INTRODUCTION GENERALE
`' L'histoire du Cameroun est à l'image du
pays : riche et variée''1(*). Or, comme le précise Léon Kaptue dans
l'historiographie et enseignement de l'histoire au Cameroun :
problèmes et perspectives''2(*), les épaules d'aucun chercheur ne sont pas
assez larges pour encore aujourd'hui rédiger tout seul `' une
histoire du Cameroun'' parlant de tout et de tous. Celle des peuples de l'Est-
Cameroun l'est davantage contrairement à la plupart des peuples du
Cameroun. Leur histoire reste à écrire afin qu'elle
intègre la place qui est la sienne dans l'histoire
générale de l'Afrique en général et du Cameroun en
particulier.
L'intitulé de ce travail est `'Nkal Mentsouga et
la colonisation allemande 1850-1916''. L'étude faite sur ce thème
tient à des justifications variées. En effet, d'origine `'Omvang
Ngomeya'', nous avons toujours été amené par le
désir de lever un pan de voile sur l'histoire peu connue de cette
région. Nous avons constaté au cours de nos lectures et
recherches que l'historiographie relative à la période du
règne de Nkal Mentsouga est pauvre. En plus, c'est l'une des grandes
figures historiques de la période précoloniale et coloniale qui a
marqué l'histoire de l'Est-Cameroun. Ce nom désigne le grand chef
Omvang qui a résisté aux Allemands et en même temps le nom
de son village. Pour ce faire, il est utile de saisir les séquences qui
ont marqué son itinéraire historique et l'arrivée du colon
allemand sur son territoire. De même, un constat se dégage sur la
tendance à la disparition de certains témoins oculaires des faits
anciens, de même que d'autres dépositaires du savoir historique de
cette période à étudier. Il convient de les approcher en
vue de la récupération d'une grande richesse du passé de
ce milieu, tant cette histoire permet de saisir l'histoire de Nkal Mentsouga et
la colonisation allemande dans sa période de grandeur, mais
également dans celle de son déclin. Cette histoire permet de
réhabiliter les faits et gestes du passé du peuple Omvang sous la
houlette de Nkal Seleg et Nkal Mentsouga face à la colonisation
allemande. Elle tente de tirer au clair de l'oubli, les séquences
historiques de cette entité socio-politique qui est aujourd'hui l'ombre
d'elle-même malgré les multiples efforts de regroupement et de
développement de sa Majesté René Ze Nguélé,
actuel chef Supérieur des Omvang, et de l`ASSODEGNKA3(*).
Ainsi, répondant à l'interpellation du
regretté Cheikh Anta Diop qui invitait les Africains à se pencher
sur leur histoire et leur civilisation et à les étudier pour
mieux se connaître4(*)et de faire connaître à notre
manière l'histoire et la vie de Nkal Mentsouga, les Omvang et la
colonisation allemande à l'Est - Cameroun.
Ce mémoire est une monographie sur Nkal Mentsouga,
grand stratège qui a marqué l'histoire de l'Est-Camerou.
Sur la période précoloniale, comment les Omvang
d'abord sous Nkal Seleg, et ensuite Nkal Mentsouga, se sont établis dans
leur habitat actuel, comment ils se sont forgés une personnalité
qui les distingue des autres peuples de la région Maka
Ayong-Yerap et Bessep (Ebessep) au point de les
débiliter complètement ? Mais aussi comment les Omvang vont
- ils perdre leur identité pour être aujourd'hui, assimilés
aux Maka ?
Quant à la période coloniale, elle va expliquer
la désagrégation de la structure politico- militaire mise en
place par Nkal Seleg, fortifiée par Nkal Mentsouga et leur retour
à l'organisation lignagère qui prévaut dans la
région. Elle pose également le problème de la difficile
acceptation par Nkal Mentsouga et ses Omvang de l`arrivée des Allemands
sur leur territoire. Dans cette optique, la mise à profit de notre
connaissance de la région, des populations et des langues, constituent
autant d'atouts dans la réalisation de cette étude. Dès
lors, quelle méthodologie allons-nous adopter pour mener cette
étude ?
Dans ce travail, la description, la
narration et l'analyse des faits justfient le choix de cette méthode.
L`étude à mener s'articule autour des faits et
événements relatifs à Nkal Mentsouga et la colonisation
allemande.
Sur le plan spatial, la région soumise à notre
étude est située dans l'actuelle province de l'Est - Cameroun,
plus précisément dans la partie septentrionale du
département du Haut-Nyong5(*).
Sur le plan temporel, la fourchette chronologique
étudiée va de 1850 à 1916.
A cet effet, l`année 1850 représente
celle de la fuite de Nkal Seleg et son peuple Omvang de chez les Yebekolo.
C`est également l`année ou le peuple Omvang va en diaspora
à la recherche d`un espace propice.
L'année 1916, quant à elle est celle au cours
de laquelle les Allemands quittent le Cameroun après leur reddition.
C`est également l`année de la concrétisation du partage
territorial qui a eu lieu entre les Français et les Britanniques et qui
va affecter le territoire de Nkal Mentsouga. Par ailleurs, elle constitue une
période charnière, car elle nous permet d'apprécier la
nouvelle personnalité Omvang au terme de la colonisation germanique.
La réalisation de ce mémoire a reposé sur
une exploitation critique des sources à la fois nombreuses et
variées (essentiellement écrites et orales). Pour que la
démarche soit féconde, nous allons essayer de tirer partie des
méthodes spécifiques aux différentes sciences sociales.
S'agissant des sources écrites, nous distinguons les
sources archivistes et les sources narratives.
Ici, on regrette la rareté sinon l'absence totale de
ces documents surtout pour la période précoloniale. Une
documentation écrite consacrée aux Omvang de l'Est-Cameroun
manque. D'ailleurs cette remarque peut s'appliquer à la
quasi-totalité des peuples de l'Est-Cameroun. Contrairement aux peuples
du centre, du Sud et du Cameroun Occidental par l'exemple, ceux-ci ne semblent
pas encore bénéficier d'une attention suffisante des chercheurs.
Toutefois, des auteurs ont publié des ouvrages anthropologiques
d'ensemble traitant généralement des institutions politiques ou
traitant spécifiquement des Maka de l'Est-Cameroun, groupe au sein
duquel on a toujours eu tendance à fondre les Omvang de l'Est -Cameroun
et partant leur histoire. Cependant, d'autres auteurs à l'instar de B.
Bilongo ou J.P Ombolo6(*)ont
traité des Omvang du Nyong et Mfoumou. Quant à E. Mveng7(*) dans son ouvrage
général (1984) retrace l'histoire précoloniale et
coloniale du Cameroun. Dans celui-ci, il montre l'évolution de la
société traditionnelle camerounaise et les changements
apportés sur les plans politique, économique et socio-culturel
par la colonisation allemande, française et britannique. Dans le
même ordre d'idées, Victor Julius Ngoh8(*) décrit et analyse les
principaux éléments de cent ans d'histoire du Cameroun, de 1884,
date de l'instauration du protectorat allemand sur le Cameroun à 1985,
année qui marque l'avènement du renouveau au Cameroun.
Par ailleurs, certains mémoires à l'instar de
celui Mathurin Ayek Mvomo9(*) présente l'impact des oeuvres missionnaires
chrétiennes sur le développement socio-économique dans la
région de Nguélémendouka. Il porte son attention sur la
monographie de Nguélémendouka en 14 lignes seulement. Nous avons
également la thèse de doctorat de Eugène
Désiré Eloundou10(*), qui présente la participation des populations
du Sud-Cameroun à l'hégémonie allemande.
Pour ce qui concerne les documents d'archives, nous avons
exploité les archives de la sous-Préfecture de
Nguélémendouka, les Archives Nationales de Yaoundé
(A.N.Y.). Nous avons travaillé sur des rapports allemands relatifs
à la résistance des Maka de l'Est-Cameroun qui de temps en temps
ressortent des spécificités des Omvang bien qu'ils aient
été complément acculturé par ces derniers. Il y a
lieu de signaler que nous n'avons exploité que des traductions
françaises d ' Eldridge Mohamadou, la langue allemande nous étant
inaccessible malgré les connaissances éphémères.
Les centres de documentation de l'Université de
Yaoundé I, à savoir la bibliothèque centrale, le cercle
d'Histoire-Géographie-Archéologie, la bibliothèque de
l'Ecole Normale Supérieure, la bibliothèque du département
d'histoire, ainsi que la bibliothèque de l'Institut de Recherche pour le
Développement (ex-ORSTOM), et celle du Ministère de la Recherche
Scientifique et de l'Innovation nous ont permis de mettre la main sur les
ouvrages.
La quête des informations nous a conduit aux descentes
sur le terrain. En effet, pendant de longues décennies, le champ de
réflexion historique a été dominé par le
`'fétichisme'' des documents écrits. Cette manière de
faire a permis une vision européocentriste de l'histoire. Depuis les
années soixante, le processus de décolonisation a donné
une nouvelle orientation de l'histoire africaine faisant de la traduction orale
une source majeure et particulièrement féconde. C'est elle qui
constitue pour nous la source privilégiée, celle à
laquelle nous devons nous abreuver afin de connaître les fondements et
les mécanismes des institutions socio-politique et économique des
Omvang de l'Est-Cameroun pendant la période précoloniale. Cette
tradition orale a l'avantage, de donner une version autochtone des faits et de
fournir une vision interne de la société. Si cette tradition
orale a pour but essentiel la connaissance du passé, nous avons pu nous
rendre compte sur le terrain et dans le traitement de ces informations qu'elle
est sujette à des manipulations à caractère
idéologiques diverses pour codifier, valoriser ou justifier la
prééminence d'un individu, d'une famille ou d'un peuple. C'est
pour cette raison que nous avons à notre manière durant notre
séjour sur le terrain à travers les villages de l'arrondissement
de Doumé et de Nguélémendouka, essayé d'appliquer
de manière assez rigoureuse, la méthodologie de la tradition
orale à savoir :
- Identifier et communiquer avec les dépositaires du
savoir dans cette société de l'oralité ;
- Récolter les informations, les traiter et les
analyser ;
- Dans leur utilisation, essayer de surmonter les obstacles
constitués par la déformation de la tradition orale ;
- Essayer à la fin de parvenir à la datation
des événements.
