Pour tout chercheur, les publications sont un moyen de rendre
compte des méthodes, outils, techniques, de comprendre, d'expliquer, de
faire évoluer les connaissances et les pratiques en les inscrivant dans
des contextes bien définis. Les publications sont aussi des supports de
savoirs et de réflexions. Elles rendent compte de l'état des
connaissances à un moment donné et ouvrent des portes pour des
travaux futurs ou des améliorations de pratiques, s'il y en a.
Comme le dit Monique FORMARIER23, « pour
un chercheur, publier un article scientifique c'est encourir la critique de ses
pairs, ne pas publier, c'est ne pas avoir de bibliométrie suffisante
pour être crédible et reconnu ».
La recherche en soins infirmiers s'amorce en France. Elle
permettra aux infirmières d'enrichir leur culture scientifique et pour
cela, une trace des travaux effectués est nécessaire.
D'autant plus qu'aujourd'hui, le système LMD,
c'est-à-dire universitaire, permettra à notre profession de
positionner son fondement scientifique en utilisant les moyens mis à
notre disposition, en particulier les publications scientifiques (papier ou en
ligne). Celles-ci contribueront à aller dans le sens de cette
évolution
Mais quelles sont les possibilités qui s'offrent aux
infirmières chercheuses pour publier leurs travaux ?
La discipline infirmière étant internationale,
elle se construit avec les recherches réalisées par les
chercheurs de tous les pays. Pour les faire connaître dans le monde
professionnel, les publications sont essentielles.
On dénombre aujourd'hui plus de 500 journaux relatifs
aux soins infirmiers dans le monde. Ils sont répertoriés dans
l'Ulrich's International Periodicals Directory. Cependant, pour savoir
reconnaître les travaux qui feront réellement avancer la pratique
infirmière, un journal consacré à la pratique
infirmière « basée sur les preuves » a
été créé. C'est l'Evidence Based-Nursing EBN. Son
objectif est d'aider les infirmières à identifier et
évaluer les travaux de recherche de bonne qualité.
23 Recherche en Soins Infirmiers n°90 -
Septembre 2007
Au niveau national, les recherches sont soit partagées
lors de symposium ou congrès, soit par le biais de revues scientifiques.
Les revues scientifiques infirmières françaises sont peu
nombreuses. La plus importante est Recherche en Soins Infirmiers, la
revue de l'ARSI.
Il est également possible de publier ses articles sur
les bases électroniques spécialisées comme Pubmed. C'est
une base de données de la National Library of Medicine donnant
accès à plus de 19 millions de notices bibliographiques. Elle
contient les notices d'articles de plus de 4600 revues
spécialisées en médecine, dentisterie, soins infirmiers,
médecine vétérinaire, etc.
Comme toute revue scientifique, les revues scientifiques
infirmières (comme Recherche en Soins Infirmiers) sont soumises
à des normes de publication scientifique. En effet, il faut savoir que
la revue est avant tout un partage de connaissances, qui peut servir d'outil de
travail et qui pourra être utilisé par de nombreux professionnels
dans le monde entier. Cela nécessite une uniformisation des pratiques
dans de domaine.
Cela permet également, en retrouvant une similitude
dans la présentation des articles et des recherches, que l'article soit
répertorié dans une banque de données nationale et
internationale et donc de concourir au développement de la recherche
infirmière.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat7.png)
PRO
BLÉMATIQUE
Cette première partie nous a permis d'aborder un certain
nombre de concepts qui m'ont permis de décrire et d'analyser le
problème de ma recherche.
En effet, dans un premier temps, j'ai abordé le champ
de la Recherche de façon générale, jusqu'à la
recherche infirmière. A ce terme, on peut voir que malgré sa
pratique limitée dans le monde infirmier en France, la recherche
clinique entre dans un cadre parfaitement défini et précis.
De plus, nous savons maintenant que la recherche
infirmière n'est pas si récente que ça, surtout dans
d'autres pays comme la Belgique et le Canada, que j'avais choisi
d'étudier plus particulièrement.
