquant
la fin de la « session des libertés » le 03
Décembre 1990, le chef de l'Etat pouvait se fendre d'avoir
« apporté la liberté et la démocratie au
Cameroun » et de demander au peuple camerounais « d'en
faire bon usage ». Cette posture gouvernementale dans un contexte
africain où l'heure est à la contestation des régimes des
« pères de la nation » et de
« présidentialisme accru » irrita quelques
camerounais. C'est ainsi que Célestin Monga, jeune cadre à la
Banque International pour le Commerce et l'Industrie du Cameroun (BICIC) monte
au créneau à travers ce que l'on a appelé « la
lettre ouverte au président de la république » sous le
titre de « démocratie truquée ».
Cette lettre est publiée dans le Numéro 209 du
journal le messager dont le Directeur de publication est Pius
Njawé. Dans cette lettre, Monga reproche au chef de l'Etat le ton
employé pour défendre les idéaux dont il est porteur. Au
lendemain du nouvel an, Monga et Njawé sont arrêtés pour
« outrage au président de la république, à la
cour, aux tribunaux et aux membres de l'AN ». Le procès qui
s'ouvre au Cameroun le 10 Janvier 1991 est lourd de conséquences. Il est
baptisé « procès des libertés » car
c'est le premier procès qui se tient après les lois de l'AN
votées en Décembre 1990. Ceci est d'autant plus symbolique que le
chef de l'Etat dans son message à la nation du 31 Décembre 1990
avait déclaré qu' « au Cameroun, nul ne peut
désormais être inquiété de ses idées et de
ses opinions ».
L'arrestation de Monga allait donc en contradiction avec les
propos du Chef de l'Etat. Ainsi, comme l'écrira Njawé,
« décidément, l'histoire bégaie au Cameroun du
renouveau et les actes y prennent le contre pied des discours
officiels »171(*). Le procès mobilisa tout le barreau
camerounais qui constitua un peu plus de vingt avocats pour défendre les
accusés. Ceci permit à ces derniers de s'en sortir avec six mois
de condamnation et trois cents milles francs d'amendes.
Toutefois, les enseignements du procès sont lourds de
conséquence pour l'avenir du Cameroun. En effet, non seulement ce
procès constitue le premier de l'ère du multipartisme, mais c'est
aussi pendant ce procès que surgit pour la première fois des
pancartes et banderoles portant les expressions de
« conférence nationale ». On y voit là
l'influence du contexte africain sur l'évolution du combat politique au
Cameroun. C'est aussi pendant ce procès qu'on a vu la mobilisation
quasi-unanime entre toutes les forces sociales que sont les avocats, les
journalistes et l'opposition naissante. Cette conjonction de forces entraine
une radicalisation entre le champ social et le gouvernement. Cela entraina des
dérives dont les viles mortes ont constituées le pic de
l'affrontement.
2- L'opération «villes mortes» :
malaise général ou effet domino.
L'idée des « villes mortes » est
née du refus gouvernemental de convoquer une conférence
nationale. En effet, la conférence nationale souveraine est devenue le
point focal de la contestation politique au Cameroun au lendemain du
procès Monga-Njawé. Ainsi, « illusionné par le
cours des évènements dans d'autres pays d'Afrique et d'Europe de
l'Est, l'opposition anticipait vraisemblablement une chute rapide du
régime, omettait par là même d'élaborer de
véritables stratégies de conquêtes du pouvoir à la
fois cohérentes et crédibles »172(*). L'opposition est en effet
immature à ses débuts. La conférence
réclamée par l'opposition avait pour mission de « faire
l'inventaire de ce qui s'est passé, comment le pays a fonctionné
jusqu'ici et donner les directives pour l'avenir »173(*). Face à cela, la
réaction gouvernementale est sans équivoque174(*). Lors de la réunion
du bureau politique du RDPC, le président de la république
réaffirma que « la conférence nationale est sans
objet »175(*).
Ajouté à cela, le marasme économique du Cameroun contraint
les forces sociales à se mettre en ébullition. C'est ainsi que
dans un tract publié à Douala, Mboua Massock demande
A tous les chefs d'entreprises et d'établissement
scolaires et hospitaliers de la capitale économique, d'arrêter
toutes activités les 18 et 19 Avril, afin que le pouvoir soit
sensibilisé à la nécessité d'accorder la
conférence nationale qu'il appelle « conférence de
détente nationale »176(*).
Le mois d'Avril 1991 au Cameroun est un mois symbole. Aux
incendies et dégâts des institutions républicaines, le
gouvernement réagit en prenant des mesures draconiennes comme le retour
des commandements opérationnels. Pour l'opposition c'est un
« mouvement de résistance pacifique aux agressions du
gouvernement »177(*). D'ailleurs, Vianney Ombe Ndzana considère ce
phénomène des villes mortes comme étant « la
plus longue et la plus populaire résistance interne organisé
contre l'Etat post-colonial dans ce pays depuis les
indépendances »178(*).
L'obstination du pouvoir à refuser d'accorder au peuple
la conférence nationale amena l'opposition à se radicaliser
davantage et à impulser le mot d'ordre de désobéissance
civile dès le 11 Mai 1991. Cela impliquait « la cessation de
paiement des taxes et des impôts à l'Etat et le boycott des
réunions convoquées par les autorités administratives. Les
pertes de l'économie camerounaise ont été
évalué à cinq milliards de FCFA environ par
jour »179(*).
Ce qui donnait un total d'environ750 milliards de perte pour l'économie
camerounaise à la fin de l'opération villes-mortes180(*). Ces
évènements montraient à quel point le gouvernement et
l'opposition balbutiaient chacun dans les stratégies à adopter.
De fait, bien qu'ayant des fondements internes, le front des
« villes-mortes » au Cameroun s'appuie davantage de
l'impact régional africain sur l'évolution des
évènements internes. Après ce moment de désordre
total, la raison reprend le dessus, et le gouvernement décide de prendre
la mesure des choses, même si cela n'allait pas toujours dans le sens
souhaité par l'opposition. Mais elles eurent néanmoins le
mérite d'être prises.
B- L'étape de la construction d'un dialogue
social : réalités et limites.
Il faut dire que les efforts consentis aussi bien par
l'opposition que par le gouvernement durant toute l'année 1991 les
avaient épuisés. C'est pourquoi lorsque le chef de l'Etat annonce
lors d'une déclaration radiodiffusée la tenue d'une
« coordination tripartite, mettant aux prises le gouvernement, les
partis de l'opposition et la société civile », cela
apparait aux yeux de l'opposition comme l'occasion de parler franc-jeu avec le
gouvernement. C'est d'ailleurs ce qu'exprimait Hamadou Moustapha, premier vice
président de l'UNDP en ces termes : « Nous ne sommes pas
venus à la tripartite pour claquer la porte, nous sommes venus pour
négocier, avec un maximum d'honnêteté, d'ouverture et de
souplesse, les termes d'un réel retour à la décrispation
de la vie socio-politique »181(*).
On peut dès lors mesurer l'enjeu de la tripartite qui
s'ouvre le 30 octobre, devant entrainer l'organisation du double scrutin de
1992.
1- La rencontre tripartite : termes et
résolutions
La conférence tripartite s'ouvre dès lors au
palais des congrès de Yaoundé le 30 Octobre 1991 et s'acheva le
15 novembre 1991. Elle réunit en effet les responsables des partis
politiques, les personnalités de la société civile et les
représentants des pouvoirs publics. Regroupant trois cents personnes,
elle était dirigée par le premier ministre sur recommandation du
Président de la République. Une commission fut mise sur pied
charger de rédiger l'avant projet du décret d'accès aux
médias publics et un avant projet du code électoral182(*). Elle permettait ainsi au
gouvernement d'éviter les conséquences imprévisibles d'une
conférence nationale souveraine. Elle permit en outre de s'assurer un
certain retour au calme dans le pays tout en offrant au gouvernement
« un substitut démocratique acceptable ou même
préférable à une aventureuse conférence
nationale »183(*).
Au début des travaux, on pouvait noter pour les
personnalités de la société civile, Monseigneur
Jérôme Owono Mimboé, le professeur Aletum, le Cardinal
Christian Tumi et bien d'autres. Mais le 31 Octobre, les acteurs de
l'opposition amenés par Samuel Eboua et John Fru Ndi quittent la salle
après le retrait de la parole à Pierre Flambeau Ngayap par le
Premier ministre Hayatou, pour non respect du code de bonne conduite qui
stipule que chaque interlocuteur lié à un parti s'exprime
seulement au nom de celui-ci. Après la médiation du cardinal
Tumi, ces acteurs regagnèrent la tripartite. Ainsi, après deux
semaines de débats, c'est à la satisfaction de toutes les parties
y compris l'aile dure de l'opposition, qu'allait être signés par
quarante partis politiques la déclaration de la tripartite184(*). L'opposition acceptait
ainsi la levée du mot d'ordre de villes mortes et de
désobéissance civile auxquels devait suivre la reprise normale
des activités ; En contre partie, le gouvernement accepte de
démilitariser les zones sous contrôle de l'opposition, de
réhabiliter certaines figures historiques du pays et de fixer un
moratoire pour le commerçants victimes de villes mortes185(*).
Au demeurant, c'est un régime beaucoup plus confiant
qui sortit des assises de la tripartite. Elles marquaient malgré tout
une étape importante dans le processus de transition démocratique
au Cameroun car,
C'est au cours de cette conférence que le gouvernement
donna l'estocade à une opposition visiblement essoufflées par
plus d'un semestre de villes mortes et qui ne savaient plus comment s'en
sortir. C'est aussi à l'occasion de cette rencontre que le RDPC posa les
jalons de sa stratégie pour les élections législatives et
pour l'élection présidentiel de 1992.186(*)
La tripartite confirme aussi la prééminence du
chef de l'Etat sur les travaux car c'est lui qui, bien que ne participant pas
directement, organise tout par l'entremise de ce que Zébazé
appelle « le premier ministre de façade »187(*). Ainsi, les élections
pluralistes qui suivirent la tripartite constituèrent l'enjeu
réel de la transition démocratique au Cameroun.
2- Les élections anticipées de
1992 : transition démocratique ou consolidation du
système ?
La fin de la tripartite offrait au chef de l'Etat une occasion
importante de convoquer enfin le corps électoral. Le climat social
était alors propice à l'organisation d'une élection. C'est
ainsi que le corps électoral fut convoqué le 07 Février
1992 et les élections fixées au 1er mars 1992.
Cependant, cette convocation crée des remouds au sein de la classe
politique de l'opposition ; en effet, ceux que l'on nommera
désormais d'opposition radicale selon les mots de Mathias Eric Owona
Nguini, à savoir le SDF et l'UDC refusèrent de participer
à ces élections sous le prétexte que le code
électoral mis en place ne respectait pas les termes de la tripartite.
Les partis politiques de l'opposition ayant participé à ces
élections sont appelés « opposition
républicaine »188(*) c'est-à-dire celle là qui a bien voulu
se battre pour obtenir une part de pouvoir au sein de la nouvelle
assemblée ; Ainsi, le scrutin législatif donna les
résultats suivants :
Tableau n°4 : résultats des
élections législatives de 1992 ainsi que le nombre de
siège par partis.
Partis politiques
|
Nombres de sièges
|
RDPC
|
88
|
UNDP
|
68
|
UPC
|
18
|
MDR
|
06
|
Source : A. Mehler,
« Cameroun, la transition qui n'a pas eu lieu ...»,
p.223.
Ainsi, comme le montre le tableau, le RDPC sortit de cette
élection avec une légère avance. Mais cette avance ne
permettait pas au parti au pouvoir de gouverner en toute quiétude car
comme le montre la carte politique du Cameroun au sortit des
législatives, les forces politiques étaient polarisées
(carte n° 1).
Carte n° 1 : carte politique du
Cameroun à l'issue des législatives de 1992.
![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n1.png)
Source : L. Sindjoun, «
construction et déconstruction locale de l'ordre politique au
Cameroun ; La sociogenèse de l'Etat», thèse de doctorat
d'Etat en science politique, UYII, 1994, p. 438.
Après l'épopée des législatives
vient celle des présidentielles d'octobre 1992. En effet, usant des
prérogatives à lui accordées par la constitution, le chef
de l'Etat décida de convoquer le corps électoral pour les
présidentiels le 25 Aout 1992 et en profita pour annoncer la date de sa
tenue pour le 11 Octobre 1992. Cette fois, tout le monde répond
présent à l'appel. Le consensus entre l'opposition radicale et
l'opposition républicaine n'était pas fait mais l'enjeu
était tel que personne ne voulait rater ce rendez-vous avec
l'histoire189(*). La
période pré-électorale fut ainsi marquée par
quelques soubresauts notamment dans la région du Nord- Ouest190(*). Mais dans l'ensemble, le
climat de relative accalmie régnait sur l'ensemble des régions du
pays. C'est ainsi que le 11 Octobre, les camerounais se rendit aux urnes et
à l'issue de ce vote, malgré le fait que le candidat du SDF se
déclara vainqueur à travers un communiqué de presse
tonitruant191(*), le
candidat du RDPC fut déclaré vainqueur comme en témoigne
les résultats publiés par la cour suprême du Cameroun tels
que retransmis dans le tableau suivant :
Tableau n°5 : résultat des
élections présidentielles de 1992 au Cameroun par candidats et
par région.
|
Candidats
|
Provinces
|
P. Biya
|
M. Bello Bouba
|
J.-J. Ekindi
|
J. Fru Ndi
|
A. Ndam Njoya
|
Ema Otu
|
Totaux
|
Adamaoua
(%)
|
31910
26,73
|
78204
64,04
|
1235
01,01
|
7797
06,38
|
2255
01,85
|
711
00,59
|
122112
|
Centre
(%)
|
408718
71,03
|
52060
09,05
|
1452
00,25
|
106848
18,57
|
5135
00,89
|
1193
00,21
|
575406
|
Est
(%)
|
93099
68,50
|
29339
02,59
|
1137
00,84
|
8975
06,60
|
2623
01,93
|
741
00,54
|
135914
|
Ext-Nord
(%)
|
202134
47,65
|
180185
42,88
|
9903
02,33
|
18001
04,24
|
8567
02,02
|
5426
01,28
|
424216
|
Littoral
(%)
|
57096
14,31
|
57641
14,44
|
3517
00,88
|
269774
67,60
|
10083
02,53
|
959
00,24
|
399070
|
Nord
(%)
|
94704
42,87
|
111387
50,42
|
3087
01,40
|
6950
03,15
|
3186
01,44
|
1592
00,72
|
220906
|
Nord-Ouest
(%)
|
32348
09,60
|
10227
03,03
|
467
00,13
|
290816
86,30
|
22830
00,83
|
315
00,09
|
337048
|
Ouest
(%)
|
46069
11,86
|
7687
01,98
|
2010
00,52
|
263321
67,78
|
68284
17,58
|
1086
00,28
|
388457
|
Sud
(%)
|
183295
94,82
|
2376
01,23
|
92
00,05
|
6874
03,55
|
602
00,32
|
72
00,03
|
193311
|
Sud-ouest
(%)
|
36093
21,36
|
40781
24,13
|
625
00,37
|
87201
51,60
|
3846
02,27
|
450
00,27
|
168996
|
Totaux
(% national)
|
1185466
39,976
|
569887
19,218
|
23525
0,793
|
1066602
35,968
|
107411
03,622
|
12543
0,423
|
2965436
100,00
|
Source : L. Sindjoun, «construction
et déconstruction... », p.450.
Il en ressort de ce tableau publié par la cour
suprême que l'élection présidentielle de 1992 faisait
entrevoir des perspectives difficiles pour le nouveau chef de l'Etat. Ceux
d'autant plus que son élection était contestée non
seulement par ses protagonistes du scrutin que par une partie de la
communauté internationale comme en témoigne la carte politique du
Cameroun au sorti des élections de 1992 (carte n° 2).
Carte n° 2 : La carte politique du
Cameroun à l'issue de l'élection présidentielle de
1992.
![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n2.png)
Source : L. Sindjoun, « construction
et déconstruction locale de l'ordre politique...», p. 463.
L'on perçoit à travers cette carte, une
redistribution des pouvoir de vote au Cameroun. Une lecture simpliste et claire
de la carte fait apparaitre l'existence d'un vote communautaire car la plupart
des candidats recueillent le maximum de voix dans leurs fiefs d'origine, ce qui
est normale. Mais, cela s'apparente aussi à un vote ethnique et tribal
en vertu duquel un électeur vote pour un candidat davantage parce qu'il
est son frère que par rapport au programme politique
présenté par ce dernier.
Au demeurant, l'analyse qui ressort de l'attitude des acteurs
politiques de l'opposition est celle des « opportunistes »
car comment comprendre cette volte-face en l'espace de sept mois d'intervalle.
En refusant de participer aux législatives de 1992, une partie de cette
opposition, et la plus importante, avait laissée passer sa chance de
réaliser une véritable coalition parlementaire. Or comme
l'écrit Samuel Huntington, « dans les nouveaux Etats
démocratique de la fin du XXème siècle,
l'obtention d'une véritable coalition et d'un partage de pouvoir passe
nécessairement par la force d'impulsion réalisée au sein
du parlement »192(*).
L'attitude des opposants camerounais avait donc
été tout autre. En décidant de participer aux
présidentielles, l'aile dure de l'opposition, considérée
comme la plus importante en capacité de mobilisation, avait
montré par là que l'institution présidentielle
camerounaise, présentait le sommet de la carrière
politique193(*). Tous se
définissent donc par ou en dehors de celle-ci. On comprend dès
lors ces mots Luc Sindjoun :
Certain partis de l'opposition comme le SDF et l`UDC avaient
refusait de présenter les candidats aux législatives de Mars
1992, mais présentèrent leur candidat à l'élection
présidentielle, organisée à sept mois d'intervalle, sans
la moindre réserve. C'est par rapport à l'élection
présidentielle que s'organise l'intégration du champ politique.
La dramatisation de la dite élection présentée comme un
« tournant de l'histoire », la performance
démagogique et les stratégies charismatiques des candidats
contribuent à la promotion du rôle présidentielle [...] le
conflit avec le président Paul Biya, ne traduit pas une
dénégation du rôle présidentiel. Son
intensité est à la mesure de la centralité qu'on lui
prête dans la vie politique camerounaise...194(*).
C'est donc dire que c'est l'idéalisation du poste de
président de la république qui a causé en partie
l'échec de l'opposition pendant cette période. Or, ils leurs
auraient plus loisible de faire preuve de « realpolitik »
en pesant de façon raisonnable tous les ressorts de l'assise politique
au Cameroun. A cet égard, le parlement semble de notre avis être
un des ressorts les plus importants qu'il aurait fallu bâillonner en 1992
afin d'avoir plus d'emprise sur le gouvernement.
