« L'université de Dschang n'entend donner
aucune approbation ou improbation aux opinions émises dans cette
thèse. Ces opinions doivent être considérées comme
étant propres à l'auteur ».
II
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU
TRAVAIL
Je soussigné DJOUFACK NGUEFACK Eliot
Franklin, atteste que le présent mémoire est le fruit de
mes propres travaux effectués auprès de l'Agence de
Régulation du Secteur de l'Electricité du Cameroun (ARSEL), la
Commission Technique de Réhabilitation des Entreprises Publiques (CTR),
la Commission Technique de Privatisation et des Liquidations (CTPL), l'Institut
National de la Statistique (INS) et sous la supervision de KAMAJOU
François, Professeur à la Faculté des Sciences
Economiques et de Gestion et sous l'encadrement du Docteur NOULA Armand
Gilbert, Chargé de Cours à la Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion.
Ce mémoire est authentique et n'a jamais fait l'objet
d'une présentation en vue de l'obtention d'un grade universitaire de
quelque nature que ce soit.
Visa de l'auteur : Visa de l'encadreur :
Dr. NOULA Armand Gilbert
DJOUFACK NGUEFACK Eliot Franklin
Date Date
Visa du superviseur : Visa du chef de département
:
KAMAJOU François Professeur Emérite
Date
|
Dr. TEKAM OUMBE Honoré
Date
|
FICHE DE CERTIFICATION DES CORRECTIONS APRES
SOUTENANCE
Je soussigné, DJOUFACK NGUEFACK Eliot
Franklin, atteste que le présent mémoire a
été revu et corrigé conformément aux observations
du jury.
Visa du superviseur : Visa du président du jury
:
KAMAJOU François Professeur Emérite
Date
|
Pr. ONGLA Jean
Date
|
III
Visa du chef de département :
Dr. TEKAM OUMBE Honoré
Date
iv
DEDICACE
A Dieu Le Tout Miséricordieux,
Ton amour, Ta miséricorde et Tes
grâces à mon endroit m'ont fortifié
dans
la persévérance et l'ardeur
au travail.
A Mon Père, Edouard DJOUFAK
En toi, je vois un père
dévoué à sa famille. Ta présence en toute
circonstance m'a
maintes fois rappelé le sens de la
responsabilité.
A Ma Mère, Lucienne LEMDJOU
En toi, je vois la maman parfaite, toujours
prête à se sacrifier pour
le bonheur de ses enfants.
Merci pour tout.
V
REMERCIEMENTS
L'élaboration de cette étude relative à
l'«Incidence de la privatisation sur la performance des entreprises
publiques au Cameroun» n'a pas été un exercice aisé
eu égard aux difficultés pour obtenir certaines informations et
données. Toutefois, grâce à la sollicitude et à la
disponibilité de certaines personnes qui ont bien voulu nous fournir des
informations, nous orienter dans nos recherches, nous encadrer, nous donner des
conseils, le présent travail a été possible. C'est
pourquoi, dans l'impossibilité de citer ici, tous ceux qui ont
apporté des contributions, nous voudrions témoigner notre
profonde gratitude, spécialement à :
y' Pr. KAMAJOU François pour avoir accepté de
superviser ce travail en dépit de ses
multiples occupations, pour les conseils, l'encouragement et
la patience dans les lectures et les corrections ;
y' Dr NOULA Armand Gilbert mon encadreur, pour ses
encouragements, son soutien,
ses précieux conseils, la confiance qu'il m'a
accordée et la grande liberté qu'il m'a laissée dans la
réalisation de ce travail. je lui dis merci d'avoir renforcé mes
connaissances et aiguisé mon sens critique ;
y' Dr ISSAOUI Fakhri, enseignant universitaire en sciences
économiques dans les
facultés tunisiennes, pour sa disponibilité et
ses éclaircissements forts en matière d'utilisation du
modèle économétrique SUR (Seemingly Unrelated Regressions)
;
y' la Direction Générale de l'ARSEL, la CTR,
l'INS et la SNI sans lesquelles ce
mémoire n'aurait jamais vu le jour. Je leur dis merci
pour leur accueil et pour avoir mis à ma disposition les données
sur les entreprises privatisées au Cameroun ;
y' Mireille LEFEBVRE pour tous les moyens logistiques et
financiers investis pour la
réalisation de ce travail ;
y' ma famille et surtout mes parents pour leur soutien moral,
leurs encouragements et
leur patience durant les étapes difficiles de ce travail
;
y' mes compagnons de travail réalisant aussi leurs
mémoires, pour l'entraide dans les
moments difficiles ;
y' enfin, à tous ceux que je n'ai pas pu mentionner et qui
ont apporté une pierre à
l'édifice de ce mémoire, je
réitère ma profonde gratitude : que le Seigneur vous
bénisse abondamment!
vi
TABLE DES MATIERES
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU TRAVAIL
i
DEDICACE iii
REMERCIEMENTS v
TABLE DES MATIERES vi
LISTE DES TABLEAUX ix
LISTE DES FIGURES xi
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS xii
RESUME xiv
ABSTRACT xv
CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE 1
1.1 Contexte 1
1.2 Problématique 3
1.3 Objectifs de l'étude 6
1.4 Hypothèses 6
1.5 Intérêt de l'étude 6
1.5.1 Intérêt sur le plan scientifique 6
1.5.2 Intérêt sur le plan pratique 7
1.6 Organisation de l'étude 7
CHAPITRE II : CLARIFICATION CONCEPTUELLE, CADRE
THEORIQUE ET
TRAVAUX EMPIRIQUES 8
2.1 Clarification des concepts 8
2.1.1 Définition du concept d'entreprise publique 8
2.1.2 Définition du concept de privatisation 9
2.1.3 Concept de la performance 10
2.1.3.1 Définition et indicateurs de mesure de la
performance 10
2.1.3.2 La notion de rentabilité et sa mesure 12
2.1.3.2.1 La notion de rentabilité 12
2.1.3.2.2 Mesure de la rentabilité 13
2.1.3.3 La notion de productivité et sa mesure 15
vii
2.1.3.3.1 La notion de productivité 15
2.1.3.3.2 Mesure de la productivité 18
2.2 Cadre théorique 20
2.2.1 La théorie des droits de propriété
20
2.2.2 La théorie de l'agence 21
2.2.3 La théorie des choix publics 23
2.2.4 La théorie de l'efficience-X 23
2.3 Les travaux empiriques 24
2.3.1 Comparaison des performances des entreprises avant et
après leur privatisation 24
2.3.2 Comparaison des performances des entreprises publiques et
des entreprises privées
27
CHAPITRE III : PROCESSUS DE PRIVATISATION AU CAMEROUN
30
3.1 Mise en oeuvre de la privatisation au Cameroun 30
3.2 Le cadre légal et principes directeurs des
privatisations camerounaises 33
3.2.1 Le cadre légal des Privatisations au Cameroun 33
3.2.2 Les principes directeurs des privatisations au Cameroun
34
3.3 Le processus de prise de décision 35
3.3.1 La dissolution 35
3.3.2 La liquidation 35
3.3.3 La restructuration 37
3.4 De la stratégie de Privatisation à la signature
du contrat 38
3.4.1 La préparation de la stratégie de
Privatisation 38
3.4.2 L'Appel d'offre 38
3.4.3 Signature de la convention de cession 39
3.5 Les techniques de privatisation 39
CHAPITRE IV : APPROCHE METHODOLOGIQUE 41
4.1 Données et échantillons 41
4.2 Le modèle d'analyse et ses spécifications 42
4.3 Limites de l'étude 46
CHAPITRE V : RESULTATS ET INTERPRETATIONS 48
5.1 Effets statiques de la privatisation sur la
rentabilité des entreprises 48
VIII
5.1.1 Présentation graphique des évolutions du
Return On Sales (ROS) et tableaux des
tests 51 5.1.2 Analyse de l'effet de la privatisation sur
les différents indicateurs de rentabilité
(t= 3 à 0 et t = 0 à +5) 58
5.2 Effets dynamiques de la privatisation sur la
rentabilité des entreprises 60
5.3 Effets statiques de la privatisation sur la
productivité des entreprises 62
5.3.1 Présentation graphique des évolutions du
Sales Per Employee (SPE) et tableaux
des tests 65 5.3.2 Analyse de l'effet de la privatisation
sur les différents indicateurs de productivité
(t = -3 à 0 et t=0 à +5) 72
5.4 Effets dynamiques de la privatisation sur la
productivité des entreprises 73
CHAPITRE VI : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
79
6.1 Conclusion générale 79
6.2 Recommandations 81
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 83
ANNEXES 91
ix
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Les ratios de rentabilité
(Profitability ratios) 14
Tableau 2: Typologie et mesure de la
productivité 19
Tableau 3: Les ratios de productivité
(Productivity ratios) 19
Tableau 4: Les 8 entreprises
privatisées de l'étude 41
Tableau 5: Présentation des ratios
d'analyse 42
Tableau 6: Comparaison de la
rentabilité des entreprises publiques trois ans avant
et cinq ans après leur privatisation (t = -3 à
+5, variante 1) 48
Tableau 7: Test du ROS 54
Tableau 8: Test du ROE 55
Tableau 9: Test du ROA 56
Tableau 10: Synthèse des
Résultats 57
Tableau 11: Comparaison de la
rentabilité des entreprises publiques trois ans avant et au
moment de leur privatisation (t = -3 à 0, variante 2)
58
Tableau 12: Comparaison de la
rentabilité des entreprises publiques au moment de leur
privatisation et cinq ans après leur privatisation (t =
0 à +5, variante 2) 59
Tableau 13: Analyse de l'effet dynamique de
la privatisation sur la rentabilité commerciale60
Tableau 14: Comparaison de la
productivité des entreprises publiques trois ans avant et cinq
ans après leur privatisation (t = -3 à +5,
variante 1) 63
Tableau 15: Test du SPE 69
Tableau 16: Test de l'IPE 70
Tableau 17: Synthèse des
Résultats 71
Tableau 18: Comparaison de la
productivité des entreprises publiques trois ans avant et au
moment de leur privatisation(t = -3 à 0, variante 2)
72
Tableau 19: Comparaison de la
productivité des entreprises publiques au moment de leur
privatisation et cinq ans après leur privatisation (t =
0 à +5, variante 2) 72
X
Tableau 20: Analyse de l'effet dynamique de
la privatisation sur la productivité commerciale
73
Tableau 21: Analyse de l'effet dynamique de
la privatisation sur la rentabilité financière 91
Tableau 22: Analyse de l'effet dynamique de
la privatisation sur la rentabilité globale 92
Tableau 23: Analyse de l'effet dynamique de
la privatisation sur le bénéfice par employé 93
Tableau 24: les 24 entreprises effectivement
privatisées 94
xi
LISTE DES FIGURES
Figure 2.1 : Les composantes de la
performance 11
Figure 2.2 : Analyse du taux de
rentabilité en taux de marge et taux de rotation 14
Figure 2.3 : Fonction de production
mono-output/mono-input 16
Figure 2.4 : Fonction de production
mono-output/multi-inputs 17
Figure 2.5 : Niveaux de
délégation dans l'entreprise publique 22
Figure 2.6 : Niveaux de
délégation dans l'entreprise privée 22
Figure 5.1 : Evolution du ROS de 1998
à 2006 51
Figure 5.2 : Evolution du ROS de 1996
à 2004 51
Figure 5.3 : Evolution du ROS de 1999
à 2007 52
Figure 5.4 : Evolution du ROS de 1992
à 2000 52
Figure 5.5 : Evolution du ROS de 1993
à 2001 52
Figure 5.6 : Evolution du ROS de 1989
à 1997 53
Figure 5.7 : Evolution du ROS de 1990
à 1998 53
Figure 5.8 : Evolution du ROS de 1996
à 2004 53
Figure 5.9 : Evolution du SPE de 1998
à 2006 65
Figure 5.10 : Evolution du SPE de 1996
à 2004 66
Figure 5.11 : Evolution du SPE de 1999
à 2007 66
Figure 5.12 : Evolution du SPE de 1992
à 2000 66
Figure 5.13 : Evolution du SPE de 1993
à 2001 67
Figure 5.14 : Evolution du SPE de 1989
à 1997 67
Figure 5.15 : Evolution du SPE de 1990
à 1998 67
Figure 5.16 : Evolution du SPE de 1996
à 2004 68
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AES-SONEL
AFD
ARSEL
APE
BICIC
CAMAIR-CO
CAMRAIL
CAMSHIP
CAMSUCO
CAMTEL MOBILE
CAMTEL
CDC
CDE
CEPER
CFD
CHOCOCAM
CIMENCAM
COCAM
CTM-LN
CTPL
CTR
EBIT
EP
ENP
FMI
HEVECAM
IPE
MOYa
MOYb
Applied Energies Services-Société Nationale
d'Electricité du
XII
Cameroun
Agence Française de Développement
Agence de Régulation du Secteur de l'Electricité
du Cameroun
Assets Per Employee
Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie du
Cameroun
Cameroon Airlines Corporation
Cameroon Railways
Cameroon Shipping lines
Cameroon Sugar Company
Cameroon Telecommunications-Mobile
Cameroon Telecommunications
Cameroon Development Corporation
Camerounaise Des Eaux
Centre d'Edition et de Production pour l'Enseignement et la
Recherche
Caisse Française de Développement
Chocolaterie Confiserie Camerounaise
Cimenteries industrielles du Cameroun
Contreplaqués du Cameroun
La Compagnie de transports au Maroc-Lignes Nationales
Commission Technique de Privatisation et des Liquidations
Commission Technique de Réhabilitation des Entreprises
Publiques
Earnings Before Interests and Taxes
Entreprise Publique
Entreprise Nouvellement Privatisées
Fonds Monétaire International
Hévéas du Cameroun
Income Per Employee
Moyenne After
Moyenne Before
MRESPP
INTELCAM OCB
ONDAPB
ONEP
OPV ROA ROE ROIC
ROS
REGIFERCAM SCDP
SCP SCM SEPBC
SFP
SN-COCAM SNEC
SNI SOCAMAC SOCAPALM SOCAR SODECOTON SOFAC
SOFIBEL
TFP SOSUCAM SUR SPE SPFS
Mission de Réhabilitation des Entreprises du Secteur
Public et
XIII
Parapublic
International Telecommunications of Cameroon
Organisation Camerounaise de la Banane
Office National de Développement de l'Agriculture et du
Petit Bétail
Office Nationale de l'Eau Potable du Maroc
Offre publique de vente
Return On Assets
Return On Equity
Return On Invested Capital
Return On Sales
Régie Nationale des Chemins de Fer du Cameroun
Société Camerounaise des Dépôts
Pétroliers
Société Camerounaise De Métallurgie
Société Camerounaise de Mobile
Société d'Exploitation des Parcs à Bois du
Cameroun
Single Factor Productivity
Société Nouvelle de Contreplaqués du
Cameroun
Société Nationale des Eaux du Cameroun
Société Nationale d'Investissement
Société Camerounaise de Manutention et
d'Acconage
Société Camerounaise des Palmeraies
Société Camerounaise d'Assurance et de
Réassurance
Société de Développement du Coton
Société de Financement d'Achats à
Crédit
Société Forestière et Industrielle de
Belabo
Total Factor Productivity
Société Sucrière du Cameroun
Seemingly Unrelated Regression
Sales Per Employee
Société des Palmeraies de la Ferme Suisse
xiv
RESUME
A partir de la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, les
politiques économiques dans plusieurs pays en développement ont
été profondément influencées par les écrits
de Keynes et le concept de « demande effective ». Keynes prôna
une forte intervention publique pour réguler l'activité
économique et sociale. Cet interventionnisme jeta les bases de
l'État-providence qui se développera dans
l'après-guerre.
Au cours des années 1980, en raison des performances
relativement médiocres de l'économie dans ces pays en
développement, les institutions financières internationales ont
proposé de nouvelles régulations de l'action publique
caractérisées par le néo-libéralisme. Cette
nouvelle approche consistait à privatiser les entreprises
nationalisées pour les obliger à jouer le jeu rude de la
concurrence.
L'objectif principal de la présente étude est
d'évaluer l'incidence de la privatisation sur la performance
microéconomique des entreprises publiques camerounaises. Plus
spécifiquement, l'étude a consisté à évaluer
l'incidence de la privatisation sur deux indicateurs important de cette
performance à savoir la rentabilité et la productivité.
Les données ont été collectées
auprès de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI. Elles ont été
statistiquement analysées à l'aide des logiciels Excel 2010 et
EVIEWS 7 et le test de Wilcoxon et de Student ont été
utilisés pour tester les hypothèses. La méthodologie mise
en oeuvre a consisté dans une première étape à une
comparaison des ratios de rentabilité et de productivité des
entreprises publiques trois années avant et cinq années
après leur privatisation, afin de cerner l'efficacité statique.
Dans une deuxième étape, nous avons fait recours au modèle
de régression SUR, afin de cerner l'efficacité dynamique.
Ainsi, l'analyse statique a montré que 8/8 soit 100%
des entreprises privatisées de notre échantillon ont
amélioré significativement en moyenne et en médiane leur
rentabilité commerciale, financière et globale ; leur
productivité commerciale et leur bénéfice par
employé. Par contre, l'analyse dynamique a montré que 5/8 soit
62,5% des entreprises privatisées ont amélioré
significativement en moyenne leur rentabilité commerciale,
financière et globale ; 3/8 soit 37,5 % leur productivité
commerciale et 6/8 soit 75% leur bénéfice par employé.
Mots-clés: Privatisation, performance,
rentabilité, productivité, entreprises publiques, Cameroun.
xv
ABSTRACT
From the end of the Second World War, economic policies in
several developing countries were deeply influenced by writings of Keynes and
the concept of «effective demand». The policy of Keynes emphasized a
strong intervention of state to control economic and social activity. This
interventionism provided foundations of the Welfare state which will develop in
the post war period.
In the early eighties, because of relatively poor performances
of the economy in these developing countries, international financial
institutions proposed new regulations of the public action characterized by the
neoliberalism. This new approach consisted to proceed to the privatization of
nationalized enterprises to oblige them to play the hard game of
competition.
The main aim of this study was to evaluate the impact of
privatization on the microeconomic performance of Cameroonian public
enterprises. More specifically, the study aimed to evaluate the impact of
privatization on two important indicators of this performance: profitability
and productivity.
The data were collected from ARSEL, CTR, INS and SNI. They
were statistically analyzed using the software Excel 2010 and EVIEWS 7 and the
test of Wilcoxon and the test of Student were used to test assumptions. The
methodology consisted in a first stage to make a comparison of profitability
and productivity ratios of eight public companies three years before and five
years after their privatization, in order to determine the static
effectiveness. In a second phase, we used the regression model «SUR»,
in order to determine the dynamic effectiveness.
Thus, the static analysis showed that 100% of privatized
companies of our sample improved significantly on average and in median their
Return On Sales, Return On Assets, Return On Equity, Sales Per Employee and
Income Per Employee. While the dynamic analysis showed that 62.5% of privatized
companies improved significantly on average their Return On Sales, Return On
Assets and Return On Equity ; 37.5% their Sales Per Employee and 75% their
Income Per Employee.
Keywords: Privatization, performance,
profitability, productivity, public enterprises, Cameroon.
CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE
1.1 Contexte
L'évolution des économies des pays de l'Afrique
subsaharienne s'est accompagnée d'une forte intervention de l'Etat. En
effet, au lendemain des indépendances, ces pays disposaient de
très peu d'infrastructures1 économiques et sociales.
Les jeunes Etats devaient se substituer à la métropole pour
mettre en place les infrastructures de base et subvenir aux besoins
économiques et sociaux des populations. On assistait à la
création de nombreuses entreprises d'Etat dans tous les secteurs de
l'activité économique, (eau, électricité,
bâtiments, travaux publics, transport, banques, caisses d'épargne,
mines, agriculture, commerce, industrie...). Mais, en proie à une
mauvaise gestion et sous l'effet des crises socio-économiques, certaines
entreprises publiques qui ont connu une forte expansion ont cessé
d'être rentables, mieux, elles ne réalisent plus que
d'énormes pertes financières que l'Etat doit couvrir et absorbent
une part disproportionnée des crédits intérieurs qui
auraient pu être mieux investis pour le développement de
l'économie, ce qui représente une charge insoutenable pour le
budget et le système bancaire de ces pays.
Selon Kikeri, Nellis et Shirley (1992), les facteurs suivants
pourraient expliquer cette contre-performance des EP : le poids excessif des
tutelles, la mauvaise gestion, la pléthore de personnel et les
gouvernements ont donné aux EP un statut monopolistique dans des
marchés compétitifs ou potentiellement compétitifs et leur
ont fourni des subventions et des prêts garantis, tout en leur accordant
des congés fiscaux. Ces facteurs entraineront ainsi de gros
déficits budgétaires.
C'est dans ce contexte douloureux que, la plupart des Etats
africains, ont sollicité de l'aide auprès des institutions
financières internationales notamment la Banque Mondiale (BM) et le FMI,
en vue de réduire des déficits des finances publiques (Goodman et
Loveman, 1991 ; Bishop et al. 1994). A l`initiative de la BM, une série
de réformes des entreprises publiques fut lancée dans les
années 1970 en Afrique sub-saharienne visant en particulier les
entreprises du secteur des infrastructures dont les pertes financières
étaient les plus importantes. Parmi ces réformes, on peut citer
l'élimination de l'accès automatique des EP au crédit, la
promotion
1 A l`instar de Estache (2007), le concept
d`infrastructures dans cette étude fait référence à
toute installation utilisée pour fournir de l`électricité,
de l`eau et de l`assainissement, des télécommunications et des
services de transports.
1
de la concurrence, l'amélioration de l'autonomie des EP
et de leurs gestionnaires. Toutefois, les résultats de cette
première série de réformes se sont avérés
peu satisfaisants, la Banque Mondiale conclut à la
nécessité de recourir à une solution nouvelle au
début des années 1980 : la mise en oeuvre de vigoureux Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS) presque partout en Afrique.
L'un des objectifs de ce programme était la
restructuration ou la réforme des entreprises publiques pour
réduire les déficits budgétaires des Etats, d'où la
privatisation2 de ces entreprises. (Estache, 2007).
Le Cameroun, après bien d'autres, a dû passer lui
aussi par les fourches caudines du FMI pour pouvoir bénéficier de
nouveaux prêts. En effet, le déficit global de 87
sociétés publiques non financières s'élevait
à 33,6 milliards de francs CFA en 1986 (Touna Mama, 1996) après
avoir atteint un montant de 80,6 milliards en 1985. Par ailleurs, à
côté des impôts dus et non versés qui ont
constitué en fait une « forme de subvention déguisée
» à ces entreprises (Gankou et Bondoma, 2003), le montant des
subventions directes de l'Etat a été de 150 milliards en 1984,
alors que la dette de ces sociétés a culminé à 731
milliards (Tsafack Nanfosso, 2004). Ce qui va contribuer à alourdir les
créances compromises de l'Etat et le contraindre plus tard à
jouer le rôle d'« emprunteur en dernier ressort »
(Bekolo-Ebé, 1998). Le retrait de 1'Etat préconisé par le
FMI se traduit par la restructuration, la liquidation ou la privatisation des
dites entreprises.
Le processus des privatisations démarre officiellement
au Cameroun avec l'ordonnance N° 90/004 du 11 juin 1990 qui pose les
fondements des privatisations. Dans ce cadre, le gouvernement à travers
le Ministère de l'Economie et des Finances (MINEFI) a
décidé d'assainir la gestion des entreprises publiques et
parapubliques par une triple action de restructuration, liquidation ou
privatisation de ces sociétés selon les cas (MINEFI, 1995).
Dorénavant, les Etats doivent prôner la promotion
de l'initiative privée qui est le principal gage de la création
de richesses et d'emploi. Autrement dit, l'Etat doit se désengager
autant que possible du secteur productif et marchand pour se consacrer
davantage à son rôle régalien.
2 Vuylsteke (1988) définit la privatisation
comme « la vente de tout ou partie du capital de l`Etat dans les
entreprises publiques au secteur privé, ou comme la mise sous gestion
privée de ces entreprises au travers de contrats d`affermage, de
concession ou de gestion ».
2
1.2 Problématique
Le débat portant sur la relation entre la forme de
propriété et la performance3 de l'entreprise suscite
un vif intérêt sur le plan de la recherche surtout depuis que les
privatisations occupent une place importante dans l'agenda politique des
gouvernements à travers le monde.
Sur le plan théorique, trois principaux courants
viennent supporter la thèse de la supériorité de la forme
privée de propriété soit : la théorie des droits de
propriété (Alchian et Demsetz, 1973), la théorie des choix
publics (Buchanan, 1968; Niskanen, 1971; Tullock, 1976), et la théorie
d'agence (Jensen et Meckling, 1976). En effet, les entreprises publiques,
contrairement aux entreprises privées, ne sont pas fondées dans
le but ultime de maximiser les profits (Ramanadham, 1991; Gortner et al, 1993;
Rainey, 1996). De plus, le risque de faillite est quasi-inexistant pour les
entreprises publiques, ce qui n'incite pas les gestionnaires de ces
sociétés à une rigueur dans leur tâche et à
une recherche de l'efficacité comparativement à leurs pairs du
secteur privé.
Sur un plan purement empirique toutefois, le débat sur
l'accroissement de la performance, induit par la privatisation comme le
prévoit la théorie de l'efficience-X, a toujours suscité
une grande controverse. En effet, les méthodes utilisées par les
différents auteurs pour filmer cette relation ont connu une
évolution. On est parti des études faisant une comparaison entre
les entreprises publiques d'une part et les entreprises privées d'autre
part. Ces études ne portaient pas directement sur la privatisation. Et
même si, un très grand nombre d'études sur les
privatisations se regroupent dans cette vague4, cette méthode
suscite de vives polémiques. En effet, on ne saurait comparer des
entreprises différentes dans leurs objectifs, leurs tailles (petites,
moyennes, grandes), leurs contextes (monopole, concurrente). La critique
majeure ici est que ces recherches comparent des entreprises, et non pas le
phénomène de la privatisation ou mieux les effets du passage du
public au privé (Fouda, 2004).
A la lumière de ces critiques, on a
évolué vers des recherches portant sur l'incidence du transfert
d'une entreprise du secteur public au secteur privé. La performance
d'une entreprise privatisée peut être comparée
respectivement avec sa propre performance avant la
3 Arena, et al. (1991) définissent la
performance d'une entreprise comme un résultat que celle-ci
réalise et dont la nature et l'unité varient selon les
critères qui peuvent être, entre autres, ceux de
profitabilité, de productivité.
