République Tunisienne
Présidence du Gouvernement
Ecole Nationale de l'Administration
Mémoire de fin d'études au cycle
supérieur
L'Open Gov et l'Administration Publique
Elaboré par :
Iheb TRABELSI et Jamel BAGHDADI
Filière de formation : Administration
générale
Sous la direction de :
M. Nabil DAHMANI
Juin 2012
L'Ecole n'entend donner aucune approbation ni
improbation aux opinions émises dans le cadre de ce
mémoire.
Ces opinions doivent être
considérées comme propres
à leurs auteurs.
Remerciements
Nous tenons à remercier Monsieur Nabil
DAHMANI
qui a eu l'amabilité d'assurer la direction de cette
recherche
et qui nous a guidés par ses précieux conseils.
Nous
espérons qu'il trouve dans ce travail le
témoignage de notre
profonde reconnaissance.
Liste des Abréviations
OPSI : Office of Public Sector Information au Royaume-Uni.
APPSI : Advisory Panel Of Public Sector Information au
Royaume-Uni.
NTIC : Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication.
TIC : Technologies de l'Information et de la Communication.
ONG : Organisation Non Gouvernementale.
EPIC : Etablissement Public Industriel et Commercial.
CIGOV : Comité Interministériel e-gouvernement
au Maroc.
SPGOV : Structures de Pilotage e-gouvernement au Maroc.
DPGOV : Direction de Pilotage du programme e-gouvernement au
Maroc.
ANC : Assemblée nationale constituante.
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement.
OGP : Open Government Partnership.
Sommaire
Première Partie: Présentation de l'open
government.
Chapitre I : Identification de l'open government.
Chapitre II : L'open government : vers une modification
à la copernicienne de l'administration publique.
Deuxième Partie: Une initiative tunisienne d'open
government à la lumière d'expériences
internationales.
Chapitre I : Expériences comparées de
l'open government. Chapitre II : L'open government en Tunisie.
1
L'Open Gov et l'Administration Publique
Introduction
Il arrive que les grandes décisions ne se prennent pas,
mais se forment d'elles-mêmes (Henri Bosco). Le
déclenchement d'un processus de réforme ou de modernisation du
secteur public peut répondre à une volonté de
remédier aux défaillances et aux insuffisances d'un
système en place comme il peut refléter une volonté
d'être en phase avec les avancées réalisées par
d'autres pays. La modernisation du secteur public s'apparente comme une
nécessité et non plus une option pour l'Etat. Elle constitue une
occasion pour les autorités publiques pour faire face à
l'évolution des besoins de la société et à
être en phase avec ce qui se réalise sur le plan international
fortement imprégné par un changement en perpétuelle
continuité.
L'administration publique tunisienne a été
toujours attentive aux transformations que vit son environnement (local ou
international). Des programmes de modernisation ont été
élaborés afin de s'approprier des innovations en matière
de la gestion des services publics. En effet, elle n'a pas hésité
à mettre en oeuvre des politiques visant l'amélioration des
prestations administratives et des rapports citoyens/ administrations. Les
programmes tels que « le citoyen superviseur », « le
médiateur administratif », « le guichet unique », «
l'administration électronique » et tous les programmes
d'amélioration la qualité des prestations administratives et la
simplification des procédures administratives en témoignent de
cette volonté.
Les programmes sus mentionnés ont été une
occasion pour intégrer d'avantages les technologies de l'information et
de la communication (TIC) dans tous les rouages de l'administration. Cette
introduction des TIC a favorisé le lancement du projet de
l'e-gouvernement suite à la satisfaction des usagers constatée
après la mise en oeuvre de certains projets de l'administration
2
L'Open Gov et l'Administration Publique
électronique (liasse unique, déclaration des
impôts à distance, services bancaires, création en ligne
des entreprises...).
En outre, les effets positifs escomptés après la
mise en place des ces projets et la phase de transition démocratique que
vit le pays ont amené beaucoup d'observateurs à penser que «
l'e-gouvernement pouvait entraîner la réalisation de la
démocratie grâce à des formes de participation citoyenne
plus directes et rendre l'administration plus transparente grâce à
une prestation de services électronique ouverte
»1.
Les TIC, plus particulièrement l'internet, ont
changé l'état des lieux et ont bouleversé les rapports
classiques Etat/administré. Les relations sont devenues de plus en plus
interactives entre le gouvernement, la société civile et les
citoyens grâce aux potentialités offertes par le web. «
Le web change le comportement des internautes : auparavant spectateurs, ils
deviennent des contre-pouvoirs... et court-circuitent les modèles
classiques »2.
La généralisation d'internet a changé
beaucoup la donne : le réseau a offert une solution pour remédier
aux problèmes de cloisonnement entre les services et la
difficulté d'accès du public à l'administration. Il a
encouragé l'administration à adopter de nouveaux canaux de
communication/dialogue avec les citoyens. On parle actuellement d'une
administration ouverte où le droit d'accès aux documents et aux
données publiques, l'interactivité avec les usagers des services
publics et la participation collective dans la prise de décision
constituent ses principales caractéristiques. Cette nouvelle état
d'esprit de l'administration a été favorisé par l'internet
qui est devenu comme un « moyen pratique de diffuser des informations
concernant le fonctionnement du service
1Jho ( W), « Les défis en
matière d'e-gouvernance : protestations de la société
civile concernant la protection de la vie privée dans l'e- gouvernement
en Corée », RISA, 2005 (Vol. 71), pp. 163-180.
2Huet (JM), Denervaud (I), et L'Hostis (AF), «
Cinq ans après la bulle Internet, les nouveaux modèles d'affaire
», in « Le meilleur de la stratégie et du
management », Sous la direction de Benghozi (PJ) et Huet
(JM), Ed. Person, 2009, p 136.
3
L'Open Gov et l'Administration Publique
public, de faciliter les mécanismes de
rétroaction et de permettre une participation plus directe dans le
processus décisionnel. Le principal objectif de l'utilisation des TIC
était la communication en temps réel et bilatérale dans la
production, la transmission et l'utilisation de l'information
»3.
De ce fait, l'internet a été un catalyseur pour
formuler une initiative citoyenne qui plaide pour un rôle actif des
citoyens dans le management des affaires publiques. Les peuples sont devenus de
plus en plus exigeants : les modes classiques de la gestion publique sont de
plus en plus contestés. Ainsi, « la façon dont les
dirigeants prennent leurs décisions a changé : il n'est plus
acceptable que celles-ci soient le fait d'un petit nombre de personnages
puissants qui prétendent agir au nom du plus grand nombre tout en
refusant de l'impliquer dans leurs délibérations. A compter du
moment où la diffusion de l'information s'est renforcée
grâce aux nouvelles technologies, de plus en plus de personnes se sont
senties capables de débattre de décisions qui affectaient leur
propre existence... »4.
L'apparition du web2.0 a été un facteur
déterminant pour initier des projets de
«démocratie participative » dont l'objectif est
d'associer les citoyens, la société civile et les gouvernements
dans la conception et l'exécution des politiques publiques.
Avec le couple internet et web 2.0, la possibilité
d'une administration véritablement ouverte, transparente et dans
laquelle une coopération effective « en ligne » avec les
citoyens, est devenue une réalité et on « reconnait de
plus en plus qu'une administration ouverte satisfaisante... est un facteur
essentiel de
3Jho (W), op. cit pp. 163-180.
4Thomas (JC), Action publique et participation des
citoyens : pour une gestion démocratique revitalisée, Nouveaux
horizons, 1995, p1.
4
L'Open Gov et l'Administration Publique
gouvernance démocratique, de stabilité
sociale et de développement économique
»5.
C'est ainsi qu'on parlait depuis le 8 décembre 2009 ;
date de publication par l'Administration Obama de l'Open Government Directive ;
de l'open government ou de l'administration ouverte. Il s'agit de l'une des
dernières formes de mobilisation des TIC pour mener des programmes de
réforme du fonctionnement des gouvernements qui visent à assurer
plus de transparence et d'interactivité dans la conception et
l'exécution des politiques publiques. Cette nouvelle approche de l'open
government est sollicitée en tant que remède aux
défaillances de l'administration publique notamment en ce qui concerne
les volets de transparence et de démocratie participative. En effet,
l'open government se présente comme un nouveau mode de gouvernance
permettant à la fois la publication via internet des données
publiques, jugées longtemps confidentielles, et l'échange
d'idées et d'informations avec les citoyens, notamment les usagers de
l'administration publique.
L'orientation vers l'adoption de l'open government a
rapidement acquis de terrains et beaucoup de pays ont engagé des
programmes pour s'approprier cette nouvelle approche. A ce titre, après
les Etats-Unis, le phénomène d'Open government va attirer
l'attention d'autres Etats, notamment anglo-saxons comme l'Australie, le Canada
et le Royaume-Uni. Par la suite se sont les européens qui vont suivre ce
mouvement international et qui vont l'élargir pour toucher leur espace
communautaire à travers des directives européennes qui ont mis en
place un cadre juridique communautaire adéquat pouvant servir de source
d'inspiration pour initier des projets étatiques similaires.
Il faut signaler que l'open government est sollicité
par les pays non seulement pour renforcer la légitimité des
gouvernements via la veille sur la
5OCDE, « La modernisation du secteur public :
l'administration ouverte », Juin 2005, p 1.
5
L'Open Gov et l'Administration Publique
transparence de la gestion publique et la participation
citoyenne dans cette gestion mais également pour
bénéficier des effets économiques positifs de cette
approche de gouvernance. En effet, une administration ouverte permettra une
relance économique à travers la réutilisation des
données ouvertes (l'open data). Les Etats, conscients de l'enjeu
économique de la réutilisation des données publiques, font
de la gouvernance ouverte un véritable secteur économique
prometteur. Ainsi, par exemple, la réutilisation des données
publiques en Espagne représente un marché d'environ 2 milliards
d'euros supposé employer prés de 45 000 personnes dans dix
ans6. Cet enjeu économique important va mettre les Etats dans
un véritable concours pour instaurer un open government.
Pour mieux encadrer cette mouvance, une organisation
internationale a appelée «Open Government
Partnership» a été créée en
Septembre 2011 sous l'impulsion de 8 pays fondateurs. Elle organise des sommets
internationaux auxquels participent des représentants d'Etats, ainsi que
des représentants de la société civile. Cette organisation
compte, aujourd'hui, 60 Etats membres. La Tunisie, qui n'en est pas encore
membre, a participé à son dernier sommet au Brésil au mois
d'avril 2012. Cette participation témoigne de la volonté du pays
de son engagement dans une démarche d'ouverture de ses données
publiques pour laquelle les expériences vécues à
l'échelle internationale seront d'un grand apport.
Toutefois, s'inspirer du contexte mondial du
développement de l'open government ne revient pas à transposer
des modèles prêts à installer. La spécificité
du contexte tunisien s'impose, surtout, vu le changement que vit le pays dans
le cadre d'une transition démocratique post-révolutionnaire.
La révolution tunisienne à été une
source d'émancipation pour la société civile et les
citoyens : des organisations, des personnes et des entreprises
6Selon l'étude Mepsir (2006).
6
L'Open Gov et l'Administration Publique
privées, ainsi que des groupements de personnes
militent actuellement pour un gouvernement ouvert en Tunisie. Leur bataille est
menée dans un souci d'instaurer de nouveaux mécanismes de
collaboration avec les autorités publiques pour une meilleure gestion
des affaires publiques.
Actuellement, l'open government est la solution que les pays
estiment qu'elle opère un changement à la copernicienne de
l'administration publique. On entend ici le terme
«administration publique» dans le sens de
« l'ensemble des organismes publics qui préparent les
décisions des autorités politiques et lorsque ces
décisions ont été prises, en assurent loyalement
l'exécution... »7.
Dans ce nouveau contexte, quels sont les impacts de l'open
government sur l'administration publique ? Et dans quelles mesures les
fondements et les apports de l'open government peuvent-ils assurer une
modernisation de l'administration publique ?
Pour répondre à ces questions on peut dire que
l'open government, en tant que phénomène tout récent dans
le monde, est esquissé dans plusieurs pays du monde à des rythmes
différents. D'ailleurs, en Tunisie, il fait couler beaucoup d'encre.
C'est le sujet de plusieurs débats dans les médias et, aussi, sur
le web, notamment les réseaux sociaux et les blogs.
La qualité de l'interaction du projet open government
avec l'administration publique constitue un facteur clé pour la
réussite d'un tel projet. Le présent document essaye
d'étudier les différents aspects de cette relation open
government/administration. Pour se faire, nous débutons par une
présentation de l'open government (Première
Partie) à travers des tentatives d'identification de cette
approche et de son émergence avant d'évoquer l'initiative
tunisienne d'open government tout en développant des regards
croisés sur les expériences internationales
(Deuxième Partie).
7Salon (S) et Savignac (JC), Le citoyen et
l'administration, éd. Berger - Levrault, Juillet 2006, p 11.
7
L'Open Gov et l'Administration Publique
Première partie : Présentation de l'open
government
La tentative de traiter le sujet de l'open government et
l'administration publique au tant qu'elle est ambitieuse du fait qu'elle
cherche à éclairer sur les retombées positives
générées par l'adoption de cette approche au tant qu'elle
requière un effort pour identifier la consistance et la portée de
cette approche. En effet, il est inutile d'engager des chantiers de
modernisation sans que les mesures préconisées ne soient
ambitieuses et porteuses de solides solutions pour les problèmes qu'on
veut résoudre.
La présentation de l'approche de l'open government va
focaliser sur l'identification de cette nouvelle tendance de gouvernance
(Chapitre I) avant de passer à la
présentation des modifications que l'open government est susceptible de
les apporter à l'administration publique(Chapitre
II).
Chapitre I : Identification de l'open government
L'intérêt d'identifier la consistance du
gouvernement ouvert (Open Government) est interpellé par le fait qu'elle
« ne figure pas en bonne place dans la littérature
récente sur l'administration publique.... De la réforme globale,
l'on paraît être passé à un ensemble de
micro-réformes réglementaires et de comportement, portant sur
l'accès aux documents administratifs, l'obligation de motiver, d'accuser
réception et de suivre les dossiers et la lutte contre l'anonymat...
»8.
8Ziller(J), « Vrais et faux changements dans
les administrations en Europe », Revue française
d'administration publique, Janvier 2003, no105-106, p.
67-79.
8
L'Open Gov et l'Administration Publique
De nos jours, l'open government peut être
qualifié du dernier aboutissement du processus visant la modernisation
de l'administration publique qui se distingue par rapport aux initiatives
précédentes grâce à l'ampleur des changements qu'il
apporte à la logique du fonctionnement gouvernemental. Cette approche
dépasse le simple souci d'améliorer les prestations rendues aux
citoyens pour les rendre parties prenantes et associés au processus de
la gestion publique.
Afin d'identifier l'open government, nous nous revenions sur
la question de son émergence (Section 1) qui
va nous permettre de comprendre l'actuelle course des pays pour implanter cette
approche de gouvernance. Après avoir présentée
l'émergence de la démarche de l'open government, nous aboutissons
au constat que l'open government est à nos jours un aboutissement d'un
processus de modernisation de l'administration publique (Section
2).
Section 1 : L'émergence de l'open government
On procèdera à l'identification de
l'émergence de l'open government à travers un retour sur la
signification de cette nouvelle approche de gouvernance (paragraphe
1) avant de focaliser sur la pierre angulaire de cette approche
qui est l'open data (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Signification de l'open government
Selon Nicolas Roberge, l'open government signifie avant tout
une doctrine politique qui stipule que les données produites par un
gouvernement et son administration publique doivent être le plus
largement disponibles et accessibles à tous les citoyens9.
9Roberge (N), « Gouvernement ouvert : le
Québec peut-il offrir ses données sur le web? », Avril 2010,
in http://evollia.com/
9
L'Open Gov et l'Administration Publique
En fait, l'open government repose sur l'idée que les
données publiques sont automatiquement disponibles sur le web. Ceci dit,
les citoyens n'auront pas la peine d'adresser des demandes pour chaque
utilisation. Si à défaut il y a des données
sollicitées par un internaute ne figurent pas sur le web, il pouvait,
à travers un formulaire, demander aux autorités administratives
concernées d'en faire la publication automatique. En plus, outre que
l'open government postule le principe de la divulgation des données
publiques, il tient fermement à ce que lesdites informations soient
exactes et actualisées.
Cette orientation politique de «l'open
government» incarnait la volonté de l'administration de
s'ouvrir sur son environnement et de rendre compte de ses politiques et ce en
quête de plus de transparence et de légitimité et ceci
moyennant la libération volontaire et proactive des données
publiques. Elle permettrait d'ailleurs de répondre aux questions de :
Comment rendre compte aux citoyens ? Comment concevoir et
mettre en oeuvre des politiques publiques répondant aux attentes de la
société ?
Ça permettait de renforcer «la
responsabilité» de l'administration devant les citoyens,
son accountability (sa capacité à rendre des comptes).
L'open government peut être conçu comme un outil
efficace pour combattre la corruption, pour augmenter la confiance dans le
gouvernement,
pour équilibrer/rationnaliser les choix et pour
réduire le coût du gouvernement10.
Consciente de cette nouvelle donne, l'administration Obama a
saisi l'occasion et elle a donné au concept de l'open government son
sens. Elle était pionner en la matière et a donné le coup
d'envoi de la course des
10Howard (A), cité par Robichaud(L) in
« L'heure de lâcher prise », Sep 2011,
http://lynerobichaud.blogspot.com/2011/09/lheure-de-lacher-prise.html
10
L'Open Gov et l'Administration Publique
gouvernements pour s'approprier cette doctrine et son
implantation au sein de leurs administrations.
Ainsi, «Open Government
Initiative» est l'un des grands projets de l'Administration
Obama , porté par le Président Barack Obama en
personne. Cette «initiative» vise à
créer un niveau sans précédent de transparence et
d'ouverture du gouvernement. Elle se situe dans une tendance émergente
« l'open source governance» , qui prône
l'application en politique et dans la gouvernance des
démocraties des principes de l'open source et les
«contenus ouverts» (open data), pour
permettre à tout citoyen intéressé de contribuer à
créer les contenus de la politique, et pour permettre aux gouvernements
de mieux bénéficier des savoirs et savoir-faire
locaux11.
Le 8 décembre 2009, l'Administration Obama a
publié l'Open Government Directive ; une directive pour un gouvernement
ouvert ; dans le but de promouvoir, au sein des organismes
fédéraux, une culture de transparence, de participation et de
collaboration susceptible de transformer la relation entre le gouvernement et
les citoyens. Ainsi, appuyé par une forte détermination
politique de Barak Obama, les Etats-Unis ont lancé
l'agenda « Open Government », dont « l'objectif est
d'améliorer les actions de l'Etat par :
- la mise à disposition et un accès plus
facile aux données publiques, - une meilleure participation des
citoyens,
- une meilleure collaboration entre l'Etat et la
société civile »12.
L'open government en tant que doctrine a pris chemin et les
pays démocratiques ont lancé les programmes pour s'approprier de
cette approche. En effet, si l'open government a fait le consensus entre les
pays sur le fond, il est
11Wikipédia.
12Chrzanowski (P), « L'Open Data dans le
monde », in « Quelle politique pour les
données publiques ? », Colloque 10 novembre 2011 - Assemblée
nationale, p 4.
11
L'Open Gov et l'Administration Publique
imprégné cependant par des soubassements
idéologiques différents. A ce titre, « pour Barack
Obama, il s'agit d'essayer de faire vivre une utopie progressiste,
forgée par une idée précise de ce que doit être une
véritable démocratie citoyenne.
Alors que dans l'esprit du néolibéral David
Cameron, en Grande-Bretagne, l'objectif est assez différent dans la
mesure où la démarche consiste, en partie, à
court-circuiter les services publics »13.
A cette différenciation de l'acception
idéologique de l'open government, certains experts appellent à
une «contextualisation» de cette
démarche. En fait, « le sens d'un gouvernement ouvert devrait
finalement être défini pour chaque politique ou programme par son
objet, la logique, et le public »14.
Le recours de plus en plus massif des pays à l'open
government va de pair avec une mise en oeuvre d'une politique d'open data qui
est la pierre angulaire et l'épicentre de l'open government.
Paragraphe 2: L'open data: l'épicentre de l'open
government
À l'heure actuelle, il n'existe pas de
définition juridique reconnue de l'open data. Néanmoins, de
nombreuses associations anglo-saxonnes notamment l'Open Knowledge Foundation
ont proposé divers critères de définition de ce
qu'une donnée ouverte signifie.