Ainsi, comme on peut le comprendre, l'ouverture politique au
Cameroun s'est faite sous le prisme de plusieurs considérations. Si la
passation de pouvoir de 1982 apparait ici comme un moment important pour avoir
permit une « démocratisation au sein du parti
unique », ce sont les évènements internationaux qui
viendront précipiter le Cameroun dans cette voie. Cela a
été perceptible à travers les comportements du
gouvernement qui oint quelques fois donnés l'impression d'un
tâtonnement ou des essais et à d'autres moments l'on a
perçu une réelle volonté de dialogue et d'ouverture.
Toujours est il que ce comportement à demi-teinte a créé
des remouds sans précédent au Cameroun. Les villes mortes en ont
été les points le plus crucial de cet état d'esprit. C'est
donc avec raison que la première élection multipartite ait
été contesté par certains acteurs, même si leurs
responsabilités furent aussi notable comme nous avons put le
constater.
Quoiqu'il en soit, le Cameroun à la fin de
l'année 1992 est en situation de turbulence et de marginalisation
internationale traduite par les réactions à l'issu des scrutins
pluralistes. Le gouvernement doit donc prendre les mesures afin de regagner du
terrain et aussi retrouver de la confiance auprès des partenaires
internationaux. Mais, cette démarche entrait davantage dans le cadre du
combat pour la démocratisation du Cameroun que de celui de la transition
politique.
DEUXIEME PARTIE :
DE LA TRANSITION POLITIQUE A LA DEMOCRATISATION DE LA
SOCIETE POLITIQUE AU CAMEROUN : LES USAGES DU «SYMBOLE DE LA
PAIX» (1992-2006).
La fin des élections pluralistes de 1992 marquait au
Cameroun la fin de ce que l'on peut appeler « transition
démocratique ». En effet, si le régime monolithique du
début des années 1960 avait connu de profonds changements
prenants l'allure d'une « révolution
copernicienne », la réalité sociale ne traduisait pas
les espoirs placés en la démocratisation. Et pour cause, la
légitimité du gouvernement sorti des urnes étaient
radicalement remis en cause par une grande partie de la communauté
internationale, notamment le bloc anglo-saxon représenté pendant
les moments de braise par l'ambassadrice des USA au Cameroun195(*). Son discours d'adieu au
gouvernement du Cameroun témoigne, en des termes diplomatiques certes,
de cet état d'esprit196(*). Quoi qu'il en soit il était important pour
le gouvernement de regagner l'estime de cette communauté internationale.
C'est pourquoi les orientations de la politique étrangères du
Cameroun prirent plus d'échos avec le passage de la
« politique du ni ni à la double
affiliation »197(*). A coté de cela, l'option de la gouvernance
occupa aussi en ces moments une place de choix. Cependant, cette période
marquée par une conjoncture difficile au Cameroun prend une nouvelle
tournure avec l'entrée au XXIème siècle dont
les discours allaient être articulés autour de
l'amélioration des institutions démocratiques dans la plupart des
Etats africains. Tout en continuant son effort d'amélioration de la
gouvernance, marqué par la lutte contre les fléaux sociaux tels
que la corruption, le Cameroun essaie tant bien que mal à s'arrimer
à cette donne africaine. L'objet de cette partie est donc de retracer
tout cet éventail de fait et d'actions car la dénonciation de
tout ces actes sont des facteurs de déstabilisations important pour la
société camerounaise. A cet égard,
« l'hégémonie de pacification » constituera
le « ventre-moue » du troisième chapitre tandis que
le dernier s'attèlera à mettre en évidence les efforts du
gouvernement camerounais dans l'amélioration de la gouvernance publique
au Cameroun. Bien sûr, nous ne manqueront pas de signaler l'influence de
la communauté internationale sur ces choix. Tout ceci nous permettra de
peser et d'évaluer l'impact du symbole de la paix dans la gestion
politique au Cameroun.
Chapitre III
LA CONSTRUCTION DE «L'HEGEMONIE DE PACIFICATION
»AU CAMEROUN : LE POIDS DE L'INCIDENCE INTERNE -EXTERNE
(1992-2000).
Au sortir des Scrutins pluralistes de 1992, le Cameroun est
dans une situation de « crise latente ». Les espoirs de
paix semblent de plus en plus faire place aux excès de crises. Le
gouvernement est à l'aboi et l'opposition naissante semble
désormais vouloir apprendre de ses erreurs. Ajouter à cela, les
réactions étrangères après les élections de
1992, font du Cameroun peut être pas « un paria de la
société internationale »198(*) du moins un accusé
qui se doit de se défendre. C'est la réaction gouvernementale
à toutes ces considérations à la fois internes et
internationales qui constituera la trame de ce chapitre dont les deux parties
se réunissent entre réformes et quête de
crédibilité. Nous y verrons qu'à cette occasion le
discours de la paix a plus que jamais occupé une place de choix au sein
du « marché gouvernant » camerounais.
I- La mise en place d'un espace
démonopolisé au Cameroun : volonté de faire corps
avec la mondialisation et fin de la transition politique (1992-1997).
La volonté de mettre en place un cadre
démocratique dé monopolisé au Cameroun fut construite au
crépuscule du « désordre collectif » issu des
doubles scrutins législatif et présidentiel de 1992. On peut
même dire qu'en ces temps, le Cameroun constitue une
« démocratisation de crise » au sens de Raoul serge
Zacharie Nyanid199(*).
Les réformes apportées visaient donc à mettre fin à
cette situation.
A- Le Cameroun entre crise de multipartisme et
volonté de libéralisation politique : entre réformes
importantes et menaces sur la paix.
Il est sans conteste de remarquer qu'n ce début de
l'année 1993 au Cameroun, l'on est encore en situation de
« convalescence démocratique ». Cet état ne
permet tout de même pas d'échec total. On peut y relever dans cet
état, des actes qui témoignent d'une spécificité
camerounaise. C'est pourquoi nous verrons que l'accalmie politique au Cameroun
s'est traduite davantage grâce au dialogue, fut-il tacite, entre le
gouvernement et l'opposition. Ceci a permis de mettre sur pieds un
échafaudage constitutionnel sans heurts particuliers à partir de
1993.
1- Les fondements de l'accalmie politique au
Cameroun : le dialogue opposition- gouvernement.
La fin des consultations électorales de 1992 avec
« l'échec » que les uns et les autres de
reprochaient réciproquement laissaient entrevoir une situation de
« conjoncture critique » au Cameroun200(*) ; Néanmoins, les
jours et lies mois qui suivirent l'élection présidentielle de
1992 furent marqués par un certains nombre de mesures ayant
contribués peu ou prou à mettre sur pied s les jalons d'une
accalmie politique. En effet, si les problèmes de «
reconnaissance mutuelle des acteurs du jeu politique continue à se
poser », il faut reconnaitre qu'un certains nombre de mesures furent
prises aussi bien par le gouvernement que par les partis d'opposition. C'est en
effet au lendemain des élections de 1992 que le chef de l'Etat
émet l'idée der la formation d' gouvernement de coalition avec
toute la classe politique ainsi que les partis politiques existantes. Bien
sûr tout le monde ne fut pas d'accord. Tout de même le RDPC initia
une coalition gouvernementale. Le parti au pouvoir avait déjà
depuis les législatives de Mars 1992 une plate forme, gouvernementale
avec l'UPC tendance Kodock ainsi que le MDR. Avec cela, on peut y ajouter la
bénédiction tacite accordée par la France au candidat du
RDPC comme en témoigne le ballet de réception des
personnalités françaises au palais de l'unité avant les
élections présidentielles de 1992.
Ainsi, même si le rapport des observateurs
internationaux à l'issue de cette élection élaborait un
tableau noir201(*), il
reste palpable que la balance penchait davantage du coté gouvernementale
avec notamment le soutien de la France.
En retour, l'opposition avait opté pour une
stratégie différente. En effet, l'opposition camerounaise
s'attela à demander le soutien des USA à travers son ambassadeur
accrédité au Cameroun en la personne de Madame Francès
COOK qui sillonna tout le territoire afin de faire partager le point de vue des
USA202(*). Le choix de
l'opposition s'avéra être un mauvais casting de la part de
l'opposition camerounaise car malgré toutes ces mesures, le gouvernement
semblait gagner du terrain. Cet échec était d'autant plus
palpable que la problématique d'une candidature unique de l'opposition
avait fissuré l'opposition camerounaise. Ainsi, l'échec
constatée de cette initiative ajouté à la crise interne
que connaissait la plupart des partis de l'opposition justifie ainsi leur
mutisme postélectoral.
Ceci est important d'être relever car à la
lecture des ces évènements, l'on constate que le Cameroun
était en situation d'accalmie en majorité grâce au constat
d'échec manifeste de l'opposition conjuguée aux
« succès gouvernementaux ». Car comment comprendre
le dialogue sinon de le déduire du jeu de réaction et
contre-réaction manifeste au Cameroun à partir de 1993 ? En
refusant de participer aux élections municipales et législatives
de Mars 1992, l'opposition radicale avait permis au parti au pouvoir de nouer
des contacts avec l'opposition molle à telle enseigne qu'avec ou sans
eux, le gouvernement était en mesure de s'assurer une stabilité
gouvernementale quasi normale. D'ailleurs, la composition du gouvernement sorti
des urnes témoigne si besoin en était de cette
situation203(*).
Il ne restait plus au gouvernement que de parachever l'oeuvre
débutée après les élections. Cela passait par la
construction d'un cadre constitutionnel acceptable.
2- L'échafaudage constitutionnel de la
pacification politique au Cameroun.
Le gouvernement formé à l'issue des
élections de 1992 traduisait une certaine idée du consensualisme
même s'il est vrai que les principaux leaders de l'opposition
étaient absents. D' ailleurs, l'UNDP s'était
désolidarisé de ses partisans entré au gouvernement. Son
président, Bello Bouba Maigari l'avait exprimé en ces
termes : « les membres de l'UNDP qui ont accepté
d'entrer au gouvernement ne représente pas le parti mais leur propre
intérêts »204(*). Afin de rendre ce gouvernement crédible, le
chef de l'Etat décida de mettre en évidence quelques idées
issues de la tripartite. Ceci était d'autant plus important que la
conjoncture internationale de l'époque s'y prêtait
agréablement. Narcisse Mouelle Kombi relève à cet effet
que,
L'établissement d'un ordre démocratique interne
a pour corollaire la soumission à la légalité
internationale et celle selon laquelle la promotion de l'état de droit
passe par l'acceptation de la primauté du Droit International, dont
l'emprise sur les ordres juridiques internes est de plus en plus
affirmée205(*).
C'est donc dans l'optique de s'arrimer à ces normes
dites internationales que la Cameroun entrepris de modifier la constitution de
1972 afin qu'elle réponde aux nouvelles normes internationales. C'est
ainsi que des consultations au sein des partis furent entreprises. Pour cela,
une commission fut mise sur pieds : la « commission
Owona »206(*)
dont la mission était de rédiger un avant projet de la
constitution de la république du Cameroun. Cette commission remis en
effet les résultats de son travail en début d'année 1994.
Il revenait donc au gouvernement de mieux l'étudier afin de
procéder à son adoption. De manière
générale, l'avant projet Owona prenait en compte certaines
dispositions du consensualisme issus de la tripartite de 1991. Toutefois,
dans sa volonté de gagner du terrain de plus en plus menaçante au
début de l'année 1995, le gouvernement adopta une version revue
de l'avant projet Owona, version faites des juristes français où
le mandat présidentiel passa de cinq à sept ans renouvelable une
fois207(*).
L'opposition se montra hésitante. On ne la senti pas
pendant cette phase de discussion sur l'issue de la loi
constitutionnelle208(*).
On peut dire que les coups de forces gouvernementales des années
précédentes l'avait certainement affaiblit209(*). Mais, il faut aussi ajouter
à cela la discréditation d'une opposition qui ne se fait sentir
qu'en année électorale. Ainsi, la loi constitutionnelle fut
adoptée par le parlement à majorité constituée de
représentant de la plateforme gouvernementale, et promulguée le
18 Janvier 1996. Et Alain Didier Olinga d'écrire :
Comme tout texte juridique, la loi constitutionnelle
adoptée en 1996 en révision de la constitution du 02 Juin 1972
procède d'un contexte social et historique précis, d'une
configuration des forces données. Le texte semble avoir
été adopté un peu tard, par rapport à la pression
politique et populaire des années de braises, à un moment
où la superstructure politique en place, après avoir fortement
vacillé, reprenait progressivement de sa superbe, au point d'être
en mesure d'ignorer plusieurs éléments du consensus minimum issu
de la tripartite210(*).
Quoiqu'il en soit, l'adoption de la loi constitutionnelle, un
an avant les élections présidentielles plaçant à
nouveau le Cameroun en situation de « conjoncture
critique ». Comme en 1992, l'année 1997 allait apparaitre
comme une année charnière pour le Cameroun. Il fallait dès
lors affuter ses armes avant le combat211(*). L'opposition comme le gouvernement y allait de ses
propres convictions. Le consensus général étant toutefois
appréhender comme l'action incontestable de l'amélioration de
l'image internationale du Cameroun.
B- L'amélioration nécessaire de l'image
internationale du Cameroun : le double jeu gouvernement- opposition.
Après l'entrée en vigueur de la loi
constitutionnelle de 1996, une certaine effervescence s'empara des formations
politiques de l'opposition qui décidèrent comme en 1992 de former
une plate forme commune212(*). Celle-ci avait pour but de remettre en cause la
force des institutions démocratiques. En face d'elle, le gouvernement,
jouissant d'une certaine embellie internationale, prirent des mesures pour
contrecarrer les initiatives de l'opposition. C'est la trame de cette situation
qui fera l'objet de cette partie.
1- La formation du «front du boycott»
camerounais et ses incidences internationales.
Les évènements de 1992 semblaient reprendre de
la place au Cameroun en ce début d'année 1997. En effet, le
rapprochement opérer entre l'UPC radicale, le SDF, l'UNDP et l'UDC en
vue de la formation d'un groupe unique visait à faire du lobbying
auprès des nations amies du Cameroun. L'idée poursuivie par
l'opposition camerounaise était de contraindre le gouvernement à
opérer plus de réformes. Mais, l'ordre est d'abord aux
élections municipales, et législatives de Mai 1997. Contrairement
à 1992, tout le monde est au rendez-vous213(*), du moins, toutes les
formations politiques de poids sont au départ de la campagne pour les
élections de Mai. Cependant, les stratégies de divisions
opérées par le gouvernement menaçaient la
stabilité du Cameroun. En effet, certaines candidatures de l'opposition
sont invalidées. Certains candidats même de la majorité
présidentielle furent boycottés. C'est le cas de monsieur Tchouta
Moussa dont l'élection fut annulée dans sa circonscription pour
cause de « fraudes massives »214(*). Il ne sera élue
qu'à l'issue des partielles.
Quoiqu'il en soit, les législatives du 17 Mars 1997
donnaient au parti au pouvoir une majorité absolue comme en
témoigne les résultats publiés le lendemain de ces
consultations :
Tableau n° 6 :
Résultats des élections législatives de 1997
Partis Politiques
|
Nombre de Sièges
|
RDPC
|
109
|
SDF
|
43
|
UNDP
|
13
|
NON ATTRIBUE215(*)
|
07
|
UDC
|
05
|
MLJC
|
01
|
MDR
|
01
|
UPC(K)
|
01s
|
Source : Cameroon Tribune,
n°2653 du lundi 09 Juin 1997, PP.02-08
A la lecture de ce tableau, on se rend compte que les
formations politiques les plus importantes de 1992 comme l'UNDP avaient perdus
du pied à l'issue de ces nouvelles élections. Ceci est dû
à la crise interne qui secoua le parti après la formation du
gouvernement d'union de 1992. L'autre remarque importante à faire est le
positionnement du SDF comme deuxième formations politiques du Cameroun.
Malgré son absence de 1992, il apparaissait toujours comme le champion
de l'opposition camerounaise. Néanmoins, le RDPC, parti au pouvoir
récolta la majorité absolue. Ce qui du point de vue de Francine
Bitee s'avère être une contradiction. Elle l'exprima en ces
termes :
Cette majorité est surprenante dans un pays où
les causes de mécontentements vis-à-vis du gouvernement ne
cessent d'augmenter, face aux salaires insignifiants et à la
montée du chômage [...] Plus que dans la fraude, l'explication la
plus plausible d'une telle « popularité » du parti
est dans l'intimidation et la corruption des électeurs216(*).
Qu'à cela ne tienne, c'est à la suite de ces
consultations que les leaders de l'opposition prirent la décision de
boycotter les présidentielles d'Octobre 1997. Ils formeront donc ce qui
resta dans l'imaginaire quotidien des camerounais comme le « front du
boycott». Ainsi, lorsque le 12 septembre 1997, le chef de l'Etat convoque
le corps électoral pour le 12 octobre 1997, les leaders des principaux
partis de l'opposition signèrent « la déclaration
conjointe SDF, UNDP, UDC » et les principaux leaders s'envolent pour
l'étranger. Bello Bouba Maigari se rendit en Egypte, John Fru Ndi au
Sénégal et Adamou Ndam Njoya en Allemagne217(*).
La stratégie de ces leaders, à l'heure de
« l'internationalisme accru », visait à gagner du
terrain auprès des partenaires privilégiés du
gouvernement. Le choix de l'Egypte vise notamment un soutien important dans le
cadre de l'Organisation de la Conférence Islamique (OCI) dont l'Egypte
apparait comme un leader. Le Sénégal est u choix
résolument francophone afin que cette dernière face du lobbying
auprès des autres Etats dans le cadre de la Francophonie. Enfin,
l'Allemagne c'est dans le cadre de l'Union Européenne dont ils
savent pertinemment qu'elle est la locomotive par excellence. C'est de retour
des ces voyages que les leaders de l'opposition ont cru devoir s'abstenir lors
des élections présidentielles de 1997. Toutefois, il apparait
pour Yves Alexandre Chouala que cette stratégie ne fut pas
ingénieuse dans la mesure où les intérêts et les
enjeux des nations occidentales semblaient plus assurés par le
gouvernement en place dont ils savaient comment le faire fléchir
contrairement à une opposition dont ils ignorent
encore « les atouts et les faiblesses »218(*).
En tout état de cause, un ensemble de mesures furent
prises par le gouvernement afin de témoigner de sa volonté
d'ouverture et de dialogue.
2- La contre- réaction gouvernementale : la
construction de la« magistrature présidentielle
apaisée» et ses avatars.
S'il ya un constat à faire, c'est bien celui de la
décrédibilisation du gouvernement camerounais au sorti des
élections de 1992. La campagne de dénigrement entamée par
l'opposition faisait du Cameroun un Etat anti démocratique. On peut donc
considérer que la construction de l'idéologie de la magistrature
présidentielle apaisée prit naissance grâce d'abord aux
actions concrets de la diplomatie camerounaise. Gueguim Zebaze y fait une
analyse intéressante de l'impact de la diplomatie camerounaise dans la
construction de l'image de marque du Cameroun. En effet, les actions les plus
éclatantes du gouvernement fut l'organisation du
32ème sommet de l'organisation de l'Unité Africaine
(OUA) et l'adhésion du Cameroun au Commonwealth. De fait, en
accueillant le 32ème sommet de l'OUA, Paul Biya devenait par
la même occasion le président de l'Afrique pendant toute une
année. Cette tâche ne lui aurait pas été
confiée s'il ne respectait pas les exigences de la communauté
africaine. Ainsi, précise Clément Malliat, « le pays
candidat à l'organisation de la conférence des chefs d'Etats et
de gouvernement de l'institution panafricaine doit aussi pratiquer une
politique de consensus qui soit à même de concilier les
intérêts des Etats- membres »219(*). La politique de consensus
intègre ici les exigences démocratiques. C'est donc sans fard que
le sommet s'est tenu à Yaoundé du 08 au 10 Juillet 1996.