4 Blankart (1998), De Alesi (1980), borcherding et
al (1981), Millward (1982), Millward et Parker (1983), Yarrow (1986), Domberger
et Pigott (1986), Borins et Boothman (1986), Donohue (1989), Baily et Pack
(1995).
3
privatisation ou avec des firmes qui n'ont pas encore
été privatisées. Cette approche proposée par
Megginson et al. (1994) permet de comparer des échantillons importants
de firmes de taille économiquement significative, situées dans
des secteurs industriels hétérogènes, dans
différents pays et à des périodes variables.
Une des limites que l'on attribue à ces études
est que malgré l'accent qui est mis sur le phénomène de
privatisation, il reste que l'ambiguïté des résultats,
déjà critiquée dans la première vague de recherche
est toujours présente. En effet, certaines de ces études comme
celles de Bishop et Kay (1989), Martin et Parker (1995) et Parker (1993)
arrivent à la conclusion que la privatisation n'est pas forcement
synonyme d'accroissement de performance. D'autres, par contre comme celles de
Galal et al. (1992) et celle de Megginson et al. (1994) aboutissent à
une forte performance consécutive aux privatisations. Face à
cette ambigüité persistante, on est en droit de se poser la
question de savoir pourquoi cet écart entre prédictions
théoriques et observations empiriques ?
Le fait que les résultats des études empiriques
soient aussi divergents d'une méthode à une autre nous pousse
quand même à constater que le problème n'est pas forcement
au niveau de son opérationnalisation. Il faudrait peut-être
chercher dans sa conception ou dans celle des variables prises en compte dans
les analyses pour trouver ses origines.
En effet, les auteurs sont partis d'une analyse de la
performance basée sur des comparaisons des valeurs moyennes et
médianes des ratios de rentabilité tels que Return On Sales (ROS
ou Résultat net/Chiffre d'affaires), Return On Equity (ROE ou
Résultat net/Capitaux propres) et Return On Assets (ROA ou
Résultat net / Total de l'actif) ; des ratios de productivité
tels que Sales Efficiency (SPE ou Ventes réelles / Effectif), Net Income
Efficiency (IPE ou Résultat net/Effectif) et Assets Per Employee (APE ou
Actif total / nombre d'employé) ; des ratios des dépenses
d'investissement ; l'emploi et les ratios d'endettement pour les mêmes
firmes trois années pour la plupart avant et après la
privatisation.
Cependant, cette analyse ne permet que de cerner l'effet
statique de la privatisation. Ce qui suppose implicitement que l'influence de
la privatisation se produit instantanément, qu'il y a une rupture, un
choc, entraînant un redressement relativement rapide de la performance.
De plus, ces mesures comptables bien qu'occupant une place dominante dans les
études existantes sont faites lors de périodes non synchrones et
dans des systèmes comptables différents. Les conditions
sectorielles et macroéconomiques changent au cours des sept ans et
affectent différemment les entreprises selon le caractère plus ou
moins international de leurs activités, ce qui pourrait être
à l'origine de substantiels biais. Pour palier à ces limites,
4
Alexandre et Charreaux (2004) suggèrent d'introduire
dans l'analyse les variables de contrôle rendant compte de la conjoncture
économique et recourir aux entreprises relevant du même
système comptable national. Notre étude obéit à
cette logique.
Afin d'approfondir l'étude, certains auteurs
suggèrent de découper l'analyse en deux sous période (t =
-3 à 0 et t = 0 à +3). Il s'agit maintenant de comparer d'une
part les valeurs moyennes et les médianes des mêmes mesures de
performance pour les mêmes firmes trois années pour la plupart
avant la privatisation avec celui de la date d'événement (date de
privatisation) et d'autre part on compare celui de la date
d'événement avec les valeurs moyennes et les médianes des
mêmes mesures de performances pour les mêmes firmes trois
années après la privatisation. Cette approche a été
critiquée car elle ne donne qu'une vision grossière de
l'efficacité dynamique, raison pour laquelle on est arrivé
à la mise sur pied plus tard des modèles
économétriques de données de panel intégrant de
nouvelles variables permettant de mieux cerner cet effet.
C'est ainsi que certains auteurs introduisent donc dans
l'analyse l'étude des facteurs temps (statique/dynamique), et
environnement (politique et économique). C'est le cas de Villalonga
(2000) qui fait l'hypothèse selon laquelle les effets de la
privatisation sur la performance sont fonction de la période (plus ou
moins longue) considérée par l'étude. D'autres, par contre
intègrent dans le modèle les variables telles que « le
contexte de privatisation, les caractéristiques organisationnelles et de
gouvernance de l'entreprise et de leviers d'efficacité » qui sont
de nature à influencer d'une manière ou d'une autre la
performance des firmes privatisées.
Aujourd'hui, plus de vingt ans après le
démarrage officiel des programmes de privatisation au Cameroun, il
serait intéressant de s'interroger d'avantage sur le
phénomène encore en cours. Si la littérature actuelle
recense plusieurs fondements théoriques en faveur des privatisations, il
reste que les études empiriques n'arrivent pas toujours à
corroborer entièrement l'hypothèse d'accroissement de performance
induite par la privatisation. De plus, ces divergences dans les mesures et les
méthodes d'analyse renforcent d'ailleurs les discordances dans les
conclusions sur la supériorité supposée de la performance
de l'entreprise privatisée. Stiglitz (2000) affirme que : « bien
que les cas de gaspillage de l'Etat soient nombreux, les faits ne confirment
pas toujours l'idée selon laquelle le secteur public serait fatalement
moins efficace que le secteur privé », d'où on se demande :
quelle est l'incidence réelle de la privatisation des
entreprises publiques camerounaises sur leur performance ? Autrement dit,
qu'elle est l'impact du transfert de propriété du
secteur
5
public au secteur privé sur leur performance,
notamment en termes de rentabilité et de productivité
?
1.3 Objectifs de l'étude
L'objectif principal de la présente étude est
d'évaluer l'incidence de la privatisation sur la performance
microéconomique des entreprises camerounaises. Plus
spécifiquement, il s'agira de :
v évaluer l'incidence de la privatisation sur la
rentabilité des entreprises camerounaises. v évaluer l'incidence
de la privatisation sur la productivité des firmes camerounaises.
1.4 Hypothèses
Notre hypothèse à tester dans cette
étude, est que la privatisation a une incidence positive sur la
performance des firmes camerounaises. Plus spécifiquement, les
hypothèses que nous cherchons à valider empiriquement sont ainsi
:
v H1. La privatisation améliore la rentabilité des
entreprises publiques camerounaises
v H2. Le passage de la propriété publique
à la propriété privée conduit à une
augmentation de la productivité de la firme.
1.5 Intérêt de l'étude
Cette étude nous permet de percevoir des
intérêts aussi bien sur le plan scientifique que sur le plan
pratique.
1.5.1 Intérêt sur le plan scientifique
Sur le plan de la recherche scientifique, cette étude
nous permettra de confirmer la véracité de la relation positive
qui semble exister entre la privatisation et la performance dans les pays sous
développés en général et au Cameroun en
particulier. Ainsi elle va poser les bases d'une tentative d'explication de la
réussite ou de l'échec des programmes de privatisation dans ces
économies.
6
1.5.2 Intérêt sur le plan pratique
Sur le plan pratique, cette étude permettra de porter
un jugement de valeur sur le programme de privatisation au Cameroun. Cette
appréciation pourrait ainsi ajuster le comportement du gouvernement dans
la négociation des contrats afin de garantir une réussite totale
aux opérations à venir.
1.6 Organisation de l'étude
Après ce chapitre introductif qui a
présenté tour à tour le contexte de l'étude, sa
problématique, ses objectifs, ses hypothèses, son
intérêt, le travail est structuré en cinq autres chapitres
présentés ainsi qu'il suit :
? le chapitre II est consacré à la clarification
des concepts, la présentation du cadre théorique et des travaux
empiriques dans lequel s'insère l'étude ;
? le chapitre III présente uniquement le processus de
privatisation au Cameroun ;
? le chapitre IV présente la méthodologie
utilisée pour la collecte et l'analyse des données
nécessaires à la réalisation des objectifs fixés
ainsi que les limites de l'étude ;
? le chapitre V présente les résultats obtenus,
ainsi que les différentes interprétations et discussions ;
? le chapitre VI expose les conclusions principales et les
recommandations.
7
CHAPITRE II : CLARIFICATION CONCEPTUELLE,
CADRE THEORIQUE ET TRAVAUX EMPIRIQUES
Le présent chapitre de cette étude propose
d'abord, de définir les concepts clés de notre étude.
Ensuite, nous évoquerons les théories en faveur de la
privatisation et enfin, nous présenterons une revue de la
littérature des travaux qui traitent la relation privatisation et
performance des entreprises.
2.1 Clarification des concepts
Dans les paragraphes suivant nous donnons la signification des
mots et expressions clés employés dans le thème, tout en
précisant les définitions que nous retiendrons dans le cadre de
cette étude.
2.1.1 Définition du concept d'entreprise
publique
La définition de l'entreprise publique est une mission
complexe au regard du flou à la fois juridique et opérationnel
qui la caractérise. Mais, Selon Chevalier F. (1979), l'entreprise
publique est une entreprise produisant des biens et services en vue de leur
vente à un prix qui doit couvrir approximativement leur prix de revient,
mais qui est la propriété de l'Etat ou placée sous son
contrôle.
Au Cameroun, l'article 2, de la Loi n° 99/016 du 22
décembre 1999 portant statut général des
établissements publics et des entreprises du secteur public et
parapublic définit les entreprises publiques suivant deux
catégories : les sociétés à capital
public5 et les sociétés d'économie
mixte6.
Cependant plusieurs définitions données par les
spécialistes7 de gestion permettent de mieux la distinguer de
l'entreprise privée :
5 Société à capital public:
personne morale de droit privé, dotée de l'autonomie
financière et d'un capital - actions intégralement détenu
par l'Etat, une ou plusieurs collectivités territoriales
décentralisées ou une ou plusieurs autres sociétés
à capital public, en vue de l'exécution dans
l'intérêt général, d'activités
présentant un caractère industriel, commercial et financier.
6 Société d'économie mixte:
personne morale de droit privé, dotée de l'autonomie
financière et d'un capital - actions détenu partiellement d'une
part, par l'Etat, les collectivités territoriales
décentralisées, ou les sociétés à capital
public et d'autre part, par les personnes morales ou physiques de droit
privé.
7 G. Charreaux, Le gouvernement des entreprises,
Editions Economica, 1997.
8
- L'entreprise publique est une entreprise dont le capital ou une
majorité de celui-ci appartient à l'Etat ou à une
collectivité publique ;
- L'entreprise publique est une entreprise sur laquelle les
pouvoirs publics peuvent exercer directement ou indirectement une influence
dominante du fait de la propriété, de la participation
financière ou des règles qui la régissent ;
- L'entreprise publique est une entreprise qui est la
propriété de l'Etat et dont les dirigeants sont nommés en
Conseil des Ministres.
La multitude de définitions et d'approches de
l'entreprise publique est révélatrice de la complexité du
secteur dont elle relève (secteur public), notamment aux plans de sa
gestion et de ses objectifs. Si l'on retient les deux éléments
suivants : la structure du capital de l'entreprise et le contexte légal
et réglementaire, nous pouvons dire avec Darbelet et Laugine (1984) que
l'entreprise publique est une entreprise dans laquelle tout ou partie du
capital et du pouvoir de décision appartient à une
collectivité publique, c'est-à-dire l'Etat, une région, un
département ou une commune. C'est sous cette approche que sera
abordée l'entreprise publique tout au long de ce travail.
2.1.2 Définition du concept de privatisation
Dans son étymologie, le mot privatisation vient du
latin « privare » qui signifie priver ou mettre à part. Elle
est l'opération consistant à transférer totalement ou
partiellement les activités relevant du secteur public au secteur
privé (The New Palgrave Dictionary of Money and Finance, 1992: 206).
La définition de la privatisation est donnée au
Cameroun par l'ordonnance no 90/004 article 1er, al
1er : « aux termes de la présente ordonnance, La
privatisation est l'opération par laquelle l'Etat ou un organisme public
ou parapublic se désengage totalement ou partiellement au profit du
secteur privé des entreprises, quelle que soit leur forme juridique
(établissement public, société d'Etat,
société d'économie mixte ou autre), dans laquelle il
détient tout ou partie du capital ».
En effet, l'Etat qui détient la propriété
d'une entreprise, se désengage progressivement ou en bloc en
cédant les droits de propriété à des particuliers
qui deviennent alors les nouveaux patrons. Pour exercer efficacement le
contrôle de l'entreprise, le nouveau propriétaire doit pouvoir
détenir la majorité du capital. Ce qui fait dire à
certains auteurs que la privatisation
9
est la cession par l'Etat de plus de la moitié du
capital aux privés. C'est donc un transfert du contrôle de
l'entreprise à des agents privés.
Cette conception du phénomène de privatisation
justifie l'analyse faite par de nombreuses recherches sur les effets du
transfert de propriété sur la performance de la firme. En effet
pour la majorité d'entre elles, l'accroissement de performance attendue
après chaque privatisation est dû au seul changement de
propriétaire (public/privé). Mais les critiques de certains
auteurs tels que Williamson (1991) et Chatelin (2001) amènent à
penser que la privatisation ne saurait se limiter à la seule nature de
la propriété mais qu'elle est d'avantage à l'origine d'un
changement organisationnel plus complexe.
2.1.3 Concept de la performance
Le concept de performance suscite aujourd'hui d'énormes
passions et de vives polémiques dans le champ de la pensée
managériale. En effet, il apparaît davantage comme une notion
fourre-tout, un mot-valise, sujet à de nombreuses polémiques,
dépendamment des disciplines ou écoles de pensée
auxquelles appartiennent les auteurs, et selon les critères et la
perspective d'analyse choisie. La réalité est qu'aujourd'hui, il
n'existe pas de consensus ou d'unanimité autant sur ce qu'est la
performance que sur la façon de la mesurer, car chaque culture, chaque
contexte sociopolitique et chaque entreprise peuvent amener des réponses
différentes (Lebas, 1996).
Mesurer la performance disait Roover (1991) est une
tâche complexe frustrante, difficile qui représente un vrai
défi. Et pourtant, selon Lord Kelvin il y a fort longtemps, « [...]
ce qui ne se mesure pas, n'existe pas ». Autrement dit, si la
performance existe, nous devrions non seulement être capables de la
définir, de l'appréhender, mais aussi et surtout de la
mesurer.
2.1.3.1 Définition et indicateurs de mesure de
la performance
La définition de la performance est un exercice
difficile car c'est une notion qui recouvre plusieurs acceptions, ce qui laisse
présumer qu'une définition opérationnelle de la
performance serait donc encore plus ardue. « Peut-on définir la
performance ? », s'interrogeait Annick Bourguignon, en 1995, du fait
de la polysémie qui a toujours entouré cette notion, tant dans le
domaine des sciences économiques que dans celui des sciences de la
gestion. Et pourtant, comme le dit si bien Lebas (1995) dans un article fort
controversé, « Il faut définir la performance
», même si l'on admet que l'exercice est risqué et assez
périlleux. Dans la littérature, plusieurs définitions ont
été données :
10
Pour Bourguignon (1995, 2000), la performance peut être
définie à partir de trois sens généraux à
savoir : la performance résultat, la performance action et la
performance succès.
La performance résultat est mesurée en comparant
les résultats à l'objectif fixé. La performance action est
appréhendée à partir des moyens, des processus, des
compétences et des qualités mise en oeuvre pour atteindre ces
résultats. Enfin, la performance succès est fonction des
représentations de la réussite (Bessire, 1999) et varie donc en
fonction des représentations que s'en font les acteurs, et de
manière plus générale, l'organisation toute
entière.
Albanes (1978) définit la performance comme la raison
des postes de gestion, impliquant l'efficacité et l'efficience. Il
définit par la suite l'efficacité comme le résultat obtenu
par rapport au niveau du but recherché et l'efficience comme le
résultat obtenu par rapport aux moyens mis en oeuvre. L'efficience
permet de répondre à des questions telles que : « est-ce que
les résultats sont suffisants compte tenu des moyens mis en oeuvre ?
» ou « les ressources mobilisées par l'action ont-elles
été exploitées de manière rentable ? ».
Frioui (2001) associe à ces deux axes de la
performance, un troisième axe à savoir, la pertinence, qui est le
rapport entre les moyens détenus et les objectifs fixés et
poursuivis. Schématiquement on peut concevoir les composantes de la
performance comme suit :
Figure 2.1: Les composantes de la
performance
Objectifs
Pertinence
Efficacité
Ressources Résultats
Efficience
Source: Jean-Bernard Ducrou, Hachette Technique,
2008
E.M. Morin et al. (1994) recensent quatre grandes approches
théoriques de la performance : une approche économique, une
approche sociale, une approche systémique et une approche politique.
11
L'approche économique repose sur la notion centrale
d'objectifs à atteindre. Ces derniers traduisant les attentes des
propriétaires dirigeants, ils sont donc souvent énoncés en
termes économiques et financiers.
L'approche sociale met l'accent sur les dimensions humaines de
l'organisation. E. Quinn et J. Rohrbaugh (1981) indiquent que cette approche ne
néglige pas les aspects précédents mais intègre les
activités nécessaires au maintien de l'organisation.
L'approche systémique est développée par
opposition aux approches précédentes considérées
comme trop partielles met l'accent sur les capacités de
l'organisation.
L'approche politique repose sur une critique des
précédentes. En effet, chacune des trois approches
précédentes assigne certaines fonctions et certains buts à
l'entreprise. Or, d'un point de vue distancié, tout individu peut avoir
ses propres critères pour juger la performance d'une organisation.
(Lebas, 1996).
Vu donc le caractère disparate de cette notion de
performance, nous nous appesantirons dans notre étude sur les aspects
microéconomiques de celle-ci en nous inspirant notamment de la
définition de Millward et al.(1983) pour qui la performance peut
être appréhendée en termes de rentabilité, de
productivité et de coût ; cependant, nous nous limiterons dans
notre travail au aspect rentabilité et productivité de la
performance.
2.1.3.2 La notion de rentabilité et sa mesure
2.1.3.2.1 La notion de rentabilité
Le concept de rentabilité est parfois difficile
à appréhender compte tenu de la diversité des approches
liée à la pluralité des notions de capitaux (capitaux
propres, capital économique, etc.) et de résultat
(résultat comptable, résultat d'exploitation, excédent
brut d'exploitation, etc.). Cette diversité correspond en
réalité aux différentes "vues" des différents
acteurs (associés, dirigeants, prêteurs, etc.).
Le dictionnaire Larousse 2009 définit la
rentabilité comme étant la capacité d'un capital à
procurer des revenus, soit par placement (dans une logique purement
financière), soit par investissement en intégrant dans un
système productif dont on attend un bénéfice
supérieur au capital investi. Dans le lexique d'économie, Silem
et Albertini (1999) ont défini la rentabilité comme étant
la capacité d'un capital investi à procurer des revenus
exprimés en termes financiers. C'est dire que la notion de
rentabilité peut être appréhendée tout au plus pour
ce qui est de l'entreprise comme l'aptitude de cette dernière à
créer plus de richesses nouvelles
12
qu'elle ne dépense de salaires, et cela en
quantité suffisante par rapport à la quantité de capital
qu'elle immobilise ( Duval, 2000).
La rentabilité constituant ainsi un bon indicateur pour
mesurer l'efficacité de l'entreprise, il convient ainsi de s'appesantir
sur ses indicateurs de mesure.
2.1.3.2.2 Mesure de la rentabilité
Deux indicateurs usuels sont privilégiés dans la
littérature économique pour appréhender la
rentabilité des entreprises : il s'agit en l'occurrence de la
rentabilité économique et de la rentabilité
financière.
La rentabilité économique mesure la
capacité de l'entreprise de dégager un résultat en
utilisant l'ensemble des moyens.
La rentabilité financière mesure quant à
elle la capacité des capitaux investis par les actionnaires et
associés (capitaux propres) à dégager un certain niveau de
profit.
Si la rentabilité financière est
supérieure à la rentabilité économique, on dit que
l'entreprise bénéficie d'un effet de levier. Une analyse des taux
de ces deux indicateurs peut du reste être faite en termes de taux de
rotation et de taux de marge.
Le taux de rotation met en rapport les ventes avec l'actif;
c'est-à-dire l'ensemble des moyens mis en oeuvre.
Le taux de marge quant à lui est le rapport entre le
bénéfice net et les ventes. Ce taux augmente quand l'entreprise
parvient à augmenter la marge réalisée sur chaque produit
vendu, soit en augmentant le prix de vente moyen, soit en limitant le
coût de revient moyen. Une entreprise peut ainsi améliorer sa
rentabilité économique de deux manières :
- soit, à volume de ventes constant, en augmentant la
marge réalisée sur chaque produit
- soit, à marge unitaire constante, en augmentant le
montant des ventes, c'est-à-dire la rotation.
De même, une entreprise peut améliorer sa
rentabilité financière de deux manières :
- Soit en améliorant la rentabilité
économique dégagée par l'utilisation de l'actif. - Soit en
modifiant la composition du passif, dans le sens d'un recours plus important
à
des moyens financiers empruntés et une limitation
relative des ressources risquées par
les associés.
Nous pouvons donc mettre en liaison ces notions
(rentabilité économique, rentabilité financière,
taux de marge, taux de rotation etc.) par le graphique suivant :
13
Figure 2.2 : Analyse du taux de rentabilité en
taux de marge et taux de rotation
Source : X. Berterretche, IUT Bayonne
Il faut néanmoins préciser qu'il existe d'autres
indicateurs de rentabilité qui permettent aussi d'avoir une idée
de l'évolution de la rentabilité de l'entreprise. Il s'agit de
:
? la rentabilité commerciale qui mesure la
capacité de la société à générer du
chiffre d'affaires en fonction des volumes de ventes qu'elle réalise.
Concrètement, elle donne le taux de marge que la société
réalise sur ses ventes et ainsi permet d'estimer ses résultats
futurs en fonction des volumes de ventes prévus (chiffre d'affaires)
;
? la rentabilité globale qui mesure quant à elle
la rentabilité de l'ensemble des actifs utilisés par
l'entreprise. Tous ces indicateurs sont généralement
mesurés par le calcul de différents ratios mentionnés dans
le tableau suivant :
Tableau 1: Les ratios de rentabilité
(Profitability ratios)
1. ROS : Return On Sales ou taux de marge nette (=
Résultat net / Chiffre d'affaires)
2. ROA : Return On Assets ou rentabilité des
actifs (= Résultat net / Actif total)
3. ROE : Return On Equity ou rentabilité des
capitaux propres (= Résultat net / Fonds propres)
4. ROIC: Return On Invested Capital (= Résultat
net / Capital investi)
5. EBIT/A : Earnings Before Interests and Taxe / Assets
(= Résultat d'exploitation / Actif total)
Source : M. Albouy et H. Obeid, 2007
Nous pouvons donc constater que la notion de
rentabilité varie selon l'approche que l'on retient. C'est la raison
pour laquelle il serait utile de calculer plusieurs ratios pour avoir la vision
la plus précise possible de la rentabilité de l'entreprise
étudiée.
14
Ainsi présenté la notion de rentabilité
et ses mesures, il convient maintenant de nous appesantir sur le
deuxième aspect de la performance à savoir la
productivité.
2.1.3.3 La notion de productivité et sa mesure
2.1.3.3.1 La notion de productivité
La productivité peut être
considérée globalement comme une mesure qui permet de saisir la
relation entre output et input et plus précisément une relation
d'efficience ou d'économie des ressources qui existe entre des
résultats et les moyens mis en oeuvre pour atteindre ces
résultats (Arena, Benzoni, De Brandt et Romani, 1991). La
productivité de l'entreprise apparaît clairement comme le rapport
entre une production valorisée, les extrants et l'ensemble des facteurs
mis en oeuvre qui sont les intrants (Coulaud, Croce et Dervaux, 1986).
Ainsi, selon Leray (1983), la productivité,
contrairement à la rentabilité qui est une mesure exogène
de l'efficience, est une mesure endogène au processus de production.
Mais, il est possible de donner une dimension plus opératoire au
concept. En fait, la productivité pourrait aussi se définir comme
le taux d'accroissement de l'output moins la moyenne
pondérée des taux de croissance de différents
input, ou les pondérations représentent la part de
chaque input dans le coût total (Selon Hartely, Parker et
Martin, 1991).
Soulignons d'ores et déjà que le but
recherché dans l'étude de la productivité d'une firme est,
de façon implicite de saisir le degré d'efficacité de
celle-ci. D'où la nécessité de s'appesantir sur la notion
d'efficacité productive.
? L'efficacité productive
Une fonction de production donne le montant maximum d'output
que nous pouvons obtenir à partir d'un vecteur d'inputs, étant
donné une certaine technologie de production (Agnier, Lovell et Schmidt,
1977). Cette fonction constitue une frontière. La comparaison du vecteur
outputs-inputs d'une firme avec sa frontière de production nous informe
sur sa productivité (Farell, 1957 ; Sadoulet et De Janvry, 1995). Dans
les deux paragraphes qui suivent, nous allons faire ce type de comparaison
selon deux cas de production différente.
? Cas mono-output (y) mono-input (x)
Il s'agit du cas où la production d'un type d'output
nécessite un seul type d'input. La fonction de production f(x) est
représentée sur le graphique ci-dessous.
15
Figure 2.3 : Fonction de production
mono-output/mono-input
Source : FARELL, 1957
Les points sous les courbes (tels que D et C) correspondent
à des états réalisables, mais qui pourraient être
améliorés. En effet, avec une plus faible quantité
d'input. Il est possible de produire la même quantité d'outputs.
En revanche les points au-dessus de la courbe (tel que E) ne peuvent pas
être atteints. Ces états ne sont pas réalisables avec la
technologie de production existante.
La distance entre le niveau d'input réalisable et la
frontière de production donne une mesure de l'inefficacité de la
firme étudiée. Cette quantité, tout simplement
qualifiée de distance d'input, sera utilisée par la suite.
Le passage de l'état D à l'état B
signifie un accroissement d'efficacité dans l'utilisation des inputs
avec la technologie existante. En revanche le passage à l'état E
nécessite un changement dans la technologie de production.
? Cas mono-output multi-inputs
Désormais, nous étudions le cas où la
production de l'output unique se fait à partir de plusieurs inputs. Nous
illustrerons par souci de simplification la configuration dans laquelle
Y= f (X1, X2), c'est-à-dire celle où l'output
s'obtient à travers la combinaison de deux inputs X1 et X2.
