REPUBLIC OF
CAMEROON
Peace-Work-Fatherland
**********
UNIVERSITY OF DSCHANG
**********
POST GRADUATE SCHOOL
**********
POST GRADUATETRAININGUNIT
IN ECONOMICS AND MANAGEMENT
**********
REPUBLIQUE DU CAMEROUN
Paix-Travail-Patrie
**********
UNIVERSITE DE DSCHANG
***********
ECOLE DOCTORALE
***********
UNITE DE FORMATION DOCTORALE DES SCIENCES
ECONOMIQUES ET DE GESTION
**********
CROISSANCE, MARCHEDU
TRAVAILET PAUVRETE: les leçons de l'expérience camerounaise sur
la période 1991 - 2011
Thèse
présentée en vue de l'obtention du diplôme de Master of
Science (M.Sc) en Sciences Economiques
Par :
KITIO Victor
Matricule :
CM04-07SEG0609
Maître ès-sciences économiques
Option : Economie Publique
et des Ressources Humaines
Superviseur :
Pr. David KAMDEM
Université de Dschang
Encadreur :
Dr. NINGAYE Paul (Ph.D)
Université de Dschang
JUILLET 2013
FICHE DE CERTIFICATION DE L'ORIGINALITE DU
TRAVAIL
Je soussigné KITIO Victor, atteste que
la présente thèse intitulée :
«Croissance, Marché du travail et Pauvreté :
les leçons de l'expérience Camerounaise sur la période
1991-2011» est le fruit de mes propres travaux de recherche
effectués à l'Université de Dschang, sous l'encadrement de
Dr. NINGAYE Paul(Ph.D) et la supervision du Pr. David
KAMDEM, Doyen de la Faculté des Sciences Economiques et de
Gestion de l'Université de Dschang.
Cette thèse est authentique et n'a pas
été antérieurement soutenue pour l'acquisition de quelque
grade universitaire que ce soit.
Nom et signature de l'auteur
Visa et Nom du coordonnateur
du Master de Sciences Economiques
DEDICACE
Je dédie ce travail à:
Ø ma grand-mère GUEDIA
Angèle ;
Ø mon papa NGUEPI Gustave ;
Ø ma maman et ma tante YIMEFACK Marthe
et GUEKEU née KENFACK Marie
respectivement.
Pour qui la famille, l'amour du prochain et le culte de
l'effort sont des valeurs cardinales qu'ils ont su inculquer à leur
entourage et en ma personne particulièrement.
Puissent-ils trouver un motif de légitime fierté
dans ce travail de recherche.
REMERCIEMENTS
Que tous ceux qui d'une manière ou d'une autre ont
participé à la réalisation de ce travail trouvent ici
l'expression de notre profonde gratitude. Nous pensons
particulièrement:
Ø au Pr. David KAMDEM, Doyen de la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion qui a accepté de
superviser ce travail de recherche avec objectivité et rigueur ; il
a été l'Alpha et l'Omega de notre formation
depuis notre accès au second cycle universitaire. Sans flatteries, nous
ne lui dirons jamais assez merci.
Ø au Dr. NINGAYE Paul qui a
accepté d'encadrer ce travail de recherche avec détermination,
rigueur et objectivité. Son amour pour le travail bien fait nous
marquera à jamais dans notre carrière professionnelle ;
Ø à tous les enseignants en service à la
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion pour la formation qu'ils
nous ont donnée durant notre séjour à l'Université
de Dschang.
Ø au Dr NKENGFACK Hilaire, Chef du
Département d'Economie Publiquequi a accepté de rendre ce travail
de recherche réel à travers son soutien inconditionnel en
matière d'Economie du travail ;
Ø au Dr TCHOUNGA Anatole, Dr JUMBO Urie
E.et Dr. MIAMO W. Clovis dont les conseils ont
contribué grandement à l'amélioration de ce
travail ;
Ø à nos frères TSOPGNY Emile,
KENFACK Daniel et AYEMELONG Janvier pour leur soutien
indéfectible dans la réalisation de ce travail ;
Ø aux camarades de promotion et nos ainés
doctorants en particulier TALLA D., KAFFO H., SAMA G.
et TIOMELA A.pour la saine émulation qu'ils
ont su créer tout au long de notre cursus et leurs
conseils ;
Ø à mesdames et messieurs le Colonel
EYENGA Severain, le Pr. Anaclet FOMETHE, M. MAMA Chandiniqui nous ont
inspiré et n'ont ménagé aucun effort pour assurer notre
réussite ;
Ø à nos amis MEDAH MBA
Mariane,Mbakop Brice,MAGNI Victorine, DANGA Irene,
MBIALECK Borris, ZETCHIYI Gislain, GUEDIA Dimitri, PENDA Donald
qui nous ont encouragé sans relâche pour la finalisation
de ce travail.
TABLE DES
MATIERES
DEDICACE
i
REMERCIEMENTS
ii
TABLE DES MATIERES
iii
LISTE DES TABLEAUX
vi
LISTE DES FIGURES
vii
LISTE DES GRAPHIQUES
vii
LISTE DES ANNEXES
vii
LISTE DES ACRONYMES
viii
Chapitre 1 RESUME
x
Chapitre 2 ABSTRACT
xi
Chapitre 3 CHAPITRE I: INTRODUCTION GENERALE
1
1.1. CONTEXTE ET JUSTIFICATION DE L'ETUDE
1
1.2. PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
5
1.3. LES QUESTIONS DE RECHERCHE
6
1.3.1. La question principale de recherche
6
1.3.2. Les questions spécifiques de recherche
7
1.4. LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
7
1.4.1. L'Objectif Global
7
1.4.2. Les Objectifs Spécifiques
7
1.5. LES HYPOTHESES DE L'ETUDE
7
1.6. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
7
1.7. ETENDUE ET LIMITE DE L'ETUDE
8
1.8. ORGANISATION DE LA THESE
8
Chapitre 4 CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE LA
LITTERATURE
9
2.1. INTRODUCTION
9
2.2. CLARIFICATION DES CONCEPTS ET ORIENTATIONS RETENUES
9
2.2.1. Le concept de croissance économique et ses
mesures
9
2.2.2. Le concept de marché du travail
13
2.2.3. Le concept de pauvreté et ses mesures
17
2.2.3.1. Définitions de la pauvreté
18
2.2.3.2. Distinction des pauvretés selon la nature des
indicateurs de bien-être
19
2.2.3.3. Mesure de la pauvreté
21
2.2.3.4. Les seuils de pauvreté
24
2.2.3.5. Les indices de pauvreté
26
2.3. REVUE DE LA LITTERATURE
27
2.3.1. Revue des travaux théoriques
27
2.3.2. Revue des travaux empiriques
33
2.4. CRITIQUE DE LA REVUE DE LA LITTERATURE
36
2.5. CONCLUSION
37
Chapitre 5 CHAPITRE III : EVOLUTION DU CONTEXTE ECONOMIQUE ET
SOCIAL DU CAMEROUN
38
3.1. INTRODUCTION
38
3.2. L'EVOLUTION DU CONTEXTE ECONOMIQUE DU CAMEROUN
38
3.2.1. Une phase d'expansion économique (1965-1985)
39
3.2.2. La phase de crise économique (de 1988 à
la mi-1994)
39
3.2.3. La mise sous ajustement structurel de l'économie
40
3.3. L'EVOLUTION DU CONTEXTE SOCIAL
41
3.3.1. L'évolution de l'emploi
41
3.1.1.1. Profil de l'emploi global depuis 2005
44
3.1.1.2. Profil de l'emploi informel depuis 2005
45
3.3.2. Situation de la pauvreté en 2007 au Cameroun
46
3.4. CONCLUSION
52
Chapitre 6 CHAPITRE IV: METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
54
4.1. INTRODUCTION
54
4.2. NATURE ET SOURCES DES DONNEES.
54
4.3. SPECIFICATION DU MODELE ET METHODE D'ESTIMATION
55
4.3.1. Mesure de l'intensité en emploi de la
croissance économique : la méthode du calcul de
l'élasticité point
56
4.3.1.1. Propriétés statistiques des variables
utilisées
57
4.3.1.3. Interprétation de l'élasticité
emploi
59
4.3.2. Détermination des contributions sectorielles du
marché du travail à la réduction de la pauvreté: la
méthode de décomposition du changement de la pauvreté
60
a) Décomposition sectorielle suivant l'approche de
Ravallion et Huppi
60
b) La décomposition sectorielle suivant l'approche
de Shapley
61
4.4. CONCLUSION
64
Chapitre 7 CHAPITRE V : RESULTATS ET DISCUSSIONS
66
5.1. INTRODUCTION
66
5.2. RESULTATS DES ESTIMATIONS ET DE LA DECOMPOSITION
66
5.2.1. Résultats du test de stationnarité
66
5.2.2. Résultats du test de l'hypothèse 1
(estimations de l'intensité en emploi de la croissance économique
au Cameroun) et leur interprétation
67
5.2.3. Résultats du test de l'hypothèse 2
(contributions sectorielles de l'emploi dans la variation totale de la
pauvreté au Cameroun) et leur interprétation
71
5.3. DISCUSSION DES RESULTATS
75
5.4. CONCLUSION
76
Chapitre 8 CHAPITRE VI : CONCLUSION
ET RECOMMANDATIONS
77
6.1. CONCLUSION
77
6.2. RECOMMANDATIONS
79
6.3. LIMITES DE L'ETUDE ET AXES DE RECHERCHES FUTURES
80
Chapitre 9
BIBLIOGRAPHIE
81
Chapitre 10 ANNEXES
85
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 2.1 : Les différentes situations sur le
marché des biens et services et le marché du travail
17
Tableau 3.1 : Pourcentage des ménages ayant
accès aux commodités en 2001 et 2007
48
Tableau 4.1. Relation entre l'emploi et sa productivité
59
Tableau 5.1 : Synthèse des
résultats du test de stationnarité
67
Tableau 5.2 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi total par rapport au PIB
67
Tableau 5.3 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi agricole par rapport au PIB
68
Tableau 5.4 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi industriel par rapport au PIB
68
Tableau 5.5 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi dans les services par rapport au
PIB
68
Tableau 5.6 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi agricole par rapport à la
valeur ajoutée du secteur agricole
69
Tableau 5.7: Résultat de l'élasticité
point de l'emploi industriel par rapport à la valeur ajoutée du
secteur industriel
69
Tableau 5.8 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi dans les services par rapport
à la valeur ajoutée du secteur des services
69
Tableau 5.9 : Récapitulatif des
élasticités point de l'emploi à la croissance
économique au Cameroun
70
Tableau 5.10a : Evolution de la prévalence de la
pauvreté par secteur du marché du travail
72
Tableau 5.10b : Evolution de l'intensité de la
pauvreté par secteur du marché du travail
72
Tableau 5.10c : Evolution de la
sévérité de la pauvreté par secteur du
marché du travail
73
Tableau 5.11a: Décomposition par secteur de la
réduction de la prévalence de la pauvreté
73
Tableau 5.11b: Décomposition par secteur de la
réduction de l'intensité de la pauvreté
74
Tableau 5.11c: Décomposition par secteur de la
réduction de la sévérité de la pauvreté
74
LISTE DES FIGURES
Figure 3.1 : Evolution par régions des emplois au
Cameroun
45
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 3.1: Evolution du PIB camerounais sur la
période 1961-2011
41
Graphique 3.2: Evolution globale de l'emploi au Cameroun
42
Graphique 3.3 : Evolution de la structure de l'emploi au
Cameroun
43
Graphique 3.4: Evolution de l'incidence de pauvreté
52
LISTE DES ANNEXES
Chapitre 11 ANNEXE I : Résultat du test de
stationnarité
86
Chapitre 12 ANNEXE II: Diagnostique des différents
modèles (test for appropriateness of models)
96
Chapitre 13 ANNEXE III : Résultats des tests
d'hypothèse
100
Chapitre 14 ANNEXE IV : Recodage des secteurs
d'activités de ECAM I et II suivant les secteurs du marché du
travail
107
Chapitre 15 ANNEXE V : Sorties des logiciels DAD4.5 et
DASP_v2.2
108
LISTE DES ACRONYMES
BAD : Banque Africaine de
Développement
BIT : Bureau International du Travail
CNPS : Caisse Nationale de Prévoyance
Sociale
DEFM : Demandeur d'Emploi en Fin de Mois
DSCE : Document de Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi
DSCN : Direction de la Statistique et de la
Comptabilité Nationale
DSRP : Document de Stratégie pour
la Réduction de la Pauvreté
ECAM : Enquête Camerounaise
Auprès des Ménages
EESI : Enquête sur l'Emploi et le
Secteur Informel
FMI : Fond Monétaire
International
FNE : Fond National de l'Emploi
FRPC : Facilité pour la
Réduction de la Pauvreté et pour la Croissance
HIMO : Haute Intensité de Main
d'OEuvre
IDH : Indice de Développement
Humain
INS : Institut National de la
Statistique
IPH : Indices de Pauvreté Humaine
IPPTE : Initiative en faveur des Pays
Pauvres très endettés
IRD : Institut de Recherche pour le
Développement
MINEFI : Ministère de l'Economie et
des Finances
MINFOP : Ministère de l'Emploi et de
la formation professionnelle
MINTSS : Ministère du Travail et de la
Sécurité Sociale
OCDE : Organisation pour la
Coopération et le Développement Economique
OIT : Organisation Internationale du
Travail
OMD : Objectifs du Millénaire
pour le Développement
ONEFO : Observatoire National de l'Emploi et
de la Formation Professionnelle
ONU : Organisation des Nations Unies
PAS : Programme d'Ajustement Structurel
PED : Pays En voie de
Développement
PIB : Produit Intérieur Brut
PME : Petite et Moyenne Entreprise
PNUD : Programme des Nations Unies pour
le Développement
PPA : Parité du Pouvoir
d'Achat
PSERE : Personne Sans Emploi à la
recherche d'un Emploi
WBADI: World Bank Africa Data Indicators
WDI: World DevelopmentIndicators
Chapitre 16 RESUME
Cette étude se propose de déterminer si la
croissance économique est susceptible de s'enrichir en emplois sur le
marché du travail et à même de conduire à la
réduction de la pauvreté au Cameroun. De manière plus
spécifique, il est question de déterminer l'intensité en
emploi de la croissance économique ainsi que les contributions
sectorielles de l'emploi dans la variation totale de la pauvreté au
Cameroun sur la période 1991-2011. Les données utilisées
ont une source secondaire et proviennent des bases de données de la
Banque Mondiale et de l'Institut Nationale de la Statistique du Cameroun. Dans
le cadre théorique, les modèles de Kapsos(2005) et de Shapley
(1953) sont respectivement utilisés pour déterminer
l'intensité en emploi de la croissance et les contributions sectorielles
du marché du travail dans la réduction de la pauvreté.Ces
données sont analysées à l'aide des logicielsSPSS 10.0,
DASP_v2.2 et DAD4.6.Les principaux résultats de cette analyse montrent
globalement que la croissance économique est intensive en emploi et
à même de conduire à la réduction de la
pauvreté au Cameroun (ce qui présage que les objectifs du
gouvernement en matière de croissance-emploi-pauvreté
fixés dans le DSCE sont réalisables). En effet, il en ressort que
une augmentation de 1% du PIB entraîne une augmentation de 0,41% de
l'emploi total. A l'observation des réactions respectives de l'emploi
primaire, de l'emploi secondaire et de l'emploi tertiaire à la variation
du PIB, on réalise certes que l'élasticité de l'emploi
agricole à la production est très faible et statistiquement non
significative (prenant une valeur de 0,29) ; ce qui signifie que le
secteur agricole sur toute la période d'étude est peu sensible
à la croissance et contribue significativement à l'accentuation
du taux de pauvreté monétaire. Néanmoins, cette même
augmentation de 1% du PIBse traduit par une hausse de 0,52% de l'emploi dans le
secteur secondaire et de 2,11% dans le secteur des services, toutes
chosespermettent à ces deux secteurs de contribuer conjointement
à la réduction du taux de pauvreté monétaire en
ramenant son estimation chiffrée à 53,3% en 1996 à 40,2%
en 2001.Ces différents résultats invitent le Gouvernement
camerounais à booster la croissance économique,
àaméliorer la productivité des travailleurs du secteur
agricoleet à favoriser le développement des secteurssecondaire et
tertiaire.
Mots
clés :Croissance, Elasticité,
Marché du travail, Décomposition, Pauvreté,
Cameroun.
Chapitre 17 ABSTRACT
The present study aims at determining whether or not the
economic growth is capable of becoming richer in employment in the labour
market and able to (in position to) lead to poverty alleviation in Cameroon. In
a specific manner (way), it is a question of determining the employment
intensity of the economic growth as well as the sectorial contributions of the
employment in the total variation of poverty in Cameroon over the 1991-2011
period. We used secondary data coming from the databases of the World Bank and
the National Institute of Statistics of Cameroon. In the theoretical framework,
the models of Kapsos (2005) and of Shapley (1953) are used respectively for the
determination of the employment intensity of growth and the determination of
the labour market sectorial contributions in poverty alleviation. These data
are analysed through the help of the SPSS 10.0, DASP_v2.2 and DAD4.6 softwares.
The main results of our study show globally that the economic growth is
intensive in employment and in position to lead to poverty reduction in
Cameroon (this foretells that the government objectives as far as growth,
employment and poverty are concerned and which are defined in the
«DSGE» are attainable). As a matter of fact, it follows from the
results that a 1% increase in GDP leads to a 0.41% increase in the total
employment. From the observation of the respective reactions of the primary
sector employment, of the secondary sector employment and of the tertiary
sector employment to the variation of the GDP, we certainly realize that the
agricultural employment elasticity to the production is very low and
statistically insignificant (taking the value of 0.29); which means that the
agricultural sector over the whole period of study is insensitive to the growth
and contributes significantly to the increment of the monetary poverty rate.
Nevertheless, this very (same) 1% increase in GDP leads to a 0.52% increase in
employment in the secondary sector and to a 2.11% increase in the tertiary
sector, all things which permit these two sectors to jointly contribute to the
reduction of the monetary poverty rate in bringing back its estimation at 53.3%
in 1996 at 40.2% in 2001. These different results invite the Cameroon
government to boost the economic growth, to improve the productivity of the
workers of the agricultural sector and to favour the development of the
secondary and the tertiary sectors.
Key Words: Growth,
Elasticity, Labour market, Decomposition, Poverty, Cameroon.
Chapitre 18 CHAPITRE I: INTRODUCTION GENERALE
1.1.CONTEXTE ETJUSTIFICATION DE L'ETUDE
L'un des objectifs majeurs du millénaire pour le
développement est de combattre la pauvreté dans le monde. Avec
l'appui des organisations internationales, les pays en développement en
ont fait leur cheval de bataille. Pour y parvenir, ils entendent promouvoir des
politiques économiques et sociales capables de réduire
considérablement la pauvreté. C'est dans cette logique que le
débat portant sur l'accélération de la croissance
économique et la réduction de la pauvreté s'est
intensifié et diversifié. La plupart des réponses à
ce débat se sont axées sur la croissance pro pauvre. Il s'agit
d'une croissance qui profite relativement plus aux pauvres qu'aux non pauvres.
Aussi, une autre alternative pour juguler ce problème réside dans
l'amélioration de l'efficacité du marché du travail (DSCE
2009).
L'économie camerounaise est passée par plusieurs
étapes successives marquées par la prospérité
(1965-1984), la récession économique (1985-1993) et actuellement
une tentative de relance économique (depuis 1994). La première
phase qui couvre la période allant de 1965 à 1984 a
été marquée par une véritable embellie de
l'activité économique. L'économie a évolué
à un rythme de croissance annuel moyen de 6% par an. D'ambitieux
programmes de développement ont permis de créer de grands
chantiers de développement qui ont engendré de nombreux emplois.
L'Etat, avec ses nombreuses entreprises, s'est davantage affirmé comme
le principal pourvoyeur d'emplois au Cameroun (INS 2010).
Cette croissance manifeste s'est accompagnée d'une
augmentation du niveau de l'emploi, des salaires nominaux et de la mise en
place d'une politique de protection sociale et de l'emploi. L'emploi a
augmenté de 6,7% en moyenne tandis que les salaires ont connu une
croissance moyenne de 2,56%.1(*)Selon l'Organisation des Nations Unies pour
l'éducation, la Science et la Culture (UNESCO), la très forte
croissance des effectifs de l'enseignement technique au cours des années
70 et la multiplication des moyens de formation professionnel témoignent
d'une volonté très ferme de la mise en adéquation entre
l'offre et la demande du travail.
Après une période de croissance soutenue entre
1965 et 1985, la situation s'est dégradée à partir de
1986, et le Cameroun est entré dans sa deuxième phase.
Malgré une volonté interne de réajustement, le pays va
plonger dans la récession économique, et l'emploi, tant au niveau
rural qu'au niveau urbain, va grandement en souffrir.
Le Cameroun qui, au début des années 80
constitue une exception parmi les pays africains, connait à son tour une
importante récession économique à partir de 1985. Le
programme d'ajustement autonome mis en place à partir de 1987 n'a pas
permis de stabiliser la situation et a plutôt conduit en 1989 à
l'intervention des bailleurs de fonds avec la mise sur pieds des Programmes
d'Ajustement Structurels (PAS) qui préconisaient la mise en oeuvre des
politiques d'austérité. L'Etat, principal investisseur a
arrêté ses programmes ambitieux d'investissement public dont les
réalisations n'avaient pas eu le succès escompté, mais
représentaient plutôt un gouffre pour les finances publiques,
alors en difficulté. Ces programmes, qui ont été pendant
longtemps le seul moyen d'accéder au développement pour plusieurs
régions, ont entrainé, avec leur arrêt, l'abandon de
nombreuses populations sans emplois.
Le gel des recrutements dans la fonction publique et les
licenciements de personnels ont eu pour conséquence, la mise en
chômage de nombreux camerounais qui n'y étaient pas du tout
préparés, et dont le seul employeur potentiel était
l'Etat.
Un vaste processus de privatisation a été
engagé, accompagné d'une déréglementation au niveau
du secteur privé, causant aussi de nombreux licenciements. Entre 1984 et
1991, les entreprises privées ont licencié près de 21% de
leur personnel (INS, 2001). Ces mesures ont toutes eu pour conséquence
la réduction de l'emploi dans le secteur formel et le
développement d'une certaine précarité des emplois. Le
secteur privé qui devait prendre le relais de l'Etat se trouve en panne
de création d'emplois de telle sorte que c'est dans le secteur non
structuré de l'informel que s'orientent en majorité les nouveaux
demandeurs d'emplois. Les Enquêtes Camerounaises auprès des
Ménages (ECAM) réalisées en 1996, en 2001 et en 2007
montrent que l'économie informelle représente au Cameroun
près de 85% d'actifs occupés. Dans le secteur moderne, la
principale baisse enregistrée au niveau des emplois a été
causée par la réduction des emplois dans l'administration qui
s'est traduite par le licenciement d'environ 60 000 fonctionnaires entre
1989 et 1997 (INS2005). Au niveau du secteur privé moderne, la situation
était à peu près stable au cours de la même
période. Cependant, l'on note une baisse drastique du taux de
salarisation qui est passé de 63,9% en 1983 à 22% en 1993 dans
l'industrie, et de 20% à 12% dans le commerce (INS 2005). Dans le
secteur public, les mauvais résultats obtenus après la mise en
application des PAS ont conduit en janvier et novembre 1993 à une double
contraction salariale avec des taux atteignant au total 65% dans les cas
extrêmes.2(*)
Depuis la reprise en 1994, la croissance n'est pas encore
suffisante pour engendrer une création significative d'emplois. Tout au
plus, elle se traduit par une stabilisation des effectifs au niveau des
secteurs public et privé formels. En effet, les investissements
productifs demeurent encore très faibles pour impulser un
véritable changement sur le marché du travail. Ceci parce que les
nouvelles entreprises qui se créent évoluent beaucoup plus dans
les services, en particulier dans le commerce de gros et détail et les
activités de services aux entreprises. Notons que ces secteurs n'ont
cependant pas un grand impact sur la création d'emplois
décents.
Au regard de cette situation, les responsables se sont
fixés pour objectif de mettre en place des stratégies pour
booster la croissance ; ce qui s'est soldé par une timide reprise.
Malheureusement, cette tentative de reprise ne s'est pas accompagnée
d'une amélioration significative de l'adéquation entre l'offre et
la demande de travail. L'emploi a ainsi changé de nature pour devenir
essentiellement informel et la pauvreté a gagné du terrain. Selon
l'INS(2001), le taux d'informalisation est passé de 83,5% en 2001
à 90,4% en 2005.
D'après les statistiques sur l'emploi et le
marché du travail au Cameroun (INS, 2005), plus d'un camerounais sur
quatre n'a pas eu accès à l'instruction formelle. Les taux bruts
de scolarisation sont particulièrement élevés au primaire,
en raison de la suppression des frais de scolarité au primaire en 2000
avec l'appui des bayeurs de fonds internationaux et l'engagement de l'Etat
à promouvoir l'éducation pour tous dans le primaire. Cela traduit
l'intérêt que porte un Etat sur l'éducation des citoyens.
Cependant, cette volonté ferme de scolariser tous les camerounais se
heurte au problème d'inadéquation entre la formation reçue
et les exigences requises sur le marché du travail. D'ou la
difficulté d'insertion des jeunes formés dans le monde du
travail.
Bien plus, au Cameroun comme dans la plupart des pays
développés et en développement, le phénomène
du chômage et particulièrement celui des jeunes a
été attribué à la malformation de la main d'oeuvre
et d'une manière plus générale de l'inadéquation
entre la formation et l'emploi. En effet, un état des lieux de la
formation professionnelle a été dressé en 2007 par la
Banque Africaine de Développement(BAD) et l'Organisation pour la
Coopération et le Développement Economique (OCDE), qui a conclu
à l'inadéquation entre la formation et l'emploi, ainsi qu'un
manque d'unité, de coordination et de concertation du système.
En somme, depuis 1994 au Cameroun, la croissance n'est pas
encore suffisante pour engendrer une création significative d'emplois;
la conséquence directe est le chômage et la pauvreté qui
gagnent du terrain.
Pour faire face à cette situation, le gouvernement
camerounais a lancé en 1996 un premier programme de
réformeséconomique et financière sur trois ans
(1997-2000), en coopération avec le Fonds Monétaire International
(FMI) et la banque mondiale, notamment dans le cadre du programme de
Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et pour la
Croissance (FRPC). Grace aux résultats obtenus par ces premières
réformes, le Cameroun a pu bénéficier d'une autre
initiative : l'Initiative en faveur des Pays Pauvres Très
Endettés (IPPTE).