Sur la base de ces critères, l'open data ou bien
donnée ouverte, est une donnée «en libre
accès», accessible publiquement, gratuitement, et sans
condition discriminatoire, proposée dans un format exploitable et non
propriétaire. En
13Stiegler (B), « Pourquoi mettre à la
disposition de tous les données publiques », 08 mars 2011,
http://www.rslnmag.fr/post/2011/3/8/open-data_pourquoi-mettre-a-la-disposition-de-tous-les-donnees-publiques_2-3-.aspx
14Moloney (S), « Atelier de Washington sur
l'évaluation du gouvernement ouvert », 18 mai 2011,
www.law.upenn.edu
12
L'Open Gov et l'Administration Publique
effet, selon l'Open Knowledge Foundation15, «
une donnée est ouverte si n'importe qui peut l'utiliser, la
réutiliser, et la redistribuer. Les seules conditions étant
l'attribution de l'auteur, et la conservation du statut de donnée
ouverte pour les réutilisations suivantes ».
Sur le plan de la terminologie, le terme «open
data» trouve son origine ; en 1995 ; dans une publication du
comité des données géophysiques et environnementales du
conseil national de la recherche aux États-Unis intitulée
«De l'échange complet et ouvert des données
scientifiques »16. Alors que sur le plan de la
concrétisation, « le mouvement open data est né aux
États-Unis en 2005 suite au succès rencontré par une
application développée par un journaliste et programmeur,
ChicagoCrime.org
(rebaptisé EveryBlock depuis 2007), qui renseigne sur une carte
les données relatives aux crimes et délits commis dans la ville
de Chicago et récupérées auprès de la
municipalité »17.
Les données ouvertes sont des données
gouvernementales présentées dans des formats plus utiles et
lisibles par machine, afin que les citoyens, le secteur privé et les
organismes non gouvernementaux puissent les utiliser de façon novatrice
et améliorée. De même, les développeurs
d'applications peuvent réutiliser et fusionner les données du
portail à des fins commerciales, ce qui profitera à toute la
population de diverses façons.
Pour concrétiser l'orientation vers
l'édification d'une politique d'open data, certains pays ont crée
des organismes en charge de cette question. A titre d'exemple, en Grande
Bretagne, on trouve le «Public Sector Transparency Board
» qui est un Conseil ; crée en juin 2010 ; dont la mission est
« de mener à bien l'agenda du gouvernement sur les questions de
transparence et en particulier la mise à disposition des données
sur
data.gov.uk
».
15 Cf. http://www.opendefinition.org/
16Cf.
http://www.nap.edu/readingroom.php?book=exch&page=summary.html
17Vigé (J), « L'Open Data, retour sur la
genèse d'un mouvement au coeur des débats politiques et
économiques »,
www.telcospinner-solucom.fr
, 13 Sep 2009.
13
L'Open Gov et l'Administration Publique
Ce Conseil a déterminé les principes (la
«charte») d'ouverture des données publiques (Public Data
Principles) qui sont la ligne de conduite à adopter afin d'assurer une
réutilisation effective des données. En voici les principaux
points :
- L'ouverture des données doit être
commandée par les citoyens et les entrepreneurs ;
- Publier les données sauf si vous avez une bonne raison
de ne pas le faire ; - Publier les données avec une bonne
granularité ;
- Publier les données dans des formats
réutilisables ;
- Publier les données dans un seul format de licence,
gratuit, ouvert et permettant la réutilisation commerciale.
Ainsi donc, l'esprit de l'open data est porteur d'une
dynamisation de la démarche démocratique et une
amélioration des rapports gouvernants / gouvernés et c'est qu'a
affirmé le Premier ministre britannique Cameron en rappelant que «
l'ouverture des données publiques peut constituer un levier puissant
pour réformer les services publics, favoriser l'innovation, et remettre
le pouvoir entre les mains des citoyens». De même, la
réussite de la démarche de l'open data est tributaire de
l'interactivité des différents acteurs en scène.
En effet, l'efficacité de l'open data dépend
d'un ensemble d'acteurs (gouvernement, société civile,
entreprises, développeurs d'applications), qui valorisent de plus en
plus l'orientation vers la publication des données publiques. Le
mouvement open data prend forme au sein d'un écosystème
dynamique, composé de producteurs et de réutilisateurs de
données, mais aussi d'animateurs et de catalyseurs de l'open data.
(cf. Annexe N° 1)
L'ensemble de ces acteurs peuvent produire et exploiter les
données publiques en vue de tirer le maximum d'intérêts.
Les expériences comparées
14
L'Open Gov et l'Administration Publique
nous donnent des exemples de ce qu'on peut faire par les
données publiques ouvertes. En voici quelques exemples18
d'applications crées à partir d'open data :
Tableau n° 1 : Exemples d'applications
crées à partir d'open data.
Pays La base de données L'objet
Etats Unis
Recovery.gov Fournit une ventilation
par région de tous
les projets incitatifs ainsi que des renseignements sur les
bénéficiaires de subventions, les montants dépensés
et le nombre d'emplois crées.
USASpending.gov C'est une base de
données interrogeable
sur tous les contrats fédéraux reliés
à des dépenses discrétionnaires.
Beenverified.com Localise les
adresses des délinquants
sexuels répertoriés dans les registres
publics.
Trees near you Localise et décrit environ 500000 arbres
de la ville de New York en mesurant leur contribution
environnementale.
Canada
Depensesimputables.gc.ca
Les subventions et les contrats du
gouvernement seront affichés en ligne à l'aide
d'une base de données facile à interroger.
Des renseignements clés seront affichés. Exemples :
le nom des personnes auxquelles des subventions et des contrats sont
attribués et les sommes dépensées.
|
Grande Bretagne
|
Whoslobbying C'est un agenda répertoriant les rendez-
vous des ministères britanniques avec les groupes
d'influence (industriels, syndicats...)
|
France
Handimap.org Permet aux personnes en
situation de
handicap de prédéterminer un trajet.
|
Cette orientation d'open data est qualifiée d'un
«nouveau type de service public en
ligne» ainsi qu'une avancée démocratique
vers plus de transparence.
Cette orientation s'est répandue partout dans le monde
et elle a gagné beaucoup du terrain. En fait, au bout de trois ans (date
de naissance de l'open data), « il est présent dans 23 pays et
44 villes et 188 catalogues open data sont recensés dans le monde,
à l'initiative des gouvernements, des collectivités ou
18Stiegler (B), op cit. p 1 et aussi, «
Ouvrir le gouvernement aux canadiens » in
liberal.ca/ouvert
15
L'Open Gov et l'Administration Publique
d'acteurs civils »19. L'orientation
massive vers l'open data, même si elle révèle une intention
unanime des gouvernements, elle n'occulte pas en même temps des
spécificités pour chaque gouvernement de ce que peut être
les programmes et les objectifs d'une politique d'open data20.
Nonobstant lesdites différenciations, les
stratégies d'une politique d'open data peuvent être communes comme
le démontre une étude élaborée concernant cinq pays
récapitulée par la figure21 ci-dessous :
Figure no 1 : Les stratégies d'une
politique d'open data.
Une volonté et un engagement politique ancrés
doivent être mobilisés pour mener à bien une
démarche d'open data. En fait multiples sont les motifs qui peuvent
être utilisés pour paralyser ladite démarche. Parmi ces
motifs, on trouve par exemple le fait d'évoquer la
confidentialité requise pour le fonctionnement du gouvernement ou encore
les motifs de l'atteinte à la sécurité nationale à
l'égard de ce qui est réalisé à la suite de la
divulgation des données par «Wikileaks».
Alors que l'open data postule une autre logique et un autre état
d'esprit. En effet, « dans le cas de l'open data, les données
sont libérées et publiées par des gouvernements
animés par une réelle volonté d'ouverture :
la
19Chrzanowski (P), op cit, p 4.
20Cf, Huijboom (N) et Den Broek (T - V),
« Open data: an international comparison of strategies », European
Journal of ePractice, N° 12 · March/April 2011, pp 3 - 4.
21Ibid, p 5.
16
L'Open Gov et l'Administration Publique
logique de la démarche est que les données
appartiennent aux citoyens et que donc ils ont le droit d'y avoir accès
et de pouvoir les modifier...
A l'inverse, le problème autour de Wikileaks
réside dans l'origine et la provenance des données
publiées: il est essentiel que l'information soit fiable et obtenue
légalement. La loi des pays en question doit impérativement
être respectée »22.
En guise de conclusion, il est un peu trop simple de lier
«gouvernement ouvert» et
«ouverture des données publiques», car
dans le premier cas il s'agit de la capacité de l'administration
à mettre de façon directe et spontanée à la
disposition du public un certain nombre d'informations, lorsque celles-ci sont
disponibles, sans sollicitation préalable, ce que l'on appelle une
politique de divulgation «proactive» (Proactive
Disclosure Policy), tandis que dans le second cas il s'agit de publier sur des
sites dédiés des jeux de données, c'est-à-dire des
informations agrégées et classées
(métadonnées) dans des formats susceptibles d'être ensuite
réutilisés gratuitement par le public (société
civile, entreprises) pour un usage propre : privé, public ou à
finalité commerciale23.
Section 2 : L'open government : aboutissement d'un
processus
L'étude de la question de l'open government
révèle qu'elle marque à nos jours l'aboutissement de la
philosophie de «l'open» (paragraphe
1) d'une part et un aboutissement du processus de la
modernisation de l'Administration publique d'autre part (paragraphe
2).
22Shadbolt (N), « L'open data n'est plus une
chimère », in Regards sur le numérique, 24
février 2011,
www.rslnmag.fr
23Servière (S-F), «
Classement international 2011 "Open Data et Open Government" »,8
juillet 2011,
www.ifrap.org
17
L'Open Gov et l'Administration Publique
Paragraphe 1 : L'open government : aboutissement de la
philosophie de l'open
L'open government et son principal pilier
«l'open data» reflète l'aboutissement
d'un processus d'ouverture (d'open). En effet, le processus de l'open a
débuté avec le courant de «l'open
source». Dans le domaine informatique, le concept de l'open
source (logiciel «libre» en
français) est spécifique aux logiciels. Un logiciel open source
est un « logiciel dont l'accès au code source est disponible et
que l'on peut redistribuer avec ou sans modification. En clair, l'acquisition
du logiciel est effectivement gratuite mais il faut prendre en
considération les frais de maintenance, de formation, de
développements ultérieurs... »24.
Le mouvement «open source» est
né à la veille de l'an 2000 et il a attiré l'attention de
plusieurs usagers du fait des fonctionnalités qu'il procure. En fait,
l'open source « a permis de rappeler l'existence et l'importance de la
collaboration dans un régime de concurrence, et ainsi de redonner de
l'actualité au concept de «coopétition »...
Les projets open source renouvellent les principes de l'organisation du travail
collectif... »25.
Quant à l'open data, elle n'est que « l'une
des facettes des écosystèmes «open » qui incluent
l'open source (partage des codes et travail collaboratif), l'open innovation
(mécanisme de collaboration participative), l'open government
(gouvernance ouverte axée sur la transparence, participation et
collaboration) »26.
Le graphique suivant présente l'évolution de la
philosophie de l'open et de ses différentes tendances.
24Ferchaud (B), « Les logiciels libres,
solutions pour la gestion de l'information?»,
www.adbs.fr
25Guetteville (JB), « Open source : le
management à la source », in « Le meilleur de la
stratégie et du management » sous dir. de Benghozi (PJ) et
Huet (JM), Pearson, 2009, p 246.
26Abella (A), « Réutilisation de
l'information publique et privée en Espagne, une opportunité pour
les entreprises et l'emploi », Rooter Analysis, 2011.
18
L'Open Gov et l'Administration Publique
Figure n° 2 : Evolution de la philosophie de
l'open.
(Source : Abella (A), Réutilisation de
l'information publique et privée en Espagne, une opportunité pour
les entreprises et l'emploi, Rooter Analysis, 2011).
L'open government outre qu'il présente l'aboutissement
de la philosophie de l'open, il marque également l'aboutissement du
processus de modernisation de l'administration publique.
Paragraphe 2 : L'open government : aboutissement du
processus de modernisation de l'administration publique
La qualification de l'open government en tant qu'aboutissement
«du processus de modernisation de l'administration
publique» est ; à notre sens ; un constat de
l'évolution historique des efforts continus de modernisation. En fait,
l'appel à l'open government est de nos jours une demande en vogue qui
s'ajoute aux précédents efforts de modernisation de
l'administration qui ont touché soit le volet de l'amélioration
des rapports administration / administrés (comme les mesures
d'allègement des procédures administratives, du citoyen
superviseur, du médiateur administratif...) soit le volet
d'amélioration de la qualité des
19
L'Open Gov et l'Administration Publique
prestations administratives (projet de l'administration
électronique, programme de qualité,...).
Vu le dénominateur commun qui est l'usage des TIC, nous
nous limitons à ce niveau de marquer l'évolution souhaitée
de l'administration publique grâce à l'open government et ceci par
rapport aux apports de l'administration électronique.
De prime abord, l'administration électronique consiste
en « l'utilisation des TIC, et en particulier d'internet, dans le but
d'améliorer la gestion des affaires publiques »27.
Elle cherche à rendre les services publics plus accessibles aux
usagers et à améliorer leur fonctionnement interne.
L'administration électronique peut se développer dans tout
type d'administration ou de service public, en contact avec les
citoyens (front-office) ou non (back-office). Elle procurait à
l'administration certains avantages28 tels que :
? permet de travailler plus efficacement ;
? améliore les services ;
? concourt à la réalisation d'objectifs
précis et peut contribuer à la
concrétisation d'objectifs généraux des
pouvoirs publics ;
? peut aider à instaurer la confiance entre
administrations et citoyens.
Loin d'être préoccupé par le souci de
savoir si le passage de l'administration électronique vers l'open
government est une reconnaissance des limites ou de l'échec de la
première, on peut se permettre d'affirmer que les apports de l'une et de
l'autre sont d'envergure différente. En effet, les apports de l'open
government dépassent le stade de l'amélioration des services
rendus par l'administration ou des rapports administrés / administration
pour espérer la
27OCDE, « L'administration électronique :
un impératif », mars 2004, p 1. 28Ibid, p 2.
20
L'Open Gov et l'Administration Publique
réinvention d'un environnement de transparence et de
cogestion des affaires publiques (cf. Section 1 du chapitre II).
Aussi bien l'administration électronique que l'open
government mise sur les TIC pour essayer de remodeler et revitaliser
l'administration publique à tel point que l'on imaginera que les
réformes administratives passent impérativement par le relais des
TIC. C'est à ce titre qu'on entendait d'une expression qui est devenue
à la mode «la prestation électronique de
services publics (la PESP », autrement dit, l'administration en ligne
ou l'administration par internet29.
Le contenu du présent chapitre a permis de
présenter les concepts de l'open government et de retracer les grandes
étapes de son émergence. Le second chapitre sera consacré
à la présentation des modifications escomptées à
travers l'introduction de l'open government dans l'administration publique.
Chapitre II : L'open government : vers une modification
à la copernicienne de l'administration publique
Sous l'impulsion de l'open government, les administrations
publiques entreprennent de nouveaux rapports avec le citoyen. C'est
l'ère de la dématérialisation desdits rapports qui
reposait sur une interactivité en ligne entre les deux parties moyennant
l'usage des TIC.
En effet, l'ouverture des données publiques en amont et
l'accès libre et gratuit des citoyens à ces données en
aval créaient une dynamique d'échange et transformait le
fonctionnement des gouvernements d'une «administration
unilatérale» des affaires publiques à une
approche collaborative avec les citoyens. Ainsi, «la collaboration
gouvernementale en ligne signifie que les
29JARREC (A), « L'Administration en ligne et
la gestion citoyenne, organisée et animée ? ANIMÉE »
», La revue de l'innovation dans le secteur public, volume 9, mars, 2004,
pp 2 - 3.
21
L'Open Gov et l'Administration Publique
gouvernements de la prochaine génération
pourront exploiter le potentiel des outils web 2.0 (dont le réseautage
social, les wikis et les blogs) pour modifier leur façon d'interagir
avec le grand public, de partager l'information et d'obtenir de meilleurs
résultats pour les citoyens »30.
L'open government va faire bénéficier
l'administration publique d'un environnement démocratique d'action et de
gestion des affaires publiques (Section1) ce qui
renforcera la légitimité des gouvernements en place. Toutefois,
pour assurer l'implantation de l'open government des changements
organisationnels et techniques sont requis (Section
2).
L'ampleur des changements apportés par la
démarche de l'open government et la consistance de ses apports peuvent
heurter à certaines entraves qui s'opposent aux ambitions de l'open
government et ce pour tenir compte des questions propres à la
spécificité de l'administration publique (Section
3).
Section 1 : Les apports de l'open government pour
l'administration publique
Appliqué aux administrations publiques, l'open
government n'est pas capable seulement de démocratiser le fonctionnement
des administrations publiques (paragraphe 1) mais
également de créer un environnement propice au
développement économique (paragraphe
2).
Paragraphe 1 : La «démocratisation» de
l'administration publique
L'open government en tant que nouvelle approche de gouvernance
s'est répandue rapidement au sein des régimes
démocratiques grâce à ses fondements ambitieux et
réalistes. Cette approche sollicitée aussi bien de la part des
Etats
30Bléair (S), Deloitte et Touche, «
Provoquer ou subir le changement, l'avenir de la collaboration gouvernementale
et le Web 2.0 »,
www.deloitte.ca, 2008, p
2.
22
L'Open Gov et l'Administration Publique
que des organisations permet la satisfaction d'un souci
massivement espéré à savoir la démocratisation des
politiques publiques.
En fait, appliqué à l'administration publique,
l'open government permettra un remodelage de celle-ci en lui procurant un
fonctionnement de plus en plus démocratique. Ceci se concrétise
à travers une participation (A) et une collaboration
(B) actives dans la gestion des affaires publiques en amont et
une gouvernance transparente en aval (C).
A. La participation
La participation consiste à associer les citoyens au
processus de décision publique. Elle a enregistré un
développement quant aux formes d'implication des citoyens dans la
gestion des affaires publiques, passant de certaines formes qualifiées
de «classiques» (1) à
la forme actuelle dite de web participatif (2).
1. Les formes
«classiques» de l'implication des
citoyens
Auparavant, l'implication du citoyen dans les affaires
publiques était assurée à travers plusieurs techniques
telles que : réunion publique, comité consultatif, la
médiation, la négociation, la prise de contact, sondage,
débat public, l'enquête publique et le
référendum31 ...
A titre illustratif, on se limitera à présenter
les formes de débat public (a), l'enquête
publique (b) et le référendum
(c).
a) Le débat public
L'une des manifestations de la démocratie est
l'association du citoyen au processus de prise de décision relative
à la gestion des affaires publiques. Ladite association se
concrétise à travers l'établissement d'un débat
public regroupant
31Cf, Thomas (JC), Action publique et
participation des citoyens : pour une gestion démocratique
revitalisée, Nouveaux horizons, 1995, pp 11-12.
23
L'Open Gov et l'Administration Publique
l'autorité publique et les citoyens. Ces derniers
« ont besoin de connaitre les projets de décisions susceptibles
de les affecter, leur contenu, leurs objectifs, leur portée, et de faire
part de leurs observations et de leurs suggestions à leur sujet.
L'expérience montre que les grandes décisions n'ont une chance de
recueillir un consensus, tout au moins de ne pas se heurter à une trop
forte opposition, que si elles ont été
précédées d'une compagne d'information et d'explication
suivie d'une phase de concertation en vue de parvenir à un compromis
entre les différents points de vue qui se sont exprimés, une
concertation fondée sur la clarté, la transparence et la
confiance »32.
Pour assurer la participation active, il faut que le citoyen
soit avisé en ayant les possibilités d'accéder aux
informations requises. Ainsi, une fois informé, le citoyen devient
associé au processus de prise de décisions relatives à la
gestion publique.
b) L'enquête publique
L'enquête publique est l'une des phases
préalables de la procédure au cours de laquelle le public
(habitants, associations, acteurs économiques ou simple citoyen) est
invité à donner son avis sur un projet de règlement ou
d'aménagement préparé et présenté par une
collectivité publique ou par l'État.
Elle a pour objet d'informer le citoyen et de recueillir ses
appréciations, suggestions et contre-propositions et ce pour permettre
aux autorités publiques d'avoir un compte rendu ou bien un feed-back
à propos des avis des citoyens concernant l'objet de l'enquête.
Une enquête peut porter sur des questions d'ordre social
(pauvreté, démographie...), économique (chômage,
développement régional..), et toute autre question se rapportant
à l'intérêt général.
