UNIVERSITE DE LOME
REPUBLIQUE TOGOLAISE
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG)
Travail-Liberté-Patrie
Département d'Economie
MEMOIRE DE RECHERCHE
Mémoire pour l'obtention du diplôme de
Master recherche
en Sciences Economiques
Option : Economie de Développement
DETERMINANTS DE L'EPARGNE
DOMESTIQUE DANS L'UEMOA
Réalisé et soutenu par :
Sous la direction de:
Yaovi AZANLEKO Dr. Koffi SODOKIN,
Maître - Assistant et Chargé de Recherche à
la FASEG
Novembre 2012
i
SOMMAIRE
Introduction ..1
Chapitre 1 : Définitions et évolution de
l'épargne dans l'UEMOA 5
Section 1 : Définition de la notion d'épargne et
analyses des principales formes
d'épargne 5
Section 2 : Cadre historique et niveau d'épargne de
l'UEMOA 9
Section 3 : Difficultés statistiques dans la mesure de
l'épargne 11
Chapitre 2: Revues théorique et empirique sur la
problématique de
l'épargne 13
Section 1 : Deux visions opposées du rôle de
l'épargne 13
Section 2 : Épargne et longueur de l'horizon
décisionnel : les trois modèles
fondateurs 15
Section 3 : Déterminants potentiels de l'épargne
25
Section 4 : Preuves empiriques 29
Chapitre 3 : Approche méthodologique et
présentation des résultats 36
Section 1 : Approche méthodologique 36
Section 2 : Présentation et analyses des
résultats 44
Implications de politiques économiques 51
Conclusion 53
Sources et références bibliographiques 55
Annexes 60
ii
Liste des abréviations
ADI: African Development Indicators
ANB : Antenne Nationale de Bourse
APD : Aide Publique au Développement
BCEAO : Banque Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest
BRVM : Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières
CNUCED: Conférence des Nations Unies pour le Commerce
et le Développement
GLS: Generalized Least Square
GMM: Generalized Moment Method
IDE: Investissements Directs Etrangers
IMF : Institution de microfinance
MCG: Moindres Carrés
Généralisées
MCO: Moindres carrés ordinaires
MMG: Méthode des moments
généralisés
OCDE : Organisation pour le Commerce et le
Développement Economique
PIB: Produit Intérieur Brut
PNB : Produit National Brut
SFD : Système financier décentralisé
UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest
Africaine
WDI: World Development Indicators
iii
Résumé
L'environnement économique international est de
plus en plus instable à cause des crises à
répétition. Par conséquent la mobilisation de
l'épargne domestique potentielle serait d'une grande utilité pour
résoudre le problème d'accès aux ressources
extérieures. La présente étude a pour objectif
d'identifier les principaux facteurs macroéconomiques et
démographiques qui déterminent les performances d'épargne
intérieure dans l'espace UEMOA. A l'aide de la méthode des
moments généralisés (GMM), cette étude a
révélé que le taux d'épargne connaît une
persistance dans le temps et que la variable qui a un effet positif plus
important sur l'épargne domestique est le PIB réel par
tête. Les autres variables qui agissent positivement sur l'épargne
domestique des pays de l'UEMOA sont : le crédit intérieur fourni
par le secteur bancaire, le ratio de dépendance des moins de 15 ans, le
taux d'urbanisation et l'indice des droits politique. Par contre les
contraintes liées à l'emprunt du secteur privé ont un
effet négatif sur l'épargne domestique.
Mots clés : Epargne domestique ; Méthode des
moments généralisés (GMM) ; PIB réel
1
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Introduction
La contribution de l'Afrique subsaharienne à
l'économie mondiale reste en général très
marginale. Entre 1995 et 2010, l'Afrique Sub-saharienne a enregistré un
taux de croissance de près de 5%, signe d'un léger redressement
économique. La situation des pays de l'UEMOA1 est plus
préoccupante dans la mesure où tous les huit pays que compte
l'Union depuis 1997 restent toujours des pays à faible revenu avec un
taux de croissance moyenne de 3.7%2 pour la zone sur la
période 1995 - 2010.
Pour rattraper ce retard de croissance par rapport à
l'ensemble des pays de l'Afrique subsaharienne et amener les performances
économiques des pays de la zone à des niveaux proches de ceux des
pays émergeants, des reformes multisectorielles sont entreprises et un
accent particulier a été mis sur la mobilisation des ressources
intérieures et extérieures des pays. Ainsi, des efforts sont
fournis pour attirer davantage les capitaux étrangers et faciliter les
investissements directs étrangers (IDE). De même des mesures
concrètes sont prises pour garantir aux donateurs d'une bonne
utilisation des fonds d'aide au développement.
En effet, de nombreuses initiatives ont été
prises au niveau international afin d'accroître le volume de l'aide
publique au développement (APD) et son élément don aux
pays pauvres. Mais ce qui n'a pas beaucoup évolué c'est le peu
d'attention que les responsables politiques africains accordent à la
mobilisation de l'épargne intérieure. La forte dépendance
à l'égard de l'aide étrangère pour financer les
besoins de développement a certainement joué un rôle dans
cette attitude. A l'origine, l'aide était censée compléter
les ressources financières internes afin de stimuler les efforts de
développement et d'aider les pays à sortir du
sous-développement. Malheureusement, elle a plutôt fini par
étouffer l'épargne intérieure et à créer une
forte dépendance des économies africaines. L'efficacité
limitée de l'APD en termes de développement a été
imputée pour partie à l'utilisation inefficiente de l'aide, ce
qui signifie que seuls des montants relativement restreints ont
été effectivement utilisés aux fins du
développement (CNUCED, 2006a).
1 L'UEMOA est composée de huit pays dont le
Bénin, le Burkina Faso, la côte d'Ivoire, la Guinée-Bissau,
le Mali, le Niger, le Sénégal et le Togo.
2 Nos calculs à partir des données des
la Banque Mondiale, ADI 2011
2
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Les flux d'investissements directs étrangers (IDE) vers
les pays d'Afrique dont l'UEMOA, bien qu'en hausse ces dernières
années, restent trop limités sur le plan géographique et
trop concentrés sur les industries extractives pour avoir un effet
notable en termes de création d'emplois et de croissance
économique. En plus, l'environnement politique et le climat des affaires
n'ont pas encouragé les investissements directs étrangers dans
ces pays. Et pour un grand nombre d'acteurs économiques, les politiques
de financement extérieur ont eu pour effet d'accroître le niveau
d'endettement extérieur des pays en développement, ce qui a fini
par pénaliser leur croissance. Ces constats s'accompagnent d'une prise
de conscience progressive des vertus de la mobilisation de l'épargne
intérieure dans la conduite du développement.
En effet, pour réussir le processus du
développement économique, l'on ne saurait recourir
continuellement aux ressources extérieures qui sont d'ailleurs instables
et très sensibles à l'environnement économique
international caractérisé actuellement par des crises à
répétition. D'où la nécessité mobiliser et
de mettre à contribution les ressources domestiques disponibles de ces
pays. En tirant parti des ressources financières intérieures, on
pourrait réduire le déficit de ressources disponibles et
accélérer le processus de développement économique.
Telle mobilisation peut provenir à la fois du secteur public et du
secteur privé.
La mobilisation de l'épargne domestique vers les
projets d'investissement constitue une condition cruciale pour la
réussite des stratégies de croissance et de réduction de
la pauvreté dans les pays à faible revenu, comme l'ont
souligné les expériences historiques d'industrialisation des pays
aujourd'hui développés ou en Asie de l'Est. Une grande part de la
disparité dans les performances de croissance entre les pays du Sud est
souvent attribuée aux différences entre les taux d'épargne
et d'investissement. De faibles taux d'épargne peuvent maintenir la
croissance à des niveaux faibles (Solow, 1956).
Ainsi, lorsque les ressources domestiques n'arrivent pas
à financer entièrement les besoins d'investissement, il est
possible de recourir aux ressources externes pour combler le gap et non
l'inverse. Bien que la dépendance à l'épargne
extérieure a ses avantages, elle expose davantage le pays aux chocs
extérieurs. Et contrairement à l'interprétation
répandue de la «théorie du cercle vicieux», force est
de constater qu'aucun pays n'est en effet trop pauvre pour épargner. Les
études menées dans le domaine de la microfinance ont mis en
exergue chez les populations démunies des pratiques d'épargne
très variées. Dès lors, l'épargne domestique
demeure une source privilégiée de financement de l'investissement
par souci de
3
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
réduire au maximum la vulnérabilité de
l'économie aux fluctuations de l'économie internationale.
Au cours de ces dernières années, nombre de
travaux empiriques se sont intéressés aux déterminants de
l'épargne aussi bien dans les pays développés que dans les
pays en développement. Ce regain d'intérêt pour les
déterminants de l'épargne est motivé par la chute
croissante dans les taux d'épargne pour la plupart des pays de l'OCDE et
le fossé grandissant entre l'épargne et l'investissement dans les
pays en développement (Athukorala et Sen, 2004). En ce qui concerne les
économies de la zone l'UEMOA, l'investissement n'a été en
moyenne que de 17% du PIB réel entre 1995 et 2010 bien qu'il
connaît une tendance en légère hausse ces dernières
années. L'épargne domestique ne fait pas exception puisque durant
la même période son taux moyen n'est que de 12.85% du
PIB3.
Il n'y a plus de doute que le défi est de promouvoir
l'épargne domestique dans les pays pour augmenter le taux
d'investissement et atteindre des taux de croissance plus élevés.
Pour cette raison, la connaissance des principaux déterminants de
l'épargne domestique des pays de la zone UEMOA revêt d'une
importance capitale dans la formulation des politiques économiques
pouvant permettre de rehausser les niveaux des taux d'épargne domestique
pour répondre aux besoins de la croissance économique.
Il devient, dès lors, nécessaire de se demander
quels sont les principaux facteurs qui guident les comportements
d'épargne dans les pays de l'UEMOA ?
C'est à cette interrogation que tente de répondre
ce travail de manière générale.
Plus spécifiquement il s'agit de:
- déterminer les variables macroéconomiques qui
affectent l'épargne domestique dans l'UEMOA,
- identifier les facteurs démographiques qui
influencent les performances d'épargne intérieure des pays de la
dite zone.
Pour atteindre ces objectifs, nous posons les hypothèses
suivantes :
? Les variables macroéconomiques affectent
différemment, et selon leur nature, le taux d'épargne domestique
dans l'UEMOA.
? Les variables démographiques déterminent
négativement, et dans une certaine mesure, les taux d'épargne
domestique dans l'espace UEMOA.
3 Nos calculs à partir des données de la
BCEAO, 2010
4
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Le reste du travail est organisé comme suit : le
chapitre 1 présente structure de l'épargne domestique et
l'analyse des comportements d'épargne dans l'UEMOA; le chapitre 2 est
consacré à la revue littéraire sur l'épargne ; le
chapitre 3 traite de la méthodologie et présente les
résultats et les discussions suivies des implications de politiques
économiques et la conclusion.
5
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Chapitre 1 : Définitions et évolution de
l'épargne dans l'UEMOA
Section 1 : Définition de la notion
d'épargne et analyse des principales formes de l'épargne
1.1. Définition de la notion d'épargne
L'épargne constitue la partie non consommée du
revenu disponible. Dans une acception plus large, elle désigne tout
comportement qui inclut un sacrifice dans l'espoir d'obtenir un meilleur
rendement futur. Toutefois, cette définition simple de l'épargne
cache les discordes théoriques relatives aux déterminants de
l'épargne, aux conséquences de l'épargne sur
l'économie globale et aux différentes façons de mesurer
l'épargne.
Les décisions d'épargne seraient celles qui
garantissent le dessein à long terme du ménage. Celles-ci peuvent
être prises à trois niveaux :
- Au niveau élémentaire, une décision
d'épargne est directement liée à une décision
d'investir : il y a une relation biunivoque entre la décision de
réserver des ressources et l'affectation des ces ressources.
- A un niveau intermédiaire, l'épargne prend
l'aspect d'une assurance contre un risque. - Enfin, à un niveau
supérieur, une décision d'épargne est prise non pas pour
satisfaire un besoin immédiat de consommation, mais pour accroître
la liberté d'action de l'agent.
Les ressources qui alimentent cette épargne peuvent
être des ressources exceptionnelles (occasionnelles ou transitoires) et
des revenus normaux (ordinaires, courants ou permanents) (Lisle, 1967).
1.2. Analyse des principales formes d'épargne
L'épargne remplit un rôle important dans le cycle
économique. D'abord, la fluctuation de l'épargne des
ménages constitue une des forces déterminantes du profil de la
consommation privée et donc de la croissance. Ensuite, l'épargne
des entreprises et dans une moindre mesure celle des ménages constituent
une des variables d'ajustement de l'économie qui permet
6
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
d'absorber les chocs économiques. L'étude de
l'épargne intérieure devrait comprendre l'analyse du comportement
d'épargne des trois agents économiques de base : les
autorités publiques, les entreprises et les ménages.
Puisque l'épargne peut prendre de nombreuses formes,
c'est la nature des instruments d'épargne qui détermine largement
les possibilités de transformer l'épargne en investissements
productifs. Les principales sources de ressources intérieures sont
l'épargne privée (celle des ménages et des entreprises) et
les recettes publiques. Cependant, une épargne publique
élevée pourrait évincer l'épargne privée et
à une épargne extérieure importante correspond une
épargne domestique faible (Edwards, 1996).
1.2.1. L'épargne des ménages
L'épargne des ménages constitue l'essentiel de
l'épargne intérieure des pays en développement. Les
ménages épargnent sous différentes formes pour des raisons
et des buts spécifiques liés à leurs besoins. Les
instruments d'épargne à la disposition des ménages se
répartissent en quatre catégories: épargne non
financière, épargne financière informelle, épargne
financière formelle et épargne financière semi?formelle
(CNUCED, 2007). Le choix de l'instrument d'épargne dépend de
l'accessibilité, de la fiabilité et de la pertinence des
instruments d'épargne disponibles pour répondre aux besoins des
ménages en matière d'épargne.
1.2.1.1. L'épargne non financière
Les ménages détiennent souvent des portefeuilles
très diversifiés d'actifs non financiers, tels que cheptel,
stocks de marchandises destinées à des transactions,
céréales ou matériaux de construction, qui sont acquis
comme des richesses et souvent achetés ou vendus afin de
préserver des habitudes de consommation. Certaines études ont
montré que les avoirs des ménages dans les zones rurales sont
constitués à 80 % environ d'actifs non financiers (Aryeetey et
Udry, 2000).
Le choix d'actifs non financiers comme instruments
d'épargne dépend de divers facteurs. Certains de ces actifs,
comme le cheptel, les biens immobiliers ou les bijoux, ont une valeur
symbolique ou servent d'indicateurs du statut et/ou de la richesse. Mais
l'accumulation d'actifs non financiers comme instruments d'épargne peut
aussi résulter d'une décision de
7
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
placement dans un contexte combinant risque
élevé, environnement financier incertain et des
difficultés d'accès aux instruments financiers
adéquats.
1.2.1.2. L'épargne financière informelle
Le secteur financier informel offre un large éventail
d'instruments d'épargne, qui va de la simple collecte des
dépôts jusqu'à d'importants groupements ou clubs
d'épargne autogérés (Wright, 1999). L'épargne prend
essentiellement la forme de dépôts modestes mais
répétés, ce qui correspond aux besoins des ménages
et des petites entreprises. Les problèmes d'accès et de
fiabilité sont moindres que dans le secteur financier formel, dans la
mesure où les organismes du secteur financier informel opèrent
dans un cadre communautaire géographiquement et socialement bien
délimité (Nissanke et Aryeetey, 2006).