Puis, à la suite d'un deuxième programme de
reformes économiques (2001-2002), le Cameroun a adopté en 2003 un
Document de Stratégie pour la Réduction de la
Pauvreté(DSRP), d'où l'atteinte du point d'achèvement en
Avril 2006.
L'objectif majeur de ces programmes était de consolider
un cadre macroéconomique qui sera favorable à des taux de
croissance élevés3(*)et la disponibilité des ressources publiques
nécessaires pour lutter efficacement contre la pauvreté.
Néanmoins,le constat est triste car ces programmes n'ont pas permis
d'atteindre les objectifs escomptés;le profil général de
croissance étant resté en retrait du niveau espéré
pour résorber substantiellement la pauvreté. En
conséquence, le gouvernement a entrepris de réviser le DSRP et
affirme sa volonté de centrer la nouvelle stratégie sur la
création des richesses et compte s'appuyer sur la création
d'emplois pour assurer une bonne redistribution des fruits de la croissance et
éradiquer par la même la pauvreté :c'est ainsi que les
pouvoirs publics ont donc mis sur pieds en Avril 2009 le Document de
Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE),cadre de
référence de l'action gouvernementale sur les dix prochaines
années. Ceci témoigne de l'engagement du Cameroun à
réaliser les Objectifs du Millénaire pour le Développement
(OMD) et en l'occurrence le premier qui consiste à réduire de
moitié la proportion de la population dont le revenu est
inférieur à un dollar par jour.
1.2. PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE
A Travers les huit objectifs du millénaire pour le
développement à l'horizon 20154(*), la Communauté Internationale fait de la lutte
contre la pauvreté le défi majeur pour le développement
(PNUD 2000). Le gouvernement camerounais a adhéré à cette
vision et c'est ainsi que dans le DSCE, il entend ramener le taux de
pauvreté monétaire de 39,9% en 2007 à 28,7% en2020 et
à 10% en 2035. Pour réaliser cet objectif, le gouvernement
ambitionne de porter le taux de croissance à environ 5,5% en moyenne
annuelle au cours de la période 2010-2020 et de ramener le sous-emploi
de 75,8% à moins de 50% en 2020 avec la création de dizaines de
milliers d'emplois formels par an dans les dix prochaines années (DSCE
2009).On peut dès lors s'interroger surles liens entre la croissance,
l'emploi et la pauvreté.
A cet effet, une littérature développée
dans ce sens dans les pays en développement suite à la
paupérisation croissante des populations dans ces régions du
monde permet de se rendre compte que la croissance économique est de
nature à réduire considérablement l'extrême
pauvretéen favorisant l'augmentation du revenu des pauvres ainsi que
leur productivité. Cette littérature s'inscrit à travers
plusieurs phases de l'économie du développement : en effet,
les premières théories de l'économie du
développement ont mis en exergue la possibilité que les effets de
la croissance économique soient automatiquement transmis aux pauvres
(Kuznets, 1955 : Adelman et Morris, 1973 ; Chenery et al 1974 in Islam 2004). A
partir de là, des questions ont émergé afin de comprendre
les mécanismes par lesquels cette transmission est rendue possible. Les
secondes théories prennent en compte la possibilité que l'emploi
puisseconstituer cette courroie de transmission entre croissance
économique et réduction de la pauvreté. Ainsi beaucoup
d'études ont montré que, bien que la croissance économique
soit nécessaire à la réduction de la pauvreté, elle
n'est cependant pas la condition suffisante (Dagdeviren et al, 2002 ; Goudie
et Ladd, 1999 ; Mc Kay, 1997 : Ravallion, 2001 in Islam 2004). Certaines de ces
études ont mentionné le caractère intensif en main
d'oeuvre de la croissance économique comme déterminant
fondamental de la réduction de la pauvreté (World Bank, 1990 ;
Squire, 1993, McKay, 1997).
Dans le contexte du Cameroun, Yogo et al. (2009) se sont
appesanti sur la relation croissance et quantité d'emploi et sont
parvenus aux résultats selon lesquels la croissance exerce un effet
positif sur la quantité de travail. Ainsi, une croissance de 1% permet
un accroissement de 0,68% de l'offre quantitative de main d'oeuvre. Par
ailleurs, le calcul des élasticités sectorielles leur ont permis
de constater que l'emploi agricole est plus sensible à
l'évolution de la valeur ajoutée agricole qu'à
l'évolution du PIB.En étudiant les liens existant entre l'emploi
et la pauvreté au Cameroun, Ndamsa et Baye (2011) sont parvenus à
la conclusion selon laquellela baisse du revenu total du travail des
ménages dans le quintile le plus pauvre estattribuable à la
participation au marché du travail et au nombre moyen de jours
travaillés.
Malgré leurs mérites, ces études
récentes dans le contexte camerounais ne permettent pas de
prédire si l'objectif du gouvernement est réalisable car aucune
d'elles n'a explicitement et empiriquement examiné sur une même
période de tempsl'interaction croissance - emploi -pauvreté.
Toute chose qui inspire le problème de cette étude qui est
d'éclairer les liens entre la croissance, le marché du
travail et la pauvreté dans le contexte camerounais sur la
période 1991-2011.Cette thématique est importante en ce
sens que la relation croissance-emploi est au coeur de la problématique
de la réduction de la pauvreté qui sévit dans les pays en
développement (Kapsos2005). Ainsi comprendre les conditions sous
lesquelles la croissance est intensive en emploi et les mécanismes par
lesquels cetteintensité en emploi de la croissance économique
améliore les conditions de vie des pauvres est déterminant dans
laréduction de la pauvreté au Cameroun.
1.3.
LES QUESTIONS DE RECHERCHE
1.3.1. La question principale de recherche
Pour résoudre le problème ci-dessus
formulé, la question principale de cette étude est la
suivante : comment le Gouvernement peut-il éradiquer la
pauvreté au Cameroun aux moyens de la relance économique et la
création de plus d'emplois?
1.3.2. Les questions spécifiques de recherche
ü La croissance économique affecte-t-elle l'offre
quantitative (totale et sectorielle) de travail au Cameroun?
ü Les effets de la croissance sur l'offre quantitative
sectorielle de travail conduisent-ils à la réduction de la
pauvreté au Cameroun ?
1.4.
LES OBJECTIFS DE L'ETUDE
Pour répondre aux différentes questions
ci-dessus posées, nous nous sommes fixés un certain nombre
d'objectifs ; notamment :
1.4.1. L'Objectif Global
L'objectif global de cette étude est de
déterminer si la croissance économique est susceptible de
s'enrichir en emplois sur le marché du travail et à même de
conduire à la réduction de la pauvreté au Cameroun.
1.4.2. Les Objectifs Spécifiques
Objectif 1: Déterminer
l'intensité (totale et sectorielle) en emploi de la croissance
économique au Cameroun.
Objectif 2:Déterminer les
contributions sectoriellesde l'emploi dans la variation totale de la
pauvreté au Cameroun.
1.5.
LES HYPOTHESES DE L'ETUDE
L'atteinte de nos objectifs passera par une
vérification des hypothèses suivantes :
H1 :la croissance
économique a un impact positif et significatif sur l'offre quantitative
(totale et sectorielle) de travail au Cameroun ;
H2 :les effets
intra-sectoriel et intersectoriel5(*) du marché du travail contribuent positivement
et significativement à la réduction de la pauvreté au
Cameroun.
1.6.
METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
Notre objectif étant de déterminer
l'intensité en emploi de la croissance économique et de
décomposer la variation totale de la pauvreté au Cameroun, nous
avons recours auxdonnées de source secondaire ; celles-ci
proviennent des bases diverses notamment les bases de données de la
Banque Mondiale (world DeveloppementIndicator 2011, World Bank Africa Data
Indicators2012) et les données d'enquêtes effectuées par
l'Institut National de la Statistique du Cameroun (ECAM I et II). La
détermination de l'intensité en emploi de la croissance sera
faite au moyen de la méthode de calcul de l'élasticité
point de l'emploi par rapport à la production proposée par
Kapsos(2005) tandis que la détermination de la valeur de Shapley(1953)
à partir de l'indicateur de mesure de la pauvreté de Foster, Greer et Thorbecke(1984) nous permettra de décomposer
le changement total de la pauvreté en effets intra-sectoriel et
intersectoriel de l'emploi. Ces analyses serons faite aux moyens des logiciels
SPSS 10.0, DASP_v2.2 et DAD4.6.
1.7.
ETENDUE ET LIMITE DE L'ETUDE
Dans le cadre de cette recherche, nous analysons le cas
spécifique du Cameroun et la période retenue va de 1991 à
2011. Cette étude se borne à déterminer l'impact de la
croissance sur la pauvreté avec l'emploi comme variable de liaison. Ceci
a été défini en fonction des données
disponiblesdans le contexte de notre étude.
1.8.
ORGANISATION DE LA THESE
La présente thèse s'articule autour de six
chapitres.Le présent chapitre intitulé introduction
générale est consacré au contexte et justification de
l'étude, la problématique, la définition des objectifs
et hypothèses de l'étude. Le chapitre deux parledu cadre
conceptuelet de la revue de la littérature, tandis que le chapitre trois
traite de l'évolution du contexte économique et social du
Cameroun. Quant au chapitre quatre, il traite de la démarche
méthodologique suivie pour conduire cette étude. Les
résultats auxquels cette démarche permettra d'aboutir
sontprésentés et discutés dans le cinquième
chapitre. Enfin, les principaux enseignements issus de ce travail ainsi que les
recommandations pour guider quelques actions futures fons l'objet duchapitre
six intitulé « conclusions et
recommandations ».
Chapitre 19 CHAPITRE II : CADRE CONCEPTUEL ET REVUE DE
LA LITTERATURE
2 .1. INTRODUCTION
Ce chapitre a pour objectif de clarifier les concepts et de
présenter l'état de l'art autour de cette recherche. En effet, il
convient tout d'abord de définir de façon très
précise les différents concepts utilisés afin d'en retenir
les orientations appropriées pour cette étude. Par la suite, nous
faisons dans le cadre de la revue de la littérature état des
travaux théoriques et empiriques mettant en relation la croissance,
l'emploi et la pauvreté. Ainsi, la présentation des travaux
théoriques nous permet de faire ressortir les différentes
théories économiques élaborées dans le cadre de
cette étude, notamment, les théories de l'emploi, du
chômage et les théories de la croissance endogène tandis
que dans la présentation des travaux empiriques, nous faisons
état des travaux qui ont précédé cette étude
sous d'autres cieux et dans le contexte du Cameroun. Pour ce faire, nous
débutons donc par la clarification des concepts pour terminer avec la
critique de la revue de la littérature qui sera elle-même la
remise en cause des travaux empiriques mettant en relation la croissance et la
pauvreté avec l'emploi comme variable de liaison.
2.2. CLARIFICATION DES CONCEPTS ET ORIENTATIONS RETENUES
Cette section donne, comme précédemment
annoncé, des définitions opérationnelles aux concepts qui
sous tendent cette étude et permet de prendre position face à
ceux des concepts qui sont diversement appréhendés à
l'instar de celui de la pauvreté. Nous discutons donc ici des concepts
de croissance économique, du marché du travail et de
pauvreté.
2.2.1. Le concept de croissance économique et ses mesures
Dans la littérature économique, le concept de
croissance économique est appréhendé suivant trois
orientations: sa définition et ses mesures, les conditions d'une
croissance compatible avec le plein emploi et la dichotomie croissance et
développement.
En ce qui concerne la définition,la croissance
économique désigne, selon Perroux (1958)6(*) « l'augmentation
soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de
dimension : pour une nation, le produit global net en termes
réels». La définition de
Kuznets (1963) est
plus explicite et affirme qu'il y a croissance lorsque la croissance du Produit
Intérieur Brut (PIB) est supérieure à la croissance de la
population7(*). Au sens de
Perroux (1958), la
croissance
potentielle estime l'écart entre la croissance mesurée et
celle qui serait obtenue avec une pleine utilisation de tous les
facteurs de
production . Cet écart est minimal au plus fort d'une
expansion. Selon cet auteur, la croissance décrit au sens strict un
processus d'accroissement de la seule production économique et peut
provenir de l'augmentation quantitative du facteur travail et du facteur
capital (croissance extensive) ou de l'augmentation de la productivité
(croissance intensive).
Parmi les facteurs principaux de la croissance, on retiendra
les ressources naturelles (terre, ressources minières, pétrole
et la qualité de l'environnement) ; les ressources humaines (offre de
travail, éducation, discipline, motivation) ; la formation du capital
(machines, usines, routes) ; la technologie (science, technique de
l'ingénieur, gestion, esprit d'entreprise) Kuznets(1963).
Bien que la définition de Kuznets soit plus
substantielle, nous nous limiterons à celle de Perroux car
l'intégration de l'évolution de la population risque de nous
détourner de notre objectif.
En ce qui concerne les conditions d'une croissance compatible
avec le plein emploi nous dirons qu'après la Deuxième Guerre
mondiale, des économistes se réclamant de Keynes, notamment
Domar(1946) et Harrod(1948) ont proposé un modèle de croissance
économique essentiellement basé sur l'intervention de l'Etat dans
l'économie. En effet, selon ces auteurs keynésiens, le
système économique ne peut assurer la croissance avec plein
emploi s'il est abandonné à lui-même. Ceci a pour cause la
mauvaise coordination des agents économiques.
Contrairement à Harrod et Domar, Solow(1956) postule
pour un plein emploi permanent et pense que le problème de coordination
des agents économiques n'en est pas un en tant que tel. Il propose donc
un modèle de croissance équilibré qui semble de nos jours
être le point de départ de presque toutes les analyses de la
croissance. La base de ce modèle est en effet la fonction de production
néoclassique qui se présente sous la forme suivante :
Où Y représente la production, K le capital
physique, A le progrès technique, L le travail et une constante. Le modèle prédit que l'output croit avec
le taux d'épargne et décroit avec le taux de croissance de la
population et introduit un progrès technique exogène, fruit de
l'activité scientifique dont les déterminants ne sont pas
économiques.
En 1992, Mankiw etal. ont repris le modèle de
Solow(1956) et ont remarqué que si le modèle se vérifie
empiriquement (le PIB croît avec le taux d'épargne,
décroît avec le taux de croissance de la population), il ne
prédit pas correctement la magnitude de ces effets. En effet, en
utilisant des données couvrant la période 1960-1985, ils montrent
que les effets estimés de l'épargne et de la croissance de la
population sont beaucoup plus importants que ce que le modèle
prédisait. Ils ajoutent une variable de capital humain et
développent ainsi un modèle de Solow «augmenté».
Leur argument est le suivant: un taux d'investissement plus élevé
et un taux de croissance de la population plus faible augmentent le revenu et
donc le niveau du capital humain, qui agit lui-même sur la croissance
économique. En omettant cette variable, on sous-estime donc les effets
de l'investissement et de la croissance démographique sur le revenu. La
fonction de production devient:
Où K représente le capital physique, H le
capital humain, L le travail et A le progrès technique. Les
paramètres á et â sont positifs et á + â<
1. Le travail L est supposé augmenter à un taux exogène n
du fait de la croissance de la population et de l'augmentation exogène
de la productivité du travail. Le progrès technique A est
exogène et croît au taux g.
Au-delà du modèle de Solow, Nelson et Phelps
(1966) développent la théorie ou le modèle de la
croissance endogène. Ils montrent que le stock de capital humain est le
principal moteur de la croissance et non la différence dans les taux:
les écarts de croissance entre les pays sont déterminés
par les écarts entre leurs stocks de capital humain et de ce fait, par
leurs capacités respectives à engendrer le progrès
technique. Pour eux, un niveau supérieur d'éducation affecte
positivement d'une part la capacité à innover du pays et d'autre
part la rapidité avec laquelle une innovation va se diffuser dans
l'économie. Des travailleurs mieux éduqués s'adaptent plus
rapidement aux nouvelles technologies. Cela favorise également le
rattrapage dans la mesure où les écarts de développement
sont attribuables à des écarts technologiques.
Un autre tenant de la croissance endogène, à
savoir Lucas (1988) montre qu'il existe deux sources d'accumulation du capital
humain: l'éducation et l'apprentissage par la pratique. Il reprend
l'analyse de Becker (1964) pour qui la croissance est essentiellement
déterminée par l'accumulation du capital humain. Son analyse
rejoint ainsi celles de Mankiwet al(1992) et de Barro (1991). L'idée
première de Lucas est que les différences de taux de croissance
observées entre les pays peuvent s'expliquer par les différences
de rythme d'accumulation de capital humain. Lucas suppose également la
présence d'effets externes positifs de l'éducation.
En matière de la dichotomie
croissance-développement, il y'a lieu de retenir que la notion de
croissance économique se distingue de celle de développement
économique qui renvoie à «une combinaison des
changements mentaux et sociaux d'une population qui la rend apte à faire
croître, cumulativement et durablement, son produit réel
global» (Perroux, 1958).Il s'agit donc d'un phénomène avant
tout qualitatif alors que la croissance est un changement purement quantitatif.
Ainsi, le développement désigne la transformation des structures
économiques mais également des structures sociales, culturelles,
politiques et institutionnelles qui accompagnent et qui expliquent la
croissance.
La croissance économique se mesure par l'utilisation
d'indicateurs économiques ou agrégats que sont le
Produit
National Brut (PNB) et le Produit Intérieur Brut (PIB). Ces
indicateurs offrent une certaine mesure quantitative du volume de la
production. Afin d'effectuer des comparaisons internationales, on utilise
également la
parité
de pouvoir d'achat, qui permet d'exprimer le
pouvoir
d'achatdans une monnaie de référence. Le PNB mesure la
richesse produite, pendant une année, à l'intérieur ou
à l'extérieur du territoire, par les facteurs de production
résidents ; en d'autres termes, il mesure la valeur au prix du
marché de tous les biens et services finals produits par les citoyens
d'un pays, peu importe l'endroit où cette production se fait. Par
exemple, les dividendes versés par la filiale camerounaise de Renault,
à sa société mère en France, sont
comptabilisés dans le PNB français. En dépit de la force
de cet indicateur qui vient du fait qu'il peut refléter la situation
économique réelle d'un pays, le PNB connait beaucoup de limites
en tant que mesure de la richesse dans la mesure où il ne mesure
que les apports de valeur ajoutée dans l'immédiat (sur une
année). Les effets de long terme, notamment dans des services tels que
l'Éducation ou la Santé, ne sont pas ou sont mal
comptabilisés à travers leur impact sur la production (Perroux,
1958).
Pour palier aux limites du PNB dans la mesure de la croissance
économique l'on utilise le PIB8(*) même s'il présente aussi quelques limites
(ne prend en compte ni le travail et les productions domestiques, ni
l'économie souterraine, ni les activités non
déclarées ni la détérioration de l'environnement).
La principale force de cet indicateur vient du fait qu'il permet de mesurer la
production suivant une région ou un espace géographique au lieu
de le faire d'après la nationalité des agents économiques
et permettant de ce fait de faire des comparaisons internationales. Il convient
aussi de préciser que fort de ses avantages et de sa pertinence, cet
indicateur est utilisé comme le proxy de la croissance économique
dans cette recherche.
La mesure du développement économique par contre
se fait par l'utilisation des indicateurs tels que l'Indice de
Développement Humain(IDH) et l'Indice de Pauvreté Humaine (PNUD
1990 et 1997). L'IDH est un indicateur complexe ou composite qui intègre
trois indicateurs (PIB, éducation et espérance de vie) et les
indicateurs économiques. L'IPH a été créé en
1997 par les économistes du PNUD notamment Sen (prix Nobel
d'économie en 1998). Il est fondé sur trois
éléments : l'espérance de vie, le niveau
d'éducation (mesuré par le taux d'analphabétisation) et
les conditions de vie, notamment l'accès aux services de santé et
à l'eau potable, la malnutrition des enfants. Selon cet indicateur, la
pauvreté est vue comme l'absence d'opportunités permettant de
bénéficier d'une existence acceptable.
2.2.2. Le concept de marché du travail
Nous analysons le concept du marché du travail suivant
sa définition, ses caractéristiques et son rôle dans la
distribution des revenus des ménages et des producteurs.
En ce qui concerne la définition, le marché du
travail est le lieu théorique de rencontre entre l'offre et de la
demande de travail (un des facteurs de production) et où se
détermine le salaire (OIT 2004). L'offre de travail est le nombre
d'heures que le potentiel employé est disposé à offrir au
salaire courant, sous réserve d'une uniformité des conditions de
travail. Cette offre peut également être déclinée en
termes de nombre d'emplois, c'est-à-dire de la quantité de main
d'oeuvre offerte au salaire courant (Yogo, 2005). Cependant il est souvent
préférable pour saisir l'offre de travail de manière
précise de se référer au taux de participation au
marché du travail (taux d'emploi).9(*)(NJikam, 2007)
Pour éviter de confondreoffre et demande de
travail dans l'analyse théorique du marché du
travail l'on doit retenir que ce sont les individus qui offrent leur
travail c'est-à-dire leur force de travail aux employeurs et ce
sont donc les employeurs qui demandent le travail des individus,
c'est-à-dire leur force de travail. Si l'on parle des emplois10(*), c'est évidemment
l'inverse : les entreprises offrent des emplois et les individus demandent des
emplois.
Il n'existe pas d'indicateurs du marché du travail
aussi pertinents que l'offre et la demande d'emploi à moins que l'on ne
considère les indicateurs de sa situation (Njikam et al, 2007). Ainsi,
le taux de chômage (nombre de chômeurs/ nombre d'actifs) mesure le
déséquilibre existant entre offre et demande de travail. Un autre
indicateur complémentaire est la durée du chômage
donnée en mois ou en années ; cet indicateur est aussi
très important car un taux de chômage élevé mais
avec une durée faible est sans doute moins problématique
individuellement qu'à l'inverse (OIT, 2002).
Parlant des caractéristiques du marché du
travail, il convient de noter que Clark (1940) a proposé une subdivision
du marché du travail en trois secteurs principaux d'activités. Il
distingue les secteurs primaire, secondaire et tertiaire. Le secteur primaire
regroupe l'ensemble des activités liées à l'exploitation
directe des ressources naturelles (agriculture, pêche et
viticulture) ; le secteur secondaire rassemble l'ensemble des industries
de transformation des matières premières (agroalimentaire,
production de biens de consommation.) et le secteur tertiaire qui est
également appelé le secteur des services, regroupe l'ensemble des
activités ayant pour objet la fourniture de services immatériels
(assurance, banque, administration, commerce, hôtellerie ).
Un autre secteur non pris en compte par Clark dans son
étude est le secteur informel ; Au
Cameroun, le Secteur Informel est l'ensemble des unités de production de
biens et/ou de services et/ou commerciales relevant du secteur privé
n'ayant pas de numéro du contribuable et/ou ne tenant pas de
comptabilité formelle(Njikam, 2007). Roubaud (1994) définit le
secteur informel comme l'ensemble des industries microscopiques qui mobilisent
de faibles quantités de facteurs de production (travail et capital), ne
respectent pas la législation en vigueur, et génèrent un
volume d'output infinitésimal à l'échelle des grands
agrégats macro-économiques. Coquery-Vidrovitch(1991)
écrit, à propos du secteur informel dans les villes africaines:
« Ce marché est irrégulier et terriblement
vulnérable car non protégé et hautement concurrentiel ; il
est, en effet, infiniment plus aisé d'y rentrer que dans le secteur
capitaliste ».11(*)
Parce qu'elle est retenue comme indicateur du marché du
travail dans cette recherche, la notion de l'emploi mérite d'être
analysée de façon plus approfondie. Cette analyse se fait
à travers les oppositions faite par les courants de pensée
néoclassique et keynésienne autour de sa définition et de
son rôle dans la distribution des revenus.
En effet, Adam Smith (1976) l'auteur à la base de la
théorie de l'emploi (fondateur du courant néoclassique) pensait
que le travail pouvait être considéré comme un bien qui
s'échange sur un marché. Les Néoclassiques fondent leurs
analyses en mettant l'accent sur l'aspect de l'offre. Selon eux, il existe un
salaire de réservation, c'est-à-dire un taux de salaire minimum
à partir duquel un individu donné passe d'une offre de travail
nul à une offre de travail positive. L'offre de travail est donc une
fonction croissante du salaire réel. La demande du travail des
entreprises quant à elle dépend de la productivité
marginale du travail et du salaire réel. En effet, l'entrepreneur
demande du travail jusqu'au point où le bénéfice
réalisé par une unité supplémentaire de travail
compense le coût du travail supplémentaire. Si les conditions de
concurrence pure et parfaite sont respectées sur le marché du
travail, il existe un niveau de salaire d'équilibre qui permet la
satisfaction de l'offre et de la demande de travail. Lorsque l'offre est
supérieure à la demande de travail, la baisse du salaire conduit
certains offreurs à sortir du marché du travail et des demandeurs
à entrer sur le marché. A l'inverse, lorsque la demande est
supérieure à l'offre, le salaire augmente, ce qui provoque
l'afflux d'offreurs de travail et la sortie de demandeurs de travail. Si un
déséquilibre persiste, c'est en raison de l'existence de
rigidités qui empêchent le salaire de se fixer à son niveau
d'équilibre et ainsi la réduction de l'écart entre l'offre
et la demande de travail. Les dysfonctionnements ou rigidités sont de
plusieurs types : existence d'un salaire minimum, indemnisation du
chômage, syndicats, législation sur la protection de l'emploi,
politique fiscale et prélèvements sociaux. Il en résulte
que le chômage est d'abord et avant tout volontaire (Jhingan, 2006). La
crise de surproduction de 1929 a remis en question la politique de l'offre
telle qu'établie par les Néoclassiques. Les critiques qui ont
été faites ont conduit à l'élaboration d'un nouveau
courant de pensée: le courant Keynésien.
Keynes (1936) apporte de nombreuses critiques au courant de
pensée classique. Ce qui est la règle pour les classiques est
l'exception pour lui. Il fonde son analyse en mettant l'accent sur la demande
effective. Selon lui, l'équilibre est déterminé au point
où la demande agrégée est égale à l'offre
agrégée. Ainsi, une augmentation de l'investissement conduit
à une augmentation du revenu. Il conclut donc que pour augmenter l'offre
globale, il est nécessaire d'injecter une large dose d'investissement
pour sécuriser les hauts niveaux de revenu et de l'emploi à
l'intérieur de l'économie.
Il apporte également une explication au
phénomène du chômage qui, pour lui n'est pas dû
à un mauvais fonctionnement du marché du travail. Il
réfute l'idée de l'existence d'un marché du travail au
sens néo-classique. Les salariés ne peuvent offrir un travail en
fonction d'un salaire réel puisqu'ils ne maîtrisent pas les prix
des biens et des services. Ils négocient seulement un salaire nominal.
