UNIVERSITE CATHOLIQUE
D'AFRIQUE CENTRALE
INSTITUT CATHOLIQUE DE YAOUNDE
FACULTE DE SCIENCES SOCIALES ET DE GESTION
ROLE DU CAPITAL SOCIAL DANS L'APPROPRIATION PAR LA
COMMUNAUTE D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL A L'EXTREME-NORD
(CAMEROUN).
MASTER DEVELOPPEMENT ET MANAGEMENT DES PROJETS EN
AFRIQUE
Mémoire présenté et soutenu publiquement
en vue de l'obtention du Master Développement et Management des Projets
en Afrique
Par : NDENGUE Laurent Parfait
Ingénieur Agronome
Option Economie et Sociologie Rurales
Sous la direction du :
Professeur. Marie Thérèse
MENGUE
Sociologue
Année académique 2011
SOMMAIRE
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
vi
LISTE DES TABLEAUX
viii
LISTE DES FIGURES
viii
LISTE DES PHOTOS
viii
RESUME
ix
ABSTRACT
x
INTRODUCTION GENERALE
1
I. CONTEXTE DE l'ETUDE
3
II. DELIMITATION DE L'ETUDE
4
III. DEFINITION DES CONCEPTS
5
IV. INTERET DE L'ETUDE
9
V. REVUE DE LITTERATURE
10
VI. PROBLEMATIQUE
16
VII. HYPOTHESES
17
VIII. CADRE METHODOLOGIQUE
18
IX. DIFFICULTES RENCONTREES
21
X. PLAN DU MEMOIRE
21
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE LA
DESERTIFICATION DANS LE DISTRICT PAROISSIAL DE WAZZANG-KALLIAO
22
I. MILIEU PHYSIQUE
23
II. MILIEU HUMAIN
29
III. ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES
36
IV. PROBLEMATIQUE DE LA DESERTIFICATION A
WAZZANG-KALLIAO
38
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU PROJET DE
LUTTE INTEGREE CONTRE LA DESERTIFICATION
41
I. PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES DU PLANNATIONAL DE
LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION (PAN/LCD).
42
II. PRESENTATION DU PLID
45
III. LES RESSOURCES DU PLID
47
IV. LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
49
V. LES ACTIVITES DU PLID
50
CHAPITRE 3 : CAPITAL SOCIAL COMME
OUTIL D'APPROPRIATION D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL
62
I. LA VIE COMMUNAUTAIRE A
WAZZANG-KALLIAO
63
II. APPROPRIATION DES ACTIVITES DE LUTTE
CONTRE LA DESERTIFICATION.
65
III. LES RESEAUX SOCIAUX COMME VECTEUR DE
DEVELOPPEMENT
70
IV. LA CONFIANCE, VECTEUR D'APPROPRIATION DES
ACTIONS DE DEVELOPPEMENT
74
V. LES ENTRAVES A LA REALISATION DU
PROJET
77
VI. LES RECOMMANDATIONS
79
CONCLUSION GENERALE
82
BIBLIOGRAPHIE
86
ANNEXE
99
À ma famille, mon épouse et mes deux filles.
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier tous ceux de prêt ou de loin
ont contribué à la réalisation de ce travail. Il s'agit
de :
§ Le Professeur Marie Thérèse MENGUE,
coordinatrice du Master DMPA qui a cru en moi et m'a accordé son
encadrement à travers un soutien sans pareil ;
§ Pierre Yves NDZOMO pour m'avoir guidé dans le
choix de mon thème de travail ;
§ Madame EBOLO, secrétaire générale
de l'UCAC pour m'avoir soutenu financièrement dans le paiement des frais
de scolarité ;
§ Les AMICY dont les fonds m'ont permis de solder ma
pension ;
§ Le personnel enseignant et d'appui de l'Institut
Catholique de Yaoundé dont les actions ont facilité mon
séjour à l'UCAC ;
§ Tous les Managers de la promotion pour l'esprit de
fraternité et la gaité qu'ils ont apporté chacun en ce qui
le concerne pendant les deux années de formation ;
§ L'équipe du CDD et Edouard KALDAPA, son
Secrétaire Général, pour son encadrement complet et sa
confiance ;
§ L'équipe du Projet PLID, en particulier Paul
VANDEWNA et Denis REYANG pour leur disponibilité et l'attention dont ils
ont fait preuve lors de ma collecte des données ;
§ Véronique DIASSAR, technicienne de terrain du
PLID qui a facilité mon intégration dans les communautés
villageoises ;
§ Les populations des villages du district paroissial de
WAZZANG-KALLIAO qui ont bien voulu s'ouvrir à moi pour le bon
déroulement des enquêtes de terrain ;
§ Le Père Roger BEA, Curé de la Paroisse de
DOUVANGAR pour son hospitalité et son soutien spirituel pendant mon
séjour à Meri ;
§ Olivier DAVID mon bienfaiteur et tous mes frères
et soeurs ;
§ Danielle Francine, mon épouse, mes deux filles
Agathe Gloria KOH NDENGUE et Christine Epiphanie MINSILI NDENGUE, pour leur
soutien moral.
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
AFITEP
|
:
|
Association Franco phonique de Management de Projets
|
AFNOR
|
:
|
Association Française de Normalisation
|
ALPHA
|
:
|
Association pour les Langues et la Promotion Humaine par
l'Alphabétisation
|
BD
|
:
|
Broederlijk Delen
|
BPC
|
:
|
Bief en Pierres Calées
|
BPM
|
:
|
Bief en Pierres Maçonnées
|
BUCREP
|
:
|
Bureau Central des Recensements et des Etudes de Population
|
CA
|
:
|
Conseil d'Administration
|
CCD
|
:
|
Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la
Désertification
|
CCFD
|
:
|
Comité Catholique contre la Faim et pour le
Développement
|
CDD
|
:
|
Comité Diocésain de Développement
|
CEC
|
:
|
Club d'Epargne et des Crédits
|
CEMAC
|
:
|
Communauté Economique et Monétaire de l'Afrique
Centrale
|
CL
|
:
|
Comité Local de suivi
|
COMIFAC
|
:
|
Commission des Forêts d'Afrique Centrale
|
COPIL
|
:
|
Comité de Pilotage
|
CODAS-Caritas
|
:
|
Comité Diocésain d'Action Sociale et Caritas
|
CORDAI
|
:
|
Organisation Catholique Néerlandaise pour le
Développement
|
CVCA
|
:
|
Caisse Villageoise d'Epargne et de Crédit
Autogérée
|
CPH
|
:
|
Comité de Promotion Humaine
|
DSCE
|
:
|
Document de Stratégies pour la Croissance et de
l'Emploi
|
DSRP
|
:
|
Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
|
DSDSR
|
:
|
Document de Stratégies de Développement du Secteur
Rural
|
ECAM
|
:
|
Enquête camerounaise Auprès des Ménages
|
FA
|
:
|
Foyer Amélioré
|
FP
|
:
|
Femmes et Promotion
|
GBAD
|
:
|
Groupe de la Banque Africaine de Développement
|
GIC
|
:
|
Groupe d'Initiative Commune
|
GOIB
|
:
|
Groupes des Organismes Intervenant dans les Biefs et la
Conservation des eaux et sols
|
IBW
|
:
|
Institutions de BrettonWoods
|
INS
|
:
|
Institut Nationale de la Statistique
|
MIDIMA
|
:
|
Mission de Développement de la Région des Monts
Mandara
|
MINADER
|
:
|
Ministère de l'Agriculture et du Développement
Rural
|
MINEE
|
:
|
Ministère de l'Eau et de l'Energie
|
MINEPD
|
:
|
Ministère de l'Environnement, de la Protection de la
Nature et du Développement Durable
|
MINEPAT
|
:
|
Ministère de l'Economie, de la Planification et de
l'Aménagement du Territoire
|
MINEPIA
|
:
|
Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries
Animales
|
MINFOF
|
:
|
Ministère des Forêts et de la Faune
|
MISEREOR
|
:
|
Organisation Catholique Allemande pour le Développement
|
ONG
|
:
|
Organisation Non Gouvernementale
|
OCDE
|
:
|
Organisation de Coopération et de Développement
Economiques
|
ORSTOM
|
:
|
Office de Recherche Scientifique et Technique Outre-mer
|
PAN
|
:
|
Programmes d'Action Nationaux
|
PASR
|
:
|
Programmes d'Action Sous Régionaux
|
PDRM
|
:
|
Projet de Développement de la Région des Monts
Mandara
|
PLID
|
:
|
Projet Pilote de Lutte Intégrée contre la
Désertification
|
PMI
|
:
|
Project Management Institute
|
PNGE
|
:
|
Plan National de Gestion de l'Environnement
|
PNUD
|
:
|
Programme de Nations Unies pour le Développement
|
PPTE
|
:
|
Pays Pauvre Très Endetté
|
PRASAC
|
:
|
Pôle Régional de Recherche Appliquée au
Développement des Systèmes Agricoles d'Afrique Centrale
|
PRP
|
:
|
Projet de Recherche sur les Politiques
|
PROM-AGRI
|
:
|
Association pour la Promotion des Agriculteurs-animateurs et de
l'Agriculture
|
RGPH
|
:
|
Recensement Général de la Population et de
l'Habitat
|
SAILD
|
:
|
Service d'Appui aux Initiatives Locales de
Développement
|
UE
|
:
|
Union Européenne
|
UCEC
|
:
|
Union des Clubs d'Epargne et de Crédit
|
UNOPS
|
:
|
United Nations Office for Project Service
|
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition des
enquêtés par village et regroupement social
3
Tableau 2 : Répartition de
faune sauvage de Wazzang-Kalliao
28
Tableau 3 : Evolution des surfaces
aménagées et des fosses compostières.
66
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Localisation de
l'arrondissement de Meri
3
Figure 2 : Répartition de la
population de Wazzang-Kalliao selon l'âge et le sexe.
30
Figure 3 : Evolution des groupes de
producteurs de Wazzang-Kalliao entre 2005-2010.
50
Figure 4 : Perception de la
communauté par les populations
63
Figure 5: Niveau du lien social dans les
villages.
71
Figure 6 : Niveau de confiance des
populations sur les décisions d'entreprises.
73
LISTE DES PHOTOS
Photo 1:
Paysage marginal typique dans la communauté de Wazzang-Kalliao
38
Photo
2a : Puits en cours de fonçage à Douroum ; Photo 2b :
Bief-radier réalisé à Watergas
53
Photo
3 : Reboisement à l'E.P de dans le site de Mémé
55
Photo
4a : Réflexion en groupe lors d'une formation du Comité
local de Mokolo-Mboua ;
59
Photo
4b : Participants à une formation du Comité local de
Salak
59
RESUME
L'appropriation d'un projet de développement par
les communautés est un défi réel pour toute
société. C'est d'autant plus important pour le secteur rural
camerounais en proie aux conditions peu favorables et à l'insuffisance
de ressources. Ce processus concerne surtout les populations qui sont au centre
de la politique de développement rural. Cette recherche démontre
le rôle du capital social dans l'appropriation du Projet de Lutte
Intégrée contre la Désertification (PLID), par les
communautés du district paroissial de Wazzang-Kalliao dans la
région de l'extrême-nord au Cameroun. Une étude qualitative
et quantitative, basée sur des entrevues et des questionnaires, avec les
acteurs du projet a fait ressortir quatre conclusions : 1) La communauté
rurale de Wazzang-Kalliao, dont les conditions de vie des populations sont
rudes détient un capital social viable, mais celui-ci est menacé
par l'exode rural des personnes actives. 2) Le capital social est en deux
temps, dans un réseau formel et dans un réseau informel.
Cependant, la participation sociale dans les réseaux formels est
très faible et la plupart des activités se déroulent dans
les réseaux informels. Dans ces réseaux informels, la population
dépend de ses liens d'attachement, comme la famille et les amis, pour de
l'aide dans les activités de développement, l'accès aux
ressources et appuis divers. 3) Pour augmenter leur niveau d'appropriation des
projets de développement rural, les populations doivent davantage
s'entraider même si la demande importante sur la solidarité des
personnes peut détruire le capital social. Par ailleurs, le niveau de
confiance élevé dans la communauté a favorisé
l'implication des populations aux activités du projet. Ceci a
limité les principes de sélection et de détournement. 4)
Le capital social peut jouer un rôle décisif pour la
reconstruction d'identités locales et le retour de la confiance dans les
communautés rurales camerounaises dont les institutions de
développement sont tombées en ruine. A cet effet une politique
publique qui reflète les besoins de tous les membres de la
communauté doit être construite. Cela ne serait possible que s'il
existe une société civile parmi les ruraux. Les recherches
futures pourraient donc aborder la notion de construction de la
société civile en milieu rural.
Mots clés : capital social, projet,
développement rural, appropriation, communauté, réseaux
sociaux, confiance, lutte contre la désertification, district
paroissial, Wazzang-Kalliao, région de l'extrême-nord.
ABSTRACT
The appropriation of a rural development project by the
communities is a real challenge for any society. This project is important for
rural areas in Cameroon who are victim of the unfavourable conditions and
insufficient resources or support. This process above concerns the population
who are at the center of the rural development policy. This research
demonstrates the role of social capital in the appropriation of PLID, by the
community of the parochial district of Wazzang-kalliao in the far north region
of Cameroon. A quantitative and qualitative research was done with the use of
interview and questionnaires with those concerned with the project, four
conclusions were brought out after analysis done, which are as follows: 1) The
rural community of Wazzang-kalliao with hard living conditions of the
population have a viable social capital, but this one is still threatened by
the drift from the land of working population. 2) The social capital is in two
phases: formal and informal network. However, the social participation in
formal networks is very weak and most of the activities progresses within
informal network. In these informal networks, the population depends on its
attachment relationships such as family and friends for aid in the development
activities and access to resources and several supports. 3) To increase the
level of appropriation of the rural development project, the population must
work in collaboration with one another even if the important request on the
solidarity can ruin the social capital. Otherwise the high level of confidence
given by the community has pushed the population to be implicated in the
project to be carried out. This has limited the selection and misappropriation
principles. 4) The social capital can play a decisive role in the construction
of local identities and the return of confidence to the rural communities of
Cameroon, whose institution of development has collapse. To that effect, a
public policy which reflects the needs of all the community must be build up.
This would only be possible, if a civil society exists among the country folk.
Future research can bring up the notion of constructing a civil society in the
rural areas.
Keywords: social capital, project, rural
development, appropriation, community, social network, confidence, fight
against desertification, parochial district, Wazzang-Kalliao, far north
region.
INTRODUCTION GENERALE
Les projets de développement font l'objet de vives
critiques dans les pays du Tiers-Monde. L'opinion publique estime que les
efforts déployés dans ces projets ont été vains,
à cause des résultats négatifs sur la croissance
économique des pays et l'environnement écologique des populations
bénéficiaires. Certains considèrent à ce jour que
les projets de développement ne représentent pas une forme
d'intervention étatique appropriée. Les courants de pensée
néolibéraux en vogue au sein des Institutions de Bretton Woods
(IBW) prônent le « désengagement de
l'Etat » (Dufumier, 1999 : 9), limitant ainsi son
rôle à la régulation des équilibres
macro-économique et à la mise en place de quelques grandes
infrastructures d'intérêt collectif. Les conséquences de
cette pratique dans les pays du Tiers-Monde sont défavorables au
bien-être des populations les plus pauvres. Par contre,
l'expérience des nouveaux dragons de l'Asie du Sud-Est montre que les
pouvoirs publics jouent des rôles décisif et positif en
matière de développement, quand les fruits de la croissance ne
sont pas confisqués par une minorité. La question est de savoir
quelles peuvent être les modalités d'intervention les plus
adéquates pour promouvoir un développement économique et
social qui soit réellement bénéfique pour le plus grand
nombre. A ce sujet, la Banque Mondiale (1977) soutient que les résultats
des programmes publics ne sont meilleurs que s'ils sont exécutés
avec la participation des bénéficiaires et lorsqu'ils exploitent
le potentiel associatif de la collectivité. Pour ce qui est du Cameroun,
la question de projet de développement n'est plus seulement l'apanage de
la société politique. Elle concerne aussi la
société civile. En effet, dans le but d'atteindre les Objectifs
du Millénaire pour le Développement (OMD), l'Etat a adopté
la stratégie de développement du secteur rural en impliquant les
populations dans la gestion durable du développement et des ressources
naturelles (MINEPAT, 2005). Les interventions des pouvoirs publics ou
privés sous la forme de projets resteront encore nécessaires
pendant longtemps. Mais étant donné que de nombreux projets de
développement se sont soldés par des échecs dans le
passé, la tendance est à la refonte totale de la démarche
et les méthodes relatives à la conception, la mise en oeuvre, le
suivi et l'évaluation des projets en tirant les leçons des
expériences passées (Dufumier, 1999 :10). La question de
réussite des projets de développement rural se pose donc au
Cameroun. C'est dans l'optique de répondre à question du
rôle du capital social dans le processus d'appropriation par la
communauté d'un projet de lutte intégrée contre la
désertification en zone rural dans l'extrême-nord au Cameroun que
nous avons mené cette étude.
I. CONTEXTE DE l'ETUDE
Face à l'augmentation de la richesse matérielle,
les problèmes environnementaux prennent de plus en plus d'ampleur dans
le monde. La pauvreté et la faim continuent de menacer les populations
des pays en développement, l'eau douce reste rare et les
émissions de gaz à effet de serre augmentent. Les modes de
production et de consommation des pays développés n'ont pas
changé, la désertification qui touche les pays moins
avancés devient un véritable fléau et compromet d'autant
plus leur développement qu'elle conduit à une
détérioration des conditions de vie des populations.
Selon le Plan d'Action Nationale de Lutte Contre la
Désertification (PAN/LCD), les terres arides couvrent au total plus de
6,1 milliards d'hectares sur l'ensemble du globe et 73% du continent africain
seraient plus ou moins touchés par la désertification (PAN/LCD,
1997 : 1). La communauté scientifique internationale a
confirmé que l'accélération des changements climatiques,
qui s'accompagnait d'une aggravation des épisodes de sécheresse
et d'irrégularités dans le régime des
précipitations, était perçue comme une menace grandissante
pour les pays touchés par la désertification. En
conséquence, dans ces pays, beaucoup de personnes, en particulier dans
les zones rurales, deviennent plus vulnérables, tandis que les besoins
nutritionnels de la population, en constante augmentation, continuent de
croître. C'est à la suite de deux grandes sécheresses qui
ont sévi au Sahel, entre 1968 et 1969 et au début des
années 80 (PAN/ LCD 1977 : 2), et des conséquences
catastrophiques de celles-ci qu'on a pris conscience du problème de la
désertification et de la nécessité de définir des
stratégies pour la combattre. Ces stratégies ont beaucoup
évolué au cours des années, depuis les premières
approches plus globales, on est passé à une définition des
stratégies beaucoup plus complexes, qui ont tendance à voir le
phénomène non seulement d'une façon globale, mais aussi
dans ses connexions régionales et à un niveau local.
En 1994 la Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la
Désertification (CCD) a été adoptée,
conformément au consensus établi au Sommet sur l'Environnement et
le Développement de Rio de Janeiro, 1992. La CCD mettra l'accent sur la
mise en oeuvre d'une approche intégrée assurant l'implication et
la responsabilisation des principaux acteurs concernés, et
l'établissement de cadres de partenariats plus incitatifs.
Le bilan des activités de lutte contre la
désertification depuis l'entrée en vigueur de la CCD fait
ressortir un défaut d'appropriation des actions par les populations
bénéficiaires. Par-delà les acquis incontestables de
certaines actions, ces lacunes révélaient des difficultés
réelles quant à l'implication véritable des populations.
La dimension sociale de la problématique de lutte contre la
désertification et des effets néfastes de la sécheresse,
n'était pas suffisamment prise en compte dans les démarches,
l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des
programmes. Ce constat apparaissait au niveau de l'ensemble des partenaires, au
plan interne comme dans leurs activités. Il apparaît de plus en
plus évident que la lutte contre la désertification devra plus
intégrer l'adaptation des normes et pratiques aux représentations
sociales des utilisateurs des ressources naturelles que des normes techniques,
juridiques et institutionnelles. Elle devra aussi tenir compte de la
nécessité d'assurer une «équité intra et
intergénérationnelle». Cette donnée devient
essentielle pour mieux comprendre les formes d'implication des
différents acteurs.
Le renforcement de la durabilité sociale des actions de
lutte contre la désertification constitue donc le véritable
défi auquel toutes ces nations sont actuellement confrontées : il
faut très vite parvenir à la responsabilisation accrue d'acteurs
plus nombreux, mieux équipés et formés afin de renforcer
la durabilité sociale de ces actions. Il faut en même temps
multiplier leur efficacité dans la promotion d'un développement
équilibré et durable à travers un projet de
développement. Ce dernier est d'après Olivier de Sardan
(1995 : 27) « la structure d'intervention la plus
répandue et la plus visible ».
C'est dans cette optique que le Comité Diocésain
de Développement (CDD) du Diocèse de Maroua-Mokolo a conçu
en collaboration avec BroederlijkDelen (BD) en 2005, le Projet Pilote de Lutte
Intégrée contre la Désertification (PLID). Financé
par l'Union Européenne, le PLID vise à apporter une contribution
dans la lutte contre la désertification à travers une
organisation adéquate de la population et une combinaison
d'activités intégrées de conservation et d'exploitation
durable des ressources eau-sol-arbre (CDD, 2010 : 2). La prochaine
articulation nous permettra de faire une délimitation spatiale,
temporelle et matérielle de notre travail.
II. DELIMITATION DE L'ETUDE
Dans le but de mener une étude dans un cadre
scientifique, il est important pour nous de la circonscrire dans un contexte
spatial, temporel et matériel.
A. Délimitation
spatiale
Le capital social étant de nature contextuelle et
temporelle, notre étude cherche à approfondir davantage son
rôle dans l'appropriation par les populations d'un projet de
développement rural, en visant une région spécifique et un
projet particulier. Par souci de précision et d'objectivité,
notre étude est réalisée dans le district paroissial de
Wazzang-Kalliao dans l'arrondissement de Meri, plus particulièrement,
dans les villages de Mbozo, Houdouvou, Watergas, Ftang, Mananam, et
Ouro-Kessoum.
B. Délimitation
temporelle
Les conditions climatiques aléatoires qui fragilisent
davantage les écosystèmes de la région de
l'Extrême-Nord favorisent l'avancée du désert causant
ainsi, l'insécurité alimentaire récurrente, la
misère et la pauvreté. Face à ce défi, l'Eglise
Catholique qui est Maroua-Mokolo, s'est donné le devoir d'agir à
travers le Comité Diocésain pour le Développement (CDD)
qui est son service spécialisé pour combattre l'avancée de
la désertification. Depuis juillet 2005, le CDD a conduit une
expérience à travers le Projet Pilote de Lutte
Intégrée contre la Désertification (PLID). C'est ainsi que
notre étude se situe dans la période de 2005 à 2011.
L'année 2005 représentant l'année de démarrage
effectif des activités du projet et 2011, l'année de notre
enquête de terrain.
C. Délimitation
matérielle
Appréhender l'importance du capital social dans
l'appropriation d'un projet de développement nécessite d'aborder
le sujet sous l'angle des interactions entre les acteurs du projet, leurs
savoirs, leur savoir-faire, ainsi que les apports de ces interactions sur la
réussite du projet. C'est ainsi que nous inscrivons notre recherche dans
la socio-anthropologie du développement telle que
développée par Jean Pierre Olivier de Sardan. Elle met en oeuvre
des problématiques situées au coeur de la sociologie et de
l'anthropologie. L'analyse sociologique nous permet de faire un examen des
interactions entre les bénéficiaires du projet PLID, entre les
différents groupes et au sein des groupes. L'analyse anthropologique
nous permet de faire l'inventaire des contraintes respectives auxquelles les
uns et les autres sont soumis. Après la limitation du cadre de notre
étude, il convient pour nous de donner une définition des
concepts clés.
III. DEFINITION DES CONCEPTS
Dans cette partie, nous essayerons de définir les
quelques concepts clés de notre thème de recherche. Il s'agit du
capital social, de projet, de développement rural, et d'appropriation.
A. Capital social
Afin de bien cerner le concept du capital social, il est
important de faire un retour sur le terme capital dans le contexte des sciences
sociales. Le capital a surtout été un terme utilisé dans
un sens économique considérant l'échange de biens
matériaux. C'est dans le texte de Pierre Bourdieu (1986),
intitulé « The Forms of Capital », que le terme se
transpose dans la sphère des sciences sociales. Il estime que la
société a plusieurs sphères sociales utilise une multitude
de formes de capital, notamment les capitaux économique, culturel et
social, afin d'accéder à des facilités. Le travail de
Bourdieu est aujourd'hui à la base du concept moderne du capital social,
vaguement basé sur le dicton que « ce n'est pas ce que tu connais,
mais qui tu connais qui va te faire avancer dans la vie » (Portes, 1998;
Woolcock, 1998; Woolcock, Narayan, 2000). Dans son article intitulé
« Capital Social », Bourdieu définit le
capital social comme« un ensemble des relations sociales dont dispose
un individu ou un groupe » (Bourdieu, 1980 : 2). Il s'agit de
l'appartenance à un groupe dont l'ensemble des membres est doté
non pas seulement de propriétés communes, mais unis par des
liaisons permanentes et utiles.
Compte tenu de la nature multidisciplinaire, le concept de
capital social fait l'objet de multiples définitions et
interprétations. Certains insistent sur la valeur des ressources dont
disposent les individus sous forme de relations sociales au sein de leur
famille et de leur communauté, d'autres mettent davantage l'accent sur
le rôle des réseaux et des normes dans la société
civile (Dale, 205 : 5).
En sciences sociales, le capital social est l'ensemble des
relations sociales afférentes à un acteur social. Il ne se
compose pas des ressources tenues par des individus ou des groupes, mais de
processus d'interaction sociale menant aux résultats constructifs. Il
« se réfère à la valeur collective de tous les
réseaux sociaux et les inclinations qui résultent de ces
réseaux pour faire des choses l'un pour l'autre » (Putman,
2000).
La définition de l'OCDE est la mieux acceptée :
« Réseaux, ainsi que normes, valeurs et convictions communes qui
facilitent la coopération au sein de groupes ou entre ceux-ci »
(OCDE, 2001 : 4). Selon cette définition, le capital social
concerne les rapports qui unissent les réseaux coopératifs, leurs
relations internes et externes, ainsi que les normes qui les
régissent.
Le capital social repose sur quatre concepts de base à
savoir : les normes sociétales, les liens et les réseaux, et
la confiance à travers lesquels les individus et les
collectivités ont accès à certaines ressources pour
promouvoir un objectif commun (Dale, 2005). Le capital social se manifeste
parmi les relations sociales des individus, et leurs organisations dans un
contexte social à l'échelle d'une communauté, d'une
région, ou d'un pays (Da Costa, 2007 : 5). Cela dit, le capital
social n'est pas restreint à une échelle individuelle, mais
à la fois individuelle et collective. La définition du capital
social la plus courante, est celle de Putnam ; il décrit ce concept
comme; «une caractéristique de l'organisation sociale, la
confiance, les normes et les réseaux, pouvant améliorer
l'efficacité de la société en facilitant l'action
collective » (Da Costa, 2007 : 7). Dans le cas de l'appropriation
d'un projet, nous mettrons en commun les définitions de Bourdieu et de
Putman. Ainsi, nous définissons le capital social comme un ensemble des
relations sociales, la confiance, les normes et les réseaux dont dispose
un individu ou un groupe.
B. Projet
Pour Courtôt (1998 : 28), on se heurte
généralement à une ambiguïté et à une
polysémie lorsqu'on tente de cerner ce qu'on entend par projet. En
effet, ce concept ne revêt pas la même signification selon son
emploi. En outre la littérature propose un large éventail de
définitions de la notion de projet. Mais la plupart sont partielle et ne
sont pas toujours cohérentes entre elles.
On définit communément le projet comme un
ensemble d'objectifs à atteindre au cours d'une période
donnée. Mais cette définition un peu généraliste se
voit quelquefois diverger en fonction du contexte, des objectifs et surtout du
domaine dans lequel on se situe. Ainsi, dans sa démarche de
normalisation, L'AFITEP-AFNOR (1992) définie le projet comme une
« démarche spécifique, qui permet de structurer
méthodiquement et progressivement une réalité à
venir ». Elle est mise en oeuvre pour élaborer la
réponse au besoin d'un utilisateur, d'un client ou d'une
clientèle et implique un objectif et des actions à entreprendre
avec des ressources données (Courtôt, 1998 : 29). Gidel et
Zonghero (2006 : 238) ajoutent que le projet se caractérise par des
objectifs quantifiés formalisant le besoin d'un client, dans le cadre
d'une mission définie, une limite dans le temps, il a une limite et une
fin marqué par l'atteinte de l'objectif.
Nous allons retenir pour cette étude la
définition du Project Management Institute (PMI) qui définit le
projet comme toute activité réalisée une seule fois,
dotée d'un début et d'une fin déterminée et qui
vise à créer un produit ou un résultat unique. Il peut
nécessiter la participation d'une seule ou de plusieurs personnes, sa
durée déterminé dans le temps, entrepris par une seule
organisation ou par un groupe d'organismes intéressés.
C. Développement
rural
Le développement dans son acception actuelle regroupe
deux courants de pensée : le courant économiste qui
définit le développement par la croissance économique et
industrielle et le courant culturaliste qui considère le
développement comme étant une amélioration du
bien-être social, le tout s'inscrivant dans un processus sociétal
global (Ebalé, 2010). Il englobe aussi bien les dimensions
économique (niveau de revenu) moteur de tout développement, que
socioculturel (santé, éducation) et qualitatif (bien-être,
qualité de la vie).
Olivier de Sardan (1995 : 7), conçoit le
développement comme
« L'ensemble des processus sociaux induits par des
opérateurs volontaristes de transformation d'un milieu social,
entreprises par le biais d'institutions ou d'acteurs extérieurs à
ce milieu mais cherchant à mobiliser ce milieu, et reposant sur une
tentative de greffe de ressources et/ou techniques et/ou savoirs».
Il met l'accent sur les ressources des acteurs sociaux d'en
bas, les capacités créatrices des gens de la base, les savoirs
techniques populaires, la participation communautaire, la politique de
valorisation de ressources propres au peuple, les dynamiques des
sociétés locales et leur marge de manoeuvre. Nous adopterons la
notion de développement rural au sens de Morize (1992). Selon lui,
«Le développement rural consiste à
améliorer tout l'environnement de l'agriculteur, considéré
cette fois comme le principal bénéficiaire. Il porte à la
fois sur les routes, les villages, la santé, l'éducation et sur
tous les services économiques et sociaux susceptibles d'améliorer
non seulement la fonction productive, mais aussi le bien-être
social ».