Toutefois, il faut reconnaitre ici l'action de l'opposition
camerounaise dans l'organisation de ce sommet. En effet, comme le note Yves
Alexandre Chouala,
La capacité de l'opposition animée par John Fru
Ndi à influencer la scène sociale et politique nationale et
à capitaliser les sympathies internationales a contribué à
construire l'incontournabilité du Chairman et de quelques autres leaders
dans le processus de pacification interne.220(*)
C'est dans cet optique que le Secrétaire
Général de l'OUA monsieur Salim Ahmed Salim rencontra Fru Ndi
(voir Photo) lors de sa visite au Cameroun du 30 Mars au 03 Avril 1996 afin
d'obtenir son « assentiment pour la tenue du 32ème
sommet de l'OUA à Yaoundé »221(*).
Photo n° 1 : Ni John Fru Ndi,
leader de l'opposition camerounaise pendant les « années de
braise ».
![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n3.png)
Source :
http://www.google.fr/photo
du président de l'ONEL/, consulté le 12 Mai 2012 à
16h.
C'est ainsi qu'on peut considérer que « la
main tendue du président Paul Biya à l'opposition est aussi dans
une large mesure un indicateur de l'impact des manoeuvres et des pressions
extérieures sur le régime »222(*).
A coté de cela, l'on note l'adhésion du
Cameroun au Commonwealth. Si les principaux contestataires au régime
camerounais en 1992 étaient presque tous des pays anglo-saxons, qui
l'avaient fait savoir en publiant la «déclaration d'Harare»
fixant un certain nombre de conditionnalité démocratique pour
intégrer l'organisation, l'action contestataire de l'opposition a eu un
impact sur l'entrée du Cameroun dans cette organisation223(*). En acceptant
donc l'entrée du Cameroun lors du sommet d'Auckland en Nouvelle
Zélande, le Commonwealth voulait par là dire que le Cameroun
remplissait désormais les normes édictées par la
déclaration d'Harare. Cela voulait donc dire que la
« démocratie camerounaise était en
progrès ». Toutes ces mesures ont contribué à
délégitimer l'action du « front du boycott »
après 1996.
Néanmoins, l'action la plus spectaculaire viendra du
camp présidentiel. En effet, en Avril 1997, le professeur Titus Edzoa,
ancien Secrétaire Général de la présidence de la
république, démissionna de son poste de ministre de la
santé et se porta candidat aux élections présidentielles
d'octobre 1997. Il fut arrêté manu militari et
jeté en prison en Juillet de la même année pour
« détournement de fonds publics » à quinze
ans d'emprisonnement ferme au terme d'un procès très
médiatisé. On aura à cette occasion noté la
formation du « collectif pour la libération de Titus
Edzoa » présidé par Mongo Béti et qui posait
cette question pertinente : « Titus Edzoa ne serait-il pas
victime d'un complot politique visant à l'éliminer de
l'élection présidentielle, de peur qu'il ne piétine les
plates-bandes ethnico-électorales du chef de
l'Etat ? »224(*)
Aussi pertinente que soit cette question, l'analyse globale
du système permet de remarquer une forte collusion entre les
détournements de fonds publics et la course à la
présidence. Car, l'on ne peut pas éloigner de l'analyse un
minimum de vérité. Pour un homme qui a occupé toutes les
sphères du pouvoir, sphères où la circulation de l'argent
en espèce y est le lot quotidien, la tentation est d'autant plus grande
que la culpabilité est vite trouvée.
Quoiqu'il en soit, « cette figure du
biyaïsme [...] trop confiant sur ses positions dans la hiérarchie
politique et ethnique, croyait pouvoir « cracher dans la
soupe » ou faire impunément ombrage au président de la
république »225(*). Cependant, une lecture entre les lignes de la
lettre de démission du professeur Titus Edzoa laisse néanmoins
apparaitre « l'existence dans les cercles du pouvoirs des clans qui
se battent les uns contre les autres pour le contrôle du
pouvoir »226(*).
De fait, ce « désordre
horizontal » au sens de Luc Sindjoun remettait en cause les quelques
espoirs de paix et de stabilité acquis par le gouvernement depuis 1992.
Ainsi se créait entre le Cameroun et le reste de la
société internationale une « querelle
politique » dont l'issue fut cruciale pour l'entrée du
Cameroun dans le XXIème siècle.
II- Le Cameroun sous le prisme de la Communauté
Internationale : une crédibilité nécessaire ?
(1997-2000).
L'approche de l'élection présidentielle
replongeait de fait le Cameroun dans la situation de 1992. A cette inconnue
s'ajoutait les performances du Cameroun à l'internationale. Ceci a eu
pour corollaire de créer des situations difficiles dont le Cameroun
dû prendre des mesures importantes pour s'en sortir. Telle est la ligne
directrice qui guide notre raisonnement dans cette partie dont on mettra
d'abord en évidence la querelle politique qui opposa le Cameroun
à la Communauté Internationale avant d'apprécier la
réaction gouvernementale.
A- Entre espoirs et illusions : construction d'une
« querelle politique » entre le Cameroun et la
Communauté Internationale.
La nouvelle conjoncture politique qui secoue le Cameroun en
ce début de l'année 1997 a impacté sur les
élections présidentielles de 1997 ainsi que l'annonce du mauvais
classement du Cameroun par Transparency International.
1- La problématique de l'élection
présidentielle d'Octobre 1997.
Parlant des élections présidentielles d'Octobre
1997, Zacharie Ngniman écrit : « en effet, contre toute
attente, alors que les indicateurs de la météo politique
semblaient afficher une clarté sans équivoque, et sans
précédent, des secousses d'une brutalité inouïe
manquaient de dérégler le tableau de bord du calendrier
électoral »227(*). C'est dire combien la situation et l'environnement
dans lequel l'élection présidentielle de 1997 fut organisé
était tumultueuse. En effet, seul candidat en raison de l'absence des
ténors du Front du Boycott, l'élection de l'ancien-nouveau chef
de l'Etat prit l'allure
d'un « non-évènement » au sens de Marc
Bloch. De fait, le candidat Biya est réélu à 92, 5% des
voix pour sept ans. Le 03 Novembre, dans un hémicycle
déserté par les soixante trois députés de
l'opposition radicale, Paul Biya prêta serment comme président de
la république (voir photo n° 1) au terme d'une élection que
la presse qualifia de « formalité
électorale »228(*).
Photo n° 2 : Le chef de l'Etat
Paul Biya.
![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n4.png)
Source :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Fichier:Paul_Biya_with_Obamas_cropped.jpg,
consulté le 12 Février 2012 à 18h 25.
La situation devenait ainsi de plus en plus critique et les
espoirs suscités auprès de la communauté internationale
semblaient s'évanouir. Ajouté à cela la situation
sous-régionale inquiétante du fait de crises politique et
militaire dans la plupart des pays frontaliers du Cameroun. C'est dans cette
atmosphère que le chef de l'Etat annonça dans son discours
à la nation du 31 Décembre 1997 ce qu'il appela le début
de la magistrature présidentielle apaisée lorsqu'il
affirma :
Il nous faut ensemble, préserver la
stabilité et la paix, consolider notre système
démocratique et poursuivre le redressement économique, clefs de
la justice sociale et du retour à la prospérité [...]
parce que notre démocratie [...] est une démocratie de
rassemblement et non d'exclusion229(*).
Cet état d'esprit se manifesta quelques jours plus
tard par la formation d'une plate-forme gouvernementale avec l'UNDP230(*). Très peu de chose
ont été divulguée concernant cette plate-forme. Elle
permit tout de même l'entrée au gouvernement de Bello Bouba
Maigari. Une page était donc entrain de se tourner, celle du radicalisme
oppositionnel. Toutefois, la situation du Cameroun reste préoccupante
notamment dans le domaine de la gouvernance.
2- Le concept de «bonne gouvernance
mitigée» : de la critique à la coordination.
S'il est une constante dans la vie politique camerounaise
depuis 1990, c'est bien le fait que « l'argent coule à
flot »231(*).
La machine gouvernementale y est assez huilée pour dissimuler cette
situation. Or, les évènements de 1990 avaient aussi inscrit
à l'ordre des principes démocratiques, le respect de la Bonne
Gouvernance. De manière globale, l'on conçoit la gouvernance
comme « un processus d'organisation et d'administration des
sociétés humaines dans le respect et l'épanouissement des
diversités »232(*). En l'élargissant dans le contexte des
évènements de l'après 1990 où l'ancrage
démocratique y est fortement manifeste, la gouvernance prend une toute
autre signification, « elle peut être analysée comme un
système démocratique de gestion. Elle reprend dans une
perspective de management, les ingrédients de la
démocratie »233(*).
Le concept de « bonne gouvernance » quant
à lui intègre d'autres éléments importants à
la compréhension du concept. De fait,
La bonne gouvernance vise à épanouir et
responsabiliser les populations. L'ordre, au lieu d'être imposé
d'en haut et détesté, est modelé d'en bas. L'enjeu n'est
plus de se mobiliser contre un ennemi extérieur mais d'obtenir le
consentement de chacun à des disciplines [...] L'idée de la bonne
gouvernance illustre la transformation du rôle et de la
légitimité de l'Etat234(*).
Vu sous ce prisme, il est manifeste que le Cameroun
était en proie à un déficit de gouvernance et même
de bonne gouvernance car l'ordre continuait d'être donné d'en
haut. Comme en témoigne les situations tendues au lendemain des
consultations électorales. Bien sûr le gouvernement de Biya
arguait haut et fort de l'existence d'une certaine « gouvernance
maitrisée », interprétant ainsi autrement le concept
même de la gouvernance. Peut-être pouvait-il avoir raison car
« la gouvernance reste une réalité
floue »235(*).
Soit, mais son interprétation aussi large soit-elle ne peut
éluder le fait qu'il existe un minimum d'élément
convergeant. Et pour cause, « la notion de gouvernance est
heureusement un concept assez solide pour cristalliser la réflexion et
assez flexible pour faciliter les convergences de vues »236(*).
Quoiqu'il en soit, le Cameroun ;à la fin de la
décennie 1990, pose un certain nombre d'interrogation. Les premiers sons
de cloches se font sentir à la fin de l'année 1997 et prit le
chemin de croisière en 1998 lorsque le rapport de Transparency
International sur la corruption classe le Cameroun premier pays le plus
corrompu de la planète. Le gouvernement se mobilisa pour remettre en
cause la crédibilité de l'organisation Non Gouvernementale (ONG).
Répondant aux critiques de l'Etat camerounais, monsieur Franck Vogt,
alors vice-président de Transparency International
déclare :
Le renforcement de la démocratie, l'atténuation
de la pauvreté et des souffrances humaines de même qu'un
développement durable des investissements et du commerce sont dans la
plupart des pays [...] dépendant de la maitrise du problème de la
corruption.237(*)
C'est donc dire qu'en l'absence de la maitrise et de la
temporisation de la corruption, le Cameroun ne pouvait se targuer d'être
un Etat démocratique, même si des élections
régulières étaient organisées. Ceci n'était
que la manifestation de ce que Samuel Huntington appelle sous d'autres cieux
« la démocratie procédurale »238(*).
La communauté internationale à travers
Transparency International remettait ainsi en cause toutes les actions
entreprises par le gouvernement camerounais depuis le retour à la
démocratie pluraliste. Ce qui signifiait autrement que
« l'îlot de paix » n'était qu'une apparence et
que des conflits bien plus importants que l'affrontement armé avait
cours au Cameroun. La réaction gouvernementale fut à partir de ce
moment là plus vives qu'avant.
B- La réaction camerounaise : le renforcement
du système de gouvernance publique.
La gouvernance publique camerounaise critiquée par la
communauté internationale avec une nouvelle fois la première
place du Cameroun au rapport de Transparency International en 1999 mettait le
gouvernement camerounais au désarroi. En réaction, le
gouvernement entreprit un certain nombre de mesures visant là endiguer
la corruption et à renforcer le rôle de l'Etat.
1- Le concept de « bonne
gouvernance » au coeur du management publique au Cameroun.
Si la théorisation du concept de bonne gouvernance au
Cameroun date de 1995, ce n'est qu'en 1999 qu'elle prit plu d'effets. En effet,
dans son message à la nation le 31 décembre 1995, le
président de la république avait annoncé la mise sur pieds
d'un Programme National de Gouvernance (PNG). Il s'agit essentiellement
à travers cet outil de « donner au Cameroun les moyens de
faire face aux défis de la mondialisation »239(*). De fait, en tant
qu'instrument, le PNG est conçu et lancé officiellement le 11
Aout 1998 par le Premier Ministre Peter Mafany Musonge, président du
comité de pilotage. Les travaux de ce comité sont livrés
en Aout 1999 et le document de stratégie globale fut adopté le 31
Aout 1999 par l'Assemblée nationale et approuvé par le Chef de
l'Etat le 29 Juin 2000. Le PNG entrait ainsi dans les faits.
A l'analyse, le double rapport de Transparency International
de 1998 et 1999 n'est pas étranger à l'accélération
de la mise sur pieds du PNG. Sinon comment justifier cet intermède de
trois ans entre l'émission de l'idée et la mise en place du
comité de pilotage. L'action du gouvernement apparait dès lors
comme une contre réaction à la critique émise par la
Communauté Internationale sur le système de gouvernance
camerounais. Qu'à cela ne tienne, de l'avis du coordonnateur national de
ce programme, « il replace l'Etat dans la stratégie de
développement économique et sociale du
Cameroun »240(*). De fait, le programme retient cinq domaines
prioritaires :
- La mise en place d'une administration publique
véritablement au service des usagers (secteur « administration
publique ») ;
- La consolidation de l'Etat de droit à travers
notamment la mise en place d'un environnement juridique et judiciaire
garantissant la sécurité des investissements (secteur
« justice ») ;
- La promotion d'une culture de responsabilité dans la
gestion économique, financière et sociale et l'obligation de
rendre compte (secteur « gestion économique, financière
et sociale ») ;
- Le renforcement de la transparence dans la gestion des
affaires publiques en luttant contre la corruption (secteur « lutte
contre la corruption ») ;
- La mise en place des structures de décentralisation
pour une participation effective et efficiente des populations dans la gestion
des affaires publiques
(secteur « décentralisation »)241(*).
A l'analyse, l'on se rend compte que la mise sur pieds du PNG
a suscité de nombreux espoirs auprès des populations locales.
Mais les difficultés d'application des lignes directrices du PNG a fait
comprendre que le mal était bien plus profond que ce qui y paraissait.
L'existence d'une « psychologie corruptrice »242(*) au Cameroun y est dès
lors visible. Elle résulte dès lors de la « mauvaise
gouvernance et de la criminalisation de l'Etat »243(*). De même, tout comme
la corruption, le renforcement de l'espace démocratique participe de la
mise sur pieds d'une gouvernance acceptable.
2- Le renforcement de l'espace démocratique
camerounais : entre euphorie et bémol.
Parallèlement à l'échafaudage d'un
programme de gouvernance en réponse aux critiques de la
communauté internationale, le gouvernement camerounais décida
d'évoluer dans le cadre de l'aménagement des institutions
démocratiques au Cameroun. Comme la plupart des pays africains en cette
fin d'année 1999, le Cameroun est en proie aux revendications de
l'opposition qui réclament la mise en place d'une commission
électorale indépendante. La réponse du gouvernement
camerounais n'est pas à la mesure des attentes. Alain Didier Olinga
écrit à cet effet que,
Dans un contexte politique marqué par la revendication
insistante par l'opposition d'une structure indépendante qui serait
chargée de gérer l'ensemble du processus électoral, de la
gestion du fichier électorale à la proclamation des
résultats, le Président de la république a opté
pour une solution intermédiaire, la mise sur pieds d'un
observatoire244(*).
Il y a donc une volonté d'ouverture mais pas
d'ouverture totale. Le chef de l'Etat l'ordonnateur et le coordonnateur de
tout le processus. C'est ainsi que naquit l'Observatoire National des Elections
(ONEL). L'ONEL a été instituée par la loi n°2000/016
du 19 Décembre 2000 et modifiée substantiellement par la loi
n°2003/015 du 22 Décembre 2003. Le décret
présidentiel n°2001/036 du 08 Octobre 2001 précise les
modalités d'application de la loi tandis que le décret
présidentiel n°2001/397 du 20 Décembre 2001 fixe la
composition et le fonctionnement des structures provinciales,
départementales et communales de l'ONEL245(*).
Structure indépendante comme l'affirme son Article
premier, l'ONEL n'est formellement rattachée à aucun pouvoir au
sein de l'Etat, même si ses membres sont nommés par le Chef de
l'Etat après consultation des partis politiques et de la
société civile. Cet élément de nomination,
prérogative du Chef de l'Etat laisse tout de même entrevoir une
possibilité de distorsions et de contrôle de l'organe. C'est
pourquoi Alain Didier Olinga renchérit :
L'indépendance de l'ONEL n'est pas une donnée
statique, déjà acquise. Elle est un processus, une construction
progressive, dépendant de la politique institutionnelle de l'organe, de
l'engagement civique et démocratique de ses membres, des circonstances
de l'environnement sociopolitique et économique246(*).
C'est dire de manière simple que la force et
l'indépendance de l'ONEL dépendrait de l'autorité que
devait incarner ses futurs dirigeants. Mais, dans un régime de
« démocratie rigide » où la force collective
du parti prime sur celle individuelle des hommes et où l'administration
fonctionne de manière verticale, le président de l'ONEL est
resté durant toute l'existence de cet organe, soumis aux ordres de
l'exécutif dont le pouvoir discrétionnaire du chef de l'Etat le
liait à lui comme un cordon ombilical lie un bébé à
sa maman247(*).
Cela a donc créé au sein des autres acteurs de
la scène politique camerounaise des suspicions. Toute chose qui n'est
pas propice à la construction d'un environnement pacifique au Cameroun.
Ceci est d'autant plus vrai qu'un ensemble de mesures gouvernementales
remettent en cause les slogans même de paix et de sécurité
nationale. Car, la paix n'est pas seulement absence de conflits mais
« toutes actions pouvant troubler l'harmonie et la concorde entre les
populations »248(*). Or, le Cameroun souffre de nombreux autre maux
comme la pauvreté qui par ses effets remet en cause la symbolique de la
paix au sein du triangle camerounais.
Chapitre IV
LE CAMEROUN FACE AUX ENJEUX DE LA DEMOCRATISATION AU
DEBUT DU XXIème SIECLE : ENTRE EXIGENCES INTERNATIONALES ET VOLONTE
INTERNE (2000-2006).
