Université Gaston Berger de
Saint-Louis
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UFR Sciences Juridiques et Politiques
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Section Science Politique
Sujet :
La problématique des conflits en Afrique :
Le cas de la Somalie, de la Côte d'Ivoire et de
la RDC
Mémoire de Maitrise
Présenté par :
Sous la direction de :
Salif Kâ
Pr. Papa Ogo Seck
Année académique
2009/2010
Sommaire...................................................................................Pages
Dédicace....................................................................................2
Remerciements...........................................................................3
Sigles et
abréviations :...................................................................4
Introduction :.......................................................................................................7
Première Partie : Les causes du
phénomène de la
conflictualité................14
Chapitre I: Les causes
socio-historiques......................................... .....15
Chapitre II : Les causes
socio-culturelles............................................22
Chapitre III : Les
causes socio-économiques et politiques...................... 27
Deuxième Partie : Les
mécanismes de résolution des conflits ..............
....38
Chapitre I : Les
mécanismes traditionnels de résolution des
conflits.............39
Chapitre II : Les
mécanismes modernes de résolution des conflits
..............45
Conclusion............................................................................
..55
Bibliogaphie..............................................................................57
Table des
matières :...........................................................................................61
Dédicace
Je dédie ce
mémoire à ma mère Rouguiatou Diallo et à mon oncle
El Hadj Idrissa Kâ
Remerciements :
J'adresse mes remerciements les plus sincères
à tous ceux qui ont contribué à la réussite de ce
mémoire, en particulier à mon professeur encadreur, M. Papa Ogo
Seck pour sa rigueur et son suivi méthodique sans faille. Que ses
collègues de l'UFR SJP trouvent ici l'expression de ma profonde
reconnaissance pour m'avoir durant mon parcours guidé avec beaucoup de
générosité intellectuelle.
Mes remerciements vont aussi à l'égard
de ces éminentes personnalités qui n'ont ménagé
aucun effort pour soutenir cette oeuvre scientifique. Il s'agit
de :
- S.E. Moustapha Niasse pour ses conseils et toutes
les informations fournies sur la RDC ;
- Pr. Bouna Mouhamed Seck pour son appui fidèle
et fraternel ;
- Mlle Mame Kandji pour ses conseils et
soutiens ;
- Directeur Mamoudou Dème de la SAED pour avoir
guidé mes premiers pas dans la vie professionnelle,
- Cheikh Ahmed Khaly Fall pour ses encouragments
constants et sa rigueur professionnelle,
- Mon épouse Ndéye Fatou Fall pour son
soutien moral et sa participation majeure à l'élaboration de ce
travail
Je ne saurais finir sans manifester toute ma
reconnaissance à l'égard de mes camarades et amis qui m'ont
toujours soutenu de prés et de loin.
Sigles et abréviations
ABAKO : Alliance des Bakongo
ADP : Alliance Démocratique
des Peuples
AFDL : Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération de l'Afrique
ALIR : Armée de
Libération du Rwanda
APO : l'Accord Politique
d'Ouagadougou
CDS : Commission de Défense
et de Sécurité
CEDEAO : Communauté Economique des
Etats de l'Afrique de l'Ouest
CEEAC : Communauté Economique des
Etats d'Afrique Centrale
CEI : Commission Electorale
Indépendante
CNRD : Conseil National de
Résistance pour la Démocratie
CNSP : Comité National de
Salut Public
CNE : Commission Nationale
Electorale
COPAX : Conseil de Paix et de
Sécurité de l'Afrique Centrale
CPC : Cadre Permanent de
Concertation
CPI : Cour Pénale
Internationale
ECOMOG : Groupe d'Observation Militaire de
la CEDEAO
FAFN : Forces Armées des
Forces Nouvelles
FANCI : Forces Armées
Nationales de la Côte d'Ivoire
FAR : Forces Armées du
Rwanda
FDLR : Forces Démocratiques de
Libération du Rwanda
FMI : Fonds Monétaire
International
IGAD : l'Autorité
Intergouvernementale pour le Développement de l'Afrique de l'Est
MARAC : Mécanisme d'Alerte Rapide
en Afrique Centrale
MJP : Mouvement pour la justice et
la Paix
MLRZ : Mouvement
Révolutionnaire pour la Libération du Zaïre
MNC : Mouvement national
Congolais
MONUC : Mission de l'Organisation des
Nations Unies au Congo
MPCI : le Mouvement Patriotique de la
Côte d'Ivoire
MPIGO : Mouvement Populaire Ivoirien du
Grand-Ouest
ONU : Organisation des Nations
Unies
ONUCI : Opération des Nations
Unies en côte d'Ivoire
ONUSOM : Opération des Nations Unies
pour la Somalie
OTAN : Organisation du Traité
de l'Atlantique Nord
OUA : l'Organisation de
l'Unité Africaine
PAS : Programme d'Ajustement
Structurel
PRP : Parti de la Révolution
Populaire
RDC : République
Démocratique du Congo
RECAMP : Renforcement des Capacités
africaines de Maintien de la Paix
RFI : Radio France Internationale
SADC : Communauté de
Développement de l'Afrique du Sud
UA : l'Union Africaine
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et
Monétaire Ouest Africain
URSS : Union des Républiques
Socialistes Soviétiques
UTI : Union des Tribunaux Islamiques
de la Somalie
Introduction Générale
Le continent africain est depuis des siècles le
théâtre de compétitions, d'affrontements et de
rivalités entre des acteurs aux ambitions différentes. Cette
situation de l'Afrique résulte essentiellement de sa position
géographique, de son peuplement et de son histoire. On distingue une
Afrique septentrionale relativement riche et une Afrique subsaharienne pauvre.
La première est dite Afrique blanche compte tenu de son peuplement
arabo-berbère et la seconde Afrique est communément
appelée Afrique noire. L'empreinte historique de ce continent, berceau
de l'humanité, crée encore une pluralité
géopolitique. On parle de l'Afrique lusophone, francophone,
hispanophone, italophone, et anglophone. Du Nord au Sud, de l'Est à
l'Ouest, de grands ensembles géopolitiques s'identifient par rapport aux
ex puissances coloniales.
Ainsi cette présente étude loin d'être
exhaustive va s'appesantir sur l'Afrique subsaharienne pour aborder la question
des conflits. De l'est à l'Ouest, le continent africain est miné
par le phénomène de la conflictualité. A l'exception du
Cap Vert et dans une moindre mesure du Sénégal, rares sont les
pays de l'Afrique subsaharienne qui n'ont pas connu de coup d'Etat, de guerres
civiles, d'émeutes et d'autres formes d'instabilités politique et
sociale. Par ricochet, l'Afrique de l'ouest, l'Afrique Centrale et l'Afrique de
l'Est ne sont pas épargnées et traversent des moments de
turbulences faits d'«impasses institutionnelles, de coup d'Etat, de
conflits frontaliers » »1(*).
Dans ce cas de figure, nous porterons notre regard sur trois
pays pour étudier les conflits en Afrique. Il s'agit notamment de la
Côte d'Ivoire, un pays ouest africain de tradition francophone, de la
République Démocratique du Congo (RDC), un pays de l'Afrique
centrale ex colonie de la Belgique et la Somalie qui est un Etat d' Afrique
orientale autrefois colonisé par la grande Bretagne et l'Italie.
Ce dernier Etat est né de la réunification de
deux entités administratives distinctes pendant la colonisation qui sont
le British somaliland situé au Nord et indépendant le 26 juin
1960 et la Somalia Italiana au Sud indépendant le 1er juillet
1960. La fusion de ces deux entités indépendantes l'une
après l'autre dans un seul Etat a été possible sous les
auspices de l'Organisation des Nations Unies (ONU). C'est ainsi que l'on a
assisté à la naissance de la Somalie dans la corne de
l'Afrique.2(*) La pertinence
du choix de ces trois pays se constate à plusieurs niveaux
d'appréhension du phénomène de la conflictualité
dans les régions concernées.
Parmi les pays ouest africains en situation de conflits, le
cas ivoirien semble être plus urgent pour une sortie définitive de
crise. Plusieurs raisons peuvent être avancées pour justifier cet
état de fait.
D'abord la Côte d'ivoire a un poids économique et
financier très pesant dans l'Afrique Occidentale. En atteste sa part de
participation dans la zone de l'Union Economique et Monétaire Ouest
Africain (UEMOA) et dans la Communauté Economique des Etats de l'Afrique
de l'Ouest (CEDEAO). Et comme ce fut avec le régime du président
Félix Houphouët Boigny, elle garde une position stratégique
pour la France soucieuse de conserver ses intérêts dans un monde
marqué par la reconfiguration des relations internationales avec
l'émergence des pays comme la Chine.
Ensuite la Côte d'ivoire est frontalière avec
cinq pays ouest africains plus ou moins instables. Il s'agit du Libéria,
de la Guinée, du Mali, du Burkina Faso et du Ghana. Les relations
historiques dans cet espace commun ont engendré des liens
séculaires extrêmement profonds entre les peuples qui, de
cultures différentes, d'origines différentes, forment une Nation
aujourd'hui remise en cause pour des raisons occultes. De ce point de vue,
quand le conflit ivoirien éclate et se régionalise, c'est toute
la sous-région qui en est fortement affectée. En effet le
peuplement ivoirien est presque le même que celui de ses voisins
immédiats et l'économie profitait beaucoup aux organismes
sous-régionaux. D'où l'intérêt qu'il y a de porter
un choix sur ce pays autrefois (donc avant la crise septembre 2002)
considéré comme un géant financier, économique et
politique de l'Afrique en général et de l'Afrique de l'Ouest en
particulier.
Dans la région des grands Lacs, la République
Démocratique du Congo (RDC) constitue une zone tampon entre l'Afrique
Orientale et l'Afrique Australe. Sa proximité avec ses voisins
immédiats (comme le Rwanda, le Burundi, l'Ouganda, l'Angola, la
République Centrafrique entre autres) favorise et cimente leur relation
socio-linguistique à travers la langue Swahili fédératrice
de cet espace géographique caractérisé par l'existence de
« foyers de tensions ». Ainsi la RDC, le
troisième pays le plus vaste d'Afrique derrière le Soudan et
l'Algérie, le plus peuplé d'Afrique Centrale et de la
francophonie avec une population estimée à soixante huit (68)
millions d'habitants, se distingue particulièrement par l'abondance de
ses ressources naturelles qui font l'objet d'une convoitise
particulière. Ainsi, le Congo Belge demeure le point de mire des
investisseurs étrangers derrière lesquels se cachent certains
pays développés.
L'autre identité remarquable de la RDC c'est
d'être un trait d'union entre l'Afrique Centrale et l'Afrique Orientale
à laquelle appartient la somalie.
C'est ainsi que pour François Thual, la Corne de
l'Afrique joue un rôle géostratégique très influent
en Afrique. Compte tenu de cette situation, deux éléments
géopolitiques de base sont à considérer. Il s'agit d'une
part « du rôle géoéconomique de cette
région située à l'articulation de la mer rouge et de
l'Océan Indien et plus précisément de la mer d'Oman,
grande artère pétrolière »3(*) et d'autre part de la
situation de ces pays pendant la période coloniale et des mouvements
complexes de décolonisation.
Deux faits majeurs ont marqué l'Afrique Orientale avec
l'explosion de certains Etats au début des années 90. Le premier
fait est l'accession de l'Erythrée à l'indépendance avec
l'affaiblissement du régime Mengitsu de l'Ethiopie.
Le deuxième fait majeur est au regard de
François Thual la « désintégration de la
Somalie qui, au moment de l'indépendance avait été
formée de Somaliland britannique au Nord (Capitale Berbera) et de la
Somalia italienne (Capitale Mogadiscio) »4(*).
Un autre aspect fondamental qu'il y a lieu de retenir est sans
doute l'émiettement ethnique de ces nouvelles entités.
Aujourd'hui, l'on note en Ethiopie un accord précaire entre les Oromos,
les Tigréens ayant mis fin au régime de Mengitsu et les Amharas.
En Erythrée, il y a deux grandes fractures entre les Afars au Sud du
pays et les Erythréens au Nord divisés entre tribus musulmanes et
chrétiennes.
Quant à la république Djiboutienne soutenue par
l'Arabie Saoudite et la France, elle n'a qu'un seul port viable dans la
sous-région Est africaine. Ce port utile à l'Ethiopie est
menacé d'implosion par la rivalité entre les Afars, autrefois
majoritaires et les Issas qui sont des somalis.
Le cas assez particulier de la Somalie réside
essentiellement dans la rivalité tribale qui sévit dans le pays.
Il y a toujours eu des tensions entre les Issas et les autres groupes.
Malgré cette rivalité tribale historique, François Thual
souligne qu'elle est « dans un processus très
avancé de liquéfaction tribale »5(*). Ainsi l'on assiste
à un jeu complexe qui « s'insère dans les
politiques contradictions des grandes puissances occidentales et des puissances
régionales »6(*).
La question lancinante des conflits reste encore
préoccupante dans ces trois Etats de l'Afrique subsaharienne. Voila
pourquoi il serait nécessaire de définir clairement la notion de
conflit avant de dégager les différentes conceptions qui
l'entourent dans le champ des sciences sociales.
Du point de vue étymologique, la notion de conflit
vient du latin de basse époque
« conflictus » dérivé de
« confligere » qui veut dire « heurter,
frapper ensemble ».
Pour Gérard Cornu, le concept de conflit
révèle une opposition de vue, d'intérêt, une
mésentente, une situation critique de désaccord pouvant
dégénérer en litige ou en procès d'affrontement de
fait (voie de fait, violence). En Relations Internationales, le
phénomène de conflictualité suppose une opposition de vue
ou d'intérêts entre des Etats d'une ampleur telle que la recherche
de solution débouche sur l'emploi de la force.7(*) Selon le dictionnaire le Petit
Robert, la notion de conflit renvoie à « une rencontre
d'éléments, de sentiments contraires qui
s'opposent »8(*) . Cette définition met en évidence
l'idée de contradiction plus ou moins manifeste entre des acteurs
défendant, chacun en ce qui le concerne, une position
particulière. Dans la même perspective, Djibril Samb, à la
suite de William Zartman, pense qu'il faut retenir la position selon laquelle
il faut entendre par conflit « les contradictions surgissant de
différences d'intérêts, d'idées,
d'idéologies, d'orientations, de perceptions et de
tendances ».9(*) Cette appréhension est la plus
appropriée pour éclairer quelques principes théoriques
dans l'explication des causes du phénomène de la
conflictualité.
Sur le plan théorique, il existe selon Djibril
Samb trois grandes théories de la conflictualité. La
première théorie consiste en une sorte de rivalité mettant
en opposition deux parties dont chacune essaie d'imposer unilatéralement
sa volonté. La deuxième considère le conflit comme
étant une scène à l'intérieur de laquelle les
acteurs sont libres de rationaliser leurs intérêts. Cette approche
est proche de l'analyse stratégique de Michel Crozier qui met en
perspective l'existence dans un système un certain nombre d'acteurs
agissant de manière rationnelle pour maximiser leurs
intérêts.
En science politique et de manière spécifique en
politique comparée, cette analyse théorique d'historiens et de
sociologues pourrait connaitre certaines limites, du moins certaines
insuffisances. Car elle aurait négligé quelques
éléments pourtant essentiels pour appréhender la
réalité des conflits en Afrique et plus particulièrement
en Afrique subsaharienne réputée pour son histoire coloniale et
ses traditions ancestrales confrontées au processus de modernisation des
sociétés.
Dans cette perspective, cinq approches sont
préconisées pour l'analyse des phénomènes
socio-politiques dans les Etats africains en construction ou en pleine mutation
sociale et politique. A cet effet, l'on distingue deux types d'approches,
à savoir les approches d'ordre historique, économique et culturel
et les approches d'ordre institutionnel et stratégique.
Les premières s'intéressent à
l'étude des objets macropolitiques et sociologiques tels que l'Etat, la
démocratie. Elles mettent l'accent sur le poids explicatif des
structures économiques, historiques et culturelles. Ces approches
« minorent le poids explicatif des acteurs et des arrangements
juridiques et institutionnels ».10(*) Les approches institutionnelles plus
appropriées pour cette présente étude mettent toujours
l'accent sur les « stratégies des acteurs sociaux et
politiques et sur les choix institutionnels dans leurs
analyses »11(*).