32Salon (S) et Savignac (JC), Le citoyen et
l'administration, Berger-Levrault, Sep 2006, p 52.
24
L'Open Gov et l'Administration Publique
Elles sont effectuées dans de nombreux pays
démocratiques depuis les années 1960, pour des raisons de
gouvernance.
c) Le référendum
Le référendum est une procédure de vote
permettant de consulter directement les citoyens sur une question ou un texte,
qui ne sera adopté qu'en cas de réponse positive.
Le référendum est donc, un
instrument de «démocratie directe», car
il permet au peuple d'intervenir directement dans la conduite de la politique
nationale ou locale.
L'open government va créer une nouvelle modalité
de participation des citoyens grâce aux TIC qui est le web participatif
qui va amènera à dématérialiser les rapports
administration / administrés et animera une approche participative dans
la gestion des affaires publiques.
2. Le Web participatif
Avec l'open government, la participation dans la gestion des
affaires publiques est assurée par le web participatif qui prend une
place de plus en plus importante dans les activités liées aux
affaires, à la recherche et à l'innovation, mais aussi et
essentiellement la vie sociale. Ainsi, des approches plus ouvertes en
matière de création, d'échange et de diffusion
d'informations sont prises, tant au niveau des gouvernements, que dans de
nombreux secteurs de la société. Grâce à internet,
les gouvernements vont subir le changement et vont être obligés de
faire face aux nouveaux défis en matière de politique afin de
fournir un environnement qui permet et soutient ce développement et
cette diversité d'utilisation.
25
L'Open Gov et l'Administration Publique
L'émergence et la prolifération du web
participatif a eu d'énormes répercussions sur des logiques et des
esprits de fonctionnement biens ancrés. Il a fait preuve
d'habilité de revitaliser les processus démocratiques. En effet,
cette nouvelle approche de l'open government ; par le biais d'internet ; va
reconfigurer la conception de la démocratie en mettant en scène
«une démocratie participative» au lieu
«d'une démocratie
représentative». En effet, l'apparition de l'internet
« a favorisé la réalisation d'études sur la
façon dont les nouveaux phénomènes, comme la formation de
l'opinion publique et l'apparition de nouveaux discours, affectent les
institutions existantes et la démocratie de masse. Les avancées
informatiques ont contribué à donner de l'espoir concernant la
création d'une corrélation positive entre le développement
de l'internet et le renforcement de la démocratie grâce à
la participation accrue des citoyens dans l'arène politique. L'internet,
en renforçant les institutions de la société civile et en
élargissant les possibilités de communication de l'information et
de participation politique dans la sphère publique, a été
considéré comme un nouveau moyen de modifier le pouvoir
établi... »33.
Le web participatif procure donc cette communication
multidimensionnelle permettant aux différents acteurs d'échanger
de l'information. C'est une « communication à la fois
itérative et interactive : itérative, car en perpétuel
réajustement au fil des conversations entre l'entreprise et ses publics
et interactive, parce qu'elle est le fruit d'un échange, d'une
coproduction... »34.
En effet, la participation repose sur l'interactivité
entre les gouvernants et les gouvernés permettant ainsi de remplir les
conditions du « contrat social » pilier de n'importe quel
système démocratique. Ces propos ont été
vérifiés en Nouvelle - Zélande où « les
législateurs utilisent déjà les outils de
collaboration
33Jho (W), op.cit, pp. 163-180.
34Ruette-Guyot (E) et Leclerc (S), Web 2.0 : La
communication "Iter-@ctive", Economica 2009, p 9.
26
L'Open Gov et l'Administration Publique
en ligne pour élaborer les politiques de
l'État. Le service de police national a créé un wiki pour
solliciter l'opinion publique sur la New Zealand Police Act (loi sur les
services policiers de la Nouvelle-Zélande) avant son envoi au Parlement.
Cette démarche inhabituelle et très visible permet aux citoyens
d'aider à modifier une loi à l'état d'avant-projet
»35.
En guise de conclusion, l'open government amène
à changer le comportement des administrations d'un système de
fonctionnement unilatéral à un nouveau système
d'interactivité qui reconnaît les autres (les citoyens /
société civile...) et ce en les associant aux processus de
planification et de décision. C'est dans ce sens que l'Administration
Obama s'est orientée en considérant que la participation
du public améliore l'efficacité du gouvernement et
améliore la qualité de ses décisions. Les
ministères et les agences doivent offrir aux américains des
possibilités accrues de contribuer à l'élaboration des
politiques et de fournir à leur gouvernement les bénéfices
de leur savoir et expertise collective. Les ministères et agences
devront également solliciter l'avis du public sur les moyens d'augmenter
et améliorer les possibilités de participation du public dans la
gouvernance36. Cette participation valorise la citoyenneté de
la population et ce en l'associant au processus de production des politiques
publiques.
B. Coproduction et collaboration
Le rôle du gouvernement passerait de producteur à
coproducteur, par le biais d'une collaboration. La collaboration, dans un
contexte de gouvernement ouvert, implique que les citoyens, entreprises,
organismes, et gestionnaires gouvernementaux collaborent ensemble dans un
processus créatif qui leur permette de résoudre des
problématiques.
35Bléair (S), Deloitte et Touche, op.
cit, p 14. 36Wikipédia.
27
L'Open Gov et l'Administration Publique
Cette démarche de coproduction et de collaboration est
avant tout bénéfique pour l'administration publique du fait que
« la nécessité de travailler avec un public très
activement impliqué offre aux gestionnaires des possibilités
multiples d'accroitre leur propre efficacité et au - delà
l'efficacité et la légitimité des pouvoirs publics
»37. Dans cet ordre d'idée, l'Administration Obama
à travers son initiative d'open government, a engagé le
gouvernement à être collaboratif, invitant d'une part les
citoyens américains à participer pro-activement au travail de
leur gouvernement et invitant d'autre part les ministères et agences
à utiliser des outils innovants, des méthodes et systèmes
pour coopérer entre eux, à tous les niveaux de gouvernement, mais
aussi avec des ONG, des entreprises et des particuliers du secteur
privé.
Ainsi, la coproduction et la collaboration consiste en cette
valorisation des données publiques qui se concrétise par «
l'animation d'une communauté transversale des acteurs du territoire
: designers, développeurs, entreprises, associations, citoyens et
usagers. En d'autres termes, il faut trouver les moyens de faire se rencontrer
et fonctionner ensemble ces différentes sources d'invention, afin de
mixer les données et les idées de façon originale
»38.
Il s'avère nécessaire de signaler que l'un des
premiers exemples de «la collaboration en
ligne» a été livré par l'Organisation
Mondiale de la Santé lors de la crise du SRAS en 2003. En effet, «
la crise du syndrome respiratoire aigu sévère (SRAS) en 2003
illustre parfaitement les avantages de la collaboration. En mars, cette
année-là, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a
demandé à 11 laboratoires de recherche à l'échelle
mondiale de travailler ensemble à localiser le virus à l'origine
du SRAS. Pour faciliter le processus, l'OMS a lancé un site Web
où elle affichait des images des virus obtenues par microscope
électronique, les analyses et les résultats des tests. Ce
37Thomas (JC), op. cit , p 159.
38Gallon (C), in « Pourquoi mettre
à la disposition de tous les données publiques »,
08 mars 2011,
www.rslnmag.fr
L'Open Gov et l'Administration Publique
projet de recherche novateur a connu un énorme
succès et a permis aux scientifiques de localiser la source du SRAS en
moins d'un mois, mais sans qu'un pays donné puisse s'attribuer tout le
mérite de la découverte. Ce succès, fruit d'un effort
intensif de collaboration à l'échelle internationale, montre la
voie à suivre pour s'attaquer aux futurs défis ...
»39.
L'open government illustre les nouvelles formes de
collaboration qui s'établissent entre le gouvernement et divers
partenaires (gouvernements, milieu d'affaires, citoyens...). En voici le
changement40 qui s'établit :
Tableau n° 2 : Changement vers de nouvelles
formes de collaboration.
Ancienne façon de faire Nouvelle façon de
faire
|
Collaboration entre des gouvernements
Traditionnellement axée sur les relations entre les
gouvernements nationaux et leurs homologues des provinces ou États.
Collaboration de plus en plus directe des gouvernements nationaux
avec des villes, des provinces et des États du monde entier.
Collaboration entre le gouvernement et le milieu des
affaires
Relations surtout axées sur les entités qui
prennent généralement les formes traditionnelles suivantes :
· Comités consultatifs ;
· Consultations auprès des parties prenantes ;
· Partenariats ;
· Transactions.
Recours accru aux partenariats non traditionnels pour les projets
publics qui répartissent les risques et les avantages entre plusieurs
parties.
28
Collaboration entre le gouvernement et les
citoyens
Modèle traditionnel de prestation des Participation accrue
des citoyens à la
services. détermination des services gouvernementaux
recherchés et requis et des modalités de
prestation.
L'open government à travers les données ouvertes
(open data) offrait aux citoyens cette opportunité de participer aux
choix des politiques publiques et de
39Surowiecki (J), La sagesse des foules, New York,
Random House, 2004. 40Bléair (S), Deloitte et Touche, op.
cit, p 8.
29
L'Open Gov et l'Administration Publique
collaborer dans la gestion des affaires publiques et tout
ça contribue à l'amélioration de la transparence qui est
le levier essentiel de tout système démocratique.
C. La transparence
La transparence peut être définit, dans ce
contexte, comme étant la disponibilité et le libre accès
à l'information concernant les activités, procédures et
décisions politiques et économiques du gouvernement.
La transparence permet de « vérifier les
conditions dans lesquelles les politiques publiques sont
préparées, menées et contrôlées par les
instances politiques compétentes ou par toutes les personnes
intéressées s'agissant des politiques publiques concernant
l'ensemble des membres d'une société déterminée ou
d'un corps social constituant une communauté nationale
»41.
L'ouverture des données publiques permet de
créer un environnement clair et transparent favorisant
l'accessibilité aux informations relatives à la gestion publique.
De telle façon, le citoyen sera en connaissance de cause et avisé
sur tous les programmes et projets publics, ainsi que toute information
relative au maniement des deniers publics.
La transparence implique donc une parfaite
accessibilité à l'information dans les domaines qui
intéressent l'opinion publique. Et ceci, non seulement pour attirer plus
d'investissement, mais également pour encourager la participation du
secteur privé et de la société civile afin
d'améliorer la qualité des décisions prises et de
rationaliser l'utilisation des ressources publiques.
Cette transparence favorisera la reddition de comptes
et la mise à disposition d'informations au profit des citoyens sur ce
que fait leur
41Essoussi (A), « Le devoir de transparence et de
rendre compte dans le secteur public de certains pays arabes : politiques et
pratiques », Programme des Nations Unies pour le développement,
Bureau Régional pour les États Arabes, Nations Unies, New York,
2004, p 89.
30
L'Open Gov et l'Administration Publique
gouvernement. Cette information que le gouvernement devra
mettre à jour est considérée par l'administration Obama
comme «un atout national». A ce propos, le
Président Obama déclarait que « mon gouvernement prendra
les mesures appropriées, compatibles avec le droit et la politique, pour
divulguer des informations rapidement et dans des formes que le public puisse
facilement trouver et utiliser. Les ministères (Executive
departments) et agences devront exploiter les nouvelles technologies pour
mettre en ligne et rendre facilement accessibles au public des informations sur
leurs activités et les décisions prises. Les ministères et
organismes doivent aussi solliciter les commentaires de la population pour
identifier les informations les plus utiles au public
»42.
Cette transparence, cette ouverture des données
publiques, donnera aux citoyens l'information dont ils ont besoin pour
comprendre comment leur gouvernement gère les affaires publiques et
comment il mène les politiques économiques, sociales... et
à partir de cela, il devient possible de créer des
opportunités de participation et de collaboration à travers la
mise en place d'un environnement interactif. La transparence est donc l'un des
piliers de l'open government qui est capable de rehausser le
développement démocratique et la croissance économique.
Paragraphe 2 : L'open data et développement
économique
Sous l'ère de l'open data, on parle de plus en plus de
«l'économie des données». Les
données publiques une fois rendues ouvertes et accessibles à tous
auront plus de valeurs économiques moyennant leurs
réutilisations. Cela se réalise par la favorisation de la
réutilisation de ces données (l'open data) pour «
permettre à la communauté des développeurs et des
entrepreneurs de leur inventer de nouveaux usages. C'est donc encourager
l'innovation, et contribuer
42 Wikipédia.
31
L'Open Gov et l'Administration Publique
au développement des secteurs stratégiques
d'avenir, de l'économie numérique au développement durable
»43.
Le potentiel économique a impulsé les
gouvernements à faciliter et à encourager l'ouverture des
données publiques. De nombreuses estimations relatives aux
potentialités économiques des données publiques en cas de
leur ouverture ont été établies. A titre d'exemples, on
cite :
Tableau n° 3 : Potentiel économique
de l'ouverture des données publiques.
N° Pays Potentiel économique de l'ouverture
des données
01 Royaume-Uni Le gouvernement britannique
parlait d'un marché évalué à 6
Md£44.
02 Espagne Selon l'étude Mepsir (2006),
la réutilisation des données
publiques en Espagne représenterait un marché
d'environ 2 milliards d'euros et supposerait l'emploi de 45 000 personnes sur
ce secteur dans les dix prochaines années45.
|
03 L'Union Selon un rapport de la commission
européenne, le potentiel
Européenne économique annuel de
l'ouverture des données est estimé à 27
Md€46.
L'open data crée un appui à l'innovation du fait
que l'accès aux ressources du savoir, sous forme de données,
consolide les efforts d'innovation dans le secteur privé en valorisant
la réutilisation des ressources existantes (informations statistiques,
scientifiques, géographiques, environnementales...). La
disponibilité des données sous forme électronique favorise
la créativité qui peut déboucher sur l'analyse de
marchés, la prévision des tendances économiques, et elle
guide les entreprises dans leurs décisions d'investissement
stratégique.
43Ecole des Ponts Paris Tech, Rapport remis
à la Délégation aux Usages de l'Internet dans le cadre du
portail Proxima Mobile de services aux citoyens sur terminaux mobiles, «
Les données publiques au service de l'Innovation et de la Transparence,
Pour une politique ambitieuse de réutilisation des données
publiques », Juillet 2011, p 5.
44Chrzanowski (P), «
Data.gov.uk, l'ouverture des
données publiques au Royaume-Uni », Ambassade de France au
Royaume-Uni, Service Science et Technologie, Mars-Avril 2011, p3.
45Abella (A), « Réutilisation de
l'information publique et privée en Espagne, une opportunité pour
les entreprises et l'emploi », Rooter Analysis, 2011.
46Vigé (J), op. cit.
32
L'Open Gov et l'Administration Publique
Afin de justifier leur stratégie d'ouverture des
données publiques, certains pays se rapportent souvent à des
études macro-économiques sur la valeur desdites données.
Ces études révèlent un important potentiel
économique peut être valorisé en réutilisant les
données publiques. A titre d'exemples47, on cite :
? Le gouvernement australien a réalisé une
étude relative aux données spatiales intitulé
«La valeur d'information spatiale : l'impact des technologies
spatiales modernes de l'information sur l'économie
australienne» (Acil Tasman, 2008), qui a calculé que
l'industrie par les données spatiales pour 2006/2007 a
représenté un chiffre d'affaires de 1.37 milliard de dollars
australiens ;
? Au Danemark, une étude engagée par les
autorités en 2010, a estimé que - en éditant les
données de gouvernement - le gouvernement danois pourrait stimuler la
création de nouveaux services à la valeur de 600 millions de
couronne danoise ;
? Aux Etats Unis, la valeur économique des informations
du secteur public est estimée à raison de 750 milliards
d'euros.
Par conséquent, la démarche de l'open government
est largement ambitieuse de part ses externalités positives en
matière du renforcement du processus démocratique de gouvernance
d'une part et de la favorisation de la relance économique d'autre part.
Cependant, ce nouvel environnement apporté par la logique de l'open
government imposera également de nouveaux aspects organisationnels et
techniques pour conduire à mieux l'insertion de l'open government au
sein de l'Administration publique.
47Huijboom (N) et Van den Broek (T), « Open
data: an international comparison of strategies », European Journal of
ePractice, N° 12 March/April 2011, p 10.
33
L'Open Gov et l'Administration Publique
Section 2 : Les aspects organisationnels et techniques de
l'open government
On s'arrêtera à ce niveau sur les changements
organisationnels (paragraphe 1) et techniques
(paragraphe 2) qu'imposera l'introduction de l'open
government au sein de l'administration publique.
Paragraphe 1: Les aspects organisationnels
L'open government induit un changement à la
copernicienne dans le fonctionnement de l'administration publique.
L'orientation d'un gouvernement vers ce mode de conduite des politiques
publiques induit des changements organisationnels.
Une démarche d'implantation d'open government au sein
de l'administration publique « doit s'accompagner par la mise en place
de nouveaux modes de gestion de projets pour les collectivités, de
canaux de diffusion en ligne et de participation afin de faciliter les
échanges, prendre en compte les retours et coproduire avec les acteurs
du territoire. Cette approche est difficilement applicable dans une
organisation conventionnelle et requière donc une modernisation des
méthodes de travail basées sous la philosophie de l'Open
Government ou Gouvernance Ouverte »48.
Sans changement d'outils, d'état d'esprit, de mode
d'interaction, l'administration n'arrivera pas à gérer le
développement de l'écosystème de réutilisateurs de
données publiques, de répondre à leurs attentes, de
prendre en considération leurs suggestions, d'intégrer
l'enrichissement des données en interne. Elle ne réussira pas par
conséquent à développer une culture de traitement de la
donnée publique pour optimiser la gestion et créer de
l'innovation.
48Abella (A), op. cit.
34
L'Open Gov et l'Administration Publique
Pour ce qui est de l'open data, certains se contentent
d'interpeller les administrations sur l'ouverture de leurs données, sans
jamais évoquer les changements que devraient accompagner la mise
à disposition. Or, de la sorte nous serions devant un processus
inachevé car à défaut d'une volonté et d'un
engagement politique de modernisation des services publics et sans ces
changements structurels, nous assisterons à une ouverture
«octroyée» (en terme de qualité
et de données disponibles) qui met en doute la pérennité
des démarches open data puisque l'administration va ouvrir les
données publiques à sa guise et donc sans remplir les conditions
de fond et de forme de l'open government.
Il faut bien tenir compte des aspects organisationnels lors de
l'engagement vers un open government. En fait, la conduite d'un changement
organisationnel est une tâche difficile car « non seulement on
peut être confronté à de multiples sources de
résistance, collectives ou individuelles, fondées sur des
intérêts rationnels ou des réactions émotionnelles,
mais une fois le changement accompli, il y a toujours des risques de retour en
arrière. La technologie est parfois perçue comme un moyen
susceptible d'aider à surmonter ces deux écueils, mais il ne faut
pas la considérer comme un « outil miracle » qui permettrait
de se passer d'une méthode de conduite du changement adaptée
»49.
Ce changement organisationnel autant qu'il est indispensable
pour une démarche d'instauration d'un open government au sein de
l'administration publique autant qu'il devrait être mené tout en
prenant en considération l'environnement sur lequel on veut agir : c'est
une «contextualisation» du changement. A ce
titre, «... le processus de changement tend à devenir si rapide
et constant qu'il rend obsolètes toutes les soi-disant recettes
universelles de gestion du changement. En réalité, aujourd'hui et
encore plus demain, ce qui est
49Corbel (P), Technologie, Innovation,
Stratégie : de l'innovation technologique à l'innovation
stratégique, Lextenso éditions, Paris 2009, p 245.
35
L'Open Gov et l'Administration Publique
important ce ne sont pas les meilleures pratiques,
exemples ou références trouvées à
l'extérieur, mais les meilleures questions que le réformateur
aura la sagesse et le courage de se poser »50.
Il n'existe pas de modèle parfait qu'il soit
transposable d'une société à une autre. Chaque
société est contrainte par ses propres valeurs qui lui imposent
une façon déterminée de changement. Cependant, s'il y a
lieu d'admettre des spécificités dans la mise en oeuvre des
changements organisationnels selon les états des lieux dans chaque pays,
il faut tout de même admettre que l'instauration de l'open government
obéit aux mêmes soubassements techniques.
Paragraphe 2: Les aspects techniques
Les changements générés par
l'introduction de l'approche de l'open government au sein de l'administration
publique ne se marquent pas seulement par un revirement de l'esprit de la
gouvernance publique mais également par le recours à des
technologies de pointe et en l'occurrence à la technologie du web 2.0.
