ECOLE D'INFIRMIERS ANESTHESISTES
FASQUEL-STRYJKOWSKI Marie
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LA RECHERCHE CLINIQUE :
APPROCHE INFIRMIÈRE ET IADE
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TRAVAIL D'INTERET PROFESSIONNEL POUR LE DIPLOME D'ETAT
D'INFIRMIER ANESTHESISTE PROMOTION 2010 - 2012
CENTRE HOSPITALIER REGIONAL ET UNIVERSITAIRE DE
LILLE
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat3.png)
REMERCIEMENTS
La réalisation de ce Travail d'Intérêt
Professionnel est l'occasion pour moi de remercier les personnes m'ayant
soutenu pendant ces deux années de formation et celles ayant
participé de près ou de loin à l'élaboration de ce
travail :
- Mme BOUDIGUET, Directrice de l'Ecole d'IADE et également
cadre formateur guidant pour le suivi méthodologique du TIP
- Mr BROUTIN, Cadre de santé infirmier
anesthésiste, également cadre guidant dans la réalisation
de mon travail
- Mme CHRISTOPHE, Cadre Formateur de l'Ecole d'IADE, d'un grand
soutien au cours de cette année de formation
- Mon mari, qui m'a épaulé au cours de ces deux
années
- Ma famille et mes amis, qui ont toujours su m'encourager
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat4.png)
SOMMAIRE
INTRODUCTION 5
1ère partie : CADRE CONCEPTUEL 8
1. La recherche 9
1.1 Quelques définitions 9
1.2 Historique de la recherche infirmière 11
1.3 But de la recherche 15
2. Les acteurs de la recherche infirmière 17
2.1 Qui sont le promoteur et l'investigateur ? 17
2.2 L'infirmière et la recherche clinique 18
3. Cadre législatif 21
3.1 La recherche clinique et l'infirmière 21
3.2 Législation en recherche biomédicale 23
4. Perspectives d'avenir 25 4.1 L'universitarisation des
études d'infirmier et infirmiers spécialisés :
système LMD 25
4.2 Le programme hospitalier de recherche infirmière
(PHRI) 28
5. Les publications infirmières 30
PROBLEMATIQUE 32
2ème partie : MÉTHODOLOGIE DE LA RECHERCHE
35
1. Choix de l'outil 36
2. La population enquêtée 36
3. Lieux de réalisation de l'enquete 37
4. Réalisation de l'enquete 38
5. Limites de l'enquete 38
3ème partie : PRÉSENTATION DES
RÉSULTATS DE L'ENQUÊTE 39
4ème partie : ANALYSE DE L'ENQUÊTE
53
1. Les modalités d'apprentissage de la recherche et de
l'intérêt de la recherche pour la pratique clinique au quotidien
54
2. Stratégie professionnelle pour la mise en oeuvre d'un
projet de recherche dans
un service de soins 55
3. L'universitarisation des études : un espoir pour la
recherche infirmière ' 56
4. La production de connaissances scientifiques en tant
qu'infirmier ou infirmier anesthésiste ' 57
CONCLUSION 59
BIBLIOGRAPHIE 61
ANNEXES 63
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat5.png)
INTRO
DUCTION
Je suis aujourd'hui parvenue au terme de ma formation
d'IADE1. Durant ces deux années de formation, j'ai
réalisé la majorité de mes stages dans les services du
Centre Hospitalier Universitaire de Lille. Au cours de ces stages, j'ai pu voir
un certain nombre de protocoles d'essais cliniques pratiqués dans les
blocs opératoires, le SAMU et les services de réanimation. Ces
essais cliniques sont pour la plupart suivis par les médecins
anesthésistes-réanimateurs ou les internes en
anesthésie-réanimation des services. En tant qu'IADE, notre
rôle est, sur certains protocoles, le recueil de données que nous
transmettons au médecin référent. Notre mission
s'arrête bien souvent là.
Dans mon parcours professionnel, j'ai également
exercé dans un service de réanimation polyvalente d'un Centre
Hospitalier de la région parisienne, où les médecins
étaient également très impliqués dans cette
activité de recherche clinique médicale. Notre rôle
d'infirmier2 était le même que celui que je viens
d'évoquer plus haut, c'est-à-dire participer au recueil de
données, et parfois aux prélèvements des patients.
Au final, les IDE3 et IADE sont peu
impliqués dans cette activité de recherche clinique. Nous n'avons
pas connaissance du protocole détaillé en question, de la
méthodologie suivie, des finalités et des résultats. Et
quand bien même je m'y suis intéressée, il m'a
été difficile de maîtriser certaines subtilités, ne
serait-ce qu'au niveau du vocabulaire employé ou des étapes de
déroulement d'un protocole d'essai clinique.
De plus, ce constat est étayé par la
législation, notamment notre décret de compétence, qu'il
soit relatif aux IDE ou aux IADE, et qui stipule que nous sommes tenus de
réaliser de la recherche dans le domaine des soins infirmiers et de
participer à des actions de recherche pluridisciplinaire, comme la
recherche médicale.
1 Infirmier Anesthésiste Diplômé
d'Etat. Cette abréviation sera utilisée tout au long du
travail
2 Lire infirmier, infirmière tout au long de ce
travail
3 Infirmier Diplômé d'Etat. Cette
abréviation sera utilisée tout au long du travail
Ce constat m'amène à poser une question de
départ qui me guidera tout au long de ce travail :
Comment faire de la recherche clinique lorsque l'on
est Infirmier ou Infirmier anesthésiste ?
Malgré le fait que ma future profession soit celle d'IADE,
j'ai choisi d'orienter également ma recherche auprès d'infirmiers
pour deux raisons.
La première est que l'IADE reste avant tout un
infirmier et que la démarche pour s'orienter vers une activité de
recherche clinique reste la même pour ces deux professionnels. C'est
d'ailleurs ce que nous verrons dans la partie théorique de ce
travail.
La seconde est que la recherche infirmière étant
à un stade de développement en France en comparaison avec
d'autres pays, mon enquete ne serait pas suffisamment contributive en
interrogeant uniquement des IADE, qui comme les IDE, sont encore peu nombreux
à faire de la recherche.
La première partie de mon Travail
d'Intérêt Professionnel aura pour but de définir un certain
nombre de concepts, qui fourniront les bases théoriques essentielles et
me conduiront à l'enquete dans la deuxième partie.
Dans un premier temps, je définirai la recherche de
façon générale, pour aboutir à la recherche
infirmière. Nous découvrirons ses buts, et comment la recherche
infirmière a débuté en France et dans le monde.
Il sera aussi nécessaire de savoir qui sont les acteurs
de la recherche, et comment l'infirmier s'inscrit dans cette démarche,
avec une description des formations proposées.
Nos professions d'IDE et d'IADE, ainsi que la recherche
biomédicale sont régis par un cadre législatif qu'il est
primordial d'aborder dans mon travail. Une partie y sera consacrée.
Comme je l'évoquais précédemment, la
recherche infirmière en France est en cours de développement.
Quelles sont les perspectives d'avenir que nous pouvons espérer à
ce sujet ?
Enfin, les publications infirmières sont
nécessaires afin de faire valoir les recherches et travaux menés
dans le monde professionnel. Ceci est d'autant plus vrai avec les exigences
universitaires dont nous serons tributaires avec
l'universitarisation des études d'infirmiers et infirmiers
anesthésistes. Nous verrons quelles sont les modalités de ces
publications scientifiques.
Afin de répondre à ma première question
de départ, il est essentiel d'avoir une approche auprès de
professionnels paramédicaux ayant une activité de recherche.
Ce sera l'objet de mon enquete que je réaliserai sous
forme d'entretiens.
J'exposerai la méthodologie utilisée au cours de ma
recherche. Cette méthodologie sera introduite par la
problématique.
Dans une troisième partie, je présenterai les
résultats de mon enquête, c'est-à-dire des entretiens
réalisés.
Je terminerai mon travail par l'analyse de cette enquete.
1ère partie
Cadre conceptuel
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat6.png)
1. La recherche
1.1. Quelques définitions
1.1.1. La recherche
Le Larousse donne la définition suivante du mot «
recherche » : « Action de chercher à découvrir
quelque chose, à parvenir à une connaissance nouvelle
», et celle d'un « Ensemble d'études et de travaux
menés méthodiquement par un spécialiste ayant pour objet
de faire progresser la connaissance ».
L'ARSI4 nous propose également une
définition très intéressante en disant « La
recherche est un état d'esprit qui nous invite à douter, à
essayer de comprendre, à en savoir plus, visant à faire
progresser la connaissance ».
1.1.2. La recherche scientifique
La recherche scientifique est un mode d'acquisition des
connaissances utilisant des moyens structurés et systématiques
pour recueillir des données, c'est-à-dire des méthodes, en
vue de mieux comprendre et expliquer les phénomènes, et de
découvrir de nouvelles connaissances.
1.1.3. La recherche clinique
D'après le site
pharmaservice.net, « la
recherche clinique est, comme son nom l'indique, une recherche
réalisée exclusivement sur l'être humain (en comparaison
à la recherche préclinique). La recherche clinique a pour but
d'améliorer la connaissance sur un médicament, une pathologie, un
procédé ou protocole de soin ... »
1.1.4. La recherche médicale
La recherche médicale se divise en 2 parties :
· La recherche fondamentale, qui vise à mieux
comprendre le corps humain et ses pathologies.
· La recherche clinique, qui se base sur les
résultats de la recherche fondamentale, pour inventer et prouver
l'efficacité de nouveaux traitements ou techniques, ou prise en
charge.
4 Association de Recherche en Soins Infirmiers
1.1.5. La recherche infirmière
La recherche infirmière et paramédicale
s'inscrit clairement dans la recherche scientifique, fondée sur une
approche systématique et rigoureuse, dans le but d'améliorer des
connaissances.
La recherche infirmière et paramédicale est un
terme large qui comprend :
· La recherche en soins infirmiers, c'est-à-dire
l'étude et l'amélioration des connaissances et pratiques des
soins réalisés dans le cadre de l'exercice infirmier.
· Des travaux dans des champs plus larges, comme la
santé publique ou l'approche socio-culturelle.
· La recherche en activités paramédicales,
qui consiste en l'amélioration des connaissances et pratiques de
différentes disciplines et métiers paramédicaux.
Il semble nécessaire de considérer d'une part la
recherche infirmière et d'autre part la recherche en soins
infirmiers.
R.MAGNON5 définit la recherche
infirmière ainsi : « Travaux effectués et/ou conduits
par des infirmièr(e)s pour développer les connaissances
professionnelles et améliorer la pratique infirmière. Il s'agit
le plus souvent d'une recherche appliquée. Il peut s'agir de recherche
clinique en soins infirmiers, de recherche en éducation, en gestion des
soins infirmiers et/ou de recherche sur la profession infirmière. Et
dans une perspective plus générale de soins de santé et de
promotion de la santé, la recherche infirmière peut être
entreprise par des infirmièr(e)s en collaboration avec d'autres
professionnels ».
Il ajoute également dans un autre de ses
ouvrages6 « Le terme « recherche infirmière
» désigne très précisément : les recherches
fondamentales et/ou appliquées, conduites par des infirmières,
dans les soins, les services infirmiers, dans l'éducation
infirmière et lors de l'élaboration de théories des soins
infirmiers » Autrement dit lors du Congrès International
Infirmier (1966), si l'on considère la recherche infirmière, elle
permet de comprendre comment les infirmiers peuvent exercer une influence
positive sur les facteurs qui contribuent à améliorer la
santé et à réduire les effets de la maladie.
La recherche en soins infirmiers est une composante de la
recherche infirmière et fait partie intégrante du terrain.
« Celle-ci s'applique à tous les domaines des soins qu'ils
soient hospitaliers ou extrahospitaliers, qu'ils soient du
5 DECHANOZ G., MAGNON R. (1995) Dictionnaire des
soins infirmiers, Pantin, AMIEC
6 MAGNON R. (2001) Les infirmières :
identité, spécificités et soins infirmiers, le bilan d'un
siècle, Paris, Masson
domaine curatif, préventif ou éducatif. Elle
porte aussi sur les domaines de compétences issus du rôle propre
de l'infirmière. » 7
Le champ d'investigation de la discipline infirmière
est large, les soins infirmiers étant dispensés dans des
environnements très variés (établissement de santé,
domicile, structure médico-sociale, école, milieu
carcéral, ...).
Le champ d'investigation est plus large encore avec l'ensemble
des métiers paramédicaux. Il peut être
catégorisé de la façon suivante :
· Domaine clinique : les principes et les lois qui
gouvernent le processus de vie des personnes malades ou en bonne santé ;
les régularités observables dans les comportements de la personne
ou du groupe en interaction avec son environnement ; les processus pourvoyeurs
de changement satisfaisants sur la santé des individus.
· Domaine de la gestion des soins infirmiers et de toutes
les activités paramédicales
· Domaine de l'enseignement et formation en matière
de soins infirmiers.
De plus, la profession infirmière apporte sa
contribution spécifique aux recherches interdisciplinaires. Ce vaste
champ disciplinaire est abordé en articulant des objectifs en
matière de recherche fondamentale et de recherche appliquée. Sa
finalité réside dans une utilisation des connaissances
scientifiques produites dans la pratique des soins infirmiers au
bénéfice de la santé de la population.
1.2. Historique de la recherche infirmière
En 1945, le procès de Nuremberg mettait à jour
les atrocités commises par les médecins nazis durant la Seconde
Guerre Mondiale. Ceux-ci déclarèrent avoir travaillé pour
faire avancer la médecine et les progrès de la science.
Choquée, l'opinion publique découvrit avec effroi cette
réalité. Les américains, instigateurs du procès,
proposèrent alors différentes recommandations visant à
encadrer les essais cliniques. Ces recommandations intitulées Code de
Nuremberg furent officialisées en 1947. Elles tomberont rapidement dans
l'oubli tant l'Europe a encore des difficultés à accepter ce qui
s'est déroulé durant cette guerre.