Il est donc à signaler que nous avons eu à faire
non seulement aux patriarches mais aussi à tous ceux qui pouvaient nous
fournir des informations nécessaires à plus d'un titre ; car
les sources orales pour ce travail tiennent une place
considérable ; c'est le lieu de dire ici avec Ki-Zerbo
qu'elles :
Représentent le conservatoire et le vecteur du
capital des créations socio-culturelles accumulées par des
peuples sans écriture, un vrai musée vivant11(*).
Pour ce qui est du plan de notre mémoire, il se
présentera en quatre chapitres articulés sur deux grandes
périodes à savoir les périodes précoloniale et
coloniale.
Le premier chapitre porte sur la situation
géographique et humaine de la région de
Nguélémendouka. Il s'articule à restituer l'histoire
géographique et précoloniale et concerne les origines et
migrations des Omvang, leur processus d'implantation en pays Maka et leur
organisation socio-économique et politique sous Nkal Mentsouga.
Le troisième chapitre et le dernier quant à eux
portent sur la période coloniale et concerne les contacts difficiles
entre Nkal Menstouga et ses Omvang et l'arrivée de la colonisation
allemande. Elle tire au clair les impacts socio-culturel et
politico-économique de Nkal Mentsouga et son peuple pendant la
colonisation allemande et au prélude de l'arrivée de l'occupation
française.
En conclusion, nous essayons de dégager le bilan
synthétique des recherches effectuées et nous posons les
perspectives nouvelles pour mieux reconstituer l'histoire de la
région.
Cependant, durant notre
séjour sur le terrain, nous avons rencontré d'énormes
difficultés ; notamment les problèmes de déplacement,
la région étant dans l'ensemble enclavée ; ce qui
occasionna des pertes de temps et rendit le séjour onéreux.
Par ailleurs et plus grave, le manque de moyens financiers ne
nous a pas permis d'approfondir les enquêtes sur le terrain et les
étendre sur d'autres groupes de populations Omvang et non-Omvang qui ont
subi les durs affres de la domination de Nkal Seleg d'abord et Nkal Mentsouga
ensuite, dont les témoignages auraient pu confirmer ou infirmer ceux
recueillis lors de nos enquêtes et causeries. Cela aurait permis de cette
manière à mieux asseoir nos thèses. Par ailleurs,
l'acquisition de certains ouvrages clés et même leur consultation
du fait des problèmes financiers nous était impossible.
On ne pourrait terminer cette partie sans parler des
tracasseries dont nous fûmes l'objet aux archives nationales, notre
principal pourvoyeur en documents d'archives, du fait de la mauvaise foi et du
manque de disponibilité des agents responsables de la salle de lecture.
En plus le fait que les documents se trouvant aux archives sont plus
coûteux lorsqu'il s'agit de les faire photocopie.
En outre, nous avons dans la mesure du possible
respecté la présentation locale de tous les termes
utilisés dans ce mémoire tout en rendant la transcription
compréhensible aux non-initiés à la langue maka et Omvang.
Cependant, quelques problèmes se posent en ce qui concerne les
ethnonymes et les toponymes dans la mesure où la région a subi la
triple influence allemande, française et pahouine par le truchement de
la colonisation et de la région12(*) ce qui a largement influencé la prononciation
et la transcription des noms des personnes et de lieux. Ainsi l'on trouve dans
ce travail le nom `'Mpang `'(en Maka) que les Allemands
écriront `'Omvang'', les Français `'M `'
`'Mvang `' ou `'Omvang''. Ces deux dernières
transcriptions sont d'ailleurs celles des Beti-Bulu. Nkal Mentsouga
(en Maka) va s'écrire Gelle Menduka par les Allemands et
Nguele Mandouka ou Nguélémendouka par les
Français, Beti et Bulu. Ce nom désigne le grand chef Omvang qui
a résisté aux Allemands et en même temps le nom de son
village qui deviendra plus tard la ville de Nguélémendouka.
Enfin, l'on constate également dans ce mémoire les noms Yeccaba
ou Yekaba qui désigne le même peuple de même que
Wouté (transcription des Allemands) ou Voûté ou encore
Yesum ou Esum.
CHAPITRE I :
PRESENTATION GEOGRAPHIQUEET HUMAINE
DE LA REGION DE NKAL MENTSOUGA
CARTE À INSERER
La connaissance de l'histoire du Cameroun passe aussi par la
prise en compte et la mise à contribution des divers
éléments qui caractérisent les différents peuples
et groupes ethniques du Cameroun. Non seulement cette approche valorise les
monographies, mais, aussi elle éclaire davantage les grands moments de
l'histoire coloniale de notre pays. Ainsi, notre sujet, Nkal Mentsouga et la
colonisation allemande : 1850-1916, ne s'éloigne pas de cette
logique.
En effet, la conférence de Berlin qui s'ouvre du 15
novembre 1884 au 26 février 1885 inaugure une ère nouvelle pour
les peuples d'Afrique. Les plénipotentiaires, réunis dans la
capitale allemande, donnent le départ officiel de la colonisation de
l'Afrique. Cependant, nul ne peut douter que, avant cette période, il
existe dans le continent noir et dans le territoire qui deviendra le Cameroun,
des peuples organisés en royaumes et en chefferies. Les Omvang en font
partie.
A. PRESENTATION GEOGRAPHIQUE
L'espace qui devient plus tard
l'arrondissement de Nguélémendouka13(*), recèle une certaine
richesse. Celle-ci s'observe tant au niveau du paysage qu'au niveau des groupes
humains qui peuplent la zone.
1. Situation géographique
Située approximativement entre les 4° et
5° de latitude Nord et s'étendant du 13° au 14° de
longitude Est14(*), la
région de Nguélémendouka qui constitue depuis 1959 un
arrondissement, compte de 68 villages et quartiers couvrant une superficie
d'environ 1400 km2, pour une population estimée à
plus de 30.000 habitants en 2004. Cet ensemble régional est
limité au Nord-Ouest par l'arrondissement de Minta, au Sud-Ouest par
l'arrondissement d'Ayos, au sud par l'unité administrative d'Abong-Mbang
et à l'Est par celle de Doumé15(*).
La région de Nguélémendouka se trouve
dans le département de Haut-Nyong, province de l'Est et de ce fait, elle
fait partie du plateau Sud-camerounais.
2. Le relief et les sols
Les caractéristiques du relief et des sols dans la
région sont celles rencontrées un peu partout dans la zone
équatoriale et particulièrement dans le vaste ensemble du plateau
Sud-Camerounais. Ici, on observe un moutonnement de collines dont l'altitude
moyenne oscille entre 600 à 700 mètres. La tendance
générale étant cependant l'abaissement du relief du Centre
vers l'Est, en pente douce, ce qui fait passer les altitudes de 700
mètres (au niveau de Yaoundé) à 500 mètres dans le
Sud-Est (particulièrement dans le Haut-Nyong) là où la
faiblesse accentuée de la pente favorise la formation des
marécages. Aussi, le paysage y présente t-il une topographie peu
accidentée qu'uniformise la forêt16(*).
Quant aux sols dans la région de
Nguélémendouka, ils paraissent beaucoup plus fertiles que partout
ailleurs dans la province. Contrairement aux sols de la forêt
équatoriale, qui sont des sols ferralitiques profonds et argileux, de
couleur rouge et pauvre en éléments nutritifs du fait du
lessivage, la terre de cette région contient beaucoup d'humus et cela
pourrait justifier sa couleur noire par endroits dans la région. Dans
les forêts marécageuses se rencontrent des sols hydromorphes d'un
degré de fertilité moindre. La fertilité de ces sols
serait peut-être à l'origine des densités humaines assez
élevées rencontrées particulièrement en pays
Omvang17(*).
3. Le climat et l'hydrographie
De par sa position géographique en latitude, la
région de Nguélémendouka s'étend entièrement
dans la zone équatoriale. Elle connaît par conséquent un
climat équatorial de type guinéen qui règne sur l'ensemble
du plateau Sud-Camerounais. Ainsi, quatre saisons existent ici ; une
grande et une petite saison sèche qui vont respectivement de
décembre à mars et de juin à août ; une grande
et une petite saison de pluies qui durent respectivement de septembre à
novembre et de mars à juin.
Le réseau hydrographique subséquent est
également tributaire de la disposition du relief et n'a guère
favorisé le peuplement de la région car sur le plan
hydrographique la région de Nguélémendouka est un grand
marécage, drainé de part et d'autre par les affluents du
Nyong : au sud le Yerap, au centre et au Nord l'Ayong, deux cours d'eau
possédant à leur tour plusieurs affluents et se jetant ensemble
dans le Nyong près du village Atok dans l'arrondissement
d'Abong-Mbang18(*).
4. La flore et la faune
La forêt couvre la totalité du territoire de
Nguélémendouka ; elle est du type forêt
décidue, les arbres perdent souvent une partie de leurs feuilles une
partie de l'année. Cette végétation dense servit de refuge
aux populations de la région au début de la colonisation
allemande et française. La végétation y présente
des espèces variées. Au Nord, vers Minta d'une part, et Bertoua
d'autre part, c'est la zone de transition entre la forêt et la savane
où la forêt galerie domine le long des cours d'eau : Au
Centre, à l'Ouest et au Sud, c'est le domaine de la grande forêt
équatoriale riche en essences telles que l'acajou, le Sapelli, le
Fraquet, l'Ayous...etc19(*).
La richesse en flore prédispose la région
à une abondance en matière de faune. Toutes les espèces
pouvant se développer en milieu équatorial pullulent ici. On y
rencontre des espèces variées de singes, de petits rongeurs, de
petits mammifères, de reptiles, d'oiseux et d'insectes.
Bien que les cours d'eaux des différents cours d'eau
qui baignent la région, sont poissonneux, la région de
Nguélémendouka est une zone de prédilection pour les
activités de chasse, de ramassage et de cueillette, à
côté de l'agriculture qui elle, constitue l'activité
productrice par excellence, et fait de la région, l'un des poumons
agricoles de la province de l'Est. Y sont cultivées, les cultures de
rente telles que le cacao et le café et une gamme variée de
cultures vivrières entre autres ; tomate, arachide, banane
plantain, maïs et quelques tubercules20(*).
Le milieu forestier de la région de
Nguélémendouka a donc favorisé une organisation des
populations en communautés lignagères dans le cadre des villages,
des hameaux ou des quartiers. Ces populations ont su, très tôt,
s'adapter à leur environnement. Et un fait marquant à relever
ici, c'est que la forêt fournissant aux populations, non seulement
aliments et asile, mais aussi certaines espèces végétales
et animales occupent une place de choix dans leurs croyances religieuses
ancestrales.