Mais il serait plus pertinent de recourir à l'approche
néo-institutionnaliste pour aborder l'étude des conflits en
Afrique subsaharienne et plus précisément en Somalie, en
Côte d'Ivoire et à la RDC. En ce sens on assiste non seulement au
« retour des institutions » sans verser à
l'ancien institutionnalisme mais aussi à la redéfinition de la
notion d'institution dans le temps et dans l'espace. D'où la
nécessité selon Guy Hermet et Bertrand Badie
d' « accorder une attention soutenue aux institutions
replacées dans leur contexte spatial et temporel ».12(*)L'on rompt avec le
formalisme pour renouer avec le symbolisme. Ainsi Peter A. Hall et Rosemary
Taylor reconnaissent en cette approche néo-institutionnaliste la prise
en compte des aspects historiques, sociologiques et
stratégiques.13(*)
A cet effet, l'étude des conflits va mettre en évidence les
acteurs en conflits (Etats, élite politique, groupes de pressions etc.),
leurs stratégies (de domination, de défense, de profit), le
contexte (colonisation, guerre froide, mondialisation, crise etc.) et l'espace
dans lequel se déroulent les évènements. L'approche
néo-institutionnaliste va permettre d'appréhender le sens des
conflits dans les Etats africains postcoloniaux dont la Côte d'Ivoire, la
RDC et la Somalie.
Cinquante ans après les indépendances,
l'instabilité perdure dans ces différents pays de l'Afrique noire
victime des siècles d'exploitation et de domination culturelle,
politique, économique et sociale. Le bilan est sombre et les foyers de
tensions nombreuses quelquefois incompréhensibles car cela
relèverait, au regard de certains esprits obscurantistes du destin fatal
et tragique de l'Afrique comme si l'on avait affaire à une pièce
de tragi-comédie. Il n'en est rien de tout cela, contredisent d'autres
plus optimistes.
Cependant dans l'état actuel des choses, l'accentuation
de la mondialisation, la fin de la guerre froide, l'implication
accentuée des acteurs locaux, l'atomisation et la sédimentation
locale comme le cas à la RDC et à la Somalie, suscitent encore
autant d'interrogations sur les causes et les modes de gestion et de
résolution des conflits.
Quelles sont les principales causes des conflits en Côte
d'Ivoire, en Somalie et en RDC ?
Quels sont les mécanismes de résolution des
conflits dans ces trois Etats ?
Quelles expériences en termes d'efficacité et
d'effectivité faut-il tirer de leurs applications ?
Ces interrogations feront l'objet, à travers l'approche
néo-institutionnelle, d'une analyse rigoureuse. Pour ce faire, il sera
question d'une part de l'examen des causes des conflits en Somalie, en
Côte d'Ivoire et en RDC( Première partie),
d'autre part des mécanismes d'ordre traditionnel et moderne de
résolution des conflits dans ces trois pays avant d'apprécier les
expériences de leur application (Deuxième
partie) .
Première Partie :
Les causes du phénomène de la
conflictualité
Cinquante ans après les indépendances de la
plupart des Etats de l'Afrique subsaharienne, le bilan est sombre et le
phénomène de la conflictualité en Côte d'Ivoire, en
République Démocratique du Congo (RDC) et en Somalie perdure
davantage au point de soulever des interrogations sur la complexité
relative à l'origine de ces conflits.
La question des causes des conflits en Afrique suscite un
débat controversé chez la plupart des penseurs en sciences
sociales. En effet, deux grandes tendances se dégagent. Selon William
Zartman, il existe six causes de conflits parmi lesquelles on distingue les
luttes de décolonisation, les problèmes de consolidation de
l'Etat-Nation après l'indépendance, les conflits entre mouvements
de libération nationale rivaux, les litiges frontaliers, les
rivalités structurelles ou traditionnelles et l'emballement des moyens
et l'introduction d'armées étrangères.14(*)
Par contre, l'ancien secrétaire général
de l'Organisation des Nations unies (ONU) voit sous une autre approche les
causes des conflits en mettant l'accent sur les facteurs historiques, internes
et externes15(*).
Néanmoins la thèse d'Allassoum Bedoum semble être beaucoup
plus exhaustive et pertinente pour analyser les causes des conflits d'Est en
Ouest.
Compte tenu de cette thèse, il sera judicieux d'aborder
des causes des conflits dans les trois pays (la République
Démocratique du Congo, la Somalie et la Côte d'Ivoire) sous
l'angle socio-historique (Chapitre I), socio-culturel (Chapitre II),
socio-économique et politique (Chapitre III).
Chapitre I : Les causes socio-historiques
Après l'islamisation et la christianisation des
sociétés africaines longtemps restées fidèles aux
valeurs traditionnelles ancestrales, ce fut au tour de l'impérialisme
occidental et plus précisément européen. Ainsi faut-il le
souligner, les origines des conflits sont essentiellement liées à
la colonisation (Section I) et à la guerre froide (Section II).
Section I : L'impact de la colonisation
La société africaine a connu dans le temps et
dans l'espace, de Dakar à Djibouti et de Casablanca au Cap de Bonne
Espérance, de graves manoeuvres telles que les traites
négrières qui l'ont dans un premier temps
déstructuré profondément avant de céder la place
à l'impérialisme occidental. Ainsi la colonisation a eu un impact
considérable sur la genèse des conflits en Afrique engendrant un
découpage arbitraire (Paragraphe I) et
Paragraphe I : Le découpage arbitraire
né de la colonisation
Le découpage de l'Afrique résulte de
l'impérialisme européen. Celui-ci est une forme de domination qui
passe par une division sociale et territoriale des entités
traditionnelles unies pour des raisons linguistiques, ethniques, religieuses,
géographiques, politiques et historiques.
L'histoire retient que c'est à la conférence de
Berlin que fut scellé le sort de l'Afrique. Cette conférence
tenue de novembre 1884 à février 1885 en terre européenne,
sans la présence de l'Afrique, encore moins ses africains de souche, a
été décisive pour le partage l'Afrique sans tenir compte
des réalités socio-culturelles et territoriales. Les six grandes
puissances européennes de l'époque, à savoir la France,
l'Allemagne, la Belgique, la Grande-Bretagne, le Portugal et l'Espagne, ont
participé à cette délibération sur le cas africain.
Du coup, la nouvelle cartographie modifia l'Afrique et divisa en
d'entités administratives et politiques
hétérogènes tant du point de vue historique, social que
culturel. A l'exception de l'Ethiopie et dans une moindre mesure du
Libéria fondé par des noirs d'origine africaine, tous les pays
africains ont connu ce système de « diviser pour
régner » de la part de la puissance coloniale. Ainsi la
Côte d'Ivoire, la Somalie et la RDC semblent être, au regard de
certains analystes, victimes de ce découpage arbitraire qui non
seulement aurait déstructuré les modes d'organisations sociales
et politiques mais aussi créé des conflits frontaliers entre pays
voisins. Avant la colonisation, la plupart des pays de l'Afrique subsaharienne
étaient organisés en des royaumes et empires. Le cas de la
Côte d'Ivoire et de la RDC en est une parfaite illustration. Les
populations du Congo étaient organisées en chefferie. Vers la fin
du moyen âge, les royaumes de Luba, de Kuba, de Lunda, du Kongo entre
autres existaient avant de connaitre leur paroxysme et finalement leur
déclin au contact des européens du XVème siècle.
C'est une période marquée par certains royaumes marchands en
Afrique qui font le plus souvent du commerce avec les esclavagistes sur la
Côte et entre eux à l'intérieur de l'espace continental. La
Côte d'Ivoire était également constituée en des
royaumes. Pour ne prendre que l'exemple de la partie orientale du pays et plus
précisément à Abengourou, il y avait les royaumes de
l'Indénié, du Djouablin et de Bettié16(*). Il y avait aussi en Afrique
noire des empires tels les empires du Mali, de Songhaï et du Ghana. Cet
empire était vaste au point de couvrir une bonne partie de l'Afrique
noire dont la Côte d'Ivoire. Félix Houphouët Boigny aurait
rappelé avoir battu campagne pendant la colonisation dans le territoire
de l'Etat actuel du Ghana. Les populations de ces différentes
entités traditionnelles ne connaissaient ni la propriété
privée, ni la vente des terres, ni la monnaie. Cette stabilité
n'a pu résister d'une part au contact avec le colonisateur qui usera de
stratégies efficaces pour anéantir progressivement l'ordre
politique traditionnel en vue de mettre en lieu et place l'ordre politique
moderne et d'autre part l'expansion simultanée de la religion, en
particulier l'Islam avec les Arabo-swahili qui prêchèrent l'islam
tout en pratiquant la traite négrière. Ce fut le début des
antagonismes sous formes de conflits de générations avec la
formation dans les universités occidentales d'une nouvelle élite
plus ou moins assimilée et d'autres types de conflits qui
sévissent encore comme la question frontalière.
Paragraphe II : les rivalités nées de la
colonisation
La modification de la cartographie de l'Afrique qui
s'accompagne d'un découpage socio-territorial balkanisé est
aujourd'hui à l'origine des conflits frontaliers et sociaux
constatés un peu partout en Afrique subsaharienne et plus
particulièrement en Côte d'Ivoire, en Somalie et en RDC. En ce qui
concerne ces types de conflits, certes ces pays partagent des points communs
mais l'on note des particularités compte tenu de la complexité du
phénomène de la conflictualité.
A ce niveau, la RDC, la Somalie et la Côte d'Ivoire
peuvent être rangées dans des catégories d'analyses plus ou
moins différentes pour plusieurs raisons. La première raison est
relative à la position privilégiée d'ordre
géostratégique de la Somalie. La seconde raison se rapporte au
système colonial qui n'est rien d'autre que la manière dont la
puissance coloniale gérait sa colonie. Chaque pays adopte pratiquement
la tradition de son ex-colonisation tant sur le plan politique et culturel que
sur le plan juridico-institutionnel.
En Afrique Centrale, seule l'Ethiopie n'a pas subi au niveau
interne les effets destructeurs de la colonisation. Elle n'a pas
été colonisée. Néanmoins, elle serait
entrainée des conflits frontaliers. Ce pays frontalier à la
Somalie n'a pas été épargné par les revendications
indépendantistes du Front de Libération de l'Erythrée
annexée en 1962 et soutenue par d'autres pays à la fin de la
guerre froide. La guérilla a duré des décennies avant que
l'Erythrée n'accède à la souveraineté
internationale le 24 mars 1993. Il faut souligner que le conflit dans ces deux
pays fut une exception car n'ayant pas une origine coloniale.
Pour le cas somalien, le colonisateur avait divisé le
pays en deux entités dont l'une resta une possession anglaise
(Somaliland) et l'autre devint une colonie italienne. Ce fut une
véritable furie impérialiste. Ce fut aussi le début de la
construction d'identités socio-culturelles et de
« l'atomisation et de la sédimentation locale, comme
l'illustrent la Somalie, le Zaïre (actuellement appelé RDC)
(...) »17(*).
La Côte d'Ivoire, à la différence des deux
autre pays, n'a pas échappé à la politique d'assimilation
par le biais du système de l'administration directe de la
métropole française contrairement aux colonies anglaises pour
lesquelles le Royaume-Uni prônait le système de l'administration
indirecte. Aujourd'hui, la cohabitation avec les voisins immédiats dont
le Burkina Faso et le Ghana pose de plus en plus de problème de
coexistence pacifique.
Un peu partout, des frontières ont donc
été tracées pour des pays qui ont parfois les mêmes
réalités socio-culturelles et le même terroir longtemps
partagé dans la paix et la stabilité. C'est le cas de la RDC
Congo qui, comme la Somalie et à la légère
différence de la Côte d'Ivoire, est minée par des conflits
de coexistence pacifique avec ses voisins.
En définitive, cette délimitation
frontalière compte tenu des enquêtes effectuées est
d'autant plus arbitraire qu'elle est responsable des maux dont souffrent
l'Afrique et les africains.
Par ailleurs, il faut reconnaitre que la destruction de nos
entités politiques aurait également porté préjudice
au vieux continent. A la place des anciens empires et royaumes africains qui se
gouvernaient paisiblement, la conférence de Berlin a institué des
« Etats minuscules » téléguidés dans
leurs options politique, économique et culturelle. C'est ce qui fait
dire à Djibril Samb que « l'Etat colonial a
été fondé, tantôt sur la méconnaissance
délibérée des différences et des clivages,
tantôt sur leur exploitation, tantôt sur le gommage des similitudes
et des convergences réelles »19(*). C'est ainsi qu'on assiste après les
indépendances à la vie de l' « Etat
importé » qui a du mal à s'affirmer et à
couvrir son indépendance intégrale pour ne pas tomber dans les
filets du manipulateur impérialiste occidental.
Section II: L'impact de la guerre froide
La guerre froide est une période de
« paix impossible » et de « guerre
improbable » pour paraphraser Raymond Aron. Aucune des
puissances sorties des dérives du nazisme et du fascisme ne souhaiterait
que l'humanité connaisse encore le malheur qui résulte des deux
grandes guerres mondiales. Préserver la paix entre les Etats devient
nécessaire, voire indispensable. L'on passe de l'affrontement physique
et violent à des hostilités idéologiques. Ainsi, il
s'avère nécessaire de dégager le fondement
idéologique de la guerre (A) qui s'accompagne de conflits latents
quelquefois manifestes (B).
Paragraphe I : le fondement idéologique de la
guerre froide
Considérée comme étant une suite logique
de la deuxième guerre mondiale, la guerre froide a débuté
effectivement en 1949 dans un contexte de rivalités idéologiques
entre le bloc socialiste et communiste dirigé par l'Union des
Républiques Socialistes Soviétiques (URSS) et le bloc
libéral et capitaliste sous la coupole des Etats-Unis d'Amérique.
Le premier défend et promeut l'idéologie marxiste et socialiste
qui se résume en la doctrine selon laquelle il faut mettre l'accent sur
l'intérêt collectif, celui des masses paysannes en
général et la justice sociale. Cette doctrine va dans le sens de
l'élimination du capitalisme cher au camp adverse. Celui-ci promeut la
liberté individuelle, la propriété privée qui ne
doivent en aucun cas être entravées par l'Etat
considéré comme arbitre et garant de la sécurité.
Plusieurs pays africains ont partagé la conception de l'une ou de
l'autre puissance.
C'est dans cette perspective que les deux grandes puissances
ont polarisé le monde en deux camps antagonistes soucieux du maintien de
la paix avec l'Organisation des Nations unies (ONU). La bipolarisation n'a pas
laissé indifférents les autres pays qui, se déclarant pays
non alignés, ont organisé en 1955 la conférence de
Bandoeng. Cette période est particulièrement marquée par
le début de l'émancipation des peuples colonisés. Selon
Béchir Ben Yahmed « elle (parlant de la guerre froide) n'a
pas dégénéré en un conflit violent
planétaire, c'est peut-être, en partie, grâce à ce
mouvement des pays non alignés ».20(*)
Du point de vue institutionnel des organismes internationaux
sous forme d'alliance naissent pour garantir la stabilité, la
prospérité et la liberté de ses membres grâce
à un système collectif de sécurité. C'est le cas de
l'organisation du Traité de l'Atlantique Nord (OTAN) sous les commandes
des Etats-Unis avec d'autres pays européens dont la France du
Général-Président Charles De Gaulle qui quittera plus tard
l'OTAN dans un contexte de parité nucléaire. Les contraintes de
ralliement ne laissent aucun pays dans l'indifférence. Car les
Etats-Unis avaient leurs « clients » comme l'URSS
en possédait ses « satellites ». Chaque puissance
« exigeait de ses alliés qu'ils se rallient à
son panache, blanc ou rouge» pour s'aligner systématiquement
sur ses positions et voter à l'ONU et plus particulièrement au
conseil de sécurité en sa faveur.
