CHAPITRE 2
MOBILISATION DES RESSOURCES AU
BÉNIN
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L'objectif ici est d'apprécier la capacité de
mobilisation des ressources au Bénin. Pour ce, nous étudierons le
comportement de certains agrégats dans le temps. D'abord, nous
présenterons la tendance des ressources intérieures et ensuite
celle des ressources extérieures.
2.1 État des lieux de la MRI
Cette section étudie l'évolution de la
mobilisation des ressources intérieures au Bénin. Elle
s'intéresse en particulier aux recettes publiques et à
l'épargne intérieure brute.
2.1.1 Recettes publiques
Les recettes publiques constituent la principale ressource
dont disposent les gouvernements. Elles permettent de financer la
sécurité, l'éducation, la santé et l'investissement
public. Elles représentent le moyen le plus accessible de mobilisation
des ressources internes et son niveau détermine la capacité de
mobilisation du gouvernement. Afin d'apprécier le niveau de mobilisation
du gouvernement béninois, nous considérons la part des recettes
publiques dans le PIB. Le graphique suivant montre l'évolution de la
part des recettes publiques dans le PIB au Bénin de 1990 à
2008.
10 12 14 16 18 20 22
18
Graphique 2.1: Évolution des recettes publiques
l
1990 1995 2000 2005
Année
Source :MEF
De ce graphique, il ressort que les recettes publiques
représentent une part croissante du PIB jusqu'en 2007. Ce qui
dénote, dans une certaine mesure, d'une amélioration de la
capacité des pouvoirs publics à mobiliser ces ressources.
Toutefois sur la période étudiée (1990-2008), la moyenne
du ratio des recettes publiques au PIB reste en dessous de 19%. Les efforts de
mobilisation demeurent donc faible. Les recettes publiques sont
composées des recettes fiscales et des recettes non fiscales. Le
graphique suivant donne une idée du poids de ces deux composantes.
Graphique 2.2: Composition des recettes publiques (en millions
de FCFA)
1990 1995 2000 2005
0 50 100 200 300
l t fil Recettes
fiscales
l t fil Recettes non
fiscales
Année
Source : MEF
19
Les recettes fiscales représentent en moyenne plus de
86% des recettes publiques. En proportion, la part des recettes non fiscales
dans les recettes totales diminue au fil du temps. Ce qui montre la forte
dépendance du Bénin vis-à-vis de la fiscalité.
2.1.1.1 Recettes fiscales
Les recettes fiscales sont celles qui contribuent le plus
à la formation des recettes publiques. Elles représentent sur la
période considérée (1990-2008) en moyenne plus de 86% des
recettes publiques. Le ratio des recettes fiscales au PIB mesure la pression
fiscale dont l'évolution fait l'objet du graphique qui suit.
Graphique 2.3: Évolution des recettes fiscales (%
PIB)
l
l
8 10 12 14 16 18
1990 1995 2000 2005
Année
Source : MEF
La pression fiscale varie pratiquement de la même
manière que les recettes publiques. Ce qui montre que les recettes
fiscales constituent l'élément déterminant des recettes
publiques. La mesure de la pression fiscale est importante, car elle permet de
savoir à quelle hauteur s'élèvent les recettes fiscales
disponibles pour l'État en fonction de la taille de son économie
(PEA (2010)). Elle a crû sur toute la période à l'exception
de 2008. Toutefois, cette croissance n'a pas excédé 19% du PIB,
ce qui reste encore modeste. En 2002, en Afrique, la pression fiscale
était de 22% (BM (2005)) et de 32% en Europe. Par contre, compte tenu de
la prépondérance du secteur informel dans l'économie
béninoise (près de 85% des unités de production), les
entreprises se plaignent du poids de la fiscalité sur leurs
activités; les taxes sont donc payées par un nombre restreint
d'entreprises.
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Les recettes fiscales sont constituées des impôts
directs et des impôts indirects, des impôts sur le commerce
extérieur hors TVA au cordon douanier et les autres recettes
fiscales.
Graphique 2.4: Évolution de la composition des recettes
fiscales en milliards de FCFA
1990 1995 2000 2005
0 100 200 300 400
l Impôt direct
l Impôt indirect
l Impôt sur le Com. ext. (hors TVA)
l Autres recettes fiscales
Année
Source : MEF
Comme le montre le graphique ci-dessus, les impôts
indirects génèrent plus de revenus à l'État. On
peut expliquer la forte contribution des impôts indirects par le fait
qu'ils sont plus faciles à collecter parce que constitués des
taxes sur les biens et services intérieurs, la TVA et les droits
d'accise. Les autres taxes et impôts sont plus difficiles à
récupérer surtout dans une économie fortement
informelle.
Un autre indicateur qu'il importe de présenter ici est
l'impôt par habitant ou impôt par tête. C'est le ratio des
recettes fiscales à la population. Le niveau de l'impôt par
habitant mesure le montant moyen des recettes fiscales dont un État
dispose pour chacun de ses habitants. Son évolution au Bénin est
présentée sur le graphique suivant.
10000 30000 50000
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Graphique 2.5: Dynamique de l'impôt par habitant en
FCFA
1990 1995 2000 2005
Année
Source : MEF
Le niveau des recettes fiscales par habitant est croissant sur
la période 1990-2007 et est passé de 8 600 FCFA en 1990 à
57 270 FCFA en 2007. Ce qui confirme que l'État a fait beaucoup
d'efforts pour améliorer la mobilisation des recettes fiscales. Un
impôt par habitant faible donne très peu de moyens à
l'État dans sa fourniture de biens publics tandis qu'un niveau
élevé exige plus de responsabilité de l'Etat
vis-à-vis de ses citoyens. Ce graphique met aussi en exergue l'impact de
la crise économique et financière de 2007. En effet, on remarque
une chute drastique de l'impôt par habitant entre 2007 et 2008 (de 57 270
FCFA en 2007 pour 38 685 FCFA en 2008).
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