Les habitants de la région de
Nguélémendouka à la veille de l'arrivée des
premiers missionnaires menaient déjà une vie religieuse propre
à leur espace naturel et à leurs aspirations quotidiennes.
Quelles étaient donc ces populations ?
CARTE LANGUE NATIONALE
B. ETUDE HUMAINE DE LA REGION DE NKAL
MENTSOUGA
Dans son ouvrage intitulé : Cameroun
1884-1985 cent ans d'histoire, Victor Julius Ngoh en abordant les
`'tribus''du Cameroun à la veille de la colonisation, relève
que : `' dans l'Est et le Sud-Est du Cameroun à l'exception
des pygmées, la plupart des autochtones appartient au peuple
Baya''21(*).
Apparemment donc, d'après la logique de cet auteur, la
partie orientale du pays serait essentiellement peuplée des populations
appartenant au grand groupe soudanais, les Baya, et des peuples primitifs
connus sous le vocable pygmées.
Pourtant, les recherches ethnographiques effectuées
dans cette région s'accordent pour reconnaître que dans l'Est, on
rencontre non seulement des sous-groupes appartenant au grand groupe soudanais,
mais aussi d'autres faisant partie du groupe bantou. Certains auteurs, à
l'instar de Breton22(*),
considère les Kaka ou Kako et les Baya comme les
principaux sous-groupes à l'Est ; alors que les Bantou y sont
représentés par les groupes Maka-Kozime, les
Maka, les Badjoue, les Bikele, Mezime, les
Mpooh et apparentés et les populations pahouinisés
constituées essentiellement des Bamvele, des Bobilis
et des Omvang.
Ainsi, l'Est-Cameroun, à l'instar de l'ensemble du
pays, présente une hétérogénéité non
seulement ethnique mais aussi linguistique et partant culturelle. Cette
hétérogénéité observée à
l'échelon provincial, se présente à un degré
relativement moindre au niveau départemental et peut être
perçue aussi à l'échelon des arrondissements et même
des villages. Et ceci n'est que le fait d'une histoire particulière du
peuplement de la région.
En ce qui concerne donc la région de
Nguelémendouka, deux sous-groupes bantou y vivent : les Maka et les
Omvang. Jadis ces deux ethnies se livraient aux guerres tribales, dont la cause
principale était l'occupation des terres et aussi à cause des
ambitions hégémoniques qui caractérisaient
particulièrement les Omvang. Ces derniers dominèrent ainsi les
Maka jusqu'à l'arrivée des colonisateurs allemands entre 1905 et
190623(*).
Ainsi les premiers missionnaires chrétiens
débarqués dans la région de Nguélémendouka
avant l'occupation allemande trouvèrent que ces ethnies y vivaient
déjà paisiblement et en une parfaite cordialité, chacune
occupant un espace territorial précis.
Il importe donc de s'interroger sur les origines, les
migrations et l'implantation des Maka et Omvang dans la
région de Nguélémendouka.
1. LES MAKA : ORIGINES MIGRATIONS ET IMPLANTATIONS
DANS LE CADRE SPATIAL ACTUEL
Il convient, avant de se lancer dans le vif du sujet, de
préciser que le mot Maka en usage chez la plupart des ethnologues est un
terme qui englobe plusieurs groupes ethniques faisant tous partie du grand
ensemble Bantou y sont classés les Sô, les Bikele, les
Badjoué, les Ndjem, les Dzimou (au Sud de la route
Akonolinga-Abong-Mbang) : On y inclut aussi les ethnies
éloignées comme les Ngoumba et les Mabéa (Lolodorf et
Kribi), de même que les Kozimé, les Mpooh apparentés autour
de Yokadouma ; et enfin le noyau Maka au sens restreint du terme24(*). C'est ici que l'appellation
Maka-Kozimé pour désigner l'ensemble de ces différentes
ethnies, trouve sa satisfaction.
Dans notre étude, nous nous limitons aux Maka
au sens retreint du mot, descendants de l'ancêtre Maka fondateur
du groupe.
Ainsi, d'après Siret, Administrateur colonial
français à Abong-Mbang et Doumé entre 1946 et 1949 :
Le principal ancêtre des Maka, nommé Maka (Maka
veut dire grosses lianes épineuses qui envahissent les arbres
jusqu'à les dominer) se fixa sur le bord du Nyong à Atok. Il
aurait eu deux fils : Bebend et Mboans, qui avec leur cousin Bessep
formèrent les souches des trois groupements Maka existant dans la
région25(*).
Les Maka que nous étudions dans ce travail
constituent la grande majorité des populations du département du
Haut-Nyong dans l'Est-Cameroun. Ils sont subdivisés en trois
groupes : les Maka Bebend sur la rive gauche du Nyong ; les
Maka Mboans sur le Ndjonkol, entre les deux principaux
affluents du Nyong ; dans la région (l'Ayong et le Yérap) le
long des routes Abong-Mbang-Doumé-Nguélémendouka ; et
enfin les Maka Ebessep (ou Bessep selon la terminologie de Siret et de Geschire
autour de Nguélémendouka et dans quelques villages près de
Doumé.
Leur origine et leur processus migratoire restent encore
obscurs comme chez beaucoup d'autres peuples du Cameroun, les séquences
les plus lointaines ayant été effacées de la
mémoire collective.
Selon les sources orales, les Maka interrogés
affirment qu'ils sont arrivés les premiers dans la région
forestière actuelle. Tous les autres peuples notamment les Omvang, les
Yebekolo et même les Pygmées seraient arrivés beaucoup plus
tard26(*). Ce qui reste
encore à vérifier, surtout lorsqu'on sait que les pygmées
ont encore des campements importants dans le Haut-Nyong.
Nos informateurs mentionnent
également le fait que les Maka et les Ngoumba sont des frères et
qu'ils étaient d'anciens voisins : le groupe Maka-Ngoumba serait
d'abord entré dans la forêt suivant un itinéraire Nord-est,
Sud-ouest pour s'établir dans toute la zone entre Lolodorf et
Abong-Mbang. Dans un passé plus récent, les invasions des Fang
et des Bulu auraient forcé les Maka à se déplacer vers
l'Est.
Quant aux sources écrites, les Maka figurent dans
l'inventaire ethnique de Dugast27(*) qui se base sur des sources plus anciennes notamment
Tessmann, Koch et quelques rapports inédits des
administrateurs français. C'est le cas de Siret qui a également
présenté une monographie très fournie sur les Maka.
Dugast et Siret sont tous les deux d'avis que les Maka ont
atteint leur territoire actuel venant du Nord-Est. Ils soulignent le fait que
les Ngoumba autour de Lolodorf et les Maka se considèrent comme des
frères. Selon eux donc, les Ngoumba et les Maka dans leur mouvement
migratoire, ont suivi un itinéraire orienté selon l'axe
Nord-Est-/Sud-Ouest. Les Maka sont restés dans le Haut-Nyong, tandis que
les Ngoumba ont continué leur voyage vers le Sud - Ouest jusqu'à
la côte. Les deux groupes, d'après eux, ont été
séparés dans leur migration par les invasions
Beti-Boulou-Fang.
D'autres informations sont apportées par Siret
concernant toujours l'itinéraire migratoire des Maka. D'après
lui, ce groupe, après avoir été chassé de la
région de la Haute-Sanaga (aux environs de Nanga-Eboko) vers 1810 par
les Baya et d'autres populations de la savane fuyant devant les
conquérants peuls (cavaliers), traversèrent la Sanaga sur le dos
d'un serpent.
Mais la «proto-histoire28(*) » d'Alexandre sans contredire directement
la conception de Dugast et de Siret d'une origine Nord-Est des Maka,
réfute l'idée d'une migration continue de ce peuple vers le
Sud-Ouest comme le rapportent ces derniers. Selon lui donc, les Maka se
seraient déplacés pendant le XIXème
siècle justement dans la direction contraire, certaines controverses en
ce qui concerne les origines et l'itinéraire migratoire des Maka
demeurent. Toutefois, les hypothèses fournies par Alexandre nous
semblent vraisemblables lorsqu'on les rapproche des témoignages des Maka
eux-mêmes et des Omvang. Il nous apparaît ainsi que les Maka
ont pénétré le territoire camerounais à partir du
Nord-Est. Puis ils ont pris la direction Sud-Ouest et se sont retrouvés
dans la forêt. Les Omvang et les Yebekolo apparentés aux Boulou et
Fang les auraient alors repoussés vers l'Est jusqu'à leur
implantation définitive avec l'arrivée des Allemands. Les
populations maka de la région de Nguélémendouka semblent
d'ailleurs épouser ce point de vue; nous le verrons dans les lignes qui
suivent consacrées exclusivement aux origines et à l'implantation
des Maka à Nguélémendouka.
Les sources écrites et la tradition orale s'accordent
pour attester que les Maka furent les premiers occupants de la zone
forestière du Haut-Nyong, après les pygmées qui y sont
depuis belle lurette.
Dans leur manuel d'histoire, Mveng et Beling-Nkoumba
soulignent que :
au milieu du XVIIIe siècle, les Maka, venant de
l'Afrique Equatoriale, pénétrèrent au Cameroun par le
Nord-Est. Poussés par les Baya ; ils occupent la forêt du
Sud. Ils rencontrent les Ndjem qui arrivent par le Sud-Est. Ces deux groupes
occupent aujourd'hui les départements du Haut-Nyong et de la
Boumba-Ngoko29(*).
Le `'vieux'' Beyem du village Esseng30(*) par Abong-Mbang nous
révèle que Nguélé Seleg, celui-là même
qui conduisit le peuple Omvang jusqu'à Nguelémendouka, y mourut
juste avant la guerre de 1914-1918. D'après lui, tous les villages
actuellement habités par les Omvang étaient jadis occupés
par les Maka ceux-ci ont donc été déplacés
jusqu'à la rive gauche par le stratège Nguélé Seleg
à la fin d'une guerre opposant maka et Omvang.
A partir de ces deux sources, il apparaît clairement
que les Maka auraient atteint Nguélemendouka entre la fin du
XVIIIème siècle et le début du
XIXème siècle. Les heurts avec les populations Omvang
les amenèrent à replier pour s'implanter définitivement
avec l'arrivée des premiers européens, soit le long du trajet
Nguélémendouka-Abong-Mbang , soit le long de l'axe
Doumé-Nguélemendouka et Nguélémendouka-Bika vers la
nationale N°1.
