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Croissance, marché du travail et pauvreté: les leçons de l'expérience camerounaise sur la période 1991 - 2011

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par Victor KITIO
Université de Dschang - Master of Science (M.Sc) en Sciences Economiques 2013
  

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Chapitre 23 CHAPITRE VI : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

6.1. CONCLUSION

Notre objectif global au début de cette étude était de déterminer si la croissance économique est susceptible de s'enrichir en emplois sur le marché du travail et à même de conduire à la réduction de la pauvreté au Cameroun. De manière plus spécifique, il était question de déterminer l'intensité en emploi de la croissance économique et de déterminer les contributions sectorielles de l'emploi dans variation totale de la pauvreté au Cameroun.Cesobjectifs spécifiques nous ontconviés au test de deux hypothèses à savoir : H1:la croissance économique a un impact positif sur l'offre quantitative de travail et H2 : les effets intra-sectoriel et intersectoriel du marché du travail contribuent positivement à la réduction de la pauvreté au Cameroun. Pour tester ces hypothèses, nous avons eu recours auxdonnées de source secondaireprovenant des bases de données de la Banque Mondiale et de l'Institut Nationale de la Statistique du Cameroun. Dans le cadre théorique, les modèles de Kapsos(2005) et de Shapley (1953) ont été respectivement utilisés pour la détermination de l'intensité en emploi de la croissance et la détermination des contributions sectorielles du marché du travail dans la réduction de la pauvreté.Le traitement de ces données s'est fait à l'aide des logicielsSPSS 10.0, DASP_v2.2 et DAD4.6.

Les principaux résultats obtenus montrent qu'une augmentation de 1% de la production entraîne une augmentation de 0,41% de l'emploi total. Lorsque l'on observe les réactions respectives de l'emploi primaire, de l'emploi secondaire et de l'emploi tertiaire à la variation du PIB, on réalise que l'élasticité de l'emploi agricole à la production est très faible et statistiquement non significative. Elle prend une valeur de 0,29. La faiblesse de cette élasticité traduit le fait que le secteur agricole sur toute la période d'étude est peu sensible à la croissance. La dynamique de l'emploi dans ce secteur est par conséquent liée à l'évolution de la part de la valeur ajoutée de ce secteur dans le PIB. En ce qui concerne l'emploi dans le secteur secondaire, une augmentation de 1% de la production se traduit par une hausse de 0,52% de l'emploi. On a constaté que cette valeur est supérieure à celle de l'élasticité globale de l'emploi à la production. Ce qui a permis de dire que le secteur secondaire est très sensible à la croissance. Le secteur tertiaire quant à lui voit son niveau d'emploi augmenter de 2,11% lorsque la croissance est de 1%.

Le calcul des élasticités sectorielles a permis de comprendre le déplacement de la main d'oeuvre d'un secteur à l'autre étant donné le cycle d'activité. Ainsi, s'agissant du secteur agricole, une augmentation de 1% de la part de sa valeur ajoutée dans la production globale induit une augmentation de 0,65% de l'emploi. On remarque ainsi que la présomption d'une sensibilité plus forte de l'emploi agricole à l'évolution de sa contribution à la production totale est fondée. Parallèlement, la faible réaction de l'emploi industriel à l'évolution de la valeur ajoutée de ce secteur et sa non significativité conforte l'hypothèse d'une plus grande sensibilité de l'emploi industriel à la croissance. Enfin, l'élasticité de l'emploi tertiaire à la valeur ajoutée du secteur tertiaire est de 1,1. Ce constat montre que l'emploi dans les services est aussi sensible à la croissance globale qu'à la croissance sectorielle.

Ces résultats montrent également une réduction de 13,1% de la prévalence de la pauvreté largement attribuée à une baisse significative de cette prévalence dans le secteur des sévices où cet indice est passé de 55,1% en 1996 à 23% en 2001. Ce secteur a contribué à hauteur de 19,3% dans la réduction de la pauvreté entre 1996 et 2001 suivi du secteur industriel qui a contribué à hauteur de 7,4%. Par contre, le secteur agricole a plutôt oeuvré pour un accroissement de l'incidence de la pauvreté : son taux dans ce secteur passant de 49,4% en 1996 à 54,1% en 2001. La réduction de la pauvreté en ce qui concerne son intensité et sa sévérité présente les mêmes résultats que ceux issus de la prévalence avec le secteur agricole qui concoure à l'accentuation de la pauvreté par opposition aux secteurs des services et industriel. L'augmentation des indices de pauvreté dans le secteur agricole est largement expliquée par l'effet intersectoriel (la taille de sa population étant passée de 33,6 à 50,6%) qui souligne l'impact négatif des migrations de la main d'oeuvre sur la pauvreté au Cameroun. La réduction de la pauvreté au Cameroun est par conséquentexpliquée principalement par les secteurs des services et industriel qui sont par ailleurs les secteurs à fort potentiels en emploi de la croissance.