La définition du développement rural ainsi
choisie nous permettra de procéder à l'analyse
socio-anthropologique du capital social mis en oeuvre pour l'appropriation du
PLID par les communautés du district paroissial de Wazzang-kalliao.
D. Appropriation
Nous adoptons la définition du CONSEIL DE LA SANTE ET
DU BIEN-ETRE (2001), qui considère l'appropriation comme un processus
par lequel un individu, un groupe ou une communauté arrive à
exercer un certain contrôle sur ses conditions de vie (CONSEIL DE LA
SANTE ET DU BIEN-ETRE., 2001, 8). C'est un phénomène
à multiples facettes qui réfère à la fois à
un pouvoir, à un processus et à une structure.
Après la définition des concepts clés,
nous présenterons dans la suite, l'intérêt de notre
étude.
IV. INTERET DE L'ETUDE
Notre étude présente un double
intérêt : Le premier intérêt revêt un
caractère social et tandis que le second un caractère
scientifique :
A. Intérêt
social
Depuis plus de deux décennies, les populations de la
région de l'extrême-nord du Cameroun ont su maintenir en
équilibre les écosystèmes. Mais aujourd'hui, le
développement de l'économie de marché, l'explosion
démographique, le surpâturage, amènent les populations
à exercer une pression accrue sur les ressources naturelles. Face
à une telle situation, la protection de l'environnement devient un
devoir commun et universel de respect du bien collectif, destiné
à tous1(*).Conduire
une étude sur le capital social et la lutte contre la
désertification en milieu rural revient à clarifier les
pesanteurs dans la mise en oeuvre des programmes/projets et d'interroger le
degré d'implication et d'appropriation des bénéficiaires.
Ce travail peut être un outil adéquat pour les différents
acteurs intervenants dans le domaine du développement, en
général, et de la lutte contre la désertification en
particulier. Ainsi, ces promoteurs de développement pourront mieux
concevoir les projets/programmes conformément aux réalités
socioculturelles des populations cibles.
B. Intérêt
scientifique
Notre travail de recherche met en exergue les notions de
capital social et de développement au Cameroun. A la suite d'autres
études2(*) dans le
domaine, nous nous proposons d'apporter des éléments d'analyse
sur le rôle du capital social dans la l'appropriation d'un projet de
développement à partir des informations issues de la mise en
oeuvre du PLID. L'apport de notre travail se situe au niveau où nous
aborderons le capital social comme outil qui peut promouvoir l'appropriation
des activités de lutte contre la désertification. En analysant ce
thème, nous relevons que l'avancée du désert n'a pas pour
seule cause le climat, les facteurs socioculturels y participent
également. Ainsi, l'introduction d'un projet de lutte contre
intégrée contre la désertification peut remettre en cause
des coutumes antédiluviens et désorganiser la
société. Dès lors, l'adhésion de la
communauté au projet dépend des stratégies
adoptées. Celle du PLID consiste à former certains membres de la
communauté pour qu'ils deviennent des collaborateurs. Notre travail
adopte en outre la démarche d'appropriation d'un projet par la
population cible, dans une logique qui veut de plus en plus que les
bénéficiaires soient les principaux acteurs de leur
développement. Enfin, ce travail ne s'en veut pas moins servir d'outil
de réflexion continue renvoyant constamment le lecteur à la
dimension sociale dans les initiatives de lutte contre la
désertification en général, et de la gestion durable des
ressources naturelles en milieux arides en particulier. A la suite de l'analyse
des intérêts social et scientifique, nous passerons en revue
quelques études menées sur le capital social, la lutte contre la
désertification et le développement rural.
V. REVUE DE LITTERATURE
Depuis plus de dix ans, le concept du capital social attire de
plus en plus d'attention dans le domaine des sciences sociales (Da Costa,
2007 : 4). Sa popularité est attribuée au fait que le
concept permet de prendre une nouvelle vision sur certaines
problématiques pouvant ainsi offrir de nouvelles conclusions. Dans le
cadre d'un projet de développement rural, le capital social devient une
ressource parmi d'autres, telle que le capital humain, le capital
économique, la gouvernance, la technologie et l'équité,
pour son implémentation.
Aujourd'hui, il est entendu que le concept du capital social
provient de trois épistémologies différentes. De prime
abord, la première mention du capital social provient du sociologue
français, Pierre Bourdieu qui définit le capital social comme
« l'ensemble des ressources actuelles ou potentielles qui sont
liées à la possession d'un réseau durable de relations
plus ou moins institutionnalisées d'interconnaissance» (Bourdieu,
1980 : 3). Il a fait allusion à l'importance du contexte formel et
informel du capital social lors d'une recherche où il démontrait
l'importance des liens et des réseaux sociaux parmi les membres de
l'élite française pour entretenir leur statut dans le milieu. Il
a ainsi démontré que le capital social était une
ressource acquise par l'individu pour son bien-être individuel. Il met
aussi l'emphase sur l'importance que joue le capital économique et
culturel sur le capital social d'un individu.
En mettant en oeuvre cette perspective, Bourdieu
élabore une véritable anthropologie du capital social
reproduisant à travers des pratiques ayant leurs sources dans les
représentations et les volontés des agents guidés par leur
habitus. Cette catégorie est simultanément structurée et
structurante et permet à chacun d'élaborer des stratégies
pour se réaliser comme être social appartenant au groupe. Enjeu de
compétition, le capital social est acquis et protégé
à travers une violence symbolique au fondement du lien social, renvoyant
à une légitimité fournie par la nature, la religion ou
encore les croyances populaires.
Le travail du sociologue américain, Coleman (1998),
dans son étude concernant le succès scolaire parmi les
étudiants des écoles catholiques comparativement aux
écoles publiques, a démontré que les étudiants des
écoles catholiques avaient un meilleur succès dû aux liens
qu'ils entretenaient en participant à des activités de
l'Église Catholique à l'extérieur de l'école. En
conclusion, il a démontré qu'il y a un lien direct entre le
capital social et le capital humain (spécifiquement l'éducation)
illustrant que le capital social n'est pas seulement une ressource
individuelle, mais aussi une ressource pour la communauté. Pour
illustrer un changement de la participation et l'engagement civique dans les
associations et dans la pratique du droit de vote qui nuit à la
démocratie du pays Robert Putnam dans son livre « Bowling
Aloïne », a démontré déclin de la
participation publique, en utilisant comme prémisse le déclin de
40% des clubs de bowling et l'augmentation de 10% du bowling individuel aux
États-Unis (Putman, 2000). Sa thèse principale de Putnam stipule
que les réseaux créés par l'engagement civique produisent
des normes de réciprocité générale parmi les
membres de ces réseaux, ce qui encourage la coordination et la
communication en produisant des voies qui favorisent l'échange
d'information. Il a démontré à son tour que le capital
social joue un rôle important, non seulement pour l'individu, mais aussi
pour la communauté. Il a aussi que le capital social peut aussi jouer un
rôle dans l'application des politiques publiques, conduisant le statut du
capital social d'un concept à celui d'un outil (Field, 2003). Son
travail sur la société américaine a ajouté la
valeur morale au concept de capital social. En effet, il le considère
comme producteur de l'enclenchement civique et d'une large mesure sociale
de santé communale. Il transforme également le capital social
d'une ressource possédée par des individus à un attribut
des collectivités, se concentrant sur des normes et la confiance comme
producteurs de capital social à l'exclusion des réseaux.
Depuis, le capital social est perçu comme une ressource
pour la société, et comme un outil qui peut contribuer à
la collaboration et à la coordination de la collectivité. Ces
grands courants de pensée démontrent que le concept de capital
social est autant une ressource individuelle que collective qui se manifeste
dans les contextes formel et informel. Le formel est constitué de
groupes reconnus formellement auxquels les membres doivent s'inscrire ou payer
un tarif pour en faire partie (Putman, 2000). Ce contexte est plutôt
connu aujourd'hui sous la forme de vie associative et société
civile incluant entre autres les associations, les syndicats, et les partis
politiques, les GIC, les organisations de producteurs agricoles. Pour
identifier le capital social d'un individu ou d'une collectivité,
quantifier le contexte formel n'est pas suffisant pour donner un portrait
global du capital social, car une grande partie de celui-ci se manifeste dans
un contexte informel. Les groupes informels sont plus difficiles à
quantifier et se manifestent de différentes façons, par exemple,
les groupes de femmes, les sociétés d'intérêts
communs, et les groupes d'activités sociales. Ces groupes sont
plutôt constitués de personnes ayant des liens plus forts comme
les amis, les voisins et la famille (Putman, 2000). Tandis que les personnes
participantes aux groupes formels ont plutôt des liens plus faibles comme
des connaissances. Par contre, ces observations ne sont pas absolues, il est
possible d'avoir des liens faibles dans les groupes informels et des liens
forts dans les groupes formels (Field, 2003). Le capital social se forme en
créant des liens d'attachement (bonding), des liens
d'accointance (bridging), et des liens instrumentaux
(linking) entre individus ou les collectivités. Les liens
d'attachement consistent plutôt de membres de la famille, les amis et les
voisins, ce sont les liens qui offrent un support quotidien pour des
tâches anodines, tel que garder les enfants ou faire une course. Les
liens d'accointance sont constitués de personnes qui ont un même
statut social, mais qui participent dans des groupes différents, tels
que des collègues de travail dans deux endroits différents (ou
plus), ou des associations connexes qui ont un but commun, mais opèrent
dans des milieux différents. Les liens instrumentaux sont
constitués de personnes dans des positions sociales plus
élevées telles que les professeurs, les chefs syndicaux et les
politiciens, qui offrent des occasions d'avancement personnel ou professionnel
pour une personne ou un groupe afin de promouvoir un objectif (Woolcock et al.,
2000).
Le travail de Woolcock (1998), en tant qu'économiste de
développement international à la Banque mondiale, démontre
le fonctionnement de ces liens pour le développement économique
dans son étude des communautés pauvres dans les pays en voie de
développement. Il illustre l'importance des liens d'attachement dans ces
communautés comme une ressource importante à leur survie afin de
bénéficier d'un certain développement économique.
Il constate d'ailleurs que ces liens d'attachement permettent aux individus
d'aller cultiver des liens d'accointances et instrumentaux afin de pouvoir
sortir de la pauvreté, et qu'un bon équilibre entre ces trois
types de liens est optimal pour l'avancement d'un individu ou d'une
collectivité (Woolcock, 1998; Woolcock et al. 2000).
Par contre, le capital social n'est pas toujours une ressource
positive. En effet, de la même manière qu'il
bénéficie aux membres du réseau et aux non membres,
à travers le développement de forts liens sociaux, il peut
également être exploité dans un but socialement et
économiquement pervers. La recherche de Portes portant sur les ghettos
de Miami, démontre que les liens d'attachement sont parfois plus
importants que les liens d'accointance ou instrumentaux, formant des groupes
dominants qui influencent les membres de la communauté (Portes, 1998).
Ce manque d'équilibre parmi les trois types de liens a un effet
plutôt négatif sur la communauté, surtout si les groupes
dominants ont des objectifs communs négatifs. Donc, en négligeant
les liens d'accointances et instrumentaux, les membres de cette
communauté passent à côté d'une ressource importante
qui contribuerait à leurs objectifs individuels ou communs (Portes,
1998). Il a identifié quatre conséquences négatives du
capital social qui sont l'exclusion des étrangers ; les
réclamations d'excès sur des membres de groupe ; les
restrictions à la liberté individuelle et les normes de mise
à niveau de haut en bas ». Il croit que ces
conséquences, et la nature inégale de l'accès au capital
social doivent être équilibrées contre la vue optimiste, si
le capital social se veut utile comme outil pour l'analyse et la transformation
sociales.
Un dernier ingrédient important dans la construction du
capital social est la confiance. Elle est l'engrenage du concept en tant que
ressource pour l'action collective. Sans confiance par rapport aux liens, les
réseaux restent douteux et incapables d'être utilisés pour
promouvoir la participation et donc atteindre un objectif commun (Da Costa,
2007 : 9). Putnam a clairement démontré cet aspect dans sa
première étude en Italie où le taux de vote était
plus haut dans le Nord comparativement au Sud, où la Mafia est plus
présente et la corruption des membres instaure une aire de non-confiance
envers les politiciens (Da Costa, 2007 : 10).
Fukuyama a une théorie très simple. Pour lui, la
capacité d'une nation à développer les institutions qui la
rendent puissante et performante dépend de l'aptitude à la
confiance de sa population, aptitude qui trouve son origine dans les valeurs
inhérentes à la culture. Pour Olivier de Sardan, l'une des
leçons majeures que l'on puisse tirer de l'étude de la vie
économique est que « la prospérité d'une nation
et sa compétitivité sont conditionnées par une seule et
unique caractéristique culturelle omniprésente et le niveau de
confiance propre à la société » (Olivier de Sardan,
1995 :128).Selon cette règle, le monde se sépare en deux
camps : celui des pays à « haute confiance », et celui
des pays à « basse confiance » (Ponthieux, 2004).
Pour tous ces auteurs, le capital social est une notion
importante pour les performances socioéconomiques tant des individus que
des collectivités. Il se veut un concept mesurable. Sa mesure peut se
baser, soit sur des actions menées en commun, par exemple dans un cadre
associatif ou groupe de travail, soit sur la confiance que les individus ont
les uns dans les autres.
L'étude des approches dominantes du capital social fait
ressortir un intérêt général commun par la
manière dont la dynamique des relations sociales pourrait constituer un
atout important et être génératrice de résultats
variés. Par exemple, Bourdieu s'est intéressé à la
manière dont les élites pouvaient recourir à leurs
réseaux sociaux pour renforcer et reproduire leur statut
privilégié. Coleman lui a examiné comment le capital
social, au sein des collectivités dans lesquelles règne une
grande cohésion, avait aidé à soutenir les
espérances des familles à l'égard des études de
leurs enfants, et ce faisant, réduit les taux de décrochage
à l'école secondaire (Odia Ndongo et al, 2006). Notre analyse
à nous portera sur le rôle que peut jouer le capital social des
communautés dans l'appropriation du projet pilote de lutte
intégrée contre la désertification.
Dans l'anthropologie et développement,
Jean-Pierre Olivier de Sardan fait savoir qu'on peut parler de
développement du seul fait qu'il existe ce qu'il appelle une
« configuration développementiste »
c'est-à-dire un :
« univers largement composite d'experts, de
bureaucrates, des responsables d'ONG, de chercheurs, de techniciens, de chefs
de projets, d'agents de terrain, qui vivent en quelque sorte du
développement des autres, et mobilisent ou gèrent à cet
effet des ressources matérielles et symboliques
considérables » (Olivier De Sardan, 1995).
Ceci, rejoint la thèse de Georg Simmel, qui a
pensé qu'assister les nécessiteux c'est atténuer les
extrêmes de la différenciation sociale dans le but de les
pérenniser afin que la structure sociale soit fondée sur cette
différenciation. Durkheim a d'ailleurs formulé des conclusions
analogues. Réduire la pauvreté nécessite donc d'agir sur
les réseaux sociaux.
Vue sous cet angle, l'appropriation d'un projet de
développement serait donc la manifestation des réseaux de
relations dont disposent les acteurs et institutions dites de
développement. Pourtant, le développement implique la
transformation, mieux le changement social qui provoque
« l'angoisse ». Et pour que la transformation soit
acceptée, elle doit être « conforme à ce qui
s'est toujours fait ou à ce qui ne pouvait manquer de se
produire » (Rist, 1998). Nous dirons donc avec Olivier de Sardan
qu'il faut d'abord essayer de comprendre comment ce changement sera fait avant
d'oeuvrer pour sa réalisation. Ainsi, pour que le développement
soit effectif, il faut qu'il existe une multitude d'acteurs sociaux qui le
favorisent. Cependant, aucun modèle d'analyse économique en
laboratoire ne peut prévoir les interactions entre ces acteurs. Mais
seule la socio-anthropologie peut tenter de les décrire et
interpréter (Olivier de Sardan, 1995 :10).
Le développement rural se présente donc comme
une multitude d'interventions plus ou moins cohérentes destinées
à infléchir l'évolution du secteur concerné,
même si cette diversité d'interventions rend souvent la mise en
oeuvre des projets de développement complexes (Dufumier, 1996 :
98). La communication est donc nécessaire pour renforcer la
cohésion sociale en « échangeant les informations et
des solutions et pour contrôler le conflit ».
Le problème que pose l'appropriation des actions de
développement rural est propre à la nature même des
projets. Ainsi, avant même d'être mis en oeuvre, un projet de
développement est un ensemble en partie incohérent, car
doté de cohérences disparates. A cet effet, tout projet de
développement d'après Jean-Pierre Olivier de Sardan, renvoie
à plusieurs niveaux de cohésion en partie contradictoires:
« la cohésion interne du modèle
technique, la congruence du projet avec la politique économique
nationale, la conformité du projet avec les normes des bailleurs de
fonds et la dynamique propre de l'organisation du projet » (Olivier
de Sardan, 1995 : 128).
C'est pourquoi, face aux actions de développement, les
populations cibles peuvent adopter deux principaux comportements qu'Olivier de
Sardan qualifie de principes très généraux. Il s'agit des
principes de « sélection » et de
« détournement » (Olivier de Sardan, 1995 :
133). Dans le principe de sélection, tout projet de développement
est un ensemble de mesures coordonnées et prétendant à la
cohérence. Cet ensemble est toujours plus ou moins
désarticulé par la sélection que les
bénéficiaires opèrent en son sein. Dans le principe de
détournement par contre, les bénéficiaires utilisent les
opportunités fournies par le projet pour les mettre au service de leurs
propres objectifs.
Pour que l'appropriation devienne effective, l'individu, le
groupe ou la communauté doit posséder les ressources officielles
et non officielles qui lui permettent de contrôler son
développement. Il s'agit d'un pouvoir d'action autonome, lui permettant
de modifier certaines de ses conditions de vie afin de survivre et/ou
d'améliorer son sort, de gérer les services à rendre
accessibles à sa population et d'exercer un contrôle global et
continu sur sa vie et sur sa destinée. Il s'agit ensuite d'un processus
qui la conduit: à prendre conscience de ses problèmes et de sa
capacité (ou de son incapacité), à les résoudre, et
à resserrer les liens sociaux de base afin qu'émerge une nouvelle
organisation sociale axée sur le partenariat et, à maitriser de
plus en plus les outils collectifs de développement. Il s'agit enfin
d'une structure, à l'intérieur de la communauté, qui
favorise la participation de ses membres et qui est reconnue par ces derniers
et par leur environnement (CONSEIL DE LA SANTE ET DU BIEN-ETRE., 2001:
11).
Dans le cas spécifique des projets de lutte contre la
désertification, Les avancées dans la mise en oeuvre de la
Convention des Nations Unies sur la Lutte contre la Désertification
(CCD) ne sont pas significatives. En effet, divers processus ont toujours cours
dans le cadre de la définition ou de la mise en oeuvre de Programmes
d'Action Nationaux (PAN) et de Programmes d'Action Sous Régionaux
(PASR), mais leur mise en oeuvre connaît encore des difficultés.
Le bilan du PASR réalisé en 2000 a montré que le manque
d'appropriation par les ruraux être une des raisons essentielles des
faibles progrès enregistrés dans la lutte contre la
désertification.
D'après l'UICN, deux contraintes majeures limitent le
bon fonctionnement des mécanismes et de l'approche proposée par
la CCD. Il s'agit d'une part, de la faible participation de la
société civile dans l'élaboration des politiques et plans
d'action, et d'autre part du manque d'appropriation des thèmes de la
lutte contre la désertification par les communautés
concernées. Par-delà les acquis incontestables de certaines
actions, ces lacunes révélaient des difficultés
réelles quant à l'implication véritable des
populations.
Il est apparu manifeste que la dimension sociale de la
problématique de lutte contre la désertification n'était
pas suffisamment pris en compte dans les démarches,
l'élaboration, la mise en oeuvre, le suivi et l'évaluation des
programmes. Ce constat amène logiquement à rechercher comment les
cadres juridique et institutionnel peuvent favoriser une participation
effective des populations
Au regard de ce qui précède, il apparait que la
notion du capital a été très peu abordée dans le
cadre des projets de développement rural en général et de
lutte contre la désertification en particulier, d'où la
pertinence d'une recherche sur le rôle du capital social dans
l'appropriation des projets de développement rural au Cameroun. Nous
nous interessons aux relations qu'utilisent les population de la
communauté pour atteindre leurs objectifs.La prochaine articulation de
notre travail est la mise en exergue de notre problématique.
VI. PROBLEMATIQUE
Les résultats des projets
de lutte contre la désertification entrepris depuis plus de quarante ans
dans le Sahel ont été pour le moins mitigés, malgré
les bonnes volontés et les moyens financiers mis déployés.
Les causes des échecs de ces projets sont multiples et aussi
variées que la diversité des cas de figure, chaque projet
étant quasiment unique en son genre en ce qu'il a d'acteurs, de contexte
et de contraintes spécifiques. Cependant, s'il y a une constante dans la
plupart des projets mis en oeuvre dans la région de l'extrême-nord
comme dans le monde rural au Cameroun, c'est probablement que la
démarche technique, voire techniciste, a été
privilégiée par rapport à l'approche sociale. On a
planté des arbres suivant les meilleures techniques enseignées,
construit des ouvrages, introduit de nouvelles emblavures. On a d'abord
réalisé des travaux en régie, en payant la main d'oeuvre
locale. Par la suite, on a décidé (à la place des
populations) qu'elles doivent être impliquées : C'est
l'ère de l'implication des populations. L'observateur notera une
évolution très positive des décideurs et des
planificateurs, et leur prédisposition à désormais compter
avec les populations.
Le Comité Diocésain de Développement
à Maroua a mis sur pied le Projet de Lutte Intégrée contre
la Désertification (PLID) dans ce contexte, avec pour ambition de
susciter l'adhésion du plus grand nombre. La question qui se pose est de
savoir s'il suffit seulement d'impliquer les populations pour s'assurer de la
réussite du projet. En d'autres termes, s'agit-il de convaincre les
populations d'adhérer aux objectifs des projets, ou de les amener
à s'en approprier? Nous allons pousser la réflexion encore plus
loin sur PLID dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao, en nous demandant
si le capital social peut aider les membres de la communauté à
s'approprier le projet et si tel est le cas, dans quelle mesure?
VII. HYPOTHESES
Pour donner une réponse provisoire à cette
question, nous retiendrons une hypothèse principale de laquelle
découlent deux hypothèses secondaires.
Hypothèse principale
Le capital social favorise l'implication des membres de la
communauté dans les activités du projet, mais cette implication
est limitée par leur niveau d'accès aux ressources du projet, et
leur comportement basé sur les principes de sélection et de
détournement du projet.
Hypothèses secondaires
1. Le fort développement des réseaux sociaux
informels dans la communauté a facilité aux populations,
l'accès aux ressources du projet.
2. Le niveau de confiance élevé dans la
communauté n'a pas limité les principes de sélection et de
détournement des activités du projet par les
bénéficiaires.
VIII. CADRE METHODOLOGIQUE
A. Grille d'analyse
Nous avons adopté le modèle interactionniste
pour expliquer de manière synchronique et rendre compte des
stratégies et tactiques des bénéficiaires du projet PLID,
en fonction de leurs buts et de leurs pouvoirs ou ressources (Grawitz,
2001 :773). Mise au point vers 1950 par l'Ecole de Chicago, la
méthode interactionniste permet de comprendre que les interactions qui
se produisent au sein de la société traduisent les idéaux
ou les valeurs qui lui confère non seulement la cohésion, mais
aussi les oppositions d'intérêts qui entrainent les tensions,
modifient l'équilibre des rapports sociaux et déterminent le
rythme du progrès social (Grawitz, 2001: 321). Elle permet d'analyser la
construction de l'ordre social en insistant sur son caractère dynamique,
négocié et sans cesse réadapté par des
savoir-faire, des conflits, des divergences d'intérêts, en faisant
attention aux rôles des sujets marginaux ou déviants. Elle permet
de lire la voie de développement comme étant le domaine de
la pluralité caractérisé par un ensemble de conflits et de
coalitions entre différentes groupes d'acteurs, suivant des
règles du jeu nés des accords entre ces groupes (Kiamba, 2010).
Pour atteindre leurs objectifs, les acteurs du PLID utilisent des tactiques et
des stratégies.
Nous avons aussi fait appel au modèle
stratégique, pour étudier les relations de pouvoir dans la
communauté. Elle rejette toute idée de déterminisme
structurel ou social car, il n'y a pas de systèmes sociaux
entièrement réglé ou contrôlé. Les acteurs
individuels ou collectifs qui les composent ne peuvent jamais être
réduits à des fonctions abstraites et désincarnées.
Dans la communauté, les acteurs individuels ou collectifs en groupe,
malgré les contraintes que leur impose le système, disposent
d'une marge de liberté qu'ils utilisent de façon
stratégique dans leur interaction avec les autres. Ils créent des
zones d'incertitudes, face aux contraintes organisationnelles et
fonctionnelles. La persistance de cette liberté défait les
réglages les plus savants (Crozier et Friendberg, 1997 : 25).
Pour bien cerner le rôle du capital social dans
l'appropriation du PLID, nous avons complété les deux
précédentes approches par l'approche macro et méso
à travers des méthodes multiples. En effet, d'après une
recherche approfondie du Projet de Recherche sur les Politiques (PRP), il
existe trois grandes échelles pour l'étude du capital social qui
sont l'approche micro, l'approche macro, et l'approche méso (PRP, 2005).
L'approche macro est centrée sur la valeur d'intégration et de
cohésion sociale du capital social, mettant l'importance sur les
structures sociales et politiques d'une collectivité qui favoriseraient
un environnement de confiance et réciprocité pour la
participation civique (Grootaert, Narayan, Jones, Woolcock, 2004). Elle
s'intéresse aussi au capital social en tant que bénéfice
de l'ensemble de la communauté. L'approche méso est quant
à elle centrée sur la valeur instrumentale du capital social
comme mobilisateur et producteur de ressources comme l'information. Elle
s'intéresse aux structures qui favorise la coopération au sein
d'une communauté pouvant ainsi bénéficier autant
l'individu que le groupe (Paldam, 2000; PRP, 2005 : 25).
B. Techniques de collecte
des données
La recherche à méthodes multiples a
été utilisée dans le but d'avoir une triangulation des
informations acquises afin d'approfondir les connaissances et d'assurer la
validité et la fiabilité de notre recherche (Hay, 2000; Hoggart
et al., 2002; Patton, 2001). La triangulation est l'acquisition par des
méthodes complémentaires de recherche, soit quantitatives soit
qualitatives, pour améliorer la capacité d'interpréter les
sens et les comportements en utilisant diverses voies pour atteindre le
même résultat. Dans cette recherche, les méthodes
utilisées sont à la fois quantitatives et qualitatives
basées sur des données primaires et secondaires.
1. Données Primaires
Les données primaires sont basées sur des
méthodes qualitatives, qui sont les entrevues et le questionnaire. Elles
permettent de donner un aperçu du réseau informel, des liens, de
la confiance et des normes sociétales.
a. Entrevues
Les entrevues ont servi à comprendre les liens formels
et informels dans un contexte géographique, temporel, et par rapport au
secteur choisi. Elles ont aussi aidé à comprendre la dynamique
parmi les acteurs par leurs réseaux sociaux, ainsi que les normes
sociétales dans lequel ces liens sont construits et parfois
détruits. Les entrevues ont enfin permis d'identifier le capital social
en utilisant l'approche méso. Avant toute entrevue, les participants ont
pris connaissance ou signé un formulaire de consentement3(*)pour garder l'anonymat.
Chaque entrevue avait une durée moyenne de trois heures
et la méthode des entrevues intensives s'est avérée la
plus pertinente dans ce cas. Sa structure était semi-formelle afin
d'avoir le maximum d'informations. Il a fallu un certain niveau de confiance
entre les participants et nous, afin que nous discutions de leurs liens
personnels et professionnels.
b. Questionnaires
Le questionnaire a permis de mesurer l'aspect plus formel du
Capital Social, prenant une approche micro. Le but de ce exercice était
de renforcer les informations obtenues lors de l'entrevue afin d'avoir une
triangulation des données. Le questionnaire4(*) a été
présenté aux bénéficiaires du projet à la
suite de l'entrevue. Les questionnaires ont souvent été
administrés oralement. Les questions d'entrevue et de questionnaires
étaient basées sur un modèle d'une recherche entreprise
par l'Université de la Colombie Britannique sur le rôle du Capital
Social dans la revitalisation économique des villages côtiers de
la province (Matthews, 2003).
2. Données secondaires : la
Documentation
Une autre source de données secondaires est la
documentation publiée autre que les articles académiques. Pour
cette recherche, les documents du projet et ceux d'autres structures de
développement et gouvernementaux ont été utilisés
en plus des documents académiques.
C. Terrain d'étude
et échantillonnage
La collecte des données sur le terrain s'est
déroulée du 14 au 30 mai 2011 dans l'arrondissement de Meri et,
précisément, dans les villages: Mbozo, Houdouvou, Watergas,
Ftang, Mananam, et Ouro-Kessoum.
La stratégie d'échantillonnage boule de
neige5(*) a
été utilisée pour passer les entretiens sur le terrain.
Cette méthode d'échantillonnage nous a permis de bien cerner les
liens formels et informels dans la localité afin d'avoir une
compréhension plus complète du contexte. Ainsi, notre
enquête a porté sur un échantillon de 125
enquêtés individuels, en groupes de producteurs ou en
comités locaux villageois. Le tableau suivant présente cette
répartition.
Tableau 1 :
Répartition des enquêtés par village et regroupement
social
Villages
|
Nombre de personnes ayant participé aux
entretiens avec les groupes de producteurs
|
Nombre de personnes ayant participées à
l'entretien avec le comité local
|
Nombre de personnes ayant participées aux
entretiens individuels
|
Total
|
Mbozo
|
16
|
0
|
4
|
20
|
Houdouvou
|
28
|
5
|
0
|
37
|
Watergas
|
12
|
0
|
6
|
18
|
Ftang
|
8
|
6
|
0
|
14
|
Mananam
|
14
|
5
|
0
|
19
|
Ouro-Kessoum.
|
15
|
6
|
0
|
21
|
Total
|
93
|
22
|
10
|
125
|
Source : Enquête,
2011.