Aujourd'hui, les Maka de Nguélémendouka forment
une chefferie supérieure composée de deux groupements : le
groupement Ebessep constitué de 23 villages pour 6500 habitants et le
groupement Ayong-Yerap regroupent près de 13 villages pour 5000
habitants31(*).
a. Les Maka Ayong Yerap
A l'origine, les Maka Ayong Yérap sont confondus avec
les Maka Mboans dont l'ancêtre fondateur du groupe est
Mboans. Ce n'est qu'aux environs de 1935, sous la colonisation
française, que les Maka Ayong-Yerap seront séparés des
Mboans pour constituer un groupement au sein de la chefferie supérieure
des Maka de Nguélémendouka.
Depuis l'érection de Nguélémendouka en
arrondissement en 1959, les 13 villages du groupement Maka Ayong-Yérad
sont situés au Sud-est de l'arrondissement. Sur l'axe
Nguélémendouka - Ayos, le groupement s'étend du village
Kagnol - route jusqu'au village Ngoap situé au bord de la rivière
Ayong avec la bretelle Ngoap - Zoumé , sur l'axe
Nguélémendouka- Abong-Mbang, les Ayong- Yérap vont du
village Kagnol-route au village Zoumé situé au borde de la
rivière Yérap.
Depuis 1992, le groupement forme une unité
administrative (district) dont le chef-lieu est Mboma.
b. Les Maka Ebessep
Les Maka Bessep32(*) sont les descendants de l'ancêtre
Besssep, cousin de Bebend et de Mboams
d'après Siret.
Tout comme les Maka Ayong-Yérap, les Maka
Ebessep se seraient implantés dans la région de
Nguélémendouka avant les Omvang, avec lesquels ils étaient
constamment en guerre. Les populations de l'actuel village de Samba
(situé à environ 8 kilomètres du centre de
Nguélémendouka) reconnaissent d'ailleurs qu'elles habitaient
jadis le village Elono (l'un des quartiers périphériques de la
ville de Nguélémendouka) avant d'être repoussées par
les Omvang jusqu'à leur cadre actuel. Ce fut seulement sous le
commandement du chef Nguélé Abembo Samba33(*) que les Omvang et les Ebessep
trouvèrent un compromis à travers les mariages
interethniques34(*).
D'après notre informateur Hilaire Ekanga, Maka
Ebessep du village Samba tout comme le groupe Ebessep serait arrivé dans
la région de Nguélémendouka suivant deux
itinéraires : par le Lom et Djerem (Bertoua) et par la Haute Sanaga
(Nanga - Eboko). Ceux venus par le Lom et Djerem occupent aujourd'hui le Nord
de l'arrondissement de Nguélémendouka dont les principaux
villages sont la partie Nord-Ouest de l'arrondissement dans les villages tels
que Ebah, Badouma II.
Leur installation dans leur cadre spatial actuel se faisait
par familles et par clans35(*). C'est ce qui pourrait expliquer la multitude de
familles et clans chez les Ebessep.
Les principaux clans dans la région sont : le
clan "Bakoumias" qui en langue locale signifie "ceux qui ne
peuvent être abandonnés". Dans le mouvement migratoire du
groupe Maka Ebessep, les membres de ce clan seraient arrivés en dernier
lieu dans la région de Nguélémendouka. Ainsi, pour
exprimer leur joie d'avoir rejoint les premiers migrants qui croyaient les
avoir laissés très loin dans la savane, ces derniers ne
trouvèrent mieux que la dénomination
`' Bakoumias `'.
Le second clan, Ba-mpoolou, occupe les villages
Loulou, Samba, Kouambang II et III dans l'arrondissement de
Nguélémendouka, et Kouambang I et Djende dans l'arrondissement de
Doumé.
Le clan Bigouos quant à lui occupe le secteur
Nord de l'arrondissement plus précisément dans les villages Bika,
Kak III et Mbang.
Tous ces clans forment aujourd'hui le groupement Maka
Ebessep, au sein de la chefferie supérieure Maka de
Nguélémendouka.
Au départ ces clans, qui arrivèrent dans la
région par vagues migratoires, formaient tous un ensemble uni,
décrivant un cercle autour d'un poste central : l'actuel ville de
Nguélémendouka.
Mais avec la construction de la route Ngoap-Bika en 1952, le
groupement Ebessep fut subdivisé en trois secteurs : Nord, Sud et
le Centre. La disposition des villages suivit quelque peu cette subdivision.
Ainsi, le groupement Ebessep, vers la Nationale N°1,
commence au village Kouambang. Il est situé environ à 6
kilomètres de la ville de Nguélémendouka et s'étend
jusqu'à Bika aux confins de l'arrondissement de Minta dans la province
du centre vers le Nord-Est de Bika. Il s'étend jusqu'au village Djende
Il dans l'arrondissement de Doumé. Beaucoup plus au Nord, les Ebessep
sont limitrophes des Yekaba de Minta dans le village Kouambang III.
La ville de Nguélémendouka se situe donc au
centre des deux groupes Maka Ayong-Yérap et Ebessep. Cette disposition
géographique par rapport au chef lieu de l'arrondissement laisse
entrevoir des particularités pour chaque sous-groupe malgré leur
appartenance à une chefferie supérieure.
La grande différence entre les Maka Ayong Yerap et les
Maka Ebessep apparaît au niveau de leur vie quotidienne. D'abord sur le
plan des habitudes alimentaires. Le `'Ndengue `'36(*) constitue la base alimentaire
chez les Ayong-Yerap. Ils le consomment de préférence avec du
gibier ou alors des blancs. Tandis que la sauce gluante et le couscous de
maïs sont particulièrement prisés chez les Ebessep.
Sur le plan phonétique, l'Ayong-Yerap utilise beaucoup
plus la lettre `' F'' dans son langage alors que l'Ebessep
remplace la lettre `' F'' par la lettre
`' P `'. Ainsi, pour désigner par exemple un
épis de maïs les Maka Ayong-Yerap disent : `' Keng
Fouan `' alors que les Ebessep disent `' Keng
Fouen `' pour dire `' je vais au champ `', les premiers
`' Meke Pambe `' disent et les second `' Meke
Pembe `'37(*).
Une autre différence pouvant être
observée entre ces deux sous-groupes se situe au niveau de l'inhumation.
Pour enterrer leurs morts, les Ayong-Yerap creusent des tombes rondes
présentant une fausse chambre à l'intérieur. Les Ebessep
quant à eux font des tombes carrées ou rectangulaires le
plus souvent sans fausse chambre.
Par ailleurs, les Ayong-Yérap, dans leur
écrasante majorité sont protestants de l'Eglise
Presbytérienne Camerounaise. Contrairement aux Ebessep qui sont
essentiellement Catholiques. Ceci peut s'expliquer par le fait
que l'Eglise Presbytérienne Camerounaise qui arriva dans la
région de Nguélémendouka à partir de Nkol-Mvolan,
s'implanta tout naturellement chez les Ayong-Yérap, occupant la zone du
Sud, le long de l'axe routier Nguélémendouka-Abong-Mbang.
Les Ebessep eux entrèrent les premiers en contact avec
les missionnaires catholiques qui, pour arriver à
Nguélémendouka en provenance de Doumé, devaient d'abord
traverser leur territoire.
En ce qui concerne les rapports entre les Maka
Ayong-Yérap et les Maka Ebessep, il est à noter que des
préjudices existent de part et d'autre. Les Ayong-Yérap connurent
l'école occidentale très tôt par l'entremise de l'Eglise
Presbytérienne Camerounaise (EPC) contrairement aux Ebessep qui durent
attendre plusieurs décennies avant de voir l'école catholique
s'implanter chez eux. Pour les Ayong-Yérap donc, les Ebessep sont des
`' arriérés `'. Exploitant leur avance sur le plan
social et économique, les premiers considèrent les seconds comme
des `' non-évolués `'38(*).
Pour cela, les deux sous-groupes supportent de plus en plus
mal cela. La cohabitation au sein d'une même chefferie supérieure.
L'érection du groupement Ayong-Yérap en District depuis 1992
est-elle un prélude à cette séparation tant
souhaitée par les uns et les autres ?
Toutefois les Ayong-Yérap et les Ebessep qui
globalement occupent toute la partie Est de la région de
Nguélémendouka, se sentent beaucoup plus parents par rapport aux
Omvang qui se répartissent sur l'ensemble de l'étendue
territoriale dans l'Ouest de la région.
2. LES OMVANG : ORIGINE, ITINERAIRES MIGRATOIRES
ET
IMPLANTATIONDANS LE CADRE SPATIAL ACTUEL
Les origines du peuple OMVANG demeurent controversées
quant à ce qui est de l'examen des sources écrites que des
sources orales. L'itinéraire migratoire et leur implantation dans le
cadre géographique actuel ne font pas tellement problème bien que
suscitant quelques difficultés sur le plan chronologie. Afin de rendre
cette étude plus complète, l'analyse de l'épisode Yebekolo
sera nécessaire.
a. Origines migratoires des Omvang
Les populations Omvang de la région du sud-est du
Cameroun constituent sans doute le groupe sur lequel, furent
enregistrées le moins d'informations quant à leur origine, leurs
migrations, leur organisation politique, économique et sociale avant
l'ère coloniale. En plus, tous les travaux effectués dans la
région ont dans la plupart des cas confondus l'histoire de ce peuple
avec celle des Maka et n'ont pas toujours fait des discernements entre les
deux. Lorsqu'on s'en tient aux quelques travaux qui traitent de ces populations
du Sud-Est du Cameroun, on se rend compte de l'origine de ce peuple demeure
controversée et peu connue. La tradition orale ne nous instruit
guère que sur de vagues migrations Omvang à partir du pays
Yebekolo.
Selon les sources écrites
Les colonisateurs allemands qui pacifièrent la
région étaient les premiers à essayer de trouver l'origine
des Omvang. Dans un rapport relatif à la soumission des tribus Yebekolo
et Maka en 1906, le major Dominik affirme que la plupart des chefs Maka sont
des Omvang et appartiennent à l'ethnie Bulu39(*).
Si l'on s'en tient au Journal de la société
des Africanistes, les omvang sont une tribu appartenant au rameau
Fang40(*). Alors que
Dugast est embarrassé et n'ose pas faire d'eux des cousins de Maka ou
des Pahouins41(*), B.