Le XXIème siècle s'ouvre au Cameroun
sous des auspices mitigés. Le gouvernement sort d'un siècle
où la dernière décennie aura été difficile
pour le Cameroun. L'entrée dans le nouveau siècle suscite donc
des peurs de vacillement de l'autorité gouvernementale. Les mesures
prises s'apparentes presque toutes à des époques
antérieures du Cameroun. Néanmoins, la société
civile camerounaise, bien que balbutiante essaie de faire jouer sa partition.
Ceci eut sur le gouvernement camerounais un impact considérable. Cela
leur rappelle toutefois que nous vivons désormais dans un
« monde d'ingérence ». En effet,
débuté au début des années 1990 avec notamment le
concept d'ingérence militaire, l'ingérence démocratique
commence à être théorisée au début des
années 2000. Elle permet désormais à la communauté
internationale d'avoir un droit de regard sur l'avancée
démocratique des Etats et notamment ceux du Sud. La trame de ce chapitre
constituera donc à située cette réalité dans le
contexte spécifiquement camerounais. Il se muera donc entre les
sanctions internationales et les réactions du gouvernement camerounais
visant à rester au contact de ces enjeux de début de
siècle.
I- Des sanctions internationales aux initiatives
internes : «sortir de la crise de démocratisation»
(2000-2004).
Si la transition démocratique au Cameroun prend
formellement fin avec les élections pluralistes de 1997, la
démocratisation de la société camerounaise demeure une
gageure. Ceci est d'autant plus palpable que le double classement du Cameroun
par Transparency International fait craindre des effets néfastes. Le
peuple semble de plus en plus être mis au pas, les contrôles
sécuritaires des « années de braise » refont
surface249(*). Mais,
l'époque étant différente, l'action de la
société civile pousse le gouvernement à changer de cap.
A- Le processus de démocratisation au bord du
gouffre ou « la greffe qui tarde à prendre» : les menaces
sur la paix.
Le rapport de Transparency International sur la corruption a
eu plus de mal au Cameroun que le gouvernement n'a bien voulu le montrer. En
témoigne le renforcement de l'ancrage sécuritaire dans certaines
régions du Cameroun. Le clergé catholique dénoncera ces
mesures avec une vigueur à nulle autre pareille.
1- L'épopée du renforcement de l'ancrage
sécuritaire.
Au début de la décennie 2000 au Cameroun, les
évènements produits au cours des années 1998 et 1999
amenèrent le gouvernement camerounais à changer de fusil
d'épaules et à généraliser le « discours
de la paix » comme paradigme et lignes directrices d'impulsion des
actes gouvernementaux. C'est d'ailleurs à l'aune de ce changement de
stratégie qu'il faut appréhender le discours du chef de l'Etat
camerounais devant le corps diplomatique accrédité à
Yaoundé le 06 Janvier 2000 lorsqu'il dit qu' « en
Afrique [...] la paix a le même prix qu'ailleurs »250(*). Mais la
réalité est tout autre. Le peuple vit une toute autre
réalité. C'est cette dichotomie d'appréhension de la
réalité de la paix au Cameroun qui conduira le gouvernement
à prendre des mesures qualifiées
« d'hérésie » par Fanny Pigeaud251(*).
En effet, alors que les effets de la crise économique
et sociale entrainent comme effet la montée de la haine vers un ennemi
qualifié « d'intouchable », le système
sécuritaire camerounais est renforcé. Car, à la
réalité, le phénomène des coupeurs de route, des
bandits de grands chemins prend de l'ampleur dans la plupart des villes du
pays. Ceci est la conséquence d'un taux de chômage
élevé et estimé à plus de 65% par la Banque
mondiale dans son rapport sur les économies de l'Afrique
subsaharienne252(*) ; La réaction gouvernementale
prône plutôt pour un renforcement de la sécurité.
C'est dans cette logique que contre toute attente, le Chef de l'Etat annonce en
février 2000 la création d'un « commandement
opérationnel » pour dit-il « combattre la
criminalité dans les grandes villes camerounaises »253(*). Mais, dans un pays
où les forces de l'ordre sont exemptes de tout contrôle et
sanction, la mise sur pieds de ce « commandement
opérationnel » donne ainsi aux forces de l'ordre les pouvoirs
d'agir en toute impunité. C'est donc la manifestation d'une
cristallisation des positions conduisant à créer au Cameroun une
sorte « d'Etat dans l'Etat » au sens de Sophie Quagnard.
Les conséquences de ce mécanisme ont été
désastreuses. Plusieurs familles se sont vues enlevées certains
de leurs membres sur la simple dénonciation du voisinage. Le
commandement opérationnel dévie très vite un instrument de
règlement de compte entre des populations où «
les replis identitaires ont pris le pas sur l'idéal de
paix »254(*).
La logique de « l'Etat partout » qu'à voulu
créer le gouvernement perd toute sa crédibilité.
L'autorité de l'Etat est déterritorialisé
non seulement sur le plan des allégeances électorales, mais
également sur le plan de la sécurité. Le pays est devenu
un ensemble « d'archipels sécuritaires » dans lequel
l'Etat, qui avoue ne pas être capable de « mettre un policier
derrière chaque camerounais »255(*), est contraint de
céder ses prérogatives à des agences
privées.256(*)
C'est ainsi que le phénomène de la
« justice populaire » put se développer. L'action la
plus spectaculaire est sans doute l'affaire des neufs disparus de
Bépanda qui toucha l'ensemble de la société
civile aussi nationale qu'internationale. Ceci témoigne de ce que
l'époque est différente », les mesures gouvernementales
n'allaient plus être soumises au silence et à la complaisance
comme par le passé.
2- Les mesures gouvernementales
contestées : le combat de la société civile.
La situation en ce début des années 2000 se
résume en un mot : « turbulence de
pacification ». Autrement dit, il pèse sur le Cameroun des
menaces pouvant fragiliser l'élan de démocratisation du pays.
Mais, le combat de la société civile permettait d'entrevoir des
lueurs d'espoirs. En effet, la réaction née de la mise sur pieds
du commandement opérationnel allait dans le sens de sa
désapprobation, parce disaient-ils « le commandement
opérationnel prenait quelques libertés avec l'ordre
judiciaire »257(*). L'un des plus fervents acteurs de la contestation a
été à cette période fut le Clergé catholique
représenté par le Cardinal Christian Tumi. C'est ainsi que le 16
Juin 2000, le cardinal adresse une lettre au gouverneur du Littoral à
propos du commandement opérationnel dans lequel il disait :
« depuis la mise en place du commandement opérationnel, de
nombreux cas de tortures, de blessures graves et d'assassinats sont
signalés sur des victimes innocentes ou peut être coupables, mais
exécutées sans jugement »258(*). Se joignant à
l'action du Cardinal Christian Tumi, le clergé catholique composé
de Monseigneur Victor Tonye Bakot, évêque d'Edéa,
Monseigneur Jean Bosco Ntep, évêque d'Eséka,
Monseigneur Dieudonné Watio, évêque de Nkongsamba
et Monseigneur Dieudonné Bogmis, évêque auxiliaire de
Douala, adressèrent le 14 Mars 2001 au gouverneur afin que les
autorités administratives et judiciaires fassent toute la lumière
sur cette affaire.
Allant dans le même sens, le député du
SDF, Joseph Mba Ndam, soutenu par le parlement Européen,
réclamait la création d'une commission parlementaire.
Bien sûr tous ces reproches n'ont pas changées la
posture gouvernementale. Mais tout de même, l'on assista à des
valses de poste à la tête de la délégation
générale à la sureté nationale avec
l'arrivée de Pierre Minlo Medjo qui adresse en Mai 2001, une circulaire
rappelant à l'ordre ses principaux collaborateurs259(*).
Mais la généralisation de
l'insécurité est le corollaire de la généralisation
de la corruption qui touche tous les secteurs de la vie politique, publique et
militaire du Cameroun et partant constitue un important facteur
d'instabilité et donc de menaces sur la paix. Pour maintenir un
environnement stable, le gouvernement se devait de combattre la corruption et
la pauvreté, mais comme toujours, l'impulsion allait être
donnée de l'extérieure.
B- La poursuite des mesures de bonne gouvernance : le
début de la fin de l'impunité ? Enjeux et
réalités.
La mise sur pied du PNG au Cameroun avait pour but, au moins
formellement, de lutter contre la corruption et les détournements de
fonds publics. Cependant, l'espace de temps entre l'entrée en vigueur du
PNG et les premières mesures concrètes de lutte contre la
corruption est si grand qu'il apparait étonnant. Car, comment comprendre
qu'entre l'entrée en vigueur du PNG et les débuts de mesures, il
se soit écoulé trois longues années. Cette distance permet
tout de même de comprendre que l'option prise par le gouvernement
camerounais ne fut que dans le but de contenter la communauté
internationale. C'est pourquoi les mesures camerounaises ne viendront
qu'après la prise en main du phénomène de la corruption
par la communauté internationale.
1- Les fondements de l'appropriation camerounaise de
lutte contre la corruption : la convention des nations Unies contre la
corruption.
La lutte contre la corruption s'est affirmée au sein de
la communauté internationale avec le début du
XXIème siècle. En effet, le début de
années 2000 coïncide avec la promulgation par les Nations Unies de
la décennie du développement pour couvrir les années
2000-2010. C'est dans cette logique que l'interdépendance prit plus de
tonus et plus d'envergure avec notamment la promulgation des Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) parmi lesquels on y
relève un fort relent de lutte contre la corruption. Car, comment
atteindre l'autosuffisance alimentaire et la lutte contre pauvreté dans
les pays sous-développés sans combattre le mal qui était
susceptible d'entraver l'atteinte de ces objectifs. C'est dans cette logique
que l'office des nations Unies contre la drogue et les stupéfiants
(ONUDC) entreprit de mettre sur pied deux conventions pour lutter contre les
stupéfiants et la corruption.
Le volet de la corruption est abordé ici comme un crime
d'Etat car les fonds de la corruption sont généralement ceux
destinés au développement des Etats concernés. C'est
pourquoi le processus d'adoption de la convention des Nations Unies contre la
corruption est amorcé en 2000 avec l'adoption de la Convention des
Nations Unies contre la Criminalité Organisée et la
création d'un comité Ad-Hoc pour la négociation d'une
Convention contre la Corruption260(*). Ce comité se met aussitôt au travail
et fourni des termes de référence en matière de
corruption. C'est à partir de là que la corruption est
considérée comme un crime dont tous les Etats doivent combattre
et ceci en synergie. Mais, pour mieux combattre, il fallait des établir
des bases applicables à tous et à chacun. C'est pourquoi le
comité Ad-Hoc recommande la mise sur pied d'un groupe de travail
d'experts intergouvernemental à composition non limitée afin que
tous les Etats se sentent concernés par cette convention. Ce groupe de
travail verra ainsi le jour en 2001261(*). Le travail conjoint du comité Ad-Hoc et
groupe d'experts internationaux aboutis en 2002 à la tenue de sept (07)
sessions du Comité Ad Hoc à Vienne avec plus de 120 Etats
participants. Ils eurent pour but de discuter sur les points de la convention
devant être soumis à l'Assemblée Générale
l'année suivante262(*). Les points de discussion portent sur la
coopération internationale en matière de corruption
avérée d'un agent d'un Etat et des mécanismes de transfert
des fonds détournés. C'est ainsi qu'après toutes ces
tractations, rendez-vous fut donné à Mérida en Octobre
2003 pour la clôture des discussions. C'est ainsi que l'année
suivante, la convention fut effectivement adoptée lors de la
réunion de l'ONUDC le 31 Octobre 2003 à Mérida au Mexique.
Elle est encore appelée convention de Mérida263(*). L'objet principal de la
convention était de prévenir et combattre la corruption de
manière plus efficace, promouvoir la coopération internationale
et l'assistance technique, y compris le recouvrement d'avoirs et enfin de
promouvoir l'intégrité, la responsabilité et la bonne
gestion des affaires publiques et des biens publics.
Ainsi présentée, la convention de Mérida
recouvre un ensemble de Soixante trois (63) articles plus les annexes. Elle
commence non pas par une définition du terme corruption, puisqu'il est
un peu mitigé264(*), mais de celle d'un « Agent
public » qui est entendu comme « Toute personne qui
détient un mandat législatif, exécutif, administratif ou
judiciaire ; toute personne qui exerce une fonction publique ou fournit un
service public ; toute autre personne définie comme agent public
dans le droit interne d'un Etat partie »265(*).
Après quoi la convention met en place des mesures
préventives de lutte contre la corruption. Elles couvrent les articles 5
à 14. De fait, la convention recommande à chaque Etat de mettre
sur pieds des politiques et des structures de prévention et de lutte
contre la corruption266(*) efficaces et coordonnées afin d'éviter
toute confusion des rôles et des prérogatives. Toutes ces mesures
préventives visent à assurer la transparence dans la gestion des
biens publics, l'intégrité et la responsabilité.
Une fois établi les mesures préventives, il
convenait des définir les cadres de sanction c'est-à-dire des
actes qui peuvent être considérés comme relevant de la
corruption. C'est ce qui est fait entre les articles 15et 25 où on
définit le régime des incriminations, de la détection et
de la répression. Un accent est ainsi mis sur le terme
d' « infractions obligatoires »267(*) parmi lesquels on a la
corruption des agents publics nationaux, l'entrave au bon fonctionnement de la
justice, la soustraction, le détournement ou autre usage illicite de
biens par un agent public. Il faut relever que ces infractions sont notamment
les mieux identifiée dans la société camerounaise.
Après quoi la convention identifie d'autres infractions pénales
parmi lesquelles on peut relever « le trafic d'influence, l'abus de
fonctions, l'enrichissement illicite, la corruption dans le secteur
privé... »268(*). Tous ces cas sont des comportements biens
identifiés dans la société camerounaise. Pour assurer la
bonne marche de ces mesures et éviter des menaces de la part des agents
publics puissants vis-à-vis des personnes qui dénoncent des cas
de corruption, la convention établie un régime protection des
témoins, experts et victimes conformément aux dispositions
internes et à la limite des moyens269(*).
Ce régime de protection des témoins ouvre ainsi
la voie à la coopération entre les Etats en cas de corruption et
de détection des avoirs d'un Etat sur un compte privé d'un
individu dans un autre Etat270(*), ceci pour assurer un meilleur recouvrement des
avoirs d'un Etat se trouvant sur le compte d'un autre Etat partie à la
convention271(*).
Néanmoins, ce régime de recouvrement des avoirs prend deux
acceptions claires. D'abord, on fait du recouvrement des avoirs un principe
fondamental de lutte contre la corruption272(*) avant de déterminer d'autres
mécanismes de recouvrement parmi lesquels on a la prévention et
la détection, le recouvrement direct, la confiscation du produit du
crime international ou national273(*).
C'est en satisfaisant ce préalable que le
législateur de Mérida établi des mécanismes
d'assistance technique et d'échange d'information274(*) qui prend en compte les
programmes de formations, la collecte, échanges et analyses des
informations, l'assistance aux pays en développement et aux pays
à économies de transition. Tout ceci vise une justice
pénale équitable et un renforcement des institutions des Etats
parties à la convention.
Ainsi, la convention se referme en mettant en place des
mécanismes d'application de la convention qui prévoyait entre
autre l'atteinte du quota de signature donc l'évaluation allait
être faites au sommet de Jordan tenu du 10 au 14 Décembre 2006,
mais aussi la mise sur pieds d'un deuxième groupe d'experts
internationaux entre le 27 et le 31 Aout 2007.
De fait, la convention de Mérida ouvre un nouveau champ
de lutte contre les fléaux de lutte contre la corruption et de
détournement des deniers publics. Ainsi, la lutte contre la corruption
entre dans les priorités des Nations Unies dont tout Etats se doit
« s'approprier les mécanismes de nivellement à
l'interne »275(*). C'est pourquoi son processus de ratification est
bien distinct de celui de Palerme contre les stupéfiants comme l'atteste
la courbe d'évolution suivante :
Graphique n°1 : courbe
d'évolution des ratifications de la convention de Mérida et de
Palerme
![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n5.png)
Source : J. Hirakawa,
« comprendre la convention de Mérida », in
www.google.fr/la convention des Nations
Unies contre la corruption/, le 12 Février 2012 à 18h35.
Ainsi, comme le montre la courbe, l'évolution de la
ratification de la convention de Mérida est bien plus importante que
celle de la convention de Palerme. Ceci témoigne de ce que le
phénomène de la corruption est un problème mondial dont
tous les Etats veulent combattre. Mais cette évolution vertigineuse peut
aussi se comprendre par le f ait que le phénomène de la
corruption est bien plus important dans les pays sous développés
que dans les pays développés contrairement au
phénomène des stupéfiants dont certaines économies
des pays développés en dépendent.
Le coup d'envoi donné à l'international donnait
ainsi au Cameroun le choix entre la régularité et la
clandestinité internationale. La voie de la régularité fut
ainsi choisie avec des mesures internes visant à répondre aux
exigences internationales.
2- La matérialisation du combat sur la
scène politique camerounaise : la mise sur pied des structures de
lutte contre la corruption.
La lutte contre dévient ainsi une gageure camerounaise
au lendemain de la prise en main de ce combat par la communauté
internationale. C'est ainsi que les discours des années 2000 prennent de
l'écho au début de l'année 2004 avec l'adoption par
l'Assemblée Nationale d'une loi autorisant le chef de l'Etat à
ratifier la convention de Mérida276(*). Mais, pour se faire, il fallait s'assurer que le
Cameroun remplissait toutes les conditions édictées par ladite
convention. Ainsi, mettant en exergue les mesures de renforcement des mesures
de lutte contre la corruption et de création des structures de
prévention de la corruption, le gouvernement du Cameroun entreprit de
mettre sur pied de nouvelles structures de lutte contre la corruption en
complément de celles existantes déjà dans le paysage
politique camerounais.
Ainsi, voit le jour la commission Nationale Anti-corruption
(CONAC) comme organisme de lutte et d'enquête contre les actes de
corruption au Cameroun. Alors,
Après la phase de l'excuse et de la
tolérance des années de braise telles qu'évoquées
par le chef de l'Etat à François Soudan en 1999, venait la phase
pédagogique au cours de laquelle le gouvernement
réfléchissait sur les mesures appropriées pour endiguer la
corruption. Cette dernière allait donner naissance à la phase de
répression manifestée par l'opération
épervier277(*).
Mais en attendant, l'heure était à la
pédagogie. Nous verrons dans la suite de ce travail les manifestations
de cette opération au Cameroun. De fait, la mise sur de la CONAC venait
non pas éclaircir le champ de lutte contre la corruption, mais
l'obscurcir dans la mesure où l'on ne savait plus quel était le
rôle de chacune des institutions présente. En effet, avec la
CONAC, on disposait au moins de deux structures de lutte contre la corruption
si l'on s'en tient seulement à l'existence près de la CONAC, de
l'Agence Nationale d'Investigation Financière (ANIF). C'est pourquoi il
faudra attendre un décret du chef de l'Etat en 2005 qui statue le
rôle de chacune de ces structures ainsi que la redéfinition des
fonctions et prérogatives du contrôle supérieur de l'Etat
dont le ministère a pris plus d'ampleur et de pouvoir au sein de
l'opinion politique camerounaise.