L'efficacité économique est le fruit de la
combinaison de l'efficacité technique et de l'efficacité
allocative (Farell, 1957), comme l'illustre la figure ci-dessous.
16
Figure 2.4 : Fonction de production
mono-output/multi-inputs
Input X2
|
|
Input X1
|
|
Source: Farrell, M. J., p. 254
|
Sur le graphique ci-dessus, l'ensemble des points
techniquement efficaces correspond à l'isoquant TT'. Ainsi, tous les
points au dessus de l'isoquant TT' sont techniquement inefficaces à
l'exemple du point P. Au point P l'inefficacité technique est
représentée par le segment QP. Il est possible de produire le
même niveau d'output avec une diminution de tous les inputs dans la
proportion QP/OP. Ainsi, Farrell (1957) a proposé de mesurer le
degré d'efficacité technique (ET) par le rapport OQ/OP, qui varie
entre zéro et l'unité
Bien qu'ils soient techniquement efficaces, tous les points
sur l'isoquant ne le sont pas allocativement. Une combinaison de facteurs est
dite allocativement efficace si le taux marginal de substitution est
égal au rapport des prix des facteurs. Ainsi, le point Q',
déterminé par la tangente de l'isocoût AA' à
l'isoquant TT', est allocativement efficace. L'efficacité allocative
(EA) ou l'efficacité prix des points P ou Q est mesuré par le
rapport OR/OQ. La distance RQ représente la réduction de
coût si la production correspondait au point Q'. Ce dernier est efficient
du point de vue allocatif, puisqu'il est déterminé par la
tangente de l'isocoût AA' à l'isoquant TT'. Le produit des
efficacités techniques et allocatives est appelé
efficacité totale (ETT) ou économique.
ETT = (OR/OP) = (OQ/OP) x (OR/OQ) = ET x EA
Après avoir étudié le sens du terme
productivité, nous allons désormais voir comment
l'évaluer.
17
2.1.3.3.2 Mesure de la productivité
Il existe différentes méthodes de mesure de la
productivité. Celles qui peuvent être fondées sur les
indices de productivité (Arena et al. 1991), celles fondées sur
le calcul de différents ratios (Megginson et al.1994) et celles
économétriques (Rouabah, 2001).
? Les méthodes fondées sur les indices de
productivité
Plus récemment la littérature sur la
productivité a développé des approches non
paramétriques qui utilisent comme indicateurs de performance des indices
calculés directement à partir des données discrètes
sur les inputs et les outputs (Raffarin, 1999). La productivité consiste
alors en un rapport d'un indice des outputs sur un indice des inputs. Nous
allons nous intéresser à la distinction qui existe entre ces deux
grandes catégories de mesures de la productivité.
La première est qualifiée de mesure partielle de
la productivité. Elle met en rapport la croissance de l'output avec le
volume d'un seul input (Single Factor Productivity : SFP). Cependant, cette
croissance peut également être comparée avec le volume
d'une partie des inputs, l'autre partie n'étant pas prise en compte.
Toutefois, la productivité partielle soulève un certain nombre de
difficultés dont le fait qu'elle ne tient compte que d'un seul input ou
d'une partie d'inputs alors que la firme peut améliorer la
productivité d'un input aux dépend d'un autre ; mais aussi le
fait que la nature hétérogène des inputs est
négligée car en effet, concernant la main-d'oeuvre par exemple,
certains travailleurs peuvent être plus productifs que d'autres.
La seconde est qualifiée de mesure totale de la
productivité. Sadoulet et De Janvry (1995) la présentent comme la
quantité totale d'output agrégée obtenue à partir
d'une unité d'input total agrégé (Total Factor
Productivity : TFP). Le problème posée par l'existence de
plusieurs facteurs de production et (ou) d'output est résolu par l'usage
d'indices agrégés, pondérés par la part des
différents inputs et outputs respectivement dans le coût total et
la recette totale. Cette méthode permet de parer au fait que plusieurs
outputs sont produits à partir de plusieurs inputs. Un autre avantage
par rapport à la mesure partielle est que cette mesure peut
répondre aux questions soulevées quand on s'intéresse
à la productivité : elle évalue les différences de
productivités entre les entreprises et elle mesure la croissance de la
productivité au cours du temps. Le tableau suivant présente un
aperçu de quelques formules d'indices de productivité.
18
Tableau 2: Typologie et mesure de la
productivité
Source : Extrait du tableau 1 p.517 d'Arena et al.
(1991)
A côté des méthodes fondées sur les
indices de productivité, on retrouve les méthodes comptables.
? La méthode fondée sur le calcul de
différents ratios de productivité
Cette approche qui se base sur les mesures comptables,
évalue la productivité à l'aide du calcul d'une batterie
de ratios mentionnés dans le tableau suivant :
Tableau 3: Les ratios de productivité
(Productivity ratios)
1. SPE : Sales Per Employee ou productivité
commerciale (= Ventes Réelles / Nombre d'Employés)
2. IPE : Income Per Employee ou bénéfice
par employé (= Bénéfice net / Nombre d'employés)
3. APE : Assets Per Employee ou productivité des
actifs (= Actif total /Nombre d'employés)
Source: M.Albouy et H. Obeid, 2007
19
? Les méthodes
économétriques
La productivité s'évalue à travers des
changements techniques que connaît le système de production de la
firme considérée. Ces modifications peuvent porter aussi bien sur
la fonction de production que sur celle des coûts. Cependant, ces deux
fonctions ne sont pas données et doivent de facto être
estimées à l'aide de paramètres. On parle alors d'approche
paramétrique (Lovell, 1993).
De façon concrète, une estimation de la fonction
de production est faite à différents instants. On peut ainsi
savoir s'il y a eu modification des paramètres de la fonction. Un
déplacement de la fonction de production vers le haut caractérise
une augmentation de la productivité, dans la mesure où les gains
de productivité sont le fruit d'une amélioration de la technique
de production. De la même manière, l'on estimera à divers
instants une fonction de coût. Une amélioration de la
productivité se traduira par un déplacement de la fonction de
coût vers le bas, puisque la firme est d'autant plus productive que ses
coûts sont bas.
Ainsi présenté les contours de la notion de
privatisation et de performance, il serait temps de nous appesantir sur les
théories supportant la thèse de la supériorité de
la forme privée de propriété.
2.2 Cadre théorique
Le thème de la présente étude
s'insère dans plusieurs théories et on a synthétisé
les suivantes : la théorie des droits de propriété, la
theorie de l'agence, la théorie des choix publics et la théorie
de l'efficience-X.
2.2.1 La théorie des droits de
propriété
L'analyse de la privatisation est perçue à
travers la théorie des droits de propriété (Furubotn et
Pejovich, 1974). Pour les tenants de ce courant théorique, les raisons
qui expliquent la supériorité des performances économiques
et financières des entreprises privées par rapport aux
entreprises publiques tiennent à l'amoindrissement des droits de
propriété de la firme publique et au risque de faillite.
En effet, le risque de faillite est quasi-inexistant dans les
organisations publiques, alors qu'il constitue une réalité avec
laquelle les dirigeants du secteur privé doivent composer. Ceci incite
forcément ces derniers à gérer efficacement leur
entreprise en vue d'assurer, non seulement, sa survie, mais aussi et surtout sa
pérennité et par le fait même, le maintien des
20
emplois, la production de revenus et d'une plus-value. Dans
ces conditions, on comprend aisément la préoccupation continue
des dirigeants du secteur privé pour la productivité, la
rentabilité et la solvabilité de la firme (Tézenas du
Montcel et Simon, 1977).
En outre, la théorie des droits de
propriété insiste sur le fait que la supériorité
des performances de l'entreprise privée sur l'entreprise publique tient
au fait qu'il existe des mesures disciplinaires émanant du marché
boursier qui obligent les gestionnaires à rendre des comptes. L'exercice
de ces droits par les propriétaires (actionnaires) implique de la part
des managers l'obligation d'adopter un comportement discipliné
c'est à dire un comportement consistant à « maximiser
le profit et non leurs propres avantages monétaires et non
monétaires (salaires, primes, vastes bureaux, voyages, stages, etc.)
» Ce comportement discipliné est obtenu à travers trois
formes de disciplines : la discipline contractuelle, la discipline de
surenchère et la discipline de faillite. La discipline ainsi
imposée aux managers est à son tour imposée par ces
derniers aux salariés auxquels sont exigés des efforts de
productivité et de rentabilité, aux fournisseurs et aux
clients.
Au total, l'exercice effectif des droits de
propriété par les actionnaires privés permis par la
privatisation introduit la discipline nécessaire à
l'efficacité de l'entreprise et qui en fait représente souvent le
premier objectif économique de la privatisation.
2.2.2 La théorie de l'agence
Les fondements théoriques de la relation d'agence ont
été établis par Jensen et Meckling (1976) qui
définissent cette relation comme « un contrat par lequel une ou
plusieurs personnes (le principal) engage une autre personne (l'agent), pour
exécuter en son nom une tâche quelconque qui implique une
délégation d'un certain pouvoir de décision à
l'agent ». Dans le cas où les intérêts des deux
parties convergeraient, les problèmes de l'agence n'apparaîtraient
plus. Par contre, les problèmes d'agences se posent, lorsque les
intérêts sont divergents et, surtout, dans la mesure où il
y a information imparfaite et asymétrie d'information entre les
parties.
En effet, Lorsqu'une firme est dirigée par un
propriétaire-manager, il n'y a pas à priori de
conflit d'intérêts entre le dirigeant et l'actionnaire. Par
contre, dans toutes les entreprises où est instaurée une
séparation du contrôle et de la propriété,
apparaît un problème d'agence. Cette théorie suppose que le
manager qui n'est pas le propriétaire bénéficie d'un
ensemble d'informations privilégiées qui le conduisent,
intentionnellement ou non, à agir davantage pour ses
intérêts personnels qu'en fonction des stricts
intérêts des propriétaires (actionnaires
21
dans les entreprises privées et citoyens dans les
entreprises publiques). La minimisation des coûts d'agence est
considérée comme le gage de l'efficacité de la structure
organisationnelle interne de la firme et, par conséquent, de sa
performance financière. De plus, la gestion courante et le
contrôle de l'entreprise publique doivent cependant, faire l'objet de
délégation de la part des propriétaires. Cette
délégation comporte plusieurs niveaux comme la montre la figure
ci-dessous :
Figure 2.5 : Niveaux de délégation dans
l'entreprise publique
Population
?
Assemblée nationale
?
Gouvernement
?
Ministère
?
Conseil d'administration
?
Dirigeants
Source : GLIZ Abdelkader (2001)
Par contre, dans l'entreprise privée, la
délégation par les actionnaires du contrôle et de la
gestion comporte un nombre inférieur de niveaux, comme le montre la
figure ci-dessous.
Figure 2.6 : Niveaux de délégation dans
l'entreprise privée
Actionnaires
?
Conseil d'administration
?
Dirigeants
Source : GLIZ Abdelkader (2001)
A l'intérieur de l'entreprise, qu'elle soit publique ou
privée, existe également la délégation de la
responsabilité vers des niveaux hiérarchiques inférieurs.
La perte du contrôle de l'entreprise par le propriétaire ultime
est plus forte dans l'entreprise publique que dans l'entreprise
privée.
22
2.2.3 La théorie des choix publics
Cette théorie a été
élaborée essentiellement par des économistes comme
Buchanan et Tollison (1972). Elle postule que l'inefficience des entreprises
publiques est due notamment aux groupes d'intérêts et aux jeux
politiques qui caractérisent les organisations publiques.
L'argumentation de l'École du « Public Choice
» est que les personnes qui sont supposées prendre les
décisions publiques, notamment les administrateurs d'entreprises
publiques, les hommes politiques et les fonctionnaires, le font non pas en
privilégiant les intérêts de la société dans
son ensemble, mais plutôt leurs intérêts propres. Autrement
dit, Les théoriciens de cette école expliquent que l'inefficience
des entreprises publiques tient exclusivement à la motivation des hommes
politiques et des dirigeants, à qui on reproche de ne pas oeuvrer dans
l'intérêt général. Le goût du prestige, la
quête du pouvoir seraient davantage leurs préoccupations. Le plus
curieux dans tout cela, affirment les théoriciens de l'école des
choix publics, c'est que les élus politiques interfèrent
fréquemment dans la gestion publique, en accordant des avantages et des
bénéfices à des groupes précis (clientèles)
en vue d'assurer leur réélection ; attitude qui se
révèle définitivement antagoniste à une gestion
saine et efficiente des organisations publiques (Vickers et Yarrow, 1988).
2.2.4 La théorie de l'efficience-X
C'est Leibenstein (1978) qui a établi un lien entre le
concept d'efficience-X et les performances de l'entreprise publique. De ce
concept on tire plusieurs facteurs générateurs d'inefficiences-X
dans l'entreprise publique : la situation de monopole, la couverture permanente
par l'Etat des déficits et des crises de trésorerie de
l'entreprise publique pour lui éviter la sanction de la faillite, la
multiplicités des objectifs économiques et sociaux qui favorisent
le dédouanement des gestionnaires et l'arbitraire des ministères
de tutelle dans la désignation comme dans la révocation des
gestionnaires.
En effet, l'auteur estime que les entreprises publiques sont
souvent en situation de monopole, ce qui favoriserait une « vie
tranquille » et n'inciterait pas celles-ci à un effort
permanent de recherche de compétitivité. De plus, les entreprises
publiques sont «immortelles» tant qu'elles
bénéficient des subventions publiques, ce qui limite
considérablement la probabilité de faillite.
Ces facteurs d'inefficience-X engendrent en effet chez les
agents (gestionnaires) un certain relâchement dans le fonctionnement de
leur entreprise, une fuite des responsabilités et
23
une forte culture bureaucratique comme le souligne P. Plane
(1999) : « dans ce contexte les agents développent une aversion
pour le risque, une faible propension à l'innovation et finalement une
mentalité proche de celle observée dans les bureau non marchands
». Ces facteurs d'inefficience-X expliquent la supériorité
de l'efficience de l'entreprise privée et offrent des arguments en plus
aux partisans de la privatisation qui soutiennent que la privatisation pourrait
contribuer à réduire de manière substantielle ces sources
d'inefficience dans les entreprises publiques, permettant ainsi à
celles-ci, de renouer avec la performance et la compétitivité.
2.3 Les travaux empiriques
Après avoir présenté les raisons qui
expliquent pourquoi l'entreprise privée est plus efficace
théoriquement que son homologue publique, il convient de mettre à
l'épreuve des faits observables de cette proposition. Les paragraphes
suivants proposent une revue de la littérature consacrée aux
travaux empiriques traitant la relation privatisation et performance des
entreprises. Ces travaux se groupent en deux catégories. La
première concerne des travaux réalisés à partir
d'une approche dite historique, tandis que la seconde est une approche
synchronique.
2.3.1 Comparaison des performances des entreprises avant et
après leur privatisation
Plusieurs travaux ont été menés sur la
relation entre la privatisation et la performance des entreprises en adoptant
cette approche.
Megginson Nash et Van Randenborgh (1994) ont fait une analyse
comparative de la performance financière de 61 entreprises appartenant
à 31 industries privatisées partiellement ou entièrement
pendant la période 1961 à 1990. L'échantillon des
entreprises concerne 18 pays (12 pays industrialisés et 6 pays en voie
de développement). Les résultats de leurs travaux montrent que
les entreprises privatisées ont amélioré significativement
leur ratio d'investissement, d'endettement, d'efficacité et de
productivité. En outre, ils ont remarqué que les entreprises
étudiées sont devenues plus rentables, que leurs ventes ont
augmenté de même que les dividendes payés aux actionnaires.
De plus, ces entreprises diminuent sensiblement leur niveau d'endettement. Ils
ne remarquent aucun déclin dans le niveau d'emploi après la
privatisation (dans 64% des cas le niveau d'emploi s'est accru). Par
ailleurs,
24
ils observent des changements importants dans la taille et la
composition du conseil d'administration.
Galal, Jones, Tandon et Vogelsang (1994) évaluent les
gains et pertes de bien être pour 12 ENP opérant dans quatre pays
dont trois en développement (Mexique, Malaisie et Chili) et un
développé (Grande-Bretagne). Les auteurs trouvent un gain en
bien-être dans 11 cas sur 12. Ces gains sont dus en grande partie
à une amélioration de la productivité, une augmentation
des investissements et une révision de la politique des prix. La
productivité augmente dans neuf cas sur 12 et reste inchangée
dans les trois cas restants. Par ailleurs, leur analyse de l'allocation des
coûts et bénéfices de l'ajustement pour différents
groupes d'agents économiques révèle que les travailleurs
n'ont jamais été perdants.
Newberry et Pollitt (1997) ont étudié la
privatisation de l'une des grandes compagnies d'électricité en
Grande-Bretagne (Central Electric Generating Board). Ils remarquent une
amélioration significative de la performance de l'entreprise
après sa privatisation, mais nuancent leurs conclusions en observant que
les consommateurs et les gouvernements sont les perdants (notamment à
cause de la hausse vertigineuse des tarifs), alors que les actionnaires eux
jubilent en accumulant des bénéfices financiers gigantesques.
Boubakri et Cosset (1998) ont évalué les
résultats de la privatisation pour un échantillon de 79
entreprises, dans 11 pays en voie de développement dans trois
catégories de pays. Les auteurs observent des augmentations
significatives en moyennes de la rentabilité (6,05%) ; de l'efficience
(24,79%) ; des niveaux de production (25,29%) ; de l'emploi (2,65%) ; du taux
de distribution de dividendes (14,5%) ; des dépenses d'investissement
(13,23%) et des diminutions significatives du levier financier (44,16%) trois
années après la privatisation de ces entreprises. Les
résultats montrent aussi l'importance de la structure du marché
dans lequel oeuvrent les entreprises. Plus particulièrement, les
entreprises évoluant dans des activités concurrentielles semblent
être plus efficientes que celles fonctionnant dans un contexte non
concurrentiel. L'analyse des auteurs suggère que la composition du
conseil d'administration a subi des changements majeurs à la suite de la
privatisation et que l'amélioration dans la performance est d'autant
plus grande que ces changements sont importants.
Boardman et al. (2000) ont examiné la performance de 9
sociétés d'Etat canadiennes privatisées entre 1988 et 1995
en comparant leur performance 5 ans avant leur privatisation et 3 ans
après. Les auteurs concluent que le retour sur les ventes de même
que le retour sur l'investissement de ces entreprises ont pratiquement
doublé suite à leur cession au privé et
25
que les entreprises ont également enregistré des
performances au-dessus de la moyenne du marché.
Harper (2001) étudie l'impact de la privatisation sur
la performance de 178 entreprises publiques tchèques. L'auteur trouve
que l'efficacité et la rentabilité diminuent immédiatement
après la privatisation. Il aboutit aussi au résultat selon lequel
la nature de la préparation de la privatisation influence la performance
de la firme une fois que celle-ci est privatisée. Ce qui modifie la
performance des sociétés privatisées est en grande partie
la manière dont la privatisation est menée. Transparence,
rapidité et homogénéité dans les procédures
sont des facteurs importants de performance post privatisation.
Dumontier et Laurin (2003) étudient les effets de la
stratégie de l'État sur la performance de la firme en France. Les
auteurs trouvent que la privatisation a un impact positif sur la performance de
la firme. Ils constatent que durant la période de leur nationalisation
les entreprises françaises considérées n'ont pas connu une
baisse de leur performance financière. La raison se trouve
peut-être dans la durée relativement courte de leur période
de nationalisation.
Peu d'études ont été
réalisées sur des entreprises en Afrique, parmi les travaux
dignes de mention sur l'impact des privatisations sur la performance des
entreprises. On peut sans doute mentionner celui entrepris par Boubakri et
Cosset (1998). Les auteurs ont examiné les performances pré
versus post-privatisation de 16 anciennes sociétés d'État
privatisées entre 1989 et 1996 et concluent que même si les
entreprises semblent avoir accru leurs dépenses d'investissement,
celles-ci ont enregistré des améliorations peu significatives en
ce qui concerne leur profitabilité, leur efficience, leur
productivité ainsi que leur niveau d'endettement.
En Afrique Occidentale, Jones et al. (1999) ont examiné
l'impact de la privatisation sur la performance de 81 entreprises publiques
ivoiriennes évoluant dans divers secteurs (agriculture, agro-industries,
infrastructures, etc.). Les auteurs en sont arrivés aux conclusions
ci-après : (i) les sociétés d'État ivoiriennes ont
été plus performantes suite à leur privatisation ; (ii)
leurs résultats sont supérieurs à ceux qu'elles auraient
obtenu si elles restaient sous le giron étatique ; (iii) les
privatisations en Côte d'Ivoire ont contribué de façon
générale à l'amélioration du mieux-être de la
population. Des résultats similaires avaient déjà
été obtenus par Campbell et Bhatia (1998) en ce qui a trait aux
privatisations en Afrique subsaharienne. Cependant, les recherches
menées par Shirley (1998) à la même période dans une
douzaine d'entreprises réparties six pays en voie de
développement parviennent à des
26
conclusions contradictoires. L'auteur fait remarquer que dans
seulement très peu de cas, les firmes privatisées sont parvenues
à améliorer leur performance en termes de productivité et
de rentabilité.
Jones et al, (1999) et Hailu (2005) observent une augmentation
du niveau de l'emploi après la privatisation respectivement en
Côte d'ivoire et en Ethiopie. Par contre, Buchs (2003) a recensé
des pertes d'emplois dans les entreprises privatisées dans un certain
nombre de pays. Ces pertes atteindraient une proportion de 59% au Ghana, 10%
dans le secteur minier et 30% dans le secteur non minier respectivement en
Zambie entre 1991 et 2001, entre 30% et 50% en Tanzanie, autour de 36% au
Bénin entre 1990 et 1996, et une faible proportion de 0,8% dans le
secteur manufacturier au Mozambique entre 1991 et 1997. Selon le même
auteur, une situation positive est observée en Côte d'Ivoire
où l'emploi a augmenté de 3,9% en moyenne par an après la
privatisation tandis qu'il baissait de 1% par an avant la privatisation. De
même, au Burkina Faso, l'emploi dans les entreprises privatisées a
légèrement augmenté entre 1993 et 1999.
Afeikhena Jerome (2008) après avoir évaluer
l'impact de la privatisation sur la performance de trois firmes concurrentes
privatisées au Nigeria révèle des améliorations
significatives des indicateurs de performance tels que la rentabilité,
les dépenses d'investissement et l'efficience opérationnelle.
L'auteur remarque aussi de modestes pertes d'emplois dans deux des trois
entreprises privatisées.
Etogo Nyaga (2012) a examiné l'impact de la
privatisation sur la productivité de (9) neuf entreprises publiques
camerounaises d'une part et sur le bien être des consommateurs d'autre
part. Après avoir effectué une régression
économétrique, l'auteur trouve que 4/9 soit 44,44% des
entreprises privatisées de l'échantillon ont
amélioré significativement leur productivité trois
années après la privatisation. Il remarque aussi que les
entreprises relevant du secteur primaire d'une part et des secteurs
non-concurrentiels d'autre part, sont celles qui ont enregistré l'impact
positif le plus marqué de la privatisation sur leur
productivité.
2.3.2 Comparaison des performances des entreprises
publiques et des entreprises privées
Plusieurs travaux ont tentés d'évaluer, sur le
même marché, dans le même environnement et au même
instant, les performances des entreprises qui ont des structures de
propriété différentes, publiques ou privées.
27
Davies (1971) a comparé les performances de deux
compagnies de transport aérien australiennes en situation de duopole.
L'auteur conclut que Les firmes privées sont de 12 % à 100 % plus
efficientes.
Petrovic et Jaffee (1977) ont entrepris de comparer les
performances des firmes publiques et privés dans le domaine de la
collecte des ordures ménagères dans 83 villes du Midwest
américain afin de lever le voile sur les controverses entourant
l'efficacité des secteurs publics et privés. Leurs travaux
concluent que le coût de la collecte des ordures ménagères
par les municipalités est 15% plus élevé que celui des
firmes privées.
Caves et Christensen (1980) comparent la performance de
productivité de deux entreprises concurrentes canadiennes des chemins de
fer. Les deux grandes entreprises opèrent sur le même
marché, elles ont des tailles semblables et toutes les deux sont
soumises à la même compétition dans la période
considérée. En utilisant l'indice de la productivité
(rendement réel par unité d'input) comme mesure d'efficience
technique, leurs résultats montrent l'inexistence d'une preuve en faveur
d'une moindre inefficience de l'entreprise publique par rapport à celle
privée. Ces résultats contredisent les hypothèses de la
littérature sur les droits de propriété. Les auteurs
concluent que c'est la concurrence dans le marché et non la
propriété, qui est vraiment le facteur explicatif de
l'efficacité.
Kim (1981) a entrepris de comparer les performances de 12
firmes publiques et 23 firmes privés en Tanzanie. L'auteur conclut que
Les firmes privées sont plus efficientes que les firmes publiques
(meilleure productivité de la main d'oeuvre et profit net plus
élevé).
Boardman et Vining (1989) ont entrepris quelques années
plus tard des recherches similaires en comparant la performance de près
de 500 entreprises privées, mixtes et publiques de l'industrie
facturière et des mines établies hors des États-Unis en
1983. Les conclusions de ces recherches stipulent que les entreprises publiques
ou mixtes sont moins profitables et moins efficaces que les entreprises
privées anonymes. Ils notent également, que les entreprises
mixtes sont moins efficaces que les entreprises publiques. La privatisation
serait donc une nécessité parce qu'elle discipline les
entreprises et conduit à une meilleure gestion dans la mesure où
les marchés financiers soumettent les sociétés
privées à une plus grande rigueur de gestion.
C'est du moins le constat que se permet de poser Nellis
(1994). L'auteur soutient que les politiciens interfèrent moins dans le
fonctionnement des firmes privées qui sont possédées et
gérées par des actionnaires attentifs plutôt que par des
bureaucrates désintéressés. La propriété
selon Nellis (1994) serait donc la meilleure façon d'améliorer
l'efficacité d'une entreprise.
28
Bien que la plupart des études empiriques met en
évidence la supériorité des performances des entreprises
privées sur leurs homologues publiques, on ne peut passer sous silence
les résultats contradictoires obtenus par certains chercheurs. Ces
divergences de résultats induites par la privatisation suggèrent
si l'on se fie aux travaux de Cuirot et Villalonga (2000), Barberis et al.
(1996) qu'il y aurait des variables contextuelles (processus de privatisation,
environnement légal, économique et politique, facteurs
organisationnels) à prendre en considération dans
l'évaluation des incidences de la privatisation sur la performance des
entreprises.