Bilongo et A. Owonda en font des Bulu42(*). Siret les range dans le groupe `'groupe
Mvele `' du rameau Fang43(*). P. Laburthe-Tolra dans son mythe d'origine
considère les omvang comme les cousins des Maka pahouinisés et
depuis longtemps fixés dans la région de Yaoundé44(*). Pour J. P Ombolo,
l'appartenance ethnique de ce groupe fait problème. Ils n'osent pas se
prononcer entre les hypothèses qui en font des pahouins et celles qui
les rattachent aux Maka45(*).
Selon la tradition orale
La problématique des origines du peuple Omvang ne
trouve pas de véritable solution dans la tradition orale. Sur cette
question, les Omvang n'arrivent pas à se prononcer sur leur appartenance
ethnique dans le sud-est du Cameroun, ils affirment tout simplement qu'ils ne
sont ni des Maka, ni des Yebekolo, et ne se reconnaissent aucune souche commune
avec ces peuples, ni aucun lien de parenté en dehors des liens
matrimoniaux qui vont se créer entre eux. Il en est de même autour
d'Ayos où ceux-ci ne se reconnaissent aucune souche commune avec le
pahouins qui les entourent46(*).
La tradition orale omvang fait état d'un séjour
en savane dans un pays montagneux où ce sont produites des incursions
des peuples hostiles montés sur des chevaux47(*). A la suite de ces incursions,
ils se seraient alors enfuient, et auraient traversé un grand fleuve sur
le dos d'un poisson appelé `'Mung''48(*) et se seraient
retrouvés dans la forêt actuelle.
Essai d'hypothèses
De toutes ces hypothèses contradictoires,
l'unanimité peut être acquise sur certains faits historiques.
La pression militaire exercée sur ces
groupes les contraignit à réaliser une prouesse qui marque de
façon indélébile la mémoire collective de ces
groupes, à savoir la traversée de la Sanaga. A ce propos, l'on a
des récits de nombreuses variantes dans lequel le mythe prédomine
rendant aussi aléatoire une interprétation objective des faits
historiques. C'est ainsi que Pierre Mekok affirme que son peuple a
traversé ce cours d'eau sur le dos du poisson `'Mung'' tandis
que Gilbert Zeh parle d'un serpent, tandis que Anne Ngono parle de
l'arc-en-ciel49(*). Ce qui est
certain, c'est que la traversé de la Sanaga par les Omvang est une
réalité historique. A un moment de leur histoire, ils se
trouvaient sur la rive droite de ce fleuve. Ce qui reste à
déterminer ce sont les modalités pratiques de la
traversée. Une fois la Sanaga traversée, les Omvang rentrent dans
un monde nouveau : la grande forêt qui va être
exploitée grâce à la maîtrise de la technologie du
fer.
Il apparaît aussi que les Omvang sont des Bantou. Ils
ont perdu leur langue et parlent actuellement des dialectes qui sont ceux des
peuples qu'ils côtoient. C'est ainsi que les Omvang du Sud-Est
(département du Haut-Nyong) parlent Maka alors que ceux du Nyong et
Mfoumou parlent Akonolinga ou Yebekolo. Certains de ces groupes humains leur
sont limitrophes : Les Maka avec qui ils partagent une longue
frontière dans le Sud-est et même cohabitent dans beaucoup de
villages. Sur les marchent occidentales et septentrionales sont établis
les Yebekolo, les Yekaba et les Bamvele. Partout où ils cohabitent, les
Omvang sont devenus linguistiquement et culturellement dépendant de
leurs voisins ce qui implique une perte totale de leur identité et la
difficulté de leur attribuer une appartenance quelconque.
D'une manière générale, nous pensons en
dernière analyse que les Omvang seraient beaucoup plus proches des
pahouins que des Maka, compte tenu du fait que ce n'est signalé à
aucun moment lorsqu'on parle des migrations Maka et de leur
établissement dans le région. Cependant, c'est avec les
différentes migrations des pahouins que les Omvang se signalent dans la
région et plus encore leurs différents mouvements correspondent
à peu près à ceux des Beti-Bulu-Fang. Des recherches plus
poussées en archéologie par exemple pourraient établir
avec beaucoup plus de certitude les origines de ce groupe.
b. Itinéraires migratoires des Omvang et leur
implantation dans le
Cadre actuel
Après la confrontation de toutes ces hypothèses
avancées par les uns et les autres, l'on peut affirmer d'une
manière générale que les Omvang seraient originaires de la
rive droite de la Sanaga qu'ils auraient traversé et se seraient :
répandus du côté de Yaoundé comme
le montre un village Omvang à vingt kilomètres de la
capitale50(*).
A partir de là, ils vont prendre la direction du
Sud-Est et vont joindre le Nyong dont ils remonteront le cours jusqu'à
l'extrême Ouest d'Akonolinga. Il faut préciser ici que le peuple
n'est pas un peuple de pêcheur, il vit de la chasse et de la cueillette,
c'est en se sédentarisant qu'ils deviendront des agriculteurs, les
activités de chasse et de cueillette dans les forêts environnantes
et celle de pêche dans le Nyong poissonneux devenant des activités
secondaires et ne servant plus qu'à compléter les denrées
d'origine agricole dans l'alimentation et les échanges.
Les Omvang arrivent dans la région d'Akonolinga
où ils s'installent et fondent des villages comme Ngalla, mais le noyau
le plus important se trouve dans la région d'Ayos avec des villages
dénommés Beka'a, Emini et autres51(*). A leur arrivée dans cette région,
d'autres groupes s'étaient déjà établis tels que
les So cousins des Maka, mais surtout les Yembana,
Yelinda, Yegono, tous les pahouins. Les Omvang minoritaires
seront assimilés et parleront la langue du groupe qu'ils
côtoieront.
Dans la région d'Ayos où se trouve le noyau
principal Omvang, ils sont littéralement envahis par les Yebekolo au
début du XIXème siècle qui vont les bousculer
et les assujettir. Après la soumission, une partie du peuple omvang va
se libérer de la tutelle Yebekolo sous la houlette de leur chef Nkal
Seleg. Ces Omvang libérés sont constitués par les deux
familles Sekonda et Ngomeya. Partis d'Ayos, ils vont prendre la direction de
l'Est et s'engouffrer en plein territoire Maka où ils occuperont par la
force toute la partie Ouest. L'une des deux familles, les Ngomeya s'installe
aux portes même du pays Yebekolo pour empêcher ces derniers de
mener des escarmouches dans le nouveau territoire contrôlé par les
Omvang. Ils sont établis ici sous l'autorité de leur chef
Ekanang52(*).
Nkal Seleg va beaucoup plus loin avec la famille Sekonda et
s'établit dans l'actuel Nguélémendouka, ville qui porte le
nom de son fils et successeur. Il fonde là une `'chefferie'' et tout
autour de nombreux villages parmi lesquels Azomekout, Imbet, Mparanyang, Lembe
pour ne citer que ceux là53(*). C'est à partir de cette `'chefferie
guerrière'' que seront lancés les guerriers pour soumettre les
Maka Bwanz et Ebessep qui étaient leurs voisins.
Plusieurs facteurs allaient favoriser l'implantation des
Omvang dans leur cadre actuel. C'est un peuple de guerriers, qui depuis sa
confrontation avec les Yebekolo à Ayos, confrontation soldée par
assujettissement total des Omvang, avait avec le temps acquis des
réflexes de guerriers intrépides et mis au point des techniques
de combat beaucoup plus évoluées par rapport à leurs
ennemis Maka Bwanz et Ebessep. On pourrait également expliquer cela par
le fait de leurs multiples contacts avec les belliqueux Yekaba du chef
Nanga-Eboko situés beaucoup plus au Nord. C'est autant de raisons qui
expliquent leur facile domination du pays Maka et c'est ce qui va assurer leur
hégémonie sur les peuples Maka Bwanz et Ebessep jusqu'à
l'arrivée des colons blancs vers 190554(*). Les Maka étaient certes de bons guerriers, et
même relativement bien armés ; mais leurs actions,
très limitées, étaient le fait de quelques individus. Les
guerriers Omvang étaient, quant à eux, plus nombreux, bien
armés et beaucoup mieux organisés55(*). Ainsi parmi les peuples qui étaient en
contact avec les Omvang, les Yebekolo sont ceux qui marquèrent le destin
des Omvang de manière indélébile. Qui sont donc ces
Yebekolo ? Et comment ont-ils dominé les Omvang ? Et comment
les Sekonda et les Ngomeya56(*) ont-ils pu se soustraire de cette
domination ?
Carte migrations et expansions des omvang
3. La domination Yebekolo sur les Omvang
L'étude de la domination Yebekolo est
intéressante ici car non seulement ils vont forger la nouvelle
personnalité du peuple Omvang, mais surtout, ce sont eux qui vont
favoriser la nouvelle migration des Omvang dans la mesure où ceux-ci, ne
pouvant supporter leur domination furent obligés de partir. Quant
à l'origine des Yebekolo, plusieurs thèses sont
avancées.
Dans un rapport relatif à l'expédition en
pays Yebekolo et Maka en 1906, le major Dominik affirme que :
Les Yebekolo sont une tribu Mvele donc apparentés aux
yaoundés appartenant à la grande famille des fang57(*).
Dans son inventaire ethnique, Dugast ne se prononce pas entre
les hypothèses qui font des Yebokolo un rameau de la souche Yambassa ou
du «complexe Mvele » donc Bulu58(*). De même J.P. Ombolo et A. Owona en font une
composante Bulu qui auraient émigré dans le Sud à partir
du nord de la Sanaga dans la première moitié du
XIXème siècle59(*).
P. Laburthe-Tolra les considère, quant à lui,
comme un sous-groupe beti conquérant qui se serait décidé
un beau jour à partir vers l'Est parce qu'il se trouvait à court
de femmes. Après la traversée de la Sanaga, ils
bousculèrent les omvang et commencèrent à faire les
grandes gueules, d'où leur surnom de Yebekolo60(*). Quant au Journal de la
Société des Africanistes, il classe les Yebekolo parmi les tribus
appartenant au rameau Fang61(*).
Un Yebekolo du village d'Akok-Yebekolo, Olinga Maurice, donne
une version presque similaire à celle de P. Laburthe-Tolra. Son
ancêtre lointain dit-il, Abada Kumyaba, vint de vers Bafia avec son
peuple, il traversa la Sanaga sur le dos d'un poisson. Après la
traversée, il séjourna à Ndélé où
naquirent les enfants qui devaient continuer la migration. Ces derniers
auraient forcé le passage dans le pays Omvang où ils auraient
reçu le surnom de `' Yebekolo `' c'est è dire les
coupeurs de têtes. Les descendants d'Abade notamment les chefs Zemengue
et Zengue, après avoir bousculé les omvang allèrent
jusqu'en pays Maka par les Ayos62(*).