Ce n'est qu'après la mise sur pied de ces structures
que le chef se résolut de ratifier la convention de Mérida. C'est
ainsi que le Cameroun ratifie officiellement cette convention le 06
Février 2006 c'est-à-dire quelques jours avant le lancement de
« l'opération épervier »278(*). La coïncidence est si
frappante qu'il n'échappe pas à une lecture de causalité
entre les deux actes. On peut en effet lire dans le lancement de
l'opération répond davantage à une pression internationale
sur le régime279(*). D'ailleurs, le Cameroun ne pouvait être en
reste en cette année 2006 où le taux de ratification de la
convention de Mérida prit de plus en plus d'ampleur dans la
société internationale en général et africaine en
particulier comme le montre le schéma suivant sur l'évolution
mondiale du taux de ratification de la convention de Mérida par
continent.
![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n6.png)
251652608Graphique n° 2 :
évolution du taux de ratification de la convention de Mérida par
continent.
Source : J. Hirakawa,
« comprendre la convention de Mérida », in
www.google.fr/la convention des Nations
Unies contre la corruption/, le 12 Février 2012 à 18h35.
Comme on peut le remarquer, l'Afrique détient le taux
de ratification le plus élevé du monde avec trente- un (31) pays
ayant ratifiés cette convention soit un taux de ratification de 32%. Par
contre, les autres continents se partage le reste des parts avec la
deuxième place pour l'Amérique Latine pour un taux de 22% de
ratification. Vient ensuite l'Europe de l'Est, l'Asie et enfin le bloc
occidental avec respectivement 18%, 16% et 12%. On peut comprendre le taux
élevé de ratification de l'Afrique et de l'Amérique latine
par le fait que ce sont des pays sous développés pour la plupart
et où sévit encore de forts actes de corruption.
II- «Le grand bond» ou l'arrimage progressif
du Cameroun aux enjeux de démocratisation en Afrique subsaharienne
à l'aune du XXIème siècle (2004-2006).
A l'aube de l'année 2004, le Cameroun est
« dans une impasse ». Le processus de
démocratisation semble de plus en plus s'apparenter à un mirage.
Pour y remédier, l'Etat est contraint de réagir, mais en
attendant, nous sommes en pleine année électorale et comme
toujours, l'administration tourne au ralenti. Alors, 2004 demeurera comme une
année de quasi mutisme non seulement en ce qui concerne les institutions
étatiques mais aussi les actions politiques.
A- Tirer les leçons du passé : la
démocratisation passe par l'éradication de fléaux sociaux.
La réalité camerounaise.
Si le problème de la gouvernance préoccupe
l'Etat depuis les années 2000, il faut reconnaitre que les
résultats concrets se font toujours attendre. Dans cette perspective, il
est difficile de parler de démocratisation de la société.
Pire encore, en pleine année électorale, la scène
politique camerounaise ressemble à un ring où les
différents adversaires d'observent. Entre temps, le pays s'enfonce dans
le chaos.
1- L'impact l'atteinte amorcée du point
d'achèvement de l'Initiative Pays Pauvres Très Endettés
(IPPTE).
La période de la démocratisation du Cameroun
correspond aussi à une période de contrainte économique
qui amena le pays, malgré lui quelques fois, à tendre la main aux
partenaires financiers internationaux280(*). C'est même sur fond de crise
économique que le phénomène de la démocratisation
prit de l'ampleur en Afrique noire globalement et au Cameroun
spécifiquement. Car, « si l'on sait généralement
que les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) ont débuté avant
l'avènement du processus démocratique, il est clair que pour les
populations, les nouveaux régimes doivent être ceux du
changement »281(*). De fait, les PAS au Cameroun ont apparu comme
l'antichambre de l'IPPTE. C'est en effet en 1996 que le Cameroun est inscrit
à l'IPPTE282(*).
Ainsi, après avoir essayé en vain les Dimensions Sociales de
l'Ajustement (DSA)283(*), le Cameroun entra dans l'ère de
l'IPPTE284(*). Ainsi, au
terme de l'atteinte du point de décision en Octobre 2000, « le
Cameroun a bénéficié des ressources intérimaires
estimées à 213 milliards de FCFA »285(*). C'est à partir de
là que le Document de Stratégie pour la Réduction de la
Pauvreté (DSRP) fut conçu et adopté officiellement en
Avril 2003.
L'objectif fondamental du DSRP est de soutenir un effort
global, mené par les pays eux-mêmes, en vue de donner à la
réduction de la pauvreté une place plus importante dans les
stratégies de développement des pays à faible revenus,
renforçant ainsi leur efficacité, et d'accroitre le soutien que
leur apportent les partenaires extérieurs286(*).
Cependant, au même moment, la réalité
sociale camerounaise est tout autre. Chaque jour, un fossé énorme
se creuse entre la classe dirigeante et les populations locales mettant ainsi
en évidence le phénomène des détournements de fonds
publics287(*). C'est
dire que la mise sur pieds du DSRP, au delà de la fonction de lutte
contre la pauvreté, apparait davantage comme une simple réponse
aux exigences de la communauté internationale. Or, le Cameroun est
depuis 2000 engagé dans la seconde phase de l'IPPTE devant le conduire
au point d'achèvement. Et, la réussite de cette seconde phase
dépend de l'exécution satisfaisante des reformes fondamentales
convenues au point de décision et du maintien et de l'exécution
pendant au moins un an du DSRP. Certes, les sociétés d'Etat
connaissent un début de privatisation, mais globalement, l'ensemble des
mesures prises vont à l'encontre de la réalité
décrite par les ONG nationaux et internationaux sur le Cameroun. Etant
entendu que la batterie de mesures exigées doivent contribuer
à élargir le champ de la démocratisation du pays, il est
donc inconcevable de parler d'aménagement de l'espace
démocratique lorsque le pays est en proie aux fléaux sociaux
importante. Cela ne peut que contribuer à exaspérer les
populations et jeter les bases de l'insurrection. Toute chose qui remettrait en
cause la situation de paix et de stabilité dont le pays se
réclame. Zahir Farès a très bien mis en exergue la
relation qui existe entre la démocratie et la pauvreté lorsqu'il
écrit :
La démocratie est, tous les jours, remis en question
dans un Etat de famine, de malnutrition, de maladies endémiques, de
chômage. Focaliser l'attention sur le multipartisme et la construction
d'un Etat de droit est positif, mais insuffisant. Conditionner l'aide aux
réformes politiques est certes, un excellent levier de pression pour
éviter des tentations extrémistes. Mais ce levier doit pouvoir
jouer de façon harmonieuse avec un programme efficace de redressement
économique288(*).
Or, au Cameroun, le levier n'était pas en
adéquation avec le programme national. C'est donc tout naturellement que
les échéances fixées pour l'atteinte du point
d'achèvement ne seront pas respectées ; en effet,
prévue dans l'accord intérimaire pour Octobre 2004, le point
d'achèvement n'est pas à l'ordre du jour de la gouvernance
publique au Cameroun. C'est donc tout naturellement que le Cameroun n'atteint
pas le point d'achèvement en 2004.
Cette décision des bailleurs de fonds internationaux
recèle deux enseignements : tout d'abord, le Cameroun n'a pas
satisfait aux deux critères clés du point de
décision ; ensuite, le Cameroun continue d'avoir de sérieux
problèmes de gouvernance et enfin que la démocratisation de la
société camerounaise est un mirage. Ainsi, le pays obéit
à la définition classique de la « crise de la
démocratisation » donnée par Raoul Serges Zacharie
Nyanid. Mais, pour le gouvernement, l'enjeu le plus important en cette fin
d'année 2004 est bel et bien l'élection présidentielle.
2- Le scrutin présidentiel de 2004 : les
débuts de la problématique de l'alternance politique au
Cameroun.
Le scrutin présidentiel d'Octobre 2004, s'ouvre donc
sur une double problématique : celle de la crise de l'Etat et de
l'alternance politique289(*). En effet, les conséquences de la crise
sociale au sein des populations locales ont contribué à
créer un fossé énorme entre l'Etat et les populations
locales. Même si l'Etat prétend pouvoir occuper tout le champ
social, la recherche frénétique de sa toute-puissance a
plutôt contribué à un désenchantement. Nous sommes
là en pleine manifestation de ce que Luc Sindjoun appelle
« noyau dur et case vide »290(*).
Ainsi, les conditions de la candidature du chef de l'Etat est
bien la manifestation d'un cas de « transition qui n'a pas eu
lieu »291(*)
catalyser par la figure imposante du chef de l'Etat qui semble capitaliser
toutes les énergies vers sa seule personne. Tout naturellement, candidat
à sa propre succession, le candidat Biya est réélu le 11
Octobre 2004 à 75% des suffrages exprimés. Certes, l'attitude
d'une opposition tatillonne qui ne se regroupe qu'à l'approche des
scrutins présidentiels y est pour beaucoup. Mais tout de même
comme l'écrit Francine Bitee,
On ne peut pas dire non plus que les adversaires du
président soient devenus « nuls » au point de perdre
aussi facilement leurs « bastions », dans un pays qui ne
change pas et où le choix des candidats est encore très
fortement infecté par des déterminants
ethnico-alimentaires292(*).
La raison est que la population éprouve une sorte de
« désaffection pour la politique et les élections
qui ne sont pas restitué par des statistiques publique [...] Cela se
traduisant tantôt par l'abstention tantôt par le monnayage des
votes »293(*).
Ainsi, cette technique qui a fait recette « s'est progressivement
incrustée dans la société où l'on ne va plus aux
meetings des partis politiques que contre la promesse de recevoir un billet de
banque, un tee-shirt ou une casquette »294(*).
Cette posture signifie donc que pour les camerounais, c'est
bien l'implémentation de la « politique du
ventre »295(*). Au-delà de l'analyse, l'on perçoit
dans l'imaginaire des camerounais à travers ces gestes, une
volonté de « statu quo ante » où l'on entend
çà et là dire « au moins avec lui, on a la
paix »296(*).
C'est donc dire que les élections de 2004 posaient de
facto le problème de l'alternance politique. Mais elle n'a pas eu lieu
et le Chef de l'Etat rempila à nouveau pour sept ans. Ce nouveau
septennat apparaissait comme l'ultime pour Paul Biya. Il fallait donc
entreprendre toute une série de mesures visant à assainir le
« marché gouvernant camerounais ». Ce chantier
portait donc sur la mise en place d'une commission électorale
indépendante réclamée depuis 1992 par l'opposition.
B- Entre bataille autour d'une commission électorale
indépendante et réformes économiques substantielles.
La proclamation des résultats de l'élection
présidentielle d'Octobre 2004 laissait transparaitre au Cameroun un
« air du déjà vu ». Car, depuis 1992,
c'est le même nom fonctionnant comme un refrain qui est à
chaque fois revenu. Et comme toujours, c'est l'action des institutions qui est
remis en cause. Cette fois ci l'ONEL ne sera pas en reste. Ceci est d'autant
plus important que le Cameroun vient d'échouer au test de passage
initié par les bailleurs de fonds. Le gouvernement doit donc prendre un
certain nombre de mesures afin de mieux répondre à ces critiques.
Tel est l'idée qui sera retransmis dans ce chapitre.
1- Des critiques de l'ONEL à la mise sur pieds
d'une nouvelle institution de gestion électorale : les chemins vers
ELECAM
Si la mise sur pied de l'ONEL en 2000 avait permis de croire
que le Cameroun était en pleine évolution constante, il n'en
demeure pas moins que dans le principe, l'organe restait fustigé aussi
bien par les partis politiques de l'opposition que par la société
civile. Cette critique portait d'abord sur le fond car elle n'était ni
plus ni moins qu'un « observatoire ». Or, entre un
« observatoire » et une « commission »
écrit Fanny Pigeaud, « il existe non seulement un fossé
de considération mais aussi un océan de significations
symbolique »297(*). C'est donc dire qu'en termes de prérogative
et de fonctions, l'ONEL est seulement chargée de « contribuer
à faire respecter la loi électorale de manière à
assurer la régularité, l'impartialité,
l'objectivité, la transparence et la sincérité des
scrutins »298(*). Or, « contribuer à faire respecter
la loi, c'est aider les instances chargées de le faire à titre
principal de s'acquitter au mieux de leur tâche constitutionnelle,
légale ou réglementaire »299(*). Ainsi donc, l'ONEL joue le
rôle d'éclaireur auprès des organes principaux que sont le
conseil constitutionnel et la chambre administrative de la cour suprême.
Ceci du point de vue de l'opposition était malsain et donc demandait des
réformes.
La contestation de l'ONEL s'est aussi manifestée sur le
plan de la forme avec la composition de l'équipe dirigeante de l'organe.
En effet, la nomination des membres de l'ONEL, en excluant certaines
catégories du corps social, visait une certaine neutralité. La
formation des deux équipes d'observateurs durant tout le temps qu'elle
aura existé, a contribué à décrédibiliser
l'organe. En effet, la première équipe nommée le 10
Octobre 2001 et conduite par monsieur Enoch Kwayeb, a été
fortement critiqué car « certains de ses membres avaient du
mal à dissimuler leur sympathies pour le RDPC, parti au pouvoir,
même si les membres de l'équipe appartenaient à des
sphères diverses »300(*). De plus « la figure de son
président, homme politique du sérail, âgé de 77 ans
et physiquement affaibli, aura à elle seule jeté le doute sur la
légalité de l'acte de nomination et sur l'indépendance de
la structure constituée »301(*).
La deuxième équipe nommée le 26 Mai 2004
et conduite par François Xavier Mbouyom (voir Photo page 96) fut
accueillie avec moins de scepticisme. La raison à cela c'est
l'hétérogénéité des membres nommés.
Toutefois, la qualité des hommes ne garantissant pas la capacité
d'analyse de l'organe, on remarque tout de même que la première
équipe, malgré les critiques, a abattu un travail bien plus
important que la seconde dont on a critiqué le mutisme et
l'introversion. Là où la première équipe dressa un
rapport général intéressant sur les élections
législatives et municipales de 2002, la seconde équipe ne fut en
mesure de dresser un rapport général sur les
présidentielles de 2004302(*). Peut-être peut-on y voir la catégorie
de scrutin électoral supervisé par l'une et l'autre
équipe. Tout de même, la pertinence de l'existence de l'ONEL
devenait obsolète. Et le gouvernement, en proie à des pressions
internationales, avait besoin de se refaire une légitimité
constitutionnelle. C'est là le bien fondé de l'émission
d'une nouvelle idée pour la mise sur pieds d'une nouvelle commission.
Répondant à cette préoccupation, le
gouvernement soumet un projet de loi 805 à l'AN portant création
d'Election's Cameroon (ELECAM). Après étude et amendement, le
projet de loi 805 fut adopté par la loi n° 2006-011 du 29
Décembre 2006 portant création, organisation et fonctionnement
d'ELECAM. Avec elle, le Cameroun faisait un bond considérable car
contrairement à l'ONEL, ELECAM (Voir photo du président d'ELECAM
page 96) avait des dispositions permettant de croire en son
indépendance. Mais les dispositions formelles étant
différentes du déploiement matériel, il fallait attendre
de la voir sur le terrain concret.
Photo n° 3 et 4:
Messieurs François Xavier Mbouyom, ancien président de l'ONEL et
Samuel Fonka Azuu, actuel président d'ELECAM
![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n7.png)
251659776![](Le-symbole-de-la-paix-dans-le-processus-de-democratisation-des-regimes-monolithiques-dAfrique-n8.png)
Source :
http://www.google.fr/photo
du président de l'ONEL/, consulté le 12 Mai 2012 à
16h.
En attendant, le Cameroun avait des maux bien plus importants
qui se résumaient en un mot à savoir le point d'achèvement
de l'initiative PPTE.
2- La consécration économique du
Cameroun : l'atteinte du point d'achèvement de l'IPPTE.
« Le rejet du dossier camerounais a eu un impact
sur la politique économique du pays entre 2004 et 2006 car tout se
régulait sous le prisme et le spectre du point
d'achèvement »303(*). Cette affirmation de Touna Mama témoigne
à souhait la réalité économique du Cameroun
après 2004. En effet, à la suite de l'échec avorté
de l'IPPTE en 2004, il fallait pour le Cameroun les points sur lesquels il
n'avait pas accomplis les directives des bailleurs de fonds. Ces points se
résument en lutte contre la corruption et les détournements de
fonds publics. De fait, si le taux de chômage en cette année 2004
est de 45% à l'échelle nationale, il faut dire qu'il existe deux
classes de populations au Cameroun : le personnel administratif et la
population locale. Cette double réalité au sein d'un même
territoire constitue des leviers de discorde pouvant remettre en cause les
signes même de la paix à l'intérieur du pays. Les
détournements de fonds se font sur des méthodes plurielles parmi
lesquelles on a « le phénomène de la surfacturation,
les marchés fictifs et les missions fictives conduisant à
l'enrichissement des fonctionnaires, agents de l'Etat et opérateurs
économiques »304(*). Lorsque le constat est fait par un agent de
l'administration comme Zacharie Ngniman, il faut reconnaitre que le mal est
bien plus profond que ce qu'il y parait. Le gouvernement devait donc prendre
des mesures importantes. Voilà pourquoi dans son discours à la
nation le 31 Décembre 2005, le chef de l'Etat affirme sa volonté
de lutter contre des « voleurs à col
blanc »305(*).
C'était donc dire que le gouvernement entendait désormais lutter
contre les détournements de fonds publics.
C'est donc pour mettre en évidence ses paroles que le
chef de l'Etat lancer ce que l'on appellera bientôt «
l'opération Epervier » dont la mission est de combattre les
détournements de fonds publics au sein de l'administration. Cependant,
le bien fondé de cette opération pose encore de sérieux
problèmes et considérations dont la plus répandue voudrait
qu'elle soit « une opération d'épurement politique dont
se sert le chef de l'Etat pour combattre et évincer ses adversaires
politiques »306(*). Au final, l'opération épervier a
déjà mis en oeuvre « une vingtaine d'affaire, plus de
soixante dix-sept (77) personnes impliquées et plus de 215 milliards de
FCFA détournés »307(*).
Tout de même, l'on reconnait à l'opération
épervier une origine extérieure. Ainsi, écrit
François Soudan,
...C'est l'ambassadeur des USA à Yaoundé,
Niels Marquardt, qui fin 2005 tire le premier la sonnette d'alarme. Se fondant
à la fois sur les classements, calamiteux pour le Cameroun, de l'ONG
Transparency International et sur les enquêtes du Federal Bureau of
Investigation (FBI) à propos des réseaux de blanchiments
d'argent, le diplomate sonne les autorités à agir. Le Fond
Monétaire International et la Banque Mondiale prennent aussitôt le
relais308(*).