Les IADE ne sont pas en reste, avec notamment des
études publiées par une infirmière anesthésiste
américaine, Alice Magaw, dès le début du
20ème siècle. Depuis, les choses n'ont cessé
d'évoluer, mais à petite échelle.
Aujourd'hui, en France, la recherche infirmière et en
soins infirmiers fait son chemin et se structure, avec l'introduction de
formation incluses dans un cursus universitaire, pour les infirmiers qui
souhaiteraient se spécialiser dans ce domaine. Je me permettrai de
rappeler les trois possibilités que j'avais évoquées, en
ce qui concerne les circonstances de pratique et/ou d'utilisation de la
recherche pour les infirmiers :
· L'acquisition d'une culture scientifique
· La réalisation de travaux
· La contribution à la recherche médicale
Deuxièmement, je proposais une description des
différents métiers de la recherche accessibles aux infirmiers,
qui voudraient se lancer dans une activité de recherche clinique.
Pour rappel, plusieurs alternatives intéressantes
s'offrent à nous :
· Devenir Infirmier de Recherche Clinique
· Devenir Attaché de Recherche Clinique
· Devenir Technicien de Recherche Clinique
En outre, il est essentiel qu'un certain nombre de
règles soient fixées. Le cadre législatif nous a permis
d'étudier la position réglementaire de la recherche
biomédicale en France. Je rappellerai la loi relative à la
politique de santé publique du 9 août 2004, qui définit les
règles et les conditions dans lesquelles un essai clinique doit se
dérouler (révision de la loi Huriet-Sérusclat de 1988). Sa
révision renforce la vigilance relative à la recherche
clinique.
De plus, il me semblait important de revenir sur les
références qui encadrent ma future profession, la profession
d'IADE. Effectivement, plusieurs textes mentionnent la possibilité pour
les IADE de participer à des actions de recherche, et ce depuis 1995,
lors des Recommandations de la SFAR. Ceci nous montre une fois de plus, que la
notion de recherche pour les paramédicaux n'est pas récente. Le
référentiel de compétences de l'IADE proposé dans
le cadre de l'universitarisation des études d'IADE va également
dans ce sens.
Malgré les balbutiements de la recherche
infirmière en France, l'avenir me semble très prometteur.
Tout d'abord, le nouveau programme des études
d'infirmières depuis 2009, dans le système Licence Master
Doctorat inclut clairement la recherche dans les études, répartie
sur six semestres.
De plus, le projet Master pour la formation d'IADE, qui est,
je le rappelle, en attente de validation, me semble être pour mes futurs
collègues qui suivront cette formation, un véritable tremplin
vers la recherche. Ce pourra être par la réalisation de travaux ou
la contribution à la recherche médicale à temps plein ou
à temps partagé dans un service de soins, mais également
par l'acquisition d'une culture scientifique au quotidien, propre à
chaque professionnel que nous sommes, notamment dans le domaine de
l'anesthésie.
Enfin, pour terminer sur le cadre conceptuel, je me suis
intéressée aux publications infirmières, chose essentielle
pour faire connaître les recherches dans le monde professionnel.
Au terme de cette recherche bibliographique, j'ai pu me
rendre compte que la recherche infirmière ne semble pas si fermée
qu'elle ne le paraissait lors de mon constat de départ. En effet, elle
est définie, elle est légiférée, elle semble
reconnue. Des formations existent, des métiers existent, et un bel
avenir s'offre à elle.
Plusieurs questions se posent désormais.
De quelle façon commencer l'apprentissage de la
recherche ?
De quelle façon commencer à apprendre
l'intérêt de la recherche pour ma pratique clinique ?
Quelle stratégie professionnelle adopter pour la
mise en oeuvre d'un projet de recherche dans un service de soins ?
Que peut-on escompter des futurs infirmiers et
infirmiers anesthésistes, titulaires d'une licence ou d'un master, voire
d'un doctorat ?
Comment envisager la production de connaissances
scientifiques en tant qu'infirmier ou infirmier anesthésiste
?
Le but de ma recherche est de répondre à toutes
ces questions. Le meilleur moyen d'y répondre est de réaliser une
enquete auprès des professionnels concernés. C'est ce que nous
allons voir dans la partie à venir.