Année universitaire 2012-2013
Université de Créteil Paris-Est Ð
Val de Marnes Département STAPS Management du Sport
IUT Sénart
- Mémoire de recherche -
Emancipation et représentations sexuées
des femmes dans le système fédéral du
tennis français
---
Baptiste JALLEAU
Diplôme préparé : Licence STAPS
Management du Sport Directrice de mémoire : Rozenn MARTINOIA
Remerciements
Je tiens à remercier l'ensemble des personnes qui se
sont rendues disponibles pour que mon travail soit le plus complet possible, en
particulier Emmanuel DINELLI, directeur sportif au sein de l'association
Cercle Tennistique de Draveil, Thomas LEONETTI, entraineur
fédéral au sein de la ligue de l'Essonne, Olivier THOREL
et Marc MICHAUDEL, tous deux entraineurs de ligue au sein de la ligue de
l'Essonne, et Romain WATTRE, entraineur au Cercle Tennistique de
Draveil.
Je remercie également ma directrice de mémoire,
Rozenn MARTINOIA, pour sa disponibilité, ses remarques et ses
encouragements tout au long de la rédaction du mémoire.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
1
Sommaire
Sommaire
|
p. 02
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Introduction
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p. 03
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Titre I) Contextualisation
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p. 06
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Chapitre 1 Ð Le rôle de la pratique
féminine du sport dans les modifications de
représentation des femmes depuis les années
1970
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p. 06
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I/ Les évolutions concernant les pratiques sportives
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p. 06
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II/ Les facteurs d'évolution des pratiques sportives
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p. 14
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III/ Le genre : une explication des différences
sexuées
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p. 15
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Chapitre 2 Ð La place des femmes dans le
système fédéral du tennis français
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p. 22
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I/ Les évolutions de la pratique féminine du tennis
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p. 22
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II/ La place actuelle des femmes dans le tennis
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p. 25
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Conclusion du Titre I
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p. 29
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Titre II) Discours et représentations de la
Fédération Française de Tennis
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.. p. 30
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Chapitre 1 Ð Comment la FFT communique-t-elle
à propos des pratiquantes féminines ?
p. 30
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Chapitre 2 Ð Quelles représentations des
femmes dans le tennis féminin français ?
|
p. 34
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I/ A travers les discours de la FFT
p. 35
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II/ A travers les pratiques autour de la pédagogie
p. 36
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Conclusion du Titre II
p. 38
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Titre III) Méthodologie et analyse des
observations de terrain
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p. 40
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Chapitre 1 Ð La méthodologie de l'observation
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p. 40
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Chapitre 2 Ð Existe-t-il des différences de
comportement chez les enseignants de tennis
selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes ?
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p. 43
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I/ Observation des « loisirs sérieux »
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p. 43
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II/ Observations des loisirs traditionnels
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p. 47
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Conclusion du Titre III
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p. 50
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Tables des matières
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p. 51
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Bibliographie
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p. 52
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Annexes
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p. 54
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- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
2
Introduction
Dans le cadre du sport que je pratique et du stage de fin de
licence effectué cette année, je me suis intéressé
au tennis féminin. J'ai pu observer les entraînements du centre de
ligue avec les jeunes du pôle espoir, ce qui m'a permis de mener une
enquête sur l'attitude des enseignants en fonction des sexes à
deux niveaux de pratique : le loisir traditionnel et le loisir sérieux
avec des sportifs de haut-niveau.
La ligue de l'Essonne, régie par la loi des
associations de 1901, a pour objectifs de former des jeunes et de les aider
à mener à bien leurs projets professionnels dans le monde du
tennis de haut niveau. La ligue est aussi et surtout le centre de coordination
et d'organisation des quelques 149 clubs référencés et
affiliés à la Fédération Française de Tennis
sur le département de l'Essonne. Si la plupart des intervenants sont
bénévoles (comité de direction et commissions), la ligue
compte aussi plusieurs salariés parmi lesquels nous retrouvons
l'équipe technique (le conseiller technique régional et les
enseignants) composée de 7 personnes, et l'équipe administrative
avec un directeur, un conseiller en développement, un chargé de
communication, une secrétaire, un comptable, et un responsable des
équipements.
Mon choix concernant le sujet de mon mémoire s'est
rapidement porté sur le tennis. Etant moi-même pratiquant depuis
une quinzaine d'années et enseignant initiateur depuis cinq ans, ce
sport constitue une grande passion pour moi. Je porte un intérêt
particulier au fonctionnement et à l'organisation du tennis au niveau
associatif et fédéral depuis quelques années, ceci m'ayant
même encourager à suivre des études dans le Management du
Sport. Au sein de mon club, le Cercle Tennistique de Draveil, je me suis
rapidement intégrer à l'équipe pédagogique
(dès l'âge de 14 ans) afin d'aider au développement de
l'association avec les moyens que l'on me permet. Au départ, je
souhaitais orienter le sujet de mon mémoire sur les liens apparaissant
entre les mesures pédagogiques édictées par la FFT et
celles réellement mises en place sur le terrain par les enseignants, en
exprimant les limites et les voies de développement envisageables.
Après avoir pris contact avec ma directrice de mémoire, je me
suis rendu compte que le sujet était assez vaste et difficilement
exploitable. J'ai donc décidé de travailler sur le tennis
féminin, axe majeur de développement de la
Fédération Française de Tennis depuis dix ans. De
nombreuses actions sont mises en place par la fédération pour
développer le tennis féminin, et celui-ci représente de
manière infaillible « l'avenir » de la politique sportive
fédérale.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
3
Il y avait plusieurs façons d'aborder le tennis
féminin, j'ai fais le choix d'adopter une méthode de travail avec
des éléments sociologiques. Ma problématique est «
Quelles sont les représentations sexuées des femmes dans le
tennis féminin français ? ».
Le plan du mémoire qui va suivre a largement
été modifié tout au long du travail. En finalité,
j'ai fais le choix d'accorder une place importante à la
contextualisation générale du sujet, celle-ci me paraissant
primordiale pour comprendre les notions de représentation sexuée
et de genre. Le centrage spécifique au monde du tennis n'est
arrivé qu'ensuite. Mon plan est conçu en trois titres liés
par notre ligne directrice : la place des femmes dans le tennis et le sport en
générale, d'un point de vue sociologique, mais distincts dans
leurs fonctions. Pour une question pratique, j'ai synthétisé
à la fin de chaque titre les différentes parties
travaillées. Ainsi, une lecture brève des conclusions peut
permettre de cerner rapidement le sujet. Les nombreuses lectures et
l'acheminement de la rédaction m'ont amené à modifier
parfois en profondeurs certains aspects du sujet, il a été long
et difficile de parfaitement cerner les contours de mon travail sans
m'égarer sur des points externes à notre intérêt.
Avant de tenter de répondre à la
problématique, il a été important de définir les
termes. Le premier titre consacré à une large contextualisation,
nous a permis de le faire. A la demande de ma directrice de mémoire, les
titres de mon plan détaillé devaient être formulés
sous forme de questions afin de maintenir le fil conducteur du mémoire.
Le titre I a été construit en deux chapitres. Au départ je
me suis posé la question de savoir quel était le rôle de la
pratique féminine du sport dans les modifications de
représentation historiques des femmes depuis les années 1970.
Pour y répondre, je me suis intéressé aux
évolutions concernant les pratiques sportives, ainsi qu'aux facteurs
d'évolution de celles-ci. Ensuite, la question du genre et des
différences sexuées a été abordée de la
manière la plus précise possible. Après m'être
centré sur la pratique du sport d'une manière
générale, j'ai tenté de revenir sur la pratique
féminine du tennis en étudiant la place des femmes dans le
système fédéral français. Là encore, les
évolutions de pratique et la place actuelle, aussi bien en tant
qu'actrices que pratiquantes ont été abordées.
Le deuxième titre a été consacré
aux discours de la Fédération Française de tennis,
l'aspect « communication » a largement été
abordé. J'ai essayé de comprendre et d'analyser comment la FFT
communique à propos de ses pratiquantes dans le mesure où elle
cherche à développer le tennis féminin sur le territoire
national. Différents outils sont ainsi détaillés d'un
regard extérieur et analytique.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
4
J'ai ensuite rejoint le fil conducteur du mémoire en
positionnant la représentation des femmes dans le tennis féminin
français à travers la communication faite par la
fédération. Ainsi, l'analyse des discours et des mesures
pédagogiques a permis de faire le lien. Cette partie a subit de
nombreuses modifications, car bien trop descriptive au départ. Les
documents sur lesquels je me suis appuyés n'étaient pas
très nombreux mais particulièrement précis. Il m'a donc
fallu synthétiser de la manière la plus neutre possible ceux-ci
pour rester dans le cadre de mon sujet.
Le troisième et dernier titre comprend l'enquête
du mémoire. J'ai été confronté à de
nombreuses difficultés dans l'acheminement de cette partie, des
difficultés sur lesquelles nous reviendrons dans une première
sous-partie consacrée à la méthodologie de l'observation.
Plusieurs questions m'ont intéressé. Le temps et les moyens ne
m'ont pas permis d'aborder tout ce que j'aurais souhaité,
néanmoins j'ai pu aborder la question de l'attitude des enseignants de
tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des femmes. Au départ, j'ai
fais le choix de travailler sur une enquête quantitative : le contexte de
mon stage à la ligue de l'Essonne et les cours de Renaud Laporte m'ont
encouragé sur cette voie. Après réflexion avec ma
directrice de mémoire, cette méthode n'était en
réalité pas adaptée à mon questionnement. Je me
suis donc attelé à travailler sur une enquête qualitative
basée sur l'observation à partir de critères
prédéfinis. Un travail important mené en amont sur la
définition de critères précis et viables, a permis
d'obtenir des observations de terrain exploitables dans le cadre de notre
question sur les attitudes. Il m'a fallu ensuite retranscrire de manière
la plus précise possible les points intéressants observés
et établir des liens avec le discours et les mesures de la
Fédération Française de Tennis vu en Titre II. Pour
produire un travail correct, j'ai essayé de m'inspirer de lectures
relatives à la méthodologie d'enquête.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
5
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Titre I) Contextualisation
Pour contextualiser les choses, il me semble important
d'étudier deux vues différentes ; dans un premier temps une vue
générale (le sport et les femmes) en partant sur un
questionnement quantitatif et qualitatif tel que « comment a
évolué la pratique sportive féminine depuis 1970 ? ».
Dans un second temps, il s'agit de centrer l'étude sur une vue plus
précise, celle qui correspond au fondement de notre sujet : le tennis et
les femmes. Notre questionnement porte sur l'évolution de la pratique
féminine du tennis, aussi bien d'un point de vu qualitatif que
quantitatif.
Chapitre 1 - Le rôle de la pratique féminine
du sport dans les modifications de représentation des femmes depuis les
années 1970
Ce premier chapitre nous donnera l'occasion de revenir sur les
évolutions des pratiques sportives féminines aussi bien sur le
plan quantitatif que qualitatif, qui de manière globale nous aidera
à comprendre les questions portant sur le genre sexué et les
inégalités qui en découlent. Le travail mené dans
ce chapitre se concentre sur le monde sportif. L'étude
générale du sport menée en amont semble essentielle
dès lors que l'on souhaite aborder la question du genre sexué sur
un secteur spécifique comme le tennis.
I/ Les évolutions concernant les pratiques
sportives
Dans cette première partie, nous traiterons les
évolutions concernant la pratique sportive féminine sur un plan
global. Dans un premier temps nous introduirons avec les aspects quantitatifs
des évolutions observées par le Ministère sur les
dernières années. En nous appuyant sur les observations
quantitatives, nous reviendrons sur les facteurs qualitatifs des pratiques
sportives féminines avec un retour sur l'historiographie relative
à notre sujet depuis 1970, aussi bien sur le plan national,
qu'international. Cette partie sera consacrée aux changements concernant
les pratiques sous la question « comment ? » qui apportera une
dimension descriptive.
A- Sur le plan quantitatif
Sur un plan quantitatif, des dispositions sont prises. En
effet, des articles concernant l'accès des femmes aux instances
dirigeantes sportives apparaissent :
L'article L.121-4 du Code du sport conditionne l'obtention de
l'agrément des groupements sportifs à « l'existence de
dispositions statutaires garantissant [É] l'égal accès des
femmes et
6
des hommes à ses instances dirigeantes ».
Désormais le Code du sport s'intéresse aux conditions
d'accès sexuées aux instances dirigeantes sportives. L'article
dont il est question ici, permet l'égal accès des femmes et des
hommes aux instances dirigeantes dans le monde sportif. On peut constater que
les hommes sont très majoritairement présents sur les postes
à responsabilité dans le secteur sportif. Selon une enquête
du Cnos/Ups1 faîte en 2002, on constate que les postes de
présidents sont représentés à 94,8% par les hommes
pour seulement 5,2% de femmes. Pour les directeurs techniques nationaux (DTN),
l'écart est une fois encore remarquable : 96,2% des postes sont
occupés par des hommes, pour seulement 3,8% de femmes. L'article
démontre la volonté de palier à ces
inégalités très importantes quantifiées, l'objectif
étant de rétablir un certain équilibre, inexistant sur les
postes de dirigeants dans le secteur sportif. Le Code du Sport, par ses
articles parus en 2004, révèle la volonté de l'état
de palier aux inégalités hommes/femmes présentes dans le
secteur sportif. La mise en place de ces articles dans le Code du Sport,
s'avère nécessaire. En ce sens qu'ils s'inscrivent dans le cadre
législatif sportif français, incitant et obligeant les
fédérations à faire leur possible pour la promotion
(dimension de communication) et l'évolution (dimension
pédagogique, quantitative, et professionnelle) du sport féminin
français. Cela révèle en quelque sorte
l'inégalité hommes/femmes portant préjudice à ces
dernières, notamment par la volonté de l'état à
réagir par la mise en application concrète de textes et
d'articles officiels comme ceux présentés
précédemment.
D'un point de vue quantitatif, on observe une augmentation
remarquable du nombre de pratiquantes sportives en France depuis 2007, au moins
proportionnelle à l'augmentation générale de
licenciés. Néanmoins, la pratique féminine reste largement
minoritaire comparée aux hommes (voir histogramme ci-dessous). La
pratique sportive féminine représente 37,3% des licences
distribuées en France en 2010 ; 36,2% en 2009 (voir courbe graphique
ci-après). Le ministère insiste sur le fait que l'accès
des femmes aux formations et aux métiers du sport reste encore
insuffisant.
7
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
1 Source : CHIMOT C. (2002). Enquête
Cnos/Ups
16000000
14000000
12000000
10000000
8000000
6000000
4000000
2000000
0
2007
2008
2009
2010
Licences totales
Licences masculines
Licences féminines
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Figure 1 - Histogramme des licenciés sportifs
hommes/femmes entre 2007 et 20102
Taux licences féminines entre 2007 et
2010
37,30%
36,20%
37,50%
35,40% 35,30%
2007 2008 2009 2010
37,00%
36,50%
36,00%
35,50%
35,00%
34,50%
34,00%
Taux licences féminines
Figure 2 - Courbe graphique du taux de licences sportives
féminines entre 2007 et 20103
2 Source : Recensement réalisé par la
Mission des Etudes, de l'Observation et des Statistiques, auprès des
fédérations sportives agréées par le
Ministère des Sports
3 Ibidem
8
B- Sur le plan qualitatif
Les chercheurs s'intéressant à l'histoire du
sport ont commencé à travailler en faveur des femmes assez
tardivement. Ce phénomène reste très contemporain lorsque
l'on sait que les premiers travaux en faveur des femmes dans le secteur du
sport apparurent au début des années 1970. Des travaux
nord-américains, précurseurs dans ce domaine, apparaissent dans
les années 1980 plus massivement, ce qui justifie le fait que notre
historiographie débutera en 1983. L'histoire du sport, des femmes et du
genre a largement été abordée par les Etats-Unis et le
Canada, nations pionnières en la matière. L'Allemagne et
l'Angleterre suivront par la suite. La France s'y intéressera que plus
tard, elle bénéficiera des héritages
précédents, ce qui lui permettra la production de travaux de
qualité, malgré un retard très conséquent sur
l'Amérique du Nord. Les travaux de Bourdieu changent beaucoup de choses
dans la deuxième moitié du XXème siècle, il compare
la société à un espace de jeu polarisé et
définie une homologie entre la distribution sociale des pratiques
sportives et l'espace des positions sociales. Ainsi il affirme qu'on ne peut
comprendre une position sociale qu'en fonction d'autres positions sociales. La
société est basée sur des aspects relationnels, elle se
veut constamment évolutive. Un rapprochement avec notre sujet semble
inévitable dès lors que l'on considère que la place des
femmes dans leur pratique sportive notamment, ne s'aborde qu'en prenant compte
de la place des hommes.