En résumé,ces résultats montrent globalement que la croissance économique est intensive en emploi et à même de conduire à la réduction de la pauvreté au Cameroun (ce qui montre que les objectifs du gouvernement en matière de croissance-emploi-pauvreté fixés dans le DSCE sont réalisables). En effet une augmentation de 1% de la production entraîne une augmentation de 0,41% de l'emploi total. A l'observation des réactions respectives de l'emploi primaire, de l'emploi secondaire et de l'emploi tertiaire à la variation du PIB, certes on réalise que l'élasticité de l'emploi agricole à la production est très faible et statistiquement non significative (prenant une valeur de 0,29). Ce qui justifie le fait que le secteur agricole sur toute la période d'étude est peu sensible à la croissance et contribue significativement à l'accentuation du taux de pauvreté monétaire. Néanmoins, une augmentation de 1% de la production se traduit par une hausse de 0,52% de l'emploi dans le secteur secondaire et de 2,11% dans le secteur des services, toutes choses qui permettent à ces deux secteurs de contribuer conjointement et de façon positive et significative à la réduction du taux de pauvreté monétaire en ramenant son estimation chiffrée a 53,3% en 1996 à 40,2% en 2001.

Ces différents résultats inspirent quelques recommandations de politique à l'endroit du Gouvernement camerounais.

6.2. RECOMMANDATIONS

Les recommandations de politique que inspire cette étude invite le gouvernement camerounais à intensifier son action dans les sens/secteurs suivants : i) le savoir ; ii)la création d'emplois décents;iii) la revalorisation des revenus; iv) la mobilité de l'emploi ;v) l'assainissement de l'environnement des affaires

(i) Bien que beaucoup d'efforts soient fait par le gouvernement Camerounais dans le domaine de la formation, beaucoup reste à faire dans le cadre de l'amélioration de la productivité de la main-d'oeuvre. Une productivité élevée de la main-d'oeuvre dans le secteur agricole favorisera non seulement une bonne rémunération de celle-ci mais aussi et surtout une augmentation de la part de la valeur ajoutée dans le PIB. Cette amélioration passe par exemple par la formation sur l'usage des nouvelles variétés de semences et l'usage des nouvelles techniques et matériels de productions.

(ii) Une création d'emplois décentspermettra à la main-d'oeuvre en chômage dans les secteurs agricoles et informels de sortir de l'état de la pauvreté ce qui va atténuer l'effet intra-sectoriel négatif du secteur agricole sur le taux de pauvreté total.36(*)

(iii) L'accroissement des revenus à travers une revalorisation des salaires dans tous les secteurs confondus permettra de fidéliser la main-d'oeuvre formée à des couts parfois très élevés mais qui a tendance à s'expatrier.

(iv) Favoriser la mobilité choisie de la main d'oeuvre qualifiée des autres secteurs vers le secteur agricole en restructurant ce secteur (reforme agraire, revalorisation des salaires) afin de limiter les migrations des travailleurs qualifiés destinés à ce secteur (exemple des ingénieurs agronomes et forestiers formés à la FASA) vers les secteurs des services et industriels.

v)Cette dernière recommandation insiste sur la nécessité de développer un mécanisme d'incitations qui réduirait les délais et les coûts d'investissement dans le secteur industriel, de manière à accroître sa taille. En effet c'est le secteur qui s'enrichit le plus en emplois à forte productivité du travail et par ricochet indispensable pour la réduction de la pauvreté.37(*)

* 36 Cette recommandation est déjà inscrite dans les actions prioritaires du Gouvernement. (Voire DSCE 2009. Pp 85-86)

* 37 Cette recommandation est également inscrite dans les actions prioritaires du Gouvernement. (Voire DSCE 2009 sur la gouvernance et la gestion stratégique de l'Etat. Pp 93-101)

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