En dépit du fait que les privatisations aient
été examinées dans un contexte africain de façon
générale dans le cadre de divers travaux (Campbell et Bathia,
1998 ; Makalou, 1999 ; Nakoulma, 2000), l'existence de résultats
empiriques contradictoires et peu d'études détaillées sur
ce phénomène au Cameroun de manière spécifique
justifient l'intérêt de l'étude de cas que nous
proposons.
29
CHAPITRE III : PROCESSUS DE PRIVATISATION AU
CAMEROUN
Pour un succès optimal de tout programme de
privatisation, il est urgent de définir les règles qui vont le
régir. En effet, par la mise sur pied d'un cadre réglementaire,
les initiateurs cherchent à répondre aux questions suivantes :
Quels objectifs voulons-nous atteindre ? Quelles techniques de privatisation
allons-nous retenir ? Quelles entreprises devons-nous privatiser, à qui
et à quel prix ? Il s'agit dans ce chapitre, de montrer quelles sont les
règles du jeu et les procédures de privatisations définies
par l'Etat camerounais.
3.1 Mise en oeuvre de la privatisation au Cameroun
La mise en oeuvre du programme de privatisation au Cameroun
s'est effectuée conformément aux objectifs qui lui ont
été assignés par l'ordonnance N° 90-004 du 22 juin
1990. Ces objectifs sont d'ordre macroéconomique et
microéconomique.
Au plan macroéconomique, quatre objectifs ont
été mis en avant : l'assainissement des finances publiques ; la
stimulation des initiatives privées et la promotion des investissements
; la restauration des mécanismes de marché et la mobilisation et
l'orientation de l'épargne nationale vers les investissements
productifs.
? L'assainissement des finances publiques
Il doit contribuer à l'allègement du
déficit budgétaire par une réduction des subventions. En
effet, au cours de l'exercice 1986/1987, le déficit budgétaire a
atteint le montant de 508 milliards de francs CFA contre 150 milliards en 1984
; le déficit global toutes activités non financières
confondues s'est chiffré à 80,6 milliards de francs CFA et
l'endettement total des entreprises publiques a atteint le montant record de
732 milliards de francs CFA. (Tamba, 1996). D'où la
nécessité de réduire le fardeau des entreprises publiques
sur l'économie nationale par la mise en oeuvre des mesures de
revitalisation appropriées.
? La stimulation des initiatives privées et la
promotion des investissements
Entre 1982/1983 et 1985/1986, les investissements
cumulés des entreprises publiques non financières se sont
élevés à 433.052 millions de francs CFA (Tamba, 1996), ce
qui était insuffisant pour combler les déficits
enregistrés. La persistance des déséquilibres
économiques a conduit l'Etat, soucieux d'améliorer le rapport
coût/efficacité de ses prestations, à chercher à
mettre à contribution l'initiative privée pour accroître
les
30
investissements. Le transfert au secteur privé
d'entreprises ou d'activités permet donc de mobiliser des ressources
additionnelles pour le financement des investissements ou des besoins en fonds
de roulement.
? La restauration des mécanismes du
marché
L'accaparement par l'Etat de l'économie nationale a
conduit à des rentes de monopoles préjudiciables à la
recherche de l'efficacité. Il est question ici, de supprimer les
distorsions commerciales et institutionnelles qui entravent les
compétitions entre firmes publiques et privées en instaurant la
concurrence, et donc le marché. Les repreneurs privés peuvent
avoir recours soit aux fonds propres, soit au marché auprès
duquel ils pourront lever les capitaux nécessaires à travers des
mécanismes qui ne sont pas toujours accessibles à l'Etat.
? La mobilisation et l'orientation de l'épargne
nationale vers les investissements productifs
Une part significative des actions des entreprises à
privatiser (jusqu'à 30% dans certains cas) est réservée
aux nationaux. L'acquisition effective par les nationaux de ces actions permet
de mobiliser l'épargne nationale et de l'orienter vers les
investissements productifs. Elle accroît ainsi le rôle participatif
des populations, stimule leur esprit d'entreprise et leur permet
d'acquérir une culture financière favorable au
développement des marchés de capitaux et à
l'épanouissement de l'entreprise.
Au plan microéconomique, les quatre objectifs
illustrés par le cas de la SONEL sont :
? L'amélioration à bref délai de
l'efficacité des systèmes et de la qualité de
services
En effet, la caractéristique principale des entreprises
d'Etat était l'inefficacité des moyens de production, ce qui ne
garantissait pas la qualité des biens produits, surtout dans les
entreprises de services publics. C'est ainsi que l'un des objectifs de l'Etat
lors de la privatisation de la SONEL était d'améliorer la
qualité de service fourni, c'est-à-dire
l'électricité produite, transportée et
distribuée.
? La promotion de la prise de participation par le
secteur privé national y compris les salariés de
l'entreprise
Il s'agit ici d'une participation représentative de
tous les acteurs. En effet, lors de la privatisation de la SONEL, 56% du
capital ont été cédés : 5% de ce capital devait
être
31
redistribué aux salariés de l'entreprise et les
51% restant sont entièrement détenus par l'AES. L'Etat
camerounais quant à lui, est censé redistribuer aux acheteurs
privés nationaux une partie des 44% du capital qu'il détient.
L'accroissement rapide des taux de desserte de la population sur l'ensemble du
territoire national en matière de services publics de base
(télécommunications, électricité, eau, transport,
etc.) avec un accent sur le milieu rural. L'Etat a mis l'accent sur la
réalisation de cet objectif lors de la cession de la SONEL. Il est
question pour la société de passer d'un taux de desserte de la
population, de 31% en 1999 à 49% en 2019 et 55% en 2026.
En milieu rural, des efforts ont déjà
été faits dans ce sens avec la création de l'Agence
d'électrification rurale, qui accorde aux opérateurs et aux
usagers l'assistance technique et éventuellement financière
nécessaire au développement de l'électrification rurale.
La réalisation de gains de productivité significatifs qui
permettent d'assurer une structure tarifaire optimale pour les services publics
concédés. Cet objectif montre l'importance de la tarification
dans les services publics de base. En général, les subventions
dont bénéficiaient les entreprises de ce type les contraignaient
à fixer des prix de vente ne pouvant leur permettre de couvrir
l'ensemble des coûts de production. Dans ce sens, il a été
recommandé à l'AES-SONEL de fournir l'électricité
à un prix compétitif aux industries et à la population
camerounaise de manière à réaliser des gains de
productivité.
Selon la Commission Technique de Privatisation et des
Liquidations (CTPL, 2003), l'on peut considérer que la mise en oeuvre du
programme de privatisation au Cameroun s'est effectuée en trois phases
:
? La première phase du programme
Le démarrage du programme a lieu avec la publication de
la première liste des entreprises à privatiser par le
décret N° 90/1423 du 03 Octobre 1990 portant privatisation de
certaines entreprises du secteur public et parapublic. Il s'agit d'une
quinzaine d'entreprises évoluant dans des secteurs divers tels
l'agro-industrie (OCB et CAMSUCO), l'industrie du bois (COCAM et SOFIBEL),
l'imprimerie (CEPER et Imprimerie Nationale), l'élevage (ONDAPB). A ce
jour, l'Etat s'est désengagé de la quasi-totalité des
entreprises à privatiser de la première liste à
l'exception de l'Imprimerie Nationale qui a été retirée du
programme de privatisation en Juin 1994, à cause de son caractère
particulier d'entreprise de service public.
32
? La deuxième phase du programme
La liste qui illustre la deuxième vague d'entreprises
à privatiser est publiée par le décret N° 94/125 du
14 Juillet 1994. Cette deuxième phase marque l'entrée en
scène des grandes entreprises de l'économie camerounaises dont la
CDC, la SOCAPALM, la SODECOTON, la REGIFERCAM et la CAMAIR. A ce jour, seule la
SODECOTON, la CAMTEL et dans une moindre mesure la CAMAIR (dont la
décision finale n'a pas encore été prise malgré des
avancées considérables du processus de privatisation) parmi ces
entreprises n'ont pas encore été privatisées.
? La troisième phase du programme
Celle-ci intervient avec le discours du chef de l'Etat le 1er
Juin 1995 et connaît l'introduction des grandes entreprises pourvoyeuses
de services publics dans la liste des sociétés à
privatiser. On peut citer la SONEL, INTELCAM et la SNEC. Finalement, le
décret 99/012 du 22 Septembre 1999 précisera formellement la
liste des autres entreprises à intégrer dans le processus. Outre
les entreprises productrices de services publics, on y retrouve la CIMENCAM et
la SCDP.
Ainsi, les secteurs concernés et qui étaient
jusque là monopolistiques ont connu de profondes réformes avec
notamment la création d'organes de régulation (ART pour les
télécommunications ou ARSEL pour l'électricité).
Une recension des entreprises privatisées8 à ce jour
peut donc être faite et ce en s'inspirant de Tsafack Nanfosso (2004),
Nzomo et Nzongang, 2007 mais aussi des informations reçues de la
CTPL.
3.2 Le cadre légal et principes directeurs des
privatisations camerounaises
3.2.1 Le cadre légal des Privatisations au
Cameroun
On pourrait situer la genèse de la
réglementation de la privatisation au Cameroun à la date du 03
juin 1986, avec la signature par le chef de l'Etat du décret
n°86/656 portant création d'une Mission de Réhabilitation
des Entreprises du Secteur Public et Parapublic (MRESPPP). La quintessence de
cet acte réglementaire nous permet de lire déjà dans les
intentions du gouvernement, la volonté de solutionner le problème
de la mauvaise santé des entreprises de son portefeuille, avec notamment
la mise en place des structures telles que :
8 Voir annexe D
33
- Le Comité Interministériel (organe
décisionnel) qui est présidé par le ministre des
finances.
- La Commission Technique de Privatisation et des Liquidations
(organe technique) qui a la charge de la supervision des études
techniques et financières, du lancement des consultations, du
dépouillement et de l'analyse des offres, du suivi des opérations
post-privatisation.
Cette intention va mieux s'afficher dans le décret
n° 89/010 du 04 janvier 1989 portant élargissement des attributions
de la MRESPPP. En effet dans son article premier, nous pouvons lire que la
Mission " veille à la mise en oeuvre du programme de privatisation et de
liquidation des entreprises publiques et parapubliques arrêté par
le gouvernement". Jusqu'ici, bien que la mise sur pied d'un programme de
privatisation soit déjà évoquée, la question du
comment est encore sans réponse. Il faudra attendre le 22 juin 1990,
avec la signature de l'ordonnance n° 90/004 relative à la
privatisation des entreprises publiques et parapubliques pour y voir plus
claire. Ce texte, véritable code en matière de privatisation dans
notre pays mentionne d'abord ce que l'Etat attend des privatisations. Ensuite,
il liste les personnes concernés par l'opération, définit
les différents objectifs assignés à celle-ci, choisit les
techniques qui seront utilisées, et fixe les modalités juridiques
financières et fiscale qui devront guider l'opération.
Le décret d'application de cette importante ordonnance
est référencé au n° 90/1257 du 30 août 1990. La
première liste des entreprises sujettes à cette opération
est contenue dans le décret 90/1423 du 03 octobre 1990. Ainsi se sont 15
entreprises appartenant à différents secteurs d'activité
qui sont pointées du doigt. Les décrets n° 94/ du 14 juillet
1994 et n° 99/210 du 22 septembre 1999 viennent compléter cette
liste en y ajoutant respectivement 15 et 7 autres entreprises. Au total, ce
sont 37 entreprises (auxquelles il faudrait ajouter trois établissements
financiers) qui ont déjà faits l'objet d'une volonté
manifeste de rétrocession de la part du Gouvernement.
3.2.2 Les principes directeurs des privatisations au
Cameroun
Dans le but de créer et de renforcer les conditions de
transparence et de saine concurrence dans le processus de privatisation, les
principes suivants sont respectés : l'évaluation préalable
et objective de l'entreprise, l'appel à la concurrence et la
publicité.
34
L'évaluation préalable est systématique
avant chaque opération de privatisation de manière à ce
que l'Etat sache ce qu'il vend et que les candidats investisseurs aient une
information fiable et complète sur chaque entreprise.
L'appel à la concurrence se traduit par des appels
d'offres lancés au plan international afin de susciter le plus grand
intérêt de la part des investisseurs.
La publicité quant à elle est destinée
à informer aussi bien l'opinion nationale que les investisseurs
camerounais et étrangers. Elle se fait à toutes les phases du
processus, depuis l'admission de l'entreprise à la procédure de
privatisation, jusqu'à la sélection provisoire et
définitive du repreneur.
3.3 Le processus de prise de décision
Le décret n° 90/004 du 11 juin 1990 dans son
article 3 prévoit comme mode désengagement de l'Etat non
seulement les opérations de privatisation (peuvent s'effectuer de
plusieurs manières), mais également celles de liquidation et de
dissolution. Pour pouvoir décider du mode de désengagement
à utiliser, il existe tout un processus qui comprend plusieurs
étapes.
3.3.1 La dissolution
La dissolution d'une entreprise est un événement
qui affecte une entreprise et entraine la liquidation des biens affectés
à l'activité de la société, pendant laquelle la
société, si elle est dotée de la personnalité
morale, va la conserver pour les besoins de cette liquidation.
Au Cameroun, la dissolution d'un établissement public
administratif appartenant à l'Etat est prononcée par
décret du Président de la République sur proposition
conjointe du Ministre chargé des finances et du Ministre chargé
de la tutelle technique. On peut faire référence au décret
n°99/057 du 19 mars 1999 portant dissolution de la REGIFERCAM. La
dissolution d'un établissement public administratif appartenant à
une collectivité territoriale décentralisée ou d'une
société à capital public avec une collectivité
territoriale décentralisée pour unique actionnaire est
prononcée par son organe délibérant. La dissolution des
sociétés à capital public avec plusieurs actionnaires et
des sociétés d'économie mixte est prononcée sur
décision de l'assemblée générale extraordinaire des
actionnaires et conformément aux dispositions statutaires en la
matière.
Dans les huit (8) jours francs de la décision de
dissolution, celle-ci fait l'objet de publicité dans un journal
d'annonces légales et dans un organe de presse nationale. La date
35
de publication ouvre la période de liquidation. A
compter de cette date et sauf clause contraire de l'acte prononçant la
dissolution : le conseil d'administration et la direction
générale sont dessaisis de leurs fonctions et tous les contrats
en cours sont interrompus sous réserve de la poursuite de certains
contrats.
La dissolution des établissements publics
administratifs intervient en cas d'extinction de leur mission ou pour toutes
autres causes prévues dans leur acte constitutif. L'Etat, ou la
collectivité territoriale décentralisée selon le cas, est
responsable du passif des établissements publics administratifs. La
dissolution des sociétés à capital public et des
sociétés d'économie mixte est prononcée pour les
causes prévues dans leurs statuts ou dans la loi régissant les
sociétés anonymes.
Si du fait des pertes constatées dans les documents
comptables, les capitaux propres de l'entreprise sont inférieurs
à la moitié du capital social, les administrateurs sont tenus de
provoquer la tenue d'une assemblée générale extraordinaire
au plus tard dans les six (6) mois suivant le constat des pertes, à
l'effet de statuer sur les mesures de régularisation à prendre,
ou à défaut, sur la dissolution anticipée. Dans tous les
cas, la dissolution anticipée est prononcée à la
clôture du deuxième exercice suivant celui au cours duquel la
constatation des pertes est intervenue, à défaut de
régularisation. Le ou les commissaires aux comptes sont tenues d'avertir
le Ministre chargé des finances dès la clôture de
l'exercice au cours duquel les pertes ont été
enregistrées.
L'acte prononçant la dissolution de l'entreprise
spécifie s'il y a ou non continuation de l'activité pendant la
période de liquidation. La publication de l'acte prononçant la
dissolution de l'entreprise suspend ou interdit toutes poursuites par voie
principale ou reconventionnelle, par voie de référé ou par
toute voie gracieuse, toute action en cours à son encontre, ainsi que
toutes les voies d'exécution sur son patrimoine. Toutefois, les
créanciers titulaires d'une sûreté ou d'un privilège
spécial peuvent, dès lors qu'ils ont déclaré leurs
créances, exercer leur droit de poursuites individuelles, Si le
liquidateur n'a pas entrepris la liquidation des biens grevés dans le
délai de six (6) mois à compter de son entrée en
fonction.
La dissolution d'une société est un acte grave,
notamment d'un point de vue fiscal c'est pourquoi il est conseillé
d'avoir recours à un avocat. Une fois la dissolution de la
société enregistrée vous entrez dans la phase de
liquidation qui peut durer 3 années maximum.
3.3.2 La liquidation
De manière très simple liquider une entreprise
c'est vendre tout son actif afin de couvrir dans un certain pourcentage et
selon un ordre légal de préférence son passif. En effet
c'est une
36
opération qui intervient quand l'entreprise souffre
d'un sérieux déséquilibre financier, et ne peut plus faire
face à ces engagements à court terme. Pour ce qui est du
processus camerounais de rétrocession, les étapes
préalables qui déclenchent le processus de prise de
décision sont celles de l'analyse en profondeur et de
l'évaluation de l'entreprise. Cette évaluation est
effectuée dans le but d'informer l'Etat et les candidats investisseurs
sur la valeur de ce qui va être vendu. Au bout de cette étape, on
peut savoir si l'entreprise est viable et si elle a réellement des
chances de subsister. Dans le cas contraire, on décide de liquider
l'entreprise. Là encore, il revient au liquidateur de procéder
à :
· L'établissement d'un inventaire de l'actif et du
passif
· Paiement des dettes de la société
· Paiement des créanciers de la
société (salariés, fournisseurs, Etat...)
· L'établissement des comptes définitifs
de liquidation (à faire approuver par l'assemblée des
associés)
· Dépôt de la décision
d'assemblée d'approbation des comptes au greffe du tribunal de commerce
(donnant lieu à la radiation du registre de commerce et des
sociétés)
· Publication de l'avis définitif de
clôture dans un journal d'annonces légales
· Partage de la somme restante non utilisée (boni
de liquidation) entre les associés. Cette étape est à
effectuer suite au paiement de toutes les dettes et demeure optionnelle en
fonction d'existence dudit boni de liquidation.
3.3.3 La restructuration
Après une analyse en profondeur et une
évaluation de l'entreprise, si on se rend compte que celle-ci n'est que
convalescente, autrement dit qu'avec quelques efforts de gestion elle peut
encore subsister, alors on l'engage dans un processus de restructuration. La
restructuration est une opération par laquelle l'Etat s'engage à
rendre l'entreprise mieux vendable soit en durcissant sa gestion, soit en
engageant des opérations assainissement, capables de la ramener sur le
chemin de la prospérité. Si l'opération de restructuration
(qui peut être plus ou moins longue) s'avère être une
réussite à terme, l'Etat aura ainsi contribué à
rendre l'appel d'offre plus attrayant. Et la concurrence entre les potentiels
repreneurs parce que plus incités est de nature à augmenter le
prix de cession de l'entreprise. Il peut également arriver qu'au bout
d'une opération de restructuration, l'Etat n'ait pas réussi
à améliorer la santé financière de l'entreprise.
Dans ce cas, la solution précédente, celle de la liquidation est
la seule à pouvoir être envisagée.
37
3.4 De la stratégie de Privatisation à
la signature du contrat
Maintenant que l'on est fixé sur le sort de
l'entreprise, il faudrait établir une stratégie de privatisation
qui soit adaptée à ses spécificités. Il faudrait
également lancer l'appel d'offre et aboutir à la signature de la
convention de vente.
3.4.1 La préparation de la stratégie de
Privatisation
Les études faites au préalable auront permis
d'avoir les informations nécessaires à la définition des
conditions et des modalités par lesquelles la privatisation devra
être faite pour atteindre les objectifs qui lui sont assignés.
Ainsi comptes tenus des forces et des faiblesses de l'entreprise, de ses
contraintes et atouts spécifiques, des conventions qui la lient avec les
tiers, ou avec certains associés, l'Etat va adopter une
stratégie. Il s'agira par exemple de négocier un plan social
lorsque celui-ci est prévu, d'harmoniser les points de vue des
différents stakeholders avec lesquels l'entreprise est liée,
avant de passer à la phase cruciale de lancement d'appel d'offre. Par
ailleurs la stratégie de privatisation en intégrant dans ses
coefficients directeurs les informations fournies par les études
antérieures détermine une valeur de référence
à l'entreprise qui est destinée à servir de repère
dans l'appréciation des résultats de l'appel d'offre, ou dans la
négociation. Car le prix réel de l'entreprise est celui issu de
la confrontation entre l'offre et la demande.
3.4.2 L'Appel d'offre
L'opération d'appel d'offre est une étape
fondamentale dans le processus de privatisation d'une entreprise. Dans son
quatrième article, le décret n°90/004 du 11 juin 1990
stipule "qu'afin d'assurer la transparence des opérations de
privatisation, et dans un souci d'obtenir un juste prix pour l'Etat, elles
devront être effectuées conformément aux principes
directeurs" parmi lesquels l'appel à la concurrence. Les
différentes informations concernant l'entreprise, le secteur
d'activité dans lequel exerce l'entreprise, sont contenus dans le
dossier d'appel d'offre. Une fois l'appel d'offre lancé, la gestion du
processus de sélection de l'adjudicataire est organisée par
rapport à chaque dossier. Les offres reçus sont
évaluées aussi bien sur les aspects techniques que financiers,
pour la désignation de l'adjudicataire provisoire avec qui il convient
de négocier.
38
3.4.3 Signature de la convention de cession
Les résultats des négociations avec
l'adjudicataire provisoire sont sanctionnés par une convention qui
définit les conditions et modalités de la cession. Ces conditions
sont souvent contenues dans un cahier de charges. La convention étant
signée, le transfert de propriété entre l'Etat et
l'acheteur est effectué.
3.5 Les techniques de privatisation
D'une manière générale on distingue cinq
principaux schémas de privatisation, à savoir la vente
d'éléments d'actifs, la vente d'actions, la concession, le
contrat de gestion et l'affermage. Ces méthodes peuvent être
regroupées en deux grandes catégories : celles qui
transfèrent le droit de propriété des actifs ou actions de
l'Etat au secteur privée comme dans les deux premiers modes et celles
qui confient au secteur privé uniquement le droit d'exploitation des
actifs, la propriété de ceux-ci demeurant avec l'Etat, comme dans
les trois derniers modes. En ce qui concerne les formes de privatisation au
Cameroun, l'ordonnance du 11 juin 1990 fixe les cinq modalités suivantes
:
? La cession totale ou partielle d'actions
détenues par l'Etat et les organismes publics ;
L'Etat peut décider ici de vendre tout ou partie de
ses actions au privé. Les ventes de blocs d'actions se font en recourant
à la concurrence, soit par appel d'offres sur la base d'un cahier des
charges, soit à la criée par le biais de la bourse des valeurs
mobilières. Elle peut aussi prendre la forme d'une vente d'un bloc de
contrôle combinée avec une offre publique de vente (O.P.V). Cette
pratique est utilisée pour les entreprises financières saines et
disposant d'un potentiel de croissance. Dans ce cas, la vente d'un bloc de
contrôle est combinée avec la réalisation d'une O.P.V.
Cette technique est de nature à assurer une large diffusion de
l'actionnariat et l'introduction en bourse de nouveaux titres. Ce mode a
été observé lors de la privatisation de certaines
entreprises telles que la SOCAMAC, la SEPBC et la SCDM.
? La cession totale ou partielle des actifs des
entreprises à privatiser ;
Il s'agit de la cession au privé d'une partie ou de
l'ensemble du patrimoine de l'entreprise. Cette technique est
généralement utilisée pour les entreprises à
structure financière déséquilibrée et dont le
redressement nécessite des moyens importants. Elle porte sur la cession
d'unités autonomes d'exploitation. Cette technique, de moins en moins
utilisées,
39
cède progressivement la place à la technique de
vente de blocs d'actions. La cession des entreprises telles que l'OCB ou la
COCAM s'est effectuée suivant ce mode.
? L'entrée au capital des entreprises, de
personnes physiques ou morales de droit privé
Ce mode de privatisation est souvent délicat lorsqu'il
s'agit des entreprises de services publics. En général, la
cession de telles entreprises se fait sous forme de concession, où le
concessionnaire réalise et finance les investissements.
L'inconvénient de cette forme est que celui-ci peut refuser de reprendre
l'entreprise en un bloc et n'acheter que les activités à forte
rentabilité. Ceci n'a heureusement pas été le cas lors de
la cession de la SONEL. L'opérateur AES a repris les trois segments du
secteur à savoir la production, le transport et la distribution ;
celui-ci pouvait bien se limiter qu'à ne prendre que le (s) segment(s)
à forte rentabilité.
? La location ou la location-gérance des
actifs et/ou des formulaires de commerce de l'entreprise à privatiser
;
Elle consiste en un transfert de la gestion et de
l'exploitation d'une activité traditionnellement assurée par une
entité publique, à une personne ou une entité
privée, et ce pour une période déterminée (de 5
à 10 ans) au cours de laquelle le concessionnaire réalise et
finance les investissements. A l'échéance, l'opérateur
retourne les loues à l'Etat.
? La signature d'un contrat de gestion et
d'affermage.
Dans ce type de contrat, l'Etat demeure propriétaire
des actifs et ne cède que la gestion de l'entreprise au secteur
privé approprié, la durée du contrat n'excédant pas
cinq ans. Ainsi, l'Etat continue à assurer les risques commerciaux de
l'activité et les charges de maintenance de renouvellement et
d'extension des investissements. Cette formule s'applique à
l'assainissement urbain et à l'entretien des routes. La durée du
contrat n'excédant pas cinq ans.
Dans le cas où, l'investisseur privé prend en
charge la gestion et l'entretien des équipements, et supporte la
totalité du risque lié à son exploitation. On parle
plutôt de contrat d'affermage. A l'échéance, du contrat,
dont la durée est de cinq à dix ans, l'opérateur retourne
les actifs loués à la puissance concédante. L'affermage
est attribué à travers une procédure d'appel d'offres ou
négocié de gré à gré avec l'Etat. Dans les
pays francophones, c'est la modalité utilisée pour la
privatisation de l'eau. Ce mode a été observé lors de la
privatisation de la SNEC.
40
CHAPITRE IV : APPROCHE METHODOLOGIQUE
Dans le présent chapitre de cette étude, nous
allons exposer la méthodologie retenue dans le cadre de cette recherche
et nous présenterons par la suite, les limites de notre étude.
