Conclusion générale et perspectives
Dans ce stage post doctoral, l'objectif était de
caractériser les bois tropicaux du Cameroun afin de se situer par
rapport à leur spécificité. Nous nous sommes
intéressés aux bois d'ayous, de sapelli, de lotofa et de
fraké. Le choix des essences est effectué afin d'avoir une plage
acceptable des densités. Dans cette étude, nous avons
déterminé expérimentalement la cinétique de
séchage, la masse volumique, les retraits, les isothermes de sorption
et désorption, les coefficients de diffusion massiques en régime
permanent et la perméabilité gazeuse de nos bois qui sont tous
arrivés à maturité. Les appareils utilisés sont
tous de qualité, ayant servi dans plusieurs études
sérieuses.
Les bois sont obtenus d'une scierie du Cameroun et
transportés au LERMAB de l'ENSTIB, Université de Lorraine,
après être soigneusement emballés afin de limiter le
séchage lors du transport.
Nous avons utilisé une vingtaine d'échantillons
pour corréler la masse volumique en fonction de l'humidité de nos
bois. Nous avons obtenu une relation linéaire avec des forts
carrés de corrélation. Les mêmes échantillons ont
été utilisés pour obtenir les retraits. Les valeurs
obtenues sont différentes de celles annoncées dans la
littérature, preuve que l'origine du bois doit influencer sa
caractérisation. La détermination des retraits peut nous
permettre de déduire l'humidité au point de saturation des fibres
relative aux conditions expérimentales, il faut alors que la plage de
variation d'humidité soit importante afin de mieux distinguer les
domaines hygroscopiques et non hygroscopiques. La répétition de
la détermination de l'humidité au point de saturation des fibres
dans des conditions de température différentes permet de trouver
une relation entre l'Humidité au PSF et la température, relation
très importante pour mieux simuler numériquement le
séchage du bois spécifique à l'essence d'étude. Il
ressort néanmoins que plus le bois est dense, plus son retrait est
important et la masse volumique varie linéairement avec la teneur en
eau.
Les cinétiques de séchage sont établies
afin de mieux se situer sur la vitesse de retrait de l'eau du bois. La
sensibilité plus ou moins importante des capteurs de masse avec la
température ne nous a pas permis d'étudier le séchage avec
des conditions variantes. Les résultats donnés par le
séchoir semi industriel utilisé sont validés (dans la
forme et la durée du séchage) par ceux obtenus dans une
atmosphère très contrôlée. Il ressort que plus le
bois est moins dense, plus sa déformation est faible. Ceci s'explique
sans doute par le fait que le retrait augmente avec la densité.
Les isothermes de désorption et adsorption sont
obtenues en utilisant des appareils de nouvelles technologies. Il ressort une
faible variation entre les isothermes de sorption des bois d'étude et
surtout, une influence très faible de la température sur les
isothermes de désorption de tous nos bois. Ce qui est très
surprenant au regard de toute la littérature disponible. Plus la
température augmente, plus l'hystérésis de sorption
diminue. Donc les isothermes d'adsorption croient avec la température.
La méthode des fibres semble ne pas être appropriée pour
déterminer les isothermes de sorption du bois car celle-ci ne tient pas
compte des spécificités intrinsèques au bois
(porosité, hétérogénéité
spatiale,...). En nous référant aux résultats obtenus, il
vient que les hystérésis de sorption sont fonction du bois. Ce
qui est très important dans le choix du bois à utiliser dans la
confection des oeuvres d'art à utiliser dans les milieux dont les
caractéristiques de l'air varient énormément car le
retrait est fonction de la quantité d'eau absorbée ou
rejetée dans le domaine hygroscopique.
La détermination de la perméabilité
gazeuse ne nous permet pas de trouver un rapprochement entre cette grandeur et
la densité du bois. La perméabilité gazeuse serait
fonction de la disposition des fibres de bois dans une direction anatomique
donnée. Nous obtenons des perméabilité gazeuses de l'ordre
de 10-17m2 , donc plus faibles que celles des bois
résineux.
Les coefficients de diffusion massiques obtenus en
régime permanent permettent de constater que les bois tropicaux
diffusent moins de l'humidité que les bois résineux. Ceci serait
dû à leurs porosités qui sont très faibles que
celles des bois résineux.
La méthode de `'Flying Wood'' a été
utilisée afin de maîtriser la manipulation. Son application sur le
bois de fraké confirme la stabilité spatiale de ce bois. Cette
méthode est appropriée pour établir les tables de
séchage des bois camerounais pas encore valorisés.
Il est souhaitable de faire des essais de
caractérisation sur plusieurs arbres afin d'étudier l'effet de la
diversité des arbres intra espèce sur les
propriétés déterminées.
Au-delà des résultats scientifiques obtenus dans
ce travail, il est souhaitable d'équiper les laboratoires de nos
facultés dont les travaux sont orientés vers le bois, de
diversifier la recherche sur le matériau bois et surtout d'appliquer les
résultats de cette recherche dans nos industries appropriées.
Nous nous sommes rendu compte que le matériel de laboratoire
utilisé est à notre portée (en ce qui concerne leur prix).
Tout dépend alors d'une volonté politique et de la conscience des
personnes qui sont à la charge de la définition de cette
politique et qui gèrent l'argent public. Le Cameroun ayant plus de 17,5
millions d'hectares de forêt naturelle (44% de sa superficie et plus de
300 espèces de bois), il est nécessaire de préserver cet
espace à travers des actions comme le reboisement et l'optimisation de
son exploitation à travers une minimisation de la destruction de ses
produits ligneux ou non. Le développement de la technologie locale de
traitement du bois camerounais est alors une condition clé non seulement
pour réduire le chômage à travers des nombreux postes
directs et indirects qui seront crées, mais aussi de la valeur
ajoutée induite lors de l'exportation des bois traités.
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