2. 1 - Structure des sols avant l'extraction des
phosphates
Texture
|
Sablo argileuse
|
Structure
|
Grumeleuse
|
Consistance
|
Adhésivité moyenne et forte plasticité par
endroit
|
Perméabilité
|
Bonne
|
Enracinement
|
Peu abondant mais bonne pénétration radiculaire
|
Activité biologique
|
Bonne
|
Horizons
|
Uniformes
|
Parage
|
Diffus
|
Profil
|
Non perturbé
|
Source : Direction de
la Recherche Agronomique, 1983.
Mais, suite à l'exploitation, le caractère des
sols se trouve profondément modifié rendant ces sols peu propices
à l'agriculture surtout celle du type traditionnel.
Le tableau ci-dessous montre l'état des sols de remblais
:
37
|
Remblai datant de moins de 10 ans
|
Remblai de plus de 10 ans
|
Texture
|
argile sableuse
|
sablo-argileuse
|
Structure
|
massive
|
grumeleuse
|
Consistance
|
dure
|
faible
|
Perméabilité /
Porosité
|
faible
|
faible (bétons par endroit)
|
|
Fente de dessiccation
|
Beaucoup de cailloux dont certains sont altérés
|
|
Beaucoup de cailloux en surface relief ondulé
|
Passage distinct
|
Source : Direction
de la Recherche Agronomique, 1983.
Les remblais datant de moins de 10 ans présentent une
structure argilo-sableux. Cela est dû au fait que lors du remblayage, le
profil vertical du sol a été profondément
bouleversé, les couches les plus profondes argileuses se trouvant en
surface. C'est la présence de ces argiles à la surface des sols
qui explique aussi leur structure massive avec une consistance dure et une
faible perméabilité, favorisant ainsi la séparation par
les eaux difficiles, les fentes de dessiccation en saison sèche et de
petits cailloux en surface provenant des zones grumeleuses.
Pour des remblais datant de plus de 10 ans, les sols sont
argilo-argileux. L'appauvrissement de la partie supérieure en argile
provient de la migration verticale des éléments de la fraction
argileuse (Kaolinite, quartz très fin, hydroxydes) par lessivage. La
consistance est généralement fiable et la porosité
faible.
2. 2 - Evolution chimique des sols
Les résultats des analyses des sols montrent une
certaine tendance mais peu prononcée à l'acidification, surtout
dans les premières années d'exploitation. Après une
trentaine d'années ces sols évoluent vers des sols neutres comme
l'indique le tableau ci-dessous.
N°
|
Echantillons des sols
|
PH
|
N°1
|
Sols des remblais de 1960
|
6,78
|
N°2
|
Sols des remblais de 1965 - 75
|
6,5
|
N°3
|
Sols des remblais de 1980
|
6,60
|
N°4
|
Sols des remblais de 1990
|
4,90
|
38
Source : DJANGBEDJA, 2000.
2. 3 - Erosion des sols
L'érosion est, par définition, l'ensemble des
phénomènes physiques, physico-chimiques qui dégradent le
relief, transforment la composition chimique et biochimique du sol, modifient
sa texture et sa structure en transformant et en accumulant les
matériaux arrachés. Cette érosion se caractérise
par la disparition du sol superficiel sous l'action d'agents
atmosphériques notamment l'eau de ruissellement et le vent. Telles sont
les manifestations que présente le site de Hahotoé suite à
l'exploitation de ses terres.
Plusieurs auteurs s'accordent pour reconnaître le
rôle important que joue la pente (longueur, forme, inclinaison) sur le
développement de l'érosion hydrique. La zone de Hahotoé
présente un relief accidenté, résultat de l'accumulation
des morts-terrains déposés en désordre formant ainsi par
endroits des buttes. Ces buttes sont exposées aux
phénomènes d'érosion hydrique diffuse voire
concentrée du fait des pratiques culturales
répétées, de l'agressivité du climat, de la
dégradation de la végétation.
L'intensité étant le paramètre qui lie la
pluie à l'érosion, elle intervient à trois niveaux : V' La
saturation momentanée de la porosité du sol,
V' L'énergie cinétique de la pluie,
V' L'intensité du ruissellement consécutif
(débit et vitesse des filets d'eau).
Faisant le parallèle entre le rôle de la pente et
du climat dans le processus de l'érosion hydrique, FOURNIER (1967) fait
remarquer qu'il n'est point d'une forte pente pour déclencher ce
processus d'érosion sur certains sols. Par ailleurs, lorsque le sol est
totalement couvert par une végétation, l'érosion est
faible quelle que soit la pente.
Selon certains auteurs notamment ROOSE (1981) et
MIETTON (1980) cités par TCHAA, 1981 et repris
par DJANGBEDJA 2000, on considère en
général que au delà de 20 mm, une pluie unitaire peut
être à l'origine de l'érosion, alors que Olivry cité
par le même auteur propose 12 mm en 24 h. Au regard des données
pluviométriques des stations de Togoville, d'Akoumapé et de
Tchappo, la pluviométrie de la région remplit cette condition.