Contrairement à ce qui se passe dans le secteur
financier formel, l'épargne du secteur informel génère
rarement des intérêts. En général, les ressources
mobilisées grâce à l'épargne du secteur informel ne
sont pas utilisées pour d'autres investissements et ne procurent donc
pas de rendement.
1.2.1.3. L'épargne financière formelle
Dans les pays de la zone UEMOA, l'épargne
détenue dans le secteur financier formel ne représente
généralement qu'une faible proportion des actifs des
ménages. Les banques sont le principal type d'établissements
financiers du secteur formel engagés dans la mobilisation de
l'épargne. Dans la plupart des pays de l'Union, des bureaux de poste
sont aussi utilisés, compte tenu de leur vaste réseau de
couverture nationale.
1.2.1.4. L'épargne financière
semi-formelle
Le secteur financier semi-formel fourni des services
financiers aux ménages et aux petites entreprises qui n'ont pas
accès aux services financiers du secteur formel. Ce secteur comprend des
organismes qui, bien que légalement constitués, ne sont pas
réglementés au même titre que les banques. Le secteur
semi-formel offre toutefois un grand potentiel pour mobiliser davantage
l'épargne dans la région. En effet, si les organismes du secteur
semi-formel parviennent à proposer des instruments d'épargne
sûrs et raisonnablement liquides qui procurent des rendements positifs
à un grand nombre de ménages, il pourrait y avoir une
augmentation substantielle de l'épargne financière utilisable
pour
8
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
des investissements productifs en raison de la
réaffectation d'actifs financiers et non financiers actuellement
détenus dans le secteur informel.
1.2.2. L'épargne des entreprises
L'épargne des entreprises attire beaucoup moins
l'attention que l'épargne des ménages et elle reste
généralement mal connue, notamment dans les pays en
développement. Comme les entreprises ont souvent un excédent
d'épargne qui n'est pas suffisant pour couvrir le montant de leurs
investissements, elles sont obligées d'emprunter. L'épargne des
entreprises est sensible à la conjoncture et aux modalités du
partage de la valeur ajoutée entre les salaires, les
intérêts de la dette, les dividendes versés aux
actionnaires et la part versée aux administrations publiques. Elle est
plus élevée en période d'expansion qu'en période de
récession. Les variations de l'épargne des entreprises
contribuent à amortir les cycles conjoncturels.
L'épargne des entreprises tend à diminuer
lorsque les parts des salaires, de la fiscalité et de la
rémunération des éléments du passif des entreprises
(intérêts des dettes et dividendes) deviennent relativement plus
importantes. Dans la plupart des pays africains, les données
nécessaires pour désagréger l'épargne privée
en épargne des ménages et épargne des entreprises
n'existent pas. Cette situation constitue un frein non seulement à la
croissance des entreprises, mais aussi au développement du secteur
financier.
1.2.3. L'épargne publique
Les ressources du secteur public ont, par rapport à
l'épargne privée, un rôle distinct et
complémentaire. L'épargne publique finance les investissements
à long terme et les besoins auxquels elle pourvoie sont immenses dans la
plupart des pays en développement. Étant donné que
l'impôt représente la quasi-totalité des recettes publiques
dans la plupart de ces pays, une augmentation des recettes fiscales peut aider
de façon significative à mobiliser davantage de ressources
intérieures, à condition de ne pas décourager, dans le
même temps, l'initiative privée. Les recettes publiques doivent
être mobilisées de telle manière que les acteurs du secteur
privé restent incités à entreprendre et à
épargner, et les objectifs d'un système fiscal optimal devraient
être l'équité, l'efficacité et la simplicité
administrative (Thirlwall, 2003).
9
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Le faible niveau de recettes fiscales dénote une
relative faiblesse d'action de l'État envers certaines catégories
de la société. Souvent, la capacité contributive est
généralement fortement concentrée sur un petit nombre de
particuliers et d'entreprises, qui parviennent quelque fois à
s'échapper à l'impôt grâce à leur pouvoir ou
à leur influence. Les grandes entreprises utilisent leur influence et
leurs relations avec les autorités pour échapper à
l'impôt, et les petites entreprises se soustraient à l'impôt
en restant dans le secteur informel (Gauthier et Reinikka, 2006). La
majorité de la population, même si elle n'a guère de
pouvoir politique ni d'influence, a en général une faible
capacité contributive qu'il est d'ailleurs coûteux de chercher
à mobiliser, en particulier dans les zones rurales.
Section 2 : Cadre historique et niveau
d'épargne de l'UEMOA 2.1. Cadre historique
Au lendemain de leur accession à l'indépendance,
six pays de l'Afrique Occidentale membres de la Zone Franc - Bénin
(alors Dahomey), Burkina Faso (alors Haute Volta), Côte d'Ivoire, Niger,
Sénégal et Togo (en 1963) - ont créé, le 12
mai 1962, l'Union monétaire Ouest-Africaine (UMOA). Le Mali n'a
adhéré à l'UMOA qu'en juin 1984, après avoir
demandé en 1967 sa réintégration dans la Zone Franc.
Dans les années 80, deux chocs externes majeurs ont
largement contribué à déstabiliser les économies de
l'Union et à renverser la croissance économique : l'effondrement
des prix des matières premières, sources importantes des recettes
d'exportation, et l'appréciation réelle du Franc CFA, sous
l'effet combiné de la hausse du Franc français et l'ajustement
à la baisse des taux de change des pays voisins hors Zone Franc. Les
principaux indicateurs macroéconomiques et financiers se sont
détériorés rapidement, plongeant les pays de l'UMOA dans
une crise économique profonde.
Face à la crise économique, les pays membres de
l'UMOA ont, dès 1990, manifesté leur
volonté d'approfondir leur intégration économique en
complément de l'union monétaire. Il était devenu
évident que les mécanismes de régulation monétaire
devaient être complétés par des réformes
économiques pour assurer la cohésion de l'Union et lancer les
bases d'une croissance durable. Le Traité instituant l'Union Economique
et Monétaire Ouest-Africaine (UEMOA) a été signé
à Dakar le 10 janvier 1994, deux jours avant la
dévaluation du Franc
10
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
CFA. Le Traité est entré en vigueur le
1er août 1994, après sa ratification
par les États membres. La Guinée-Bissau fut le dernier pays
à adhérer à cette institution le 02 mai 1997, ce qui porte
à huit le nombre de pays membres de l'UEMOA dont le siège se
trouve Ouagadougou (Burkina Faso). Avec une superficie de 3 509 600
km2, l'UEMOA compte plus de 80 millions d'habitants dans ses pays
membres.
Pour relever ses défis et améliorer la vie de
ses populations, l'UEMOA s'est dotée de nombreux outils
économiques et financiers dont la Bourse Régionale des Valeurs
Mobilières (BRVM), un marché financier régional
basé à Abidjan et disposant d'antennes nationales de Bourse (ANB)
dans chacun des pays de l'UEMOA après à la mise en place d'un
Conseil Régional de l'Epargne Publique et des Marchés Financiers
en Juillet 1996.
2.2. Niveau d'épargne
Il existe au sein de l'UEMOA une multitude de produits
d'épargne dont l'épargne-logement, l'épargne-retraite,
l'épargne-crédit, l'épargne-jeunes, les bons de caisse, le
compte à terme... Toutefois, la rémunération de ces
produits demeure faible, variant entre 3.5% et 4.5%. Avec l'inflation qui est
de 2% en moyenne, les taux d'intérêt réels fluctuent autour
de 2%.
Le niveau de l'épargne dans l'UEMOA reflète de
la faiblesse de la dynamique de l'activité économique dans la
région (Figure1). Le taux d'épargne intérieur brut moyen
est seulement de 6.2 % du PIB pour l'UEMOA contre 20.4% pour l'ensemble
l'Afrique subsaharienne entre 1980 et 2008 (Banque Mondiale, 2010). Bien que
les comptes nationaux de la BCEAO affichent pour l'UEMOA un taux
d'épargne intérieur moyen de 12.8% entre 1995 et 2010 (BCEAO,
2010), ce taux reste encore loin derrière celui de l'Afrique
subsaharienne sur la même période.
11
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Figure 1: Evolution du taux d'épargne
dans la zone UEMOA
16
15
14
13
12
11
10
1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007
2008 2009 2010
taux d'épargne
Source de données : Annuaire statistique de la BCEAO,
2010
Quoi que cette situation varie considérablement d'un
pays à l'autre, la réalité demeure qu'il est indispensable
d'accroître les taux d'épargne intérieure à des
niveaux compatibles avec un développement économique durable,
à savoir un taux supérieur à 25% du PIB réel, aussi
bien dans les pays de l'UEMOA que dans le reste des pays de l'Afrique
subsaharienne.
Section 3 : Difficultés statistiques dans la
mesure de l'épargne
L'épargne est mesurée de façon
résiduelle dans la comptabilité nationale, ce qui fait qu'elle
subit l'incidence des erreurs de mesure et des révisions
régulières affectant les deux agrégats qui servent
à la calculer , à savoir les recettes et les dépenses
courantes. Comme c'est souvent un poste de faible montant, des erreurs
relativement mineures dans la mesure des recettes ou des dépenses
risquent d'entraîner dans celle de l'épargne une erreur
relativement importante. En outre, si les erreurs que comportent ces deux
agrégats peuvent se compenser mutuellement dans l'estimation de
l'épargne, elles peuvent tout aussi bien se renforcer, de sorte que la
marge d'erreur des statistiques de l'épargne risque d'être aussi
importante que la somme des marges d'erreur affectant les recettes et les
dépenses.
Outre cette volatilité possible de la statistique
d'épargne, la comparaison internationale des taux d'épargne doit
être effectuée avec prudence. En effet, des différences de
taux d'épargne ne reflètent pas nécessairement des
différences dans le comportement des agents économiques, en
particulier des ménages.
12
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Premièrement, il se peut que les concepts ne soient pas
identiques. Pour cela, il faut notamment s'assurer que les amortissements sont
traités de la même façon entre pays. Ainsi, on peut
rapporter l'épargne brute au revenu disponible brut ou l'épargne
nette au revenu disponible net. Le montant des amortissements pris ou non en
compte influence le taux d'épargne.
Deuxièmement, le taux d'épargne est
influencé par les réalités institutionnelles et
coutumières des pays, d'où l'importance de retenir la
définition du taux d'épargne qui limite au maximum la
sensibilité à ces aspects institutionnels et coutumiers. La
comptabilité nationale permet d'ailleurs parfois d'apporter les
corrections nécessaires. Par exemple, l'importance relative des
impôts directs et des impôts indirects dans la fiscalité
globale a un impact sur le taux d'épargne. Que l'Etat
prélève des recettes publiques sur les ménages par la
fiscalité directe (impôts sur le revenu et cotisations de
sécurité sociale) ou indirecte (TVA, accises,...) n'influence pas
le niveau de l'épargne des ménages car les deux catégories
d'impôts entrent dans les dépenses courantes (via les transferts
ou via la consommation). Néanmoins un impôt direct réduit
le revenu disponible, alors qu'un impôt indirect réduit le pouvoir
d'achat. La santé ou l'éducation constituent un autre exemple.
Ces services sont financés en partie par le marché et en partie
par l'Etat. Lorsque l'Etat les prend en charge plutôt que les
ménages, non seulement les dépenses de consommation des
ménages se voient réduites, mais aussi leur revenu disponible car
les ménages paient des cotisations. L'épargne n'est donc pas
affectée à condition qu'il y ait un équilibre entre les
cotisations sociales et les dépenses publiques. Par contre, le revenu
disponible sera plus faible dans les pays où l'état intervient
plus. Le taux d'épargne y sera donc surestimé.
Troisièmement, même si l'impact de
réalités institutionnelles différentes est relativement
réduit par le choix de concepts et de corrections adéquates,
certains effets de composition peuvent encore affecter le taux
d'épargne. Ainsi, l'importance relative des indépendants joue un
rôle et, en particulier, la proportion d'entreprises individuelles qui
sont classées parmi les ménages en raison d'une
comptabilité incomplète (petites entreprises familiales,
professions libérales, etc.). Ce classement influence la
définition même du champ des ménages et donc leur revenu et
leur taux d'épargne. De plus, au sein de ces entreprises individuelles,
il est impossible de distinguer la part des revenus qui constitue un salaire de
celle qui est un bénéfice d'exploitation.
13
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Chapitre 2: Revues théorique et empirique sur la
problématique de l'épargne
L'épargne est un concept difficile à
appréhender. Longtemps considérée comme le résidu
entre revenu et consommation, elle a ensuite acquis une existence autonome,
répondant à des déterminants et des motifs propres,
d'ordre microéconomique et macroéconomique. A la suite de Keynes,
Browning et Lusardi (1996) ont recensé au moins neuf motifs
d'épargne différents4.
Le motif de cycle de vie pousse les ménages actifs
à accumuler un patrimoine qui sera ensuite consommé après
le départ à la retraite. Le motif de précaution conduit
plutôt le ménage à accumuler un patrimoine lui permettant
de s'assurer face à des baisses temporaires de son revenu, mais avec un
horizon plus court (quelques mois ou quelques années) que dans la
théorie du cycle de vie. Enfin, le motif dynastique conduit à un
profil de taux d'épargne ascendant en fin de vie, contrairement au motif
cycle de vie, car les ménages cherchent à accumuler du patrimoine
en vue d'une transmission sous forme de donation ou de legs (Browning et
Lusardi, 1996).
Par ailleurs, l'existence de taux d'épargne
différents sur le capital et sur le travail contribue indirectement
à légitimer l'un ou l'autre des motifs. Un taux d'épargne
élevé sur le capital en fin de vie légitime le motif
dynastique, un taux d'épargne élevé sur les revenus du
travail et faible sur les revenus du patrimoine, légitime plutôt
le motif cycle de vie ou de précaution.
Section 1 : Deux visions opposées du rôle
de l'épargne
Selon les classiques, l'objectif des ménages qui
épargnent est d'obtenir une consommation plus grande demain en
renonçant à une consommation aujourd'hui. Cet objectif est
automatiquement atteint si l'épargne d'aujourd'hui est effectivement
investie dans le
4 Motif de précaution (épargner pour
faire face aux imprévus), motif de cycle de vie (épargner pour
subvenir à ses besoins après le départ à la
retraite), substitution intertemporelle (tirer parti du rendement des actifs
financiers), amélioration des conditions de vie, motif d'investissement
ou esprit d'entreprise, motif d'héritage (préparer une
transmission sous forme de donation ou de legs), épargne
préalable (en vue de l'achat d'un logement, ou d'un bien durable),
indépendance financière, avarice.
14
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
développement de nouvelles capacités de
production. L'accroissement du stock de capital permet de produire davantage de
biens et de services dans le futur. Les revenus perçus par les
ménages les autorisent à terme à consommer plus.
L'équilibre épargne-investissement est, selon les classiques,
obtenu au travers de la variation des taux d'intérêt et le taux
d'épargne augmente avec le taux d'intérêt alors que le taux
d'investissement se réduit. Selon les keynésiens, est un
résidu de consommation dont le flux d'épargne est
déterminé par le flux d'investissement. Étant
vérifiée pour toute période et quelles que soient les
conditions du marché, c'est-à-dire, en particulier, quel que soit
le niveau des taux d'intérêt, la relation entre l'épargne
et l'investissement peut difficilement être interprétée
comme une relation d'équilibre.
Les entreprises contribuent à l'équilibre entre
flux d'épargne et d'investissement au travers des mécanismes de
fixation des prix et des stocks. Si la demande est excédentaire à
l'offre, les stocks se réduisent (l'investissement diminue) et les prix
augmentent de même que l'épargne des entreprises. L'augmentation
des prix pour un taux nominal d'épargne des ménages donné,
freine la demande de consommation et augmente l'épargne des entreprises.