7 CHAMPAULT G, SORDELET S, (1995), Le métier
d'infirmière : des études à la pratique, Paris, Masson (p
48)
En France, les essais cliniques restent au point mort pendant
de nombreuses années. En 1964, l'Association Médicale Mondiale
élabore la déclaration d'Helsinki. Celle-ci énonce
plusieurs principes éthiques destinés à protéger
les personnes se prêtant à la recherche biomédicale.
Malheureusement la France a pris du retard dans la mise en place d'une
réglementation en matière d'essais cliniques. Et c'est
véritablement avec la loi du 20 Décembre 1988 dite loi
HURIETSERUSCLAT relative à la « Protection des Personnes qui se
prêtent à des Recherches Biomédicales » que la France
légifère en matière d'essais cliniques alors que certains
étaient déjà menés dans des établissements
de santé, sous la supervision de médecins, sans véritable
cadre légal.
A partir de ce moment-là, la France et l'Europe
n'auront de cesse de faire évoluer ces lois pour encadrer de
manière de plus en plus précise et sécuriser une recherche
sur l'être humain.
1.2.1. Et les IADE ?...
A la fin du XIXème siècle, l'anesthésie
n'était pas encore une discipline médicale reconnue, mais
plutôt comme une activité périphérique de la
chirurgie.
A cette époque, l'infirmière
anesthésiste la plus connue est Alice Magaw, qui travailla à
l'hôpital Ste Mary, sous l'impulsion des frères Mayo. A ce titre,
le docteur Charles Mayo conféra à Alice Magaw le titre de «
mère de l'anesthésie », notamment pour sa maîtrise de
l'hypnose associé au chloroforme ou à l'éther, afin d'en
diminuer les doses, et les risques associés, inaugurant de cette
façon la technique de l'hypno-sédation.
Alice Magaw élargit le rôle de
l'infirmière anesthésiste clinicienne afin d'inclure
l'enseignement, le tutorat et la recherche. A une époque où
l'anesthésie était plus crainte que la chirurgie elle-même,
Alice Magaw démontra que l'intégration des principes de soins
infirmiers dans le processus de l'anesthésie pouvait réduire les
appréhensions des patients et améliorer la sécurité
de l'anesthésie. La première recherche clinique infirmière
réalisée par une infirmière anesthésiste
était faite.
Dans le même temps, elle invente «
l'evidence-based practice ». Elle publie ses résultats
d'anesthésie dans les revues médicales, et présente ses
données bien avant l'existence de sociétés
médicales. En 1906, elle publie notamment une étude sur
l'utilisation de l'éther sur 14000 anesthésies sans
décès imputable à l'acte anesthésique
lui-même8.
8 Surg., Gynec.&Obst.3 :795, 1906
Elle a également publié de nombreux articles,
dès 1899, mais la plupart ignorées du fait de son statut
d'infirmière.
Dans la première moitié du XXème
siècle, toujours aux Etats-Unis, les infirmières
anesthésistes pouvaient enseigner dans les facultés de
médecine, comme Agnes McGee, ou Alice Hunt, qui enseigna à Yale
University School of Medicine à partir de 1922, et ce pendant 26 ans.
Alice Hunt publiera en 1949, un livre intitulé Anesthesia,
Principles and Practice, le premier ouvrage écrit par une
infirmière anesthésiste.
1.2.2. Où en est-on aujourd'hui ?
La recherche en soins en tant que domaine
d'intérêt et de pratique infirmière fait son chemin et se
structure. Introduite en France au cours des années 1970, d'abord comme
une possibilité pour l'amélioration de la qualité des
soins, elle s'impose progressivement comme une pratique indispensable.
Présente dans la réglementation des programmes
de formation des infirmières depuis plusieurs années, la
recherche s'est plutôt développée par des initiatives
individuelles ou des groupes professionnels restreints.
Très récemment, des hôpitaux ont
élaboré des programmes de développement à la
recherche, de soutien aux équipes et des modalités d'application
des résultats dans la pratique, comme les PHRI9, que
j'aborderai plus loin.
Des associations ont particulièrement soutenu le
développement de la recherche et son ancrage dans les pratiques
professionnelles au travers de diverses actions comme : la diffusion des
connaissances, des publications (Cahiers de l'AMIEC10, Recherche en
Soins Infirmiers), des propositions de formation, de constitution de
réseaux de chercheurs (ARSI) ~
Des infirmières ont également la
possibilité de poursuivre un cursus universitaire, en complément
de leur formation professionnelle.
Ainsi en France, la recherche infirmière se fait soit
dans le cadre de formations, soit dans des établissements de
santé.
Des possibilités de financement de projets de
recherche existent. Elles sont proposées par des organismes nationaux
(Ministère de la Santé, Haute Autorité de Santé),
des fondations, des industriels, mais la profession infirmière y est
encore peu impliquée.
9 Programme Hospitalier de Recherche
Infirmière
10 Association des amis de l'Ecole Internationale
d'Enseignement Infirmier Supérieur
Aujourd'hui, la recherche infirmière se structure sous
l'effet de plusieurs phénomènes concomitants, comme :
· Les perspectives d'évaluation des pratiques
professionnelles (EPP)
· La volonté de reconnaissance des
compétences professionnelles
· Le financement spécifique de projets de recherche
infirmière, comme le Programme Hospitalier de Recherche
Infirmière (PHRI)
· L'évolution des possibilités de formation
spécifique dans les nouveaux cursus universitaires (système
LMD11).
Les portes d'entrée dans la recherche sont multiples.
Souvent cela commence par l'initiation lors d'une formation professionnelle
(Institut de formation en soins infirmiers (IFSI), école d'IADE en ce
qui nous concerne, cadre de santé...) et se poursuit lors de formations
universitaires (Master, Doctorat...) ou celles proposées par des
organismes de formation. Si pour certains, l'apprentissage et
l'intérêt pour la recherche restent limités à un
exercice scolaire, pour d'autres, elle est intégrée dans la
pratique quotidienne soit par l'utilisation de connaissances provenant de la
littérature soit par la réalisation de travaux.
1.2.3. Qu'en est-il dans d'autres pays ?
Nous prendrons comme comparaison 2 pays francophones : le Canada
et la Belgique.
Au Canada, depuis déjà une cinquantaine
d'années, il y a une « tradition » de recherche en Soins
Infirmiers. Cependant, les infirmières canadiennes francophones se
posent la question de l'intégration des connaissances issues de la
recherche et le constat est mitigé. En effet, dans une étude
publiée dans la revue Recherche en Soins Infirmiers12, il
semblerait que les infirmières se fient plus à leur
expérience et à celle de leurs collègues plus
expérimentées qu'aux dernières données de la
science.
Les infirmières universitaires cherchent alors à
mettre en place des stratégies, pour concevoir et promouvoir un
« leadership » passant par des infirmières
ayant développé une expertise validée par des
études universitaires (au minimum, une
11 Licence Master Doctorat
12 GAGNON J, COTE F, MBOUROU G et al. La pratique
infirmière informée par des résultats de recherche : la
formation des leaders dans les organisations de santé, une avenue
prometteuse. Recherche en Soins Infirmiers, juin 2011 ; 105 : 76- 81
maîtrise ou master), des infirmières praticiennes
de pratiques avancées ou des infirmières cliniciennes.
En Belgique, la recherche en soins infirmiers se
développe parallèlement au fait que un certain nombre
d'infirmiers contribuent à la recherche médicale clinique.
En ce qui concerne la recherche médicale, les PAI
(Prestataires de l'Art Infirmier) exercent une fonction de « data manager
» dans les structures hospitalières. Leur fonction est d'assurer un
support organisationnel, administratif et logistique lors de la
réalisation d'études médicales cliniques testant
l'efficacité d'une nouvelle molécule ou d'un nouveau traitement
et financées par l'industrie. Au cours de ces études, les aspects
relatifs aux soins infirmiers ne sont pas spécifiquement
développés.
Quant à la recherche en soins infirmiers, elle est
enseignée dès la formation en baccalauréat jusqu'au
doctorat. Néanmoins, elle est essentiellement développée
et conduite par les universités, et de façon moins importante,
par les Hautes Ecoles et les Départements infirmiers des
hôpitaux.
Au niveau universitaire, il existe 5 centres de recherche en
sciences infirmières (4 en Flandre et un en communauté
française). Ces différents centres emploient des chercheurs,
infirmiers de formation et détenteurs d'un master universitaire, et de
préférence bénéficiant d'une expérience
clinique et/ou exerçant parallèlement à leurs
activités scientifiques. Ces équipes sont dirigées par un
ou plusieurs professeurs académiques en sciences infirmières ou
en santé publique.
1.3. But de la recherche
Les circonstances de pratique et/ou d'utilisation de la
recherche sont diverses pour les infirmières. Elles peuvent être
déclinées selon trois possibilités qui ne sont pas
exclusives :
· l'acquisition d'une culture scientifique,
· la réalisation de travaux,
· la contribution à la recherche d'autres
professionnels (médicale ...).
L'acquisition d'une culture scientifique concerne chaque
professionnel. Elle repose sur la compréhension de
l'intérêt de la recherche pour la pratique, l'intégration
des méthodes de raisonnement, l'utilisation dans les soins de
connaissances issues de la recherche dans différentes
disciplines (soins infirmiers, biomédicale, sciences humaines...).
Concrètement, cela peut se traduire par la lecture critique d'articles
scientifiques, l'adaptation et la transposition des connaissances dans son
contexte de travail et l'interrogation de sa pratique. La culture scientifique
s'acquiert progressivement par une accumulation de connaissances, de mises en
oeuvre régulières et la confrontation théorie -
pratique.
La réalisation de travaux est davantage une
activité effectuée par des personnes ou des équipes
intéressées par ce domaine. Elles se sont formées aux
méthodologies et ont cherché les moyens leur permettant de
réaliser des études avec des soutiens méthodologiques,
organisationnels et financiers.
L'expérience montre que des structures
dédiées à la recherche sont prêtes à
accueillir et à soutenir des projets de recherche en soins dans la
mesure où les investigateurs professionnels sont porteurs de ces
projets. Il existe dans certains établissements des Centres
d'investigation clinique (CIC) qui sont des structures ouvertes aux infirmiers
souhaitant réaliser des recherches. Par ailleurs, des
établissements conduisent des politiques de promotion et de
développement de la recherche en soins.
La contribution à la recherche médicale est une
pratique très ancienne et peut concerner de nombreuses personnes.
Parfois elle passe inaperçue car les actes relatifs aux données
de la recherche sont intégrés dans les soins courants. Mais de
plus en plus fréquemment les investigateurs informent les professionnels
des activités s'inscrivant dans le cadre d'un protocole de recherche et
des résultats attendus. Contribuer à la recherche d'autres
professionnels peut être considéré comme un travail
d'équipe pluriprofessionnelle permettant des approches
interdisciplinaires, d'obtenir des résultats de qualité et,
également comme source d'apprentissage des méthodes et des
manières de faire (rigueur, modalités de renseignement des
supports de recueil de données...).
La recherche se professionnalise par la création de
nouveaux métiers, réservés et/ou accessibles aux
infirmières, des méthodologies et des processus de plus en plus
rigoureux et maîtrisés, une réglementation plus
prégnante, la conscience plus aigüe des acteurs de la recherche de
leur rôle dans le processus et des enjeux éthiques, des
possibilités de financement des projets.
2. Les acteurs de la recherche infirmière
Avant de faire une description des différents
métiers de la recherche accessible aux infirmiers, il me semble
nécessaire de définir quelques termes couramment utilisés
dans ce domaine.
2.1. Qui sont le promoteur et l'investigateur ?
Le promoteur est une « personne physique ou morale,
qui prend l'initiative d'une recherche biomédicale sur l'être
humain, qui en assure la gestion et qui vérifie que son financement est
prévu. »13
Il se doit de soumettre le protocole au Comité de
Protection des Personnes (CPP) et à l'ANSM14.
Le promoteur est soit un promoteur institutionnel, comme
l'INSERM15, l'AP-HP16, le Medical Research Council, le
National Institute of Health, ou un promoteur industriel, comme l'industrie
pharmaceutique.
L'investigateur est une personne qui dirige et surveille la
réalisation de l'essai clinique. Il s'agit pour les essais cliniques de
médicaments, un médecin qui doit justifier d'une
expérience appropriée. Pour les essais cliniques concernant le
domaine de l'odontologie, un chirurgien-dentiste conjointement à un
médecin justifiant d'une expérience appropriée, peut
exercer la direction et la surveillance de la recherche.
Lorsque le promoteur confie la réalisation d'un essai
clinique à plusieurs investigateurs (essais multicentriques), il
désigne parmi ceux-ci un investigateur coordonnateur.
A ses débuts, la recherche clinique, ne comprend que peu
d'acteurs.
Seuls ces acteurs sont nommés dans la loi et ont un
rôle vraiment clair et défini. Malheureusement, le manque de temps
et la surcharge de travail des praticiens, surtout en milieu hospitalier, s'est
fait de plus en plus ressentir. Pour continuer à diriger des essais
cliniques, ils ont eu besoin de personnes capables d'expliquer les protocoles
aux patients et aptes à réaliser des actes de soins
techniques.
13 Art L. 1121-1 du Code de Santé Publique
14 Agence Nationale de Sécurité du
Médicament (remplace l'AFSSAPS - Agence Française de
Sécurité Sanitaire des Produits de Santé - depuis mars
2012)
15 Institut National de la Santé et de la
Recherche Médicale
16 Assistance Publique des Hôpitaux de Paris
C'est alors que sont nées plusieurs formations ouvertes
aux personnels paramédicaux ou non (par exemple formations en
biologie).
