WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Incidence de la privatisation sur la performance des entreprises publiques au Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Eliot Franklin DJOUFACK NGUEFACK
Université de Dschang Cameroun - Master 2 2013
  

précédent sommaire suivant

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

1.2 Problématique

Le débat portant sur la relation entre la forme de propriété et la performance3 de l'entreprise suscite un vif intérêt sur le plan de la recherche surtout depuis que les privatisations occupent une place importante dans l'agenda politique des gouvernements à travers le monde.

Sur le plan théorique, trois principaux courants viennent supporter la thèse de la supériorité de la forme privée de propriété soit : la théorie des droits de propriété (Alchian et Demsetz, 1973), la théorie des choix publics (Buchanan, 1968; Niskanen, 1971; Tullock, 1976), et la théorie d'agence (Jensen et Meckling, 1976). En effet, les entreprises publiques, contrairement aux entreprises privées, ne sont pas fondées dans le but ultime de maximiser les profits (Ramanadham, 1991; Gortner et al, 1993; Rainey, 1996). De plus, le risque de faillite est quasi-inexistant pour les entreprises publiques, ce qui n'incite pas les gestionnaires de ces sociétés à une rigueur dans leur tâche et à une recherche de l'efficacité comparativement à leurs pairs du secteur privé.

Sur un plan purement empirique toutefois, le débat sur l'accroissement de la performance, induit par la privatisation comme le prévoit la théorie de l'efficience-X, a toujours suscité une grande controverse. En effet, les méthodes utilisées par les différents auteurs pour filmer cette relation ont connu une évolution. On est parti des études faisant une comparaison entre les entreprises publiques d'une part et les entreprises privées d'autre part. Ces études ne portaient pas directement sur la privatisation. Et même si, un très grand nombre d'études sur les privatisations se regroupent dans cette vague4, cette méthode suscite de vives polémiques. En effet, on ne saurait comparer des entreprises différentes dans leurs objectifs, leurs tailles (petites, moyennes, grandes), leurs contextes (monopole, concurrente). La critique majeure ici est que ces recherches comparent des entreprises, et non pas le phénomène de la privatisation ou mieux les effets du passage du public au privé (Fouda, 2004).

A la lumière de ces critiques, on a évolué vers des recherches portant sur l'incidence du transfert d'une entreprise du secteur public au secteur privé. La performance d'une entreprise privatisée peut être comparée respectivement avec sa propre performance avant la

3 Arena, et al. (1991) définissent la performance d'une entreprise comme un résultat que celle-ci réalise et dont la nature et l'unité varient selon les critères qui peuvent être, entre autres, ceux de profitabilité, de productivité.

4 Blankart (1998), De Alesi (1980), borcherding et al (1981), Millward (1982), Millward et Parker (1983), Yarrow (1986), Domberger et Pigott (1986), Borins et Boothman (1986), Donohue (1989), Baily et Pack (1995).

3

privatisation ou avec des firmes qui n'ont pas encore été privatisées. Cette approche proposée par Megginson et al. (1994) permet de comparer des échantillons importants de firmes de taille économiquement significative, situées dans des secteurs industriels hétérogènes, dans différents pays et à des périodes variables.

Une des limites que l'on attribue à ces études est que malgré l'accent qui est mis sur le phénomène de privatisation, il reste que l'ambiguïté des résultats, déjà critiquée dans la première vague de recherche est toujours présente. En effet, certaines de ces études comme celles de Bishop et Kay (1989), Martin et Parker (1995) et Parker (1993) arrivent à la conclusion que la privatisation n'est pas forcement synonyme d'accroissement de performance. D'autres, par contre comme celles de Galal et al. (1992) et celle de Megginson et al. (1994) aboutissent à une forte performance consécutive aux privatisations. Face à cette ambigüité persistante, on est en droit de se poser la question de savoir pourquoi cet écart entre prédictions théoriques et observations empiriques ?

Le fait que les résultats des études empiriques soient aussi divergents d'une méthode à une autre nous pousse quand même à constater que le problème n'est pas forcement au niveau de son opérationnalisation. Il faudrait peut-être chercher dans sa conception ou dans celle des variables prises en compte dans les analyses pour trouver ses origines.