D'une manière générale il ressort de ces
informations que les ancêtres des Yebekolo, Beti ou Bulu, dans tous les
cas les pahouins sont venus de la rive droite de la Sanaga. Après la
traversé du fleuve, ils prirent la direction du Sud-est jusque dans la
régions d'Ayos où ils rudoyèrent les Omvang. Ce qui leur
valut leur ethnonyme actuel. Cette migration aurait commencé au
début du XIXème siècle63(*), alors que les attaques
Yebekolo contre les villages Maka suivront quelques décennies plus tard,
vers 1865 ; date présumée de la fuite du guerrier omvang
Nkal Seleg de chez les Yebekolo vers le pays Maka avec les familles Ngomeya et
Sékonda selon P. Geschiere64(*).
Ainsi la deuxième et dernière migration Omvang
eut lieu au début de la deuxième moitié du
XIXème siècle. De même les rapports allemands
relatifs à la soumission des Maka et des Yebekolo affirmaient en 1906
qu'il y'a 50 ans les Omvang étaient chez eux dans la région
d'Akonolinga65(*). Une
fois partie de la région d'Ayos, les Omvang rentrèrent dans le
pays Maka et alors commença l'oeuvre de colonisation par la
création de villages, aspect essentiel de l'occupation par les Omvang.
La marche migratoire continue vers l'est, placée sous le signe de la
violence armée dans le cadre du groupement lignager qui cohabite
pacifiquement ou alors qui coagule pour former un groupement homogène.
Successivement les deux sous-groupes occupèrent l'espace
géographique qui est actuellement le leur et à partir duquel les
chefs Omvang notamment Nkal Seleg et son fils Nkal Mentsouga allaient
réaliser une intégration géographique d'une ampleur
à peine concevable dans cette société Maka segmentaire.
CHAPITRE 2 :
NKAL MENTSOUGA : ARTISAN DE L'HEGEMONIE OMVANG
Nkal Seleg et son fils Nkal Mentsouga apparaissaient à
travers tous les témoignages que nous avons recueillis, comme deux
hommes exceptionnels dont le destin fut de modifier le cours des
événements de leur région, d'en marquer l'histoire d'un
sceau particulier, avec détermination et habileté.
A. DEUX GRANDS STRATEGES : NKAL SELEG ET NKAL
MENTSOUGA
Zé Nkoum est en fait le nom du
père d Nkal Seleg e. En effet, Zé Nkoum voulant fuir l'esclavage
chez les Yebekolo arrive dans une localité dans la zone
d'Efoulan66(*).
Fatigué de la marche à pieds, il se repose sur un marécage
plein de sable où il est surpris en plein sommeil par les hommes qui
courraient les villages satellitaires. Il est ramené chez le chef
où il est pris à nouveau en esclavage. Cependant, ne connaissant
pas son nom, on lui attribua le nom de `'Seleg `' ou `'Selek `' qui
veut dire sable. Dès lors il s'appela `'Seleg Zé Nkoum`'. Eu
égard à son bon comportement, on lui trouva une femme au nom de
Kamba Mebene, originaire de la famille Chanang. Ce couple va enfanter deux
fils: Nkal Seleg et Viang Seleg67(*). Le premier est celui qui retient notre attention.
1. NKAL SELEG : L'homme et l'oeuvre
Si l'on s'en tient à la date du départ des
Omvang du pays Yebekolo autour de 185068(*), Nkal Seleg serait né bien avant 1830 en pays
Yebekolo où il fit ses premières armes. Il avait pour
épouse Mentsouga Mezime, originaire de la famille Bajougue.
C'était un guerrier fougueux et intrépide à en juger par
la confiance que tout le peuple omvang (les deux familles Sekonda et
Mgomeya) va placer en lui. C'est lui qui va provoquer la seconde phase
de migration d'une partie du peuple omvang, installé à Ayos
après avoir reçu d'une vielle femme les vertus du
`'Boubouya `' qui lui permettait de devenir `'Nkang
Domb `' (général d'armée).
Nkal Seleg était au service d'un chef Yebekolo, il
tomba amoureux de l'une de ses femmes, et le chef mis au courant, décida
de sa mise à mort. A la suite de cet incident, les Omvang esclaves des
Yebekolo se rebellèrent et décidèrent de s'enfuir
grâce à l'art militaire et à la magie guerrière
qu'il avait apprise. Un pacte fut scellé entre Nkal Seleg et son peuple.
Celui-ci devait diriger son peuple vers un nouveau destin, et tout le peuple
plaçait sa foi en lui. Il ne devait jamais trahir son peuple, faute de
quoi la malédiction s'abattrait sur lui.
Il mène les Omvang jusque dans la ville actuelle de
Nguélémendouka où il installe son
`'Mbamè `' (son village principal). Il met sur pied une
armée de plusieurs centaines de guerriers et commence sa croisade.
Sa première cible fut les Maka Bwanz et Ebessep, qui
occupaient le site de l'actuelle ville de Nguélémendouka et son
premier adversaire le `'Nkang Domb `' (général
d'armée) Nkamba Melendou Celui-ci fut très vite vaincu et se
réfugia à Djende, et pour avoir la paix, il dut se soumettre
à Nkal Seleg en lui donnant son fils bien aimé Ifaga. On
connaît de Nkal Seleg un frère Viang Seleg et plusieurs69(*) .
Nkal Seleg mourut en pleine campagne en pays Bamvele,
assassiné par son demi-frère Fuba ; son corps ne fut jamais
ramené dans son village70(*).
2. NKAL MENTSOUGA
Fils de Nkal Seleg et de Mentsouga, Nkal
Mentsouga est né dans le village de sa mère
Badisham71(*). Pour faire
la différence entre ses enfants et pour savoir de quelle femme
était issue tel ou tel enfant, Nkal Seleg associait le nom de l'enfant
à celui de la mère : Nkal Mentsouga72(*). Sa date de naissance nous est
inconnue, mais lorsqu'il fut fait prisonnier par les Allemands le 7 janvier
190773(*) , il avait
une cinquantaine d'années environ.
Nkal Mentsouga était un chef écouté,
respecté, et dynamique dans sa manière de travailler, sa
puissance et sa compétitivité. Il était en outre un
rassembleur d'hommes. Il habitait une localité en pleine forêt.
Cette localité s'appelait `'Efoulan'' car rassemblait les habitants aux
origines ethniques différentes. Son charisme amena les populations des
secteurs environnant à désigner son village par son no, un
phénomène de métonymie bien connue. De ce fait Efoulan
devint Nguélémendouka74(*).
Il fut initié à la guerre par son père.
Tout le monde s'accorde sur le fait qu'il avait hérité de tous
les fétiches de son père75(*). Il lui succéda, et poursuivit son oeuvre de
conquête, soumettant amis et ennemis, si bien que pour tout le monde,
Nkal Mentsouga et son père ne font qu'un. Il attaquait un ennemi
à la fois avec des lances, des flèches et surtout des armes
à feu qu'il se procurait chez son ami Nanga-Eboko. Il harcelait ses
ennemis en une série de guerres qui affectaient des villages entiers,
les disloquant et les anéantissant dans une véritable folie
meurtrière. Il reçu le pseudonyme de `'Kouo
Mimbang `' (briseur de défense). Tout le monde lui
était soumis et lui payait un tribut.
Lorsque les Allemands arrivèrent dans la
région, bien qu'ils soient déjà présents à
Nanga-Eboko depuis 190076(*), ils n'osèrent pas s'attaquer au domaine de
Nkal Mentsouga par le flanc comme l'affirme le major Dominik77(*) lui-même ; il
fallait d'abord soumettre la zone de Bertoua, progresser à Doumé
afin de prendre Nkal Mentsouga et les Omvang en tenailles car ils
étaient redoutables et il fallait réduire les pertes de
l'expédition.
Après une rude bataille le 03 decembre 1906 à
Efoulan contre les Allemands, Nkal Mentsouga se réfugia dans le village
de sa mère à Badisham78(*). Trahi par les chefs Maka, il se réfugia
à Nguélé Gobbo à six heures à l'Est de son
ancienne résidence (Nguélémnedouka) et dû entrer en
pourparlers avec le Dr Haberer79(*). Mais les pourparlers n'aboutirent jamais à sa
soumission. Trahi une fois de plus par les Maka, il est encerclé par
environ 2000 guerriers le 06 janvier 1907 et fut attaqué
énergiquement le 07 janvier80(*). Il finit par se rendre au major Dominik le
même jour. A propos de sa reddition, le major Dominik écrit :
Comme Nguélémendouka n'avait jamais encore
été soumis et combattait en somme pour la sauvegarde de son
pouvoir hérité, sans rompre avec un contact, et parce qu'il
n'avait pas été fait prisonnier par moi avec les armes à
la main, je ne me sentis pas autorisé à la considérer
commerebelle. Je lui demandai donc comme preuve de sa soumission, de faire
construire par ses gens la route de Doumé qui traverse son territoire,
de fournir 100 travailleurs de force par an et de couvrir les frais de la
campagne en payant 10 grandes en ivoire 81(*).
Nkal Mentsouga fut ramené à Yaoundé par
l'expédition du major Dominik où il demeura plus d'un an82(*).
En effet, Nkal Mentsouga trouve d'un mauvais oeil la
présence allemande sur son territoire. Il engage une résistance
qui se solde par sa réduction au statut de prisonnier. Charles
Atangana qui éprouvait de la sympathie pour ce jeune et brave chef,
l'invita dans sa cour afin de lui inculquer des notions de collaboration avec
l'occupant. Mais à cause de sa germanophilie, poussée à
l'extrême, Charles Atangana est autorisé par le pouvoir colonial
à effectuer une visite en Allemagne83(*).
Mais compte tenu des rivalités intestines qui
régnaient au sein de sa cours, il jugea sage que le roi
Nkal Mentsouga le remplace momentanément au trône durant
son séjour à l'étranger. Au moment des adieux, Charles
Atangana confia les pleins pouvoirs à son ami84(*).
Le peuple Bene-Ewondo manifesta son refus de se voir
administrer par un allogène. Malheureusement, après le
départ de Charles Atangana, il arriva que le roi Nkal Mentsouga porta
son regard sur l'épouse la plus aimée de son ami41.