Les années 1970 initiatrices du féminisme, puis
focus sur la période 1983-1991 :
Dans les années 1970, quelques biographies de
sportives, dirigeantes ou éducatrices apparaissent, mais celles-ci
demeurent marginales et descriptives, et se limitent à sortir ces femmes
de l'ombre sur le plan individuel plus que pour oeuvrer et participer à
l'évolution du sport et de ses représentations sociétales
aux Etats-Unis. Néanmoins c'est dans ces années que les
premières vraies déconstructions sociologiques féministes
apparaissent. Les années 1970 représentent le fer de lance des
travaux et études qui ont suivi et des évolutions
observées, notamment avec les travaux menés sur les rapports
sociaux de sexe, le genre. Apparaît le souhait de déconstruire des
représentations concernant le masculin et le féminin, même
si les travaux et concepts avancés à l'époque ne sont
qu'un début... Nancy Struna publie un article en 1984 dans le «
Journal of Sport History » où elle appelle à
intégrer les apports de l'histoire des femmes au sein de l'histoire du
sport. Elle va bien au-delà de simples approches descriptives, elle met
en place des analyses critiques en terme de pouvoir, d'inégalité,
de conflit et d'identité.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
9
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
« L'histoire du sport féminin demeure d'abord
celle de la lutte des femmes pour la conquête d'un territoire
historiquement masculin »4. A la fin des années 1980,
les relations entre le sport et les femmes sont quasi-systématiquement
étudiées avec la médecine. « Là où le
sport n'était qu'oppression des femmes, il apparaît
désormais aussi source d'émancipation » 5 . Les chercheurs
s'aperçoivent que l'expérience acquise par le public
féminin varie beaucoup en fonction de la pratique sportive
courtisée. Ainsi des travaux apparaissent sur des sports
pratiqués par les femmes, mais à connotation masculine, comme les
sports mécaniques avec Gertrud Pfister, ou le cyclisme avec Patricia
Mark. Entre 1983 et 1991, le sport est étudié à travers
ses pratiques, ses institutions et ses discours. Il est étudié et
appréhendé dans sa dimension inégalitaire, sa
dissymétrie bien présente entre les hommes et les femmes. La
domination masculine et l'exclusion des femmes représentent une branche
du processus analysé par les chercheurs à cette époque. On
y retrouve aussi le « rôle des représentations normatives du
corps, la lutte des femmes pour conquérir l'institution sportive et les
trajectoires d'excellence (championnes sportives et/ou dirigeantes)
»6. Une forme de résistance aux courants machistes et
misogynes historiques de la culture sportive apparaît dans les
années 1980 avec l'insertion professionnelle au sein des UFR Staps en
France, des historiens du sport. Des auteurs comme Georges Vigarello,
André Rauch ou Pierre Arnaud vont s'intéresser à
l'histoire du genre dans le domaine sportif, et produiront des travaux
importants. Néanmoins, ce sont des spécialistes femmes de
sociologie, de psychologie, et de psychanalyse qui produiront les premiers
travaux concernant la question des pratiques sportives féminines en
France. « La psychanalyste Françoise Libridy prononcera la
première conférence d'une Française dans l'histoire du
sport féminin, en 1978, lors d'un congrès de la
société internationale d'histoire du sport (HIPSA) tenu à
Paris »7. Sur la décennie suivante, celle-ci poursuivra
ses analyses dans la construction des rôles sociaux et des normalisations
corporelles. « Deux thèses de sociologie du sport sont soutenues
sur les pratiques physiques des femmes en 1982 et 1986 »8. Cela
montre que l'intérêt porté aux femmes dans le secteur
sportif prend de l'importance en termes de recherches, la considération
portée aux femmes dans le sport change, et évolue. A la
même période, Catherine Louveau s'impose comme LA
spécialiste de la sociologie du sport féminin. Elle se
charge du chapitre concernant l'approche sexuée des pratiques dans
l'ouvrage de Christian Pociello « Sport et société » en
1984.
4 TERRET Thierry, « Le genre dans l'histoire
du sport », CLIO. Histoire, femmes et sociétés, n°23,
2006, p. 209
5 Ibid., (Thierry, 2006) p.210
6 Ibidem.
7 Ibidem.
8 Ibid., p. 211
10
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Les analyses de Catherine Louveau sont novatrices à
plusieurs titres : d'une part elles puisent dans les travaux de Bourdieu et de
la sociologie du travail, qui a développé des outils permettant
l'interprétation des pratiques féminines ; d'autre part en
anticipant sur l'analyse des différences entre les sexes, mise en
corrélation avec une étude sur la différenciation sociale
des sportives elles-mêmes. Les travaux de Catherine Louveau
déboucheront en 1991, sur une véritable sociologie historique du
sport féminin dans une synthèse co-signée avec Annick
Davisse.
Focus sur la période 1991-2000 :
Dans les années 1990 et 2000, de nombreuses
évolutions apparaissent au niveau historiographique sur le plan
international, et méthodologique pour le cas français concernant
le sport et les femmes. Au début des années 2000 il devient
même logique et indispensable d'étudier l'histoire du sport en
prenant en compte les facteurs de genre sexué. En 1994, à
l'initiative de Pierre Arnaud (historien du sport réputé) et
Thierry Terret, avec l'aide d'autres chercheurs concernant la question de la
construction et représentation du sport féminin (Catherine
Louveau, Gertrud Pfister, Tony Mangan), est prononcée une
conférence réunissant 120 participants. Les analyses et les
perspectives prononcées s'inscrivaient dans un registre relativement
« nouveau » pour l'époque. Les auteurs cités ci-dessus,
même s'ils travaillent sur un seul et même sujet (aussi vaste
soit-il), ne sont pas en accord sur tous les points. Ainsi « pour Pierre
Arnaud, l'histoire du sport féminin révèle une progressive
a-sexuation de ses caractéristiques au profit d'une logique de
l'efficience motrice, elle est au contraire pour Catherine Louveau
l'illustration du conservatoire des identités sexuelles que constitue
depuis toujours l'institution sportive »9. Cette citation
révèle les points de vue divergents obtenus de l'étude
historiographique du sport féminin. Pour Pierre Arnaud, le sport s'en va
dans une direction où les genres sexués « s'effacent »
au profit d'objectifs sportifs privilégiant l'efficience
motrice10. Catherine Louveau quant à elle, opte une
idéologie selon laquelle le sport persiste à asseoir les
identités sexuelles, comme il l'a toujours fait. Dans les années
1990 en France, les études et avancées sur le thème que
l'on convoite végètent11 quelque peu. En effet,
seulement une douzaine d'articles paraissent entre 1994 et 199912,
ceci dû certainement aux divergences en termes de point de vue et
d'interprétation entre les auteurs, les amenant sur des chemins
différents concernant le sujet de l'histoire du sport et des femmes.
9 Ibid., p. 212
10 Efficience : Une activité
sera dite d'autant plus efficiente qu'elle permettra d'atteindre à
moindre coût (énergie et cognitif) le même niveau
d'efficacité (efficacité = résultat). LEPLAT "Les
habiletés cognitives dans le travail", 1989.
11 Synonyme : Stagner.
12 Ibid., p. 212
11
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Les travaux menés sur cette période montrent la
domination masculine prégnante sur le sport, le phénomène
naturel qui en découle, ainsi que l'exclusion des femmes. Les
critères utilisés sont centrés sur les pratiques sportives
largement connotées masculines (base-ball, football américain,
rugby...), mais aussi sur l'institution scolaire (sur laquelle nous reviendrons
plus tard dans ce mémoire) et les médias. Le sport féminin
s'inscrit historiquement dans l'idéologie confortant les
stéréotypes dominants. Stéréotypes comprenant la
sexualité, maternité, et la beauté des femmes ; mais
également des stéréotypes articulant les femmes avec les
autres catégories sociales (nation, religion, classes sociales, race,
ethnicité...). L'émancipation des femmes n'est que peu
évoquée et analysée dans la mesure où les
mouvements féministes et le sport féminin ont encore une relation
très étroite dans les années 1990. « La
conquête du sport par les femmes ne se produit pas de la même
manière, ni selon les mêmes rythmes en fonction des
activités, des lieux (fédérations sportives ou
affinitaires, mouvements de jeunesse...) ou des cultures nationales
»13. C'est en ces termes que l'on voit les différences
d'évolution concernant le sport féminin qu'ont pu observer les
chercheurs. On a vu précédemment que les études
menées ont commencé bien plus tôt en Amérique du
Nord qu'en Europe, la vision du sport dans sa dimension culturelle est bien
différente et à dissocier d'une nation à l'autre. Les
systèmes d'organisation (au niveau de l'Etat et dans le secteur
privé avec les fédérations) varient beaucoup selon les
pays, et les cultures nationales jouent un rôle dans la chronologie des
évolutions observées concernant l'histoire du sport et des
femmes. Au début des années 2000, de nombreuses thèses
sont rédigées et présentées pour améliorer
les travaux menés jusqu'à cette période. Des
communications sont prononcées en 2004, l'idée étant
désormais de ne plus présenter simplement le sport féminin
comme une catégorie à la conquête d'un univers masculin,
mais d'insister sur le champ précis qu'il représente, « dans
sa propre dynamique interne, avec ses figures d'excellence ou atypiques, ses
institutions et ses conflits internes ».14 En finalité,
on peut dire que l'attention portée aux femmes dans le sport est quelque
chose de « récent », en ce sens que les études
menées et conférences orientées sur le sport et les femmes
pour améliorer les représentations accordées à
celles-ci et faire évoluer la pratique sportive féminine, sont
apparues il y a peu de temps. « La première conférence
internationale sur les femmes et le sport, à laquelle ont
participé des décisionnaires nationaux et internationaux du sport
a eu lieu en mai 1994 à Brighton, au Royaume-Uni.
13 Ibid., p.215
14 Ibidem
12
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
La prise de conscience de cet enjeu15 est donc
récente et s'inscrit dans un contexte social et politique devenu
favorable à la prise en compte des inégalités entre les
femmes et les hommes »16. En France, c'est à partir de
1998 que le Ministère chargé des sports met en place des moyens
et des structures pour faire progresser la place des femmes dans la
société et le monde sportif, et permettre la pratique quelque
soit le niveau, de toutes les femmes sportives, constituant un des objectifs
principaux. Le 6 juillet 2000, une loi réaffirme l'accès
égal des femmes et des hommes à la pratique sportive à
tous les niveaux de responsabilité au sein des associations.
En 2004, l'Etat français s'applique à faciliter
l'accès à la fonction publique dans le secteur du sport pour les
femmes, à assurer des contenus de formation égalitaires. Des
articles de loi sont mis en place concernant l'accès des femmes à
la pratique sportive... (L.100-1 et L.131-9 du Code du sport)
"Les activités physiques et sportives constituent un
élément important de l'éducation, de la culture, de
l'intégration et de la vie sociale. Elles contribuent notamment à
la lutte contre l'échec scolaire et à la réduction des
inégalités sociales et culturelles, ainsi qu'à la
santé. La promotion et le développement des activités
physiques et sportives pour tous, notamment pour les personnes
handicapées, sont d'intérêt général ».
Cette citation fait référence aux externalités positives
apparaissant avec les activités physiques et sportives. Le sport peut
s'inscrire dans un registre éducatif bénéfique à la
Jeunesse en difficulté d'un point de vue scolaire, car il contribue
à un bien-être corporel et mental. L'Etat souhaite
améliorer le développement des activités physiques et
sportives dans sa dimension institutionnelle, il souhaite améliorer
l'accès et l'enseignement des APS. Il juge bon ce développement
pour palier aux problèmes d'inégalités sociales, le sport
étant un « terrain de jeu » pouvant être
bénéfique pour tous.
« Les fédérations sportives
agréées participent à la mise en oeuvre des missions de
service public relatives au développement et à la
démocratisation des activités physiques et sportives... »
L'Etat souhaite une mise en application coordonnée des projets
pédagogiques et institutionnels relatifs aux activités physiques
et sportives avec les fédérations agréées.
Apparaît alors une nécessité de contribution des
fédérations sportives agréées, communiquant pour
l'Etat. Les fédérations jouent désormais un rôle
d'intermédiaire en terme de communication relative aux APS pour
l'Etat.
15 « L'enjeu » dont il est question
ici fait référence à la reconnaissance sportive des
femmes, leur considération sur le plan du développement
sportif.
16 Source internet :
www.sports.gouv.fr - Site du
Ministère des Sports, de la Jeunesse, de l'Education populaire et de la
Vie associative - Article « Femmes et sport », 12/2012
13
II/ Les facteurs d'évolution des pratiques
sportives
Dans cette partie, nous aborderons le thème des
évolutions du sport féminin à travers la question «
pourquoi ? ». L'objectif sera alors d'identifier les causes et les raisons
des évolutions abordées dans les lignes
précédentes.
On a pu constater que la prise en compte des femmes dans
l'histoire du sport est récente. Depuis le début des
années 1980 de nombreuses études ont été
menées, ayant soulevés des questions concernant les
représentations de la gente féminine au sein du sport. Des
changements sont apparus, avec des mesures telles que des articles
scientifiques, l'apparition d'enseignants historiens, chercheurs au sein d'UFR
Staps dans les universités. Des questions nouvelles sont apparues
concernant le positionnement du sport en fonction des sexes, une sociologie
nouvelle prenant en compte les femmes dans l'évolution des pratiques
sportives, etc. Des auteurs ont adoptés dans les années 1990
notamment, des points de vue divergents concernant le sport et les femmes.
Certains ayant une vision péjorative du conservatisme des
identités sexuelles par le sport (Catherine Louveau), d'autres voyant
davantage une tendance évolutive vers une a-sexuation (au sens d'une
tendance vers l'égalité des sexes) par le sport (Pierre Arnaud).
Des articles de loi apparaissent en France à la fin des années
1990 et début 2000, pour réaffirmer la nécessité de
tendre vers une égalité des sexes dans le monde sportif. Tous ces
changements abordés sont le fruit d'une évolution des
représentations, de nombreux travaux. Des facteurs apparaissent pour
expliquer le phénomène de société que
soulève l'étude des femmes dans le sport. Le facteur
géographique notamment, en effet nous savons que les premières
études sont apparues aux Etats-Unis et au Canada, puis bien après
en Europe et en France. L'intérêt porté varie donc en
fonction des cultures et des lieux géographiques sur lesquels les
auteurs se trouvent. Avant de prendre une ampleur internationale, les travaux
menés étaient concentrés sur un secteur
géographique particulier. Le deuxième facteur à prendre en
compte est le facteur historique ; en effet la condition féminine a
beaucoup évoluée dans la société française
à la fin des années 1960, il aura fallu attendre encore quinze
années (début années 1980) pour que la place des femmes
soit étudiée dans le monde sportif par les chercheurs/auteurs.
Les travaux menés ont évolué avec les années
suivantes et ont bouleversé les représentations. Un
troisième facteur entre en jeu : l'insertion des historiens du sport
dans les UFR Staps des universités. En effet le système
éducatif français se voit imprégné pour la
première fois dans les années 1980 de chercheurs et auteurs
abordant la question des femmes et du sport dans le système
éducatif, cela a joué un rôle primordial dans les
changements observés. Enfin, vient bien entendu le facteur politique
avec l'Etat, influent sur la population et les « consommateurs de sport
». Le sport n'est plus considéré seulement comme un loisir,
il est essentiel au bien-être, il est enseigné à
l'école et dans les universités.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
14
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
On forme les enseignants sportifs, on cherche à faire
évoluer les pratiques de manière perpétuelle. Des articles
de lois paraissent, affirmant qu'il est nécessaire de tendre vers une
égalité des sexes dans le sport comme pour la
société en général.
III/ Le genre : une explication des différences
sexuées
Cette troisième et dernière partie conclura le
travail mené en amont (l'énumération des changements et
évolutions opérées dans le secteur sportif
féminin), avec les questions se rapportant au genre et aux rapports
sociaux de sexe. Nous reviendrons sur les termes clés que sont « le
genre » et « les rapports sociaux de sexe » pour
détailler les facteurs qui interviennent : les traitements
pédagogiques et les représentations sociales.
A- Le genre, les rapports sociaux de sexe
Dans cette première sous-partie, nous essayeront de
définir les deux termes clés que sont « le genre » et
« les rapports sociaux de sexe », en les reliant à notre
sujet. Le genre est bien souvent confondu avec le terme « sexe »,
mais en réalité il faut voir en cette expression une dimension
sociale et non biologique.
Ainsi d'après Christine Delphy17, « le
genre c'est ce que l'on pourrait appeler « le sexe social », c'est
à dire tout ce qui est social dans les différences
constatées entre les femmes et les hommes, dans les divisions du travail
ou dans les caractères qu'on attribue à l'un ou l'autre sexe
»18. La distinction entre le terme « sexe » et «
genre » semble donc essentielle. Le sexe est un terme pour désigner
la différence biologique entre le male et la femelle.
Le genre est une construction sociale et un système de
croyances auxquels sont associés des attributs psychologiques, des
rôles et des statuts assignés à chaque catégorie de
sexe.19 La notion de « sport féminin », «
sport masculin », même si on peut la définir statistiquement
à partir de % de pratiquants selon leur sexe, est souvent
utilisée pour signifier des sports plus appropriés pour les
femmes ou pour les hommes, au regard de prédispositions naturelles (donc
biologiques).
Le phénomène socioculturel que sont le sport et
les stéréotypes de genre, joue un rôle dans la construction
sociale de la masculinité et de la féminité.
17 Christine DELPHY est une militante et
théoricienne féministe, coprésidente de la Fondation
Copernic et dirigeante de la revue Nouvelles Questions féministes.
18 Site internet :
www.lagauche.com, « entrevue
de Christine DELPHY : Le genre, sexe social », 02/06/2002
19 HURTIG Marie-Claude, KAIL Michèle et ROUCH
Hélène (dir.), « Sexe et Genre. De la hiérarchie
entre les sexes », 1991, Paris, CNRS, seconde édition,
2002, p. 13.
15
Le sport est souvent perçu comme un berceau de la
masculinité, ainsi les femmes pratiquantes peuvent être
perçues dans certaines activités comme « masculines ».
Néanmoins il est nécessaire de nuancer ces représentations
en considérant que le sport peut être l'occasion de
redéfinir ce que représentent la féminité et la
masculinité plutôt que de réaffirmer les acceptations
dominantes des hommes. Du moins en théorie c'est ce que l'on peut
dégager, en pratique cela apparaît moins évident de se
défaire des stéréotypes de genre.
Si l'on prend l'exemple du football, l'opinion publique
considère qu'il est un sport masculin. Une femme qui pratique le
football devrait entendre qu'elle pratique un « sport de garçon
». Ainsi, la question de sa féminité serait remise en cause.
Au regard de ce que l'on considère comme une « vraie » femme,
elle ne serait pas reconnue comme telle socialement. Son statut apparaitrait
alors comme non convenable. C'est ce que l'on appelle une « discrimination
de genre », sans oublier que le genre est en soi également une
discrimination. Celle-ci repose sur la reconnaissance sociale et sur la
valorisation qu'on lui accorde. On constate qu'il y a une distribution
genré des sports. En ce qui concerne la répartition sexuée
des activités (par rapport au sexe biologique attribué à
la naissance), on s'aperçoit que c'est une construction sociale : on
considère que tel sport est connoté comme féminin, parce
qu'il y a des filles et donc on encourage celles-ci à y aller et
vice-versa pour les hommes avec des sports connotés comme masculins. Le
phénomène s'auto-entretient. Ainsi certaines activités
seront connotées féminines (danse, gymnastique, natation
synchronisée) et d'autres seront à connotation masculine (boxe,
football, rugby) ; alors qu'en réalité, d'un point de vue
biologique, les deux sexes peuvent pratiquer tous types de sports.