En cas d'offre excédentaire à la demande, les stocks augmentent,
les prix évoluent moins rapidement que les coûts et le flux
d'épargne des entreprises se contracte.
Dans son analyse de la croissance à long terme, Harrod
(1948) montre qu'il existe un taux d'épargne permettant une
évolution de la demande compatible avec l'évolution de l'offre de
main-d'oeuvre pour une technologie donnée. Si le taux d'épargne
est trop élevé, la croissance de la demande sera
inférieure à la croissance de l'offre de main-d'oeuvre pour cette
technologie et le chômage apparaît. De même, si le taux
d'épargne est trop faible, le taux de croissance de la demande est trop
élevé et des pénuries de main-d'oeuvre apparaissent.
Si l'étude de la fonction d'épargne trouve bien
son origine chez Keynes, ses propositions initiales ont été
largement discutées, enrichies et même infléchies.
L'analyse initiale reliait l'épargne d'une période au revenu
perçu au cours de cette même période. Depuis, la prise en
compte des phénomènes de mémoire d'une part,
d'anticipation d'autre part conduit à mettre en évidence le
rôle des patrimoines et donc à intégrer dans l'analyse le
rôle des stocks, alors que Keynes avait privilégié
l'analyse en termes de flux.
15
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Section 2 : Épargne et longueur de l'horizon
décisionnel : les trois modèles fondateurs
Les développements théoriques au cours des
trente dernières années ont conduit à distinguer, à
l'instar de Kessler et Masson (1989), trois modèles successifs de
comportement selon la longueur de l'horizon décisionnel : le
modèle myope à horizon court, le modèle de cycle de vie
à horizon long et borné et le modèle dynastique ou
hypermétrope à horizon infini. Les théories
diffèrent dans la manière dont elles expliquent le comportement
observé du consommateur et dans leurs prédictions suivant les
effets des politiques publiques sur les comportements individuels
d'épargne.
Par exemple l'augmentation des impôts, l'augmentation
des taux d'intérêt nominaux, ou une croissance de l'offre de
monnaie affectent toujours la consommation des ménages selon la
théorie keynésienne, mais les deux autres approches
prédisent que ces politiques ont forcement d'effets sur la consommation
des individus à moins qu'elles s'opèrent de façon
inattendue et imprévisionnelle.
2.1. Le modèle myope keynésien : la
théorie du revenu courant
Le modèle myope fut proposé par Keynes dans la
Théorie générale :
"La loi psychologique fondamentale [...] c'est qu'en
moyenne et la plupart du temps, les hommes tendent à accroître
leur consommation à mesure que le revenu croît, mais non d'une
quantité aussi grande que l'accroissement du revenu" (Keynes, 1936,
chap 8, p. 98).
Keynes, le premier, nourrit le débat sur les
déterminants de l'arbitrage consommation/épargne, en affirmant
que le niveau de chacun est déterminé par le revenu courant. Il
écrit, ainsi, au chapitre VIII, de la Théorie de l'emploi, de
l'intérêt et de la monnaie, " E...] les hommes tendent
à accroître leur consommation à mesure que le revenu
croît, mais non d'une quantité aussi grande que l'accroissement du
revenu ". Il fonde par là même, ce qu'il qualifie de loi
psychologique fondamentale.
La fonction de consommation keynésienne, montre que
l'épargne est une fonction croissante du niveau de revenu. Cela signifie
que pour un revenu nul, l'épargne est négative ; l'agent
désépargne pour financer la consommation incompressible. Keynes
expliquait que le revenu courant était le déterminant le plus
important de l'épargne individuelle et les individus à faible
16
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
revenu ne peuvent pas épargner. C'est pourquoi la
fonction d'épargne keynésienne dans sa forme la plus commode est
linéaire avec une propension marginale à épargner
constante. De même, Keynes (d'après Modigliani, 1986)
prédisait que la propension moyenne à épargner du
ménage augmenterait lorsque le ménage atteint un niveau de revenu
plus élevé. Le niveau du revenu courant (permanent ou
transitoire) a un impact positif sur le taux d'épargne (Rossi, 1988).
Ce modèle se caractérise par un horizon temporel
court, borné. Confronté à des revenus instables, le
ménage vit au jour le jour et ne prend pas en compte les
événements susceptibles d'intervenir au-delà de cet
horizon. Ses choix de consommation sont guidés par la
nécessité du moment ou par les habitudes, et il n'épargne
pas ou peu, essentiellement pour la transaction ou la précaution. Il vit
sans projet d'accumulation bien défini autre que la préservation
de sa richesse actuelle, éventuellement héritée.
2.2. Cycle de vie et revenu permanent
Ces deux approches, la première associée au nom
de Modigliani, la seconde à celui de Friedman, ont en commun
l'idée que les ménages ne déterminent pas leur
consommation en considérant seulement leur revenu courant, mais qu'ils
considèrent leur revenu anticipé sur une période beaucoup
plus longue. Arrivées à ce point, les deux approches divergent
légèrement en accentuant différemment les motifs de
l'épargne : la théorie du cycle de vie privilégie
l'épargne en vue de la constitution d'un patrimoine qui financera la
consommation pendant les vieux jours ; l'hypothèse du revenu permanent
retient également cette motivation mais attribue également de
l'importance au désir de laisser un héritage.
17
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
2.2.1. Modigliani et le cycle de vie
Figure 2 : Modèle de cycle de vie
Source : Modigliani et Brumberg (1954)
Le modèle de Modigliani et Brumberg (1954) suppose que
les consommateurs ont pour horizon temporel la durée de leur existence,
soit un horizon temporel long, mais fini. Leurs arbitrages patrimoniaux ont
pour objectif d'assurer un profil de consommation régulier sur
l'ensemble de la vie. Dans la version de base du modèle de cycle de vie,
le premier souci des ménages concerne ainsi le financement de leur
période de retraite : ils accumulent pendant leur durée
d'activité un patrimoine qu'ils consomment par la suite en
période de retraite, selon la figure 3.
L'idée fondamentale de l'hypothèse de cycle de
vie est que chaque individu cherche à maximiser la valeur
présente soumise à la contrainte budgétaire sur toute sa
période de vie. La théorie prédit que la consommation
d'une période donnée, et par conséquent la décision
d'épargner, dépend des revenus attendus.
18
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Selon cette théorie, la durée de vie d'un
individu est divisée en période de travail et de retraite. Les
individus sont supposés d'être des épargnants nets durant
leur période d'activité et des désépargnants en
période de retraite. Les questions de choix
intergénérationnelles sont étudiées à l'aide
du modèle à générations imbriquées. Le
modèle suppose qu'il y a, à chaque instant, deux types
d'individus : les jeunes qui sont salariés actifs et qui
épargnent ; les vieux qui sont retraités et qui consomment leur
épargne. On distingue de manière générale, la
retraite par répartition et la retraite par capitalisation. Avec la
répartition, les actifs paient des cotisations qui sont utilisées
instantanément pour financer les retraites. Avec la capitalisation, les
actifs investissent leur épargne sur les marchés financiers (soit
directement soit au travers de fonds de pensions) et cette épargne (et
les revenus qu'elle génère) est utilisée pour financer les
dépenses au moment de la retraite.
Par conséquent, la croissance du revenu par habitant
conduirait à une augmentation du taux d'épargne global parce
qu'il accroît les gains et l'épargne du groupe d'âge des
plus jeunes (les actifs) par rapport au groupe des personnes les plus
âgées (Athukorala et Sen, 2004). Ainsi, les pays qui ont taux
croissance du revenu par habitant plus élevé devraient avoir des
ratios d'épargne plus élevés que les pays à faible
taux de croissance.
En revanche, il faut remarquer qu'au niveau
microéconomique, l'agent n'effectue guère d'arbitrages
intergénérationnels : les transmissions patrimoniales ne jouent
qu'un rôle résiduel dans ses choix d'accumulation. S'il peut
laisser un héritage parfois conséquent derrière lui,
celui-ci sera de nature involontaire ou accidentelle, dans la mesure où
il résulte plus de l'incertitude de la durée de vie que d'un
véritable motif de transmission (Masson, 2003).
2.2.2. Friedman et le revenu permanent
A la suite du travail innovateur de Keynes, Friedman (1957)
émet l'hypothèse du revenu permanent. Cette hypothèse fait
une distinction entre les composants permanent et transitoire du revenu comme
déterminants de l'épargne du ménage.
Pour Friedman, la consommation et l'épargne ne
dépendent pas du revenu courant, mais du revenu permanent. Le revenu
permanent défini comme le revenu constant au cours du temps qui donne au
ménage le même revenu actualisé que ses revenus futurs en
termes prévision du revenu de long terme et d'un taux de consommation
maintenu constant sur la période de vie étant donné le
niveau actuel de richesse (Muradoglu et Taskin, 1996).
19
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Selon Samuelson et Nordhaus (1995), le revenu permanent est le
niveau de revenu que les ménages reçoivent lorsque les variations
temporaires sont négligées ou supprimées. C'est le revenu
dont l'agent peut disposer à chaque période de sa vie. Le revenu
transitoire est la différence entre le revenu actuel et le revenu
permanent. Selon l'hypothèse du revenu permanent, les individus
consomment essentiellement le composant permanent de leur revenu courant, par
conséquent le revenu transitoire est systématiquement
affecté à l'épargne avec une propension marginale à
épargner de ce revenu proche de l'unité (Muradoglu et Taskin,
1996). Cette dernière peut être positive auquel cas le revenu
courant est supérieur au revenu permanent, ou négative, auquel
cas le revenu observé est inférieur au revenu permanent.
De façon similaire, Friedman (1957) définit la
consommation permanente, comme "la valeur des services qu'on prévoit de
consommer pendant la période considérée", et montre alors
que la consommation permanente (et donc l'épargne) est proportionnelle
au revenu permanent. Friedman n'exclut cependant pas que le ménage
puisse planifier sa consommation sur un horizon plus bref (de trois à
cinq ans par exemple), en réajustant progressivement sa consommation
pour tenir compte de modifications jugées durables du revenu. Mais,
à la différence du comportement de cycle de vie, le ménage
ne liquide pas son patrimoine pour assurer sa consommation à partir d'un
certain âge.
Dans la forme généralisée de
modèle de cycle de vie, développée à partir de
1985, Modigliani, Ando et Brumberg proposent de dissocier le patrimoine en deux
composantes hétérogènes, qui seraient détenues
à des fins différentes :
- le patrimoine de cycle de vie, destiné à la
consommation différée, et dont le mode d'accumulation serait
conforme à l'hypothèse du cycle de vie ;
- le capital d'investissement destiné à la
transmission, qui relèverait d'une perspective dynastique (avec un
horizon supérieur à la durée de vie).
Ces deux modèles ont pour propriété
centrale de dissocier le profil de consommation du profil de revenus sur
l'ensemble du cycle de vie, et prédisent que le taux d'épargne
dépend d'abord de l'âge et du revenu permanent. Ces deux approches
plus ou moins fusionnée, fournissent un cadre d'analyse flexible
destiné à rendre plus intelligibles les comportements
patrimoniaux.
Le modèle revenu permanent/cycle de vie, dans sa
formulation originelle, ne prenait pas en compte l'incertitude portant sur les
revenus. On supposait que les comportements reposaient sur une anticipation
parfaite du futur et qu'ils n'étaient pas contraints par des
imperfections du marché des capitaux. Néanmoins, ces
hypothèses se sont révélées trop restrictives car
elles ne pouvaient rendre compte de certains comportements observés
empiriquement, comme le motif
20
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
de précaution. C'est pourquoi le cadre d'analyse a
été étendu à un environnement incertain et à
des marchés des capitaux imparfaits (Hall, 1978).
2.2.3. Extension du modèle de cycle de vie en
incertain et émergence d'une épargne de précaution
Répondant à un motif de précaution
à moyen et long terme, une épargne supplémentaire permet
alors de pallier les aléas de revenu (chômage, perte de
salaire,...) et de se prémunir contre une durée de vie
incertaine. Par ailleurs, les contraintes sur le marché du
crédit, qui empêchent d'emprunter sur les revenus futurs,
limiteront les possibilités de choix de l'agent : s'il anticipe des
revenus d'activité fortement croissants, ces contraintes se traduiront
par une consommation aux âges jeunes plus faible qu'il ne le souhaite.
Le modèle de buffer stock (épargne tampon) qui
est une formalisation du comportement d'épargne de précaution, en
présence ou non de contraintes de liquidité, a été
proposée par Deaton (1991), et Carroll (1997). Ces auteurs
considèrent un modèle de d'"épargne tampon"
(buffer-stock), pour lequel le profil en cloche de l'épargne,
caractéristique du modèle de cycle de vie, accumulée
surtout en vue de la retraite, s'efface, en raison de l'impatience du
consommateur, au profit d'un comportement d'accumulation original. Une
épargne plutôt liquide, ou fonds de contingence, joue alors le
rôle de "tampon" (buffer) contre les fluctuations de moyen terme portant
sur le revenu d'activité.
Le motif de précaution peut conduire à des taux
d'épargne différenciés par âge : accumulation
initiale aux jeunes âges, destinée à constituer le capital
qui servira de tampon face aux fluctuations ultérieures du revenu, puis
ajustement de ce tampon avec l'âge en fonction de l'évolution des
risques pesant sur les ressources de l'individu ou du ménage. Cette
réserve de précaution est constituée par un consommateur
impatient réagissant aux fluctuations du revenu courant qui
amèneraient à connaître des situations contraignantes dans
le futur (contraintes d'endettement pour Deaton (1991), chômage pour
Carroll (1997)).
2.2.4. Place de l'incertitude dans le comportement
d'épargne
Les économistes se sont longtemps penchés sur le
rôle de l'incertitude dans le comportement économique, mais les
tentatives pour quantifier son impact sont très peu nombreuses.
L'incertitude prend forme en supposant que les individus font des jugements sur
le futur sur la
21
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
base du comportement passé des quantités en
question. Cependant, pour des raisons de commodité, il serait plus
édifiant de séparer les mesures directes de l'incertitude qui
sont à la fois révélatrices et fonctionnelles. Suivant
Juster et Watchtel (1972a) et Juster (1973), notre approche prend en compte
deux types d'incertitude qui sont susceptibles d'affecter le comportement
d'épargne.
Le premier type est le genre conventionnel d'incertitude
liée au revenu. Si les consommateurs estiment que le revenu
monétaire va chuter, leur réaction serait d'accumuler du cash par
le biais d'une augmentation de l'épargne. Et si effectivement le revenu
monétaire baisse, les coûts fixes des biens et services des
dépenses de consommation pourraient entraîner une diminution
effective de l'épargne. La représentation empirique de ces effets
peut se faire en utilisant le taux de chômage pour mesurer le revenu
monétaire qui est élevé ou faible par rapport au
passé récent, et utiliser l'évolution du taux de
chômage comme une mesure des changements dans le degré auquel les
consommateurs rattachent l'incertitude au revenu monétaire futur. Ainsi,
le chômage devrait avoir un impact négatif sur l'épargne
courante, puisqu'il représente un effet négatif du revenu
transitoire, quoique le changement dans le taux de chômage pourrait avoir
un impact positif sur l'épargne.
La seconde dimension, la moins conventionnelle et peut
être la plus importante, de l'incertitude s'articule autour des effets de
l'inflation sur l'épargne. Dans un article, Wachtel (1974) propose une
classification intéressante de l'inflation des prix sur l'épargne
: un effet d'illusion monétaire, un effet de substitution
intertemporelle et un effet d'incertitude.
Les deux premiers effets sont traditionnellement sujets aux
analyses, et seront d'ailleurs traités dans la section suivante.