En effet, « il est tentant de s'appuyer sur ces technologies pour
instituer des changements visant justement à mettre plus de
transversalité dans les échanges ... L'outil informatique devient
alors le vecteur principal d'une reconfiguration des processus (ou «
reengineering ») »51.
Pour aborder la question des aspects techniques, on va
commencer par une présentation succincte de la technique du web 2.0
(A) avant de donner quelques aspects ou formes que peut
prendre le web 2.0 (B) pour finir avec les formes que doivent
prendre les données ouvertes pour qu'elles soient exploitables et
réutilisables (C).
50Balogun (J), Hope Hailey (V) et Viardot (E),
Stratégies du changement, Pearson Education, 2005, p 213.
51Corbel (P), op. cit, p 245.
36
L'Open Gov et l'Administration Publique
A. Le web 2.0
Le web 2.0 désigne les technologies et les usages du
World Wide Web qui permettent aux internautes d'interagir simplement à
la fois avec le contenu des pages, mais aussi entre eux, créant ainsi le
web social.
En effet, avec le web 2.0 on marque la fin des médias
traditionnels de masse qui consistent en « un émetteur qui
produit un message et le diffuse par un canal de communication à un
auditoire de masse captif et passif »52 pour céder
le passage à un nouveau usager actif et créateur de contenu.
Les créateurs de contenu deviennent, dans cette
nouvelle dynamique participative moyennant le web, d'une grande influence sur
le public des internautes et par leur biais sur toute la société.
Le web 2.0 a l'avantage de transformer la vie sociale et il devient rapidement
un outil concurrentiel pour les entreprises, mais les gouvernements tardent
à en reconnaître ces avantages.
Les citoyens attendent encore que leurs gouvernements adoptent
le web 2.0 afin d'atteindre des objectifs, tels que:
? Améliorer les résultats des politiques;
? Utiliser plus efficacement l'information gouvernementale;
? Rationaliser les opérations internes; ? Attirer les
meilleurs éléments.
Les expériences comparées qui ont opté
pour l'open government ont déjà emprunté la voie du web
2.0 qui donne le vrai sens de cette démarche puisqu'il permet ;
techniquement; l'interactivité et l'interopérabilité entre
les citoyens et les administrations publiques.
52 Ruette-Guyot (E) et Leclerc (S), op.cit, p
9.
37
L'Open Gov et l'Administration Publique
L'administration publique, en faisant recours au web 2.0, sera
en mesure de communiquer avec sa population et de profiter des propositions et
suggestions émanant des citoyens : elle gagnerait davantage sur le plan
de la transparence. Il suffit de comparer les apports du web 2.0 en termes de
communication par rapport à ce qui était sous l'égide du
web 1.0 pour saisir la nature de la communication publique qui
s'établira.
Tableau n° 4 : Comparaison du Gouvernement
1.0 et Gouvernement 2.0.53
Dimension Gouvernement 1.0 Gouvernement 2.0
|
- Réseauté
Modèle de fonctionnement - Hiérarchique -
Collaboratif
- Rigide - Souple
Nouveaux modèles de - Uniformisés -
Personnalisés
prestation des services - Exclusifs - Axés sur le choix
- À canal unique - À multicanaux
|
Orientation sur le rendement - Axée sur les intrants -
Axée sur les résultats
- Fermée - Transparente
Prise des décisions
|
- Passive - Participative
|
B. Les manifestations du web 2.0
On se limitera à ce niveau de présenter trois
formes du web 2.0 à savoir les blogs (1), le
réseautage social (2) et le wiki
(3).
1. Le Blog
C'est un système d'édition web qui permet
à un ou plusieurs auteurs de publier de façon simple et
immédiate des billets (appelés
«posts») selon un ordre chronologique. Les
internautes peuvent réagir à un billet en publiant directement
leurs commentaires, créant une communauté autour des centres
d'intérêts de
53Bléair (S), Deloitte et Touche, op.cit, p
9.
38
L'Open Gov et l'Administration Publique
l'auteur du blog. Le blog offre donc un certain compromis
entre le site personnel et le forum de discussion.
2. Le réseautage social
Les réseaux sociaux peuvent être définis
comme des communautés de personnes qui partagent des
intérêts et activités communs ou qui sont
intéressées à explorer les intérêts et
activités des autres sur internet. Ces réseaux touchent les
domaines les plus divers : loisirs, passions, musiques, voyages, vie
professionnelle... « Il s'agit des sites web ou de plates-formes web
qui ont pour vocation première de permettre aux usagers d'entretenir
leur réseau d'amis et
de contact de manière simple
»54.
Les utilisateurs du réseautage social ont une
multitude de façons d'interagir comme le chat, les messages, les
e-mails, les vidéos, le chat vocal, le partage de fichiers, les groupes
de discussion... Ces fonctionnalités permettent des échanges et
réactivités entre les membres inscrits.
Les sites de réseautage social offrent la
possibilité aux utilisateurs pour exprimer leurs propres opinions, ainsi
que pour trouver d'autres personnes aux intérêts et
expériences similaires, pour partager et pour apprendre dans un
environnement virtuel.
3. Le Wiki
C'est un outil de gestion de site web qui permet aux
utilisateurs de publier et modifier facilement le contenu d'un site. Les wikis
sont surtout utilisés dans une optique collaborative et les utilisateurs
autorisés peuvent ainsi participer à l'enrichissement du contenu.
Historiquement, le premier wiki a été inventé par Ward
Cunningham qui a choisi l'appellation en s'inspirant de l'Hawaïen
«Wiki-Wiki» signifiant
«vite».
54Ibid, p 61.
39
L'Open Gov et l'Administration Publique
A titre d'exemple, on peut citer l'encyclopédie libre
wikipédia créée en 2001 qui devient, aujourd'hui, le wiki
le plus populaire.
C. Les formats des données publiques
ouvertes
L'utilisation de formats de données standardisés
et adaptés au web est l'un des premiers critères de succès
pour leur réutilisation. En fait, l'ouverture des données
publiques doit être faite sous certains formats pour que les internautes
puissent les consulter et en tirer profits. Généralement les
données publiques ont été mises sur le web sous les
formats suivants comme était le cas britannique :
Figure n° 3 : Exemple des formats de
données utilisés au Royaume-Uni55.
6%
3%
33%
16%
6%
13%
8%
15%
PDF JSON RDF CSV
XLS HTML ZIP XML
Les nouvelles capacités technologiques combinant et
intégrant l'informatique et le réseau permettent de nouvelles
applications. De même, le développement des TIC a permis le
stockage des informations sous forme numérique diversifiée. En
conséquence, l'informatisation et la concentration numériques ont
permis au gouvernement et aux entreprises d'agir sans limite de
55Chrzanowski (P), «
Data.gov.uk, l'ouverture des
données publiques au Royaume-Uni », Ambassade de France au
Royaume-Uni, Service Science et Technologie, Mars-Avril 2011, p9.
40
L'Open Gov et l'Administration Publique
temps et d'espace, sans aucune différence entre
l'information originale et l'information copiée.
Les apports ambitieux estimés de l'introduction de
l'open government dans l'administration publique n'occultent pas pour autant
les entraves et les limites qui peuvent heurter à cette nouvelle
approche.
Section 3: Les limites de l'open government
L'open government à travers l'open data instaurait un
système démocratique grâce à la transparence du
travail gouvernemental et introduira impérativement des profonds
changements dans le fonctionnement des administrations publiques. Toutefois,
« cette transparence démocratique ne doit pas être
interprétée de manière dogmatique. Toute information ne
peut et ne doit pas être nécessairement rendue publique. La
transparence de l'action publique s'arrête là où commence
le respect de la vie privée, des secrets légaux, des secrets de
défense »56.
Ainsi donc, plusieurs limites peuvent heurter à
l'adoption d'une démarche open government dont, notamment, des limites
relatives à la protection des données personnelles et la
sécurité nationale (paragraphe 1), des
limites culturelles (paragraphe 2), et des limites
techniques (paragraphe 3).
Paragraphe 1 : Limites relatives à la
protection des données personnelles et à la
sécurité
Depuis le début de l'année 2000, de nombreux
discours concernant la protection des renseignements personnels ont vu le jour.
Les citoyens sont d'une inquiétude croissante concernant la collecte,
l'utilisation et la protection des renseignements personnels. Par
conséquent, les différentes parties admettent que
56Riester (F), « Des limites à la
transparence », in « Quelle politique pour les
données publiques ? », Colloque 10 novembre 2011 - Assemblée
nationale, p 15.
41
L'Open Gov et l'Administration Publique
l'ouverture de la sphère publique ne doit pas mettre en
péril le droit des individus au respect de leur vie privée.
Les gouvernements font face à des oppositions violentes
de la part des citoyens et des associations pour les rallier à leurs
projets de nouvelles technologies d'information. Ces oppositions s'expliquent
par la crainte d'un détournement possible des informations fournies par
le gouvernement pouvant produire des sites intrusifs ou discriminants.
A titre d'exemples, au Corée de sud57
quelques tentatives gouvernementales visant l'informatisation de certaines
données personnelles ont heurté à l'opposition des
citoyens et de la société civile. Le tableau ci - dessous nous
illustre ces exemples :
Tableau n°5 : Tentatives gouvernementales
d'informatisation de données personnelles au Corée de
sud.
N° La mesure gouvernementale L'objet des
contestations
01 Carte d'identité
électronique nationale : elle combine les fonctions de la carte
d'identité, du permis de conduire et de la carte de crédit et un
logiciel supplémentaire peut être installé.
|
Les craintes réelles du public concernent les fuites de
leurs renseignements privés, dès lors que la numérisation
des renseignements privés liée au système de carte
d'identité électronique entraîne une possibilité de
diffusion des renseignements privés.
|
02 NEIS (National Education Information System -
système
national d'information sur
l'éducation) : visait à relier l'ensemble des
établissements d'enseignement et des écoles au sein d'un
réseau afin de pouvoir partager toutes les informations concernant les
activités des écoles, les questions de personnel, les budgets et
la comptabilité.
L'Union des enseignants coréens (KTU)
préconisait l'abandon total ou l'ajournement du NEIS, en insistant sur
le fait que la collecte excessive de renseignements personnels sur les
étudiants pouvait entraîner une violation du droit de la
personne.
Le KTU a lancé un vif mouvement de rejet contre le NEIS
en déclenchant une action en justice auprès du comité
national des droits de l'homme... Ce conflit a été
réglé avec la conclusion selon laquelle le gouvernement devait
gérer un serveur différent traitant des
affaires scolaires/d'enseignement, de
57Cf Jho (W), « Les défis en
matière d'e-gouvernance : Protestations de la société
civile concernant la protection de la vie privée dans l'e-gouvernement
en Corée », RISA, 1/2005 (Vol. 71), p. 163-180.
42
L'Open Gov et l'Administration Publique
l'admission à l'école et du domaine de la
santé, tandis que le reste serait géré via le
système de NEIS.
|
03 Les CCTV dans la zone de
Kangnam-ku : en 2003, le gouvernement du district de Kangnam
à Séoul a annoncé un plan visant à installer des
CCTV dans les espaces découverts afin de prévenir la
criminalité.
|
Ceux qui étaient opposés au projet de CCTV
avançaient que la menace que faisait peser les CCTV sur la vie
privée était plus importante que ses avantages potentiels. En
d'autres termes, l'opérateur de la CCTV pouvait abuser du système
en pointant la caméra sur des appartements privés ou l'utiliser
de façon socio-politique.
D'autre part, d'autres résidents soutenaient
qu'étant donné que les CCTV allaient être installées
dans des rues larges, loin des résidences privées, et que les
objectifs et les moyens étaient justes.
|
A ces limites ayant trait à la protection des
données personnelles s'ajoutent d'autres restrictions. En effet, les
objectifs ambitieux de l'open government (transparence, participation...) ne
parviennent pas jusqu'à justifier le dépassement de certaines
limites. Ainsi, « ... la transparence n'est pas toujours
nécessaire en compétition avec des valeurs importantes telles que
la confidentialité, de sécurité et d'efficacité
»58. Les pays en optant pour une administration ouverte
tiennent aussi à observer les raisons de sécurité
nationale et de confidentialité.
Pour ce qui est de la sécurité nationale, «
depuis les événements du 11 septembre 2001, plusieurs pays de
l'OCDE ont adopté de nouveaux principes directeurs ou de nouveaux textes
de loi resserrant les dispositions juridiques applicables à
l'accès à l'information. Dans de nombreux pays, du fait de
l'absence de définition précise du concept de «
sécurité nationale » et de la latitude accrue dont disposent
les agents publics pour décider si des
58Moloney(S), «
Atelier de Washington sur l'évaluation du gouvernement
ouvert », 18/05/2011,
www.law.upenn.edu
43
L'Open Gov et l'Administration Publique
informations sont confidentielles ou non, l'option par
défaut est aujourd'hui plus le secret que la communication
»59.
Du même ordre, la confidentialité est parfois
sollicitée pour servir l'intérêt général et
asseoir la gestion publique sur des bases solides. En effet, « au sein
du gouvernement, afin d'établir la confiance du public en termes de
prise de décision responsable, un certain degré de
confidentialité peut être requis pour que les
vérités difficiles à entendre soient
énoncées, que les erreurs ne soient pas dissimulées, et
qu'aucune forme d'autocensure ne remette en cause la franchise des conseils
donnés aux ministres »60.
Le professeur Mario Savino61 a justifié la
restriction de l'ouverture de certaines données au public par deux
raisons : la protection d'intérêts publics légitimes
(a) et la protection d'intérêts privés
légitimes (b).
a) Protection d'intérêts publics
légitimes
Il s'agit de protéger deux catégories
principales d'intérêts publics légitimes : la
première catégorie inclut quatre intérêts
publics : la défense et questions militaires ; relations internationales
; sécurité publique (ou ordre public ou sûreté
publique) ; la politique économique monétaire, financière
et de l'État. Ces intérêts sont collectivement
identifiés en tant que « fonctions souveraines » de
l'État.
Le deuxième groupe d'exemptions
à l'intérêt public comprend les informations liées
aux actions intentées devant les tribunaux; la conduite des
enquêtes, inspections et audits ; et la formation des décisions du
gouvernement (c'est-à-dire les documents internes).
59Direction des relations publiques et de la
Communication, « La modernisation du secteur public : l'administration
ouverte », OCDE, 2005, p 7.
60 Ibid, p 8.
61Savino (M), op. cit, p 22.
44
L'Open Gov et l'Administration Publique
b) Protection d'intérêts privés
légitimes
Il y a trois genres d'intérêts privés que
la législation de transparence mentionne habituellement comme des
raisons pour des exemptions :
? Les secrets commerciaux, d'affaires et professionnels ;
? Les intérêts commerciaux ; ? Les données
personnelles.
A ces limites qui ont trait à la protection des
données privées et celles relatives à la
sécurité, la démarche de l'open government va aussi
heurter à des limites culturelles.
Paragraphe 2 : Limites culturelles
Par «limites culturelles» on
vise l'état d'esprit qui règne au sein des administrations
publiques et qui ne s'accommode pas avec la philosophie d'open. En fait, des
administrations vont se sentir perdantes, parce que le monopole qu'elles ont
sur les données publiques constitue une sorte de rente (ou monopole).
Une certaine réticence est alors prévisible et selon Augustin
Landier62 des sophismes sont attendus de type :
? «Trop d'infos tue
l'info» : Si on leur donne la donnée brute, ils
ne vont pas comprendre, ils vont paniquer, se tromper dans
l'interprétation. Il vaut mieux leur mâcher le travail,
agréger l'information...
? «Ça
coûte trop cher» : Selon cette logique, les
journalistes ou les citoyens peuvent orienter des données pour appuyer
leurs propos, articles ou points de vue. On se retrouve alors face au
problème de l'interprétation de l'information brute, de la
même façon que même les meilleures statistiques sont
toujours ouvertes à interprétation et à la prospective.
62Landier (A), « Gouverner en informant »,
in « Quelle politique pour les données publiques ? »,
Colloque 10 novembre 2011 - Assemblée nationale, p 7.
45
L'Open Gov et l'Administration Publique
Si la résistance de l'administration publique quant
à l'ouverture des données publiques s'explique par des facteurs
culturels et même s'il est vrai que « la tradition culturelle
d'un système administratif a un impact crucial sur le degré
efficace d'ouverture de ce système... la culture peut rapidement
changer, à la fois à l'intérieur et à
l'extérieur de l'administration »63.D'ailleurs, les
administrations peuvent aussi prétendent que des limites techniques
empêchent leurs insertions dans une approche d'open government.
Paragraphe 3 : Limites techniques
Face aux problèmes de limites de stockage des
données et afin de diminuer le coût de la mise des données
publiques sur le web, une technique appelée cloud computing est
envisageable (cf. Annexe n° 2).
Le cloud computing, ou informatique virtuelle ou
encore dématérialisée, est un concept qui consiste
à déporter sur des serveurs distants des stockages et des
traitements informatiques traditionnellement localisés sur des serveurs
locaux ou sur le poste de l'utilisateur.
Les utilisateurs ou les entreprises ne sont plus
gérants de leurs serveurs informatiques mais peuvent ainsi
accéder de manière évolutive à de nombreux
services en ligne sans avoir à gérer l'infrastructure
sous-jacente, souvent complexe. Les applications et les données ne se
trouvent plus sur l'ordinateur local, mais dans un nuage ou « cloud »
de serveurs distants interconnectés au moyen d'une excellente bande
passante indispensable à la fluidité du système.
On peut distinguer trois formes de cloud computing :
- Les clouds privés internes :
gérés en interne par une entreprise
pour ses besoins,
63Savino (M), op. cit, p 15.
46
L'Open Gov et l'Administration Publique
- Les clouds privés externes
: dédiés aux besoins propres d'une seule
entreprise, mais dont la gestion est externalisée
chez un prestataire,
- Les clouds publics :
gérés par des entreprises spécialisées qui
louent leurs services à de nombreuses entreprises.
Le recours des entreprises à des services de cloud
computing dans le domaine de l'hébergement de leurs infrastructures
et applications informatiques est une tendance qui ne cesse de se
développer de plus en plus.
A ce propos, en novembre 2010, le gouvernement des Etats-Unis
d'Amérique a lancé une politique de cloud prioritaire
afin de réaliser des économies substantielles sur son budget
annuel informatique de 80 milliards de dollars, par la consolidation d'au moins
40 % des 2 100 data-centres d'ici 2015.
En guise de conclusion, il ne suffit pas de créer un
wiki ou un blogue pour développer une culture favorable au Gouvernement
2.0. Des hauts fonctionnaires, des investissements stratégiques en
technologie, des changements organisationnels sont nécessaires pour
surmonter les obstacles culturels, technologiques et stratégiques qui
peuvent freiner la progression des gouvernements.
Les gouvernements à coté de leur volonté
et détermination politiques vers l'instauration d'une administration
ouverte sont tenus aussi d'observer les différentes exemptions
précédemment mentionnées pour à la fois
réaliser les objectifs de l'open government d'une part et
préserver la pérennité de l'Etat et des
intérêts privés d'autre part.
De même, face à certains types de limites des
remèdes sont préconisés afin de réussir le
processus de gouvernement ouvert. En fait, la tâche des décideurs
politiques dépasse la simple volonté politique d'instaurer
l'administration ouverte pour oeuvrer pour convaincre l'administration
parfois
L'Open Gov et l'Administration Publique
47
rétive à lâcher ce qui
«fait» son pouvoir. Et comme l'a signalé
Danielle Bourlange un travail d'éducation est indispensable :
«nous faisons beaucoup de sensibilisation afin d'expliquer aux
services les enjeux économiques et sociaux de l'Open data. Nous les
rassurons notamment sur les garanties qu'un système de licences
adapté peut apporter pour la bonne utilisation de certaines
données
»64.
64Bourlange (D), cité in « Pourquoi
mettre à la disposition de tous les données publiques »,
aout 2011,
www.rslnmag.fr
48
L'Open Gov et l'Administration Publique
Conclusion de la première partie :
Inaugurée en 2009 par l'administration Obama, la
démarche de l'open government a rapidement gagné du terrain et
elle a enregistré une course de part les Etats à s'approprier de
cette approche de gouvernance. Ainsi, l'open government peut être
présenté à nos jours en tant qu'elle est la
dernière vogue des efforts de modernisation de l'administration publique
et de recherche de son efficacité.
L'adoption de l'open government par l'administration publique
fait appel aux TIC qui donnent le vrai sens à cette nouvelle
démarche de gouvernance. A cet effet, des réaménagements
de l'administration publique via de nouveaux dispositifs techniques et
organisationnels s'imposent pour favoriser et créer un
écosystème de coopération et d'interactivité entre
les gouvernants et les gouvernés dans la conception et la conduite des
politiques publiques.