Or, l'on sait que le point sur la gouvernance est un levier
important des bailleurs de fonds internationaux. En effet,
« L'anti-corruption est une sorte de religion civile à
laquelle il convient de se convertir si l'on veut figurer parmi les Born
Again, les élus de l'initiative en faveur des pays pauvres et
très endettés (PPTE) »309(*). C'est donc dire que le
lancement de l'opération épervier avait pour but non seulement de
combattre la corruption, mais davantage à respecter les normes du FMI et
de la banque mondiale. Ceci a donc contribué à arrêter
plusieurs cadres oubliant par là que la plupart des fonds
détournés sont logés dans les chancelleries occidentales.
Ainsi, cette campagne de sabordage se résume en cette boutade d'Olivier
Vallée à savoir « rendre les pauvres meilleurs faute de
les rendre moins pauvres »310(*).
Quoiqu'il en soit, cette opération d'épuration
politique a permis au Cameroun d'atteindre le point d'achèvement de
l'IPPTE. Ainsi, le vendredi 28 Avril 2006, le conseil d'administration conjoint
de la banque mondiale et le FMI annonce l'atteinte du point d'achèvement
par le Cameroun. Certes, le pays retrouve une notoriété
internationale car elle permet l'annulation progressive de près de 714
milliards de FCFA de la part des créanciers internationaux du
Cameroun311(*). Mais,
l'état de démocratisation du Cameroun reste faible. Les signaux
sont d'autant plus importants que la problématique de l'alternance
à la tête de l'Etat du Cameroun se pose de plus en plus avec
acuité. Les risques de vacillement et donc de menaces sur la paix et la
stabilité du Cameroun risque de se poser. Ainsi, les années
à venir seront cruciales pour l'évaluation du processus de
démocratisation du Cameroun.
CONCLUSION GENERALE
Il nous a été donné dans ce travail
d'évaluer, de peser et même de sous-peser les rapports entre
l'extension du processus de démocratisation et l'assurance d'une
société stable dans un environnement où l'on remarque
çà et là des remous politiques. L'investigation
menée nous a permis de comprendre que le processus d'ouverture
démocratique qui suppose la présence d'une pluralité
d'acteurs s'est manifesté au tout début de la passation de
pouvoir de 1982. Celle-ci a entrainé des changements dans la gestion de
l'Etat. Changements que l'on pourrait considérer de majeurs même
s'il s'agissait encore selon les mots de Fabien Eboussi Boulaga d'une
« démocratisation du parti unique ». De fait, les
logiques réfractaires y sont encore très vives et seuls les
facteurs externes « comme toujours dans la vie politique
camerounaise »312(*) viendront y apporter un coup
d'accélérateur avec notamment la fin de la guerre froide et son
corollaire l'excroissance du processus de mondialisation.
Le régime a donc dû s'adapter à la
nouvelle donne. Ainsi, à la pression populaire de la revendication d'une
conférence nationale souveraine, le régime y a
préféré une tripartite donc le souci majeur pour la classe
politique camerounaise en générale, l''opposition comme le
gouvernement, était de mettre fin au mouvement des « villes
mortes » qui avait embrasé le pays tout entier et qui
apparentait le Cameroun aux « pays de tradition instable ».
Or, ici plus que partout ailleurs, l'histoire y a laissé un mauvais
souvenir de ce qu'est la violence et l'instabilité. C'est ainsi
qu'au-delà de la querelle sur la tenue ou non d'une conférence
nationale souveraine, tous les acteurs se retrouvent tout de même sur le
consensus d'un retour à la stabilité. C'est seulement ainsi qu'on
peut comprendre l'acception de l'opposition de participer à la
tripartite et c'est ainsi aussi qu'on peut interpréter le fait qu'ils
aient ratifié la déclaration finale de la tripartite, il est vrai
à l''exception du SDF dont on peut comprendre son refus par le fait
qu'il avait peut être un peu trop surestimé son poids sur la
scène politique camerounaise.
Se faisant, l'ouverture démocratique s'est
manifestée sous la forme d'un double scrutin pluraliste en 1992 dont
l'absence de certains partis aux législatives, au-delà de
traduire une certaine radicalisation, manifeste davantage un mauvais calcul
politique car, comment vouloir obtenir des assises politiques sans assises
parlementaires, qui plus est dans un régime qui sort à peine d'un
système monolithique caractérisé par un verrouillage
strict des données politiques. Alors, c'est en négligeant les
législatives d 1992 que l'opposition assura, il est vrai avec quelques
abus gouvernementaux, une assise politique au gouvernement dans un contexte
multipartisme.
Ainsi, comment ne pas penser que « ...le retour au
multipartisme a permis des sorties négociées de l'autoritarisme,
en garantissant souvent, il est vrai, à l'ancienne classe dirigeante des
conserver ses positions et ses habitudes »313(*). Dès lors, doit-on
concevoir le processus de démocratisation comme un échec dans les
sociétés d'Afrique noire ? certes comme l'écrit Noa
Biyegue Jacqueline, « l'avènement du multipartisme [en Afrique
subsaharienne depuis 1990]314(*) constitue un processus de décompression
autoritaire plutôt qu'un processus de démocratisation, lui,
synonyme d'un marché politique véritablement
concurrentiel »315(*), mais il faut reconnaitre qu'une séparation
stricte entre multipartisme et démocratie et entre démocratie et
démocratisation nous permet de convenir que l'idée de
démocratie résulte d'un « vouloir-vivre et d'un
vouloir-faire collectifs, ce qui suppose la participation de tous et de chacun
à la production, à la gestion de la chose publique et un partage
équilibré du produit commun. Elle évoque donc
l'idée de justice sociale »316(*). On peut dès lors considérer que la
démocratie au Cameroun pose tout aussi les problèmes que connait
la démocratie en général ; Alors, Hountonji a bien
résumé la situation de la démocratie en Afrique en
général et au Cameroun an particulier en ce termes :
La démocratie ne va pas de soi, gouvernement du peuple
par le peuple, il n'est pas évident qu'elle soit une valeur, ou une
valeur absolue [...] Et si la démocratie est un défi, c'est
peut-être d'abord pour cela : parce qu'elle suppose non seulement
l'affrontement de la machine répressive, la dénonciation sans
complaisance et la lutte pratique contre la barbarie triomphante, mais aussi,
mais d'abord, que nous fassions sur nous-mêmes le travail
intérieur préalable nécessaire pour nous libérer de
la peur et devenir enfin ce que nous n'avons peut-être jamais
été : nous-mêmes317(*).
C'est donc dire qu'en l'absence des mesures de lutte contre
les fléaux sociaux, c'est la justice sociale qui est remise en cause.
Or, si la justice sociale est compromise, c'est la paix et la stabilité
qui sont ébranlées. Ainsi donc ;, le Cameroun en l'absence
des mesures de préservation de la cohésion sociale accentue les
facteurs d'instabilités. De fait, considérer la
problématique de la paix dans le contexte social camerounais revient
à considérer en dernier ressort ce concept comme allant bien
au-delà de la simple démocratisation. Elle englobe dès
lors toute la vie politique camerounaise. Alors, il devient plus louable de
parler ni plus ni moins que d'une transition politique.
Mais, la transition politique, entendue comme le passage d'un
régime à un autre, est différent de la
démocratisation ; il faut dire qu'au Cameroun, le début de
l'année 1997 marque non seulement la fin de la transition
démocratique, mais aussi le début de la démocratisation de
la scène politique camerounaise. Dans cette logique, la paix prend une
toute autre signification. Au-delà de caractériser
« l'absence de guerre », elle signifie tout aussi une
gestion équitable des rouages étatiques, une amélioration
claire des institutions étatiques. Or, dans ce registre, le constat fait
est plutôt mitigé car l'ensemble des mesures prises par le
gouvernement depuis la fin de la transition politique au Cameroun, sont certes
louables, mais ne manquent pas de laisser un goût d'inachevé et
d'incompréhensions. La manifestation de la corruption comme cheville
ouvrière de la gouvernance politique au Cameroun a plongé le pays
dans des situations parfois catastrophiques conduisant aux « exploits
malheureux » comme l'a attesté le classement de Transparency
International.
Ainsi, loin de constituer un « îlot de
paix », le Cameroun traduit progressivement une situation de
« malaise général » où la population a
l'impression, et ce n'est qu'une impression, peut être fondée, que
la communauté internationale tisse parfois avec le régime en
place des liens si complexes qu'ils s' apparentent à une toile
d'araignée dont il est toujours difficile de déterminer ni le
début ni la fin de la toile. Ainsi, on peut dire que,
La démocratisation a élargi l'espace politique,
mais de manière incomplète. Les élites africaines [et donc
camerounaises]318(*)
vivent en lévitation au dessus des sociétés. La
concomitance de la démocratisation et de l'excroissance de la
mondialisation a en effet crée un nouveau type de régimes
politiques : « les démocraties FMI ». La
sélection des élites y est le produit d'une double
dynamique : élections multipartites et adoubement par les
institutions financières internationales319(*).
Soit, « si la démocratie ne se construit pas
dans la rue [...] mais plutôt par le recours aux verdicts des
urnes »320(*),
il n'en demeure pas moins qu' « une élection publique
n'est jamais un évènement ordinaire, un banal fait de
société [...] C'est un évènement sociétal
total, dynamique et historique, qui tire se arguments dans le passé et
réalise son projet dans le futur »321(*). C'est donc dire que c'est
par rapport au projet de société passé et futur d'un
candidat qu'il est élu. Or, le Cameroun comme on l'a vu souffre d'un
déficit de projet de société. Si le slogan de l'opposition
se résume en une sorte de « Biya must go » dont la
population en a de plus en plus marre d'entendre, celui du gouvernement se
résume à agiter devant la place publique la
« nébuleuse de la paix » dont se réclame le
système.
Certes, l'on peut parler de stabilité institutionnelle
en lieu et place de la paix car la paix suppose une société
où l'harmonie sociale est assurée. Tout au moins, on peu parler
davantage de libération de l'ancrage autoritaire car celle-ci s'entend
comme « un phénomène de redéfinition et
d'extension des droits. Une caractéristique de ce stade précoce
de la transition est la dépendance précaire sur un pouvoir
gouvernemental qui demeure arbitraire et fantasque »322(*). Quoi qu'il en soit, cela
pose le problème de la complexité d'appréhension de la
réalité de l'étude que nous achevons sur la
démocratie et la paix, qui plus est dans un pays pluri-ethnique comme le
Cameroun. La symbiose réalisée va alors au-delà de la
conception de la démocratie sur le maintient de la pacification
politique au Cameroun.
Alors, au sortie de ce travail, nous éprouvons certes
un sentiment de satisfaction, mais aussi et en même temps un goût
d'inachevé. Un goût d'inachevé dans la mesure où
nous avons l'impression qu'au-delà du lien démocratisation et
paix où la paix prend davantage le sens d'un mirage dans le contexte
camerounais, il est important de s'interroger sur ce sentiment de
résignation telle que constater dans la société
camerounaise où au-delà de la pauvreté, du chômage,
du sous-emploi, l'on s'accorde à penser tout de même que la paix
permet de transcender tous les autres maux. Peut-être les futurs travaux
permettront d'établir un lien entre la « psychologie
pacificatrice » actuelle du Cameroun et le legs colonial. Ainsi, il
est important de s'interroger sur cette question de la construction d'une
« psychologie pacificatrice » dans la société
camerounaise. Cela permettra d'ébaucher un raisonnement qui va bien
au-delà de la démocratisation apparaissant dans cette logique
comme une discontinuité, une césure dans le processus global de
construction camerounaise de la pacification.
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I- Sources primaires
A- Sources orales
Noms et Prénoms de l'informateur
|
Ages
|
Fonctions
|
Dates et Lieux de l'entretien
|
Hubert Kamgang
|
Environ 65 ans
|
politiciens
|
12 Mars 2012 à Yaoundé
|
Jean Takougang
|
Environ 60 ans
|
Politicien
|
09 Février 2012 à Yaoundé
|
Abel Eyinga
|
Environ 73 ans
|
Politicien
|
Décembre 2011 à Ebolowa
|
Charly Gabriel Mbock
|
Environ 55 ans
|
Politicien et Universitaire
|
24 Janvier 2012 à Yaoundé
|
Ngouo Woungly Massaga
|
Environ 80 ans
|
Politicien
|
24 Novembre 2011 à Yaoundé
|
Joseph Ouafo
|
Environ 60 ans
|
Politiciens, ancien membre de la cellule de communication du
SDF
|
08 Janvier 2012 à Bafoussam
|
Samuel Fordjika Tamouo
|
Environ 60 ans
|
Politicien, ancien membre de l'UDC
|
06 Janvier 2012 à Bafoussam
|
Alphonse Muka
|
Environ 50 ans
|
Politicien, ancien membre de l'UDC
|
06 Janvier 2012 à Bafoussam
|
B- Journaux et revues
Afrique contemporaine, N°199, Juillet-Septembre
2001
Afrique-Asie, n°182, novembre 2004
Afrique-Asie, n°99, Décembre 1997
Cameroon Tribune, n°12235 du 03 Janvier 2006
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1983
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p.6-7.
Cameroon Tribune, n°4709 du Jeudi 20
Décembre 1990
Cameroun Tribune n°4347 du 02 Juillet 1990
Cameroon Tribune, n°4852 du 24 au 25 Mars
1991
Challenge Hebdo, n°067 du 22 Avril 1992
Challenge hebdo, n°0037 du 19 au 26 Juin 1991
Droit et Société, n°51/52, 2002
Jeune Afrique Economie (JAE) n°317 du 02 au 15
Octobre 2000
Jeune Afrique Economie, N°131, Mai 1990
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Jeune Afrique, n°2553 du 03au 07 Décembre
2009
Jeune Afrique, n°2574 du 09 au 15 Mai 2010
Le Messager, n°210-211 du 24 Janvier 1991
Le messager, n°343 du 04 Novembre 1997
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TABLE DES MATIERES
* 1 Cela signifie
« Etats Faibles », Cf. W. Zartman, La faillite de
l'Etat, Paris, LGDJ, 1999.
* 2 Z.-S. Nyanid, «
Crise de la démocratisation et démocratisation de crise :
essai sur la problématique de l'universalisation du modèle de
démocratie libérale en Afrique subsaharienne post- guerre
froide», thèse de doctorat 3e cycle, Institut des
Relations Internationales du Cameroun (IRIC)/Université de
Yaoundé II (UYII), 2002, p.13.
* 3 P. Saint-Arnaud, William
Grammar Summer et les débuts de la sociologie
américaine, Québec, Presse de l'Université de Laval,
1984, p.10.
* 4 Ch. Langlois et Ch.
Seignobos, Introduction aux études historiques, 1897,
cité par F. Braudel, Ecrits sur l'histoire, Paris, Flammarion,
1969.
* 5 F. Braudel, Ecrits sur
l'histoire, Paris, Flammarion, 1969, p. 3.
* 6 Ibid., p. 15.
* 7 F. Dosse, L'histoire ou
le temps réfléchi, Paris, Hatier, 1999, p.34.
* 8 La proto-histoire c'est
cette histoire qui reste cantonné sur les principes basiques de la
science historique oubliant par là que la science évolue avec son
temps.
* 9 J.-F. Soulet, L'histoire
immédiate. Historiographie, Sources et Méthodes, Paris,
Armand Colin, 2009.
* 10 Corneille,
Mémoires, cité par J-F Soulet, L'histoire
immédiate...p. 67.
* 11 J-F. Soulet,
L'histoire immédiate...p. 87.
* 12 H.-I. Marrou, De la
connaissance historique, Cité par J. Pycke, La critique
Historique, Bruxelles, Bruylant, 2000, p. 59.
* 13 Cf. à ce propos
l'article de Z. Laïdi, « le temps mondiale », M-C.
Smouts, Les nouvelles Relations Internationales. Théories et
pratiques, Paris, Presse de science Pô, 1999.
* 14 E. Durkheim, Le
suicide, Paris, PUF, 1930, p.1.
* 15 E. Durkheim, Les
règles de la méthode sociologique, Paris, PUF, 1981, p.
35.
* 16 M.-D. Ebolo,
« L'implication des puissances étrangères dans le
processus de démocratisation... », p. 10.
* 17 A. Baudart, Qu'est
ce que la démocratie ?, Paris, Librairie philosophique J.
Vrin, 2005, p.7.
* 18 Encyclopédia
Universalis, t. 5, p. 408.
* 19 G. Hermet, Le
passage à la démocratie, Paris, Presse de la Fondation
Nationale de Science Politique, 1996, p. 14.
* 20 R.-M.-L. Onana,
« Les transitions politiques en Afrique... », p. 3.
* 21 G. Sorensen,
Democracy and democratization, Boulders- San Francisco- Oxford, West -
view press, 1993, pp. 47-51.
* 22 P. Meyerbisch,
« démocratisation : genèse de nouvelles
distinctions démocratiques de pouvoirs », C.-A.-O. Huythan et
A. Fenet (dir.), Mutations internationales et évolutions des
normes, Paris, PUF, 1998, p. 178.
* 23 Proudhon, La guerre
et la paix, Cité par T. De Montbrial et J. Klein (dir.),
Dictionnaire de stratégie, Paris, PUF, 2000, p.403.
* 24 T. De Montbrial et J.
Klein (dir.), Dictionnaire de stratégie, Paris, PUF, 2000, p.
408.
* 25 J. Ricot,
Leçons sur la paix, Paris, PUF, 2002, p. 1.
* 26 Ph. Bretton et J.-P.
Chaudet, La coexistence pacifique, Paris, Armand Colin, 1995, p. 5.
* 27 Cf. Chapitre VII de la
charte des nations Unies.
* 28 J.-F. Thibault,
« Réflexions sur la démocratie, la mondialisation et
les Relations Internationales », Associations
transnationales, Avril, 1999, p. 174, consulté sur http://
www.google.fr/démocratie
et paix /, le 12 Novembre 2011, 18h50.
* 29 J.-S. Oyono Oyono,
« La diplomatie camerounaise face aux défis de la
mondialisation », thèse de doctorat 3ème
cycle en Relations Internationales, IRIC/UYII, 1999, p. 22.
* 30 A. Minkoa She,
« L'Afrique face aux défis de l'Etat de droit et des Droits de
l'Homme à l'ère de la mondialisation », Actes du
colloque sur l'Afrique face aux défis de la mondialisation, Vol.
II, Minrex-NU-Cameroun, 2000, p. 69.
* 31 Petit Larousse
Illustré, Paris, 1987, p. 857.
* 32 A. Heymann-Doat, Les
régimes politiques, Paris, La Découverte, 1998, p. 34.
* 33 M.-C. Diop et M. Diouf,
Les figures du politiques en Afrique. Des pouvoirs Hérités
aux pouvoirs élus, paris, Karthala, 1999, p.45.
* 34 Y.-A. Chouala, «
désordre et ordre dans l'Afrique centrale actuelle :
démocratisation, conflictualisation et transition
géostratégique régionale», thèse de doctorat
3e cycle, IRIC/UYII, 1999, p. 39.
* 35 J.-P.
