« Ambohimanga, Patrimoine mondial de
l'Humanité. La sauvegarde de
l'authenticité dans
l'aménagement de l'espace. »
- Mémoire de Maîtrise en Géographie -
Filière Spécialisée en Environnement et
Aménagement
Résumé de la Soutenance du Mémoire le 21
mars 2003 par Veroniaina A. RAKOTOARIVELO
Présidente : Professeur titulaire Josette
RANDRIANARISON Rapporteur : Professeur Joselyne RAMAMONJISOA
Juge : Monsieur Andrianaivoarivony RAFOLO
RESUME
Nom : RAKOTOARIVELO
Prénoms : Veroniaina A.
Titre : « Ambohimanga,
Patrimoine mondial de l'Humanité. La sauvegarde de l'authenticité
dans l'aménagement de l'espace. »
Nature du mémoire de maîtrise
: Aménagement, sauvegarde du patrimoine mondial
Format : A4
Nombre de volume : 01
Lieu de soutenance : Laboratoire de
Géographie - Faculté des Lettres et Sciences Humaines -
Université d'Antananarivo
Année de soutenance : Mars
2003
Mots clés :
Ambohimanga, Patrimoine et Patrimoine mondial, authenticité,
sauvegarde de l'authenticité, gestion de site, aménagement de
l'espace.
Nombre de pages : 125 pages
Nombre de croquis : 15 Nombre de
figures : 09 Nombre de photos : 10 Nombre de tableaux
: 06
I- PRESENTATION GENERALE
Ambohimanga, lieu d'étude, se situe à 21km au
nord d'Antananarivo (capitale de Madagascar). Le point focal autour duquel se
base la recherche concerne la Colline Royale d'Ambohimanga, qui culmine
à 1 468m d'altitude. Elle a été classée Patrimoine
mondial de l'Humanité le 14 décembre 2001 à Helsinki
(Finlande), parmi 31 nouveau sites.
Notons que la dénomination utilisée tout au long
de l'ouvrage qui mentionnait « colline » n'exclut pas le fait que le
site du patrimoine mondial, suivant l'altitude, est une montagne. La raison en
est que « Colline royale d'Ambohimanga » est le nom officiel du
classement.
D'autre part, précisons au préalable que l'objet
du classement ne concerne pas uniquement le Rova Mahandry ou la Cité
fortifiée royale mais l'ensemble de la Colline.
La commune rurale s'étend sur 45km2, avec 13
321 habitants et délimitée par 4 autres communes rurales : au
nord Antsahafilo, au sud Sabotsy Namehana, à l'ouest Imerimandroso et
à l'est Talatan'i Volonondry.
La commune est subdivisée en 3 arrondissements :
d'Ambohimanga Rova, de Manankasina et d'Anosiarivo dans lesquels sont
répartis 22 fokontany.
1- Les concepts de base
Patrimoine :
Ambohimanga figurait parmi les 156 patrimoines nationaux,
« un bien, héritage commun » des Malagasy, témoin de
leur histoire, de leur culture, voire de leur identité
léguée par les générations qui ont
succédé.
Le classement de la « Colline royale et sacrée
d'Ambohimanga » a été justifié par sa VALEUR
héritée, caractère qui différencie un BIEN à
un autre, que ce soit valeur culturelle, sociale, historique et/ou spirituelle
évoluant dans le cadre d'un paysage associatif. Je parle ici de
Patrimoine culturel.
Parce que, au passage, ajoutons, qu'il existe une autre notion
de patrimoine, le Patrimoine « naturel » dans le cadre des sites
classés par l'UNESCO comme, notre 1er Patrimoine mondial, Les Tsingy de
Bemaraha.
Patrimoine mondial :
Trois (3) critères parmi les 6 établis par
l'UNESCO pour évaluer un Bien, a classé le site de la Colline
royale d'Ambohimanga en Patrimoine mondial de l'Humanité.