Riche des ses apports en matière de renforcement du
processus démocratique via la participation citoyenne dans la gestion
« en ligne » des affaires publiques et la transparence qui en
découle, l'open government repose sur l'open data qui permettrait aux
citoyens d'accéder aux données publiques, de les commenter et
d'en prendre position sur telle ou telle question instruisant ainsi pour un
environnement de gestion publique collaboratif et interactif. Cette nouvelle
dynamique du processus démocratique aura des retombées positives
sur le milieu des affaires grâce à ce peut générer
la réutilisation des données publiques de croissance
économique.
Toutefois, le changement n'est pas une chose aisée.
Plusieurs sont les difficultés et les entraves qui peuvent heurter
à l'introduction de la démarche de l'open government au sein de
l'administration. En effet, des limites d'ordre
49
L'Open Gov et l'Administration Publique
culturel, technique ou aussi ayant trait à la
protection des données personnelles ou d'ordre public sont à
surmonter et il y a lieu à ce titre que de nouveaux aspects
organisationnels et techniques soient pris en considération pour mener
à bien la démarche d'insertion de l'open government dans
l'administration publique.
Des regards croisés sur ce qui est déjà
fait dans d'autres pays et l'état des lieux en matière d'open
government en Tunisie feront l'objet de notre deuxième partie.
50
L'Open Gov et l'Administration Publique
Deuxième partie : Une initiative tunisienne
d'open
government à la lumière
d'expériences
internationales
A nos jours et partout dans le monde, les Etats ne peuvent
plus méconnaitre l'émergence d'un mouvement de réclamation
d'une gouvernance ouverte ou encore d'un open government. Cette
réclamation n'est pas spécifique aux pays
développés, mais c'est un phénomène international
qui gagnera de plus en plus du terrain.
Dans certains Etats, la réclamation de l'ouverture des
données publiques présente un réel champ de bataille des
organisations de la société civile avec les pouvoirs publics. La
Tunisie post-révolutionnaire n'est pas épargnée de cette
mouvance. Depuis 2011, on a assisté à une pression croissante de
la part d'un groupe de députés à la Constituante et de la
société civile pour l'ouverture au public des débats, des
documents et des données tenus par les autorités publiques.
Malgré la diversité des approches, les projets initiés
dans divers pays à travers le monde, notamment en Amérique du
nord et en Europe, ont constitué une source d'inspiration pour les
initiateurs de ce projet.
En Europe, des directives européennes vont servir de
guide pour les Etats afin qu'ils mènent une politique d'ouverture des
données publiques. Toutefois, l'expérience française et
celle de l'Espagne présentent un intérêt particulier que
l'on peut évoquer en présentant ces deux modèles.
51
L'Open Gov et l'Administration Publique
Ces expériences comparées de l'open government
(Chapitre I) peuvent présenter une
réelle source d'inspiration pour un open government en Tunisie
(Chapitre II).
Chapitre I : Expériences comparées de
l'open government
Plusieurs démocraties cherchent, aujourd'hui, à
rendre accessibles un grand nombre de données publiques dans le but de
développer le concept de transparence gouvernementale. Dans ce contexte,
alors que les pays anglo-saxons étaient pionniers de l'open data
(Section 1), au niveau européen
(Section 2) la mise à disposition des
données publiques et le droit à leur réutilisation ont
fait l'objet de directives devenues sources d'inspiration d'expériences
étatiques. Les pays africains sont aussi au diapason de ce mouvement
universel (Section 3).
Section 1 : Les pays anglo-saxons pionniers de l'open
data
Après les Etats-Unis d'Amérique
(Paragraphe 1) en 2009, puis le Royaume Uni
(Paragraphe 2) en 2010, de plus en plus de pays
s'engagent dans l'ouverture de leurs données comme le Canada
(Paragraphe 3) et l'Australie (Paragraphe
4).
Paragraphe 1 : Les Etats-Unis d'Amérique
Aux Etats-Unis, le mouvement de libéralisation des
données publiques a été initié par une loi sur
l'accès libre à l'information, dite « Freedom of information
Act » qui a été voté en 1966, et ceci pour tenir
compte des exigences de transparence manifestées par le public lors de
la guerre de Vietnam. Ladite loi, prévoyait un accès large et
ouvert à l'information détenue par les administrations
publiques.
52
L'Open Gov et l'Administration Publique
Toutefois, une limitation de l'accès du public aux
archives administratives a été constatée avec
l'Administration Reagan. Cette orientation de restriction de l'accès
à l'information s'est aggravée davantage après les
attentats du 11 septembre 2001. Sous prétexte de sécurité,
la tendance du gouvernement « Bush » a été d'augmenter
la sécurisation juridique et la confidentialité de nombreuses
informations, détenues par l'administration et agences
américaines.
A l'encontre de ces restrictions, un mouvement open data est
né aux États-Unis en 2005 suite au succès d'une
application développée par un journaliste programmeur. Cette
application intitulée «
ChicagoCrime.org»
renseigne sur une carte les données relatives aux crimes et
délits commis dans la ville de Chicago et
récupérées auprès de la municipalité.
Ainsi, l'ouverture des données s'est effectuée
aux États Unis du bas vers le haut, par des initiatives locales suivies
d'une démarche fédérale. Les villes de Washington, New
York, San Francisco, ont entrepris des efforts de recensement de collections de
données, puis d'ouverture des « data stores » pour mettre ces
collections de données à la disposition du public.
Quelques années après, le gouvernement ouvert va
présenter l'un des piliers du programme du candidat
«Barack Obama» lors des campagnes
présidentielles de 2008. Quelques mois seulement après
l'investiture d'Obama, le 21 mai 2009, un portail fédéral
nommé «
data.gov» a
été mis en ligne. Dans ce portail, près de 400 000 jeux de
données sont recensées, et plus de 1 000 applications ont vu le
jour à partir de la réutilisation de ces données.
D'ailleurs, le site-portail de la maison blanche sur internet
précise que l'Administration Obama était en train de :
53
L'Open Gov et l'Administration Publique
V' Réduire l'influence des lobbies aux Etats-Unis, en
écrivant de nouvelles règles d'éthique « qui
empêcheront les lobbyistes de venir travailler au sein du gouvernement ou
de s'asseoir dans ses conseils consultatifs » ;
V' Suivre la façon dont le gouvernement utilise
l'argent public, et expliquer cet usage dans des sites internet
pédagogiques65.
V' Autonomiser le public grâce à une plus grande
ouverture pour qu'il puisse influencer les décisions qui le
concerneront66.
Les Etats Unis d'Amérique donnent, ainsi, l'exemple
type de volontés complémentaires quant à l'ouverture des
données publiques, entre une volonté sociétale et une
décision politique adéquate.
Paragraphe 2 : Le Royaume-Uni
Au Royaume Uni, l'open government se présente comme un
phénomène qui a pris de l'ampleur sous l'impulsion d'un mouvement
sociétal. Ainsi, «l'Open Knowledge
Foundation»67, la campagne «Free Our
Data» menée par le célèbre quotidien
«The Guardian», et l'engagement de figures
emblématiques comme «Tim Berners-Lee»
(créateur du world wide web) ont mené le Royaume Uni à
l'ouverture d'un portail national de mise à disposition de
données publiques appelé «
data.gov.uk» (cf.
Annexe n° 3).
Mais avant l'ouverture de ce portail, il y avait une
initiative de l'«Office of Public Sector
Information», avec un groupe de recherche de
Southampton68, pour mener un projet pilote qui consiste en
l'utilisation de nouveaux standards du web et des nouvelles technologies pour
publier des informations publiques. Ce projet a été porté
à la connaissance du parlement en 2007.
65Tels que «
recovry.gov », «
USASpending.gov » et «
IT.usaspending.gov ».
66Cf.
www.whitehouse.gov/open/about.
67L'Open Knowledge Foundation (OKFn) est une
association très active au Royaume Uni et en Europe pour
l'Open Data. Elle a été crée en 2004 par
Rufus Pollock, Martin Keegan et Jo Walsh.
68Ce groupe est intéressé aux
informations gouvernementales locales et nationales et aux sondages et
statistiques.
54
L'Open Gov et l'Administration Publique
C'est face à l'ampleur de ce mouvement sociétal
que l'ex-premier ministre «Gordon Brown» avait
accepté l'idée de construire un web des données publiques
à partir de la fourniture des données du gouvernement. Ce projet
«
data.gov.uk» se faisait
autours de trois objectifs essentiels:
? Construire un point d'accès central et unique aux
données ;
? Collecter des données publiques non personnelles, dans
un format
standard, facilement lisibles et provenant de différents
départements ;
? Changer les règles d'octroi des licences et inciter
la publication des données.
Le portail «
data.gov.uk» a
été construit en quelques mois et a été rendu
public en janvier 2010. Il présente, notamment pour les
différents partis politiques, une opportunité pour
améliorer le service public, rendre les dépenses publiques plus
transparentes et permettre une gestion publique plus efficace.
Depuis le lancement de ce portail, la communication du
gouvernement s'est focalisée autour de trois thèmes :
?
data.gov.uk
comme outil de transparence du gouvernement : les jeux de
données des dépenses, salaires et organigrammes des
administrations mis en ligne.
?
data.gov.uk
comme outil de la société : L'opinion publique, devenant
plus critique, voit dans tout projet politique un outil de communication avec
le gouvernement ou les autorités locales.
?
data.gov.uk
comme levier pour la croissance économique : Obtenir de
l'ouverture des données publiques des retombés économiques
aussi bien dans le secteur public que privé.
L'Open Gov et l'Administration Publique
Plus d'un an après son lancement officiel, le portail
«
data.gov.uk» a permis
d'ouvrir plus de 6.000 jeux de données, ainsi que la création de
plusieurs applications parmi lesquelles on peut citer les suivantes:
Tableau n° 6 : Liste de quelques applications
au Royaume Uni.
N° Application Objet
01 Mashups géographiques et des
statistiques.
Ce sont des applications qui combinent des données
02
Wheredoesmymoneygo.org
|
Permet de visualiser les dépenses du gouvernement
britannique par année.
Permet aux citoyens de comprendre comment sont
dépensés leurs impôts.
|
03 Cycle Street et de choisir leurs
itinéraires.
Permet aux citoyens de planifier leurs trajets en
vélos
55
04 Fix my street
|
Permet au citoyen de signaler tout problème de voirie
en indiquant sa localisation (code postal, puis adresse exacte) et en
précisant la perturbation occasionnée.
|
Permet aux citoyens de visualiser les statistiques des
05 Crime map crimes et délits
autour de leurs lieux de résidences.
06 Nestoria Moteur de recherche de
propriétés immobilières.
07 Applications « Santé »
Pour trouver l'hôpital ou le médecin le plus
proche.
08 Applications « Transport
»
|
Permettent de suivre en temps réel les données
fournies par le réseau de transport commun londonien concernant la
position des métros sur le réseau.
|
09 La plateforme d'applications du «Guardian
».
|
Permet de fournir un service de mise à disposition de
données ouvertes provenant de sources fiables (OCDE,
data.gov.uk,
data.gov...).
|
Dans toutes ces applications il n'y avait aucune divulgation
d'information ayant entrainé un scandale politique, ou une atteinte
à des données personnelles. La seule application ayant
provoquée une certaine polémique est la «crime
map» de «
police.uk ».
Toutefois, plusieurs projets locaux d'open data sont
perçus comme des concurrents du portail «
data.gov.uk» du fait
qu'ils s'adressent à une communauté réduite de citoyens et
peuvent mieux répondre à ses attentes69.
69Cf. Chrzanowski (P), «
Data.gov, l'ouverture des
données publiques au Royaume Uni », in Science et
Technologie au Royaume Uni, mars-avril 2011, publié par l'Ambassade de
France au Royaume Uni, Service Science et technologie.
56
L'Open Gov et l'Administration Publique
Le projet britannique de «
data.gov.uk » est guidé par
le « Public Sector Transparency Board » en coordination avec d'autres
acteurs (cf. Annexe n° 4).
Tableau n° 7 : Quelques acteurs du
développement de l'Open Data au Royaume-Uni.
Acteur Rôle
|
"Public Sector Transparency
Board"
|
C'est un conseil, établi en juin 2010, chargé de
mener l'agenda du gouvernement sur la transparence, et la mise à
disposition des données sur
data.gov.uk.
|
"National Archives"
|
Sont la principale administration pour la gestion et la
réutilisation de l'information publique.
Leurs missions sont : la préservation et la diffusion
des archives publiques ; le conseil en matière de gestion de
l'information pour le gouvernement, le public et les autres organismes
d'archivage; la gestion du « Crown Copyright » et des
licences associées et enfin la formation des administrations au nouveau
champ que constitue la réutilisation des données du secteur
public.
|
Créé en mai 2005 et intégré aux
National Archives, il "Office of Public
Sector présente l'administration responsable de la
gestion, de la Information". (O.P.S.I.)
réglementation et de la réutilisation des
informations
publiques. Il est chargé des litiges liés
à cette régulation.
"Advisory Panel Of Public
Sector Information". (A.P.P.S.I.)
Créé en avril 2003, c'est un conseil
indépendant représentant le secteur de l'information (public et
privé). Il conseille les ministères sur les questions de
données publiques et intervient sur les questions de copyright.
"Information Commissioner's
Office"
|
Chargé de la régulation entre données
publiques et données privées et du respect des
réglementations issues de la «Data Protection Act
1998», du «Freedom of Information Act 2000» et de
«Environnemental Information Regulations 2004».
|
Le secrétaire d'Etat du «Cabinet
Office» a annoncé, depuis janvier 2011, la
création d'une «Public Data Corporation»
dont la mission sera la valorisation de l'ouverture des données
publiques qui seront utilisées comme plateforme d'échange entre
citoyens, industries et administration afin de maximiser les gains
économiques et sociaux pour chacun des acteurs.
Toutefois, même si les services en ligne existent, tous
les citoyens n'ont pas encore le réflexe de les utiliser, ou bien n'ont
pas connaissance de ces
57
L'Open Gov et l'Administration Publique
services. D'ailleurs, selon l'«Office of
Communications» plus de 27 % des britanniques n'avaient pas
encore d'accès Internet dans leur foyer en 2010.
Paragraphe 3 : Le Canada
Dans une déclaration sur le renforcement du
gouvernement ouvert, en date du 18 mars 2011, le gouvernement canadien s'engage
pour améliorer la transparence et la responsabilisation.
Dans ce pays, les responsables politiques annoncent «
le renforcement du gouvernement ouvert permettra aux Canadiens de consulter
l'information publique sous des formats plus conviviaux et lisibles, de se
renseigner davantage sur les rouages du gouvernement et de participer plus
directement au processus de prise de décisions
»70.
Le Canada, pionnier en matière d'accès des
citoyens à l'information par l'adoption d'une loi à ce propos, il
y a près de trois décennies, a commencé à divulguer
de l'information sur les contrats, les subventions, les contributions et les
dépenses publiques d'accueil et de voyage sur le web.
Le gouvernement canadien a décrété,
à ce propos, l'obligation de diffuser, sur les sites web des
ministères, les informations relatives aux dépenses de
déplacements, aux frais de représentation pour les responsables
gouvernementaux et aux contrats passés par le gouvernement du Canada,
dont la valeur dépasse les 10 000 $ canadien, sauf exceptions rares
liées la sécurité.
Il est à noter que le Canada a présenté un
plan d'ouverture en trois étapes :
? L'ouverture en présentant les données
gouvernementales disponibles dans un format plus convivial et
réutilisable.
70Stockwell Day, Président du Conseil du
trésor et ministre de la porte d'entrée de l'Asie-Pacifique,
déclaration en date du 18 mars 2011.
58
L'Open Gov et l'Administration Publique
? L'accessibilité par la divulgation des informations
sur les activités du gouvernement et en rendant l'information plus
facile à trouver.
? La participation qui consiste à mener un dialogue
ouvert pour impliquer les canadiens dans les politiques et priorités du
gouvernement et faire accroître leur engagement par les technologies web
2.0.
Au Québec, le 27 septembre 2011 présente le
premier jour d'application du gouvernement ouvert. Dans ce contexte, une
plateforme de données publiques dite «
donnees.ville.montreal.qc.ca»,
fait des citoyens de Montréal de vrais participants à la prise de
décision.
Ces citoyens peuvent donner leur avis sur les priorités
budgétaires grâce à une application qui permet de
répartir les données financières réelles. Une fois
le budget équilibré, il est possible de soumettre la proposition
aux élus de l'arrondissement, qui s'engagent à étudier les
propositions.
Au Canada, les trois piliers du gouvernement ouvert, à
savoir la transparence (A), la participation
(B) et la collaboration (C), se sont
révélés très évidents dans le cas d'un
rapport sur la collusion.
A. Transparence
Lors d'une séance de la commission de l'administration
publique de l'assemblée nationale diffusée en direct, il a
été possible aux citoyens d'entendre «Jacques
Duchesneau», le directeur de l'unité anti-collusion,
présenter son rapport sur la collusion, la corruption et le trafic
d'influence impliquant des firmes de construction partenaires du
ministère des Transports.
59
L'Open Gov et l'Administration Publique
B. Participation
Cette présentation a généré un
fort impact sur l'opinion publique, qui s'est traduit par une participation
marquée des citoyens qui se sont exprimés par leurs commentaires
dans les réseaux sociaux.
C. Collaboration
Ce rapport sur la collusion pourrait être
l'élément déclencheur qui conduirait à une
transparence gouvernementale, une participation des citoyens à la prise
des décisions et une recherche des solutions par voie de
collaboration.
Paragraphe 4 : L'Australie
Par son statut de chef de fil mondial de l'administration
électronique et grâce à son adoption anticipée des
NTIC depuis les années 1980, l'Australie ambitionne de compter parmi les
pays précurseurs du gouvernement 2.0. Déjà, en 2006, le
site «
australia.gov.au»
est devenu le premier relais d'information sur les activités des
ministères.
Dans ce pays, la prise en compte de l'importance des
données publiques sur le plan de l'économie et de la gouvernance
publique s'est traduite par la mise en place d'une approche globale de
«l'Open Government », ou gouvernement ouvert,
à la suite des travaux en 2009 du «government 2.0
Taskforce».
Cette approche consiste en une création d'un site de
diffusion des données publiques «
data.gov.au» et une
réforme substantielle de la législation sur le libre accès
aux documents administratifs inspirée des approches canadienne,
américaine et anglaise. Ainsi, l'ouverture des données publiques
en Australie se faisait sur la base des éléments suivants :
60
L'Open Gov et l'Administration Publique
A. L'open data, un préalable à
l'administration participative
En décembre 2009, le groupe de travail
«government 2.0 taskforce» a été
chargé par le ministère des finances de formuler des
recommandations en matière de gouvernement 2.0. Dans son rapport
«Engage», ce comité fait du passage
à l'«open data» une priorité et
il a suggéré, notamment :
? Rendre l'information du secteur public ouverte, accessible et
réutilisable;
? Harmoniser les orientations au niveau
interministériel;
? Assurer l'accessibilité aux médias
informatiques;
? Encourager les agences et fonctionnaires à exercer
leurs missions sur
Internet.
Tout en tenant compte de ces suggestions, le ministre des
finances a prononcé le 16 juillet 2010 une déclaration
d'«open government», ouvrant la voie, ainsi,
à une administration transparente, accessible à tous.
Dans ce cadre, le bureau australien de gestion de
l'information gouvernementale71 a publié sur les
médias sociaux un guide de bonne conduite destiné aux
fonctionnaires. Ce bureau décerne, annuellement, des prix
récompensant les innovations dans le champ des nouvelles
technologies.
B. Un dialogue institutionnel
multilatéral
Les blogs hébergés sur la plateforme
«Govspace» ont vite laissé une plus
grande place au «feedback»72 afin de permettre
une interaction entre citoyens et agents publics. Ceci permet de
dépasser le cadre statique des sites gouvernementaux pour une ère
participative des politiques publiques.
71Chargé par le ministère des
Finances de la supervision des politiques relatives aux nouvelles technologies
de l'information et de la communication.
72Commentaires laissés par les utilisateurs.
61
L'Open Gov et l'Administration Publique
De leur part, les usagers ont été invités
à s'approprier les données publiques mises à disposition
par des concours comme «Govhack » et « Mash-up
Australia» qui invitent les usagers à croiser des
informations issues de recensements avec d'autres données.
