Problématique de l'interdiction de la vente de carburant dans le secteur informel à Cotonou au Bénin( Télécharger le fichier original )par Bruno MONTCHO Université d'Abomey- Calavi au Bénin - Maà®trise 2009 |
III.2°). LES AVANTAGES ET LES INCONVENIENTSDU COMMERCELa vente illicite de l'essence au Bénin en général et à Cotonou en particulier fait partie des commerces du secteur informel qu'il convient d'évaluer afin de comprendre ce qu'il offre de bien ou de mal.
III.2.1°) Les avantages de la vente du « kpayo »
Le trafic illicite de l'essence venu du Nigéria est un commerce qui utilise de nos jours une main d'oeuvre importante. Il s'agit pour la plupart des gens non moins ou peu qualifiés. Les effets de ce commerce sur l'économie béninoise sont ambivalents. La vente du « kpayo » apparaît comme un paradoxe, car malgré son caractère illicite et dangereux, elle procure quelque chose à l'Etat, économiquement et socialement. Economiquement parce qu'il permet une augmentation et un accroissement du pouvoir d'achat des vendeurs et consommateurs à travers les économies qu'ils réalisent. Il donne ensuite aux vendeurs une capacité financière et une visibilité dans la société surtout aux femmes une autonomie financière et réduit leur dépendance dans ce domaine. Sur le plan macro-économique, la vente illicite du « kpayo » a généré en 2004 à l'Etat un revenu de 34 milliards de francs CFA qui dépassent les pertes de recettes fiscales et de la réduction des coûts d'approvisionnement induite par la fourniture du pétrole à moindre coût via le Nigéria. Ce commerce fait gagner une somme nette de 16 milliards de francs CFA à l'Etat selon MORILLON V. et AFOUDA S. Ces acteurs accompagnent l'Etat dans son fonctionnement, à titre d'exemple, ces vendeurs ont donné officiellement au ministère des sports et loisirs une somme de 200 000F CFA pour aider notre équipe nationale lors de la Coupe d'Afrique des Nations au Ghana. Dans la région d'Adjarra dans le département du Plateau, un grossiste de « kpayo » a octroyé à la gendarmerie de cette localité un engin neuf pour lui permettre de bien accomplir sa mission. Socialement pour le simple fait qu'elle occupe un nombre très important d'acteurs. A ce titre elle atténue la pauvreté, amoindrit les problèmes de manque d'emploi et la cherté de la vie. Elle a permis à plusieurs ménages de financer l'éducation de leurs enfants ou de leur payer les frais pour des formations professionnelles. Ce commerce a contribué au changement de mode de vie, à l'augmentation de la pension alimentaire. Il y a un changement positif dans leur niveau de vie car ils se sont donné une position sociale grâce à ce commerce. Certains se sont offerts des terrains et ont pu construire leur propre maison toute chose qui n'était pas possible au départ. Ces vendeurs du « kpayo » emploient des mains d'oeuvres occasionnelles. On note encore une autre catégorie qui a réussi à payer des engins qui font le zémidjan et des voitures soit pour le taxi inter-urbain ou extra-urbain, des mini-bus et même des bus utiles pour le transport des populations. Toujours à Adjarra, le même grossiste à construit un terrain de football aux jeunes de la ville; il a contribué à une bonne rentrée scolaire 2008-2009 des jeunes en leur offrant des fournitures scolaires et aux directeurs d'écoles des matériels didactiques. Ce sont les revenus du « kpayo » qui sont investis dans le social pour encourager et accroître les rendements scolaires de la localité et partant du pays. Rappelons de façon générale que c'est à travers le secteur informel que la majeure partie de la population béninoise a facilement accès aux produits de premières nécessités. Selon une étude commanditée par la Chambre de Commerce et d'Industrie du Bénin (CCIB) financée par le Projet d'Appui au Secteur Privé (PASP) sur la structuration du secteur informel, les experts John IGUE et Frédéric PUECH ont constaté que ce secteur représente les 2/3 du Produit Intérieur Brut (PIB) et génère 95% des emplois au Bénin47(*). Au vu de ces résultats il est sans doute incontestable de se rendre à l'évidence et d'affirmer que nous sommes en présence d'un secteur qui participe à l'équilibre, à la stabilité et au maintien de l'économie donc difficile à éradiquer. * 47 FRATERNITE, n°2230 du vendredi 28 novembre 2008, « Plaidoyer pour une meilleur structuration du secteur informel au Bénin » |
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