Jhingan (2006) explique que selon Keynes (1936), Ce sont les entrepreneurs qui
fixent les prix des biens et des services. Le niveau d'emploi dépend des
décisions des entrepreneurs qui cherchent à maximiser leur taux
de profit en fonction d'un univers incertain où ils anticipent l'offre
et la demande globale. En conséquence, le niveau d'emploi peut ne pas
correspondre au niveau du plein emploi. Si la demande effective (au sens
anticipée) est faible, les entrepreneurs fixeront un niveau de
production faible et toute la population active ne trouvera pas
forcément d'emploi.
La Théorie du déséquilibre de Malinvaud
(1977) opère une conciliation entre analyse néoclassique et
keynésienne. Il aborde le chômage sous un autre aspect. En effet,
selon lui, les prix des biens et des services ainsi que le salaire sont fixes
et, tout déséquilibre sur les marchés qu'ils soient des
biens et des services, ou bien du travail, entraîne un rationnement par
les quantités.Comme le montre Malinvaud (1977), plusieurs situations
peuvent se produire sur les marchés (des biens et services et du
travail), il les présente dans un tableau à double entrée
qui résume une typologie des états de
déséquilibre.
Tableau 2.1 : Les différentes situations sur le
marché des biens et services et le marché du travail
|
Marché des biens et services
|
Offre supérieure à la demande
|
Offre inférieure à la demande
|
Marché du travail
|
Offre supérieure à la demande
|
Chômage Keynésien
|
Chômage classique
|
Offre inférieure à la demande
|
Surproduction et pénurie de main d'oeuvre correspondent
à l'économie socialiste
|
Inflation contenue
|
Source: Malinvaud (1977)
Dans le cas du chômage classique, le niveau de profit
est insuffisant donc les entreprises n'augmentent pas, voire, baissent leur
production même s'il existe une demande non satisfaite. Dans le cas de
l'inflation contenue, cela signifie que par rapport à la demande de
biens et de services, il y a une insuffisance de main d'oeuvre et de production
ce qui conduit à une hausse des prix. Les deux types de chômage,
keynésien et classique, sont extrêmement difficiles à
distinguer car ils entretiennent des relations ce qui explique les
difficultés à lutter contre. Ainsi, l'évolution des
capacités de production qui semble avoir limité la demande de
travail à certaines périodes est déterminée par le
taux d'investissement, qui lui-même dépend des perspectives de
demande. D'autre part, la compétitivité sur les marchés
extérieurs influence le niveau de la demande extérieure. La
faiblesse de la demande étrangère peut être le reflet d'une
compétitivité insuffisante. En termes de politique
économique, tenter de remédier à un chômage
keynésien (insuffisance de la demande) par une plus grande
flexibilité du marché du travail ne résout rien tant que
les entreprises n'ont pas de commandes: elles n'embauchent pas et cela quel que
soit le niveau de salaire. De même, une relance de la demande n'aurait
aucun effet sur un chômage de type classique, le coût du travail
trop élevé nuisant à la rentabilité des
investissements.
2.2.3. Le concept de pauvreté et ses mesures
Cette sous-section nous permet de définir le concept de
pauvreté suivant les approches monétaire et non monétaire,
de faire un aperçu sur les méthodes de mesure utilisées
dans l'évaluation de la pauvreté suivant ces différentes
approches, d'identifier les différents seuils de pauvreté et
enfin, de présenter les indices de pauvreté.
Le concept de pauvreté, apparemment simple, ne l'est
pas pour autant. Lorsqu'un décideur politique veut engager une action de
lutte contre la pauvreté, il se confronte à deux questions
pratiques `celle de savoir qui est pauvre et en quoi il l'est ? (Diagne et
al, 2005). Les réponses à ces questions sont cruciales pour
l'efficacité et même pour l'effectivité de son action.
2.2.3.1. Définitions de la pauvreté
Selon L'organisation des Nations Unies (2004), la
pauvreté peut être définie comme « la
condition dans laquelle se trouve un être humain qui est privé de
manière durable ou chronique des ressources, des moyens, des choix, de
la sécurité et du pouvoir nécessaire pour jouir d'un
niveau de vie suffisant et d'autres droits civils, culturels,
économiques, politiques et sociaux. »12(*)
Pour la Banque mondiale (2001), « La pauvreté
est synonyme de privation et de vulnérabilité. Privation d'une
nutrition adéquate, de soins de santé rudimentaires, d'une
éducation de base et de possibilités impossibles à saisir
».13(*)
Pour le PNUD (1998), « La pauvreté est un
phénomène complexe qui désigne généralement
une insuffisance de ressources et une privation de possibilités de choix
et d'opportunités qui offriraient aux individus des conditions de vie
décentes ».14(*)
Pour les autorités camerounaises, s'inspirant des
consultations participatives en vue de l'élaboration du DSRP, «
La pauvreté est avant tout le manque de ressources matérielles ou
financières pour satisfaire les besoins essentiels des individus. Au
nombre de ces besoins figurent l'alimentation, le logement, les soins de
santé, l'éducation et l'approvisionnement en eau potable
».15(*)
2.2.3.2. Distinction des pauvretés selon la nature des indicateurs de
bien-être
Malgré tout, le consensus dans la définition de
la pauvreté est loin d'être acquis. On note dans la
littérature divers concepts de pauvreté : pauvreté
monétaire, pauvreté subjective16(*), pauvreté humaine17(*), pauvreté
infrastructurelle, pauvreté d'existence18(*), pauvreté psychologique, pauvreté
d'équipement, pauvreté relative à la privation et
pauvreté de patrimoine. De ce fait, deux approches sont
communément retenues, à savoir l'approche monétaire et
l'approche non monétaire ou multidimensionnelle.
L'approche monétaire est
défendue par les Welfaristes ou Utilitaristes classiques et basée
sur la détermination d'un niveau de revenu qui est comparé
à un niveau de revenu standard (pauvreté absolue), soit au revenu
moyen du groupe (pauvreté relative). Les partisans de cette approche se
focalisent sur le revenu des ménages, y compris le loyer imputé
et l'autoconsommation. Le degré de satisfaction atteint par un individu
par rapport aux biens et services qu'il consomme est supposé
définir son bien être (Dloke et al, 2006)19(*).
L'approche monétaire de la pauvreté parce
qu'elle est intuitive et plus facilement perceptible, elle est restée la
plus répandue dans la littérature pour Deaton et Muellbauer
(1980)20(*), la meilleure
façon de mesurer le bien être individuel est d'utiliser une mesure
monétaire. Tout individu étant seul maître dans la
construction de sa fonction d'utilité et la définition de ses
choix. Fort de cette raison, nous précisons que c'est cette approche qui
nous intéresse dans cette étude.
La secondeapproche défendue
par les non Welfaristes est multidimensionnelle dans le sens où la seule
focalisation sur le revenu est abandonnée au profit d'une vision plus
large du bien-être qui fait entrer en ligne de compte une multitude de
composantes (Bertain. A. 2006). Pour Coudouel et al (2002), la pauvreté
n'est pas seulement liée au manque de revenu ou à une
insuffisance de consommation, mais aussi à des performances
insuffisantes en matière de santé, d'alimentation et
d'alphabétisation, à des déficiences de relations
sociales, à l'insécurité, à une faible estime de
soi-même et à un sentiment d'impuissance. L'approche non
monétaire est encore connue sous le vocable
« pauvreté en condition d'existence » et se
subdivise en deux approches : celle dite par les capacités
« capabilities » dont l'économiste Armatyar Sen
apparaît comme l'un des principaux tenants, et celle dite par les besoins
de base.
Selon l'approche basée sur les capacités, on
entend par capacités une combinaison fonctionnelle du savoir-être
et du savoir-faire que chaque personne peut atteindre21(*). La valeur de la vie d'une
personne dépend d'un ensemble de combinaisons de façons
d'être et de faire, définies comme des
« fonctionnements ». Ceux-ci peuvent varier des
éléments les plus simples comme le fait d'être
adéquatement nourri, avoir une bonne éducation, être en
bonne santé, être adéquatement logé, prévenir
la morbidité, aux éléments les plus complexes comme le
fait d'être heureux, avoir confiance en soi, prendre part à la vie
communautaire et apparaître en public sans avoir honte. Les
capacités représentent les différentes combinaisons de
« fonctionnements » qu'un individu ou un ménage peut
réaliser. Elles confèrent à chaque personne
l'habileté et la liberté de mener un type de vie plutôt
qu'un autre.
Pour cette approche, ce qui manque à un individu ou
à un ménage pour qu'il ne soit pas considéré comme
pauvre n'est ni l'utilité, ni la satisfaction des besoins de base, mais
des habiletés ou des capacités humaines. Par exemple, une
personne éduquée à qui son environnement permettrait
d'accéder à un emploi rémunérateur, mais qui
choisirait de consommer du loisir plutôt que de travailler, ne serait pas
considérée comme pauvre sur la seule base de son faible revenu.
Selon cette approche, elle serait considérée comme non pauvre.
Un individu ou ménage est donc considéré
comme pauvre s'il n'a pas les capacités (capital humain et physique)
nécessaires pour atteindre un certain sous-ensemble de fonctionnements
considéré comme raisonnablement minimal.
L'approche basée sur les besoins de base analyse le
bien-être en termes d'accomplissements ou de résultats.
Contrairement à l'approche utilitariste ou le seul accomplissement est
l'utilité, l'espace des accomplissements est multidimensionnel dans
l'approche des besoins de base. Le bien-être est considéré
comme un ensemble d'éléments jugés essentiels pour mener
une vie décente. Ces éléments sont définis en
fonction des caractéristiques de chaque société. Ils
comprennent notamment : une alimentation adéquate, une bonne
santé, une éducation de base, un logement adéquat, des
aménagements sanitaires et un bon habillement.
Selon cette approche, ce qui manque à un individu (ou
un ménage) pour qu'il ne soit pas considérée comme pauvre
n'est ni l'utilité, ni les habiletés ou les capacités
humaines mais un ensemble de besoins reconnus comme essentiels au sein d'une
société donnée pour mener une vie décente.
L'approche des besoins de base est ainsi
considérée comme étant moins abstraite que l'approche
utilitariste. Elle est donc facile à utiliser. Néanmoins, l'un
des principaux problèmes auxquels elle se heurte est la
détermination même des besoins de base. La liste des besoins
essentiels est habituellement une liste ouverte et il n'y a pas
nécessairement toujours de consensus sur ce que devrait être cette
liste. Un autre problème concerne ce qui devrait être
considéré comme minimum requis pour ne pas être
considéré comme pauvre.
2.2.3.3. Mesure de la
pauvreté
Autant il est difficile de donner une définition claire
et dépourvue de toute ambiguïté de la pauvreté,
autant il est difficile de pouvoir la mesurer ou de la quantifier. En effet la
diversité conceptuelle qui entoure la notion de pauvreté est
évidemment problématique au moment de l'élaboration des
indicateurs empiriques d'évaluation de la pauvreté
(Razafindrakoto et Raubaud, 2005).
La quantification de la pauvreté passe par la
détermination du niveau de bien-être des individus et d'un seuil
à partir duquel une personne peut être considérée
comme pauvre. La détermination du seuil de pauvreté se fait au
moyen d'indicateurs composites et d'indices de pauvreté.
a) L'approche
monétaire
Pour évaluer la pauvreté monétaire, on
utilise généralement le revenu ou la consommation comme
indicateur de bien-être. Pour se faire, on doit disposer des
données exhaustives sur le niveau de revenu ou de dépense des
ménages. Très souvent, la consommation est
préférée au revenu, dans la mesure où la
consommation des ménages est étroitement liée au
bien-être de ceux-ci, alors que le revenu courant est un mauvais reflet
des ressources du ménage. En effet le revenu d'un ménage ne
représente pas toujours sa consommation. Il est
généralement largement sous-estimé, et constitue une
piètre approximation du bien-être (Fambon, 2004).
La détermination du seuil de pauvreté dans le
cadre des études se basant sur un indicateur de bien-être fait
l'objet de divergence au sein du collectif des analystes. Les points de vue
restent partagés quant à l'adoption d'un seuil de pauvreté
absolu qui représente le montant minimum nécessaire à un
individu pour se procurer ses besoins fondamentaux sur le marché, c'est
la méthode adoptée par L'INS Cameroun. Où l'adoption d'un
revenu médian, qui représente le montant minimum pour atteindre
un niveau de bien être ordinairement observé dans la
société, c'est le cas de L'INSEE (Institut National de la
Statistique et des Etudes Economiques) qui retient généralement
50 % du revenu médian. Alors qu'au niveau Européen, les
statisticiens retiennent 60 % du revenu médian (Lekeumo, 2008). Alors,
on retient comme pauvre tout ménage dont le niveau de vie est
très inférieur à celui de la majorité de la
population, qui a un niveau de vie inférieur à cette ligne.
La Banque Mondiale fonde son évaluation de la
pauvreté dans le monde sur deux seuils de pauvreté reconnu au
plan international, un et deux dollars environ par jour en parité de
pouvoir d'achat de 1993. Le seuil de un dollar par jour est un seuil
caractéristique des pays à faible revenu et le seuil de deux
dollars celui des pays à revenu intermédiaire.
b) L'approche non
monétaire
La pauvreté est de plus en plus
appréhendée par les auteurs comme un phénomène
multidimensionnel. Qualifier un individu de pauvre nécessite que l'on ne
prenne plus en compte uniquement les variables liées au revenu ou
à la consommation, mais que l'on s'intéresse aussi aux variables
telles que la santé, l'éducation, les conditions d'habitat, toute
chose pouvant éviter à l'individu d'être marginalisé
dans la société.
La mesure de la pauvreté suivant l'approche non
monétaire exige donc de définir ou alors d'arrêter un
nombre de variables pertinentes représentatives de la position sociale
d'un individu. Il faut cependant noter le caractère arbitraire du choix
de ces variables, car celles-ci dépendent souvent plus ou moins
fortement de la perception de l'analyste ou du statisticien chargé de
l'évaluation de la pauvreté.
Les enquêtes du type EDS, MICS et ECAM sont des
enquêtes destinées à permettre une évaluation
aisée de la pauvreté en « condition
d'existence » ; elles contiennent des
« items » qui servent à relever les
caractéristiques sanitaires, éducationnelles et d'habitat des
ménages. Pour la mesure de la pauvreté non monétaire, deux
principales approches sont proposées dans la
littérature :
- Certaines études comme c'est le cas pour
l'enquête ECAM, après avoir retenu les
« items » entrant dans la caractérisation de la
pauvreté d'existence, déterminent la proportion de la population
qui possède ou non les caractéristiques de ces
« items ».
- La seconde méthode est celle qui consiste à
calculer un Indicateur Composite de Pauvreté (ICP) ou encore un
Indicateur Composite de Bien-être (ICBE). Cette méthode utilise
les techniques d'analyse factorielles de composantes principales (Filmer et
Pritchett, 2001), de correspondances multiples (Asselin, 2009), d'analyse en
facteur (Sahn et Stifel, 2001) et de l'analyse en facteurs multiples (Foko et
al, 2007). Plusieurs études sur la mesure de la pauvreté en
Afrique ont été réalisées en utilisant cette
deuxième méthode par exemple Foko et al (2007), Ningaye et al
(2006) pour le Cameroun ; Ayadi et al (2007) pour la Tunisie ; Ki et
al (2005), Diagne et al (2005) pour le Sénégal ; Diarra et
al (2009) pour la Cote D'Ivoire.
c) Mesure combinant
plusieurs approches
Bon nombre d'indicateurs utilisés relèvent non
pas d'une seule approche, mais de deux ou plusieurs approches. Il s'agit en
général des indicateurs composites calculés à
partir des indicateurs simples. Un indicateur composite bien connu est
l'indicateur de développement humain (IDH) conçu par le PNUD. Cet
indicateur combine trois éléments : le revenu en terme de
PIB réel par habitant basé sur la parité du pouvoir
d'achat, la durée de vie mesurée par l'espérance de vie
à la naissance et le niveau d'éducation, mesuré par un
indicateur combinant pour deux tiers le taux d'alphabétisation des
adultes et pour un tiers le taux brut de scolarisation de tous les niveaux
confondus. Un autre indicateur bien connu est l'indicateur de pauvreté
humaine (IPH-1) appliqué pour les pays en développement. Son
estimation prend en compte des insuffisances représentées en
termes de : (i) longévité par le pourcentage de la
population risquant de décéder avant 40 ans ; (ii) du manque
d'instruction représenté par le taux d'analphabétisme des
adultes ; (iii) et du manque de conditions de vie décentes
assimilé à la moyenne arithmétique simple du pourcentage
d'individus privés d'eau potable, du pourcentage de ceux privés
de soins de santé et du pourcentage des enfants de moins de cinq ans
souffrant de malnutrition.
2.2.3.4. Les seuils de
pauvreté
Dès qu'une mesure de la pauvreté a
été définie au niveau des ménages ou des individus,
l'étape suivante consiste à définir une ou plusieurs
lignes de pauvreté. Les lignes de pauvreté sont des points
limites, pour un indicateur donné, qui séparent les pauvres des
non pauvres. On distingue deux types de seuils de pauvreté : le
seuil relatif et le seuil absolu.
Le seuil relatif de pauvreté est fixé en
fonction de la distribution de revenu (ou d'un autre indicateur de
bien-être) dans la population étudiée. Il part du principe
que la pauvreté est un phénomène relatif pour les membres
d'une même société. Sur cette base, il existerait toujours
des ménages pauvres dans chaque société. Par exemple, sur
la base d'une distribution de revenus ou des dépenses des
ménages, on peut décider que les ménages ayant un revenu
inférieur au revenu moyen ou médian seraient
considérés comme pauvres.
Le seuil absolu de pauvreté est fixé
indépendamment de la distribution de l'indicateur de bien-être. Ce
seuil est généralement normatif, dans la mesure où il est
basé sur un minimum de biens et services jugés nécessaires
pour assurer la survie d'une personne dans un contexte socio-économique
et un environnement physique donnés. La liste des biens et services
constituant ce seuil peut varier selon les valeurs, les habitudes et les
priorités dans chaque communauté22(*).
Bien que certaines approches préconisent qu'on devrait
déterminer un seuil de pauvreté pour chaque individu sur la base
de ses besoins, ses aspirations et ses capacités, cela ne s'est jamais
concrétisé dans les faits. En pratique, on détermine un
seuil de pauvreté pour un groupe d'individus ayant les conditions
socio-économiques relativement homogènes. Ainsi un seuil de
pauvreté peut être défini non seulement au niveau d'un pays
donné, mais également au niveau d'une région
donnée, ou encore d'une ville donnée.
a) Seuil basé sur
les besoins nutritionnels
L'estimation de ce seuil se fait selon les étapes
suivantes :
· Dans un premier temps, on détermine le seuil de
pauvreté alimentaire sur la base des besoins nutritionnels des individus
selon le milieu naturel, soit par exemple 2500 kilocalories par personne et par
jour. Il s'agit de convertir les besoins nutritionnels en quantité
d'aliments à l'aide des tables de composition des aliments et de
valoriser les quantités d'aliments calculés aux prix du
marché.
· Dans un deuxième temps, on estime la valeur de
la composante non alimentaire au prorata du seuil alimentaire selon les
habitudes de consommation des individus ou les estimations des experts. La
composante non alimentaire couvre d'autres éléments
nécessaires pour assurer la survie de la personne, tel que
l'habillement, le logement etles soins de santé de base.
· Finalement, on détermine le seuil global de
pauvreté en considérant la somme de la composante alimentaire et
de la composante non alimentaire. Les ménages dont les dépenses
de consommation sont inférieures au seuil de pauvreté global sont
considérés comme pauvres tandis que ceux dont les dépenses
sont inférieures au seuil de pauvreté alimentaire sont
considérés comme extrêmement pauvres (Mpatswenumugabo et al
2007).
b) Seuil basé sur
la norme internationale
Un seuil absolu de pauvreté peut être
également établi sur une base internationalement acceptée.
Il s'agit, par exemple, de la norme d'un ou de deux dollars américains
(en parité du pouvoir d'achat) par personne et par jour.
c) Seuil basé sur
les besoins essentiels
Le seuil de pauvreté peut être défini en
considérant un nombre requis de besoins essentiels qui doivent
être satisfaits pour qu'un ménage ne soit pas
considéré comme pauvre.
d) Seuil basé sur
les perceptions
Des lignes de pauvreté alternatives peuvent
généralement être définies sur la base des points de
vue et des perceptions de la population. De telles mesures se fondent sur les
questions posées aux ménages à propos de leur situation
telle qu'ils la perçoivent, de leur opinion à l'égard des
standards de revenu ou des besoins, et des classements de la pauvreté
dans la communauté.
2.2.3.5. Les indices de
pauvreté
Dans les analyses de pauvreté, en particulier en ce qui
concerne l'établissement du profil de pauvreté, les indices
FGT23(*) sont les plus
populaires. C'est d'ailleurs cette famille d'indices qui va nous permettre
d'effectuer nos analyses dans cette étude. Bien que ces indices aient
été le plus souvent utilisés dans les analyses de
pauvreté où l'indicateur de pauvreté est
reflété par le niveau de consommation ou de revenu, leur
application peut être étendue aux autres indicateurs non
monétaires. La famille des indices FGT est constituée de
l'incidence, de la profondeur et de la sévérité de la
pauvreté (Foster et al, 1984).
L'incidence de pauvreté représente la proportion
de la population ou des ménages dont le revenu ou la consommation se
situe en dessous du seuil de pauvreté, c'est-à-dire la part de la
population ou des ménages qui ne peut pas se permettre d'acheter le
panier de produits correspondant au minimum vital. De même. Dans le cas
des indicateurs non monétaires, l'incidence de la pauvreté mesure
la part de la population ou des ménages qui n'atteignent pas le seuil
défini (par exemple le pourcentage de la population n'ayant pas
accès à l'eau potable. Le pourcentage de la population ayant
bénéficié moins de trois ans d'éducation).
La profondeur de la pauvreté indique la distance
à laquelle les ménages se trouvent par rapport au seuil de
pauvreté. Dans le cas de l'analyse monétaire, elle mesure le
déficit collectif moyen de revenu ou de consommation par rapport au
seuil de pauvreté pour l'ensemble de la population. La profondeur
de la pauvreté est obtenue en faisant la somme de tous les
déficits des individus en situation de pauvreté (en supposant un
déficit de zéro pour les non pauvres) et en divisant le
résultat total par le total de la population. Elle indique le niveau de
dépenses nécessaires pour permettre à chaque personne
d'atteindre un niveau de revenu ou de consommation égal au seuil de
pauvreté. En d'autres termes, elle permet d'évaluer le total de
ressources pour amener l'ensemble de la population pauvre au niveau du seuil de
pauvreté, autrement dit pour éliminer la pauvreté. Cette
mesure peut être également appliquée aux indicateurs non
monétaires.
La sévérité de la pauvreté est la
moyenne des carrés des écarts entre le niveau de consommation des
pauvres et le seuil de pauvreté. Cette mesure tient compte non seulement
de la distance séparant les pauvres du seuil de pauvreté, mais
aussi de l'inégalité entre les pauvres. Elle attribue une
pondération plus importante aux ménages situés à
une plus grande distance du seuil de pauvreté. Plus la proportion des
ménages pauvres est grande, plus la sévérité est
forte. Et plus il y a dispersion des pauvres autour de leurs dépenses
moyennes, plus la sévérité est forte. L'application de
cette mesure aux indicateurs non monétaires est très
limitée.
D'autres indices utilisés dans l'analyse de la
pauvreté sont par exemple, (i) le coefficient d'inégalité
de Gini (qui mesure l'inégalité dans la distribution de
l'indicateur retenu dans les ménages étudiés) et (ii)
l'indice composite de SST24(*) qui combine l'incidence, la profondeur et le
coefficient d'inégalité de Gini en terme de profondeur de la
pauvreté (Mpatswenumugabo et al 2007).
2.3. LA RELATION CROISSANCE-EMPLOI-PAUVRETE : UNE REVUE DE LA
LITTERATURE
Les auteurs ont-ils toujours considéré la
croissance comme un facteur favorable à l'emploi ? Ou alors la
convergence est elle du coté de l'emploi comme déterminant de la
croissance ? Que dire de l'interaction croissance-emploi-réduction de la
pauvreté dans les pays en développement en général,
et au Cameroun en particulier? C'est en filigrane les questions auxquelles ce
cadre théorique et empirique prétend répondre. Cette
réponse peut cependant être déclinée en deux grandes
approches analytiques. D'une part, une revue des travaux théoriques qui
résume les théories d'Okun et ses extensions ainsi que les
approches en termes de croissance endogène et d'autre part les travaux
empiriques auxquelles se combinent toutes les tentatives récentes
d'analyse de la relation croissance-emploi-pauvreté, appliqués
à l'Afrique en général et au Cameroun en
particulier : Toutes choses qui posent les jalons des hypothèses de
cette recherche.
2.3.1. Revue des travaux théoriques
Il existe deux approches théoriques majeures mettant en
relation la croissance et la quantité de travail : les travaux
fondateurs d'Okun et la théorie de la croissance endogène.
2.3.1.1. Les travaux fondateurs d'Okun et ses
extensions
Aux sources de la profusion des travaux sur le tandem
croissance-emploi se trouve l'article d'Arthur Okun (1962). En se servant des
données trimestrielles de l'économie Américaine sur la
période 1947-1960, Okun parvient à montrer qu'il existe entre le
chômage et la croissance une relation inverse d'approximativement 1 pour
3. En d'autre termes, une réduction de 1% du taux de chômage est
de nature à accroître le produit de 3% et inversement. Ainsi pour
un niveau stable de la population active, une augmentation de la production
induit un accroissement de l'emploi. Pour parvenir à ce résultat,
Okun se propose initialement de mesurer le produit potentiel comme concept de
court terme et essentiel dans la formulation des politiques monétaires
et fiscales. Il définit le produit potentiel comme le niveau de produit
correspondant à un taux de chômage de 4%. C'est une mesure des
capacités de production qui permet de définir l'effort de
production à réaliser pour ramener le taux de chômage au
seuil minimal de 4%. Pour ce faire Okun utilise les trois spécifications
suivantes :
a) La méthode des différences
premières
Cette méthode consiste à régresser les
variations du chômage (Y) sur les variations de la production nationale
(X) en pourcentage.