Des différences de représentations apparaissent
selon les sociétés et cultures, ainsi certaines
sociétés ont une vision du sport selon laquelle celui-ci est
essentiel au bien-être et contribue à la santé physique de
la population. Les modèles de masculinité et de
féminité (constructions sociales liées au genre) sont
multiples. Ils diffèrent selon les cultures, les époques. Il y a
des modèles qui sont dominants mais ce n'est pas figé.
On constate que les hommes et les femmes ont des pratiques
sportives distinctes, les attitudes à l'égard du sport varient
selon le genre. Les femmes, comme certains hommes, peuvent rencontrer des
obstacles à leur pratique. En effet, certaines sportives peuvent manquer
d'équipements sportifs sûrs et appropriés (d'un point de
vue social), ainsi que de ressources et d'assistance technique. Elles sont
aussi souvent confrontées au manque de temps dû à leur
« rôle familial ». Comparativement aux hommes, celles-ci
manquent cruellement de modèles (construction sociale liée au
genre), notamment de femmes ayant une fonction de coach ou de leader.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
16
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Elles sont sous-représentées dans les organes de
direction des institutions et organisations sportives20. À
l'inverse, on constate une part importante de femmes dans les postes non
qualifiés d'employés. La notion américaine de «
plafond de verre » (« glass ceiling » en anglais) fait
apparaître les obstacles auxquels sont confronté les femmes pour
accéder à des postes hiérarchiquement élevés
professionnellement. L'intérêt de cette expression est de porter
une attention particulière aux raisons pour lesquelles les femmes,
à compétences égales, accèdent plus difficilement
aux organes de direction. D'après le site <
scienceshumaines.com>,
« les chefs de moyennes et grandes entreprises en France sont à 93%
des hommes ». Ce qui va dans le sens d'une inégalité des
représentations aux postes à responsabilités.
25%
Taux de féminisation dans
quatre catégories professionnelles en 2002
91%
43%
97%
Secrétaires
Aides soignants Cadres commerciaux Cadres administratifs
Figure 3 - Graphique de taux de féminisation dans quatre
catégories professionnelles en 200221
Le graphique ci-dessus nous montre que les femmes sont
très présentes sur des postes peu qualifiés comme «
secrétaires » et « aides soignants », voire quasi
exclusivement.
20 Voir étude sur la place des femmes sur les
postes de direction des organisations sportives vu précédemment :
CHIMOT C. (2002) Enquête Cnos/Ups
21 Graphique basé sur des données
recueillies dans le document : MERON Monique, OKBA Mahrez, VINEY Xavier «
Les femmes et les métiers : vingt ans d'évolutions
contrastées », Données sociales - La société
française, p. 228-229, 2006.
17
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
À l'inverse, celles-ci sont
sous-représentées aux postes de « cadres commerciaux »
et « cadres administratifs ». D'une façon
générale, on observe que les femmes sont bien plus
représentées dans les professions peu qualifiées que
celles à responsabilité.
Comme on a pu le voir, depuis une dizaine d'années
l'égalité hommes-femmes est devenu un objectif essentiel dans le
développement du sport en général aux yeux de l'Etat.
Cette égalité fait partie des droits civiques, culturels,
économiques, politiques et sociaux fondamentaux et universellement
reconnus.
Les premières ruptures féministes des
années 1970 ont conduit à repenser les rapports sociaux de sexe.
Cette notion sociologique fait référence à la place de
chaque sexe par rapport à l'autre au départ dans les relations de
travail. Les travaux des sociologues féministes ont montré que le
système social fonde une domination certaine des hommes sur les femmes ;
aujourd'hui il est question de casser certains codes, ou plutôt de les
affiner afin de rétablir des positions sociales davantage
égalitaires des hommes et des femmes dans l'évolution en marche.
La théorie des rapports sociaux de sexe est réellement apparue
dans les années 1970 avec les travaux féministes,
précurseurs à l'époque d'une idéologie nouvelle.
L'auteur Mathieu en 1971 montre comment « le traitement
différentiel appliqué aux catégories de sexe en ethnologie
et en sociologie conduit à une impasse méthodologique et à
l'impossibilité de dépasser une conception essentialiste du sexe
»22. En effet, la femme serait traitée comme objet
particulier dans les études, et l'homme comme objet
général sur lequel une base comparative s'ensuivrait dans les
affirmations avancées. Ce qui mènerait à un
déséquilibre déjà présent, donc à un
renforcement des inégalités des sexes. Si l'on ramène
cette théorie au secteur sportif, l'objectif devient alors de ne plus
considérer un genre sexué qu'en fonction de l'autre, mais en
revanche de l'étudier dans son entité, dans sa
particularité pour l'adapter. Plusieurs auteurs se penchent sur la
question et tentent de mettre en place des outils pour tendre vers cette
idée de déconstruction des rôles prédéfinis
du masculin et féminin dans la société. « Delphy en
1970 élabore une analyse matérialiste de l'oppression des femmes
»23. Guillaumin, huit ans plus tard, propose la notion de
« système de sexage », selon lui les femmes seraient dans un
rapport reposant sur l'appropriation physique de leur corps par les hommes, il
souhaite détruire ces représentations.
22 DAUNE-RICHARD et DEVREUX, « Rapports sociaux
de sexe et conceptualisation sociologique », Recherches féministes,
vol. 5, n°2, p. 08, 1992.
23 Ibid., p. 09
18
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
B- Traitements pédagogiques, facteur
d'inégalité
Pour aborder les différences de traitement
pédagogiques, il semble important de revenir sur les questions relatives
à la mixité scolaire, ses déconvenues et ses apports dans
la course à l'égalité des sexes. La mixité scolaire
a longtemps été l'objet d'une controverse, aujourd'hui encore. Un
accord est établi sur le fait que la mixité est un premier pas
vers l'égalité, d'autant plus dans le secteur éducatif que
représente la scolarité. Néanmoins, la mixité est
loin d'avoir supprimé toutes les inégalités. Des
recherches sont menées en 1995 par Duru-Bellat, les filles et les
garçons auraient tendance à se conformer dans les
représentations liées à leur genre : les filles seraient
soucieuses de leur apparence physique, plus en retrait que les garçons.
Néanmoins, ces observations varient selon le milieu social et
géographique, mais également et surtout dans le temps.
L'école mixte n'entraine pas automatiquement une égalité
de parcours scolaire et de chance aux élèves comme on pourrait le
penser. En effet, les différences d'éducation, de milieu social
de chacun et représentations sociales selon le genre sexué,
interfèrent beaucoup sur le parcours de chacun et chacune. « Le
sexe marque le parcours, alors que l'institution scolaire se veut neutre et ne
tolère aucune discrimination »24. Cette citation marque
le fait que l'école ne peut résoudre à elle-seule les
problèmes d'inégalité qui subsistent au niveau
sociétal. Duru-Bellat met en place des observations pour son
étude, celles-ci révèlent que les maîtres recourent
fréquemment aux oppositions entre garçons et filles dans la
gestion quotidienne de leur classe. Une étude de Zaidman en 1996
révèle que dès l'école primaire, beaucoup
d'enseignants placent alternativement un garçon et une fille dans leur
plan de classe afin de favoriser un climat de travail et optimiser la
discipline. L'étude de Younger et Alii en 2002 montre que les
enseignants consacrent un peu moins de temps aux filles (environ 44% de leur
temps, contre 56% pour les garçons), étude à prendre en
compte dès lors qu'on comptabilise le temps qu'un élève
passe en classe. Selon cette même étude de 2002, « les
garçons reçoivent un enseignement plus personnalisé, alors
que les filles sont davantage perçues et traitées comme un groupe
»25. Les garçons sont davantage
réprimandés par les enseignants, ceux-ci semblent soucieux de ne
pas se laisser déborder par la gente masculine. Des différences
dans la notation apparaissent, les garçons seraient notés plus
sévèrement que les filles (étude réalisée et
mesurée par des épreuves standardisées). Ce
phénomène soutient une fois de plus le fait que les
garçons font l'objet d'une attention plus appuyée, d'un
enseignement plus individualisé que les filles car davantage sujet
à des attentes importantes de la part des enseignants.
24 DURU-BELLAT Marie, « Ce que la mixité
fait aux élèves », Revue de l'OFCE, 2010/3 n°114, p.
199. DOI : 10.3917/reof.114.0197
25 Ibid., p. 200
19
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
On constate donc que malgré une mixité scolaire
voulue, mise en place et appliquée, les enseignants (dans une relative
inconscience) ont des attentes et méthodes pédagogiques
diversifiées en fonction du sexe de l'élève. Selon
Vouillot en 2002, « les choix d'orientation qui engagent et
révèlent aux yeux des autres ce qu'on veut devenir, restent aussi
conformes aux stéréotypes du masculin et du féminin
». Selon Geneviève Fraisse, « la mixité n'est ni un
objectif politique, ni un instrument sûr, c'est une expérience
propre à l'espace démocratique »26. Cette
citation révèle le caractère insuffisant de la
mixité dans la quête à l'égalité des sexes.
En effet, elle n'est pas un moyen sûr, elle n'est qu'un outil
bénéfique mais également des préjudiciable à
travers une conformation des représentations et
stéréotypes sexués.
Dans le milieu sportif, les traitements pédagogiques
varient aussi selon les sexes. A la fin des années 1980, des femmes
s'engagent dans une volonté d'émancipation concernant
différents ordres sociaux, moraux, esthétiques et
médicaux, qui structure la société. Une question illustre
alors la teneur du développement qui se joue à l'époque :
« La liberté de choix n'existe-t-elle que pour les hommes ? ».
Le football féminin fait l'objet à cette période d'un
certain conservatisme qui subsiste face à cette pratique semblant «
trop » novatrice pour l'époque. Des études vont être
menées sur l'implication des femmes dans le football sous quatre angles
: « La façon dont les femmes vivent le monde du football ; la
footballeuse et sa construction identitaire ; la joueuse de football et son
corps ; le partage du jeu entre les hommes et les femmes »27 Le
simple fait que des travaux soient effectués sur ce sujet évoque
une prise de conscience sur l'inégalité présente entre les
sexes sur le secteur sportif. Le football étant un sport
particulièrement représentatif de par sa connotation très
masculine. En effet seulement 2% des licenciés de football en France
sont des femmes.
En 1999, Sheila Scraton s'intéresse au sujet et conclue
de ses observations que le football féminin ne menace pas l'ordre qui
régit les rapports entre les sexes. En effet, il renforcerait même
les contours de la masculinité bien plus qu'il n'accorderait une
redéfinition de la vision traditionnelle de la femme. La mixité
dans le football est abordée dans les travaux de M. Henry et Howard P.
Comeaux en 1999. La mixité ayant pour but d'instaurer une
égalité est contrée par l'omniprésence masculine
sur le plan physique. Les rapports contrastés entre les hommes et les
femmes sont mis en évidence. Le sens tactique et la technicité
présents dans le football semblent être des points de ralliement
entre la pratique masculine et féminine, car pas ou peu de
différences apparaissent selon le discours des analystes.
26 FRAISSE Geneviève, « Que penser d'une
évidence ? », Travail, genre et sociétés,
2004/1 N° 11, p. 197. DOI : 10.3917/tgs.011.0195
27 TRAVERT Maxime et SOTO Hélène, «
Une passion féminine pour une pratique masculine : le football »,
Sociétés, 2009/1 n°103, p.86. DOI : 10.3917/soc.103.0085
20
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Néanmoins, la dimension physique au sens de la
rapidité d'exécution et de la puissance développées
par le jeu masculin, semble souligner une forte inégalité entre
les femmes et les hommes. Nous avons à faire là à des
inégalités physiologiques, plus que sociologiques. La pratique
féminine du football souffre du fait qu'un facteur de comparaison
apparaît quasi-systématiquement avec la pratique masculine
dès lors qu'on l'étudie. Ceci étant dû à la
prépondérance écrasante des hommes sur ce sport (Les
hommes représentant 98% des licenciés de football en France). En
2009, seulement 19,5% des titulaires du Brevet d'Etat d'Educateur Sportif sont
des femmes. Les rapports sociaux de sexe hommes/femmes sont comme on peut
l'imaginer facilement, stéréotypés. Ces
stéréotypes jouent un rôle conséquent dans la
considération et l'enseignement (notamment en Alpinisme). Ainsi un guide
de montagne, abordera de manière spécifique une clientèle
féminine, régie par les stéréotypes sexués
qui contribuent à reproduire les rapports sociaux de sexe
préexistants, et à entretenir, dans l'esprit des hommes comme des
femmes, les stéréotypes sexués. L'étude est
menée par rapport à une analyse de discours (qui doit être
dissociée de la réalité pratique), certainement subjectifs
mais on ne peut plus révélateur du ressenti des guides. Le fait
d'enseigner à des hommes ou à des femmes ne peut être
mené de façon neutre, ceci étant du aux rapports sociaux
sexués, et stéréotypés.28
C- Représentations des genres, facteur
d'inégalité
Les publicités constituent des prises de positions
importantes, elles deviennent donc révélatrices des normes et des
valeurs sexuées contemporaines. La problématique peut se centrer
sur le fait que les rôles féminins et masculins sont largement
stéréotypés, malgré une « évolution
sensible » en sens contraire concernant les sports et
sociétés modernes. La publicité, dans sa dimension de
communication se place quasi exclusivement sur l'identité masculine.
Comme si, de manière caricaturale, les images publicitaires
diffusées étaient conçues pour les hommes. Dans le
document « sport et publicités », il est dit que « les
APS se féminisent progressivement » (ce que je retrouve dans les
projets pédagogiques de la fédération française de
tennis), même si la place des hommes dans les médias reste
amplement dominante.
Un clivage des genres de sexe reste apparent dans le cadre
médiatique sportif : « L'exploit sportif réalisé par
une femme est presque toujours rapporté au modèle masculin.
»29
28 MARTINOIA « Ce qu'il y a d'agréable
avec les femmes »... Les stéréotypes sexués, un
refuge confortable pour les guides de montagne ? », p. 131-145, 2009.
29 HEAS, BODIN, ROBENE, MEUNIER et BLUMRODT, «
Sport et publicités - une communication masculine dominante et
stéréotypée », Etudes de communication, n° 29
Performativité : Relectures et usages d'une notion frontière, p.
02-17, 2006.
21
Chapitre 2 - La place des femmes dans le système
fédéral du tennis français
Maintenant que l'on connaît le contexte
général, les évolutions dans leurs grandes lignes, tous
sports confondus, ce deuxième chapitre nous permettra de nous focaliser
sur le cas du tennis. De la même manière, on va s'interroger sur
les évolutions de la pratique féminine (avec les mêmes
critères quantitatifs et qualitatifs que le chapitre 1) pour
s'intéresser à la situation actuelle des femmes dans le tennis.
On donnera des éléments qui nous permettent de nous faire une
vision de la place des femmes actuellement dans le tennis, en tant que
pratiquantes mais aussi en tant qu'actrices dans les organisations cadrant le
tennis féminin (fédération, ligues, et clubs).
I/ Les évolutions de la pratique féminine du
tennis
Cette première partie nous donnera l'occasion de
revenir sur les évolutions concernant la pratique féminine du
tennis dans sa dimension quantitative avec une évolution sur la
dernière décennie depuis 2003, aussi bien que dans sa dimension
qualitative.
A- Sur le plan quantitatif
On constate que les licenciés FFT hommes sont beaucoup
plus nombreux que les femmes sur les dix dernières années. En
effet, les hommes représentent environ 70% des licenciés FFT
actuellement. Si l'on se centre sur les hommes, on voit que la courbe est
ascendante, ce qui signifie que le taux de licenciés FFT hommes est en
légère augmentation depuis 2003. Les hommes sont passés de
67,7% à 70,1%, soit 2,4 points en dix ans. En ce qui concerne les
femmes, ce qui nous intéresse plus particulièrement, le taux de
licenciées FFT a légèrement augmenté entre 2003 et
2007, s'est stabilisé jusqu'en 2009, avant de baisser jusqu'à
aujourd'hui. En dix ans, le taux de licenciées FFT a perdu 2,4 points.
Sur un plan plus global, on constate que les courbes sont relativement stables.
Pour faire un parallèle avec l'évolution du taux de licences
sportives depuis 2007, il est notable que la FFT ne rend pas compte des
mêmes évolutions que la tendance générale du sport
institutionnalisé français. En effet, le taux de licences
sportives est en légère hausse depuis 2008, alors que la FFT
observe une baisse sensible. Toutefois, il semble important de signaler la
place importante que garde le tennis au regard du sport français en
général, le tennis étant le premier sport individuel en
terme de pratiquants licenciés. Néanmoins, la FFT souhaite depuis
quelques années promouvoir le tennis féminin, le faire
évoluer.
L'évolution souhaitée par la
fédération invoque en partie une augmentation de
licenciées femmes, ainsi que son taux.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
22
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
L'objectif n'est visiblement pas encore atteint malgré
de nombreux travaux menés en faveur des femmes dans le milieu du tennis
français. Nous reviendrons un peu plus tard sur les travaux de la
Fédération Française de Tennis.
Evolution taux de licenciés FFT Hommes et
Femmes entre 2003 et 2012
70,10%
67,70% 67,80% 67,90% 67,90% 67,30% 67,80% 68,70%
69,50% 69,70%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
20,00%
10,00%
0,00%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Taux d'hommes licenciés FFT Taux de femmes
licenciées FFT
32,30% 32,20% 32,10% 32,10% 32,70% 32,20% 32,30%
30,50% 30,30% 29,90%
30,00%
Figure 4 - Courbe graphique de l'évolution des taux de
licenciés FFT hommes et femmes entre 2003 et 201230
B- Sur le plan qualitatif
Pour comprendre l'aspect historique du tennis féminin
il me semble important d'aborder des points plus généralistes
concernant le tennis sur un plan global, dans sa dimension sportive et
sociologique. L'objectif de cette sous-partie est de comprendre
l'évolution du tennis féminin depuis les débuts de ce
sport de raquette, aussi bien dans les représentations sociologiques (le
genre) que sur le plan sportif.