Intéressons nous présentement au troisième effet qui
paraît relativement récent. Il est basé sur l'idée
que l'accroissement grandissant du pessimisme à propos du futur
entraîne des taux d'épargne plus élevés. Comme
élaboré par Juster (1973), l'élément clé est
la rigidité de la baisse du taux de salaire. Dans un monde où les
taux d'inflation de salaire ne peuvent baisser, un taux d'inflation de prix nul
implique que les changements dans les taux de salaires réels ne peuvent
pas être négatifs. Par conséquent l'incertitude sur le
changement dans le revenu réel et l'épargne est limitée
à l'incertitude sur comment une augmentation substantielle des salaires
peuvent se produire prochainement. Cependant, lorsque les prix augmentent, le
revenu réel peut baisser si les salaires monétaires n'augmentent
pas aussi rapidement.
22
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
2.3. Le modèle dynastique ou hypermétrope
Le dépassement de l'hypothèse du cycle de vie
trouve ses fondements dans les travaux de
Kotlikoff et Summers (1981), pour lesquels les transferts
intergénérationnels constituent l'explication la plus importante
de l'épargne et le déterminant essentiel de l'accumulation du
capital aux États-Unis ; la part héritée
représenterait selon eux 80% du patrimoine total, alors que pour
Modigliani, 80% du patrimoine serait imputable à l'accumulation de type
cycle de vie5. Selon ce modèle, les préférences
intègrent le bien-être des générations suivantes.
Alors que le ménage de cycle de vie cherche à consommer, à
terme, la totalité des ressources perçues, le ménage
dynastique transmet des ressources à ses enfants, car ces transferts lui
apportent une certaine utilité. Son horizon décisionnel va bien
au-delà de sa propre existence. Si le concept de ménage
s'applique assez bien au modèle de cycle de vie, c'est plutôt le
concept de lignée qui correspond au modèle
hypermétrope.
Le modèle dynastique dissocie donc profil de
consommation et échéancier des ressources sur une période
supérieure à la durée de vie. Il s'ensuit que la
consommation présente dépend d'un revenu
"intergénérationnel" qui intègre les ressources
anticipées pour la descendance, la propension à consommer de ce
revenu étant fonction du degré d'altruisme parental et du motif
précis des transmissions.
Ces trois modèles, archétypes du comportement
d'épargne, correspondent à des conceptions très
différentes. Les déterminants de l'épargne, le sens et
l'importance de leurs effets varient d'un modèle à l'autre : la
retraite joue par exemple un rôle fondamental pour les consommateurs de
cycle de vie, alors qu'elle n'intervient quasiment pas dans les choix des
sujets myopes. Le bien-être des générations futures
influence les comportements dynastiques mais pas les deux autres. Aussi, les
comportements hypermétropes permettent de rendre compte de patrimoines
plus importants.
Un autre élément du comportement
d'épargne qui mérite également d'être pris en compte
est l'origine des ressources du ménage.
5 La controverse avec Modigliani porte largement sur des
questions de définition ; alors que ce dernier a une conception
restrictive de l'héritage (montant des transmissions
déclarées), Kotlikoff retient une définition beaucoup plus
large des transmissions, incluant tous les transferts reçus après
l'âge de dix-huit ans.
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
(
23
2.4. Existence de différents taux d'épargne
selon le type de revenu
L'idée selon laquelle l'on épargne
différemment selon le type de revenu - revenus du capital ou revenu du
travail - est apparue dans les années 1950 suite aux travaux des
économistes post-keynésiens, dans le cadre plus large d'une
réflexion macroéconomique sur le lien entre croissance et
répartition du revenu national. Kaldor (1957) et Pasinetti (1962) ont
défendu l'idée selon laquelle la propension à
épargner des capitalistes était plus importante que celle des
salariés. Plus récemment, la littérature sur la croissance
endogène a fourni un cadre propice à un réexamen de ces
théories.
Kaldor (1957) part de l'idée que la flexibilité
de la propension à épargner permet de parvenir à la
croissance équilibrée de plein emploi. Il met en évidence
deux groupes d'agents dans l'économie, se partageant le revenu national
et n'ayant pas les mêmes comportements. D'un côté, les
capitalistes, propriétaires du capital, sont
rémunérés grâce aux profits (P) qu'ils
réalisent. De l'autre côté, les travailleurs touchent des
salaires (W) contre la mise à disposition de leur force de travail au
service des capitalistes. La propension moyenne à épargner n'est
plus une donnée exogène, mais une variable endogène du
modèle. L'épargne de la collectivité (S) est la somme des
épargnes des deux classes sociales Sw et Sp. La fonction
d'épargne s'écrit :
S = Sw + Sp ? S = W + P
W et P représentent respectivement la masse salariale et
la masse des profits, et étant
respectivement la propension moyenne à épargner
des salariés et la propension moyenne à épargner des
capitalistes. Kaldor retient l'hypothèse centrale selon laquelle le taux
d'épargne
sur les salaires n'est pas le même que sur les profits :
0 = = = 1
Comme le revenu national s'écrit Y = W + P, et que
l'épargne est égale à l'investissement (S = I),
24
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Or avec le taux de croissance du capital, et avec r le
taux de profit.
Par conséquent, si on fait l'hypothèse d'un taux
d'épargne nul des travailleurs, il vient : ? r = ?
Le taux de profit est donc d'autant plus élevé que
la propension à épargner des capitalistes est plus faible.
? La critique de Pasinetti
Pasinetti (1962) s'interroge sur la répartition
fonctionnelle de Kaldor, et décèle quelques insuffisances.
Pasinetti (1962 : 137) notait, d'abord, que, pour que le raisonnement de Kaldor
soit acceptable, il était nécessaire de supposer que la
propension moyenne à épargner des salariés soit
inférieure au taux d'investissement car, s'il en allait autrement, la
part des profits dans le revenu serait nulle ou négative.
De même, le taux d'épargne des capitalistes
devait être supérieur au taux d'investissement, sinon la part des
salaires serait nulle ou négative. Il posait ainsi la question des
conditions de l'existence d'un équilibre dans ce modèle. Il crut,
d'autre part, percevoir une faille logique dans le raisonnement de Kaldor. Il
lui reprocha d'avoir négligé « le fait important que, dans
tout type de société, lorsqu'un individu épargne une
partie de son revenu, il faut aussi lui permettre de se l'approprier ;
autrement, il n'épargnerait pas du tout.
Cela signifie que le stock de capital qui existe dans le
système est la propriété de ceux (capitalistes et
travailleurs) qui ont réalisé dans le passé
l'épargne correspondante. Et puisque la propriété du
capital assure à son détenteur l'obtention d'un
intérêt, les travailleurs, dès lors qu'ils ont
épargné -- et ont ainsi acquis la propriété d'une
partie du stock de capital (directement ou par des prêts aux
capitalistes) --, recevront également une partie des profits totaux
».
Par conséquent, les salariés peuvent eux aussi
bénéficier d'une part des profits du capital et il est important
de distinguer entre les profits qui vont aux capitalistes et les profits qui
vont aux salariés. Toutefois, les conclusions de Pasinetti restent
identiques à celle de Kaldor : les taux d'épargne des
travailleurs demeurent inférieurs au taux d'épargne des
capitalistes.
25
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Section 3 : Déterminants potentiels de
l'épargne
3.1. Le revenu par tête comme déterminant de
l'épargne
L'une des plus importantes innovations de Keynes dans la
Théorie Générale, était d'avoir
établi pour la première fois le lien entre la consommation (et
donc l'épargne) et le niveau du revenu à partir de la fonction de
consommation. Plus formellement, il est suggéré que la fonction
de consommation ou d'épargne est non-proportionnelle ; pour cause, les
riches (pays ou individus) moins proportionnellement et épargnent plus
proportionnellement de leur revenu que les pauvres. Une manière
d'exprimer cela est de commencer par la fonction d'épargne :
Où : est le niveau d'épargne par habitant de la
population P et
le revenu par tête.
Le signe négatif du terme constant signifie que la
propension marginale à épargner est au-dessus de la moyenne.
Ainsi lorsque le revenu par tête augmente, la propension marginale
à épargner augmente aussi. Pour transformer cette fonction pour
que le taux d'épargne soit une variable dépendante, il suffit de
multiplier les deux membres de l'équation par P et les diviser par Y. Ce
qui donne :
Où le ratio d'épargne est une fonction non
linéaire du niveau de revenu par tête, comme
représenté sur la figure 4 suivante :
Figure 3: Fonction d'épargne et le revenu par
tête
0
26
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Lorsque , b. En d'autres termes, lorsque le revenu par
habitant augmente,
le ratio d'épargne s'approche de l'asymptote. Il est
plus faible dans les pays pauvres que dans les pays développés
mais ne connaît pas la même évolution que le revenu par
tête. D'aucuns estiment qu'il commence par décroître
à des niveaux de revenu très élevés.
3.2. Taux d'intérêt
L'effet du taux d'intérêt sur l'épargne
est ambigu. Parce que les effets revenu et substitution des taux
d'intérêt élevés s'exercent en sens opposé,
l'effet des taux d'intérêt sur l'épargne ne peut être
prédit. En plus des deux effets, les taux d'intérêt
affectent aussi l'épargne à travers l'effet richesse. Selon
l'hypothèse de la consommation inter-temporelle, celle des auteurs
classiques, une augmentation du taux d'intérêt augmente
l'épargne ; la propension moyenne à épargner est une
fonction croissante du taux d'intérêt réel.
Un fort taux d'intérêt réel, correspondant
à une forte rémunération de l'épargne, incite
à diminuer sa consommation présente au profit de
l'épargne, selon un effet de substitution. Mais la relation positive
entre taux d'intérêt et épargne peut être
contrebalancée par un effet de revenu : pour un ménage qui
souhaite effectuer des placements financiers, une hausse des taux
d'intérêt signifie une hausse des revenus futurs, ce qui peut
inciter à réduire l'épargne nécessaire pour
constituer un patrimoine donné.
En toute évidence, dans les pays en
développement où les marchés financiers ne sont toujours
pas encore bien développés, l'effet substitution devrait
être plus important que l'effet revenu ; et par conséquent, le
taux d'intérêt aurait probablement un impact positif net sur
l'épargne domestique (Özcan et al, 2003). Cependant, la
complexité et les distorsions dans le secteur réel et le secteur
financier de l'économie tendent à réduire les
bénéfices d'une augmentation dans les taux
d'intérêt, et du coût l'impact positif sur l'épargne
domestique peut ne pas être observé.
L'approche keynésienne du comportement d'épargne
est tout autre : l'épargne est le résidu de la consommation. Le
niveau d'épargne n'est pas forcement déterminé par le taux
d'intérêt mais plutôt par le niveau de revenu de l'agent ;
le taux d'intérêt ne déterminant que la forme de
l'épargne (épargne thésaurisée ou épargne
financière). Celui-ci consomme d'abord et attribue le résidu de
son revenu (celui qui n'a pas été consommé) à
l'épargne ou à la thésaurisation en
27
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
fonction du taux d'intérêt. La grande
différence les classiques et Keynes est qu'il prend en compte le
caractère irrationnel des agents économiques qui peuvent opter
pour la thésaurisation.
3.3. Inflation
L'épargne répond également au taux
d'inflation. L'effet de l'inflation sur l'épargne dépend de la
manière dont les agents économiques réagissent à
l'augmentation du taux d'inflation. Un taux d'inflation élevé
conduit à un taux d'intérêt nominal élevé.
L'inflation peut affecter l'épargne en sens opposé :
i) L'inflation augmente l'incertitude sur le revenu futur, et
diminue la valeur réelle de la richesse financière. Les
ménages en tentant de rétablir leur position richesse-revenu vont
augmenter leur niveau d'épargne. De même, lorsque l'incertitude
liée au revenu futur est élevée, les gens sont
poussés à épargner une part importante de leur revenu
actuel pour des motifs de précaution.
ii) Mais dans la mesure où un taux d'inflation
élevé va de pair avec une grande incertitude sur le taux
d'intérêt réel, cela peut avoir un effet répressif
sur la décision à épargner. Les anticipations d'inflation
peuvent favoriser les dépenses durables au détriment de
l'épargne.
La littérature empirique sur l'effet de l'inflation sur
l'épargne présente une vaste preuve qui soutient les deux
opinions. La plupart des modèles analysant l'effet de l'inflation sur
l'épargne trouve un effet bien négatif. Si les revenus ne sont
pas indexés, une inflation non anticipée va causer des
réductions dans les revenus et par conséquent, réduire les
taux d'épargne (Deaton, 1997). Contrairement à ces
prédictions, une autre théorie propose que si le revenu
réel est correctement anticipé soit par indexation ou par
inflation salariale, l'inflation non anticipée va augmenter le taux
d'épargne. Dans une étude menée sur un groupe de pays
asiatique, Gupta (1987) a trouvé que les tensions inflationnistes ont un
effet positif sur l'épargne, alors les résultats de Lahiri (1988)
sont peu concluants sur la question. Par ailleurs, on peut penser que dans la
super-neutralité de la monnaie dans un sens extrême, l'inflation
peut ne pas avoir aucun effet sur l'épargne sur le long terme.
28
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
3.4. Facteurs démographiques
L'hypothèse de cycle de vie montre que les variables
démographiques affectent le comportement d'épargne des
ménages (Ando et Modigliani, 1963).
La théorie analyse comment les individus qui
étalent leur consommation sur leur durée de vie en accumulant de
l'épargne durant leur période d'activité et en maintenant
leur niveau de consommation stable pendant la retraite. Elle prédit que
dans une population donnée, les jeunes gens auront une épargne
très faible (parce qu'initialement, le revenu est bas ou même nul,
et ce groupe d'individus emprunte pour répondre aux besoins de
consommation). L'hypothèse de cycle de vie suppose donc que, quand il y
a plus de jeunes gens à supporter, la consommation augmente et
l'épargne diminue. Les adultes en âge de travailler constituent le
groupe d'individus qui épargnent plus. Les personnes âgées
ont tendance à avoir un niveau bas ou même négatif du taux
d'épargne. En d'autres termes, ils désépargnent afin de
maintenir la consommation proche des besoins jusqu'à la fin de leur
vie.
Il apparaît clairement que la structure d'âge
influence le comportement d'épargne de l'ensemble de la population.
Ainsi, plus la population inactive (et donc le ratio de dépendance) d'un
pays est élevée, plus bas sera son taux d'épargne et vice-
versa.
D'après Deaton (1989), les ménages disposent des
moyens leurs permettant de modifier le revenu de temps à autre pour que
leur consommation puisse être garantie. Pour cette raison, les
ménages épargnent pendant les périodes de revenus
élevés et les ménages désépargnent durant
les périodes de faibles revenus par rapport à une consommation
élevée : on parle de lissage de la consommation sur la
durée.
La théorie distingue le ratio de dépendance de
la croissance de la population. Elle indique que bien qu'une augmentation du
taux de croissance de la population peut augmenter le nombre d'actifs
(épargnants potentiels) par rapport au nombre de retraités
(désépargnants potentiels), elle peut toute fois s'accompagner
d'une augmentation du ratio des jeunes (désépargnants formels)
dans la population. Ainsi, l'effet net de la croissance de la population sur
l'épargne globale n'est pas théoriquement identifié
(Athukorala et Sen, 2004).
Outre le ratio de dépendance, d'autres variables
démographiques peuvent avoir un effet sur le comportement
d'épargne, surtout sur celui des ménages. Il s'agit entre autre
de la taille du
29
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
ménage, de l'âge moyen auquel les jeunes entrent
sur le marché du travail, l'âge de la retraite, le taux
d'activité féminine, l'espérance de vie, le taux
d'urbanisation etc.