Frangnière, Comment réussir un mémoire ?,
Paris, Dunod, 1986, p. 75.
* 36 M. Beaud, L'Art de
la thèse. Comment préparer et rédiger un mémoire de
master, une thèse de doctorat ou tout autre travail universitaire
à l'ère du net, Paris, La découverte, 5e
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* 37 R. Quivy et L.-V.
Campenhoudt, Manuel de recherche en sciences sociales, Paris, Dunod,
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* 38 H.-F. Onana, Les
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* 39 Z. Ngniman,
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* 40 V. Ndi Mbarga,
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* 41 Moukoko Priso,
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* 42 Z. Ngniman, Les
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* 43 F. Eboussi Boulaga,
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* 44 F. Bitee, La
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* 45 Z. Ngniman, La paix
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* 46 D. Arielle,
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* 47 M.-D. Ebolo, «
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et américaine (1990-1997)», thèse de doctorat 3e
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* 48 K. Fonju Njuafack,
«The influence of the Unites States of America in the democratization
process in central Africa: the case study of Cameroon and Chad», these de
doctorat 3e cycle en Histoire, UYI, 2005.
* 49 R.-M.-L. Onana, «
la problématique de la transition démocratique en Afrique noire
post-coloniale», thèse de doctorat 3e cycle, IRIC/UYII,
1992.
* 50 Z.-S. Nyanid, « la
diplomatie à l'épreuve de la démocratisation du
régime politique camerounais», Mémoire de DESS en Relations
Internationales, IRIC, 2001.
* 51E.-T. Biloa Tang,
« La politique étrangère du Cameroun à
l'ère de la transition vers le «le nouvel ordre mondial»
(1990-2001). Une analyse sous le prisme des politiques publiques »,
thèse de doctorat 3e cycle, IRIC/UYII, 2002, p.11.
* 52 M. Grawitz,
Méthode de recherche en sciences sociales, Paris, Dalloz,
9e éd., 1993, p. 4.
* 53 M. Beaud, L'art de
la thèse. Comment préparer et rédiger un mémoire de
master, une thèse de doctorat ou tout travail universitaire à
l'ère du Net, Paris, La découverte, 5e
éd., 2006, p. 55.
* 54 Pour rappel, il faut
dire que les pays africains ont connu des fortunes diverses dans leurs
différents modes d'accession à l'indépendance. De
manière caricaturale, il faut faire le distinguo entre l'Afrique du nord
et l'Afrique noire car les moyens de pressions furent différents dans
ces deux parties du continent. Si l'Afrique noire a connu une
« décolonisation en douceur », ce ne fut pas le cas
de l'Afrique du nord. Et même, dans cette Afrique noire, l'on note des
luttes d'indépendance dans des pays comme le Cameroun. Cf.
Hélène d'Almeida Topor, L'Afrique au XXe
siècle, sur cette question. Ce qui faut dire c'est que le mode
d'accession à l'indépendance allait influencer la vie politique
dans ces différents pays.
* 55 J. Ki-Zerbo,
Histoire de l'Afrique noire d'hier à demain, Paris, Présence
africaine, 1973, p.686.
* 56 L. Segond, La
sainte Bible, 2Timothée 3 :16, éd. Alliance
Biblique Universelle, p. 212, cité par L.-M. Kouna Metala, Les
opérations de maintien de la paix de l'ONU et la condition du
militaire, Yaoundé, PUY, 2006.
* 57 V. Kourganoff, La
recherche scientifique, Paris, PUF, 1958, p. 40, cité par J. P.
Frangnière, comment réussir un mémoire...p.79.
* 58 M. Grawitz,
Méthode de recherche en sciences sociales...p. 3.
* 59 G. Bachelard, La
formation de l'esprit scientifique. Contribution à la
psychanalyse de la connaissance objective, Paris, Librairie philosophique
F. Vrin, 11ème éd., 1980, pp.14-22.
* 60 M. Grawitz,
Méthode des sciences sociales..., p.6.
* 61 D. Oyono,
« L'apport de l'histoire à l'enseignement des Relations
Internationales », Revue camerounaise de Relations
Internationales, Décembre 1982, p. 113.
* 62 Ph. Lagroye,
Sociologie politique, Paris, Presse de l'école nationale de
science politique et Dalloz, 1997, p. 142.
* 63 Y.-A. Chouala,
« désordre et ordre dans l'Afrique Centrale
actuelle... », p. 63. Cf. à cet égard D. Easton,
l'analyse du système politique, Paris, PFNSP, 1996.
* 64 Il faut dire qu'en raison
de l'actualité de notre thème, nous n'avions pas trouvé
des informations concernant notre période dans la rubrique Affaires
Politiques et Administratives (APA) des ANY.
* 65 Il faut dire ici que ce
voyage a été possible grâce au groupe citoyen pour la
préservation de la mémoire de Mongo Béti qui, faisant un
déplacement à Ebolowa pour rencontrer Abel Eyinga, parrain de
l'évènement, nous a permis de les accompagner. C'est ainsi que
nous avons pu rencontrer le rencontrer et qui à cette occasion
était en compagnie de Fabien Eboussi Boulaga avec qui avons
également énormément échangés.
* 66 J. Ki-Zerbo,
Histoire de l'Afrique noire d'hier à demain, Paris, Hatier,
1978, p.687.
* 67 Terme latin qui
signifie « d'un genre particulier ».
* 68 Sur cette question du
fonctionnement du régime Ahidjo, de référer notamment aux
travaux de J.- F. Bayart, l'Etat au Cameroun. Il est aussi
intéressant de consulter les écrits d'A. Eyinga, introduction
à la politique camerounaise, ou encore de Mongo Béti,
main basse sur le Cameroun...
* 69 Pour Paul Ricoeur et
Fernand Braudel, l'évolution de l'histoire se fait de rupture et de
continuités. Les ruptures se manifestants très souvent lorsque un
évènement restructure toute l'évolution du monde
après s'être produit. A l'opposé de ce concept
d'évènement- monstre, Fernand Braudel a parlé de
« phénomènes de surface » pour qualifier les
évènements qui donnent l'impression d'influencer le cours de
l'histoire mais qui en réalité n'en influence point. A cet
égard, la Deuxième guerre mondiale apparait comme un
évènement-monstre car il restructure et redéfini
l'évolution du monde après 1945. Cf. pour cette question
l'article de Z. Laïdi, « le temps mondial », M. C.
Smouts, les nouvelles Relations Internationales : théories et
pratiques, Paris, presse de science Pô, 1997 ou encore F. Braudel,
Ecrits sur l'histoire, Paris, Flammarion, 1977.
* 70 Cette assertion est
cependant à relativiser car même si la guerre froide est
formellement terminée, elle demeure fondamentalement présente en
raison de l'existence de certains vestiges de cette période comme la
division de la Corée ou encore l'existence du régime communiste
en Chine.
* 71 J. Heffer, La fin
du XXème siècle, Paris, Hachette, 1995, p.
37.
* 72 Dieu grec de la boisson
et de l'alcool.
* 73 J. Heffer, La fin
du..., p.38.
* 74 Ibid.
* 75 J. Sapir,
« Ruptures et continuités dans l'histoire économique
russe et soviétique. Le dialogue entre économistes et
historiens : nécessaire et impossible ? », M. Ferro
(dir.), Mélanges. De la Russie et d'ailleurs, Paris,
Plon, 1995, p.92.
* 76 J. Sapir (dir.),
L'URSS au tournant : une économie en transition, Paris,
Economica, 1990, p.102.
* 77 Ibid., p.104.
* 78 J. Heffer, La fin
du XXème siècle..., p.49.
* 79 Ibid., p.50.
* 80 D. Berger,
« perestroïka, une révolution réellement
existante ? », article paru en 1989 et mis en ligne en Mai 1990
sur
http://multitudes.samizdat.net/auteur-phps/,
consulté le 16 Novembre 2011 à 20h35.
* 81 B. Badie et M. C.
Smouts, Le retournement du monde. Sociologie de la scène
internationale, Paris, Presse de science Pô, 1992, p.8.
* 82 Discours de Gorbatchev
à l'Organisation des Nations Unies (ONU) en Décembre 1988,
cité par A. Brown, The Gorbatchev factor, London, Cambridge
University Press, 1996, p. 36.
* 83 Ceausescu était
président de la Roumanie pendant la période des
révolutions socialistes. Il y avait instauré à la
tête de cet Etat un véritable régime dictatorial. C'est
ainsi que sa chute en 1989 marque le début des révolutions
sanglantes en Europe de l'Est.
* 84 Il est à
rappeler que Vaclav Havel fut porté au pouvoir en Tchécoslovaquie
en 1989.Il symbolise l'arrivée des régimes démocratiques
à la tête des Etats en Union soviétique.
* 85 J. Levesque, 1989.
La fin d'un empire : l'URSS et la libéralisation de l'Europe de
l'Est, Paris, Armand colin, 1995, p. 129.
* 86 J. Heffer, La fin
du..., p.65.
* 87 D. Berger,
«perestroika...» , p.13.
* 88 J. Nye Jr., Les
USA, superpuissance, New York, New York university press, 1991, p. 12.
* 89 Ibid., p.56.
* 90 G. Hermet, Les
désenchantements de la liberté. La sortie des dictatures dans les
années 1990, Paris, Fayard, 1993, p.8.
* 91 V. Ndi Mbarga,
Ruptures et continuités au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1993,
pp.11-12.
* 92 A. Eyinga,
Introduction à la politique camerounaise, Paris, L'Harmattan,
1986, p. 234.
* 93 J. F. Bayart,
L'Etat au Cameroun, Paris, presse de la Fondation Nationale de Science
Politique, 1986, p.143.
* 94 F. Pigeaud, Au
Cameroun de Paul Biya, Paris, Karthala, 2011, p. 9, consulté sur
http://
www.google.fr/le-processus-de-démocratisation-au-cameroun/,
le 05 Octobre 2011 à 21h32.
* 95 Y-A.
Chouala, « Désordre et ordre dans l'Afrique Centrale
actuelle : démocratisation, conflictualisation et transitions
géostratégiques régionales », thèse de
doctorat 3ème cycle, Diplomatie, Relations Internationales,
IRIC, Yaoundé, 1999, p.283.
* 96 H. Mono Ndjana,
L'idée sociale chez Paul Biya, Yaoundé, UY/SOPECAM,
1985, p.90.
* 97 Pour plus amples
information sur les raisons du départ d'Ahmadou Ahidjo, se
référer à Ph. Gaillard, Ahmadou Ahidjo, patriote et
despote. Bâtisseur de l'Etat camerounais, Paris, éd. Jeune
Afrique, 1996.
* 98 F. Eboussi Boulaga,
La démocratie de transit au Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1997,
p. 34.
* 99 Cameroon
Tribune, n°2592 du 30 au 31 Janvier 1983, p. 3.
* 100 Ibid., n°2703 du
18 Juin 1983, p.8.
* 101 L. Sindjoun, «Le
président de la république du Cameroun à l'épreuve
de l'alternance néo-patrimoniale et de la transition
démocratique », M.-C. Diop et M. Diouf, Les figures du
politique en Afrique. Des pouvoirs hérités aux pouvoirs
élus, Paris/ Dakar, CODESRIA/ Karthala, 1999, p.78.
* 102 Terme emprunté
à J. Ki Zerbo, A quand l'Afrique ?, Paris, Denoël,
2003.
* 103 L. Sindjoun,
« Le président de la république du Cameroun...»,
p.75.
* 104 Ibid.
* 105 Ahmadou Ahidjo le 24
Aout 1983, cité par Luc Sindjoun, « le président
de la république du Cameroun...», p.75.
* 106 Cameroon
Tribune du 03 mars 1984, p.8. Il faut tout de même relever que cette
peine capitale sera commué en en simple détention par le chef de
l'Etat le 09 mars de la même année.
* 107 P. F. Ngayap,
Cameroun. Qui gouverne ? D'Ahidjo à Biya, l'héritage et
l'enjeu, Paris, L'Harmattan, 1983, p.8.
* 108 Ahmadou Ahidjo
à la radio monté Carlo, le 06 Avril 1984, Cité par V. Ndi
Mbarga, Ruptures et continuités au Cameroun..., p.47.
* 109 Cameroon
Tribune, n°2950 du 13 Avril 1984, p.6-7.
* 110 V. Ndi Mbarga,
Ruptures et continuités..., p.55.
* 111 P. Biya, Le
message du renouveau, vol 2, Ydé, 1992, p.95.
* 112 Terme emprunté
à Y-A. Chouala.
* 113 Terme emprunté
à L. Sindjoun.
* 114 Terme emprunté
par Luc Sindjoun et qui englobe l'ensemble de la classe politique camerounaise
appelé à être candidat à un poste de renouvellement
au sein du parti. Le chef de l'Etat, en élargissant cette base, faisait
de facto perdre à l'élite dure sa position de monopole s'offrait
un échantillon de choix conséquent parmi les nouveaux venus
à la table de la consécration.
* 115 Cameroon
Tribune du 10 Janvier 1986, pp.6-7.
* 116 F. Eboussi Boulaga,
La démocratie de transit..., p.38.
* 117 F. Eboussi Boulaga,
La démocratie de transit..., p.52.
* 118 D. Oyono, un
parcours vital. Essai sur le renouveau camerounais, Yaoundé,
édit' action, 1996, p.23.
* 119 V. Ndi Mbarga,
Ruptures et continuités..., p.85.
* 120 Ibid., p. 46.
* 121 H. Bandolo, La
flamme et la fumée, Yaoundé, SOPECAM, 1985, p. 468.
* 122 Ibid., p.489.
* 123 G. Courade,
« Des complexes qui coûtent chers. La priorité
agro-industrielle dans l'agriculture camerounaise », Politique
Africaine, n°14, Juin 1984, p. 80.
* 124Ibid., p.10.
* 125 J. Ngandjeu, Le
Cameroun et la crise. Renaissance ou Blocage ?, Paris, l'Harmattan,
1985, p.50.
* 126 Cameroon
Tribune du 22 Mars 1986.
* 127 D. Oyono, Un
parcours vital..., pp.124-125.
* 128 DTS signifie Droit de
Tirage Spéciaux, système de convertibilité et
d'équivalence des monnaies utilisé par les institutions de
Brettons Wood. Cela voulait dire que le Cameroun avait besoin d'être
renfloué à hauteur de 311 milliards de FCFA.
* 129 Cameroon
Tribune du 14 Avril 1989, p.8.
* 130 V. Ndi Mbarga,
Ruptures et continuités..., p.132.
* 131 C. Gueguim
Zébazé, «les scrutins pluralistes de 1992 au Cameroun et
leur impact sur sa diplomatie », mémoire de Maîtrise en
Histoire, UYI, 2005, p. 8.
* 132 Manga Kuoh,
Cameroun : un nouveau départ, Paris, l'harmattan, 1996, p.
56.
* 133 A. Kaspi,
« Etats Unis, quel nouvel objectif face aux bouleversements
mondiaux », P. Wapsman, l'année internationale 1990-1991,
annuaire de géopolitique international, Paris, hachette, 1991, p.
64.
* 134 A. Mehler,
« Cameroun, une transition qui n'a pas eu lieu », P.
Quantin et J.P. Dalloz, Transitions Démocratiques Africaines,
Paris, Kartala, 1997, p. 129.
* 135 S. Diallo, cité
par M. Banoch, le processus de démocratisation en Afrique : le
cas Camerounais, Paris, l'harmattan, 1992, p. 6.
* 136 M. Tidjani
Alou, « Globalisation, l'Etat en question »,
Afrique contemporaine, N°199, Juillet-Septembre 2001, p.18.
* 137 Paul Biya, un nouvel
élan. Entretien avec Charles Ndongo, Ydé, Ed. Africa
multimédia, 1997, p. 49.
* 138S. Smith et A. Glaser,
Comment la France a perdu l'Afrique, Paris, Calman- Levy, 2005, p.
78.
* 139 Mongo Béti,
la France contre l'Afrique, Paris, la découverte, 1999,
p.178.
* 140 F. Bitée, la
transition démocratique au Cameroun de 1990 à 2004, Paris,
l'harmattan, 2008, p. 53.
* 141 Mitterrand, cité
par Z. Ngniman, Cameroun, la démocratie emballée,
Ydé, clé, 1993, p. 212.
* 142 F. Bitee, la
transition..., p. 53.
* 143 J.-F. Bayart,
« La Baule et après... », Afrique
politique, 1993, p. 21.
* 144 C'est nous qui
soulignons
* 145 F. Bitee, La
transition..., p. 54.
* 146 C. Gueguim
Zébazé, « les scrutins pluralistes de
1992... », p. 14.
* 147 P. Yambé
Tchientcheu, le Social Democratic Front se meurt-il ?, Paris,
Ed. biblio-Europe, 1999, p. 23.
* 148 C. Gueguim
Zébazé, «Les scrutins pluralistes de 1992... », p.
18.
* 149 J. Takougang, environ
60ans, politicien, Ydé le 02 Février 2012, 19h25
* 150 A.D. Olinga, La
constitution de la république du Cameroun, Ydé, éd.
Terre Africaine, 2006, p.68.
* 151 V. Ndi Mbarga,
Rupture et continuité au Cameroun... p. 134.
* 152 A. Mehler,
« Cameroun : la transition qui n'a pas eut lieu ...»,
p. 104.
* 153 F. Bitee, La
transition démocratique au Cameroun...p. 59.
* 154 M. Lobé
Ewané « Yaoundé n'a pas pris son parti »,
Jeune Afrique Economie, N°131, Mai 1990, p.120.
* 155 G. Gueguim
Zébazé, « les élections pluralistes de 1992 au
Cameroun... », p.20.
* 156 P. Yambé
Tchientcheu, Le Social Democratic Front...p. 22.
* 157 Http : //
www.Sdfparty.org/french/communiqués/124.php/ consulté le 14
Décembre 2011 à 18h30.
* 158 Il existe une vive
polémique quant à la cause des morts ; Pour le gouvernement
on parle de « six morts piétinés » tandis que
l'opposition parle de « morts par balle ». L'autre
polémique porte sur le nombre exacte de victimes. Pendant que la presse
nationale annonçait six morts des radios privées comme BBC
annonçaient un mort.
* 159 C.-G. Mbock,
Cameroun, l'intention démocratique, Ydé, SOPECAM, 1992,
p. 8.
* 160 Allocution du chef de
l'Etat au congrès du RDPC, Cameroun Tribune n°4347 du 02
Juillet 1990, p.6.
* 161 Ceci est d'autant plus
vrai que durant le mois de mars 1990, Bello Bouba Maigari lance l'UNDP à
paris avec l'aide de quelques amis. Dans le même temps, l'UPC est en
ordre de passage pour tenter une unification de ses différentes
factions.
* 162 L. Sindjoun,
« Le président de la république du
Cameroun... », p. 86.
* 163 «Les lois de la
session des liberté », Cameroon Tribune, n°4709
du Jeudi 20 Décembre 1990, Cf. Annexe 1.
