Conclusion de la deuxième partie :
La Tunisie, dans son nouveau contexte
postrévolutionnaire, n'est plus en mesure de nier l'importance de la
participation citoyenne dans la gestion des affaires publiques.
L'administration publique, appelée à être
en adéquation avec les nouvelles orientations, constitue un facteur
important pour la réussite de la mise en oeuvre du programme d'open
government en Tunisie.
En effet, un open government « tunisien » serait,
sans doute, un levier pour instaurer les mécanismes d'une bonne
gouvernance des affaires publiques et l'instauration des mécanismes
d'une démocratie participative. Cela est dit, les partenaires de ce
projet sont invités à s'inspirer des expériences des pays
qui ont déjà mené une politique d'ouverture comme les
Etats Unis, l'Australie, la Grande Bretagne, la France et d'autres pays de
l'Union Européenne.
Les chantiers de réformes administratives qu'entend
engager le nouveau gouvernement doivent mettre le projet de l'open government
au coeur de leur stratégie.
L'administration publique tunisienne est en train d'entamer
une réelle phase d'interactivité avec le citoyen par le biais du
web en offrant l'accès aux usagers à quelques données
publiques, chose qui était méconnue auparavant. Dans ce cadre
certains ministères et entreprises et établissements publics ont
jugé utile de publier sur le web des données statistiques, des
résultats financiers, et autres informations considérées
auparavant «secrètes».
Ces personnes de droit public essaient, aussi, de
réussir un processus de communication et d'interactivité avec les
usagers à travers les réseaux sociaux,
91
L'Open Gov et l'Administration Publique
nouvelle plateforme favorable pour cibler un public plus large
de citoyens. Toutefois, une mise en ligne d'un point d'accès central et
unique aux données publiques s'avère indispensable, et n'est
envisageable que si la volonté politique soit en mesure de suivre
l'évolution du phénomène dans le monde.
92
L'Open Gov et l'Administration Publique
Conclusion générale :
Comme l'a bien signalé André Maurois «
qui veut changer trouvera toujours une bonne raison pour changer
». En effet, le processus de modernisation de l'administration
publique est un parcours continu et les ambitions en matière de
l'amélioration des rapports administrations/administrés et de la
qualité des prestations administratives fournies aux citoyens ne sont
plus les seules attentes des citoyens. L'association et l'implication au
processus de prise de décisions publiques sont devenues la revendication
principale des citoyens et de la société civile. La
réponse à cette revendication a été
favorisée par l'émergence de l'approche de l'open government.
L'open government constitue en réalité un
catalyseur pour la mise en place d'une bonne gouvernance publique. Il est
marqué par deux atouts. D'une part, il renforce le processus
démocratique à travers une démarche participative pour la
gestion des affaires publiques où tous les partenaires (gouvernement,
citoyens et société civile) sont impliqués. D'autre part,
il favorise une conduite saine et transparente des politiques et une dynamique
économique générée par la réutilisation des
données publiées.
La réalisation des objectifs escomptés d'un
projet open government est tributaire des efforts déployés par
l'administration publique. En effet, l'administration assume un rôle
important dans la concrétisation de ces objectifs sur le terrain
grâce à l'adoption d'un nouvel état d'esprit qui
génère un changement aussi bien de la nature des rapports
administration/administrés que du mode de gestion des affaires
publiques.
Ainsi, l'adoption du projet de l'open government constitue une
opportunité pour l'administration afin qu'elle puisse repenser ses modes
de
93
L'Open Gov et l'Administration Publique
fonctionnement, incarner une nouvelle culture de la gestion
des données et des documents publics et initier des projets innovants
qui touchent notamment le management des ressources humaines, la gestion du
patrimoine informationnel et la réorganisation des entités
publiques. Ces projets vont permettre notamment de surmonter les
difficultés matérielles et budgétaires, l'archaïsme
de l'appareil administratif et les obstacles culturels.
La réussite du projet de l'open government constitue un
garant pour créer de la valeur au niveau de l'administration publique en
lui permettant d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires
notamment en ce qui se rapporte à la transparence et à la
participation dans la prise de décision. Ainsi l'administration publique
doit maintenant trouver les moyens pour exploiter les potentialités
offertes par l'open government dans l'objectif de créer de la valeur
pour elle-même, pour les entreprises, pour la société
civile et pour les citoyens.
L'administration publique tunisienne ne peut pas rester
à l'abri d'un mouvement d'ouverture des données publiques,
déjà initiée par des forces de la société
civile dans le pays qui réclament un accès libre et non
conditionné aux documents et aux données publiques. Ces
données sont jugées indispensables pour accroitre la
réactivité de l'administration aux demandes et besoins des
citoyens, favoriser la prise en compte des avis exprimés sur les
affaires publique et favoriser d'avantage la transparence grâce à
l'emploi de mécanismes de consultation du public.
Il est entendu que l'orientation de la Tunisie vers l'adoption
de l'open government ne doit pas se limiter à une simple transposition
des expériences comparées ou des prototypes en la matière.
Une adaptation de la nouvelle démarche au contexte tunisien s'impose et
« aujourd'hui et encore plus demain, ce qui est important ce ne sont
pas les meilleurs pratiques, exemples ou
L'Open Gov et l'Administration Publique
références trouvées à
l'extérieur, mais les meilleures questions que le réformateur
aura la sagesse et le courage de se poser »94.
A cet effet, le projet d'open government en Tunisie doit
être accompagné par l'application des transformations à
grande échelle au sein de l'administration, plutôt que des
améliorations «marginales» . Des projets
novateurs devront être entamés dans plusieurs domaines afin
d'offrir à l'administration les meilleurs atouts lui permettant de jouer
son plein rôle dans la réussite du projet open government.
Les actions peuvent toucher les domaines prioritaires tels que
le changement de culture organisationnelle, la réingénierie des
procédures, l'appropriation des TIC, la formation des ressources
humaines, la refonte des textes réglementaires et l'urbanisation et la
bonne gouvernance des systèmes d'information de l'administration.
94
94Balogun (J), Hope Hailey (V) et Viardot (E),
op.cit, p 213.
ANNEXES
|