Section 4 : Preuves empiriques
Les études empiriques qui ont examinées ces
déterminants, que ce soit dans les pays développés qu'en
développement, ont employé plusieurs méthodes. Certaines
études se sont essentiellement focalisées sur les modèles
à effets fixes en utilisant les méthodes des moindres
carrés ordinaires MCO pour expliquer les variations dans les
performances d'épargne à travers les pays. D'autres ont
utilisées des techniques de cointégration et des tests
d'intégration (méthodes des variables instrumentales et des
moments généralisées) qui autorisent
l'hétérogénéité dans les paramètres
et les dynamiques à travers les pays. Des travaux se sont
intéressés particulièrement aux interactions entre les
facteurs démographiques (le taux de fertilité, le ratio de
dépendance, l'espérance de vie) et l'épargne des
ménages. D'autres ont analysé un ensemble de variables
macroéconomiques tels que le revenu (PIB), le taux
d'intérêt réel, les changements dans les termes
d'échange, l'offre de monnaie, les dépenses publiques et le
degré d'ouverture, ... pour capter les principaux déterminants de
l'épargne intérieure (publique et/ou privée). D'autres
encore ont utilisé des facteurs mixtes démographiques et
macroéconomiques.
Les résultats de Ouliaris (1981) sur le comportement
d'épargne en Australie montrent que les taux d'intérêt
exercent une influence négative sur les ratios d'épargne et que
de faibles taux d'intérêt contribuent en une augmentation dans les
ratios d'épargne.
Giovannini (1985) a testé empiriquement
l'hypothèse selon laquelle l'épargne réagit positivement
aux changements dans les taux d'intérêt des pays les moins
avancés. Ses résultats ont révélé une
très faible réactivité de l'épargne globale au
changement du taux d'intérêt réel.
Gupta (1987) trouve également certaines preuves de
l'effet positif des taux d'intérêt créditeur réel
sur l'épargne nationale en Asie mais pas en Amérique Latine ; une
relation positive a été trouvée entre le taux
d'intérêt créditeur réel et l'épargne pour
neuf pays d'Afrique. Il souligne que seuls de grands changements dans les taux
d'épargne permettraient d'avoir des effets positifs
économiquement importants.
30
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Dans un article d'enquête, Balassa (1992) est parvenu
à la preuve empirique que l'effet des taux d'intérêt
réels sur l'épargne est positif dans les pays en
développement, confirmant les résultats de Koskela et Viren
(1982) pour les pays développés allant dans le même sens
c'est-à-dire que l'épargne augmente à mesure que le taux
d'intérêt augmente.
Doshi (1994) a démontré que l'espérance
de vie est un facteur important et statistiquement significatif du niveau
d'épargne dans les pays en développement. Toute fois les
résultats sont sensibles au niveau de développement de chaque
pays et à la diversité régionale.
Dans une tentative d'examen des déterminants du taux
d'épargne au Pakistan, Khan et al (1994) ont utilisé un ensemble
de variables dont le revenu, le taux d'intérêt réel, le
ratio de dépendance, le flux des capitaux étrangers, l'aide
extérieure, le taux d'échange, et le degré d'ouverture.
Ils aboutissent à la preuve que le PNB par habitant a un effet fortement
positif sur l'épargne nationale ; le taux d'intérêt
réel, le taux de change et le degré d'ouverture de
l'économie influencent positivement l'épargne nationale. Par
contre le ratio dette sur PNB, le ratio de dépendance affectent
négativement l'épargne nationale du Pakistan.
A l'aide de la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO), Hahn (1994) procède à des analyses empiriques
en utilisant des variables macroéconomiques sur la période
1971-1991 pour montrer que, des taux de croissance élevés du
revenu disponible et des taux d'intérêt plus élevés
ont contribué à des taux d'épargne élevés en
Corée. Par contre, des taux d'inflation élevés et des
déficits budgétaires ont des effets négatifs sur les taux
d'épargne en Corée.
Edwards (1996) a examiné le processus de
détermination du taux d'épargne dans 36 pays sur la
période 1970-1992 en utilisant des variables macroéconomiques,
démographiques et des indicateurs politiques. La croissance du revenu
par habitant apparaît être le déterminant le plus important
de l'épargne publique et privée. Les résultats ont
également montré que l'épargne publique est plus faible
dans les pays avec une instabilité politique plus grande et que
l'épargne publique évince l'épargne privée mais
moins que proportionnellement. Il a trouvé également que le
développement financier se révèle être un autre
déterminant important de l'épargne privée.
Dayal-Ghulati et Thirmann (1997) ont analysé les
déterminants empiriques de l'épargne privée pour un
échantillon des économies de l'Asie du Sud-Est et de
l'Amérique Latine sur la période 1975-1995. Les résultats
ont indiqué que la politique budgétaire et plus
particulièrement les mesures de sécurité sociales sont le
principal facteur de politique
31
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
budgétaire qui affecte positivement l'épargne
privée dans certains pays d'Asie du Sud-Est. En plus, la
volatilité de l'inflation apparaissait avoir un effet négatif sur
l'épargne privée en Amérique Latine. La stabilité
macroéconomique et le développement financier sont clairement des
variables importantes qui déterminent positivement le comportement
d'épargne dans les deux régions.
Pour identifier les déterminants empiriques de
l'épargne des ménages, Callen et Thirmann (1997) ont fait
l'étude en utilisant les données de 21 pays de l'OCDE de 1975
à 1995. Ils se sont focalisés sur l'influence des impôts et
des systèmes de sécurité sociale sur l'épargne des
ménages. Le vecteur des variables explicatives a pris en compte la
structure du système d'imposition et le financement de la
sécurité sociale et du système d'aide sociale. Ces
variables se sont révélées avoir un impact positif sur
l'épargne des ménages et donnaient par là même, un
signal aux autorités de politiques économiques qu'en changeant la
conception de ces systèmes l'Etat peut être amené à
influencer l'épargne nationale.
Mwega (1997) a réalisé une étude
comparative en utilisant les modèles de cycle de vie et du revenu
permanent des taux d'épargne privée moyens dans 33 pays, incluant
15 pays africains et a constaté que les taux d'épargne
étaient généralement plus faibles dans les pays en
développement. Il a trouvé des coefficients positifs et fortement
significatifs pour le revenu par tête, la croissance du revenu par
tête et le niveau de profondeur du développement financier
(M2/PIB) ; puis un coefficient non significatif pour les contraintes
financières. Se focalisant particulièrement sur les pays
africains, Mwega (1997) a trouvé que l'épargne privée
était largement déterminée par le niveau du revenu par
tête, la croissance économique, les termes de l'échange,
les taux d'épargne publique et le ratio de dépendance. Il a
finalement conclu que les taux d'épargne bas en Afrique sont à la
fois les conséquences de la fonction d'épargne privée et
des conditions économiques initiales.
L'étude menée par Cardenas et Escobar (1998) sur
les déterminants de l'épargne en Colombie a utilisée un
cadre du modèle de préférence intertemporelle. Leurs
résultats ont confirmé le lien fort entre l'épargne
nationale, les dépenses publiques et le ratio de dépendance. Ils
ont aussi trouvé que l'épargne nationale répond
partiellement aux changements temporaires dans la production et que les
dépenses publiques élevées étaient associées
à de faibles taux d'épargne nationale. Les résultats ont
également indiqué qu'une augmentation dans le ratio de
dépendance a un effet significativement négatif sur les taux
d'épargne privée.
32
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Masson et al. (1998) ont examiné les
déterminants de l'épargne privée pour un grand nombre de
pays développés et sous développés en utilisant les
données en séries temporelles et en coupes transversales. Les
résultats indiquaient qu'il existe un effet compensatoire partiel de
l'épargne privée dû aux changements dans l'épargne
publique de pays industrialisés ; alors que dans les pays en
développement les variables démographiques et la croissance du
PIB se trouvent être les déterminants les plus importants des taux
d'épargne privée.
Haque et al. (1999) utilisant les mêmes données
de panel que celles utilisées par Masson et al. (1998) en y introduisant
les dynamiques pour permettre
l'hétérogénéité à travers les pays.
Les résultats avec la méthode des moments
généralisés (GMM) montrent que seuls les effets du ratio
du budget global du gouvernement par rapport au PIB et le ratio des
dépenses courantes par rapport au PIB sont robustes suite à la
présence des dynamiques dans les données de panel.
Hussein et Thirlwall (1999) ont analysé les principaux
déterminants des différences dans le ratio de l'épargne
domestique pour un panel de 62 pays couvrant la période 1967-1995. Une
distinction fondamentale est faite entre les déterminants de la
capacité à épargner et ceux de la volonté à
épargner. La capacité à épargner dépend
essentiellement du niveau de revenu par tête (mais non
linéairement) et la croissance du revenu (hypothèse de cycle de
vie). La volonté à épargner est supposée
dépendre des facteurs financiers tels que le taux
d'intérêt, le niveau du développement financier et
l'inflation. Leurs résultats n'ont pas confirmé l'effet positif
du taux d'intérêt, mais un lien positif et significatif est
établi entre le niveau du développement financier mesuré
par la monnaie, quasi-monnaie (M2) rapportée au PIB et l'épargne
domestique. L'inflation exerce un effet modérément positif sur
l'épargne domestique mais cet effet devient très tôt
négatif. L'épargne globale dépend positivement de
l'épargne publique mais curieusement il s'est
révélé une relation négative entre la pression
fiscale et le taux d'épargne domestique.
Le travail de Hussian et Brookins (2001) basé sur les
données en coupe transversale et des données de panel sur un
grand échantillon de pays a abouti aux conclusions que la part de
l'agriculture dans la production totale, la balance budgétaire, la
balance du compte courant sont des variables à coefficients
significatifs dans l'explication du comportement d'épargne.
Sarantis et Stewart (2001) ont utilisé les techniques
des tests de cointégration pour examiner les déterminants de long
terme des taux d'épargne privée avec un panel dynamique des pays
de l'OCDE durant les années qui ont suivies la deuxième guerre
mondiale. Ils sont arrivés à
33
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
l'évidence qu'il existe équilibre de long terme
de la fonction d'épargne. Bien que les résultats suggèrent
des déterminants significatifs du taux d'épargne, les
paramètres estimés varient significativement à travers les
pays.
Halleq (2003) a analysé et examiné les
déterminants de l'épargne privée en Jordanie entre 1976 et
2000 en utilisant la méthode des moindres carrés ordinaires MCO
et des variables instrumentales. Les principaux résultats nous
renseignent que le ratio de dépendance a un effet significativement
négatif sur l'épargne privée. Cependant le taux de
croissance du PIB par habitant a un effet significativement positif sur
l'épargne privée. En plus le développement du
marché de crédit aux consommateurs, le ratio de
sécurité sociale, les dépenses d'aide sociales affectent
positivement l'épargne privée. Finalement, le taux
d'intérêt réel, le taux d'inflation et les termes
d'échange ont des effets non significatifs sur le niveau
d'épargne privée en Jordanie.
Özcan et al (2003) ont étudié les
déterminants de l'épargne privée en Turquie de 1968
à 1994. Les résultats du modèle estimé ont
confirmé l'hypothèse que l'évolution des taux
d'épargne privée présente une grande inertie. Il est alors
trouvé que les effets d'un changement dans un déterminant
donné de l'épargne sont entièrement observables dans le
court terme que dans le long terme. Les résultats ont également
montré que bien qu'une épargne publique exerce un effet
d'éviction sur l'épargne privée, elle l'est dans une
moindre mesure, et par conséquent l'hypothèse de l'Equivalence
Ricardienne n'est pas strictement confirmée. Aussi, le niveau de revenu
a un effet positif sur le taux d'épargne privée. Cependant, la
croissance du revenu n'est pas statistiquement significative.
Par ailleurs, il est apparu que les chocs sur les termes de
l'échange et des systèmes financiers prononcés tendent
à contribuer à des taux d'épargne privée plus
élevés. L'espérance de vie a un effet négatif sur
l'épargne privée. En plus, le motif de précaution de
l'épargne est appuyé par la conclusion que l'inflation captait le
niveau d'incertitude macroéconomique et a un effet positif sur
l'épargne en Turquie. Bien que le déficit du compte courant
représente une variable explicative importante, son effet n'est pas
significatif.
Modigliani et Cao (2004) ont conduit une étude sur les
déterminants du taux d'épargne des ménages en Chine en
utilisant les données en séries temporelles de 1953 à
2000. Ils trouvent que le taux de croissance de long terme, l'inverse du ratio
de dépendance (approximé par le ratio de la population active aux
nombre des mineurs), l'écart entre la croissance et le taux de
34
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
croissance de long terme et l'inflation ont des effets
positifs et significatifs sur le taux d'épargne des ménages en
Chine.
Athukorala et Sen (2004) ont examiné les
déterminants de l'épargne privée de l'Inde entre 1954 et
1998. La méthodologie utilisée dans cette étude a
nécessité l'estimation d'une fonction d'épargne
dérivée du modèle de cycle de vie. Les résultats du
modèle ont fourni la preuve de l'effet statistiquement positif du taux
d'intérêt réel, de la croissance du revenu par tête,
l'approfondissement du système financier et du taux d'inflation sur
l'épargne domestique. D'autre part, les termes d'échange et les
transferts de fonds intérieurs des nationaux résidant à
l'étranger ont un effet négatif sur les comportements
d'épargne en Inde. Les résultats portant sur le taux d'inflation
suggèrent qu'une inflation modérée affecterait
positivement l'épargne privée.
Bhole et Mahakud (2005) montrent que le taux d'épargne
agrégée en Inde est demeuré à un niveau
relativement faible sur la longue période de 1966-2000 et a, en effet,
chuté dans un passé récent ; ce qui est une
préoccupation si l'économie nationale veut atteindre le taux de
croissance économique prévu. Il ressort de leur travail que les
profits après impôts, les opportunités d'affaires,
l'accès aux ressources financières extérieures, le
coût des emprunts et le coût d'investissement sont les
déterminants essentiels de l'épargne du secteur privé
national en Inde. Leur papier a analysé les tendances dans
l'épargne privée nationale sur cette période (1966-2000)
et a utilisé les données de panels dynamiques par la
méthode de moments généralisés (GMM) pour
identifier empiriquement les facteurs qui influencent les décisions
d'épargne en Inde.
A l'aide des données de panel des provinces, Horioka et
Wan (2006) ont menée l'analyse sur les déterminants du taux
d'épargne des ménages en Chine en utilisant un modèle de
cycle de vie sur les provinces chinoises sur la période 1995-2004
à partir d'une enquête sur les ménages chinois. Ils
trouvent que le taux d'épargne des ménages en Chine était
élevé et est en augmentation et que les principaux
déterminants des variations dans le temps et dans l'espace sont le taux
d'épargne retardé (inertie), le taux de croissance du revenu, le
taux d'intérêt dans beaucoup de cas et le taux d'inflation dans
certains cas. Cependant, ils trouvent que les variables relatives à la
structure d'âge de la population, ont l'effet escompté sur le taux
d'épargne des ménages seulement dans un des quatre
échantillons. Ces résultats apportent un soutien mitigé
aussi bien à l'hypothèse de cycle de vie qu'à celle du
revenu permanent, mais cohérent avec l'existence du
phénomène d'inertie ou de persistance et indiquent que le taux
d'épargne des ménages chinois restera élevé dans
les toutes prochaines années.
35
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Enfin Touny (2008) a analysé les déterminants de
l'épargne domestique en Egypte de 1975 à 2006 en utilisant les
techniques de cointégration. Il a trouvé à l'issu de ces
travaux que le PIB par habitant agit significativement et positivement
l'épargne domestique surtout dans le long terme. Le ratio du
déficit budgétaire l'affecte négativement. Le
développement financier mesuré le ratio M2/PIB, le taux
d'intérêt et le taux d'inflation ont un effet positif et
significatifs sur l'épargne domestique de l'Egypte, alors que le
déficit du compte courant a un effet négatif et significatif dans
le court et long terme.