Y= á + âX +å
En utilisant des données trimestrielles de 1947
à 1960, Okun obtient la relation ajustée suivante :
Y=0,30 -0,30X R2=0,79
Ainsi sur la base de cette estimation, le chômage
croîtra d'un trimestre à l'autre de 0,3 point si le produit
national demeure inchangé. De la même manière, une
augmentation d'un point du produit national entraîne une baisse de 0,3
points du chômage. Ainsi à chaque point du temps, en prenant le
trimestre précédent comme donné, un point
supplémentaire du chômage génère une baisse de 3,3%
du produit national.
b) La méthode du triple
écart
Cette méthode consiste à sélectionner et
à tester certains sentiers exponentiels du produit potentiel. Les
critères ici sont la qualité d'ajustement, l'absence de tendance
dans les résidus, et le principe selon lequel le produit potentiel
devrait égaler le produit effectif pour un taux de chômage de 4%.
On a la spécification suivante : U= a + b (gap) + å
La relation ajustée est la suivante : U= 3,72 + 0,36
(gap)
Selon cette approche, un accroissement du taux de
chômage de 1% est associé à une perte de produit potentiel
de 2,8%, ou un peu plus s'agissant du produit effectif si celui-ci est en
dessous du produit potentiel.
c) La méthode de la tendance ajustée et
de l'élasticité
La première méthode décrite utilisait les
variations du chômage et du produit. La seconde méthode utilisait
des variables à niveau, mais supposait la tendance de croissance du
produit pour un niveau constant de taux de chômage. Il est cependant
également possible de dériver le coefficient emploi produit des
données à niveau sans supposer de tendance. Le présent
modèle permet ce type de calcul :
Log (Nt) = Log ( ) + log(At) - (ar)t
N est l'emploi total à la période t,
P0 le niveau initial du produit potentiel, r le taux de croissance
du produit potentiel, A le produit effectif, a l'élasticité
constante du taux de sous-emploi au taux d'utilisation des capacités de
production.
Il émerge de cette spécification que le
coefficient d'élasticité estimé varie entre 0,35 et 0,40,
suggérant qu'une augmentation d'un point du produit effectif
impliquerait un glissement légèrement inférieur à
3% de l'emploi vers le haut. L'uniformité qui résulte de ces
différentes méthodes est l'existence d'un rapport de 3 pour 1
entre la croissance du produit et l'emploi.
Cette uniformité s'explique par le fait que la
modification du produit, et donc de la croissance, induit une baisse du taux
d'intérêt, un accroissement des investissements et du nombre de
postes de travail disponibles. Par ailleurs, la croissance modifie la structure
de la population active, en accroissant le nombre d'heures ouvrées du
fait d'une préférence accrue pour le marché du travail,
elle-même relative à l'accroissement des opportunités de
gain.
Cette relation qualifiée de loi d'Okun a
véritablement gagné la conviction des économistes
à en croire Gordon (1984). Selon celui-ci : « cette relation
est devenue populaire en macroéconomie parce que d'une part, elle s'est
avérée suffisamment stable et fiable durant ces vingt
dernières années pour être érigée en loi, et
d'autre part, elle a court-circuité toutes les autres études les
unes aussi complexes que les autres, qui ont analysé et expliqué
la relation croissance économique - chômage ». 25(*)
Traitant de la loi d'Okun, il est indispensable de
présenter quoique brièvement des travaux récents portant
sur les asymétries de celle-ci. Récemment, des études ont
eu pour objectif de discuter de la stabilité du coefficient d'Okun. En
ce sens, elles ont testé empiriquement l'asymétrie de cette
relation et mis en évidence le fait que les phases d'expansion et de
récession de l'activité n'avaient pas les mêmes effets sur
le chômage sur les données américaines (Courtney,
1991 ; Palley, 1993 ; Lee, 2000 ; Virèn, 2001 in Harris et al,
2001). Pour ces auteurs, l'asymétrie de cette relation est due à
la substitution des facteurs de production selon les phases du cycle, les
fluctuations de la productivité, ainsi que les variations dans la
distribution des taux de croissance par secteur d'activité. En outre,
Courtney (1991) conclut par exemple qu'imposer une symétrie dans
l'estimation de la loi d'Okun conduit à une sous-évaluation de
l'accroissement du chômage (baisse de l'emploi) durant les
récessions et à une surévaluation de la réduction
chômage (hausse de l'emploi) durant les phases d'expansion. Au total,
l'analyse d'Okun donne une part importante à la croissance dans la
dynamique de l'emploi. Cependant, il lui est souvent reproché
d'être pas trop statistique. Les analyses basées sur la croissance
endogène que nous allons aborder dans la suite de cette sous section se
proposent de pallier cette lacune, mais également d'enrichir la
théorie des spécificités Africaines de la relation.
2.3.1.2. Les approches en termes de croissance
endogène
Des analyses vont se succéder dans la décennie
1990, à la suite des théories de la croissance endogène,
pour tenter de donner un substrat théorique à la relation
découverte par Okun. On va ainsi noter les travaux de Aghion et Howitt
(1992) qui en utilisant la version schumpétérienne du
modèle de croissance endogène montrent que lorsque la croissance
est essentiellement portée par le progrès technique, le processus
de « destruction créatrice » énoncé par
Schumpeter, peut générer un haut niveau de chômage durant
les périodes où les nouvelles technologies remplacent les
anciennes.
Il convient de dire que l'arrivée d'une nouvelle
technologie induit l'inutilité de tous les emplois afférents
à l'ancienne technologie. Par exemple, l'arrivée d'un ordinateur
qui est à mesure à la fois de faire du traitement de texte, du
graphisme, de l'arithmétique induit de fait une perte d'au moins deux
emplois relatifs à ces différentes tâches. Ainsi un
employeur préfèrera former une secrétaire qui ferra
à la fois du traitement de texte, du graphisme et de
l'arithmétique. Les deux autres emplois seront ainsi perdus. Par
ailleurs, la nouvelle technologie peut créer de nouveaux emplois, dans
la mesure où, pour prendre l'exemple précédent,
l'arrivée d'un ordinateur suppose la nécessité d'embaucher
des agents de maintenance, des analystes programmeurs, sans compter tous les
métiers et autres emplois indirects (relevant notamment de la
généralisation de l'usage de l'outil informatique). Au total, la
croissance étant alimentée par le processus de destruction
créatrice, peut entraîner une perte élevée (un gain
élevé) d'emplois, tout dépend alors du rapport entre le
nombre d'emplois créés et le nombre d'emplois détruits.
Pissarides et Mortensen (1994) développent un modèle similaire,
et montrent que le sens de la causalité dépend essentiellement
de la comparaison entre l'effet de capitalisation et l'effet de
destruction créatrice26(*)Pour ces auteurs, tout dépend de la
facilité avec laquelle les firmes se déplacent vers la
frontière technologique. A ce niveau, il faut noter que la vitesse
d'innovation au sein d'une entreprise détermine la vitesse de
création (destruction) des emplois. Plus la fréquence des
innovations est élevée, plus la fréquence des destructions
(création) est élevée.
Cependant, il est de plus en plus admis à la suite des
travaux de Pissarides (1990), qu'à court terme, la croissance
économique peut favoriser une destruction des emplois, créant
ainsi un chômage frictionnel. Mais à long terme, la croissance est
favorable à l'emploi. Ericksson (1997) pense que la question pertinente
n'est pas celle de savoir si la croissance crée ou détruit des
emplois, mais de savoir sous quelles conditions un arbitrage est possible entre
croissance et emploi. En d'autres termes, peut-on simultanément
accroître la production et l'emploi ? ClasEricksson se sert pour
répondre à cette préoccupation, d'un modèle sur la
base de Pissarides(1990), mais intégrant des préférences
conformes au modèle de croissance optimale de Ramsey. Le modèle
de Pissaridesdécrit un marché du travail dans lequel la recherche
et l'ajustement entre postes vacants et emplois demandés se fait
à travers un processus de recherche à l'initiative du quel se
trouve chacun des protagonistes. Ainsi l'entreprise recherche activement des
employés et pourvoit des postes en fonction de ce qu'il lui coûte
de garder des postes vacants. Ce coût est fonction du salaire en vigueur.
De la même manière, le travailleur recherche activement un
travail, en se donnant comme limite inférieure de salaire le montant de
l'allocation chômage. Le volume de l'emploi est ainsi égal
à la différence entre le nombre de postes vacants pourvus, et le
nombre de postes libérés. L'état stationnaire,
c'est-à-dire le niveau de chômage qui correspond à un flux
d'emploi nul est alors fonction du volume d'emploi qui correspond au nombre de
postes vacants, du taux de débauche et de la taille du marché du
travail. La taille du marché du travail est ainsi définie comme
le rapport entre le nombre de postes vacants et le nombre de chômeurs.
Ericksson introduit des préférences inter temporelles des
ménages dans le programme du producteur. On note ici que le programme du
producteur consiste en la maximisation de son profit (différence entre
sa production, le coût inhérent aux postes vacants et les
coûts de production). Il montre ainsi que quelque soit le régime
de croissance, exogène ou endogène27(*), sous l'hypothèse d'une
faible élasticité de substitution inter temporelle de la
consommation des ménages, c'est-à-dire, si le profil de
consommation des ménages se modifie peu lorsque les prix changent dans
le temps, la croissance induit une hausse du taux d'intérêt. De
cette hausse dérive deux résultats principaux.
Résultat 1 : dans la mesure où le choix de
l'entreprise de pourvoir à un poste dépend de la comparaison
entre le coût d'un poste vacant et le taux d'intérêt,
lorsque la croissance est stimulée par des investissements en recherche
et développement, financés par l'Etat, il existe un arbitrage
entre emploi et croissance, car il est alors moins coûteux de conserver
un poste vacant. Une augmentation de la croissance se traduit alors par une
baisse de l'emploi.
Résultat 2 : si la croissance est stimulée
par la baisse de la taxation sur le capital, l'octroi des allocations
chômage, ou les préférences des consommateurs, ce qui est
bon pour la croissance l'est aussi pour l'emploi. En effet, il y a à la
foi un effet revenu résultant de la baisse du coût du capital, et
une hausse du pouvoir d'achat et des capacités de recherche des
chômeurs. La croissance induit alors une hausse de l'emploi.
Cette analyse d'Ericksson est intéressante dans la
mesure où elle intègre l'étendue et la complexité
du marché du travail. Notamment l'interrelation entre l'offre et la
demande quantitative de travail, la spécificité des
préférences individuelles et la relation salariale dans un
processus de long terme. Cependant cette analyse a la faiblesse d'être
très dépendante de l'élasticité de substitution
inter temporelle du consommateur. Par ailleurs le modèle
présenté est complexe à tester car il met en exergue des
variables qui ne sont pas toujours observables dans la réalité
(l'élasticité inter temporelle par exemple).
Face à ce débat théorique important, une
littérature s'est récemment développée pour
examiner la relation entre la croissance et la réduction de la
pauvreté avec l'emploi comme variable de liaison.
2.3.2. Revue des travaux empiriques
Face à la paupérisation croissante des
populations dans certaines régions du monde et plus
particulièrement en Afrique, les auteurs ont recherché plusieurs
mécanismes par lesquels une croissance économique serait de
nature à réduire considérablement l'extrême
pauvreté en favorisant l'augmentation du revenu des pauvres ainsi que
leur productivité. Ainsi, l'analyse de la relation entre croissance
économique et réduction de la pauvreté s'est
effectuée à travers plusieurs phases dans la littérature
de l'économie du développement.
Les premières théories de l'économie du
développement ont mis en exergue la possibilité que les effets de
la croissance économique soient automatiquement transmis aux pauvres
(Kuznets, 1955 ; Adelman et Morris, 1973 ; Chenery et al 1974)28(*). A partir de là, des
questions ont émergé afin de comprendre les mécanismes par
lesquels cette transmission est rendue possible.
Un récent axe de recherche a pris en compte la
possibilité que l'emploi puisse constituer cette courroie de
transmission entre croissance économique et réduction de la
pauvreté. Ainsi, beaucoup d'études ont montré que, bien
que la croissance économique soit nécessaire à la
réduction de la pauvreté, elle n'est cependant pas la condition
suffisante (Dagdeviren et al, 2002 ; Goudie et Ladd, 1999 ; Mc Kay, 1997 ;
Ravallion, 2001). Certaines de ces études ont mentionné le
caractère intensif en main d'oeuvre de la croissance économique
comme déterminant fondamental de la réduction de la
pauvreté (World Bank, 1990 ; Squire, 1993, Mc Kay, 1997). Mais, aucune
de ces études n'a explicitement et empiriquement examiné
l'interaction croissance - emploi - réduction de la pauvreté.
Il faudra attendre les études de Demeke et al
(2003), Islam (2004), Kabananukye et al (2004), Kapsos (2005),
consacrées aux pays en développement dans lesquels on retrouve
nombre de pays africains, pour palier les insuffisances
précédemment évoquées. Selon ces auteurs, la
relation croissance-emploi est au coeur de la problématique de la
réduction de la pauvreté. Ainsi comprendre les conditions sous
les quelles la croissance s'enrichit en emploi est déterminant dans la
réduction de la pauvreté. Islam (2004) pense que le niveau de
l'élasticité de l'emploi par rapport à la croissance
dépend du niveau de développement du pays et des dotations
factorielles de celui-ci. Il pense par ailleurs qu'en investissant dans des
secteurs à haute intensité de main d'oeuvre (HIMO), on
améliore l'élasticité globale, calculée ici comme
la moyenne pondérée des élasticités
sectorielles.
Par ailleurs, Demeke et al (2003), pensent que l'analyse
simple de l'élasticité croissance emploi n'est pas pertinente. En
d'autre terme, une telle élasticité a une signification si on
tente d'observer corrélativement l'évolution de la
productivité du travail. Il se peut en effet, qu'une
élasticité élevée, couplée à une
productivité du travail faible traduise une création hautement
élevée d'emplois appauvrissant.
Quelques auteurs ont procédé à une
estimation des élasticités de l'emploi dans quelques pays
africains. Ainsi, d'après Kabananukye(2004), l'élasticité
globale de l'emploi par rapport à la croissance en Ouganda
s'établit à 1,13 entre 1992 et 1997. Par ailleurs, l'agriculture
absorbe une partie importante de la main d'oeuvre. Mais
l'élasticité dans ce secteur se situe à 2,5, traduisant
une diminution importante de la productivité du travail dans ce secteur.
Dans le cas de l'Ethiopie, Demeke et al. (2003) estiment des
élasticités arc dans les secteurs majeurs de l'économie
à savoir, l'agriculture, l'industrie et les services. Les valeurs de ces
élasticités sont élevées, ce qui suggère
d'une part que des investissements dans ces secteurs vont créer des
opportunités importantes d'emplois dans le pays, et réduire la
pauvreté. Cela suggère également que l'expansion de
l'emploi dans ces secteurs ne s'est pas accompagnée d'une croissance de
la productivité du travail d'autre.
La plupart des études dans lesquelles ont
été estimées les élasticités arc
sectorielles montrent que la productivité du travail a diminué,
du fait que l'élasticité de l'emploi s'est avérée
dans nombre de cas, supérieure à l'unité. Comme le
soulignent Demeke et al. (2003), sur le plan théorique, l'on anticipe
que l'élasticité de l'emploi par rapport à la production
diminue progressivement dans le temps et selon que le pays se développe
et possède de moins en moins le facteur travail en abondance.
La chute de l'élasticité constatée dans
certains pays africains par exemple ne devrait pas être
interprétée comme un signe de maturité de ces
économies, mais comme un problème lié à la faible
fiabilité des données collectées sur l'emploi. Ainsi, les
élasticités de l'emploi qu'utilisent les économistes dans
les Pays en Développement (PED) sont peu fiables car la valeur de
l'emploi prise en compte dans les calculs ne distingue pas une personne
employée à plein temps et une personne sous-employée
(Kabananukye et al 2004).
L'analyse de l'intensité de la croissance en emploi,
à travers le calcul des élasticités a été
rigoureusement abordée par Kapsos (2005). Cette étude s'est
proposée de présenter une méthodologie de calcul de
l'intensité de la croissance en emploi, et par la suite de rechercher
les déterminants de cette intensité. L'auteur présente
deux approches de calcul de l'élasticité emploi de la croissance
non équivalente. L'élasticité de l'emploi à la
production peut se définir comme la variation en pourcentage du nombre
de personnes employées consécutive à une variation en
pourcentage de la production. Sur la base de cette définition la plus
large possible, Kapsos définit deux types d'élasticités :
l'élasticité point et l'élasticité arc.
Un autre axe d'études, pas des moindres est
constitué des analyses empiriques effectuées dans le contexte
camerounais. En effet, une étude menée par Yogo(2009) est parvenu
aux résultats selon lesquels la croissance exerce un effet positif sur
la quantité de travail au Cameroun. Ainsi, une croissance de 1% permet
un accroissement de 0,68% de l'offre quantitative de main d'oeuvre. Il convient
également de dire que cette analyse lui a permis de présumer que
le secteur industriel est celui qui a le plus haut niveau de
productivité du travail, tandis que le secteur des services
présente une très faible productivité du travail au
Cameroun et il y'a aussi lieu de déduire que les emplois en majeure
partie créés dans le secteur des services sont à faible
productivité du travail et donc à bas salaires. Et comme ce
secteur est celui qui s'est le plus enrichi en emplois sur le long terme, cela
veut dire qu'une bonne partie des emplois créés, tous secteurs
confondus est à bas salaires. Ce résultat est par ailleurs
conforme aux statistiques présentées par l'institut national des
statistiques du Cameroun et relatives à la phase 1 de l'enquête
sur l'emploi et le secteur informel au Cameroun (2005). Selon cette
enquête, sept travailleurs camerounais sur 10 tirent de leur
activité principale moins du salaire minimum fixé à
28265Frs.
En exploitant les bases de données ECAM I et II, NDamsa
et Baye (2011) ontanalysé la nature de la relation existant entre
l'emploi et la pauvreté au Cameroun. Les résultats de cette
étude montrent que la baisse du revenu total du travail des
ménages dans le quintile le plus pauvre est attribuable à la
participation au marché du travail et au nombre moyen de jours
travaillés, mais atténuée par des revenus quotidiens
moyens et des taux d'emploi.
De la littérature théorique et empirique qui
précède, nous déduisons les deux hypothèses
suivantes :
H1 : la
croissance économique a un impact positif sur l'offre quantitative de
travail au Cameroun.
H2 : les effets
intra-sectoriels et intersectoriels de l'emploi contribuent positivement
à la réduction de la pauvreté au Cameroun.
Tandis que la première hypothèse va nous
permettre de tester la réaction de l'emploi suite à une variation
du PIB suivant la loi d'Okun et les théories de la croissance
endogène,la seconde va permettre de tester l'impact des effets
sectoriels de l'emploi sur la variation totale de la pauvreté au
Cameroun
2.4. CRITIQUE DE LA REVUE DE LA LITTERATURE
Les travaux présentés précédemment
portant sur les analyses théorique et empirique mettant en relation la
croissance et l'emploi pour les premiers et les trois concepts croissance,
emploiet pauvreté pour les seconds sont sans conteste assez
édifiants pour l'atteinte de l'objectif principal de cette recherche qui
se propose de déterminer comment les fruits de la croissance
économique peuvent être transmis aux pauvres dans le contexte du
Cameroun. Néanmoins, il convient de relever quelques insuffisances
liées à cette littérature.
En effet, l'étude de Yogo (2009) effectuée dans
le contexte du Cameroun s'est fondamentalement basée sur le calcul de
l'élasticité de l'emploi par rapport à la croissance ainsi
que la recherche des déterminants de cet élasticité en
faisant usage de la méthode de l'élasticité arc qui
malgré sa simplicité présente une limite majeure
liée à sa forte variabilité d'une période à
une autre (Kapsos , 2005). Pour tenter donc de pallier à cette
faiblesse dans cette étude nous faisons usage de la méthode de
l'élasticité point.Par ailleurs, une autre limite de cette
étude vient de ce qu'elle traite de façon très marginale
du lien entre le marché du travail et la pauvreté.
Les travaux de NDamsa et Baye (2011) bien que
présentant les interactions entre les emplois sectoriels et les
variations de la pauvreté au moyen des effets intra et intersectoriels
de l'emploi ne donnent aucune information sur l'interrelation ou le lien entre
la croissance et le marché du travail au Cameroun ce qui en fait aussi
une étude partielle.
De façon globale, les critiques de cette
littérature se fondent sur le fait qu'à notre connaissance aucune
étude n'a encore analysé à la fois théoriquement et
empiriquement la relation croissance-emploi-pauvreté dans le contexte du
Cameroun.
2.5. CONCLUSION
Ce chapitre avait pour objectif de clarifier les concepts de
croissance de marché du travail et de pauvreté et de
préciser les orientations que nous en retenons pour orienter cette
recherche. En second lieu, il était question de présenter dans le
cadre d'une revue de la littérature les différentes
théories économiques et les travaux empiriques qui sous tendent
et ont précédés respectivement cette étude. Ainsi,
après avoir donné des définitions opérationnelles
aux concepts, nous avons retenus les trois indicateurs que sont le PIB,
l'emploi et le revenu monétaire comme les proxys respectifs de la
croissance économique du marché du travail et de la
pauvreté. En fin, nous avons relevé dans la présentation
des travaux empiriques quelques limites qui inspirent les critiques que nous
avons énumérés et qui constituent la raison d'être
de cette étude qui nécessite pour l'atteinte de ses objectifs une
présentation de l'évolution du contexte économique et
social du Cameroun: ce qui fait l'objet du chapitre suivant.
Chapitre 20 CHAPITRE III :
EVOLUTION DU CONTEXTE ECONOMIQUE ET SOCIAL DU CAMEROUN
3.1. INTRODUCTION
Dans le chapitre précédent, nous avons
précisé que nous utilisions le PIB, l'emploi et l'indicateur de
la pauvreté monétaire comme les proxys respectifs de la
croissance, du marché du travail et de la pauvreté. Ainsi, ce
chapitre a pour objectif de présenter un profil de ces indicateurs dans
le contexte de cette étude, compte tenu de leur caractère
évolutif. Nous allons donc mettre un accent particulier sur le profil du
PIB dans la présentation de l'évolution du contexte
économique du Cameroun tandis que la présentation du contexte
social nous permettra de mettre un accent particulier sur le profil de l'emploi
et de la pauvreté monétaire au Cameroun.
3.2. L'EVOLUTION DU CONTEXTE ECONOMIQUE DU CAMEROUN
Le Cameroun conserve trois atouts majeurs pour son
développement: une production agro-alimentaire autosuffisante à
95 %, une industrie du bois et d'hydrocarbures performante et une
production d'aluminium assise sur d'importantes réserves de bauxite
(Kobou 2010).
Malgré son potentiel naturel, minéral et humain
énorme, le Cameroun souffre encore aujourd'hui de plusieurs maux qui
empêchent un véritable décollage économique
soutenu: la corruption, une production énergétique
déficitaire par rapport à la demande, des finances publiques
insuffisamment assainies, une attractivité pour des investissements de
capitaux privés et étrangers en retrait par rapport à
d'autres pays, une lourdeur administrative souvent handicapante et une
incidence de la pauvreté de 39,9 % (INS, 2007). À cela s'ajoute
une inadéquation entre la formation des jeunes et les besoins du
marché de l'emploi qui aggravent le chômage et l'ampleur du
secteur informel (
http://fr.wikipedia.org/wiki/cameroun).
En 1995, la population active du Cameroun se
répartissait comme suit : 80% dans le secteur primaire, 13% dans le
secondaire et seulement 7% dans le tertiaire. 75% de la main-d'oeuvre urbaine
travaillerait dans le secteur informel (secteur du travail non
déclaré et donc en principe à faibles revenus) et 6
ménages sur 10 tireraient au moins une partie de leurs revenus de ce
secteur informel (http://fr.wikipedia.org/wiki/cameroun). Cette importance du
secteur informel aurait tendance à croître de plus en plus depuis
la crise économique.
De 1961 à 2011, le Cameroun a enregistré une
moyenne annuelle de 3,5% du PIB. C'est en 1978 qu'on enregistre le plus haut
niveau (22) et c'est en 1967 qu'on enregistre le plus bas niveau (-10,9). Le
changement enregistré entre la première et la dernière
année est de 255%. Pour effectuer ce calcul, nous disposons des
résultats pour 51 années de la période 1961-2011. En 1961,
par rapport aux données mondiales disponibles, la part relative de ce
pays est de 27,16%. En 2011, cette même part est de 153,63%(Banque
Mondiale 2011). Cette évolution de la croissance économique au
Cameroun peut se décliner en trois phases.
3.2.1. Une phase d'expansion économique (1965-1985)
Avec l'avènement de son indépendance qui le met
dans la posture des pays capables de mener une politique économique
autonome et sous l'impulsion de la vente des matières premières
(café, cacao, coton, pétrole), le Cameroun voit sa croissance
s'accélérer en terme réels: le Produit Intérieur
Brut (PIB) par tête double quasiment tandis que la consommation des
ménages par habitant est multipliée par 1,5 (Aerts, 2000). Au
cours de cette période de boom, on distingue trois
sous-périodes:
Ø de 1965 à 1977, la croissance atteint un
rythme moyen annuel d'environ 4%, permettant une lente amélioration du
PIB par tête (idem);
Ø de 1977 à 1981, la croissance
s'accélère (+13% en moyenne), à la suite de la
découverte du pétrole et de sa mise en exploitation (idem);
Ø de 1982 à 1985, la croissance se maintient
à un rythme soutenu (autour de 8%) (idem).
Tout au long de la phase de décollage (1977-1985), le
PIB réel par tête augmente rapidement, plaçant le Cameroun
dans la catégorie des pays à revenu intermédiaire selon la
classification de la Banque mondiale (Aerts, 2000). Trois ans plus tard, tout
s'effondre et le Cameroun entre dans la crise.
3.2.2. La phase de crise économique (de 1988 à la mi-1994)
A la fin de l'année 1985, sans être optimale, la
situation du Cameroun est relativement favorable. Les perspectives de
croissance sont correctes et, grâce aux recettes
pétrolières, le pays dispose d'une bonne marge de manoeuvre. Son
endettement, dans la mesure où on le connaît, apparaît moins
élevé que dans bien des pays voisins. Trois ans plus tard, tout
s'effondre, prenant de court bien des observateurs et l'administration
camerounaise qui n'ont pas vu venir la crise violente qui s'annonçait.
La crise économique a fait son apparition avec la baisse du cours des
produits d'exportation entre 1985 et 1988 et la chute conséquente des
recettes de l'État à partir de 1989. Ainsi, entre 1985-86 et
1992-93, le PIB en volume a baissé de 23,7% et, en raison du rythme de
croissance démographique annuel estimé à 3%, le PIB par
tête s'est réduit de 38% (Dubois, 1997).