30 Interprétation statistiques FEDERATION
FRANÇAISE DE TENNIS, Direction Administrative et Financière,
Département Organisation et Systèmes d'Information
23
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Il faut savoir que le tennis sous ses premières formes
fut créé à la fin du 19ème siècle
en Angleterre. Il n'est à l'époque qu'un simple jeu de balle (en
1874) appelé « Sphéristique ». Cette activité se
répand assez rapidement sur les côtes françaises proches de
l'Angleterre.
C'est au début du 20ème siècle
que le tennis prend une nouvelle dimension dans le paysage sportif
français, devenant un sport « phénomène de mode
balnéaire »31. L'essor des espaces ludosportifs avec
l'urbanisation des plages notamment permet une implantation du tennis de plage.
Le développement des sports et des loisirs touristiques prennent de
l'ampleur, ce qui a notamment été bénéfique au
développement du tennis sur le territoire français. Un lien
apparait comme évident entre le développement tennistique et le
tourisme. Cette notion est importante dès lors que l'on considère
le tennis aussi bien dans sa dimension simpliste et ludique (tennis de plage)
que dans sa dimension davantage « classique », plus stricte dans ses
règles, car la montée en puissance de la culture du loisir a
propulsé cette discipline à un niveau de popularité
nouveau pour l'époque. Le tennis est un sport de raquette se pratiquant
principalement en plein air, surtout à la période estivale. Il
est dès le départ une activité très
élitiste, ce sont en effet les aristocrates et les citadins
fortunés qui la pratiquent. Le tennis s'implante très rapidement
et facilement dans les lieux de villégiature grâce à ce
caractère élitiste, sa pratique est un outil de
représentation et de reconnaissance propre aux élites. Ainsi,
« jouer au tennis, dresser un court temporaire ou disposer d'un court,
surtout en zone balnéaire, c'est affirmer l'appartenance à une
catégorie sociale »32. C'est dans ces notions qu'il est
essentiel de traiter l'historique du tennis dans une dimension sociologique,
afin de comprendre les éléments propres à
l'évolution et représentations de ce sport. D'une façon
générale, la sociabilité sportive s'inscrit dans le
processus de constitution d'une « révolution culturelle »
liée aux pratiques de loisir. Dès la fin du
19ème siècle, des terrains de tennis sont construits
à l'initiative d'établissements hôteliers situés en
zone balnéaire, les premières compétitions apparaissent,
signe d'une institutionnalisation et d'une organisation plus précise. Le
rapport au corps évolue dans les mentalités, un individualisme
apparaît concernant les exigences liées au corps. Désormais
on se soucie de son corps, de la nature, c'est une nouvelle forme de
sociabilité mondaine (début 20ème
siècle). Le tennis présente une illustration idéale de ce
phénomène de sociabilité, apparu avec l'émergence
du loisir, l'aménagement des espaces, et la considération
nouvelle du sport et des activités physiques. Selon un travail d'Elias
et Dunning mené en 1994, le tennis s'est déployé à
travers l'évolution des mentalités et des sensibilités,
des normes et valeurs intériorisées par les pratiquants et les
spectateurs.
31 PETER Jean-Michel, « Tennis, « Leisure
class » et nouvelles représentations du corps à la Belle
Epoque », Staps n°87, 01/2010, p. 47
32 Ibid., p. 49
24
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Le pratiquant se fixe des objectifs personnels et se soumet
à des contraintes à l'entrainement pour y parvenir, c'est ce que
l'on peut appeler « la contrainte sur soi-même ». «
L'entrainement repose sur le principe d'une production physique,
intellectuelle, sociale, réalisée dans des conditions
prédéfinies, notamment par des règles et une
éthique portant une valeur et du sens »33. Cette
citation illustre bien le rapport nouveau au corps, l'importance récente
au début du 20ème siècle accordée par
les pratiquants et spectateurs à l'entrainement dans des objectifs
d'efficacité sportive et/ou d'appropriation de soi par le corps.
Pour conclure cette sous-partie, nous pouvons dire que le
tennis est passé d'un jeu mondain à la fin du
19ème siècle reposant sur des valeurs de simple
divertissement/passe-temps pour les classes sociales aisées, à un
entrainement à la formation de soi correspondant à de nouveaux
besoins apparus avec l'évolution de la société
post-industrielle et la progression des loisirs sous toutes ses formes.
L'appropriation du tennis par un groupe restreint au départ (les «
riches ») a permis une considération nouvelle et novatrice de cette
activité comme l'affirmation d'un style de vie. Des valeurs se sont
ajoutées à la panoplie que revêt le tennis, notamment la
dimension éducative.
II/ La place actuelle des femmes dans le tennis
Nous aborderons de manière la plus précise
possible, la place des femmes dans le tennis sous deux dimensions essentielles
: la pratiquante de tennis, et l'actrice dans les organisations tennistiques.
Cette partie constituera un travail nécessaire pour ensuite analyser les
orientations que prend (sous l'impulsion des institutions
fédérales) le tennis féminin. Dans notre titre II, on
s'intéressera plus précisément, à travers les
discours et les pratiques autour de la pédagogie, aux
représentations des femmes dans le tennis féminin.
A- En tant que pratiquantes
Pour débuter cette sous-partie, il me semble important
de définir ce qu'est la notion de « pratiquante ». On entend
par « pratiquantes » les joueuses. Nous avons vu que les femmes sont
bien moins présentes que les hommes en terme de licenciées. Il
semble important de dissocier les types de pratiquantes recensées dans
le tennis. En effet, la plupart pratique ce sport comme « loisir »,
où aller à l'entrainement est l'occasion de pratiquer une
activité physique extra-scolaire ou après le travail ; mais
beaucoup aussi ont une pratique centrée sur les performances sportives
et la dimension compétitive que cela soit au niveau amateur ou
professionnel.
33 Ibid., p. 53
25
Il est difficile qualitativement d'émettre une
définition précise de la place des femmes dans les associations
sportives de tennis tellement les politiques sportives locales de chaque club
varient d'un dirigeant à l'autre. La place des femmes en tant que
pratiquantes peut être abordée sur le ressenti de celles-ci, mais
également étudiée selon les politiques sportives des
dirigeants d'association. Nous l'avons vu, les femmes sont en minorité
mais peuvent dans certains cas, prendre une place importante dans la politique
sportive d'un club de par le niveau des équipes présentes. Ainsi
dans certains clubs, les équipes dames inscrites pour les championnats
par équipes régionaux voire nationaux, sont d'un niveau bien
supérieur (en terme de classement, donc proportionnellement) au niveau
des équipes hommes, ce qui justifiera une place plus importante
accordée aux femmes au sein de ces associations en termes
d'entrainements et de structure pédagogique. Ce type de cas reste bien
moins présent que pour le cas des hommes, qui largement en surnombre,
occupent davantage les places privilégiées dans les structures
d'entrainement.
Depuis quelques années, et nous y reviendrons, la
Fédération Française de Tennis tente de développer
le tennis féminin en insistant sur plusieurs mesures pédagogiques
à adopter avec ce public. L'accent est mis notamment sur les jeunes
joueuses, où tous les bons éléments doivent être
conservés et donc entretenir une motivation sans faille. Le travail des
entraineurs et les structures mises en place jouent un rôle très
important dans ce domaine. Prenons l'exemple des ligues départementales
et/ou régionales où les jeunes joueuses des pôles espoirs
sont accueillies au même titre que les garçons en terme
d'encadrement pédagogique (entrainement physique, programmation et suivi
des compétition, entrainement tennis...). Nous pourrions même
déceler une motivation toute particulière des entraineurs
affectés à ces postes de réussir à entretenir la
motivation et mener à bien la progression de ces jeunes joueuses
tellement les enjeux futurs du tennis féminin en France sont importants
dans la politique de la Fédération Française de Tennis.
Nous y reviendrons dans notre Titre III. Les joueuses compétitrices
participant à de multiples tournois dans la saison demeurent en nombre
limité, ce qui engendre des complications dans la constitution de
tableaux de tournois pour les juges-arbitres. Beaucoup de ces
compétitrices, voire la totalité, sont amenées à
rencontrer les mêmes joueuses plusieurs fois dans la saison. Ce
phénomène existe également chez les hommes mais reste bien
moins présent chez les femmes.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
26
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
B- En tant qu'actrices dans les organisations
Nous avons vu précédemment que les femmes sont
bien moins présentes aux postes de direction dans les organisations
sportives que les hommes, notamment en nous basant sur une étude du
Cnos/Ups.
Il est question dans cette sous-partie de présenter la
place des femmes davantage sur le secteur associatif du tennis,
précisément dans les clubs. Ayant effectué mon stage
à la ligue de l'Essonne de tennis durant deux mois à temps plein,
j'ai pu avoir accès aux bases de données fédérales.
En me centrant sur l'Essonne, j'ai recensé 454 enseignants
évoluant sur les 150 clubs présents sur le département.
Plusieurs types d'enseignants apparaissent dès lors que l'on prend en
compte les diplômés fédéraux premier et second
degré, les assistants moniteur tennis, les brevetés d'état
premier et second degré (diplôme disparu, remplacé par les
diplômes d'état), et les diplômés d'état
premier degré et diplômés d'état supérieur.
Sur 454 enseignants, seules 97 femmes occupent un poste d'enseignant tennis.
Lorsque l'on prend seulement en compte les brevetés d'état
premier degré et diplômés d'état premier
degré, nous obtenons seulement 11 femmes occupant ce poste sur 107
enseignants recensés. Concernant les enseignants les plus
qualifiés (B.E.2 et D.E.S), l'Essonne compte 3 femmes qualifiées
sur un total de 17 personnes. Le graphique ci-dessous illustre le propos
tenu.
480
460
440
420
400
380
360
340
320
300
280
260
240
220
200
180
160
140
120
100
40
80
60
20
0
Hommes et femmes Hommes Femmes
107 96
17 14
454
330
357
247
3
83
11
97
Diplômes fédéraux + AMT
Tous diplômes
BE1 + DEJEPS
BE2 + DESJEPS
Figure 5 - Graphique Courbes représentatives du nombre
d'hommes et de femmes aux postes d'enseignants tennis à la Ligue de
l'Essonne sur l'année sportive 201334
34 Base de données fédérale officielle
Fédération Française de Tennis
27
Ce graphique nous confirme le fait que les femmes restent bien
moins implantées que les hommes aussi bien au niveau des instances
dirigeantes que dans l'enseignement du tennis. Les explications pourraient se
trouver dans le fait que la gente féminine est moins importante en
nombre sur les licenciées FFT, peut-être aussi parce qu'un manque
apparaît concernant l'implication et surtout l'intégration des
femmes, comparativement aux hommes bien sûr, à ces postes. Ce
manque de présence féminine dans les clubs au niveau des
enseignants joue logiquement un rôle dans la course au
développement du tennis féminin recherché par la
Fédération Française de Tennis. Peut-être une
présence plus importante d'enseignants femmes jouerait en faveur d'une
évolution positive et bénéfique au tennis féminin
?
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
28
Conclusion du titre I
Ce Titre I a été l'occasion de revenir à
travers divers aspects généraux, sur les représentations
liées aux femmes dans le milieu sportif et tennistique plus
particulièrement. Il m'a semblé bon de mettre en place deux
parties distinctes sous forme de chapitres. Le premier chapitre étant
centré sur le milieu sportif dans un plan global. Nous nous sommes
intéressé aux évolutions concernant les pratiques
sportives féminines. Sur un plan quantitatif, est apparue la
volonté de chercheurs et sociologues avec la parution d'articles, de
permettre l'égal accès des femmes et hommes aux instances
sportives. Petit à petit, l'Etat français s'est mêlé
à ces sujets ayant pris de l'importance en terme de considération
depuis les premiers écrits relatifs au sport avec les femmes des
années 1970. Des articles de loi intégrés dans le Code du
Sport ont confirmé l'idée selon laquelle le sport doit tendre
vers une égalité des sexes. Sur l'ensemble du milieu sportif, on
a pu constater que les licences sportives féminines ont augmenté
en nombre entre 2007 et 2010. Sur un plan qualitatif, on a vu que plusieurs
auteurs se sont attachés à mettre en place des travaux en faveur
de la considération des femmes dans le sport. En l'espace de quatre
décennies, la volonté d'adaptation des pratiques sportives au
public féminin a beaucoup évolué. Les
représentations et regards portés à ce sujet ont
changé. Dans notre deuxième chapitre, nous nous sommes
centré davantage sur le sport pilier de ce mémoire : le tennis.
On a pu voir une stabilisation voire une légère baisse des
licenciées FFT depuis 2003 sur le plan national. Nous sommes revenus sur
les aspects historiques ayant amené le tennis moderne que l'on
connaît aujourd'hui, avec les politiques sportives engagées
relayées dans les associations par les ligues. Pour terminer, nous avons
étudié la place des femmes dans le tennis. En tant que
pratiquantes, celles-ci occupent une place particulière dans le paysage
tennistique français, car notamment en large minorité
comparé aux hommes. On a segmenté notre propos selon les niveaux
de jeu, avec des particularités apparaissant pour les
compétitrices. En tant qu'actrices, les femmes sont aussi en
minorité, le recensement sur l'année sportive 2013
étudié à la Ligue de l'Essonne de Tennis, nous a permis de
constater en chiffres l'étendu des inégalités
présentes au niveau du nombre d'enseignantes par rapport aux hommes
enseignants dans le milieu du tennis. Dans le Titre II, il sera davantage
question de se centrer sur la politique sportive de la Fédération
Française de Tennis en faveur du tennis féminin, sur les aspects
de communication, les orientations, les moyens mis en place au niveau
pédagogique, et le discours tenu.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
29
Titre II) Discours et représentations de la
Fédération Française de Tennis
Ce deuxième Titre sera l'occasion de comprendre et
analyser la politique sportive de la FFT en faveur du tennis féminin.
Les moyens de communication mis en place : quels types de messages sont
diffusés ? Quelles sont les cibles ? Pourquoi ?
Chapitre 1 - Comment la FFT communique-t-elle à
propos des pratiquantes féminines ?
Nous construirons ce chapitre autour de l'argumentation
ciblée sur la communication adoptée par la FFT concernant le
tennis féminin. Nous essayerons d'évoquer
précisément les documents édictés et les actions
diverses, pour proposer une analyse resituée dans le contexte qui nous
intéresse : le tennis et les femmes, l'émancipation sportive, les
enjeux de représentation, les axes de développement
pédagogiques. Nous tiendrons compte de la dimension communicative qui
régit ce chapitre en nous référant à des notions
concrètes de communication.
Notre propos sera tourné sur ce qui se passe en France,
et notamment sur les projets de la Fédération Française de
Tennis. Les performances sportives concernant le tennis féminin,
constituent un élément majeur de l'axe de la politique sportive
soutenue par la FFT. Il suffit de s'intéresser de plus près au
site internet de la fédération pour y apercevoir des rubriques
spécifiquement consacrées au développement du tennis
féminin. Cela concerne aussi bien les femmes et le tennis à
grande échelle (les licenciées féminines
françaises) que les compétitrices et le tennis à haut
niveau féminin, qui par ailleurs connaît de grandes
difficultés sur le circuit professionnel (Equipe de France de Fed Cup
reléguée plusieurs fois, plus aucune joueuse française
présente dans le « top ten » mondial). Il
apparaît une volonté particulière des communications mises
en place par la FFT, de cibler le public féminin d'une manière
globale. Ainsi, les ligues départementales et régionales se
retrouvent dans la position de « relais » entre la
fédération et les clubs, qui eux sont directement chargés
de transmettre aux licenciés. Les enseignants, psychologues et
dirigeants s'étant penché sur la question ont rapidement
souhaité des travaux axés sur le fond. Il paraît logique
désormais, de devoir commencer à fidéliser un plus grand
nombre de licenciées féminines à tous les niveaux et
âges pour, par la suite, permettre de dégager plus
d'éléments compétitifs au plus haut niveau. Nous allons
essayer de comprendre comment la FFT communique auprès de ses
pratiquantes ? Les types de messages diffusés et les cibles
visées seront deux axes essentiels à notre réflexion.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
30
·
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Opération GDF SUEZ
L'Open GDF Suez partenaire de la FFT depuis 1992, oeuvre pour
soutenir l'essor du tennis féminin. Le tournoi organisé chaque
année à Paris développe une structure pour favoriser le
développement souhaité par la fédération. «
L'engagement de GDF Suez s'engage autours de quatre pôles d'actions
principaux : le support aux institutions à travers le partenariat avec
la Fédération Française de Tennis et les ligues
régionales, la création et le parrainage
d'évènements, le soutien aux joueuses de haut niveau, et la
solidarité. »35 Depuis quelques années, la
direction du tournoi organisé par GDF Suez à Paris met à
disposition des ligues, des places offertes pour le public féminin des
clubs (en nombre limité) afin de sensibiliser les jeunes filles à
la compétition de haut niveau.
Cette opération de communication «
séduction » a été pensée avec la
fédération française de tennis, qui permet la bonne
distribution de l'action de GDF Suez, toujours dans une idée de
développement du tennis féminin. Le tournoi est aussi le lieu
idéal pour que la fédération organise une communication
articulée autours de colloques, s'adressant davantage aux enseignants
cette fois-ci... Deux cibles peuvent donc être dégagées de
cette action : d'une part le public féminin pratiquant avec une
sensibilisation au haut niveau et une considération particulière
avec « l'opération-séduction » ; d'autre part les
acteurs et actrices du tennis en France, c'est à dire les enseignants
eux-mêmes, où la motivation concernant l'enseignement aux filles
doit être un axe de progression pour eux. Il faut encourager les femmes
à se former à l'enseignement du tennis, et inciter les
enseignants hommes à s'intéresser de plus près et
favoriser leur implication concernant l'enseignement du tennis aux femmes.