Nous pouvons conclure à partir de la littérature
empirique ci-dessus que les déterminants de la performance
d'épargne sont multiples et variés à travers les pays. La
plupart des études empiriques ont mis l'accent sur l'effet significatif
et négatif de l'épargne publique sur l'épargne
privée conformément à la théorie d'effet
d'éviction selon laquelle l'épargne publique tend à
évincer l'épargne privée. De plus l'association positive
et directe entre la croissance du taux du PIB, la croissance du PIB par
habitant et l'épargne privée indique que ces variables
représentent les déterminants les plus importants de
l'épargne publique et privée. Le taux d'intérêt
réel, le taux d'inflation et les termes de l'échange apparaissent
avoir un effet ambigu sur les niveaux d'épargne. Par contre les facteurs
démographiques tels que le ratio de dépendance,
l'espérance de vie et le taux d'urbanisation semblent agir
négativement sur les taux d'épargne ; reste à
préciser que la significativité de ces variables est
mitigée dans les études.
Cependant, en tenant compte des différences entre les
conditions économiques, sociales et démographiques des pays, nous
ne pourrions pas affirmer avec certitude que ces facteurs, lesquels avaient
expliqué avec succès le comportement d'épargne dans un
pays ou dans un groupe de pays seraient certainement appropriés ailleurs
; d'où l'intérêt de notre étude pour les pays de la
zone UEMOA. Certains facteurs peuvent être significatifs dans un cas,
mais pas dans d'autres cas et il convient que ces facteurs soient soigneusement
examinés en prenant en compte les caractéristiques de chaque cas.
Ainsi, nous nous proposons d'examiner dans cette étude les facteurs
macroéconomiques et démographiques qui expliqueraient les
décisions d'épargne domestique dans l'espace UEMOA ; laquelle
étude peut aider les responsables de politiques économiques
à formuler des politiques idoines qui accroissent les ratios
d'épargne domestique de ces pays afin de promouvoir la croissance
économiques à travers des investissements productifs et enrichir
la littérature empirique déjà existante sur la question
d'épargne.
36
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Chapitre 3 : Approche méthodologique et
présentation des résultats
Section 1 : Approche méthodologique
1.1. Modèle théorique : une extension du
modèle de cycle de vie
Le modèle économétrique qui sera
utilisé est fondé sur le modèle théorique
keynésien et les hypothèses de Solow. Dans la
spécification de la fonction d'épargne, l'étude utilise la
forme fonctionnelle générale, couvrant une vaste gamme de
modèles décrits dans la littérature6. La forme
générale de la fonction d'épargne est exprimée
comme :
(1)
Où est le taux d'épargne intérieure, et
est le vecteur des variables explicatives dont
le PIB réel, le taux
de croissance du PIB réel, l'inflation, le taux d'intérêt,
le ratio de dépendance, la taille du ménage, le crédit au
secteur privé, l'épargne nationale, l'épargne
extérieure, ...
1.2. Données
La présente étude utilise les données
annuelles et couvrent la période 1975 à 2010 et portent sur sept
pays de l'UEMOA. A l'exception de la Guinée Bissau, le travail porte sur
Benin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Mali, Niger, Sénégal
and Togo. Toutes les données sont tirées du African Development
Indicators (ADI) 2011. Toutefois, les données manquantes sont mises
à jour à partir des bases des Statistiques Internationales des
Finances de la Banque Mondiale et comptes statistiques de la BCEAO.
6 Dans la littérature
empirique, beaucoup d'études ont utilisé la même
spécification dont celles de Gutierrez (2007), Loayza (2000), Agrawal
(2000), Elbadawi et Mwega (2000).
37
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
1.3. Variables et définitions
Taux d'épargne domestique (tepd) est
calculé comme le rapport entre l'épargne intérieure
(publique et privée) et le PIB. L'épargne domestique brute
représente la différence entre le PIB et les dépenses de
consommation finale. D'une manière plus précise, il s'agit de la
partie du revenu intérieur disponible qui n'est pas affectée
à aux dépenses de consommation finale, celle des ménages,
des entreprises ou de l'Etat.
L'épargne domestique brute correspond aussi à la
somme des épargnes brutes des différents secteurs
institutionnels. Cet indicateur tire son utilité du fait qu'il nous
renseigne sur la capacité d'un pays à se servir de ses propres
capitaux pour des investissements. Ceci pour être moins dépendant
vis-à-vis des capitaux étrangers et des transferts des nationaux
résidant à l'étranger dont les revenus sont souvent
très sensibles à l'environnement économique
international.
Nous utilisons le taux d'épargne brute plutôt que
l'épargne nette à cause de la nature très arbitraire des
allocations de consommation du capital. Ces allocations varient aussi à
travers les pays et par conséquent pourraient créer des biais de
comparabilité de nos estimations. Par ailleurs nous utilisons comme
indicateur du niveau de l'épargne intérieure le taux
d'épargne intérieure au lieu des valeurs brute à cause des
valeurs négatives que peut prendre l'épargne domestique durant
les périodes de désépargnes nette.
La décision d'utiliser l'épargne domestique
plutôt que l'épargne nationale vient du fait que l'épargne
nationale prend en compte les revenus nets de transferts. En effet, les canaux
de transmission et les valeurs officielles de ces revenus sont sujets à
beaucoup de polémiques, surtout dans les pays en développement.
Les revenus de transferts sont pour la plupart destinés à
satisfaire les besoins de consommation ou investis dans l'immobilier. Ceci pour
dire qu'une part importante de ces revenus n'est pas épargnée, du
moins sous forme financière, et donc non disponible pour un
investissement productif, contrairement à la plupart des pays de l'Asie
du sud (Agrawal, 2000).
Comme variables explicatives et déterminants
potentiels, cinq variables macroéconomiques et trois variables
démographiques auxquelles s'ajoutent une variable de stabilité
politique et une variable binaire sont utilisées.
38
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Le PIB réel par tête (lpibt),
utilisé comme proxy de l'activité économique, est la somme
des valeurs réelles des productions de tous les résidents dans
l'économie plus les prélèvements fiscaux diminuée
des subventions de l'Etat sur la population totale.
infl : taux d'inflation (déflateur du
PIB) ; il mesure le niveau général des prix et détermine
la valeur de la richesse en termes réels. Il est utilisé comme
proxy de l'instabilité macroéconomique.
intd : taux d'intérêt
réel sur les dépôts bancaires. Il mesure la
rémunération de l'épargne. Ce taux correspond aux
rémunérations de la plupart des ménages et même des
firmes dans les pays en développement puisque les dépôts
bancaires constituent la principale forme d'actifs financiers. Le taux
d'intérêt des dépôts est calculé comme la
différence entre le taux d'intérêt nominal des
dépôts bancaires et le déflateur du PIB.
Les variables credint (crédit
intérieur fourni par secteur bancaire) et crinpr
(crédit intérieur fourni au secteur privé)
exprimées en pourcentage du PIB, sont utilisées comme indicateurs
du développement financier. crinpr est un proxy des
contraintes liées à l'emprunt ou au crédit. Elles
permettent d'apprécier l'intermédiation financière et la
performance du système financier de la zone.
pol : indice global de droits politiques.
Elle est utilisée comme une variable muette, et permet de
contrôler l'effet de la situation de l'environnement politique sur la
performance d'épargne des agents. Son indice est compris entre 1 et 7 (1
= libre ; 7 = répression). Les notes les plus basses (1 et 2) dans
l'échelle des droits politiques établie par Freedom House sont
décernées aux pays respectant les critères suivants : la
tenue d'élections justes, la présence de partis d'opposition qui
peuvent jouer un rôle important, ainsi que le respect des droits des
groupes minoritaires. Les notes les plus élevées (6 et 7) sont
accordées aux États où les droits politiques sont
inexistants, que ce soit à cause d'un régime oppressif, d'une
conjoncture particulière ou d'une situation d'instabilité
provoquée par les activités de groupes violents.
Le ratio de dépendance, défini
comme le rapport de la population dépendante (ceux qui ont moins de 15
ans et ceux qui sont âgés de plus de 65 ans) à la
population active (âgée de 15 à 65 ans), est la variable
démographique la plus utilisée et renseignerait mieux sur la
structure de la population (même s'il est vrai que ce n'est pas tous ceux
qui sont âgés de 15 à 64 ans qui pourraient travailler et
épargner, de même que ce n'est pas tous qui sont âgés
de moins de 15 ans et de plus de 65 ans qui seraient forcement
dépendants ou vont désépargner). Pour mieux
39
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
apprécier son effet, nous avons décomposé
le ratio de dépendance en deux catégories : young et old.
young pour la population âgée de 0 à 14
ans et old celle âgée de 65 ans et plus.
esp est la variable qui tient compte de
l'espérance de vie à la naissance des populations. En se fiant au
motif de précaution dans le comportement d'accumulation des agents, une
espérance de vie plus longue aura tendance à accroître les
taux d'épargne. Par contre si l'espérance de vie à la
retraite est longue, elle se traduirait par une désépargne plus
forte et aura un effet négatif sur l'épargne.
urb est le taux d'urbanisation calculé
comme la population urbaine rapporté à la population totale. Elle
devrait avoir un effet positif sur le taux lorsqu'on suppose qu'un taux
d'urbanisation plus élevée témoigne d'une
accessibilité plus facile aux instruments financiers.
Une variable dichotomique est utilisée dans nos
estimations ; il s'agit de la variable uem94. La variable
uem94 prend la valeur 0 pour les
années avant la création de l'UEMOA et la valeur 1
pour années après sa création avec l'année
1994 comme année de croisière qui coïncide avec la
dévaluation de franc CFA. Elle est introduite pour voir si le passage
d'une union monétaire à une union économique et
monétaire a eu un effet quelconque sur la performance d'épargne
des pays de la dite zone.
Inertie
Il faut relever que les taux d'épargne
présentent généralement un comportement inertiel ;
c'est-à-dire qu'ils sont sériellement corrélés
même après avoir contrôlé les autres facteurs. Par
conséquent le taux d'épargne retardé doit être
introduit dans les équations comme un déterminant potentiel de
l'épargne domestique, impliquant que les facteurs qui affectent le taux
d'épargne auront d'impacts aussi bien à court terme qu'à
long terme.
Les valeurs manquantes et ou atypiques ont été
remplacées après avoir étudié la tendance de la
variable pour ces pays. Si la tendance est en hausse ou en baisse, les valeurs
manquantes sont obtenues par extrapolation en supposant constant le taux de
croissance ou de déclin. Dans la mesure où la tendance est en
fluctuation, les valeurs manquantes ont été remplacées par
la moyenne de la variable.
40
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
1.4. Modèle empirique
Nous proposons une approche économétrique en
données de Panel dynamique: l'estimateur de la méthode des
moments généralisés (GMM).
En effet l'on peut utiliser soit la méthode des variables
instrumentales (IV7) ou soit la méthode des moments
généralisés (GMM) pour apprécier les
déterminants de l'épargne domestique. A cet égard, les
avantages des GMM sur les IV sont clairs :
- Si la présence
d'hétéroscédasticité est confirmée,
l'estimateur GMM est plus efficace que le simple estimateur IV,
- Si par contre l'hétéroscédasticité
n'est pas présente ou en cas d'homoscédasticité,
l'estimateur IV est préférable aux GMM. Pour ces raisons, un test
d'hétéroscédasticité est utile pour choisir entre
IV et GMM.
Suspectant, a priori, la variance des erreurs non constante,
l'estimateur GMM8 est présenté.
L'équation correspondant s'écrit comme suit:
(2)
Où : = constante
, '2, '3, . . .
|
= paramètres du modèles
|
= terme d'erreur du pays i à la période
t
Dans les cas de panels dynamiques, pour traiter le
problème de l'endogénéité des variables,
l'estimateur de la méthode de moments généralisés
en différence première (GMMD)
7 Julián Ramajo, Agustín García
& Montserrat Ferré (2006) ; OCDE
8 Les GMM ont été utilisés
dans le cadre des études des déterminants de l'épargne
notamment par Haque, N., Pesaran, M. H. and Sharma, S. (1999) pour les pays de
l'OCDE; par L. M. Bhole and Jitendra Mahakud (2005) pour identifier les
facteurs qui influencent les décisions d'épargne en Inde,...
41
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
d'Arellano et Bond (1991) est le plus souvent utilisé.
Il consiste notamment à instrumenter les différences
premières des variables par les niveaux de ces variables retardés
d'au moins une période9 sous les hypothèses que, d'une
part, les variables sont prédéterminées et que, d'autre
part, les termes d'erreur ne sont pas autocorrelés. Pour faire face au
problème des effets spécifiques le GMM en différence
utilise les différences premières pour transformer
l'équation (3) en :
(3)
En transformant les régresseurs par la
différence première, l'effet spécifique pays est
éliminé parce qu'il ne varie pas avec le temps. De
l'équation (4), nous obtenons :
= +
Ou
- = ( - ) + ( - )
= -
Cet estimateur est convergent lorsque le nombre d'observations
tend vers l'infini et que la période est fixée. Cependant, les
propriétés de cet estimateur sont faibles lorsque les variables
sont fortement persistantes: dans ce cas, les variables retardées en
niveau sont faiblement corrélées avec les équations en
différence première (instruments faibles)10.
Lorsque les variables explicatives et la variable
dépendante sont fortement persistantes, Blundell et Bond (2000) montrent
que les instruments utilisés pour l'estimateur GMM en différence
sont faibles et que cet estimateur n'est pas pertinent. L'existence d'un
potentiel biais non négligeable dans l'estimation de GMM en
différence dans ce travail nous a ainsi amenés à
privilégier l'estimateur GMM en système. En effet, nombre des
résultats dans la littérature empirique révèlent
que l'estimateur MMG en système améliore de façon
significative les gains de précision, et réduit de manière
importante le biais d'échantillonnage par rapport à l'estimateur
GMM en différence lorsque les régresseurs sont faiblement
exogènes et corrélés avec l'effet individuel. Dans ces
conditions, Blundell et Bond (2000) montrent que l'estimateur de la
méthode des moments généralisés en système
(GMMS) est plus approprié ; et par conséquent nous adoptons ce
dernier estimateur pour nos estimations.
9 Les variables endogènes sont quant à
elles instrumentées par leur valeurs retardées d'au moins deux
périodes.
10 Arellano et Bond (1991); Kiviet (1995) et
Blundell et Bond (1998) montrent que l'estimateur GMM en différence peut
être biaisé lorsque (i) N est fini et T est faible, (ii) le nombre
de moments est relativement grand par rapport à la dimension
individuelle et (iii) les instruments sont faibles.
42
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Le GMM en système consiste à combiner pour
chaque période les équations en première différence
avec les équations en niveau dans lesquelles les variables sont
instrumentées par leurs premières différences. Le
système d'équations ainsi obtenu est estimé
simultanément, à l'aide de la méthode des moments
généralisés. Blundell et Bond (1998) ont testé
cette méthode à l'aide des simulations de Monte Carlo. Ces
auteurs ont trouvé que l'estimateur des GMM en système est plus
performant que celui en différence première (Arellano et Bond,
1991) qui n'exploite que les conditions de moments de l'équation en
différence première avec comme instruments des variables
retardées en niveau. Ce dernier donne des résultats
biaisés dans des échantillons finis lorsque les instruments sont
faibles.
Deux tests sont associés à l'estimateur MMG en
panel dynamique: le test de suridentification de Sargan / Hansen qui permet de
tester la validité des variables retardées comme instruments, et
le test d'autocorrélation d'Arellano et Bond où
l'hypothèse nulle est l'absence d'autocorrélation de second ordre
des erreurs de l'équation en différence. En effet, pour les
variables exogènes, leurs valeurs courantes sont utilisées comme
instruments; pour les variables prédéterminées ou
faiblement exogènes leurs valeurs retardées d'au moins une
période peuvent être utilisées comme instruments et pour
les variables endogènes, seules leurs variables retardées d'au
moins deux périodes peuvent être des instruments valides.
