RESUME
L'utilisation de Khaya senegalensis en reboisement
urbain a commencé au Bénin depuis l'époque coloniale. Il a
servi à boiser plusieurs axes routiers et places publiques. En
sillonnant la ville de Cotonou qui est notre zone d'étude, on remarque
en effet que la plupart des caïlcédrats utilisés comme
arbres de reboisement urbain sont fréquemment écorcés et
mutilés, ce qui compromet leur survie. Or c'est le maintien en vie des
essences utilisées dans une action de reboisement qui garantit le
succès de cette action. L'étude de la problématique de
l'utilisation de K. senegalensis comme arbre de reboisement dans la
ville de Cotonou a été abordée pour contribuer au meilleur
suivi des actions de reboisement urbain. Elle s'est fixée les
objectifs suivants : (i) approfondir la connaissance des
caractéristiques botanique et ethnobotanique de K.
senegalensis ; (ii) recenser les cas d'agression de l'homme contre
l'essence ; (iii) étudier les possibilités d'éliminer
ces agressions ou tout au moins les réduire au minimum.
Les informations relatives aux caractéristiques
botanique et ethnobotanique de khaya et au reboisement urbain ont
été collectées à partir de la recherche
documentaire. A partir des observations faites sur le terrain, les espaces
verts dans la ville de Cotonou ont été recensés ainsi que
les sites couverts par K. senegalensis et les différentes
formes d'agression dont il est victime. Une enquête ethnobotanique a
été réalisée à travers un guide d'entretien
à l'endroit des professionnels de la pharmacopée pour s'informer
sur les différents organes prélevés sur le
caïlcédrat et leur source d'approvisionnement puis à
l'endroit des Cadres de l'administration forestière pour faire ressortir
les raisons techniques qui justifient le choix du caïlcédrat pour
le reboisement urbain.
Les abords d'artères et les terre-pleins centraux de
plusieurs routes de la ville de Cotonou ont été boisés
avec khaya. Au total, 41 sites/axes sont couverts avec 2173 pieds de khaya. Les
raisons qui ont milité en sa faveur comme arbre de reboisement urbain
sont entre autres son adaptation facile aux embruns marins, sa
disponibilité en pépinière, son ombrage et sa
capacité à garder le feuillage pendant longtemps. L'étude
de la problématique de l'utilisation de Khaya senegalensis
comme arbre de reboisement dans la ville de Cotonou a
révélé que cette essence est fortement mutilée du
fait de sa nature d'arbre-médicament. Son écorce est très
recherchée en pharmacopée pour le traitement de diverses
maladies. En effet, le prélèvement d'écorce constitue la
forme d'agression la plus remarquable de l'homme contre K.
senegalensis. Les autres formes d'agression anthropique sont le
prélèvement de feuilles ou de racines et les cas d'abattage.
Face aux menaces qui pèsent sur la survie des
caïlcédrats et en vue d'assurer un succès des actions de
reboisement urbain et de garantir une pérennité du couvert
végétal urbain, plusieurs recommandations sont issues de la
présente étude dont par exemple l'amélioration des actions
de sensibilisation, la responsabilisation des populations riveraines des rues
plantées, la création de parc à khaya destiné
à la satisfaction des besoins en écorce, feuilles et racines, la
répression des personnes qui commettent des actes d'incivismes sur les
arbres plantés et la promotion d'autres espèces de reboisement
urbain épargnées des agressions humaines.
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