B. Les PME dans les pays en voie de développement
A l'instar des pays développés, les PME dans les
pays en voie de développement (PVD) forment l'ossature du secteur
privé. Leur contribution au processus du développement est vitale
car elles sont d'importantes pourvoyeuses d'emplois ; 90% des entreprises sont
des PME et elles représentent entre 50 et 60% des emplois voir
même 80% dans certains pays. Elles assurent une meilleure allocation des
capacités productives, leur développement s'affirme aussi comme
un axe majeur de lutte contre la pauvreté et permet la réduction
des écarts et disparité économique entre les villes et les
campagnes6.
Il ressort des critères fixés par les PVD pour
la délimitation des PME que la priorité est donnée
à l'emploi. En effet, le maximum demandé par les PVD, ne
dépasse pas 199 salariés alors que dans les pays
industrialisés où la main- d'oeuvre fait défaut avance
jusqu'à 1.500. Logiquement c'est l'inverse qui devrait se produire, ceci
est expliqué par le haut niveau d'industrialisation et de technologie de
ces pays et par la faiblesse des capitaux dans les PVD.
6 Small Business Administration
17
En Afrique, le forum de Cotonou7 a fait le constat
selon lequel une « définition formelle de la PME qui permettrait
son identification et sa reconnaissance par l'environnement et qui pourrait
servir de base pour des politiques et des stratégies nationales et
régionales ainsi que pour des partenariats, soit n'existe pas, soit
n'est pas complète, soit est trop large et englobe toutes les
entreprises, soit manque d'harmonisation ». Il a été
recommandé pour la définition de la PME l'utilisation d'un
critère dominant, celui des effectifs, auxquels pourront s'ajouter des
indicateurs supplémentaires distinctifs, suffisamment neutres,
transversaux et opérationnels, qui permettent de reconnaître les
PME dans leur globalité et leur diversité afin de mieux concevoir
des politiques sélectives de promotion, tant au niveau national que
régional.
1. Les PME au Cameroun
Au Cameroun, il n'existe pas une définition officielle
et harmonisée de la PME comme ailleurs. L'une des difficultés
concernant la définition du concept est d'en dessiner un contour
précis qui rend compte de la spécificité du contexte
socio-économique. Plusieurs approches sont proposées par les
institutions engagées dans la promotion ou le financement des PME. En
général, les PME désignent les entreprises de taille
modeste. Elles évoluent en parties dans l'informel.
Dans une étude réalisée pour la
formulation d'un Plan Directeur de Développement des PME au Cameroun, la
Japan International Cooperation Agency définit la PME comme « une
entreprise de moins de 150 employés, en excluant les filiales
d'entreprises étrangères, les entreprises étatiques, les
entreprises issues de la privatisation d'anciennes entreprises
étatiques
»8.
Selon la BEAC, une PME est une entreprise dont :
- le montant des fonds propres est inférieur à 100
millions de FCFA ;
- le chiffre d'affaires n'excède pas 500 millions de FCFA
;
- les encours de crédits de caisse à court terme
sont plafonnés à 100 millions de FCFA.
Selon le Ministère en charge du Commerce, sont
considérées comme PME, les entreprises qui remplissent les
conditions suivantes :
- participation des camerounais ou d'une personne morale de
droit privé camerounais au capital social, à concurrence de 35%
au moins ;
- coût de création de l'emploi estimé
à 5 millions de FCFA ;
- investissements cumulés inférieurs à 1,5
milliards de FCFA9.
Bien que la définition de la PME varie d'un continent
à l'autre, les entreprises appartenant à cette catégorie
comportent des caractéristiques spécifiques communes, à
savoir :
7Le forum international sur la PME
en Afrique tenu au Cotonou du 03 au 05 mai 2005 qui a regroupé les pays
de l'Afrique de l'ouest et ceux de l'Afrique centrale.
8Rapport final de l'étude de formulation du
Plan Directeur de Développement des PME au Cameroun par la Japan
International Cooporation Agency (JICA), août 2007.
9Document des stratégies de
développement des PME, MINPMEESA, octobre 2008.
18
- une petite taille ;
- une forte proximité des acteurs dans un réseau
régional ;
- un système d'information interne simple et de plus en
plus formalisé ; - une capacité d'innover rapidement pour
s'adapter au marché.
Une proximité entre patron et employés se
traduit par une structure plate et des niveaux hiérarchiques
réduits.
2. Les PME au Sénégal
Selon la charte des PME au Sénégal, ce concept
englobe la Petite Entreprise (PE) et la Moyenne Entreprise (ME).
La Petite Entreprise est caractérisée par :
- un effectif compris entre un (1) et vingt (20)
employés, la tenue d'une comptabilité allégée ou de
trésorerie certifiée par la structure de gestion
agréée (SGA) selon le SYSCOA ;
- un chiffre d'affaires annuel hors taxe n'atteignant pas les
limites suivantes prévues dans le cadre de l'impôt soit :
? 50.000.000 FCFA pour les Petites Entreprises qui effectuent
des opérations de livraisons de biens ;
? 25.000.000 FCFA pour les entreprises qui effectuent des
opérations de prestations de services ;
? et 50.000.000 FCFA pour les entreprises qui effectuent des
opérations mixtes telles que définis par les textes relatifs
à l'impôt.