Cette rivalité idéologique se transpose dans les
pays africains dans une dynamique de lutte pour l'indépendance et de
contrôle de l'appareil d'Etat après les indépendances.
C'est ainsi que la Côte d'Ivoire, la RDC et la Somalie furent
impliquées plus ou moins directement dans ce conflit idéologique
en prenant des positons pour tel ou tel camp.
Paragraphe II : le ralliement
idéologique
Le continent africain a été fortement
marqué par les dérives sans précédent de la guerre
froide. Le ralliement idéologique aux blocs contrôlés par
les deux grandes puissances nucléaires semble être un
impératif catégorique pour tout soutien et protection. Ainsi la
Somalie, la RDC et la Côte d'Ivoire rallient à des degrés
différents à la cause idéologique qui leur apparaissait la
plus à même de défendre leurs intérêts du
moment. Même si la Côte d'Ivoire, comme la plupart des ex colonies
françaises, cède parfois à la pression de la France pour
afficher clairement une position idéologique, la RDC et la Somalie quant
à elles manifestent ouvertement leur position idéologique. C'est
ainsi qu'en Côte d'Ivoire les oppositions nationalistes
prosoviétiques ont été neutralisées sous le
règne de Houphouët Boigny.
En cette période bien déterminée, la RDC
autrefois appelé Congo belge est marquée par une forte
rivalité interne et une pression extrême qui semble remettre en
cause la réalité de son indépendance. Déjà
les prémices de la division de cette ex colonie belge se sont
signalées en 1940 avant de se cristalliser avec les hostilités
idéologiques de la guerre froide. A ce moment deux tendances
indépendantistes se manifestaient dans la capitale de
Léopoldville : celles des « gens d'en
bas » (Bas-Congo et Bandundu) qui parlent le Kikongo et celles
des « gens d'en haut » qui parlent le Lingala
venant de l'Equateur et de tout l'intérieur du pays. En 1949, la
première catégorie se constitua en une association d'abord
culturelle avant d'être politique. Il s'agit de l'Alliance des Bakongo
(ABAKO) dont le Président Joseph Kasa-Vubu en 1954 deviendra le premier
Président de la République du Congo belge indépendant. Son
ambition fut de rétablir l'ancien royaume de kongo de l'époque
portugaise, en faire celui des Bakongo et réclamer l'indépendance
tout en restant fédéraliste.
L'autre tendance, les évolués
« d'en haut » séduits par
« le plan de 30 ans pour l'émancipation de
l'Afrique » du Professeur belge Van Bilsen publié en 1956
était inspirateur d'un Congo unitaire. Ce plan combattu par l'ABAKO est
jugé utopique. Les tensions entre les deux tendances poussèrent
la Belgique colonisatrice à organiser en 1957 les premières
élections limitées aux grandes villes. La victoire de l'ABAKO
à Léopoldville (aujourd'hui appelée Kinshasa) surprend
certains unitaristes dont Patrice Lumumba, un Teletal de Kasaï. Cet homme
politique très intelligent et réaliste fonda le Mouvement
National Congolais (MNC-Lumumba) plus revendicatif que celui du MNC-Kalonji du
nom d'Albert Kalonji, un autre kasaien unitariste. Les rivalités
durcissent une fois que le Congo belge accède à
l'indépendance le 30 juin 1960 avec l'élection de Joseph
Casa-Vubu par le parlement comme Président de la République et
Patrice Lumumba Premier Ministre dans un régime parlementaire21(*). Les blancs belges gardent le
pouvoir dans l'armée du nouvel Etat indépendant. Les soldats
bangalas et balubas mécontents de cette attitude d'asservissement
militaire persécutent la communauté blanche présente en
territoire congolais. Dans ce contexte de tiraillement idéologique, la
Belgique menace d'intervenir militairement. L'homme fort du régime, en
l'occurrence Patrice Lumumba durcit sa position idéologique de
socialiste purement africain et appelle l'aide de l'Union soviétique.
Par la suite le Général Mobutu Sese Seko soutenu par les
Etats-Unis voit d'un mauvais oeil le socialisme de Lumumba. Il prend ainsi les
rennes du pouvoir et emprisonne Lumumba qui sera finalement
déporté au Katanga dans des conditions indignes d'un fervent
serviteur de l'Etat. Pour gérer la crise, l'ONU propose sa
médiation à la place des troupes soviétiques et belges.
Pour ce qui concerne la Somalie, l'accession de Siad Barre au
pouvoir en octobre 1969 a été décisive pour affirmer un
ralliement sans complaisance à la cause de l'idéologie marxiste
et socialiste de l'URSS. Ainsi il va obtenir un soutien soviétique
« pour combattre ses opposants et mener à bien ses
idées expansionnistes ».22(*) Fort de l'appui de l'URSS, le
Président met sur place un régime tyrannique et entre en conflit
avec ses voisins immédiats surtout avec l'Ethiopie après avoir
déclaré ceci à l'occasion du premier anniversaire de la
Révolution le 21 octobre 1970 : « Nous nous
proclamons solennellement et résolument Etat Socialiste.
L'idéologie la plus humaine répondant aux besoins de l'homme, est
l'unique voie pour arriver au décollage économique et
social ».23(*)
Toutefois, après sa défaite à la guerre d'Ogaden,
Siad Barre a fait volte face pour s'allier aux américains à la
fin des années 70 et au début des années 80.
Chapitre II : Les causes socio-culturelles
Puisqu'il n'y pas de société sans culture, il ne
saurait y avoir de culture qui ne serait rattachée à un groupe
social bien déterminé. Du point de vue anthropologique, l'on
définit la culture par opposition à la nature. La nature est
innée et la culture acquise. En effet, la nature, domaine de
l'instinct, est caractérisée par la transmission mécanique
sans le secours de la conscience. Par contre, la culture, entièrement
acquise par apprentissage est le domaine de l'intelligence et de la
raison24(*). L'histoire est à ce niveau un
critère pertinent en ce sens qu'elle permettra d'analyser le choc
culturel de l'Afrique de la période précoloniale à la
période postcoloniale. Sur ce, il sera question de montrer comment les
phénomènes ethniques (A) et religieux auraient été
à l'origine des conflits socio-culturelles (B).
Section I : L'ethnie et ses variantes
Pour analyser la notion d'ethnie, il serait nécessaire
de la définir d'abord (Paragraphe I) avant de partager
l'expérience des pays sur la notion d'ethnie et ses
variantes (Paragraphe II).
Paragraphe I : la notion d'ethnie
La notion d'ethnie transposée en Afrique a fait l'objet
d'un débat controversé au sein de la communauté
scientifique. Pour certains chercheurs africanistes dont Christian Coulon
l'ethnie est une création purement coloniale qui consiste en la
fragmentation de la société en des groupes identitaires. D'autres
par contre défendent la thèse de l'existence de l'ethnie en
Afrique. Ils se basent sur des caractéristiques propres et
spécifiques aux groupes sociaux tels la langue, la physionomie, les
modes de vie et certaines pratiques traditionnelles nées surement de
l'histoire et des contingences géographiques. Selon le dictionnaire
l'ethnie « un ensemble d'individus que rapprochent un certain nombre
de caractères de civilisation, notamment la communauté de langue
et de culture »25(*). Ainsi dans le sens de l'existence ethnique, Michel
Cahen fait une analyse pertinente de l'ethnicité politique sous forme
d'une relecture réaliste de l'identité. Il considère que
l'ethnie comme la nation est « un fait de conscience socialement
organisé. C'est une réalité subjective non
délimitable, fruit d'un long processus historique. Les africains n'ont
pas attendu le colonialisme pour ressentir des sentiments
identitaires ».26(*) Mais il faut convenir que c'est avec la colonisation
que l'ethnie a été autrement conçue et
instrumentalisée du point de vue socio-psychologique et
socio-anthropologique. A cet effet, la diversité ethnique dans les trois
pays, à savoir la RDC, la Somalie et la Côte d'Ivoire pose un
certain nombre de problèmes de coexistence pacifique. C'est ainsi que
certains conflits en Afrique et plus particulièrement dans les trois
pays cités ont eu des causes ethniques.
Paragraphe II : L'ethnie comme facteur de
conflit
Dans la région des Grands lacs, Bedoum remarque
que « la crise rwandaise, par le nombre de victimes qui en a
résulté, a fait des rapports entre Tutsi et Hutu, une
référence sur la question des conflits ethniques en
Afrique »27(*). Ainsi la RDC voisine du Rwanda, du Burundi et
d'Ouganda est composée d'une centaine de groupes ethniques
partagés avec beaucoup de pays de la sous-région. Sur le plan
linguistique, la RDC contrairement à la somalie est l'un des pays les
plus multilingues de toute l'Afrique. Il y existe des langues nationales
parlées par presque la majorité de la population à la
différence de la Côte d'Ivoire qui recourt à la langue
française pour fédérer la diversité linguistique.
L'origine des conflits ethniques dans cette région est liée
à l'instrumentalisation des ethnies à des fins de domination
politique. Selon Bedoum « le pouvoir colonial avait
institué un système de classification ethnique avec des cartes
d'identité obligatoire spécifiant l'ethnie d'appartenance (...).
Les préjugés et différents qui s'y rattachent avaient
créé une division et un climat qui ont contribué à
l'instabilité (...) ».28(*) A cet effet, les relations postcoloniales entre la
RDC et le Rwanda compte du nombre important de déplacés en
territoire congolais a été un prétexte pour soutenir des
groupes sociaux congolais. C'est ce qui continue de durcir les rapports
conflictuels entre les deux pays jusqu'à l'arrestation du
Général Laurent Kunda de l'ethnie Tutsi, principale victime du
génocide rwandais. Il se développe réellement dans la
sous-région de l'Afrique Centrale comme un peu partout dans la plupart
des « Etats importés » pour reprendre une
expression de Bertrand Badie une certaine « culture de
violence » aggravée par la prolifération des armes
avec la complexité de certaines puissances occidentales.
En Côte d'Ivoire, la cohabitation ethnique assez
complexe remonte aussi à la période coloniale lorsque ce pays,
considéré comme la « vache
laitière » de la plupart des pays ouest africains,
présentait des enjeux économiques considérables avec les
plantations de café et de cacao. La main d'oeuvre locale venait un peu
partout des pays frontaliers notamment la Guinée et le Burkina Faso.
Après plus d'un siècle de cohabitation pacifique entre
allochtones et autochtones de la Côte d'Ivoire, il se pose un
problème de xénophobie.
Certains analystes remontent à une époque
lointaine pour dire que le rejet d'Alassane Dramane Ouatara repose sur la
xénophobie à l'égard de l'ethnie Dioula, l'homme du Nord
pour les ivoiriens du Centre et de la Côte. Le problème ethnique
est extrêmement complexe en Côte d'Ivoire. Les nordistes et
centristes notamment malinkés ont des patronymes identiques a ceux des
immigrés de la même ethnie provenant des Etats voisins. De
même, les Akans sudistes ont des patronymes identiques à certains
peuples immigrés des pays comme le Ghana, le Togo et le Libéria.
A partir de ce rejet latent depuis des décennies sous
le règne du Président fédérateur Félix H.
Boigny et manifeste sous le règne de son dauphin constitutionnel, Henry
K. Bédié, les tensions ethniques et régionalistes qui se
sont exacerbées avec la réforme du code électoral et la
réforme foncière qui consacrent le concept d'ivoirité.
A la différence de la Côte d'Ivoire et de la RDC,
le cas de la Somalie est assez particulier compte tenu de sa structuration
socio-culturelle très complexe. A cet effet, d'autres variables
ethniques vont entrer dans le cadre de l'analyse pour un pays
d'« une homogénéité ethnique et culturelle
assez rare sur le continent africain ».29(*) Il s'agit essentiellement des
variables comme la tribu et le clan qui fonde le « système
complexe de lignages » de cette société rurale et
nomade. Les luttes entre les clans rythment l'histoire du pays. Les haines
interethniques portées à l'incandescence par le régime
tyrannique de Barre favorisant le clan Marehan entraine la Somalie, à
partir de 1988, dans une guerre civile. Les différentes factions sous
les commandes des « seigneurs de la guerre » se
rivalisent d'ardeur pour s'emparer du pouvoir dans la rue suite à la
fuite en 1991 de Siad Barre affaibli et sans soutien après quelques mois
de conflits meurtriers. Les tensions tribales s'intensifient au point de mettre
le successeur de Barre, en l'occurrence Mahdi Ali Mohamed, dans
l'impossibilité de contrôler le pays. Cet imbroglio
témoigne de l'inexistence de l'Etat en tant que tel dans la mesure
où l' « Etat » et le
« tribu » sont antithétiques30(*). En outre, il faut souligner
que l'ethnie somali pose un réel problème dans la
sous-région en ce sens qu'elle se partage entre trois pays. La crainte
du regroupement régional « Grande Somalie »
est un motif dissimulé de la France pour soutenir le Djibouti, un Etat
d'une bonne position géostratégique considéré comme
une nation prise en otage. Cet Etat qui est la plus grande base
française en Afrique, soit 5000 soldats, est dominé par les Afar
et le Somali. C'est ainsi que « les particularismes ethniques ou
tribaux ont fait place aux antagonismes » sur lesquels les
hommes politiques de toute obédience s'appuient, quitte à user de
la violence, pour la conquête et la conservation du pouvoir.
Section II : Le phénomène
religieux
Le phénomène religieux est plus ou moins
problématique en Afrique. Il est souvent considéré comme
un instrument au service d'une élite politique
(Paragraphe I). Néanmoins le cas de la Somalie est assez
particulier (Paragraphe II).
Paragraphe I : l'instrumentalisation du
phénomène religieux
La genèse religieuse des conflits repose sur une
conviction certaine, une croyance sincère en une Autorité
Supérieure Absolue et Parfaite appelée généralement
Allah chez les musulmans et Jéhovah chez les adeptes chrétiens.
C'est le domaine de la foi, de la spiritualité avec son corollaire de
prescriptions et de proscriptions conformes aux règles
édictées dans les livres (Coran et Bible, la thora). En Afrique,
le christianisme et l'Islam sont les deux principales religions
révélées qui génèrent des conflits
identitaires. La question religieuse en Afrique pose un certain nombre de
problèmes relatifs à l'identité et à
l'instrumentalisation religieuse à des fins politiques surtout avec les
indépendances dans la plupart des pays africains. A ce propos, Samuel P.
Huntington avait prédit un changement de situation dans son article
publié en 1993 dans la Revue Foreign Affairs. Sa thèse repose sur
l'idée selon laquelle « après l'effondrement
de l'Union soviétique, les motifs d'affrontements et de guerre ne seront
plus bien sûr des motifs Est-Ouest, mais des affrontements à venir
entre grandes zones culturelles, entre grandes aires
religieuses ».31(*) Ces idées chères à
l'éminent politiste et figure emblématique des sciences sociales
et plus particulièrement de la science politique du XXème
siècle, S.P. Huntington, montre très clairement que la religion
demeure foncièrement une cause de conflits.
Le phénomène religieux quelquefois
dissimulé en terre ivoirienne n'est pas développé en RDC
et est composé essentiellement de chrétiens, de protestants et
d'animistes. En effet, l'origine de la crise ivoirienne de 2002 résulte
d'une ancienne xénophobie entre les gens du Nord, à
majorité musulmane et les gens du Sud à majorité
chrétienne. Les hostilités latentes du temps du Président
H. Boigny se durcissent sous le règne de Bédié avec la
ferme volonté de Alassane Dramane Ouattara se présenter à
l'élection présidentielle. Ainsi est née la notion
d'ivoirité pour éliminer l'ancien Premier Ministre Ouattara, un
musulman du Nord. Par ailleurs, la Somalie constitue une
spécificité africaine dans les conflits religieux à
côté du Nigéria où les litiges entre musulmans et
chrétiens font beaucoup de victimes. C'est un pays qui pratique une
seule religion : à majorité sunnite. Il est miné par
des rivalités religieuses internes et externes.