Patrimoine de l'Humanité sous-entend la double
appartenance du Bien : d'une part, la dimension à l'échelle
nationale, Ambohimanga est l'héritage commun des Malagasy par les legs
des générations passées ; d'autre part, la dimension
à l'échelle internationale, en empruntant la définition du
document NARA sur l'authenticité « ... le patrimoine culturel
de chacun est le patrimoine culturel de tous », en étant un
témoignage exceptionnel de l'histoire de l'Humanité.
Authenticité :
Ces critères sont fondés sur le concept
d'authenticité. L'authenticité est l'estimation d'un Bien du
patrimoine reconnu par ses valeurs originales « authentiques » telles
qu'il a été construit et a évolué au fil du
temps.
En effet, le site de la Colline royale d'Ambohimanga
représente le vestige d'un « paysage culturel associatif »
unique à Madagascar où ont évolué le naturel, le
culturel et le spirituel durant le XVème au XIXème siècle,
jusqu'à nos jours.
Son authenticité est alors estimée par :
- Premièrement, son caractère sacré
associé à la royauté et au culte des rois,
représentés par les lieux et éléments sacrés
: forêt, lac, rochers sacrés, et le paysage culturel
edprimé par la présence des terrasses de cultures et
rizières en gradins.
- Deuxièmement, ses vestiges reliés à
l'histoire : portes et fossés défensives, Cité royale
ou ROVA, les places publiques (Fidasiana et Ambatorangotina), les tombeaux
royaux, etc.
- Troisièmement, la perpétuation des rites et
cultes traditionnels fédérés au site de la Colline
royale : immolation d'animaux, pèlerinage dans la montagne et dans les
DOANY aux alentour associés historiquement et spirituellement au
site.
2- La problématique
Ainsi, une question se pose :
« Pour maintenir les valeurs culturelles authentiques
associées au classement en Patrimoine mondial, ne compromettant pas les
objectifs de conservation du site, quelles stratégies de
développement devront être prises ? »
Cette problématique pose la relation entre la notion de
« Développement » et celle de « Conservation ». le
premier a tendance à un processus dynamique des composantes du
paysage dans le cadre de l'aménagement à des fins sociaux et/ou
économiques. La conservation est généralement
associée à la notion de préservation, d'un état
stationnaire, « immuable ». Au premier plan, il est
considéré une certaine discordance, une contradiction dans une
démarche visant une tendance conservatrice dans le cadre du
développement communal.
A bien y regarder, ces deux notions se complètent non
seulement dans le cadre d'un développement social ou économique
par le biais, par exemple du tourisme, mais aussi dans le cadre d'un
épanouissement de l'individu, de la collectivité sur le domaine
culturel. Car la culture est un préalable dans la
définition des stratégies de développement efficientes
d'une société.
II- RESULTAT DE LA RECHERCHE
1- Les constats
A) Conditions socio-économiques et le domaine
culturel :
Les enquêtes menées confirment une relation qui
s'établit entre la difficulté de la vie quotidienne et la place
tenue par les aspects culturels.
Ce qui nous renvoie à la conclusion suivante :
La valorisation de la Culture est indissociable de la lutte contre la
pauvreté.
B) Le Christianisme et le traditionalisme :
En abordant la notion culturelle associée au bien
classé, la Colline royale d'Ambohimanga, il en ressort trois conceptions
différentes :
- Les uns considèrent l'existence d'une valeur
matérielle représentée par le ROVA et immatérielle
comme le Fihavanana ou le respect des aînés ... Ils fustigent
l'association avec les rites traditionnels qui ont lieu dans les sites
concernés ;
- Les autres martèlent que la valorisation de la
culture passe par les rituels traditionnels, une forme de respect des
ancêtres ;
- Il y a aussi ceux qui considèrent que ces aspects
culturels sont indissociables ;
C) Un manque d'information :
La notion de Patrimoine mondial est connue de la population
par sa dénomination. On note toutefois en approfondissant le sujet une
méconnaissance de sa signification. Il est parfois
interprété comme l'appartenance du site aux étrangers ou
à l'UNESCO.