Face à la chute des recettes d'exportation et à
la crise ambiante qui sévit, l'Etat s'est trouvé incapable de
réaliser les équilibres macroéconomiques, ce qui a conduit
à des déficits budgétaires cumulés ainsi que le
déficit de la balance commerciale. Cette situation a pour
conséquence majeure la démission des pouvoirs publics face aux
obligations sociales. Dès lors, les premiers effets sociaux se sont fait
ressentir: l'on a assisté à des pertes d'emplois, à la
dégradation du niveau et des conditions de vie, aux difficultés
d'accès aux services sociaux. Ils ont été suivis de
troubles politiques et d'une dégradation générale des
institutions publiques (Dubois, 1997).Pour inverser la tendance,
l'économie a été mise sous ajustement structucturel.
3.2.3. La mise sous ajustement structurel de l'économie
Le Cameroun voulant renouer avec la croissance a
procédé comme tous les pays de la zone franc par la
dévaluation du FCFA en 1994. Celle-ci fait partie des facteurs ayant
contribué au retour de la croissance économique. Ce qui s'est
suivi par un programme triennal (1997-2000) concluant et l'admission du
Cameroun au point de décision de l'Initiative en faveur des Pays Pauvres
Très Endettés (IPPTE). La mise sur pied de ces différentes
réformes a permis au Cameroun de retrouver le chemin de la croissance,
ce qui a eu un effet important sur les secteurs sociaux. C'est ainsi que dans
le secteur de l'éducation, l'on a assisté à la
multiplication des établissements scolaires, à la gratuité
de l'enseignement primaire, à l' amélioration des taux de
scolarisation et dans le domaine de la santé l'on a assisté
à la création des centres de santé ainsi qu'a la
gratuité de certains soins à savoir la tuberculose et l'octroi
gratuit des antis-rétroviraux(Banque Mondiale 2001).
Ces trois temps de l'évolution de
l'économie camerounaise peuvent s'observer à travers le graphique
ci-dessous qui représente l'évolution des taux de croissance au
Cameroun de 1961 à 2011.
Graphique 3.1: Evolution du PIB
camerounais sur la période 1961-2011
Source : Banque Mondiale
La figure 1 ci-dessus nous montre l'évolution des taux
de croissance du Cameroun de 1961 à 2011. En effet, au regard de cette
figure, il ressort que l'économie camerounaise alterne entre crises et
reprises. Malgré quelques années de croissance négative,
nous pouvons dire que l'économie camerounaise a connu une
hégémonie de 1965 à 1986 (accentué par le boom
pétrolier) atteignant son pic en 1978 avec un taux de croissance de
22,03%. A partir de 1978 tout s'effondre et c'est là le début de
la crise qui sévit jusqu'en 1994. Avec la dévaluation du FCFA en
Janvier 1994, l'économie camerounaise a renoué avec la
croissance bien sûr avec des taux en dessous de 5% qui ne sauraient
insuffler une dynamique de développement et engendrer une
amélioration du bien être social.
3.3.
L'EVOLUTION DU CONTEXTE SOCIAL
Le contexte social du Cameroun
peut s'analyser suivant plusieurs secteurs ; notamment les secteurs de
l'emploi, de l'éducation et de la santé. Nous allons
présenter dans cette sous- section le profil de l'emploi et de la
pauvreté, compte tenu des objectifs poursuivis dans cette
étude.
3.3.1. L'évolution de l'emploi
Une étude faite par Yogo(2005) montre qu'au Cameroun,
la double décennie 1965-1985, correspond à la période la
plus riche en emploi. Cela peut principalement s'expliquer par une croissance
robuste de 6% en moyenne annuelle sur cette période. Pour des raisons
symétriques, la période la plus pauvre en emploi est la
décennie 1985-1995. La reprise de 1995 s'est accompagnée d'un
regain de l'emploi qui connaît alors une évolution moyenne
annuelle de 4%. Par ailleurs, le secteur industriel semble avoir
été le plus touché par la crise, avec une perte d'emploi
en moyenne annuelle de 5,4%.
Le secteur des services semble au contraire y avoir
bénéficié. L'une des explications plausibles est la
facilité de reconversion dans le secteur informel des services. Il
serait, par exemple, plus facile à un individu ayant perdu son emploi
d'intégrer le marché de la vente des beignets que celui de la
fabrication des chaussures. Cette évolution peut être
représentée dans le graphique suivant.
00%
10,00%
5,00%
0,00%
-5,00%
Graphique 3.2: Evolution globale
de l'emploi au Cameroun
65-85
85-95
95-05
Global
Agricoleindustrielservices
Sources : Construction de Yogo (2005)
sur la base des données de l'INS et du WDI 2005.
Dans le même temps, il importe de relever la
modification continue de la structure des emplois. Ainsi le secteur agricole
évolue en sens inverse de tous les autres secteurs, mais demeure le
premier pourvoyeur d'emplois. L'emploi agricole accuse ainsi une baisse
continue. Cette baisse peut être imputable à l'urbanisation
progressive, à l'attrait des villes, et surtout à la baisse
progressive de la rentabilité de la production, notamment du fait de
l'enclavement et de la baisse des cours sur les marchés internationaux.
L'emploi industriel connaît une évolution très timide.
Ainsi de 6,30% de l'emploi entre 1965 et 1985, il représente au cours de
la décennie 1995-2005, 8,50% de l'emploi total, soit une variation de
34%. Le secteur des services est celui qui semble le plus s'enrichir en emploi
au cours du temps. Le volume de l'emploi dans ce secteur est passé de
17% sur la période 1965-1985 à 31% sur la dernière phase
de notre période d'étude. Il se peut que la
généralisation de l'emploi informel favorise l'émergence
de ce secteur, qui comme nous l'avons remarqué est peu sensible
à la conjoncture (Yogo 2005).
Aussi, on peut relever le niveau très
élevé de l'emploi informel qui culmine au dessus de tous les
autres. Ce niveau élevé pose un ensemble de problèmes au
rang desquels se trouve celui de la qualité des emplois occupés,
tant du point de vue de la protection sociale que de l'adéquation de la
rémunération aux besoins. Il pose également celui de la
comptabilisation de sa contribution dans le PIB. On peut joindre à ces
deux préoccupations celle de la productivité, qui
généralement y est très faible (idem). Cette structure des
emplois au Cameroun peut être représentée dans le graphique
ci-dessous.
90,00%
80,00%
70,00%
60,00%
50,00%
40,00%
30,00%
20,00%
10,00%
0,00%
Graphique 3.3 : Evolution de la structure de l'emploi au
Cameroun
Part moyenne des emplois sectoriels dans l'emploi
total
65-85
85-95
95-05
Agricoleindustrielserviceinformel
Secteursd'activité
Sources :
Construction de Yogo (2005) sur la base du WDI 2005
Par ailleurs, le rapport de la première phase de
l'Enquête su l'Emploi et le Secteur Informel (EESI II)
réalisée en 2010 indique une certaine stabilité dans la
structure de l'emploi depuis 200529(*), même si quelques changements mineurs sont
à signaler (INS 2010). Ce rapport présente le profil de l'emploi
global et de l'emploi informel depuis 2005.
3.1.1.1. Profil de l'emploi global depuis 2005
Selon l'Institut National de la Statistique (INS), les
personnes âgées de 10 ans ou plus, population cible de
l'enquête EESI, représentent près de 69% de la population
totale. Elle est constituée de 51,6% de femmes et 48,4% d'hommes. Au
Cameroun, 7 personnes de 10 ans et plus sur 10 étaient actives en 2010,
soit un taux d'activité de 69%. D'après le BIT, une personne est
active si elle fait partie de la population cible et détient ou
recherche un emploi.
Au Cameroun, une importante partie de la population entre
précocement sur le marché du travail notamment en milieu rural.
En effet, le taux d'activité des 10-14 ans avoisine ici les 50%, contre
15% en milieu urbain. Le taux d'activité avoisine les 100% chez les
individus de la tranche d'âge 35-49 ans. En milieu urbain, les personnes
avec un niveau d'instruction supérieur sont les plus actives tandis que
les non scolarisés le sont en milieu rural. Le taux d'emploi avoisine
les 66%, contre 68% en 2005. Il s'agit du rapport entre la population active
occupée et la population en âge de travailler. La baisse de ce
taux, bien que moindre, traduit une légère dégradation de
la situation d'emploi au Cameroun entre les 2 périodes. Toutefois, sa
proximité au taux d'activité montre la forte capacité de
l'économie camerounaise à utiliser ses ressources humaines (INS
2010).
Par région, les grands centres urbains (Douala et
Yaoundé) sont parmi les localités qui affichent les plus faibles
taux d'activité et d'emploi. L'exode rural vers ces villes, en
augmentant la population des inactifs et des chômeurs, expliquerait ceci.
Par contre, du côté des régions de l'Ouest, du Littoral
(hors Douala) et du Centre (hors Yaoundé), on enregistre les plus forts
taux d'activité et d'emploi, ces régions concentrant l'essentiel
des activités de l'agriculture informelle, principal pourvoyeur d'emploi
au Cameroun (idem).
Figure 3.1 : Evolution par
régions des emplois au Cameroun
Sources : INS d'après
données d'EESI II (2010)
3.1.1.2. Profil de l'emploi informel depuis 2005
Le secteur informel a fait l'objet de la 2ème phase de
l'EESI II dont le rapport n'a pas encore été rendu public par
l'INS. Toutefois, quelques chiffres concernant l'emploi informel ont
été publiés dans le rapport de la 1ère phase.
Ainsi, l'informel emploie 90,5% des actifs occupés au Cameroun,
proportion restée stable par rapport à 2005. 53% exercent dans
l'informel non agricole tandis que les 37,5% restants évolue dans
l'informel agricole. La tranche 15-34 ans serait la plus touchée.
L'évolution de la dynamique des emplois indique une baisse de l'emploi
informel agricole au profit de l'informel non agricole. En effet, la part de
l'informel agricole est passée de 76,4% avant 1999 à 22,9% en
2010, tandis que celle de l'informel non agricole a gagné plus de 40
points à 67% en 2010. Selon l'INS, ceci s'expliquerait par la
substitution des emplois du secteur primaire informel (agriculture,
élevage.) par ceux du tertiaire informel (petit commerce notamment) (INS
2010).
Au sens du BIT, le taux de chômage au Cameroun est
estimé à 3,8%. Il est en léger recul par rapport à
2005 (4,4%) en raison de quelques avancées économiques
réalisées grâce aux retombées de l'atteinte du
point d'achèvement en 2006(INS 2010). Elles auraient permis au
gouvernement de soutenir et de mettre en oeuvre des programmes et projets de
promotion de l'emploi (FNE, PIAASI, PAJER-U.) et de redynamiser les
recrutements dans la fonction publique. Cette nouvelle dynamique est de nature
à impacter positivement sur la pauvreté au Cameroun.
3.3.2. Situation de la
pauvreté en 2007 au Cameroun
La dynamique de réduction de la pauvreté
enregistrée à la fin de la décennie 90 avec une baisse de
13 points du taux de pauvreté monétaire qui est passé de
53,3 % à 40,2 % entre 1996 et 2001 ne s'est pas poursuivie jusqu'en
2007. En effet, ce taux est resté à 39,9 %, en décalage de
l'objectif de 37% retenu par le gouvernement dans le DSRP. Les performances
économiques en terme de taux de croissance moyen annuel du PIB n'ont pas
été suffisantes pour permettre au Cameroun de rester sur la
trajectoire des 7% de croissance réelle en moyenne annuelle jusqu'en
2015 (INS, 2007).
La forte réduction de la pauvreté
enregistrée au cours de la période 1996-2001 a laissé
place à une quasi-stabilité de la pauvreté
monétaire entre 2001 et 2007.
Entre 1996 et 2001, grâce aux effets conjugués de
la croissance économique et de la redistribution de ses
retombées, la pauvreté avait significativement baissé
(passant de 53,3% à 40,2%). Par contre, entre 2001 et 2007,
l'économie n'a pas enregistré les mêmes performances ;
d'où la quasi-stabilité de la pauvreté sur cette
période. Avec un taux de croissance démographique annuel de 2,7 %
environ et une stabilité du taux de pauvreté, le nombre de
personnes vivant en dessous du seuil de pauvreté de 269 443 FCFA
par équivalent adulte et par an est en augmentation ces dernières
années. Pourtant, la stabilité du cadre macroéconomique et
les opportunités offertes liées notamment à l'atteinte du
point de décision et du point d'achèvement de l'initiative PPTE
auraient pu permettre de renforcer les acquis et de relancer une croissance
pro-pauvre30(*) (INS,
2007).
L'analyse des tendances de la pauvreté laisse
apparaître une situation contrastée avec une légère
amélioration de la situation des populations urbaines. La
stabilité de la pauvreté observée au niveau national
masque un contraste frappant entre les milieux de résidence et entre les
régions. En milieu urbain, le taux de pauvreté monétaire
qui était de 17,9 % en 2001 a connu une baisse de 5,7 points sur la
période de 2001 à 2007, alors qu'il était en hausse de 3
points en milieu rural, et se situe à 55,0 % en 2007. L'aggravation de
la situation observée en milieu rural s'explique en partie par le fait
que les revenus d'activités n'ont pas crû à un rythme
suffisant pour permettre aux paysans de préserver leur pouvoir d'achat.
En effet, les prix d'achat aux producteurs n'ont pas évolué de
manière à permettre aux paysans de préserver leurs niveaux
de vie (INS, 2007).
En milieu urbain par contre, la situation semble être en
général moins difficile. Cette amélioration relative de la
situation est liée à la dynamique du secteur informel et au
paiement des titres salariaux à certains fonctionnaires. En effet, le
taux d'activités dans le secteur informel en milieu urbain est
allé croissant et s'établit à 80,6 % en 2007,
malgré la précarité des emplois créés et la
faiblesse des revenus tirés (INS, 2007).
Sur le plan régional, trois groupes se dessinent. Le
premier est celui des régions et villes ayant enregistré une
forte baisse du taux de pauvreté. Il s'agit de l'Ouest, du Sud-Ouest, du
Centre hors Yaoundé et de Yaoundé. Le deuxième groupe est
celui des régions et des villes où la pauvreté recule
modérément et ce sont : le Littoral hors Douala, le Sud, le
Nord-Ouest et Douala. Le troisième groupe est celui où
l'incidence de la pauvreté a augmenté. Il s'agit des
régions du Nord, de l'Extrême Nord, de l'Est et de l'Adamaoua
(INS, 2007).
La situation du premier et du deuxième groupe trouve
des explications dans la dynamique du secteur privé surtout en milieu
rural. Le secteur informel a aussi contribué à
l'amélioration des revenus en milieu urbain, tel qu'il ressort des
conclusions de l'enquête sur l'emploi et le secteur informel
réalisé en 2005. Pour le troisième groupe, plusieurs
facteurs structurels et conjoncturels expliquent leur situation. Malgré
la mise en oeuvre de plusieurs programmes et projets qui visent
l'amélioration des revenus et des conditions de vie des populations, des
calamités au rang desquelles les inondations, les déficits
pluviométriques chroniques et les criquets migrateurs continuent
d'impacter négativement le train de vie des populations (INS, 2007).
Les indicateurs sur les inégalités
révèlent aussi globalement une certaine stabilité. La
faible croissance enregistrée au cours de la période
étudiée ne s'est pas accompagnée d'une hausse des
inégalités. L'indice de Gini qui était de 0,416 en 1996
est passé à 0,404 en 2001 et à 0,390 en 2007 (INS,
2007).
L'analyse de certains indicateurs du cadre de vie des
populations révèle une amélioration. En effet
l'accès à certains biens et services tels que l'eau potable,
l'électricité, le téléphone et le ramassage
d'ordures s'est amélioré. Par exemple, le taux de possession de
téléphone mobile par ménage a littéralement
explosé en passant de 8 % en 2001 à près de 45% en 2007
(INS, 2007).
Il faut cependant noter que cette embellie profite
principalement aux villes, car dans les campagnes, l'accès à
l'eau potable, à l'électricité et aux toilettes
décentes a tendance à se détériorer.
Tableau 3.1 : Pourcentage des ménages
ayant accès aux commodités en 2001 et 2007
|
2001 (%)
|
2007(%)
|
Urbain
|
Rural
|
Total
|
Urbain
|
Rural
|
Total
|
Accès à l'eau potable
|
61,1
|
29,3
|
40,6
|
75,1
|
27,7
|
45,3
|
Eclairage électrique
|
88,2
|
24,6
|
46,8
|
90,4
|
23,4
|
48,2
|
Toilettes décentes
|
75,2
|
25,4
|
42,8
|
66,4
|
14,2
|
33,6
|
Ramassage des ordures
|
46,1
|
1,3
|
17,0
|
52,1
|
2,0
|
20,6
|
Murs en matériaux définitifs31(*)
|
69,8
|
63,2
|
65,5
|
79,1
|
68,6
|
72,5
|
Sol en matériaux définitifs
|
88,4
|
28,2
|
49,2
|
88,3
|
28,5
|
50,6
|
Toit en matériaux définitifs
|
99,5
|
66,3
|
77,9
|
99,3
|
64,6
|
77,5
|
Possession d'un téléphone mobile
|
19,9
|
1,0
|
7,6
|
81,4
|
23,4
|
44,9
|
Source : ECAM 2, ECAM 3, INS.
Par ailleurs, le profil demeure préoccupant. Le seuil
de pauvreté monétaire en 2007 est de 269 443 FCFA par
équivalent adulte et par an, soit 22 454 par mois. Ce montant, qui
est le minimum nécessaire pour satisfaire les besoins essentiels de
l'individu, comprend toute la consommation finale. C'est dire qu'un travailleur
gagnant juste le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) de 28 265
par mois en 2007, qui vit seul et ne bénéficie d'aucun revenu
additionnel en nature (autoconsommation des produits du champ, logement comme
propriétaire.) parvient à peine à satisfaire ses besoins
essentiels. Dès lors qu'il doit supporter une personne
supplémentaire dans son ménage, il bascule dans la
pauvreté (INS, 2007).
Les indicateurs qui caractérisent le profil de
pauvreté sont les suivants : (i) le taux de pauvreté qui est
situé à 39,9 % indique le pourcentage de la population en dessous
du seuil de pauvreté ; (ii) la profondeur de la pauvreté se
situe à 12,3 % , elle mesure l'écart moyen entre la
dépense annuelle de consommation par équivalent adulte des
ménages pauvres et le seuil de pauvreté ; et (iii) la
sévérité de la pauvreté, qui traduit les
inégalités entre les pauvres, est évalué à
5% (INS, 2007) .
La pauvreté semble être plus élevée
dans les ménages dirigés par les hommes que ceux dirigés
par les femmes. En effet sur 10 ménages dirigés par les hommes,
au moins 4 sont pauvres. Pour ceux dirigés par les femmes, le rapport
est de 3 pour 10 (INS, 2007). Cette situation se justifierait partiellement par
la petite taille des ménages dirigés par les femmes et les
transferts reçus des tiers par ces ménages.
Plus le chef de ménage est instruit, plus le
ménage a de chances d'échapper à la pauvreté. Le
taux de pauvreté dans les ménages dont le chef de ménage
n'a jamais été à l'école est 15,2 fois plus
important que celui observé dans les ménages dont le chef a suivi
des études supérieures. Ceci traduit une fois de plus le fait que
le niveau d'instruction, élément important du capital humain
reste un facteur déterminant de la lutte contre la pauvreté.
Les exploitants agricoles sont mal lotis. Ceux-ci sont
constitués des paysans et d'éleveurs installés dans les
zones rurales et à près de 60% pauvres (INS, 2007). Cette
situation s'explique par la faiblesse des rendements et des difficultés
d'écoulement de leurs produits à des prix
rémunérateurs.
Comme en 2001, la pauvreté sévit beaucoup plus
en zone rurale. En effet, en 2007, plus de la moitié des individus sont
pauvres en milieu rural alors que seulement 12,2 sont pauvres dans les villes
d'au moins 50 000 habitants. Dans les deux métropoles que sont
Yaoundé et Douala, environ une personne sur vingt est pauvre, contre
quatre personnes sur vingt dans les autres villes. Les disparités
observées sont probablement tributaires des opportunités
d'accès au revenu qu'ont les populations dans leur milieu de
résidence (INS, 2007).
S'agissant des déterminants de la pauvreté en
2007, nous pouvons noter que : la croissance économique ; la
gestion des ressources publiques et certaines caractéristiques des
ménages déterminent le niveau de pauvreté (INS, 2007).
La croissance économique observée entre 2001 et
2007 peut être qualifiée « d'appauvrissante »
dans la mesure où elle n'a pas eu d'influence positive sur la
réduction de la pauvreté au Cameroun. Pourtant, cette
période a été caractérisée par de nombreuses
réformes macroéconomiques visant à relancer la croissance
économique avec en prime l'atteinte du point d'achèvement de
l'initiative PPTE en Avril 2006. Cette croissance économique a
été absorbée par la croissance démographique. Car
durant la période 2001-2007, la population a continué à
croître de l'ordre de 2,7 % (INS, 2007) en moyenne par an avec un indice
synthétique de fécondité qui n'a pas baissé (5
enfants en moyenne par femme).
La corruption et la mauvaise gouvernance sont des freins au
développement économique et social. Généralement,
la corruption et la mauvaise gouvernance favorisent les investissements
improductifs, accroissent le coût des biens et services et conduisent
à un déclin de la qualité de tout service et de tout
système de production. Même si ce phénomène semble
en net recul depuis 2001, les ménages en ont énormément
souffert notamment dans les services publics. Suivant les déclarations
des ménages, il y aurait une baisse de la corruption dans les secteurs
de l'éducation, de la santé, de la police et de la justice.
Cependant de manière générale, près de 9 personnes
sur 10 pensent que la corruption reste un phénomène majeur pour
le pays (INS, 2007).
Les ménages sont en général peu
satisfaits des prestations des sociétés d'Etat
privatisées. Si la privatisation des sociétés d'Etat avait
pour but de réduire les dépenses de l'Etat et d'améliorer
la qualité des prestations des services offerts, alors il faut noter que
les prestations dans leur majorité, ne sont pas satisfaisantes. C'est
ainsi que respectivement 81,4% et 63% des ménages ne sont pas satisfaits
des prestations de AES-SONEL et de SNEC/CAMWATER (INS, 2007).
Le nombre de personnes dans un ménage est un
déterminant de la pauvreté. La taille du ménage
détermine significativement le niveau de vie du ménage. En effet,
la taille moyenne des ménages pauvres est de 6 personnes contre 3 pour
les non pauvres (INS, 2007). Plus le nombre des personnes à charge est
élevé, plus le ménage est vulnérable et s'expose
à la pauvreté. Le niveau d'instruction du chef de ménage
améliore le bien-être du ménage.
La possession des parcelles de terrain et l'appartenance
à une association améliorent la consommation et le
bien-être des ménages. Le fait d'appartenir à une
association quelconque améliore le niveau de consommation par
équivalent adulte de 9 % et 10 % respectivement en milieu rural et en
milieu urbain. Les associations jouent un rôle important dans
l'amélioration de l'accès au crédit et dans les transferts
sous forme d'aide permettant ainsi aux ménages de financer des
activités génératrices de revenu.
L'enclavement des zones rurales est l'un des facteurs
d'exclusion de certains ménages du marché, contribuant de ce fait
à la détérioration de leur niveau de vie. L'enclavement
des campagnes induit des coûts de transactions élevés qui
réduit le bien-être des populations. Ces populations mettent
généralement beaucoup de temps pour atteindre les infrastructures
de base (route bitumée, marché.).
La situation de la pauvreté en 2007 au Cameroun peut
être généralisée comme suit :
- Seuil de pauvreté : 269 443 FCFA par an
(soit 738 FCFA par jour ou 22 454 FCFA par mois) ;
- Taux de pauvreté en 2007 : 39,9 %, 7,1 millions
de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté (Résultats
préliminaires ECAM 3) ;
- Taux de pauvreté suivant les caractéristiques
du chef de ménage :
v Milieu de résidence :
Milieu urbain : 12,2 %
Milieu rural : 55,0 %
v Groupe socioéconomique :
Salarié public : 10,0 %
Privé formel : 9,6 %
Informel agricole : 59,6 %
Informel non agricole : 23,0 %
Chômeur : 11,9 %
Retraité : 13,5 %
Autres inactifs : 34,2 %
v Taille du ménage :
1 personne : 7,1 %
2- 3 personnes : 17,8 %
4-5 personnes : 33,2 %
6-7 personnes : 44,2 %
8 personnes et plus : 57,6 %
v Niveau d'instruction :
Non scolarisé : 63,9 %
Primaire : 42,6 %
Secondaire 1er cycle : 24,6 %
Secondaire 2nd cycle : 11,9 %
Supérieur : 4,2 %
Graphique 3.4: Evolution
de l'incidence de pauvreté
Sources : INS
2007
3.4. CONCLUSION
Ce chapitre avait pour objectif de présenter
l'évolution économique et sociale du Cameroun. Ainsi la
présentation de l'évolution économique avec un accent
particulier mis sur le PIB nous a permis de constater que sur la période
1961-2011, le Cameroun a enregistré une moyenne annuelle de 3,5% du PIB
avec le plus haut niveau (22) enregistré en 1978 et le plus bas niveau
(-10,9) enregistré en1967. Le profil de l'emploi présenté
dans l'évolution du contexte social indique que, la double
décennie 1965-1985, correspond à la période la plus riche
en emploi par opposition à la décennie 1985-1995 qui se trouve
être la période la plus pauvre en emploi. Par ailleurs la
présentation de la situation de la pauvreté en 2007 montre qua la
forte réduction de la pauvreté enregistrée au cours de la
période 1996-2001 a laissé place à une
quasi-stabilité de la pauvreté monétaire entre 2001 et
2007. L'étude des liens entre ces variables que sont le PIB, l'emploi et
la pauvreté dans le contexte camerounais nécessite une
méthodologie particulière pour se faire.
Chapitre 21 CHAPITRE IV: METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
4.1. INTRODUCTION
Le but de ce travail est de mesurer l'intensité globale
en emploi de la croissance économique et celle des différents
secteurs de l'économie ainsi que les contributions de ces secteurs au
changement de la pauvreté au Cameroun. Ainsi, nous donnons dans ce
chapitre la nature et la source des données utilisées, faisons
une description des variables et présentons la méthode d'analyse
ainsi que les différents tests.
4.2. NATURE ET SOURCES DES DONNEES.
Les données que nous utilisons dans cette recherche
sont de source secondaire ; elles proviennent des bases de données
de la Banque Mondiale (World developementIdicators 2011, World Bank Africa Data
Indicators) et de l'Institut Nationale de la Statistique du Cameroun (INS).