L'indignation des Ewondo et Bene fut sans pareil85(*). Ils informèrent leur
chef en l'Allemagne. Au retour de Charles Atangana, le problème refit
surface. Mais confronté à la dénégation sans de
Nkal Mentsouga, le recours à ordalie s'imposa. Après
l'épreuve de l'''Hellon''86(*), Nkal Mentsouga est reconnu coupable87(*). Nkal Mentsouga demanda alors
à son ami Charles Atangana de lui permettre d'aller se ressourcer
auprès des siens afin qu'il soit de nouveau `'un homme''88(*). Doléance qui fut
acceptée par le chef de station de Yaoundé, à la seule
condition qu'il renonce à ses ambitions guerrières.
C'était un homme épuisé, qui avait perdu
sa prestance qui regagna Efoulan. Un de ses fils Tole Nkal qui régnait
à salé (sur la route Nguélémendouka-Doumé)
et ses hommes tuèrent un commençant allemand. Le forfait fut
imputé à Nkal Mentsouga par les autorités allemandes qui
en profitèrent pour le condamner à mort. Il fut pendu à la
station de Doumé vers 1912. Il eut plusieurs fils parmi lesquels Oundi
Nkal, Nanga Nkal, Tole Nkal entre autres89(*).
Il faut le signaler, la faiblesse du chef Nkal Mentsouga
était surtout due à la participation de plusieurs chefs Maka aux
côtés des Allemands.Ces Maka tenaient à se venger des
sévices et tortures que Nkal Mentsouga leur avaient infligés
avant l'arrivée des Blancs.En effet, il les obligeait à une
obéissance aveugle.
Par ailleurs, au sujet des causes liées à la
faiblesse et même à l'arrestation de Nkal Mentsouga, on fait
davantage allusion à des personnes telles Martin Paul Samba, Charles
Atangana, commeétant celles qui avaient contriué à
capturer le chef omvang. A ce propos Schlosser affirme :
C'est Martin Paul Samba qui avait contribué à
affaiblir le chef Maka...sans ce travail diplomatique de terrain, il aurait
été impossible de vaincre le chef de guerre Maka90(*).
Compte tenu des difficultés éprouvées par
les Allemands vis-a-vis de leurs ennemis dans cette région, Charles
Atangana dit à Hans Dominik :
je veux aller là-bas et chercher le chef Maka qui vous
donne tant de fil à retorde...j'irai seulement avec quelques soldats et
quatre autres personnes connaissant bien la région91(*).
Pendant sept jours, Charles Atangana fit appeler Nkal
Mentsouga à travers le tam-tam sans qu'il reçoive un signe de la
part de celui-ci. Le huitième jour, Nkal Mentsouga répondit au
tam-tam en affirmant qu'il était prêt à rencontrer Charles
Atangana.Ce dernier dit au chef omvang que la guerre était finie. Mais
Nkal Mentsouga était convaincu que Hans Dominik voulait le faire pendre.
A cette réponse, Charles Atangana usa du chantage sous prétexte
que le chef omvang aurait la vie sauve s'il allait avec lui. Par contre, s'il
refusait de le suivre, Dominik allait finir par l'attraper et le tuer. Par
cette ruse, Charles Atangana réussit à convaincre le chef omvang
et le ramena chez Dominik qui, fut très satisfait de la manière
à travers laquelle son émissaire s'était acquitté
de sa difficile mission.
La mort de Nkal Mentsouga sonnait le glas de la grande
`'chefferie'' Omvang dont il incarnait les institutions, l'unité
politique et morale. Aucun des princes, qui se succéderont au gré
de l'administration coloniale n'atteignit sa gloire.
Toutefois, comment Nkal Mentsouga et son peuple Omvang
vont-ils réussir à faire asseoir leur hégémonie en
pays Maka avant l'arrivée du colonisateur ?
1
B. PROCESSUS D'IMPLANTATION DE L'HEGEMONIE DU CHEF
NKAL MENTSOUGA EN PAYS MAKAS
A bien des égards, la guerre fait partie de l'aventure
des peuples africains en général, et ceux du Cameroun en
particulier, dans la formation ou le déclin de leurs Etats et dans leurs
rapports avec leurs voisins. L'histoire précoloniale de la région
étudiée atteste la permanence de conflits qui ont fait rage
pendant des siècles. Ceci implique que le mouvement
général de l'histoire de ces régions ne saurait être
appréhendé sans une mise en condition du phénomène
de la guerre. L'histoire de Nkal Mentsouga et la colonisation allemande qui
fait l'objet de cette étude ne saurait se départir de cette
logique. Elle en constitue un exemple. Dès leur arrivée dans la
région tout au début de la deuxième moitié de
XIXème siècle c'est-à-dire vers1850, les Omvang
sous la houlette de Nkal Seleg d'abord, et Nkal Mentsouga ensuite, vivront en
état de belligérance permanent avec les Maka Bwanz et
Ebessep maîtres du site jusqu'à l'arrivée des
Blancs en 190692(*). Avec
les Yekaba, leurs voisins du Nord, ils entretiennent des rapports
pacifiques et de coopération.
Bien que la guerre constituât pour Nkal Mentsouga et
les Omvang le meilleur moyen d'asseoir leur hégémonie en pays
Maka, elle ne fut pas suffisante, car, ils eurent recours à d'autres
moyens, psychologiques et sociologiques, pour assurer le passage de la violence
à la paix, bien que celle-ci fut fondée sur la terreur.
1. Les guerres d'hégémonie
La guerre est l'élément principal qui favorise
l'implantation des Omvang en pays Maka. Elle génère chez ces
derniers la peur et la soumission. L'analyse du phénomène
guerrier constitue certainement l'élément fondamental dans la
dynamique de formation de la chefferie omvang, dans la
deuxième moitié du XIXème
siècle93(*).
Depuis le départ des Omvang du pays Yebekolo vers de
186594(*) jusqu'à
leur arrivée dans la région actuelle de
Nguélémendouka quelques années plus tard, ils
affrontèrent plusieurs ennemis. Ce peuple de guerriers était
mené par Nkal Seleg dont le nom associé celui de
`'Mpang''95(*),
était synonyme de terreur, et faisait trembler de peur. Il en
étaits de même pour son fils Nkal Mentsouga. Nguélé,
témoin oculaire, parlant de l'époque de Nkal Mentsouga qu'il a
vécu dans sa tendre jeunesse dit qu'elle était pire que celle des
blancs.
Nya Nkal Mentsouga dei, dit-il, kuma ku bwagwe
mouod, Nya Mitang Ngungu.
(Pendant la période Nkal Mentsouga, le
manioc ne dormait jamais dans le ventre, parce qu'il fallait combattre tous les
jours, la période des blancs était un peu mieux).
Nkal Mentsouga harcelait ses ennemis en permanence, ses
attaques répétées contraignaient à la reddition
totale. Cette pratique est désignée sous l'appellation de
`'Boubouya''96(*).
Premier conflit entre Omvang et Maka
Le premier conflit entre Omvang et Maka eut lieu dans le site
actuel de Nguélémendouka. Les Maka conduit pars Nkamba Melendou
ne voulurent jamais céder leur territoire à Nkal Seleg qui avait
décidé de s'y établir avec son peuple. La confrontation
dura, dit-on, des semaines97(*). Devant la fouge des guerriers Omvang, Nkamba
Melendou finit par céder et s'enfuit vers le Sud-Est pour
s'établir à Djené situé à environ 10
kilomètres de Nguélémendouka sur la route de Doumé.
Ce refuge ne suffit pas à Nkamba Melendou pour avoir la paix, il devait,
selon les conditions posées par Nkal Seleg se soumettre en payant un
tribut de femmes, et surtout son fils aîné Ifaga qu'on appellera
désormais Ifaga i Nkal98(*). Les Ebessep durent eux aussi décamper pour se
réfugier à Samba au Nord-Est, à une huitaine de
kilomètres de Nguélémendouka. Malgré cela, ils
subirent toujours les assauts Omvang jusqu'à ce qu'ils soient soumis
complètement et payent tribut à Nkal Seleg, et plus tard,
à son fils Nkal Mentsouga.99(*).
A propos de cette domination omvang, le vieux
Nguélé pense que :
Les omvang nous ont dominé parce qu'ils
possédaient le `' Boubouya''. Avec çà, ils ont
affaibli nos parents et les ont dominé. Pour ne pas périr, chaque
village prenait des filles et des cadeaux qu'il apportait au chef Nkal
Mentsouga pour avoir la paix. Alors le village intégrait son domaine et
à partir de ce moment il participait à d'autres campagnes
militaires aux côtés des Omvang100(*).
Opérations militaires et techniques de guerre
chez les Omvang
Nous présentons les causes des guerres, la formation
et l'équipement des armées, puis l'armée en campagne. Nous
examinons également l'importance des pratiques magico - religieuses dans
cette société.
Les motifs de guerre sont multiples, si multiples que les
Omvang de Nkal Mentsouga seront en campagne permanente. La recherche d'un
territoire est la première cause des guerres Omvang contre les Maka. Les
Omvang cherchaient un territoire pour s'établir et s'organiser.
D'autres raisons justifient ces opérations, à
savoir la recherche des femmes à épouser. Il faut noter que Nkal
Mentsouga prélevait dans les villages vaincus était surtout
constitué de femme. C'est pour cette raison que, pendant la guerre, les
femmes étaient toujours épargnées. La jalousie, la
convoitise et la lutte pour l'hégémonie étaient aussi
causes de guerres. Nkal Mentsouga comme son père Nkal Seleg, ne
pouvaient tolérer l'existence dans la contrée, d'un autre chef
prestigieux. Tous devaient leur être soumis. Ainsi il parcourait toute la
région jusque sur les bords du Nyong. Pierre Mekok nous dit :
Qu'il n'y a que le fleuve qui a empêché vos
parents d'aller combattre les Maka Bebend. 101(*)
Les Maka vivant le long du Nyong affirment que les
omvang venaient jusque-là et terrorisaient tout le monde. Lors d'un de
ses passages à Angossas, Nkal Mentsouga terrorisa tellement la
région que Sankong, un `' Nkang-Domb''
(général d'armée) dût s'enfuir et se réfugier
à Ankouadjol dans le village de Konaké (Njong-Kol) parce
que, disait-il ;il ne pouvait se soumettre à l'autorité d'un
autre homme102(*).