Ou que sa dimension se réduit à la
notoriété du roi Andrianampoinimerina.
2- Les résultats
A) Sensibilisation pour une responsabilisation :
Les mesures qui se sont accompagnées de la
classification sont mal comprises par la population. Elles revêtent alors
un caractère purement restrictif. Mener une large sensibilisation pour
associer la population à la nécessité d'une conservation
dans le cadre de l'environnement du Bien (authenticité) est
indispensable.
Consciente de la valeur du Site, la population contribuera
efficacement à la sauvegarde de l'authenticité.
Il est à considérer qu'en tant que patrimoine
mondial, la sensibilisation mérite une dimension locale,
régionale et nationale.
B) Conservation et développement
intégrés :
La conservation
Les valeurs authentiques exceptionnelles associées
à la Colline royale d'Ambohimanga induisent une stratégie de
conservation.
Ainsi, les objectifs de la conservation sont de sauvegarder
l'authenticité du site et d'en préserver
l'intégrité (intégrité étant le concept
représentant le caractère « entier et immuable » des
éléments constitutifs du Bien du Patrimoine mondial).
La sauvegarde de l'authenticité réside
dans la connaissance, la compréhension des valeurs du bien et dans sa
valorisation. Les valeurs intangibles (historico-culturelles, spirituelles et
identitaires) d'Ambohimanga et ses valeurs en tant que témoin du temps
(par ses vestiges estimés par les matériaux utilisés, la
conception, l'exécution et l'environnement) sont authentiques et
à sauvegarder.
La préservation de l'intégrité
consiste au maintien des éléments constitutifs non
modifiés du site, qui doit être inséparable à son
authenticité (le paysage montagnard couvert de forêt,
l'intégralité des éléments constituant la
Cité royale, les éléments extérieurs à la
Cité contribuant étroitement à la vie de cette
dernière).
Une carte montre une zone d'emprise des mesures visant
à associer la notion d'authenticité sur l'espace communal. Le
site et sa zone tampon bénéficie d'une protection spéciale
notamment dans le domaine de la construction et de l'architecture.
La zone de servitude architecturale
répond à la notion d'« impact visuel », qui
vise à respecter la nature du Bien par l'observation d'un paysage qui ne
soit pas `hors-cadre' situé le long de l'axe qui y mène.
Le développement
Le Plan de Développement Urbain prévoit 5 zones
de développement pour la commune rurale. La zone de préservation
des sites historiques et culturels concerne le nouveau statut de la Colline
royale d'Ambohimanga.
La zone agricole concerne aussi la sauvegarde de
l'authenticité, car elle représente une valeur culturelle
essentielle au site. Par conséquent, les pratiques rizicoles
traditionnelles (riziculture en gradins) doivent être revalorisées
et redynamisées. L'occupation du sol agricole doit être
maintenue.
Tourisme et Culture
Une fenêtre est maintenant ouverte sur la Culture de
Madagascar par la biais du site de la Colline royale d'Ambohimanga. Cela
concerne le nouvel attrait touristique du site.
Toute mise en valeur doit observer les 2 objectifs de
conservation, qui nécessite un développement du tourisme et une
stratégie de promotion adéquate.
La fédération des sites de la commune dans le
cadre d'un circuit pourrait constituer un autre produit touristique.
Il faut toutefois bien circonscrire la conduite de cette
entreprise car la fragilité réside dans un domaine non palpable
et à risque qu'est le domaine culturel. Les effets et impacts
socioculturels sont à étudier de manière très
approfondie.
En conclusion, toute démarche en vue de la mise en
valeur du Site de la Colline royale d'Ambohimanga repose sur :
- La contribution et la prise de responsabilité de toutes
les entités concernées ;
- La mise en place effective des structures de gestion.
|