Paragraphe II : la particularité de la
somalie
Au niveau interne, il faut dire que les organisations
islamiques font la politique. L'Union des Tribunaux Islamiques (UTI) est une
alliance de quinze (15) tribunaux islamiques somaliens pour l'instauration d'un
Etat régi intégralement par la Charia. Elle est soutenue par Al
Qaida. Elle comportait aussi bien des modérés (dont Sharif Cheikh
Ahmed, élu à la Présidence du gouvernement
fédéral transitoire de Somalie en janvier) que des
intégristes (dont Hassan Dahir Aweys leader du groupe Hizbul Islam).
L'organisation terroriste des shebab est issue de la branche radicale de
l'Union. Les tribunaux islamiques avaient pris la majeure partie du territoire
en 2006 sous le régime du Président Abdallahi Youssouf Ahmed. Ils
étaient parvenus à rétablir malgré tout l'ordre
dans un « Etat défaillant » souffrant de
violences endémiques et d'affrontements entre les milices
rivales32(*).
Au niveau externe, l'ONU avait accusé, dans son
rapport de 2006, l'Erythrée, l'Iran, la Lybie, la Syrie et l'Arabie
Saoudite d'avoir soutenu l'UTI. Cette dernière a
bénéficié également d'un soutien local de la part
des commerçants désireux de mettre fin à la violence
nationale. En juin 2006, l'UTI s'engage dans une guerre contre les leaders
tribaux soutenus par les Etats-Unis et prend le contrôle de la capitale
Mogadiscio et les principales villes (Jowhar, Kismayo, Beledwayn etc.). Le
conflit somalien se régionalise davantage depuis quelques années
remettant en cause les institutions de la République. Depuis fin 2006,
l'Ethiopie, contre laquelle les tribunaux islamiques ont lancé le
djihad, soutient militairement le gouvernement de transition et lance une
grande offensive contre eux depuis le 24 décembre 2006. Or le
Prophète Mohamed (PSL) aurait dans un célèbre hadith
déconseillé toute attaque musulmane aux chrétiens de
l'Ethiopie qui avait abrité les premiers convertis en Islam dans la
région. Selon la version américaine, l'Union des tribunaux
islamiques est fortement liée au mouvement terroriste de Ben Laden ce
qu'ils démentent formellement gardant leur alliance avec les milices
claniques.
Chapitre II : Les causes
socio-économiques et politiques
Il est une évidence certaine que les jeunes Etats
africains plus ou moins pauvres en ressources naturelles et humaines n'ont pu
connaitre, à l'exception de Botswana, une stabilité
démocratique pour leur développement économique. Ainsi la
plupart des régimes autoritaires ont vécu à partir des
années 90 ce que le politiste français Jean François
Bayart appelle une « décompression
autoritaire » au profit du processus de démocratisation
qui se poursuit encore avec beaucoup de difficultés. Sous
prétexte de démocratiser et de développer l'Afrique, les
puissances étrangères déroulent leur stratégie de
« boulimie foncière » pour exploiter et
asservir l'Afrique. Cependant la résistance à la volonté
impérialiste se faisait entendre partout. Car « la
pauvreté dans la dignité vaut mieux que l'opulence dans
l'esclavage » aurait dit un adage africain tant
évoqué pour le Président dictateur Ahmed Sékou
Touré. Ces propos de sagesse africaine sont utilisés à
l'inverse par les politiques pour piller l'économie des Etats souverains
et indépendants africains. Cette attitude malsaine est aujourd'hui
source incontournable de conflits aussi bien sur le plan économique
(Section I) que sur le plan politique (Section II).
Section I : Sur le plan
socio-économique
En analysant la situation économique en termes de
ressources, l'on se rend compte qu'il y a des enjeux fondamentaux. Aussi bien
en RDC, en Somalie qu'en Côte d'Ivoire, la richesse (Paragraphe I) comme
la pauvreté (Paragraphe II) constituent de véritables sources de
conflits.
Paragraphe I : La richesse comme source de
conflits
Concernant les ressources naturelles, les trois pays
détiennent chacun une richesse particulière. En somalie, la
richesse en ressources halieutiques est quelquefois source de convoitise
incontrôlable entrainant des hostilités entre les usagers des eaux
riches en thons et crustacés. A cet effet, une lecture économique
des causes du conflit interne et externe qui persiste encore considère
que la faillite de l'Etat en 1991 a fait l'objet de surpêche
étrangère. Cette pêche illégale a été
le fait des chalutiers italiens, grecs, espagnols et japonais.33(*) Ce pillage difficile à
contrôler dénote de l'inefficacité de la puissance
publique, partant de l'inexistence de l'Etat en tant que tel. C'est ainsi que
se développe une insécurité en permanence. Compte tenu de
la position stratégique du pays, la piraterie devient une menace pour le
transport maritime international depuis le début de la guerre en fin
90.
Si en Somalie, la richesse maritime est source de conflits, en
côte d'Ivoire et en RDC, il en est autrement. D'ailleurs, ce sont les
richesses foncières qui alimentent les rivalités entre les
usagers. Chacun de ces deux Etats se particularise par la nature de ses
richesses. En Côte d'Ivoire, elles sont agricoles tandis qu'en RDC elles
sont minières.
La RDC est extrêmement riche en ressources
minières au point de faire l'objet d'une convoitise au niveau
international. Il y a du diamant, de l'or, du cobalt, du cuivre, de
l'étain, de la bauxite, du fer, du gaz, des schistes bitumeux, charbon,
du pétrole et du Colombo tantalite (coltan). Ce dernier minerai
très rare dans le monde est localisé au Nord et au sud Kivu,
à Katanga et à Maniema.il fait depuis quelques décennies
l'objet d'une convoitise de la part des plus grandes puissances mondiales,
à savoir les Etats-Unis d'Amérique et l'Europe. Le coltran et
d'autres ressources du sous-sol de la RDC sont indispensables pour la
technologie de pointe, la fabrication et l'entretien des engins
aéronautiques et spatiaux, les ordinateurs et la
téléphonie cellulaire.34(*) L'enjeu fondamental est qu'il n'y a nulle part
ailleurs où l'on peut s'approvisionner suffisamment en coltan si ce
n'est en Australie, en Brésil ou en RDC. La région de Kivu,
partie orientale de la RDC possède la plus grande réserve
mondiale avoisinant 80% des réserves mondiales de tantale qui est
extrait du coltan.
Au moment où l'Australie et le Brésil en
exportent d'énormes quantités pour alimenter les industries de
haute technologie, la RDC quant à elle, reste victime de l'exploitation
de cet or gris. Le tantale est une matière incontournable pour
l'industrie aérospatiale, aéronautique et de défense
(réacteurs, missiles et satellites). Si autrefois, seules l'Allemagne,
la Belgique et la France se concurrençaient pour le contrôle du
coltan avec toutes les conséquences qui en découlaient,
aujourd'hui, il en est autrement. Les Etats-Unis et un peu plus tard la Chine
entent en jeu pour bénéficier des opportunités
industrielles de ce minerai. Il y a présentement une absence
d'éthique et de respect du droit international dans l'exploitation du
colombo tantalite malgré les quelques rapports des Nations Unies qui
dénoncent l'attitude des multinationales
téléguidées en terre congolaise. Plus grave encore, la
puissance allemande entre en affrontement diplomatique avec Kinshasa tout en
soutenant des milices sécessionnistes proches du Président
rwandais. Ainsi la RDC sous l'effet d'une guerre silencieuse contre elle et ses
intérêts devient l'ennemi des pays voisins (Rwanda, Ouganda et
Burundi) instrumentalisés par les puissances occidentales qui
soutiennent leurs multinationales. Une nouvelle configuration
géopolitique fait de Kigali le lieu de convergence du coltan qui sera
par la suite acheminer vers l'Europe et les Etats-Unis. Cette nouvelle forme de
commerce triangulaire version du XXIème siècle continue
d'entrainer des affrontements et des victimes (environ 5 millions de morts)
notamment dans la région de Kivu. Toutefois, l'entrée de la Chine
en jeu avec la signature du contrat du 17 septembre 2007 offre à la RDC
ce que les autres puissances n'ont jamais pu proposer.
Par ailleurs, en Côte d'Ivoire, la question de la
propriété foncière soulevée après la fin du
régime de Houphouët Boigny pour qui la terre appartient à
celui qui la « met en valeur » a
divisé l'opinion avant de se concrétiser avec la réforme
du code foncier rural. En effet, la Côte d'Ivoire avait fait appel
à la main d'oeuvre étrangère qui a contribué
à faire de son économie l'une les plus performantes de l'Afrique
pour un pays qui ne dispose que du coton, du café et du cacao. Selon
Aminata Traoré, la Côte d'Ivoire dont le café et le cacao
rythment le dynamisme économique enregistre dans le courant des
années 60-70 des taux de croissance de 6 à 7% faisant d'elle le
premier exportateur et importateur mondial de cacao avec le tiers du
marché mondial.35(*)
Ainsi la population étrangère qui constitue 26%
de la population totale avait formé avec les ivoiriens de souche la
nation ivoirienne avant d'être secouée par des
« identités meurtrières » sous
l'effet de la politisation de la réforme foncière avec le fameux
concept d'ivoirité. Les conflits fonciers opposent
particulièrement les populations autochtones et allochtones dans les
régions de l'Ouest et du Centre-Ouest de la Côte d'Ivoire. C'est
ainsi que Kassimi Bamba « le conflit ouvert en septembre 2002
apparait comme le résultat de cette rupture d'harmonie entre les
ivoiriens eux-mêmes et entre les ivoiriens et les
étrangers ». 36(*)
Ces propos sont d'autant plus vrais qu'ils sont
confirmés par la loi no 98-750 du 23 décembre 1998, portant Code
foncier rural promulgué 14 janvier 1999. Selon Théodore Dagrou
cette loi « a été considérée comme
contenant les germes potentiels de xénophobie, en ce qu'elle dispose, en
substance, en son article 1, que seuls les ivoiriens peuvent accéder
à la propriété de la terre ».37(*) Du coup, une bonne partie
de la population née, grandie et travaillant en Côte d'Ivoire est
exclue, marginalisée, ce qui du reste a créé un stock de
frustrations qui génère une situation conflictuelle sans
précédent dans l'histoire du pays.
Paragraphe II : La pauvreté comme source de
conflits
Nombreux sont les pays africains qui, n'ayant pu profiter de
leurs ressources naturelles et humaines ou de leur position
géostratégique favorable aux transactions de tout genre, ont
sombré dans une situation de pauvreté générant
quelques germes de conflictualité.
Le constat est là. La République
Démocratique du Congo, malgré ses ressources minières
extrêmement diversifiées et abondantes, ne dispose d'aucune
industrie minière. Malgré l'abondance de ses ressources
naturelles, la RDC est l'un des plus les pauvres pays du monde avec des
inégalités très marquées. Cet état de fait
s'explique par les différents conflits qui résultent de son
incapacité à gérer les tensions sociales internes et
à sceller un partenariat fiable avec les autres pays du monde entier.
Les violations des droits humains qui résultent des conflits
armés en particulier des enfants et des femmes, ont eu des
persécutions très profondes au sein de la population.
L'écrasante majorité de la population, soit 80% vivait en 2002 en
dessous du seuil de pauvreté fixé à 2 dollars par jours
avec des disparités régionales. Des groupes vulnérables se
sont constitués. Il s'agit de refugiés, des orphelins de conflits
armés, des enfants déscolarisés et des enfants soldats
endoctrinés à leur groupe d'appartenance. Une masse qui
évolue dans une telle situation risque de semer les germes de la haine
et de la violence, bien mieux elle adopte une certaine une culture de
violence : d'où l'importance du principe d'intériorisation
et d'extériorisation cher au Sociologue français Pierre Bourdieu.
C'est dire que l'enfant intériorise un certain nombre de modèles
culturels liés au processus de sa socialisation qu'il extériorise
au fur et à mesure qu'il grandit à travers son comportement.
Cette situation de pauvreté qui pose un problème
d'éducation de la masse des jeunes est inquiétante qu'ils sont
enrôlés par des groupes rebelles pour faire la guerre. Ici la
pauvreté est considérée comme un facteur responsable de la
violation des droits de l'homme et de la violence dans les différents
pays de la sous-région de l'Afrique centrale. A ce niveau précis,
le désoeuvrement des jeunes garçons et la pauvreté sont
source du développement du banditisme, illustré par les coupeurs
de route qui entretiennent l'insécurité permanente.
« Le phénomène de la pauvreté conduit
à des situations où se perdent toutes les valeurs. L'homme qui a
faim n'est pas un homme libre, un homme susceptible de réfléchir
sereinement et objectivement, et la plupart des remous sociaux que les pays
africains ont connus relèverait de ce
phénomène »38(*)
A la différence de la RDC, la Somalie est un pays
« pauvre en ressources mais bien situé entre le Golfe d'Aden et
l'Océan Indien »39(*). Cependant, elle présente un grand
intérêt géostratégique. Ainsi elle a joué non
seulement un rôle considérable pour les puissances
européennes en pleine expansion au XIXème mais aussi au
XXème siècle entre les Blocs Est/ Ouest. En outre, la Somalie
dispose d'une côte maritime importante de 3025 km et de 200 miles
nautiques d'eaux territoriales. Cette zone voit passer un trafic maritime
important puisque l'essentiel du trafic entre l'Extrême-Orient et
l'Europe passe entre la Corne de l'Afrique et la péninsule arabique dans
le Golfe d'Aden afin de rejoindre le canal de Suez. En somalie, la piraterie
s'y développe et pose un problème de sécurité
notoire. En effet, la piraterie a pour cause principale l'exploitation maritime
des côtes de laquelle découle la pauvreté des populations
locales. Du point de vue culturel, elle serait déterminée par la
tradition pastorale du pays.
La Côte d'Ivoire, comme dans la plupart des pays de
l'Afrique subsaharienne ayant accepté les Programmes d'Ajustement
Structurels (PAS) imposés par les Instituions Internationales de Bretton
Woods, a connu un recul de la croissance économique durement senti par
les populations. Ainsi remarque Aminata Traoré « la crise
économique était doublé d'une crise politique qui exacerba
les conséquences de la baisse du prix des matières
premières et de la dévaluation du franc CFA »40(*). Félix H. Boigny,
en de pareilles situations, ne cessait de dénoncer ouvertement la
spéculation internationale. Par contre, son successeur moins prudent
forge le concept écartant son principal challenger de la course à
la présidence. D'où la déclaration émouvante de
Maurice Bandama dans son oeuvre publiée en 2004 sous le titre de
« Côte : chronique d'une guerre
annoncée » en ces termes : «
Manipulés et engagés par la haine de leur propre sang, les
ivoiriens en sont arrivés à accepter qu'une disposition
discriminatoire donnant aux citoyens de souche père et mère
ivoiriens, eux-mêmes ivoiriens de naissance, un privilège sur les
autres ivoiriens. Soit inscrite dans la constitution ».41(*)
Section II : Sur le plan socio-politique
Compte tenu des informations recueillies au cours des
enquêtes effectuées, l'on constate que la principale origine des
conflits est généralement liée à la conquête,
à l'exercice et à la conservation du pouvoir politique. Pour
illustrer cette argumentation, il s'avère nécessaire de mettre
l'accent sur le double niveau interne (Paragraphe I) et externe (Paragraphe II)
de l'origine socio-politique des conflits en RDC, en Somalie et en Côte
d'Ivoire.
Paragraphe I : Au niveau interne
Les causes principales socio-politiques des conflits au niveau
interne des Etats sont essentiellement liées à la confiscation du
pouvoir de manière antidémocratique, aux dérives
institutionnelles, au processus de démocratisation, à la
consolidation de l'Etat-Nation, au néopatrimonialisme, à la
corruption et à l'application politique du concept d'ivoirité.
En effet, pour ce qui concerne ce dernier point, il faut dire
qu'il aurait été en grande partie à l'origine de la crise
politique et sociale ivoirienne de 2002-2008. Tout est parti de la candidature
de l'ancien premier Ministre sous Félix H. Boigny en la personne
d'Alassane Dramane Ouatara. Après les affrontements estudiantins en
avril-mai 1999 suivis de la fermeture de l'Université ivoirienne,
Alassane Ouatara quitte le Fonds Monétaire International (FMI) en
annonçant officiellement sa candidature pour l'élection
présidentielle d'octobre 2000. Cependant la justice ivoirienne sous le
règne du successeur constitutionnel et Président de la
république Henry K. Bédié n'a pas cautionné sa
candidature et annule son certificat de nationalité ivoirienne
délivré à la fin du mois de septembre.