Celles provenant de l'INS sont des données d'enquêtes notamment
les Enquêtes sur l'Emploi et le Secteur Informel(EESI) et les
Enquêtes Camerounaises Auprès des Ménages (ECAM)
effectuées par le Gouvernement du Cameroun.
En effet, l'EESI est réalisée par l'INS avec
l'appui financier du Gouvernement du Cameroun, de l'Union Européenne et
du BIT. Elle a bénéficié de l'appui technique d'AFRISTAT
et de l'INSEE et, est une enquête statistique nationale à deux
phases dont la première vise à appréhender l'emploi
(Enquête sur l'Emploi) et la seconde à évaluer les
activités économiques du secteur informel non agricole
(Enquête sur le Secteur Informel). Elle fait partie des opérations
retenues dans la Stratégie Nationale de Développement de la
Statistique (SNDS) pour le suivi et l'évaluation des actions entreprises
dans le cadre du DSCE qui intègre comme préoccupation, l'atteinte
des Objectifs du Millénaire pour le Développement. L'EESI est une
enquête quinquennale, la première ayant été
réalisée en 2005 (EESI 1) et la deuxième en 2010 (EESI 2).
Elle vise globalement à fournir aux utilisateurs une batterie
d'indicateurs : la première phase fournit les informations sur le
marché du travail, les conditions et les revenus d'activité ; la
seconde permet d'apprécier la contribution du secteur informel à
l'économie, en termes d'emploi et de valeur ajoutée. En plus des
thématiques couvertes en 2005, l'EESI 2 aborde la question du dialogue
social. La base de sondage utilisée pour la première phase est
fournie par la cartographie actualisée du troisième Recensement
Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 2005. Elle a
permis de sélectionner de manière aléatoire un
échantillon de 8160 ménages stratifié selon les dix
régions et le milieu de résidence (INS, 2010).
Par contre, les enquêtes ECAM ont été
destinées à recenser les différentes variations sur le
niveau de vie des ménages ; alors que ECAMI (1996) concernait
près de 1731 ménages, ECAM II (2001) s'est adressé
à 10992 ménages. Quant à ECAM III, elle a porté sur
11392 ménages et s'est déroulé en 2007. Cette
différence importante de taille de l'échantillon a eu des
implications sur la stratification du pays. Pour ECAM I, six strates ont
été retenues : Yaoundé, Douala, les autres villes (d'au
moins cinquante mille habitants selon les estimations de 1995), la
région Coton-Elevage dite «Rurale savane» (localités
rurales des provinces septentrionales : Extrême-Nord, Nord et Adamaoua),
la région Cacao dite «Rurale Forêt» (localités
rurales des provinces du Centre, du Sud, et de l'Est) et la région
Café dite «Rural Hauts plateaux» (localités rurales des
provinces de l'Ouest, du Nord-Ouest, du Sud-ouest et du Littoral). Pour ECAM
II, 22 strates ont été retenues : Douala, Yaoundé, le
milieu urbain et le milieu rural de chacune des dix provinces. Outre la
faiblesse de la taille de l'échantillon de ECAM I, le milieu rural y est
sous représenté, puisqu'il ne compte que 628 ménages sur
les 1731 ménages enquêtés (INS 2010).
4.3. SPECIFICATION DU MODELE ET METHODE D'ESTIMATION
Nous procédons en deux
étapes. Tout d'abord, nous calculons les élasticités
globale et sectorielle de l'emploi à l'aide de la méthode de
calcul de l'élasticité point32(*) proposée par Kapsos(2005)pour tester la
première hypothèse et ensuite nous employons le modèle de
décomposition présenté par Ravallion et Huppi (1991)
basé sur la valeur de Shapley (1953) tout en exploitant la
propriété additive de la classe FGT de mesures pour
décomposer le changement total de la pauvreté en effets
intra-sectorielet intersectoriel de l'emploi33(*)(test de la seconde hypothèse).
4.3.1. Mesure de l'intensité en emploi de la croissance
économique : la méthode du calcul de
l'élasticité point
Cette méthode consiste à effectuer une
estimation économétrique d'une fonction de l'emploi ayant comme
arguments la production et une variable muette qui capte les modifications
structurelles liées au temps. L'estimation va se faire en deux
phases : nous allons d'abord calculer l'élasticité globale
de l'emploi à la production et ensuite, nous allons évaluer la
réaction de chaque secteur d'activité à la variation de la
production. L'élasticité point est donnée par
l'équation suivante :
[1]
L'emploi à la date t est ainsi donné en fonction
de la production à la période t, d'une variable muette que
multiplie la production, de la variable muette isolée et du terme
d'erreur. En différenciant l'équation [1] par rapport au temps,
on obtient
[2]
Pour pouvoir tenir compte de l'effet plausible des variables
autres que celles introduites dans le modèle sur la relation [1], nous
avons tenu à y introduire deux autres variables, à savoir le
salaire réel noté « Sr » et le taux d'ouverture
noté « open ». Le salaire réel est obtenu en divisant
l'indice général des salaires par le déflateur du PIB. Le
taux d'ouverture quant à lui est obtenu en calculant le rapport entre la
somme des importations et des exportations et le PIB (Kapsos2005). La nouvelle
expression de l'élasticité point qu'il convient d'appeler le
modèle de Kapsos(2005) augmenté est alors la suivante :
[3]
L'estimation de cette équation va se faire en
affectant à la variable « emploi » respectivement la valeur de
l'emploi total, celle de l'emploi agricole, l'emploi industriel et l'emploi
dans les services. La valeur de l'élasticité est égale
à la somme des paramètres â1 et
â2 lorsque ceux-ci sont tous les deux significatifs. Dans le
cas contraire, on ne tient compte que du coefficient du PIB.
4.3.1.1.
Propriétés statistiques des variables utilisées
Avant de faire les estimations, nous allons procéder
à une analyse exploratoire de nos données. Dans cette
étape, il s'agit d'étudier l'évolution et le comportement
de nos variables dans le temps. Ceci nous permet d'éviter de faire des
estimations qui n'ont aucune signification économétrique
«spuriousregressions ou régressions fallacieuses» au cas
où les données ne sont pas stationnaires. Il convient d'en
étudier les caractéristiques stochastiques (espérance et
variance). Si elles se trouvent modifiées dans le temps, la série
est considérée comme non stationnaire; dans le cas d'un processus
stochastique invariant, la série est alors stationnaire. Nous allons
effectuer un test de stationnarité pour déterminer la nature des
variables. Cette étape est nécessaire car elle permet de trouver
la meilleure méthode d'estimation à utiliser pour l'analyse. Elle
est par ailleurs importante parce que l'application au hasard d'une
méthode d'estimation peut conduire à des résultats
fallacieux et aussi dans la mesure où l'hypothèse de
l'indépendance entre la variable explicative et l'erreur n'est pas
respectée.
4.3.1.2. Les différents tests statistiques
à appliquer et méthode d'estimation
Pour déterminer la méthode d'estimation
adéquate pour l'estimation de notre modèle, nous devons tester la
stationnarité des variables, l'autocorrélation des résidus
ainsi que l'hétéroscedasticité.
L'hétéroscedasticité qualifie les
données qui n'ont pas une variance constante. Elle ne biaise pas
l'estimation des coefficients, mais l'inférence habituelle n'est plus
valide puisque les écarts types trouvés ne sont plus les bons. Le
test de BREUSCH PAGAN et WHITE permet de la détecter. L'idée de
base est de vérifier si les carrés des résidus sont
expliqués par les variables du modèle ; auquel cas il y a
hétéroscédasticité. C'est un test statistique qui
utilise la statistique F (Fisher). L'interprétation consiste à
comparer les valeurs critiques aux valeurs obtenues de la statistique
concernée. Si la valeur de la statistique F obtenue est supérieur
à la valeur critique, on rejette l'hypothèse nulle. On note aussi
que les résultats statistiques sont souvent donnés sous la forme
de « P-value » dans stata, un nombre compris entre 0 et 1
qui indique la probabilité sous Ho d'obtenir la valeur trouvée.
Ainsi, si la P-value est inférieure à la
valeurdésirée de (5% par exemple), on rejette l'hypothèse nulle. Cette
hypothèse nulle suppose ici que tous les coefficients de la
régression des résidus au carré sont nuls. Autrement dit,
les variables du modèle n'expliquent pas la variance observée
donc il yahomoscédasticité. L'hypothèse alternative est
celle de l'hétéroscédasticitéet signifie que
l'hypothèse nulle est rejetée
(«P-value »<alpha).
L'étude de la stationnarité s'effectue
essentiellement à partir de l'analyse des fonctions
d'autocorrélation ou de leur représentation graphique
appelée corrélogramme. Dans le cadre de ce travail de recherche,
nous vérifions la stationnarité des variables à l'aide du
test de Dickey-Fuller Augmenté qui tient compte de
l'autocorrélation des erreurs dans le temps. Il est celui qui est le
plus utilisé pour le cas des séries temporelles à cause de
sa maniabilité. L'application de ce test nous a permis de constater que
nos variables son stationnaires à niveau : ce qui nous
emmène à utiliser la méthode des moindres carrés
ordinaires (MCO) pour l'estimation des paramètres de notre
modèle.
Pour tester la significativité des paramètres et
celle du modèle, nous allons effectuer respectivement le test individuel
t de Student et le test global de Fischer.
a) Le test t de
Student
Il est applicable lorsque la taille de l'échantillon
est inférieure à 30. Au cas contraire, la valeur lue dans la
table sera celle correspondant à la valeur infinie ou celle de la table
de la loi normale (Bourbonnais, 2002). Il se déroule ainsi :
après avoir défini un seuil de significativité (on choisit
généralement 5%, mais parfois on retient 1 ou 10%), on
détermine le degré de liberté qui est égal à
n-k-1 (n est la taille de l'échantillon, k est le nombre de variables
exogènes) et on pose les hypothèses à tester.
Ø l'hypothèse nulle (H0) : 0
Ø l'hypothèse alternative (H1) :
0
Pour la valeur estimée d'un paramètre, la valeur
calculée de la statistique s'obtient à partir de la formule
suivante :
valeur estimée du paramètre = (valeur
estimée - valeur réelle)/ écart-type de la valeur
estimée du paramètre.
Le calcul de cette valeur nous permet de la comparer à
la valeur lue dans la table qui est : pour une valeur de choisie. Si, alors, on accepte l'hypothèse nulle et on conclut que le
paramètre n'est pas significatif.
b) Significativité globale du
modèle : le test de Fisher
Ce test permet de s'assurer de la qualité du
modèle à représenter convenablement le
phénomène étudié. Il s'effectue sur la base de la
valeur du coefficient de détermination R2 (Chauvat, 2003).
Comme le test précédent, on choisit d'abord un seuil de
signification, puis, on cherche la valeur calculée de la statistique sur
la base de la formule :. Cette valeur est comparée à celle lue dans la table de
Fischer à (k-1, n-k-1) degré de liberté. Les
hypothèses sur lesquelles repose ce test sont les suivantes :
Ø l'hypothèse nulle (H0) : tous
les paramètres du modèle sont nuls ;
Ø l'hypothèse alternative (H1) :
au moins un paramètre est différent de zéro.
La règle de décision est la suivante :
si, on accepte l'hypothèse nulle.
Demeke et al (2003), pensent que l'analyse de
l'élasticité croissance emploi a une signification si on tente
d'observer corrélativement l'évolution de la productivité
du travail. Il se peut en effet, qu'une élasticité
élevée, couplée à une productivité du
travail faible traduise une création hautement élevée
d'emplois appauvrissant. L'analyse de la corrélation entre l'emploi et
sa productivité peut se faire suivant l'interprétation de
l'élasticité emploi.
4.3.1.3. Interprétation de l'élasticité emploi
Tableau 4.1. Relation entre l'emploi et sa
productivité
Elasticité de l'emploi
|
Croissance (PIB)
|
|
Expansion
|
Récession
|
å
|
(-) accroissement de l'emploi
(+) accroissement de la productivité
|
(-) accroissement de l'emploi
(+) accroissement de la productivité
|
0= å=1
|
(+) accroissement de la production
(+) accroissement de la productivité
|
(-) accroissement de l'emploi
(+) accroissement de la productivité
|
å >1
|
(-) accroissement de l'emploi
(+) accroissement de la productivité
|
(-) accroissement de l'emploi
(+) accroissement de la productivité
|
Source : Kapsos(2005)
De ce tableau, on retient que pendant les périodes
d'expansion économique, une élasticité de l'emploi
négative (å ) traduit une évolution négative de l'emploi et une
évolution positive de la productivité ; une
élasticité de l'emploi comprise entre 0 et 1 (0=
å=1)34(*)
correspond à une évolution positive de l'emploi et de la
productivité , avec une haute intensité en emploi (faible
productivité) lorsque l'élasticité tend vers 1 ; une
élasticité supérieure à 1(å >1)
correspond à une évolution positive de l'emploi et une
évolution négative de la productivité.
Pendant les périodes de récession
économique, l'interprétation de l'élasticité de
l'emploi vis-à-vis de l'accroissement de l'offre quantitative de
l'emploi ainsi que l'accroissement de la productivité est exactement
l'opposé de l'interprétation faite pendant les périodes
d'expansion (Kapsos 2005).
4.3.2. Détermination des contributions sectorielles du marché du
travail dans la réduction de la pauvreté: la méthode de
décomposition du changement de la pauvreté
Nous utilisons l'indicateur de pauvreté FGT35(*) représenté par
qui permet d'identifier les facteurs qui expliquent les changements
observés dans la pauvreté totale entre deux périodes t
(1996) et t+n (2001). Les facteurs en étude ici sont les effets
intra-sectoriel et intersectoriel du marché du travail sur la variation
de la pauvreté. Si fket représentent respectivement la taille de la population (taille
de la main d'oeuvre) et le niveau de pauvreté du secteur , la propriété décomposable de la famille de
mesures de la pauvreté nous permet d'écrire l'expression :
Le changement total de la pauvreté entre la
période t et la période t+n est donné par : [4]
L'objectif ici est d'expliquer la variation totale de la
pauvreté en termes de variation de la pauvreté intra-sectorielle de
l'emploi et les migrations intersectorielles de la main d'oeuvre
a) Décomposition
sectorielle suivant l'approche de Ravallion et Huppi
Pour analyser les sources des réductions
observées de la pauvreté globale on emploie
généralement le modèle de décomposition
présenté par Ravallion et Huppi (1991) tout en exploitant la
propriété additive de la classe FGT de mesures. On cherche se
faisant à expliciter l'importance relative des modifications
constatées à l'intérieur des secteurs du marché du
travail (effets intra-sectoriels) par opposition aux modifications entre les
secteurs, comme celles qui résultent des déplacements de la
population ou de la main-d'oeuvre entre différents secteurs (effets
intersectoriels).
Pour voir de quelle manière il est possible de
procéder, on pose que Pák est la mesure de
pauvreté FGT pour le secteur K qui comprend la proportion
fK de la population à la date t. Sachant qu'il
existe m secteurs de ce type et que t = t0 et t+n. il est
aisé de vérifier que :
(Effets intra-sectoriels)
(Effets intersectoriels)
(Effets d'interaction) [5]
Toute les sommations étant effectuées pour
k=1,...,m. les « effets intra-sectoriels » indiquent la
contribution des modifications de la pauvreté à
l'intérieur des secteurs, lorsque l'on bloque les proportions de la
population incluses dans chaque secteur au niveaux constatés à la
période de base, tandis que les « effets des
déplacements de la main d'oeuvre » indiquent dans quelle
mesure la pauvreté à la date initiale a été
réduite par les diverses modifications des parts de la population dans
chaque secteur entre cette date et la seconde. Les « effets
d'interaction » sont dus à l'existence éventuelle d'une
corrélation entre les gains sectoriels et les déplacements de
population, et leur signe indique si la population à tendance ou non
à se déplacer vers les secteurs dans lesquels la pauvreté
est en baisse.
Cette approche de décomposition de la pauvreté
totale est limitée voire inexacte à cause de la présence
de « l'effet d'interaction » ou résidus. Pour
pallier à cette insuffisance nous faisons recours à l'approche de
décomposition sectorielle proposée par Shapley (1953) qui
élimine les « effets d'interaction » en assignant
plus significativement la variation de la pauvreté aux « effet
intra-sectoriel » et « intersectoriel ».
b) La décomposition
sectorielle suivant l'approche de Shapley
Présentation de la valeur de Shapley :
L'analyse distributive se propose de déterminer
l'importance accordée à chaque facteur qui entre en compte dans
l'amélioration des conditions de vie. Cette préoccupation est
similaire aux problèmes longtemps rencontrés dans la
théorie des jeux coopératifs et qui trouvent solution dans une
littérature récente portant sur la valeur de Shapley
(voireShorroks 1999, Kaboré 2002, Araar 2003 et Baye 2011). Ainsi,
Shapley(1953) propose trois axiomes qui constituent le fondement de son
analyse. Pour (k, ), la valeur espérée du joueur k dans le jeu
ayant pour fonction caractéristique avec K= {1, 2,.......k,......m} est un ensemble fini de
joueurs. Les sous-ensembles non vides de K sont appelés des
coalitions.
Pour accomplir le processus de division, les joueurs doivent
former des coalitions et la force de chaque coalition étant l'expression
de la fonction caractéristique . Pour toute coalition ou sous-ensemble de s=k, (s) mesure la part du gain ou de la perte que la coalition
s est capable d'obtenir sans coopérer avec les joueurs
appartenant à une autre coalition.
Les axiomes de Shapley exigent donc que :
- L'expression, sk(k, ) doit être symétrique (ou anonyme).
C'est-à-dire qu'elle doit être indépendante des facteurs
notés1, 2,.....,m
- La décomposition doit être efficiente.
C'est-à-dire exacte et additive tel que
Cela revient à dire que les contributions intuitives
des différents facteurs en jeu doivent former des portions, de sorte
qu'il n'existe pas de concepts vagues tels que les résidus ou l'effet
d'interaction pour garantir l'identité de la décomposition.
L'unique fonction qui satisfait aux axiomes de Shapley est
donnée par la valeur de Shapley (Shapley 1953, Young 1985) :
[6]
Où par convention 0!=1 et ( ) = 0. La valeur de Shapley dans l'équation [6] s'obtient en
s'imaginant que les joueurs adhèrent au jeu de façon
aléatoire.
La valeur de Shapley du joueur est la valeur moyenne de la contribution marginale de ce joueur dans
l'ensemble des coalitions
c) Application de la valeur de Shapley à la
décomposition sectorielle
A présent, au lieu des joueurs, nous considérons
les facteurs qui expliquent le changement de la pauvreté. Ainsi, notons
W pour représenter les « effets
intra-sectoriels » et B les « effets des
déplacements de la main d'oeuvre entre les différents
secteurs » ou « effets intersectoriels ». Ceci
implique que l'équation [4] peut se réécrire en utilisant
la fonction caractéristique v telle que Ici, nous avons seulement deux facteurs et leurs deux séquences
d'élimination sont données par {W, B} et {B,
W}. La valeur de la contribution marginale des effets intra-sectoriels,
W et intersectoriels, B du marché du travail est
respectivement présentée dans les panels (a) et (b) du tableau
4.2 ci-dessous.
De ce tableau, on peut déduire les contributions de
Shapley des effets intra-sectoriels (W) (équation [7]) et
intersectoriels(B) (équation [8]) comme la mesure moyenne de
leur contribution marginale ÄP :
Tableau4.2 : application de la valeur de Shapley
(équation [6]) dans la prise en en compte de la détermination des
effets intra-sectoriels et intersectoriels
|
S
|
S
|
|
(contributions marginales)
|
Panel (a)
N° des facteurs dans S avant élimination de W
|
2
|
2
|
0,5
|
|
1
|
1
|
0,5
|
|
Panel (b)
N° des facteurs dans S avant éliminations de B
|
2
|
2
|
0,5
|
|
1
|
1
|
0,5
|
|
[7]
[8]
Lorsque les effets intra-sectoriels sont absents, W
prend la valeur 0 et la variation de la pauvreté
(ÄPá) dans la classe de mesures FGT dans
l'équation (1) devient :
[9]
Eliminer les migrations de la main-d'oeuvre entre les
différents secteurs du marché du travail équivaut à
fixer B= 0 et la variation de la pauvreté dans la classe des
mesures FGT devient :
[10]
L'expression complète des contributions de Shapley pour
W et B telles que exprimées dans les équations
[4] et [5] pour la classe des mesures Pá de la
pauvreté est donnée par les équations [8] et [9]
respectivement.
[11]
Suivant la même procédure pour la contribution du
facteur B, nous obtenons :
[12]
L'équation [1] expliquant la variation totale de la
pauvreté peut à présent se réécrire en
termes d'effets de la variation de la pauvreté à
l'intérieur des secteurs et des migrations de la main-d'oeuvre entre
secteurs du marché du travail de la manière suivante :
= Effets intra-sectoriel + effets intersectoriel [13]
4.4. CONCLUSION
Ce chapitre avait pour objectif de donner la nature, la source
des données utilisées et de faire une description des variables
ainsi que la présentation des modèles et les méthodes
d'analyse que nous allons mobiliser pour analyser les données dans cette
recherche. Ceci étant, nous avons montré que l'utilisation de la
méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) va nous permettre
d'estimer le modèle de calcul de l'élasticité point
proposé par Kapsos(2005) dans le but de déterminer
l'intensité en emploi de la croissance. Pour tester la
significativité globale de ce modèle ainsi que celle de ses
paramètres, nous avons décidé d'effectuer respectivement
le test global de Fischer et le test individuel t de Student qui ont
été précédé du test de Dickey-Fuller
Augmenté permettant d'étudier la stationnarité des
variables. Par ailleurs nous optons pour l'approche de décomposition de
Ravallion et Huppi(1991)basée sur la valeur de Shapley(1953) en
exploitant la propriété additive de la classe FGT de mesures pour
atteindre notre second objectif qui est celui de l'analyse des effets des
différents secteurs du marché du travail sur la variation totale
de la pauvreté. La présentation des différents
résultats issus de l'application de ces différentes
méthodes ainsi que leur discussion fera l'objet du chapitre suivant.
Chapitre 22 CHAPITRE V : RESULTATS ET DISCUSSIONS
5.1. INTRODUCTION
Le chapitre précédent nous a permis de
présenter l'approche méthodologique que nous avons suivie dans
cette recherche. Les données que nous avons utilisées (WDI 2011,
WBADI 2012, ECAM 1 et ECAM 2) ont été analysées
à l'aide des logiciels SPSS 10.0, DASP_v2.2 et DAD4.6. Les estimations
ont été faites à l'aide du logiciel Eviews. Notre
première hypothèse stipulant que la croissance économique
a un impact positif sur l'offre quantitative (globale et sectorielle) du
travail nous a conviés à faire une estimation
économétrique d'une fonction de l'emploi tandis que la
secondeaffirmant que les effets intra-sectoriel et intersectoriel du
marché du travail contribuent positivement à la réduction
de la pauvreté au Camerouna été testée moyennant
une approche par la décomposition du changement total de la
pauvreté. L'estimation de la fonction de l'emploi s'est faite en deux
phases : nous avons d'abord calculé l'élasticité
globale de l'emploi à la production et ensuite, nous avons
évalué la réaction de chaque secteur d'activité
à la variation de cette production. Pareillement, nous avons
procédé en deux phases pour tester la seconde
hypothèse : nous avons d'abord procédé à la
détermination du changement de la pauvreté suivant les indices
FGT avant de décomposer par la suite ces indices en effets
intra-sectoriel et intersectoriel (migrations de la main d'oeuvre entre les
différents secteurs) du marché du travail. Les résultats
de ces estimations et de cette décomposition ainsi que leur
interprétation et discussion feront donc l'objet des sections qui vont
suivre. Dans un premier temps, nous présentons les résultats
issus des tests de nos deux hypothèses ainsi que leurs
interprétations et dans un second temps, nous faisons une discussion
globale de ces résultats.
5.2. RESULTATS DES ESTIMATIONS ET DE LA DECOMPOSITION
Avant de faire des estimations, nous avons tout d'abord
procédé à une vérification de la
stationnarité de nos variables.
5.2.1. Résultats du test de stationnarité
Comme mentionné au chapitre précédant, la
stationnarité des variables a été vérifiée
à l'aide du test de Dickey Fuller Augmenté. La synthèse
des résultats de ce test se trouve dans le tableau 5.1
ci-dessous :
Tableau
5.1 :Synthèse des résultatsdu test de
stationnarité
Test de Dikey Fuller Augmenté (DFA) à niveau
c'est-à-dire I(0)
Types de test
Variable
|
Avec constante
|
Avec constante et trend
|
Degré d'intégration
|
InPIB
|
-2,656660*
|
-3,653885*
|
I(0)
|
InVAA
|
-0,310420
|
-3,350495*
|
I(0)
|
InVAI
|
-3,328531**
|
-2,346945
|
I(0)
|
InVAS
|
-3,312119**
|
-2,068038
|
I(0)
|
InET
|
-2,221097
|
-3,547228*
|
I(0)
|
InEA
|
-0,730974
|
-4,619067***
|
I(0)
|
InEI
|
-3,303667**
|
-3,354154*
|
I(0)
|
InES
|
-1,307330
|
-3,352163*
|
I(0)
|
InSR
|
-3,291683**
|
-2,360748
|
I(0)
|
Inopen
|
-0,349731
|
-4,658922***
|
I(0)
|
Source: Tests effectués par l'auteur
su la base du logiciel Eviews
NB : * ; ** et ***
représentent la stationnarité aux seuils de 10%, 5% et 1%
respectivement
Légende :
ET= Emploi Total VA=
Valeur Ajoutée
EA= Emploi Agricole VAA=
Valeur Ajoutée du secteur Agricole
EI= Emploi Industriel VAS=
Valeur Ajoutée du Secteur des services
ES= Emploi du secteur des Services VAI= Valeur
Ajoutée du secteur Industriel
De ce tableau, il ressort que les huit variables de notre
modèle sont stationnaires à niveau.
5.2.2. Résultats du test de l'hypothèse 1(estimations de
l'intensité en emploi de la croissance économique au Cameroun) et
leur interprétation
Nous présentons dans les différents tableaux de
l'analyse qui suivent les résultats issus des sept régressions
que nous avons effectuées dans le but de déterminer les
réactions de l'emploi total et de l'emploi des différents
secteurs aux mutations de la production et en proposons ensuite une
interprétation.
