· Le sexe
L'analyse des résultats montre que la majorité des
enquêtés, soit 69.44% sont des hommes. Ce résultat est
supérieur à celui de SINGBEOGO V.
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[29] qui trouve 59.63% d'hommes ayant fait recours au reboutage
dans le District Sanitaire de Ziniaré en 2008.
Le taux de 69.44% d'hommes ne reflète pas la
réalité de la population générale du Burkina
où les femmes sont les plus nombreuses et représentent environs
52% selon l'INSD en 2006.
Ce surnombre des hommes peut s'expliquer en partie du fait que
les hommes dans le cadre de leurs activités professionnelles sont
amenés à se déplacer plus fréquemment que les
femmes, d'où leur exposition aux traumatismes.
Les hommes sont ceux qui ont le pouvoir d'achat plus
élevé que les femmes. Ils ont les moyens de se soigner tandis que
la femme subit les desiderata de l'homme. Au Burkina, la pauvreté a un
visage féminin et ce sont les hommes qui ont le pouvoir de
décision.
· L'âge
Les adultes jeunes sont les plus représentatifs dans
l'étude (38%). Nos résultats sont supérieurs à ceux
de ZANGO K. [30] qui a noté 28% d'adultes sortis contre avis
médical au CHR de Ouahigouya en 2008.
Les adultes jeunes assurent la majeure partie de la production.
Etre immobilisé par une maladie fait perdre la productivité non
seulement pour eux, mais aussi pour la famille. Cette situation peut les amener
à aller vers d'autres points de traitement dans l'espoir d'être
pris en charge le plus vite. Pour cela, ils vont se rendre en clinique s'ils
ont les moyens ou chez le rebouteux où ils auraient confiance avec le
secret espoir d'avoir un traitement miraculeux.
~ Le lieu de résidence
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Plus de la moitié des enquêtés sont issus du
milieu urbain (68%). Cette forte proportion pourrait s'expliquer par le fait
que le CHU YO est implanté à Ouagadougou. La proximité de
la zone de consultation qui est l'hôpital pourrait expliquer le nombre
plus élevé en milieu urbain.
Le trafic routier est plus intense à Ouagadougou. Avec le
nombre élevé de véhicules automobiles et les engins
à deux roues, cela expose les habitants des centres urbains à de
traumatismes ostéo articulaires. Enfin, l'existence d'un grand nombre de
structures de soins modernes et traditionnels favorise le choix de quitter
l'hôpital pour choisir d'autres types de soins.
~ La profession
Il ressort de notre analyse que les cultivateurs et les
femmes au foyer représentent respectivement 33.33% et 22.22%.
Nos résultats corroborent ceux de SINGBEOGO V. [29] qui a
noté 43% de cultivateurs et 29.8% de ménagères. Ceci est
le reflet de la population générale au Burkina. Les cultivateurs
et les femmes sont reconnus comme étant la frange la plus pauvre des
couches socio professionnelles. Selon l'INSD, plus de 45% de la population vit
en dessous du seuil de la pauvreté. On peut dire qu'il y a une relation
entre profession et source de revenu ; c'est à travers la profession que
l'on mobilise les ressources financières. Les conditions de vie
précaires et le faible revenu des patients sont des obstacles à
la prise en charge des
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traumatismes ostéo articulaires. Par manque de ressources
financières, ces patients, même s'ils veulent les soins à
l'hôpital, ils sont obligés de sortir sous décharge car
leur revenu ne leur permet pas supporter le coût de l'intervention.
En matière d'emploi, l'Afrique subsaharienne occupe la
deuxième place, toutes régions confondues pour le ratio emploi
des adultes/population mais affiche le niveau le plus bas pour la
productivité du travail. Plus de la moitié des personnes ayant un
emploi dans cette région étaient des travailleurs
extrêmement pauvres et plus de 3/4 des travailleurs occupent un emploi
précaire. [31]
En l'absence d'exonération de coûts dans les soins,
cette catégorie de personnes aura des difficultés à
s'adapter. Par conséquent, elles sont obligées de faire recours
aux rebouteux chez qui le paiement du traitement est différé.
Chez le rebouteux, le paiement en nature est accepté. La profession est
donc un facteur déterminant la sortie contre avis médical.
~ La situation matrimoniale
La proportion des enquêtés mariés a
été la plus importante. Cette situation s'explique par le fait
que dans nos sociétés, quand un homme atteint l'âge requis
du mariage mais n'est pas encore marié, il n'a pas de
considération.
Par ailleurs, le fait d'être marié et surtout
d'être homme impose des responsabilités. En effet, il apparait
dans notre étude que les enquêtés ont en moyenne 8
personnes à leur charge. Pour jouer pleinement ce rôle qui est de
subvenir aux besoins fondamentaux de la famille, il est obligé
d'éviter les longues périodes d'immobilisations. La
conséquence qui s'en suit est de recourir à des soins qu'on pense
pouvoir rétablir la situation le
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plus tôt possible. C'est le cas du recours au rebouteux ou
à des cliniques privées.
· Le motif d'hospitalisation
Les résultats de notre étude ont
révélé que 69.44% des enquêtés qui ont
signé la décharge étaient hospitalisés pour
fracture fermée du membre. Les fractures ouvertes ont été
30.56%. Les fractures du membre inférieur ont été les plus
nombreuses dans notre série.
Avec la sensibilisation, la population a fini par comprendre
qu'une fracture est grave lorsqu'elle est ouverte, car la fracture expose le
patient à des infections et à d'autres types de complications si
le traitement n'est pas bien conduit.
En l'absence de plaies au niveau du foyer de fracture, les
patients pensent que le danger est écarté et que par
conséquent, ils peuvent se rendre chez le tradithérapeute dans
l'espoir de guérir vite.
Aussi, après les examens radiographiques, certains
malades peuvent être rassurés soit par les agents, soit à
la vue des clichés radiographiques de la fracture. Selon
l'expérience que les enquêtés, les rebouteux réussit
mieux le traitement des fractures fermées que les fractures ouvertes.