3.3.2. Les Pistes pour entrer dans la
rébellion
Faire partie d'une rébellion passe par des voies
sinueuses. Certains sujets ne sont pas d'emblée informés de ce
qu'ils doivent faire ni de ce qui les attend. Tout repose sur la question de
travail, car le travail libère l'homme de la pauvreté, de la
mendicité et lui confère un statut social. Donc beaucoup qui
s'engagent, avancent vers une trappe et se voient obligés de
s'exécuter. « On m'a dit : « Voilà, tu as laissé
ta soeur, tu as laissé tes parents, tu es venu pourquoi ? ». J'ai
dit : « Pour travailler. En fait, moi, je suis parti pour travailler, pour
acheter un chameau, pour faire un tam tam, je ne suis pas parti pour faire la
rébellion. »
« Et c'est eux qui m'ont dit : Voilà, au Niger on
a des problèmes. On a l'uranium, on a des biens chez nous..... j'ai fait
un an entier, on m'explique ce que c'est la rébellion. C'était
comme à l'école, on m'explique ce que ça veut dire.
Après, j'étais dans le problème des armes.»
107 Une fois la cause de l'emploi gagnée auprès des
premiers combattants, les rébellions organisent le recrutement par
idéologie, ainsi, le passage du nécessiteux économique au
statut du combattant se fait progressivement. Les responsables des
rébellions se relayent dans les zones de combat pour faire passer le
message politique et les directives aux combattants. Pour la plupart,
l'idée rebelle ne les pénètre qu'après une cure
d'esprit.
3.3.3. L'organisation des rébellions
Une fois la rébellion constituée, l'autre
défi est son organisation. L'organe administratif, baptisé par
moment organe politique se détache de l'organe militaire qui est
lui-même réparti en ordre opérationnel. Les responsables
militaires et politiques sont nommés et résident sur
différents sites à l'intérieur ou à
l'extérieur du territoire de conflit. Chacun dans sa sphère de
compétence met en oeuvre les actions qu'il se doit pour réussir
la mission. Avec le développement des moyens de communication, par canal
des téléphones satellitaires, ils coordonnent et suivent le
déroulement des opérations, échangent avec
l'extérieur et mènent le combat médiatique et
psychologique.
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107- Ahamada, jeune rebelle touareg. Cf.
Frédéric DEYCARD, les rébellions touarègues du
Niger : Combattants, mobilisation et culture politique, thèse
pour le doctorat en Science politique, Université de Bordeaux, Institut
d'Etudes politiques, janvier 2011.
3.3.4. Les moyens logistiques
Les moyens militaires que les rebelles utilisent vont des
armes de fabrication artisanale aux armes automatiques, modernes, individuelles
ou collectives. D'abord pour financer leurs actions, les rébellions
comptent sur des appuis extérieurs108. Certains Etats voisins
soutiennent des rébellions internes en leur accordant des moyens
financiers conséquents mais aussi, en faisant participer leurs
armées dans ces conflits, non comme pays satellite de l'époque de
la guerre froide, mais comme instigateurs ou financeurs des rebellions
internes. Tout d'abord, les armes viennent de l'extérieur, en transitant
par les pays voisins, vu la porosité des frontières mais aussi
avec la complexité des éléments des forces de
sécurité qui se trouvent aux frontières ; soit elles
sont de connivence avec la rébellion, soit elles sont sujettes à
la corruption et favorisent l'entrée des armes au profit de la
rébellion. Le but recherché par des pays voisins, est de mettre
main sur les ressources naturelles du pays en conflit ou d'écarter le
régime en place pour des raisons politiques ou pour des conflits
d'intérêt.
De leur côté, les acteurs privés qui
visent un intérêt à exploiter les ressources naturelles,
contribuent au financement de ces rébellions en fournissant armes
et moyens financiers voire des encadrements et des informations109.
A l'interne, ces rébellions, une fois la main mise sur une riche
partie du territoire, entretiennent des trafics illicites de matières
précieuses et de la drogue, importantes sources de devises. Une fois un
terrain conquis, elles instaurent des impôts de passage sur les
personnes et des biens ; ces impôts sont payés en nature par
les agriculteurs et les éleveurs ou en espèce par tout autre
citoyen résident dans leur « zone de juridiction ».
Les attaques des véhicules pour faire des frais, en
dépossédant les occupants de tous leurs biens sont des moyens
mis en oeuvre, sans compter les enlèvements.
En tout état de cause, pour les acteurs
extérieurs, plus les affrontements perdurent, plus le pays s'enlise
dans le désordre, et perd son autorité sur le territoire, le
plaçant sous le contrôle des forces extérieures par groupes
armés locaux interposés.
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108 - Mussu P. FARAJA MWILHARE Z., l'ONU et le
démantèlement des groupes armés dans la sous région
de grands lacs, mémoire de licence en relations internationales,
Université officielle de Bukavu (RD Congo), 2009
109- Anne Christine RENAUD, diamants et conflits
armés, mémoire de DEA en droit international public et
privé, université de Nice Antipolis, 2002, p.41-49
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