4.1 Données et échantillons
Pour ce qui concerne la recherche, nous avons eu recours
à des données secondaires. La liste des entreprises
privatisées nous a été fournie non seulement par la
commission technique de privatisation et de liquidation (CTPL) mais aussi, nous
avons consulté divers papiers de recherches et études ainsi que
des sites internet. Selon la définition de la privatisation, nous
comptons actuellement 24 entreprises privatisées au Cameroun. Mais
malheureusement, l'étude ne porte que sur 8 soit 1/3, pour deux causes
essentielles : la première est due au manque de données sur les
entreprises anciennement privatisées ; la deuxième cause est due
au fait que certaines entreprises sont réticentes quant à
l'accès à ces informations.
Ainsi, grâce à la collaboration de l'Agence de
Régulation du Secteur d'Electricité (ARSEL), la Commission
Technique de Réhabilitation des entreprises publiques (CTR), l'Institut
Nationale de la Statistique (INS) et la Société Nationale
d'Investissement (SNI), nous avons pu collecter les données qui seront
analysées dans la suite. Et c'est par rapport à la
disponibilité de ces informations que finalement notre étude ne
portera que sur 8 entreprises mentionnées dans le tableau suivant :
Tableau 4: Les 8 entreprises privatisées de
l'étude
Entreprises
|
Cessionnaire
|
% du secteur privé étranger
|
CDC
|
BROBON FINEX LIMITED
|
60 (Afrique du Sud)
|
CHOCOCAM
|
TIGER BRANDS
|
70,74 (France)
|
HEVECAM
|
GMG Investment
|
90 (USA)
|
REGIFERCAM
|
BOLLORE-COMAZAR
|
77 (France et Afrique du Sud)
|
SEPBC
|
Investisseurs étrangers
|
70 (France)
|
SOCAMAC
|
GEODIS
|
51 (France)
|
SOCAPALM
|
PALCAM SOGEPART
|
90 (France)
|
SONEL
|
AES
|
51 (USA)
|
|
Source : Tsafack Nanfosso (2004), Nzomo et
Nzongang (2007) et CTPL
41
Les données ont été prises annuellement
pour chaque entreprise sur une période de neuf (9) ans
c'est-à-dire trois (3) années avant la privatisation de
l'entreprise et cinq (5) années après sa privatisation.
L'année de la privatisation étant considérée comme
l'année zéro. Elles concernent en l'occurrence les
résultats nets (RN), le chiffre d'affaires (CA), l'actif total (AT), les
fonds propres de l'entreprise (CP), le nombre d'employés (NE) et les
ventes réelles (VR).
4.2 Le modèle d'analyse et ses
spécifications
L'étude empirique s'est déroulée en deux
étapes et évaluera la performance à la lumière de
deux indicateurs regroupés sous une batterie de ratios que sont les
ratios de rentabilité et de productivité.
La méthodologie utilisée dans la
première étape est inspirée de celle utilisée par
Megginson et al. (1994). Elle a permis principalement de tester
l'efficacité statique, en évaluant l'incidence de la
privatisation sur les deux variables de performance retenue dans cette
étude (rentabilité et productivité). En effet, cette
étape a consisté d'abord en un simple calcul à partir
d'Office Excel 2010 des ratios de rentabilité et de productivité
entreprise par entreprise et, en moyenne, sur des périodes de trois
années, avant et cinq années après la privatisation,
l'année de privatisation étant considérée comme
l'année d'origine et donc prenant la valeur O. Ensuite, nous avons
comparé la moyenne des ratios avant la privatisation à ceux
après la privatisation pour chaque entreprise. Une récapitulation
des ratios d'analyse est présentée dans le tableau suivant :
Tableau 5: Présentation des ratios
d'analyse
Indicateurs de performance
|
Outils de mesure des variables
|
Résultats prévisionnels
|
Indice
d'appréciation
|
Rentabilité
|
ROS = Résultat net/Chiffre d'affaires
ROE = Résultat net/Fonds propres ROA = Résultat
net/Actif total
|
ROSa > ROSb ROEa >
ROEb ROAa> ROAb
|
+
|
Productivité
|
SPE = Ventes réelles/Nombre d'employés IPE =
Bénéfice net/Nombre d'employés
|
SPEa > SPEb IPEa > IPEb
|
+
|
|
Source : l'auteur
42
Légende
ROS : Return On Sales ou taux de marge nette
ROA: Return On Assets ou rentabilité des
actifs
ROE : Return On Equity ou rentabilité des
capitaux propres
SPE : Sales Per Employee ou productivité
commerciale
IPE : Income Per Employee ou bénéfice par
employé
L'indice a signifie « after privatization» ou
après privatisation
L'indice b signifie « before privatization» ou avant
privatisation
Enfin, nous avons fais recours au test de différence
de médiane (test de Wilcoxon), afin de mettre en exergue les
éventuels changements qui ont prévalu dans la performance des
entreprises publiques privatisées et de dire si ces changements sont
significatifs.
? Description du test de différence de
médiane
Ce test non paramétrique nous permet de cerner l'effet
statique de la privatisation sur la performance des huit entreprises publiques
camerounaises. De manière plus explicite, quatre étapes
permettent de parcourir le test dans le cas où N, le nombre de paire
d'observations non nulles est inférieur ou égal à 30.
- Etape 1 : on détermine les
différences DI et on les classe dans l'ordre croissant de leur valeur
absolue en écartant les différences nulles.
Si nous revenons à notre étude, DI = MOYai -
MOYbi
Avec : MOYai, la moyenne du sous échantillon après
la privatisation pour l'entreprise i
MOYbi, la moyenne du sous échantillon avant la
privatisation pour l'entreprise i
- Etape 2 : on fait la somme des
rangs des différences positives qu'on note T+, et celle des
différences négatives en valeur absolue notée T-.
- Etape 3 : pour la suite du test,
nous prenons la valeur minimale entre T+ et T-. Cette valeur notée T
sera utilisée pour prendre notre décision.
- Etape 4 : on décide. On
lit dans la table de Wilcoxon, la valeur critique de T correspondant à N
et à un seuil de significativité.
Si T est inférieur ou égal à la valeur
critique lue sur la table, on rejette l'hypothèse nulle.
En prenant l'exemple de notre première
hypothèse : "la privatisation améliorerait la
rentabilité des entreprises publiques camerounaises", nous aurons
:
43
HO : pas de différence entre les situations avant ou
après la privatisation. (Dans ce cas notre hypothèse n'est pas
vérifiée).
H1 : il y a une différence entre les deux situations. Et
particulièrement dans notre étude, cette
différence doit être positive pour signifier un
accroissement. Il faudrait ainsi que T+ soit supérieur à T-.
Ainsi après lecture dans la table de la valeur critique
de T, nous pouvons nous prononcer de la manière suivante :
T > valeur critique lue sur la table
|
On accepte HO
|
T = valeur critique lue sur la table
|
On accepte H1
|
|
De façon à mieux rendre compte de la dynamique
temporelle, des tests complémentaires (test de Wilcoxon) ont
été conduits sur la valeur des mêmes indicateurs
(rentabilité et productivité) en opposant successivement les
années extrêmes - 3/+ 5, puis - 3/0 (période de
pré-privatisation) et, enfin, 0/+ 5 (période de
post-privatisation). Cette deuxième variante de la procédure de
Megginson et al. (1994) présente deux avantages :
Premièrement, l'effet éventuel de la
privatisation risque d'être plus accentué et plus apparent, s'il
est évalué en opposant les données des années - 3
et + 5, plutôt qu'à partir des moyennes avant et après
privatisation. Les changements de niveaux de performance mettent habituellement
un certain temps à apparaître de façon significative
à travers les données comptables.
Deuxièmement, cette variante permet de savoir si
l'incidence s'est produite avant la privatisation, après la
privatisation ou, progressivement, au cours des neuf années
d'observation. De cette façon, on peut mettre en évidence, au
moins de façon grossière, la dynamique du processus de
privatisation. Toujours dans le même objectif, nous avons mesuré
ensuite, pour les deux méthodes, le pourcentage d'entreprises pour
lequel la variation de l'indicateur a été conforme aux
prédictions théoriques, et nous avons testé (test non
paramétrique du signe) la significativité de cette proportion. Ce
test permet d'échapper aux biais qui entachent les tests
effectués sur les moyennes. Cependant, quelque soit la méthode
retenue, l'effet dynamique de la privatisation n'est mesuré que
très imparfaitement.
Pour répondre à cette critique, nous avons dans
une deuxième étape, eu recours à l'aide du logiciel EVIEWS
7 à la procédure proposée par Villalonga (2000) : le
modèle économétrique SUR
44
? le modèle économétrique SUR
(Seemingly Unrelated Regressions)
Il s'agit de mesurer, dans un modèle de
régression, les taux d'accroissement de la performance après la
privatisation. Pour cela, les principaux indicateurs de performance ont
été régressés sur trois variables :
- une première variable, le temps T (les valeurs 1
à 9 désignant les neuf années) ;
- une seconde variable muette P traduisant la privatisation
valant 0 quand l'entreprise est publique et 1 lorsqu'elle est privatisée
;
- une troisième et dernière variable,
dénommée TP, égale au produit de la variable temps et de
la variable muette « privatisation ».
Compte tenu de la double dimension des données,
transversale et temporelle, la régression a porté sur 72
observations (8 entreprises sur 9 ans) et se présente sous la forme
générale suivante :
PERFit = ái + D1i Tit + D2iPit + D3iTPit + D4
tailleit+ D5 cycleit +åit (1)
Avec:
PERFit : la variable mesurant la performance de
l'entreprise i à l'année t
Tit : le temps t pour la firme i (valeurs
allant de 1 à 9 pour les neuf ans considérés pour chaque
entreprise).
Pit : une variable muette de privatisation
qui prend la valeur 1 lorsque l'entreprise i est devenue privatisée et 0
avant la privatisation.
TPit : une variable exprimant l'interaction des
deux variables précédentes ;
tailleit : la taille de l'entreprise
(mesurée par le chiffre d'affaires) de l'entreprise i à
l'année t. cycleit : le taux de croissance du PIB
(Produit Intérieur Brut), l'année t pour la firme i.
En effet, dans son étude, Villalonga (2000) teste dans
l'équation (1), l'effet du temps T, de la privatisation P et TP (le
produit de la variable temps et de la variable P et qui nous donne la
période post privatisation) sur l'efficacité. Il est à
noter que le temps T couvre les années d'observation (neuf
années) ; la variable P est une variable indicatrice qui prend la valeur
0 lorsque l'entreprise est encore publique et la valeur 1 lorsqu'elle est
privatisée. La variable TP est une variable qui traduit l'horizon de
temps dans lequel l'entreprise est privatisée. Le coefficient de la
variable TP permet de mesurer et de tester l'effet sur l'accroissement de la
performance au cours de la privatisation c'est-à-dire sur six
années,
45
l'année de privatisation et les cinq années qui
suivent pour chacune des entreprises. Les coefficients de la variable P
permettent de mesurer et de tester, pour chaque entreprise l'effet seuil de la
privatisation.
L'équation (1) suppose que la performance de
l'entreprise (exprimée par le ROS, le ROE, le ROA, le SPE et l'IPE) est
expliquée par la variable temps (T), la privatisation (P), la
période post privatisation (TP), la taille (mesurée par le
chiffre d'affaires) et la croissance du produit intérieur brut
(cycle).
A l'instar des travaux de Villalonga et Charreaux,
l'équation (1) suppose que les effets de la taille et du cycle
économique sur la performance sont identiques quelle que soit la firme.
A la suite de Villalonga (2000) et de Charreaux (2004), nous faisons ainsi
l'hypothèse implicite que les facteurs communs : taille et
cycle9 échappent au contrôle des firmes et qu'il n'y a
pas de lien direct entre l'incidence de la privatisation sur la performance
(rentabilité et productivité) et la taille. Les effets des
variables T, P et TP sont, en revanche, spécifiques à chaque
entreprise et sont supposés fixes.
4.3 Limites de l'étude
Notre étude a été effectuée sur
une période de neuf ans et porte sur (8) huit entreprises parmi les (24)
vingt-quatre privatisées actuellement au Cameroun. Pourtant, au
départ nous avions prévu de travailler avec un échantillon
composé d'au moins quinze (15) entreprises dont le choix était
régi par un souci de représentativité des trois secteurs
de l'économie camerounaise (secteur primaire, secondaire et tertiaire)
et aussi sur une période plus longue. Malheureusement, nous n'avons pas
pu le réaliser.
En effet, la non disposition d'une base de données sur
les privatisations par l'Etat camerounais, le caractère confidentiel des
informations comptables et financières, l'indisponibilité des
données dans les structures censées les détenir, la forte
réticence de la part des détenteurs des dites informations,
malgré les multiples démarches entreprises et la
présentation de la lettre de recommandation, ne nous ont pas rendu la
tâche facile. Au niveau de certaines institutions nous avons même
été considérés comme des journalistes à la
recherche d'informations sensibles et il nous a été interdit de
revenir chercher quoi que ce
9 De même que Villalonga (2000, p, 58, note
17) et Charreaux et Alexandre (2001, p22, note 21) et pour la même raison
inhérente au faible nombre de firmes retenues dans l'échantillon,
la constante n'a pas été remplacé par une variable
transformée égale à l'écart type par rapport
à la moyenne comme c'est le cas lorsqu'on estime les modèles
à effets fixes sur des échantillons de grandes tailles.
46
soit. C'est la raison pour laquelle nous avons
travaillé avec le peu d'information que nous avons pu obtenir, nous
ramenant ainsi à huit (8) entreprises privatisées.
Les approches utilisées pour évaluer la
performance des entreprises privatisées sont multiples et cette
diversité explique habituellement les diverses discordances entre les
résultats des études sur la question. Il importe à cet
égard de préciser que le parti pris que nous avons fait de
recourir à des mesures comptables comporte des limites et les
indicateurs retenus ne sont pas non plus exempts de critique, ne serait-ce
qu'en raison des biais qui peuvent se situer dans la fiabilité des
informations comptables obtenues.
L'analyse des performances des entreprises avant et
après privatisation est une opération complexe et
délicate, pour deux raisons : la première est que la notion
même de performance n'est pas clairement définie par la
théorie économique et que sa mesure reste sujette à
diverses démarches et à des vives polémiques. La seconde
raison tient au fait que l'entreprise privatisée a un passé
d'entreprise publique, ce qui rend réducteurs certains instruments
d'appréciation des performances ex ante et ex post. Par ailleurs, la
problématique de la fiabilité des données recueillies peut
contrevenir à la rigueur des résultats de notre analyse. Il est
donc important à ce stade-ci, d'examiner ces résultats avec une
certaine prudence. En outre, les relations bidirectionnelles entre la
privatisation et son impact sur la performance des entreprises pour être
judicieusement vérifiées, supposent une étude
longitudinale et transversale sur un échantillon plus grand, et sur une
durée plus longue afin de ne pas perdre de vue les effets temporels
éventuels des privatisations. De plus nous n'avons pas pu prolonger
cette analyse en intégrant les variables de nature organisationnelle et
des variables de gouvernance susceptibles d'influencer les performances des
entreprises privatisées.
Cependant, malgré les insuffisances que peut contenir
cette étude, les traits dominants et les résultats de notre
recherche impliquent clairement certaines déductions, qui, nonobstant
les biais méthodologiques, sont trop fortes pour être
négligées, en raison même de leur cohérence. De
plus, l'analyse statique et dynamique effectuée nous permet de
conférer à nos résultats, une plus grande robustesse. Par
conséquent, nos conclusions (mais non l'argumentation et la
démarche) ne diffèrent pas de celles auxquelles sont parvenus
bien avant nous, des recherches similaires sur l'impact des privatisations en
Afrique de façon générale (Campbell et Bhatia 1998 ; Jones
et al. 1999).
47
CHAPITRE V : RESULTATS ET INTERPRETATIONS
Etant donné les deux indicateurs retenus de la
performance à savoir la rentabilité et la productivité,
les résultats vont comprendre les effets statiques et dynamiques
correspondant respectivement à chacun des dits indicateurs.
5.1 Effets statiques de la privatisation sur la
rentabilité des entreprises
Les premiers résultats de calcul des moyennes trois
années avant et cinq années après la privatisation des
ratios de rentabilité de chaque entreprise ainsi que les
représentations graphiques de l'évolution du ROS et des tests
effectués sur les trois indicateurs de rentabilité sont
illustrés dans les paragraphes suivants.
Tableau 6: Comparaison de la rentabilité des
entreprises publiques trois ans avant et cinq ans après leur
privatisation (t = -3 à +5, variante 1)
Mesure
Entreprise
|
ROS (RN/CA)
|
ROE (RN/CP)
|
ROA (RN/AT)
|
|
MOYa
|
MOYb
|
MOYa
|
MOYb
|
MOYa
|
AES-SONEL
|
-0,099
|
0,127
|
-0,263
|
0,312
|
-0,067
|
0,136
|
CAMRAIL
|
-0,162
|
0,027
|
-0,306
|
0,125
|
-0,025
|
0,006
|
CDC
|
-0,084
|
0,033
|
-0,282
|
0,074
|
-0,057
|
0,018
|
CHOCOCAM
|
0,037
|
0,066
|
0,186
|
0,261
|
0,059
|
0,079
|
HEVECAM
|
-0,075
|
0,102
|
-0,037
|
0,062
|
-0,014
|
0,019
|
SEPBC
|
0,032
|
0,120
|
0,143
|
0,555
|
0,019
|
0,103
|
SOCAMAC
|
0,049
|
0,071
|
0,220
|
0,312
|
0,048
|
0,069
|
SOCAPALM
|
0,001
|
0,044
|
0,001
|
0,046
|
0,001
|
0,041
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Légende
ROS : Return On Sales ou rentabilité commerciale
(= Résultat net / Chiffre d'affaires)
48
ROE : Return On Equity ou rentabilité
financière (= Résultat net / Capitaux propres) ROA : Return
On Assets ou rentabilité globale (= Résultat net / Actif
total)
MOYa : moyenne « after privatization »,
après privatisation MOYb : moyenne « before privatization »,
avant privatisation
L'observation de ce tableau, nous montre que la privatisation
a été source d'amélioration de la rentabilité pour
chacune des entreprises de notre échantillon. Ceci vient corroborer les
allégations théoriques de Yarrow (1986) et Boyko et al. (1996)
qui stipulent que la rentabilité des entreprises nouvellement
privatisées (anciennement publiques) devrait augmenter pour plusieurs
raisons. D'abord, les nouveaux actionnaires vont chercher à augmenter
leurs profits et les nouveaux dirigeants vont devoir se conformer à cet
objectif. La privatisation transférant les droits de contrôle aux
actionnaires privés, les dirigeants vont devoir s'intéresser au
compte d'exploitation de l'entreprise plutôt que de se conformer aux
directives du gouvernement qui cherche, entre autres, à protéger
l'emploi ou, plus généralement, à atteindre ses propres
objectifs plutôt que la rentabilité de l'entreprise.
Ces résultats viennent également en
conformité avec les allégations de Ehrlich, Gallais-Hammond et
Lutter (1990) selon lesquelles l'entreprise privatisée est plus rentable
que l'entreprise publique parce que le propriétaire privé,
pouvant facilement vendre ou échanger ses droits de
propriété, se préoccupe davantage d'augmenter la
qualité et la rentabilité de son bien.
Prenons le cas de la SONEL et de la REGIFERCAM pour essayer
de comprendre ces résultats. En effet, pour ce qui est de la SONEL, nous
constatons que la moyenne du taux de marge nette est passée de -0,099
(trois années avant la privatisation) à 0,127 (cinq années
après la privatisation) ce qui traduit une augmentation des
bénéfices réalisés par l'entreprise suite à
une augmentation du volume d'activité ; de même nous pouvons noter
une amélioration de la rentabilité des capitaux propres (ROE) de
-0,263 (trois années avant la privatisation) à 0,312 (cinq
années après la privatisation) traduisant ainsi une incidence
positive des fonds propres dégagés par les nouveaux actionnaires
suite à l'ouverture du capital. On peut aussi remarquer une
amélioration de la rentabilité des actifs (ROA) qui est
passée de -0,067 (trois années avant la privatisation) à
0,136 (cinq années après la privatisation) traduisant une
amélioration significative de l'ensemble des actifs utilisés par
la SONEL après sa privatisation. Cette amélioration de la
rentabilité de l'entreprise n'est que la résultante d'un ensemble
d'aménagements effectués au sein de la société lors
de sa privatisation.
49
En effet, la production d'énergie électrique de
la SONEL est passée de 2417 Gwh en 1988 à 3536 Gwh l'année
de sa privatisation c'est-à-dire en 2001 ceci étant dû
à une augmentation de la puissance installée qui est
passée de 757 Méga watt (Mw) en 1988 à 843,5 Mw en 2001.
En outre, la SONEL exploitait jusqu'en 1994, 480 km de lignes 225 kilovolt
(kv), 100 km de lignes 110 kv, 1064 km de lignes 90 kv et en 2001, la longueur
des lignes 110 kv est passée à 337 km, les autres étant
restées inchangées. Le segment de distribution comprenait quant
à lui en 1988, 7918 km de lignes répartis de la manière
suivante : 3864 km de lignes moyenne tension à 33, 30, 15, 10 et 5,5 kv
; 4064 km de lignes basse tension et 3299 postes de transformation. Les
aménagements effectués dans ce segment lors de la privatisation
ont permis l'augmentation des lignes et des postes de transformation
d'où en 2001, on recensait 19033 km de lignes et 6444 postes de
transformation.
Grâce à ses aménagements, le chiffre
d'affaire d'AES- SONEL passe de 67 milliards de FCFA en 1995/96 à 90
milliards de FCFA au cours de l'exercice 2001, soit une croissance de 34% au
cours de la période ou 6,8% par an pour l'entreprise publique. De son
coté, l'entreprise privée fait passer son chiffre d'affaires de
90 à 203 milliards en 2007, soit une croissance de 125% et donc 20,8%
par an (Touna Mama, 1996). La progression de l'activité sous la gestion
privée est ainsi trois (3) fois plus rapide que sous la gestion publique
résultant certainement d'une approche plus dynamique et plus
volontariste dans le but de maximiser le profit au contraire de l'entreprise
publique.
Il en va de même en ce qui concerne la REGIFERCAM, le
chiffre d'affaire de celle-ci atteint un plafond de 31,5 milliards de FCFA au
cours de l'exercice 1984/85 ; puis il chute à 21,5 milliards en 1987/88
avant de remonter et de se stabiliser à 29,7 milliards de francs CFA
à partir de l'exercice 1994/95, soit une baisse de 6% au cours de la
période publique. Sous la gestion de l'opérateur privé
CAMRAIL le chiffre d'affaire atteint un pic de 46,2 milliards dès
l'exercice 2002 avant de connaitre un léger repli pour se situer
à 44,4 milliards, l'exercice suivant soit une croissance de près
de 50% (Touna Mama, 1996). Ce qui traduit une approche plus dynamique de la
part de l'operateur privé au contraire du gestionnaire public.
Tous ces aménagements effectués au sein de
l'entreprise SONEL suite à sa privatisation peuvent expliquer
l'amélioration de sa rentabilité. Il en est de même pour
les autres entreprises de notre échantillon qui doivent
l'amélioration de leur rentabilité aux différentes
restructurations mais aussi aux changements d'objectifs qui ont suivi leur
privatisation.
50
5.1.1 Présentation graphique des évolutions
du Return On Sales (ROS) et
tableaux des tests
Pour l'indicateur ROS, nous faisons au préalable une
analyse graphique de l'évolution de ce ratio sur une période de
neuf ans pour chacune des huit entreprises privatisées de notre
échantillon. Ensuite, pour tester la significativité de nos
résultats, nous parcourons les étapes du test non
paramétrique de Wilcoxon pour les trois mesures de rentabilité
retenues dans cette étude (Return On Sales, Return On Equity et Return
On Assets).
Figure 5.1: Evolution du ROS de 1998 à
2006
0,25
-0,2
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
0,2
0,15
0,1
0,05
0
Rentabilité
-0,05
-0,1
-0,15
Années
RN/CP
Figure 5.2: Evolution du ROS de 1996 à
2004
Années
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1996
|
1997
|
1998
|
1999
|
2000
|
2001
|
2002
|
2003
|
2004
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
RN/CA
0,15
0,1
0,05
0
Rentabilité
-0,05
-0,1
-0,15
-0,2
-0,25
-0,3
-0,35
« Pour des raisons sociales les noms des
entreprises ont été retirés sur nos graphiques »
51
0,12
0,1
Rentabilité
0,08
RN/CA
0,06
0,04
0,02
0
0,06
0,04
0,02
RN/CA
0
-0,02
-0,04
-0,06
-0,08
-0,1
Années
Rentabilité
Figure 5.3: Evolution du ROS de 1999 à
2007
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
Figure 5.4 :Evolution du ROS de 1992 à
2000
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
Années
0,2
0,15
0,1
0,05
RN/CA
0
-0,05
-0,1
-0,15
Années
Rentabilité
Figure 5.5: Evolution du ROS de 1993 à
2001
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
52
0,08
0,07
0,06
Rentabilité
0,05
0,04
RN/CA
0,03
0,02
Figure 5.6: Evolution du ROS de 1989 à
1997
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
0,18
0,16
0,14
0,12
Rentabilité
0,1
0,08
0,06
0,04
0,02
0
Années
RN/CA
Figure 5.7: Evolution du ROS de 1990 à
1998
0,01
0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
Années
Figure 5.8: Evolution du ROS de de 1996 à
2004
RN/CA
-0,02
0,07
0,06
0,05
Rentabilité
0,04
0,03
0,02
0,01
0
-0,01
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Années
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
53
Les graphiques ci-dessus présentent l'évolution
du taux de marge nette de chacune des huit entreprises de notre
échantillon sur une période de neuf ans. Afin de mieux visualiser
l'effet de la privatisation, nous avons introduit une courbe de tendance
linéaire.
Ainsi pour ce qui est de cet indicateur, nous pouvons
constater que la privatisation a eu un effet positif considérable sur la
performance. En effet, le taux de marge nette passe de la zone des
résultats négatifs pour quatre (4) entreprises (AES-SONEL,
CAMRAIL, CDC et HEVECAM) avant la privatisation à la zone de
résultats positifs après la privatisation. Les quatre (4) autres
entreprises (CHOCOCAM, SEPBC, SOCAMAC et SOCAPALM) connaissant une chute ou de
faibles ratios avant la privatisation et un redressement ou une
amélioration après la privatisation.
En définitive, nous pouvons confirmer à travers
ces graphiques l'hypothèse d'accroissement du taux de marge nette
synonyme d'amélioration de la rentabilité commerciale
après la privatisation.