· Colloque (2011) de la fédération
pour améliorer la pédagogie adaptée au tennis
féminin36
En 2011, à l'occasion du tournoi Open GDF Suez
à Paris, un colloque réunissant 300 enseignants et enseignantes
s'est déroulé sur le thème du développement du
tennis féminin. Différents points en sont sortis. Dans un premier
temps, l'accent a été mis sur la communication entre les
enseignants et les joueuses sur et hors terrain. Celle-ci passe par le langage
pour 20%, et à 80% par d'autres canaux comme le regard, les mouvements,
etc. L'idée d'accepter et d'identifier ses émotions aide à
dépasser ses difficultés et à agir. La FFT a aussi la
volonté que les enseignants fassent des feedbacks37
fréquents, positifs ou négatifs, surtout sur ce que la joueuse
produit et non sur elle-même. Une des idées principales, qui ne
peut être occultée : il
35 Article « GDF SUEZ », page 2, Dossier « Le
tennis féminin », FFT, 2012.
36 Source internet : <
http://blog.trans-faire.fr/tennis-feminin>
- Le 02/01/2012.
37 Rétroaction, action de contrôle en retour.
L'enseignant revient sur un point précis pour faire prendre conscience
de quelque chose à sa/ses joueuse(s).
31
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
faut des heures de travail pour apprendre à exprimer
ses ressentis et ses difficultés. Les « femmes entraineurs »
ont également fait l'objet d'un thème abordé, celles-ci
demeurent minoritaires comme on a pu le constater précédemment
avec notre étude centrée sur le cas de la Ligue de l'Essonne de
Tennis, et leur objectif sera d'apprendre à se positionner, se
confronter, se faire accepter et se faire reconnaître. Tout cela passera
par un travail sur leurs propres représentations de l'entraineur, un
travail sur elles-mêmes, et leur pratique professionnelle. Le colloque a
également évoqué le sujet du suivi médical des
joueuses. Pour Jacques BADY, docteur en médecine intervenant à la
Fédération Française de Tennis, l'entrainement intensif
chez les jeunes joueuses peut avoir des effets néfastes sur leur
organisme.
Il souhaiterait généraliser le suivi
gynécologique pour assurer une bonne prévention. Concernant les
exigences du haut niveau pour le tennis féminin, la recherche
d'efficience motrice38 semble primordiale. L'accent est mis sur la
qualité d'exécution des déplacements et coups du tennis
(respect des alignements segmentaires, contrôle de la statique
pelvienne), mais aussi sur l'intensité (qui doit être maximale)
concernant l'engagement physique et mental de la joueuse. L'objectif
général restant toujours la plus grande efficacité
possible en compétition. À l'issue de ce colloque, plusieurs
idées sont ressorties : il faut changer les habitudes pour mieux prendre
en compte les spécificités du tennis féminin, et informer
sur les principales adaptations dans la formation des jeunes joueuses (moins de
compétitions en simple et davantage en doubles, des rassemblements sous
forme de stages plus nombreux dans l'année). Cela montre bien la
volonté de la Fédération Française de Tennis de
mener des actions fortes pour le développement du tennis
féminin.
Communication sur le site internet de la FFT (rubrique
spécialisée)39
On retrouve sur le site officiel de la
Fédération Française de Tennis un espace
dédié au tennis féminin, où deux documents sont
accessibles en téléchargement direct (« j'aime, j'aime pas
» ; « enseigner le tennis aux filles). Ces deux documents sont
essentiellement destinés aux parents (en complément
d'information, pour informer les parents de l'approche pédagogique de la
fédération concernant le tennis féminin ; mais
également pour aider les enseignants dans la direction de leurs
séances). Ce point tient aujourd'hui une place primordiale dans la
politique sportive développée par la FFT. Outre les deux
documents cités précédemment, des articles couvrant des
pages du site web ont été rédigés. On y trouve
toujours la même idée de communication et cette même envie
de développement.
38 Performance maximum qui s'inscrit dans une économie de
l'effort.
39 Source internet : <
http://www.fft.fr/fft/enseignant/comment-enseigner-aux-filles>
- Le 04/01/2013
32
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
« Jusque-là, l'enseignement du tennis a
très souvent été le même pour les filles et les
garçons. Il a été entièrement repensé pour
être adapté aux filles. « Cette prise de conscience permet
aujourd'hui à notre Fédération, à sa direction
technique en particulier, de déployer une pédagogie prenant en
compte la dimension psychologique des jeunes filles, en termes de
détection, d'entraînement ou de compétition », a
précisé Jean-Pierre Dartevelle. Avec le but, comme le souhaite
Patrice Hagelauer, le directeur technique national, de « relancer une
dynamique et de redonner envie aux petites filles de jouer ».
»40 Ce type de communication s'inscrit dans une dimension
« média relations publiques » où la FFT cherche
à transmettre des informations en les mettant à disposition des
internautes gratuitement sur leur site internet officiel.
· Dépliants distribués dans les ligues et
clubs pour attirer un public plus important On trouve aujourd'hui dans la
majorité des clubs, le journal mensuel de la fédération,
où chaque mois une ou plusieurs rubriques évoquent le tennis
féminin. Que cela soit au stade de la pratique en loisir, en
compétition, ou à haut niveau. Les ligues sont également
chargées de distribuer des dépliants dans les clubs pour un
accès élargi aux licenciés (joueuses, entraineurs et
parents).
· Contenus de formation spécifiques à
l'enseignement du tennis féminin pour les nouveaux diplômes
d'état (sensibilisation des enseignants)41
Depuis 2009, le brevet d'état moniteur tennis s'est
transformé en diplôme d'état. Désormais le tronc
commun ne fait plus partie intégrante du contenu de formation, mais
l'accent est mis davantage sur les capacités de direction de clubs, et
surtout sur les approches pédagogiques avec les élèves.
L'enseignement pour les filles/femmes fait l'objet d'une approche
spécifique dissociable de celle (plus traditionnelle) mise en place pour
les garçons/hommes. Le futur enseignant doit s'adapter au public et
engager ses séances dans une idée d'individualisation avec
l'élève, où la communication tient une place importante.
L'objectif est de mettre en confiance les joueuses, la dimension psychologique
est devenue essentielle dans l'apprentissage du tennis.
· Document « J'aime, j'aime pas »
Ce document est également accessible sur le site
officiel de la FFT, mais aussi sous forme de dépliant cartonné
dans les clubs. Cette fois-ci, il s'adresse directement aux joueuses, en se
plaçant (dans le discours) comme telle.
40 Source internet : <
http://www.fft.fr/jouer/tennis-au-feminin/la-revolution-du-tennis-feminin>
- Le 04/01/2012
41 Source internet : <
http://www.trans-faire.fr/portail.aspx?page=14>
- Le 04/01/2013
33
Un côté (à thématique rouge)
énumère toute une série de points/critères que les
filles « aiment » ; à l'inverse l'autre côté
(à thématique bleue) résume différents points que
les filles « n'aiment pas ». Ce dépliant, en se basant sur un
discours à la première personne du singulier (dans la peau d'une
joueuse, future joueuse) s'adresse également aux parents. Et ce
notamment en arborant cinq points essentiels décelés par la FFT
(des deux côtés du dépliant) : l'entraineur, la
dimension sociale, l'identification de la joueuse, la
dimension physique, et l'aspect psychopédagogique du
tennis. Tout est mis en oeuvre pour séduire le public féminin
déjà pratiquant ou futur pratiquant, encourager les enfants
à vouloir s'inscrire au tennis : le document est facilement
compréhensible, très accessible, décoré, et
consultable de manière ludique.
· Les compétitions spécifiques au tennis
féminin
La Fédération Française de Tennis a mis
en place une compétition appelée « Les Raquettes FFT »
depuis 1996. Cette compétition ouverte aux joueuses débutantes
(NC, 40, 30/5) est organisée dans chaque centre de ligue par les
commissions spécialisées au tennis féminin. C'est sous
forme de matchs par équipes avec deux simples et un double au format
réduit (un seul set) que la compétition se déroule. La
Fédération Française de Tennis organise des
réunions ouvertes aux membres de commissions féminines de toutes
les ligues nationales pour informer ceux-ci de la manière dont doit
être organisée la compétition afin de la promouvoir. Ayant
pu assister à une réunion de ce type sur le site de Roland Garros
à la porte d'Auteuil, j'ai pu constater que les dirigeants de la
fédération souhaitaient, à travers les Raquettes FFT,
rendre accessible le plus possible un format de compétition aux joueuses
débutantes, et ce avec une dimension prépondérante qu'est
la convivialité. À l'issue de la compétition, des lots
sont remis aux gagnantes directement sur les centres de ligue, lots fournis par
la FFT.
Chapitre 2 - Quelles représentations des femmes
dans le tennis féminin français ?
Ce chapitre sera l'occasion de revenir sur les
représentations des femmes dans le tennis aux yeux de la
Fédération Française de Tennis. Les deux parties qui
suivent s'appuient largement sur le document mis en ligne par la FFT «
Enseigner le tennis aux filles ». Le contenu et la structure du document
m'ont paru bien en adéquation avec l'objet de mes recherches. Nous
aurons à faire à une partie relativement descriptive avec
toutefois des commentaires argumentés et analytiques personnels pour
étoffer le travail effectué par la fédération.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
34
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
I/ A travers les discours de la FFT
Le document42 que l'on va étudier dans ce
chapitre se découpe en cinq parties : « la personnalité
féminine », « les séances », « la
communication », « les filles et la compétition », «
paroles de championnes ». Ce sont les quatre premières parties qui
nous intéresserons. Cette première sous-partie sera
centrée sur le chapitre « la personnalité féminine
», nous reviendrons sur des principes psychologiques et scientifiques
prouvés concernant le comportement des filles/femmes, remis en contexte
avec le tennis.
Revenons sur l'aptitude émotionnelle des femmes, bien
plus importante que celle observée chez les hommes. En effet, les femmes
sont davantage sujettes au stress et à l'anxiété. Dans
l'esprit féminin, l'échec est bien souvent perçu comme une
dévalorisation personnelle. Ainsi, des manifestations telles que «
je suis nulle » apparaitront comme courantes. Aussi, le langage nonverbal
prendra une importance toute particulière, celui-ci étant tout
aussi efficace avec les femmes que le discours verbal traditionnel. Ainsi, les
enseignants devront faire preuve de tact lors d'explications diverses et
d'énumération de consignes, ne pas hésiter à
montrer un exemple avant un exercice, mimer, etc. Les filles ont
également tendance à intérioriser davantage que les
garçons les critiques personnelles à leur égard.
Parlons maintenant de la motivation à jouer des filles,
en effet celle-ci apparaît particulière dès lors que nous
savons aujourd'hui que les filles possèdent une motivation
intrinsèque davantage basée sur la maîtrise, que sur
l'aspect comparatif que l'on peut avoir avec l'adversaire. Les filles prennent
le plus souvent un grand plaisir à apprendre, à
s'améliorer sur le plan personnel. Contrairement aux garçons,
celles-ci ont besoin d'être en confiance et d'être motivées
pour produire/créer de l'action/être efficaces. (Les
garçons eux, obtiennent de la confiance et de la motivation par
l'action). Il est important pour elles de maîtriser la tâche
qu'elles sont en train d'accomplir, car 80% de leur confiance apparaît
par cela : le travail analytique, le fait de revenir sur des actions
passées, d'en parler pour comprendre.
La collaboration demeure un facteur essentiel dans la
personnalité féminine. Les filles ont besoin de «
travailler, jouer avec ». À faible niveau notamment, l'aspect
relationnel tient bien souvent une place prépondérante à
la pratique-même du sport. Le jeu en coopération est à
privilégié car davantage apprécié par le public
féminin. L'enseignant doit être capable de mettre en place une
relation de qualité avec sa/ses joueuse(s). En effet, les femmes/filles
ont besoin de l'approbation de l'enseignant pour être motivées et
entretenir leur envie de jouer et progresser. Sur les plus jeunes, l'enseignant
a une emprise très importante sur l'aspect émotionnel, ce qui
peut provoquer chez certaines un phénomène de
passivité.
42 Document « Enseigner aux filles »,
Fédération Française de Tennis associée avec GDF
Suez, 2012
35
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Les filles sont également « très sensibles
à l'expression corporelle, à la fluidité et à
l'harmonie du mouvement »43. En effet, celles-ci s'expriment
beaucoup avec leur corps et ressentent de bonnes sensations internes. Chez les
femmes des changements d'humeur et de comportement apparaissent avec les
fluctuations hormonales.
II/ A travers les pratiques autour de la
pédagogie
Il faut savoir que la fédération souhaite
à travers les mesures prises en faveur du tennis féminin, que les
enseignants en charge de ce public spécifique, mettent en application
les mesures pédagogiques de la fédération afin «
d'uniformiser » une politique sportive, que les clubs affiliés
soient en adéquation avec les ambitions fédérales. La FFT
insiste sur le fait que les enseignants travaillant avec les femmes et les
jeunes filles devront faire preuve d'enthousiasme et de motivation à
l'égard de leur tâche. Les recommandations édictées
dans le document sont à prendre selon la loi du 80%/20% pour les
enseignants dès lors que des cas particuliers allant à l'encontre
des « normes » peuvent apparaître concernant les
élèves féminines. Nous étudierons dans cette partie
les éléments pédagogiques liés aux séances
de tennis loisir et d'entrainement, mais également à la
communication que les enseignants devront adopter avec les
élèves.
A- A l'école de tennis
A l'école de tennis, la FFT préconise plusieurs
mesures à prendre pour les enseignants au niveau pédagogique. Il
est conseillé qu'un encadrement féminin soit mis en place dans la
mesure du possible pour entrainer les filles/femmes. Néanmoins, les
hommes (bien plus nombreux chez les enseignants tennis comme on a pu le voir
précédemment) peuvent très bien s'occuper du public
féminin s'ils font preuve de motivation et qu'ils sont formés aux
spécificités du public. Pour les directeurs sportifs des
associations, la consigne de la FFT est de « former autant que possible
des groupes de filles »44. Néanmoins, les groupes mixtes
peuvent être une bonne solution dès lors que ceux-ci sont
constitués de plusieurs filles en leur sein. Il est également
conseillé de conserver les mêmes groupes de filles d'une saison
tennistique sur l'autre.
43 Document « Enseigner aux filles »,
Fédération Française de Tennis associée avec GDF
Suez, 2012, p. 05
44 Ibid., p. 07
36
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
L'idéal de la fédération serait que les
clubs soient en mesure de réserver des plages horaires
spécifiques aux femmes, afin de leur permettre une meilleure
intégration dans leur association tennistique. La FFT insiste aussi sur
le « tennis évolutif »45, très efficace avec
le public féminin qui doit apprendre rapidement à « produire
du jeu » (c'est-à-dire être capable de faire des
échanges et de servir). Combiner le jeu (dimension ludique) et
l'apprentissage (dimension technico-tactique) demeure être un des
objectifs prioritaires en terme de pédagogie pour la FFT. Les
enseignants doivent au maximum permettre une continuité du jeu chez les
élèves, garçons et filles. Ceux-ci doivent « taper
» le plus de balles possibles afin de progresser, telle est la philosophie
du tennis français aujourd'hui. Au niveau de la communication entre les
enseignants et les élèves de l'école de tennis, la FFT
insiste sur les feedbacks positifs des enseignants, c'est à dire que
ceux-ci doivent impérativement revenir sur les points positifs
observés dans le jeu pour valoriser et mettre en confiance les joueuses.
Répartir équitablement les interventions entre les joueuses
demeure un facteur essentiel, l'enseignant se doit de porter de l'attention
à chacune au cours d'une séance.
B- A l'entraînement
En ce qui concerne les entraînements, une dissociation
claire est faite par la fédération. Le niveau de jeu étant
supérieur, les objectifs et attentes des joueurs et entraineurs varient.
Plusieurs notions clés sont dégagées dans le document de
la FFT. Ainsi, il est vivement conseillé aux enseignants de soigner la
mise en route et de diversifier leurs séances spécifiques au
tennis féminin. L'objectif de ces deux mesures résident dans le
fait que les joueuses ont un besoin d'intensité et de
variété dans leur pratique, pour encourager un certain
enthousiasme à venir jouer au tennis.
Les exercices mis en place devront prendre en compte la
motivation des joueuses basée sur la maitrise des coups et
l'amélioration technique (et physique) plutôt que sur
l'adversaire. Ainsi les situations de gammes seront privilégiées
avec le public féminin, des gammes comprenant un travail technique
précis et évolutif avec des objectifs clairs pour les joueuses.
Les « gammes ouvertes »46 ne devront pas permettre une
rupture trop rapide de l'échange.
45 La notion de « tennis
évolutif » fait référence aux outils
développés par la fédération à l'attention
des enseignants pour mettre en places des « éducatifs » au
sein des exercices d'entrainement, de garder des bases d'exercice pour les
différents coups du jeu (coup droit, revers, service, vollée) et
de les faire évoluer. Le tennis évolutif a pour finalité
de permettre davantage de flexibilité dans le jeu pour permettre
l'accès du tennis au plus grand nombre.
46 La notion de « gammes ouvertes
» fait référence à un jeu guidé au
départ qui abouti sur un jeu libre pour finir. Rupture de
l'échange.
37
Les situations de collaboration devront apparaitre
régulièrement également. Les consignes et les objectifs
d'une manière générale, devront être clairs et
précis pour les joueuses, un encadrement prononcé de celles-ci
est vivement conseillé de la part de la fédération.
L'apprentissage de l'ensemble des coups fondamentaux du tennis constitue un
objectif essentiel pour la FFT. Mettre en place des groupes mixtes pour les
entrainements paraît intéressant pour la fédération,
à condition que les niveaux soient homogènes. En terme de
communication entre l'enseignant et les élèves, la FFT insiste
sur le fait qu'une relation de qualité doit être mise en place par
l'entraineur. Le piège que souligne la FFT dans le document est de
tomber dans une relation de séduction ou de dépendance affective.