Ce travail de recherche n'était pas aisé dans la
mesure où nous avons été confrontées à
quelques difficultés.
IX. DIFFICULTES RENCONTREES
Les principales difficultés rencontrées au cours
de notre travail de terrain étaient d'ordre climatique et
communicationnel. En effet nous avons affronté l'adversité du
climat dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao, en supportant avec
beaucoup de peine des températures de plus de 40°C. Pour mener
à bien les enquêtes, les entretiens étaient
programmés avant que le soleil n'atteint le zénith aux environs
de 13 h. Dans le cas contraire, il fallait attendre 18 h, lorsque le temps
commence à être favorable pour un entretien. Quel que soit la
stratégie adoptée, lorsque le temps devenait très chaud,
toute activité était arrêtée. La difficulté
de communiquer en langue local a été à l'origine de la
longue duré des entretiens. En effet, nous avions toujours besoin d'un
interprète pour permettre à tous de participer aux
différents débats. Les difficultés rencontrées
étant ainsi présentées, il convient maintenant de
présenter de matière sommaire le plan de notre mémoire.
X. PLAN DU MEMOIRE
Notre mémoire est structuré en trois chapitres.
La première porte sur la présentation du district paroissial de
Wazzang-Kalliao. Le deuxième présente le Projet de Lutte
Intégrée contre la Désertification. Le troisième
chapitre analyse le capital social comme outil d'appropriation d'un projet de
développement rural dans la communauté et apporte des suggestions
pour les actions futures de développement du secteur rural.
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE LA DESERTIFICATION DANS
LE DISTRICT PAROISSIAL DE WAZZANG-KALLIAO
Nous avons consacré
cette partie du travail, au contexte de la désertification dans le
district paroissial de Wazzang-Kalliao. Il s'agit d'analyser la
communauté dans sa globalité sur les plans physique, humain,
économique et culturel. Le but ici est de poser un regard socio
anthropologique sur la vie de la population de Wazzang-Kalliao, afin d'avoir
une meilleure compréhension des contraintes de développement
auxquels font face les populations et les enjeux du projet de lutte
intégré contre la désertification dans cette
localité.
I. MILIEU PHYSIQUE
La présentation du
milieu physique de Wazzang-Kalliao met en évidence, sa localisation,
son relief, ses sols, son hydrographie, son climat, sa faune et sa flore.
A. La Localisation de
Wazzang-Kalliao.
Le district Paroissial de Wazzang-Kalliao est une
localité située dans l'arrondissement de Meri, dans la zone
périurbaine du département du Diamaré. Elle est distante
du chef-lieu de l'arrondissement de douze kilomètres et environ trente
de Maroua, chef-lieu de la région.
Il est constitué de onze villages qui sont :
Mbozo, Goulmoyo, Houdouvou, Kalliao, Beguelé, Massakal, Watergas,
Pourtamaye, Ftang, Mananam, et Ouro-Kessoum. Il est limité :
· au Nord par la paroisse saint Michel du canton du
Douvangar ;
· au Sud par l'arrondissement de Gazawa ;
· à l'Est par le canton de Godola ;
· à l'Ouest par la chaîne montagneuse des
villages de Ngoktof et Manguerdla.
La figure 1 qui suite présente la situation
géographique de l'arrondissement de Meri.
Figure 1 :
Localisation de l'arrondissement de Meri
Arrondissement de Meri, zone d'étude
Source : MIDIMA (2009 :
8)
B. Le Relief de
Wazzang-Kalliao
Le relief de Wazzang-Kalliao est constitué d'une
alternance de plateaux d'altitude moyenne variant entre 500 et 1000 m, de
pénéplaines d'altitude variant entre 200 et 300 m
surplombées de quelques massifs montagneux et de plaines inondables ou
« yaérés » parsemées d'inselbergs
(PAN/LCD, 1997 : 21). Il peut être classé en trois
principales zones : la zone des montagnes, des piémonts et des
vallées.
Le relief montagneux est constitué d'une chaîne
de montagnes avec des pics d'altitude variant entre 350 et 950 m (PLID, 2006).
Des fortes pentes existent çà et là et exposent les
horizons meubles des sols non protégés aux menaces de
l'érosion. Les sommets de ces différentes montagnes sont
réservés à l'habitat mais surtout au pâturage.
Les piémonts sont des basses terres situées au
flanc des montagnes. Ils sont surtout réservés à
l'habitat, c'est d'ailleurs la zone la plus peuplée du site. On n'y
cultive aussi le sorgho (celui de saison pluvieuse et celui de saison
sèche), le niébé, l'oseille de guinée, le
sésame et l'arachide. Les vallées quant à elles
constituent les bas-fonds, situés le long des différents mayo.
Elles sont le résultat de l'intense activité érosive
facteur aggravant de la désertification.
1.3. Les Sols de
Wazzang-Kalliao
La localité est caractérisée par une
mosaïque de sols et de formations édaphiques variés. Ces
sols sont généralement très sensibles à
l'érosion hydrique et éolienne, accentuée par la
disparition du couvert végétal. Sous la pression humaine et les
précipitations, ces sols subissent une forte érosion hydrique,
ce d'autant qu'il y a un relâchement dans l'entretien des terrasses qui
servaient à leur conservation.
Dans les plaines, des pratiques culturales, y compris
d'irrigation, inadaptées se sont révélées
être des facteurs de la dégradation de la matière
organique, de la circulation superficielle des eaux et de l'érosion. Le
signe le plus marquant de la dégradation des terres dans cette zone est
la présence de vastes étendus de sols nus, appelés
localement "Hardé" ou sols stériles.
Les types de sols sont fonction de la végétation
et de climat ambiant. Ainsi, les sols rencontrés à
Wazzang-Kalliao sont de type sableux, vertisols (karal)6(*), hydromorphes, ferrugineux
tropicaux, halomorphes ou de type hardé (aride). Au niveau des
piémonts dans les villages Watergas, Ftang et Massakal, les sols sont
formés de cuirasse découlant de la roche mère. Par contre
au niveau de la vallée, dans les villages de Mbozo, Goulmoyo, Houdouvou,
Kalliao, Béguélé et Pourtamaye, les terres sont
argileuses, argilo-humiques, sableux, sablo-limoneux et par endroits des sols
« hardés » compacts et imperméables qui sont
réservés au pâturage. Ces sols sont favorables à la
pratique de l'agriculture. Ainsi, plus de 80% de la population de
Wazzang-Kalliao mène des activités agricoles (DDADER-D,
2012 : 3).
D. L'Hydrographie de
Wazzang-Kalliao
Les cours d'eau qui le traversent Wazzang-Kalliao sont
saisonniers. Il s'agit d'un part des Mayo-Mbozo, Mayo-Daray et Mayo-Goulmoyo
qui se jettent dans le Mayo-Kalliao et d'autre part du Mayo-Pourtamaye qui se
jette dans le Mayo-Tsanaga dont la source se situe dans les montagnes Ziver et
Wouzod dans l'arrondissement de Mokolo.
Pour le cas des eaux stables, les puits dont la profondeur
moyenne est de 12 m environ sont insuffisants et s'assèchent pendant la
saison sèche. C'est également le cas des marres. Cette situation
est à l'origine des pénuries d'eau récurrentes dans la
localité. Ainsi, les hommes et leur bétail sont parfois
contraints de parcourir de longues distances à la recherche de cette
denrée rare. L'accès à l'eau potable est l'un des
principaux freins au développement de la localité. En effet,
c'est une source de conflits. C'est aussi l'une des causes de l'exode des
jeunes. Le PLID a ainsi mis un accent particulier sur l'accès à
l'eau potable par les populations. En effet, un adage dit que
« l'eau c'est la vie » et s'il n y a pas vie, il n'y a non
plus possibilité de développement
E. Le Climat de
Wazzang-Kalliao
Outre sa position géographique, la localité se
distingue par des conditions climatiques relativement sèches
comparées à celles du reste du Pays. Nous avons
caractérisé celui de notre zone d'étude par les
précipitations, la température et les vents.
1. Précipitation
Wazzang-Kalliao est soumise à un climat tropical de
type soudano-sahélien, dont les principales caractéristiques sont
les suivantes:
§ Une courte saison pluvieuse (04 mois), allant de juin
à septembre (DDADER-D, 2012 : 2). Elle est centrée sur un
maximum au mois d'août, avec une pluviométrie variant entre 600
à 1000 mm par an (IRD, 2000 : 18) ;
§ Une saison longue (07 mois), allant d'octobre à
mai (DDADER-D, 2012 : 2). Elle est d'autant plus rigoureuse que l'on se
dirige vers le Nord ;
L'effet marquant ici est l'irrégularité dans le
temps et dans l'espace de la répartition des pluies au cours de
l'année et d'une année à une autre. Cette
instabilité est grande tant pour l'apparition des premières
pluies que pour leur arrêt (A. Hallaire, 1991 : 19).
Les précipitations constituent le facteur le plus
déterminant des rendements des cultures. En effet, chaque espèce
culturale a une période critique où la quantité d'eau joue
un rôle primordial sur le développement normal et le rendement
optimal.
2. Températures et
Vents
La température a pour origine le rayonnement solaire.
Elle caractérise le degré de chaleur ou de fraîcheur dans
un milieu donné. Elle joue un grand rôle dans le
développement et la croissance des cultures. En effet, chaque
espèce végétale possède une température
minimale au-dessous de laquelle les fonctions physiologiques ne sont plus
possibles. Certaines plantes exigent le froid pendant un temps suffisamment
long pour déclencher leur floraison tandis que d'autres au contraire
sont indifférentes ou peu sensible à ce besoin.
A Wazzang-Kalliao, l'insolation est importante et les
températures sont très élevées atteignant parfois
les 48°C à l'ombre aux mois d'avril et mai (IRD, 2000 : 19).
La courbe présente deux minima, l'une au début de la saison
sèche et l'autre plus marquée à la fin de la saison
sèche. Les mois les plus froids, décembre et janvier sont aussi
ceux dont l'amplitude diurne est plus forte (16° à 17° C en
moyenne) (G. Pontié, 1973 : 14). Ce phénomène joue
certainement un rôle important dans la mortalité et la
morbidité infantile dans la région.
Le vent sert à l'écoulement de l'air sur la
surface du globe terrestre. Il est caractérisé par sa direction
et sa vitesse. La direction indique d'où vient le vent tandis que la
vitesse est l'espace parcouru par une particule d'air pendant l'unité de
temps. Dans la localité de Wazzang-Kalliao, le Harmattan7(*) souffle pendant toute la saison
sèche jusqu'au mois de mai où il fait place à la
Mousson8(*) qui souffle
pendant la saison pluvieuse.
Les effets de ces vents sont généralement
néfastes et peuvent être classés en effets
mécaniques et en effets thermiques, suivant leur niveau d'action. Les
effets dits mécaniques sont souvent à l'origine de la destruction
des cultures par lacération des feuilles, la chute des fruits, la casse
du mil, etc. Ils entraînent la destruction des cases et des hangars par
de grands tourbillons qu'ils forment. Les effets thermiques quant à eux
provoquent l'assèchement des récoltes. Un vent violent peut
balayer la partie superficielle de la couche arable du sol : c'est le
phénomène d'érosion éolienne.
Ces contraintes climatiques contribuent pour beaucoup à
l'exacerbation du processus de désertification dans cette zone qui se
caractérise par des écosystèmes fragiles avec une bonne
représentation de zones humides, une forte densité des
populations et une forte pression foncière source de conflits divers.
F. La Faune et la Flore de
Wazzang-Kalliao
1. Faune
Malgré les conditions environnementales rudes, la
localité de Wazzang-Kalliao regorge d'une assez riche faune que nous
pouvant catégoriser en quatre classes selon le tableau
ci-après.
Tableau 2 :
Répartition de faune sauvage de Wazzang-Kalliao
Classes
|
Quelques espèces animales
rencontrées
|
Mammifères
|
Singe, hyène, panthère, loup, biche, gazelle,
écureuil, daman de rocher, lapin, rat de Gambie, ...
|
Reptiles des zones sahéliennes
|
Varan, boa, vipère, naja, tortue, lézard,...
|
Oiseaux
|
Pintades, pigeons, quelea-quelea, tisserand...
|
Insectes
|
Termites, criquets, sauterelles,...
|
Source : PLID (2006).
Cette diversité faunique mais peu abondante limite les
activités de chasse. En effet, la population n'accorde pas beaucoup
d'importance à la chasse, parce que la faune n'est pas abondante.
Seulement une minorité des personnes chasse porcs-épics, singes,
écureuils et lapins par la technique de la chasse à la cours,
ceci pour des besoins en protéines animales. Elle se fait aussi et
surtout pour la protection des cultures ou des animaux domestiques contre les
déprédateurs. Toute fois, nous noterons que la chasse se fait
généralement en communauté. Dans ce cas, elle est
organisée en groupe par les Guiziga. Elle est communément
appelé le « Diwgal » et se pratique pendant les
saisons sèches où il y a peu de verdure, potentiel abris pour les
animaux sauvages.
2. Flore
La flore de Wazzang-Kalliao est essentiellement
composée d'herbes et d'épines. Ces espèces
herbacées et les rares ligneuses ont de multiples usages: bois de
chauffe, matériaux de construction, outils, meubles, produits de
cueillette, pharmacopée, etc. Par exemple la famille des
graminacées est celle qui domine dans toute la localité et la
population en tire un grand usage tel que la confection des toitures par le
panicum, andropogon qui sont abondantes sur les berges des
Mayo et dans les montagnes. Il y a aussi les adventices comme le
Striga, et Comelina classés parmi les premiers ennemis
des cultures. Dans cette zone les planteurs reconnaissent facilement les sols
fertiles par la présence des certaines espèces
végétales à l'instar du Faidherbia ou du
Crotalaria. En saison sèche les quelques arbres rabougris
jaunissent et perdent complètement leurs feuilles. Ici, les grands
arbres sont rares hormis ceux qui sont protégés par des lois
coutumières. Toutefois, la production du bois de feu et de charbon
constitue dans la localité, la plus importante forme d'exploitation des
espèces ligneuses. Cette exploitation est stimulée par une forte
demande au niveau des centres urbains. Les espèces les plus
appréciées sont : Anogeissus leiocarpus, Dalbergia
melanoxylon, Acacia seyal, Dichrostachys cinerea, Balanites aegyptiaca. La
surexploitation des ressources ligneuses a induit une forte dégradation
du couvert végétal, voire leur raréfaction, ainsi que la
modification des écosystèmes et une importante perte en
biodiversité. Les trajectoires naturelles de ces formations suivent
désormais une dynamique régressive. Le passage
répété des feux de brousse et la persistance de la
pratique des feux de brousse tardifs ont également un effet
négatif sur la végétation dont la croissance est fortement
affectée. Il en résulte un appauvrissement de la composition
floristique avec sélection d'espèces pyrorésistantes. On
note également la disparition du couvert végétal dans
toute la localité.
II.
MILIEU HUMAIN
La présentation du milieu humaine s'articule sur
l'histoire de la localité, sa population, son organisation sociale et
ses infrastructures sociales.
A. L'Histoire de
Wazzang-Kalliao
La compréhension du peuplement du nord du Cameroun est
souvent compliquée par la diversité des traditions orales
recueillis en un même lieu. Cette diversité traduit
l'hétérogénéité de groupes humains
constitués des chrétiens ; des animistes, communément
appelés « Kirdies » ou païens et les musulmans
(A. Beauvilan, 1989 : 13). Les légendes sont nombreuses sur les
installations des populations dans les Monts Mandara. L'une des plus belles est
celle qui stipule que les premiers habitants de Wazzang furent les Makama, les
Mandzah de Douroum et les Guiziga au pied du mont Kalliao et de
Béguélé. Ils étaient de la lignée des chefs
Wazzang, Douroum et Kalliao. L'histoire orale retient qu'ils se sont
installés dans ces trois villages vers 1620. En définitive, de la
période d'installation des populations jusqu'à nos jours, les
habitants de Wazzang-Kalliao ont connu des évènements heureux et
surtout malheureux à l'instar des guerres de résistance à
domination des Peulhs (A. Beauvilan, 1989 : 14).
B. La Population de
Wazzang-Kalliao
Il est un peu difficile
d'évaluer la population dans la localité, mieux encore d'avoir
des chiffres concrets sur les naissances et les décès. En effet,
« beaucoup des naissances se font à la maison et l'acte de
décès est pratiquement absent chez l'homme Mofou, Guiziga, et
Peulhs dans à Wazzang-Kalliao la localité »9(*). Un recensement effectué
par le centre de santé intégré de Watergas a cependant
montré que la population du site de Wazzang-Kalliao et ses environs est
estimée à 20785 habitants. Elle est dynamique et caractérisée par un faible niveau
d'alphabétisation. En effet, d'après le rapport du PLID, 75,6%
d'adultes de plus de 15 ans sont analphabètes, soit 64% pour les hommes
et 87,5% pour les femmes (PLID, 2006 : 2). On note également un
niveau de pauvreté élevé. En effet, 56 % de la population
de la région de l'Extrême-Nord vivent dans des ménages dont
les revenus sont en dessous du seuil de pauvreté évalué
à 232 547 FCFA (354, 5 Euros) par an et par équivalent adulte.
1. Répartition par
âge et sexe
Les données du diagnostic participatif effectué
par le PLID en 2006 révèlent que dans un échantillon de
300 ménages de Wazzang-Kalliao, il y a 3090 habitants dont 1380 hommes
et 1710 femmes. Etant donné que la superficie de la localité
n'est pas connue, il est donc difficile de donner la densité de la
population du milieu. C'est ainsi que nous avons fait une répartition de
la population en tenant compte seulement du sexe et de la classe d'âge
comme l'indique la figure 2 ci-après.
Figure 2 :
Répartition de la population de Wazzang-Kalliao selon l'âge et le
sexe.
Source : PLID
(2006).
Il ressort de ce qui précède que la population
de Wazzang-Kalliao est relativement jeune. En effet, plus de 49% des personnes
qui y vivent ont moins de 20 ans. La faible proportion des vieillards par
rapport aux jeunes est une caractéristique des pays en
développement. La population féminine reste supérieure
quelle que soit la tranche d'âge considéré. Le taux
d'accroissement annuel de la population est de 2,8%, parmi les plus
élevés du pays d'après le rapport de présentation
des résultats du 3è RGPH. La forte croissance
démographique est à l'origine de la pression sur les ressources
naturelles et le processus de désertification, dans la localité
caractérisée par des écosystèmes relativement
fragiles.
2. Migrations
Le phénomène migratoire à Wazzang-Kalliao
est permanent. Pour beaucoup de paysans, l'avenir passe par des migrations
rurales vers des régions lointaines ou par l'exode rural vers les villes
(A. Beauvilan, 1989 : 411). Cette fuite en avant justifiée ou
douloureuse répons à la conjugaison des violences climatiques et
sociales. Dans la localité de Wazzang-Kalliao, on en distingue deux
types ; les migrations intercommunales et l'exode rurale.
Les migrations intercommunale sont les plus
ou moins contrôlées qui se font d'une communauté vers une
autre. Elles sont caractérisées par le déplacement des
populations vers d'autres villages à la recherche des terres
cultivables. Elles sont les plus importantes, et s'expliquent par le
surpeuplement des zones de départ, le caractère aride du climat
et des sols, et l'absence de structures d'emploi qui obligent les populations
à rechercher de nouvelles alternatives à leurs besoins vitaux. On
distingue les migrations contrôlées organisées dans le
cadre de divers programmes et projets comme le CDD et des migrations
spontanées et incontrôlées. Il s'agit par exemple de celle
des transhumants qui constituent la plupart de temps des dangers pour les
actions de plantation d'arbres et d'aménagement des parcelles
agricoles.
L'exode rural constitue la forme la plus
ancienne qui s'opère dans la zone. Il concerne surtout les jeunes qui
vont dans les grandes villes à la recherche d'un emploi
rémunérateur. Cet exode a pour effet la réduction de la
main d'oeuvre agricole qui entrave le développement de la
localité. La recherche d'une amélioration de ses conditions de
vie doit-elle toujours passer par l'étape de migration ?
C.
L'Organisation Sociale de Wazzang-Kalliao
Elle concerne ici la tradition et la religion des villages, la
vie socioprofessionnelle, l'habitat et l'accès au foncier.
1. Organisation traditionnelle
et religieuse des villages
Les villages de Wazzang-Kalliao sont regroupés en deux
cantons dont les chefs-lieux sont à Wazzang et à Kalliao-Centre.
Ces cantons ont à leur tête un chef de deuxième
degré appelé « Lawane ». Il représente
l'administration auprès de la population. Ce chef est assisté
dans l'exercice de ses fonctions par des notables. Au niveau des villages,
l'administration est assurée par le « djaoro».
La population est répartie dans une mosaïque de
groupes ethniques dont les principaux sont : les Mofu, Gijiga, Peulhs et
de plus en plus les Magda, Ouléma, Koupouri, Mondant, et quelques autres
ethniques du Cameroun majoritairement fonctionnaires. L'autorité est
tenue par le père dans tous les clans. Il est représenté
en son absence par son fils ainé ou sa première femme qui est
aussi la conseillère du ménage. La coutume des peuples Mofou et
Guiziga est marquée par les rites du mariage. Ce dernier entraîne
la création d'une nouvelle unité économique (de production
et de consommation), et d'une nouvelle unité de reproduction biologique.
Ce ne sont pas deux individus seulement qui sont directement concernés
par le mariage, mais parfois deux villages, et en tout cas deux groupes de
parentés. Seul le mariage permet au jeune homme ou jeune fille de
devenir socialement des adultes. En fondant une nouvelle unité de
production, ils deviennent économiquement indépendants de leurs
parents, cette indépendance économique entrainant à son
tour une indépendance sociale. Les nouveaux mariés ne sont pas
bien sûr dégagés pour autant de leur devoir de respect et
même d'obéissance à l'égard de leurs parents,
toutefois, dans la mesure où ils n'habitent pas dans la même
« Hay » ou maison que leurs parents, et doivent assurer
leur propre survie en cultivant leurs propres champs, l'autorité
parentale aura de moins à moins l'occasion de se manifester.
C'est ici le nombre de femmes et d'enfants qu'il aura pu
capitaliser par le mariage qui déterminera en grande partie la richesse
d'un individu et son prestige au niveau de son village et de son lignage comme
l'avait démontré Beauvilan (A. Beauvilan, 1989 : 100).
Les critères d'homogénéité interne
sont la langue, à quelques exceptions près, l'organisation
sociopolitique, certains aspects de la culture matérielle et religieuse.
C'est aussi l'endogamie. En effet, dans les années 60, selon les
études de A. Podlewski en 1966, environ 95% des épouses
appartenaient à l'ethnie de leurs mari, depuis lors ; les mariages
interethniques tendent à se développer (A. Hallaire, 1991 :
54).
L'organisation sociale de Wazzang-Kalliao est aussi
marquée par l'appartenance religieuse des populations. Le type
d'organisation et le lieu de rencontres sont fonctions du groupe auquel on
appartient. Ces groupes religieux sont musulmans, chrétiens et
animistes. Ces différents groupes sont nettement engagés dans la
voie du développement et en sont même devenus les
éléments moteurs.
2. Organisations
socioprofessionnelles
L'organisation socioprofessionnelle des cantons de Wazzang et
de Kalliao est très riche ; on y rencontre des comités de
développement (à Kalliao et à Mbozo), les GIC
encadrés par la SODECOTON et d'autres organisations formelles ou
informelles encadrées par des structures de développement local
comme GIZ-PAAR, CDD, PREPAFEN, PCRD-MINADER, SNV, MINEPIA, etc.
Ces différentes organisations jouent un rôle
déterminant dans le processus de développement de la
localité. Ainsi, les comités de développement ont pour
objectif de promouvoir les activités de développement. Il s'agit
de la réalisation d'infrastructures sociales (écoles, points
d'eau, centre de santé, etc...), la lutte contre la sous-scolarisation,
la sensibilisation pour la protection de l'environnement, la fourniture des
équipements et le paiement des salaires des enseignants vacataires.
L'objectif des GIC COTON est d'améliorer la production cotonnière
et vivrière dans la région afin de permettre
l'épanouissement des membres. Les autres groupes ont
généralement pour objectif de développer la
solidarité et améliorer le niveau de vie des membres. Il faut
noter qu'avec l'arrivée du PLID, l'organisation socioprofessionnel a
connu une grande évolution avec la redynamisation des certains groupes
et la création d'autres à l'instar les comités locaux dans
les villages bénéficiaires du projet.
3. L'habitat
Il existe deux types d'habitat à Wazzang-Kalliao selon
que l'on se trouve dans la plaine ou dans la montagne. Dans la plaine,
l'habitat est mixte, il existe des cases modernes et des cases traditionnelles,
alors que dans la montagne, l'habitat est essentiellement traditionnel. Les
cases sont construites à l'aide des pierres et de terre battue. Elles
sont généralement rondes avec des toits en paille. Le nombre des
cases dans une concession est fonction de la taille du ménage.
Grâce à la forte cohésion sociale qui existe entre les
populations de la localité, les travaux de construction des cases
concernent tous les hommes du village et se déroulent dans un
délai très court. Cette participation de tous réduit aussi
le budget alloué à la main d'oeuvre.
4. Accès au foncier
D'après le rapport sur le Plan National de Gestion de
l'Environnement, la région vit une insécurité
foncière parce que « La législation foncière et
domaniale présente des lacunes qui ne permettent pas une gestion
harmonieuse des espaces et de ressources » (PNGI, 1996). En effet, le
régime foncier est assez complexe et confie la plus grande partie des
terres à quelques dignitaires qui les donnent en métayage. En
outre, les Peuls, arrivés dans la région au
19ème siècle se sont installés dans les plaines
et vallées, faciles d'accès et riches en pâturages. Ils
dominent de vastes territoires et ont même imposé aux populations
autochtones leur système sociopolitique hiérarchisé et
centralisé autour du Lamido. Celui-ci assure le contrôle des
terres, et des activités socioéconomiques de sa circonscription
territoriale (A. Beauvilan, 1989 : 100). La superposition du droit
coutumier et du droit moderne sur les terres est très perceptible, et on
relève des relations quelques fois tendues entre l'administration
publique et l'administration locale. L'insécurité et la pression
foncières constituent des obstacles à l'appropriation de
certaines actions du projet, notamment des aménagements et la promotion
de la plantation d'arbres. L'insécurité foncière est en
effet reconnue parmi les éléments qui bloquent les processus
d'intensification de l'agriculture et de renouvellement des ressources
naturelles à Wazzang-Kalliao. En effet, comment un paysan peut-il
envisager autre chose qu'une agriculture minière lorsqu'il n'est pas
assuré de cultiver son champ l'année suivante ? Ce
problème ancien et fondamental est ressenti par tous et concourt
à la culture extensive même chez ceux qui cultivent leur terre
familiale. Chacun s'efforce en effet de mettre en valeur les surfaces maximales
en attendant une réelle application des textes ou une réforme
foncière. Cette situation explique le faible intérêt
porté à l'agroforesterie par de nombreux producteurs agricoles et
l'intérêt modéré de quelques
bénéficiaires pour certaines actions du projet telles que
l'introduction ou la préservation de l'arbre dans les parcelles. Les
arbres qui poussent par hasard dans des parcelles constituent des obstacles
à la culture attelée bovine, asine et équine qui prend de
l'ampleur dans la région.
5. Intervenants et partenaires au
développement
Plusieurs sociétés, programmes et projets
oeuvrent pour le développement de la localité. Il s'agit entre
autre du Programme National de Vulgarisation et de Recherche Agricole (PNVRA),
du Programme de Valorisation des Bas-fonds (PVBF), Programme National de la
Filière Maïs (PNFM), du Projet d'amélioration de la
Compétitivité Agricole (PACA), du Programme National de
Développement Participatif (PNDP), le Programme de Développement
Rural-Extrême Nord (PDR-EN), de la Société de
Développement de la Coton culture (SODECOTON) pour ne citer que
ceux-là.
D. Les
Infrastructures Sociales de Wazzang-Kalliao
Elles représentent le sous-système de
l'économie nationale, le résultat de leur action est la
création de conditions générales indispensables au
même degré, pour le fonctionnement de toutes les sphères de
la production sociale de la vie de la population (S. Chlikhter 1981). Pour ce
qui est de la localité de Wazzang-Kalliao, elles concernent les
infrastructures scolaires, sanitaires, routières et marchandes.
1. Etablissements scolaires
Le site de Wazzang-Kalliao est doté de 10 écoles
primaires et 01 Collège d'enseignement secondaire général
à Douroum. Malgré le nombre des établissements, le taux de
scolarisation reste très faible. Il est encore plus marqué chez
les filles. L'ignorance de l'importance de l'éducation des enfants par
les parents est à l'origine de cette sous-scolarisation. Il y a donc un
travail de sensibilisation à la prise de conscience sur les bienfaits de
l'éducation dans la localité.
2. Structures sanitaires
La santé de la population du site de Wazzang-Kalliao
est assurée par trois Centres de Santé Intégrés
(CSI). Les maladies les plus récurrentes dans la localité
sont : le paludisme, la dysenterie amibienne et la fièvre
typhoïde. Ces centres de santé comme les autres centres du pays
participent à la campagne de vaccination contre la poliomyélite
et la rougeole. Mais l'insuffisance de personnel qualifié et des
produits pharmaceutiques de qualité constituent l'obstacle à la
santé des populations.
3. Routes
L'accès dans certains villages du site de
Wazzang-Kalliao est très difficile en saison pluvieuse à cause du
mauvais état du réseau routier. Cette situation constitue un
frein au développement. Cependant, la SODECOTON entretien quelques
pistes en saison sèche, pour faciliter l'écoulement du coton.
4. Marchés
Les marchés sont quotidiens et se tiennent dans
plusieurs villages de manière périodique. Les hangars y sont
construits en matériaux provisoires dont les perches et la paille. Les
produits commercialisés sont les produits manufacturés de
première nécessité et les produits agricoles
variés. Le secteur le plus fréquenté et le plus
apprécié de ces petits marchés des villages est celui de
la vente du « bil-bil » ou bière locale. C'est le
lieu de partage des informations sur la vie communautaire. Pour obtenir
certaines informations, il faut fréquenter ce secteur. C'est d'ailleurs
dans ces lieux que nous avons obtenu certaines informations
complémentaires des entretiens formels.
III. ACTIVITES
SOCIO-ECONOMIQUES
Elles concernent l'agriculture, l'élevage et
l'artisanat.