Il s'agit là de l'application politique du concept
d'ivoirité, ce qui aggrave la situation et durcit les positions entre
les antagonistes. Le 15 novembre 1999 des dizaines d'immigrés
burkinabés sont chassés de leur domicile dans le sud-ouest de la
Côte d'Ivoire suite à des problèmes fonciers. Le mois de
décembre de la même année est marqué par des
tensions politiques ponctué par un arrêt lancé contre
l'adversaire politique le plus populaire, Alassane Ouatara, contre
Bédié et la formation d'une mutinerie à Abidjan le 23
décembre avant l'annonce le jour suivant de la destitution du
Président Bédié et la formation d'un Comité
National de Salut Public (CNSP) dirigé par l'ancien chef d'Etat-major,
le Général Robert Guei. Celui-ci, en voulant s'accrocher au
pouvoir après un bref souffle de soulagement, a ouvert la porte du
Palais Présidentiel à Laurent Gbagbo en éliminant
politiquement et juridiquement Ouatara de la course à la
présidentielle.42(*) Le 22 octobre 2000, les tensions et contradictions
électorales montent à Abidjan. Des militaires sont
déployés au siège de la Commission Nationale Electorale
(CNE) qui sera dissoute et son président arrêté. Le
Général Robert Guei se proclame Président de la
deuxième République de la Côte d'Ivoire. De l'autre
côte, Laurent Gbagbo se déclare dans la foulée, Chef de
l'Etat et invite ses partisans à manifester. Ce fut un affrontement
meurtrier entre manifestants et forces de l'ordre. La CNE, après la
fuite du Général Guei, confirme l'élection de Laurent
Gbagbo comme Président de la république de la Côte
d'Ivoire. La crise politique prend une connotation ethno-religieuse entre
nordistes en majorité musulmane et sudistes en majorité animiste
et chrétienne. Le bilan des affrontements est lourd et le
Secrétaire Général de l'ONU d'alors, Koffi Annan appelle
à la tenue de nouvelle élection pendant que la cour suprême
proclame Laurent Gbagbo vainqueur du scrutin avec 59,36% des voix.
Malgré tout, le conflit dégénère en une crise sans
précédent suite à la tentative de coup d'Etat à
Abidjan le 19 septembre 2002. Les rebelles prennent le contrôle des
grandes villes du Centre (Bouaké) et du Nord (Korhogo). Le pays est
divisé avec affrontements périodiques entre les forces loyalistes
et les trois mouvements rebelles que sont le Mouvement Populaire Ivoirien du
Grand-Ouest (MPIGO), le Mouvement pour la justice et la Paix (MJP) et le
Mouvement Patriotique de la Côte d'Ivoire (MPCI).
Force est de reconnaitre que des groupes rebelles de ce genre
sont aussi à l'origine des troubles en RDC et Somalie. Pour ce dernier
pays, il s'y développe des groupes islamiques claniques en
perpétuelle lutte pour le pouvoir. C'est le cas du groupe Hizbul Islam,
des milices tribales, l'UTI soutenue par le groupe terroriste Al qaida. Ces
groupes rebelles ont une forte connotation religieuse contrairement aux
rebellions ivoiriennes et congolaises. Les exactions des groupes somaliens
d'inspiration islamiste et tribale ont complètement affaibli
l'institution étatique qui, au regard de lu Représentant du
Secrétaire Général des Nations Unies en Somalie, n'existe
pas en tant que tel.43(*)
C'est ainsi qu'une lecture politique des facteurs explicatifs du conflit
souligne que la piraterie s'appuie sur l'absence d'Etat, celui-ci ne pouvant
lutter contre la criminalité s'exerçant sur son territoire.
La question de la rébellion demeure encore une
équation difficile à résoudre en territoire congolais. La
partie orientale de la République Démocratique du Congo est le
bastion des groupes rebelles dont il faut citer les forces démocratiques
de libération du Rwanda (FDLR) dénommées avant 2000
Armée de Libération du Rwanda (ALIR). Les FDLR sont
composées des membres de l'ex-FAR (Forces Armées du Rwanda) et
des milices interahamwes qui ont participé au génocide de 1994,
des ex-FAR n'ayant pas participé aux massacres, des recrues
« post-génocide » passées par les
camps de refugiés en Tanzanie et au Zaïre (actuelle RDC) entre 1994
et 1996 constituant par conséquent le gros des troupes. Ces forces se
sont bien entrainées dans les camps de refugiés de la RDC en 1994
et jouent un trouble jeu entre Joseph Kabila et Laurent Kunda. En 1996 lors de
la première guerre du Congo, l'Armée rwandaise à poursuivi
ces forces rebelles à travers les forêts du Congo et
massacré plusieurs milliers de ses membres et des populations
refugiées prises en otages par les forces génocidaires. Il faut
dire donc que ces forces rebelles ont beaucoup contribué à la
déstabilisation de l'Est de la République Démocratique du
Congo, ce qui du reste durcit les hostilités entre la RDC et le Rwanda.
Paragraphe II : Au niveau externe
Trois niveaux d'analyse permettront d'apprécier les
causes socio-politiques des conflits au niveau externe. Il s'agit notamment de
la guerre d'Ogaden entre la Somalie et l'Ethiopie, du conflit entre la RDC et
ses voisins groupes rebelles interposés ou par l'instrumentalisation
occidentale, et enfin du conflit ivoirien entre les forces Armées
Loyalistes et les groupes rebelles des Forces Nouvelles parrainés par
des pays voisins. Même s'il y a une cause commune quant à la
nature des conflits, toutefois il y a une différence stricte dans le
temps et l'espace de déroulement de la situation conflictuelle.
La guerre en RDC est parfois qualifiée d'une agression
injustifiée perpétrée par la complexité des pays
voisins. Elle est menée par un mouvement composite dénommé
Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération de l'Afrique
(AFDL). C'est un mouvement soutenu militairement par des troupes
composées des rwandais, des ougandais et dans une moindre mesure des
burundais. Il est né des accords de Lemera signés le 23 octobre
1996 par quatre plate-formes politiques dont le PRP (Parti de la
Révolution Populaire) de l'ancien maquisard Laurent-Désiré
Kabila devenu Président de la RDC après la fuite de l'ex
dictateur Mobutu le 16 mai 1997, le CNRD (Conseil National de Résistance
pour la Démocratie) du commandant André Ngandu Kisase qui avait
dirigé les rebelles congolais basés en Ouganda, le MLRZ
(Mouvement Révolutionnaire pour la Libération du Zaïre) du
commandant Anselme Masasu et l'ADP (Alliance Démocratique des Peuples)
de Déogratias Bugera. Le peuple zaïrois meurtri par une zairisation
forcée de 26 ans sous le règne du maréchal Mobutu trouve
en ce mouvement rebelle venu d'Est une raison d'espérer. Ainsi l'AFDL
prend le pouvoir vacant le 17 mai 1997 en tournant la page du régime
mobutiste.
Un autre problème relatif à l'exercice se pose
avec acuité contraignant le nouveau le Président de la
république de prendre des décisions allant dans le sens
l'intérêt national. L'opposition unie autour du leader
charismatique dénonce la légitimité de
Laurent-Désiré Kabila et la présence des étrangers
tutsis dans l'attelage présidentiel. Mis sous une forte pression, Kabila
prend la décision fatidique de renvoyer les troupes
étrangères qui l'ont porté au pouvoir. Cet acte plaisant
au peuple congolais est mal vu à Kigali et à Kampala, car la
guerre dans l'Est de la RDC par les Présidents tutsis (Paul
Kagamé, Yoweri Museveni et dans une certaine mesure Pierre Buyoya) a un
double objectif de démanteler les camps des réfugiés hutus
rwandais et le renversement de Mobutu. Cette décision
irréfléchie de Kabila a complètement changé la
donne : d'où une nouvelle invasion commandée par le colonel
James Kabarebe pour renverser Laurent-Désiré Kabila. Ce combat de
Paul Kagamé contre les Interahamwe dans l'Est du Congo a fait des
dégâts matériels et humains aux effets néfastes. Le
conflit congolais est, à bien des égards, semblable à
celui de la Côte d'Ivoire et de la Somalie.
En côte d'Ivoire, l'on parle de
« tentative de déstabilisation d'origine
extérieure »44(*). Le pouvoir ivoirien en place suppose une certaine
complicité entre le Burkina Faso et divers membres du MPCI. La France
est également soupçonnée d'être du côté
des rebelles pour combattre le régime socialiste de Gbagbo par le biais
de l'opération Licorne. Du point de vue symbolique, cette thèse
est vraisemblable. Car la licorne, utilisée comme métaphore, est
en réalité un animal fabuleux capable de terrasser
l'éléphant, symbole de la côte d'Ivoire.
Par ailleurs, la guerre somalo-éthiopien pour le
contrôle de l'Ogaden a dégénéré en conflit
international. L'origine du conflit est multiple. Pour « le
somalien de la rue, la Somalie tente de prendre une revanche sur l'attitude
belliqueuse de l'empereur Ménélik II qui, au début de ce
siècle, conquit l'Ogaden pour l'annexer à son empire
catholique-copte de l'Abyssinie ».45(*)
Cette thèse est loin d'être partagée par
l'Ethiopie pour qui, ce conflit n'est que la continuation de l'expansionnisme
de la dynastie Sélassié au moment où le programme
« du pansomalisme auquel personne en Somalie n'entend
officiellement renoncer ».46(*) Au finish, le conflit meurtrier entre l'Ethiopie
chrétienne et la somalie musulmane a
dégénéré en une hostilité continue sous
forme d'une guérilla endémique.
Deuxième partie : les mécanismes de
résolution des conflits
S'il est une évidence qu'il n'y a pas de
société sans conflit au sens où Karl Marx dirait que
l'histoire de l'humanité est une histoire de lutte des classe, l'on
pourrait aussi convenir qu'il n'y pas de conflit sans une quelconque
méthode, un mécanisme de prévention, de gestion et de
résolution de ce conflit. Dans le cas de cette présente
étude, la notion de résolution sera privilégiée au
détriment des autres. Selon Djibril Samb reprenant les termes du
Dictionnaire de la terminologie du Droit international, il faut entendre
exclusivement au sens du droit international par résolution des crises
ou des conflits leur règlement. Il s'agit d'une
« opération consistant à mettre fin à une
situation litigieuse ou qui peut le devenir, à rendre nette la situation
entre parties, cette opération pouvant consister à mettre fin
à un conflit, à résoudre un différend, un litige
international »47(*). Ainsi il faut préciser
qu' « avant comme après l'éclatement de la
crise, on peut recourir à la procédure de l'enquête, aux
bons offices, à la conciliation, à l'arbitrage, à la
médiation, et in fine, aux négociations ».48(*) A cet effet, il existe au
regard des chercheurs en sciences sociales une diversité de
mécanismes d'ordre traditionnel (Chapitre I) et moderne
de résolution des conflits (Chapitre II).
Chapitre I : Les mécanismes traditionnels
de résolution des conflits
Deux types de mécanismes traditionnels de
résolution des conflits sont à distinguer à ce niveau bien
précis. Il s'agit d'une part des mécanismes pacifiques
(Section I) et des mécanismes violents de
résolutions des conflits d'autre part (Section II).
Section I : les mécanismes pacifiques de
résolutions des conflits
Pour paraphraser le célèbre journaliste
français Alain Foca de la Radio France Internationale (RFI), il convient
de dire que nul n'a le droit d'effacer l'histoire d'un peuple, car un peuple
sans histoire est un monde sans âme. Le propre de l'histoire est de
permettre à une société de forger un certain nombre de
mécanismes de cohésion sociale, de vie communautaire. Il est
question le plus souvent de mécanismes pacifiques qui s'enracinent dans
des valeurs socio-culturelles endogènes. Pour les illustrer, l'accent
sera mis sur le principe (Paragraphe I) et la pertinence de
ces mécanismes pacifiques de résolution des conflits
(paragraphe II).
Paragraphe I : Le principe des mécanismes
pacifiques de résolution des conflits
La société africaine comme toute
société humaine est une société conflictuelle tant
du point de vue de sa structuration que de son mode de fonctionnement.
Différentes conceptions ont contribué à élucider ce
principe fondamental. Un constat empirique véhicule l'idée selon
laquelle le conflit est inhérent à la vie sociale. Du point de
vue structurel, les conflits relèvent de la nature des structures
sociales qui se fondent sur des règles morales, des conventions
sociales, des codes et des modèles de vie qui orientent et guident les
comportements des individus. Selon les promoteurs du postulat fonctionnaliste,
les conflits concourent à la reproduction sociale, au maintien du lien
social, à l'intégration sociale, bien mieux à la
cohésion sociale.49(*) Ainsi les mécanismes pacifiques de
résolutions des conflits en Afrique sont secrétés de la
tradition négro-africaine. Il faut rappeler que cette Afrique qui a subi
des mutations d'ordre religieux (avec l'Islam et le christianisme) et politique
(avec la colonisation sous toutes ses formes « Indirect
rule »- l'administration indirecte - et « direct
rule »- l'administration indirecte) fondent ces
mécanismes sur le respect mythique de l'Autorité
coutumière titulaire d'un pouvoir magico-religieux. Ainsi la parole,
l'action et l'allégeance au système politique du groupe
d'appartenance ou de référence constituent les piliers de ces
mécanismes. A titre d'exemple, la référence symbolique
à la notion « arbre à palabre »
suggère l'idée de discussion, de conversation, de dialogue, de
partage chers à la civilisation négro-africaine. Selon le
président-poète Léopold Sédar Senghor cité
par Thierno Bah « l'esprit de cette civilisation, enraciné
dans la terre et le coeur des noirs, est tendu vers le monde -être et
choses- pour le comprendre, l'unifier et le
manifester ».50(*) Dans la même perspective, Fabien Eboussi
Boulaga relève « la recherche de la vie dans la
paix ».51(*) L'on remarque l'existence de chefferies qui
s'édifient en royaumes un peu partout en Afrique et en particulier en
Somalie, en Côte d'Ivoire et en RDC.
Pour ne prendre que l'exemple des royaumes (Luba, Kuba, Lunda
et Kongo) de la RDC, ces populations ont la particularité de ne pas
connaitre la propriété privée. Aussi, la terre
cultivée en groupe ne se vend. Les royaumes n'ont pas de
frontières exactes. Les rois ou empereurs n'ont pas de véritable
pouvoir. Ce sont plutôt les chefs de village qui ont de
l'autorité. Les royaumes sont constitués d'unions temporaires de
différends regroupements de villages de même langue. Il faut donc
retenir que la stabilité des sociétés traditionnelles
africaines était « garantie par des institutions, des
pratiques et des rites qui garantissaient une certaine stabilité sociale
et assuraient le règlement pacifique des conflits : la famille
restreinte, noyau central pour l'éducation à la tolérance
quotidiennement dispensée à travers les contes et
proverbes ».52(*) Ce principe des mécanismes pacifiques de
règlement des conflits peut permettre d'en apprécier la
pertinence.
Paragraphe II : La pertinence des mécanismes
pacifiques de résolution des conflits
Les mécanismes traditionnels de règlement
pacifique des conflits réunissent un certain nombre
d'éléments permettant leur mise en oeuvre. Il s'agit des acteurs,
du contexte et d'un cadre dans lequel se déroulent les conflits en
général. Les acteurs sont chargés dans un contexte bien
déterminé de restaurer la paix entre les parties en conflits.