? Présentation du test du Return On Sales
(ROS)
Il s'agit de recourir aux cinq étapes du test non
paramétrique de Wilcoxon afin de confirmer ou infirmer la
significativité de nos résultats obtenus sur le ratio ROS.
Tableau 7: Test du ROS
Enterprises
|
MOYb
|
MOYa
|
Differences
|
Signed Ranks
|
AES-SONEL
|
-0,099
|
0,127
|
0,226
|
8
|
CAMRAIL
|
-0,162
|
0,027
|
0,189
|
7
|
CDC
|
-0,084
|
0,033
|
0,107
|
5
|
CHOCOCAM
|
0,037
|
0,066
|
0,019
|
2
|
HEVECAM
|
-0,075
|
0,102
|
0,177
|
6
|
SEPBC
|
0,032
|
0,120
|
0,088
|
4
|
SOCAMAC
|
0,049
|
0,071
|
0,022
|
1
|
SOCAPALM
|
0,001
|
0,044
|
0,043
|
3
|
T+)
|
36
|
|
|
|
T-)
|
0
|
|
|
|
N
|
8
|
|
|
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
54
Pour les huit entreprises concernées par le calcul de
cet indicateur, toutes ont des rangs positifs. La somme de ces rangs nous donne
36 (8+7+5+2+6+4+1+3) soit T+) du TABLEAU
7 ; les rangs négatifs quant à eux donnent une
somme de 0 soit T-) du même tableau.
Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite
soit T= 0.
? Présentation du test du Return On Equity
(ROE)
Il s'agit de recourir aux cinq étapes du test non
paramétrique de Wilcoxon afin de confirmer ou infirmer la
significativité de nos résultats obtenus sur le ratio ROE.
Tableau 8: Test du ROE
Enterprises
|
MOYb
|
MOYa
|
Differences
|
Signed Ranks
|
AES-SONEL
|
-0,263
|
0,312
|
0,575
|
8
|
CAMRAIL
|
-0,306
|
0,125
|
0,431
|
7
|
CDC
|
-0,282
|
0,074
|
0,356
|
5
|
CHOCOCAM
|
0,186
|
0,261
|
0,075
|
2
|
HEVECAM
|
-0,037
|
0,062
|
0,099
|
4
|
SEPBC
|
0,143
|
0,555
|
0,412
|
6
|
SOCAMAC
|
0,220
|
0,312
|
0,092
|
3
|
SOCAPALM
|
0,001
|
0,046
|
0,045
|
1
|
T+)
|
36
|
|
|
|
T-)
|
0
|
|
|
|
N
|
8
|
|
|
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Pour les huit entreprises concernées par le calcul de cet
indicateur, toutes ont des rangs positifs. La somme de ces rangs nous donne
36 (8+7+5+2+4+6+3+1) soit T+) du TABLEAU
8 ; les rangs négatifs quant à eux donnent une
somme de 0 soit T-) du même tableau.
Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite
soit T= 0.
? Présentation du test du Return On Assets
(ROA)
Il s'agit de recourir aux cinq étapes du test non
paramétrique de Wilcoxon afin de confirmer ou infirmer la
significativité de nos résultats obtenus sur le ratio ROA.
55
Tableau 9: Test du ROA
Enterprises
|
MOYb
|
MOYa
|
Differences
|
Signed Ranks
|
AES-SONEL
|
-0,067
|
0,136
|
0,203
|
8
|
CAMRAIL
|
-0,025
|
0,006
|
0,031
|
3
|
CDC
|
-0,057
|
0,018
|
0,075
|
6
|
CHOCOCAM
|
0,059
|
0,079
|
0,02
|
1
|
HEVECAM
|
-0,014
|
0,019
|
0,033
|
4
|
SEPBC
|
0,019
|
0,103
|
0,084
|
7
|
SOCAMAC
|
0,048
|
0,069
|
0,021
|
2
|
SOCAPALM
|
0,001
|
0,041
|
0,04
|
5
|
T+)
|
36
|
|
|
|
T-)
|
0
|
|
|
|
N
|
8
|
|
|
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Pour les huit entreprises concernées par le calcul de
cet indicateur, toutes ont des rangs positifs. La somme de ces rangs nous donne
36 (8+3+6+1+4+7+2+5) soit T+) du TABLEAU
9 ; les rangs négatifs quant à eux donnent une
somme de 0 soit T-) du même tableau.
Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite
soit T= 0
Les tests ainsi effectués sur les trois indicateurs de
rentabilité, il convient maintenant de présenter une
synthèse des résultats. Le tableau ci-dessous récapitule
cette situation. Nous pouvons ainsi cerner globalement les effets statiques de
la privatisation sur la rentabilité des (8) huit entreprises
privatisées de cette étude.
56
Tableau 10: Synthèse des
Résultats
I
|
N
|
Médiane (Moyenne) Avant
|
Médiane (Moyenne) Après
|
Différences
|
Test de Wilcoxon
|
(%) de firmes évoluant comme
prévu
|
ROS
|
8
|
-0,035
|
0,052
|
0,087
|
0***
|
8-0/8=1
|
|
|
(-0,037)
|
(0,073)
|
(0,11)
|
|
d'où 100%
|
ROE
|
8
|
-0,018
|
0,217
|
0,255
|
0***
|
8-0/8=1
|
|
|
(-0,042)
|
(0,22)
|
(0,262)
|
|
d'où 100%
|
ROA
|
8
|
-0,006
|
0,051
|
0,057
|
0***
|
8-0/8=1
|
|
|
(-0,005)
|
(0,059)
|
(0,064)
|
|
d'où 100%
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
*** Test rejetant l'hypothèse nulle d'absence de
différence de médiane au seuil de 1%.
Le Tableau 10 nous donne les résultats du
modèle. La première colonne rappelle juste les indicateurs
utilisés. La deuxième donne le nombre d'entreprises finalement
concernées par le calcul de cet indicateur. Les colonnes 3 et 4 montrent
respectivement les moyennes et médianes avant et après la
privatisation ; la colonne 5 fait apparaître les variations des valeurs
moyenne/médianes des indicateurs alors que la colonne 6 présente
les résultats du test de Wilcoxon. La dernière colonne du tableau
donne le pourcentage de firmes ayant évoluées selon nos
prévisions.
La rentabilité des entreprises privatisées dans
le cadre de cette recherche a été examinée en fonction de
trois indicateurs de performance : le taux de marge nette (ROS), la
rentabilité des capitaux propres (ROE) et la rentabilité globale
(ROA). Les résultats de notre analyse nous indiquent que de façon
globale, les huit (8) entreprises faisant partie de notre échantillon
ont pu améliorer leur performance en termes de rentabilité car
nous observons une augmentation significative des moyennes et médianes
de ces ratios de rentabilité trois années avant et cinq
années après leurs privatisations (tableau 10).
Par exemple, le taux de marge nette (ROS) passe en moyenne de
-3,7 % (3 ans avant) à 7,3 % (5 ans après). Les résultats
issus du test statistique Z de Wilcoxon (grâce notamment au test de
significativité) indiquent que l'augmentation de la performance des (8)
huit entreprises privatisées en termes de rentabilité est
significative. Enfin, la proportion d'entreprises ayant le signe
d'évolution attendu (i.e. amélioration de la rentabilité)
est de 100 %.
57
Cependant, cette analyse, présente deux limites. Tout
d'abord, les tests sont effectués sur des moyennes de trois ans avant et
cinq ans après la privatisation, ce qui a pour effet de lisser l'effet
de la privatisation. Ensuite, il ne permet pas de savoir si la variation de
l'indicateur est antérieure à la privatisation
(préparation ou effet d'habillage) ou postérieure à cette
dernière (effet réel de la gestion privée).
Une approche supplémentaire est alors utilisée.
Elle consiste à découper en deux sous-périodes l'analyse
et de comparer les différences de moyennes et de médianes des
ratios des entreprises privatisées pour les périodes avant les
privatisations (t = -3 à 0) et après les privatisations (t = 0
à +5). L'application du test aux années - 3, 0 et + 5 permet de
mieux identifier les effets temporels (tableau 11 et 12). Toutefois, pour
pouvoir attribuer l'évolution constatée à la
privatisation, il faut que le ratio soit significatif sur la période 0/+
5.
5.1.2 Analyse de l'effet de la privatisation sur les
différents indicateurs de rentabilité (t = 3 à 0 et t = 0
à +5)
Il s'agit maintenant de tester l'effet de la privatisation
sur nos trois indicateurs de rentabilité sur une période de neuf
ans découpées en deux sous-périodes (t = -3 à 0 et
t = 0 à +5). Ceci dans le but de savoir si l'effet de la privatisation a
été plus forte et significative dans la période post
privatisation et de conclure sur une amélioration de la
rentabilité attribuée à la gestion privée.
Tableau 11: Comparaison de la rentabilité des
entreprises publiques trois ans avant et au moment de leur privatisation (t =
-3 à 0, variante 2)
Indicateurs
|
Médiane (Moyenne) en -3
|
Médiane (Moyenne) en 0
|
Différence
|
Test de Wilcoxon
|
(%) de firmes évoluant
comme prévu
|
ROS
|
-0,035
|
-0,011
|
0,024
|
7
|
8-2/8 = 0,75
|
|
(-0,037)
|
(-0,004)
|
(0,033)
|
|
d'où 75%
|
ROE
|
-0,018
|
0,005
|
0,023
|
7
|
8-2/8 = 0,75
|
|
(-0,042)
|
(0,019)
|
(0,061)
|
|
d'où 75%
|
ROA
|
-0,006
|
-0,002
|
0,004
|
7
|
8-2/8=0,75
|
|
(-0,005)
|
(0,006)
|
(0,011)
|
|
d'où 75%
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
58
Tableau 12: Comparaison de la rentabilité des
entreprises publiques au moment de leur privatisation et cinq ans après
leur privatisation (t = 0 à +5, variante 2)
indicateurs
|
Médiane (Moyenne) en 0
|
Médiane (Moyenne) en + 5
|
Différence
|
Test de Wilcoxon
|
(%) de firmes évoluant
comme prévu
|
ROS
|
-0,011
|
0,052
|
0,063
|
0***
|
8-0/8=1
|
|
(-0,004)
|
(0,072)
|
(0,076)
|
|
d'où 100%
|
ROE
|
0,005
|
0,217
|
0,212
|
0***
|
8-0/8=1
|
|
(0,019)
|
(0,22)
|
(0,201)
|
|
d'où 100%
|
ROA
|
-0,002
|
0,051
|
0,053
|
0***
|
8-0/8=1
|
|
(0,006)
|
(0,059)
|
(0,053)
|
|
d'où 100%
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
*** Test rejetant l'hypothèse nulle d'absence de
différence de médiane au seuil de 1%.
En comparant les ratios calculés trois ans avant la
privatisation avec ceux de l'année de l'évènement (tableau
11), nous trouvons une hausse dans les moyennes ainsi que dans les
médianes des ratios de rentabilité. On observe les mêmes
tendances (tableau 12), lorsqu'on compare les ratios calculés
l'année de la privatisation avec ceux calculés cinq ans
après. Ces résultats sont conformes aux résultats obtenus
lors de la comparaison des mêmes ratios trois ans avant et cinq ans
après la privatisation. L'examen des tableaux (11) et (12) montre que
l'amélioration des indicateurs de performance est plus forte et
significative pour la période postérieure à la
privatisation (t = 0 à +5). Cela confirme l'idée que les
entreprises publiques sont plus endettées et confortent ainsi les
théories justifiant la meilleure performance économique et
financière de la gestion privée par rapport à celle du
public.
Ce test, même s'il conduit à percevoir plus
clairement les effets de la privatisation, ne donne cependant qu'une vision
grossière de sa dynamique (Alexandre et Charreaux, 2004). De plus,
appliqué à une firme médiane fictive, il ne permet pas
d'obtenir des résultats individuels, entreprise par entreprise. Pour
cette raison, l'étude a été prolongée par une
analyse dynamique.
59
5.2 Effets dynamiques de la privatisation sur la
rentabilité des entreprises
L'intégration explicite du temps renouvelle les
analyses plus traditionnelles. Elle se justifie par le fait qu'il est peu
vraisemblable que l'effet de la privatisation sur la performance soit
immédiat dans des organisations complexes, de grande taille et dont le
portefeuille d'activités est souvent très diversifié. Pour
mieux rendre compte de cet effet, il faut évaluer l'éventuel gain
de performance de façon progressive et non pas uniquement à
travers un saut quantitatif se produisant à la date de la privatisation.
La procédure que nous appliquons maintenant consiste à mesurer le
gain (ou la perte) dynamique de performance, dû à la
privatisation.
L'estimation du modèle PERFit = ái +
131i Tit + 132iPit + 133iTPit + 134 tailleit+ 135 cycleit +åit
donne les résultats exposés au tableau 13 ci-dessous
:
Tableau 13: Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur la rentabilité commerciale
Entreprises
|
Taille
|
Cycle
|
R2 ajusté
|
|
0,032
1,336
|
0,872
|
|
T
|
P
|
TP
|
|
-0,275
|
0,006
|
0,250
|
0,112
|
AES-SONEL
|
-6,261***
|
0,318
|
1,424
|
5,214***
|
|
-0,636
|
0,165
|
0,199
|
-0,085
|
CAMRAIL
|
-4,96***
|
2,777***
|
1,070
|
-1,755*
|
|
-0,291
|
0,004
|
0,114
|
0,03
|
CDC
|
-6,146***
|
0,198
|
1,669*
|
1,307
|
|
0,213
|
-0,013
|
-0,275
|
0,061
|
CHOCOCAM
|
3,71***
|
-0,516
|
-3,302***
|
2,181**
|
|
-0,057
|
0,01
|
0,013
|
0,008
|
HEVECAM
|
-3,821***
|
1,683*
|
1,406
|
1,108
|
|
0,181
|
-0,018
|
0,686
|
0,172
|
SEPBC
|
1,754*
|
-0,382
|
1,779*
|
3,412***
|
|
0,406
|
-0,095
|
-0,395
|
0,135
|
SOCAMAC
|
4,926***
|
-2,486**
|
-3,30***
|
3,356***
|
|
0,001
|
-0,003
|
0,043
|
0,013
|
SOCAPALM
|
0,141
|
-0,062
|
1,114
|
2,312**
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
60
Avant d'interpréter les données individuelles,
il faut mentionner que la variable taille à un effet positif et
significatif au seuil de 5% sur la performance alors que le cycle a un effet
positif et non significatif sur la performance. Cet effet positif est conforme
aux anticipations habituelles. Cependant, la non significativité de la
variable cycle sur la performance des entreprises privatisées s'explique
par le fait que les entreprises privatisées sont des cas
spécifiques étant donné qu'elles connaissent
généralement des changements stratégiques au niveau de
leurs politiques managériales, la nature des nouvelles stratégies
prises et mises en application peut ne pas permettre aux nouveaux
acquéreurs de profiter des bonnes conjonctures économiques.
Le fait de retenir ces deux variables comme facteurs communs
implique que les interprétations portent sur des
coefficients'° pour lesquels ces effets ont
été neutralisés. Pour mieux comprendre le contenu du
tableau, prenons l'exemple de la SOCAMAC, entreprise pour laquelle tous les
coefficients sont significativement différents de 0 à 1 %. Le
coefficient lié à la variable T est négatif ce qui
signifie qu'il n'ya pas eu une hausse de la rentabilité sur l'ensemble
des neuf (9) années. Le coefficient de la variable P, également
négatif, représente une baisse de la rentabilité lors de
la privatisation (effet de seuil). Enfin, le coefficient positif de TP signifie
que l'augmentation de la rentabilité se fait plus vite, en moyenne,
après la privatisation (année 0 à + 5), donc que
l'efficacité post privatisation croît davantage.
En effet, L'effet exercé par le temps (T) sur la
rentabilité est positif et significatif pour deux (2) entreprises
(CAMRAIL et HEVECAM) et négatif et significatif à 5% pour une (1)
entreprise (SOCAMAC). A priori, il parait qu'au fur et à mesure que le
temps passe l'entreprise s'adapte mieux à son environnement, accumule
d'expériences et arrive mieux à s'organiser ce qui lui permet
d'investir davantage et augmenter sa rentabilité.
10 .Le chiffre de la première ligne est le
coefficient et celui de la seconde ligne, le t de Student.
* : coefficient significativement différent de
zéro à 10%
** : coefficient significativement différent de
zéro à 5%
*** : coefficient significativement différent de
zéro à 1%
En outre, l'examen du tableau 5 impose de tenir compte d'un
certain nombre de réalités :
- premièrement, lorsque le coefficient lié
à la variable T est positif, cela traduit le fait que globalement,
l'on
observe une hausse de l'indice de productivité sur
l'ensemble des 9 années considérées pour l'entreprise ;
- deuxièmement, un coefficient de la variable P positif,
indique une hausse de l'indice de productivité lors de la
privatisation (effet de seuil) ;
- troisièmement, un coefficient de la variable TP positif
signifie un redressement de la productivité plus rapide en
moyenne, après la privatisation (de l'année 0
à l'année + 5), c'est-à-dire une augmentation de
l'efficacité dynamique de la privatisation sur l'indice
de productivité de l'entreprise considérée.
61
Le coefficient de la variable P fournit une information de
nature statique (effet seuil)11. L'effet seuil de la privatisation
est positif pour six (6) entreprises sur les huit (8) de l'échantillon.
Cependant, même si l'effet seuil apparaît favorable pour une
majorité des firmes privatisées, il n'est positif et significatif
que pour deux (2) entreprises (CDC et SEPBC). Inversement, il est
négatif et significatif pour deux (2) entreprises (CHOCOCAM et
SOCAMAC).
L'évaluation du coefficient de P ne permet toutefois
que de cerner les effets de seuil, statiques, de la privatisation. Pour
évaluer l'efficacité dynamique, c'est-à-dire
l'évolution de la rentabilité après la privatisation, il
faut considérer les coefficients de la variable (TP). Ces coefficients
sont positifs et significatifs pour cinq (5) entreprises (AES-SONEL, CHOCOCAM,
SEPBC, SOCAMAC et SOCAPALM) ; inversement, le coefficient de la variable TP est
négatif et significatif pour une (1) seule entreprise (CAMRAIL).
En somme, environ 62,5% des entreprises de notre
échantillon ont subi l'effet positif de la privatisation (effet seuil et
effet dynamique). De même, nous remarquons que les entreprises qui ont
été affectées négativement au moment de la
privatisation (effet seuil) ont pu améliorer leurs performances durant
la période post-privatisation. Les tests de l'effet dynamique
effectués sur les deux autres indicateurs12 confirment aussi
une amélioration dans les mêmes proportions de leur
rentabilité financière et globale. Ainsi, la privatisation a eu
une incidence positive sur la rentabilité des entreprises camerounaises
sur l'horizon considérée.
5.3 Effets statiques de la privatisation sur la
productivité des entreprises
Les premiers résultats de calcul des moyennes trois
années avant et cinq années après la privatisation des
ratios de productivité de chaque entreprise ainsi que les
représentations graphiques de l'évolution du ratio SPE et des
tests effectués sur les deux indicateurs de productivité sont
illustrés dans les paragraphes suivants.
11 L'effet seuil est un effet relatif au
changement immédiat au niveau du mode de propriété (c'est
l'effet enregistré au moment de la privatisation). L'effet dynamique est
un effet composé de l'effet seuil et l'effet temps et nous permet de
savoir si la privatisation a pu augmenter l'efficacité des entreprises
non pas à la date de la privatisation mais durant la période post
privatisation.
12 Les résultats sont les suivants pour les
deux autres indicateurs : si l'indicateur est le ROE, le coefficient de TP est
positif pour 7 entreprises et significatif pour 5 inversement, il est
négatif et non significatif pour 1 entreprise, si l'indicateur est le
ratio ROA ; le coefficient de TP est positif pour 7 entreprises et significatif
pour 5 inversement, il est négatif et significatif pour 1 entreprise.
D'où 62,5% des entreprises de notre échantillon ont
améliorés leur rentabilité financière et
globale.
62
Tableau 14: Comparaison de la productivité des
entreprises publiques trois ans avant et cinq ans après leur
privatisation (t = -3 à +5, variante 1)
Mesure
Entreprises
|
SPE (VR/NE)
|
IPE (RN/NE)
|
|
MOYa
|
MOYb
|
MOYa
|
AES-SONEL
|
0,890
|
0,996
|
-2,143
|
5,958
|
CAMRAIL
|
2,996
|
4,506
|
-1,155
|
0,456
|
CDC
|
0,833
|
1,022
|
-0,250
|
0,079
|
CHOCOCAM
|
1,12
|
1,25
|
0,684
|
1,92
|
HEVECAM
|
4,90
|
5,940
|
-0,179
|
0,215
|
SEPBC
|
1,270
|
1,963
|
0,105
|
0,671
|
SOCAMAC
|
0,833
|
0,918
|
0,703
|
1,195
|
SOCAPALM
|
1,546
|
1,762
|
0,002
|
0,194
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Légende
SPE : Sales Per Employee ou productivité
commerciale (= Ventes Réelles / Nombre d'Employés). IPE :
Income Per Employee ou bénéfice par employé (=
Bénéfice net / Nombre d'employés). MOYa :
moyenne « after privatization », après privatisation
MOYb : moyenne « before privatization », avant
privatisation
Au seul vu de ces chiffres, on peut dire qu'il y a une
amélioration notable de la productivité des entreprises
après leur privatisation. Ceci vient corroborer les allégations
théoriques de Kikeri et al. (1994) ; Boyko et al. (1996), pour qui
à la suite de la privatisation, les entreprises sont amenées
à utiliser de manière plus efficace leurs ressources
technologiques, humaines et financières, étant donné leur
nouvel objectif de maximisation des bénéfices et la
réduction et/ou la disparition des subventions publiques dont elles
bénéficiaient.
En effet, lorsque nous observons par exemple le ratio
Ventes/Effectifs qui donne l'efficience de la main d'oeuvre en rapport aux
ventes, nous constatons, en ce qui concerne la
63
SONEL, qu'il passe de 0,890 à 0,996 soit une
amélioration en moyenne de 0,106 qui peut être due à
l'augmentation du capital de la société après sa
privatisation. Notons quand même qu'en ce qui concerne la SONEL,
l'augmentation du volume d'investissement a tardé à suivre le
mouvement de privatisation de la société ce qui peut du reste
expliquer les nombreux délestages qu'ont connu les populations
camerounaises même après la privatisation de la SONEL, situation
caractéristique d'une insuffisance de l'énergie électrique
produite par rapport aux besoins de l'économie toute entière.
On note en ce qui concerne le rapport Bénéfices
Nets/Effectifs qu'il est passé en moyenne de -2,143 à 5,958 ce
qui traduit une hausse considérable pouvant être due au fait que,
la SONEL, ayant des dettes énormes avant sa privatisation, sans compter
la vétusté de ses infrastructures qui ne lui permettait pas de
répondre aux besoins des populations et grandes entreprises
consommatrices d'énergie, et donc faisant ainsi face à une
faiblesse de la production d'énergie électrique a dû,
après sa privatisation, intégrer dans sa fonction d'objectifs,
des exigences de rentabilité et de productivité, ce qui s'est
traduit par quatre augmentations successives des tarifs basse et moyenne
tension au cours des quatre premiers exercices qui ont suivi sa privatisation
à savoir : une augmentation de 5% en année 1 et 7,65% pour les
années 2, 3 et 4. Mais il faut dire que ces augmentations étaient
faites sous le contrôle de l'ARSEL qui est l'autorité de
régulation chargée de préserver les intérêts
des consommateurs et d'assurer la protection de leurs droits pour ce qui est du
prix, de la fourniture et de la qualité de l'énergie
électrique.
En ce qui concerne la REGIFERCAM, nous constatons que le
ratio Ventes/Effectifs est passé de 2,996 à 4,506 tandis que le
ratio BN/Effectifs est passé de -1,155 à 0,456 traduisant ainsi
une amélioration de la productivité de la société
après sa privatisation. On est néanmoins en droit de se demander
si cette amélioration de la productivité n'est pas le fait de la
coïncidence entre la privatisation de la société et le
début des travaux de construction du pipeline Tchad-Cameroun dont le
transport des matériaux a en majorité été
assuré par la CAMRAIL ; et non le fait juste de la privatisation de la
société. En effet, cette préoccupation est d'autant plus
pertinente que l'investissement, après la privatisation de la REGIFERCAM
n'a pas suivi les bons résultats que la société a
enregistrés au niveau de la productivité ; en témoigne du
reste la formation d'une commission parlementaire en 2003 pour étudier
avec la société les modalités d'une aide de l'Etat afin
que celle-ci (CAMRAIL) puisse augmenter ses investissements.
64
Productivité
Figure 5.9: Evolution du SPE de 1998 à
2006
0,8
0,6
0,4
0,2
1,2
0
1
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006
Années
VR/NE
L'évolution des ratios de productivité de
HEVECAM, CDC, CHOCOCAM, SEPBC SOCAMAC et SOCAPALM traduit également une
amélioration de la productivité de ces entreprises après
leur privatisation mais, nous devons souligner que ces résultats doivent
être pris avec beaucoup de prudence car des événements
contingents peuvent très bien avoir influencé favorablement ces
résultats et si tel était le cas, on ne pourrait plus dire que
l'amélioration de la productivité de ces entreprises est le fait
de leur privatisation. Toutefois, on peut souligner que même si la
privatisation n'est pas la raison directe de l'amélioration de la
productivité de ces entreprises, elle n'y est pas tout à fait
étrangère ne serait-ce que pour les bénéfices en
amont qui résultent des nombreuses restructurations qui sont
opérées au sein de l'entreprise à l'annonce ou à
l'aune de sa privatisation.
5.3.1 Présentation graphique des évolutions
du Sales Per Employee (SPE) et tableaux des tests
Pour l'indicateur SPE, nous faisons au préalable une
analyse graphique de l'évolution de ce ratio sur une période de
neuf ans pour les 8 entreprises privatisées de notre échantillon.
Ensuite, pour tester la significativité de nos résultats, nous
parcourons les étapes du test non paramétrique de Wilcoxon pour
les deux indicateurs de productivité (Sales Per Employee et Income Per
Employee).