A. Agriculture
Plusieurs systèmes de culture sont observés en
fonction des unités géomorphologiques et des sols sableux
à argileux. Ils sont, à l'heure actuelle, fortement
marqués par la prédominance du coton, principale culture de
rente dans la région. Très souvent décriée pour ses
effets sur l'environnement et malgré les incertitudes du marché,
le coton génère plus de 33 milliards de FCFA pour environ 400 000
planteurs (Ousman et al, 2002) et demeure le pilier du développement
agricole dans la région. Parallèlement, on assiste à
l'émergence d'autres filières, à l'instar de celles de
l'oignon, du riz, de l'igname, du niébé dont la production aurait
doublé ces dernières années. En dehors du coton, dont les
GIC qui bénéficient de l'appui technique de la SODECOTON, les
systèmes de culture vivriers sont généralement extensifs.
Ils sont caractérisés par la pratique
généralisée de la monoculture du sorgho, l'absence de
jachère pour la reconstitution de la fertilité des sols qui
s'épuisent au fil du temps. On note aussi le faible niveau de
mécanisation ; très peu de paysans pratiquant la culture
attelée, la faible utilisation de variétés
améliorées productives. Si s'ajoutent à ces
caractéristiques les incertitudes climatiques, la production agricole
est négativement très affectée. La conséquence
immédiate est l'insécurité alimentaire récurrente
qui sévie dans la zone.
B.
Elevage
L'élevage est la deuxième activité
économique par ordre d'importance. Elle constitue une épargne sur
pied importante pour les familles à Wazzang-Kalliao. En effet, plusieurs
familles disposent de bétail qui sert soit à l'autoconsommation,
soit à la culture attelée, à la fantasia (chevaux) ou
à la vente. On distingue trois systèmes d'élevage dans la
zone: le nomadisme, la transhumance et l'élevage sédentaire
(élevage de case). Les éleveurs sont, pour la grande
majorité des agro-pasteurs sédentaires, qui confient leurs
troupeaux aux bergers lors de la transhumance. La spéculation dominante
est celle des petits ruminants (ovins, caprins et volaille) parce qu'elle est
à la portée des familles moins nanties. En effet, ce type
d'élevage est moins exigeant. Par contre, celle des gros ruminants
(bovins) nécessite beaucoup plus de moyens matériels financiers
et humains est donc pratiquée par les familles plus aisées qui
représentent une fraction infime de la population et les transhumants
Mbororo (A. Podlewski, 1966 : 54).
D'une manière générale, l'association
agriculture-élevage est peu développée (sauf dans les
champs de case fortement fertilisés) et on observe plutôt une
concurrence entre les deux activités. Cette concurrence est à
l'origine de nombreux conflits en raison de l'interpénétration
spatiale et/ou temporelle entre les espaces pastoraux et culturaux avec une
tendance à la diminution des espaces pâturables.
Les difficultés auxquelles sont confrontés les
éleveurs de Wazzang-Kalliao sont énormes. Il y a d'abord
l'insuffisance de zones de pâturage. En effet, les surfaces
réservées aux pâturages se rétrécissent au
fil du temps à cause de la création des nouvelles parcelles pour
la pratique culturale, ce qui engendre les conflits agro-pastoraux surtout
pendant la saison de pluies. Le pâturage peut constituer un grave danger
pour la végétation et les sols (érosion) si la charge du
troupeau n'est pas contrôlée. Lorsque celle-ci est raisonnable,
les animaux peuvent cependant aider à la dissémination des
semences de la végétation naturelle et favoriser le recyclage de
l'azote. NTOUPKA (1999) a démontré que si la charge du
bétail est raisonnable, le pâturage favorise la production
ligneuse en diminuant considérablement la vigueur de flammes sur les
houppiers des arbres. L'utilisation des résidus de récolte comme
fourrage et les pratiques anthropiques courantes dans la région,
montrent que la culture n'est pas incompatible avec la production des
ressources fourragères. Il faut également prendre en compte la
végétation adventice et le fourrage produit par les
jachères de courte durée. L'autre difficulté est
l'insuffisance de la couverture sanitaire, les services
vétérinaires étant absents dans la localité. Il y a
aussi les feux de brousse qui détruisent les pâturages et enfin,
le vol aggravé du bétail.
C.
Artisanat
Activité économique non agricole, l'artisanat
est pratiqué aussi bien par les hommes que par les femmes. Les produits
de l'artisanat servent aux autres activités économiques et aux
activités socioculturelles. C'est ainsi que nous avons noté la
fabrication des guitares, des carquois, des tamtams et le tricot des bonnets
d'une part. D'autre part, les forgerons de Wazzang-Kalliao fabriquent des
outils agricoles tels que les houes, haches, couteaux, pelles, pioches,
charrues, sarcleurs, corps buteurs, pousse-pousse pour ne citer que
ceux-là. Nous avons également noté l'activité des
femmes potières qui produisent des canaris, marmites, jarres et autres
objets très prisés sur le marché de la région.
IV. PROBLEMATIQUE DE LA DESERTIFICATION A WAZZANG-KALLIAO
Le facteur climatique, bien que pouvant avoir des influences
aussi bien bénéfiques que nocives, est très souvent
invoqué en premier pour expliquer le phénomène de
désertification. En effet, les changements climatiques jouent un
rôle important dans l'exacerbation du processus de
désertification/dégradation des terres, notamment dans la
localité de Wazzang-kalliao caractérisée par une faible
pluviométrie et un écosystème fragile.
Cependant, dans notre cas, le facteur humain apparaît
de loin le plus déterminant, à travers les mauvaises pratiques
agricoles, pastorales et d'exploitation forestière et à travers
l'augmentation de la pression démographique et de la
précarité des conditions de vie des populations pauvres de
Wazzang-Kalliao. Au chapitre des activités humaines nocives pour
l'environnement, on peut citer la persistance de pratiques agricoles et
pastorales extensives, le surpâturage, les feux de brousse mal
gérés, qui figurent au premier plan. Avec des systèmes
agricoles et pastoraux inadaptés et incapables de s'intensifier, la
croissance démographique rapide associée à un
déficit alimentaire chronique et une réduction des revenus des
populations, les surfaces cultivées ont tendance à
s'étendre aux terres marginales (photo 1), ce qui conduit à une
saturation progressive de l'espace. A la base de ces mauvaises pratiques
humaines, se trouvent liées des contraintes spécifiques d'ordre
démographique, économique, social et culturel.
Nous notons que le développement des cantons Wazzang et
Kalliao est compromis par de nombreux problèmes tels que la baisse de la
fertilité des sols provoquée par le phénomène
d'érosion, l'insuffisance de points d'eau pour l'accès à
l'eau potable et l'abreuvement du bétail, l'insuffisance des structures
d'encadrement des producteurs, le manque de pâturage en saison
sèche pour le bétail, la déforestation qui entraîne
l'insuffisance de bois de chauffage, l'analphabétisme des jeunes, la
délinquance juvénile et surtout l'alcoolisme. Cette situation
nécessite une attention particulière pour sortir la
localité de l'extrême pauvreté qui frappe sa population et
de la désertification qui dégrade de plus en plus
l'environnement.
Photo 1: Paysage
marginal typique dans la communauté de Wazzang-Kalliao
(NDENGUE, 2011)
Pour améliorer les conditions de vie, la population de
Wazzang-Kalliao a besoin d'adopter les techniques agricoles qui permettent une
meilleure gestion de la fertilité des sols par la lutte contre
l'érosion et l'avancée du désert (aménagements
antiérosifs, apport du fumier, plantation/entretien d'espèces
fertilisantes dans les champs à l'exemple du Leucena
leucocephala, Faiderbia, etc....). Elle a aussi besoin d'une
organisation de la gestion de l'espace en faisant une répartition
judicieuse et consensuelle du terroir en zones agricoles et pastorales
réservées pour le bétail qui devraient être
respectées. Une organisation pour la réalisation
d'infrastructures communautaires d'approvisionnement en eau par la mobilisation
communautaire et l'interpellation des autorités administratives est
aussi nécessaire. Enfin, nous pensons que les populations de
Wazzang-Kalliao doivent s'engager dans l'éducation des enfants pour
lutter contre l'analphabétisme et la délinquance des jeunes en
adoptant des comportements plus responsables.
En définitive, nous dirons que le district paroissial
de Wazzang-Kalliao, de loin la plus touchée par le processus de
désertification, se caractérise à la fois par son climat
de type soudano-sahélien, des écosystèmes
fragilisés et une forte densité de population qui s'accompagne
d'une pression constante sur les ressources naturelles pour la satisfaction des
besoins alimentaires des hommes et du bétail. Les facteurs de la
désertification sont à la fois d'ordre climatique et d'ordre
anthropique et ont des impacts variables, mais qui agissent de manière
conjointe, sur les ressources naturelles et l'environnement. Ils sont à
l'origine de nombreux dysfonctionnements, dont les conflits fonciers pour
l'accès aux ressources partagées sur un même espace,
l'aggravation de l'insécurité alimentaire et/ou la
précarisation des conditions de vie des populations rurales qui en
dépendent. A ces facteurs, il faut ajouter une attitude fataliste des
populations locales vis-à-vis de la dégradation des
terres/désertification (croyances traditionnelles, freins
socioculturels, insécurité foncière pour des
investissements à plus long terme). On note également les
conséquences négatives des flux migratoires des biens et des
personnes non contrôlés.
C'est dans ce contexte que le PLID s'investit pour essayer de
lever quelques-unes de ces contraintes. La situation de référence
de notre zone d'étude présentée, la prochaine articulation
de notre travail concerne le fonctionnement du projet PLID.
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU PROJET DE LUTTE
INTEGREE CONTRE LA DESERTIFICATION
Cette partie présente d'abord le plan d'action national
de lutte contre la désertification dans ses principaux axes
stratégies. Elle permet ensuite d'identifier le projet dans son
contexte, ses acteurs, sa méthodologie, son organisation et sa
procédure de mise en oeuvre. L'objectif de cette partie est de montrer
les points sur lesquels le projet s'est basé pour sa mise en oeuvre.
I. PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES DU PLANNATIONAL DE LUTTE
CONTRE LA DESERTIFICATION (PAN/LCD).
Les concertations régionales ont fait l'état des
lieux sur les manifestations et les effets de la désertification
à travers une analyse diagnostique des situations spécifiques des
zones touchées. Cette analyse a ressorti les principaux problèmes
liés à la dégradation et la gestion des ressources
naturelles. Les solutions envisagées pour enrayer les problèmes
identifiés ont fourni la base de raisonnement à l'identification
des grandes orientations stratégiques tenant compte des acquis et des
opportunités existantes. L'ensemble des grandes orientations
stratégiques issues des concertations régionales et nationales
ont été synthétisées et déclinées en
cinq axes ou domaines prioritaires d'intervention (PAN/LCD, 1997 : 50).
Nous présentons ces axes qui interpellent les acteurs sociaux
intervenant dans la lutte contre la désertification.
A. Aménagement et gestion
participative de l'espace
Tant dans la partie septentrionale que dans l'Adamaoua et
l'Ouest/Nord-Ouest, les conflits fonciers liés à l'utilisation,
mieux de l'exploitation de l'espace apparaissent comme une grave contrainte
à la gestion durable des ressources naturelles. Les études ont
montré l'absence et/ou la non-opérationnalité des
schémas d'aménagement et plans d'affectation des terres, et d'une
manière générale, l'insuffisance et le non-respect des
textes en matière de réglementation de la gestion des terres et
de l'espace (PAN/LCD, 1997 : 51). Ainsi, les objectifs spécifiques
de cet axe consistent à améliorer les conditions de cogestion de
l'espace par les différents utilisateurs et acteurs, à
réduire les conflits fonciers entre les utilisateurs de cet espace,
à mieux gérer les feux de brousse et à maîtriser les
flux migratoires internes des biens et des personnes.
B. Gestion durable des ressources
naturelles (eau, sols, couvert végétal, faune)
Les modes d'exploitation actuels des ressources naturelles
contribuent à leur dégradation et à l'amplification du
phénomène de désertification. Cet axe est
complémentaire au premier, mais, intéresse plus
spécifiquement l'exploitation des ressources proprement dites. Les
actions à programmer dans le cadre de la lutte contre la
désertification viennent en complément et/ou renforcent les
actions déjà prévues par les programmes et
stratégies sectorielles et projets opérationnels. Parmi les
ressources, l'eau constitue pour toutes les régions un
élément essentiel dans le cadre de la lutte contre la
désertification. L'amélioration ou le maintien de la
fertilité des sols apparaît comme un facteur très important
pour la région septentrionale (phénomènes de
hardéisation10(*))
et pour les régions de l'Ouest (forte érosion sur les pentes).La
gestion durable des ressources naturelles se décline en quatre (04)
objectifs spécifiques dont améliorer l'accès à
l'eau en quantité et en qualité, gérer rationnellement les
ressources agro-sylvo-pastorales et halieutiques, conserver et protéger
les zones à écologie fragile et la biodiversité animale,
promouvoir les énergies alternatives et mieux gérer la
filière bois de chauffe. Les principaux Chefs file de ces
activités sont le MINADER, le MINFOF, le MINEPD, le MINPIA et l'IRAD.
C. Restauration des terres
dégradées et amélioration de la fertilité des
sols
La dégradation des terres conduit, notamment, à
la perturbation écologique, à la baisse des rendements des
cultures, à la chute des revenus agricoles et à
l'insécurité alimentaire. Les principaux effets induits sont
l'exode rural et l'aggravation de la précarité des conditions de
vie des populations locales, ainsi que la dégradation des
équilibres et des écosystèmes naturels. L'objectif
spécifique de ce troisième axe est d'améliorer la
fertilité des terres marginales et restaurer les terres
dégradées. Les principaux acteurs de cet axe sont le MINADER et
le MINEPD.
D. Renforcement des capacités
d'intervention des acteurs en matière de lutte contre la
désertification
Diverses analyses ont mis en évidence le lien
étroit entre la pauvreté des populations, surtout les populations
rurales, les femmes et les groupes défavorisés, et la
dégradation des ressources naturelles, voire la désertification.
Leurs moyens d'intervention et leurs capacités, d'une manière
générale, sont très faibles, même si elles
manifestent leur entière adhésion pour des actions de lutte
contre la désertification. Il est important, dans le cadre de la mise en
oeuvre du PAN/LCD, de prévoir les mécanismes pour lever les
contraintes prioritaires des populations les plus démunies afin de leur
permettre de s'investir, sur le moyen et long terme, dans des actions de
gestion des ressources naturelles et de lutte contre la désertification.
Le rôle de proximité des collectivités
décentralisées et la perspective d'un transfert de
compétences, inscrit dans la politique de décentralisation,
nécessitent de les préparer à mieux planifier et suivre la
mise en oeuvre des actions du PAN/LCD.
Les besoins en information, sensibilisation et communication
en matière de lutte contre la désertification concernent aussi
bien les zones plus touchées que celles moins directement
concernées. En effet, un important travail de prévention doit
être entrepris en direction de toutes les zones et régions, y
compris en zone forestière et côtière. Pour y arriver,
quatre objectifs spécifiques sont prévus à savoir :
Améliorer les connaissances sur les processus de
désertification/dégradation et diffuser l'information au plus
grand nombre d'acteurs, Renforcer les capacités d'intervention des
différentes parties prenantes, en particulier les populations et les
institutions décentralisées, Mettre en place des plateformes de
concertation, de partenariat et de synergie entre tous les intervenants, Mettre
en place et opérationnaliser une base de données et un
système de suivi-évaluation décentralisé.
E. Gestion concertée des ressources
partagées au niveau sous régional
La position géographique du Cameroun, notamment dans sa
zone septentrionale, le prédispose à des échanges intenses
avec les pays voisins (Nigeria, Niger, Tchad, RCA). Par leur participation
à l'exploitation anarchique des ressources naturelles, ceux-ci
contribuent, fortement au processus de désertification dans la
localité. Ceci montre la nécessité de mettre en place et
d'appliquer une réglementation équitable et surtout d'assurer un
suivi et un contrôle efficients des flux sous régionaux et de
l'exploitation des ressources qui en découle. L'objectif
spécifique de ce cinquième axe est de renforcer la
règlementation en vigueur et mieux contrôler les flux migratoires
des biens et des personnes dans la sous-région. Le COMIFAC est le chef
de file pour la conduite des activités relatives à cet axe.
Toute action de lutte contre la désertification a pour
base ces cinq axes et c'est sur elles que s'est appuyé le PLID.
II. PRESENTATION DU PLID
Dans cette partie, nous allons mettre l'accent sur le contexte
dans lequel le projet PLID a vu le jour et ses objectifs
A. Justification du projet
PLID
La situation de dégradation des sols observée
au chapitre 1, se traduit par une forte demande des producteurs concernant les
actions porteuses d'effets en matière de restauration de la
fertilité des parcelles (aménagement des parcelles,
développement de l'arbre au sein des exploitations, etc.). En outre, la
rareté de l'eau dans la zone prédispose les populations à
se mobiliser en faveur de toute action visant à assurer la
disponibilité de l'eau dans leur environnement sur une période
assez longe (PLID, 2010 : 20).
Fort de son expérience en matière de
développement rural dans la zone (maillage d'un dispositif d'encadrement
communautaire, au sein des paroisses, La mise à contribution des
paroisses dans le processus de sensibilisation des populations), le
Comité Diocésain de Développement (CDD) a
procédé à une consultation de la population lors d'un
diagnostic participatif entre février et mai 2002, en vue de
l'élaboration de son 8ème plan cadre triennal
(2003-2006). Ce plan cadre a eu pour objectif global « la lutte
contre la pauvreté améliorée par
l'autopromotion ». Compte tenu de son importance et des moyens
techniques et financiers limités du CDD, la nécessité
d'avoir des nouveaux partenaires pour son exécution s'est
imposée. C'est dans cette optique qu'il a monté le projet PLID.
Le CDD s'est aussi appuyé sur les
précédents programmes de développement
réalisés dans la localité, notamment le DPGT et le PDRM
qui ont stimulé la participation communautaire et suscité la
création des organisations de base locales aujourd'hui partenaires de
mise en oeuvre du projet. Par ailleurs, le CDD inscrit le PLID dans la
continuité de nombreux programmes de développement qui ont
été réalisés dans la zone notamment le Projet de
Développement de la Région des Monts Mandara (PDRM11(*)) qui s'est achevé en
2005 et dont l'objectif visait l'amélioration de la production agricole
(céréales et maraîchers), l'intensification de
l'élevage, la gestion des récoltes, l'approvisionnement en eau,
l'éducation intégrée au milieu, la santé et les
activités génératrices de revenus à travers des
actions d'épargne et de crédit rural.
B. Objectifs du PLID
L'échec des actions de lutte contre la
désertification montre qu'il y a une nécessité d'impliquer
et d'autonomiser les populations rurales dans la lutte contre l'avancée
du désert. Ce besoin se justifie par les ressources limitées du
gouvernement aussi bien sur le plan financier, que des structures
d'encadrement, tout comme du personnel de développement. Ces limites
sont également dues à la propension du gouvernement de
développer les grandes villes au détriment des zones rurales.
Aussi, la politique de concentration explique une inadéquation entre les
décisions prises et leur application sur le terrain. Certaines
décisions prises par les gouvernants ne sont pas toujours
adaptées aux besoins des populations rurales, d'où l'échec
de nombreuses actions. Pourtant, concevoir des projets en milieu rural revient
à tenir compte d'un certain nombre de facteurs d'ordre culturel,
religieux, géographique (CICIBA, 1989 : 67). Dans le souci
d'être en union étroite avec la réalité culturelle,
le projet PLID vise le développement des modèles pilotes de lutte
contre la désertification à travers l'amélioration de la
conservation des terres, des eaux, et de l'arbre. La conservation des terres
passe par un ensemble d'actions d'aménagement visant la lutte contre
l'érosion et l'amélioration de la fertilité du sol. La
maîtrise de la gestion de l'eau quant à elle est assurée
à travers la construction d'un ensemble d'ouvrages encourageant
l'infiltration de l'eau notamment les biefs afin d'améliorer le niveau
de la nappe phréatique, mais également la protection des berges
des Mayos et l'amélioration de l'approvisionnement en eau dans les
villages cibles par la construction des puits.
Ces objectifs du PLID laissent transparaître une
nécessité de transformer le milieu rural, qui est
généralement l'oeuvre d'acteurs extérieurs. L'initiative
d'une élite ou des développeurs à vouloir aider la
communauté est donc une tendance populiste du développement.
D'après Grigori Lazarev et Mouloud (2002 :7): « Les
communautés rurales n'ont ni expérience, ni statut et ni moyens
pour programmer leur propre développement ».Ceci peut
justifier les abus qu'elles subissent de la part des organisations de
développement. Ces dernières imposent leur plan de
développement. D'autant plus que la bonne marche d'un programme
dépend des ressources disponibles et même de la qualité de
ces ressources.
III. LES RESSOURCES DU PLID
De nombreuses programmes et projets dans la région du
sahel se présentent comme des partenaires du développement,
seulement, on note parfois un amateurisme dans leur mode de fonctionnement et
de mise en oeuvre. Ce qui ne leur permet pas toujours d'atteindre leurs
objectifs et susciter leur appropriation par les populations cibles. Pour ce
qui est du PLID, nous allons nous intéresser à ses ressources
humaines, matérielles et financières.
A. Les ressources humaines
du PLID
Dans le but d'atteindre efficacement ses objectifs, un
organigramme avec une hiérarchisation des pouvoirs a été
élaboré lors du montage du projet. La réalisation d'un
projet demande aussi une bonne organisation. Il faut définir les
tâches à accomplir, les regrouper, établir les liens
d'autorité, de coopération et d'information qui unissent les
hommes entre eux, de créer des unités de soutien qui permettent
de disposer d'expertises (Jean Pierre Olivier de Sardan, 1995 : 7). La
structure de gestion du PLID comprend deux niveaux :
§ Au premier niveau, le bureau de coordination
basé à Maroua coiffé par le chef de projet appuyé
par un ingénieur coordinateur technique, une assistante comptable
(secrétaire comptable et caissière) et un chauffeur;
§ Et au second niveau, cinq techniciens de site
basés chacun dans l'un des sites cinq sites du projet (Salak,
Mémé, Wazzang, Mokolo et Ouzal).
L'effectif total de personnes au service permanent du projet
est de neuf (09). Toutefois, le chef du projet partage son temps entre le
secrétariat du CDD dont il est le principal responsable et le projet.
Afin de combler l'insuffisance de coordination liée à son
indisponibilité, il se fait appuyer de manière ponctuelle par un
ingénieur responsable du volet agricole au sein du CDD dans la
coordination et le suivi du projet sans que les termes de
référence clairs lui soient attachés. L'absence des termes
de référence précis est également relevée au
niveau du coordinateur technique qui doit se référer de
manière systématique au chef de projet pour toute question. Fort
heureusement que le système est peu cloisonné et fonctionnement
de manière assez concertée et efficace.
La composition de l'équipe telle que
spécifiée permet en général de réaliser les
missions du projet, même si l'étendue géographique de
certains sites paraît plus importante à l'instar de Wazzang,
dans notre zone d'étude.
B. Les ressources
matérielles
Pour être en règle avec les normes en
matière de projet de développement, le PLID occupe des bureaux
dans les locaux du CDD à l'évêché de Maroua. Ainsi,
le projet possède le local destiné à son administration et
aux réunions de coordination et les immeubles nécessaires
à l'accomplissement de ses objectifs. Afin d'être en collaboration
étroite avec ses différents partenaires, le PLID dispose d'un
réseau Internet, d'un site web, d'une ligne téléphonique
fixe et d'une boîte postale. Toutefois, certaines ressources à
l'instar des voitures et des motos sont utilisées exclusivement pour le
projet12(*). Le
matériel mis à la disposition du projet est utilisé aux
fins des activités. Ils devraient toutefois être
estampillés du logo du projet afin d'en accroître la
visibilité et leur fichier constitué et
régulièrement mis à jour. La réussite de ce projet
dépend aussi de ses ressources financières.
C. Les ressources
financières
Le budget total du projet PLID est de 749 998 d'Euros
(€). Le projet est assuré par un cofinancement d'un bailleur de
fonds principal, l'Union Européenne qui apporte 80% des financements,
soit 599 998 € et du
partenaire contractant, Broederlijk Delen qui couvre les 20% des financements
du projet, 164 558 €. Les engagements des uns et des autres ont
été tenus jusqu'à la fin de la phase pilote13(*).
En outre, les populations bénéficiaires
apportent les matériaux en nature pour la réalisation des
différents ouvrages d'aménagement. Elles participent à 50
% pour l'acquisition des plants fruitiers dans le cadre de l'action de
reboisement du projet, ainsi qu'à 20% et 40% des frais financiers
directs (coût du ciment et du fer) respectivement pour la construction
des biefs en pierres maçonnées et des puits
sollicités14(*). La
mobilisation des contributions financières des populations est
effectuée par les comités locaux mis en place par le projet sur
la base du devis des ouvrages à réaliser (biefs en pierres
maçonnées ou puits).
IV. LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
Le partenariat institutionnel du PLID concerne son
comité de pilotage, le Comité Diocésain de
Développement (CDD) et le Broederlijk Delen.
Le comité de pilotage a
été conçu pour jouer le rôle d'orientation
stratégique au projet et servir de cadre d'échanges pour le
développement des activités et le suivi de leur cohésion.
Il comprend outre les membres du projet, les représentants des
administrations techniques concernées par la problématique du
PLID (Forêt, environnement, agriculture), celui de la Mission de
Développement Intégré des Monts Mandara (MIDIMA) et celui
d'une organisation partenaire. La tenue annuelle de leur session,
précédée par une visite de terrain des réalisations
du projet leur a permis de jouer pleinement leur rôle comme un instrument
d'orientation, de suivi et de conseil en matière d'exécution des
activités réalisées par l'équipe projet. Les
structures membres du comité de gestion du PLID ont toutes des
préoccupations dans le domaine environnemental et sont localisées
dans la zone du projet. Il s'agit de la MIDIMA, Délégations
Régionales du MINEP et MINADER et les structures associées dans
l'exécution du projet qui ont été rejoint plus tard par le
MINFOF en troisième année après avoir jugé de la
pertinence de ce service technique de l'Etat dans la réflexion au sein
du comité.
Le Comité Diocésain de
Développement (CDD) est le principal partenaire de mise en
oeuvre du projet, chargé d'animer le comité de pilotage, de
mettre en place et de superviser l'équipe du projet. Dans la mise en
oeuvre, le secrétaire général du CDD a été
désigné, chef de projet, ce qui serait de nature à ne pas
lui permettre d'avoir suffisamment de recul pour la l'appréciation et
l'orientation du travail de l'équipe opérationnelle du projet tel
que précisé dans le document de base.
BroederlijkDelen assure le suivi
administratif et financier du projet et des activités de terrain
à l'occasion des missions semestrielles qu'elle réalise dans la
zone d'intervention du projet. La coordination du projet reconnaît que
son appui a été prépondérant dans le renforcement
des capacités de l'équipe de coordination du projet en
matière des procédures de l'Union européenne et de mise en
contact15(*).
V. LES ACTIVITES DU PLID
Pour rendre effectif le
projet, certaines activités ont été nécessaires
pour atteindre les résultats attendu du projet. Il s'agit de la pratique
de techniques intégrées de lutte contre la désertification
pour atteindre le résultat 1, la réalisation d'ouvrages de
gestion des ressources hydriques pour atteindre le résultat 2, la prise
de conscience de l'importance de l'arbre pour atteindre le résultat 3 et
la structuration des groupes cibles et renforcement des capacités des
structures associées pour atteindre le résultat 4.
A. Pratique de techniques intégrées de
lutte antiérosive
Elle concerne plusieurs activités dont l'étude
diagnostique participative des exploitations agricoles pour
l'établissement d'une situation de départ sur l'ensemble des
sites pilote du projet. Ici, il a fallu impliquer les populations dans tout le
processus dans le but de leurs permettre de comprendre la problématique
de la désertification et la finalité des actions à
entreprendre pour s'approprier le projet. A la suite de cette étude, les
techniques adaptées à la lutte contre l'érosion ont
été identifiées grâce aux enquêtes
diagnostiques, au voyage d'études au Burkina Faso et auprès des
organismes de développement intervenant dans la région de
l'extrême-nord.
Les techniques identifiées sont d'autant plus
importantes qu'elles peuvent même servir non seulement le projet, mais
l'ensemble des acteurs de la région et au-delà, les projets
avenir qui voudront oeuvrer sur la problématique générale
de la lutte contre la désertification. L'expérimentation en
champs en milieu paysan, a concerné les haies-vives16(*) et des légumineuses
pour l'érosion et l'expérimentation du zaï pour la
récupération des « hardés ». En
matière d'adoption, cette technique est restée au stade de
l'expérimentation à cause de la pluviométrie qui ne lui
est pas favorable17(*).
Toutefois, cette technique demeure efficace pour la récupération
des terres « hardéisées » au regard des
quelques expérimentations faites dans la zone de Wazzang-Kalliao. Dans
le cadre des actions de lutte contre l'érosion, le projet a formé
et accompagné les agriculteurs sur les techniques nouvelles.
1. Formation et accompagnement
des agriculteurs aux techniques de lutte antiérosive.
Les formations avaient pour préalable, la constitution
des groupes dans les différents villages des sites du projet. Ainsi, au
moment où le projet s'achève, il y a 195 groupes actifs qui se
déploient sur le terrain par rapport à l'ensemble des
activités pour lesquelles elles ont reçu la formation (PLID,
2010 :). La figure 3 suivante donne l'évolution de l'effectif des
groupes et des membres durant la période de mise en oeuvre du projet
dans la localité de Wazzang-Kalliao.
Figure 3 : Evolution
des groupes de producteurs de Wazzang-Kalliao entre 2005-2010.
Source :
données PLID, 2010.
Il apparait dans la figure que l'effectif des membres est
resté croissant, alors que le celui des groupes a diminué
à la fin du projet. D'après le coordonnateur technique du projet,
cette situation s'explique par le fait que les membres de certains groupes se
sont mis avec ceux des groupes plus actifs. En outre, certains groupes ont
fusionnés pour devenir plus efficaces.
Pour des formations techniques, 20 animateurs ont
été choisis et recyclés pour la formation et
l'accompagnement des groupes dans les villages avec l'appui des techniciens
PLID des sites du projet. Ces animateurs avaient pour mission d'effectuer des
visites régulières dans les groupes après chaque
formation, pour aider les membres à mettre en pratique les enseignements
reçus. L'assimilation des pratiques au sein des groupes dépend de
plusieurs facteurs dont la volonté, la disponibilité des moyens
(terres, petit matériel, ...). Ainsi, ceux qui ont facilement
adopté les nouvelles techniques sont devenus des animateurs
endogènes. La participation des techniciens des sites concernait le
suivi du travail des animateurs auprès des groupes pour le respect des
normes. Le technicien du site de Wazzang-kalliao nous a relevé une
réticente de la part de certains membres des groupes à appliquer
les techniques apprises du fait de l'insécurité sur les terres
qu'ils exploitent. Pour résoudre ce problème, le projet a
introduit l'utilisation de la fiche de droit de jouissance dans les sites. Pour
faciliter la mise en oeuvre de ces pratiques, le projet a permis aux
bénéficiaires d'améliorer les conditions de travail en
appuyant l'acquisition des équipements agricoles.
2. Appui à
l'acquisition des équipements agricoles
Il a été assuré par un Club d'Epargne et
de Crédit (CEC) dans les sites. Etant donné que le site de
Wazzang-Kalliao n'en dispose pas, le projet a signé avec l'Union des
Clubs d'Epargne et de Crédits (UCEC), une convention de financement afin
de mettre à sa disposition des fonds de roulement pour l'acquisition du
matériel agricole =en attendant la création d'un CEC, structure
devant assurer la pérennité de l'activité après le
projet. Les fonds de roulement mis à la disposition de l'UCEC sont
octroyés aux producteurs qui sont dans les groupes de travail sous les
conditions des différents CEC repartis dans la zone d'intervention du
PLID. Dans le souci de partage d'expériences et de la facilitation
à l'adoption des innovations de lutte contre l'érosion, les
visites des groupes ont été organisées.
3. Organisation de voyages
visites pour les groupes
Les voyages-visites ont été organisés
parce qu'après les deux premières années de
sensibilisation et de conscientisation à la problématique de la
désertification, les réalisations étaient plus faibles
dans certains villages où l'adhésion était plus forte et
une possible pérennisation des acquis. Elles avaient pour objectifs
de :
§ Amener les groupes des producteurs
bénéficiaires des actions du PLID à prendre conscience de
l'importance de la réalisation des activités de manière
intégrée afin de susciter un nouvel engouement à la mise
en oeuvre des actions du Projet dans leurs villages respectifs ;
§ Conscientiser les visiteurs sur les stratégies
et de l'organisation des populations visitées ayant conduits au
succès.
B. Réalisation
d'ouvrages de gestion des ressources hydriques
La mise en oeuvre de cette composante a tourné sur une
étude technique relative à la gestion des eaux, une
sensibilisation de la population sur les problèmes et l'accompagnement
des populations sur la réalisation des ouvrages.
1. Etude technique sur la
gestion des eaux
L'étude technique sur la gestion des eaux et les
exploitations agricoles avait pour but d'assurer l'efficacité et la
rapidité dans la mise en oeuvre du projet. Elle a abouti à un
répertoire de types d'ouvrages hydrauliques et techniques qui a
été constitué et validé au cours d'un atelier. Les
types d'ouvrages retenus sont des puits traditionnels, des puits busés
modernes majoritairement à ciel ouvert, des forages, des marres
artificielles, des marres naturelles, des biefs18(*), et un barrage. On note aussi la possibilité
de réaliser les digues filtrantes et le système d'irrigation
goutte à goutte dans les sites du projet, suscitée à
partir du voyage d'échange au Burkina Faso. Après une
étude technique la sensibilisation des populations est l'étape
importante suivante.
2. Sensibilisation de la
population sur les problèmes d'eau
Comme nous l'avons noté plus haut, les eaux de pluie
causent d'importants dégâts sur leur passage dans la
région. Il s'agit de la destruction des cultures et d'habitations,
l'ensablement des surfaces cultivées, la dégradation des berges
des Mayos, l'érosion, les inondations, l'enclavement des villages.
Ainsi, durant toute la période du projet, des séances de
sensibilisation sur les problèmes de l'eau ont été
menée par les équipes d'animateurs sous la supervision des
techniciens des sites PLID. Chaque séance a été
organisée selon la méthode voir-juger-agir :
§ L'étape de voir permet
d'appréhender l'environnement comme autrefois, aujourd'hui et comme il
sera demain en rapport avec l'eau.
§ L'étape de juger permet
à la population de réfléchir sur les causes et les
conséquences de la situation présente (manque d'eau).
§ L'étape d'agir permet
d'envisager les actions en vue d'une amélioration de la situation
d'approvisionnement en eau.
La stratégie du PLID repose sur la demande et la
participation de la population bénéficiaire. Cet aspect
participatif du projet se retrouve particulièrement dans la notion de
cofinancement. Les populations participent en effet à la
réalisation des ouvrages à hauteur de 0 à 40% en fonction
de la nature de l'ouvrage et leur capacité technique et
financière.
3. Accompagnement de la
population pour les réalisations physiques
D'après les membres du comité local de
Houdouvou, les animateurs ont procédé avec la population à
l'identification technique des sites et à l'élaboration de devis
estimatifs et quantitatifs relatifs à la réalisation des
ouvrages. Les demandes ont été envoyées au niveau du
projet pour une analyse selon des critères préalablement
élaborés. Afin d'assurer le caractère
intégré des activités du projet, cette analyse est aussi
faite selon le dynamisme de la population du village concerné. Un
comité de gestion provisoire a été ensuite mis en place et
des équipes de travail constituées, selon un calendrier bien
déterminé.
Le suivi technique à la base a été fait
par les animateurs de l'association partenaire sous la supervision du
technicien du PLID et du COPIL. Ce suivi technique était aussi
assuré par l'équipe de coordination technique du PLID qui a
effectué des visites de contrôle et d'évaluation sur le
terrain. Les résultats de l'accompagnement de la population pour les
réalisations physiques présentent plusieurs ouvrages dont les
puits, les biefs, les biefs-radiers, la végétalisation, et les
filtres à charbon et sable. Les photos suivantes illustrent quelques
types de réalisations rencontrées.
Photo 2a
Photo 2b
Photo 2a : Puits en cours de fonçage à
Douroum ; Photo 2b : Bief-radier réalisé à
Watergas
(NDENGUE, 2011)
C. Prise de conscience de
l'importance de l'arbre
Dans le but de susciter la prise de conscience de l'importance
de l'arbre chez les populations de la zone, les activités du projet ont
été conduites selon deux approches. L'approche directe par les
techniciens du projet et l'approche faire-faire par deux associations
partenaires. Il s'agit de l'association Femmes & Promotion et l'association
ALPHA. L'association Femmes & Promotion s'est occupée des
activités concourant à faire une économie du bois de
chauffe alors que l'action de l'association ALPHA a consisté à
l'alphabétisation centrée sur la protection de
l'environnement.
A la question de savoir quelles sont les principales causes du
déboisement dans la localité, nous avons recueilli les
réponses suivantes au cours des entretiens de groupes :
§ L'accroissement rapide de la population dans les sites
pilote du projet qui entraîne une demande croissante en surface
cultivable ;
§ La coupe illicite de bois pour les besoins des
ménages et de plus en plus pour la commercialisation dans les centres
urbains ;
§ Les feux de brousse, pour le défrichement des
champs, la chasse et pour des raisons culturelles ;
§ Le surpâturage dans les sites du projet qui
pousse les animaux à brouter toutes les plantes.
Afin d'améliorer cette situation, plusieurs solutions
ont été identifiées par les membres des groupes cibles, et
des associations partenaires. Parmi celles-ci nous avons :
§ Le reboisement dans les sites publics et dans les
plantations ;
§ L'élagage des arbres ;
§ L'arrêt des feux de brousse ;
§ La formation des pépiniéristes pour la
production des plants ;
§ La formation de la population à la fabrication
et à l'utilisation des foyers améliorés.
La mise en oeuvre de telles solutions, nécessite un
programme d'éducation à la protection de l'environnement. Ce
dernier a été élaboré et réalisé
à travers les cours d'alphabétisation en français et la
production du matériel pédagogique dans les sites du PLID. Les
cours d'alphabétisation se sont déroulés entre le mois de
janvier et le mois de mai. La formation des femmes sur la fabrication et
l'utilisation de foyers améliorés et la formation d'animatrices
locales dans les sites du PLID se sont déroulées en en même
temps.
La formation à elle seule ne permettant pas d'inciter
les populations au reboisement, il a fallu procéder à la
sensibilisation et à l'appui aux pépiniéristes, pour la
production des plants19(*).
Trois formes de reboisement ont été
effectuées ici: Il s'agit de :
§ Le remplacement des plants manquants et l'extension des
lieux reboisés des années précédentes. En effet,
compte tenu de la vaine pâture et des difficultés d'arrosage qui
ont été constaté, le projet au lieu de fournir des
quantités énorme a procédé à une mise
à disposition progressive des plants soit 5 à 10 par personnes
par an ;
§ Le reboisement des nouveaux lieux publics tels que les
marchés, les écoles, les centres de santé, les
églises. L'objectif ici est la production d'ombrage,
l'agrémentation du milieu, la production des perches et des piquets, du
bois de chauffage, etc. Le Technicien assure mensuellement le suivi des
reboisements pour évaluer le taux de réussite des plants et
conseiller la population par rapport à la protection, l'entretien et
l'arrosage des jeunes plants.
Photo 3 : Reboisement à l'E.P de dans le
site de Mémé
(PLID, 2010a)
§ Les plantations individuelles en champ et dans les
« sarés » ou concessions. La perception de
l'importance de l'arbre dans l'environnement est de plus en plus
constatée. C'est ainsi que les plantations individuelles de Neem,
d'Eucalyptus et autres essences sont sollicitées par les
paysans. Dans les champs individuels le souci de la vulgarisation de la
plantation des essences fertilisantes (faidherbia, Leuceuna sp et
des Acacias...) est presque toujours présent du fait des
caractéristiques qui leurs sont reconnues (restauration de la
fertilité des terres, fourrage pour les animaux, bois de chauffe et de
service...).La quantité de plants d'arbres mis en terre durant toute la
période du PLID est estimée à 64 043 (PILD, 2010a).
Elles étaient constituées essentiellement des espèces
agroforetières et des fruitiers sollicités par les populations.
types de ont été distribués plants d'arbres compris les
haies vives et les légumineuses, avec des résultats plus
satisfaisants dans le site de piémont.
D. Structuration et
renforcement des capacités des groupes cibles et partenaires.
Avant d'analyser les
différents axes de renforcement des capacités, nous allons au
préalable présenter les différentes partenaires du
PLID.
1. Les structures partenaires
associées dans la mise en oeuvre du PLID.
L'exécution technique du PLID concerne les animations,
les formations, les démonstrations, les constructions, la gestion, la
diffusion. Elle a été réalisée par une
équipe de projet relayée par les organisations partenaires dont
le Groupe d'Organismes Intervenant dans les Biefs et puits et la conservation
des eaux et du sol (GOIB), l'Association pour la Langue et la Promotion Humaine
par l'Alphabétisation (ALPHA), la Promotion de l'Agriculture (PROMAGRI),
Femmes et Promotion (FP) et Petit Elevage (PE). Considérées comme
des prestataires de services pour le compte du projet PLID en ce sens qu'elles
bénéficient des contrats de prestation de service pour la
réalisation de certaines activités du projet, chacune dans un
domaine bien précis. Ainsi :
§ GOIB, association créée
en 1994, compte aujourd'hui près de 250 membres, techniciens de
génie rural et génie civil et paysans formés aux
techniques de réalisations de puits, de biefs et de terrasses ;
§ PROMAGRI, association
créée en 2001, compte 80 membres environ, paysans formés
aux techniques agricoles modernes dans les écoles techniques
gouvernementales ou privées catholiques (Centre Jéricho, Centre
de Développement Rural de Mokolo) ;
§ ALPHA, créée en 1998,
spécialisée dans la conception et l'exécution des
programmes d'alphabétisation fonctionnelle, compte près de 120
membres, moniteurs d'alphabétisation, tous paysans ;
§ FEMME ET PROMOTION, association
créée en 2001, compte 75 membres, ménagères et
agricultrices alphabétisées et formées aux techniques
d'animation en milieu paysan dans les domaines de la santé, des
activités génératrices de revenus, d'éducation des
jeunes filles, etc.
Chacune de ces organisations est structurée en
assemblée générale des membres, conseil d'administration
et cellule de coordination technique et se déployait en 3 paliers :
les animateurs de base, les superviseurs et les coordinateurs. D'après
le technicien PLID du site de Wazzang-Kalliao, plus de 95 % des membres sont
des exploitants agricoles installés dans leurs villages respectifs.
« Ils ne font de l'animation auprès d'autres paysans
qu'à temps partiel, et surtout en saison sèche, période
morte pour les travaux agricoles »20(*). Ils sont donc appelés
Agriculteurs-animateurs. Le CDD leur apporte avec son bureau-conseils, des
services en termes d'organisation, formation, de contrôles comptables, de
facilitation de la négociation des protocoles d'accord et tenue de leurs
assemblées générales annuelles. Ces organisations
constituent un véritable réseau social propice pour la mise en
oeuvre et surtout pour l'appropriation du PLID par les communautés.
2. Les groupes cibles du
Projet
Pour qu'une action de développement soit efficace, elle
doit impliquer le grand nombre dans une localité rurale. Elle est
généralement menée en groupe. Pour le cas de la lutte
contre la désertification les actions du PLID sont mises en oeuvre
grâce à la participation des bénéficiaires du
projet. Ce sont les populations des 45 villages du projet répartis dans
six arrondissements des trois départements respectifs du Diamaré,
du Mayo Tsanaga et du Mayo Sava. Ils sont estimés à environ 8 000
à 10 000 habitants selon le rapport narratif du projet (PLID,
2010a). Afin d'assurer l'efficacité des actions du PLID, ces populations
sont regroupées en :
Comités locaux de
suivi : C'est une organisation qui
comprend un bureau de six à sept personnes, dont un président, un
secrétaire et un trésorier. Il est chargé de jouer le
rôle d'interface entre le village et les différents partenaires
d'appui au développement du village (organisations associées
relais, PLID, CPH). Il est supposé faire le suivi de l'ensemble des
appuis réalisés au village, tant au profit de la
communauté, des groupes que des producteurs isolés. C'est
l'interlocuteur privilégié des structures d'appui au
développement local et le médiateur entre le village et le
projet.
Comités locaux de gestion des
ouvrages sont constitués de personnes choisies par la
communauté pour assurer le suivi des ouvrages réalisés
dans les villages notamment des puits. Dans la plupart des villages, ils se
confondent avec le bureau du comité local de suivi ;
Les groupes de
producteurs : pour faciliter les formations organisées
à leur profit, les bénéficiaires du projet se sont
constitués en groupe de travail d'une moyenne de 20 à 25
personnes par groupe. Ils s'entraident dans la mise en oeuvre des actions du
projet et se mobilisent pour les actions communautaires telles que le
reboisement communautaire et la protection des berges des Mayos. En somme, un
effort de structuration a été fait dans les villages, mais il est
à relever le désistement et la désintégration de
certains groupes. Toutefois, de manière globale, 254 groupes à
des niveaux de fonctionnement différents ont été
constitués dans le district paroissial de Wazzang-Kalliao (PLID, 2010a).
Leur dynamisme et leur adhésion aux objectifs du projet varient d'un
village à un autre, et même à l'intérieur d'un
même village.
3. Le Comité de
Promotion Humaine (CPH)
Pour adhérer à l'un des groupes
précédant, et ou participer aux activités du PLID, les
populations ont besoin de motivation. Cette dernière passe par la
sensibilisation et la mobilisation à la base. C'est l'action principale
du CPH qui est une structure relais du CDD au niveau de chaque paroisse du
site. En rapport avec le projet, il mène des actions d'animation et de
sensibilisation de masse en faveur des actions du projet. Il a
été mis à contribution dans le choix des sites du projet
et la conduite des analyses de base.
Les besoins en formation et accompagnement en vue du
renforcement organisationnel et du développement institutionnel des
groupes cibles et associations ont étés identifiés pour
chaque type d'acteur.
4. Renforcement
organisationnel et du développement institutionnel des groupes cibles et
associations.
Pour les associations partenaires, le projet a satisfait
plusieurs besoins exprimés. Il s'agit entre autre de la formation en
comptabilité simplifiée et vie associative a été
réalisée à l'intention des quatre associations partenaires
par le Bureau Conseil du CDD. 31 membres des CA et bureaux de zone des
associations ont pris part à cette formation (PLID, 2010b). Des
formations spécifiques ont aussi été organisées
pour renforcer les capacités de chaque partenaire dans son domaine de
compétence. Ainsi, une formation sur l'hygiène et les techniques
de potabilisation de l'eau a été organisée en deux phases
à l'intention des membres de l'association Femmes & Promotion. La
phase théorique a eu lieu du 5 au 6 mars 2009 à Maroua avec 15
participantes tandis que 12 participants seulement ont pris part à la
pratique le 13 avril 2009 à Mokolo. Une session de formation sur les
techniques d'animation et de gestion des comités d'ouvrages hydrauliques
a été organisée du 26 au 29 janvier 2009 à Maroua
pour 38 accompagnateurs et techniciens de l'association GOIB. Le coordinateur
technique de l'association ALPHA a participé à deux
séminaires ateliers de formation des animateurs pédagogique
à Okola (Centre-Cameroun) du 4 au 10 janvier 2009 pour la
première session et du 10 au 16 mai 2009 pour la seconde (PLID,
2010b).
Pour les Comités Locaux, les formations ont
porté sur deux principaux thèmes:
§ Le rôle et le fonctionnement d'un comité
local dans le village, avec pour objectif la mise d'une emphase sur la
capacité du comité local dans les villages en matière de
développement.
§ L'environnement, avec pour objectif de susciter la
prise de conscience sur la nécessité de préserver les
ressources environnementales dans les villages d'une part et d'autre part leur
renforcer leur de sensibilisation. Les Photo 4a et 4b ci-dessous illustrent la
séance de formation des comités locaux.
Photo 4a :
Réflexion en groupe lors d'une formation du Comité local de
Mokolo-Mboua ;
Photo 4b :
Participants à une formation du Comité local de Salak
Source : PLID, 2010
Photo 4b
Photo 4a
Au-delà de ces sessions de formation organisées,
les techniciens PLID de zone ont assuré le relais des formations sur le
terrain avec les membres des comités locaux. En renforcement
organisationnel, ils ont tenu des formations dans les différents groupes
sur les quatre thèmes suivant :
§ Evaluation et la planification des activités.
;
§ Organisation des réunions de
suivi-évaluation,
§ Tenue de registre de planification et de bilan des
activités;
§ Gestion du petit matériel collectif.
En ce qui concerne les CPH, la collaboration et le dialogue se
sont poursuivis notamment pour la sensibilisation et la mobilisation des
contributions financières et physiques locales pour les
réalisations communautaires en général
(alphabétisation, biefs, puits etc.).
5. Appui à
l'acquisition des équipements des groupes cibles et associations
partenaires
Chacune des associations professionnelles sur la base d'une
demande et en fonction des recommandations de l'atelier sur le diagnostic
organisationnelle de 2006-2007d'une part et d'autre part de ce qui ressort de
leur plan d'action a reçu un appui en équipement de bureau et
matériel de travail. En effet, compte tenu des formations en
informatique sollicitées et réalisées, « il
était tout à fait nécessaire de mettre à la
disposition des associations un minimum de matériel de
travail »21(*).
Ainsi, avec le cofinancement du projet :
§ ALPHA a acquis un bureau et quatre chaises ;
§ FEMMES & PROMOTION a acquis un Ordinateur de
bureau, une Imprimante à jet d'encre, un Appareil photo
numérique, un Onduleur, une Prise parafoudre, un Copieur et une Table
informatique ;
§ GOIB a acquis un Ordinateur de bureau, une
Imprimante/copieur, Appareil photo numérique et un Onduleur ;
§ PRMO-AGRI a acquis un Ordinateur de bureau, une
Imprimante laser, un Appareil photo numérique et un Chargeur batterie
Pour les comités locaux, un kit de matériel a
été mis à la disposition de chacun et géré
selon un règlement d'usage élaboré par la population avec
l'appui du technicien du PLID. Ce règlement d'usage a été
modifié à la convenance de chaque village en fonction des
desideratas de ces membres et de la stratégie de remplacement mis en
place par le comité local du village. Ce kit est constitué
de brouette ; de pelles ; d'une pioche ; d'une barre
à mine ; d'une masse ; des machettes ; des gants, etc.
Nous pouvons aussi signaler la possibilité des membres des groupes
à acquérir à titre personnel des équipements
agricoles via un emprunt auprès du CEC de sa localité (PLID,
2010b).
En somme, ce chapitre a permis de mettre en évidence
les principaux axes stratégiques du plan d'action national de lutte
contre la désertification. C'est au vu de ces axes que le PLID a
été monté et mis en oeuvre. Mais il n'est pas possible
d'obtenir des résultats satisfaisant sans l'appui financier des
bailleurs et la participation des bénéficiaires. Cette
multiplicité d'intervenants nécessite une stratégie
originale de mise en oeuvre du projet dans un milieu rural en proie à
des échecs de projets de développement. Dans le chapitre qui
suit, nous ferons une analyse des répercussions du Projet PLID dans les
villages du district paroissial de Wazzang-Kalliao.
CHAPITRE 3 : CAPITAL SOCIAL COMME OUTIL
D'APPROPRIATION D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL
Les différentes activités du PLID constituent un
substrat pour une mise en oeuvre du Plan National de Lutte contre la
Désertification. Cette initiative doit apporter des changements plus ou
moins perceptibles dans la vie des communautés du district paroissial de
Wazzang-Kalliao. Dans ce chapitre, nous allons identifier et analyser la vie
communautaire des populations de Wazzang-Kalliao, le processus d'appropriation
des actions du PLID, les réseaux sociaux, la confiance. Nous
relèverons ensuite les entraves à la réalisation du projet
et des suggestions seront émises pour les actions futures. .
I. LA VIE
COMMUNAUTAIRE A WAZZANG-KALLIAO
Dans le but d'évaluer le rôle du capital social
dans le phénomène d'appropriation par les populations de
Wazzang-Kalliao du projet de lutte intégrée contre la
désertification, une analyse de la vie communautaire permet de bien
cerner le contexte social, temporel et géographique.
A. La communauté de
Wazzang-Kalliao
La communauté est majoritairement
représentée par des entrepreneurs agricoles. Parmi ceux-ci, il y
a une distinction établie par l'aspect genre, car on y retrouve les
vieux, les jeunes, les femmes et les minorités. Il est assez facile de
distinguer les familles qui sont dans la localité depuis longtemps par
l'état plus ancien de leur habitat. De même, il est facile de
distinguer les regroupements de jeunes, d'hommes ou de femmes. En effet, les
hommes se réunissent ou discutent rarement avec les femmes. Il est donc
très difficile de mener en commun des activités de
développement, «c'est plus difficile de s'impliquer dans la
gestion des affaires liées au développement ou mieux participer
à la prise de certaines décisions»22(*).
Nous avons rencontré aussi deux types de producteurs
dans la communauté, les agriculteurs et les éleveurs. Cette
diversité d'entreprises est aussi source de conflits entre producteurs
en termes d'occupation de l'espace. La proximité de la communauté
de la ville de Maroua a aussi un impact sur la dynamique parmi les populations,
«il y a nécessité de s'entraider pour accroitre la
production et satisfaire la clientèle qui est
proche»23(*)
Ceci est clairement démontré dans le succès des
initiatives de la communauté, comme le marché, les festivals, les
cérémonies traditionnelles et religieuses dont plusieurs
constatent que « c'est tout le monde qui s'impliquent, et nous avons
le succès»24(*).
B. Perception de la
communauté par les populations
L'aperçu du district paroissial de Wazzang-kalliao
donne le contexte dans lequel ses populations peuvent construire des liens et
des réseaux pour leur capital social. Le rôle que peut jouer
l'environnement physique et l'infrastructure d'un endroit géographique
afin de bien étudier le contexte social est un aspect souvent
oublié dans l'étude du capital social (Da Costa, 2007 : 50).
Dans le cas présent, le reboisement des espaces publics permet de
distinguer des espaces dans la communauté comme les lieux de
réunions, les pâturages et les parcelles agricoles. Cette division
physique préserve un bon terrain d'entente entre les agriculteurs et les
éleveurs. Malgré les intérêts divergents de ces deux
groupes d'entrepreneurs, les populations ont une meilleure perception de leur
communauté. La figure ci-dessous indique que la majorité a une
perception très positive de leur communauté.
Figure 4 : Perception
de la communauté par les populations
Source : Enquête 2011
II. APPROPRIATION DES ACTIVITES DE LUTTE
CONTRE LA DESERTIFICATION.
La
viabilité ou pérennité est l'analyse des chances de
l'action de se poursuivre lorsque l'aide extérieure aura cessé.
Généralement, les populations voient se réaliser sous
leurs yeux, parfois avec leur implication des projets dont elles n'ont pas eu
l'initiative et dont elles ignoraient les tenants et aboutissants, ainsi que
les arrière-plans idéologiques. La viabilité du PLID
dépend donc du degré d'appropriation des populations.
« Pour promouvoir le développement et
lutter contre la pauvreté, des projets ont été
initiés et exécutés. Ils n'ont pas toujours pu provoquer
les résultats escomptés ; ils n'ont pas
débouché sur leur appropriation par les populations.»
(Paul N'da, 2002 :91).
A. Analyse de la stratégie
et de l'approches d'intervention
D'après le coordonnateur technique, la stratégie
d'intervention utilisée par le projet s'inspire des leçons
tirées de la mise en oeuvre des projets précédents dans la
zone d'intervention (PDRM et ESA). Elle s'appuie aussi sur l'expérience
du CDD en matière d'accompagnement des communautés dans la
localité et des prescriptions du Plan National de Lutte contre la
Désertification. Cette stratégie consiste à placer le
bénéficiaire au centre de son développement
(autopromotion) et à le toucher à travers un dispositif
impliquant au maximum les associations locales à l'effet de renforcer
leur capacité de collaboration et de concertation. L'approche village
constitue la toile de fond de cette stratégie. Elle consiste à
travailler avec un ensemble de villages choisis sur la base d'un certain nombre
de critères en rapport avec leur vulnérabilité en
matière de désertification et leur prédisposition à
collaborer avec le projet. Dans ces villages, le projet a mis en oeuvre les
activités relevant de ses quatre résultats afin de tester leur
synergie et leur efficacité en matière de contribution à
la lutte contre la désertification.
La mise en oeuvre du projet PLID s'appuie sur deux approches
au centre desquelles se trouve l'autopromotion paysanne. Il s'agit de
l'approche faire faire et l'approche directe.
L'approche faire-faire se traduit par la
contractualisation des associations partenaires ciblées dans le document
initial du projet pour la réalisation en partenariat avec les
communautés des actions du projet, notamment des aménagements
(cordons pierreux, terrasses, diguettes, fosses compostières), des
ouvrages de gestion de l'eau (biefs, puits), de la promotion des foyers
améliorés dans les ménages et de l'alphabétisation.
Les associations partenaires ainsi retenues s'appuient sur une organisation
composée des animateurs (essentiellement recrutés dans les
communautés pour la plupart) et les agents de suivi pour la
réalisation de leur prestation.
L'approche directe concerne les
activités du projet mises en oeuvre directement par la coordination du
projet ou les techniciens de site. Elle porte essentiellement sur la
mobilisation communautaire en matière de plantation d'arbres et de
protection des berges de mayo ainsi que les actions de renforcement des
capacités.
D'après le technicien du PLID, contrairement au
animateurs, l'action des agents de suivi des réalisations « a
été très limitée, parce qu'ils n'avaient pas
d'engagement sur la pérennité de sa
prestation »25(*). En effet, ces agents ne sont pas
membres de la communauté et n'auraient forcement pas les même
intérêts que les natifs de la communauté. Qu'il s'agisse de
l'approche directe ou du faire-faire, la participation communautaire en
constitue la toile de fond encouragée par la mise en place d'un
dispositif incitatif basé essentiellement sur la subvention partielle ou
totale de certaines réalisations.
B. Actions de lutte contre la
désertification
Elles concernent la pratique de techniques
intégrées de lutte antiérosive, la réalisation
d'ouvrages de gestion des ressources hydriques, l'éducation
environnementale et la promotion de l'arbre.
1. La pratique de techniques
intégrées de lutte antiérosive
Les prévisions au début du projet sur
l'aménagement des terres étaient de 200 hectares à
réaliser par 50 groupes d'agriculteurs représentant 4 000
à 5 000 personnes pour toute la durée de mise en oeuvre du
projet. Mais entre les années 2006-2007 et 2008-2009, 1506 hectares ont
été aménagés par 4 693 agriculteurs, soit un taux
de performance de 753% (PLID, 2010b), dépassant ainsi l'objectif
fixé. Ce fort résultat s'explique par l'engouement des
populations pour l'aménagement des terres. En effet,
« l'aménagement des parcelles améliore la
production agricole de façon immédiate »26(*) dans un contexte où la
plupart des terres sont dégradées du fait du
phénomène de hardéisation ou de l'érosion.
Cette croissance exponentielle du niveau d'adoption des techniques
d'aménagement promues par le projet s'accompagne également d'une
amélioration de l'intérêt des producteurs vis-à-vis
des fosses compostières, bien que les populations y expriment
encore le besoin en renforcement de capacités. Le tableau 3suivant,
présente l'évolution de ces deux techniques dans les cinq sites
du PLID.
Tableau 3 : Evolution
des surfaces aménagées et des fosses
compostières.
Site
|
Nombre de fosses compostières
|
Superficies aménagées en courbes de niveau
|
2006-2007
|
2007-2008
|
2008-2009
|
2006-2007
|
2007-2008
|
2008-2009
|
Ha
|
ha
|
ha
|
Mémé
|
103
|
186
|
117
|
71,5
|
117
|
148,5
|
Mokolo-Mb.
|
25
|
62
|
55
|
50
|
101,5
|
90,5
|
Ouzal
|
23
|
49
|
70
|
86
|
98
|
88,75
|
Salak
|
70
|
100
|
120
|
74
|
133,5
|
89
|
Wazzang-Kalliao
|
107
|
144
|
191
|
102
|
109,25
|
146,75
|
TOTAL
|
328
|
541
|
553
|
384
|
559
|
564
|
Source : Adapté des rapports narratifs
de PLID (2006, 2007, 2008, 2009)
Le taux d'adoption des fosses compostières dans les
sites à forte difficulté d'accès à l'eau est faible
et les étables fumières y sont développées comme
alternatives. L'insécurité foncière constitue cependant,
une contrainte pour l'adoption des aménagements des parcelles par les
populations.
Les aménagements en terrasse (photo 5) ou en cordons
pierreux sont privilégiés dans les zones de montagnes et de
piedmont où la couche de terre arable est légère et
exposée à l'érosion ; elle n'est maintenue sur place
que grâce aux pierres qui sont disponibles. Ailleurs, c'est les
aménagements en diguettes en terre ou enherbées qui sont
construits.
Photo 5 : Parcelles aménagées en
terrasses
(NDENGUE, 2010)
Photo 5
En somme, les résultats obtenus sont en
conformité avec l'approche, initiée dès les projets DPGT
et poursuivie par les projets PDRM, ESA, le CDD et PLID qui ont permis de
confirmer que la nature des types d'aménagements antiérosifs mis
en place par les agriculteurs est nettement liée au contexte
topographique et climatique de la région d'implantation. Ceci est en
conformité avec la thèse de Rist (1998) selon laquelle, toute
transformation sociale doit être conforme à ce qui s'est toujours
fait ou à ce qui ne pouvait manquer de se produire, pour qu'elle soit
acceptée.
2. La réalisation
d'ouvrages de gestion des ressources hydriques
La réalisation de ces ouvrages concerne la construction
des biefs, des puits et l'aménagement des berges des Mayos.
D'après le rapport final du projet, le niveau de réalisation de
ces ouvrages a été dépassé après la mise en
oeuvre des activités du programme de l'année 2010, l'accès
à l'eau constituant la première priorité dans la
région. A cet effet, les populations sont totalement
« disposées à consentir les sacrifices
nécessaires pour venir à bout de cette préoccupation dont
leur survie en dépend »27(*).Ainsi, 15 biefs en pierres maçonnées,
1068 en pierres calées et 5 biefs-radiers ont été
réalisés, au lieu de50 biefs en pierres maçonnées
et 1 000 biefs pierres calées attendus (PLID, 2010a :35).
13 410 mètres-linéaires de berges dans 16 villages sur les
2000 mètres programmées ont été
revégétalisés, soit un taux de performance de 670% (PLID,
2010a : 36).Et des puits ont été construits dans les
villages.
Grâce à l'approche d'autopromotion promue par le
projet à travers la mobilisation de la participation communautaire pour
la réalisation de ces ouvrages, les coûts unitaires des actions
sont davantage minimisés comparativement à ceux pratiqués
par d'autres acteurs de développement dans la région.
Toutefois, cette bonne performance du projet en matière
de réalisation cache des disparités à l'intérieur
d'un même site ou d'un site à l'autre. En, effet plusieurs
villages vulnérables n'ont pas pu faire aboutir leur projet de puits
dans le cadre du projet en dépit de leur volonté d'accéder
à l'eau potable. La différence des capacités des villages
à pouvoir s'organiser pour mobiliser leur contribution financière
exigée par le projet en est la cause fondamentale. En effet, la
population réalisait en plus l'essentiel des activités
liées à la construction du puits telles que creuser, apporter le
sable et le gravier pour la construction des buses, daller les alentours et de
construire le hangar de protection. « Leur contribution totale
représenterait donc près de 70 % du coût de total d'un
puits, avec les 40 % des coûts directs du ciment et du fer
exigés »28(*).
3. Education
environnementale et promotion de l'arbre
Nous avons articulé ce résultat autour de
l'alphabétisation des adultes et de la promotion des foyers
améliorés dans les ménages. Ainsi, 776adultes (hommes et
femmes) apprenants de différents niveaux, encadrés par 26
moniteurs répartis dans 27 groupes. Parmi eux, 237 apprenants (soit
30,5%) ont achevé les 3 niveaux et sont capables de parler
Français, faire des opérations de calcul, prendre des notes et
rédiger un rapport succinct (PLID, 2010a : 37). Cette
efficacité élevée en matière de formation est en
partie expliquée par le professionnalisme développé au
cours du temps par l'association prestataire avec l'appui du Diocèse de
Maroua, mais traduit également l'ampleur de la situation de
sous-scolarisation, notamment des femmes (représentant près de
80% des apprenants) qui prévaut dans la région de
l'Extrême-Nord. Nous avons constaté que la plupart des personnes
formées servent d'animateurs dans le cadre des différents
programmes se mettant en oeuvre dans leur village même si certains,
après plusieurs années de non pratique de la langue redeviennent
analphabètes.
La promotion du foyer amélioré auprès des
familles vise à réduire la pression des ménages sur les
ressources naturelles en économisant la quantité de bois
énergie consommée et à diminuer le temps de cuisson pour
libérer les ménages au profit des autres tâches. Le taux de
diffusion de la technologie a été très fort et rapide,
atteignant une efficacité de 159%, soit 3185 familles contre 2000
projetés ayant adopté les foyers améliorés pour un
total de 4822 foyers construits par les familles. Le site de Wazzang-Kalliao a
eu un total de 914 soit, 19%(PLID, 2010a : 38).
4. Action des structures
associés
Les partenaires associés à la mise en place du
PLID sont des associations qui oeuvraient déjà chacun dans son
site respectif parce que les communautés locales ont une propension
à se montrer hostiles envers les nouveaux arrivants et freiner ainsi
l'innovation. En effet, les politiques encourageant la concurrence divisent
souvent les habitants des communautés entre gagnants et
perdant, « peuvent aussi nuire au dynamique positive de
développement et entraîner même une décomposition de
la structure sociale rurale » (Wiesinger, 2007).Mais, il semble
difficile d'établir le lien entre les formations reçues et le
niveau d'intégration de la lutte contre la désertification et la
gestion durable des ressources dans les objectifs, normes et comportement des
structures partenaires comme attendu par le projet. En effet, on relève
pour certaines, une évolution et pour d'autres le statu quo. Cette
situation contrastée se justifierait par ce privilège, mieux
encore cette confiance accordée à chacune de ces associations
pour l'exécution des actions du projet en terrain conquis, sans
concurrence. Ceci a parfois crée des retards et des plaintes des
communautés dans la réalisation de certains ouvrages tels que
les biefs et les puits. Le capital social peut donc avoir, d'après Georg
Wiesinger citant Arnason et al. (2004), une incidence sur la performance, la
compétitivité et la cohésion sociale d'une
communauté (Wiesinger, 2007).
Malgré cet aspect négatif, l'introduction des
activités du PLID a renforcé la dynamique entre les membres de la
communauté. Les populations surtout les bénéficiaires
directs du projet ont fortement été impliqués dans la mise
en oeuvre du projet. Cette grande implication a renforcé la confiance
entre les acteurs du projet à travers le capital social qui s'est
développé entre eux d'où la minimisation des
phénomènes de détournement et de sélection souvent
observés dans la mise en oeuvre des projets de développement
rural. Les réseaux peuvent ainsi être perçus comme
articulant les flux d'information et de ressources qui produisent le
développement rural et plus généralement les liens
sociaux.
III. LES RESEAUX SOCIAUX COMME VECTEUR DE DEVELOPPEMENT
Cette section aborde le rôle des réseaux sociaux
et professionnels de la communauté. Nous avons ainsi fait une analyse
des réseaux formels et informels axée sur le type, la
qualité et la proximité des liens entretenus.
A. Les réseaux
formels à Wazzang-Kalliao
Les populations de cette localité ont deux types de
réseaux formels auxquels ils participent dans leurs activités
quotidiennes. Il s'agit d'un réseau des bénéficiaires
directs de l'action du PLID et un réseau de ceux qui n'en
bénéficient pas directement. Le lien instrumental entre les
agents de développement et les populations est devenu plus fort avec
l'intégration des locaux dans la mise en oeuvre du projet. Les
populations dépendent donc énormément des conseils des
agents du PLID et du CDD. La relation entre les populations et celle des agents
du CDD ressemble à celle qui lie un patient à un médecin.
Une certaine affinité est donc née entre les populations et le
CDD, ainsi qu'un niveau de confiance envers ses agents surtout qu'ils sont les
natifs de la localité et sont aussi pour la plupart les entrepreneurs
agricoles.
L'information offerte par le PLID est pour tous, mais les
privilèges qu'offre le projet appartiennent seulement aux membres des
organisations partenaires. Ces activités sont menées dans des
petits groupes afin que le grand nombre en bénéficie et que tout
le monde participe au sein de son groupe. Ainsi, tous les membres doivent
respecter le règlement intérieur du groupe, pour que seuls les
membres bénéficient des actions directes pour l'efficience et
l'efficacité du projet.
En outre, le projet étant dans sa phase pilote,
seulement un nombre limité d'organisations pouvait
bénéficier de son action. Même si cette forme de
discrimination ne permet pas toujours la vulgarisation des innovations
introduites au sein des groupes, les actions de lutte contre la
désertification pratiquées par le PLID débordent sur le
reste de la communauté villageoise par l'entremise des membres des
comités locaux, des membres groupes de bénéficiaires du
PLID et des membres des groupes cible. L'appartenance à un groupe offre
donc à chacun des membres le soutien du capital ;
« propriété collective qui, telle une pièce
d'identité, leur confère une certaine
légitimité » (Weisinger, 2007). Le capital social
est donc distribué, mobilisé, utilisé ;
transformé et échangé régulièrement au sein
des communautés de Wazzang-kalliao par la coopération qui peut
bénéficier, comme nous l'avons souligné plus haut, autant
l'individu que le groupe (Paldam, 2000; PRP, 2005 : 25).
La participation sociale dans ces groupes formels
organisés dans les activités de lutte contre la
désertification à Wazzang-Kalliao est très faible. Le
capital social détenu par un individu dépend donc de sa
capacité à mobiliser un réseau social détenu par
les autres membres de ce réseau comme l'a démontré
Bourdieu (1986). La plupart des activités se déroulent dans les
réseaux informels.
B. L'informel à
Wazzang-Kalliao
Les réseaux informels de Wazzang-Kalliao sont
très développés grâce à plusieurs facteurs
comme le temps, la confiance et les conditions climatiques de la
localité. Tous les répondants ont en effet indiqué qu'ils
participent à de tels réseaux. Ce haut niveau de participation
informelle s'explique par l'oisiveté des populations en saison
sèche, où le temps de travail est réduit à cause de
l'ensoleillement très élevé. Nous pouvons donc affirmer
que les rudes conditions de vie peuvent constituer un facteur de renforcement
des liens sociaux. Ceci confirme la thèse de Weisinger selon laquelle,
une communauté marginalisée sur le plan économique et
social, peut détenir un capital social viable même s'il est
menacé par l'exode rural des jeunes qui sont plus actifs (Weisinger,
2007).
Dans les regroupements informels, la population dépend
de ses liens d'attachement, comme la famille et les amis, pour de l'aide sur
les activités de développement. En outre, il y a un grand niveau
de réseautage et les liens d'accointances y sont favorables aux
échanges sur les pratiques agricoles, l'entraide et les méthodes
de lutte contre la désertification.
Cependant, il existe deux types de capital social dans la
communauté, le capital social personnel et le capital social
professionnel. Mais les populations ne gardent pas leurs secrets d'entreprise,
il y a un échange d'information assez facile dans la communauté.
Cet échange se fait dans les marchés, les églises,
mosquées et surtout dans les cabarets29(*)devenus des lieux de rencontre sociale, pour
débattre des sujets sensibles. C'est l'endroit idéal pour avoir
certaines informations, car des secrets y sont confiés ou
dévoilés. On ne se limite donc pas à ses activités
ou à son exploitation, on consolide les voisins au niveau des pratiques
agricoles. La divergence entre les liens informels personnels et les liens
professionnels n'est pas perceptible ici, dans le sens où il y a partage
des informations sur et un esprit communautaire en matière de
développement. La figure 5 qui suit démontre que le lien social
est très fort dans la localité. Malgré les défis de
la désertification, les populations de Wazzang-Kalliao calculent les
risques par rapport à leur revenu et leur qualité de vie dans
leurs entreprises. Il y a un niveau d'acceptation des innovations comme faisant
partie de leur quotidien et de leur travail. Cette perception de travailler
avec la nature pose des limites à ce que les populations peuvent
entreprendre dans leur vie.
Figure 5: Niveau du lien
social dans les villages.
Source : Enquêtes, 2011
Les réseaux et les liens qu'entretiennent les
populations jouent un rôle très important dans leurs entreprises
et le succès de leurs activités de lutte contre la
désertification. Le capital social des groupes observés est
très important dans deux contextes différents. D'abord, dans le
contexte de la production agricole, les réseaux formels servent à
favoriser l'accès aux ressources tel que la terre, la connaissance, les
nouvelles pratiques agricoles conservatrices et les appuis divers.
Deuxièmement dans le contexte de la des activités extra
agricoles, où les réseaux informels servent à contribuer
à la réussite économique dans la communauté. Les
liens entretenus dans ces deux contextes ne sont très peu
différents.
La faible participation dans les réseaux formels
augmente le niveau de confiance et la dépendance sur les liens
d'attachement, tel que les membres de la famille, pour de l'entraide et pour
les décisions d'entreprises ou d'acceptation d'une activité
nouvelle. Woolcock (1998) l'a d'ailleurs démontré, en
évoquant le rôle du capital social dans les communautés
pauvres qui n'ont pas accès aux ressources offertes par l'état.
Par contre, une forte dépendance des liens d'attachement pourrait
à long terme limiter le niveau d'appropriation des populations, le
développement durable étant un processus qui dépend de
l'action collective. En outre, le manque de confiance peut nuit à
l'action.
Toutefois, il y a une exception, le réseau formel du
CDD présente un haut niveau de confiance entre les populations et les
agents de développement qui leur favorisent l'accès aux
innovations. Ce lien instrumental avec les agents de développement et ce
réseau formel donne aussi l'occasion de construire des liens
d'accointance avec d'autres agents et structures de développement ayant
comme bénéfice de renforcer leur capital social autant au niveau
individuel qu'au niveau collectif comme communauté locale. Ce
réseau auquel appartient la quasi-totalité des organisations de
la localité est un réseau de référence pour toutes
les actions de développement de Wazzang-Kalliao. En effet, il
possède un bon mélange de nouvelles et d'anciennes organisations
paysannes. Il prend en compte les aspects climatiques, politiques,
économiques, socioculturels et religieux pour aboutir à une
appropriation collective. Il constitue une illustration de la conclusion
tirée de cette recherche, d'où les populations doivent davantage
s'entraider afin d'augmenter leur niveau d'appropriation et assurer la
pérennisation des projets de développement rural. Mais trop de
demandes importantes sur la solidarité des personnes et le maintien des
filets sociaux trop d'exigeants, au-delà des capacités des
populations peuvent détruire le capital social.
IV. LA CONFIANCE, VECTEUR D'APPROPRIATION DES ACTIONS DE
DEVELOPPEMENT
La confiance joue un rôle déterminant dans la
dynamique des relations (Da costa, 2004). Nous pouvons même dire que la
confiance est l'élément clé pour l'atteinte de certains
avancements soit au niveau individuel, soit au niveau collectif. Par
conséquent, dans le processus d'appropriation, la confiance au sein de
la communauté et la vie associative des membres peuvent avoir un impact
sur leur niveau d'intégration dans la lutte intégrée
contre la désertification. Ici, le niveau de confiance dans la
capacité des organisations partenaires du projet de répondre aux
besoins des populations est élevé. Ces derniers pensent que la
participation à ces organisations peut entraîner des changements
positifs dans la qualité de leur vie30(*), même si la plupart de ces organisations n'ont
pas de statut légal.
La figure 6 qui suit démontre le niveau de confiance
des populations dans leurs différents liens pour leurs décisions
d'entreprise.
Il a apparaît ici que le niveau de confiance dans les
membres de la famille dans la communauté et aux comités locaux
soit élevé. Tel que discuté plus haut, les membres de la
famille et du comité local font partie des liens d'attachement sur
lesquels les populations dépendent le plus. Ainsi, la
quasi-totalité des personnes interviewées travaillent avec au
moins un membre de leur famille. Ainsi, un niveau de confiance
élevé est nécessaire pour le fonctionnement efficace d'une
entreprise en milieu rural. Le niveau de confiance est aussi
élevé envers les comités locaux parce qu'ils servent de
courroie de transmission entre le projet et la population, les membres des
groupes qui mènent les activités de lutte contre la
désertification, les agents et responsables du projet. Ce niveau de
confiance est encore plus élevé envers le chef du village ou
« Djaoro » et le notable/chef de quartier ou
« Lawane » pour l'autorité qu'ils détiennent
et parce qu'ils sont d'après les populations les personnes les plus
édifiées. Ceci constitue des meilleurs indicateurs par rapport
aux personnes clés dans le développement et l'entretien de la
lutte contre la désertification à Wazzang-Kalliao.
Cependant, les populations donnent l'impression d'être
marginalisées par les services sectoriels partenaires du
développement « Nous sommes abandonnés à
nous même, nous ne voyons pas ces gens depuis
longtemps »31(*). Les populations ont ainsi perdu la confiance
qu'elles avaient envers les conseillers du MINADER, MINEPD et du MINFOF. Cette
perte de confiance envers les services étatiques pourrait aussi
s'expliquer par le faible niveau d'éducation et l'ignorance qui nuisent
à l'échange de la bonne information. Au regard de la situation
économique de la communauté qui laisse à désirer,
nous dirons contrairement à Weisinger (2007) que le capital social n'a
pas pu servir de substitut des services précédemment
gérés par le secteur public.
Figure 6 : Niveau de
confiance des populations sur les décisions d'entreprises.
Source : Enquêtes,
2011
La relation de confiance qui s'est créée entre
l'agent de développement et le paysan date de très longtemps avec
le début de l'intervention du CDD. Elle s'est améliorée
avec les actions d'autres structures comme la SODECOTON et le SAILD. Mais elle
s'est dégradée dans le temps avec l'arrivée d'autres
organisations moins sérieuses et surtout de certains services
déconcentrés de l'Etat. L'approche personnelle du CDD du projet
PLID encourage et développe un regain de confiance aux agents de
développement chez les populations, grâce au capital social qu'ils
ont réussi à créer. L'échange personnel est mieux
reçu comparativement aux conseils des agents de développement de
l'Etat.
Malgré tout, les populations font toujours plus
confiance à leur propre jugement pour les décisions à
prendre quant à l'appropriation d'une innovation, mieux encore du projet
de développement. Il y a un processus décisionnel très
défini en ce qui concerne les conseils que les populations rurales
reçoivent des agents de développement ou les autres partenaires
des projets de développement, mais leurs décisions restent
individuelles. En fait, les populations de Wazzang-Kalliao font une distinction
entre la confiance accordée au niveau personnel et la confiance
accordée au niveau professionnel.
Le niveau de confiance élevé dans certains
groupes dans la communauté favorise l'implication des populations aux
activités du projet. Il s'agit des groupes formés et/ou
animés dans le cadre du PLID, incluant les associations partenaires du
projet et les services diocésains. En effet, certains aspects de
l'organisation sociale tels que la confiance, les normes et les réseaux
d'engagement civique peuvent apporter comme le souligne Putman, une aide
significative aux communautés, parce que le capital social
« n'est pas une propriété privée d'aucune des
personnes qui en bénéficient » (Putman, 1993 :
170). Par contre, il y a divergence de points de vue quant au niveau de
confiance envers l'engagement politique qui est d'après (Weisinger,
2007), un indicateur pertinent du capital social.
En somme, le capital social est l'une des dimensions
principales des communautés socialement organisées ; il a
permis aux populations de Wazzang-Kalliao de résoudre aisément
certains de leurs problèmes de manière collective par leur
implication dans l'atteinte des objectifs du PLID. Après quatre
années et demie de mise en oeuvre, certains résultats ont
été dépassés. Cette efficacité
élevée du projet a été catalysée non
seulement par le niveau élevé de capital social dans la
communauté, mais également par de nombreuses opportunités
qui se sont offertes grâce au projet. Elle reste toutefois
contrastée pour d'autres résultats. Il convient donc de relever
ces freins et d'en faire des recommandations.
V. LES ENTRAVES A LA REALISATION DU PROJET
A. Non prise en compte de l'aspect
organisationnel des communautés
Malgré la bonne performance du projet en matière
de réalisation des ouvrages dans l'ensemble, on note des
disparités à l'intérieur d'un même site ou d'un site
à l'autre. En, effet plusieurs villages vulnérables n'ont pas pu
faire aboutir leurs projets en dépit de leur forte volonté de
réussir. Ces échecs sont dus à l'incapacité de
certains à pouvoir s'organiser pour mobiliser leur contribution
financière exigée par le projet. La non prise en compte de
l'aspect organisationnel des communautés n'a pas permis au projet de
s'appuyer sur l'ensemble des piliers nécessaires. En effet,
l'adhésion aux associations ne donne que peu d'informations relatives
à la qualité de la participation civique. Certaines personnes
peuvent être membres de plusieurs associations alors que d'autres sont
exclues (jeunes, personnes âgées, femmes, minorités etc.).
Cette situation serait un des causes du désistement et la
désintégration de certains groupes.
B. Mauvaise planification comme limite
à la participation de la communauté aux actions du Projet
La mission d'évaluation finale du projet a
relevé un décalage important entre les actions programmées
et les réalisations, tout au moins en ce qui concerne certaines
activités nécessitant la mobilisation financière des
populations, traduisant une faiblesse dans la planification des
activités par la coordination du projet. En effet, elle s'est
essentiellement basée sur les désirs des populations
délaissant ainsi leurs besoins se rapportant à leurs
capacités à les traduire en réalités. Ainsi, la
planification n'a pas pris en compte le facteur disponibilité de la
force de travail pour la réalisation des activités du projet
nécessitant la participation tant sur le plan individuel que
communautaire. En outre, elle n'a pas aussi tenu compte de la capacité
de contribution financière des populations qui est fonction de leurs
sollicitations et contraintes financières au quotidien telles que la
nutrition, l'éducation, la santé ou autres actions communautaires
de développement (PLID, 2010b).
En définitive, l'approche village, qui sollicite une
forte mobilisation du paysan, doit s'accompagner d'une rigueur dans la
planification sur une échelle de temps assez longue qui prend en compte
l'ensemble des pressions auxquelles est soumis les communautés
bénéficiaires du projet.
C. Limites de l'approche village
Il a été relevé que le prestataire
n'avait pas d'engagement sur la pérennité de sa prestation, ce
qui est de nature à limiter le suivi par ce dernier (PLID, 2010 b :
31).Nous avons aussi observé que l'approche village promue par le PLID
s'est fondamentalement orientée vers des villages ou groupes cible
à prédominance chrétienne catholique. En effet, un seul
village non chrétien a été impliqué dans le
district paroissial de Wazzang-Kalliao. Ceci a eu pour conséquence la
limitation de la prise en compte de toutes les composantes sociologiques dans
la démarche de mise en oeuvre d'une approche cohérente de lutte
contre la désertification et d'appropriation du projet à
l'échelle du village.
D. Exclusion social comme limite
à l'appropriation du projet
En général, certaines personnes dans la
communauté ne désirent pas changer leurs pratiques agricoles, car
ils ne veulent pas prendre de risques. En effet, l'activité agricole
à Wazzang-Kalliao comme dans tout le milieu rural au Cameroun, est
ancrée dans les normes sociétales du secteur de production. Dans
certains cas, ces normes imposent une façon de faire qui pourrait
limiter l'appropriation des actions du projet dans la communauté.
L'échange entre le paysan et l'agent de développent reste donc
ici prescriptif ; comme un médecin prescrit un médicament,
le patient n'est pas tenu de suivre ses conseils. Ceci est aussi valable pour
le processus d'appropriation du projet. La différence ici est que, celui
qui n'adhère pas peut être exclu du réseau et ne pas
bénéficier directement des actions du projet, parce que le
capital social peut causer l'exclusion sociale de celui ceux qui ne peut ou ne
veut se conformer aux normes locales. Au niveau collectif, la
conséquence peut être le frein à l'introduction de
nouvelles idées et de nouvelles personnes dans les communautés
locales, incitant au rejet du projet. La faible capacité des
comités locaux et des organismes partenaires d'appuyer tous les groupes
pourrait créer une division parmi dans les communautés entre les
bénéficiaires du PLID et les non bénéficiaires.
Étant donné qu'il existe un niveau
élevé de confiance et de dépendance sur ce lien
instrumental entre les bénéficiaires du PLID et le CDD, cette
incertitude par rapport au soutien des groupes ou des individus pourrait nuire
à l'appropriation du projet à court-terme et à sa
pérennisation à long-terme.
E. Absence de capitalisation des acquis
du projet
Nous avons relevé qu'il n'existe pas de dispositif de
monitoring et de capitalisation pourtant nécessaire pour un tel projet
pilote dont les résultats probants devraient être
capitalisés. Fondamentalement, la stratégie mise oeuvre par le
projet PLID est pertinente dans l'ensemble, car non seulement elle
intègre tous les acteurs clés dans le processus, mais aussi et
surtout renforce les capacités des organisations locales susceptibles de
pérenniser les acquis du projet. Elle apporte aussi des réponses
directes aux problèmes de l'eau et de la baisse de la fertilité
auxquels se trouve confronté la cible principale. Mais, un important
enjeu du projet réside dans l'articulation des solutions
d'aménagements et de gestion à plusieurs échelles, depuis
la parcelle du producteur aux terroirs villageois et aux territoires
inter-villageois. A ces différentes échelles doivent correspondre
des instruments et des approches spécifiques permettant de replacer les
aménagements individuels dans un contexte plus large de gestion de
l'espace, où sont abordées les problématiques de gestion
des ressources naturelles et foncières fondamentales (PLID, 2010 :
31).
VI. LES RECOMMANDATIONS
A la suite des contraintes ci-dessus, nous avons
formulé des recommandations aux communautés locales, au PLID/CDD,
à la société civile (associations partenaires), aux
bailleurs de fond et au gouvernement du Cameroun.
A. Aux Communautés locales
Le fort lien d'accointance des bénéficiaires du
PLID a un impact très positif sur le capital social au niveau collectif
dans la communauté de Wazzang-Kalliao. Nous recommandons donc aux
communautés locales de développer encore plus l'échange
d'information et d'entraide dans le but d'augmenter leur capacité
d'appropriation des actions de lutte contre la désertification et des
projets de développement ruraux dans la région au niveau
collectif. Ceci leur permettra aussi d'améliorer leurs conditions de vie
aux niveaux individuel et collectif.
En outre, les actions des populations des communautés
pilotes devraient permettre de développer les synergies dans
l'articulation des solutions d'aménagements et de gestion, depuis la
parcelle du producteur aux terroirs villageois et aux territoires
inter-villageois. Ceci aura pour effet l'appréhension de la
complémentarité des actions d'aménagements par les autres
populations à ces différentes échelles.
B. Au PLID et au CDD
Dans le but d'assurer l'appropriation du PLID par les
bénéficiaires, une deuxième phase du projet est
indispensable à cet effet. Pour la mise en oeuvre du projet au cours de
cette phase, il y a un besoin supplémentaire en renforcement des
capacités des acteurs locaux sur la gestion de leurs structures et la
prise en main des modèles promus.
Nous recommandons donc au PLID et au CDD, un renforcement des
capacités des techniciens de site et des associations partenaires, afin
de garantir l'uniformisation des approches et des produits diffusés par
le projet dans le futur. Nous recommandons aussi que les populations soient
incluses à la base dans le processus de recherche et
développement à condition que leur qualité de vie soit
améliorée. Ceci pourrait augmenter le niveau de partage des
connaissances et favoriser l'appropriation des projets.
C. A la société civile
L'appropriation proactive des projets est en partie une
question de politiques publiques pour mettre les outils disponibles en place.
La notion de la société civile dans le contexte de
développement durable devient de plus en plus pertinente dans le
développement des politiques publiques. Dans le secteur rural au
Cameroun, la construction de la société civile chez les paysans
est nécessaire et apporterait beaucoup dans l'exécution des
politiques d'appropriation et de pérennisation des projets de
développement dans le secteur rural.
Dans le cas du PLID, l'emploi de temps très
détendu des populations demanderait leur participation formelle sur une
base volontaire, afin de répondre à des besoins de l'heure et
futures. Ceci dans le but d'atteindre un développement durable du
secteur rural dans la région. Nous recommandons donc la construction de
la société civile rurale qui favoriserait le partage de
connaissances. Ceci aura pour effet de réduire les risques que les
bénéficiaires du projet prennent en s'en appropriant. Elle
permettrait aussi la construction de la mémoire collective sociale, pour
favoriser les actions proactives. En plus, les associations partenaires du
projet doivent alimenter la mémoire collective sociale des villageois
par le biais d'un réseau des populations à la base à
travers le dynamisme des organisations paysannes qui peut jouer un rôle
de premier plan dans le processus d'appropriation des projets de
développement. Ainsi, les populations seraient en mesure de
reconnaître les actions de développement du passé et
auraient des connaissances pour entreprendre des actions proactives.
D. Au Gouvernement de la
république
Le projet PLID s'est davantage limité à la
dimension technique des actions conduites. Mais au regard de l'importance des
questions foncières dans la zone d'intervention du projet, nous
recommandons au gouvernement de la république à travers les
autorités traditionnelles détentrices du pouvoir coutumier «
chefs de terre » et les autorités politico-administratives, de se
placer au centre du débat. En effet, ils sont les seules capables
d'entériner et de crédibiliser les instruments, mécanismes
ou décisions résultant des négociations conduites entre
locataires et propriétaires. Le projet contribuant également
à l'atteinte des objectifs fixés par les politiques publiques,
tant sectorielles qu'intersectorielles ; il est donc nécessaire que
l'Etat redynamise ses services au niveau local parce que la disparition
progressive des infrastructures locales contribue à la poursuite du
déclin du capital économique et en définitive, du capital
social, condition préalable à un développement rural
solide et durable (Weisinger, 2007).
E. Aux bailleurs de fond
Nous avons notés un grand besoin d'une seconde phase du
projet PLID visant à consolider les acquis de la première, en
testant le passage de l'échelle village à l'échelle
régionale. Pour ce fait, nous recommandons aux bailleurs de fonds de
mettre à la disposition du projet assez de moyens financiers, parce que
l'insuffisance de fonds a été un facteur limitant de la phase
pilote du projet. En outre, nous recommandons à ces bailleurs et
à tous ceux qui financent les activités de développement
rural de ne pas se limiter à l'exploitation des rapports qui leurs sont
parvenu pour se rassurer de l'effectivité des activités, mais
à effectuer des descentes sur le terrain. En effet, le sondage
auprès des bénéficiaires est un moyen de juger de
l'efficacité d'un projet/programme.
En définitive, les entraves à la
réalisation du projet sont attribuées aux communautés
locales à l'équipe du projet, à la société
civile et au gouvernement. Et les recommandations faites aux parties prenantes
préalablement citées ainsi qu'aux bailleurs de fonds peuvent
contribuer à une réussite de la deuxième phase du projet
qui est attendue.
CONCLUSION GENERALE
Les causes des échecs des projets de lutte contre la
désertification entrepris depuis plus de quarante ans dans le Sahel sont
multiples et aussi variées que la diversité des cas de figure,
chaque projet étant quasiment unique en son genre. Mais la principale
cause réside dans le fait que, la démarche technique, voire
techniciste, l'ait toujours emporté sur l'approche sociale dans la
plupart des projets mis en oeuvre dans le monde rural au Cameroun. Il est donc
nécessaire de compter avec la population locale pour assurer leur
implication et réduire les échecs. Le Projet de Lutte
Intégrée contre la Désertification (PLID) a
été mis en oeuvre dans ce contexte, avec pour ambition de
susciter l'adhésion du plus grand nombre.
Notre analyse a pour objectif le capital social. La question
de recherche portait sur le rôle du capital social dans l'appropriation
du PLID par les communautés du district paroissial de Wazzang-Kalliao.
Pour y arriver, nous avons émis l'hypothèse selon laquelle, le
capital social favorise l'implication des membres de la communauté dans
les activités du projet, mais cette implication est limitée par
leur niveau d'accès aux ressources du projet, et leur comportement
basé sur les principes de sélection et de détournement du
projet. Ces limites sont relevées dans les deux hypothèses
secondaires suivantes : le fort développement des réseaux
sociaux informels dans la communauté a facilité aux populations
l'accès aux ressources du projet ; le niveau de confiance
élevé dans la communauté n'a pas limité les
principes de sélection et de détournement des activités du
projet par les bénéficiaires.
Pour donner forme à cette analyse, nous avons
opté pour la méthode interactionniste mise au point par l'Ecole
de Chicago, afin d'expliquer de manière synchronique et rendre compte
des stratégies et tactiques des bénéficiaires du projet
PLID, en fonction de leurs buts et de leurs ressources. En outre, les
populations disposent individuellement ou en en groupe, d'une marge de
liberté qu'ils utilisent de façon stratégique dans leurs
interactions, malgré les contraintes que leur impose le système.
Nous avons aussi choisi la méthode stratégique de Crozier et
Friendberg à cet effet. Enfin nous avons complété les deux
méthodes précédentes par l'approche macro est
centrée sur la valeur d'intégration et de cohésion sociale
du capital social dans la communauté et l'approche méso
centrée sur la valeur instrumentale du capital social comme mobilisateur
et producteur de ressources comme l'information et d'autres échanges
dans la communauté.
L'analyse du capital social réalisée à
Wazzang-Kalliao met en exergue les difficultés de développement
de cette localité. En effet elle est caractérisée
par la baisse de la fertilité des sols provoquée par le
phénomène d'érosion, la difficulté d'accès
à l'eau potable et d'abreuvement du bétail, l'insuffisance des
structures d'encadrement des producteurs, les pratiques agricoles et pastorales
extensives, le surpâturage, les feux de brousse mal gérés.
A ceci s'ajoutent la croissance démographique rapide associée
à un déficit alimentaire chronique et une réduction des
revenus qui, poussent les populations à exercer une forte pression sur
leur environnement. Il faut donc adopter des pratiques plus conservatrices.
Dans ces conditions défavorables, cette communauté détient
un capital social viable, mais celui est menacé par l'exode rural des
plus actifs, c'est-à-dire les jeunes.
Cette étude montre que la mise en oeuvre du projet PLID
s'appuie sur une stratégie au centre de laquelle se trouve
l'autopromotion paysanne. Elle a été cependant entravée
par le capital social qui a eu une incidence sur la performance, la
compétitivité des acteurs chargés de l'implémenter.
Dans la communauté de Wazzang-Kalliao, le capital
social est en deux temps, dans un réseau formel et dans un réseau
informel. La participation sociale dans les réseaux formels
organisés reste cependant très faible ; la plupart des
activités se déroulent dans les réseaux informels.
Toutefois, il y a une exception, le réseau formel du CDD présente
un haut niveau de confiance entre les populations et les agents de
développement qui leur favorisent l'accès aux ressources. La
faible participation social dans les réseaux formels favorise le
développement de l'informe, qui augmente le niveau de confiance. Dans
ces regroupements informels, la population dépend de ses liens
d'attachement, comme la famille et les amis, pour de l'aide sur les
activités de développement. En outre, il y a un grand niveau de
réseautage et les liens d'accointances y sont favorables aux
échanges d'information, d'entraide et l'accès aux ressources et
appuis divers. Ce résultat confirme notre hypothèse secondaire
selon laquelle le fort développement des réseaux sociaux
informels dans la communauté a permis aux populations, d'accéder
facilement aux ressources du projet. Par contre, une forte dépendance
des liens d'attachement pourrait à long terme limiter le niveau
d'appropriation des populations, le développement durable étant
un processus qui dépend de l'action collective. Les populations doivent
davantage s'entraider afin d'augmenter leur niveau d'appropriation et assurer
la pérennisation des projets de développement rural. Mais trop de
demandes importantes sur la solidarité des personnes et trop exigences
au-delà des capacités des populations peuvent détruire le
capital social. Le niveau de confiance élevé dans la
communauté favorise l'implication des populations aux activités
du projet et limite les principes de sélection et de détournement
énoncés par Olivier de Sardan. En effet, certains aspects de
l'organisation sociale tels que la confiance, les normes et les réseaux
d'engagement civique peuvent apporter une aide significative aux
communautés. Ce résultat infirme don l'hypothèse selon
laquelle, le niveau de confiance élevé dans la communauté
n'a pas limité les principes de sélection et de
détournement des activités du projet par les
bénéficiaires.
Finalement, le manque de confiance dans la communauté
rurale nuit au processus d'appropriation des activités de
développement rural. Cette étude démontre le capital
social peut jouer un rôle décisif pour la reconstruction
d'identités locales et le retour de la confiance dans le contexte
spécifique des communautés rurales dont les institutions de
développement ont chuté au Cameroun. Pour que les populations
s'approprient des activités du projet, il faut aussi la construction
d'une politique publique qui reflète les besoins de tous les membres de
la communauté. Cela ne serait possible que s'il existe une
société civile parmi les ruraux qui favoriserait la construction
et l'application des politiques publiques dans le secteur, pour un
développement durable. Les recherches futures pourraient aborder la
notion de construction de la société civile en milieu rural, afin
d'avoir une approche sectorielle à l'appropriation d'un projet de
développement rural par les communautés au Cameroun.
BIBLIOGRAPHIEOUVRAGES
AFITEP-AFNOR., 1992. Dictionnaire de management de
Projet, AFNOR, Paris 2ème
édition.
BARY M.A., 1977. Economie du
développement : les grands pionniers, GIDEPPE,
Paris.
BEAUVILAN A., 1989. Nord-Cameroun. Crise et peuplement,
Tome1&2, Imp. Claude
Bellée à Courtance (Manche).
BOUDON R., 1979. La logique du social : introduction
à l'analyse sociologique, Hachette,
Paris.
CICIBA., 1989. Facteurs culturels et projets de
développement rural en Afrique centrale,
L'Harmattan, Paris.
COLAS D., 1994. Sociologie politique, PUF, Paris.
COURTOT H., 1998. Gestion des risques dans les projets,
Edition Economica, Paris.
CROZIER M., FRIENDBERG E., 1977. L'acteur et le
système, les contraintes de l'action
collective, Seuil, Paris.
DEVELTRE P., 1998. Economie social et
développement : les coopératives, mutuelles et
associations dans les pays en développement,
De Boeck Université Jalons.
DUFUMIER M., 1996. Projets de développement
agricole : Manuel d'expertise, éditions
Karthala et CTA, Paris.
FOURNIER F., 2002. Social Capital and Poverty Reduction:
Which role for the civil society
organizations and the state? UNESCO.
GEERTZ C., 1996. Ici et là-bas, l'anthropologue
comme auteur, Métaillé, Paris.
GIDEL T. et ZONGHERO W., 2006. Management de projet
1 : introduction et
Fonctionnement. Lavoisier, Paris.
GRAWITZ M., 2001.Méthodes des sciences
sociales, Dalloz, 11e édition Paris.
GROOTAERTC., NARAYAN D., JONES V.N., WOOLCOCKM., 2004.
Measuring
Social Capital: An Integrated Questionnaire. World Bank
Working Paper No. 18, Washington, D.C.
HALLAIREA., 1991. Paysans montagnards du
Nord-Cameroun : les monts mandara,
Edition ORSTOM.
LAZAREV G., Arab M., 2002. Développement local et
communautés rurales : approches et
instruments, pour une dynamique de concertation,
Karthala, Paris.
MATTHEWS R., 2003. Using a Social Capital Perspective to
Understand Social
And Economic Development Horizons.
MORIZE J., 1992. Manuel pratique de vulgarisation agricole
- vol.2, le technicien
d'agriculture tropicale, Maisonneuve et Larose, Paris.
OUSMAN H., SEIGNOBOS C., TEYSSIER A., WEBER J., 2002.
Eléments d'une
stratégie de développement rural pour le
Grand Nord du Cameroun. Rapport principal, septembre 2002. CIRAD
OTAYEP R., 2004. Les sociétés civiles du
sud, MAE, Paris.
PAUGAM S., 2005. Les formes
élémentaires de la pauvreté, Presses Universitaires
de
France, coll. « Le lien social »,
Paris.
PATTON M. Q., 2001. Qualitative Research and Evaluation
Methods (Third eds.).
London, Sage Publications, Inc.
PELLING M., 2005.Social Capital and Institutional
Adaptation to Climate Change, RCC
working paper 2, University of Liverpool.
PODLEWSKI A., 1966. La dynamique des principales
populations du Nord-Cameroun, Cab.
ORSTOM, sér.sci.
POITIER G., 1973. Les Guiziga du Cameroun Septentrional,
l'organisation traditionnelle et
Sa Mise en constatation, Edition ORSTOM, Paris.
PRP., 2005. La mesure du capital social:
Document de référence pour la recherche,
l'élaboration et l'évaluation des politiques
publiques, Ottawa.
SARDAN O., 1995. Anthropologie et
Développement : essai en socio-anthropologie du
changement social, APAD, Karthala, Paris.
SIMMEL G., 2005. Les pauvres, Ed Quazdrige Grands
textes.
WOOLCOCK M., NARAYAN D., 2000. Social capital:
implications for development
theory, Research and policy, The World Bank Research
Observer.
ARTICLES DE REVUES
BALLET J., HAMZETTA B., 2003. « Le capital social
comme protection sociale : les cas de
la Mauritanie », 2003, in Revue Tiers Monde
n°175 juillet-septembre 2003 t.XLIV. p 637-655.
BOURDIEU P., 1993. « Les exclus de
l'intérieur » in P. Bourdieu (éd), La Misère du
monde,
Le Seuil, Paris.
BOURDIEU P., 2004. « La notion de capital
social », Lahouari ADDI, IEP de Lyon, Ceriep
et Gremmo, in L'anthopologie du Maghreb selon Berque,
Bourdieu, Geertz, et Gellner, Awal Ibis Press, Paris.
DALE A., 2005. «Social Capital and Sustainable Community
Development: Is There a
Relationship». In Dale, A., Onyx, J. (Eds.), Social
Capital and Sustainable Community Development: a dynamic balance,
Vancouver, UBC Press, 13-32.
DREGNE.H.E., 1981. «Dimensions et caractéristiques
du processus de désertification dans
les zones arides du monde », in Tachkent. M.,
Lutte contre la désertification par le développement
intégré. Résumés des communications du
Symposium International, 1981, pp. 19-28
GODECHET O., MARIOT N., 2004. « Les deux formes de
capital social : structure
relationnelle des juges de thèses et recrutement en
science politique » in Revue française de sociologie,
2004, pp 243- 282.
GORNUNG.M.B., 1981. «Sur les possibilités et les
perspectives des approches scientifiques
pour l'organisation de la lutte contre la
désertification en Afrique par le développement
intégré», in Tachkent. M., Lutte contre la
désertification par le développement intégré.
Résumés des communications du Symposium International, pp.
83-86.
MOHAN, G., MOHAN, J., 2002. Placing Social Capital.
Progress in Human Geography,
26(2), 191-210.
N'DA P., 2002. « Les projets de
développement dans le lutte contre la pauvreté » in
sciences
sociales et pauvreté une vision africaine,
Yaoundé, PUY.
PELLING M., HIGH C., 2005. Understanding adaptation: What can
social capital offer
assessments of adaptive capacity? Global Environmental
Change Part A, 15(4), 308-319.
PORTES A., 1998. Social Capital: its origins and applications
in modern sociology, in
Annual Review of Sociology, Vol. 24. (1998), pp.
1-24.
RIST G., 1998. « Le développement :
changement social maîtrise ou tradition moderne », in
Michel Loriaux, Populations et
développements : une approche globale et systémique,
Academia Bruylant/ l'Harmattan, Louvain-la-Neuve, Belgique.
SARDAN O., 1990. « Sociétés et
développement », in Didier Fassin et Yannick Jaffré,
Sociétés, développement et
santé, pp. 28-37, les éditions ellipses, collection
Médecine Tropicale, Paris.
STONE W., 2001. « Measuring Social Capital: Towards
a Theoretically Informed
Measurement Framework for Researching Social Capital» in
Family and Community Life. Research Paper No. 24, Australian Institute of
Family Studies.
TCHALA ABINA.F., 2000. «When the active organisations
over heading on each other's
hoes in Mandara mountains region», in Madi Ali., Paul
Loth., Hans Bauer and Hans de Longh, Management of fragile ecosystems in
the North of Cameroun: the need for an adoptive approach. Processing of an
international Conference Maroua, 13616 nov 2000, pp. 261-266.
AUTRES DOCUMENTS
BANQUE MONDIALE., 1977. Rapport sur le
développement dans le monde.
BANQUE MONDIALE., 2000. Combattre la
pauvreté. Rapport sur le développement dans
le monde. Banque Mondiale : Washington.
BOUGET D et NOGUES H., 1993. Rapport, centre
d'économie des besoins sociaux / centre
international Lebret-irfed, 49 rue de la Glacière,
75013 paris, France.
BUCREP., 2010. Rapport de présentation des
résultats définitifs du 3è RGPH
CONSEIL DE LA SANTE ET DU BIEN-ETRE., 2001. Rapport
sur L'appropriation par
les communautés de leur développement,
Québec, Le Conseil, février.
COMITE DIOCESAINE DE DEVELOPPEMENT (CDD) de Maroua-Mokolo.,
2010.
Cinq ans de lutte contre la
désertification.
GROUPE DE LA BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT., 2008.
Cameroun
évaluation de l'assistance du groupe de la banque
au secteur agriculture et développement rural, 1996-2004,
département de l'évaluation des opérations (OPEV).
INS., 2002. Evolution de la pauvreté au Cameroun
entre 1996 et 2001.
INS., 2008. Tendance, profil et déterminants de la
pauvreté au Cameroun 2007.
IRD., 2000. Atlas de la Province Extrême-Nord
Cameroun, Editions, Paris.
MIDIMA., 2009. Bilan diagnostic 2008-2009, en vue de
l'actualisation du Schéma Directeur
Régional d'Aménagement et de
Développement Durable du Territoire (SDRADDT) de la Région de
l'Extrême-Nord, réalisé en 2001.
MINEPAT., 2005. Document de stratégies de
Développement du Secteur Rural.
OCDE., 2001. Du bien-être des nations : le
rôle du capital humain et social, Paris.
PLAN D'ACTION NATIONALE DE LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION.,
2007. Rapport, MINEPN/PNUD.
PLAN NATIONAL DE GESTION DE L'ENVIRONNEMENT., 1996.
Rapport principal,
Février.
PLID., 2006. Rapport d'étude diagnostic
participatif du site Wazzang-Kalliao.
PLID., 2010a. Rapport provisoire de l'évaluation
finale, février.
PLID., 2010b. Rapport d'activités narratif final
2005-2010, décembre.
RAUNDI H-Q et SCHNEIDER H. M., 2000.Combattre la
pauvreté dans le monde :
stratégies et études de cas. De
Comité d'aide au développement. Séminaire du centre de
Développement. Edition de l'OCDE.
NTOUPKA M., 1999. Impacts des perturbations anthropiques
(pâturage, feu et coupe de
bois) sur la dynamique de la savane arborée en zone
soudano-sahélienne. Thèse de Doctorat de l'Université
Paul- Valery Montpellier.
UICN., 2003. Renforcer la durabilité sociale des
actions de lutte contre la désertification: Un
manuel pour la réflexion. UICN, Gland, Suisse
et Cambridge, Royaume-Uni.
DOCUMENTS
ONLINE
BANQUE MONDIALE., site Internet sur le capital
social :
http://www.worldbank.org/poverty/scapital
BOURDIEU P., 2007. « Le capital social »,
in Actes de la recherche en sciences sociale, n°
31, 1980, pp.2-3, consulté le 10 juin 2010.
wikipedia.org/wiki/Pierre Bourdieu
BOURDIEU P., 1986. «The forms of capital». In J.G.
Richardson (Eds), Handbook of Theory
and Research for the Sociology of Education, 1986.New
York, 241-258, consulté le 4mars 2011wikipedia.org/wiki/Pierre
Bourdieu
COLEMAN, J., 1988. «Social Capital in the Creation
of Human Capital». In The
AmericanJournal of Sociology, 94, S95-S120.
http://onemvweb.com/sources/sources/social_capital.pdf
COMMISSION EUROPEENNE., 2001.
Outils et méthodes d'intervention participative, 2001,
pp.3-4, online, Consulté le 06 février
2011.http://membres.lycos.fr,
DA COSTA E., 2007. Le rôle du capital social dans la
capacité adaptative des pomiculteurs
de la Municipalité de Saint-Joseph-du-Lac au
changement climatique, Mémoire présenté à la
Faculté des études supérieures en vue de l'obtention du
grade de Maîtrise en Sciences en Géographie, avril, 2007, 90 p.
[en ligne], Consulté le 09/03/2011 à 9 h 30
http://www.geog.unmontreal.ca/D3T/...pdf/memoire_mait_Elsa_Da_Costa.pdf.
DUBOIS et AMIN., 2009. L'évolution de la
pauvreté au Cameroun : où en sommes nous,
2009. [en ligne], DIV-FIC-DDS2-JLDB-20010101-00001.doc,
[accédé le 1er décembre 2009] à 10h
22min.
http://kerbabel.c3ed.uvsq.fr/Documents/
FIELD J., 2003. Social Capital, London, Routledge.
2003.
www.ioe.stir.ac.uk/staff/field.ph
MONTALIEU T., BAUDASSE T., 2006.
Le capital social : un concept utile pour la finance
et le développement, 2006, [en ligne],
Consulté
le 30/11 2009 à 9h 42min.
http://halshs.cnrs.fr/halshs-00007798/.
ODIA NDONGO Y.F., BENE A.J and TEGNEROWICZ J., 2006.
Religion, Capital
social et réduction de la pauvreté au
Cameroun: le cas de la ville de Yaoundé, Online at october 7, 2006.
Accès le 19.10.2009 à 13 h 32 min.
http://mpra;ub.unimueenchen.de/166/MPRA
.
OYEN E., 2000. « Social capital formation as a
poverty reduction strategy », in social
Capital and poverty Reduction: Which role for the civil
society organizations and the state UNESCO, 2000, Consulté le
09/12/2009 à 10 h 50 min.
http://mpra.ub.uni-muenchen.de/166/.
PONTHIEUX S., 2004. Le concept de capital social, analyse
critique, Contribution au 10ième
Colloque de l'ACN, Paris, 21-23 janvier 2004,
25p. [en ligne], Consulté le 09/03/2011 à 8h 58
http://insee.fr/fr/insee-statistiQues-publique/colloques/acn/pdf10/ponthieux.pdf!
PUTMAN R., 1993. « The prosperous community social
and public life », in the american
prospect. 4, 13, 1993, pp115-134. Online, consulte 10
juin 2010 a 14 h 15min.
www.infed.org/thinkers/putman.htm.
SABOURIN E.,
2007. « Organisation paysanne au Brésil : capital social,
réciprocité et
valeurs humaines », in Revue du MAUSS
permanente, 7 août 2007 [en ligne], Consulté le 12 mai 2011.
http://www.journaldumauss.net/spip.php?article158
TEMPLE J., 2000. « Effets de l'éducation et
du capital social sur la croissance dans les
Pays de l'OCDE », in Revue Economique de l'OCDE
33(2001/II), pp.59-110.
http://www.oecd.org/dataoecd/26/46/18453410.pdf
WIESINGER G., 2007. « L'importance du capital social
dans le développement rural, les
réseaux et les prises de décision dans les zones
rurales », in Revue de géographie alpine [En ligne],
95-4 | 2007, mis en ligne le 03 mars 2009, Consulté le 12 mai
2011. URL:
http://rga.revues.org/index350.html
WOOLCOCK M., 1998. Social Capital and Economic Development:
Toward a Theoretical
Synthesis and Policy Framework, Michael Woolcock Theory and
Society, Vol. 27, No. 2. (Apr., 1998), pp. 151-208.
http://www.informationneeds.org/wp-content/uploads/2008/toolkit08_woolcock_economic_development.pdf
COURS INEDITS
CLAUDE ESNEST KIAMBA., 2009. « Gouvernance et action
publique ».
RAYMOND EBALE., 2009. «Histoire du
développement ».
TABLE DES
MATIERES
SOMMAIRE
ii
REMERCIEMENTS
v
LISTE DES SIGLES ET ABREVIATIONS
vi
LISTE DES TABLEAUX
viii
LISTE DES FIGURES
viii
LISTE DES PHOTOS
viii
RESUME
ix
ABSTRACT
x
INTRODUCTION GENERALE
1
I. CONTEXTE DE l'ETUDE
3
II. DELIMITATION DE L'ETUDE
4
A. Délimitation spatiale
4
B. Délimitation temporelle
5
C. Délimitation matérielle
5
III. DEFINITION DES CONCEPTS
5
A. Capital social
6
B. Projet
7
C. Développement rural
8
D. Appropriation
8
IV. INTERET DE L'ETUDE
9
A. Intérêt social
9
B. Intérêt scientifique
9
V. REVUE DE LITTERATURE
10
VI. PROBLEMATIQUE
16
VII. HYPOTHESES
17
VIII. CADREMETHODOLOGIQUE
18
A. Grille d'analyse
18
B. Techniques de collecte des données
19
1. Données Primaires
19
a. Entrevues
19
b. Questionnaires
20
C. Terrain d'étude et
échantillonnage
20
IX. DIFFICULTES RENCONTREES
21
X. PLAN DU MEMOIRE
21
CHAPITRE 1 : CONTEXTE DE LA
DESERTIFICATION DANS LE DISTRICT PAROISSIAL DE WAZZANG-KALLIAO
22
I. MILIEU PHYSIQUE
23
A. La Localisation de Wazzang-Kalliao.
23
B. Le Relief de Wazzang-Kalliao
25
1.3. Les Sols de Wazzang-Kalliao
25
D. L'Hydrographie de Wazzang-Kalliao
26
E. Le Climat de Wazzang-Kalliao
26
1. Précipitation
26
2. Températures et Vents
27
F. La Faune et la Flore de Wazzang-Kalliao
28
1. Faune
28
2. Flore
29
II. MILIEU HUMAIN
29
A. L'Histoire de Wazzang-Kalliao
30
B. La Population de Wazzang-Kalliao
30
1. Répartition par âge et sexe
30
2. Migrations
31
C. L'Organisation Sociale de Wazzang-Kalliao
32
1. Organisation traditionnelle et religieuse des
villages
32
2. Organisations socioprofessionnelles
33
3. L'habitat
34
4. Accès au foncier
34
5. Intervenants et partenaires au
développement
35
D. Les Infrastructures Sociales de
Wazzang-Kalliao
35
1. Etablissements scolaires
35
2. Structures sanitaires
35
3. Routes
36
4. Marchés
36
III. ACTIVITES SOCIO-ECONOMIQUES
36
A. Agriculture
36
B. Elevage
37
C. Artisanat
38
IV. PROBLEMATIQUE DE LA DESERTIFICATION A
WAZZANG-KALLIAO
38
CHAPITRE 2 : PRESENTATION DU PROJET DE
LUTTE INTEGREE CONTRE LA DESERTIFICATION
41
I. PRINCIPAUX AXES STRATEGIQUES DU PLANNATIONAL DE
LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION (PAN/LCD).
42
A. Aménagement et gestion
participative de l'espace
42
B. Gestion durable des ressources naturelles
(eau, sols, couvert végétal, faune)
43
C. Restauration des terres
dégradées et amélioration de la fertilité des
sols
43
D. Renforcement des capacités
d'intervention des acteurs en matière de lutte contre la
désertification
44
E. Gestion concertée des ressources
partagées au niveau sous régional
44
II. PRESENTATION DU PLID
45
A. Justification du projet PLID
45
B. Objectifs du PLID
46
III. LES RESSOURCES DU PLID
47
A. Les ressources humaines du PLID
47
B. Les ressources matérielles
48
C. Les ressources financières
48
IV. LES PARTENAIRES INSTITUTIONNELS
49
V. LES ACTIVITES DU PLID
50
A. Pratique de techniques intégrées
de lutte antiérosive
50
1. Formation et accompagnement des agriculteurs aux
techniques de lutte antiérosive.
51
2. Appui à l'acquisition des
équipements agricoles
52
3. Organisation de voyages visites pour les
groupes
52
B. Réalisation d'ouvrages de gestion des
ressources hydriques
52
1. Etude technique sur la gestion des eaux
52
2. Sensibilisation de la population sur les
problèmes d'eau
53
3. Accompagnement de la population pour les
réalisations physiques
53
C. Prise de conscience de l'importance de
l'arbre
54
D. Structuration et renforcement des
capacités des groupes cibles et partenaires.
56
1. Les structures partenaires associées dans
la mise en oeuvre du PLID.
57
2. Les groupes cibles du Projet
58
3. Le Comité de Promotion Humaine (CPH)
59
4. Renforcement organisationnel et du
développement institutionnel des groupes cibles et associations.
59
5. Appui à l'acquisition des
équipements des groupes cibles et associations partenaires
60
CHAPITRE 3 : CAPITAL SOCIAL COMME
OUTIL D'APPROPRIATION D'UN PROJET DE DEVELOPPEMENT RURAL
62
I. LA VIE COMMUNAUTAIRE A
WAZZANG-KALLIAO
63
A. La communauté de Wazzang-Kalliao
63
B. Perception de la communauté par les
populations
64
II. APPROPRIATION DES ACTIVITES DE LUTTE
CONTRE LA DESERTIFICATION.
65
A. Analyse de la stratégie et de l'approches
d'intervention
65
B. Actions de lutte contre la
désertification
66
1. La pratique de techniques
intégrées de lutte antiérosive
66
2. La réalisation d'ouvrages de gestion des
ressources hydriques
68
3. Education environnementale et promotion de
l'arbre
68
4. Action des structures associés
69
III. LES RESEAUX SOCIAUX COMME VECTEUR DE
DEVELOPPEMENT
70
A. Les réseaux formels à
Wazzang-Kalliao
70
B. L'informel à Wazzang-Kalliao
71
IV. LA CONFIANCE, VECTEUR D'APPROPRIATION DES
ACTIONS DE DEVELOPPEMENT
74
V. LES ENTRAVES A LA REALISATION DU
PROJET
77
A. Non prise en compte de l'aspect
organisationnel des communautés
77
B. Mauvaise planification comme limite
à la participation de la communauté aux actions du Projet
77
C. Limites de l'approche village
78
D. Exclusion social comme limite à
l'appropriation du projet
78
E. Absence de capitalisation des acquis du
projet
79
VI. LES RECOMMANDATIONS
79
A. Aux Communautés locales
79
B. Au PLID et au CDD
80
C. A la société civile
80
D. Au Gouvernement de la
république
81
E. Aux bailleurs de fond
81
CONCLUSION GENERALE
82
BIBLIOGRAPHIE
86
ANNEXE
99
ANNEXE
ANNEXE 1 : FORMULAIRE DE CONSENTEMENT DE L'INSTITUT
CATHOLIQUE DE YAOUNDE
Titre de la recherche Capital social et
Développement Rural Au Cameroun : Cas Projet de Lutte
Intégrée contre la Désertification à Maroua dans
l'extrême-nord.
Chercheur : Laurent Parfait
NDENGUE
Directeur de recherche : Professeur. Marie
Thérèse MENGUE
A. RENSEIGNEMENTS AUX PARTICIPANTS
1. Objectifs de la recherche.
Cette recherche vise à mieux comprendre le rôle
du capital social dans l'appropriation du Projet Intégré de Lutte
contre la Désertification par les populations du District Paroissial de
Wazzang-Kalliao dans du Diocèse de Maroua-Mokolo.
2. Participation à la recherche
Votre participation à cette recherche consiste
à un entretien : ? par entrevue ?par questionnaire
3. Confidentialité
Les renseignements que vous nous donnerez demeureront
confidentiels. Chaque participant ou groupe de participants à la
recherche se verra attribuer un numéro et seul le chercheur principal
aura la liste des participants et du numéro qui leur aura
été accordé. De plus, les renseignements seront
conservés dans un classeur sous clé situé dans un bureau
fermé. Aucune information permettant de vous identifier d'une
façon ou d'une autre ne sera publiée étant donné le
caractère anonyme des entretiens. Ces renseignements personnels seront
détruits au plus tard le 15 août 2011. Seules les données
ne permettant pas de vous identifier pourront être conservées
après cette date.
4. Avantages et inconvénients
En participant à cette recherche, vous pourrez
contribuer à l'avancement des connaissances. Votre participation
à la recherche pourra également vous donner l'occasion de mieux
vous connaître.
5. Droit de retrait
Votre participation est entièrement volontaire. Vous
êtes libre de vous retirer en tout temps par avis verbal, sans
préjudice et sans devoir justifier votre décision. Si vous
décidez de vous retirer de la recherche, vous pouvez communiquer avec le
chercheur, au numéro de téléphone indiqué à
la dernière page de ce document. Si vous vous retirez de la recherche,
les renseignements personnels vous concernant et qui auront été
recueillis au moment de votre retrait seront détruits.
