CONCLUSION GENERALE
La question de l'interdiction de la vente illicite de
l'essence à Cotonou est perçue différemment selon que l'on
soit vendeurs, consommateurs, gérant de stations services et
autorités. La vente du « kpayo » dans la ville
de Cotonou est constatée sur tout le territoire béninois. Les
stratégies, méthodes bref l'organisation en général
mise en place par les vendeurs est identique dans tout le pays. Les motifs
justifiant la pratique ou l'utilisation voire l'adoption de ce commerce des
acteurs commerciaux et même des consommateurs sont similaires. Ce sont
les conditions socio-économiques, politiques voire démographiques
du pays qu'utilisent les acteurs impliqués pour légitimer et
justicier le commerce. Le paradoxe de la vente illicite
du « kpayo » est que tous les acteurs savent et sont
conscients des dangers qu'ils encourent en adoptant le produit.
La vente de l'essence informelle fut considérée
entre temps comme une activité passagère. Mais au fil des jours,
elle s'est amplifiée au cours des années et occupe tout le pays.
Il s'agit d'une activité qui a résisté au régime
socialiste puis au marxisme léninisme pour se retrouver dans le
capitalisme qui est un système caractérisé par une
économie de marché. C'est un régime de profit dans lequel
le seul objectif des acteurs est la recherche de profits et la satisfaction de
leurs besoins fondamentaux. Ils sont livrés à eux même. En
conséquence, il est utopique à la mesure impossible de penser
actuellement au vu des conditions et réalités économiques
caractérisées par la morosité, la cherté de la vie
bref une récession en vu que l'Etat béninois dispose de moyens
pour interdire ou lutter contre la vente de
l'essence « kpayo ».
Les systèmes de lutte conte le phénomène
mise en place par les autorités politiques ont jusqu'à ce jour
montré leurs limites pour le fait qu'ils n'ont pas tenu compte des
réalités socio-économiques et même politiques du
pays. On se rend à l'évidence pour le fait que notre pays ne peut
pas se passer aujourd'hui de l'essence informelle venue du Nigéria. Son
potentiel support est les consommateurs qui entretiennent et donnent vie
à l'activité. Tous les acteurs y trouvent leurs avantages
même celui qui doit l'interdire et imposer le respect des lois et
règles qu'il a élaborées.
Les hypothèses émises se sont
révélées cruciales. Seulement que celle ayant trait
à la reconversion des acteurs dans d'autres activités
économiquement efficace met l'Etat dans une position ambiguë,
puisqu'il y a d'abord des mains d'oeuvres qualifiées qui attendent
d'être utilisées, ensuite ces vendeurs sont pour la plupart des
acteurs non moins ou peu qualifiés, enfin ce sont des gens qui ont
déjà un niveau de vie, un revenu, et n'en voudront pas moins. Ils
se posent la question de savoir combien l'Etat va leur payer en compensation
des gains obtenus dans l'informel ?
L'accroissement démographique, le taux
élevé du chômage, la cherté de la vie, la
pauvreté, caractérisent les pays sous-développés de
l'Afrique dont le Bénin. Les populations pour survivre sont
obligées d'exercer des activités illégales. Le secteur
informel est pour elles le seul et unique point d'atterrissage à leur
taille. Il est important de dire en se référant aux nombreux
travaux du Bureau International du Travail que ce secteur demeure pour beaucoup
de pays l'essentiel qu'il faut traiter comme tel pour bâtir de nouvelles
théories de développement. Considéré comme un
secteur essentiel de développement, il est possible de lui appliquer des
lois dynamiques fondées sur la nécessité d'intégrer
toutes les forces vives de la nation au processus de développement.
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