L'enseignant se doit de construire sa communication sur une relation
individualisée avec sa ou ses joueuse(s). L'enseignant devra
également chercher à développer la confiance et la
motivation de ses joueuses, les propositions évoquées sont le
soutien et une grande présence de l'entraineur (tant au niveau physique
que verbal), la valorisation des points forts en priorité, le
développement de l'autonomie et de la prise de décision pour les
joueuses. En effet, l'adhésion des joueuses aux objectifs de
l'entraineur doit être parfaite, et celui-ci doit y veiller en
priorité. Les mots employés par l'enseignant sur les notions
d'agressivité et de combativité doivent être clairs pour
les joueuses. Il est également conseillé par la FFT d'instaurer
pour les enseignants une relation saine avec les parents des joueuses pour
asseoir la confiance de celles-ci.
Conclusion du titre II
Plusieurs questions ont constitué notre Titre II :
Quels sont les objectifs de communication de la FFT ? Quels types de
communication fait-elle ? Quelles sont les cibles ? Quelles
représentations des femmes dans le tennis français ?
Dans un premier temps, nous avons vu que les objectifs de la
fédération sont multiples en ce qui concerne le tennis
féminin. En effet celui-ci doit se développer dans les clubs,
mais aussi s'améliorer sur le plan des performances sportives au plus
haut niveau. La FFT souhaite une considération toute particulière
pour les femmes dans le système fédéral français.
L'uniformisation d'une politique sportive semble importante pour la
fédération, avec l'idée que les clubs affiliés
soient en adéquations avec les ambitions fédérales.
Nous avons pu voir également que les comités et
les ligues sont des « antennes relais » de la FFT en termes de
communication auprès des clubs.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
38
Différentes actions sont mises en place pour favoriser
le développement du tennis féminin, notamment avec des
manifestations sportives, des partenariats, des colloques spécifiques,
l'élaboration de documents consultables en ligne sur le site internet
officiel de la FFT et en format papier dans les clubs, l'amélioration
des contenus de formation pour l'enseignement du tennis au public
féminin... Les cibles sont diverses, chaque document
édicté a des objectifs clairs. Ainsi nous pouvons voir
apparaître un document comme « enseigner le tennis aux filles »
destiné aux enseignants ou encore un « j'aime, j'aime pas »
à l'attention des joueuses et de leurs parents.
En ce qui concerne les représentations des femmes dans
le tennis français, nous avons dissocié le discours tenu par la
fédération et les mesures pédagogiques concrètes
proposées par celle-ci. Le discours se veut multiple et complet, ainsi
on y apprend que les filles sont particulièrement sujettes au stress et
à l'anxiété avec des aptitudes émotionnelles
importantes. Des caractéristiques spécifiques au public
féminin sont soulignées, comme la dévalorisation
personnelle, l'intériorisation des émotions et des ressentis, une
motivation intrinsèque basée sur la maitrise... La confiance des
joueuses constitue un facteur primordial dans la motivation et la progression
de celles-ci. Elles préfèrent le jeu en collaboration avec un/une
partenaire plutôt que l'adversité.
Pour finir, nous avons abordé les mesures
pédagogiques conseillées et voulues par la
Fédération Française de Tennis. Une dissociation claire en
faite entre l'école de tennis et les entrainements. Nous avons vu qu'un
encadrement féminin est conseillé, que les enseignants doivent
être formés et enthousiastes à l'idée de travailler
avec le public féminin. Des mesures comme former autant que possible des
groupes de filles, ne pas isoler une fille dans un groupe masculin, favoriser
le tennis évolutif, la continuité du jeu, apparaissent. Il est
conseillé aux enseignants de revenir sur les points positifs
observés au cours des séances, d'accorder une attention
individualisée et également répartie à chaque
élève. Pour les entrainements, les enseignants doivent
diversifier au maximum leurs séances, favoriser le plaisir du jeu et les
situations d'exercice privilégiant la technique. Les mots
employés par les enseignants doivent être clairs et
expliqués aux joueuses entrainées.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
39
Titre III) Méthodologie et analyse des
observations de terrain
Il s'agira dans ce titre de détailler les
démarches que j'ai eues concernant la méthodologie de mes
observations de terrain. Dans un premier chapitre, nous verrons les
difficultés rencontrées, les choix qui ont été
faits, validés ou non pour la suite finale du mémoire. Dans le
chapitre 2 nous analyserons les données observées pour
répondre à notre double problématique concernant les
attitudes des acteurs de terrain au tennis : « Existe-t-il des
différences de comportement chez les enseignants de tennis selon qu'ils
entrainent des hommes ou des femmes ? » et « Comment les joueuses
semblent-elle se comporter par rapport aux stéréotypes
sexués que l'on associe au féminin ? ». Nous essaierons
d'apporter une réponse claire à ces questions.
Chapitre 1 - La méthodologie de
l'observation
Nous nous sommes intéressés au comportement des
enseignants selon qu'ils enseignent aux hommes ou aux femmes. Le fait
d'observer les joueurs et les joueuses m'a permis d'établir des
différences, mais aussi des similitudes. Ce chapitre sera l'occasion de
revenir sur les différentes étapes auxquelles j'ai
procédé et les difficultés rencontrées pour mener
à bien mon travail de recherche, relatif au tennis féminin.
Ayant effectué un stage de huit semaines au sein du
service administratif de la Ligue de l'Essonne de Tennis, j'ai pu obtenir de
nombreux renseignements et accéder aux données de
l'administration fédérale de la FFT. J'ai rapidement
décidé de centrer mon enquête sur les joueuses et
entraineurs affectés aux clubs de l'Essonne. Il m'a semblé
pertinent d'établir des panels. Dans un premier temps j'ai
cherché à établir des catégories de clubs
référencés par leur nombre de licenciés. Ainsi,
cinq catégories sont sorties : les clubs ayant 100 licenciés et
moins, entre 101 et 200, entre 201 et 300, entre 301 et 450, et les clubs ayant
451 licenciés et plus. La deuxième étape fût
d'établir un panel d'enseignants. Je souhaitais contacter tous les
enseignants référencés, diplômés
fédéraux et/ou d'état, quelque soit leur niveau de
qualification. J'ai recensé l'ensemble des enseignants présents
sur les quinze clubs choisis précédemment. Ceux-ci ont
été triés selon leur club de rattachement, or dans le
milieu du tennis ceux-ci sont autorisés à enseigner dans
plusieurs clubs. 65 enseignants sont référencés sur les
quinze clubs sélectionnés, seuls 62 d'entre eux ont
renseigné leur adresse mail. La troisième et dernière
étape au niveau méthodologique était de constituer un
panel de joueuses. Celles-ci ont été sélectionnées
selon leur club de rattachement.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
40
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
J'ai affiné mon tri en ne sélectionnant que les
joueuses née en 1997 et avant pour la simple raison que les joueuses
plus jeunes n'étaient pas aptes à répondre comme je le
souhaitais à l'enquête. C'était donc 533 joueuses qui sont
sorties de mon tri.
Les lectures de documents relatifs aux enquêtes dans le
milieu sportif47 m'ont été d'une aide précieuse
pour mon travail, et notamment sur l'élaboration de grilles
d'observations. Ces grilles d'observation avaient pour objectif d'obtenir une
vision synthétique des données recueillies, pour ensuite pouvoir
rédiger un rapport clair et précis. Ces grilles d'observation ont
été construites selon des critères précis
prédéfinis avant l'enquête, aidant également
à l'élaboration de questionnaires que j'avais prévus.
Or, cette démarche entamée n'était pas
une solution viable pour répondre de manière précise
à notre problématique. Sur les conseils de ma directrice de
mémoire, j'ai décidé d'orienter mon travail
d'enquête sur des observations (à partir de critères
prédéfinis) d'enseignants en train d'exercer sur le terrain. Ce
choix a été motivé par plusieurs difficultés
rencontrées. En effet, apparaissait une incohérence entre ma
problématique et la méthode que j'avais mise en place. C'est
davantage en observant directement les entraineurs en train d'exercer que l'on
peut percevoir les changements de comportement. Alors que je m'étais
orienté sur leurs avis et leurs visions des choses. Par ailleurs, j'ai
évité de mettre au courant les enseignants observés pour
ne pas influencer indirectement leur manière de se comporter avec leurs
élèves. Mon étude s'est donc finalement pleinement
centrée sur ce que les enseignants font, plutôt que ce qu'ils
pensent. Il a fallu également que je me positionne de façon
neutre par rapport à mes observations. Ce qui fût une tâche
délicate dès lors que je suis moi-même enseignant de
tennis. J'ai essayé au maximum, de me détacher des ressentis que
je peux avoir afin de traiter de la manière la plus objective possible
mes observations.
Méthodologie :
Ayant des objectifs plus clairs concernant l'avancée de
mon enquête, je me suis concentré à mettre en place des
grilles d'observation. Ces grilles devaient être les plus précises
possible, et c'est pour cette raison que j'ai choisi de les constituer en trois
parties distinctes : La situation, la mise en scène, et les indicateurs
de comportement. Sur chacune des parties, plusieurs critères observables
apparaissent, avec à chaque fois une contextualisation de la situation
et de l'enseignant avec les élèves, observés.
47 CHIFFLET pierre et RUNDSTADLER Laurent, «
Le jeu de rôles des moniteurs dans les clubs de tennis », Staps
n°57, p. 7-20, 01/2002.
41
Vous trouverez en annexe le contenu détaillé de
la grille d'observation avec, pour chaque critère, une explication. Nous
avons convenu avec ma directrice de mémoire qu'une segmentation en
fonction des loisirs serait effectuée. Ce choix se justifie par les
différences observables entre les entrainements en ligue (joueurs et
joueuses de haut niveau, pôle espoir) et les entrainements de club
(joueurs compétiteurs et/ou loisirs). Il était essentiel de
trouver plusieurs enseignants observables avec les deux publics (féminin
et masculin) pour avoir un outil de comparaison viable. Nous verrons
précisément dans le chapitre 2 les corrélations qui
apparaissent entre les écrits de la fédération et la
réalité du terrain. Pour chaque observation effectuée, la
rédaction se verra structurée sur le public masculin dans un
premier temps, le public féminin dans un deuxième temps, et les
rapprochements qui apparaissent avec le discours et les attentes de la
Fédération Française de Tennis dans un troisième.
Néanmoins, il est important de prendre en compte le fait que les
analyses qui vont suivre ne peuvent être considérées comme
représentatives, car l'objet de notre questionnement s'inscrit davantage
dans une dimension qualitative que quantitative. Un approfondissement de la
question avec l'élaboration d'une enquête quantitative dans un
mémoire ultérieur en Master me permettrait d'aller au bout de mon
objet d'étude.
Pour des raisons d'égalité, j'ai effectué
plusieurs observations en centre de ligue et plusieurs également en
club, deux de celles-ci sont retranscrites dans le chapitre suivant,
basé sur les analyses. Certaines fois, les observations d'enseignants
sur le centre de ligue n'ont pu être exploitées car ceux-ci n'ont
pas pu être observés sur des séances avec les deux sexes.
L'objet de mon travail consistant en une comparaison des attitudes des
enseignants selon les sexes entrainés n'a donc pu être
résolu.
Avant de rédiger mes analyses, celles-ci ont
été retranscrites de manière brève dans des
tableaux récapitulatifs auparavant. Pour des raisons pratiques j'ai fais
le choix de procéder comme cela. Ces tableaux seront présents en
annexe pour une meilleure lecture du travail effectué.
Par ailleurs, un tableau synthétisant la pyramide des
classements de tennis français sera disponible en annexe pour mieux
situer les niveaux observés en centre de ligue.
L'ensemble des retranscriptions présentes en chapitres
2 ont été rédigées dans le respect de l'anonymat
des enseignants et élèves observés. Ainsi, des
détails caractéristiques seront donnés (fonction,
classement, expérience professionnelle) sans les noms et prénoms
des gens faisant partie de l'étude.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
42
Chapitre 2 - Les différences de comportement
chez les enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des
femmes.
Nous verrons dans ce chapitre les analyses des observations
effectuées sur le centre de Ligue de l'Essonne de Tennis (loisirs
sérieux) et celles effectuées en club (loisirs traditionnels).
Pour chaque observation, nous préciserons le profil de l'enseignant et
la mise en scène de la séance analysée. Des
parallèles seront établis entre le travail mené sur le
terrain par les enseignants et les discours de la Fédération
Française de Tennis. Chaque fois, les propos seront positionnés
en fonction de la problématique soulevée : Existe-t-il des
différences de comportement chez les enseignants de tennis selon qu'ils
entrainent des hommes ou des femmes ?
I/ Observations des « loisirs sérieux
»
Dans un premier temps, nous allons essayer de définir
ce que recouvre la notion de « loisirs sérieux ».
D'après STEBBINS, les gens s'engageant dans les loisirs sérieux
cherchent à être reconnus socialement.
Robert A. STEBBINS distingue plusieurs types d'individus : les
« amateurs » (activités de théâtre, d'art, de
musique, de danse, de sport et de science), les « hobbyistes »
(activités de collection, de décoration, de cuisine, de nature et
de fabrication de jeux) et les « bénévoles de
carrière » (activités de nécessité,
d'éducation, d'affaire civique, de développement spirituel, de
santé, d'art...). Néanmoins, le loisir sérieux ne doit pas
être perçu seulement comme une détente, un divertissement
ou une récupération. Cette notion est rattachée aux
valeurs d'investissement en termes de ressources humaines, de temps, et
d'apprentissage. Le loisir sérieux se distingue de la notion de «
loisir » au sens traditionnel par sa dimension importante. Le
ludique n'est plus l'objectif prépondérant, le loisir
sérieux se veut constructif et suit une logique d'apprentissage afin
d'atteindre un objectif prédéfini. Dans notre cas, la notion de
« loisir sérieux » apparaît comme justifiée
dès lors que nos observations se font dans le cadre d'entrainements sur
le centre de ligue de jeunes sportifs de haut-niveau ayant un projet
professionnel sportif à court ou moyen terme. Ainsi, nous retiendrons
que les jeunes joueurs et joueuses vus lors des observations de terrain, ne
jouent pas au tennis que dans une dimension ludique et de plaisir, mais suivent
un cheminement prédéfinis par eux-mêmes et les entraineurs
pour mener à bien leurs projets en tant que futurs joueurs
professionnels. Lors des observations effectuées plusieurs choses en
sont sorties concernant les critères établis.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
43
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Première observation :
Dans un premier temps, j'ai observé un enseignant
diplômé d'état deuxième degré, entraineur de
ligue ayant en charge plusieurs jeunes du pôle espoir de l'Essonne et
responsable de section au sein de la Ligue de l'Essonne de Tennis. Je l'ai
d'abord observé en train de travailler avec cinq garçons
âgés entre 14 et 16 ans, tous au niveau régional/national
(classés entre 4/6 et 2/648). La séance
observée a duré deux heures, faisant l'objet d'un entrainement
quotidien de ces jeunes sur le centre de ligue. Ce jour-là les objectifs
attendus par l'enseignant étaient essentiellement tactiques avec des
situations de jeu en gammes fermées dans un premier temps et des points
à thèmes dans un second. J'ai pu constater que l'enseignant
parlait fort et très régulièrement. Les consignes
étaient surtout transmises de manière générale avec
quelques fois des passages individuels avec chacun pour préciser les
attentes sur le plan technique (« transfert vers l'avant », «
relâche ton coude », « pose tes appuis »É). Les
termes spécifiques sont nombreux, à tel point qu'un individu
novice au tennis ne serait en position de comprendre la plupart des consignes.
Il apparaît assez nettement qu'une grande proximité régit
les rapports entre les élèves et l'enseignant, ceci dû
certainement au fait que les entrainements soient quotidiens avec l'entraineur.
J'ai pu remarquer que les joueurs étaient réceptifs de
l'enseignant sans pour autant poser des questionnements.
L'enseignant a son attitude propre à lui-même en
ce qui concerne sa gestuelle : sa raquette est plaquée contre le corps,
il tient continuellement trois ou quatre balles dans sa main, prêt
à en fournir au joueur le plus proche ayant besoin. Au niveau du
placement, l'enseignant se trouve le plus souvent relativement
éloigné des joueurs, en retrait par rapport au jeu. Le langage
verbal utilisé par l'enseignant se veut particulièrement
familier, il apparaît même régulièrement des
blagues.
Quelques jours plus tard, j'ai pris le temps d'observer ce
même enseignant lors d'un entraînement de deux filles
âgées de 15 et 19 ans, la plus jeune étant au niveau
national (-2/649), l'autre se rapprochant du circuit mondial junior
(ITF/WTA) classée -1550. Concernant la séance
observée, le thème était quasi scrupuleusement le
même que pour les garçons : un travail de gammes fermées et
des points à thèmes avec des objectifs essentiellement tactiques.
Néanmoins, l'attitude de l'enseignant varie sur plusieurs points.
Contrairement aux garçons, la voix est basse, les consignes sont
systématiquement individualisées directement. Les termes
utilisés sont là encore très spécifiques et
difficilement accessibles à un non-initié au tennis. Une grande
proximité régie les relations entre l'enseignant et les deux
élèves observés. L'enseignant
48 Les classements sont visibles en annexe dans un tableau
synthétique de la pyramide des classements de tennis français.
49 Ibidem
50 Ibidem
44
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
nomme les joueuses par des surnoms, sobres mais affectifs. A
l'inverse des garçons, les joueuses paraissent très demandeuses
et démontrent un besoin d'attention parfois décuplé. Une
impression générale nous mène à penser que les
joueuses sont davantage sujettes à des doutes durant la séance
(lors de plusieurs fautes consécutives, d'échecs concernant les
objectifs attendus, etc.). L'attention portée par l'enseignant aux
joueuses apparaît individualisée et également
répartie entre elles. Contrairement aux garçons, l'entraineur est
systématiquement placé près des joueuses, les consignes
sont données à voix basse comme si un cadre plus
personnalisé et intime était recherché par
l'enseignant.
Des parallèles peuvent être faits entre les
observations effectuées et le discours de la fédération.