Thierno Mouctar Bah les identifie sous la dénomination de
« faiseurs de paix » pour désigner des
personnalités dotées de qualités exceptionnelles en termes
de sagesse, de pertinence, d'éloquence, de patience, de
neutralité et de finesse d'esprit. Ils sont de grands
négociateurs, des plénipotentiaires efficaces que l'on retrouve
aussi bien en Côte, en Somalie qu'en RDC usant de procédés
particulier selon le pays mais encrés et adaptés et authentiques
à leur réalité socio-culturelle. Les
procédés de règlement pacifique des conflits sont nombreux
et divers et ont une forte propension au dialogue et à la
réconciliation à travers la méthode des alliances
matrimoniales, l'alliance à plaisanterie, la culture de la paix et de la
tolérance dans une interaction symbolique, la notion de
« démocratie pastorale » en Somalie
axée sur le « Heer » - un droit coutumier-
dont l'objectif n'est rien d'autre que de sauvegarder la cohésion
sociale et de rétablir la paix par le biais de procédés
complexes de régulation des différends et de l'exercice du
pouvoir, la palabre qui est une véritable juridiction de la parole en
Afrique Centrale. Ace niveau, Thierno Bah reconnait en substance que presque
partout en Afrique la palabre est considérée comme un
phénomène total dans lequel cohabitent la sagesse, la
sacralité, le savoir des anciens, l'autorité ancestrale et dans
une moindre mesure le mythe.
Dans la corne de l'Afrique, il existe des mécanismes
pacifiques de règlement des conflits qui attirent de plus en plus
l'attention des chercheurs en sciences sociales.
« Arrarra » est le nom d'une institution
chargée de régler des différends entre les voisins. Ainsi
elle permet aux Karrayu vivant de part et d'autre de l'Ethiopie et de la
Somalie de restaurer la paix. En situation conflictuelle, l'initiative revient
à un corps de pacificateurs -« peace
makers »- appelés communément Jarsotta Arrarra.
Ils sont choisis parmi les ainés, les guides religieux, les
« gaada » qui constituent une classe très
influence sur les plans politique, idéologique et religieux. Selon
Ayalew Gebre, en cas de conflit entre les groupes, donc entre les Karrayu et un
autre groupe, il revient à l'une des deux parties de prendre
l'initiative de la réconciliation. Quelque soit le groupe qui en prend
l'initiative, les Jarsotta vont envoyer un message collectif en guise d'invite
à la réconciliation. C'est ainsi qu'une rencontre est
organisée pour trouver une solution au litige.53(*)
Chez les Akan en Côte d'Ivoire, des mécanismes
similaires sont utilisés pour restaurer la paix. C'est le cas des
mécanismes adjoukrou des Akan qui impliquent des médiateurs
neutres et fiables. Ils comportent selon l'historien sénégalais,
Djibril Samb, trois aspects essentiels d'ordre « juridictionnel
et moral : réunis en juridiction ad hoc, les médiateurs
s'efforcent d'obtenir le pardon de la partie lésée ;
politique : les rectifications utiles sont effectuées notamment en
ce qui touche aux délimitations territoriales ; religieux :
serment de paix et festivités de retour à la
paix. »54(*)
La richesse de la tradition africaine offre une large
variété de procédures de négociation dans
l'objectif final de parvenir à la réconciliation, au pardon et
à l'institution de la paix. Voila ce qui fait la pertinence des
mécanismes pacifiques de résolution des conflits. Toutefois
d'autres mécanismes contraignants existent pour résoudre les
conflits.
Section II : Les mécanismes violents de
résolution des conflits
Autant les mécanismes traditionnels de règlement
pacifique des conflits ont permis de résoudre certains conflits
nationaux et internationaux, autant ils en existent d'autres qualifiés
de violents compte des principes, méthodes et fonctions plus ou moins
différents. A ce niveau, il faut reconnaitre que les mécanismes
pacifiques ne sont pas exhaustifs encore moins effectifs pour couvrir
l'ensemble des mécanismes traditionnels de résolutions des
conflits : d'où l'intérêt d'analyser les
mécanismes violents sous deux angles. A cet effet, l'accent sera mis sur
la portée de mécanismes violents d'une part (Paragraphe
I) et leurs limites face aux mutations sociales (Paragraphe
II).
Paragraphe I : la portée des mécanismes
violents de résolution des conflits
La violence est une alternative à la négociation
pour pacifier les relations entre les hommes. La notion de violence a connu une
force évolution dans le temps et dans l'espace. Du point de vue
étymologique, elle vient du latin
« violencia ». En 1215, parler de la violence
renvoyer à « l'usage de la force ». Plus
tard en 1538, faire violence signifie agir sur quelqu'un ou le faire agir
contre sa volonté, en employant la force ou l'intimidation.55(*)
Aujourd'hui, l'on distingue plusieurs formes de violence dont
il convient de retenir les violences physiques, morales, socio-culturelles et
psychologiques. Ainsi les mécanismes violents de règlement des
conflits renvoient à un certain de principes dont l'objectif visé
est de trouver une entente durable et stable entre les différentes
parties. Le sage africain avait raison de dire que « celui qui
refuse d'avaler l'aiguille dans la maison acceptera d'avaler un tronc d'arbre
en place publique ». A l'instar des autres types
mécanismes traditionnels, les mécanismes violents obéit
à une certaine procédure allant d'une sphère
réduire à une sphère large, donc de la maison à la
place publique. C'est ainsi que l'on faisait parfois recours aux
« razzias » pour calmer les esprits et favoriser
la stabilité des entités politiques traditionnelles. Ces
pratiques se sont beaucoup développées dans la vallée du
fleuve Sénégal entre les Maures de Trarza et les riverains
sénégalais.
Par ailleurs, il faut convenir que le règlement violent
de conflits se fait généralement par le biais de la
récapitulation d'une des parties. A cet effet, Younouss Diédhiou
souligne l'existence d'autres modes de règlements violents des
conflits.
Ils reposent essentiellement sur le principe de la vengeance.
Il s'agit d'une part de sauver l'honneur de la partie lésée. Sur
ce, la tradition négro-africaine légitime l'obligation d'un
groupe social offensé de se faire justice. En ce sens, Maurice E. David
cité par Y. Diédhiou rapporte que si l'homme concerné ne
s'acquitte pas de son devoir, « les vieilles femmes
l'accableraient de leurs sarcasmes, s'il était célibataire,
aucune fille ne lui parlerait ; s'il avait des épouses, toutes
l'abandonneraient ; sa mère geindrait et se lamenterait d'avoir
donné le jour à un fils ainsi
dégénéré. Son père le traiterait avec
mépris, et il serait en butte au dédain
public ».56(*)
Il y a plusieurs types de vengeance parmi lesquels il faut
retenir la vengeance contrôlée, la vengeance
démesurée et la vengeance délicate ou impossible. En fait,
la vengeance pose un problème d'application pour certaines
sociétés de l'Afrique Orientale. En Ethiopie, les Gamo jugent la
vengeance très dangereuse pour plusieurs
raisons : « si deux individus, deux groupes, se
trouvent en conflit, ils recourront successivement à des arbitres et
à la justice des Assemblées de District, qui peuvent ostraciser
le coupable. En cas de meurtre opposant des lignages distincts, leurs membres
doivent s'éviter jusqu'à ce que le meurtrier qui peut dés
lors être mis à mort par n'importe qui, prenne la fuite.
».57(*) Une
occasion de réconciliation est possible dans la mesure où les
parents sont d'accord à la tenue en général
d'Assemblées de District. Le procédé est de sacrifier
à cet effet un animal que l'on dépèce. Le meurtrier et le
plus proche parent de la victime passent à travers un trou fait dans la
peau pour symboliser leur reconnaissance à un ordre nouveau.58(*) En Somalie voisine, le djihad
est utilisé comme un mécanisme parfois violent de recherche de la
stabilité. C'est ainsi que les tribunaux islamiques de la Somalie
avaient lancé en 2006 une offense contre l'Ethiopie. Dans ce même
pays, la piraterie est érigée en un mécanisme de vengeance
du pillage des côtes somaliennes.
Chez certains groupes sociaux ivoiriens, plus
particulièrement chez les Anyi Ndenye, c'est l'alliance sacrificielle
qui prévaut pour consacrer la paix.59(*)
Donc l'intérêt visé à travers la
violence est de restaurer la paix et la stabilité entre les groupes en
évitant le stock de frustrations, de haines, de rancunes pour
libérer les énergies et favoriser la confiance mutuelle et la
sécurité individuelle et collective.
Toutefois, il faut reconnaitre avec Edouard Matoko que
« ces mécanismes n'évitaient l'éruption de
conflits, parfois de manière violente dégénérant en
guerre et rappelant les conflits actuels. » 60(*): d'où l'importance de
relever quelques limites.
Paragraphe II : Les limites des mécanismes
violents de résolution des conflits
Les limites des mécanismes violents de
résolutions des conflits se constatent à un double niveau.
Premièrement, il s'agit du caractère local des mécanismes
violents. En général, ce sont des mécanismes auxquels on
fait recours pour résoudre et régler quelques litiges entre des
groupes sociaux. C'est le cas des groupes Abrade et Akye en Côte
d'Ivoire. Donc les mécanismes utilisés par ces groupes leur sont
propres et particulier. Principalement, les limites de ces mécanismes
violents résident en ce qu'il est quasi impossible de les appliquer
à un vaste groupe social, au niveau national et continental.
Pratiquement, les mécanismes traditionnels quelque soit
la société concernée ne sont pas effectifs et exhaustifs.
Il y a toujours quelques ethnies, tribus ou clans qui déploient des
stratégies adaptées à leurs réalités
socio-culturelles locales.
Deuxièmement, le phénomène de la
modernisation des sociétés négro-africaines constitue une
limite au recours à des mécanismes traditionnels de
résolution des conflits. C'est avec la colonisation que l'Afrique a
rompu progressivement avec les valeurs ancestrales de préservation de la
cohésion sociale pour embrasser de nouveaux mécanismes dits
modernes.
Certes les sociétés traditionnelles africaines
avaient « élaboré des codes et des
procédures de prévention des conflits
internes »61(*) mais il faut reconnaitre que ceux-ci étaient
basés plus sur l'oralité que sur l'écriture. C'est ainsi
qu'après la colonisation, l'on assiste à l'élaboration de
codes écrits pour gérer le foncier et les relations entre
particuliers.
Chapitre II : Les mécanismes modernes de
résolution des conflits
Il existe en réalité de mécanismes
modernes d'ordre politique et juridique de résolution des conflits en
Afrique. C'est ainsi que l'on recourt généralement au droit
interne des Etats comme au droit international suivant l'ampleur du conflit.
Sur le plan politique, il y a la négociation
diplomatique qui consiste au regard du droit international en une discussion
entre les différentes parties pour converger les points de vue et
parvenir à un accord dûment consenti. La médiation en tant
que mécanisme politique est un mode de solution pacifique des conflits
caractérisé par l'intervention d'une tierce personne. Elle tend
vers la conciliation des parties en conflit.62(*) La procédure de la conciliation est
institutionnalisée au niveau de l'Union Africaine (UA). L'institution
continentale possède un organe dénommé Commission de
Médiation, de Conciliation et d'Arbitrage.63(*)
Sur le plan juridique, il existe une procédure
juridictionnelle matérialisée par le principe de l'arbitrage. Un
tribunal dont les trois membres sont issus de la Commission de Médiation
et d'Arbitrage est institué conformément aux principes de la
Charte de l'Organisation de l'Unité Afrique (OUA) et de l'ONU. Ainsi
l'objectif visé à travers ce chapitre est d'étudier
l'intervention de l'ONU (Section I) et des organismes régional et
sous-régional de résolution des conflits en RDC, en Côte
d'Ivoire et en Somalie (Section II)
Section I : L'intervention de l'ONU dans la
résolution des conflits
Née des conséquences désastreuses de la
deuxième guerre mondiale, l'Organisation Universelle (ONU) consacre ce
qu'il convient d'appeler la Charte des Nations Unies pour le maintien de la
paix dans le monde. Cette charte inaugure le règlement pacifique des
conflits entre les Etats. Il s'agit d'un principe politico-juridique
fondamental dans les Relations Internationales. Avant d'analyser la mise en
oeuvre des mécanismes de résolution pacifique des
différends entre les acteurs des relations internationales, en
particulier les Etats (Paragraphe II), il serait
nécessaire de dégager le fondement de ces mécanismes dans
le maintien de la paix (Paragraphe I)
Paragraphe I : Les mécanismes de l'ONU dans le
maintien de la paix
Le principe de l'obligation du règlement pacifique des
conflits est consacré légalement par la Charte des nations Unies
et certaines résolutions déclaratoires dont la déclaration
de manille.
Aux termes de l'article 2 § 3, il est mentionné
que :
Les membres de l'Organisation règlent leurs
différends internationaux par des moyens pacifiques de telle
manière que la paix et la sécurité internationales ainsi
que la justice ne soient mises en danger.
En effet, cette disposition qui érige en règle
juridique l'obligation des Etats à négocier pour trouver une
solution à leur problème prévoit les objectifs de cet
article qui sont au nombre de deux (2). Le premier objectif postule la
préservation de la paix et de la sécurité internationale
de tout danger allant dans le sens de les affecter, de les troubler. Par
contre, le second objectif exige expressément que la justice soit
respectée et prise intégralement en considération.
Cet article 2 § 3 plus ou moins flou est bien
précisé par les dispositions de l'article 33 de la même
charte de l'ONU comme mentionné ci-dessus.
Article 33 :
1. Les parties à tout différend dont la
prolongation est susceptible de menacer le maintien de la paix et de la
sécurité internationales, doivent en rechercher la solution,
avant tout, par voie de négociation, d'enquête, de
médiation, de conciliation, d'arbitrage, de règlement judiciaire,
de recours aux organismes ou accords régionaux, ou par d'autres moyens
pacifiques de leur choix.
2. Le conseil de sécurité, s'il le juge
nécessaire, invite les parties à régler leur
différend par de tels moyens.
Il faut dire à propos de cet article 33 plus
précis que l'article 2 §3 que l'obligation y est définie de
manière contraignante.
Cependant il ne faut pas perdre de vue que les Etat parties
à un litige peuvent inventer un mode original de règlement non
prévu par l'article 33 §1. Celui-ci reconnait la primauté de
la volonté des Etats à choisir librement les moyens qui leur
conviennent pour régler de manière pacifique leur
différend. Ce principe « du libre choix des
moyens » s'applique à tous les domaines du droit
international. Une nuance s'impose quant à l'obligation prévue
à l'article 33§1 concernant son champ d'application. L'article 33
§1 n'a pas pour vocation de réglementer les méthodes de
règlement des différends, mais seulement ceux d'entre eux qui,
s'ils duraient, menaceraient la sécurité internationale.
Au finish, l'article 33 §2 consacre une compétence
particulière au conseil de sécurité pour dire très
clairement que le conseil de sécurité ne peut pas
contraindre les Etats mais seulement les invite à négocier. Cet
article compte tenu de son imprécision pour une application
concrète a besoin d'être complété. C'est pourquoi,
l'Assemblée générale des nations Unies a pris deux
résolutions dont la première est la «
déclaration relative aux principes du droit international touchant
les relations amicales et la coopération entre les Etats
conformément à la charte des Nations Unies » et
la seconde « la résolution 370 du 15 décembre
1982/ déclaration de manille sur le règlement pacifique des
différends internationaux ».
Par ailleurs, le contenu du principe du règlement
pacifique des différends est tel qu'il est interdit de régler les
différends par des moyens non pacifiques. L'accent est mis sur
l'obligation de négocier sur l'objet du conflit et de choisir librement
les moyens par lesquels on peut accéder aux objectifs attendus.
Concernant les modalités de règlement pacifique
des conflits, il faut ajouter à la négociation internationale le
règlement avec l'aide d'un tiers sans pouvoir juridictionnel qui se
décline en deux procédés. Les procédés
interétatiques sont le domaine de la conciliation, des bons offices et
de la médiation. Les procédés originaux inventés
par le droit international par l'intermédiaire de l'ONU et de toutes les
organisations régionales qui disposent de mécanismes
institutionnels en matière de règlement pacifique des
différends. Il y a enfin le règlement par une juridiction
internationale (arbitrage international et juridictions internationales
permanentes) et la pratique des Etats souverains de conclure des accords.