Tableau 5.2 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi total par rapport au PIB
ET/PIB
|
Coefficient
|
Ecart-type
|
T
|
P
|
PIB
|
0.229081*
|
0.130903
|
1.75
|
0.09
|
PIBD
|
0.186352**
|
0.069534
|
2.68
|
0.01
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
De ce tableau, il ressort qu'à un seuil de
signification de 10%, l'emploi total est positivement sensible à une
variation du PIB.
Tableau 5.3 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi agricole par rapport au PIB
EA/PIB
|
Coefficient
|
Ecart-type
|
T
|
P
|
PIB
|
0.011261
|
0.001576
|
7.14
|
0.872
|
PIBD
|
0.285654**
|
0.107522
|
2.65
|
0.017
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
De ce tableau, il ressort que l'emploi agricole est insensible
à toute variation du PIB.
Tableau 5.4 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi industriel par rapport au PIB
EI/PIB
|
Coefficient
|
Ecart-type
|
T
|
P
|
PIB
|
0.528658*
|
3.245710
|
0.16
|
0.072
|
PIBD
|
1.201930***
|
0.291969
|
4.11
|
0.000
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
De ce tableau, il ressort qu'à un seuil de
signification de 10%, l'emploi industriel est positivement sensible à
une variation du PIB.
Tableau 5.5 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi dans les services par rapport au
PIB
ES/PIB
|
Coefficient
|
Ecart-type
|
T
|
P
|
PIB
|
2.111902***
|
0.559076
|
3.77
|
0.001
|
PIBD
|
0.193797*
|
0.162709
|
1.19
|
0.052
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
De ce tableau, il ressort qu'à un seuil de
signification de 1%, l'emploi dans les services est positivement sensible
à une variation du PIB.
Tableau 5.6 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi agricole par rapport à la
valeur ajoutée du secteur agricole
EA/VAA
|
Coefficient
|
Ecart-type
|
T
|
P
|
VAA
|
0.655899***
|
2.195661
|
0.29
|
0.009
|
VAAD
|
0.628857*
|
0.335590
|
1.87
|
0.080
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
De ce tableau, il ressort qu'à un seuil de
signification de 1%, l'emploi agricole est positivement sensible à une
variation de la valeur ajoutée du secteur agricole.
Tableau 5.7: Résultat de l'élasticité
point de l'emploi industriel par rapport à la valeur ajoutée du
secteur industriel
EI/VAI
|
Coefficient
|
Ecart-type
|
T
|
P
|
VAI
|
0.219388
|
0.118306
|
1.85
|
0.873
|
VAID
|
0.012485**
|
0.005466
|
2.28
|
0.037
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
De ce tableau, il ressort l'emploi industriel est insensible
à toute variation de la valeur ajoutée du secteur industriel.
Tableau 5.8 : Résultat de
l'élasticité point de l'emploi dans les services par rapport
à la valeur ajoutée du secteur des services
ES/VAS
|
Coefficient
|
Ecart-type
|
T
|
P
|
VAS
|
1.102997**
|
1.664204
|
0.66
|
0.017
|
VASD
|
1.828762
|
1.617170
|
1.13
|
0.27
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
De ce tableau, il ressort qu'à un seuil de
signification de 5%, l'emploi dans les services est positivement sensible
à une variation de la valeur ajoutée du secteur des services.
Ces différents résultats peuvent être
résumés dans le tableau 5.9 ci-dessous.
Tableau 5.9: Récapitulatif des
élasticités point de l'emploi à la croissance
économique au Cameroun
VA etPIB
|
Emploi agricole
|
Emploi industriel
|
Emploi dans les services
|
Emploi total
|
PIB
|
0,29
|
0,52*
|
2,11*
|
0,41*
|
VA
Sectorielles
|
0,65*
|
0,23
|
1,1*
|
|
Sources : estimations faites par
l'auteur à partir du logiciel SPSS 10.0 sur la base des données
de l'INS, du WDI 2011 et de la WBADB 2012.
(*) Pour les valeurs qui sont statistiquement
significatives.
· Interprétations des résultats des
différentes estimations de l'intensité en emploi de la croissance
économique au Cameroun.
Cette première phase de l'analyse portant sur les
estimations permet d'obtenir une élasticité globale de l'emploi
à la production de l'ordre de 0,41. En d'autres termes, une augmentation
de 1% de la production entraîne une augmentation de 0,41% de l'emploi
total.
Lorsque l'on observe les réactions respectives de
l'emploi primaire, de l'emploi secondaire et de l'emploi tertiaire à la
variation du PIB, on réalise que l'élasticité de l'emploi
agricole à la production est très faible et statistiquement non
significative. Elle prend une valeur de 0,29. La faiblesse de cette
élasticité traduit le fait que le secteur agricole sur toute la
période d'étude est peu sensible à la croissance. La
dynamique de l'emploi est sans doute plus liée à
l'évolution de la part de la valeur ajoutée de ce secteur dans le
PIB. Le calcul des élasticités intra-sectorielsa permis de
vérifier cette hypothèse. En ce qui concerne l'emploi dans le
secteur secondaire, une augmentation de 1% de la production se traduit par une
hausse de 0,52% de l'emploi. On peut constater que cette valeur est
supérieure à celle de l'élasticité globale de
l'emploi à la production. Ce qui peut permettre de dire que le secteur
secondaire est très sensible à la croissance. Le secteur
tertiaire quant à lui voit son niveau d'emploi augmenter de 2,11%
lorsque la croissance est de 1%.
En donnant à l'emploi et au PIB dans l'équation
[3] du chapitre précédent les valeurs respectives de la valeur
ajoutée et de l'emploi de chaque secteur, et en estimant à
nouveau cette équation, on obtient la réaction de l'emploi de
chaque secteur à la variation de la part de sa valeur ajoutée
dans la production.
Cette approche permet également de comprendre le
déplacement de la main d'oeuvre d'un secteur à l'autre
étant donné le cycle d'activité. Ainsi, s'agissant du
secteur agricole, une augmentation de 1% de la part de sa valeur ajoutée
dans la production globale induit une augmentation de 0,65% de l'emploi. On
remarque ainsi que la présomption d'une sensibilité plus forte de
l'emploi agricole à l'évolution de sa contribution à la
production totale est fondée. Parallèlement, la faible
réaction de l'emploi industriel à l'évolution de la valeur
ajoutée du secteur et sa non significativité conforte
l'hypothèse d'une plus grande sensibilité de l'emploi industriel
à la croissance. Enfin, l'élasticité de l'emploi tertiaire
à la valeur ajoutée du secteur tertiaire est de 1,1. Ce constat
montre que l'emploi dans les services est aussi sensible à la
croissance globale qu'à la croissance sectorielle.
5.2.3. Résultats du test de l'hypothèse 2 (contributions
sectorielles de l'emploi dans la variation totale de la pauvreté au
Cameroun) et leur interprétation
Pour parvenir à la décomposition, nous avons
procédé à un recodage des variables constituant les
secteurs d'activités contenues dans ECAM I et II. Ce recodage nous a
permis de regrouper les 19 secteurs d'activités que contiennent les
bases ECAM I et II en 04 principaux secteurs que sont le secteur agricole, le
secteur industriel, le secteur des services et le secteur informel (voire
annexe IV: recodage des secteurs d'activités suivant les secteurs du
marché du travail). L'harmonisation des dépenses entre les deux
bases en question faite par l'INS a permis de retenir le seuil de
pauvreté officiel fixé à 185 490 FCFA par an par
équivalent adulte pour effectuer la décomposition des taux de
pauvreté estimés à 53,3% et 40,2% en 1996 et 2001
respectivement. L'estimation de l'évolution des indices FGT de
pauvreté s'est faite en utilisant le logiciel DASP_v2.2. Après
avoir fait les estimations de l'évolution de ces indices FGT, nous avons
procédé à leur décomposition moyennant le logiciel
DAD4.6 qui est un logiciel conçu tout comme le logiciel DASP_v2.2 pour
l'analyse distributive (Duclos, Araar et Fortin 2008).
L'évolution de la pauvreté est
représentée dans les tableaux 5.10a, 5.10b et 5.10c ci-dessous
pour la prévalence, l'intensité et la
sévérité respectivement.
Tableau 5.10a : Evolution de la prévalence de la
pauvreté par secteur du marché du travail
|
Année 1996
|
Année 2001
|
1996vs2001
|
Secteur
|
Estimation
(po,t)
|
Taille de la Population
(fk, t)
|
ACi
|
Estimation
(po,t+n)
|
Taille de la Population
(fk, t+n)
|
ACi
|
Difference
(?P0, k)
|
Agricole
|
0,494
(0,036)
|
0,336
(0,041)
|
0,166
(0,028)
|
0,541
(0,02)
|
0,506
(0,022)
|
0,274
(0,015)
|
0,047
(0,041)
|
Industriel
|
0,562
(0,068)
|
0,17
(0,017)
|
0,095
(0,014)
|
0,239
(0,025)
|
0,09
(0,008)
|
0,021
(0,002)
|
-0,323***
(0,072)
|
Services
|
0,551
(0,041)
|
0,376
(0,036)
|
0,207
(0,026)
|
0,233
(0,013)
|
0,294
(0,014)
|
0,068
(0,005)
|
-0,318***
(0,043)
|
Informel
|
0,540
(0,069)
|
0,119
(0,009)
|
0,064
(0,011)
|
0,349
(0,026)
|
0,111
(0,007)
|
0,039
(0,004)
|
-0,192***
(0,073)
|
National
|
0,533
(0,033)
|
1
(0,000)
|
|
0,402
(0,015)
|
1
(0,000)
|
|
-0,131***
(0,037)
|
Source : Estimation de l'auteur sur la
base du logiciel DASP_v2.2. à partir de ECAM I et II
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
ACi signifie contribution absolue.
Tableau 5.10b : Evolution de l'intensité de la
pauvreté par secteur du marché du travail
|
Année 1996
|
Année 2001
|
1996vs2001
|
Secteur
|
Estimation
(po,t)
|
Taille de la Population
(fk, t)
|
A Ci
|
Estimation
(po,t)
|
Taille de la Population
(fk, t)
|
ACi
|
Difference
|
Agricole
|
0,160
(0,025)
|
0,336
(0,041)
|
0,054
(0,012)
|
0,202
(0,012)
|
0,506
(0,022)
|
0,102
(0,008)
|
0,042
(0,028)
|
Industriel
|
0,215
(0,03)
|
0,17
(0,017)
|
0,037
(0,006)
|
0,074
(0,009)
|
0,09
(0,008)
|
0,007
(0,001)
|
-0,142***
(0,031)
|
Services
|
0,205
(0,018)
|
0,376
(0,036)
|
0,077
(0,011)
|
0,065
(0,005)
|
0,294
(0,014)
|
0,019
(0,002)
|
-0,140***
(0,019)
|
Informel
|
0,199
(0,03)
|
0,119
(0,009)
|
0,024
(0,004)
|
0,122
(0,015)
|
0,111
(0,007)
|
0,014
(0,002)
|
-0,077**
(0,034)
|
National
|
0,191
(0,016)
|
1
(0,000)
|
|
0,141
(0,009)
|
1
(0,000)
|
|
-0,049***
(0,018)
|
Source : Estimation de l'auteur sur la
base du logiciel DASP_v.2 à partir de ECAM I et II
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1%
respectivement.ACi signifie contribution absolue.
Tableau 5.10c : Evolution de la
sévérité de la pauvreté par secteur du
marché du travail
|
Année 1996
|
Année 2001
|
1996vs2001
|
Secteur
|
Estimation
(po,t)
|
Taille de la Population
(fk, t)
|
A Ci
|
Estimation
(po,t)
|
Taille de la Population
(fk, t)
|
A Ci
|
Difference
|
Agricole
|
0,071
(0,023)
|
0,336
(0,295)
|
0,024
(0,006)
|
0,103
(0,009)
|
0,506
(0,022)
|
0,052
(0,005)
|
0,032*
(0,017)
|
Industriel
|
0,102
(0,016)
|
0,17
(0,017)
|
0,017
(0,003)
|
0,03
(0,004)
|
0,09
(0,008)
|
0,003
(0.000)
|
-0,072***
(0,016)
|
Services
|
0,099
(0,01)
|
0,376
(0,036)
|
0,037
(0,005)
|
0,028
(0,003)
|
0,294
(0,014)
|
0,008
(0,001)
|
-0,071***
(0,011)
|
Informel
|
0,098
(0,02)
|
0,119
(0,009)
|
0,012
(0,002)
|
0,061
(0,012)
|
0,111
(0,007)
|
0,007
(0,001)
|
-0,036
(0,023)
|
National
|
0,09
(0,009)
|
1
(0,0000)
|
|
0,07
(0,006)
|
1
(0,0000)
|
|
-0,02*
(0,011)
|
Source : Estimation de l'auteur sur la
base du logiciel DASP_v2.2 à partir de ECAM I et II
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
ACi signifie contribution absolue.
Les résultats de la décomposition de la
variation de ces indices entre 1996 et 2001 sont représentés
respectivement pour la prévalence, l'intensité et la
sévérité dans les tableaux 5.11a, 5.11b et 5.11c
ci-dessous.
Tableau 5.11a: Décomposition par secteur de la
réduction de la prévalence de la pauvreté (?PO = -
0,131)
Secteur
|
Effet intra-sectoriel
|
Effetintersectoriel
|
Impact sur ?PO
|
Agricole
|
0,02
(0,000)
|
0,088
(0,000)
|
0,108***
(0,032)
|
Industriel
|
-0,042
(0,000)
|
-0,032
(0,000)
|
-0,074***
(0,014)
|
Services
|
-0,107
(0,000)
|
-0,032
(0,000)
|
-0,139***
(0,027)
|
Informel
|
-0,022
(0,000)
|
-0,004
(0,000)
|
-0,026**
(0,012)
|
Source : Estimation de l'auteur sur la
base du logiciel DAD4.6 à partir de ECAM I et II
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
Tableau 5.11b: Décomposition par secteur de la
réduction de l'intensité de la pauvreté
(?P1= - 0, 05)
Secteur
|
Effet intra-sectoriel
|
Effetintersectoriel
|
Impact sur ?P1
|
Agricole
|
0,018
(0,000)
|
0,031
(0,000)
|
0,049***
(0,014)
|
Industriel
|
-0,018
(0,000)
|
-0,012
(0,000)
|
-0,03***
(0,006)
|
Services
|
-0,047
(0,000)
|
-0,011
(0,000)
|
-0,058***
(0,011)
|
Informel
|
-0,009
(0,000)
|
-0,001
(0,000)
|
-0,01**
(0,005)
|
Source : Estimation de l'auteur sur la
base du logiciel DAD4.6 à partir de ECAM I et II
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
Tableau 5.11c:
Décomposition par secteur de la réduction de la
sévérité de la pauvreté
(?P2 = -0, 02)
Secteur
|
Effet intra-sectoriel
|
Effetintersectoriel
|
Impact sur ?P2
|
Agricole
|
0,013
(0,000)
|
0,015
(0,000)
|
0,028***
(0,008)
|
Industriel
|
-0,009
(0,000)
|
-0,005
(0,000)
|
-0,015***
(0,003)
|
Services
|
-0,024
(0,000)
|
-0,005
(0,000)
|
-0,029***
(0,006)
|
Informel
|
-0,004
(0,000)
|
-0,001
(0,000)
|
-0,005*
(0,003)
|
Source : Estimation de l'auteur sur la
base du logiciel DAD4.6 à partir de ECAM I et II
NB : *, ** et *** traduisent la
significativité aux seuils de 10%, 5% et 1% respectivement.
· Interprétations des résultats de
la décomposition du changement total de la pauvreté au
Cameroun
Les tableaux 5.10a et 5.11a montrent une réduction de
13,1% de la prévalence de la pauvreté largement attribuée
à une baisse significative de cette prévalence dans le secteur
des sévices où cet indice est passé de 55,1% en 1996
à 23% en 2001. Le tableau 5.11a montre que le secteur des services
à contribué à hauteur de 19,3% dans la réduction de
l'incidence de la pauvreté entre 1996 et 2001 suivi du secteur
industriel qui a contribué à hauteur de 7,4%. Par contre, le
tableau 5.10a montre que le secteur agricole a plutôt oeuvré pour
un accroissement de l'incidence de la pauvreté : le taux dans ce
secteur passant de 49,4% en 1996 à 54,1% en 2001.
Les tableaux 5.10b et 5.11b montrent une réduction de
5% de l'intensité de la pauvreté entre 1996 et 2001. Par
opposition au secteur agricole qui a oeuvré pour un accroissement de cet
indice avec son taux qui passe de 16% à 20% entre 1996 et 2001
respectivement, les secteurs industriel et des services sont ceux qui ont
milité pour la baisse de cet indice avec leurs taux qui passent de 21,5
à 7,4% et de 20,5% à 6,5% respectivement. L'augmentation de cet
indice dans le secteur agricole est largement expliquée par l'effet
intersectoriel (la taille de sa population étant passée de 33,6
à 50,6%) qui souligne l'impact négatif des migrations de la main
d'oeuvre sur la profondeur de la pauvreté dans ce secteur.
Les tableaux 5.10c et 5.11c montrent une réduction de
2% de la sévérité de la pauvreté entre 1996 et
2001. La décomposition de cette réduction montre une contribution
plus considérable du secteur des services (20%) suivi du secteur
industriel (10,5%). Contrairement à ces deux secteurs, le secteur
agricole impacte négativement sur la réduction de la
sévérité de la pauvreté en oeuvrantpour son
accroissement à hauteur de 20,8%. Cette contribution négative du
secteur agricole s'explique également par l'effet intersectoriel.
5.3. DISCUSSION DES RESULTATS
L'objectif principal de cette étude était de
mesurer l'intensité globale en emploi de la croissance économique
et celle des différents secteurs du marché du travail ainsi que
les contributions de ces secteurs au changement de la pauvreté au
Cameroun. A cet effet, si nous nous référons à Kahn
(2001), les valeurs de l'élasticité que nous avons obtenues,
exception faite de celles relatives au secteur des services, sont assez
conformes (proches de 0,7). Nous pouvons à cet égard dire que les
valeurs très élevées des élasticités
relatives au secteur des services traduisent la faiblesse de la
productivité du travail dans ce secteur. En effet, pour une croissance
faible, on observe un volume d'emploi très élevé, ce qui
veut dire qu'il a fallu plus de main d'oeuvre pour une unité de produit.
De même, le fait que les élasticités de l'emploi à
la production dans le secteur secondaire soient comprises entre 0 et 1 revient
à dire que ce secteur connaît une productivité du travail
plus grande que dans tous les autres secteurs. Cependant, comme nous l'avons
montré au chapitre quatre à travers les travaux de Kapsos(2005),
plus l'élasticité tend vers l'unité, plus la
productivité du travail faiblit. On peut également dire en
observant la convergence entre l'élasticité du secteur industriel
et l'élasticité globale que c'est le secteur industriel qui tire
la productivité du travail au Cameroun.
La présentation de l'évolution et la
décomposition des indices FGT de la pauvreté nous ont permis de
constater une progression à la baisse significative de la
pauvreté au Cameroun entre 1996 et 2001. Le déplacement massif de
la main d'oeuvre des secteurs des services et industriel vers le secteur
agricole traduit les vagues de licenciements des employés des secteurs
public et parapublic des années 90. La proportion des employés du
secteur agricole a augmentée passant de 33,6 à 50,6% entre 1996
et 2001 tandis que celle des employés des secteurs des services et
industriel a diminuée passant de 37,6 à 29,4% et de 17 à
9% respectivement. Parce que beaucoup de ménages sont devenus
dépendant du secteur agricole (emplois et revenus), ce secteur
enregistre donc le plus grand nombre de pauvres. Ceci est illustré par
l'effet intersectoriel de l'agriculture.
En somme, notre hypothèse principale est
vérifiée car les résultats montrent que la croissance
économique est susceptible de s'enrichir en emplois et à
même de conduire à la réduction de la pauvreté au
Cameroun. En effet, le calcul des élasticités a permis de
confirmer la première hypothèse en démontrant que la
croissance exerce un effet positif sur la quantité de travail dans les
différents secteurs du marché du travail (exception faite du
secteur agricole) et la détermination de la contribution de ces secteurs
à la réduction de la pauvreté confirme la seconde
hypothèse en montrant que mis à part le secteur agricole qui
oeuvre pour un accroissement du taux de la pauvreté totale, les autres
secteurs contribuent positivement et significativement à la
réduction de celle-ci. Nous pouvons donc dire sans risque de nous
tromper que ces résultats confirment les prédictions de la
théorie économique.
5.4 CONCLUSION
La présentation des résultats a fait l'objet de
ce chapitre. On se rappelle que nos deux hypothèses stipulaient que la
croissance économique a un impact positif et significatif sur l'offre
quantitative de travail et que les effets intra-sectoriel et intersectoriel du
marché du travail contribuent positivement et significativement à
la réduction de la pauvreté au Cameroun respectivement pour la
première et pour la seconde. Exception faite du secteur agricole qui
infirme ces deux hypothèses, elles se sont confirmées dans les
autres secteurs du marché du travail ; ce qui inspire quelques
recommandations de politique à l'endroit du Gouvernement. Ces
recommandations font l'objet du chapitre suivant intitulé conclusions et
recommandations.
Chapitre 23 CHAPITRE VI : CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
6.1. CONCLUSION
Notre objectif global au début de cette étude
était de déterminer si la croissance économique est
susceptible de s'enrichir en emplois sur le marché du travail et
à même de conduire à la réduction de la
pauvreté au Cameroun. De manière plus spécifique, il
était question de déterminer l'intensité en emploi de la
croissance économique et de déterminer les contributions
sectorielles de l'emploi dans variation totale de la pauvreté au
Cameroun.Cesobjectifs spécifiques nous ontconviés au test de deux
hypothèses à savoir : H1:la croissance économique
a un impact positif sur l'offre quantitative de travail et H2 :
les effets intra-sectoriel et intersectoriel du marché du travail
contribuent positivement à la réduction de la pauvreté au
Cameroun. Pour tester ces hypothèses, nous avons eu recours
auxdonnées de source secondaireprovenant des bases de données de
la Banque Mondiale et de l'Institut Nationale de la Statistique du Cameroun.
Dans le cadre théorique, les modèles de Kapsos(2005) et de
Shapley (1953) ont été respectivement utilisés pour la
détermination de l'intensité en emploi de la croissance et la
détermination des contributions sectorielles du marché du travail
dans la réduction de la pauvreté.Le traitement de ces
données s'est fait à l'aide des logicielsSPSS 10.0, DASP_v2.2 et
DAD4.6.
Les principaux résultats obtenus montrent qu'une
augmentation de 1% de la production entraîne une augmentation de 0,41% de
l'emploi total. Lorsque l'on observe les réactions respectives de
l'emploi primaire, de l'emploi secondaire et de l'emploi tertiaire à la
variation du PIB, on réalise que l'élasticité de l'emploi
agricole à la production est très faible et statistiquement non
significative. Elle prend une valeur de 0,29. La faiblesse de cette
élasticité traduit le fait que le secteur agricole sur toute la
période d'étude est peu sensible à la croissance. La
dynamique de l'emploi dans ce secteur est par conséquent liée
à l'évolution de la part de la valeur ajoutée de ce
secteur dans le PIB. En ce qui concerne l'emploi dans le secteur secondaire,
une augmentation de 1% de la production se traduit par une hausse de 0,52% de
l'emploi. On a constaté que cette valeur est supérieure à
celle de l'élasticité globale de l'emploi à la production.
Ce qui a permis de dire que le secteur secondaire est très sensible
à la croissance. Le secteur tertiaire quant à lui voit son niveau
d'emploi augmenter de 2,11% lorsque la croissance est de 1%.
Le calcul des élasticités sectorielles a permis
de comprendre le déplacement de la main d'oeuvre d'un secteur à
l'autre étant donné le cycle d'activité. Ainsi, s'agissant
du secteur agricole, une augmentation de 1% de la part de sa valeur
ajoutée dans la production globale induit une augmentation de 0,65% de
l'emploi. On remarque ainsi que la présomption d'une sensibilité
plus forte de l'emploi agricole à l'évolution de sa contribution
à la production totale est fondée. Parallèlement, la
faible réaction de l'emploi industriel à l'évolution de la
valeur ajoutée de ce secteur et sa non significativité conforte
l'hypothèse d'une plus grande sensibilité de l'emploi industriel
à la croissance. Enfin, l'élasticité de l'emploi
tertiaire à la valeur ajoutée du secteur tertiaire est de 1,1. Ce
constat montre que l'emploi dans les services est aussi sensible à la
croissance globale qu'à la croissance sectorielle.
Ces résultats montrent également une
réduction de 13,1% de la prévalence de la pauvreté
largement attribuée à une baisse significative de cette
prévalence dans le secteur des sévices où cet indice est
passé de 55,1% en 1996 à 23% en 2001. Ce secteur a
contribué à hauteur de 19,3% dans la réduction de la
pauvreté entre 1996 et 2001 suivi du secteur industriel qui a
contribué à hauteur de 7,4%. Par contre, le secteur agricole a
plutôt oeuvré pour un accroissement de l'incidence de la
pauvreté : son taux dans ce secteur passant de 49,4% en 1996
à 54,1% en 2001. La réduction de la pauvreté en ce qui
concerne son intensité et sa sévérité
présente les mêmes résultats que ceux issus de la
prévalence avec le secteur agricole qui concoure à l'accentuation
de la pauvreté par opposition aux secteurs des services et industriel.
L'augmentation des indices de pauvreté dans le secteur agricole est
largement expliquée par l'effet intersectoriel (la taille de sa
population étant passée de 33,6 à 50,6%) qui souligne
l'impact négatif des migrations de la main d'oeuvre sur la
pauvreté au Cameroun. La réduction de la pauvreté au
Cameroun est par conséquentexpliquée principalement par les
secteurs des services et industriel qui sont par ailleurs les secteurs à
fort potentiels en emploi de la croissance.
En résumé,ces résultats montrent
globalement que la croissance économique est intensive en emploi et
à même de conduire à la réduction de la
pauvreté au Cameroun (ce qui montre que les objectifs du gouvernement en
matière de croissance-emploi-pauvreté fixés dans le DSCE
sont réalisables). En effet une augmentation de 1% de la production
entraîne une augmentation de 0,41% de l'emploi total. A l'observation des
réactions respectives de l'emploi primaire, de l'emploi secondaire et de
l'emploi tertiaire à la variation du PIB, certes on réalise que
l'élasticité de l'emploi agricole à la production est
très faible et statistiquement non significative (prenant une valeur de
0,29). Ce qui justifie le fait que le secteur agricole sur toute la
période d'étude est peu sensible à la croissance et
contribue significativement à l'accentuation du taux de pauvreté
monétaire. Néanmoins, une augmentation de 1% de la production se
traduit par une hausse de 0,52% de l'emploi dans le secteur secondaire et de
2,11% dans le secteur des services, toutes choses qui permettent à ces
deux secteurs de contribuer conjointement et de façon positive et
significative à la réduction du taux de pauvreté
monétaire en ramenant son estimation chiffrée a 53,3% en 1996
à 40,2% en 2001.