En effet, l'attention particulière de l'enseignant envers ses joueuses
correspond aux attentes la FFT vues précédemment dans notre Titre
II. L'individualisation dans les relations observées correspond
également. L'entraineur est en effet toujours placé proche des
joueuses. Concernant le comportement de celles-ci, les observations vont dans
le sens de la FFT une fois encore, celles-ci ont en effet montré une
attitude où elles sont demandeuses et davantage sujettes au doute que
les garçons. L'enseignant essaye au maximum d'installer une
présence sur le terrain, tant verbale que non-verbale, une prestance.
Beaucoup d'éléments apparaissent comme évidents entre le
discours et la réalité du terrain, le fait que l'enseignant
observé soit particulièrement formé et
expérimenté à travers son parcours professionnel et le
poste qu'il occupe (entraineur de ligue) doit jouer en faveur de ce
raisonnement.
Deuxième observation :
L'analyse de l'observation qui va suivre est centrée
sur l'entraineur fédérale de la ligue, c'est-à-dire celui
qui avec le conseiller technique régional, coordonne l'équipe
enseignante du centre de ligue pour mener à bien les projets
professionnels des jeunes du pôle espoir essonnien. Celui-ci justifie
d'une grande expérience en tant qu'entraineur et est titulaire du
Diplôme d'Etat Supérieur d'entraineur tennis. La première
séance observée avec les garçons était en
réalité un entrainement individuel d'un jeune de 13 ans au niveau
national (classé 4/6) avec un sparring partner51
adulte homme. Le type d'exercice majeur observé était une
situation de jeu en gammes ouvertes. L'enseignant ne s'est placé que sur
la partie de terrain de son joueur, sur le côté. La voix
était forte, le ton dynamique. Néanmoins il apparaissait comme
évident que l'entraineur interférait de manière
pondérée sur le jeu pour laisser place à une
continuité et à une gestion autonome du joueur.
51 La notion de « sparring-partner »
fait référence à un partenaire d'entraînement
présent pour favoriser la préparation d'un sportif
entraîné. En général, celui-ci n'est pas
conseillé par l'entraineur, il n'est présent que pour relayer le
jeu et permettre la constitution de situations d'exercice précises.
45
Les interventions verbales peu présentes laissaient
davantage place à une grande présence physique de l'entraineur,
très proche du jeu et de son joueur, très observateur et donc
influent. Les interventions sont centrées sur des correctifs techniques,
les mots employés sont très spécifiques et familiers.
L'entraineur nomme son joueur par un surnom. Il circule beaucoup dans un
périmètre restreint, ce qu'on pourrait interpréter comme
une grande présence pour son joueur. Sur toutes les phases de repos, des
feedbacks sont faits pour comprendre et analyser le ressenti du joueur.
Par la suite, j'ai eu l'occasion d'observer ce même
enseignant sur l'entrainement de deux joueuses du centre de ligue, la
première ayant 15 ans classée -2/6, l'autre étant -15 et
ayant 19 ans (niveau national). Il apparaît comme évident de
fortes différences de comportement chez l'enseignant une fois encore. En
effet celui-ci s'adresse aux joueuses avec un ton plus doux, moins familier,
mais tout de même dynamique. La relation enseignant/élèves
paraît moins évidente et familière qu'avec les
garçons. Les interventions verbales sont significativement plus
présentes. La présence de l'enseignant sur le terrain est
très marquée, il circule beaucoup. On entend moins de blagues,
davantage de termes techniques, les propos sont moins évasifs, davantage
centrés sur le jeu et la dimension technico-tactique. Les consignes sont
systématiquement individualisées en fonction des objectifs de
chacune. Les attentes de l'entraineur varient selon les joueuses. Le regard est
porté sur les aspects techniques des joueuses et leur placement sur le
terrain.
Là encore des liens apparaissent entre le discours de
la FFT et les observations faîtes sur le terrain. L'enseignant s'inscrit
dans les attentes de la fédération en individualisant ses
consignes et en accordant une répartition égale de son attention
auprès de ses joueuses. La présence tant au niveau verbal que
physique de l'enseignant est importante. Néanmoins, on
décèle une proximité moindre entre l'enseignant et les
joueuses comparativement aux garçons entrainés. Le ton et le
langage choisi par l'entraineur sont moins familiers, les mots employés
sont tempérés.
Peut-être pourrait-on interpréter cela par une
« barrière » ou distance dans les relations entre l'enseignant
et les élèves filles ? On distingue tout de même une nette
différence d'attitude chez l'enseignant en fonction des sexes
entrainés dans le contexte sportif particulier du centre de ligue.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
46
II/ Observations des loisirs traditionnels
Cette partie est consacrée à l'analyse
descriptive des observations effectuées en club. Pour des raisons
évidentes, l'identité des enseignants et des élèves
observés et décrits ci-après ne sera pas
dévoilée, ainsi que les clubs dans lesquels se sont
déroulées les observations... Comme pour la première
partie, nous verrons pour chaque observation, les points importants
dégagés dans l'entrainement d'hommes, puis de femmes, et enfin
nous essayerons d'établir des liaisons et/ou contre-liaisons qui peuvent
apparaître avec le discours de la Fédération
Française de Tennis. Pour des raisons de temps, seules deux observations
de club ont pu être retranscrites.
Quatrième observation :
L'observation ici était celle d'un jeune enseignant,
tout juste diplômé d'état, âgé de 20 ans.
Celui-ci enseigne dans une moyenne structure, club comprenant environ 350
adhérents. J'ai dans un premier temps, observé une séance
d'entrainement de quatre hommes âgés de 30 ans environ, dans le
cadre d'un cours collectif adulte hebdomadaire d'une heure. Les joueurs sont au
niveau perfectionnement, ils sont non-compétiteurs. Ce jour-là,
les objectifs étaient essentiellement tactiques. L'enseignant a un
volume de voix normal, assez dynamique. Les consignes sont données entre
les phases de jeu et de manière collective, jamais pendant. J'ai
constaté beaucoup de feedbacks positifs et d'encouragements pendant les
phases de jeu (« c'est bien ça », « parfait »,
« bien joué, continues »...). Les exercices observés
étaient basés sur des phases « au panier » en
début de séance, puis surtout des points. L'enseignant favorise
la continuité du jeu plutôt que les aspects techniques, on
pourrait interpréter cela comme une adaptation au public « loisir
» observé. Les élèves participent activement et
engagent même parfois des conversations extérieures au tennis.
L'enseignant garde une certaine distance relationnelle avec les
élèves. Celui-ci est majoritairement placé derrière
les joueurs, assez éloigné d'eux. Le regard est porté sur
le jeu, la distance prise avec les joueurs pourrait être
interprétée comme si l'enseignant souhaitait avoir une vision
plus globale du jeu et du terrain. Je constate peu d'individualisation dans les
consignes, davantage pour les encouragements.
J'ai par la suite, observé ce même enseignant sur
un groupe de six femmes âgées entre 30 et 45 ans, jouant à
un niveau perfectionnement, début de compétition. Celles-ci
étant joueuses d'équipe pour le club, l'entrainement
observé avait pour objectif la préparation de matchs. Comme pour
les hommes, le volume de voix est normal, mais cette fois-ci un peu plus
dynamique. Les consignes sont davantage individualisées. Celles-ci
apparaissent, même pendant les phases de jeu, et marquent un suivi des
joueuses permanent de l'enseignant. J'ai constaté beaucoup
d'encouragements également. Là encore, l'enseignant souhaite une
continuité du jeu, que les joueuses puissent frapper le plus de balles
possibles. La participation
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
47
des femmes est moins active que les hommes, on
décèle plus de conseils de l'enseignant par rapport aux joueurs
observés auparavant. De manière générale,
l'encadrement est plus marqué, notamment sur le plan technique.
L'enseignant est placé derrière les joueuses, relativement proche
pour avoir l'occasion de corriger si besoin.
Plusieurs points importants sont à relever concernant
les parallèles louables avec la FFT. En effet, l'encadrement des femmes
est plus marqué, plus dynamique que celui des hommes. L'enseignant
conseille davantage les joueuses, individualise plus. Le comportement des
femmes correspond au discours tenu par la fédération, en ce sens
qu'elles sont plus « effacées », davantage sujettes à
l'anxiété et au doute, davantage en besoin d'encouragements que
les hommes. Néanmoins, subsistent beaucoup de similitudes, à tel
point qu'une observation sans grille de critères et sans un oeil averti,
pourrait ne rien donner à dire concernant les différences qui
apparaissent. Les différences observables apparaissent bien plus nettes
dans les séances d'entrainement de la Ligue de l'Essonne de Tennis.
Cinquième observation :
L'entraineur observé ici est un homme de 50 ans,
directeur sportif et technique d'un club comprenant environ 350
adhérents, donc moyenne structure. L'enseignant dispose d'une grande
expérience, puisque il a été directeur technique d'un
autre club auparavant. Il est titulaire du Diplôme d'Etat
Supérieur, équivalent au BE2. Dans un premier temps,
l'entrainement d'un cours collectif adultes hommes a été
observé, cinq élèves étaient présents, tous
âgés d'environ 40 ans et pratiquant le tennis à un niveau
perfectionnement, non compétiteurs. La séance observée est
hebdomadaire, une heure par semaine. L'enseignant a un volume de voix normal,
très dynamique. Il apparaît un flow continu de paroles.
L'enseignant fait beaucoup de blagues mais reste très exigent sur les
consignes techniques. Il exige une écoute quasi permanente. Les
exercices sont d'une difficulté particulièrement
élevée proportionnellement au niveau des joueurs. Les termes
employés sont généraux, bien que spécifiques
parfois sur quelques situations d'exercice. Les élèves sont
très actifs, discutent beaucoup entre eux et avec l'enseignant. Celui-ci
est systématiquement placé sur le côté du terrain,
toujours très proche des joueurs avec des interventions très
fréquentes voire continues. Le regard est porté sur le jeu, le
saut de balles est toujours à proximité comme pour montrer une
disponibilité et une implication permanente aux élèves.
Ce même enseignant a été observé
sur un groupe de trois dames âgées de 20, 30, et 50 ans, toutes
pratiquantes au niveau initiation, débutantes. L'entrainement est
hebdomadaire, une heure par semaine. Cette fois-ci l'enseignant parle fort,
toujours aussi dynamique. Le langage verbal employé est familier.
Beaucoup d'informations et de consignes sont données en dehors et
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
48
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
pendant le jeu. L'enseignant fait des blagues, on pourrait
même y déceler une dimension « d'animation » avec un
discours parfois extérieur au tennis. Les termes employés par
l'enseignant sont très généraux, très
imagés, afin de permettre la compréhension des consignes
techniques par toutes.
Les consignes sont générales, une
individualisation apparaît durant le jeu, celle-ci n'étant pas
répartie également entre les joueuses. Les situations d'exercice
sont dîtes « au panier »52, les joueuses passent
chacune leur tour. Quelque soit la situation d'exercice, l'enseignant engage
toujours le jeu. Celui-ci questionne beaucoup les joueuses, il est d'une grande
exigence. Contrairement aux hommes, les élèves sont très
« effacées » et participent peu sur le plan verbal. On
pourrait penser à un certain manque de confiance en elles. Celles-ci
acquiescent la plupart des consignes, elles expriment un besoin de jeu.
L'enseignant utilise fréquemment des exercices correctifs, relatifs
à la notion de « tennis évolutif » mise en place par la
Fédération Française de Tennis. Comme pour les joueurs,
l'enseignant est toujours placé sur le côté du terrain,
proche des joueurs. Il est très présent aussi bien physiquement
que verbalement. Comme pour les hommes, l'enseignant a toujours le saut de
balles à proximité, prêt à engager. Les
élèves ne sont jamais en autonomie.
Si d'une manière globale, peu de différences
d'attitude chez l'enseignant sont visibles de l'entrainement des hommes
à celui des femmes, quelques points spécifiques font l'objet
d'une différenciation. En effet, avec les femmes l'enseignant utilise
davantage des exercices correctifs relatifs au tennis évolutif,
fortement conseillé par la FFT. Une individualisation des consignes
techniques pendant le jeu est visible, mais peu ou pas répartie de
manière égale sur chacune d'entres elles. On décèle
dans les observations, une dimension « d'animation » plus importante
chez les femmes avec un souhait de l'enseignant d'amener un côté
ludique dans la séance. Les termes employés par l'enseignant avec
les femmes sont plus généraux, compréhensibles par tous,
même les plus novices. J'ai pu constater que les femmes sont moins
participatives que les hommes, plus sujettes à un manque de confiance en
elles. Il me semble tout de même important de souligner que peu de
différences apparaissent dans le comportement général de
l'enseignant, quelque soit le sexe des élèves, celui-ci se place
et déplace de la même manière, toujours sur le
côté du terrain, proche des joueurs avec le saut de balles
à proximité. Le fait que l'enseignant ait une cinquantaine
d'années, avec une expérience solide, suggère une
méthode de travail et un code de conduite déjà bien acquis
et difficilement transposable et/ou modifiable.
52 La notion d'exercices « au panier
» signifie que l'enseignant engage la balle pour débuter
le jeu et les élèves passent chacun leur tour pour une
individualisation des consignes techniques.
49
Conclusion du Titre III
Nous pouvons constater que dans le cadre de loisirs
sérieux, les enseignants bien souvent davantage diplômés
que la plupart présents dans les clubs, mettent un point d'honneur
à appliquer la majeure partie des prérogatives de la
Fédération Française de Tennis en termes de mesures
pédagogiques. Néanmoins, des différences assez nettes
apparaissent entre eux dans leur manière de se comporter, notamment au
niveau de la gestuelle, particulièrement propre à chacun. Il
semble nécessaire de souligner que les enseignants observés sur
le centre de la ligue de l'Essonne ont tous une expérience vaste du
métier et un parcours qui leur est propre, ce qui engendre une
manière d'enseigner et de transmettre significativement personnelle. Les
différences énumérées et voulues par la FFT dans
l'enseignement aux filles se retrouvent assez nettement dans les observations.
Les notions d'individualisation dans les consignes et de relationnel affectif
enseignant/élèves, se retrouvent quasi- systématiquement.
Ce phénomène apparaît bien moins évident dans les
loisirs traditionnels lors des observations effectuées dans les clubs.
Le public auquel est enseigné le tennis n'est pas dans les mêmes
attentes et la dimension de loisir influence majoritairement la conduite des
séances. Les enseignant s'inscrivent dans une adaptation au niveau et
aux attentes des joueurs et joueuses. Les deux observations menées en
club ont vu s'opposés deux profils d'entraineurs radicalement
différents : l'un étant jeune diplômé, l'autre ayant
une grande expérience du terrain et occupant un poste de directeur
sportif. Des différences apparaissent dans l'attitude des enseignants
selon les sexes, notamment dans la dimension relationnelle. Les consignes sont
davantage individualisées, bien que ça soit moins marquant que
lors des observations de loisirs sérieux. C'est surtout la
présence générale de l'enseignant qui demeure bien plus
significative avec les femmes qu'avec les hommes. Selon les profils et les
expériences de chacun, des enseignants se verront très
expressifs, proches des joueurs et joueuses, très impliqués
même dans le jeu ; d'autres seront plus en retrait, appliqués
à conseiller quand ils le jugent bon, favorisent une autonomie des
élèves dans le jeu...
Le discours de la Fédération Française de
Tennis paraît très appliqué en « milieu officiel
» sur des joueurs et joueuses de haut niveau comme sur le centre de Ligue
de l'Essonne. La corrélation est moins évidente dans le milieu
associatif « loisir traditionnel » des clubs, même si des
différences sont observables selon les sexes. Une impression
générale pourrait amener à penser que les enseignants en
loisirs sérieux sont totalement impliqués dans l'adaptation aux
joueurs et joueuses au niveau affectif, relationnel, et tennistique
(technico-tactique) ; alors que les enseignants qui travaillent en club
cherchent davantage à s'adapter au niveau de jeu et attentes des joueurs
et joueuses, avec une dimension ludique tenant une place
prépondérante.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
50
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Table des matières
Introduction
|
3
|
|
Titre I) Contextualisation
|
6
|
|
Chapitre 1 Ð Le rôle de la pratique
féminine du sport dans les modifications de
représentation
des femmes depuis les années 1970
|
|
6
|
I/ Les évolutions concernant les pratiques sportives
|
6
|
|
A- Sur le plan quantitatif
|
6
|
|
B- Sur le plan qualitatif
|
9
|
|
|
II/ Les facteurs d'évolution des pratiques sportives
|
14
|
|
III/ Le genre : une explication des différences
sexuées
|
15
|
|
A- Le genre, les rapports sociaux de sexe
|
15
|
|
B- Traitements pédagogiques, facteur
d'inégalité
|
19
|
|
C- Représentations des genres, facteur
d'inégalité
|
21
|
|
|
Chapitre 2 Ð La place des femmes dans le
système fédéral du tennis français
|
|
22
|
I/ Les évolutions de la pratique féminine du tennis
|
22
|
|
A- Sur le plan quantitatif
|
22
|
|
B- Sur le plan qualitatif
|
23
|
|
|
II/ La place actuelle des femmes dans le tennis
|
25
|
|
A- En tant que pratiquantes
|
25
|
|
B- En tant qu'actrices dans les organisations
|
27
|
|
|
Conclusion du titre I
|
|
29
|
Titre II) Discours et représentations de la
Fédération Française de Tennis
|
30
|
|
Chapitre 1 Ð Comment la FFT communique-t-elle
à propos des pratiquantes féminines ?
|
|
30
|
Chapitre 2 Ð Quelles représentations des
femmes dans le tennis féminin français ?
|
|
34
|
I/ A travers les discours de la FFT
|
35
|
|
II/ A travers les pratiques autour de la pédagogie
|
36
|
|
A- A l'école de tennis
|
36
|
|
B- A l'entraînement
|
37
|
|
|
Conclusion du titre II
|
|
38
|
Titre III) Méthodologie et analyse des
observations de terrain
|
40
|
|
Chapitre 1 - La méthodologie de l'observation
|
|
40
|
Chapitre 2 Ð Les différences de comportement
chez les enseignants de tennis selon qu'ils entrainent des hommes ou des
femmes.
|
|
43
|
I/ Observations des « loisirs sérieux »
|
43
|
|
II/ Observations des loisirs traditionnels
|
47
|
|
Conclusion du Titre III
|
50
|
|
51
Bibliographie
Ouvrages et articles consultés :
CACOUAULT-BITAUD Marlaine et LEE DOWNS Laura, « La
mixité en question », Travail, genre et sociétés
n°11, p. 163-164, 01/2004.