Paragraphe II : La mise en oeuvre des
mécanismes de l'ONU dans le maintien de la paix
La mise en oeuvre des mécanismes de l'ONU a permis de
résoudre beaucoup de conflits en Afrique. En particulier la Côte
d'ivoire, la Somalie et la RDC ont bénéficié de
l'intervention plus ou moins réunies des nations Unies dans le cadre du
maintien de la paix.
La Somalie est l'un des premiers africains à connaitre
l'intervention de l'ONU avant même les indépendances. Aux termes
du traité de paix de 1947, la puissance coloniale italienne
renonça à ses possessions africaines. La responsabilité de
ces colonies est confiée aux Alliés dont les Etats-Unis, la
Grande-Bretagne, la France et l'URSS). L'année suivante, les
Alliés n'ayant pu trouver un accord porte l'affaire devant
l'Assemblée générale des nations Unies. Ce n'est qu'en
1949 qu'elle accorde l'indépendance à la Somalie Italienne sous
condition d'une tutelle de l'ONU pour une période dix ans. Après
des années « d'autoritarisme dur » pour
reprendre une expression de Daniel Bourmaud et d'instabilité politique
et sociale, une force internationale de maintien de la paix
dénommée Opération des Nations Unies pour la Somalie
(ONUSOM) débarque à Mogadiscio. Toutefois, les combats continuent
sur le terrain et les victimes se multiplient à cause du comportement
violent d'une fraction des casques bleus. L'échec des
négociations avec notamment les factions du Président Aïdid
poussent les intervenants français et américains à quitter
le pays laissant sur place l'ONU qui réduit ses actions à la
seule aide humanitaire. Aussi les casques bleus se retirent en mars 1995 la
Somalie dans un processus de paix extrêmement délicat.
Le conflit local somalien est une menace mondiale vue
l'intensité du phénomène de la piraterie.
L'opération « Atlanta » placée sous
commandement britannique est initiée par l'Union Européenne (UE)
pour combattre la piraterie. La mission européenne prendra donc le
relais de la mission onusienne.
A l'instar de la Somalie, la RDC a connu dés les
premières années de l'indépendance les bons offices de
l'institution Universelle pour le maintien de la paix. La RDC, appelée
à ce moment Zaïre, était en proie à la guerre civile.
Ainsi pour la contrecarrer, le conseil de sécurité autorise l'ONU
à recourir à la force. Les forces de l'ONU contrôlent
l'année suivante Elisabethville (appelée aujourd'hui Lubumbashi),
fief de Moise Tschombé déchu. Après le retrait des
armées étrangères (rwandaise, ougandaise, angolaise,
namibienne et zimbabwéenne) en 2000, le processus de paix et de
réconciliation nationale sous l'égide de la Mission de
l'Organisation des Nations Unies au Congo (MONUC) connait une avancée
considérable surtout en décembre 2002 avec l'accord de Pretoria
en Afrique du Sud.
Contrairement aux deux autres pays, la Côte d'Ivoire a
vécu depuis son indépendance en août 1960 une
stabilité politique et sociale rare en Afrique. Ainsi nombreux sont les
chercheurs qui datent l'intervention onusienne de la crise de 2002. L'ONU a
intervenu dans un contexte d'affrontement de deux forces armées
antagonistes, à savoir les Forces Armées Nationales de la
Côte d'Ivoire -FANCI- (forces officielles du pays appelées
également loyalistes) et les Forces Armées des Forces Nouvelles
-FAFN- qui regroupent les forces de la rébellion.
Pour restaurer la paix, l'ONU envoie les forces de
l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire (ONUCI). Elles sont
secondées par les forces françaises : le 43e BIMa
et les troupes envoyées dans le cadre de l'opération Licorne et
sous mandat de l'ONUCI. D'autres forces aussi sont sous mandat de l'ONU :
il s'agit des soldats de la CEDEAO et des casques bleus. Ainsi plusieurs
résolutions du conseil de sécurité ont été
votées dont « la dernière en date est la
résolution 1584 (7 février 2005) visant à accompagner la
Côte d'Ivoire dans ses efforts de recherche de la paix et de la
sécurité »64(*). Compte tenu des dégâts humains et
matériels, une liste d'une centaine de personnalités ivoiriennes
auteurs de violations des droits de l'homme et de crimes odieux a
été dressée par les Nations Unies et soumise à
l'appréciation du procureur de la Cour Pénale Internationale
(CPI).
Force est de constater que l'ONU ne ressemble en rien à
ce qu'elle devrait être. Incapable de restaurer la paix dans le monde et
plus particulièrement en Afrique subsaharienne, cette institution
universelle a atteint aujourd'hui toutes ses limites. Son intervention en
Somalie a été un échec total et jusqu'à
présent il n'y a pas d'Etat en tant que tel : le pays a perdu sa
souveraineté territoriale pour une anarchie devenue chronique. En RDC,
l'ONU est dénoncée pour « sa
mollesse ». Le peuple congolais est victime de l'injustice de
l'ONU qui est complice de l'occupation et de l'agression de son territoire par
le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda. Ses résolutions ostentatoires (no
1234 et 1304) sont rangées dans les tiroirs sans aucune suite. Cette
institution, il faut le dire clairement n'est pas au service de la paix mais
plutôt aux services des intérêts américains.
Toutefois, il y a lieu de remarquer une certaine subordination
de principe entre l'ONU et les organismes africains de résolution des
conflits.
Section II : L'intervention de l'Union Africaine
(UA) et des organismes sous- régionaux
Le chapitre VIII de la charte des Nations Unies pose
clairement le principe de subordination entre l'ONU et les organises
régionaux. En effet, les accords et les organismes régionaux sont
intégrés dans la structure et les activités de
l'Organisation mondiale en vue de maintenir la paix et la
sécurité internationales. Cependant il se pose un problème
de répartition des compétences entre l'ONU et les organisations
régionales. Pour pallier ces zones d'ombre trois articles du chapitre
VIII traitent des rapports entre les organismes. Plus
précisément, c'est l'article 52 de la Charte des Nations Unies
qui réglemente leurs rapports dans le cadre du maintien de la paix. Les
dispositions de cet article suggèrent deux faits important concernant
les rapports entre l'Organisation Universelle et les organismes africains,
à savoir l'UA et les organismes sous-régionaux : d'un
côté, il y a une volonté de défiance à
l'égard des organismes ; d'un autre côté, l'on note
une subordination de principe de ces accords et de ces organismes
régionaux au conseil de sécurité de l'ONU.65(*) Compte tenu de ces
considérations, l'intervention de l'UA (Paragraphe
I) et des organismes sous-régionaux dans la
résolution des conflits reste à bien des égards visible
(Paragraphe II).
Paragraphe I : Les modes d'intervention de
l'UA
L'OUA a toujours inscrit au centre de ses
préoccupations la nécessité d'éradiquer les
conflits pour promouvoir la démocratie et le développement
durables. C'est ainsi que le Secrétaire Général de l'OUA,
Salim Ahmed Salim, a présenté un projet de Déclaration
à la 29ème session de la Conférence des chefs
d'Etat et de gouvernement de juin 1993, sur la création au sein de l'OUA
d'un « Mécanisme pour la prévention, la gestion et
le règlement des conflits » adopté à
l'unanimité. Ce mécanisme est un organe permanent,
un « organisme politique » de l'OUA avec un
Organe Central sur la base du principe de la représentation
régionale et de la rotation, ce qui le différencie
fondamentalement de la commission de médiation, de conciliation et
d'arbitrage.
L'un des objectifs prioritaires de ce mécanisme est de
prévoir et de prévenir les conflits pour faire de lui un
instrument efficace au service de la « diplomatie
préventive ». Ses décisions sont
exécutées par le secrétaire Général et le
secrétariat avec un fonds spécial alloué pour la paix.
Cependant malgré les résultats plus ou moins satisfaisants au
cours de ses deux années d'activités, la Conférence des
chefs d'Etat et de gouvernement de juin 1995 a jugé nécessaire
que l'OUA se consacre à la prévention des conflits pour laisser
à l'ONU le soin de s'occuper du maintien de paix. Toutefois la
Conférence demande au Secrétaire général
d'étudier la possibilité pour l'institution continentale de
disposer d'un autre mécanisme de maintien de paix complémentaire
de celui de l'ONU. Ainsi l'OUA a affiché clairement sa position par
rapport à certaines initiatives dans la mesure où les
gouvernements africains ont reconnu la nécessité d'une
intervention collective au service de l'ONU en cas d'aggravation des conflits.
Elle a participé aux initiatives des pays occidentaux de maintien de la
paix en Afrique notamment les initiatives britannique, française,
américaine et l'initiative de l'UE. Malgré les nombreuses
initiatives en Afrique, la déception est encore grande et
révèle que l'Afrique en a récolté plus de
misères que de solutions.
Les expériences en RDC, en Somalie, au Rwanda et au
Burundi pour ne citer que ces quelques pays africains montrent que l'OUA et ses
Etats membres ne peuvent exclusivement compter sur cette ONU aujourd'hui
instrumentalisée par quelques grandes puissances occidentales soucieuses
de préserver leurs intérêts dans les pays africains en
situation de conflits. L'Organe Central du Mécanisme de l'OUA estimait
qu'il est du devoir de l'Afrique de préciser les paramètres qui
doivent régir les initiatives.
Le début du XXI est espoir pour la modernisation de
l'organisation continentale qui devra se doter de mécanismes
d'intervention efficaces et pragmatiques sur le sol africain pour mettre fin
à la crise chronique qui gangrènent et fragilisent les
sociétés négro-africaines.
Djibril Samb préconise que « le moyen le
plus approprié serait l'institution de mécanismes d'alerte ou de
veille ayant une implantation régionale, c'est-à-dire relevant
fonctionnellement et hiérarchiquement de l'organisme régional
(UA) de manière à couvrir tout le continent »66(*) dans la même
perspective, faudrait renforcer davantage les capacités de maintien de
la paix en Afrique par le biais de la coopération comme c'est le cas
avec le programme de Renforcement des Capacités africaines de Maintien
de la Paix (RECAMP). C'est ainsi qu'il a été créé
en mai 2004, après la mutation de l'OUA en UA, le Conseil de Paix et de
Sécurité (CPS) pour la prévention, la gestion et le
règlement des conflits.
L'UA a été présente en Côte
dés le début de la crise en septembre 2002. Elle a
participé au processus de paix en RDC et à la Somalie. Cependant
la présence de la Mission de l'Union Africaine en Somalie (AMISOM) n'a
pas permis de restaurer la paix face aux exactions de la milice radicale
Chabaab et du Hezb Al Islam contre le gouvernement de transition de Cheikh
Chérif Cheikh Ahmed. A l'instar de la RDC jusqu'à l'arrestation
du général dissident tutsi Laurent Kunda et de la Côte
d'Ivoire (2002-2008), la Somalie vit encore l'anarchie et
l'insécurité totale avec « des exécutions
publiques, attentats, assassinats (...) ».67(*)
Ces exemples parmi tant d'autres montrent toutes les limites
de cette UA secouée par le débat contradictoire entre
maximalistes (les fédéralistes) et les minimalistes
(appelés encore gradualistes pour avoir refusé la
fédération immédiate).
Paragraphe II : Les modes d'intervention des
organismes sous-régionaux africains
Nombreuses sont les organisations sous-régionales de
l'Afrique qui ont participé à la résolution des conflits
du ressort de leur compétence territoriale.
En Afrique occidentale, la CEDEAO a connu une forte
évolution intégrant une gamme variée de domaines
d'intervention sur le plan économique, politique et sécuritaire.
C'est ainsi qu'elle a mis sur pied des mécanismes sous-régionaux
de règlement des conflits et de préservation de la paix parmi
lesquels il faut citer l'ECOMOG (Groupe d'Observation Militaire de la CEDEAO)
qui a intervenu en Côte d'Ivoire. Un peu partout en Afrique, des
initiatives de maintien de paix de ce genre se manifestent au niveau de la
Communauté de Développement de l'Afrique du Sud (SADC), de la
Communauté Economique des Etats d'Afrique Centrale (CEEAC) avec des
institutions comme le Conseil de Paix et de Sécurité de l'Afrique
Centrale (COPAX). Créé par la décision numéro 001
du 25 février 1999, le COPAX apparait comme un organe de concertation
politique et militaire en matière de promotion, de maintien et de la
consolidation de la paix. Il est constitué d'organes dont la Commission
de Défense et de Sécurité (CDS) et le Mécanisme
d'Alerte Rapide en Afrique Centrale (MARAC).
En Afrique orientale, le règlement du conflit sous
l'égide de l'Autorité Intergouvernementale pour le
Développement de l'Afrique de l'Est (IGAD). C'est ainsi qu'en octobre
2002, des pourparlers de paix inter somaliens sont organisés au Kenya
voisin sous l'initiative de l'IGAD. Ils on abouti en 2004 à un accord de
formation d'un Parlement et d'élection d'un Président (Abdoul
Youssouf Ahmed).Néanmoins, l'UTI dérouté les Chefs de
guerre et s'empare de Mogadiscio. Elle est soutenue par l'Erythrée au
moment où l'Ethiopie accompagne le gouvernement de transition.
Jusqu'à présent malgré les quelques efforts de l'IGAD, la
Somalie peine à restaurer l'autorité politique intégrale
de l'Etat en tant que tel.
Il en est autrement à la RDC sévit dans un
conflit régional qui perd son ampleur grâce aux actions de la
communauté internationale68(*) . Les négociations avec les groupes
d'opposition ont abouti à la réconciliation nationale et à
l'organisation d'élections contrairement à ce qui se passe en
Côte d'Ivoire. Dans la poursuite du processus de démocratisation
de la RDC, le Président Joseph Kabila a promu en 2003 un gouvernement
d'union nationale. Sur le plan juridico-institutionnel, l'adoption de la
constitution le 17 février 2006 a permis d'organiser les
élections législatives et présidentielles de 2006 à
l'aide d'une Commission Electorale Indépendante (CEI).
Le cas ivoirien assez particulier a fait l'objet d'un long et
large processus de négociation impliquant les acteurs nationaux (partis
politiques, groupes de rebelles et autorités coutumières et
religieuses) et internationaux (CEADEA et la France). Ils ont usé de
tous les moyens légaux pour le retour de la paix à travers
surtout des Accords (de Marcoussis, d'Accra, d'Ouagadougou, de Pretoria entre
autres) qui constituent la phase de réconciliation nationale. Ce n'est
que le 10 novembre 2008 la 4ème Réunion du Cadre
Permanent de Concertation (CPC) de l'Accord Politique d'Ouagadougou (APO) a mis
fin à la crise ivoirienne constatant l'impossibilité d'organiser
les élections le 30 novembre initialement prévu.
Conclusion Générale
A la lumière de la réflexion menée sur la
problématique du phénomène de la conflictualité
dans les trois pays africains que sont la Côte d'Ivoire, la Somalie et la
RDC, l'on constate clairement qu'il existe une variété de causes
et de mécanismes de résolutions.
En effet, les causes des conflits sont d'ordre historique,
idéologique, socio-culturel, socio-économique et politique. En ce
sens que la colonisation, la guerre, les traditions et valeurs africaines
endogènes déstructurées par les différents
systèmes de l'administration coloniale, les pratiques politiques et
économiques teintées de néopatrimonialisme,
l'ingérence des puissances étrangères dans les affaires
intérieures des Etats souverains sont autant de facteurs ayant
entrainé à des degrés différents
l'instabilité en Afrique.
C'est ainsi que deux types de mécanismes de
résolution des conflits ont été préconisés
pour restaurer et consolider la paix dans les différentes
sous-régions africaines soucieuses du développement
économique et social. Il s'agit des mécanismes traditionnels et
des mécanismes modernes de résolution des conflits. Les
mécanismes traditionnels sont généralement des instruments
locaux propres à certains groupes sociaux leur permettant de vivre en
paix grâce à un système d'organisation sociale basé
sur des principes d'alliances, d'affection interethnique ou intra ethnique, de
solidarité et de volontarisme tel que théorisé par Ernest
Renan. Le caractère local et la modernisation des sociétés
africaines qui s'inspirent de plus en plus des valeurs occidentales de
liberté, de démocratie et de promotion des droits de l'homme et
du citoyen limitent fondamentalement ces mécanismes traditionnels au
profit des mécanismes modernes de résolution des conflits dans
les trois pays cités.