39
L'érosion éolienne est aussi remarquable dans la
région ; cela est dû à l'absence du couvert négatif,
à la topographie et à la structure du sol qui est ici
sablo-argileuse.
2.4 - Considérations générales des
dépôts humides sur le sol.
Le sol où cohabitent les racines des
végétaux, les animaux et les micro organismes est un assemblage
complexe de substances minérales et organiques, de gaz et d'eaux
à l'intérieur duquel se déroulent simultanément des
phénomènes de dégradation et de synthèse. C'est
donc un milieu vivant et en constante évolution. Il est constitué
de particules absorbantes qui fixent les bases et les éléments
nutritifs afin de les maintenir disponibles pour les végétaux
à l'intérieur d'un sol. Les éléments peuvent se
déplacer soit vers le fond, sous l'effet des pluies (le lessivage) soit
vers la surface, sous l'effet des dessèchements intenses de
remontées de nappes d'eau. Ce déplacement est également
possible sous l'action des animaux et des végétaux qui puisent en
profondeur les éléments en les restituant en surface : ce sont
les cycles biologiques. Ces déplacements peuvent être
accélérés ou freinés par le climat (pluvieux ou
sec, chaud ou froid) par la perméabilité du sol sur le type
d'humus formé mais aussi par l'action de l'homme conditionnant en majeur
partie l'état de l'équilibre du sol (Bâ, 1995).
Ces précipitations apportent au sol d'une part les
anions sulfates SO4 et nitrate NO3 qui sont mobiles, lessivés et qui
passent dans les écosystèmes aquatiques et d'autre part les
cations hydronium (H+) dont l'apport conduit au remplacement progressif des
cations barriques (Na, K, Ca, Mg) et a pour conséquence la
réduction d'éléments nutritifs dans le sol et la
libération d'éléments toxiques (Bâ, 1995).
Ainsi dans la mesure où les conditions climatiques
permettent l'entraînement des ions basiques vers le sous-sol et dans les
nappes phréatiques, les plantes disposent de moins
d'éléments nutritifs diminuant ainsi la richesse du sol.
3 - Dégradation des eaux
Cette exploitation entraîne non seulement la
dégradation des eaux marines, mais aussi celle des eaux continentales et
souterraines.
40
Les eaux usées de l'usine de phosphate sorties sont
directement déversées dans la mer sans aucune forme
d'épuration à l'instar du village de Goumou-Kopé. Une fois
déversées, ces eaux polluent alors les eaux marines et lagunaires
de la côte togolaise. Cela fait que les eaux situées entre le
point de déversement et le Bénin ont une couleur jaunâtre
différente de la couleur naturelle de la mer (bleue-ciel). Ces eaux sont
pour l'essentiel composées environ d'un tiers de boue de phosphate et le
reste du chlore, du phosphate dissout et d'autres éléments
chimiques (comme le calcium qui est un métal très lourd).
Le chlore contenu dans ces eaux usées peut former avec
d'autres minéraux ou molécules des complexes toxiques aux
organismes marins.
Il faut aussi souligner que la pollution des eaux marines
empêche le développement de l'aliment de base des poissons.
Pour ce qui est des eaux continentales souterraines et de
surface, nous pouvons dire que l'analyse chimique des eaux de la rivière
Haho et des mares donne respectivement un PH de 6,93 et de 6,53
(DJANGBEDJA, 2000). Ces résultats laissent
apparaître une légère tendance à
l'acidité.
Néanmoins, on ne peut pas conclure immédiatement
que cette tendance à l'acidité des eaux est due à
l'exploitation des phosphates, il faudrait d'autres études plus
poussées pour en conclure.
En outre, la disparition progressive des forêts-galeries
a entraîné l'assèchement des zones humides et
marécageuses et le tarissement des cours d'eau de la région. Ce
tarissement tue les poissons. En effet, la végétation joue un
rôle de régulateur thermique et pluviométrique important.
La disparition de la végétation empêche ce rôle
thermique et dégrade le microclimat.
La baisse de la pluviométrie ces dernières
années, les irrégularités et le retard de l'arrivée
de la saison des pluies témoignent de la modification que subit le
climat de la zone. Aussi, le sol étant devenu nu en raison de l'absence
de la végétation, l'eau de la nappe peut monter par
41
capillarité et s'évaporer. A ces facteurs, il
faut aussi ajouter que le ruissellement a pris le pas sur l'infiltration. Tout
cela favorise l'abaissement de la nappe phréatique, cause de nombreux
problèmes d'eau dans la région diminuant ainsi l'humidité
des sols.