Le logiciel STATA version 11 est utilisé pour les
différentes régressions.
1.5. Statistiques descriptives des variables
Le tableau suivant résume les statistiques descriptives
des différentes variables selon leur évolution entre 1975 et
2010.
Tableau 1 : Statistiques descriptives
Variables
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Minimum
|
Maximum
|
Obs
|
Overall
|
Between
|
Within
|
tepd
|
7.60
|
7.98
|
6.06
|
5.67
|
-12.35
|
39.78
|
252
|
lpibt
|
11.85
|
0.71
|
0.75
|
0.14
|
10.74
|
13.46
|
252
|
intd
|
1.25
|
8.08
|
2.93
|
7.60
|
-32.34
|
46.38
|
252
|
infl
|
3.74
|
8.04
|
2.93
|
7.57
|
-42.88
|
35.84
|
252
|
credint
|
21.36
|
10.83
|
8.12
|
7.78
|
4.58
|
51.26
|
252
|
crinpr
|
19.06
|
8.36
|
5.81
|
6.39
|
3.30
|
42.26
|
252
|
young
|
0.89
|
0.064
|
0.048
|
0.046
|
0.69
|
1.003
|
252
|
old
|
0.052
|
0.0099
|
0.0089
|
0.039
|
0.031
|
0.084
|
252
|
pol
|
4.97
|
1.79
|
0.95
|
1.56
|
2
|
7
|
252
|
urb
|
28.560
|
11.11
|
10.94
|
4.50
|
6.3
|
50.1
|
252
|
esp
|
49.318
|
4.88
|
3.55
|
3.60
|
37.13
|
58.95
|
252
|
Source : Nos données dans STATA 11
43
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Le taux de l'épargne intérieure brute (tepd) des
pays de l'UEMOA est en moyenne 7.60% du PIB sur notre période
d'étude. Sa valeur minimum est de -12.32% et correspond au taux
d'épargne domestique du Bénin en 1981 alors que son taux maximum
qui est de 39.78% du PIB correspond à celui du Togo en 1978. Avec un
écart-type de 7.98, la variabilité intra-pays (Within) du taux
d'épargne domestique de l'UEMOA est de 5.67de points et la
variabilité de ce taux d'un pays à un autre (Between) est de 6.06
de point pour les sept pays de l'UEMOA entre 1975 et 2010.
1.6. Corrélations entre les variables
Le tableau 2 ci-dessous montre la corrélation entre le
taux d'épargne domestique et des autres variables. On observe une
corrélation positive et significative entre le taux d'épargne
domestique (tepd) et les variables PIB réel par tête (lpibt), le
taux d'intérêt sur les dépôts (intd), le
crédit bancaire (credint), le crédit au secteur privé
(crinpr), et le taux d'urbanisation (urb). Les variables qui sont
négativement et significativement corrélées avec le taux
d'épargne domestique sont notamment le taux d'inflation (infl), le ratio
de dépendance des mois de 15 ans (young) et l'espérance de vie
à la naissance (esp). Une corrélation non significative
apparaît entre les taux d'épargne domestique et les variables le
ratio de dépendance des personnes âgées de plus de 64 ans
(old) et la liberté des droits politiques (pol).
Tableau 2 : Corrélation entre le taux
d'épargne domestiques et les variables explicatives
|
tepd
|
lpibt
|
intd
|
infl
|
credint
|
crinpr
|
young
|
old
|
pol
|
urb
|
esp
|
tepd
|
1.00
|
0.44
|
0.17
|
-0.19
|
0.24
|
0.29
|
-0.21
|
-0.10
|
0.04
|
0.38
|
-0.40
|
|
|
(0.00)
|
(0.00)
|
(0.00)
|
(0.00)
|
(0.00)
|
(0.00)
|
(0.10)
|
(0.48)
|
(0.00)
|
(0.00)
|
Source : Nos données dans STATA 11 ( ) indique la
p-value
Les résultats ci-dessus et en particulier de la
corrélation entre le taux d'épargne domestique et le PIB par
tête confirme les résultats de Modigliani (1970) selon lequel le
taux d'épargne et le taux de croissance économique sont
positivement corrélés à travers les pays. Le coefficient
de corrélation entre le taux d'épargne domestique et le PIB par
tête est de 0.44. Il est d'ailleurs le plus élevé des
coefficients de corrélation entre le taux d'épargne domestique et
les autres variables. La corrélation négative entre les variables
démographiques - le ratio de dépendance des jeunes gens et
l'espérance de vie à la naissance - et le taux d'épargne
confirment a priori
44
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
la théorie de l'hypothèse de cycle de vie. Le
taux d'urbanisation est positivement et significativement corrélé
avec le taux d'épargne.
Outre le PIB réel par tête, il existe
également une relation positive entre le taux d'épargne
domestique des pays de l'UEMOA et d'autres variables macroéconomiques
dont le taux d'intérêt réel sur les dépôts, le
crédit intérieur fourni par le secteur bancaire et le
crédit accordé par les banques au secteur privé.
L'inflation, quant à elle, est négativement
corrélée avec le taux d'épargne domestique dans l'UEMOA
(Annexe 4). Il est cependant important de préciser que
seuls les résultats issus des estimations économétriques
à venir peuvent permettre de mieux se prononcer sur le sens réel
de ces différentes corrélations.
Section 2 : Présentation et analyses des
résultats 2.1. Etude de stationnarité des données de
panel
Le test de racine unitaire de Levin-Lin-Chu est
effectué sur les données de panel de sept pays de l'UEMOA. Les
résultats du Tableau 3 suivant et de l'Annexe 1
montrent que les séries tepd, infl, intd, young, old esp, et
urb sont stationnaires en niveau après nous ayons effectué les
tests de stationnarité de Dickey-Fuller Augmenté (ADF) et de
Philippe-Perron pour confirmer les résultats de LLC. Ces séries
sont donc I(0). Par contre lpibt, credint, crinpr sont stationnaires
après la différence première.
45
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Tableau 3 : Tests de stationnarité sur les
données de panel
Séries
|
LLC
|
ADF
|
PP
|
Conclusion
|
Niveau
|
Différence
1ère
|
Niveau
|
Niveau
|
t*
|
p-v
|
t*
|
p-v
|
p
|
p-v
|
p
|
p-v
|
tepd
|
-4.69
|
0.00
|
-
|
-
|
22.14
|
0.07
|
33.25
|
0.00
|
I(0)
|
lpibt
|
4.04
|
1.00
|
-14.58
|
0.00
|
5.99
|
0.96
|
5.99
|
0.96
|
I(1)
|
intd
|
-11.09
|
0.00
|
-
|
-
|
93.68
|
0.00
|
160.24
|
0.00
|
I(0)
|
infl
|
-11.09
|
0.00
|
-
|
-
|
93.68
|
0.00
|
160.24
|
0.00
|
I(0)
|
credint
|
-2.24
|
0.01
|
-13.74
|
0.00
|
12.32
|
0.57
|
12.32
|
0.57
|
I(1)
|
crinpr
|
-2.07
|
0.01
|
-13.96
|
0.00
|
12.23
|
0.58
|
12.23
|
0.58
|
I(1)
|
young
|
-2.09
|
0.01
|
-
|
-
|
70.07
|
0.00
|
35.48
|
0.00
|
I(0)
|
old
|
-2.20
|
0.01
|
-
|
-
|
206.13
|
0.00
|
35.82
|
0.00
|
I(0)
|
urb
|
-8.44
|
0.00
|
-
|
-
|
72.21
|
0.00
|
72.21
|
0.00
|
I(0)
|
esp
|
-4.33
|
0.00
|
-
|
-
|
42.85
|
0.00
|
42.85
|
0.00
|
I(0)
|
t* est la statistique de Student réajustée ; p est
l'inverse de la statistique de Chi-2 ; p-v est la p-value Source : Nos
données dans STATA 11
2.2. Résultats et discussions
2.2.1. Validité statistique des
modèles
Pour résoudre le biais d'autorégressivité
inhérente à l'introduction de la variable dépendante
retardée dans le modèle, nous avons utilisé la
méthode des moments généralisés en système
(voir Tableau 4) d'Arellano et Bond qui donne des
résultats plus efficaces. Il faut remarquer que cette méthode
d'estimation nous permet de résoudre le problème
d'endogénéité posé par les panels dynamiques. Dans
nos régressions, les résultats des tests de suridentification
de
46
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Sargan et d'autocorrélation de second ordre AR(2) sont
conformes à nos attentes. Elles n'ont pas conduit à rejeter
l'hypothèse H0, celle de la validité des variables
retardées comme instruments, ce qui traduit la bonne
spécification des modèles notamment en ce qui concerne le choix
des instruments. L'estimation par GMM d'Arellano et Bond en système
confirme la pertinence de certaines variables telle que obtenue par les
estimations du modèle à effets fixes.
2.2.2. Principaux résultats de l'estimation de
modèle
Les résultats portent sur l'estimation du modèle
empirique par la méthode des GMM en système après
l'implémentation du test
d'hétéroscédasticité qui a permis de choisir les
GMM aux dépens des IV.
En effet, nous avons d'abord eu recours au test
d'hétéroscédasticité de Breusch-Pagan et
Cook-Weisberg (Annexe 2). Ce test a pour hypothèse
nulle H0 : la variance des erreurs est une constante (absence
d'hétéroscédasticité). Les résultats du test
se trouvant à l'Annexe 2 donnent une probabilité Prob>Chi2 =
0.0091. Par conséquent l'hypothèse nulle d'absence
d'hétéroscédasticité est fortement rejetée
et c'est l'hypothèse alternative qui est acceptée, celle de la
présence d'hétéroscédasticité. Dans ce cas,
il convient d'utiliser l'estimateur GMM plutôt que l'estimateur IV.
Puisque le GMM en différence est moins efficient que le
GMM en système, c'est donc de l'estimateur GMM en système dont
nous nous servons dans nos différentes régressions.
Après la spécification de l'estimateur, nous
avons procédé à l'estimation du modèle en trois
régressions (Annexe 3).
47
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Tableau 4 : Estimateur GMM en Système
Variable dépendante : Taux d'épargne domestique
(tepd)
|
Régression I
|
Régression II
|
Régression III
|
tepd (-1)
|
0.8584 (0.000) ***
|
0 .7946 (0.000) ***
|
0.7922 (0.000) ***
|
d_lpibt
|
24.8309 (0.015) **
|
|
27.1592 (0.004) ***
|
intd
|
0.09926 (0.198)
|
|
-0.1941 (0.377)
|
infl
|
0.0033 (0.971)
|
|
-0.2804 (0.221)
|
d_credint
|
0.3178 (0.037) **
|
|
0.2979 (0.020) **
|
d_crinpr
|
-0.5071 (0.017) **
|
|
-0.4489 (0.025) **
|
young
|
|
2.4780 (0.273)
|
6.02769 (0.040) **
|
old
|
|
-52.6958 (0.190)
|
-59.0829 (0.133)
|
esp
|
|
-0.04096 (0.335)
|
-0.10115 (0.144)
|
urb
|
|
0.0968 (0.071) *
|
0.1331 (0.019) **
|
pol
|
0.1377 (0.115)
|
0.2584 (0.124)
|
0.3619 (0.002) ***
|
uem94
|
0.44011 (0.335)
|
0.27008 (0.644)
|
-0.1815 (0.735)
|
Sargan
|
Prob > chi2 = 0.935
|
Prob > chi2 = 0.915
|
Prob > chi2 = 0.836
|
AR(2)
|
Pr > z = 0.240
|
Pr > z = 0.196
|
Pr > z = 0.234
|
Significativité globale du modèle
|
F(8, 7) = 16.15 Prob>F = 0.001
|
F(7, 7) = 185.62
Prob>F = 0.0000
|
F(12, 7) = 31.88
Prob > F = 0.000
|
Nombre d'observations
|
245
|
245
|
245
|
( ) ***, ( ) ** et ( ) * indiquent respectivement la
significativité à 1%, 5% et 10% Source : Nos
données dans STATA 11
La Régression I a estimé les
variables macroéconomiques pouvant expliquées la performance
d'épargne dans l'UEMOA. Il ressort que le PIB réel par
tête, le crédit intérieur et le crédit au secteur
privé ont des effets significatifs sur l'épargne domestique. Dans
la Régression II, qui n'a prise en compte que les
variables démographiques, mis à part le taux d'épargne
domestique retardé, seul le taux d'urbanisation s'est
révélé significatif. Puisque les constituants
macroéconomiques, démographiques et politiques peuvent interagir
les uns sur
48
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
les autres, nous sommes passés à la
Régression III qui a pris en compte toutes ces
catégories de variables. Les résultats de cette régression
sont consignés dans la dernière colonne du Tableau 4
ci-dessus.
En plus des trois variables macroéconomiques (d_lpibt,
d_credint, d_crinpr) et de la variable institutionnelle (pol)
déjà significatives dans la Régression I, s'ajoutent dans
la Régression III le ratio de dépendance de moins de 15 ans
(young) et le taux d'urbanisation (urb).
L'épargne domestique dans la zone UEMOA est
positivement liée au PIB réel par tête, au volume du
crédit bancaire aux économies, à la stabilité
politique, au ratio de dépendance des moins de 15 ans et au taux
d'urbanisation. Elle est par contre négativement liée au
crédit du secteur privé.
Le coefficient du taux d'épargne domestique
retardé est resté positif et fortement significatif dans toutes
les régressions. Cela est le signe d'une évolution inertielle du
taux d'épargne domestique dans les pays de l'UEMOA. Le comportement
d'épargne est donc persistant dans ces pays une fois qu'il est
acquis.
Toutes les régressions effectuées dans cette
étude montrent que le PIB réel par tête est fortement
significatif et a un effet bien positif sur la croissance du taux
d'épargne. Ce résultat est en adéquation avec l'analyse
keynésienne de la fonction d'épargne selon laquelle une
augmentation progressive du revenu des agents réduit leur propension
marginale à consommer et par conséquent augmente la propension
marginale à épargner. Le coefficient de d_lpibt indique que la
variation positive d'un point du revenu réel par tête permet
à l'épargne domestique de connaître une évolution
à la hausse de 27.1594 de points. Cette preuve
empirique vient confirmer celles auxquelles ont abouti des études
précédentes dont celles de Bosworth (1993), Carrol et Weil (1994)
et de Edwards (1996). Elle corrobore l'hypothèse selon laquelle il
existe un »cercle vertueux» allant d'une croissance rapide à
des taux d'épargne élevés.
Le coefficient du crédit intérieur fourni par le
secteur bancaire (d_credint) est significativement positif. Nos
résultats indique la hausse du crédit bancaire de 10 points de
pourcentage se traduit par une hausse du taux d'épargne domestique de
2,98 points. Ceci en appelle au rôle essentiel des intermédiaires
financiers que sont notamment les banques classiques, les institutions
financières semi-formelles (les institutions de microfinance) du
système financier décentralisé (SFD) et les marchés
financiers. A l'opposer du coefficient du crédit bancaire, celui du
crédit au secteur privé est significativement négatif dans
les deux
49
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
régressions. Ceci est la preuve que les contraintes
liées à l'emprunt ou au crédit du secteur privé
agissent négativement sur la performance d'épargne des agents
économiques. Ce résultat conforte l'idée que le secteur
bancaire formel n'accompagne pas véritablement les initiatives du
secteur privé.