2.2. L'infirmiqre et la recherche clinique
2.2.1. L'infirmier de recherche clinique (IRC)
L'infirmier en recherche clinique met en oeuvre et assure la
surveillance des techniques de recherche sur le vivant en coopération
avec une équipe de soins.
Le travail d'infirmière de recherche clinique est
varié et dépend fortement de son lieu d'exercice. On peut
cependant relever plusieurs grands axes :
· Présentation de l'essai clinique au patient
De manière relativement courante, les médecins
investigateurs présentent rapidement l'essai clinique qu'ils peuvent
proposer au patient mais c'est souvent l'IRC qui explique plus
précisément les tenants et les aboutissants de leur
participation. Elle règle les problèmes organisationnels et
devient une interlocutrice privilégiée pour le participant
à la recherche. Cependant, elle ne se substitue en aucun cas au
médecin investigateur. Le patient signe son consentement
éclairé en présence de ce dernier uniquement.
· Remplissage des cahiers d'observation.
Des données anonymisées et standardisées
doivent être récupérées pour tous les patients dans
des cahiers d'observation prévus à cet effet. Ce travail
étant très chronophage, l'IRC est très souvent
désignée pour ce rôle de recueil à partir du dossier
source du patient.
· Prise en charge des actes techniques
spécifiques.
L'IRC assure la surveillance clinique des fonctions vitales
sous la responsabilité d'un médecin. Elle administre
également des médicaments et participe à la prise en
charge des effets secondaires. Les compétences de l'IRC lui permettent
de réaliser les prélèvements sanguins, ECG et autres
examens à condition qu'elle n'outrepasse pas son décret de
compétences.
· Gestion des traitements, planification des visites...
Lorsque les essais cliniques sont nombreux sur un même
terrain ou que le nombre de patients inclus est important, il est primordial de
pouvoir s'organiser de manière à ne rien oublier. L'IRC est
chargée de cette organisation : elle planifie les visites des patients,
gère les traitements expérimentaux en collaboration avec la
pharmacie, prévoit les rendez-vous d'examens...
· Relation avec les différents acteurs
hospitaliers.
Conduire un essai clinique en milieu hospitalier suppose des
contraintes en termes de temps pour un grand nombre de personnel :
secrétaires, radiologues, spécialistes... Le rôle de l'IRC
consiste à expliquer l'importance de suivre le protocole tel qu'il est
écrit et surtout de maintenir de bonnes relations entre les
différents partenaires pour que l'essai clinique arrive à terme
dans les meilleures conditions possibles.
· Respect de la législation relative à la
protection des personnes. La loi française a défini des
règles précises en matière de protection de personnes. Il
est impératif que l'IRC les connaissent et puisse en rappeler
l'importance au médecin investigateur, notamment en ce qui concerne le
consentement éclairé, la déclaration des
évènements indésirables graves et le suivi des
patients.
La formation à suivre pour devenir IRC est le DIU FARC
(Diplôme Interuniversitaire de formation des assistants de recherche
clinique).
2.2.2. Les Assistants de Recherche Clinique (ARC)
Il est possible pour les infirmier(e)s de quitter les
services de soins et devenir ARC en suivant un cursus universitaire. Dans ces
cas-là, elles ne réalisent plus d'actes de soins techniques et
s'impliquent, plus spécifiquement, dans l'écriture et la mise en
place des protocoles d'essai.
L'ARC est l'interface entre le médecin responsable des
essais cliniques et l'investigateur.
Il a pour rôle de garantir, sous la
responsabilité du chef de projet, le bon suivi des essais cliniques, la
qualité et la véracité des données scientifiques
recueillies au cours de l'étude.
L'ARC est chargé, après une formation
opérationnelle spécifique, du monitoring des études
cliniques gérées par le laboratoire pharmaceutique ou
confiées à la CRO17.
Ses missions sont les suivantes :
· Accompagner le médecin responsable des essais
cliniques dans l'élaboration du protocole et le recrutement des
médecins investigateurs.
· Assurer la mise en oeuvre de procédures
opératoires standardisées
· Réaliser les visites initiales d'évaluation
des investigateurs et participe à l'organisation et à la tenue
des réunions d'information des investigateurs.
· Prendre en charge les visites de mise en place et le
suivi des essais cliniques auprès des centres d'investigation et
gérer le stock des médicaments et matériels
utilisés pendant l'étude
· Détecter les problèmes rencontrés
par les investigateurs, recueillir les cahiers d'observation, contrôler
les données récoltées par rapport aux données
sources, superviser leur correction le cas échéant, puis les
transmettre au Data Management
· Assurer la clôture des centres en fin
d'études
La formation requise est une formation spécifique au
métier d'ARC de type universitaire ou privée.
2.2.3. Le Technicien en Recherche Clinique (TEC)
Le technicien de recherche clinique applique les techniques de
recherche sur le vivant en coopération avec une équipe
médicale.
Ses activités essentielles consistent à :
· Suivre le déroulement du protocole (convocation
des patients, groupes ou familles)
· Procéder, à partir de protocoles
définis, à des mesures sur l'être humain faisant intervenir
un équipement spécifique ou une méthodologie
particulière
· Pratiquer en conformité avec les protocoles,
les « bonnes pratiques cliniques » et dans le cadre de la Loi
Huriet-Serusclat sous la direction et le contrôle d'un médecin
17 Contract Research Organisation = Organisation de
recherche clinique par contrat. Entreprise privée prestataire de
l'industrie pharmaceutique, spécialisée dans la gestion des
essais cliniques
· Préparer des échantillons biologiques
pour analyse
· Stocker les prélèvements
(étiquetage, rangement, tenue d'un registre ...)
· Tenir un cahier d'investigations, recueillir et mettre en
forme les résultats
· Se former et maîtriser les nouvelles techniques
mises en oeuvre
· Gérer l'entretien et le fonctionnement des
appareils, prévoir le budget de maintenance
· Gérer le calendrier d'utilisation des appareils et
des salles d'investigation.
Plusieurs options sont possibles pour accéder aux
métiers de ARC et TEC. Les facultés de médecine de Paris
6, Paris 7, Strasbourg, Aix-Marseille, Nantes, Lyon et Bordeaux proposent un
Diplôme Inter-Universitaire regroupant la formation des assistants de
recherche clinique et celle des techniciens d'études cliniques. Elle se
déroule sur une année scolaire, à hauteur de trois
à quatre semaines non consécutives d'enseignement
théorique.
Sont abordés, entre autres, les bases de
méthodologie en pharmacologie clinique, les problèmes
éthiques et réglementaires, le contrôle de qualité,
le développement des médicaments, les rôles respectifs des
ARC et des TEC dans les essais. Un diplôme universitaire existe
également à Angers mais ne forme que les TEC.
Outre les D.I.U, il existe à Paris 6 une licence
professionnelle de recherche clinique permettant d'obtenir les mêmes
statuts tout en validant un niveau légal pour poursuivre des
études vers masters et doctorats.
3. Cadre législatif
3.1. La recherche clinique et l'infirmiqre
La législation est un élément capital pour
la bonne compréhension de notre profession, sa reconnaissance et la mise
en oeuvre de bonnes pratiques.
3.1.1. L'infirmière diplômée d'Etat
Bien que la recherche infirmière et en soins
infirmiers soit aujourd'hui peu développée en France, un cadre
réglementaire légifère cet aspect de la profession.
En effet, le Code de la Santé Publique expose dans le
Chapitre 1 - Section 1 la législation relative aux actes professionnels
et à l'exercice infirmier. L'article R. 4311-15 nous dit la chose
suivante :
« Selon le secteur d'activité où il
exerce, y compris dans le cadre des réseaux de soins, et en fonction des
besoins de santé identifiés, l'infirmier ou l'infirmière
propose des actions, les organise ou y participe dans les domaines suivants :
[...] 7. Recherche dans le domaine des soins infirmiers et participation
à des actions de recherche pluridisciplinaire [...] »
Ceci nous montre que la recherche infirmière, bien
qu'encore peu pratiquée en France, fait partie intégrante des
champs de compétence de l'infirmier, au même titre que les soins
techniques et relationnels avec le patient.
De plus, pour ce qui est de la recherche clinique
médicale, de par la variété des actes qu'elle peut
effectuer, l'infirmière peut apporter une grande aide dans la
réalisation de protocoles d'essais cliniques par les actes relevant de
son rôle propre (Article R. 4311-5) et de son rôle sur prescription
(Article R. 4311-7).
3.1.2. L'infirmière anesthésiste
diplômée d'Etat
En plus de la législation à laquelle nous
sommes soumis en tant qu'infirmier, plusieurs textes mentionnent la
possibilité pour les IADE de participer à des actions de
recherche. Ces textes sont essentiellement des recommandations.
Déjà en 1995, la SFAR18
énonçait dans ses Recommandations :
« L'IADE participe aux travaux de recherche relevant
du domaine des soins infirmiers, à l'élaboration de protocoles
ainsi qu'à l'évaluation des soins infirmiers en
anesthésie. Il participe également aux actions de recherche mises
en oeuvre par des médecins anesthésistes-réanimateurs
».
Depuis plus de 15 ans, l'IADE a donc la possibilité de
s'inclure dans cette démarche en réalisant des travaux de
recherche et en contribuant à la recherche médicale.
En 2007, le Syndicat National des Infirmiers
Anesthésistes (SNIA) publie des recommandations pour l'exercice de notre
profession, qui vont également dans ce sens :
18 Société Française
d'Anesthésie Réanimation
« L'infirmier anesthésiste développe
des travaux de recherche nécessaires à l'évolution de sa
pratique tels que les soins infirmiers appliqués à
l'anesthésie, prise en charge des urgences, les techniques de
maintenance et de gestion des sites d'anesthésie. Il peut participer aux
protocoles de recherche conduits par les médecins
anesthésistes-réanimateurs. »
Et enfin, plus récemment, en mai 2010, le SNIA a
proposé un nouveau référentiel de compétence de
l'infirmier anesthésiste, dans le cadre de la réingénierie
du diplôme et de l'universitarisation des études d'IADE. Si ce
référentiel est validé d'ici peu, il s'inscrira dans la
réglementation figurant au Code de la Santé Publique. Une
nouvelle fois, dans ce référentiel, la recherche est
abordée et ses modalités de mise en oeuvre sont
précisées :
« [...] Compétence 7. Rechercher, traiter et
produire des données professionnelles et scientifiques dans les domaines
de l'anesthésie, la réanimation, l'urgence et l'analgésie
[...] ».
3.2. Législation en recherche
biomédicale
La recherche clinique est soumise à un cadre
législatif évoluant depuis plusieurs années permettant le
respect de la personne, la pertinence et la qualité des recherches.
3.2.1. La loi relative à la politique de
santé publique du 9 août 2004
Cette loi définit les règles et les conditions
dans lesquelles un essai clinique doit se dérouler. Elle révise
la loi Huriet-Sérusclat de 1988 du Code de la Santé Publique dans
le cadre de la transposition de la directive européenne 2001/20/CE.
Sa révision renforce notamment la vigilance relative
à la recherche clinique. Ainsi, avant de débuter, un essai
clinique doit faire l'objet d'un avis favorable d'un Comité de
Protection des Personnes (CPP) et d'une autorisation de l'Agence Nationale de
Sécurité du Médicament (ANSM).
3.2.2. La Déclaration d'Helsinki (1964)
La déclaration d'Helsinki est un document officiel de
l'Association
médicale mondiale, représentante des
médecins dans le monde. Adoptée en 1964
à Helsinki (Finlande), elle fut révisée
plusieurs fois lors d'assemblées générales
(1975, 1983, 1989, 1996, 2000, 2002, 2004, 2008).
La Déclaration d'Helsinki, élaborée par
l'Association médicale mondiale, est une déclaration de principes
éthiques dont l'objectif est de fournir des recommandations aux
médecins et autres participants à la recherche médicale
sur des êtres humains. Celle-ci comprend également les
études réalisées sur des données à
caractère personnel ou des échantillons biologiques non
anonymes.
3.2.3. ICH : International Conference of Harmonization
Il s'agit d'une conférence internationale
composée de représentants des USA, de l'Union Européenne
et du Japon, chargés d'harmoniser la totalité des
procédures des essais cliniques des médicaments avant leur
évaluation et leur enregistrement par les agences gouvernementales
d'enregistrement.
Elle tient compte de 4 grands principes, qui sont les 4
rubriques composant le document réglementaire : qualité,
sécurité, efficacité, multidisciplinarité.
Ce document décrit les responsabilités et les
attentes de tous les participants dans la conduite d'essais cliniques, incluant
les investigateurs, les moniteurs, les sponsors et les IRBs (Institutional
Review Board).
4. Perspectives d'avenir
4.1. L'universitarisation des études d'IDE et
infirmiers spécialisés : système LMD (Licence Master
Doctorat)
4.1.1. Programme des études d'infirmières
depuis 2009
Dans le cadre de la refonte des études
d'infirmières, un référentiel de compétences a
été établi. La recherche est aujourd'hui clairement inclue
dans le programme. Elle est notamment détaillée dans la
compétence 8 (( Rechercher et traiter des données
professionnelles et scientifiques » pour partie principale, et
également la compétence 7 (( Analyser la qualité des
soins et améliorer sa pratique professionnelle ». Les
étudiants suivant cette nouvelle formation auront une approche plus
précise de la recherche que les infirmiers ayant suivi le programme qui
était en vigueur depuis 1992.
Depuis la rentrée 2009, la formation infirmière
s'inscrit dans le processus LMD (Licence Master Doctorat), dans le cadre de la
convention de Bologne, permettant aux étudiants d'être titulaires
d'une licence en fin de cursus.
La formation est réalisée avec un partenariat
universitaire au sein des IFSI19 et se compose de six semestres.