« Pour des raisons sociales les noms des
entreprises ont été retirés sur nos graphiques »
65
5
4
3
VR/NE
2
1
0
Années
Productivité
Figure 5.10: Evolution du SPE de 1996 à
2004
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
1,2
1
0,8
0,6
VR/NE
0,4
0,2
0
Années
Productivité
Figure 5.11: Evolution du SPE de 1999 à
2007
1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
1,5
1
VR/NE
0,5
0
Années
Productivité
Figure 5.12:Evolution du SPE de 1992 à
2000
1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000
66
8
6
4
VR/NE
2
0
Années
Productivité
Figure 5.13:Evolution du SPE de 1993 à
2001
1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001
2,5
2
1,5
VR/NE
1
0,5
0
Années
Productivité
Figure 5.14: Evolution du SPE de 1989 à
1997
1989 1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997
1
0,95
0,9
0,85
VR/NE
0,8
0,75
0,7
Années
Productivité
Figure 5.15:Evolution du SPE de 1990 à
1998
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998
67
Productivité
Figure 5.16:Evolution du SPE de 1996 à
2004
0,5
1,5
0
2
1
1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004
Années
VR/NE
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Les graphiques ci-dessus présentent l'évolution
du ratio SPE de chacune des huit (8) entreprises de notre échantillon
sur une période de neuf (9) ans. Ainsi pour ce qui est de cet
indicateur, nous pouvons constater que la privatisation a eu un effet positif
considérable sur la performance pour cinq (5) entreprises de
l'échantillon (CAMRAIL, CDC, CHOCOCAM, SEPBC et SOCAMAC). En effet, si
nous prenons l'exemple de la CAMRAIL nous observons une augmentation de la
productivité de l'entreprise pendant les six (6) années
consécutifs (de 1996 à 2001). Ceci peut être du à
l'augmentation du capital de la société et à des multiples
restructurations qui ont été effectuées au sein de
celle-ci pour améliorer ses performances. Il en va de même pour la
SOCAMAC et la SEPBC. Il faut remarquer que la SEPBC est la seul entreprise de
notre étude qui a connu une augmentation globale de sa
productivité pendant neuf (9) ans.
Pour ce qui est de la CDC, on note une amélioration de
la productivité pendant les trois premières années qui ont
précédé sa privatisation. Cependant, la
productivité retombe légèrement en 2002, probablement
à cause d'une baisse des effectifs employés qui sont
passés de 14712 en 2000 à 13982 en 2002 (source : données
fournies par l'INS). Toutefois, la privatisation de la CDC s'est
accompagnée d'une remontée du niveau des effectifs
employés qui est passé à 16053 en 2007. C'est la seule
entreprise privatisée de notre étude qui a connu une hausse de
ses effectifs employés après la privatisation.
S'agissant de la CHOCOCAM, l'entreprise connait une
détérioration de sa productivité trois années avant
la privatisation. Cependant lors de la privatisation l'entreprise connait une
hausse de sa productivité qui s'accentuera les (5) années
précédant la privatisation. Les trois
68
autres entreprises (AES-SONEL, SOCAPALM et HEVECAM ont du mal
à améliorer leur productivité post privatisation
après que ceux-ci aient connu une hausse trois années avant.
HEVECAM connait même une productivité presque stable les cinq (5)
années qui ont suivis sa privatisation.
Pour l'AES-SONEL, l'amélioration de la
productivité trois années avant sa privatisation est
significative des réformes qui ont été
opérées au sein de l'entreprise dans le but de valoriser ses
actifs avant sa mise en vente. Il faut dire que juste après la
privatisation d'AES-SONEL c'est-à-dire en 2002, la productivité
décroît légèrement (elle est passée de 0,93
en 2001 à 0,87 en 2002 pour remonter à 0,96 en 2004) avant de
connaitre à nouveau une hausse jusqu'en 2005, date à laquelle les
performances pour la société ont été bonnes, ceci
s'est du reste justifié par une aide à hauteur de 240 millions
d'euro accordée à la société par l'AFD pour le
compte du programme d'investissement 2005-2009.
? Présentation du test du Sales Per Employee
(SPE)
Il s'agit de recourir aux cinq étapes du test non
paramétrique de Wilcoxon afin de confirmer ou infirmer la
significativité de nos résultats obtenus sur le ratio SPE.
Tableau 15: Test du SPE
Enterprises
|
MOYb
|
MOYa
|
Differences
|
Signed Ranks
|
AES-SONEL
|
0,890
|
0,996
|
0,106
|
2
|
CAMRAIL
|
2,996
|
4,506
|
1,51
|
8
|
CDC
|
0,833
|
1,022
|
0,189
|
4
|
CHOCOCAM
|
1,11
|
1,25
|
0,14
|
3
|
HEVECAM
|
4,90
|
5,940
|
1,04
|
7
|
SEPBC
|
1,270
|
1,963
|
0,693
|
6
|
SOCAMAC
|
0,833
|
0,918
|
0,085
|
1
|
SOCAPALM
|
1,546
|
1,762
|
0,216
|
5
|
T+)
|
36
|
|
|
|
T-)
|
0
|
|
|
|
N
|
8
|
|
|
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
69
Pour les huit entreprises concernées par le calcul de
cet indicateur, toutes ont des rangs positifs. La somme de ces rangs nous donne
36 (2+8+4+3+7+6+1+5) soit T+) du TABLEAU
15 ; les rangs négatifs quant à eux donnent une
somme de 0 soit T-) du même tableau.
Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite
soit T= 0.
? Présentation du test de l'Income Per Employee
(IPE)
Il s'agit de recourir aux cinq étapes du test non
paramétrique de Wilcoxon afin de confirmer ou infirmer la
significativité de nos résultats obtenus sur le ratio IPE.
Tableau 16: Test de l'IPE
Enterprises
|
MOYa
|
MOYb
|
Differences
|
Signed Ranks
|
AES-SONEL
|
-2,143
|
5,958
|
8,101
|
8
|
CAMRAIL
|
-1,155
|
0,456
|
1,611
|
7
|
CDC
|
-0,250
|
0,079
|
0,329
|
3
|
CHOCOCAM
|
0,684
|
1,92
|
1,236
|
6
|
HEVECAM
|
-0,179
|
0,215
|
0,314
|
2
|
SEPBC
|
0,105
|
0,671
|
0,566
|
5
|
SOCAMAC
|
0,703
|
1,195
|
0,492
|
4
|
SOCAPALM
|
0,002
|
0,194
|
0,192
|
1
|
T+)
|
36
|
|
|
|
T-)
|
0
|
|
|
|
N
|
8
|
|
|
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Pour les huit entreprises concernées par le calcul de cet
indicateur, toutes ont des rangs positifs. La somme de ces rangs nous donne
36 (8+7+3+6+2+5+4+1) soit T+) du TABLEAU
16 ; les rangs négatifs quant à eux donnent une
somme de 0 soit T-) du même tableau.
Pour prendre une décision, nous retenons la valeur de T la plus petite
soit T= 0.
Les tests ainsi effectués sur les deux indicateurs de
productivité, Nous pouvons ainsi cerner globalement les effets statiques
de la privatisation sur la productivité
70
Tableau 17: Synthèse des
Résultats
I
|
N
|
Médiane (Moyenne) Avant
|
Médiane (Moyenne) Après
|
Différences
|
Test de Wilcoxon
|
(%) de firmes évoluant comme
prévu
|
SPE
|
8
|
1,198
(1,796)
|
1,499
(2,294)
|
0,301
0,498
|
0***
|
8-0/8=1 d'où 100%
|
IPE
|
8
|
-0,087
(-0,279)
|
0,661
(1,336)
|
0,748
1,615
|
0***
|
8-0/8=1 d'où 100%
|
|
Source : l'auteur sur la base des données
reçues de l'ARSEL, CTR, SNI et INS *** Test rejetant
l'hypothèse nulle d'absence de différence de médiane au
seuil de 1%
La productivité des entreprises privatisées
dans le cadre de cette recherche a été examinée en
fonction de deux indicateurs de performance: la productivité commerciale
(SPE) et le bénéfice net par employé (IPE). Les
résultats de notre analyse nous indiquent que de façon globale,
les huit (8) entreprises faisant partie de notre échantillon ont pu
améliorer leur performance en termes de productivité car nous
observons une augmentation des moyennes et médianes des ratios de
productivité des entreprises privatisées trois ans avant et cinq
années après leurs privatisations (tableau 17).
Par exemple, la productivité commerciale (SPE) passe
en moyenne de 1,796 (3 ans avant) à 1,194 (5 ans après). Les
résultats issus du test statistique Z de Wilcoxon (grâce notamment
au test de significativité) indiquent que l'augmentation de la
performance des diverses entreprises privatisées en termes de
productivité est significative. Enfin, la proportion d'entreprises ayant
le signe d'évolution attendu (i.e. amélioration de la
rentabilité) est de 100 %.
Cette analyse, cependant, présente des limites
déjà évoquées plus haut, nous avons alors adopter
toujours la deuxième approche consistant à découper en
deux sous-périodes l'analyse et a comparer les différences de
moyennes et de médianes des ratios des entreprises privatisées
pour les périodes avant les privatisations (t = -3 à 0) et
après les privatisations (t = 0 à +5). Toutefois, pour pouvoir
attribuer l'évolution constatée à la privatisation, il
faut que le ratio soit significatif sur la période 0/+ 5.
71
5.3.2 Analyse de l'effet de la privatisation sur les
différents indicateurs de productivité (t = -3 à 0 et t=0
à +5)
Il s'agit maintenant de tester l'effet de la privatisation
sur nos deux indicateurs de productivité sur une période de neuf
ans découpées en deux sous-périodes (t = -3 à 0 et
t = 0 à +5). Ceci dans le but de savoir si l'effet de la privatisation a
été plus forte et significative dans la période post
privatisation et de conclure sur une amélioration de la
productivité attribuée à la gestion privée.
Tableau 18: Comparaison de la productivité des
entreprises publiques trois ans avant et au moment de leur privatisation(t = -3
à 0, variante 2)
indicateurs
|
Médiane (Moyenne) en -3
|
Médiane (Moyenne) en 0
|
Différence
|
Test de Wilcoxon
|
(%) de firmes évoluant comme
prévu
|
SPE
|
1,198
(1,796)
|
1,229
(2,056)
|
0,031
(0,26)
|
2**
|
8-1/8 = 0,875 d'où 87,5%
|
IPE
|
-0,087
(-0,279)
|
-0,024
(-0,041)
|
0,063
(0,238)
|
7
|
8-2/8 = 0,75 d'où 75%
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
** Test rejetant l'hypothèse nulle d'absence de
différence de médiane au seuil de 5%.
Tableau 19: Comparaison de la productivité des
entreprises publiques au moment de leur privatisation et cinq ans après
leur privatisation (t = 0 à +5, variante 2)
indicateurs
|
Médiane (Moyenne) en 0
|
Médiane (Moyenne) en + 5
|
Différence
|
Test de Wilcoxon
|
(%) de firmes évoluant comme
prévu
|
SPE
|
1,299
(2,056)
|
1,569
(2,294)
|
0,27
(0,238)
|
0***
|
8-0/8=1 d'où 100%
|
IPE
|
-0,024
(-0,041)
|
0,661
(1,336)
|
0,685
(1,377)
|
0***
|
8-0/8=1 d'où 100%
|
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
*** Test rejetant l'hypothèse nulle d'absence de
différence de médiane au seuil de 1%.
En comparant les ratios calculés trois ans avant la
privatisation avec ceux de l'année de l'évènement (tableau
18), nous trouvons une hausse dans les moyennes ainsi que dans les
médianes des ratios de productivité.
72
On observe les mêmes tendances (tableau 19), lorsqu'on
compare les ratios calculés l'année de la privatisation avec ceux
calculés cinq ans après. Ces résultats sont en partie
conformes aux résultats obtenus lors de la comparaison des mêmes
ratios trois ans avant et cinq ans après la privatisation.
L'examen des tableaux 18 et 19 montre que
l'amélioration des indicateurs de performance est plus forte et
significative pour la période postérieure à la
privatisation (t = 0 à +5). Cela justifie la meilleure performance de la
gestion privée par rapport à celle du public.
5.4 Effets dynamiques de la privatisation sur la
productivité des entreprises
L'estimation du modèle PERFit = ái +
D1i Tit + D2iPit + D3iTPit + D4 tailleit+ D5 cycleit +åit donne
les résultats exposés au tableau 20 ci-dessous.
Tableau 20: Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur la productivité commerciale
Entreprises
|
Taille
|
Cycle
|
R2 ajusté
|
|
0,119
1,772*
|
0,818
|
|
T
|
P
|
TP
|
|
0,831
|
-0,030
|
0,133
|
-0,015
|
AES-SONEL
|
4,822***
|
-2,688**
|
1,378
|
-3,225***
|
|
0,513
|
-0,245
|
0,573
|
0,049
|
CAMRAIL
|
3,218***
|
-1,198
|
1,719*
|
2,810**
|
|
0,783
|
-0,035
|
-0,001
|
0,02
|
CDC
|
4,788***
|
-2,751**
|
-1,813*
|
1,843*
|
|
1,266
|
-0,075
|
0,333
|
0,1198
|
CHOCOCAM
|
3,038***
|
-3,679***
|
1,083
|
2,626**
|
|
0,566
|
-0,160
|
-0,817
|
-0,336
|
HEVECAM
|
3,712***
|
-3,923***
|
-4,550***
|
-5,270***
|
|
0,966
|
0,150
|
0,411
|
-0,071
|
SEPBC
|
3,055***
|
1,694*
|
1,481
|
-1,167
|
|
0,783
|
-0,025
|
0,052
|
-0,013
|
SOCAMAC
|
3,059***
|
-1,107
|
1,937*
|
-1,457
|
|
0,554
|
-0,080
|
0,165
|
0,048
|
SOCAPALM
|
3,153***
|
-1,306
|
1,186
|
1,213
|
|
Source: l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
73
Au préalable, il faut mentionner que la variable
taille à un effet positif et significatif au seuil de 5% sur la
productivité alors que le cycle a un effet positif et significatif sur
la productivité. Cet effet positif est conforme aux anticipations
habituelles.
L'effet exercé par le temps (T) sur la
productivité est positif et significatif pour une (1) seule entreprise
(SEPBC) et négatif et significatif pour quatre (4) entreprises
(AES-SONEL, CDC, CHOCOCAM et HEVECAM).
L'effet seuil de la privatisation est positif et significatif
pour deux (2) entreprises (CAMRAIL et SOCAMAC) sur les huit (8) de
l'échantillon. Inversement, il est négatif et significatif pour
(3) trois entreprises (AES-SONEL, CDC et HEVECAM).
Toutefois, pour mieux saisir l'effet dynamique de la
privatisation sur la productivité, il faut aller au-delà de la
variable P et considérer plutôt TP. Les coefficients de cette
dernière variable sont positifs et significatifs pour trois (3)
entreprises (CAMRAIL, CDC et CHOCOCAM). Inversement, ils sont négatifs
et significatifs pour deux (2) entreprises (AES-SONEL et HEVECAM). En somme,
environ 37,5% des entreprises de notre échantillon ont subi l'effet
positif de la privatisation (effet seuil et effet dynamique). Les tests de
l'effet dynamique effectués sur l'autre indicateur13 montrent
plutôt que 6/8 soit 75% des entreprises privatisées de notre
échantillon ont améliorés significativement leur
bénéfice par employé.
On peut donc conclure qu'en termes d'effets dynamiques sur la
productivité, le gain imputé à la privatisation n'est pas
confirmé de façon absolue pour les entreprises camerounaises sur
l'horizon pris en compte. Cette interprétation est plausible au vu des
résultats de Villalonga ([2000], p. 62, tableau 7), selon lesquels
l'effet positif ne se manifeste que de façon significative, sept ans
après la privatisation tout au moins pour ce qui est des entreprises
espagnoles car les grandes entreprises sont des systèmes relativement
rigides, à forte inertie ; il faut du temps pour que les nouvelles
orientations stratégiques, les modifications de structure ou les
aménagements de la structure de gouvernance, qui font suite à une
privatisation produisent des effets.
Issaoui Fakhri (2009) confirme que le redressement de la
performance dynamique des entreprises en Afrique est loin d'être faisable
en trois ans. Autrement dit, l'efficacité des entreprises
privatisées ne s'établit pas immédiatement lors de la
privatisation mais elle demande du temps pour se concrétiser. A priori
autant l'entreprise s'éloigne de la date de
13 Les résultats sont les suivants pour
l'indicateur IPE: le coefficient de TP est positif et significatif pour 6
entreprises. D'où 75% des entreprises privatisées ont
améliorés leur bénéfice par employé
74
privatisation autant sa performance s'améliore. Ceci
s'explique par le fait que l'effet des nouvelles stratégies
appliquées par les nouveaux managers privés nécessite du
temps pour aboutir à leurs objectifs.
En revenant sur le tableau ci-dessus, si l'on
considère le cas de certaines entreprises comme l'AES-SONEL, le
coefficient de TP est en effet négatif et significatif à un seuil
de 5%. Ce résultat traduit une baisse de la productivité de
l'entreprise après sa privatisation. En effet, l'entreprise connait une
détérioration de ses performances dynamiques durant la
période post-privatisation se traduisant par un déficit
d'énergie électrique qui a conduit à la pratique des
délestages, à une dégradation de la qualité de
l'électricité du fait des harmoniques ainsi qu'a des
insuffisances tant sur le plan managériale que sur le plan technique.
Sur le plan managérial, il s'agit de l'absence des
prévisions et des investissements pour faire face à
l'augmentation de la demande d'électricité du fait de la
démographie et de la croissance économique (Pineau, 2005).
Sur le plan technique, il est question principalement de la
faible production d'électricité par rapport à la puissance
installée, des pertes électriques élevées et de la
mauvaise qualité de l'électricité du fait de la pollution
des réseaux électriques. Les prix de l'électricité
ont connu des hausses importantes, ce qui est contraire au principe de
réduction des coûts qui est à la base de toute
privatisation. Selon le Réseau Associatif des Consommateurs d'Energie
(RACE), « seuls 2 Camerounais sur 10 ont accès à une
électricité de plus en plus chère, alors que le pays
possède le 2ème potentiel hydroélectrique d'Afrique
après la R.D-Congo ».
Les besoins en énergies électriques des
entreprises industrielles au Cameroun croissent en moyenne de 6% par an depuis
2001 tandis que l'offre d'électricité ne cesse de se
dégrader (Schule, 2008). Les dépenses relatives à
l'électricité dans entreprises industrielles au Cameroun ont
quintuplées du fait des délestages et interruptions involontaires
de l'énergie électrique. Les pertes de production ont
été estimées à 91,5 millions d'Euros/an dans les
entreprises industrielles à cause des difficultés
d'approvisionnement en électricité (Tamo et al.
2008). Il est à noter que la production
d'électricité était d'origine hydroélectrique en
2004 (Nouwou, 2004).
La puissance électrique installée d'AES-SONEL
correspond à une mise à disposition théorique
d'électricité de 8000 Wh par an, mais l'énergie
réellement émise dans le réseau électrique ne
représente qu'a peine 42% du productible. Un déficit de
production d'électricité en 2006 de 57% par rapport à la
capacité installée est une première indication forte des
contre performances d'AES-SONEL.
75
La Banque Mondiale reconnaît dans un rapport que les
performances post-privatisation de la Société Nationale
d'électricité (SONEL) ont été médiocres,
AES-SONEL n'ayant pas pu délivrer l'énergie électrique en
qualité et en quantité suffisante (World Bank, 2004). Ces
résultats devraient donc conduire les pouvoirs publics et la
société en charge de l'électricité à prendre
des décisions visant à l'amélioration des performances du
secteur électrique notamment la réduction des pertes et des
pollutions dans le réseau électrique.
Les investissements nécessaires pour la
réalisation des infrastructures électriques afin de mettre le
Cameroun a l'abri d'une crise énergétique a court terme et
surtout permettre au secteur électrique d'impulser le
développement économique sont divers et coûteux, ils sont
estimés à 1,37 milliards d'Euros pour la période 2005
à 2015 (Ngnikam, 2006).
Selon les autorités en charge du secteur, le Cameroun
devrait être définitivement à l'abri des délestages
causés par le déficit d'offre en énergie électrique
en 2016. L'offre en énergie électrique sera d'au moins 200 MW de
plus supérieure à la demande. Selon un document
présenté par la compagnie de fourniture de l'énergie
électrique au Cameroun, AES-SONEL, la demande en énergie
électrique se situe en ce moment autour de 1000 MW et l'offre, autour de
1100 MW grâce notamment au programme d'urgence hydraulique de 100 MW qui
a été réalisé en 2012 et la centrale de Kribi de
216 MW qui a été réalisé en 2013. La compagnie
AES-SONEL projette l'évolution de la demande au-cours des trois
prochaines années à environ 1200 MW en 2016. La bonne nouvelle,
c'est qu'à cette période, L'AES-SONEL avise que l'offre
dépassera les 1400 MW et sera donc largement supérieure à
la demande. Ce qui signifie que si délestage il y a, ce sera surtout le
fait de pannes techniques. En effet, pour parvenir à la fourniture de
1400 MW d'énergie électrique, les autorités comptent sur
la réalisation de plusieurs projets : le barrage de Lom Pangar de 73,6
MW en 2014, celui de Mekin en 2015 avec un potentiel de 45 MW et celui de
Mem'vele de 200 MW en 2016. Il ne reste à espérer que la
réalisation des divers projets va renverser la tendance.
Pour ce qui est de la CAMRAIL, il y a eu une
amélioration de l'indice de productivité depuis la privatisation,
si l'on se base sur le coefficient de TP qui est positif et significatif
à 5%. Toutefois, il faudrait tenir compte du fait que ce résultat
a été fortement influencé par des facteurs tels que la
coïncidence entre la privatisation et le début des travaux de
construction du pipeline TCHAD - CAMEROUN dont le transport des
matériaux a en majeure partie été assuré par la
CAMRAIL. La privatisation des chemins de fer du Cameroun a occasionné
des suppressions d'emplois surtout commencés durant la gestion publique.
En effet, l'effectif salarié passe de 6754 au cours de l'exercice
1984/85 à 3400 en 1997/98 et
76
enfin à 2620 au cours de l'exercice 2002/03 soit 4
fois plus de pertes d'emplois avant la privatisation et 780 après. Il
y'a donc eu une perte de 3354 emplois avant la privatisation L'investissement
ne suit pas ces bons résultats dans le domaine de la
productivité, comme en témoigne la formation d'une commission
parlementaire en 2003 pour étudier avec la société les
modalités d'une aide de l'Etat pour l'investissement.
En l'occurrence, l'on a observé une augmentation de la
production de CAMRAIL en termes de chiffre d'affaires des trafics voyageurs et
marchandises, lequel chiffre est respectivement passé de 3,514 milliards
de FCFA en 1999 à 6,486 milliards en 2007 pour le premier de ces
trafics, et de 18,439 milliards en 1999 à 43,041 milliards en 2007 pour
le second. Seulement, cette amélioration masque une triste
réalité à savoir, le défaut de maintenance des
équipements et le manque d'investissement qui ont conduit l'Etat
à consentir à une intervention. C'est d'ailleurs dans ce sens
qu'est survenue la signature, le 05 novembre 2008, d'un second avenant à
la convention ferroviaire entre l'Etat et le repreneur. Dans cet accord, dans
l'optique d'assurer une régularité soutenue des trains et un
meilleur confort pour les voyageurs. Les deux parties ont convenu d'investir
entre 2009 et 2020 une somme de 230 milliards de FCFA dont 72 milliards
à la charge de l'Etat14.
C'est ainsi que, CAMRAIL a procédé le 26
février 2013 dans sa principale gare de Yaoundé à la mise
en service des six nouvelles locomotives qu'elle a récemment
réceptionné au port de Douala. Avec l'arrivée de ces six
nouvelles locomotives, son parc compte 58 locomotives et propulse CAMRAIL
à la tête des meilleures compagnies ferroviaires d'Afrique selon
Hamadou Sali, le Président du conseil d'administration de l'entreprise.
Cependant, les responsables n'ont pas indiqué comment la mise en service
de ces six nouvelles locomotives améliorera d'avantage le rapport
qualité prix pour les voyageurs.
En ce qui concerne CHOCOCAM, le coefficient de TP est positif
et significatif à un seuil de 5%. Ce résultat traduit une hausse
de la productivité de l'entreprise après sa privatisation. En
effet, la société a connu une augmentation de son chiffre
d'affaire moyen qui est passé de 14 milliards avant sa privatisation
à 19 milliards après la privatisation ainsi que le capital qui
est passé de 1 000 000 000 FCFA avant sa privatisation à 4 000
000 000 FCFA après sa privatisation (source : données fournies
par SNI).
Apres la privatisation, l'entreprise a connu des changements
substantiels dans la gestion et la stratégie. Les améliorations
entraînées par la mise en oeuvre du système de
management
14 Le messager n0 2734 du 6 novembre
2008
77
de la qualité ont été identifiées
dans un nombre réduit de non-conformités et ruptures de stock,
l'optimisation des coûts d'achats, un traitement plus rapide des
pièces de rechange, et une amélioration du taux
d'achèvement des actions correctives. Cependant, La
société a été cédé en 2008 à
Tiger Brands (une entreprise dynamique de marque des biens de consommation
emballés, et qui opère principalement en Afrique du Sud et sur
certains marchés émergents). C'est ainsi que deux ans
après, le nombre de cas de non-conformité enregistré est
passé de 10 en 2010 à 7 en 2011, soit une amélioration de
30 %. Entre 2010 et 2011, le nombre de non-conformités dues à la
contamination est passé de 68 cas à 29 cas, une réduction
de 57 %. Le coût de recyclage dû à un cas de
non-conformité est évalué à XAF 5 millions. La
création de la valeur liée à cette réduction est
donc de XAF 195 millions.
Le nombre de ruptures de stock en matières
premières est passé de 14 en 2010 à 8 en 2011, soit une
amélioration de 42 %.
Au niveau de la satisfaction des clients internes, on
relève que le taux de réalisation des actions correctives et
préventives du système de management de la qualité est
passé de 60 % en 2010 à 85 % en 2011.
En 2010, le coût d'une tonne de production valait XAF
200 000. Grâce à une gestion efficiente de la main d'oeuvre, il
est passé à XAF185 000 en 2011. Comme l'entreprise produit en
moyenne 15 050 tonnes par an, la création de la valeur due à
cette réduction de coût vaut XAF 225 750 000 (Medem, 2010).
Les meilleurs techniques de maintenance ont permis de faire
passer les coûts d'entretien de XAF 360 millions pour une production de
10 000 tonnes en 2010 à XAF 276 millions pour une production de 15 000
tonnes en 2011. La création de la valeur due à la
réduction des coûts de maintenance est donc de XAF 84 millions.
En 2011, les ventes CHOCOCAM ont augmenté de 5 % par
rapport à 2010 et dans une certaine mesure, elles ont été
influencées par la mise en oeuvre du système de management de la
qualité.