En effet, les auteurs sont partis d'une analyse de la performance basée sur des comparaisons des valeurs moyennes et médianes des ratios de rentabilité tels que Return On Sales (ROS ou Résultat net/Chiffre d'affaires), Return On Equity (ROE ou Résultat net/Capitaux propres) et Return On Assets (ROA ou Résultat net / Total de l'actif) ; des ratios de productivité tels que Sales Efficiency (SPE ou Ventes réelles / Effectif), Net Income Efficiency (IPE ou Résultat net/Effectif) et Assets Per Employee (APE ou Actif total / nombre d'employé) ; des ratios des dépenses d'investissement ; l'emploi et les ratios d'endettement pour les mêmes firmes trois années pour la plupart avant et après la privatisation.

Cependant, cette analyse ne permet que de cerner l'effet statique de la privatisation. Ce qui suppose implicitement que l'influence de la privatisation se produit instantanément, qu'il y a une rupture, un choc, entraînant un redressement relativement rapide de la performance. De plus, ces mesures comptables bien qu'occupant une place dominante dans les études existantes sont faites lors de périodes non synchrones et dans des systèmes comptables différents. Les conditions sectorielles et macroéconomiques changent au cours des sept ans et affectent différemment les entreprises selon le caractère plus ou moins international de leurs activités, ce qui pourrait être à l'origine de substantiels biais. Pour palier à ces limites,

4

Alexandre et Charreaux (2004) suggèrent d'introduire dans l'analyse les variables de contrôle rendant compte de la conjoncture économique et recourir aux entreprises relevant du même système comptable national. Notre étude obéit à cette logique.

Afin d'approfondir l'étude, certains auteurs suggèrent de découper l'analyse en deux sous période (t = -3 à 0 et t = 0 à +3). Il s'agit maintenant de comparer d'une part les valeurs moyennes et les médianes des mêmes mesures de performance pour les mêmes firmes trois années pour la plupart avant la privatisation avec celui de la date d'événement (date de privatisation) et d'autre part on compare celui de la date d'événement avec les valeurs moyennes et les médianes des mêmes mesures de performances pour les mêmes firmes trois années après la privatisation. Cette approche a été critiquée car elle ne donne qu'une vision grossière de l'efficacité dynamique, raison pour laquelle on est arrivé à la mise sur pied plus tard des modèles économétriques de données de panel intégrant de nouvelles variables permettant de mieux cerner cet effet.

C'est ainsi que certains auteurs introduisent donc dans l'analyse l'étude des facteurs temps (statique/dynamique), et environnement (politique et économique). C'est le cas de Villalonga (2000) qui fait l'hypothèse selon laquelle les effets de la privatisation sur la performance sont fonction de la période (plus ou moins longue) considérée par l'étude. D'autres, par contre intègrent dans le modèle les variables telles que « le contexte de privatisation, les caractéristiques organisationnelles et de gouvernance de l'entreprise et de leviers d'efficacité » qui sont de nature à influencer d'une manière ou d'une autre la performance des firmes privatisées.

Aujourd'hui, plus de vingt ans après le démarrage officiel des programmes de privatisation au Cameroun, il serait intéressant de s'interroger d'avantage sur le phénomène encore en cours. Si la littérature actuelle recense plusieurs fondements théoriques en faveur des privatisations, il reste que les études empiriques n'arrivent pas toujours à corroborer entièrement l'hypothèse d'accroissement de performance induite par la privatisation. De plus, ces divergences dans les mesures et les méthodes d'analyse renforcent d'ailleurs les discordances dans les conclusions sur la supériorité supposée de la performance de l'entreprise privatisée. Stiglitz (2000) affirme que : « bien que les cas de gaspillage de l'Etat soient nombreux, les faits ne confirment pas toujours l'idée selon laquelle le secteur public serait fatalement moins efficace que le secteur privé », d'où on se demande : quelle est l'incidence réelle de la privatisation des entreprises publiques camerounaises sur leur performance ? Autrement dit, qu'elle est l'impact du transfert de propriété du secteur

5

public au secteur privé sur leur performance, notamment en termes de rentabilité et de productivité ?

précédent sommaire suivant






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand