INTRODUCTION ET CONTEXTE
La présente étude, menée du
Décembre 2006 au Juin 2007, s'inscrit dans le cadre de la
préparation d'une Maîtrise Spécialisée en Science et
Technique de la Mer et du Littoral (MaST/ML). Ce programme de formation est
spécialement développé au sein de l'Institut Halieutique
et des Sciences Marines de l'Université de Toliara, en vue de fournir
des experts en milieu marin littoral. Cet objectif est très important
dans la mesure où la masse critique des spécialistes malgaches en
milieu marin, aussi bien pour la science que pour d'autres métiers, est
loin d'être suffisant par rapport à l'étendue de
l'île continent.
Madagascar est, en effet , la quatrième grande
île du monde, couvrant près de 590 000 km2 de
superficie avec un linéaire côtier qui s'étend sur plus de
5000km. Souvent, elle est décrite comme étant un laboratoire
vivant de l'évolution compte tenu de la richesse en biodiversité
et l'incroyable abondance d'espèces endémiques aussi bien
terrestres que marines.
Le milieu marin malgache constitue, effectivement, une des
zones marines les plus riches du monde. Les études récentes
menées par divers chercheurs et organismes scientifiques permettent de
constater que Madagascar abrite la plus riche diversité corallienne de
l'Océan Indien Occidental, avec 380 espèces de coraux. Ce chiffre
représente le plus grand nombre d'espèces jamais recensé
dans la région, dépassant le total combiné de la Mer Rouge
et de Socotra (340 espèces). Ce chiffre dépasse également
les 336 espèces enregistrées antérieurement pour toute la
zone Sud-Ouest de l'Océan Indien (Veron, 2005). Allen,
en 2005, dans le cadre d'une évaluation rapide de la biodiversité
marine de la zone Nord-Ouest de Madagascar, a enregistré au moins 576
espèces de poissons coralliens. Wells, en 2005, rapporte la
présence d'au moins 525 espèces de Mollusques (uniquement dans le
Nord-Ouest). Ce chiffre n'est pas loin de celui enregistré au niveau du
Triangle du Corail (Indonésie, Philippines et Nouvelle Guinée)
considéré comme étant la zone de diversité
biologique marine la plus riche du monde (Mc. Kenna et al. 2005).
Cependant, les récifs coralliens malgaches subissent
actuellement une dégradation de plus en plus croissante à cause
de divers facteurs. D'un côté, la paupérisation de la
population aggravée par l'inflation et quelque peu par son ignorance du
"capital bleu" dont elle dispose l'a conduit à ponctionner sur les
ressources marines pour des fins de subsistance, alors que ces dernières
ont été considérées, à tort, comme
étant inépuisables. Les reliquats d'habitats naturels subissent
aujourd'hui des pressions jamais enregistrées
précédemment. D'un autre côté, les problèmes
de changement climatique et des catastrophes naturelles génèrent
des dégradations incontrôlables sur différentes zones
récifales coralliennes.
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Face à cette situation, il s'avère indispensable
de disposer des données de références pouvant servir
d'outil afin d'endiguer ou tout au moins de mitiger les impacts de ces
différents types de pression.
Le récif de Dzamandjar, qui a été choisi
pour mener cette étude, constitue un laboratoire vivant permettant
d'apprécier ces différents types d'impacts et d'appliquer divers
types de méthodologie d'expertise en milieu infralittoral. On y
rencontre des problèmes de pressions anthropiques, d'impacts de cyclone
et de blanchissement corallien lié au changement climatique. Il
répond très bien à l'objectif de notre étude qui
s'intitule : « Méthodes de diagnostic rapide d'un
écosystème récifal corallien; cas du récif de
Dzamandjar-Nosy Be (Côte Nord Ouest de Madagascar)».
Les résultats de cette étude sont
exposés, dans ce mémoire, en suivant un plan en trois parties. La
première partie présente les généralités sur
le milieu récepteur. La deuxième partie est consacrée
à la méthodologie adoptée durant l'étude. L'analyse
intégrée et la restitution des résultats obtenus sont
traitées dans la troisième partie. Une conclusion suivie de
quelques recommandations sont présentées en dernier lieu.
PARTIE I : GENERALITES SUR LE MILIEU RECEPTEUR Carte
1 : Carte de Nosy Be montrant les zones d'intervention
Nosy Tanga
Ambondrona
Dzamandjar
Ampasindava
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I- DONNEES DEMOGRAPHIQUES ET ECONOMIQUES
I-1. DONNEES DEMOGRAPHIQUES
En 2003, le nombre de la population de Nosy Be atteignait
jusqu'à 64.988 répartis dans les cinq arrondissements. La
densité moyenne de la population était de 202
habitats/km2. Le taux d'accroissement annuel était de 3,5% et
celui de l'immigration avoisinait 12% de la population par an. La taille
moyenne du ménage était de 6.
La majorité de la population de Nosy Be est
installée à Hell Ville, la raison en est simple ; cette ville
constitue la capitale administrative de l'île. L'arrondissement de
Dzamandjar se place en deuxième position en nombre de population pour
deux raisons : la présence de l'UNIMA et de la SIRAMA ; la plupart des
établissements hôteliers de l'île sont concentrés
dans cette partie Sud Ouest, ce qui a incité l'installation humaine.
Tableau 1 : Le nombre de la population dans
l'arrondissement de Dzamandjar
et de Hell Ville (Année 2003)
Age
|
0 à 5
|
6 à 17
|
18 à 59
|
60 et plus
|
Sexe
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Masculin
|
Féminin
|
Dzamandjar
|
1990
|
2084
|
3675
|
3780
|
3239
|
3353
|
529
|
546
|
Hell Ville
|
3194
|
3326
|
6013
|
6197
|
6000
|
6242
|
943
|
1010
|
|
Source : (Groupe TSIORY; 2006)
I-2. DONNEES ECONOMIQUES
Les principales activités économiques de
l'île sont : la canne à sucre qui assure environ 1200 emplois
saisonniers et fixes ; la pêche industrielle axée surtout sur la
crevette qui assure environ 2500 emplois saisonniers et fixes ; le tourisme qui
fournit environ 1200 emplois directs ; l'extraction d'Ylang Ylang en huile
essentielle qui emploie 11 agents fixes (CNRE /CNRO /CNRIT ; 1999).
Concernant la pêche, il en existe trois types
d'activités à Nosy Be : la pêche traditionnelle
exercée par les pêcheurs riverains, soit à la ligne, soit
avec des filets utilisant des pirogues ; la pêche artisanale utilisant
des engins assez améliorés avec des embarcations
motorisées ; la pêche industrielle destinée à la
pêche crevettière et pratiquée avec des bateaux
chalutiers.
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