78
CHAPITRE VI : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Dans ce dernier chapitre nous allons répondre à
la question centrale qui était celle de savoir quelle est l'incidence
réelle de la privatisation des entreprises camerounaises sur leur
performance ? Puis, nous apporterons des suggestions afin d'obtenir des
résultats meilleurs dans les privatisations futures au Cameroun.
6.1 Conclusion générale
Au terme de ces développements, peut-on conclure que
la privatisation a permis d'améliorer la performance des entreprises
camerounaises ? En première analyse, l'examen sommaire des principaux
indicateurs, effectué à partir des moyennes et des
médianes, révèle des évolutions substantielles. Les
sociétés privatisées ont vu, en moyenne, leur
rentabilité commerciale, financière et globale, leur
productivité commerciale et leur bénéfice par
employé augmenter.
En effet, l'analyse statique effectuée dans le but de
comparer les moyennes et les médianes des ratios de rentabilité
et de productivité des entreprises trois années avant et cinq
années après la privatisation montre que cent pour cent (100%)
des entreprises privatisées de notre échantillon ont
amélioré leurs ratios de rentabilité et de
productivité. Un examen plus approfondi et plus critique de ces
résultats montre, cependant, que la plupart de ces évolutions
sont statistiquement significatives, notamment en terme de performance et qu'en
outre la majorité d'entre elles se sont produites après la
privatisation.
L'évidence de ces résultats a été
renforcée par les conclusions issues de l'étude des effets
statiques et dynamiques de la privatisation pour chaque firme. La privatisation
a eu un effet favorable sur la performance pour une large majorité des
firmes privatisées de notre échantillon. En effet, l'analyse
dynamique a montré que 5/8 soit 62,5% des entreprises privatisées
ont amélioré significativement en moyenne leur rentabilité
commerciale, financière et globale ; 3/8 soit 37,5 % leur
productivité commerciale et 6/8 soit 75% leur bénéfice par
employé.
Les résultats obtenus pour les différents
modèles explicatifs de l'efficacité dynamique confirment, au
moins en partie, les hypothèses avancées pour tenter de
comprendre le processus de privatisation. Il semble notamment que le temps ait
une incidence sur l'évolution de la rentabilité et de la
productivité.
79
Au regard des résultats obtenus par ces mesures de
performance à savoir Return on Equity (ROS), Return On Equity (ROE),
Return On Assets, Income Per Employee (IPE) et même malgré la non
amélioration de Sales Per Employee pour une grande partie des firmes
dans l'étude de l'effet dynamique, nous pouvons affirmer qu'en termes de
rentabilité et de productivité les privatisations camerounaises
sont dans l'ensemble satisfaisantes. Ces résultats sont cependant
à prendre avec prudence en raison de la faible taille de
l'échantillon et des phénomènes de multi
colinéarité résiduels pouvant les affecter. On peut aussi
reprocher à cette recherche d'avoir abandonnée involontairement
un nombre non négligeable d'informations.
En effet, la population d'entreprises privatisées au
Cameroun est de vingt-quatre (24), mais la présente recherche ne
concerne que huit (8) d'entre elles, soit seize (16) entreprises absentes. Ce
qui pourrait être à l'origine d'un biais non négligeable ;
quoique le caractère non aléatoire de cet échantillon
vienne le réduire.
Ainsi, on pourrait se poser la question de savoir si ces
limites devraient conduire à la contestation des résultats de
cette étude et la rendre par conséquent sans
intérêt. Nous ne le pensons pas. D'abord parce que les
résultats obtenus viennent confirmer considérablement
l'hypothèse d'accroissement de performance consécutive à
une privatisation comme le prévoit les théories des droits de
propriété, de l'agence, des choix publics et de l'efficience -X.
L'ambiguïté des résultats empiriques observés dans
les recherches antérieures (celles-ci étant faites pour la
plupart dans les pays développés), s'en trouve ainsi
atténuée. Cette amélioration pourrait trouver une
explication dans le fait que la gestion publique est plus lourde et
génératrice de coûts de transaction énormes dans les
pays sous développés. La privatisation a donc des effets
escomptés plus nets dans les économies en voie de
développement comme celle du Cameroun parce qu'elle libère les
entreprises de cette lourdeur et de ces coûts. Enfin parce que ces
résultats confirment le bien fondé du programme de privatisation
en cours au Cameroun, ils devraient donc encourager les initiateurs et les
maîtres d'oeuvres de ce programme à le poursuivre.
Privatiser n'est donc pas neutre et le mode de
propriété à son importance. Mais au-delà de cette
observation, beaucoup d'autres variables restent à explorer pour
comprendre comment ce changement opère sur le management de ces
entreprises. Ainsi, cette étude mériterait d'être
approfondie en intégrant des variables de nature organisationnelle et
des variables de gouvernance. Autrement dit, il faudrait recourir au moins de
façon complémentaire, à des études cliniques
qualitatives qui semblent mieux adaptées pour
80
apprécier les changements portant sur les processus
à l'origine de la formation de la performance. De telles études,
d'utilisation courante dans certains champs de la théorie des
organisations, peuvent vraisemblablement permettre de mieux cerner l'incidence
des effets contextuels et de mieux comprendre comment les modifications des
systèmes de gouvernance et les adaptations de l'architecture
organisationnelle associées à la privatisation permettent
d'améliorer la performance.
6.2 Recommandations
L'analyse de la privatisation des entreprises publiques au
Cameroun a révélé des difficultés lors de la
collecte des données et des résultats satisfaisants dans
l'ensemble. Ceux-ci interpellent le gouvernement à :
· accélérer le processus de privatisation
en cours au Cameroun en se débarrassant au plus vite des
sociétés dont le processus de restructuration continue à
être infructueux ;
· rendre transparente la privatisation des entreprises
publiques en mettant une base de données des privatisations sur
internet. Ceci va nous permettre non seulement de gagner en temps lors des
recherches futures portant sur les privatisations, mais aussi de travailler sur
un échantillon plus grand et sur une période plus longue afin de
ne pas perdre de vue les effets temporels éventuels des privatisations
;
· recourir davantage à la privatisation par
cession d'actions et cession d'actifs qui sont des techniques les plus
utilisées par les pays ayant connu un véritable succès
dans les privatisations ;
· assurer davantage de rigueur dans la perception des
impôts auprès des entreprises privatisées donc la situation
financière s'est améliorée ;
· sanctionner les entreprises qui fournissent des
informations erronées sur leur résultat dans l'optique de
réduire le montant des impôts payés à
l'administration fiscale ou de bénéficier plus des subventions
;
· redresser davantage les entreprises publiques avant de
les privatiser pour susciter la convoitise des investisseurs ;
· promouvoir la productivité des entreprises
relevant des secteurs secondaires et tertiaires qui se sont
révélées être à la traîne en
matière de productivité par rapport à celles du secteur
primaire. Cette promotion peut se faire par exemple à travers le choix
de repreneurs qui présentent les meilleures offres d'investissement dans
l'outil de production, les meilleures
81
capacités d'innovations technologique et
managériale ; mais aussi à travers des incitations fiscales ou
des tarifs préférentiels pour le dédouanement des
équipements destinés à la mise en place de technologies
nouvelles, ... ;
? enfin, veiller à la sauvegarde des
intérêts nationaux car comme nous l'avons mentionné
à l'annexe D ; 78,1% des capitaux sont en majorité
étranger.
82
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90
ANNEXES
Annexe A : Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur la rentabilité financière
L'estimation du modèle de régression SUR
(équation 1) avec le ratio ROA, donne les résultats
exposés au tableau A ci-dessous :
Tableau 21: Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur la rentabilité financière
Entreprises
|
Taille
|
Cycle
|
R2 ajusté
|
2,29E-07
2,965**
|
0,032
2,773**
|
0,872
|
Constante
|
T
|
P
|
TP
|
|
-0,275
|
0,006
|
-0,25
|
0,112
|
AES-SONEL
|
-6,261***
|
0,318
|
-3,924***
|
5,214***
|
|
-0,636
|
0,165
|
0,199
|
-0,085
|
CAMRAIL
|
-4,96***
|
2,777***
|
1,070
|
-1,355
|
|
-0,291
|
0,004
|
0,114
|
0,03
|
CDC
|
-6,146***
|
0,198
|
1,669*
|
1,307
|
|
0,213
|
-0,013
|
-0,275
|
0,061
|
CHOCOCAM
|
3,71***
|
-0,516
|
-3,302***
|
2,181**
|
|
-0,057
|
0,01
|
-0,013
|
0,008
|
HEVECAM
|
-3,821***
|
1,483
|
-0,606
|
1,108
|
|
0,181
|
-0,018
|
-0,686
|
0,172
|
SEPBC
|
1,754*
|
-0,382
|
-4,579***
|
3,412***
|
|
0,406
|
-0,095
|
-0,395
|
0,135
|
SOCAMAC
|
4,926***
|
-2,486**
|
-3,30***
|
3,356***
|
|
0,001
|
-0,003
|
-0,0436
|
0,013
|
SOCAPALM
|
0,141
|
-0,062
|
-2,474**
|
2,312**
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Les coefficients de la variable TP sont positifs pour sept (7)
entreprises sur huit (8) de l'échantillon. Toutefois, ils ne sont
positifs et significatifs cinq (5) entreprises de l'échantillon
(AES-SONEL, CHOCOCAM, SEPBC, SOCAMAC et SOCAPALM). Ce qui veut dire qu'environ
62,5% des entreprises ont subi l'effet positif de la privatisation (effet seuil
et effet dynamique) sur leur rentabilité financière.
91
Annexe B : Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur la rentabilité globale
L'estimation du modèle de régression SUR
(équation 1) avec le ratio ROE, donne les résultats
exposés au tableau B ci-dessous :
Tableau 22: Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur la rentabilité globale
Entreprises
|
Taille
|
Cycle
|
R2 ajusté
|
2,23E-07
2,703**
|
0,007
2,615**
|
0,813
|
Constante
|
T
|
P
|
TP
|
|
-0,07
|
0,001
|
-0,139
|
0,047
|
AES-SONEL
|
-5,646***
|
0,277
|
-6,72***
|
6,987***
|
|
-0,05
|
0,013
|
0,02
|
-0,008
|
CAMRAIL
|
-5,46***
|
3,051***
|
1,879*
|
-1,922*
|
|
-0,058
|
0,000
|
0,020
|
0,006
|
CDC
|
-5,726***
|
0,183
|
1,376
|
1,373
|
|
0,067
|
-0,004
|
-0,084
|
0,018
|
CHOCOCAM
|
3,684***
|
-0,514
|
-3,17***
|
2,076**
|
|
-0,024
|
0,004
|
0,002
|
0,00
|
HEVECAM
|
-4,631***
|
2,025**
|
0,35
|
0,298
|
|
0,024
|
-0,002
|
-0,129
|
0,032
|
SEPBC
|
1,671*
|
-0,376
|
-6***
|
4,499***
|
|
0,08
|
-0,019
|
-0,08
|
0,028
|
SOCAMAC
|
4,222***
|
-2,156**
|
-2,910***
|
3,048***
|
|
-0,003
|
0,003
|
-0,042
|
0,008
|
SOCAPALM
|
-0,56
|
1,167
|
-4,517***
|
2,816***
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Les coefficients de la variable TP sont positifs pour sept (7)
entreprises sur huit (8) de l'échantillon. Toutefois, ils ne sont
positifs et significatifs que pour cinq (5) entreprises (AES-SONEL, CHOCOCAM,
SEPBC, SOCAMAC et SOCAPALM) ; inversement, ce coefficient est négatif et
significatif pour une (1) seule entreprise (CAMRAIL). Ce qui veut dire
qu'environ 62,5% des entreprises ont subi l'effet positif de la privatisation
(effet seuil et effet dynamique) sur leur rentabilité globale.
92
Annexe C : Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur le bénéfice par employé
L'estimation du modèle de régression SUR
(équation 2) avec le ratio IPE, donne les résultats
exposés au tableau C ci-dessous :
Tableau 23: Analyse de l'effet dynamique de la
privatisation sur le bénéfice par employé
Entreprises
|
Taille
|
Cycle
|
R2 ajusté
|
2,73E-05
2,693**
|
0,208
2,718**
|
0,911
|
Constante
|
T
|
P
|
TP
|
|
-2,062
|
-0,040
|
-7,598
|
2,269
|
AES-SONEL
|
-6,985***
|
-0,501
|
-5,210***
|
7,793***
|
|
-2,285
|
0,565
|
0,677
|
-0,272
|
CAMRAIL
|
-4,953***
|
2,646***
|
1,012
|
-1,210
|
|
-0,1316
|
0,00
|
0,066
|
0,041
|
CDC
|
-4,778***
|
0,416
|
0,944
|
1,815*
|
|
0,759
|
-0,037
|
-1,983
|
0,489
|
CHOCOCAM
|
3,263***
|
-0,350
|
-5,870***
|
4,303***
|
|
-0,274
|
0,047
|
0,066
|
0,010
|
HEVECAM
|
-3,479***
|
1,326
|
0,594
|
0,282
|
|
0,131
|
-0,012
|
-0,913
|
0,223
|
SEPBC
|
1,115
|
-0,236
|
-5,358***
|
3,887***
|
|
1,297
|
-0,297
|
-1,150
|
0,436
|
SOCAMAC
|
3,403***
|
-1,684*
|
-2,080*
|
2,34**
|
|
0,002
|
0,005
|
-0,294
|
0,070
|
SOCAPALM
|
0,07
|
0,02
|
-4,943***
|
3,503***
|
Source : l'auteur à partir des
données de l'ARSEL, la CTR, l'INS et la SNI
Les coefficients de la variable TP sont positifs pour sept (7)
entreprises sur huit (8) de l'échantillon. Toutefois, ils ne sont
positifs et significatifs que pour six (6) entreprises (AES-SONEL, CHOCOCAM,
CDC, SEPBC, SOCAMAC et SOCAPALM); Ce qui veut dire qu'environ 75% des
entreprises ont subi l'effet positif de la privatisation (effet seuil et effet
dynamique) sur leur bénéfice par employé.
93
Annexe D : Bilan des privatisations au Cameroun
Dès la mise en oeuvre du processus de privatisation au
Cameroun, les autorités publiques ont décidé de privatiser
30 entreprises sur les 171 (Tsafack Nanfosso, 2004) qui existaient, mais
seulement 24 d'entre elles ont été effectivement
cédées à cette date. Le tableau suivant récapitule
cette situation.
Tableau 24: Les 24 entreprises effectivement
privatisées
Entreprises
|
Date de cession
|
Cessionnaire
|
Part du capital cédé aux
étrangers
|
Actionnaire majoritaire
|
1. BICEC
|
31 Décembre
1999
|
Banques populaires
|
71% (France)
|
Etranger
|
2. CAMSHIP
|
13 Février 1997
|
Groupe privé étranger
|
48.41% (France
et Allemagne)
|
Camerounais
|
3. CAMSUCO
|
22 Décembre 1998
|
SOMDIAA (JLV)
|
75% (France)
|
Etranger
|
4. CAMTEL MOBILE
|
15 Février 2000
|
MTN
|
100% (Afrique du Sud)
|
Etranger
|
5. CEPER
|
14 Septembre 1998
|
MUPEC
|
0%
|
Camerounais
|
6. CHOCOCAM
|
11 Décembre 1995
|
Tiger Brands
|
74.41% (France)
|
Etranger
|
7. CIMENCAM
|
ND
|
Groupe Lafarge
|
55% (France)
|
Etranger
|
8. COCAM
|
19 Décembre 1992
|
Groupe Khoury
|
87.6% (Inde et Pakistan)
|
Etranger
|
9. HEVECAM
|
9 Décembre 1996
|
GMG investment
|
90% (USA)
|
Etranger
|
10. La filière thé de la CDC
|
18 Octobre 2002
|
BROBON FINEX LIMITED
|
60% (Afrique du Sud)
|
Etranger
|
94
11. OCB
|
15 février 1992
|
Compagnie fruitière de Marseille
|
60% (France)
|
Etranger
|
12. ONDAPB
|
13 Février 1995
|
Groupe Fadil Privé étranger Daniel Yok (Muyuka)
|
34%(France)
|
Camerounais
|
13. REGIFERCAM
|
1er Mars
1999
|
BOLLORE- COMAZAR
|
77% (France
et Afrique du Sud)
|
Etranger
|
14. SCDM
|
30 juin 1994
|
Hobum Afrika
|
86.61% (Allemagne)
|
Etranger
|
15. SCM
|
1989
|
Privées
camerounais
|
0%
|
Etranger
|
16. SEPBC
|
11 Avril
1992
|
Privé étranger
|
70% (France)
|
Etranger
|
17. SNEC
|
2 mai 2008
|
Groupe ONEP
|
Maroc
|
ND
|
18. SOCAMAC
|
3 Octobre 1993
|
GEODIS
|
51% (France)
|
Etranger
|
19. SOCAPALM
|
12 Février 1999
|
PALCAM SOGEPART
|
90% (France)
|
Etranger
|
20. SOCAR
|
Juillet 1999
|
Chanas
Assurances S.A.
|
70%
|
Etranger
|
21. SOFIBEL
|
13 Décembre 1995
|
Groupe Fadil
|
50%
|
ND
|
22. SONEL
|
18 juillet
2001
|
AES corp
|
51% (USA)
|
Etranger
|
23. SPFS-SRL
|
13 Février 1995
|
Groupe Fadil
et autres particuliers
|
63.49% (Suisse)
|
Etranger
|
Source : Tsafack Nanfosso (2004), Nzomo et
Nzongang (2007) et CTPL
95
Trois observations peuvent être faites à la
lumière de ce tableau :
? Tous les secteurs d'activités ont été
engagés lors du processus ; le secteur primaire, secondaire et
tertiaire.
? 78,2% des capitaux sont en majorité étranger
ceci suppose une forte absence d'une politique de nationalisation qui
sauvegarde les intérêts du pays
? Le pourcentage d'étrangers dans la répartition
du capital des entreprises privatisées s'est accrû. En effet, on
constate la présence des repreneurs locaux dans trois entreprises
seulement, les autres étant les Etat Unis, l'Allemagne, la Suisse, la
France, l'Inde, l'Afrique du sud et le Maroc
Concernant les entreprises à privatiser, si l'on se
base sur les trois listes préalablement établies par l'Etat l'on
dénombre un total de 35 entreprises inscrites. En complétant la
SCM, la BICIC, la SOCAR et la SONEL qui ont fait l'objet de listes à
part, l'on comptabilise finalement 39 entreprises. Les 24 entreprises
privatisées mentionnées dans le tableau ci dessus, toutes
proportions gardées, mettent donc en évidence un taux de
réalisation des privatisations de 61,54%. Ce qui reste
bel et bien dans le sillage du constat fait par Tsafack-Nanfosso (2004)
indiquant un taux de réalisation de 60%, à une époque
où certaines privatisations comme celle de la SNEC n'étaient pas
encore effectives.
Le constat que nous pouvons d'ores et déjà faire
c'est que les entreprises qui avaient été désignées
comme devant faire l'objet d'une privatisation, ne le sont pas encore toutes. A
ce jour, est encore attendue la privatisation des société comme
la Société Camerounaise des dépôts Pétroliers
(SCDP), la Cameroon Télécommunication (CAMTEL), mais aussi celle
de la Cameroon Airlines Corporation (CAMAIR-CO), compagnie d'aviation de
transport créée le 11 Septembre 2006 par le président de
la république lorsque que l'Etat a décidé d'abandonner le
monopole qu'il exerçait sur la CAMAIR. Il faut dire que l'offre de
l'adjudicataire provisoire de la CAMAIR-CO, First Delta Air Services, qui
était de 7 milliards de FCFA a été jugée minable
par de nombreux membres du gouvernement et donc, la décision finale
viendra du chef de l'Etat.
Ces 24 entreprises privatisées peuvent être
regroupées en différents secteurs d'activité dans le but
de connaitre le secteur ayant été le plus privatisé. Le
graphique ci-dessous nous éclaire sur cette situation.
Figure D1 : Etat des privatisations dans les
différents secteurs d'activité
96
secteur tertiaire
18
8
secteur secondaire
11
secteur primaire
13
8
5
entreprises inscrites sur la liste des privatisations à
l'origine
entreprises effectivement privatisées
0 5 10 15 20
Source : l'auteur à partir des
données de la CTPL
A la lumière de ce qui précède et
à travers la figure D1, l'on peut remarquer que le secteur secondaire
est celui qui contribue le plus à la liste des entreprises
privatisées avec 46% des cessions, ce qui peut
paraître surprenant puisqu'à l'origine, ce secteur ne
représentait que 33% des entreprises à privatiser
(c'est-à-dire 13 entreprises sur 39). Ceci témoigne d'un fort
taux de réalisation des privatisations dans le secteur secondaire (11/13
soit 84,6%) comparativement aux deux autres secteurs lesquels
ont une proportion de (5/8 soit 62,5%) le secteur primaire et
(8/18 soit 44,5% ) pour le secteur tertiaire. L'on note par
conséquent que le secteur tertiaire qui apportait au départ la
plus grande contribution dans la liste des entreprises à privatiser ne
réussit finalement à concrétiser que très peu de
privatisations. Cette situation est la résultante d'au moins deux
réalités :
la première tient au fait que le secteur tertiaire
regorge non seulement de « poids lourds» de l'économie
camerounaise notamment de par leur chiffre d'affaires (Devey, 2009; Zoé,
2010), mais aussi de sociétés de service public ce qui
émousse d'autant l'empressement des pouvoirs publics à
procéder à leur privatisation.
la seconde réside dans le fait que bon nombre de
sociétés du secteur tertiaire qui étaient inscrites sur la
liste des privatisations ont été mises en liquidation ou ont tout
simplement disparu .
On ne saurait terminer le bilan des privatisations sans
mentionnées les stratégies de privatisation les plus
utilisées au Cameroun. La figure suivante récapitule cette
situation.
97
Figure D2 : Récapitulatif des techniques de
privatisation utilisées au Cameroun
18%
4
5%
1
27%
5%
6
1
1
Cession d'actions
5% 9
40%
Cession d'actifs Contrat de concession Leasing et Location
Contrat de gestion Contrat d'affermage
Source : Nzomo et Nzongang (2007) et
CTPL
A la lumière de ce graphique, il en ressort que :
La cession d'actions est la technique de privatisation la plus
utilisée au Cameroun avec un taux de 41%. C'est une procédure
souple et rapide très utilisée dans les pays en
développement et les pays de l'Europe de l'Est. Elle est utilisée
dans deux cas : pour constituer un actionnariat stable ou pour pallier
l'absence ou l'insuffisance de marchés financier locaux. C'est la
technique privilégiée par la France dans toutes les
privatisations par le marché financier. Le Maroc a adopté le
même schéma dans la privatisation de nombreuses grandes
entreprises, notamment la SNI en 1994, la banque BCM, la SOFAC et la CTM-LN en
1993.
La cession d'actifs vient en deuxième position avec un
taux de 27%. Tout comme la cession d'actions, elle est la formule rapide et
souple la mieux adaptées aux privatisations difficiles. Elle est souvent
retenu dans les pays en développement et les pays en transition de
l'Europe de l'Est pour les entreprises de grandes tailles qui ont très
peu de chance de trouver un acquéreur disposé à les
acheter en l'état et avant fragmentation. Elle est également
utilisée dans les opérations de liquidations créatrices
qui consistent à apurer le secteur public de ses éléments
les moins rentables. La Tunisie est le pays du Maghreb qui a le plus
utilisé la cession d'actifs comme mode de transfert dans 90% des
opérations réalisés à fin 1993, soit 27
entreprises.
Anthony Boardman et Aidan Vining (1989) à travers leur
analyse théorique et leur expérience pratique confirment
l'utilisation de ces deux premières techniques dans les pays
développés. En plus des avantages précédents, ces
deux modes ont l'avantage de transférer le risque économique,
commercial et financier (les risques opérationnels) au secteur
privé, en
98
particulier le risque de mobiliser les ressources et de
réaliser les investissements, lui donnant ainsi toutes les incitations
à rechercher l'efficacité dans la production et l'allocation des
ressources. Ces schémas offrent en effet de meilleures garanties pour
effectivement permettre au secteur privé de réaliser des
investissements nécessaires au développement de l'entreprise.
Ainsi, lorsque les conditions s'y prêtent ces modes de privatisations
doivent être privilégiés et utilisés de
manière systématique.
Le leasing et la location en troisième place avec un
taux de 18% confirme l'analyse de Vuysteke (1988) pour laquelle les contrats de
crédit-bail peuvent apparaître comme les panneaux publicitaires
d'un futur transfert, car ils peuvent explicitement faire
référence à une possibilité ultérieure de
rachat de l'entreprise ou de ses actions par l'entrepreneur. Ainsi, la
durée du contrat pourrait permettre à l'entrepreneur de juger de
la viabilité de l'entreprise et de formuler une proposition de rachat,
ayant une meilleure connaissance de la situation financière de
l'entreprise et de ses potentialités.
En ce qui concerne le contrat de gestion, d'affermage, et de
concession, ils occupent chacun une petite partie dans les opérations de
privatisation soit 5% pour tous les trois. Berg et Shirley (1987) ont
constaté que le recours à ces procédures qui
présentent des avantages certains de flexibilité est «
Étonnamment faible ». Les raisons essentielles qui expliquent le
recours limité à ce type de procédures semblent être
pour l'Etat le manque de maîtrise de la définition des clauses
contractuelles et les difficultés de contrôles de l'application
des contrats et, pour l'investisseur privé, la
réversibilité de la privatisation (non-renouvellement du contrat
par l'Etat).
L'inconvénient majeur du contrat de gestion
réside dans l'absence des risques assumés par l'operateur
privé. Ainsi celui-ci n'a pas d'incitation à atteindre
l'efficience en production ; les pertes provenant de l'exploitation de
l'entreprise sont supportées par le propriétaire à savoir
l'Etat d'autant plus que la redevance payée à l'opérateur
privé n'est pas liée à sa performance en tant que
gestionnaire.
La faiblesse principale de l'affermage réside dans le
fait que le financement et la réalisation des investissements de
réhabilitation, de renouvellement, de modernisation et d'extension des
actifs restent toujours dévolus à l'Etat. Ainsi les pouvoirs
publics se retrouvent à utiliser les ressources financières
provenant soit de la taxation, soit de l'emprunt ou à donner leur
garantie pour assurer le développement des activités de
l'entreprise.
Enfin, pour ce qui est de la concession, l'operateur
privé est obligé de respecter un certain nombre d'engagement sous
peine de sanction.
99
|
|