La recherche est clairement abordée au semestre 4,
c'est-à-dire en fin de deuxième année. Cependant, des
enseignements transversaux débutés dès la première
année permettront d'enrichir les UE (Unités d'Enseignement)
dédiées qui commencent au semestre 4. En effet 60 heures
d'anglais sont planifiées sur l'ensemble de la formation.
L'apprentissage de cette langue vivante internationale a comme objectif
d'étudier et d'utiliser des articles professionnels en anglais. Cet
enseignement intègre des cours de vocabulaire professionnel dans le
domaine de la santé et des soins, et la lecture et la traduction
d'articles professionnels.
En termes d'évaluation, l'étudiant devra
traduire et présenter un article professionnel en anglais, et
également rédiger en anglais l'abstract du mémoire de fin
d'étude.
De plus, lors du semestre 1, l'UE 6.1 sur les méthodes
de travail permet d'initier l'étudiant à des techniques qui lui
seront utiles pour la recherche : initiation à l'informatique, recherche
documentaire, rédaction d'un article professionnel...
19 Institut de Formation en Soins Infirmiers
L'initiation à la recherche commence réellement
au semestre 4 avec l'UE 3.4S4 « Initiation à la démarche de
recherche ». Cet enseignement d'initiation vise à situer toute
démarche de recherche dans le contexte précis de la recherche
dans le monde d'aujourd'hui. L'étudiant doit comprendre les buts de la
recherche, les démarches utilisées et doit être capable
d'en lire et d'en utiliser les résultats. Cet apprentissage lui servira,
notamment, à concevoir une démarche plus structurée lors
de la construction de son travail de mémoire centré sur
l'étude d'une question professionnelle.
Enfin, lors du semestre 6, deux UE sont directement en lien avec
la recherche.
La première, l'UE 3.4S4 intitulée «
Initiation à la démarche de recherche » complète la
première partie abordée en semestre 4. Elle a pour contenu la
recherche infirmière en France et dans le monde, l'utilisation des
résultats de recherche sur la pratique infirmière, les
laboratoires de recherche, leur rôle et leur fonctionnement, les
différents métiers de la recherche... Cet enseignement permettra
à l'étudiant de poser une problématique et de construire
un questionnement précis permettant l'exploration d'une question. Les
modalités d'évaluation se situent pour partie principale dans la
réalisation du mémoire de fin d'étude.
La seconde UE abordée au semestre 6 est l'UE 5.6S6
« Analyse de la qualité et traitement des données
scientifiques et professionnelles ». Lors de cet enseignement,
l'étudiant apprend à analyser sa pratique professionnelle au
regard notamment, de l'évolution des sciences et des techniques. Ceci
passe par l'identification et l'utilisation des ressources documentaires, des
travaux de recherche, des bases de données actualisées et des
données contenues dans les publications scientifiques et/ou
professionnelles. En terme d'évaluation, l'étudiant devra
analyser une question relevant des soins, la mettre en problème,
l'explorer, en faire une étude critique, formuler des hypothèses
voire des propositions de solutions ou de poursuite de l'exploration. Ceci est
réalisé par le biais du Travail de Fin d'Etude sur un sujet
d'intérêt professionnel, qui devra être argumenté
oralement.
4.1.2. Projet Master pour la formation d'infirmier
anesthésiste
Un projet de refonte des études d'IADE a
été présenté par le SNIA en juillet 2011. Ce projet
est actuellement en attente de validation. Voici ce qu'il propose.
A compter de la rentrée d'octobre 2012, le cursus de
formation de l'infirmier anesthésiste sera intégré
également au système LMD. En effet, au terme de cette formation,
les étudiants seront titulaires d'un master.
Durant cette formation, la recherche sera abordée de
façon beaucoup plus importante que dans la formation actuelle.
D'une façon générale, l'enseignement
sera fourni selon des unités d'enseignement « UE », qui sont
au nombre de six sur la totalité des deux ans. Ces UE seront
validées par des ECTS (European Credit Transfer System) (60 sur les deux
ans).
En ce qui concerne la recherche, elle sera abordée de
trois manières différentes :
· une unité d'enseignement dédiée, UE
5 « Etudes et recherche en santé »
· un mémoire professionnel, UE 7
· un stage dans un laboratoire de recherche, donnant lieu
à un rapport de stage.
De façon plus détaillée, l'UE 5 «
Etudes et recherche en santé » permettra d'aborder les
statistiques, la méthodologie de la recherche et des essais cliniques,
l'analyse commentée d'articles scientifiques, une langue vivante
(anglais) et des notions d'informatique. L'UE 5 est concentrée sur un
volume horaire de 125 heures, et sera validée par 6 ECTS.
Le mémoire professionnel s'inclura clairement dans un
travail de recherche. Il sera validé par 6 ECTS.
Enfin, l'étudiant devra réaliser un stage de 4
semaines dans un laboratoire de recherche. Au terme de ce stage, un rapport de
stage devra être produit et soumis à une présentation orale
devant un enseignant chercheur et un formateur cadre IADE de l'école. Le
stage ainsi que le rapport seront validés par 6 ECTS.
Au total, sur les deux ans de formation, 18 ECTS sur 60
valideront des UE directement ou transversalement liées à la
recherche, ce qui est loin d'être négligeable. Ainsi, les futurs
IADE, qui seront diplômés à partir de 2014 seront en
possession de connaissances relativement solides dans le domaine de la
recherche.
Pour conclure cette partie sur l'universitarisation des
études d'infirmier et d'infirmier spécialisé dans le cadre
du système LMD, nous pouvons constater que la refonte des nouveaux
programmes a permis d'y inclure de façon importante la recherche.
En effet, les professionnels qui seront titulaires de ces
diplômes seront mieux formés que les diplômés «
pré-LMD » sur les modalités de la recherche, la
méthodologie, les métiers de la recherche et tout ce qui a
été détaillé précédemment.
Il me semble que la porte d'entrée vers la recherche
leur sera beaucoup plus aisée, au moins de par les connaissances
théoriques acquises durant ces formations.
4.2. Le programme hospitalier de recherche
infirmière (PHRI)
Un appel à projet relatif au programme de recherche
infirmière (PHRI) a été lancé en septembre 2009 par
la DGOS20 auprès des établissements de santé
pouvant recevoir des financements au titre des Missions d'Intérêt
Général et d'Aide à la Contractualisation (MIGAC).
Il s'agit d'un programme pluriannuel, les projets devant se
dérouler sur trois ans. Les premiers projets mis en place en 2010
s'achèvent ainsi en 2012.
Ce nouveau programme de recherche vient en complément
des programmes de recherche déjà existants comme les
PHRC21 ou PREQHOS22, mais ne se substitue pas à
eux. Il fait partie intégrante des PHRIP, programme hospitalier de
recherche infirmière et paramédicale.
20 Direction Générale de l'Organisation
des Soins
21 Programme Hospitalier de Recherche Clinique
22 Programme de Recherche en Qualité
Hospitalière
Il concerne tant les pratiques professionnelles
infirmières que leur organisation. Il est relatif aux soins infirmiers
conçus dans leur acceptation large, englobant la prévention
primaire et secondaire.
Le but de ce programme est d'apporter une aide à
l'amélioration des soins infirmiers dans les établissements de
santé et d'appréhender l'impact des changements. Il vise à
impulser le développement d'un potentiel de recherche en France dans le
domaine des soins infirmier à l'image de ce qui s'est
développé dans certains pays, sans toutefois que ces
modèles soient considérés comme exclusifs d'autres
approches.
Les projets doivent relever d'une recherche dans le domaine
des soins infirmiers, de leur organisation et/ou de leur management et imposent
les critères suivants : justification scientifique du projet,
hypothèses et objectifs du projet, population concernée,
critères de jugement, modalités de l'étude statistique,
méthodologie mise en oeuvre.
Le Ministère de la Santé souhaite promouvoir le
développement de la recherche en soins infirmiers. Ainsi, le PHRI
s'adresses exclusivement aux infirmiers et infirmières
diplômées d'Etat ou personnes habilitées légalement
à exercer la profession infirmière en France, quelle que soit
leur fonction. Ces projets peuvent donc ainsi concerner également les
infirmiers et infirmières spécialisées :
puéricultrices, IADE, IBODE et cadres infirmiers.
Ainsi, 15 projets ont été retenus pour la
période allant de 2010 à 2012, par exemple :
· Impact de l'hypnose avant induction anesthésique,
sur l'anxiété des enfants de 10 à 18 ans (Hôpital
Robert Debré - Paris)
· La recherche en soins infirmiers en France : approche
épistémologique et sociologique (Hôpital Charles Foix -
APHP)
· Evaluation des concentrations et de
l'homogénéité des principes actifs dans une seringue
électrique (SAMU SMUR Corbeil Essonne)
5. Les publications infirmières
Pour tout chercheur, les publications sont un moyen de rendre
compte des méthodes, outils, techniques, de comprendre, d'expliquer, de
faire évoluer les connaissances et les pratiques en les inscrivant dans
des contextes bien définis. Les publications sont aussi des supports de
savoirs et de réflexions. Elles rendent compte de l'état des
connaissances à un moment donné et ouvrent des portes pour des
travaux futurs ou des améliorations de pratiques, s'il y en a.
Comme le dit Monique FORMARIER23, « pour
un chercheur, publier un article scientifique c'est encourir la critique de ses
pairs, ne pas publier, c'est ne pas avoir de bibliométrie suffisante
pour être crédible et reconnu ».
La recherche en soins infirmiers s'amorce en France. Elle
permettra aux infirmières d'enrichir leur culture scientifique et pour
cela, une trace des travaux effectués est nécessaire.
D'autant plus qu'aujourd'hui, le système LMD,
c'est-à-dire universitaire, permettra à notre profession de
positionner son fondement scientifique en utilisant les moyens mis à
notre disposition, en particulier les publications scientifiques (papier ou en
ligne). Celles-ci contribueront à aller dans le sens de cette
évolution
Mais quelles sont les possibilités qui s'offrent aux
infirmières chercheuses pour publier leurs travaux ?
La discipline infirmière étant internationale,
elle se construit avec les recherches réalisées par les
chercheurs de tous les pays. Pour les faire connaître dans le monde
professionnel, les publications sont essentielles.
On dénombre aujourd'hui plus de 500 journaux relatifs
aux soins infirmiers dans le monde. Ils sont répertoriés dans
l'Ulrich's International Periodicals Directory. Cependant, pour savoir
reconnaître les travaux qui feront réellement avancer la pratique
infirmière, un journal consacré à la pratique
infirmière « basée sur les preuves » a
été créé. C'est l'Evidence Based-Nursing EBN. Son
objectif est d'aider les infirmières à identifier et
évaluer les travaux de recherche de bonne qualité.
23 Recherche en Soins Infirmiers n°90 -
Septembre 2007
Au niveau national, les recherches sont soit partagées
lors de symposium ou congrès, soit par le biais de revues scientifiques.
Les revues scientifiques infirmières françaises sont peu
nombreuses. La plus importante est Recherche en Soins Infirmiers, la
revue de l'ARSI.
Il est également possible de publier ses articles sur
les bases électroniques spécialisées comme Pubmed. C'est
une base de données de la National Library of Medicine donnant
accès à plus de 19 millions de notices bibliographiques. Elle
contient les notices d'articles de plus de 4600 revues
spécialisées en médecine, dentisterie, soins infirmiers,
médecine vétérinaire, etc.
Comme toute revue scientifique, les revues scientifiques
infirmières (comme Recherche en Soins Infirmiers) sont soumises
à des normes de publication scientifique. En effet, il faut savoir que
la revue est avant tout un partage de connaissances, qui peut servir d'outil de
travail et qui pourra être utilisé par de nombreux professionnels
dans le monde entier. Cela nécessite une uniformisation des pratiques
dans de domaine.
Cela permet également, en retrouvant une similitude
dans la présentation des articles et des recherches, que l'article soit
répertorié dans une banque de données nationale et
internationale et donc de concourir au développement de la recherche
infirmière.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat7.png)
PRO
BLÉMATIQUE
Cette première partie nous a permis d'aborder un certain
nombre de concepts qui m'ont permis de décrire et d'analyser le
problème de ma recherche.
En effet, dans un premier temps, j'ai abordé le champ
de la Recherche de façon générale, jusqu'à la
recherche infirmière. A ce terme, on peut voir que malgré sa
pratique limitée dans le monde infirmier en France, la recherche
clinique entre dans un cadre parfaitement défini et précis.
De plus, nous savons maintenant que la recherche
infirmière n'est pas si récente que ça, surtout dans
d'autres pays comme la Belgique et le Canada, que j'avais choisi
d'étudier plus particulièrement.
Les IADE ne sont pas en reste, avec notamment des
études publiées par une infirmière anesthésiste
américaine, Alice Magaw, dès le début du
20ème siècle. Depuis, les choses n'ont cessé
d'évoluer, mais à petite échelle.
Aujourd'hui, en France, la recherche infirmière et en
soins infirmiers fait son chemin et se structure, avec l'introduction de
formation incluses dans un cursus universitaire, pour les infirmiers qui
souhaiteraient se spécialiser dans ce domaine. Je me permettrai de
rappeler les trois possibilités que j'avais évoquées, en
ce qui concerne les circonstances de pratique et/ou d'utilisation de la
recherche pour les infirmiers :
· L'acquisition d'une culture scientifique
· La réalisation de travaux
· La contribution à la recherche médicale
Deuxièmement, je proposais une description des
différents métiers de la recherche accessibles aux infirmiers,
qui voudraient se lancer dans une activité de recherche clinique.