* 164 T. Bodo Messina,
« De «la conférence de la table ronde (1959)»
à la « conférence nationale souveraine (1991)» :
permanence de l'attitude des acteurs politiques
camerounais », mémoire de maitrise en histoire, UY1,
2008, p. 28.
* 165 C. Gueguim
Zébazé, « les scrutins pluralistes de
1992... », p. 22.
* 166 H. Kamgang, environ 65
ans, politicien, le 12 Mars 2012 à Yaoundé.
* 167 La session des
libertés de l'AN se tient en Novembre 1990 sous la présidence de
Fonka Shang Lawrence. Elle adopta plusieurs lois réhabilitant les
libertés dans tous les domaines de la vie publique
* 168 O. J. Tobie, La
Décennie Biya : de la grâce à la disgrâce,
Paris, L'Harmattan, 1996, p. 171.
* 169 L. Sindjoun (Dir.),
La révolution passive au Cameroun. Politique parlementaire et
politique autoritaire, Dakar, CODESRIA, 2002, p. 12.
* 170 V. Ndi Mbarga,
Rupture et continuité au Cameroun...p. 146.
* 171 P. Njawé,
« la démocratie bégaie », le
Messager, n°210-211 du 24 Janvier 1991, p. 8.
* 172 Manga Kuoh,
Cameroun. Un nouveau départ, Paris, L'Harmattan, 1996, p.
80.
* 173 Hameni Bieuleu,
interview recueilli par Challenge hebdo, n°0037 du 19 au 26
Juin 1991, p. 9.
* 174 En effet, la hantise
d'un jugement pareil à celui de Mathieu Kérékou n'enchante
pas le gouvernement de Biya.
* 175 P. Biya, Cameroon
Tribune, n°4852 du 24 au 25 Mars 1991, p. 3.
* 176 P. F. Ngayap,
L'opposition au Cameroun. Les années de braise, Paris,
L'Harmattan, 1999, pp. 11-12.
* 177 Ibid., p. 26.
* 178 V.O. Ndzana,
« 18 Avril 1991-18 Avril 1992, villes mortes, un anniversaire
symbole », Challenge Hebdo, n°067 du 22 Avril 1992, p.
15.
* 179 J.B. Placca,
« le peuple cherche un vrai héros », Jeune
Afrique Economie, n°149, novembre 1992, p. 94.
* 180 L. A. P. Amougou Mbida,
« Les villes mortes au Cameroun. Etude historique et impact
socio-économique », mémoire de maitrise en histoire,
UY1, 2005, p. 53.
* 181 Z. Ngniman,
Cameroun, la démocratie dans l'impasse..., p. 189.
* 182 M. E. Owona Nguini,
« La sociogenèse de l'ordre politique au Cameroun : entre
autoritarisme et démocraties (1978-1996), thèse de doctorat en
science politique, Institut d'Etude Politique de Bordeaux, 1997, p. 645.
* 183 F. Eboussi Boulaga,
La démocratie de transit au Cameroun..., p. 95.
* 184 L. Onana Mvondo,
1990-1992 au Cameroun : chronique des années rebelles,
Paris, éd. Des Ecrivains, 2004, p. 218.
* 185 Il faut tout de
même relever que seul le SDF n'a pas parapher la déclaration
finale de le tripartite car il avait refusé de participer aux
négociations secrètes qui se poursuivaient entre les leaders de
l'opposition et le gouvernement pendant la période de suspension.
* 186 Ngouo Woungly Massaga
(commandant Kissamba), Combat pour la démocratie, Ydé,
éd. Saint Paul, 1994, p. 26.
* 187 C. Gueguim
Zébazé, « les élections pluralistes de
1992... », p. 30.
* 188 Woungly Massaga, Environ
80 ans, politicien, le 24 Novembre 2011 à Ydé.
* 189 J. Ouafo, environ 60
ans, politicien, Le 08 Janvier 2012 à Bafoussam.
* 190 L. Onana Mvondo,
1990-1992 au Cameroun..., p. 328.
* 191 Cf. Annexe 2.
* 192 S. Huntington,
Troisième vague, les démocratisations de la fin du
XXème siècle..., p. 246.
* 193 S. Fordita, Politicien,
membre de la cellule de communication du SDF, environ 60 ans, Le 06 Janvier
2012 à Bafoussam.
* 194 L.
Sindjoun, « le président de la république du
Cameroun... », p. 91.
* 195 K. Fonju
Njuafack, «The influence of the USA in the democratization process in
central Africa ...» , p. 258.
* 196 Cf. Annexe 3
* 197 N. Mouelle Kombi, La
politique étrangère du Cameroun, Paris, L'Harmattan, 1995,
p.118.
* 198 J. Takougang,
politicien, membre du SDF, environ 65 ans, Le 09 février 2012 à
Ydé.
* 199 R. S. Z. Nyanid,
« crise de la démocratisation et démocratisation de
crise... », p. 34.
* 200 Ce terme est de
Mathias Eric Owona Nguini dans sa thèse précitée
* 201 Il faut v relever
à cet égard le rapport du National Democratic Institute (NDI) sur
les élections pluralistes de 1992 au Cameroun, Cf. Annexe 4.
* 202 Z. Ngniman,
Cameroun, la démocratie emballée..., p. 84.
* 203 Cf. Annexe 5.
* 204 Woungly Massaga,
Combat pour la démocratie..., p. 69.
* 205 N. Mouelle Kombi,
« Les dispositions relatives aux conventions internationales dans les
nouvelles constitutions des Etats d'Afrique francophone », A. A.
Yusuf (dir.), African yearbook of international Law, La Haye, 1993, p.
235.
* 206 A. D. Olinga, La
constitution de la république du Cameroun, Yaoundé,
éd. Terre Africaine/presse de l'UCAC, 2006, p. 22.
* 207 Ibid., p. 48.
* 208 Abel Eyinga, 73ans,
Politiciens, 12 décembre 2011 à Ebolawa, 14h50.
* 209 Ibid.
* 210 A. D. Olinga, La
constitution de la république..., p. 2.
* 211 A. Muka, environ 50 ans,
politicien, 06 Janvier 2012 à Bamenda.
* 212 C.-G. Mbock, environ 55
ans, politicien, Janvier 2012 à Ydé.
* 213 Ibid.
* 214 Il faut dire que
monsieur Tchouta Moussa, alors directeur général de l'office
national des ports du Cameroun (ONPC) était en désaccord avec
monsieur Niat, considéré comme son mentor. En vertu de la logique
de l'allégeance bureaucratique, il n'avait pas reçu l'assentiment
de son patron.
* 215 Le nombre de
siège non attribué résulte des cas où les
élections avaient été annulées. Ils ne seront
attribué qu'à l'issue des partielles organisées peu de
temps après.
* 216 F. Bitee, La
transition démocratique..., p. 88.
* 217 Z. Ngniman, Paul
Biya, la magistrature présidentielle apaisée ?,
Ydé, édi'Action, 1998, p. 28.
* 218 Y.-A. Chouala,
« L'action internationale de l'opposition : la
transnationalisation de la vie internationale camerounaise », L.
Sindjoun, Comment peut-on être opposants au Cameroun ? Politique
parlementaire et politique autoritaire, Dakar, CODESRIA, 2004, p. 308.
* 219 C. Malliat,
« Yaoundé accueille l'OUA », Jeune
Afrique Economie, hors série, Cameroun : cap sur l'an 2000,
coll. Nouveaux marchés, Aout 1996, p. 19.
* 220 Y.-A. Chouala,
« l'action international de l'opposition camerounaise...», p.
316.
* 221 Ibid. Il faut dire
qu'il avait déjà été mainte fois approché
par le passé pour négocier le processus de pacification du
Cameroun. C'est le cas de Desmond Tutu qui avait entrepris une médiation
en novembre 1992 entre le gouvernement et Fru Ndi après les
élections mouvementées de 1992, du Secrétaire
Général du Commonwealth Chief Emeka A. Oku lors de sa visite
officielle du 12 au 23 Juin 1993 et de monsieur Jacques Godefrain, ministre
français délégué à la coopération qui
rencontra également Fru Ndi lors de sa visite officielle au Cameroun en
Mars 1996.
* 222 Y.-A. Chouala,
« l'action international de l'opposition camerounaise...», p.
324.
* 223 Ibid., p. 322.
* 224 V. Hodonou,
« sept ans de stagnation !», Afrique-Asie,
n°99, Décembre 1997, p. 68.
* 225 A. Ngando,
L'affaire Titus Edzoa, revue de la presse camerounaise, Paris,
L'Harmattan, 2000, p. 68.
* 226 Z. Ngniman, Paul
Biya, la magistrature..., p. 68.
* 227 Z. Ngniman, Paul
Biya, la magistrature..., p. 5.
* 228 P. Njawé,
« une formalité électorale », Le
messager, n°343 du 04 Novembre 1997, p.2.
* 229 Z. Ngniman, Paul
Biya, la magistrature..., p. 47.
* 230 Z. Ngniman, Les
chemins de la démocratie, un pari perpétuel, Ydé,
édi'Action, 2003, p. 45.
* 231 Manga Kuoh,
Cameroun, un nouveau départ..., p. 45.
* 232 P.-M. Defarges,
La gouvernance, Paris, PUF, 2003, p. 6.
* 233Ibid., p. 19.
* 234 P.-M. Defarges,
La gouvernance..., pp. 39-40.
* 235 J.-P. Gaudin,
Pourquoi la gouvernance ? , Paris, Presse de science Politique,
2002, p. 127.
* 236 Ibid., p. 99.
* 237 J.-B. Talla,
« controverse autour d'un communiqué de presse :
Transparency International et le Cameroun », P. Titi Nwel, De la
corruption au Cameroun, Ydé, Friedrich Ebert Stiftung, Juin 1999,
p. 233.
* 238 S. Huntington,
Troisième vague, les démocratisations de la fin du
XXème siècle...p. 288.
* 239 Dieudonné
Oyono, Coordonnateur national du PNG, Actions Economiques du
Cameroun, Service du Premier Ministre, 2004, p. 54.
* 240 Actions
Economiques du Cameroun, Service du Premier Ministre, 2004, p. 56.
* 241 Cf. Annexe 6 sur la
déclaration d'approbation du PNG.
* 242 L.-R. Ngimbog,
« La justice administrative à l'épreuve du
phénomène de la corruption au Cameroun », Droit et
Société, n°51/52, 2002, pp. 301-323.
* 243 Ibid., p.304.
* 244 A.-D. Olinga,
La constitution de la république du Cameroun ...,
p.227.
* 245 Ibid.
* 246Ibid., p. 228.
* 247C. G. Mbock, environ
55 ans, politicien, Ydé le 19 Janvier 2012.
* 248 C.-G. Mbock, environ
55ans, politicien, Janvier 2012 à Ydé.
* 249 Moukoko Priso,
Kamerun/ Cameroun : la transition..., p. 145.
* 250 Z. Ngniman, La
paix au Cameroun. Un impératif absolue, Ydé, Edi' Action,
2000, p. 175.
* 251 F. Pigeaud, Au
Cameroun de Paul Biya..., p. 182.
* 252 Banque Mondiale,
rapport annuel, « les économies de l'Afrique
subsaharienne », http:// www. Undp.org/le sous-développement
de l'Afrique/le taux de chômage au Cameroun/, consulté le 22
Janvier 2012 à 18h55.
* 253 Z. Ngniman, Les
chemins de la démocratie. Un pari perpétuel, Ydé,
Edi' Action, 2003, p. 93.
* 254 F. Bitee, La
transition démocratique au Cameroun..., p. 115.
* 255 Propos de monsieur
Bell Luc René, alors délégué Général
à la sureté nationale
* 256 F. Bitee, La
transition démocratique au Cameroun..., p. 116.
* 257 Z. Ngniman, Les
chemins de la démocratie..., p. 93.
* 258 F. Dorse,
« Entretien avec le Cardinal Christian Tumi », Jeune
Afrique Economie (JAE) n°317 du 02 au 15 Octobre 2000, p. 46.
* 259 Z. Ngniman, Les
chemins de la démocratie...p. 95.
* 260 ONUDC, (Resolution
A/RES/55/61), New York, NU, 2000.
* 261 Ibid.
* 262 Ibid.
* 263 Voir à cet
effet la résolution A/RES/58/4 du 31 Octobre 2003. Elle est dite
convention de Mérida par opposition à la convention dite de
Palerme de la même année pour la lutte contre les
stupéfiants et les drogues illicites.
* 264 Article 1 de la
Convention. Malheureusement, nous ne pouvons reproduire dans toute sa
totalité et sa globalité ladite convention dans ce travail
puisqu'elle est assez longue et assez étoffé pour être
prise comme document annexe. Nous ferons néanmoins une analyse
minutieuse de toutes les parties de cette convention notamment celles relatives
et transposables dans la situation camerounaise.
* 265 Article 2 de la
convention.
* 266 Articles 5 et 6 de la
convention.
* 267 Articles 15 à
17, 23 et 25.
* 268 Articles 18 à
22 de la convention.
* 269 Article 32 à
35 de la convention.
* 270 Articles 43 à
50 de la convention.
* 271 Articles 51 à
59 de la convention.
* 272 Articles 51, 53
à 55, 57de la convention.
* 273 Articles 52, 53, 31de
la convention.
* 274 Articles 60 et 62 de
la convention.
* 275 J. Hirakawa,
«comprendre la convention de Mérida », http://
www.google.fr/la convention des Nations
Unies contre la corruption/, le 12 Février 2012 à 18h35.
* 276 Cf. Loi n°
2004/010 du 24 Avril 2004 autorisant le Président de la
République à ratifier la convention des Nations Unies contre la
corruption du 31 Octobre 2003.
* 277 V.S. Zinga,
« la vérité en face », émission sur
Equinoxe TV, entretien avec Charly Gabriel Mbock auteur de
l'opération épervier : un devoir
d'injustice ?, le 08 Janvier 2012, 22h.
* 278 V. S. Zinga, «La
vérité en face »...
* 279 Ibid.
* 280 Donnés
économique du gouvernement 2004...p. 24.
* 281 Z. Farès,
Afrique et démocratie. Espoirs et illusions, Paris,
L'Harmattan, 1992, p. 75.
* 282 Programme conjoint de
la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International mis sur pied en
Septembre 1996 et qui vise à atténuer les inconvénients
sociaux des PAS. Dans son principe, la dette n'est pas annulée mais le
service de la dette est transféré dans un compte spécial
pour servir à des fins purement sociales : éducation,
santé, développement des infrastructures de communication...Cf.
à cet égard Touna Mama, l'économie camerounaise, un
nouveau départ, Paris, Afrédit, 2008.
* 283 Cela signifie que
l'on reste dans la logique des PAS c'est-à-dire un désengagement
de l'Etat, mais les ressources financières octroyées par la
communauté Internationale sont directement acheminées vers les
groupes de la société civile.
* 284 Pour atteindre le
point de décision, le pays doit satisfaire à un certain nombre de
critères parmi lesquels : pouvoir faire face à un volume de
la dette insupportable, engager des réformes politiques et
économiques, formuler un Document de Stratégie pour la
Réduction de la Pauvreté (DSRP). Au terme du respect de ces
critères, le conseil d'Administration de la Banque Mondiale et du Fond
Monétaire International décide officiellement de
l'admissibilité du pays. Ainsi, la communauté internationale
décide de ramener la dette du pays au seuil de viabilité
c'est-à-dire à un niveau tel qu'il peut lui-même supporter
le remboursement.
* 285 I. Tamba,
Stratégies de désendettement et politique de
développement au Cameroun : ruptures, permanences ou
continuités ?, Ydé, Friedrich Ebert Stiftung, 2002, p.
80.
* 286Ibid., p. 98.
* 287 D. Boukongou (Dir.),
De la pauvreté au Cameroun, Ydé, Presse de l'UCAC, 2005,
p. 62.
* 288 Z. Farès,
Afrique et Démocratie...p. 146.
* 289 H. Kamgang, environ 65
ans, politicien, 12 Mars 2012 à Ydé.
* 290 L. Sindjoun,
L'Etat ailleurs. Entre noyau dur et case vide, Paris, Economica,
2002.
* 291 Nous reprenons ici
l'expression d'A. Mehler, «Cameroun : la transition qui n'a pas eu
lieu »...p. 234.
* 292 F. Bitee, La
transition démocratique au Cameroun...p. 94.
* 293 P. Tourel,
« Cameroun : Biya pour toujours ? »,
Afrique-Asie, n°182, novembre 2004, p. 18.
* 294 Ibid., p. 21.
* 295 J. F. Bayart,
L'Etat en Afrique. La politique du ventre, Paris, Fayard, 1995.
* 296 P. Tourel,
«Cameroun : Biya pour toujours ? »..., p. 24.
* 297 F. Pigeaud, Au
Cameroun de Paul Biya...p. 168.
* 298 A. D. Olinga, La
constitution de la république du Cameroun...p. 236.
* 299 Ibid., p. 237.
* 300 A.D. Olinga, La
constitution de la république du Cameroun...p. 234.
* 301 Ibid.
* 302 Ibid., p. 235.
* 303 Touna Mama,
L'économie camerounaise...p. 204.
* 304 Z. Ngniman, La
paix au Cameroun...p. 107.
* 305 « Discours
à la Nation de Paul Biya », Cameroon Tribune,
n°12235 du 03 Janvier 2006, pp. 2-6.
* 306 G. Dougueli, «le
bien fondé de l'épervier ? », Jeune
Afrique, n°2553 du 03au 07 Décembre 2009, p. 33.
* 307 G. Dougueli,
« la dernière proie de l'épervier »,
Jeune Afrique, n°2574 du 09 au 15 Mai 2010, p. 32.
* 308 F. Soudan,
« Biya lave plus blancs », Jeune Afrique, n°
2574 du 09 au 15 Mai 2010, p. 34.
* 309 Ibid.
* 310O. vallée,
La police morale de l'anti-corruption, Paris, Karthala, 2010, p.
128.
* 311 Touna Mama,
L'économie camerounaise..., p. 332.
* 312 F. Eboussi Boulaga,
La démocratie de transit au Cameroun..., p.78.
* 313 Atlas du monde
diplomatique, Hors série, « L'Afrique au
tournant », Novembre 2009, p. 170.
* 314 C'est nous qui
Soulignons.
* 315 J. Noa Biyegue, «Le
processus de démocratisation en Afrique : un mariage à
négocier entre tradition et modernité», Thèse de
doctorat Ph D en Sociologie, UY I, 2003, p. 48.
* 316 Ibid., p. 124.
* 317 P. Hountonji, « la
démocratie aujourd'hui», Afrique 2000, n° 1,
Avril-Juin 1990, pp.61-62.
* 318 C'est nous qui
soulignons
* 319 L'atlas du monde
diplomatique..., p. 174.
* 320 Mongo Béti,
La France contre l'Afrique..., p. 149.
* 321 Service
OEcuménique pour la paix et la promotion humaine, Les
élections camerounaises de 1997, Ydé, Service Humanus, 1998,
p. 11.
* 322 R.-M.-L. Onana, «La
problématique de la transition démocratique...», p. 54.
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