D. 2 - Conséquences de l'exploitation du
phosphate sur l'environnement humain à Hahotoé
L'environnement humain est caractérisé par le
cadre socio-économique de la population de Hahotoé qui est
essentiellement composée d'agriculteurs. La zone minière est une
zone de forte densité de population est due à la présence
des terres de bonne qualité avec de meilleures conditions agronomiques.
Cette situation s'est accentuée avec l'exploitation à ciel ouvert
du gisement de phosphate caractérisée par un déficit
alimentaire, une déforestation, une faiblesse des revenus
monétaires agricoles, la dislocation de l'unité de
résidence caractérisée par le déplacement des
populations des sites d'origine, l'exode rural et des problèmes d'ordre
sanitaire.
1. Déficit alimentaire
L'agriculture est la base des économies des pays en
voie de développement. Elle occupe 75% de la population active (FAO,
1999), et se subdivise en cultures d'exportation et en cultures
vivrières. Selon L. Thiébaut, « l'agriculture serait
passée d'une fonction nourricière à celle d'exportation,
puis à celle, insoupçonnée jusqu'alors, de gestionnaire de
l'environnement » (Thiébaut, 1996). La fonction initiale de
l'agriculture est donc d'assurer la sécurité alimentaire. La
sécurité alimentaire est assurée à travers
l'autoconsommation des récoltes et la commercialisation des surplus des
produits vivriers.
Bien que peuplées, ces zones sont à fort usage
agricole atteignant parfois 80% des terres occupées. Outre cette
surexploitation minière, la surexploitation agricole entraîne la
dégradation des sols et l'érosion différentielle (les eaux
de ruissellement vers les vallées emportant les éléments
fertiles du sol). Le déficit alimentaire s'explique par non seulement la
croissance démographique mais aussi par l'exploitation du minerai. Le
rendement agricole est par conséquent très bas en dépit
des efforts fournis par les paysans. Nous assistons à un changement des
habitudes alimentaires lié à l'insuffisance des produits de base
(maïs,
manioc, haricot). D'autres produits non cultivés tels
que la farine de blé, le riz y sont introduits pour pallier au
problème alimentaire.
2. La faiblesse des revenus monétaires
:
L'agriculture étant la principale activité de
la région au rendement très faible, le revenu monétaire
des paysans en a été affecté du fait de l'expropriation
des terres aux paysans, d'où la baisse du niveau de vie de la
population. La seule source de revenu sur laquelle peuvent compter les paysans
est l'indemnisation des cultures, des terres louées voire
expropriées. Malheureusement la faiblesse du taux des indemnisations n'a
pas contribué à améliorer la situation précaire
dans laquelle vivent ces populations. Ces indemnisations ne suivent
guère l'évolution du coût de vie. Or, il est stipulé
dans le contrat de bail des terrains et d'indemnisations une révision
tous les 5 ans des modalités. Rien ne fut entrepris dans ce sens,
exception faite des révisions datant du 8 décembre 1977 et du 28
décembre 1991. Ces tarifications sont restées inchangées
jusqu'en 1993 où des troubles socio-politiques vont bouleverser l'ordre
des choses. De 8000 F CFA l'hectare par an on est passé à 20 000
FCFA l'hectare par trimestre. Ces indemnités au regard du coût de
la vie demeurent insuffisantes surtout lorsque celles-ci doivent concerner
toute une famille. Alors qu'en sera-t-il des familles nombreuses.
3. L'exode rural :
Le déficit alimentaire, la faiblesse des revenus
accentués par l'inexploitation de la main-d'oeuvre locale favorisent des
mouvements d'émigration surtout au sein de la population jeune. Les
jeunes désertent les villages au profit des grandes villes environnantes
de la sous-région (Ghana, Bénin, Côte d'Ivoire, etc. ) Les
jeunes filles pour la plupart sont employées de maisons (domestiques) et
sont victimes de mariages des plus précoces ou de la prostitution.
42
4. Problème sanitaire :
43
D'une manière générale, la pollution
générée par l'exploitation du phosphate a de
fâcheuses conséquences sur la santé des populations de
Hahotoé et ses environs. Entre autres maux, on peut citer la toux, la
pneumopathie, la bronchite, la grippe et le rhum. A défaut de
données liées à l'impact exclusivement sanitaire de
l'exploitation des du phosphate, nous exploitons à titre d'illustration
celles recueillies par DJANGBEDJA
Minkilabe22. Ces chiffres datent de
1998.
TYPES D'AFFECTION
|
NOMBRE DE CAS
|
Toux
|
97
|
Pneumopathie
|
15
|
Grippe et rhume
|
147
|
Bronchite
|
21
|
4. a. Affections causées ou
aggravées chez les agents internes par l'exposition à la
poussière à Hahotoé
TYPES D'AFFECTION
|
NOMBRE DE CAS
|
Toux
|
145
|
Pneumopathie
|
18
|
Grippe et rhume
|
408
|
|
4. b. Affections causées ou
aggravées chez les agents externes par l'exposition à la
poussière à Hahotoé
|