Pour rappel, plusieurs alternatives intéressantes
s'offrent à nous :
· Devenir Infirmier de Recherche Clinique
· Devenir Attaché de Recherche Clinique
· Devenir Technicien de Recherche Clinique
En outre, il est essentiel qu'un certain nombre de
règles soient fixées. Le cadre législatif nous a permis
d'étudier la position réglementaire de la recherche
biomédicale en France. Je rappellerai la loi relative à la
politique de santé publique du 9 août 2004, qui définit les
règles et les conditions dans lesquelles un essai clinique doit se
dérouler (révision de la loi Huriet-Sérusclat de 1988). Sa
révision renforce la vigilance relative à la recherche
clinique.
De plus, il me semblait important de revenir sur les
références qui encadrent ma future profession, la profession
d'IADE. Effectivement, plusieurs textes mentionnent la possibilité pour
les IADE de participer à des actions de recherche, et ce depuis 1995,
lors des Recommandations de la SFAR. Ceci nous montre une fois de plus, que la
notion de recherche pour les paramédicaux n'est pas récente. Le
référentiel de compétences de l'IADE proposé dans
le cadre de l'universitarisation des études d'IADE va également
dans ce sens.
Malgré les balbutiements de la recherche
infirmière en France, l'avenir me semble très prometteur.
Tout d'abord, le nouveau programme des études
d'infirmières depuis 2009, dans le système Licence Master
Doctorat inclut clairement la recherche dans les études, répartie
sur six semestres.
De plus, le projet Master pour la formation d'IADE, qui est,
je le rappelle, en attente de validation, me semble être pour mes futurs
collègues qui suivront cette formation, un véritable tremplin
vers la recherche. Ce pourra être par la réalisation de travaux ou
la contribution à la recherche médicale à temps plein ou
à temps partagé dans un service de soins, mais également
par l'acquisition d'une culture scientifique au quotidien, propre à
chaque professionnel que nous sommes, notamment dans le domaine de
l'anesthésie.
Enfin, pour terminer sur le cadre conceptuel, je me suis
intéressée aux publications infirmières, chose essentielle
pour faire connaître les recherches dans le monde professionnel.
Au terme de cette recherche bibliographique, j'ai pu me
rendre compte que la recherche infirmière ne semble pas si fermée
qu'elle ne le paraissait lors de mon constat de départ. En effet, elle
est définie, elle est légiférée, elle semble
reconnue. Des formations existent, des métiers existent, et un bel
avenir s'offre à elle.
Plusieurs questions se posent désormais.
De quelle façon commencer l'apprentissage de la
recherche ?
De quelle façon commencer à apprendre
l'intérêt de la recherche pour ma pratique clinique ?
Quelle stratégie professionnelle adopter pour la
mise en oeuvre d'un projet de recherche dans un service de soins ?
Que peut-on escompter des futurs infirmiers et
infirmiers anesthésistes, titulaires d'une licence ou d'un master, voire
d'un doctorat ?
Comment envisager la production de connaissances
scientifiques en tant qu'infirmier ou infirmier anesthésiste
?
Le but de ma recherche est de répondre à toutes
ces questions. Le meilleur moyen d'y répondre est de réaliser une
enquete auprès des professionnels concernés. C'est ce que nous
allons voir dans la partie à venir.
2ème partie
Méthodologie
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat8.png)
1. Choix de l'outil
Afin d'étayer ma recherche, j'ai choisi de
réaliser des entretiens semidirectifs. Cette méthode m'a
semblé la plus appropriée pour deux raisons. Tout d'abord, comme
nous l'avons vu dans la première partie, la recherche clinique
infirmière se développe depuis peu en France. Les infirmiers et
infirmiers spécialisés sont, dans l'état actuel des
choses, encore peu nombreux à pratiquer de la recherche. Pour que mon
enquete soit efficace, il m'a semblé nécessaire d'avoir avec les
professionnels un échange verbal approfondi sur le sujet. La
deuxième raison est que ma recherche étant relativement large,
l'entretien permet de recueillir un grand nombre d'informations, tout en
guidant la discussion afin d'obtenir les renseignements recherchés. Cela
permet une recherche d'ordre qualitatif essentiellement.
L'entretien semi-directif m'a permis de compléter et
d'approfondir les thèmes abordés dans mon cadre conceptuel
auprès de professionnels expérimentés concernant les
modalités de la recherche clinique pour les paramédicaux.
Les entretiens se sont déroulés sur la base de
guides d'entretien établis au préalable. Lors de la construction
de mon guide d'entretien, j'ai ciblé les thèmes et axes de
recherche en fonction des questions que je me suis amenée à poser
dans la problématique24.
2. La population enquêtée
Que l'on soit infirmier ou infirmier
spécialisé, notamment IADE en ce qui nous concerne, le but de la
recherche infirmière reste le même : développer de nouveaux
savoirs, en particulier les connaissances relatives aux soins apportés
aux patients. C'est pour cela que je me suis orientée non seulement vers
mes futurs collègues infirmiers anesthésistes, mais aussi des
infirmiers DE et un cadre de santé. Le choix vers ces personnes s'est
reporté vers le fait qu'elles pratiquent toutes de la recherche.
J'ai donc réalisé 7 entretiens, auprès
de 8 professionnels ayant une activité de recherche clinique. Un
entretien a été réalisé en présence de deux
IADE, pour une question de disponibilité.
24 Se reporter à l'annexe 1
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat9.png)
Graphique 1
Répartition des personnes interrogées par
fonction
3
1
4
Cadre IDE IADE
IDE
3. Lieux de réalisation de l'enquête
Je souhaitais réaliser mes entretiens dans plusieurs
établissements. En effet, je pense que chaque établissement a son
propre projet d'établissement, mais également des moyens
différents à engager dans la recherche. C'est pourquoi j'ai
réalisé mes entretiens dans 4 Centres Hospitaliers distincts.
De plus, il me semblait important de dissocier la recherche
infirmière pratiquée dans un Centre Hospitalier Universitaire de
celle pratiquée dans un Centre Hospitalier Périphérique,
afin de savoir si le fait de travailler dans l'un ou l'autre de ces
établissements présente des facilités ou des obstacles
à la réalisation de la recherche infirmière, notamment en
termes de formation et de pratique au quotidien.
Un seul de ces établissements se trouvant en
région Nord-Pas-de-Calais, 3 entretiens ont été
téléphoniques.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat10.png)
37
Répartition des lieux d'enquête
CHU/CHRU
CH périphérique
4. Réalisation de l'enquête
Les entretiens se sont déroulés dans de bonnes
conditions, le sujet traité suscitant un intérêt certain
des professionnels rencontrés.
D'un point de vue pratique, ces entretiens ont été
réalisés au mois de mars et avril 2012. Ils ont duré de 20
à 50 minutes.
Pour disposer de la meilleure écoute, ces entretiens
ont été enregistrés, avec l'accord des personnes, en
assurant confidentialité, anonymat et usage réservé des
enregistrements.
5. Limites de l'enquête
Les problèmes que j'ai rencontrés durant la
réalisation de ces entretiens sont surtout liés aux limites
géographiques.
En effet, lors des 3 entretiens téléphoniques,
il ne m'est possible d'analyser que la composante verbale. La prise en compte
de la communication non verbale est ici difficile (gestes, postures, mimiques,
regards...).
Le deuxième problème que m'ont posé les
entretiens téléphoniques est la retranscription de
l'enregistrement, parasité d'interférences du fait de
l'utilisation simultanée d'un téléphone et d'un
dictaphone.
Deuxièmement, les personnes que j'ai
interrogées travaillent toutes dans le secteur public. Or, il serait
intéressant de connaître les modalités pratiques de la
recherche clinique infirmière dans les établissements
privés.
3ème partie
Présentation des
résultats de l'enquête
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat11.png)
Dans un premier temps, je propose une présentation des
résultats bruts obtenus au terme des sept entretiens
réalisés25.
L'analyse et l'interprétation des résultats
viendront dans la partie à suivre.
Question 1
Quelle est votre fonction dans la recherche clinique ?
Pouvez-vous me décrire votre fonction ?
Comme je l'avais notifié dans la présentation
de la population enquêtée, j'ai interrogé un cadre
infirmier, quatre IADE et trois IDE de quatre établissements de soins
publics différents.
La répartition de leur fonction au sein de la
recherche est liée au hasard. En effet, comme le montrent les graphiques
suivants, le cadre infirmier que j'ai rencontré est doctorant, les
quatre IADE sont ARC, les trois infirmiers sont IRC.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat12.png)
Doctorant 1
ARC
IRC
Répartition des personnes interrogées
par fonction paramédicale et par fonction dans la
recherche
0 1 2 3 4
3
4
Graphique 2
Cadre IDE IDE
IADE
Parmi les 8 personnes que j'ai interrogées, quatre sont
Attachés de Recherche Clinique (ARC).
Leur rôle est différent et varie selon le
service où ils travaillent s'ils sont à temps partiel sur un
poste de recherche clinique, ou s'ils sont à temps plein. (cf question
3)
25 Retranscription d'un entretien, se reporter
à l'annexe 2
Deux ARC travaillent dans le même service de soin, et
fonctionnent en complémentarité. C'est un service où il y
a beaucoup de protocoles d'essais cliniques.
Leur rôle est une aide logistique, la
répertorisation des inclusions, la fabrication de mémos d'aide
à la réalisation et compréhension des protocoles pour
l'équipe. Leur activité est très dépendante de la
demande faite par les médecins du service, qui sont très
impliqués dans la recherche et sont parfois investigateurs de certaines
études.
Un ARC que j'ai rencontré réalise ce travail
à temps plein. Son rôle est la coordination des essais cliniques
que ce soit au niveau de l'investigation ou de la coordination des
études. Il est également un lien entre les différents
centres d'études.
Enfin, le quatrième ARC que j'ai interrogé a un
rôle uniquement sur le terrain en proposant une aide au médecin
sur la réalisation des essais : préparation de l'essai,
prélèvement des patients, remplissage des cahiers de protocole.
Cet ARC a le sentiment d'avoir une activité de TEC (Technicien d'Essais
Cliniques) plutôt que d'ARC.
Ces quatre ARC travaillent au sein d'un Centre Hospitalier
Universitaire.
Un des IRC interviewé travaille à temps plein
dans un CIC (Centre d'Investigation Clinique) d'un autre Centre Hospitalier
Universitaire. Dans cet établissement, des essais cliniques sont
réalisés dans les services de Réanimation et
Pédiatrie.
Pour les études concernant le service de
Réanimation, l'IRC participe au suivi des patients inclus dans les
essais, et à l'élaboration d'outils d'investigations.
Pour les études réalisées en
Pédiatrie, sa mission principale est la coordination d'études
pour lesquelles le CHU est promoteur.
Le deuxième IRC que j'ai interrogé travaille
dans un Centre Hospitalier de la région parisienne et est actuellement
en formation, étant donné qu'il occupe ce poste à temps
plein depuis le mois de septembre 2011. Il travaille au sein des consultations,
des services et des laboratoires. Il réalise le suivi des patients de
l'inclusion du protocole jusqu'au prélèvement. Il envoie
lui-même les résultats des prélèvements au patient.
Il dépend de la Maison de la Recherche, structure interne à
l'établissement.
Le dernier IRC avec qui je me suis entretenu partage un poste
de recherche avec trois IDE. Il participe à l'inclusion administrative
des patients, met
en place les études auprès des équipes
soignantes, remplit les dossiers (qui seront vérifiés par les ARC
de l'URC - Unité de Recherche Clinique - de l'hôpital). Des
études infirmières ayant été
réalisées dans le service de Réanimation, il participe
également à celles-ci et est une aide pour l'équipe
infirmière dans le service.
J'ai également rencontré un cadre infirmier,
qui prépare actuellement un Doctorat en Sciences de l'Education. Ma
démarche est un peu particulière, car la recherche
effectuée n'est pas de la recherche clinique. Cependant, cet entretien
étant très enrichissant, il m'a permis de répondre
à certaines de mes questions. C'est pour cela que cet entretien et les
résultats obtenus figureront dans mon analyse. En effet, la
rédaction d'une thèse dans le cadre du doctorat est en soi une
recherche. Cette discussion m'aura également montré qu'il est
tout à fait envisageable en tant que paramédical que nous sommes,
d'envisager une formation universitaire, du Master jusqu'au Doctorat.
Question 2
Quelle formation avez-vous suivi ?
Les formations suivies par les ARC et les IRC interrogés
sont au nombre de trois principales :
· *DIU FARC : Diplôme Inter-Universitaire Formation
des Attachés de Recherche Clinique
· *DU AREC : Diplôme Universitaire Attaché de
Recherche Epidémiologique et Clinique
· *DIU FITEC : Diplôme Inter-Universitaire Formation
des Infirmiers et Techniciens de Recherche Clinique
Ils ont suivi ces formations dans diverses universités
françaises :
· Université Paris/Bordeaux
· Université Lille 2
· Faculté de Médecine Pierre et Marie CURIE,
Paris
· Université Paris 7, Paris Diderot
Le graphique suivant nous montre les formations suivies pour
chacune des personnes.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat13.png)
Doctorante 1
Répartition des personnes
interrogées par fonction et par formation dans la
recherche
ARC
IRC
1 1 1
4
Doctorat DU AREC* DIU FARC* DIU FITEC* Sans formation
Graphique 3
Question 3
Est-ce une activité de recherche à temps plein
ou en plus de votre poste dans un service de soins ?
Trois personnes interrogées exercent cette
activité de recherche à temps plein, au sein d'un Centre
d'Investigation Clinique ou d'une Unité de Recherche Clinique.
Les cinq autres personnes exercent cette activité
à temps partiel parallèlement à leur travail dans un
service de soins.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat14.png)
Répartition des personnes
interrogées par temps consacré à la
recherche
5
3
Temps plein recherche
Temps partiel recherche
Graphique 4
Parmi les personnes étant à temps plein sur une
activité recherche, deux sont IRC, (l'un au sein d'un CHU, l'autre au
sein d'un Centre Hospitalier périphérique), le troisième
étant ARC au sein d'un CHU.
