3.2.1. Une phase d'expansion économique (1965-1985)
Avec l'avènement de son indépendance qui le met
dans la posture des pays capables de mener une politique économique
autonome et sous l'impulsion de la vente des matières premières
(café, cacao, coton, pétrole), le Cameroun voit sa croissance
s'accélérer en terme réels: le Produit Intérieur
Brut (PIB) par tête double quasiment tandis que la consommation des
ménages par habitant est multipliée par 1,5 (Aerts, 2000). Au
cours de cette période de boom, on distingue trois
sous-périodes:
Ø de 1965 à 1977, la croissance atteint un
rythme moyen annuel d'environ 4%, permettant une lente amélioration du
PIB par tête (idem);
Ø de 1977 à 1981, la croissance
s'accélère (+13% en moyenne), à la suite de la
découverte du pétrole et de sa mise en exploitation (idem);
Ø de 1982 à 1985, la croissance se maintient
à un rythme soutenu (autour de 8%) (idem).
Tout au long de la phase de décollage (1977-1985), le
PIB réel par tête augmente rapidement, plaçant le Cameroun
dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire selon la
classification de la Banque mondiale (Aerts, 2000). Trois ans plus tard, tout
s'effondre et le Cameroun entre dans la crise.
3.2.2. La phase de crise économique (de 1988 à la mi-1994)
A la fin de l'année 1985, sans être optimale, la
situation du Cameroun est relativement favorable. Les perspectives de
croissance sont correctes et, grâce aux recettes
pétrolières, le pays dispose d'une bonne marge de manoeuvre. Son
endettement, dans la mesure où on le connaît, apparaît moins
élevé que dans bien des pays voisins. Trois ans plus tard, tout
s'effondre, prenant de court bien des observateurs et l'administration
camerounaise qui n'ont pas vu venir la crise violente qui s'annonçait.
La crise économique a fait son apparition avec la baisse du cours des
produits d'exportation entre 1985 et 1988 et la chute conséquente des
recettes de l'État à partir de 1989. Ainsi, entre 1985-86 et
1992-93, le PIB en volume a baissé de 23,7% et, en raison du rythme de
croissance démographique annuel estimé à 3%, le PIB par
tête s'est réduit de 38% (Dubois, 1997).
Face à la chute des recettes d'exportation et à
la crise ambiante qui sévit, l'Etat s'est trouvé incapable de
réaliser les équilibres macroéconomiques, ce qui a conduit
à des déficits budgétaires cumulés ainsi que le
déficit de la balance commerciale. Cette situation a pour
conséquence majeure la démission des pouvoirs publics face aux
obligations sociales. Dès lors, les premiers effets sociaux se sont fait
ressentir: l'on a assisté à des pertes d'emplois, à la
dégradation du niveau et des conditions de vie, aux difficultés
d'accès aux services sociaux. Ils ont été suivis de
troubles politiques et d'une dégradation générale des
institutions publiques (Dubois, 1997).Pour inverser la tendance,
l'économie a été mise sous ajustement structucturel.
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