Ces différents résultats inspirent quelques
recommandations de politique à l'endroit du Gouvernement camerounais.
6.2. RECOMMANDATIONS
Les recommandations de politique que inspire cette
étude invite le gouvernement camerounais à intensifier son action
dans les sens/secteurs suivants : i) le savoir ;
ii)la création d'emplois
décents;iii) la revalorisation des revenus;
iv) la mobilité de l'emploi ;v)
l'assainissement de l'environnement des affaires
(i) Bien que beaucoup d'efforts soient fait
par le gouvernement Camerounais dans le domaine de la formation, beaucoup reste
à faire dans le cadre de l'amélioration de la productivité
de la main-d'oeuvre. Une productivité élevée de la
main-d'oeuvre dans le secteur agricole favorisera non seulement une bonne
rémunération de celle-ci mais aussi et surtout une augmentation
de la part de la valeur ajoutée dans le PIB. Cette amélioration
passe par exemple par la formation sur l'usage des nouvelles
variétés de semences et l'usage des nouvelles techniques et
matériels de productions.
(ii) Une création d'emplois
décentspermettra à la main-d'oeuvre en chômage dans les
secteurs agricoles et informels de sortir de l'état de la
pauvreté ce qui va atténuer l'effet intra-sectoriel
négatif du secteur agricole sur le taux de pauvreté
total.36(*)
(iii) L'accroissement des revenus à
travers une revalorisation des salaires dans tous les secteurs confondus
permettra de fidéliser la main-d'oeuvre formée à des couts
parfois très élevés mais qui a tendance à
s'expatrier.
(iv) Favoriser la mobilité choisie de
la main d'oeuvre qualifiée des autres secteurs vers le secteur agricole
en restructurant ce secteur (reforme agraire, revalorisation des salaires) afin
de limiter les migrations des travailleurs qualifiés destinés
à ce secteur (exemple des ingénieurs agronomes et forestiers
formés à la FASA) vers les secteurs des services et
industriels.
v)Cette dernière recommandation
insiste sur la nécessité de développer un
mécanisme d'incitations qui réduirait les délais et les
coûts d'investissement dans le secteur industriel, de manière
à accroître sa taille. En effet c'est le secteur qui s'enrichit le
plus en emplois à forte productivité du travail et par ricochet
indispensable pour la réduction de la pauvreté.37(*)
6.3. LIMITES DE L'ETUDE
ETAXES DE RECHERCHES FUTURES
Une telle étude ne saurait se terminer sans tenir
compte des axes de recherches futures. En effet, ce travail aurai
été meilleur s'il intégrait les facteurs
influençant l'élasticité à la croissance de
l'emploi au Cameroun. Ainsi,recourir à étendre la recherche vers
la découverte des variables susceptibles d'expliquer de manière
robuste l'enrichissement de la croissance en emploi semble constituer une
prochaine piste de recherche.Il serait également plus judicieux pour ne
pas être en déphasage d'utiliser les données plus
récentes qui permettent d'actualiser davantage les résultats.
Nous pensons à la troisième Enquête Camerounaise
Auprès des Ménages ECAM3, qui a été
réalisée en 2007.
Chapitre 24 BIBLIOGRAPHIE
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35-48.
Chapitre 25 ANNEXES
Chapitre 26 ANNEXE
I : Résultat du test de stationnarité
ADF TEST AT I(0)
1) LNPIB
Null Hypothesis: LNPIB has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.656660
|
0.0997
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.831511
|
|
|
5% level
|
|
-3.029970
|
|
|
10% level
|
|
-2.655194
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Warning: Probabilities and critical values calculated for 20
observations
|
and may not be accurate for a sample size of 19
|
Null Hypothesis: LNPIB has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.653885
|
0.0504
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
2) LNVAA
Null Hypothesis: LNVAA has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-0.310420
|
0.9071
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: LNVAA has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.350495
|
0.0911
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
3) LNVAI
Null Hypothesis: LNVAI has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.328531
|
0.0441
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: LNVAI has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.340945
|
0.3956
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
4) LNVAS
Null Hypothesis: LNVAS has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.312119
|
0.0429
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: LNVAS has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.068038
|
0.5312
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
5) LNET
Null Hypothesis: LNET has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.221097
|
0.2208
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: LNET has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.547228
|
0.0815
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
6) LNEA
Null Hypothesis: LNEA_ has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 1 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-0.730974
|
0.8156
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.831511
|
|
|
5% level
|
|
-3.029970
|
|
|
10% level
|
|
-2.655194
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: LNEA_ has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.619067
|
0.0079
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
7) LNEI
Null Hypothesis: LNEI has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.303667
|
0.0382
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: lnEI has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.354154
|
0.0894
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
8) LNES
Null Hypothesis: LNES has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-1.307330
|
0.6076
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: LNES has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.352163
|
0.0703
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
9) LNSR
Null Hypothesis: LNSR has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-3.291683
|
0.0401
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.808546
|
|
|
5% level
|
|
-3.020686
|
|
|
10% level
|
|
-2.650413
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
Null Hypothesis: LNSR has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 0 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-2.360748
|
0.3863
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.498307
|
|
|
5% level
|
|
-3.658446
|
|
|
10% level
|
|
-3.268973
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
10) LNOPEN
Null Hypothesis: LNOPEN has a unit root
|
|
Exogenous: Constant
|
|
|
Lag Length: 4 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-0.349731
|
0.8965
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-3.920350
|
|
|
5% level
|
|
-3.065585
|
|
|
10% level
|
|
-2.673459
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Null Hypothesis: LNOPEN has a unit root
|
|
Exogenous: Constant, Linear Trend
|
|
Lag Length: 2 (Automatic - based on SIC, maxlag=4)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
t-Statistic
|
Prob.*
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Augmented Dickey-Fuller test statistic
|
-4.658922
|
0.0085
|
Test critical values:
|
1% level
|
|
-4.571559
|
|
|
5% level
|
|
-3.690814
|
|
|
10% level
|
|
-3.286909
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
*MacKinnon (1996) one-sided p-values.
|
|
|
|
Chapitre 27
Chapitre 28 ANNEXE II: Diagnostique des différents modèles (test
for appropriateness of models)
i) EA / PIB
-Test de normalité
Prob de Jarque Bera (0.989)> 0.01, 0.05, & 0.1
- Test de l'autocorrélation
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.101556
|
Prob. F(2,13)
|
0.9041
|
Obs*R-squared
|
0.323058
|
Prob. Chi-Square(2)
|
0.8508
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- Test de
l'hétéroscédasticité
Heteroskedasticity Test: ARCH
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.287468
|
Prob. F(1,18)
|
0.5984
|
Obs*R-squared
|
0.314388
|
Prob. Chi-Square(1)
|
0.5750
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
ii) EI / PIB
- Test de normalité
- Test de l'autocorrelation
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
1.063727
|
Prob. F(2,11)
|
0.3782
|
Obs*R-squared
|
3.241230
|
Prob. Chi-Square(2)
|
0.1978
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- Test de
l'hétéroscédasticité
Heteroskedasticity Test: ARCH
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.225975
|
Prob. F(1,18)
|
0.6402
|
Obs*R-squared
|
0.247970
|
Prob. Chi-Square(1)
|
0.6185
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
iii)ES / PIB
- Test de normalité
- Test de l'autocorrélation
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.532162
|
Prob. F(2,13)
|
0.5996
|
Obs*R-squared
|
1.589183
|
Prob. Chi-Square(2)
|
0.4518
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- Test de
l'hétéroscédasticité
Heteroskedasticity Test: ARCH
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.569097
|
Prob. F(1,18)
|
0.4604
|
Obs*R-squared
|
0.612951
|
Prob. Chi-Square(1)
|
0.4337
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
iv)ET / PIB
- Test de normalité
- Test de l'autocorrélation
Breusch-Godfrey Serial Correlation LM Test:
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.242227
|
Prob. F(2,11)
|
0.7890
|
Obs*R-squared
|
0.843668
|
Prob. Chi-Square(2)
|
0.6558
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
- Test de
l'hétéroscédasticité
Heteroskedasticity Test: ARCH
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
F-statistic
|
0.014510
|
Prob. F(1,17)
|
0.9055
|
Obs*R-squared
|
0.016203
|
Prob. Chi-Square(1)
|
0.8987
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chapitre 29 ANNEXE
III :Résultats des tests d'hypothèse
a) Résultat de l'estimation de
l'élasticité point de l'emploi total par rapport au
PIB
Dependent Variable: LNET
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 05/18/13 Time: 23:35
|
|
|
Sample: 1 21
|
|
|
|
Included observations: 21
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
3.160396
|
0.433366
|
7.292677
|
0.0000
|
LNPIB
|
0.229081
|
0.130903
|
1.750005
|
0.0994
|
LNPIBD
|
0.186352
|
0.069534
|
2.680012
|
0.0169
|
D01
|
0.130792
|
0.065153
|
2.007447
|
0.0631
|
LNSR
|
0.032972
|
0.018154
|
1.816245
|
0.0894
|
LNOPEN
|
0.038070
|
0.021833
|
1.743719
|
0.1017
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.845475
|
Mean dependent var
|
4.177657
|
Adjusted R-squared
|
0.793966
|
S.D. dependent var
|
0.022343
|
S.E. of regression
|
0.010142
|
Akaike info criterion
|
-6.109354
|
Sum squared resid
|
0.001543
|
Schwarz criterion
|
-5.810919
|
Log likelihood
|
70.14822
|
Hannan-Quinn criter.
|
-6.044586
|
F-statistic
|
16.41431
|
Durbin-Watson stat
|
2.224262
|
Prob(F-statistic)
|
0.000013
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
b) résultat de l'estimation de
l'élasticité point de l'emploi agricole par rapport au
PIB
EA / PIB
Dependent Variable: LNEA_
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 05/18/13 Time: 23:27
|
|
|
Sample: 1 21
|
|
|
|
Included observations: 21
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
6.999476
|
1.640594
|
4.266429
|
0.0007
|
LNPIB
|
0.011261
|
0.001576
|
7.145304
|
0.8720
|
LNPIBD
|
0.285654
|
0.107522
|
2.656718
|
0.0179
|
D01
|
0.703532
|
0.246652
|
2.852332
|
0.0121
|
LNSR
|
-0.087939
|
0.068725
|
-1.279592
|
0.2201
|
LNOPEN
|
-0.115571
|
0.082652
|
-1.398289
|
0.1824
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.909513
|
Mean dependent var
|
4.126029
|
Adjusted R-squared
|
0.879350
|
S.D. dependent var
|
0.110534
|
S.E. of regression
|
0.038394
|
Akaike info criterion
|
-3.446891
|
Sum squared resid
|
0.022111
|
Schwarz criterion
|
-3.148456
|
Log likelihood
|
42.19235
|
Hannan-Quinn criter.
|
-3.382123
|
F-statistic
|
30.15383
|
Durbin-Watson stat
|
1.776572
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
c) Résultat de l'estimation de
l'élasticité point de l'emploi industriel par rapport au
PIB
EI / PIB
Dependent Variable: LNEI
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 05/18/13 Time: 23:29
|
|
|
Sample: 1 21
|
|
|
|
Included observations: 21
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
5.126080
|
4.454947
|
1.150649
|
0.2679
|
LNPIB
|
0.528658
|
3.245710
|
0.162879
|
0.0728
|
LNPIBD
|
1.201930
|
0.291969
|
4.116636
|
0.0009
|
D01
|
2.675203
|
0.669770
|
3.994215
|
0.0012
|
LNSR
|
-0.205220
|
0.186618
|
-1.099678
|
0.2888
|
LNOPEN
|
0.644729
|
0.224437
|
2.872646
|
0.0116
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.866407
|
Mean dependent var
|
2.336080
|
Adjusted R-squared
|
0.821876
|
S.D. dependent var
|
0.247024
|
S.E. of regression
|
0.104256
|
Akaike info criterion
|
-1.448977
|
Sum squared resid
|
0.163040
|
Schwarz criterion
|
-1.150542
|
Log likelihood
|
21.21426
|
Hannan-Quinn criter.
|
-1.384209
|
F-statistic
|
19.45621
|
Durbin-Watson stat
|
1.813071
|
Prob(F-statistic)
|
0.000004
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
d) Résultat de l'estimation de
l'élasticité point de l'emploi dans les services par rapport au
PIB
ES / PIB
Dependent Variable: LNES
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 05/18/13 Time: 23:31
|
|
|
Sample: 1 21
|
|
|
|
Included observations: 21
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
0.941793
|
2.482663
|
0.379348
|
0.7097
|
LNPIB
|
2.111902
|
0.559076
|
3.777481
|
0.0018
|
LNPIBD
|
0.193797
|
0.162709
|
1.191061
|
0.0521
|
D01
|
0.488721
|
0.373251
|
1.309365
|
0.2101
|
LNSR
|
0.070715
|
0.103999
|
0.679959
|
0.5069
|
LNOPEN
|
0.071125
|
0.125075
|
0.568658
|
0.5780
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.922660
|
Mean dependent var
|
3.340653
|
Adjusted R-squared
|
0.896880
|
S.D. dependent var
|
0.180928
|
S.E. of regression
|
0.058100
|
Akaike info criterion
|
-2.618344
|
Sum squared resid
|
0.050634
|
Schwarz criterion
|
-2.319909
|
Log likelihood
|
33.49261
|
Hannan-Quinn criter.
|
-2.553576
|
F-statistic
|
35.78992
|
Durbin-Watson stat
|
1.833933
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
e) Résultat de l'estimation de
l'élasticité point de l'emploi agricole par rapport à la
valeur ajoutée du secteur agricole
EA / VAA
Dependent Variable: LNEA_
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 05/19/13 Time: 00:04
|
|
|
Sample: 1 21
|
|
|
|
Included observations: 21
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
4.938878
|
1.600998
|
3.084875
|
0.0075
|
LNVAA
|
0.655899
|
2.195661
|
0.298725
|
0.0092
|
LNVAAD
|
0.628857
|
0.335590
|
1.873884
|
0.0806
|
D01
|
2.106844
|
1.076835
|
1.956516
|
0.0693
|
LNSR
|
-0.035235
|
0.059078
|
-0.596412
|
0.5598
|
LNOPEN
|
0.023167
|
0.089158
|
0.259841
|
0.7985
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.921395
|
Mean dependent var
|
4.126029
|
Adjusted R-squared
|
0.895193
|
S.D. dependent var
|
0.110534
|
S.E. of regression
|
0.035784
|
Akaike info criterion
|
-3.587665
|
Sum squared resid
|
0.019208
|
Schwarz criterion
|
-3.289230
|
Log likelihood
|
43.67048
|
Hannan-Quinn criter.
|
-3.522897
|
F-statistic
|
35.16552
|
Durbin-Watson stat
|
1.921106
|
Prob(F-statistic)
|
0.000000
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
f) Résultat de l'estimation de
l'élasticité point de l'emploi industriel par rapport à
la valeur ajoutée du secteur industriel
EI / VAI
Dependent Variable: LNEI
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 05/19/13 Time: 00:06
|
|
|
Sample: 1 21
|
|
|
|
Included observations: 21
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
-9.118968
|
4.782597
|
-1.906698
|
0.0759
|
LNVAI
|
0.219388
|
0.118306
|
1.854398
|
0.8734
|
LNVAID
|
0.012485
|
0.005466
|
2.284019
|
0.0374
|
D01
|
8.383661
|
3.650297
|
2.296706
|
0.0365
|
LNSR
|
0.135553
|
0.156216
|
0.867724
|
0.3992
|
LNOPEN
|
0.869585
|
0.253326
|
3.432666
|
0.0037
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.787062
|
Mean dependent var
|
2.336080
|
Adjusted R-squared
|
0.716083
|
S.D. dependent var
|
0.247024
|
S.E. of regression
|
0.131624
|
Akaike info criterion
|
-0.982777
|
Sum squared resid
|
0.259873
|
Schwarz criterion
|
-0.684342
|
Log likelihood
|
16.31916
|
Hannan-Quinn criter.
|
-0.918009
|
F-statistic
|
11.08862
|
Durbin-Watson stat
|
1.903352
|
Prob(F-statistic)
|
0.000130
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
g) Résultat de l'estimation de
l'élasticité point de l'emploi dans les services par rapport
à la valeur ajoutée du secteur des services
ES / VAS
Dependent Variable: LNES
|
|
|
Method: Least Squares
|
|
|
Date: 05/19/13 Time: 00:08
|
|
|
Sample: 1 21
|
|
|
|
Included observations: 21
|
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|
|
|
|
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|
|
|
|
Variable
|
Coefficient
|
Std. Error
|
t-Statistic
|
Prob.
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C
|
10.04692
|
5.504285
|
1.825290
|
0.0879
|
LNVAS
|
1.102997
|
1.664204
|
0.662777
|
0.0175
|
LNVASD
|
1.828762
|
1.617170
|
1.130841
|
0.2759
|
D01
|
6.673942
|
6.180861
|
1.079776
|
0.2973
|
LNSR
|
-0.143720
|
0.123752
|
-1.161352
|
0.2636
|
LNOPEN
|
0.278407
|
0.155945
|
1.785290
|
0.0944
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
R-squared
|
0.860090
|
Mean dependent var
|
3.340653
|
Adjusted R-squared
|
0.813453
|
S.D. dependent var
|
0.180928
|
S.E. of regression
|
0.078145
|
Akaike info criterion
|
-2.025551
|
Sum squared resid
|
0.091599
|
Schwarz criterion
|
-1.727116
|
Log likelihood
|
27.26828
|
Hannan-Quinn criter.
|
-1.960783
|
F-statistic
|
18.44234
|
Durbin-Watson stat
|
2.256499
|
Prob(F-statistic)
|
0.000006
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Chapitre 30 ANNEXE
IV : Recodage des secteurs d'activités de ECAM I et II suivant les
secteurs du marché du travail
Dix neuf secteurs avant recodage
|
Quatre secteurs après recodage
|
Nombre d'observations
|
1996
|
2001
|
Agriculture/Pèche/Chasse
Animal rearing
Mines et Minerais
Industries Agro-alimentaires
Industries Textiles
Industries du Bois
|
Agricole
|
490
(28, 30%)
|
4045
(36,8%)
|
Industries Chimiques
Industries de Matériaux et construction
Mechanical metals and repairs
Energie/Gaz/Eau
Bâtiment et Travaux publics (BTP)
Transport
Trade and Commerce
Specialised Food Trade
|
Industriel
|
295
(17%)
|
1190
(10, 8%)
|
Autres Commerces
Hôtellerie et Restauration
Banque/Assurance
Services Publics
Autres services
|
Services
|
707
(40,8%)
|
4265
(38,8%)
|
Valeurs manquantes
|
Informel
|
239
(13,8%)
|
1492
(13,6%)
|
Total
|
|
1731
(100%)
|
10992
(100%)
|
Source: Recodage de l'auteur sur la base du
logiciel Stata 9.1 à partir de ECAM I et II
Chapitre 31 ANNEXE
V : Sorties des logiciels DAD4.5 et DASP_v2.2
* 1 Ces statistiques sont
dérivées des annuaires de statistiques du Cameroun produites par
l'Institut National de la Statistique (2010).
* 2 Aka Kouamé,
IFORD-CEPED,2001
* 3 Il est estimé que
des taux de croissance de 6 à 7% sont nécessaires pour atteindre
l'OMD 1 au Cameroun en 2015(DSCE 2009).
* 4 1. Eliminer
l'extrême pauvreté et la faim en réduisant de moitié
le nombre de Camerounais vivant au-dessous du seuil de pauvreté et qui
souffrent de la faim ; 2. Assurer une éducation primaire pour tous en
donnant à tous les enfants les moyens d'achever le cycle d'études
primaires ; 3. Promouvoir l'égalité des sexes et l'autonomie des
femmes, en éliminant les disparités entre les sexes dans les
enseignements primaires et secondaires, et si possible à tous les
niveaux d'enseignement ; 4. Réduire de deux tiers, la mortalité
à la naissance et celle des enfants de moins de cinq ans; 5.
Améliorer la santé maternelle, en réduisant de trois
quarts la mortalité maternelle ; 6. Combattre et stopper la propagation
du VIH/SIDA, maîtriser le paludisme et d'autres grandes endémies
en inversant leur tendance; 7. assurer un environnement durable en
réduisant de moitié la proportion de la population qui n'a pas
accès à l'eau potable, améliorer sensiblement l'habitat en
intégrant les principes de développement durable dans les
politiques nationales et inverser la tendance actuelle de la déperdition
des ressources environnementales ; 8. Mettre en place un partenariat pour le
développement des technologies de l'information et de la communication
et pour l'application des politiques et des stratégies qui permettent
aux jeunes de trouver un travail décent et utile.
* 5 L'effet intra-sectoriel
renvoie à la contribution d'un secteur spécifique tandis que
l'effet intersectoriel correspond aux migrations de la main-d'oeuvre entre les
différents secteurs du marché du travail.
* 6 Perroux,F(1958)
« Théorie générale du progrès
économique » Annales Economies, sociétés,
civilisations.
* 7 CitéPerroux,F(1958)
« Théorie générale du progrès
économique » Annales Economies, sociétés,
civilisations.
* 8PIB = produit national
brut+ revenus nets versés aux étrangers à
l'intérieur du pays - revenus nets des citoyens à
l'extérieur des frontières de ce pays =somme des valeurs
ajoutées des unités résidentes + la TVA + les droits de
douane. (Perroux 1947)
* 9 Le taux de participation
est le rapport entre la population active et la population en âge de
travailler.
* 10
L'emploi, dans sa signification courante, correspond à
l'exercice d'une profession rémunérée,
(subventionnée ou non par les pouvoirs publics), ce qui signifie qu'une
personne bénévole n'occupe pas un emploi au sens strict du terme
(Tchouapi 2010).
* 11 Cité par
Njikam et al. (2005) «Caractéristiques et
déterminants de l'emploi jeune au Cameroun» Cahiers de la
stratégie de l'emploi, ILO 2005/05.
* 12Banque Mondiale
(2001), « Combattre la
pauvreté », Rapport sur le développement dans le monde,
n°2001-01, Paris, ESKA, XIV-381.
* 13 Idem
* 14 Idem
* 15Institut National
De la Statistique (2002), « Conditions de vie des populations et
profil de pauvreté au Cameroun en 2001: Rapport principal ECAM II
», Institut National de la Statistique du Cameroun.
* 16 L'approche subjective
repose sur l'appréciation des ménages sur leurs conditions de
vie.
* 17 La pauvreté
humaine se réfère aux potentialités qu'un individu est en
mesure ou non de réaliser, en fonction des possibilités qui lui
sont offertes. Elle met en avant les pénuries de capacités.
* 18 Cette approche aborde
la pauvreté sous l'angle des résultats plutôt que sur des
moyens à partir des conditions matérielles d'habitation (source
d'éclairage du logement ; sources d'énergie pour la
cuisine ; types des lieux d'aisance ; matériaux des murs).
* 19 Cité par Lekeumo
Simplice Kitleur dans " mesure et analyse de la pauvreté non
monétaire chez les enfants : le cas du Camroun en 2008.
* 20 Cité par
Bertain, Alexandre.
* 21Datt,
G. and M. Ravallion (1992), `Growth and
Redistribution Components of Changes in Poverty Measures: A Decomposition with
Application to Brazil and India in the 1980s', Journal of Development
Economics.
* 22 Le seuil de
pauvreté absolu au Cameroun s'estime en 1996 à 185490 FCFA par an
et par équivalent adulte soit l'équivalent d'un Dollar par jour
et par personne ou encore 19000 FCFA par personne par mois et de 269 443 FCFA
par an et par équivalent-adulte en 2007 (INS2007).
* 23 Des initiales des
auteurs Foster, Greer et Thorbecke.
* 24 Des initiales des
auteurs Sen-Shorrocks-Thon.
* 25 Cité par
Mortensen, D T et C.A. Pissarides (1994). «Job
creation, Job destruction, in the theory of unemployment» Review of
economics studies, vol. 8 No 17 pp. 33-47.
* 26 L'effet de
capitalisation représente les effets bénéfiques d'une
nouvelle technologie. VoirMortensen D et Pissarides CA « Job creations and
job destruction in the theory of unemployment », review of economy
studies,
1994, vol.6 No11 pp.23-29.
* 27 A ce niveau la fonction
de production peut être conforme à celle du modèle de Solow
(1956) avec un progrès
Technique exogène ou être définie sous
l'hypothèse de l'existence d'externalité positives de la
technologie.
* 28 Cités par
Islam(2004)
* 29 La première
édition de l'EESI a été réalisée en 2005.
* 30 Selon l'approche
relative la croissance est pro-pauvre lorsque les plus pauvres
bénéficient plus que les autres des fruits de la croissance. Elle
doit donc se traduire par une réduction de l'inégalité des
revenus en faveur des pauvres (Klasen 2003). L'approche absolue
considère comme pro-pauvre une croissance qui se traduit par une
réduction de l'incidence de la pauvreté.
* 31 Il s'agit des murs en
béton, en parpaings, en briques cuites ou en pierre de taille ;
d'un toit en ciment ; en tôle ou en tuile ; d'un sol
revêtu de ciment ou de carreaux.
* 32
L'élasticité point de l'emploi est une variation en pourcentage
du nombre de personnes employées dans une économie ou une
région, associé à une variation de la production
mesurée par le PIB (Kapsos 2005).
* 33 L'effet Intra-sectoriel
correspondent à la contribution spécifique à un secteur
donné du marché du travail tandis l'effet Intersectoriel
correspond à l'impact du aux migrations des travailleurs entre les
différents secteurs du marché du travail (Ravallion et Hupi,
1991).
* 34 Khan(2002) pense qu'une
élasticité favorable pour les PED doit se situer autour de 0.7
* 35 Des initiales de
Foster, Greer et Thorbecke(1984) qui se décline comme
suit :(P0) pour l'incidence de la
pauvreté, (P1) pour l'intensité de la
pauvreté et (P3) pour la
sévérité de la pauvreté.
* 36 Cette recommandation est
déjà inscrite dans les actions prioritaires du Gouvernement.
(Voire DSCE 2009. Pp 85-86)
* 37 Cette recommandation est
également inscrite dans les actions prioritaires du Gouvernement. (Voire
DSCE 2009 sur la gouvernance et la gestion stratégique de l'Etat. Pp
93-101)
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