Quels avantages y trouvez-vous ?
Les avantages des personnes travaillant à temps plein
sur une activité de recherche sont variés. Les idées
exposées sont qu'en étant dédié exclusivement aux
études, le suivi des patients et des études est facilité.
En effet, la connaissance des protocoles est meilleure, et permet de
connaître la raison de certains gestes. Ce n'est pas toujours le cas pour
les infirmiers présents dans les services à qui le but et la
réalisation de l'essai ne sont pas toujours expliqués. C'est pour
cela qu'ils ont également une action de formation auprès de ces
professionnels au lit du patient. De plus, même si la prise en charge du
patient n'est peut-être plus globale au niveau de sa pathologie, elle
l'est pour l'essai clinique dans lequel ce patient est inclus.
Les personnes ayant une activité de recherche à
temps partiel y voient également des avantages. Tout d'abord elles y
voient un intérêt pour le service, comme un plus à
apporter. Dans le même ordre d'idée, le travail
réalisé dans le cadre de la recherche peut être
partagé avec les collègues dans les services de soins (lectures,
congrès...). De plus, le fait d'avoir les deux fonctions permet de
s'adapter aux réalités du terrain, en connaissant les
modalités pratiques de réalisation des essais et des conditions
de travail. Elles connaissent la charge de travail demandée par un essai
clinique, côté recherche et côté soins.
Un autre avantage est de pouvoir mettre en lien recherche et
travail au quotidien, mais aussi de rester en lien avec les
problématiques professionnelles.
Quels inconvénients y trouvez-vous ?
Les personnes travaillant à temps plein sur la
recherche émettent tout de même le regret d'avoir moins de
contacts avec les patients et de pratiquer moins de soins.
Les personnes ayant une activité de recherche à
temps partiel regrettent le manque de temps pour le suivi des patients et de
l'étude. Ils déplorent également parfois le manque
d'investissement de la part des collègues dans les services de soins qui
ont peu d'intérêt pour cette activité recherche.
Lorsque l'activité recherche et le travail dans un
service de soins sont menées de front, les personnes notent
également l'organisation que cela demande, et
l'investissement personnel, avec parfois du travail à
faire chez soi. L'activité d'écriture, notamment pour les
publications, est aussi très chronophage.
Enfin, il peut y avoir également un décalage entre
la recherche et le terrain : les applications pratiques ne sont pas toujours
faciles.
Question 4
De façon générale, depuis que vous avez
commencé cette activité de recherche clinique, avez-vous
rencontré des obstacles ?
Trois personnes sur huit me disent ne pas avoir rencontré
d'obstacles particuliers.
Les difficultés qui m'ont été
néanmoins exposées étaient les suivantes :
· Incompréhension par le milieu professionnel, qui
ne voit pas la plus-value pour le poste occupé
· Le manque d'implication des collègues, qui sont
parfois « anti-protocoles », mais qui sont rarement
informés des buts et résultats des essais cliniques auxquels ils
ont participé (perte de motivation)
· La peine à trouver des terrains de recherche
· L'apprentissage de l'écriture selon les chartes et
les codes de manière scientifique
· Le DU non reconnu au quotidien : une ARC m'exposait le
fait que la représentation de la recherche est plutôt
médicale, et que l'on ne confie pas ou peu de recherches aux
paramédicaux.
Avez-vous rencontré des facilités ?
Les aides rencontrées par les personnes
interrogées sont surtout d'ordre médical et
hiérarchique.
En effet, lorsque des essais cliniques ont lieu dans les
services, sous l'égide des médecins, ils voient souvent d'un
très bon oeil l'arrivée d'un personnel paramédical dans
l'équipe de recherche. Deux ARC me disaient qu'elles avaient le
sentiment d'être reconnues par ces médecins.
De plus, les cadres des services, cadres supérieurs et
directeurs des soins sont également favorables à ce type de
démarche. Ceci est d'autant plus vrai si la recherche fait partie du
projet d'établissement ou de pôle, et si
l'établissement possède un organisme
dédié à la recherche : CIC, URC, Maison de la
Recherche.
Enfin, un IRC mettait en avant que l'organisation
hiérarchique et la structuration permettaient de «
professionnaliser la recherche clinique au sein des services
»26.
Question 5
Vous avez suivi une formation IDE/IADE initiale. Est-ce que
cette formation est aidante ?
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat15.png)
La formation initiale IDE/IADE est-elle aidante
?
5
3
Graphique 5
OUI NON
La majorité des personnes interrogées ne
considèrent pas notre formation aidante pour faire de la recherche
clinique, qu'elle soit IDE ou IADE.
Cependant, toutes les personnes qui ont répondu non
à cette question ont mis en avant la nécessité de
l'expérience et de pratique sur le terrain en tant que IDE, IADE ou
cadre infirmier, avant de se lancer dans la recherche.
Les trois personnes qui ont répondu oui à cette
question sont toutes les trois ARC, et donc IADE. En effet, la formation IADE
leur a été utile lorsqu'elles ont suivi la formation du DU AREC,
dans tout ce qui concerne les notions de pharmacologie, abordée de
façon très importante.
Mais pour ce qui est des modalités de la recherche,
ses métiers..., l'anglais, les statistiques, l'informatique, les huit
personnes interrogées sont unanimes. Elles n'ont jamais entendu parler
de recherche clinique avant de rentrer dans un service de soins.
26 Les notes en italique dans cette partie «
Présentation des résultats d'enquete » sont des phrases
extraites des entretiens réalisés
Que pensez-vous des nouveaux programmes des études
d'infirmier ?
Des points de vue positifs et des points de vue négatifs
sont ressortis de cette question.
Les points forts de cette formation relevés par les
professionnels sont les suivants :
· Connaissance du fonctionnement de la recherche, des
métiers de la recherche, notamment des métiers infirmiers
· Notion du développement d'un médicament
· Sensibilisation avant l'arrivée sur le terrain
(contrairement aux formations « pré LMD »)
· Collaboration avec les professionnels de la recherche
plus aisée lorsque ces futurs infirmiers seront les soignants dans les
services de soins
· Plus-value de l'anglais pour les publications à
l'internationale et la lecture d'articles scientifiques
Les points négatifs résident surtout dans le
fait que les personnes interrogées émettent des doutes sur
l'intérêt des étudiants sur le sujet de la recherche. Cette
incertitude est liée à leur activité quotidienne de
recherche clinique, où elles ont l'occasion de rencontrer des infirmiers
dans les services de soins qui montrent parfois peu de curiosité
à l'égard de la recherche. De plus, un IRC me disait «
c'est le fait d'être dans les soins qui a fait que je me suis
intéressée à la recherche [...] car j'y voyais une
utilité au quotidien. Je ne m'y serais pas intéressée en
sortant de l'IFSI ».
Enfin de façon générale, une question
importante a été soulevée « la question est de
savoir comment les futurs infirmiers vont pouvoir s'inscrire dans la recherche
».
Question 6
Le nouveau programme des études IADE inclut un
stage de 4 semaines dans un laboratoire de recherche. Qu'en pensez-vous ? Cela
peut-il être un plus pour les futurs IADE ?
Cette question a été posée à tous
les professionnels, IADE ou non, car je considérais que leur
activité de recherche clinique, et leur formation permettait d'y
répondre.
Les réponses obtenues sont très variées.
D'un côté, les personnes interrogées voient un
intérêt à ce stage de 4 semaines dans un laboratoire de
recherche. Elles pensent que l'apport initial pourra être utile pour ceux
qui s'orienteront vers la recherche au cours de leur carrière. Ce stage
permettrait de voir l'organisation structurée de ces laboratoires et de
faire un parallèle avec la recherche clinique au sein des
établissements de soins.
Un ARC pense également que ce stage est même
« indispensable », notamment au niveau de la démarche
intellectuelle que cela amènera à avoir. De plus, ce stage
pourrait éventuellement être un tremplin vers un Master 2.
Cependant, des réserves sont émises quant
à l'intérêt que porteront les étudiants à ce
stage, qui ne se verront pas tous avoir une activité de recherche
clinique au cours de leur carrière.
En outre, si trois personnes ne reviennent pas sur la
durée de ce stage, un ARC se demande si 4 semaines seront suffisantes
pour trouver un sujet pour le rapport de stage. A l'opposé, un ARC et un
IRC pensent que ce stage est peutêtre un peu long.
Le problème réside surtout dans le fait que les
modalités de ce stage sont encore un peu floues, et il est vrai que je
n'ai pas pu apporter les informations nécessaires lors de mes entretiens
pour analyser cette question en profondeur. Il serait d'ailleurs
intéressant de savoir si les thématiques du laboratoire de
recherche sont relatives aux soins infirmiers, notamment avec des champs
relatifs aux IADE et à l'anesthésie, question qui m'a
été posée mais qui reste en suspens.
Question 7
Que savez-vous des PHRIC et PHRIP ?
Cette question m'a été peu contributive dans le
sens où les personnes interrogées savent vaguement de quoi il
s'agit, surtout pour les PHRIP qui ont un caractère très
récent. Des PHRC sont réalisés dans 3 des 4
établissements où les professionnels travaillent mais ils n'y
sont pas du tout impliqués.
Un seul IRC avait connaissance d'un PHRIP qui vient
d'être lancé dans le service de Réanimation Polyvalente de
l'hôpital. La question de recherche a été proposée
par l'équipe du service de Réanimation et soumise à la
Maison de la Recherche, où le projet a été discuté
et accepté.
Cependant, l'ARC travaillant à temps plein en
recherche clinique a une notion très précise de ces programmes.
Son avis sur les PHRIP est très intéressant. En effet, il
permettrait :
· « Une reconnaissance de la profession
infirmière
· Une évolution de la recherche
infirmière
· Une individualisation de la recherche
infirmière »
Avec cependant, des réserves : « la loi n'est
pas faite pour que l'IDE soit investigateur. Le PHRIP doit être
réalisé sous la responsabilité d'un médecin : la
loi doit évoluer ».
Question 8
Publiez-vous ou êtes-vous associé aux
publications des recherches auxquelles vous participez ?
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat16.png)
Répartition des personnes
interrogées ayant publié ou non
3
5
Graphique 6
OUI NON
La majorité des personnes que j'ai rencontrées
(cinq sur huit) ont eu l'occasion de publier. Deux d'entre elles y
été d'ailleurs obligées, un ARC dans le cadre d'un Master
2, le doctorant dans le cadre du Doctorat mais également d'un Master
précédemment effectué dans le parcours professionnel.
Ces deux personnes ont publié dans des revues
scientifiques.
Un IRC et un ARC ont été associés à
la publication d'une recherche médicale.
Un IRC a été associée à la
publication d'une recherche infirmière. Dans ces trois cas, le service
où a été réalisé l'essai clinique a
également été cité.
Les personnes ayant publié m'ont néanmoins
expliqué l'aide indispensable de la part des médecins dans la
procédure à suivre (sauf pour le doctorat), car c'est
l'investigateur, donc un médecin qui gère la publication.
Dans l'équipe qui a participé, chacun a un
rôle à tenir dans la procédure de publication
(bibliographie, méthodologie ...).
Une publication scientifique est soumise à des
règles et à une chronologie très précise qui est la
suivante :
· Appel à communication
· Propositions, qui seront retenues ou non
· Acceptation de la proposition par la revue
· Soumission à une charte d'écriture propre
à la revue
· Publication écrite soumise à un
comité de lecture scientifique, qui donne un avis avec les
éventuelles corrections à apporter
· Corrections effectuées par la personne qui publie
et/ou l'équipe
· Renvoi de l'écrit à la revue
· Acceptation et publication
Il faut savoir qu'entre le moment où le premier envoi
est effectué et l'édition de la revue, il se passe environ deux
ans. C'est pour cela que les personnes qui ont intégré une
équipe de recherche récemment, me disaient ne pas avoir
été associées aux publications des recherches du service
car elles n'ont pas été inscrites dès le début de
l'essai, comme le demande la procédure.
Question 9
Avez-vous déjà soumis une question de recherche
?
Parmi les personnes interrogées, deux ont pu soumettre
une question de recherche. Comme la question précédente, il
s'agit des deux personnes qui ont été amenées à le
faire dans le cadre d'un Master Recherche ou d'un Doctorat. Néanmoins,
elles sont satisfaites d'avoir pu le faire, pour la « démarche
intellectuelle » que cela leur a amené à avoir, et pour
la contribution aux savoirs infirmiers.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat17.png)
4
3
2
0
5
6
1
Répartition des personnes
interrogées ayant soumis une question de recherche par
fonction
OUI NON
1
1
3
3
Graphique 7
Doctorant IRC
ARC
Les personnes qui n'ont pas soumis de question de recherche
ont toutes énoncées le fait qu'elles n'en n'avaient pas eu
l'occasion ou le temps. Je les ai donc relancées en leur demandant si
elles étaient intéressées d'avoir cette démarche si
elles en avaient l'occasion. La réponse a été affirmative
pour tout le monde. D'ailleurs, les deux ARC travaillant dans le même
service de soins émettent le souhait de mettre en place une étude
infirmière dans le service. La démarche pourrait de plus
être facilitée par le soutien de la hiérarchie (Cadre de
santé supérieur) qui y est favorable.
Un IRC pense également que cette démarche serait
assistée par la Maison de la Recherche du Centre Hospitalier où
elle exerce.
Cependant, un IRC ayant un poste à temps plein dans un
CIC me disait qu'en exerçant plus dans un service de soins, il
était peut-être plus difficile de soumettre une question de
recherche. Il a le sentiment d'être moins proche de « la
problématique quotidienne de soins et de qualité de soins
auprès des patients ». Il émettait la réserve
également de trouver un médecin qui accepte de coordonner
l'étude, car c'est obligatoire, en application de la Loi relative
à la politique de santé du 9 août 2004.