6. Indemnité
Aucune
B. CONSENTEMENT
Je déclare (nous déclarons) avoir pris
connaissance des informations ci-dessus, avoir obtenu les réponses
à mes (nos) questions sur ma participation à la recherche et
comprendre le but, la nature, les avantages, les risques et les
inconvénients de cette recherche.
Après réflexion et un délai raisonnable,
je consens (nous consentons) librement à prendre part. Je sais (Nous
savon) que je peux me (nous pouvons nous) retirer en tout temps sans
préjudice et sans devoir justifier ma (notre) décision.
Signature : ___________________________ Date :
_________________________________
Noms : ______________________________ Prénoms :
______________________________
Je déclare avoir expliqué le but, la nature, les
avantages, les risques et les inconvénients de l'étude et avoir
répondu au meilleur de ma connaissance aux questions posées.
Signature du chercheur___________________ Date :
___________________________
Nom : NDENGUE
Prénom : Laurent Parfait
Pour toute question relative à la recherche, ou pour
vous retirer de la recherche, vous pouvez communiquer avec Laurent Parfait
NDENGUE candidate au Master, au numéro de téléphone
suivant : (237) 99969715 ou à l'adresse courriel suivante :
ndenguelp@yahoo.fr.Vous
pouvez aussi communiquer avec, Edouard KALDAPA, le Coordonnateur du projet PLID
au numéro : (237) 99869931 ou à l'adresse :
cddmaroua@yahoo.fr
Toute plainte relative à votre participation à
cette recherche peut être adressée au Professeur Marie
Thérèse MENGUE, la coordinatrice du Master DMPA à la FSSG
de l'Institut Catholique de Yaoundé aux numéros : (237)
22237400 / 22238460 / 99968460 / 99968516 ou aux courriels :
masterdmpaucac@yahoo.fr
/ mengue
_mt@yahoo.fr /
managersucacgroupesyahoo.ca
N.B : Un exemplaire du formulaire d'information et
de consentement signé doit être remis au participant
ANNEXE 2 : ENTREVUE AVEC LES RESPONSABLES DES
ASSOCIATIONS PARTENAIRES DU PROJET PLID DANS LE DIOCESE DE
MAROUA-MOKOLO
Date de l'entrevue :
___________________________________________________________
Nom :
______________________________________________________________________
Activité
principale____________________________________________________________
Adresse :
___________________________________________________________________
Téléphone :
_________________________________________________________________
GENESE DU GROUPE
Date de création : Année __________________
1. Raisons de création de votre association ?
2. Depuis combien d'années oeuvrez-vous partenaire du
CDD ?
3. Quelle langue de communication dans votre
association ?
COMPOSITION DU GROUPE
4. Quel est votre statut juridique: ?Légalisé
?Non légalisé
5. Si vous n'avez pas de textes comment devient-on membre de
votre groupe ?
6. Religion (s) pratiquée (s) par les membres de
l'association ?
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA
DESERTIFICATION
7. Depuis combien d'année oeuvrez-vous pour la lutte
contre la désertification?
8. Comment avez-vous commencé à le faire avec
quel appui?
9. Décrivez-nous votre stratégie ?
10. Quel est votre plus grand défi dans la lutte contre
la désertification ?
11. Quelles sont vos sources d'information pour prendre vos
décisions par rapport à vos activités qui contribuant
à la lutte contre la désertification?
12. Raisons se choix de votre association comment partenaire
du PLID ?
13. Sur quoi est basé votre partenariat avec le PLID ou
le CDD ?
14. Quelle est votre perception de la
désertification?
15. Est-ce que vous discutez de l'environnement et de la lutte
contre la désertification avec d'autres associations dans la
région ou ailleurs? ?Oui ? Non
16. Si oui de quoi discutez-vous?
17. Pour ce qui est des projets de développement, quels
furent les plus marquants dans le diocèse?
18. Comment votre association les a-t-il accueillis?
19. Qu'est-ce que le projet PLID vous a apporté de plus
par rapport aux autres?
20. Connaissez-vous d'autres associations ou réseaux
formels ou informels se rapportant à la lutte contre la
désertification en générale?
Nom du groupe
|
Qui sont les membres
|
Informations échangées
|
|
|
|
21. Quelles sont les activités que l'association
mène dans le cadre du PLID et comment?
22. Comment se passent les autres activités du PLID?
23. Pourquoi avez-vous décidé de participer aux
activités du PLID ?
24. Comment oeuvrez-vous pour la pérennisation des
activités du PLID ?
COMITE LOCAL
25. Comment les comités locaux des villages ont
été créés ?
26. Comment sont-ils organisés et quel est leurs
statuts?
27. Quel est l'apport de ces comités sur l'adoption du
projet par les populations ?
28. Quel a été le rôle de votre
association dans cet apport?
29. Quels atouts possèdent les comités locaux
pour pérenniser les activités du PLID?
30. Comment est-ce que les comités locaux vous
aident-t-ils à pérenniser les activités du projet PLID
?
31. Si une circonstance arrivait que vous ne soyez plus
partenaire du CDD, est ce que vous continuez à promouvoir et à
diffuser les pratiques du PLID, pourquoi?
GROUPES ET RÉSEAUX
32. Est-ce qu'il y a des groupes, associations, organisations
ou projets qui sont très importants dans le diocèse?
Nom
|
Pourquoi sont-elles importantes?
|
|
|
33. Quelles sont les activités de développement
du diocèse où les personnes peuvent se rencontrer?
Nom
|
Pendant quel moment de l'année?
|
Quels groupes ou personnes s'en occupe?
|
|
|
|
34. Comment votre association participe-t-il à ces
activités?
35. Quels sont des lieux plus informels où les
personnes se réunissent dans la communauté?
36. Qui sont les personnes influentes dans la
communauté?
Nom
|
Rôle dans la Communauté
|
|
|
CONFIANCE
37. Comment se fait la confiance entre les membres de votre
association?
38. En général, faite vous confiance à
l'équipe du PLID, pourquoi?
39. En général, faite vous confiance aux groupes
de producteurs, pourquoi?
40. Comment votre niveau de confiance envers la population
a-t-il évolué dans le temps?
41. En cas de besoin d'aide, à qui vous adressez-vous
en premier ?
42. Avez-vous des exemples d'incidents dans les associations,
groupes de producteurs les comités locaux qui démontrer le niveau
de confiance ou le manque de confiance? (ex. : disputes, conflits entre
groupes, choses perdu et retrouvées...)
43. Quels sont les cas où il y a beaucoup de confiance
entre les membres, et quels sont les cas où il n'y a aucune confiance
entre les membres?
44. Pour les décisions d'entreprises des
activités du projet PLID, à qui faites-vous confiance et
pourquoi?
45. Quel est votre conception du Capital social ?
46. D'après vous comment ce capital social a-t-il
contribué à l'adoption du projet PLID par les populations?
ÉDUCATION ET REVENU
47. Quelle est le niveau scolaire le plus bas des membres de
l'association?
Quelle en est le plus élevé ?
48. Quelles formations techniques l'association a reçu
ces 05 dernières années et de qui?
Année
|
Formation
|
Formateur
|
|
|
|
49. Quel est le revenu des membres de votre association par
année?
50. Quel est le revenu moyen annuel dans le diocèse?
ANNEXE 3 : ENTREVUE AVEC LES GROUPES CIBLES
BENEFICIAIRES PROJET PLID DANS LE DIOCESE DE MAROUA-MOKOLO
SECTION A : INTRODUCTION
1. Année de création : ___________________
2. Nombre de membres : Femme___________________ Homme
____________________
3. Depuis combien d'années le groupe est
créé
Pourquoi ?
4. Forme juridique : ?Légalisé
?Non légalisé
5. Comment le groupe a-t-il été
créé ?
6. Avez-vous un règlement intérieur et un statut
? ?Oui? Non
Si non comment devient-on membres du groupe ?
6. Quel est le lien qu'ont les membres du groupe ?
7. Quelles est la langue de communication dans le
groupe ?
8. De quelles ethnies sont les membres du groupe ?
9. Y-a-t-il des non catholiques dans votre groupes ?
?Oui ?Non
Si oui, de quel (s) religion (s) sont-ils ?
10. Etes-vous êtes tous propriétaires de terres
que vous exploitez ? ?Oui ? Non Si non, à qui
appartiennent-elles ?
Et comment en êtes-vous entré en
possession ?
SECTION B : PRODUCTION
11. Quel vos votre principales activités ?
12. Vous pratiquez ces activités depuis combien
d'années?
13. Quelle est l'importance de ces activités pour le
développement du village ?
14. Comment avez-vous participé à la mise en
oeuvre des activités du PLID ?
15. Comment êtes-vous devenu bénéficiaire
du Projet PLID ?
16. Quelles sont vos activités
extra-agricoles ?
17. Comment avez-vous eu l'information sur cette
activité ?
18. Avez-vous déjà participé aux
activités d'autres projets que le PLID? ?Oui ?Non
a. Si oui, lesquels?
b. Comment avez-vous ?
c. Qui vous a aidé à participer aux
activités ?
SECTION C : LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION
19. Comment obtenez-vous les informations sur
l'environnement?
20. À votre avis, à quelle (s) information (s)
faites-vous le plus confiance?
21. En quelles années avez-vous connu les plus lourdes
pertes et quelles furent les causes?
22. Etes-vous affilié dans une EMF dans le
diocèse? ?Oui ?Non
a. Si oui, laquelle et comment se font les transactions
d'argent?
b. Sinon, pourquoi?
23. Quelles pratiques avez-vous modifié suite à
l'avènement du PLID et comment?
Activité avant le PLID
|
Modification
|
Avec l'aide de
|
|
|
|
SECTION D : VOTRE COMITE LOCAL
24. Comment le comité local de votre village a
été formé et pourquoi ?
25. Comment est-ce que ce comité est organisé et
comment fonctionne-t-il ?
26. Quel rôle joue-t-il dans le projet PLID et
comment le fait-il?
27. Comment sont les relations entre ce comité et votre
groupe ?
28. Comment est le lien social dans ce comité
local ?
29. Comment le comité local vous aide-t-il à
pérenniser les activités du PLID ?
30. Comment le comité local peut-il aider à la
réussite future des projets de développement dans le
village ?
31. Quel est la place que le comité local
réserve aux jeunes et aux femmes du village ?
SECTION E : CONFIANCE
32. A qui faites-vous confiance dans votre groupe ?
38. A qui faites-vous confiance dans le village ?
39. Faites-vous confiance aux membres des autres groupes,
Pourquoi ?
40. Faites-vous confiance aux non catholique, Pourquoi ?
41. En général, faite vous confiance à
l'équipe du PLID, pourquoi?
42. En général, faite vous aux membres du
comité local du village, pourquoi?
43. Lorsque vous avez des décisions à prendre
pour les activités de développement à qui faite vous
confiance, Pourquoi?
SECTION F : PARTICIPATION SOCIALE
44. En dehors des activités initiées par le PLID
à quelles autres activités participe votre groupe dans le village
ou ailleurs?
45. Qui vous aide à participer à ces
activités et comment ?
46. Comment vos relations sociales vous ont-elles
aidées à adopter les innovations du PLID ?
SECTION G : CONCLUSION
47. Quelle est le niveau scolaire le plus bas des membres du
groupe ?________________
Quelle en est le plus élevé?
___________________________________________
48. Au cours des 5 dernières années, quels sont
les formations ou conseils relatifs au développement que le groupe a
reçu et de qui ?
49. Quel est le revenu moyen annuel des membres de votre
groupe ?
50. Quel est le revenu moyen annuel dans le village?
ANNEXE 4 : ENTREVUE AVEC LES COMITES LOCAUX
Date de l'entrevue :
_____________________________________________________
Village :
________________________________________________________________
Adresse :
______________________________________________________________
IDENTIFICATION
Date de création : Année _________________
1. Raisons de création?
2. Nombre de membres : Femme___________________ Homme
____________________
3. Quelle langue de communication dans votre association
4. De quelles ethnies sont les membres du groupe ?
5. Quel est le statut juridique de votre groupe ?
?Légalisé ?Non légalisé
6. Avez-vous un règlement intérieur et un statut
? ?Oui ?Non
Si non comment devient-on membres du comité ?
7. Est-ce qu'il y a des personnes non catholiques qui sont
membres du Comité? ?Oui ?Non
a. Si oui, quelle est leur religion?
8. Comment le comité a-t-il été
créé
9. Quel est le lien social qu'ont les membres du comité
10. Tenez-vous régulièrement des
réunions ? ?Oui ?Non Si non, pourquoi ?
ACTIVITES DE LUTTE CONTRE LA
DESERTIFICATION
11. Comment mener-vous régulièrement vos
activités prévues par le PLID ?
12. Comment le PLID est arrivé dans votre village (par
qui)?
13. Décrivez-nous votre action dans le projet PLID.
14. Quel est votre plus grand défi dans la lutte contre
la désertification ?
15. Qu'est ce qui guidait le choix des groupes des
producteurs avec lesquels vous travailliez dans le cadre du projet
PLID ?
16. Quel est votre plus grand défi dans la lutte contre
la désertification ?
17. À qui demandez-vous de l'aide pour la
réalisation de vos activités ?
18. Quelles sont vos sources d'information pour prendre vos
décisions par rapport à vos activités qui contribuant
à la lutte contre la désertification?
19. Est-ce que vous discutez de l'environnement et de la lutte
contre la désertification avec d'autres groupes dans la région ou
ailleurs? ?Oui ? Non
20. Si oui de quoi discutez-vous?
21. Pour ce qui est des projets de développement, quels
furent les plus marquants dans la localité?
22. Comment la population les a-t-elle accueillis?
23. Quelles types de relations entretenez-vous avec les
groupes de producteurs du village?
24. Qu'est-ce que le projet PLID vous a apporté de plus
par rapport aux autres?
25. Y a-t-il d'autres associations ou réseaux formels
ou informels de développement du village?
Nom du groupe
|
Qui sont les membres
|
Informations échangées
|
|
|
|
26. Comment faites-vous pour pérenniser les actions du
PLID dans votre localité?
GROUPES DE PRODUCTEURS
27. Comment les groupes de producteurs du village ont
été créés ?
28. Comment sont-ils organisés?
29. Quel est l'apport de ces groupes sur la lutte contre la
désertification dans le village?
30. Quel a été le rôle de votre
comité dans cet apport?
31. Quels atouts possèdent les groupes de producteurs
pour pérenniser les activités du PLID?
32. Quels atouts possèdent le comité pour
pérenniser les activités du PLID?
33. Comment est-ce que les associations partenaires vous
aident-t-elles à pérenniser les activités du projet PLID
?
34. Si une circonstance arrivait que vous ne soyez plus membre
du comité, est ce que vous continuez à promouvoir et à
diffuser les pratiques du PLID, pourquoi?
GROUPES ET RÉSEAUX
35. Est-ce qu'il y a des groupes, associations, organisations
ou projets qui sont très importants dans le village?
Nom
|
Pourquoi sont-elles importantes?
|
|
|
36. Quelles sont les activités de développement
du village où les personnes peuvent se rencontrer?
Nom
|
Pendant quel moment de l'année?
|
Quels groupes ou personnes s'en occupe?
|
|
|
|
37. Comment votre comité participe-t-il à ces
activités?
38. Quels sont des lieux plus informels où les
personnes se réunissent dans le village?
39. Qui sont les personnes influentes dans le village et
pourquoi ?
Nom
|
Rôle dans la Communauté
|
|
|
CONFIANCE
40. Comment se fait la confiance entre les membres de votre
comité?
41. En général, faites-vous confiance à
l'équipe du PLID, pourquoi?
42. Faites-vous confiance aux associations partenaires du
PLID, pourquoi?
33. Comment votre niveau de confiance aux groupes des
producteurs a-t-il évolué dans le temps?
44. En cas de besoin d'aide, à qui vous adressez-vous
en premier ?
45. Avez-vous des exemples d'incidents dans les associations,
groupes de producteurs qui démontre le niveau de confiance ou le manque
de confiance? (ex. : disputes, conflits entre groupes, choses perdu et
retrouvées...)
46. Quels sont les cas où il y a beaucoup de confiance
entre les membres, et quels sont les cas où il n'y a aucune confiance
entre les membres?
47. A qui faites-vous totalement confiance dans le village et
pourquoi?
ÉDUCATION ET REVENU
48. Quelle est le niveau scolaire le plus bas des membres de
l'association?
Quelle en est le plus élevé?
49. Quelles formations techniques le comité a
reçu ces 05 dernières années et de qui?
Année
|
Formation
|
Formateur
|
|
|
|
50. Quel est le revenu moyen annuel des membres du
comité?
51. Quel est le revenu moyen annuel dans le village?
ANNEXE 5 : QUESTIONNAIRE BENEFICIAIRES DU
PROJET
SECTION A : INTRODUCTION
1. Année de naissance : ___________
2. Sexe : ?Femme ?Homme
3. Êtes-vous née dans la zone ? : ?Oui
? Non
Sinon depuis combien de temps habitez-vous la zone?
?Moins de 1 an ?1 à 5 ans
?6 à 10 ans
?11 à 20 ans ?21 à 30
ans ?Plus de 30 ans
4. Statut matrimoniale :
?Marié ?Veuf ?Divorcé ?Conjoint de fait
(concubinage) ?Célibataire
5. Avez-vous des enfants? ?Oui
?Non
a. Combien? ?1 ?2 ?3 ?4
?5 ?6 et plus
b. Combien réside à la maison? ?1 ?2
?3 ?4 ?5 ?6 et plus
6. Combien de personnes au total résident à la
maison? ?1 ?2 ?3 ?4 ?5 ?6 et plus
7. Vous êtes : ?Locataire de votre maison
?Propriétaire de votre maison ?Autres (à préciser)
8. Avez-vous des frères ou soeurs? ?Oui
?Non
a. Si oui, combien? _______frères ________soeurs
SECTION B : PRODUCTION
9. Quel est votre principale activité ? Agriculture
?Elevage
10. Vous pratiquez cette activité depuis combien
d'année?
?Moins de 5 ans ?5 à 9 ans ?10
à 14 ans ?15 ans et plus
11. Quelle est l'importance de cette activité
(superficie, cheptel)? ____________________
12. Êtes-vous propriétaire de la terre que vous
exploitez? ?Oui ?Non
a. Si oui, quelle est la superficie de votre
propriété? _______________________________
b. Sinon, quelle est la superficie en location?
____________________________________
c. Et qui en est le propriétaire? ?Membre de la famille
?Conjoint ?Ami ?Autres (à préciser)
13. Comment êtes-vous devenu bénéficiaire
du Projet PLID?
?Grâce à l'OP ?Grâce à mes
connaissances ?Grace à un membre de ma famille ?Grace à mes
précédentes activités ?Autres (à préciser)
14. Quelles sont vos activités extra-agricoles ?
15. Comment avez-vous eu l'information sur cette
activité?
?Par un membre de la famille ?Votre conjoint ?Un(e) ami(e)
?Un voisin
?Connaissance ?Radio ?Eglise ?Autre (à
préciser)
16. Avez-vous déjà participé aux
activités d'autres projets que le PLID? ?Oui ?Non
a. Si oui, lesquels?
b. Comment avez-vous eu l'information sur le projet? ?Bouche
à oreille ?Annonce à l'Eglise ?Connaissances ?Radio ?Autres,
précisez
c. Qui vous a aidé à participer aux
activités ?
? L'OP ?Mes connaissances ?Un membre de ma famille ?Autres
(à préciser)
SECTION C : LUTTE CONTRE LA DESERTIFICATION
17. Où prenez-vous vos informations sur
l'environnement?
(Sélectionnez les choix qui s'appliquent à
vous)
?Télévision ?Radio ?Téléphone
?Association ?Amis ?PLID ?Eglise
?Autres, précisez
18. À votre avis, à quelle (s) information (s)
faites-vous le plus confiance?
?Télévision ?Radio ?Téléphone
?Association ?Amis ?PLID ?Eglise
?Autres, précisez
19. En quelles années avez-vous connu les plus lourdes
pertes et quelles furent les causes?
Années
|
Causes
|
Sécheresse
|
Excès de déforestation
|
Excès de vent
|
Inondation
|
Surpâturage
|
Erosion
|
Feux de brousse
|
Autre (à préciser)
_____________
|
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
20. Cochez la valeur qui correspond à votre niveau de
préoccupation 1 à 5 (1 : Pas du tout préoccupé
et 5 : très préoccupé)
Sécheresse
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Excès de déforestation
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Excès de vent
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Inondation
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Surpâturage
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Erosion
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Feux de brousse
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Autre (à préciser)
|
|
|
|
|
|
21. Etes-vous affilié dans une EMF dans le
diocèse? ?Oui ?Non
a. Si oui, laquelle et pourquoi?
b. Sinon, pourquoi?
22. Quelles pratiques avez-vous modifié suite à
l'avènement du PLID et comment?
Activité avant le PLID
|
Modification
|
Avec l'aide de
|
|
|
|
23. Êtes-vous membre d'un groupe actif dans la lutte
contre la désertification?
?Oui ?Non
a. Si oui, le quel et pour quelle raison?
b. Sinon, pour quelle raison?
SECTION D : VOTRE COMMUNAUTE
Cette section pose des questions sur votre communauté
et les gens qui y habitent.
(Cochez votre niveau d'accord ou désaccord des
énoncés suivants)
|
Fortement
en
désaccord
|
Désaccord
|
Neutre
|
Accord
|
Fortement
en accord
|
24. Les membres du comité local ont un bon sentiment
d'appartenance
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
25. Les amitiés que j'entretiens dans le village
sont
importantes.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
26. Je suis satisfait (e) de vivre dans
Ce village.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
27. Le lien social dans le village est très fort.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
28. Si je pars de cette
village, je ne mènerais plus la lutte contre la
désertification.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
29. Les autorités du village compétentes.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
30. Je peux exprimer mon opinion dans les affaires du
village.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
31. Les projets de développement réussissent
bien ce village
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
32. Les jeunes et les femmes sont plus impliqués dans
les activités de développement du village.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
SECTION E : CONFIANCE
Cette section pose des questions sur votre niveau de confiance
aux membres de votre communauté. (Cochez votre niveau d'accord ou
désaccord des énoncés suivants)
Je fais confiance
|
Fortement
en
désaccord
|
Désaccord
|
Neutre
|
Accord
|
Fortement
en accord
|
33. à la majorité des gens du village.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
34. à mes amis et aux membres de ma famille
seulement.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
35. Seulement aux personnes de mon sexe.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
36. seulement aux membres de mon groupe.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
37. aux jeunes du village.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
38. aux autorités du village.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
39. aux membres du comité local.
|
?
|
?
|
?
|
?
|
?
|
40. aux responsables ou agent du PLID
|
|
|
|
|
|
41. Lorsque vous avez des décisions à prendre
pour les activités de développement à qui faite vous
confiance? 1 à 5 (1 : Très confiance à 5 : Pas du tout
confiance)
Membre de la famille
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Voisin et Amis
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Personne
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Agent de développement
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Conseiller de l'Eglise
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Conseiller du MINADER
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Conseiller du MINEP/MINFOF
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Membres de mon groupe
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Autorité du village
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
Autres (à préciser)
|
?1
|
?2
|
?3
|
?4
|
?5
|
SECTION F : PARTICIPATION SOCIALE
Est-ce que vous participez à des activités de
nature?
(Participer est défini comme une activité
dans lequel vous vous retrouvez en groupe)
|
Oui
|
Dans la communauté
|
À l'extérieur de la
communauté
|
Les deux
|
42. Artisanales (ex. groupe de tricot, foire)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
43. Économiques (ex. comices, développement
économique local)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
44. Religieuses (ex. églises, groupe de
méditation, chorale)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
45. Culturelles (ex. festivals)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
46. Éducatives (ex. association parents)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
47. Écologiques (ex. Groupe local)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
48. Santé (ex. Hygiène et salubrité)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
49. Voisinages (ex. association du village)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
50. Politiques (ex. parti politique)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
51. Sociales (ex. Entraide, Caritas)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
52. Agricole (ex. foire, comice)
|
?
|
?
|
?
|
?
|
53. Autres, précisez _________________
|
?
|
?
|
?
|
?
|
54. En moyenne, combien d'heures passez-vous par mois à
participer à ces activités?
?1 à 5 ?6 - 10 ?11 - 15
?16 - 20 ?Plus que 20
SECTION G : CONCLUSION
55. Cochez le plus haut niveau d'éducation
complété par vous, soit vos frères et soeurs et vos
enfants.
|
Vous
|
Conjoint
|
Enfant
|
a) Aucune éducation
|
?
|
?
|
?
|
b) Primaire sans CEP (CEPE)
|
?
|
?
|
?
|
c) Primaire avec CEP (CEPE)
|
?
|
?
|
?
|
d) Secondaire sans BEPC ou CAP
|
?
|
?
|
?
|
e) Secondaire avec BEPC ou CAP
|
?
|
?
|
?
|
f) Probatoire
|
?
|
?
|
?
|
g) Baccalauréat ou équivalent
|
?
|
?
|
?
|
h) Université sans diplôme
|
?
|
?
|
?
|
i) Licence
|
?
|
?
|
?
|
j) Maîtrise
|
?
|
?
|
?
|
k) Master/DEA
|
?
|
?
|
?
|
l) Doctorat
|
?
|
?
|
?
|
m) Autres, précisez _______________
|
?
|
?
|
?
|
56. Dans les 5 dernières années, avez-vous
reçu une formation ou des conseils se rapportant au
développement? ?Non ?Oui,
Si qui les quels?
57. Quel est votre revenu moyen annuel?
?Moins de 100 000 ?100 000 à
199 999 ?200 000 à 299 999
?300 000 à 399 999 ?400 000
à 499 999 ?Plus de 500 000
58. Quel est le revenu annuel moyen du ménage?
?Moins de 200 000 ?200 000 à
349 999 ?350 000 à 599 999
?600 000 à 749 999 ?750 000 à
899 999 ?Plus de 900 000
ANNEXE 6 : CHEMINEMENT DE L'ECHANTILLONNAGE BOULE
DE NEIGE
Bénéficiaires
Coordination du PLID
Technicien de
terrain du PLID
Com
ité Local
Groupes cibles
Bénéficiaires
Groupes de Producteurs
* 1Cf. Pape Jean Paul II,
Encyclique Centesimusannus, 40
* 2 De nombreuses
recherches ont été menées sur la question de capital
social depuis le début des années 1980 et tout
particulièrement au cours des années 1990, et un nombre important
d'articles et d'études a été publié (Bourdieu, 1986
et 1993 ; Putnam, 1993 et 2000 ; Coleman, 1988 ; Woolcock,
1998 ; Fukuyama, 1999 ; Burt, 2000 ; Norris, 2003 ; Arnason
et al., 2004 et bien d'autres.)
* 3 Cf. Annexe 1
* 4 Cf. Annexe 4
* 5La méthode
d'échantillonnage boule de neige est une méthode qui permet de
recruter les enquêtés en passant par d'autres ou par leurs
connaissances.
* 6Karal est un mot
Foufouldé adopté par les pédologues et les
géographes travaillant dans la région pour désigner les
terrains vertisoliques à teneur élevée en argile,
adaptés pour la culture d'une variété de sorgho
repiqués et dessaisonnés
* 7 Un vent chaud et sec qui
a une direction Nord-Est vers le Sud-Ouest.
* 8Un vent chaud et humide
qui souffle dans la région selon la direction de l'Est à l'Ouest
généralement, mais parfois du Sud.
* 9 Propos du technicien PLID
du site de Wazzang-Kalliao, au cours de l'entretien de groupe, le 16 mai
2011
* 10 Hardéisation se
traduit par le passage de terre fertile à terre stérile.
* 11 Projet du Gouvernement
Camerounais financé par l'Union Européenne
* 12 Informations
données par le coordonnateur technique du projet au cours de
l'entretien qu'il nous a accordé le 10 mai 2011, au siège du
projet à Maroua.
* 13 Informations
données par le coordonnateur du projet au cours de l'entretien qu'il
nous a accordé le 08 mai 2011, au siège du projet à
Maroua.
* 14 Informations
recueillies lors de l'entretien de groupe avec le comité local du
village Mananam, le 18 mai 2011 à Mananam.
* 15 Informations
données par le coordonnateur du projet au cours de l'entretien qu'il
nous a accordé le 08 mai 2011, au siège du projet à
Maroua.
* 16 Les haies vives
constituent une technique de lutte contre l'érosion éolienne. La
technique ici consiste à planter des arbustes épineux
adaptés à la région du côté opposé aux
grands vents. Le développement de ces arbustes permet plus tard de
protéger les sols sur trois fois leur hauteur.
* 17 La technique n'est
efficace que si la pluviométrie est faible au courant d'une année
(inférieure à 300 mm).
* 18 Les biefs sont des
aménagements réalisés dans les lits des cours d'eau pour
ralentir l'écoulement des eaux et favoriser leur infiltration dans le
sol. Ils rendent l'eau disponible plus longtemps, dans les puits.
* 19 Informations
données par le coordonnateur technique du projet au cours de
l'entretien qu'il nous a accordé le 10 mai 2011, au siège du
projet à Maroua.
* 20 Informations
recueillies lors de l'entretien avec les membres de groupes cibles du village
Ourou-Kessoum, le 17 mai 2011
* 21 Informations
données par le coordonnateur du projet au cours de l'entretien qu'il
nous a accordé le 08 mai 2011, au siège du projet à
Maroua.
* 22 Propos recueillis lors
de l'entretien avec les membres du GIC Meherey-Mbaga (GIC des femmes) à
Ouro-kessoum, le 17 mai 2011.
* 23 Propos du
président du comité local de Foutang, au cours de l'entretien de
groupe, le 16 mai 2011.
* 24 Idem
* 25 Propos du
technicien PLID du site de Wazzang-Kalliao, au cours de l'entretien de groupe,
le 16 mai 2011
* 26 Idem
* 27 Propos recueillis lors
d'un entretien avec le curé de la paroisse de Douvangar.
* 28 Propos recueillis lors
d'un entretien avec le techniciens PLID du site Wazzang-Kalliao.
* 29 Lieu de consommation de
la bière locale ou gargotes artisanales.
* 30 Propos recueillis
lors de l'entretien avec les membres du GIC Meherey-Mbaga (GIC des femmes)
à Ouro-kessoum, le 17 mai 2011.
* 31 Affirmation d'un
participant lors de l'entretien de groupes dans le village Houdouvou, le 19 mai
2010.
|