C. L'exploitation des réseaux sociaux
Après avoir constaté le fort
intérêt des australiens pour les réseaux sociaux et les
blogs73, les autorités ont mis l'accent sur ces canaux de
communication. De nombreux ministères, agences ou dirigeants se sont
dotés de comptes « Facebook», ou
«Twitter». Ils utilisent des plateformes
d'échanges de fichiers tels que
«Youtube», ou encore proposent à leurs
lecteurs des flux RSS afin de répertorier les mises à jour du
site et les envoyer aux abonnés.
D'ailleurs, la police du Queensland, lors des inondations de
décembre 2010 - janvier 2011, a utilisé ces instruments pour
diffuser des informations en temps réel à ceux qui étaient
«amis» sur
«Facebook» ou
«suiveurs» sur
«Twitter». Elle a aussi diffusé sur
«Youtube» des vidéos en
«streaming»74 pour présenter aux
citoyens un état des lieux plus rapide que celui présenté
par les médias traditionnels (télévision, journaux, sites
gouvernementaux).
Ces outils du «web 2.0»
autorisent des discussions multidirectionnelles et la création de
contenu par les usagers. Ce qui affirme un attachement du gouvernement, ainsi
que des citoyens aux fondements de la démocratie.
C'est dans le cadre des «Conférences
pour le gouvernement 2.0» que l'Australie cherche à
faire du secteur public une sphère innovatrice de l'e-démocratie.
Cette tendance est prouvée lors de la conférence qui s'est tenue
à
73En avril 2010, les australiens passaient sur les
réseaux sociaux et les blogs 7h19 par mois, ce qui est un record par
rapport aux français et aux allemands qui étaient à
4h10.
74Visibles en direct sans
téléchargement.
62
L'Open Gov et l'Administration Publique
Canberra les 25 et 26 octobre 2011 sur le thème de la
progression «Vers un gouvernement ouvert et
transparent».
Section 2 : Le niveau européen
A l'échelle communautaire, des directives
européennes (Paragraphe 1) ont
été des sources d'inspiration pour les Etats de l'Union
Européenne qui vont adopter des programmes d'open government à
une échelle nationale (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Les directives européennes
Au niveau européen, la mise à disposition des
données publiques et le droit à leur réutilisation sont
régis par trois textes.
? La directive n°90/313/CEE concernant l'accès aux
données environnementales de 1990 qui a abouti à la convention
d'Aarhus en 200275, transcrite en 2003 dans la directive
européenne 2003/4/CE.
? La directive «PSI»76 du
parlement européen et du conseil n°2003/98/CE du 17 novembre 2003
sur la réutilisation des informations du secteur public.
? La directive «Inspire» du
Parlement européen et du Conseil n° 2007/2/CE du 14 mars 2007
établissant une infrastructure d'information géographique dans la
communauté européenne.
Les principes posés par le droit européen
imposent que les données publiques doivent être accessibles et
réutilisables, à des fins commerciales ou non, d'une
manière non discriminatoire et non exclusive, à des tarifs
n'excédant pas leur coût de mise à disposition et
éventuellement de production.
75Cette convention est considérée comme
le pilier de la démocratie environnementale. 76De l'anglais
« Public Sector Information directive».
63
L'Open Gov et l'Administration Publique
La directive n°2003/98/CE vise à fixer un ensemble
minimal de règles concernant la réutilisation de documents des
organismes du secteur public des États de l'Union et les moyens
pratiques destinés à faciliter cette réutilisation. Elle
s'appuie sur les règles d'accès en vigueur dans les Etats membres
et ne les affecte en rien. Elle ne s'applique pas aux cas où les
citoyens ou les entreprises doivent démontrer un intérêt
particulier pour obtenir l'accès aux documents.
Cette directive « laisse intact et n'affecte en rien
le niveau de protection des personnes à l'égard du traitement des
données à caractère personnel garanti par les dispositions
du droit communautaire et du droit national ...». Ses «
dispositions ne s'appliquent que dans la mesure où elles sont
compatibles avec les dispositions des accords internationaux sur la protection
des droits de propriété intellectuelle
»77.
L'une des considérations de la directive
n°2003/98/CE prévoit que : « assurer la clarté et
l'accessibilité publique des conditions de réutilisation des
documents du secteur public est une condition préalable du
développement d'un marché de l'information à
l'échelle de la Communauté ». Ce qui reflète une
certaine conscience communautaire de l'enjeu économique de la
réutilisation des données publiques.
Quant aux formats des données, l'article 3 de la
directive dispose que : « Les organismes du secteur public mettent
leurs documents à la disposition du public dans tout format ou toute
langue préexistants, si possible et s'il y a lieu sous forme
électronique ». Toutefois, il est à préciser que
les règles et pratiques des Etats membres en matière
d'exploitation des informations du secteur public présentent
d'importantes divergences puisque ladite directive ne contient aucune
obligation relative à la réutilisation des documents publics.
77Article premier de la directive
n°2003/98/CE.
64
L'Open Gov et l'Administration Publique
D'ailleurs, au niveau des institutions européennes
(«Eurostat » et le site de droit communautaire «
e-justice.europa.eu»)
autoriser la réutilisation des données et informations publiques
issues des institutions européennes, n'a pas été au niveau
des ambitions. Les usagers exigent un plus haut niveau d'ouverture des
données au niveau communautaire et au niveau des Etats.
C'est pour cela que «Neelie
Kroes», vice-présidente de la commission
européenne chargée de la stratégie numérique, voit
qu' « une grande partie des informations, en Europe, sont
sous-exploitées » et qu'il est indispensable d' «
examiner l'opportunité de modifier les règles de l'Union en
matière de réutilisation, pour libérer pleinement leur
potentiel économique »78. Ce potentiel
économique est estimé à plus de 27 milliards d'euros
chaque année.
A ce propos, en réponse aux questions des internautes,
en date du 19 décembre 2011, sur l'ouverture d'un site open data
européen, «Séverin Naudet», le
directeur de la mission «Etalab» en France, a
précisé que « « Neelie Kroes », la
vice-présidente de la Commission européenne, a annoncé la
mise en ligne en 2012 d'une plate-forme des données de la commission
» et elle croit, à ce propos, qu'il s'agirait « d'une
plate-forme qui regroupe les données des États membres
».
Qu'en est-il alors du niveau d'ouverture des données
publiques dans les Etats de l'Union Européenne ?
Paragraphe 2 : Les expériences
étatiques
En Europe, on évoque deux exemples, d'abord
l'expérience de l'Espagne (A), et ensuite
l'évolution du processus d'ouverture en France (B).
78L'Ecole des Ponts Paris Tech, op.cit,
p28.
65
L'Open Gov et l'Administration Publique
A. L'Espagne
L'Espagne est le deuxième acteur européen de
l'open data juste après le Royaume-Uni. Une place que justifie la
qualité des informations et plateformes de données dans ce pays
aussi bien au niveau national que régional.
Dans ce pays la rédaction d'une loi sur le droit
d'accès à l'information est actuellement en cours. Mais l'absence
d'un cadre juridique n'a pas empêché les initiatives locales
d'ouverture de données publiques de se développer sous
l'impulsion de nombreux acteurs tels que les associations, les entreprises, les
collectivités locales... pour fournir des plateformes de
données.
Dans le cadre de ces initiatives locales, Saragosse devient la
première ville espagnole à déclarer une gouvernance
ouverte avant même l'ouverture du portail national de données qui
s'est faite par un décret royal établissant le droit
d'accès à l'information en Espagne. Ce décret
précise les conditions de publication et de diffusion des données
publiques. La ville de Saragosse a développé une réelle
politique d'ouverture et de présence en ligne avec des comptes
comme «Twitter Zaragoza»,
«Facebook Zaragoza», « Youtube
Zaragoza», «Flickr
Zaragoza»...
A ce propos, «Alberto
Abella»79 précise dans une étude que la seconde
position espagnole, au niveau européen, en matière d'open data
n'est pas seulement attribuable au nombre de plateformes existantes mais
également à la qualité des programmes d'ouverture.
Tableau n° 8: Liste de quelques applications
espagnoles.
N° Application Objet
01 Aqui os quedais Service d'aide
à la décision pour choisir son lieu d'habitation.
02 Euroalert Service d'alertes
et informations sur les annonces publiques.
79Abella (A), « Réutilisation de
l'information publique et privée en Espagne, une opportunité pour
les entreprises et l'emploi », Rooter Analysis, 2011.
66
L'Open Gov et l'Administration Publique
03 Contaminame Visualisation de
la qualité de l'air aux Canaries.
Service qui permet d'alerter de la disponibilité d'un
livre dans les
04 Abre Libros
bibliothèques publiques de Madrid.
|
05 Cadena Alimentaria
Représentation visuelle de l'évolution des prix de
l'alimentation.
06 El Disparate Site de transparence
sur les achats et ventes d'armes par région.
07 Infocarretera Situation du
trafic en temps réel.
08 Desenchufatucasa Recherche
d'électrodomestique et véhicules permettant à
l'utilisateur de comparer les prix et la consommation
énergétique
|
09 Dondevan mis impuestos
|
Version espagnole de « Wheredoesmymoneygo »,
visualisant les dépenses de l'administration.
|
10 Autobuses de Gijon Application qui
permet de connaître en temps réel la position des autobus et
arrêts dans la ville de Gijon.
|
11 El precio de la gasolina
|
Service qui permet de connaître le prix de l'essence aux
stations services.
|
12 Cómo está el
panorama
|
Visualisation des chiffres sur l'emploi et le chômage en
Espagne.
|
Plateforme de participation et commentaires citoyens sur les
13 Populo textes législatifs en
cours d'élaboration.
Liste et vote sur les applications internationales qui utilisent
les
14 Abretedatos données
publiques.
|
Le développement de ces applications est le
résultat de concours de plusieurs acteurs publics et privés dont
notamment :
Tableau n° 9: Quelques acteurs du
développement de l'Open Data en
Espagne80.
Acteur Rôle
|
Access info Europe
|
C'est une ONG qui travaille à la promotion et à la
protection du droit d'accès à l'information en Europe.
Elle a développé différents projets
liés à la transparence et suit de près le travail
d'élaboration de la loi sur le droit d'accès à
l'information.
Elle étudie la relation entre le mouvement Open Data et
les pratiques de droits d'accès à l'information.
|
Pro bono publico
|
C'est une association qui oeuvre en faveur de l'ouverture des
données publiques et l'usage des nouvelles technologies.
Elle a développé et animé les premiers
concours d'applications basées sur les données publiques en
Espagne.
|
Proyecto Aporta
|
C'est une initiative des ministères de l'industrie, du
tourisme et du commerce en faveur de la promotion de la réutilisation
des informations publiques. Ces ministères maintiennent un catalogue
|
80
http://libertic.wordpress.com/2011/09/02/lespagne-2eme-acteur-europeen-de-lopen-data/
67
L'Open Gov et l'Administration Publique
officiel des sources de données publiques et organisent
des rencontres sur la thématique de l'Open Data.
Elle a pour objectif d'améliorer la
compétitivité managériale à travers la recherche et
l'innovation technologique, et accompagne les entités privées et
publiques dans l'usage des standards et technologies du web.
Fondation CTIC
|
Cette fondation a développé l'initiative
mondiale du W3C sur l'e-gouvernement et participe activement à la
normalisation des standards du web notamment sur les aspects web
sémantique.
Elle a accompagné les Asturies, les Pays Basques et la
Catalogne dans l'ouverture de leurs données.
|
L'Espagne se démarque dans sa politique d'ouverture des
données publiques par les initiatives de gouvernance ouverte qui se
multiplient au niveau des régions dont, notamment, la région de
Castille et Leon qui a publié un guide de gouvernance ouverte.
Dans ce pays, les partis politiques avaient largement repris
le terme de gouvernance ouverte aux dernières élections où
plusieurs candidats, de droite et de gauche, mentionnaient des actions en
faveur de son développement.
B. La France
La directive européenne n°2003/98/CE du 17
novembre 2003 sur la réutilisation des informations du secteur public a
été transposée, dans la législation
française, par l'ordonnance n°2005-560 du 6 juin 2005 relative
à la liberté d'accès aux documents administratifs et
à la réutilisation des informations publiques qui modifie la loi
n°78-753 du 17 juillet 1978 portant diverses mesures d'amélioration
des relations entre l'administration et le public et diverses dispositions
d'ordre administratif, social et fiscal.
Le 30 juin 2010, le Président français «
Nicolas Sarkozy » a annoncé la création d'un portail unique
des informations publiques «
data.gouv.fr». Pour ce
faire, une mission interministérielle
«Etalab», créée par le
décret n° 2011-194 21 février 2011, et dirigée par
«Séverin Naudet», avait pour rôle
de coordonner avec
68
L'Open Gov et l'Administration Publique
les administrations publiques pour faciliter la
réutilisation de leurs données. Le travail de cette mission avait
abouti à la mise en ligne d'un portail unique des données
publiques dit «
data.gouv.fr» en date
du 5 décembre 2011 après 9 mois du lacement du projet. Ce portail
réunit à son inauguration environ 330 000 jeux de données,
c'est-à-dire des fichiers ou bases de données administratives de
l'Etat, des collectivités territoriales, ou d'établissements
publics, et même d'entreprises de l'Etat ou EPIC81.
Parallèlement au niveau national, des initiatives
locales se multiplient au niveau des villes et régions, et plusieurs
plateformes alternatives à la plateforme nationale voient le jour.
Après Rennes en septembre 2010, ce sont Paris (janvier 2011),
Montpellier et Bordeaux, ainsi que le Conseil général de
Saône-et-Loire (septembre 2011) et Nantes (novembre 2011) qui ont ouvert
leur plateforme de données. Marseille est, également, en train de
suivre le mouvement82, ce qui augmente la pression sur le projet
national.
La ville de Paris a ouvert son site «
opendata.paris.fr»
en janvier 2011 et depuis, elle ouvre progressivement des bases de
données. Elle vient de mettre en ligne près de 2 millions de
nouvelles informations, dont de nombreuses données d'ordre
cartographique, d'autres relatives aux notices des ouvrages des
bibliothèques de prêt, des horaires d'ouverture des kiosques
à journaux...
En France, si le mouvement s'accélère et que les
initiatives se multiplient, la qualité et la quantité des
données disponibles ne sont pas satisfaisantes et le potentiel
d'amélioration parait être est très élevé. La
mission «Etalab», à son tour, devrait
favoriser la réutilisation des données en élargissant des
accès gratuits sur les données brutes pour libérer une
valorisation sur les
81Les EPIC ne sont pas inclus a priori dans cette
obligation d'ouverture de publication.
82Vigé (J), « L'Open Data, retour sur
la genèse d'un mouvement au coeur des débats politiques et
économiques », 13 septembre 2011,
http://www.telcospinner-solucom.fr/2011/09/lopen-data-retour-sur-la-genese-dun-mouvement-au-coeur-des-debats-politiques-et-economiques/
69
L'Open Gov et l'Administration Publique
produits et services dérivés des applications
développées sur cette nouvelle base83.
Section 3 : Le niveau africain
Le phénomène d'open government n'est plus
l'affaire des Etats les plus développés seulement. A ce propos,
une recherche au niveau du développement des dispositifs d'ouverture des
données publiques permet de dégager une expérience kenyane
(paragraphe 2) qui est une première en Afrique
sub-saharienne et une deuxième sur le continent après le Maroc
(paragraphe 1).
Paragraphe 1 : Le Maroc
Le Maroc est en train de vivre une réelle
évolution dans l'utilisation des NTIC L'internet est devenu un outil
efficace de mobilisation et de solidarité sociale par les plates-formes
en ligne comme les blogs, et les réseaux sociaux. Ces outils sont
largement utilisés par la jeune génération marocaine en
tant que canaux de communication dans les manifestations sociales que connait
le pays depuis février 2010.
En effet, les médias citoyens et les réseaux
sociaux ont contribué à la liberté d'expression au Maroc
grâce à un accès facile pour les citoyens aux
réseaux sociaux. Cette accessibilité a permis aux marocains et
groupes en ligne de participer à la prise des décisions par les
critiques adressées au gouvernement et à l'administration
publique.
Dans ce nouveau contexte, une transformation de l'action
gouvernementale (A) va mettre en place une démarche
participative (B) impulsée par des structures publiques
développées de l'e-gouvernement (C).
83 YANNICK MAIGNIEN, «
Data.gouv.fr : de l'ouverture des
données à l'ouverture des possibles ? », Revue «
International », web Journal
www.sens-public.org , 2012/01,
p 6.
70
L'Open Gov et l'Administration Publique
A. Transformation de l'action
gouvernementale
Les pouvoirs publics au Maroc vont utiliser les nouveaux
moyens de communication comme nouvelle prérogative de communication avec
les gens. L'action gouvernementale s'est focalisée sur:
La mise en ligne des forums de discussions ouverts sur les
sites web
du gouvernement, ce qui permet de recevoir des commentaires
variés sur les stratégies et les politiques étatiques ;
Le renforcement des programmes de sensibilisation sur le
rôle de l'internet dans le lancement d'une approche participative
à la prise de décision ;
L'encouragement de l'utilisation des NTIC par les citoyens
en leur offrant le soutien financier nécessaire pour mettre en place
l'infrastructure numérique nécessaire ;
La garantie du droit d'accès à l'information et
la liberté d'expression en ligne comme un droit ;
Le renforcement de la notion de libre accès aux
données et le gouvernement ouvert ;
L'utilisation des NTIC pour exploiter la transparence et la
reddition de comptes.
B. Mise en place d'une démarche
participative
Pour illustrer cette démarche participative, le
gouvernement a lancé:
? Un site internet nommé
«Fikra», lancé un an après les
manifestations du 25 Février 2010 sous forme d'une boite de suggestions
pour l'amélioration de l'administration publique. Cette boite offre aux
citoyens des espaces de discussions et d'échanges pour leur permettre de
donner leur avis et déposer leurs idées ou voter pour des
idées publiées ou les commenter.
? Trois forums de partage d'idées disponibles en
ligne:
71
L'Open Gov et l'Administration Publique
Le 1er: «Vos idées
pour de nouveaux services eGov» :
Pour suggérer de nouveaux services en ligne comme la
prise de rendezvous en ligne, le suivi du dossier de passeport en ligne...
Le 2ème: «Vos
idées pour simplifier les démarches administratives»
:
Pour suggérer des simplifications des procédures
et démarches administratives, comme la mise en place d'une file
d'attente express...
Le 3ème: «Vos
idées pour améliorer l'Administration » :
Pour d'autres suggestions d'amélioration de
l'administration publique84. C. Structures publiques de
l'e-gouvernement
Conformément à la circulaire du Premier Ministre
n°17/2009 du 21 Octobre 2009, le programme e-gouvernement repose sur trois
structures. Ces trois structures interagissent pour une meilleure collaboration
en gouvernance électronique (cf. Annexes n° 5 et 6) :
Un Comité Interministériel e-gouvernement
(CIGOV), présidé par le Ministre chargé de l'industrie, du
commerce et des nouvelles technologies, dont le rôle est de fixer les
objectifs du programme e-gouvernement et d'en évaluer les
résultats;
Les Structures de Pilotage e-gouvernement85
(SPGOV) des départements ministériels et des
établissements publics concernés par les projets e-gouvernement
pour piloter la mise en oeuvre des projets e-gouvernement au sein de leurs
organisations;
La Direction de Pilotage du programme e-gouvernement (DPGOV),
rattachée au CIGOV. Elle est composée d'experts internes et
externes et est
84
http://www.egov.ma/Pages/EParticipation.aspx
(consulté le 03/06/2012).
85Communiqué de presse, « Gouvernance de
Maroc Numeric 2013», 9ème Session du Comité
Interministériel e-gouvernement (CIGOV), Rabat, le 14/05/2012.
72
L'Open Gov et l'Administration Publique
chargée d'assister le CIGOV et les SPGOV, à la
mise en oeuvre du programme e-gouvernement.
Dans le rapport des Nations-unies, publié en mars 2012,
relatif au classement de 193 pays en matière de développement de
l'e-Gouvernement, le Maroc a gagné 48 places, entre 2010 et 2012,
passant de la 104ème à la 56ème
place.
Paragraphe 2 : Le Kenya
Le 8 Juillet 2011, le Président «Mwai
Kibaki» a lancé le «Kenya Open Data
Initiative», rendant les données clés du
gouvernement librement à la disposition du public par le biais d'un
portail unique en ligne.
En novembre 2011, il y avait près de 390 ensembles de
données qui ont été téléchargées sur
le site, avec plus de 17.000 pages vues et plus de 2500 données
téléchargées et intégrées à divers
sites web et portails. Avec un plan en place pour transférer davantage
de données au cours de cette année, il y a maintenant plus d'une
centaine de demandes du public pour les nouveaux ensembles de données,
et il ya une demande claire pour que beaucoup plus de données soient
mises à disposition.