Il faut cependant rappeler que ces pays localisés dans
des sous-régions différentes n'ont pas la même
réalité conflictuelle tant du point de vue historique que du
point de vue fonctionnel. Le conflit ivoirien contrairement à la
situation conflictuelle des deux autres pays est récent (crise de
septembre 2002) tandis celui de la RDC date des premières années
de l'indépendance du pays comme. Le cas du conflit somalien qui perdure
encore remet en cause l'existence même de l'Etat malgré les
interventions de la communauté internationale.
Références bibliographiques
I. Ouvrages
1. Annan, Koffi. « Rapport sur les causes des
conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en
Afrique ». New York, ONU, 1998.
2. Antonio, Torenzano. L'imbroglio somalien : historique
d'une crise de succession. Edition Harmattan, 1995,122p.
3. Badie, Bertrand et Hermet, Guy. Politique Comparée.
Edition Armand Collin, Paris, 2001, pp188-191
4. Bamba, kassimi et Adou, Kévin (Dir.). Côte
d'Ivoire : chronique d'une crise (2002-2008). Edition du CERAP, Abidjan
2008.
5. Bedoum, Allassoum Les conflits en Afrique en Afrique
Centrale: un défi pour le PNUD. United Nations Development Programme
Oslo Governance Centre, décembre 2003, 39p.
6. Cot, Jean-Pierre et Pellet, Alain. La Charte des nations
Unies. 2ème édition, Economica, Paris.
7. Dagrou, Théodore. Comprendre le code foncier rural
de la Côte d'Ivoire. 2ème édition revue et
augmentée, Rat Mat, Abidjan, 2007,183p.
8. Le nouveau Petit Robert 2010 de la langue Française
(60 000 mots). Nouvelle édition millésime 2010,2837p.
9. Earle, Edward Mead. Les maîtres de la
stratégie. Edition Flammarion, Paris, 1986.
10. Jacquet, Pierre. Afrique contemporaine : Afrique et
développement. Edition De Boeck, 2008, 185p.
11. Thual, François. Géopolitiques au quotidien.
Institut des Relations Internationales et stratégiques, Paris 1993.
12. Thual, François. Les conflits identitaires. Edition
marketing, 1995,191p.
13. Traoré, Aminata. Lettre au Président des
Français à propos de la Côte d'Ivoire et de l'Afrique en
général. Librairie Arthème Fayard, 2005,182p.
14. Zartman, I.W. La résolution des conflits en Afrique
(Traduit de l'Anglais). Edition Harmattan, Paris, 1990.
II. Documents officiels
1. Protocole relatif au Mécanisme de Prévention,
de Règlement des conflits, de maintien de la paix et de la
sécurité de la CEDEAO.
2. Protocole d'Accord de coopération dans le domaine de
la paix et de la sécurité entre l'UA et les Communautés
Economiques Régionales et les mécanismes de coordination des
brigades régionales en attente de l'Afrique de l'Est et de l'Afrique du
Nord
3. Protocole relatif à la Commission de
Médiation, de conciliation et d'Arbitrage de l'UA.
4. La résolution 2625 (XXV) du 24 octobre 1970 portant
Déclaration relative aux principes du droit international touchant les
relations amicales et la coopération entre les Etats conformément
à la Charte des nations Unies.
5. La résolution 3710 (XXXVII) de décembre 1982
portant Déclaration de Manille sur le règlement pacifique des
différends internationaux.
III. Mémoires, Articles, Revues et
entretiens
6. Jean-François Médard. Revue internationale de
politique comparée, volume13 No4, 2006.
7. Jeune Afrique hors-série No24. L'Etat de l'Afrique
2010,170p.
8. Samb, Djibril. Conflits et crises en Afrique :
étiologie, typologie, symptomatologie, prévention et
résolution. Leçon inaugurale de l'Amphi de rentée UGB,
Saint-Louis 2007/2008.
9. Bakary Fouraba Traoré. Coopération
institutionnelle au service de la gestion des conflits liés à
l'eau à Bafoulabe au Mali : la diplomatie locale à
l'épreuve du temps. (Article à paraitre) in First Regional
Conference, Peacemaking in West Africa: historical Methods and Modern
Applications, December 12-15, 2009, Dakar.
10. Entretien avec Son Eminence Ahmedou Ould Abdallah,
Représentant spécial du Secrétaire Général
des Nations Unies pour la Somalie et ex représentant du
Secrétaire général des Nations Unies pour l'Afrique de
l'Ouest les 13-14 décembre 2009 à Dakar/Sénégal.
11. Entretien avec Son Eminence Moustapha Niasse,
Jurisconsulte, Ancien Premier Ministre du Sénégal et ancien
Représentant Spécial du Secrétaire Général
des Nations Unies pour la RDC le 19 décembre 2009 à
Dakar/Sénégal.
12. Entretien avec le Dr. Cheikh Tidjane Gadio, Ancien
Ministre d'Etat, Ministre des Affaires Etrangères du
Sénégal le 15 décembre 2009 à
Dakar/Sénégal.
13. Actes du Colloque d'Abengourou sur « Conflits
régionaux et indépendances nationales en Afrique : le cas de
l'Afrique de l'ouest sous la direction de Pierre Kipré en Mars 2010 (A
paraitre).
14. Issiaka Prosper Laléyê.
« Comment meurent les cultures ? Interrogations
philosophico-anthropologique sur le concept de génocide
culturel », in Collection de droit international, Katia Boustany
et Daniel Dormoy (dir.) publication du Réseau Vitoria, Editions de
l'université de Bruxelles, 1999.
15. Jeune Afrique numéro 258 du 20 au 26 juin 2010,
98p.
16. Entretien avec S.E Moustapha Niasse, ancien
Représentant Spécial du Secrétaire Général
de l'ONU à la RDC le 19 décembre 2009 à Dakar.
17. Entretien avec S.E Ahmedou Ould Abdallah,
Représentant spécial du Secrétaire Général
des Nations Unies pour la Somalie, ancien Représentant Spécial du
Secrétaire Général des Nations Unies à l'Afrique de
l'Ouest, ancien Représentant Spécial des nations Unies pour le
Burundi et Président de la Commission mixte Cameroun/ Nigéria
pour une mise en oeuvre pacifique de la décision de la Cour
Internationale de Justice relative au différend territorial entre les
deux Etats le 14 décembre 2009 à Dakar.
18. Diédhiou, Younouss. Les mécanismes
traditionnels de règlement des conflits en Afrique : l'exemple du
Sénégal et du Cameroun. Mémoire de Master en Sciences
juridiques et politiques à l'UCAD, 2007-2008, 69p.
IV. Webographie
19. www.unesco.org
20. www.un.org
21. Encarta2009.
Table des
matières..................................................................Pages
Dédicace............................................................................. 2
Remerciements......................................................................3
Sigles et
abréviations............................................................. 4
Introduction :....................................................................... 7
Première Partie : Les causes du
phénomène de la conflictualité..........14
Chapitre I: Les causes
socio-historiques........................................... ..15
Section I : L'impact de la
colonisation.................................................16
Paragraphe I: Le découpage arbitraire né de
la colonisation................... .16
Paragraphe II : La rivalité nées de la
colonisation.................................17
Section II : L'impact de la
guerre froide............................................19
Paragraphe I : Le fondement
idéologique...........................................19
Paragraphe II : Le ralliement idéologique
........................................ .20
Chapitre II : Les causes
socio-culturelles..........................................22
Section I : L'ethnie et ses
variantes..................................................22
Paragraphe I : La notion
d'ethnie...................................................23
Paragraphe II : L'ethnie comme facteur de
conflit...............................23
Section II : Le
phénomène
religieux..............................................25
Paragraphe I : L'instrumentalisation du fait
religieux...........................25
Paragraphe II : La particularité de la
Somalie......................................26
Chapitre III : Les
causes socio-économiques et politiques.......................27
Section I : Sur le plan
socio-économique...........................................28
Paragraphe I : La richesse comme source de
conflit..............................28
Paragraphe II : La pauvreté comme source de
conflit....................................31
Section II: Sur le plan
socio-politique......................................................33
Paragraphe I : Au niveau
interne..............................................................33
Paragraphe II : Au niveau
externe............................................................
Deuxième Partie :Les
mécanismes de résolution des conflits
............................38
Chapitre I : Les
mécanismes traditionnels de résolution des
conflits.........................39
Section I : Les mécanismes
pacifiques de résolution des
conflits...............................39
Paragraphe I : Le principe des mécanismes
pacifiques................................................40
Paragraphe II : Les limites des mécanismes
pacifiques...............................................41
Section II : Les
mécanismes violents de résolution des
conflits..............................42
Paragraphe I : La portée des mécanismes
violents.....................................................43
Paragraphe II : Les limites des mécanismes
violents.................................................45
Chapitre II : Les
mécanismes modernes de résolution des conflits
........................45
Section I : L'intervention de
l'ONU dans la résolution des conflits ....................46
Paragraphe I : Les mécanismes de l'ONU dans le
maintien de la paix ..................46
Paragraphe II : La mise en oeuvre des
mécanismes de maintien de la paix............48
Section II : L'intervention de
l'UA) et des organismes sous- régionaux...............50
Paragraphe I : Les modes d'intervention de
l'UA...................................................51
Paragraphe II : Les modes d'intervention des
organismes sous-régionaux africains..53
Conclusion..................................................................................................................55
Bibliogaphie..............................................................................................................57
Table des
matières....................................................................................................61
* 1 Jeune Afrique hors
série No 24. L'Etat de l'Afrique 2010, p18.
* 2 Antonio Torrenzano.
L'imbroglio Somalien : Historique d'une crise de succession. Edition
Harmattan, 1995, p11.
* 3 François Thual.
Géopolitiques au quotidien. Institut des Relations Internationales et
Stratégiques, Paris 1993, p197.
* 4 Idem.
* 5 Op.cit. François
Thual, pp140-141.
* 6 Idem.
* 7 Gérard Cornu. Lexique
des termes juridiques. Association Henry Capitant. Vol.1, Presses
Universitaires françaises, 1987.
* 8 Le nouveau Petit Robert de
la langue française 2010, p 504.
* 9 Djibril Samb. Conflits et
crises en Afrique : étiologie, typologie, symptomatologie,
prévention et résolution. Leçon inaugurale de l'Amphi de
rentée UGB, Saint-Louis 2007/2008.
* 10 Bertrand Badie et Guy
Hermet. Politique Comparée. Edition Armand Collin, Paris, 2001,
pp188-191.
* 11 Ibidem.
* 12 Ibidem.
* 13 Op.cit. Bertrand Badie et
Guy Hermet, pp202-204.
* 14 Op.cit. Djibril
Samb.pp1-2.
* 15 Op.cit.Djibril Samb,
pp1-2.
* 16 Actes du Colloque
d'Abengourou sur « Conflits régionaux et indépendances
nationales en Afrique : le cas de l'Afrique de l'ouest sous la direction
de Pierre Kipré.
* 17 18
Op.cit.Djibril Samb, p5.
* 19 Op.cit.Djibril Samb,
p3.
* 20 Jeune Afrique
numéro 258 du 20 au 26 juin 2010, p3.
* 21 Entretien avec S.E
Moustapha Niasse, ancien Représentant Spécial du
Secrétaire Général de l'ONU à la RDC.
* 22 Op.cit. Antonio
torrenzano.p11.
* 23 Op.cit. Antonio
torrenzano.p 96.
* 24 Issiaka Prosper
Laléyê. « Comment meurent les cultures ?
Interrogations philosophico-anthropologique sur le concept de génocide
culturel », in Collection de droit international, Katia Boustany et
Daniel Dormoy (dir.) publication du Réseau Vitoria, Editions de
l'université de Bruxelles, 1999.
* 25 Op.cit. le nouveau petit
Robert 2010, p946.
* 26 Op.cit. Antonio
Torrenzano.p127.
* 27 Op.cit. Allassoum
Bedoum.pp9-10.
* 28 Ibidem.
* 29 Op.cit. Antonio
Torrenzano.pp9-10.
* 30 Op.cit. Antonio
Torrenzano.pp10-11.
* 31 Op.cit. Antonio
Torrenzano.p165.
* 32 Entretien avec S.E
Ahmedou Ould Abdallah, Représentant spécial du Secrétaire
Général des Nations Unies pour la Somalie, ancien
Représentant Spécial du Secrétaire Général
des Nations Unies à l'Afrique de l'Ouest, ancien Représentant
Spécial des nations Unies pour le Burundi et Président de la
Commission mixte Cameroun/ Nigéria pour une mise en oeuvre pacifique de
la décision de la Cour Internationale de Justice relative au
différend territorial entre les deux Etats le 14 décembre 2009
à Dakar.
* 33 Un article de
Wikipédia, l'encyclopédie libre.
* 34 Op.cit. S.E. Moustapha
Niasse.
* 35 Aminata Traoré.
Lettre au Président des Français à propos de la Côte
d'Ivoire et de l'Afrique en général. Librairie Arthème
Fayard, 2005,p51.
* 36 Kassimi Bamba et
Kévin Adou. Côte d'Ivoire : chronique d'une crise
(2002-2008). Les Editions du CERAP, 2008, pp14-15.
* 37 Théodore Dagrou.
Comprendre le Code foncier rural de la Côte d'Ivoire.
2ème édition revue et augmentée, Abidjan, 2007,
p17.
* 38 Op.cit. Allassoum
Bedoum.p012.
* 39 Op.cit. Antonio
Torrenzano.p9.
* 40 Op.cit.Aminata
Traoré, p59.
* 41 Ibidem.
* 42 Op.cit.Kassimi Bamba et
Kévin Adou.p22.
* 43 Op.cit.S.E Ahmedou Ould
Abdallah.
* 44 Op.cit.Kassimi Bamba et
Kévin Adou.p26.
* 45 Op.cit. Antonio
Torrenzano.p47.
* 46 Op.cit. Antonio
Torrenzano.p48.
* 47 Op.cit. Djibril Samb.
p7.
* 48 Ibidem.
* 49 Bakary Fouraba
Traoré. Coopération institutionnelle au service de la gestion des
conflits liés à l'eau à Bafoulabe au Mali : la
diplomatie locale à l'épreuve du temps. (Article à
paraitre) in First Regional Conference, Peacemaking in West Africa: historical
Methods and Modern Applications, December 12-15, 2009, Dakar.
* 50 Thierno Mouctar Bah.
Guerre, pouvoir et société dans l'Afrique précoloniale.
Thèse de Doctorat d'Etat es lettres à l'Université de
Paris-Sorbone, 1985.
* 51 Ibidem.
* 52 Edouard Matoko. Les
fondements endogènes d'une culture de la paix en Afrique :
Mécanismes traditionnels de prévention et de résolution
des conflits.
* 53 Op.cit. Djibril Samb. p8.
* 54 Ibidem.
* 55 Op.cit.Petit Robert
2010.
* 56 Younouss Diédhiou.
Les mécanismes traditionnels de règlement des conflits en
Afrique : l'exemple du Sénégal et du Cameroun.
Mémoire de Master en Sciences juridiques et politiques à l'UCAD,
2007-2008, pp24-25.
* 57 Op.cit. Younouss
Diédhiou.p27.
* 58 Ibidem.
* 59 Op.cit. Edouard Matoko.
* 60Ibidem.
* 61 Ibidem.
* 62 Lexique des termes
juridiques. 13 éditions Dalloz, 2001.
* 63 Protocole relatif
à la Commission de Médiation, de conciliation et d'Arbitrage de
l'UA.
* 64 Op.cit.Kassimi Bamba et
Kévin Adou.p153.
* 65 Jean-Pierre Cot et
Alain Pellet. La Charte des nations Unies. 2ème
édition, Economica, Paris.
* 66 Op.cit. Djibril
Samb.p7.
* 67 Op.cit. Jeune Afrique
hors-série no 24.p145.
* 68 Op.cit.S.E. Moustapha
Niasse.
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