Nos résultats confirment alors les preuves empiriques
présentés par Schmidt-Hebbel et al (1994), et par Jappeli et
Pagano (1996) qui ont trouvé, à l'aide de différents
échantillons, que les contraintes sur l'emprunt affectaient
négativement l'épargne privée. Il est important de
préciser que ce résultat peut porter à discussion dans la
mesure où le taux du crédit fourni au secteur privé peut
ne pas refléter sa vraie valeur surtout dans le cas des pays en
développement où le secteur informel représente une part
importante du secteur privé. En plus, seul le crédit du
système bancaire classique est pris en compte alors que le rôle
des institutions financières informelles ou semi-formelles dans les
activités du secteur privé, surtout celles des petites et
moyennes entreprises, est d'une importance non négligeable. La raison
est la non disponibilité des données relatives aux crédits
des institutions du système financier décentralisé sur une
longue durée.
Le coefficient du taux d'intérêt, bien que non
significatif, est négatif dans les deux régressions du tableau 5.
Ce résultat est cohérent avec les résultats obtenus dans
beaucoup de travaux de recherche dont celui de Edwards (1996). Et comme l'a
trouvé Giovannini (1985) à partir d'un échantillon de pays
en développement analysés en coupes transversales, la
réponse de l'épargne à la variation du taux
d'intérêt réel n'est pas significativement
différente de zéro. De même Schmidt-Hebbel, Webb, et
Corsetti (1992) n'ont trouvé aucun effet net du taux
d'intérêt sur l'épargne. Aussi, le coefficient du taux
d'inflation s'est révélé négatif mais non
significatif dans ces deux régressions. Ces deux derniers
résultats laissent présager que, quand bien même
négatifs dans toutes les régressions, les décisions
d'épargne dans la zone UEMOA ne sont pas nécessairement fonction
de la stabilité macroéconomique (l'inflation) et de la
rémunération de l'épargne (le taux
d'intérêt).
Ces résultats vérifient notre première
hypothèse de recherche qui stipule que les variables
macroéconomiques influencent différemment, et selon leur nature,
les performances d'épargne dans l'UEMOA.
Le coefficient de l'indice des libertés politiques
utilisé comme proxy de stabilité politique est statistiquement
significatif au seuil de 5%. Son coefficient indique qu'une amélioration
du score de un point augmenterait le taux d'épargne de 0.36%. Ce
résultat permet d'affirmer
50
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
qu'un environnement politique plus stable est propice à
l'épargne dans la mesure où il donne confiance aux acteurs
économiques à faire des investissements dont une partie des
revenus pourrait être consacrée à l'épargne. Ceci
vient en appui dans une certaine mesure à la conclusion de
l'étude de Nissanke et Aryeetey (1998) qui indiquait que les variables
structurelles et institutionnelles sont très importantes dans la
mobilisation de l'épargne publique et privée des pays de
l'Afrique sub-saharienne.
Deux de nos quatre variables démographiques sont
significatifs au seuil de 5%. Il s'agit du ratio de dépendance des
personnes âgée de moins de 15 ans (young) et le taux
d'urbanisation (urb). Le ratio de dépendance des jeunes gens (young) a
un effet positif sur l'épargne domestique. Ce résultat contraste
avec l'hypothèse de cycle de vie et contredit un certain nombre de
preuves empiriques, mais n'est pas vide de sens. Les pays africains sont
marqués par l'extrême jeunesse des populations. Pour les pays de
l'UEMOA et sur notre période d'étude, près de 46% de la
population a moins de 15 ans et dans le même temps près de 70% de
la population vie en milieu rural. Ces facteurs font que les jeunes sont
fortement sollicités dans les activités agricoles étant
donné que la plupart des pays de la sous région sont
essentiellement agricoles. Très tôt, les jeunes participent donc
à la création de la richesse nationale même bien avant
l'âge adulte ; ce qui peut laisser paraître cet effet positif sur
le taux d'épargne domestique. Il faut chercher à juguler cet
effet car à long terme il peut devenir négatif et
constitué une entorse à la croissance économique de ces
pays.
Cependant et conformément à l'hypothèse
de cycle de vie, le ratio de dépendance des personnes âgées
(old) agit négativement sur le comportement d'épargne quoi que
dans nos estimations les coefficients de cette variable ne sont pas
significatifs. Ce résultat se rapproche de celui de Nissanke et
Areyeetey (1998) qui trouvaient tout à fait normal l'effet
négatif du ratio de dépendance sur l'épargne privée
mais affirment que la relation entre ces deux variables est encore loin
d'être solide. L'espérance de vie à la naissance a
également un effet négatif, comme on peut s'attendre, sur le taux
d'épargne domestique ; seulement que l'effet n'est pas significatif.
Le taux d'urbanisation s'est révélé comme
une variable agissant positivement sur l'épargne domestique des pays de
la zone bien. En moyenne 28.56% seulement des populations de la zone UEMOA
vivent en milieu urbain sur la période d'étude. L'accroissement
du taux d'urbanisation permet aux populations de disposer davantage des
méthodes conventionnelles d'épargne grâce à
l'accessibilité aux services financiers plutôt que d'avoir recours
aux formes d'épargne non monétaire telles que les bijoux de
valeur et les biens réels.
51
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Ces derniers résultats nous amènent à
reconnaître que notre deuxième hypothèse de recherche n'est
pas totalement vérifiée ce qui es d'ailleurs
prévisible.
Implications de politiques
économiques
Les principaux enseignements que nous dégageons des
résultats obtenus peuvent être résumés comme suit
:
- Le PIB réel par tête représente une
variable d'influence importante de l'épargne
domestique dans les pays
de l'Union. En conséquence, toute politique visant à promouvoir
l'épargne intérieure aurait des effets limités si elle ne
vise pas d'abord à accroître les revenus des habitants.
- Le crédit intérieur bancaire et les
contraintes au crédit du secteur privé méritent une
attention particulière de la part des pouvoirs
politiques. Il revient aux institutions financières publiques comme
privées, formelles, informelles ou semi-formelles de jouer chacun
pleinement sa partition. Les banques classiques se doivent de rendre moins
couteux l'accès au crédit en rendant plus flexibles les
conditions et modalités d'emprunt. L'activité des systèmes
financiers décentralisés doit être encouragée en la
rendant beaucoup plus professionnelle.
Les institutions de microfinances, qui prennent en charge la
couche de la population (la plus importante d'ailleurs) exclut du
système financier classique en leur accordant non seulement des
crédits à des conditions d'accès moins coûteuses,
mais aussi d'autres produits financiers, doivent être consolidées
dans leurs activités. Notons tout de même que les taux
d'intérêt souvent élevés sur les crédits
pratiqués par ces institutions ne sont toujours pas de nature à
optimiser leurs prestations surtout celle de permettre aux couches les plus
défavorisées de pouvoir entreprendre des activités
productives et génératrices revenu même si on peut
comprendre que se sont les intérêts sur les crédits
accordés qui permettent d'assurer une partie du salaire du personnel de
ces institutions et de rémunérer l'épargne.
Certes, le rôle de l'épargne intérieure
est à présent unanimement reconnu comme essentiel dans le
développement économique. Mais l'organisation des organes de sa
collecte et de sa redistribution demeure un chantier inachevé. En effet,
les systèmes financiers formels sont des intermédiaires
financiers surs, mais leurs actions sont limitées pour promouvoir le
52
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
développement. Quant aux systèmes financiers
décentralisés qui font le choix de la mobilisation de
l'épargne intérieure, dont la dimension plus globale et le
caractère professionnel permettent une accumulation de l'épargne
ainsi qu'une allocation plus efficace et plus large des crédits, les
parts qu'ils consacrent au financement des investissements des
micro-entreprises limitent les perspectives de développement.
L'épargne intérieure est donc un élément majeur du
développement, à condition que les institutions d'épargne
et de crédit ne restent pas neutres ou indifférents, et assument
pleinement leur rôle dans le financement de l'économie.
- Le ratio de dépendance est également un
facteur déterminant dans le comportement
d'épargne des populations de la zone UEMOA. Mais
étant donné que la plupart des pays africains ne sont pas encore
arrivés à la fin de leur transition démographique et que
le taux de croissance démographique reste encore élevé,
seule une politique de création d'emploi par les pouvoirs publics
pourrait réduire le taux de dépendance et permettre
l'accumulation du capital sans pour au tant s'inquiéter des
désépargnes pendant les périodes de retraite.
- Un environnement politique stable fait régner la
confiance au sein des populations qui
sont plus à même de prendre des initiatives
d'épargner. Les crises politiques ne sont donc pas favorables à
l'épargne domestique et par à la croissance économique.
- Les situations d'instabilité macroéconomique
ou d'inflation grandissante créent un
climat d'incertitude en favorisant les dépenses de
consommation ; ce qui réduit du coût la part du revenu disponible
pour l'épargne. Cet effet négatif n'est certes pas significatif
dans cette étude mais, nous estimons que pour garantir un niveau
d'épargne domestique élevé, il convient de maintenir
toujours l'inflation un niveau raisonnable.
- Le taux d'intérêt réel a un effet non
significatif sur l'épargne domestique des pays de la zone. Ce qui sous
tend que la décision d'épargne n'est pas fondamentalement
basée sur les intérêts que va produire l'argent
épargné. Une baisse ou une hausse de ce taux n'aura pas
forcément un effet significatif sur l'épargne domestique. Mais il
tout à normal de rémunérer le sacrifice de privation
à la consommation d'une partie de son revenu dans sa juste mesure.
La mise en oeuvre de ces mesures ne peut avoir d'effet
réel que si elle est opérée de façon
collégiale.
53
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Conclusion
Cette étude a permis d'identifier les
déterminants de l'épargne domestique dans l'UEMOA. Elle a
analysé à la fois les facteurs macroéconomiques et
démographiques qui déterminent les performances d'épargne
dans les pays de l'UEMOA à l'aide des données de panel couvrant
la période 1975-2010 sans pour autant passer sous silence les
différents courants de pensée qui ont abordés la
problématique de l'épargne sous ses différentes
aspects.
La mise à l'épreuve des hypothèses de
l'étude a conduit à l'utilisation de la méthode des
moments généralisés (GMM). Nous avons pu identifier les
principaux déterminants de l'épargne intérieure des pays
de la zone UEMOA. Il ressort de nos estimations que le taux d'épargne
connaît une persistance dans la durée et que la variable qui a un
effet positif plus important sur l'épargne domestique est le PIB
réel par tête.
D'autres variables agissent aussi positivement sur
l'épargne domestique des pays de l'UEMOA dans notre étude. Il
s'agit du crédit intérieur fourni par le secteur bancaire,
l'indice des droits politiques et le taux d'urbanisation. Par contre les
contraintes liées à l'emprunt du secteur privé
approximées par le crédit fourni à ce secteur affecte
négativement l'épargne domestique. Les variables qui n'ont pas
d'effet significatif sur l'épargne domestique des pays de l'UEMOA sont
précisément les taux d'intérêt réels sur les
dépôts, le taux d'inflation, le ratio de dépendances des
personnes âgées de plus de 64 ans et l'espérance de vie
à la naissance. Dans un contexte actuel de crise des économies
développées, nous espérons que des actions des pouvoirs
publics sur chacune de ces déterminants comme recommandé,
permettraient une mobilisation accrue des ressources domestiques
financières. Et lorsque cette accumulation s'accompagne
d'investissements productifs, l'on pourrait promouvoir la croissance
économique de pays de la zone UEMOA.
Il convient cependant de préciser que les facteurs
identifiés sont communs à tous les sept pays de l'UEMOA sur
lesquels a porté cette étude. Le modèle ayant
été estimé en données de panel, chaque pays
possède des spécificités propres qu'il faut
considérer. Ces spécifiés résideraient dans les
variables omises, quantitatives ou qualitatives, et sont
représentées dans les effets fixes pays et dont la prise en
compte pourrait modifier certains résultats de l'étude. Pour ces
raisons, nous pensons qu'il serait nécessaire de compléter cette
étude surtout par d'autres variables qualitatives voire quantitatives,
par le biais d'une enquête sur les
54
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
comportements auprès des ménages ou d'autres
facteurs institutionnels en tenant compte du milieu social et les croyances des
ménages. En définitif, certains pistes devraient permettre de
prolonger cette étude de façon à y intégrer
d'autres aspects qui n'ont pas été étudiés ou
survolés par cette étude.
D'une part, il serait intéressant de disposer
d'information sur les transmissions intergénérationnelles (legs,
donations, héritages), afin d'approfondir le rôle du patrimoine
dans le comportement d'épargne; d'autre part, des enquêtes
auprès des ménages pourraient inclure, outre les informations
présentes, les degrés d'aversion au risque et de prudence des
ménages, afin connaître la forme de l'utilité des
ménages, et de préciser la portée du motif de
précaution.
Puis, l'idée selon laquelle les personnes les plus
pauvres ont également des velléités de transmission
demande à être approfondie, dans une perspective économique
mais également sociologique.
Enfin, une étude empirique tenant en compte le
rôle de système financier décentralisé (SFD), en
particulier les institutions de microfinance (IMF), pourrait permettre de mieux
appréhender la question d'épargne des ménages dans toute
leur diversité.
55
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
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Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
60
Annexes
61
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
Table des matières
SOMMAIRE i
Liste des abréviations ii
Résumé iii
Introduction 1
Chapitre 1 : Définitions et évolution de
l'épargne dans l'UEMOA 5
Section 1 : Définition de la notion d'épargne et
analyse des principales formes de l'épargne 5
1.1. Définition de la notion d'épargne 5
1.2. Analyse des principales formes d'épargne 5
1.2.1. L'épargne des ménages 6
1.2.1.1. L'épargne non financière 6
1.2.1.2. L'épargne financière informelle 7
1.2.1.3. L'épargne financière formelle 7
1.2.1.4. L'épargne financière semi-formelle 7
1.2.2. L'épargne des entreprises 8
1.2.3. L'épargne publique 8
Section 2 : Cadre historique et niveau d'épargne de
l'UEMOA 9
2.1. Cadre historique 9
2.2. Niveau d'épargne 10
Section 3 : Difficultés statistiques dans la mesure de
l'épargne 11
Chapitre 2: Revues théorique et empirique sur la
problématique de l'épargne 13
Section 1 : Deux visions opposées du rôle de
l'épargne 13
Section 2 : Épargne et longueur de l'horizon
décisionnel : les trois modèles fondateurs 15
2.1. Le modèle myope keynésien : la théorie
du revenu courant 15
2.2. Cycle de vie et revenu permanent 16
2.2.1. Modigliani et le cycle de vie 17
2.2.2. Friedman et le revenu permanent 18
2.2.3. Extension du modèle de cycle de vie en
incertain et émergence d'une épargne de
précaution 20
2.2.4. Place de l'incertitude dans le comportement
d'épargne 20
2.3. Le modèle dynastique ou hypermétrope 22
2.4. Existence de différents taux d'épargne selon
le type de revenu 23
Section 3 : Déterminants potentiels de l'épargne
25
3.1. Le revenu par tête comme déterminant de
l'épargne 25
3.2. Taux d'intérêt 26
3.3. Inflation 27
62
Déterminants de l'épargne domestique dans
l'UEMOA
3.4. Facteurs démographiques 28
Section 4 : Preuves empiriques 29
Chapitre 3 : Approche méthodologique et
présentation des résultats 36
Section 1 : Approche méthodologique 36
1.1. Modèle théorique : une extension du
modèle de cycle de vie 36
1.2. Données 36
1.3. Variables et définitions 37
1.4. Modèle empirique 40
1.5. Statistiques descriptives des variables 42
1.6. Corrélations entre les variables 43
Section 2 : Présentation et analyses des
résultats 44
2.1. Etude de stationnarité des données de panel
44
2.2. Résultats et discussions 45
2.2.1. Validité statistique des modèles 45
2.2.2. Principaux résultats de l'estimation de
modèle 46
Implications de politiques économiques 51
Conclusion 53
Sources et références bibliographiques 55
Annexes 60
Table des matières 61