L'utilité de présenter l'exemple du Kenya dans
ce cadre consiste à faire preuve que l'open government ne concerne pas
seulement les Etas développés mais aussi les Etats les moins
développés.
Chapitre II : L'open government en Tunisie
Un aperçu historique de l'évolution de
l'administration publique en Tunisie (Section 1),
permet d'identifier tout un processus d'évolution de l'administration
publique d'une administration classique à une administration
électronique. Toutefois, avec l'ampleur du phénomène open
government dans le
73
L'Open Gov et l'Administration Publique
monde et suite à une initiative citoyenne
(Section 2), une gouvernance ouverte s'impose,
désormais, à l'administration publique tunisienne.
Dans ce contexte tunisien que pourraient être les
perspectives d'avenir (Section 3) de l'open
government ? Et comment l'administration publique pourrait-elle en faire face
?
Section 1 : Aperçu historique
En Tunisie, bien que la réforme du secteur public ait
été à l'ordre du jour, le processus de sa mise en oeuvre a
été lent. De plus, l'Etat, ne semble pas évoluer
suffisamment vite pour donner au secteur privé et à la
société civile un rôle plus important dans la gouvernance
du pays.
Le secteur public en Tunisie se présente par son
rôle important dans la planification et la mise en oeuvre de la
stratégie de développement du pays. Un rôle qui devrait
aller de pair avec l'évolution technologique d'aujourd'hui. Le secteur
privé, par contre, parait être mieux adapté à
l'usage des nouvelles technologies de l'information.
Toutefois, le programme d'administration électronique
(Paragraphe 1) d'une part et l'instauration d'un
e-gouvernement (Paragraphe 2) d'autre part peuvent
constituer un préalable nécessaire pou un gouvernement ouvert.
Paragraphe 1 : L'administration électronique
L'administration électronique, plateforme
préalable à une gouvernance basée sur le web 2.0, a
passé par des étapes d'évolution depuis 1980
(A) pour atteindre des objectifs déterminés
préalablement (B). Pour ce faire une unité de
l'administration électronique est instaurée au niveau du premier
ministère (C).
74
L'Open Gov et l'Administration Publique
A. Evolution de l'Administration électronique
Cette évolution a été faite en cinq phases :
1. La phase préliminaire (1980-1999)
C'est la phase de l'émergence de l'administration
électronique en Tunisie, par la dématérialisation des
processus administratifs dans l'administration publique à travers la
création de plusieurs applications informatiques86:
2. La phase d'information (2000-2002)
Se caractérise par l'ouverture de l'administration
publique sur internet dans le but d'exploiter un nouveau canal de communication
à savoir les sites web qui s'ajoutent aux différents canaux
d'information classiques87.
3. La phase d'interaction (2003-2005)
C'est la phase de l'émergence de la deuxième
génération des sites web publics basée sur une prestation
électronique de service qui utilise la messagerie électronique,
les moteurs de recherche, le téléchargement des formulaires et
des cahiers de charges en ligne. C'est le début d'une mise en place d'un
guichet de services virtuels et d'une information publique plus
personnalisée.
4. La phase de transaction (2006-2009)
Cette étape, se caractérise par le traitement de
l'information qui va permettre de gérer un cycle complet d'une
transaction (collecte des données, traitement et archivage). On peut
citer, à titre d'exemple, l'inscription en ligne, le paiement de
factures en ligne, la création d'entreprise en ligne...
86 Par exemple: La gestion des affaires
administratives du personnel de l'Etat (INSAF) ; l'Aide à la
Décision Budgétaire (ADEB) ; le suivi et la gestion des ordres de
missions à l'étranger (RACHED).
87 Tels que : les dépliants, les centres
d'appel téléphoniques, les centres de services, les fax...
75
L'Open Gov et l'Administration Publique
5. La phase d'intégration (Depuis
2009)
C'est la phase d'intégration des services
administratifs dans une organisation structurée en réseaux, sur
un même portail, grâce à l'utilisation stratégique
des technologies de l'information.
Actuellement, sans besoin de se déplacer, il est
possible d'effectuer certaines opérations, par le biais des applications
de la certification électronique88, comme par exemple :
? La télé déclaration fiscale par le
ministère des finances (e-tasrih) ;
? Le système de télé déclaration des
salaires et télépaiement des cotisations de la Caisse Nationale
de Sécurité Sociale (e-CNSS) ;
? La constitution des statuts juridiques des
sociétés en ligne par l'Agence de Promotion des Investissements
sur
www.tunisiaindustry.nat.tn;
? Portail du gouvernement en ligne sur
www.bawaba.gov.tn.
Ces opérations mises au service des usagers sur
internet vont permettre à l'administration tunisienne
d'appréhender une nouvelle phase d'interactivité avec ces usagers
par le développement du web 2.0 et l'instauration d'un gouvernement
ouvert.
B. Les objectifs du programme de l'administration
électronique
Plusieurs objectifs stratégiques ont été
déterminés pour développer l'administration
électronique:
1. Le développement de nouveaux services en
ligne
L'objectif est d'aboutir progressivement à la mise en
ligne d'un catalogue de services pour chaque secteur en tenant compte de :
88L'Agence Nationale de Certification Electronique
(A.N.C.E.) vise la favorisation d'un environnement de confiance et de
sécurité des services d'e-gouvernement par la certification
électronique.
76
L'Open Gov et l'Administration Publique
? La réingénierie de la procédure ;
? L'analyse de la valeur et détermination du retour sur
investissement ; ? La réponse aux besoins des utilisateurs.
2. L'amélioration de la qualité des
services en ligne
Le développement de la qualité des services de
l'administration électronique tunisienne vari selon l'usager.
? Le citoyen exige la simplification des procédures, un
accès facile aux informations et un service en ligne qui lui fait gagner
du temps.
? L'entreprise veut accéder aux informations utiles et
cherche à accomplir les procédures administratives dans des
délais raisonnables.
? Le fonctionnaire cherche à améliorer ses
compétences par la formation et l'utilisation des nouvelles technologies
afin de réduire sa charge.
C. L'Unité de l'Administration
Electronique
Pour réussir ce programme de l'administration
électronique une unité, mise en place auprès du premier
ministère depuis 2005, est chargée de coordonner et de suivre la
réalisation de toutes les décisions et recommandations et tous
les projets qui s'inscrivent dans ce programme.
Cette unité est, aussi, chargée d'assurer, par
des coordinateurs désignés au niveau de chaque ministère,
un rôle de coordination entre les différentes structures publiques
impliquées dans la mise en oeuvre du programme de l'administration
électronique.
L'administration électronique est, aussi, connue sous
l'appellation de e-gouvernement dans lequel le pouvoir d'un pays entreprend des
actions par le biais de solutions basées sur les technologies de
l'information et de la
77
L'Open Gov et l'Administration Publique
communication pour une meilleure gestion et une meilleure
administration capable de renforcer la confiance dans la relation avec les
usagers.
Paragraphe 2 : L'e-gouvernement
Dans un souci de faciliter la vie des usagers un gouvernement
performant doit répondre essentiellement à deux critères
:
? Une meilleure qualité de services dans le cadre d'une
démarche de dématérialisation.
? Une réponse rapide en évitant la longueur de
certaines contraintes d'authentification pouvant présenter des freins
à la qualité du service offert.
A ces deux critères répond l'e-gouvernement qui
présente une nouvelle phase d'évolution dans l'utilisation des
NTIC par et dans l'administration publique dans le but de rendre ses services
plus accessibles à tous ses usagers.
L'«e-Gouvernement», ou
gouvernement électronique, ou encore gouvernement en ligne, se base
essentiellement sur les éléments suivants :
? Services publics plus accessibles, plus faciles à
utiliser et plus efficaces ; ? Renforcement de l'exercice des droits
démocratiques par les citoyens ;
? Un même effet de proximité pour tous par un
réseau de connexions internet à haut débit couvrant tout
le territoire national.
L'expression e-Gouvernement englobe généralement
deux notions :
La première relative à
la dématérialisation des procédures publiques par la
numérisation intégrale de l'accès aux services publics de
l'Etat, des collectivités locales et des entreprises et
établissements publics.
78
L'Open Gov et l'Administration Publique
La deuxième relative à
l'utilisation des NTIC dans l'administration publique par la mise en place de
systèmes d'information qui permettent le traitement électronique
des procédures publiques.
Ainsi, le développement du e-gouvernement doit se faire
par :
? Une coordination efficace avec les différents
intervenants au niveau national ainsi qu'aux niveaux régional et
local.
? Une simplification de l'accès par la
généralisation et l'amélioration de la dimension
technologique à travers le développement des infrastructures, la
réduction des coûts, le haut débit...
Ces critères ont permis à la Tunisie, selon un
rapport des Nations Unies, d'occuper la première place parmi les pays
africains et maghrébins en matière d'e-gouvernement. Ce rapport,
intitulée « 2010 Global E-Government Readiness Survey », est
le résultat d'une enquête qui a permis d'évaluer 192 pays
sur la base de critères relatifs à l'utilisation d'internet par
l'administration publique, les infrastructures de
télécommunications et les ressources humaines.
Ainsi, dans le cadre du développement d'e-gouvernement
une firme internationale de consultants voit que le concept d'e-Gouvernement ou
gouvernement électronique doit évoluer vers un
«Smart Government» ou gouvernement
intelligent qui met en place un portail d'accès aux services
croisés. Ce portail va remplacer les portails actuels,
caractérisés par un accès unique offert par
l'administration, par un seul portail «intelligent » qui reprend
l'information saisie par le citoyen et la transmet à tous les autres
services affectés en y intégrant les modifications et les
répercutant sur le service rendu.
Ce changement serait, désormais, possible avec le
développement du web 2.0 qui remet en question les portails web actuels
des gouvernements. D'ailleurs, l'un des experts du groupe
«Gartner», «Andrea Di
Maio», en se basant
79
L'Open Gov et l'Administration Publique
sur l'exemple de la ville de «Takeo » au
Japon, qui a fermé sa page web pour privilégier sa page Facebook,
se demande à partir du moment où la plupart des citoyens se
retrouvent sur Facebook, pourquoi les forcer à passer ailleurs pour
obtenir des services ?
Pour que le gouvernement améliore ses services aux
usagers «Di Maio» a avancé les
arguments suivants :
w' Les citoyens utilisent rarement les services du
gouvernement et se tournent préférentiellement vers leur moteur
de recherche favori en cas de besoin d'information ;
w' Ceux qui sont habitués à utiliser les
services gouvernementaux pour des raisons d'obligations administratives ou de
réception de prestation vont directement au site du ministère
concerné et ne passent plus par le portail général ;
w' Les tentatives de participation citoyenne aura plus de
chance d'aboutir sur un réseau social plutôt que sur un portail
gouvernemental.
De tout ce qui précède, on peut dire que si le
gouvernement électronique en Tunisie est assez développé
aujourd'hui, selon le rapport des Nations Unies, une évolution vers un
gouvernement intelligent demeure possible. Cette évolution peut se
servir, d'une part, de la popularité des réseaux sociaux en
Tunisie et, d'autre part, de l'infrastructure favorable dans l'administration
publique et chez les privés (particuliers et entreprises), surtout avec
le développement des services des opérateurs de
télécommunication en Tunisie.
Ce contexte pourrait être favorable pour une meilleure
gouvernance publique dans un cadre transparent qui favorise l'échange de
l'information entre l'administration et ses usagers par l'instauration d'un
gouvernement ouvert.
80
L'Open Gov et l'Administration Publique
Section 2 : L'open government : une initiative
citoyenne
Un groupe de jeunes volontaires, cherchant à transposer
l'initiative d'open government en Tunisie, a lancé, en novembre 2011, le
projet OpenGovTN. Une initiative citoyenne à laquelle un certains nombre
de jeunes élus de la constituante a adhéré.
Ces citoyens ont formé un groupe de réflexion de
plus de 250 experts qualifiés et actifs sur les plateformes
communautaires, dont notamment le réseau social
«facebook». Ce groupe, formé
d'ingénieurs, médecins, avocats, employés de
l'administration et entrepreneurs, a une conviction que l'open government est
garant d'une réelle démocratie participative. Ils ne sont pas une
organisation et n'ont pas de structure légale mais se sont réunis
pour promouvoir cette démarche et aider à la mettre en
pratique.
De surcroît, ce groupe travaille aussi sur terrain en
organisant des réunions de concertation, des discussions, des cellules
de travail en Tunisie et à l'étranger. Ces jeunes internautes ne
ratent pas l'occasion pour défendre l'idée qu'il ne peut pas y
avoir de démocratie sans transparence. La transparence, selon un jeune
député, est « le maître-mot du présent et,
surtout, du futur qu'on est en train de bâtir ». Ce
député, lors de la séance plénière de la
constituante, en date du 29 décembre 2011, a exposé des
propositions telles que la création d'une chaine et d'une radio
parlementaires, la publication des procès verbaux des débats et
l'enregistrement obligatoire de la présence des députés,
ainsi que l'instauration d'un système de traçabilité du
vote des députés et la publication rapide des débats dans
le journal officiel.
Par ailleurs, le groupe OpenGovTN se fixe les deux objectifs
suivants:
81
L'Open Gov et l'Administration Publique
? Favoriser l'inscription dans la constitution de la
transparence totale comme règle de gouvernance ainsi que dans toutes les
lois y afférentes telle que le droit de l'accès à
l'information ;
? Entamer une réforme de l'administration tunisienne
par l'adoption de l'open data et l'open government.
Cette ambitieuse équipe s'est adressée au
Président de l'assemblée nationale constituante (ANC), en date du
26 avril 2012, pour revendiquer l'application de la transparence dans
l'assemblée et ceci en appelant « le bureau de
l'assemblée constituante et son administration à mettre tous les
moyens en oeuvre pour que les engagements, écrits dans le
règlement intérieur de l'assemblée, soient tenus
».
Dans ce même cadre le groupe OpenGovTN entend
créer un livre blanc en langue arabe et française pour
sensibiliser sur l'importance de l'open government en présentant ses
avantages et en donnant des exemples et expériences réelles. Ce
Livre, intitulé «Hell» ou
«Ouvre», a vu le jour le 13 Mars 2012
après un travail de trois mois. Il porte des réponses aux
questions essentielles concernant l'open government et l'open data.
Une autre initiative citoyenne est menée par
l'entreprise «Web Design», qui est
spécialisée dans le domaine d'intégration d'applications
web basées sur les logiciels libres et open source. Cette entreprise
privée vise, par la mise en ligne d'une plate-forme des données
publiques «Open Data Tunisia», la
création d'un niveau « sans précédent de
transparence et d'ouverture du gouvernement, et tend à développer
au sein de l'Administration d'une culture basée sur les principes de la
transparence, de la participation et de la collaboration
»89.
89Site web dédié à la publication
des données publique,
www.opendata.tn, (Genèse du
projet).
82
L'Open Gov et l'Administration Publique
Cette plate-forme se présente comme un projet
destiné à rassembler et à mettre à disposition un
catalogue de données publiques, issues d'autorités tunisiennes
officielles chargées de service public, en téléchargement
libre et sous des formats exploitables. Les responsables de l'initiative de
l'«Open Data Tunisia» visent à
contribuer au renforcement de l'exigence de transparence à
l'égard des administrations publiques. Ils considèrent que les
pouvoirs politiques sont tenus d'engager une politique d'ouverture des
données publiques pour un Etat plus transparent et plus ouvert. Un tel
souci trouve dans la publication du programme d'action du gouvernement 2012 une
certaine satisfaction et un pas sur la voie de la bonne gouvernance et de
l'open government/data.
Les rédacteurs de «Open Data
Tunisia» voient que « c'est une petite victoire pour
tous les fervents adeptes de ce nouveau mode de gouvernance, en attendant la
grande victoire, celle de mettre en application ces mesures,
particulièrement celles faisant référence à l'Open
Government Data »90.
Parmi les documents publiés sur ce site web on trouve,
outre le programme d'action du gouvernement 2012, le rapport de l'instance
supérieure indépendante des élections de la constituante,
le 26ème rapport de la cour des comptes, un rapport sur le
tourisme en 2010, un rapport sur l'activité de transport aérien
de la compagnie «Tunisair»...
A l'occasion d'une conférence intitulée
«Open Data et e-Participation », organisée les 03
et 04 avril 2012 par la Présidence du Gouvernement avec le concours du
Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l'initiateur
du projet «Open Data Tunisia» a assuré
une présentation à ce sujet. En outre, d'autres intervenants de
la société civile ne cessent de revendiquer un droit à
l'information et un libre accès aux données publiques à
travers les différents médias et dans les divers réseaux
sociaux.
90A propos du programme d'action du gouvernement 2012,
www.opendata.tn.
83
L'Open Gov et l'Administration Publique
Section 3 : Perspectives d'avenir
Bénéficiant de la conjoncture actuelle dans le
pays et le rôle de la société civile, différents
acteurs veulent faire du nouveau cadre juridique
(Paragraphe1) un climat propice pour faire de l'open
government en Tunisie une démarche convaincante
(Paragraphe2).
Paragraphe 1 : Un nouveau cadre juridique
Des prémisses d'un cadre juridique favorable à
l'open government et reconnaissant un droit d'accéder aux données
publiques peuvent être trouvés dans le décret-loi n°
2011-41 du 26 mai 2011, relatif à l'accès aux documents
administratifs des organismes publics, tel que modifié et
complété par le décret-loi n° 2011-54 du 11 juin
2011. L'article 4 de ce décret-loi soumet tout organisme public à
une obligation de publier régulièrement des documents, dont
notamment:
? Toute information sur sa structure organisationnelle, les
fonctions et tâches ainsi que ses politiques ;
? Un annuaire regroupant les noms, coordonnées et
autres informations pertinentes concernant les agents de l'information de
l'organisme public ;
? Les décisions importantes et politiques qui touchent le
public ;
? Des informations sur les programmes gouvernementaux y
compris les indicateurs de performance et les résultats des appels
d'offres publics ;
? Un guide pour aider les usagers de l'administration dans la
procédure de demande de documents administratifs.
Au sens de l'article 5 du décret-loi, l'organisme
public compétent doit publier régulièrement :
84
L'Open Gov et l'Administration Publique
? Les informations statistiques économiques et sociales
y compris les comptes nationaux, les enquêtes statistiques
désagrégées ;
? Toute information sur les finances publiques y compris les
informations macroéconomiques, les informations sur la dette publique et
sur les actifs et les passifs de l'Etat, les prévisions et informations
sur les dépenses à moyen terme, toute information sur
l'évaluation des dépenses et de la gestion des finances publiques
et les informations détaillées sur le budget, aux niveaux
central, régional et local ;
? Les informations disponibles sur les services et programmes
sociaux.
En effet, aucune mention n'est faite dans ce décret-loi
concernant la divulgation desdites informations par les NTIC. Deux semaines
plus tard le décret-loi n° 41-2011, jugé vite insuffisant et
imprécis, a été réformé par le
décret-loi n° 2011-54 du 11 juin 2011 pour ajouter à
l'article 22 un paragraphe troisième qui stipule que « les
rapports susvisés sont publiés aux sites web des organismes
publics concernés ».
Il est aussi important de remarquer que le décret-loi
n°41-2011 prévoit deux procédés d'accès aux
documents administratifs, pour toute personne physique ou morale, à
savoir la divulgation proactive et la divulgation sur demande de
l'intéressé.
Le refus de communiquer un document administratif par un
organisme public sous prétexte de la protection des données
à caractère personnel ou de la propriété
littéraire et artistique, ou encore suite à une décision
juridictionnelle ou sous prétexte de confidentialité, est pris en
compte par l'article 16 nouveau du décret-loi. Mais une
interprétation extensive de cet article par l'administration risque de
vider le décret-loi relatif à l'accès aux documents
administratifs des organismes publics de son sens.
85
L'Open Gov et l'Administration Publique
Il y a lieu aussi de noter qu'un délai de deux ans
à compter de l'entrée en vigueur du décret-loi est
prévu pour que les organismes publics se mettent « en pleine
conformité avec les dispositions du décret-loi». Ce
délai peut être jugé un peu long surtout avec
l'évolution rapide des moyens techniques et technologiques mis à
la disposition de l'administration publique. En outre, prévoir un
délai de deux ans à partir de l'entrée en vigueur dudit
décret-loi doit tenir compte de la date de promulgation de ses textes
d'application.