Enfin, un ARC ressent le besoin d'acquérir de
l'expérience dans sa profession d'IADE, puisqu'il est
diplômé depuis 2011, avant de soumettre une question de
recherche.
Question 10
Quels conseils donneriez-vous à un IDE/IADE voulant
faire de la recherche clinique ? (démarches, personnes ressources...)
Les conseils donnés par les professionnels vont dans deux
directions principales.
Tout d'abord, il est nécessaire de se renseigner sur le
projet d'établissement, le projet de pôle, le projet de service
pour savoir quelles sont les possibilités de faire de la recherche
clinique dans le Centre Hospitalier dans lequel on travaille.
Lorsque l'on est dans un service de soins, il faut «
voir ce qui est intéressant pour le service ». On peut
également s'appuyer sur le conseil des médecins des services qui
sont impliqués dans cette activité recherche.
Il peut également être intéressant de
contacter le CIC ou l'URC de l'établissement, afin de prendre contact
avec le médecin référent du centre et/ou les ARC et IRC y
travaillant à temps plein.
Dans un deuxième temps, il ne faut pas oublier notre
hiérarchie, du cadre du service jusqu'à la direction des soins
afin d'obtenir des informations et un soutien. Il semble toujours possible de
soumettre son idée à l'encadrement, qui pourra nous guider dans
les démarches à effectuer.
En conclusion de cette présentation des
résultats, j'ai choisi de citer ce que le doctorant m'a dit et qui
résume très bien, à mon sens, l'activité de
recherche clinique au quotidien de tous ces professionnels que j'ai
rencontrés :
« [...] Le but de la recherche est que ça
serve et que ça revienne au terrain, soit directement sur la personne
soignée, soit pour faire avancer les soins sur les traitements, les
pathologies... Il y a une fausse représentation de la recherche. [...]
La recherche ne se fait pas dans une tour d'ivoire. Il faut être
très présent sur le terrain. [...] Pour les soins infirmiers, je
ne vois pas comment on peut faire autrement. Il ne faut pas oublier qu'on est
dans les sciences humaines ».
4ème partie
Analyse des résultats
de l'enquête
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat18.png)
L'analyse de ces entretiens a pour objectif de répondre
à la question de départ. Cette question est « comment faire
de la recherche lorsque l'on est Infirmier ou Infirmier anesthésiste ?
».
Je développerai mon analyse selon quatre axes, que j'ai
évoqués lors de ma problématique.
1. Les modalités d'apprentissage de la recherche
et de l'intérêt de la recherche pour la pratique clinique au
quotidien
Comme je l'avais exposé lors du cadre conceptuel, trois
possibilités s'offrent à nous, en termes de « métiers
» pour aborder la recherche : Attaché de Recherche Clinique,
Infirmier de Recherche Clinique et Technicien de Recherche Clinique
Les personnes que j'ai interrogées sont Attachés
de Recherche Clinique et Infirmiers de Recherche Clinique. Il est
également possible d'aller encore plus loin dans le cursus
universitaire, avec le Doctorat.
Le choix de l'orientation à laquelle nous
préférerons nous destiner dépendra des
intérêts de chacun en fonction de nos objectifs personnels et
professionnels, des projets de service, de pôle et
d'établissement.
J'ai pu me rendre compte au cours de ces entretiens que le
premier aspect indéniable est la volonté individuelle de vouloir
accéder à une activité de recherche. Chaque personne
rencontrée est convaincue de l'importance de la recherche
infirmière, que ce soit en soins infirmiers ou en collaboration avec les
médecins.
La démarche vers une formation s'orientant vers la
recherche est moins difficile qu'il ne me le paraissait avant de débuter
ce travail. En effet, il y a une réelle implication de la
hiérarchie et du corps médical, qui est le plus souvent favorable
à cette implication des paramédicaux.
Ceci est d'autant plus vrai avec une structuration de la
recherche au sein de nos Centres Hospitaliers. En effet, dans chaque Centre
Hospitalier où j'ai réalisé mes entretiens, chacun
dispose d'une instance de référence en matière de
recherche :
un Centre d'Investigation Clinique (CIC) dans les CHU, et une
Unité de Recherche Clinique (URC) ou une Maison de la Recherche dans les
CH périphériques.
De plus, l'arrivée des PHRIP, en complément des
PHRIC vient apporter une reconnaissance de la profession infirmière et
une évolution de la recherche infirmière. Ces programmes
nécessitent en outre des professionnels formés au travail de
recherche. C'est ce que proposent les formations suivies par les personnes
interrogées. Ces formations sont variées et proposent à
chacun la spécialisation qui convient au mieux à l'infirmier ou
l'IADE, et qui répond aux besoins de l'établissement, du
pôle ou du service de soins.
2. Stratégie professionnelle pour la mise en
oeuvre d'un projet de recherche dans un service de soins
La première question était de savoir comment les
infirmiers et IADE s'impliquaient dans la recherche en termes de temps de
travail. Chaque possibilité relève ses avantages et ses
inconvénients. Dans un premier temps, le temps imparti à la
recherche est souvent imposé par l'établissement et les besoins
que cette activité de recherche représente. Cependant, les choix
sont guidés par les projets professionnels de chacun.
Il faut savoir si l'on souhaite s'orienter vers une
activité de recherche à temps plein où l'on peut
gérer les protocoles d'essai clinique de façon plus approfondie,
au risque de s'éloigner des autres aspects de la profession, en quittant
le lit du patient. Les soins techniques et relationnels sont peut-être
moins présents (mais pas absents), mais au profit de la participation au
développement de nouvelles connaissances (techniques, médicaments
...) qui, de toute façon, seront favorables au patient.
L'avantage principal apporté par une activité
recherche en complément d'une activité dans un service de soins
permet de s'adapter aux réalités du terrain. La présence
d'un professionnel de la recherche impliqué sur le terrain permet
également d'avoir une personne ressource auprès des
collègues, et également un gain de temps et d'organisation dans
la réalisation des protocoles d'essais cliniques dans les services de
soins.
La deuxième question était de connaître
les éventuels aléas, mais aussi facilités auxquels il faut
s'attendre lorsque l'on veut se lancer dans une activité de recherche
clinique. Cela permet de mieux s'y préparer.
De façon générale, comme je l'ai
évoqué plus haut, les démarches sont largement
encouragées par les équipes médicales. Une autre forme de
collaboration se crée ainsi dans les services entre les infirmiers et
les médecins.
Cependant les balbutiements de la recherche infirmière
en France, exposent à une incompréhension de la part des
collègues, qui ont parfois du mal à s'impliquer dans les projets
de recherche. Le rôle des personnes rencontrées est aussi un
rôle de formation et de sensibilisation à la recherche dans les
services de soins. Ce problème sera, je l'espère, moins vrai dans
quelques années, lorsque les infirmiers et infirmiers
anesthésistes seront formés à la recherche dans leurs
formations initiales.
3. L'universitarisation des études : un espoir
pour la recherche infirmière ?
Les personnes interrogées ont été
unanimes lors de cette enquête. Aucune n'a entendu parler de recherche au
cours de ses études d'infirmier ou d'IADE.
La refonte des études dans le cadre du système
LMD est vue d'un très bon oeil. En effet, il faut y voir deux aspects
distincts. C'est-à-dire qu'il ne faut pas se limiter aux personnes qui
feront de la recherche au cours de leur carrière. Tout le monde ne
voudra pas ou ne pourra pas mener ou participer à un projet de
recherche. Chacun est libre de la direction qu'il souhaite apporter à sa
carrière. Et il n'est pas envisageable de ne créer que des postes
de recherche dans un établissement de soins !
Cependant, chaque personnel paramédical devrait
être sensibilisé aux travaux de recherche. Cela permettrait tout
d'abord un travail pluridisciplinaire en collaboration entre les infirmiers
impliqués dans la recherche (ARC, IRC, TEC) et les infirmiers des
services de soins. De plus, nous devrions tous savoir comment rechercher les
publications scientifiques utiles, afin de les évaluer et de les adapter
à nos pratiques de soins au quotidien, comme par exemple, lorsque je me
trouverai IADE dans un bloc opératoire. Le fait d'être au courant
des nouvelles
recommandations ou actualités scientifiques en
anesthésie a pour objectif d'améliorer la prise en charge du
patient dans ce contexte. Car il ne faut pas oublier que c'est toujours le
patient qui sera bénéficiaire de ces avancées.
En ce qui concerne les personnes qui feront de la recherche au
cours de leur carrière, les unités d'enseignement
dédiées à la recherche en formation initiale (IDE ou IADE)
sont accueillies favorablement. Nous, les professionnels « pré-LMD
» n'avions aucune notion de la recherche, notamment des métiers de
la recherche pour les infirmiers. Ce ne sera plus le cas désormais.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que ces notions
seules ne suffiront pas à initier un projet professionnel vers la
recherche clinique, sans un minimum d'expérience dans les services.
C'est d'ailleurs ce qui avait été relevé lors des
entretiens. Effectivement, il est possible d'être ARC sans avoir de
formation paramédicale préalable, le DIU FARC étant
accessible aux personnes titulaires d'un DEUST biologie par exemple. Les ARC,
que j'ai rencontrés ainsi que les IRC travaillant aux côtés
des ARC non paramédicaux, ont le sentiment d'avoir une plus-value avec
cette expérience dans les services. Exercer dans les services de soins
avant de se lancer dans une activité de recherche semble essentiel. Il
faut également y voir l'avantage d'y rencontrer des personnes ressources
qui pourront nous orienter de façon adaptée vers une
activité de recherche clinique.
4. La production de connaissances scientifiques en tant
qu'infirmier ou infirmier anesthésiste
L'axe que je souhaitais donner à cette question
concernant les PHRIP s'est révélé peu contributif.
Effectivement, les PHRIP sont récents et les professionnels que j'ai
rencontrés en ont eu peu connaissance pour le moment. Toutefois, ils se
révèlent être ressentis comme une très bonne
initiative de recherche infirmière. Les sujet apparaissent pertinents et
s'inscrivent dans le rôle propre de l'infirmière. Un grand
élan est donné à la recherche infirmière et
à la construction de l'identité de la profession
infirmière au sein de la communauté scientifique. Le fait que
notre rôle propre soit mis en avant semble être une bonne
perspective d'avenir, qui nous permettra de ne plus s'inscrire dans une
recherche médicale à proprement parler - en dehors du fait que la
loi stipule que l'investigateur du projet soit un médecin.
De plus, il s'est avéré que la majorité
des professionnels rencontrés n'ont pas eu l'occasion de soumettre une
question de recherche. Les PHRIP peuvent être une alternative
intéressante, et entrer dans le projet de soins d'un service. On peut
d'ailleurs espérer que la réalisation, soit d'un PHRIP soit d'un
projet de recherche infirmière soumis par une équipe, dans un
service de soins, fédère toute une équipe. Les
problèmes d'implication que je suggérais plus haut pourraient
être amoindris.
Enfin, contrairement à ce que je le pensais, les
publications scientifiques ne sont pas fermées aux infirmiers et IADE.
Que la recherche soit en soins infirmiers ou qu'elle soit médicale, les
paramédicaux semblent être reconnus. Néanmoins, deux
conditions sont nécessaires. La première m'a été
exposée par les personnes que j'ai rencontrées. Les publications
nécessitent l'aide d'un médecin, ce qui est d'autant plus
légitime si la recherche est d'ordre médical. Quoi qu'il en soit
la recherche est un travail d'équipe, que ce soit du lancement du projet
de recherche, jusqu'à sa publication. Il me semble impossible et
déraisonnable d'avoir une exclusivité individuelle, que ce soit
au niveau médical, mais aussi au niveau paramédical en ce qui
nous concerne.
La deuxième condition, que je me permettrais de
déduire au décours de cette analyse, est qu'une formation est
nécessaire. Je l'ai rappelé à plusieurs reprises dans ce
travail, nous avons peu de notions de méthodologie de la recherche au
cours de notre formation initiale. Si nous ne nous y intéressons pas au
cours de notre pratique ou si nous n'en n'avons pas l'occasion, nos
connaissances en matière de recherche évoluent peu. Et cela est
nécessaire, pour aborder les procédures de publications
scientifiques de la manière la plus adaptée possible afin de
publier des écrits professionnels de qualité.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat19.png)
CONCLUSION
La recherche clinique devrait être
considérée comme une activité à part entière
de notre activité au quotidien. Elle peut passer par la lecture et
l'analyse d'articles scientifiques qui nous permettrait d'acquérir de
nouvelles connaissances, dont la finalité est une prise en charge
optimale du patient.
L'anesthésie, spécialité à
laquelle je me destine à l'issue de cette formation est en constante
évolution. S'informer des actualités scientifiques dans ce
domaine peut être également une façon, à mon sens,
d'avoir une collaboration différente avec les médecins
anesthésistes-réanimateurs avec qui j'exercerai.
En tant que professionnels, nous aurons certainement tous
l'occasion, si ce n'est pas déjà le cas de participer à
des protocoles d'essais cliniques. Au terme de ce travail, nous avons pu nous
rendre compte que la recherche clinique et ses spécificités ne
s'improvisent pas. Une formation s'avère nécessaire pour
envisager une orientation spécifique dans ce domaine. Mais je pense
qu'une information est indispensable à tout infirmier ou IADE, qui sera
amené indéniablement à contribuer au moins une fois,
à la recherche médicale et/ou paramédicale.