CHIFFLET pierre et RUNDSTADLER Laurent, « Le jeu de
rôles des moniteurs dans les clubs de tennis », Staps n°57, p.
7-20, 01/2002.
COMBAZ Gilles et HOIBIAN Olivier, « Contenus
d'enseignement et inégalités sexuées. Le cas des
activités physiques de pleine nature en éducation physique et
sportive », Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ere nouvelle
Vol.43, p. 13-35, 03/2010.
DAUNE-RICHARD Anne-Marie et DEVREUX Anne-Marie, «
Rapports sociaux de sexe et conceptualisation sociologique », Recherches
féministes Vol.5 n°2, p. 7-30, 1992.
DURU-BELLAT Marie, « Ce que la mixité fait aux
élèves », Revue de l'OFCE n°114, p. 197212, 03/2010.
FEDERATION FRANCAISE DE TENNIS, Document « Le tennis
féminin », 2012.
FRAISSE Geneviève, « Que penser d'une
évidence ? », Travail, genre et sociétés n°11,
p. 195197, 01/2004.
HEAS Stephane, BODIN Dominique, ROBENE Luc, MEUNIER Dominique
et BLUMRODT Jens, « Sports et publicités imprimées dans les
magazines en France : une communication masculine dominante et
stéréotypée ? », Etudes de communication n°29,
p. 02-17, 2006.
LOUVEAU Catherine, « Inégalité sur la ligne
de départ : femmes, origines sociales et conquête du sport »,
CLIO. Histoire, femmes et sociétés, n°23, p. 02-15, 2006.
MARRY Catherine, « Les paradoxes de la mixité
filles-garçons à l'école. Perspectives internationales
», Rapport établi pour le Piref, p. 01-05, 01/2004.
MARRY Catherine, « Mixité scolaire : abondance des
débats, pénurie des recherches », Travail, genre et
sociétés n°11, p. 189-194, 01/2004.
MARTINOIA Rozenn, « « Ce qu'il y a d'agréable
avec les femmes »... Les stéréotypes sexués, un
refuge confortable pour les guides de montagne ? », Article, p.
131-145.
MERON Monique, OKBA Mahrez, VINEY Xavier « Les femmes et
les métiers : vingt ans d'évolutions contrastées »,
Données sociales - La société française, p.
228-229, 2006.
OTTOGALLI-MAZZACAVALLO Cécile, « Femmes et
alpinisme au Club Alpin Français à l'aube du XXème
siècle : une rencontre atypique ? », Rapport de recherche dans
Staps n°66, p. 25-41, 2004.
PETER Jean-Michel, « Tennis, « Leisure class »
et nouvelles représentations du corps à la Belle Epoque »,
Staps n°87, p. 45-56, 01/2010.
ROSOL Nathalie, « « Le sport vers le
féminisme ». L'engagement du milieu athlétique
féminin français au temps de la FSFSF (1917-1936) », Staps
n°66, p. 63-77, 04/2004.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
52
SAOUTER Anne, « Pratiques sportives et
représentations du corps : consécration de l'éternel
masculin », Emplan n°79, p. 105-110, 03/2010.
TERRET Thierry, « Le genre dans l'histoire du sport »,
CLIO, Histoire, femmes et sociétés, n°23, p. 02-18, 2006.
TRAVERT Maxime et SOTO Hélène, « Une passion
féminine pour une pratique masculine : le football »,
Sociétés n°103, p. 85-95, 01/2009.
Sources internet :
www.admin.appli-fft.fr,
ADMINISTRATION FEDERALE FEDERATION FRANCAISE DE TENNIS, 03/2013.
www.fft.fr, FEDERATION FRANCAISE DE
TENNIS, Statistiques à l'issue de l'année sportive 2012,
Direction Administrative et Financière, Département Organisation
et Système d'Information, 01/2013.
www.sports.gouv.fr, MINISTERE
DES SPORTS, DE LA JEUNESSE, DE L'EDUCATION POPULAIRE ET DE LA VIE ASSOCIATIVE,
Article « Femmes et sport », 12/2012.
www.trans-faire.fr, CABINET DE
CONSEIL ET CENTRE DE FORMATION EN ALTERNANCE, DU SPORT ET DE L'ANIMATION,
01/2013.
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
53
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Annexes
Séries de classement
|
Classements
|
Equivalence de niveau (en adulte)
|
1ère série
|
De PROMO à numérotés
|
Niveau professionnel, circuit mondial
|
2nde série négative
|
-30 -15 -4/6 -2/6
|
Haut niveau national
|
2nde série positive
|
0 1/6 2/6 3/6 4/6 5/6 15
|
Niveau régional/national
|
3ème série
|
15/1 15/2 15/3 15/4 15/5 30
|
Niveau départemental
|
4ème série
|
30/1 30/2 30/3 30/4 30/5 40
|
Niveau perfectionnement/début compétition
|
Non compétiteur
|
NC (non classé)
|
Niveau débutant
|
54
Annexe 1 : Pyramide des classements de tennis
français avec équivalences de niveau.
OBSERVATIONS DES LOISIRS SERIEUX
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
|
Situation
|
Mise en scène
|
Indicateurs de comportement
|
Rapports avec FFT
|
Observation 1
|
BE - Entraineur de ligue - 17 ans 3/6 - entrainement individuel
quotidien pôle espoir
|
2 garçons, 1h30, travail au panier avec consignes
techniques
|
Parle fort, langage détendu/familier. Beaucoup de blagues.
Grande proximité enseignant/élèves. Enseignant compte les
frappes, rythme verbal. Mimes et voix en même temps, gestes à
blanc. Elèves acquiescent les consignes, peu actifs dans leur
réponse. Enseignant placé en dehors des limites du terrain.
Regard porté sur le joueur et la balle en permanence. Consignes
supplémentaires entre les phases de jeu. Enseignant ramasse les balles
pendant la récupération des joueurs.
|
NON EXPLOITABLE
|
Observation 2
|
DES - Entraineur privé joueuse (2/6) de 16 ans.
Entrainement privé sur le centre de ligue. Entrainement individuel avec
sparring-partner
|
2 filles, 1h30, travail en gamme avec évolution des
objectifs techniques
|
Parle fort et beaucoup. Ton détendu. Rythme verbal, compte
les frappes de sa joueuse. Flow d'explication continu pendant le jeu.
Correctifs techniques directement pendant le jeu. La joueuse ne dit pas un mot,
pas ou peu d'expression sur le visage. Pas de surnom donné par
l'enseignant. Enseignant placé sur le côté, parfois dans
les limites du terrain, jamais derrière la joueuse. Placement au plus
près de la joueuse (-3 mètres). Beaucoup de mimes et gestes
à blanc, raquette tenue contre le corps bras croisés. Regard
porté quasi exclusivement sur sa joueuse, pas ou peu sur la balle.
Arrêts fréquents du jeu pour faire des correctifs techniques en
mimant, interventions très fréquentes voire continues.
|
NON EXPLOITABLE
|
Observation 3
|
DES - Entraineur de ligue - 2 filles (-2/6 et -15) de 15 et 19
ans. Entrainement quotidien sur le centre de ligue.
|
2 filles, 2h, travail en gamme et points à thème.
Objectifs tactiques.
|
Voix basse, consignes individualisées. Termes
spécifiques très présents, très adaptés aux
joueuses. Surnoms donnés entre les élèves et l'enseignant.
Les joueuses questionnent beaucoup, demande d'attention. Attention du prof
également répartie. Enseignant circule tout le temps sur le
terrain, placé toujours au plus près des joueuses. Regard
porté sur le jeu en général.
|
Individualisation, répartition égale. Grande
présence de l'enseignant. Joueuses sujettes au stress et à
l'anxiété, davantage dans le besoin d'attention et de soutien.
|
Observation 3 Bis
|
DES - Entraineur de ligue - 5 garçons (16 ans (entre 4/6
et 3/6)). Entrainement quotidien sur le centre de ligue
|
5 garçons, 2h, travail de gamme et points à
thème. Objectifs tactiques.
|
Parle fort, consignes générales avec quelques
passages avec chacun. Termes spécifiques nombreux. Grande
proximité enseignant/élèves. Pas ou peu de questionnement
de la part des élèves. Autonomie dans la mise en route des
exercices. Prof circule sur le terrain, plus éloigné sur le
terrain que pour les joueuses. Langage plus familier avec les garçons.
Regard porté sur le jeu.
|
-
|
Observation 4
|
DES - Entraineur fédéral - 2 garçons (1
adulte sparring, 1 13 ans 4/6). Entrainement individuel sur le centre de
ligue
|
2 garçons, 2h, travail de gammes ouvertes. Objectifs
tactiques
|
Voix forte, ton dynamique. Peu d'interventions verbales mais
grande présence physique. Volonté d'autonomiser
l'élève. Placé toujours du côté de son
joueur, au plus près. Quelques correctifs techniques. Mots
employés très spécifiques. Surnom donné au joueur.
Enseignant circule beaucoup dans un périmètre restreint, pour
montrer sa présence au joueur. Explications et questionnement de
l'entraineur sur le ressenti du joueur.
|
-
|
Observation 4 Bis
|
DES - Entraineur fédéral - 2 filles (19 ans et 15
ans) -2/6 et -15. Entrainement collectif quotidien sur le centre de ligue.
|
2 filles, 2h, match d'entrainement. Objectifs tactiques en vue de
préparation de compétition
|
Voix plus douce, ton dynamique. Beaucoup d'interventions, grande
présence aussi bien verbale que physique. Enseignant circule beaucoup.
Enseignant paraît plus distant avec les filles qu'avec les
garçons, moins de blague, ton moins familier. Interventions
également réparties entre les deux joueuses. Explications des
consignes individualisées en fonction des objectifs de chacune. Regard
porté sur les aspects techniques des joueuses, leur placement sur le
terrain.
|
Individualisation, répartition égale. Grande
présence de l'enseignant. Moins de proximité avec les joueuses,
mots employés tempérés. Barrière
enseignant/élèves dû au sexe.
|
55
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Situation
|
Mise en scène
|
Indicateurs de comportement
|
Rapports avec FFT
|
OBSERVATIONS DES LOISIRS TRADITIONNELS
|
Observation 6
|
DE - jeune enseignant de club - 4 hommes (environ 30 ans);
entrainement collectif adultes hommes - niveau perfectionnement non
compétiteurs.
|
4 hommes, 1h hebdomadaire. Objectifs tactiques
|
Le volume de la voix est normal, assez dynamique. Les consignes
sont données entre les phases de jeu, jamais pendant. Beaucoup
d'encouragement et de feedbacks positifs pendant les phases de jeu ("c'est bien
ça", "parfait", "bien joué"...). Exercices basés
essentiellement sur des phases "au panier" en début de séance,
puis des points majoritairement. L'enseignant favorise la continuité du
jeu plutôt que les aspects techniques. Participation active des
élèves qui engagent souvent des conversations, même
extérieures au tennis. Certaine distance relationnelle gardée par
l'enseignant. L'enseignant est majoritairement placé derrière les
joueurs, relativement éloigné comme pour avoir une vision globale
du jeu. Peu d'individualisation concernant les consignes, davantage pour les
encouragements.
|
-
|
Observation 6 Bis
|
DE - jeune enseignant de club - 6 femmes (entre 30 et 45 ans),
entrainement collectif adultes femmes - niveau perfectionnement début
compétition.
|
6 femmes, 1h hebdomadaire. Objectifs tactiques
|
Le volume de voix est normal mais très dynamique, plus que
pour les hommes. Il apparaît beaucoup de consignes individualisées
supplémentaires pendant les phases de jeu, beaucoup d'encouragements.
Séance observée essentiellement basée sur des points pour
préparer les joueuses aux matchs par équipes. Continuité
du jeu favorisée. Participation moins active des femmes par rapport aux
hommes. L'enseignant les conseille un peu plus, l'encadrement est plus
marqué sur le plan technique. Distance relationnelle gardée par
l'enseignant. Placé derrière les joueuses
systématiquement, assez proche.
|
Encadrement de l'enseignant plus dynamique, plus marqué.
Participation moins active des femmes, plus en retrait que les hommes. Plus
d'individualisation.
|
Observation 7
|
DES - Directeur technique et sportif de club - 5 hommes (environ
40 ans), entrainement collectif adultes hommes - niveau perfectionnement non
compétiteurs.
|
5 hommes, 1h hebdomadaire. Objectifs tactiques et techniques
|
Volume de voix normal, très dynamique. Flow continu de
paroles. Beaucoup de blagues, mais très exigeants sur les consignes
techniques. Les exercices ont une difficulté élevée
proportionnellement aux élèves. L'enseignant exige une
écoute quasi permanente. Termes employés assez
généraux avec quelques spécificités parfois. La
proximité enseignant/élèves est calculée et
contrôlée. Interventions très fréquentes, si ce
n'est continues. Elèves très actifs, discutent beaucoup entre eux
et avec l'enseignant. L'enseignant est placé sur le côté
systématiquement, très proche des joueurs. Le regard est
porté sur le jeu, il a toujours le saut de balles à
proximité, des balles dans la main, disponible continuellement pour les
joueurs.
|
-
|
Observation 7 Bis
|
DES - Directeur technique et sportif de club - 3 femmes de 20,
30, et 50 ans. Niveau initiation, débutantes.
|
3 femmes, 1h hebdomadaire. Objectifs techniques et tactiques
|
Parle fort, très dynamique. Le langage est familier.
Beaucoup d'informations et de consignes, hors et pendant le jeu. Beaucoup de
blagues => dimension d'animation, discours extérieur au tennis
parfois. Les termes employés sont très généraux,
très imagés. Les consignes sont générales, il
apparaît une individualisation pendant le jeu. Travail au panier, les
joueuses jouent chacune leur tour, l'enseignant engage la balle
systématiquement. Celui-ci questionne souvent les joueuses, exigence
importante dans le ton. Les élèves sont assez "effacées",
peu de confiance en elles. Acquiesce beaucoup, elles expriment un besoin de
jeu. Utilisation fréquente de correctifs, tennis évolutif.
L'enseignant est placé proche des joueuses, très présent
aussi bien verbalement que physiquement. Toujours placé sur le
côté du terrain, jamais derrière. Le regard est
porté sur le jeu plus que les joueuses. Saut de balles toujours à
proximité de l'enseignant, enseignant disponible en permanence pour les
joueuses, celles-ci sont rarement en autonomie.
|
Utilisation fréquente de correctifs => "tennis
évolutif". Individualisation avec chacune pendant le jeu, pas
forcément répartie. Dimension d'animation plus importante qu'avec
les hommes. Termes plus généraux, moins spécifiques pour
désigner la technique. Elèves davantage effacées, moins
participantes que les hommes. Comportement général de
l'enseignant varie peu d'un sexe à l'autre, mêmes codes de
conduite.
|
56
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
-
Mise en scène
Entraînement
|
Effectif en nombre
|
Effectif total du groupe observé
|
Effectif des sexes en nombre
|
Nombre de filles et de garçons dans le groupe
observé
|
Durée de l'entraînemen t
|
|
Types
d'exercices
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Précision sur la nature des exercices, les objectifs (ex :
physique, travail au panier, jeu en groupe, points...)
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Matériel particulier utilisé
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Précision sur l'utilisation du matériel par les
enseignants (en quantité, et en détails : plots, lattes,
élastiques...)
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Situation
Lieu
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Club
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Précision du club dans lequel l'enseignant et les joueurs
sont observés
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Ligue de l'Essonne
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Lorsque l'observation de l'enseignant et des joueurs est faite
sur les terrains de la ligue de l'Essonne de tennis
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Acteurs
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Enseignants en fonction du poste occupé
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Poste de l'enseignant observé au sein de son club (ex :
directeur sportif, initiateur, préparateur physique...)
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Enseignants en fonction du diplôme
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Diplôme détenu par l'enseignant observé
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Elèves en fonction du sexe
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Précision s'il y a mixité ou non dans le groupe
observé
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Elèves en fonction de l'âge
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Catégorie d'âge des élèves
observés
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Elèves en fonction du niveau
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Niveau des élèves observés
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Moments
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Contexte
environnement
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Précision sur le jour où l'observation se fait, le
cadre.
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Contexte sportif
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Ex : lors de préparation de tournoi, renforcement
physique, séance quotidienne...
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Indicateurs de comportement
Langage verbal
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Ton de la voix
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Termes spécifiques
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Précision sur les termes spécifiques au tennis
prononcés par l'enseignant (ex : baduf, frotte, exter',
décale...)
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Transmission des consignes
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Précision sur la manière de transmettre les
consignes, les mots employés, le ton.
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Surnoms
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Surnoms éventuels donnés par l'enseignant aux
élèves et/ou inverse.
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Réponses des élèves
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Précision sur la présence ou non de réponses
de l'élève vis-à-vis des consignes de l'entraineur
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Participation des élèves
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Participation active ou passive..
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Langage corporel
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Placement sur le terrain entraineur
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Ex : placement sur les côtés, derrière les
joueurs, manière de se déplacer...
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Placement entraineur par rapport aux joueurs
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Ex : éloigné des joueurs, proche, les deux...
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Gestes spécifiques (enseignants et
élèves)
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Présence de mime ou non, exemple joué par
l'entraineur ou non...
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Regard
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Précision sur le regard de l'enseignant et des
élèves
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Particularités diverses
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Remarques supplémentaires sur des observations pouvant
apparaître, non listées précédemment.
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Annexe 4 : Grille des critères d'observation
(Mise en scène, situation, indicateurs de
comportement).
- Emancipation et représentations sexuées des
femmes dans le système fédéral du tennis français
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58
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