A ce propos, la circulaire d'application du décret-loi
n°41 du 26 mai 2011 relatif à l'accès aux documents
administratifs des organismes publics vient de voir le jour en date du 5 mai
2012. Dans cette circulaire on trouve une détermination de la
procédure de divulgation des données par l'administration
publique et les différentes obligations qui sont à sa charge.
Ladite circulaire prévoit, dans une approche de divulgation proactive
des informations, l'obligation à tout organisme public de créer
ou actualiser un site web sur lequel doivent être publiés
notamment:
? Les missions de l'organisme public, son organisation, son
adresse ainsi que les adresses électroniques de ses services;
? Les décisions et politiques publiques en relation
avec l'activité de l'organisme public;
? Les textes juridiques régissant l'activité de
l'organisme, notamment les circulaires et notes de services ;
? Les données relatives aux programmes de l'organisme,
notamment celles relatives aux marchés publics et leurs
résultats.
Pour les organismes publics compétents, outre des
documents que doivent fournir les organismes publics, la circulaire
prévoit une obligation de publier régulièrement les
données économiques, statistiques, financières ou sociales
relatives à leurs domaines d'activités.
86
L'Open Gov et l'Administration Publique
Aujourd'hui, plusieurs membres du gouvernement sont convaincus
de cette démarche. Certains parmi eux ont donné des promesses et
d'autres ont mené des actions pour une gouvernance ouverte.
Paragraphe 2 : L'open government : pour une
démarche convaincante
Depuis l'installation du nouveau gouvernement, les hautes
autorités ont affirmé que le Président de la
République, le chef du gouvernement, les ministres et les hauts cadres
de l'Etat allaient se soumettre à un contrôle de leurs richesses
avant et après leur exercice. Cette initiative peut-elle être
considérée comme une action pour initier le principe d'open
government en Tunisie?
La transparence gouvernementale que garantit l'application de
l'open government devient, aujourd'hui, une exigence de la
quasi-totalité de la classe politique tunisienne. Différents
responsables de partis politiques, ainsi que des personnalités
politiques indépendantes réclament un gouvernement ouvert et une
publication des données publiques sur le web.
L'open government permettra à tout citoyen, quelle que
soit sa position, d'avoir une idée de ce que font les
députés, les ministres, le Président de la
République et l'administration publique et de participer, par la suite,
à la politique de l'Etat. Dans ce contexte, on peut remarquer une
certaine conviction de la part des trois présidences de la Tunisie
post-révolutionnaire, le gouvernement (A), le
Président de la République (B) et
l'Assemblée Nationale Constituante (C), d'engager une
démarche permettant l'ouverture des données publiques aux
citoyens.
A. Pour le Gouvernement
La conférence «Open Data et
e-Participation», organisée à Tunis les 3 et 4
Avril 2012, s'est tenue en présence de plusieurs experts et praticiens
tunisiens
87
L'Open Gov et l'Administration Publique
et étrangers qui se sont réunis pour
débattre des modalités de mise en oeuvre des concepts novateurs
au sein de l'administration, ainsi que du rôle de la
société civile et du secteur privé dans la
réalisation des objectifs attendus par le recours à ces concepts
novateurs.
Dans ce contexte, le ministère de développement
régional91 et de la planification a déclaré que
plus de 780 projets régionaux sont bloqués alors que les travaux
d'autres projets d'une valeur globale de 770 millions de DT n'ont pas encore
commencé. Le ministre promettait de mettre en ligne toutes les
données relatives à ces projets.
Au niveau du ministère chargé de la
réforme administrative un site web interactif est mis en place pour
lutter contre la corruption. Ce site web,
www.anticorruption-idara.gov.tn,
va permettre aux citoyens d'informer sur tout type d'abus remarqué au
sein de l'administration. Parmi ces abus, la corruption sous toutes ses formes,
l'octroi illégal de privilèges spécifiques, la
médiation interdite, l'usurpation des biens publics, l'usage des biens
publics pour des buts personnels, l'usage de faux papiers administratifs...
En effet, pour réussir cet effort de lutte
anti-corruption, un suivi permanant de ce projet permettrait d'évaluer
ses résultats, notamment le degré de familiarisation des citoyens
avec ce site.
Il est à noter que le ministère chargé de
la réforme administrative avait promis de 92:
- Lancer un portail open data qui contiendra toutes les
données publiques ; - Mettre en ligne une plateforme sur le suivi des
marchés publics ;
91M. Jameleddine GHARBI, lors des travaux de la
commission des finances de l'A.N.C. en date du 20 avril 2012
92Déclaration de M. Mohamed Abou sur la
chaine RTCI
http://goingnext.com/opendata/2012/03/30/les-10-promesses-de-mohamed-abbou-pour-lapplication-de-lopengov-en-tunisie/
88
L'Open Gov et l'Administration Publique
- Publier les budgets détaillés de tous les
organismes publics ;
- Publier les déclarations de patrimoine des ministres et
hauts fonctionnaires.
Par ailleurs, le ministère de la réforme
administrative avait permis aux citoyens de participer à la vie publique
à travers une consultation nationale sur la réforme des horaires
administratifs dans la fonction publique. Cette consultation a
été lancée à travers un site internet pour que le
citoyen s'exprime et le gouvernement assume pleinement ce choix de
gouvernance.
B. Pour le Président de la
République
En date du 3 Avril 2012, le groupe OpenGovTN a adressé
au Président de la République une lettre ouverte à
l'occasion de la conférence annuelle de l'Open Government Partnership
(OGP) qui s'est tenue les 17 et 18 avril 2012 au Brésil.
L'O.G.P. est une organisation internationale dont le
rôle est de promouvoir l'initiative multilatérale et obtenir des
engagements forts de la participation des institutions gouvernementales. Son
rôle est de promouvoir la transparence, accroître la participation
de la société civile, lutter contre la corruption, et exploiter
les TIC pour rendre le gouvernement plus ouvert.
Dans sa lettre le groupe OpenGovTN souhaite avoir le soutien
du Président de la République sur la possibilité «
d'inclure éventuellement un membre d'OpenGovTN au sein de la
délégation qui participera à cette conférence pour
engager un échange d'informations et d'expériences avec
l'homologue Open Gov brésilien ».
Le Président de la République a autorisé
trois membres de ce groupe pour représenter la Tunisie officiellement
dans la conférence annuelle de l'O.G.P. au Brésil. La
délégation tunisienne comptait 9 personnes dont notamment des
représentants des ministères des affaires
étrangères, des
89
L'Open Gov et l'Administration Publique
finances et de la justice, ainsi que le directeur de
l'unité de l'administration électronique.
Il est à préciser que cet
évènement international réunit plus de 800 hauts
fonctionnaires et environ 200 acteurs de la société civile de 60
pays du monde. La Tunisie n'est pourtant pas membre de cette organisation
créée en Septembre 2011 sous l'impulsion de 8 pays fondateurs
à savoir le Brésil, l'Indonésie, le Mexique, la
Norvège, les Philippines, l'Afrique du Sud, le Royaume-Uni et les
Etats-Unis d'Amérique.
Pour adhérer à l'OGP quatre critères doivent
être justifiés:
- La transparence fiscale, - L'accès à
l'information,
- La publication des revenus et du patrimoine des hauts
fonctionnaires,
- La participation citoyenne.
La Tunisie, aujourd'hui, possède un score proche de
l'éligibilité. Son adhésion à l'OGP serait une
étape institutionnelle pour la mise en place d'une démocratie
participative dans le pays.
C- Pour l'Assemblée Nationale Constituante
Rencontré par un groupe militant pour la transparence
et la participation citoyenne, le Président de l'ANC a affiché sa
volonté de diffuser toutes les données et tous les documents
ayant relation avec les activités de l'assemblée et des
députés. Il a affirmé que « tous les documents qui
sont produits et distribués aux élus sont publiables et le seront
»93. Il a nuancé son propos par les difficultés
matérielles et budgétaires de l'ANC, à l'archaïsme de
l'appareil administratif, et aux « obstacles culturels ».
93Déclaration de M. Mustapha BEN JAAFAR
http://goingnext.com/opendata/2012/05/14/mustapha-ben-jaafar-president-de-lassemblee-constituante-rejoint-le-groupe-opengovtn/
90
L'Open Gov et l'Administration Publique
Conclusion de la deuxième partie :
La Tunisie, dans son nouveau contexte
postrévolutionnaire, n'est plus en mesure de nier l'importance de la
participation citoyenne dans la gestion des affaires publiques.
L'administration publique, appelée à être
en adéquation avec les nouvelles orientations, constitue un facteur
important pour la réussite de la mise en oeuvre du programme d'open
government en Tunisie.
En effet, un open government « tunisien » serait,
sans doute, un levier pour instaurer les mécanismes d'une bonne
gouvernance des affaires publiques et l'instauration des mécanismes
d'une démocratie participative. Cela est dit, les partenaires de ce
projet sont invités à s'inspirer des expériences des pays
qui ont déjà mené une politique d'ouverture comme les
Etats Unis, l'Australie, la Grande Bretagne, la France et d'autres pays de
l'Union Européenne.
Les chantiers de réformes administratives qu'entend
engager le nouveau gouvernement doivent mettre le projet de l'open government
au coeur de leur stratégie.
L'administration publique tunisienne est en train d'entamer
une réelle phase d'interactivité avec le citoyen par le biais du
web en offrant l'accès aux usagers à quelques données
publiques, chose qui était méconnue auparavant. Dans ce cadre
certains ministères et entreprises et établissements publics ont
jugé utile de publier sur le web des données statistiques, des
résultats financiers, et autres informations considérées
auparavant «secrètes».
Ces personnes de droit public essaient, aussi, de
réussir un processus de communication et d'interactivité avec les
usagers à travers les réseaux sociaux,
91
L'Open Gov et l'Administration Publique
nouvelle plateforme favorable pour cibler un public plus large
de citoyens. Toutefois, une mise en ligne d'un point d'accès central et
unique aux données publiques s'avère indispensable, et n'est
envisageable que si la volonté politique soit en mesure de suivre
l'évolution du phénomène dans le monde.
92
L'Open Gov et l'Administration Publique
Conclusion générale :
Comme l'a bien signalé André Maurois «
qui veut changer trouvera toujours une bonne raison pour changer
». En effet, le processus de modernisation de l'administration
publique est un parcours continu et les ambitions en matière de
l'amélioration des rapports administrations/administrés et de la
qualité des prestations administratives fournies aux citoyens ne sont
plus les seules attentes des citoyens. L'association et l'implication au
processus de prise de décisions publiques sont devenues la revendication
principale des citoyens et de la société civile. La
réponse à cette revendication a été
favorisée par l'émergence de l'approche de l'open government.
L'open government constitue en réalité un
catalyseur pour la mise en place d'une bonne gouvernance publique. Il est
marqué par deux atouts. D'une part, il renforce le processus
démocratique à travers une démarche participative pour la
gestion des affaires publiques où tous les partenaires (gouvernement,
citoyens et société civile) sont impliqués. D'autre part,
il favorise une conduite saine et transparente des politiques et une dynamique
économique générée par la réutilisation des
données publiées.
La réalisation des objectifs escomptés d'un
projet open government est tributaire des efforts déployés par
l'administration publique. En effet, l'administration assume un rôle
important dans la concrétisation de ces objectifs sur le terrain
grâce à l'adoption d'un nouvel état d'esprit qui
génère un changement aussi bien de la nature des rapports
administration/administrés que du mode de gestion des affaires
publiques.
Ainsi, l'adoption du projet de l'open government constitue une
opportunité pour l'administration afin qu'elle puisse repenser ses modes
de
93
L'Open Gov et l'Administration Publique
fonctionnement, incarner une nouvelle culture de la gestion
des données et des documents publics et initier des projets innovants
qui touchent notamment le management des ressources humaines, la gestion du
patrimoine informationnel et la réorganisation des entités
publiques. Ces projets vont permettre notamment de surmonter les
difficultés matérielles et budgétaires, l'archaïsme
de l'appareil administratif et les obstacles culturels.
La réussite du projet de l'open government constitue un
garant pour créer de la valeur au niveau de l'administration publique en
lui permettant d'honorer ses engagements vis-à-vis de ses partenaires
notamment en ce qui se rapporte à la transparence et à la
participation dans la prise de décision. Ainsi l'administration publique
doit maintenant trouver les moyens pour exploiter les potentialités
offertes par l'open government dans l'objectif de créer de la valeur
pour elle-même, pour les entreprises, pour la société
civile et pour les citoyens.
L'administration publique tunisienne ne peut pas rester
à l'abri d'un mouvement d'ouverture des données publiques,
déjà initiée par des forces de la société
civile dans le pays qui réclament un accès libre et non
conditionné aux documents et aux données publiques. Ces
données sont jugées indispensables pour accroitre la
réactivité de l'administration aux demandes et besoins des
citoyens, favoriser la prise en compte des avis exprimés sur les
affaires publique et favoriser d'avantage la transparence grâce à
l'emploi de mécanismes de consultation du public.
Il est entendu que l'orientation de la Tunisie vers l'adoption
de l'open government ne doit pas se limiter à une simple transposition
des expériences comparées ou des prototypes en la matière.
Une adaptation de la nouvelle démarche au contexte tunisien s'impose et
« aujourd'hui et encore plus demain, ce qui est important ce ne sont
pas les meilleurs pratiques, exemples ou
L'Open Gov et l'Administration Publique
références trouvées à
l'extérieur, mais les meilleures questions que le réformateur
aura la sagesse et le courage de se poser »94.
A cet effet, le projet d'open government en Tunisie doit
être accompagné par l'application des transformations à
grande échelle au sein de l'administration, plutôt que des
améliorations «marginales» . Des projets
novateurs devront être entamés dans plusieurs domaines afin
d'offrir à l'administration les meilleurs atouts lui permettant de jouer
son plein rôle dans la réussite du projet open government.
Les actions peuvent toucher les domaines prioritaires tels que
le changement de culture organisationnelle, la réingénierie des
procédures, l'appropriation des TIC, la formation des ressources
humaines, la refonte des textes réglementaires et l'urbanisation et la
bonne gouvernance des systèmes d'information de l'administration.
94
94Balogun (J), Hope Hailey (V) et Viardot (E),
op.cit, p 213.
ANNEXES
Annexe n° 1: Les acteurs de l'open data en
France.
Source : Vigé (J), « L'Open Data,
retour sur la genèse d'un mouvement au coeur des débats
politiques et économiques », Sep 2009,
www.telcospinner-solucom.fr.
Annexe n° 2: Le Cloud Computing.
Annexe n° 3: Historique de la politique open data
au Royaume-Uni.
Source :
data.gov.uk, l'ouverture des
données publiques au Royaume-Uni
www.ambascience.co.uk -
Science et Technologie au Royaume-Uni Mars-Avril 2011.
Annexe n° 4: Organisation de la politique open
data au Royaume-Uni.
Source :
data.gov.uk, l'ouverture des
données publiques au Royaume-Uni
www.ambascience.co.uk -
Science et Technologie au Royaume-Uni Mars-Avril 2011.
Annexe n° 5: Les Structures de gouvernance au
Maroc.
Source :
http://www.egov.ma/Gouvernance/Pages/Structuredegouvernance.aspx
Annexe n° 6: Interactions entre les structures de
gouvernance au Maroc.
Source : Communiqué de presse, «
Gouvernance de Maroc Numeric 2013», 9ème Session du
Comité Interministériel e-gouvernement (CIGOV), Rabat, le
14/05/2012.
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- Vigé (J), « L'Open Data, retour sur la
genèse d'un mouvement au coeur des débats politiques et
économiques », Sep 2009,
www.telcospinner-solucom.fr.
Liste des tableaux
N° Libellé Page
1
|
Exemples d'applications crées à partir d'open
data.
|
14
|
2
|
Changement vers de nouvelles formes de collaboration.
|
28
|
3
|
Potentiel économique de l'ouverture des données
publiques.
|
31
|
4
|
Comparaison du Gouvernement 1.0 et Gouvernement 2.0.
|
37
|
5
|
Tentatives gouvernementales d'informatisation de
données
|
|
|
personnelles : Corée de sud.
|
41
|
6
|
Liste de quelques applications au Royaume Uni
|
55
|
7
|
Quelques acteurs du développement de l'Open Data au
Royaume-
|
|
|
Uni.
|
56
|
8
|
Liste de quelques applications espagnoles.
|
65
|
9
|
Quelques acteurs du développement de l'Open Data en
Espagne.
|
66
|
Liste des figures
N° Libellé Page
1 Les stratégies d'une politique d'open
data. 15
2 Evolution de la philosophie de l'open. 18
3 Exemple des formats de données
utilisés au Royaume-Uni. 39
Table des matières
Page
Introduction : 01
Partie I: Présentation de l'open government 07
Chapitre I : Identification de l'open government 07
Section 1 : L'émergence de l'open government 08
Paragraphe 1 : Signification de l'open government 08
Paragraphe 2: L'open data: l'épicentre de l'open
government 11
Section 2 : L'open government : aboutissement d'un processus
16
Paragraphe 1 : L'open government : aboutissement de la
philosophie de
l'open 17
Paragraphe 2 : L'open government : aboutissement du processus
de
modernisation de l'administration publique 18
Chapitre II : L'open government : vers une modification à
la
copernicienne de l'administration publique 20
Section 1 : Les apports de l'open government pour
l'administration
publique 21
Paragraphe 1 : La « démocratisation » de
l'administration publique 21
A. La participation 22
1. Les formes « classiques»
de l'implication des citoyens 22
a) Le débat public 22
b) L'enquête publique 23
c) Le référendum 24
2. Le Web participatif 24
B. Coproduction et collaboration 26
C. La transparence 29
Paragraphe 2 : L'open data et développement
économique 30
Section 2 : Les aspects organisationnels et techniques de
l'open
government 33
Paragraphe 1: Les aspects organisationnels 33
Paragraphe 2: Les aspects techniques 35
A. Le Web 2.0 36
B. Les manifestations du Web 2.0 37
1. Le Blog 37
2. Le réseautage social 38
3. Le Wiki 38
C. Les formats des données publiques ouvertes 39
Section 3: Les limites à l'open government 40
Paragraphe 1 : Limites relatives à la protection des
données
personnelles et à la sécurité 40
a) Protection d'intérêts publics légitimes
43
b) Protection d'intérêts privés
légitimes 44
Paragraphe 2 : Limites culturelles 44
Paragraphe 3 : Limites techniques 45
Conclusion de la première partie 48
Partie II : Une initiative tunisienne d'open government à
la lumière
d'expériences internationales 50
Chapitre I : Expériences comparées de l'open
government 51
Section 1 : Les pays anglo-saxons pionniers de l'Open Data 51
Paragraphe 1 : Les Etats-Unis d'Amérique 51
Paragraphe 2 : Le Royaume-Uni 53
Paragraphe 3 : Le Canada 57
A. Transparence 58
B. Participation 59
C. Collaboration 59
Paragraphe 4 : L'Australie 59
A. L'open data, un préalable à l'administration
participative 60
B. Un dialogue institutionnel multilatéral 60
C. L'exploitation des réseaux sociaux 61
Section 2 : Le niveau européen 62
Paragraphe 1 : Les directives européennes 62
Paragraphe 2 : Les expériences étatiques 64
A. L'Espagne 65
B. La France 67
Section 3 : Le niveau africain 69
Paragraphe 1 : Le Maroc 69
A. Transformation de l'action gouvernementale 07
B. Mise en place d'une démarche participative 70
C. Structures publiques de l'e-gouvernement 71
Paragraphe 2 : Le Kenya 72
Chapitre II : L'open government en Tunisie 72
Section 1 : Aperçu historique 73
Paragraphe 1 : L'administration électronique 73
A. Evolution de l'administration électronique 74
1. La phase préliminaire (1980-1999) 74
2. La phase d'information (2000-2002) 74
3. La phase d'interaction (2003-2005) 74
4. La phase de transaction (2006-2009) 74
5. La phase d'intégration (Depuis 2009) 75
B. Les objectifs du programme de l'administration
électronique 75
1. Le développement de nouveaux services en ligne
75
2. L'amélioration de la qualité des services en
ligne 76
C. L'Unité de l'Administration Electronique 76
Paragraphe 2 : L'e-gouvernement 77
Section 1 : L'open government, une initiative citoyenne 80
Section 2 : Perspectives d'avenir 83
Paragraphe 1 : Un nouveau cadre juridique 83
Paragraphe 2 : L'open government : pour une démarche
convaincante 86
A. Pour le Gouvernement 86
B. Pour le Président de la République 88
C. Pour l'Assemblée Nationale Constituante 89
Conclusion de la deuxième partie 97
Conclusion générale 92
Annexes
Liste des tableaux
Liste des figures
Table des matières
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