La Moyenne Entreprise répond quant à elle aux
critères suivants :
- un effectif inferieur ou égal à deux cent
cinquante employés (250) ;
- la tenue d'une comptabilité selon le système
normal en vigueur au Sénégal (SYSCOA) et certifiée par un
membre inscrit à l'ordre national des experts comptables et comptables
agréés (ONECCA) ;
- un chiffre d'affaires annuel hors taxe inferieur à un
milliard.
Il faut noter que la qualité de PME est
attribuée sur demande expresse de l'entreprise, si elle répond
aux conditions relatives à sa classification. Cette qualité
attribuée pour une durée de cinq (5) ans peut être
retirée à l'entreprise après constatation de non-respect
des engagements ou en cas de fraude avérée.
Les PME étant à des niveaux de
développement et d'activités différents, un schéma
a été proposé les classant en trois catégories :
- catégorie 1 : celles qui sont en création dans
des créneaux porteurs mais dont les promoteurs n'ont pas à
proprement parler d'expérience antérieure.
- catégorie 2 : celles qui existent mais sont de plus
petite taille et qui reposent sur un savoir-faire de leurs promoteurs mais dont
le potentiel de croissance est relativement limité.
- catégorie 3 : celles qui sont en développement
et qui ont déjà atteint un niveau d'activité plus
important avec des perspectives de développement, une vision claire des
dirigeants, etc.
19
1.2. Définition et rôle des PME dans
l'environnement économique et social du Congo
A- Définition
Avant de définir les PME, il est nécessaire de
remonter l'historique de celles-ci.
Les PME sont des entreprises structurées, notamment
dans le secteur des services (boulangeries, restaurants, pharmacies,
distributions des biens importés) ou des petites unités de
production (peintures, yaourts ou jus de fruits). Certaines appartiennent
à des étrangers mais la plupart émane des nationaux.
L'initiative des promotions de secteur privé remonte aux années
quatre vingt (80) par la création d'un ministère des PME.
Au terme de la loi n° 019/86 du 31 juillet 1986 en son
article 2 est considérée comme PME celle qui :
- est inscrite suivant sa nature au registre du commerce ou
au registre des activités non commerciales;
- dispose d'un compte bancaire ;
- tient une comptabilité conformément au
régime prévu par la législation en vigueur ;
- emploi 5 à 19 salariés immatriculés
à la CNSS, pour la petite entreprise et de 20 à 99
salariés pour la moyenne.
La petite ou moyenne entreprise peut être
constituée sous forme individuelle, coopérative ou
sociétaire. Ses capitaux peuvent être d'origine mixte ou
publique.
Au sens de l'article 3, la même loi est applicable
à l'ensemble des secteurs économiques et sociaux, notamment :
- au secteur primaire : produit sans transformation dans les
domaines de l'agriculture, de l'élevage, de la pèche, de la
foret, des mines et carrières ;
- au secteur secondaire : transformation des matières
premières, bâtiment et travaux publiques ;
- au secteur tertiaire : commerce, tourisme, service, conseil et
profession libérale.
Cette définition énonce les conditions que doit
remplir un entrepreneur pour exercer son métier. Elle ne permet ni
d'identifier la réalité d'une PME au Congo ni de la
caractériser.
B- Rôle des PME dans l'environnement
économique et social du Congo
Dans une économie en voie de développement comme
celle du Congo, la PME occupe une place de grande importance en vue de sa
participation efficace à la promotion de dimension sociale et du
développement économique.
1. PME facteur de croissance
économique
Selon les statistiques révélées par la
Direction Générale de l'économie, la PME est
présente dans tous les secteurs d'activité économique avec
un taux de 85% : l'industrie, l'artisanat, le commerce et enfin les secteurs
qui englobent le tourisme, les communications, le transport,
20
les services financiers. La participation des PME dans la
création de la valeur ajoutée globale est de 85%10.
2. PME Moteur de développement régional et
base d'équilibre économique
Un développement économique
équilibré pour une nation n'est atteint que lorsque chaque
citoyen peut disposer des moyens de faire carrière dans sa région
ou dans sa localité sans être dans l'obligation de s'expatrier
vers quelques grands centres urbains. Cet objectif qui est celui de toute
politique d'aménagement du territoire ne peut être atteint qu'avec
le concours actif des PME dont l'intégration à un tissu
économique préexistant est plus facile que celle de la grande
entreprise.
3. PME facteur de promotion sociale
Si auparavant, le rôle de l'entreprise était
limité à la simple production des biens et services pour
réaliser un profit et par conséquent, participer à la
croissance économique nationale. Le nouveau concept de
développement durable met à sa charge des nouvelles
responsabilités vis-à-vis de son environnement notamment social
et écologique.
En effet, pour s'inscrire efficacement dans le processus de
développement, les entreprises d'aujourd'hui doivent prendre en compte
d'autres objectifs dans leurs stratégies, en plus de l'efficacité
économique pour être un " bon citoyen " qui est socialement
responsable. Le principe de responsabilité sociale définit
l'entreprise comme une communauté de recherche des profits qui ne doit
pas occulter l'engagement social et environnemental. Ce principe encourage une
éthique et un souci que doit avoir l'entreprise volontairement et
l'oriente aux bonnes relations avec ses employés, clients,
médias, Etat, société civile au-delà de la
législation existante.
Dans une économie en voie de développement comme
celle du Congo, la PME occupe certainement une place de grande importance en
vue de sa participation efficace à la promotion de dimension sociale.
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