L'approche de la recherche clinique pour les infirmiers et les
IADE est en marche mais présente un retard, en comparaison avec nos
voisins européens. Il ne tient qu'à nous d'atteindre l'objectif
de l'OMS27 énoncé déjà en 1998
:« D'ici 2010, tous les États membres devraient avoir fait en
sorte que les professionnels de la santé et les professionnels d'autres
secteurs aient les connaissances, l'état d'esprit et les
compétences qui leur permettent de protéger et de promouvoir la
santé. »28
27 Organisation Mondiale de la Santé
28 But Européen 18 de la Santé 21 -
Amélioration des Ressources Humaines pour la Santé
La question qui se pose s'oriente surtout vers les
professionnels « préLMD ». Comment envisager une information
pertinente auprès des infirmiers et des IADE ? On pourrait imaginer des
réunions d'informations dans les Centres Hospitaliers au titre de la
formation continue. On pourrait également penser à des fiches
techniques informatives, que l'infirmier ou l'IADE pourrait consulter sur le
site intranet de l'hôpital.
Il faut dans tous les cas un moyen de communiquer aux
personnels paramédicaux que nous sommes, les modalités de la
recherche clinique et de quelle façon nous pouvons nous y impliquer.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat20.png)
BIBLIOGRAPHIE
REVUES
La culture infirmière et les « bonnes pratiques
» issues des résultats de la recherche - Recherche en soins
infirmiers N°105 - Juin 2011
Culture et Savoir scientifiques infirmiers - Recherche
en soins infirmiers N°102 - Septembre 2010
Le réseau de chercheurs en sciences
infirmières - Recherche en soins infirmiers N°99 -
Décembre 2009
L'initiation à la recherche en soins infirmiers, outil
de construction de l'identité professionnelle infirmière -
Recherche en soins infirmiers N°80 - Mars 2005
ADSP (Actualité et dossier en santé publique)
N°39 - Juin 2002
SITES INTERNET
www.sofia.medicalistes.fr
www.multilingualarchive.com
www.ehesp.fr
www.lewebzine.aphp.fr
www.rechercheclinique.com
www.cadredesante.com
www.actusoins.com
www.infirmiers.com
http://sofia.medicalistes.org
www.syndicat-infirmier.com
RECOMMANDATIONS
SFAR - Recommandations concernant le rôle de l'Infirmier
Anesthésiste Diplômé d'État - 1ère
édition janvier 1995
Référentiel de compétences du Diplôme
d'Etat d'infirmier anesthésiste - Mai 2010
ANNEXES
Annexe 1 : Guide d'entretien 64
Annexe 2 : Entretien 67
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat21.png)
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat22.png)
Annexe 1 : GUIDE
D'ENTRETIEN
Consigne introductive
Marie FASQUEL, étudiante IADE en 2ème
année au CHRU de Lille
Je réalise un Travail d'Intérêt
Professionnel sur la recherche clinique, notamment comment faire de la
recherche clinique lorsqu'on est un personnel paramédical, plus
particulièrement infirmier et IADE.
J'ai travaillé 5 ans en Réanimation Polyvalente,
dont 3 en région parisienne et cela fait presque 2 ans que je
réalise la plupart de mes stages dans un CHU. J'ai donc eu l'occasion de
voir de nombreux protocoles d'essais cliniques, en y étant très
peu impliquée ; si ce n'est du recueil de données mais là
encore l'infirmier ou l'IADE au bloc a très peu d'informations sur le
protocole en question, la méthodologie suivie, les finalités et
les résultats. Et c'est de cette observation que part mon constat, ainsi
que de notre décret de compétences.
Le but de mon entretien est de préciser ce qu'est la
recherche clinique, par exemple pour des collègues néophytes qui
souhaiteraient s'y intéresser.
Avant de commencer l'entretien, acceptez-vous que cette
conversation soit enregistrée ?
Sous-question de recherche ?
De quelle façon commencer l'apprentissage de la
recherche ?
De quelle façon commencer à apprendre
l'intérêt de la recherche pour ma pratique clinique ?
1. Quelle est votre fonction dans la recherche clinique ?
Pouvez-vous me décrire votre fonction ?
2. Quelle formation avez-vous suivi ?
10. Quels conseils donneriez-vous à un IDE/IADE voulant
faire de la recherche clinique : démarches, à qui s'adresser dans
l'hôpital ?
Quelle stratégie professionnelle adopter pour la
mise en oeuvre d'un projet de recherche dans un service de soins ?
3. Est-ce une activité de recherche à temps plein,
ou en plus de votre poste dans un service ?
4. De façon générale, depuis que vous avez
commencé cette activité de recherche clinique ~
· . .avez-vous rencontré des obstacles ?
· . .des facilités ?
Sous-question de recherche ?
Que peut-on escompter des futurs infirmiers et infirmiers
anesthésistes, titulaires d'une licence ou d'un master, voire d'un
doctorat ?
5. Vous avez suivi une formation IDE/IADE initiale. Est-ce que
cette formation est aidante ?
Que savez-vous des nouveaux programmes ?
Qu'en pensez-vous ?
6. Nouveau programme Master IADE : la formation
prévoit un stage de 4 semaines dans un laboratoire de recherche, avec
à l'issue un rapport de stage écrit, puis soutenu oralement
devant un formateur cadre IADE de l'école et un enseignant chercheur.
Qu'en pensez-vous ?
Relances :
Peut-on se rendre compte en 4 semaines, en quoi consiste le
travail dans un laboratoire de recherche ?
Comment envisager la production de connaissances
scientifiques en tant qu'infirmier ou infirmier anesthésiste
?
7. Que savez-vous des PHRC et PHRIP ?
8. Publiez-vous ou êtes-vous associé aux
publications des recherches auxquelles vous participez ?
9. Avez-vous déjà soumis une question de recherche
? Pourquoi ?
Relances :
Si non, si vous en aviez l'occasion ?
1.
![](La-recherche-clinique-approche-infirmiere-et-IADE-infirmier-anesthesiste-diplme-d-etat23.png)
Annexe 2 : ENTRET
IEN
Quelle est votre fonction dans la recherche clinique
?
« Je suis Infirmier de Recherche Clinique.
Je travaille au CIC de ****** depuis 2009.
Je travaille sur des études en réanimation et
en pédiatrie.
En réanimation on procède au suivi des
patients, à l'élaboration d'outils d'investigations. En
pédiatrie, on réalise de la coordination d'étude pour
lesquels le CHU de ****** est promoteur »
2. Quelle formation avez-vous suivi ?
« J'ai eu mon DE Infirmier en 2003.
Puis j'ai passé le DIU FARC (Formation des
Attachés de Recherche Clinique) qui prépare aux métiers de
la recherche. C'est un DU commun TEC, ARC, IRC.
C'est une formation répartie sur 1 an (formation
d'une semaine répartie sur 6 à 8 mois avec examen écrit et
oral à la fin de la session).
2 universités le font : Paris et Bordeaux
»
3. Est-ce un travail à temps plein ou en plus de
votre poste dans un service de soins ?
« C'est un travail à temps plein. J'ai un poste
dédié au sein du CIC pour travailler spécifiquement dans
la recherche depuis 3 ans. »
Quels sont les avantages ?
« Cela permet d'être dédié
complètement aux études. C'est plus simple avec un temps plein
car on réalise le suivi des patients propres aux essais
cliniques.
Deux infirmiers ARC que je connaissais qui se sont
répartis un poste avec un mitemps chacun (mi-temps soin/mi-temps
recherche clinique) ont finalement trouvé que c'était trop
compliqué pour suivre les patients, pour compléter les fiches
d'observation, suivre l'étude...
Le temps plein facilite le suivi des patients, le suivi des
études, facilite le travail au quotidien. »
Quels sont les inconvénients ?
« On a moins de contact avec les patients. On ne
pratique plus les soins comme avant. Mais on a un autre éventail
d'activités qui nous permet de faire notre métier de façon
différente. »
4. De façon générale, depuis que
vous avez commencé cette activité de recherche clinique ...
Avez-vous rencontré des obstacles ?
« Non, pas vraiment. »
Des facilités ?
« Oui, car l'administration du CH a créé
des postes spécialement dédiés au CIC en 2008, des postes
d'IRC et d'ARC.
L'administration a complètement soutenu la
démarche du coordonnateur pour le recrutement de personnel.
»
Au niveau des organisations ?
« L'organisation hiérarchique du CIC c'est un
médecin coordonnateur, un médecin délégué, 4
chefs de projet, des ARC, des IRC.
Notre hiérarchie c'est le médecin
délégué, le médecin coordonnateur puis audessus la
direction de la recherche clinique de l'institution. »
Peut-on dire que cette organisation hiérarchique
bien structurée est aidante ?
« Oui tout à fait, pour pouvoir préparer
les études en amont. C'est d'ailleurs indispensable.
Car cela nécessite un responsable scientifique, un
coordonnateur scientifique pour pouvoir justifier la réalisation d'une
étude.
Cette structuration permet de professionnaliser la recherche
clinique au sein des services. »
5. Vous avez suivi une formation IDE initiale. Est-ce
que cette formation est aidante ?
« La formation en elle-même, peut-être
pas, par contre l'expérience sur le terrain oui : cela permet de bien
connaître le milieu hospitalier, avoir les contacts
nécessaires.
L'approche du patient est également
différente des ARC non paramédicaux, qui viennent du milieu
universitaire, qui n'ont aucune connaissance du milieu hospitalier. Les
compétences infirmières sont un plus.
Pour le suivi des patients, on peut réaliser des
examens que les ARC ne peuvent pas réaliser sans formation
infirmière : prélèvements, aspirations bronchiques,
prélèvements sur cathéter, ECG ... »
Que savez-vous des nouveaux programmes ?
« Pas grand-chose. Des collègues font des cours
aux étudiants sur la recherche clinique. Cela permet peut être aux
étudiants de mieux connaître notre métier ? »
Je décris la nouvelle formation
« Je pense que ça permettra aux étudiants
de mieux connaître comment fonctionne la recherche, comment se
développe un médicament.
Est-ce que ça va vraiment leur apporter quelque chose
au niveau de la pratique quotidienne ? »
6. Nouveau programme master IADE. Que pensez-vous du
stage dans un laboratoire de recherche ?
« Tout dépend si c'est un stage dans un
laboratoire de recherche fondamentale ou plus de terrain. Peut être
très intéressant pour ceux qui s'orienteront vers la recherche au
cours de leur carrière. »
Est-ce que ça peut donner envie, est-ce qu'en 4
semaines, on peut se rendre compte du travail effectué dans un
laboratoire de recherche ?
« A voir si ça se passe dans un CIC, une URC
?
Cela permet de voir comment s'organise la recherche
clinique au quotidien (suivi de l'étude, du patient, inclusions ...) et
de voir des choses que l'on est pas habitué à voir dans la
profession infirmière ou IADE au quotidien. »
7. Que savez-vous des PHRIP et PHRC ?
« Il n'y a pas de projet de PHRIP pour le moment sur
******.
Par contre il y a des PHRC au sein du service de réa
et dans d'autres services également, auquel on participe.
Le travail en tant qu'infirmier consiste à screamer
les patients avec les médecins, puis le médecin valide
l'inclusion du patient ou pas, il recueille le consentement du
patient ou de la famille.
Nous, on organise le suivi du patient dans le cadre de
l'essai clinique, on fait des outils d'aide au suivi pour l'équipe, on
programme tous les examens à réaliser au cours du suivi du
patient. »
8. Publiez-vous ou êtes-vous associés aux
publications des recherches auxquelles vous participez ?
« Je n'ai jamais publié, mais j'ai
déjà été associé aux publications.
Nous n'avons pas de valeur reconnue en tant qu'infirmier
mais à mon avis il n'y a pas vraiment d'intérêt à
être cité personnellement, si ce n'est la reconnaissance
personnelle.
Par contre, le service où s'est effectué
l'essai souvent cité. Le fait que le nom de la structure apparaisse est
déjà une reconnaissance en soi.
Le nom de l'infirmier est cité au bon vouloir du
médecin mais dans le cadre de recherche médicale, les infirmiers
sont rarement cités. »
9. Avez-vous déjà soumis une question de
recherche ? « Non. »
Pourquoi ?
« Je n'en n'ai pas eu l'occasion et par manque de
temps. »
Si vous en aviez l'occasion ?
« Il faut déjà trouver un
médecin qui accepte de coordonner l'étude, car toute étude
méme si c'est un protocole de recherche infirmier doit être suivi
par un médecin.
Mais si une idée vient, pourquoi pas ? »
Est-ce que vous pensez que vous auriez plus de
facilités à soumettre une question de recherche si vous
étiez dans un service de soins ?
« Oui, peut-être car on est moins au contact des
soins, donc moins dans la problématique quotidienne de soins et de
qualité de soin auprès des patients. »
10. Quels conseils donneriez-vous à un IDE/IADE
voulant faire de la recherche clinique : démarches, à qui
s'adresser dans l'hôpital ? « Contacter soit le CIC,
soit une URC.
Prendre contact avec le médecin référent
du centre pour faire une demande de stage, qui permettrait de voir le travail
de terrain en recherche au quotidien.
Les démarches administratives se font
d'elle-même par les médecins des équipes et les contacts
auprès des ressources humaines.
Il peut y avoir une convention entre
l'établissement de formation et l'établissement qui reçoit
l'étudiant. Les démarches assez aisées car on
reçoit régulièrement des étudiants pour des stages
de 3 à 4 mois.
La formation financée au même titre que les
autres formations. »
Avez-vous quelque chose à rajouter sur l'ensemble
de cet entretien ?
« Le principe d'avoir en formation continue une
information sur la recherche clinique est le mieux.
Se lancer dans une carrière de recherche clinique
tout de suite après le DE, je ne suis pas sUr que ce soit une bonne
idée car il est important d'avoir une pratique de terrain avant pour
bien découvrir le monde hospitalier, connaître les tenants et les
aboutissants, les contacts ... avant de se lancer dans une optique
professionnelle comme celle-ci. »
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