Les guerriers Omvang (Ndendomb) ne recevaient
aucune formation particulière. Les jeunes gens se formaient dans le tas
dans des activités comme la chasse, les travaux difficiles, mais surtout
à travers des jeux virils comme le `'ching `', la lutte
traditionnelle qui opposait des jeunes gens au corps à corps, ou encore
le `'Ntsegue'' où les jeunes gens rivalisaient d'adresse au
lancer de la sagaie. Un gros fruit (Ntsegue) rond était
lancé à toute vitesse par un jeune homme robuste et les jeunes
guerriers alignés d'un côté lançaient leur sagaie
`'Chougou`' pour la transpercer et arrêter sa course.
Pour ce qui est de l'armement, le major Dominik nous apprend
que :
Les Omvang du chef Nguélé Mendouka combattaient
avec des mousquets103(*).
Ces fusils leur parvenaient par l'intermédiaire des
Yekaba du chef Nanga Eboko, des Yesum et même des Yebekolo qui eux,
étaient en contact avec les middle men, et plus tard avec
les Blancs. En dehors de ces fusils (Nkièl) leur armement
traditionnel était constitué de lances (Nkoing), de
l'arc (Banga) et flèches (Bilaï), de machettes
(Nfa) et de couteaux (Ba'ague) pour des armes offensives, et
du bouclier (Bnou) pour ce qui est des armes défensives.
Les parures de guerre étaient faites de peau de
bête (Koudou) que l'on portait comme cache-sexe, ou du
`'Apwag `' cache-sexe vulgaire fait d'écorce d'arbre. La
peau de bête pouvait également être confectionnée
sous forme de chapeau. Le visage des guerriers était peint en blanc avec
du kaolin (Feum) signe de deuil dans la région. Certains et
surtout les grands guerriers avaient le visage peint en rouge avec un filtrat
appelé `'Ko'ong `' qui avait le pouvoir de faire reculer
les ennemis. Il faut noter que les autres guerriers avaient aussi tous des
gibecières.
Le Nkang domb lui-même,
commandant des troupes avait le visage peint en rouge, et une plume de
perroquet (Cha'al kouss) vissé dans les cheveux ; sur
l'épaule une gibecière et autour des reins des petits paquets
(Bouffe) contenait des fétiches.
L'existence du `'Bouffe `' dans la
panoplie du guerrier souligne l'importance accordée aux pratiques
magico-réligieuses dans la société omvang. Dans le
village, il existait des géomanciens au service du chef
(Nko'ong) lui prédisait le déroulement des batailles.
Chaque guerrier était consulté, et recevait un fétiche qui
lui était propre. Nkal Seleg était lui-même
dépositaire du `'Boubouya `' ce fétiche
ramené du pays Yebekolo, lui conférant pouvoir et autorité
sur son peuple. Il le céda à son fils Nkal Mentsouga qui en fit
le même usage.
Les campagnes de l'armée Omvang étaient longues
et concernaient les contrées assez éloignées de leur
chefferie104(*).
Celles-ci duraient deux à trois semaines. Les Omvang allaient combattre
jusqu'à Angossass et même Bagbetout situé à plus de
60km de leur fief105(*).
Nkal Seleg mourut en campagne en pays bamvele.
C'est le «Nkang Domb » qui
choisissait la cible à attaquer, c'est encore lui qui mettait les
guerriers en route pour la guerre. Ils se regroupaient dans un campement proche
de la cible à attaquer, et fonçait en masse sur l'ennemi. Le
«Nkang Domb » se mêlait exceptionnellement au
combat, sauf lorsque l'ennemi s'avérait coriace. Lorsqu'un village
était vaincu, le chef déclarait : `' Me Ve Ngui
Mpang `' (j'ai intégré les Mpang)106(*). En signe de reddition, il
donnait des femmes et des esclaves au chef omvang. Celui-ci désignait un
de ses fils ou, à défaut, un de ses lieutenants pour diriger
provisoirement le village en attendant que naisse un prince issu de son union
avec une femme ce village. Les Omvang trouvaient commode qu'un neveu gouverne
le village de ses oncles maternels.
C'est avec cette armée que Nkal Seleg et plus tard son
fils Nkal Mentsouga réaliseront dans la région une
intégration politique de grande envergure.
Face l'armée omvang de Nkal Mentsouga, quelles
étaient les forces qu'opposèrent leurs voisins ?
Etaient-elles numériquement et qualitativement importantes pour faire un
contre poids ? A propos de l'armement des Maka, principaux adversaires
des Omvang, le major Dominik écrit :
Les Maka sont moins pourvus de fusils et de poudre que leurs
voisins... mais ils se servent habilement de l'arc et de la lance et utilisent
avec beaucoup d'habileté des fosses, des flèches de pied et de
l'abdomen qu'ils fixent dans de hautes herbes ou dans la brousse de telle
façon que toute personne non initiée marche dessus et se blesse
grièvement107(*).
Le handicap des Maka dans leur confrontation avec les Omvang
était organisationnel et numérique. Leurs actions étaient
très limitées et parfois individuelles. Cette tactique
éprouvée face à l'occupant allemand fut peu efficace
devant des adversaires qui étaient très adaptés à
ce milieu écologique et pratiquant techniques de combat très
habile.
Vis-à-vis des Yesum et des Yekaba réputés
très belliqueux, les Omvang entretenaient des rapports de
convivialité. Ils échangeaient de l'ivoire, des essences rares et
du caoutchouc contre des armes à feu, des tissus et autre pacotille.
Avec les Yebekolo, c'était pareil qu'avec les Yekaba. D'ailleurs Nkal
Mentsouga, de son retour d'exil à Yaoundé où il avait
été amené par les Allemands,108(*) envoya son fils Nanga
Nguélé chez les Yebekolo pour être initié à
la guerre.
Ainsi la guerre fut le facteur prépondérant
dans la dynamique d'évolution de la société Omvang sous
Nkal Mentsouga, et, bien qu'elle fut le socle de son hégémonie.
Elle n'était pas suffisante pour asseoir sa domination.
2. Les autres facteurs de domination
Il s'agit ici des facteurs non matériels
résultant du climat de violence que Nkal Mentsouga et les Omvang avaient
installé dans la région.
a. Facteurs de domination psychologiques
Nkal Mentsouga et les Omvang se sont assis sur nos
têtes... Ce sont les blancs qui les ont rabaissé109(*).
Cette déclaration du vieux Nguélé
décrit imparfaitement l'ambiance qui prévalait dans la
région avant l'arrivée des occidentaux. Durant notre entretien,
il parle de la période de Nkal Mentsouga, qu'il vécut dans sa
tendre jeunesse, avec une certaine frayeur et se réjouit pour nous qui
n'avons pas véçu cette époque. Dans la mémoire
collective de ceux qui connurent les Omvang, la peur et le complexe
d'infériorité sont loin d'être effacés, à en
juger par leurs attitudes et leurs propos. Ils seront subjugués par la
personnalité Omvang et ne pourront que subir de manière assez
passive les assauts répétés, les multiples caprices des
chefs Omvang sans pouvoir réagir.
Les Omvang avaient fière allure comme le dit Ava
Nguélé. Aujourd'hui les Omvang narcissiques, parlent
d'eux-mêmes avec fierté, suffisance et traitent encore leurs
voisins avec mépris et arrogance. Zeh parlant des Maka de
Nguélémendouka nous affirme que :
Tous ceux que vous voyez là ne sont pas des Omvang, ce
sont des esclaves que nous arrêtions au cours des batailles.
La terreur qu'inspirait Nkal Mentsouga et ses Omvang,
engagea leurs voisins Maka Bwanz et Ebessep à une
obéissance aveugle. Nkal Mentsouga avait compris avant Rousseau que
:
Le plus fort n'est jamais assez fort pour demeurer toujours le
maître, s'il ne transforme sa force en droit et l'obéissance en
devoir110(*).
Son comportement dominateur et méprisant sera
préjudiciable au chef Nkal Mentsouga. En effet, son arrestation fut
favorisée par les Maka. Nkal Mentsouga n'avait pas d'amis dans la
région. Tous ses alliés étaient de circonstance qui ne
collaboraient que pour éviter des représailles. Lorsque le major
Dominik décide de soumettre la région de
Nguélémendouka le 7 décembre 1906111(*), Nkal Mentsouga s'enfuit
à Badisham dans le village de sa mère112(*), où il fut trahi par
les chefs de la région. Schlosser, le chef d'une section de
l'expédition du major Dominik constate dans son rapport du 11
décembre 1906 que :
Tous les chefs veulent participer à l'action contre
Gelle Menduka. Gelle Menduka leur aurait traité abominablement et leur
aurait empêché d'entrer en relation avec les
Européens113(*).
L'arrivée des occidentaux était salutaire pour
tous les voisins des Omvang ; mais ils sortaient d'une sujétion
pour tomber dans une autre, le colonialisme.
b. Les facteurs de domination
sociologiques :
les relations matrimoniales
Les Omvang après chaque victoire prenaient des femmes
et des esclaves en guise de butin de guerre. Les femmes devenaient les
épouses des guerriers qui, il faut le signaler étaient presque
tous polygames. Les esclaves peuplaient la `'chefferie `' et à la
longue devenait des citoyens ordinaires. Tout ce butin constitué de
femmes, d'esclaves et de cadeaux divers assuraient non seulement le prestige du
`'Nkang Domb `' (général d'armée) et de ses
guerriers mais constituait surtout le signe évident de la domination
Omvang. Le chef Omvang s'en servait pour assurer sa main d'oeuvre sur les
villages conquis. Ainsi les princes qui naissaient à la cour
étaient appelés à administrer le village de leur
mère. Dans cette région, le `'Taa `' (neveu) jouit
de beaucoup de liberté et de faveurs de la part de ses oncles maternels,
les `'Kougu `'. A titre d'exemple, la coutume admet que le neveu
peut dans le village de sa mère, s'approprier la bête domestique
de son choix (poulets, chèvres, cochons, etc...) sans être
inquiété. Il peut pousser l'audace en utilisant impunément
la femme de son oncle maternel sans qu'on ne parle d'adultère. Cette
coutume était largement utilisée par les chefs Omvang. Aava
Nguélé nous signale le cas d'un Mimbang qui ne put gouverner le
village de Ngoap (village situé à 35 km de
Nguélémendouka, vers Abong-Mnag) car il n'avait aucun lien de
parenté avec ses habitants et n'était pas accepté ;
Ntolé Nguélé n'eut pas semblable mésaventure, et
dirigea les Banyié, le village de sa mère sans aucune
difficulté114(*).
Ce facteur de domination lié aux relations
matrimoniales a eu un effet pervers au sein de la société omvang.
Et pu être considéré comme une espèce de `'cheval de
Trois `'. En effet, il va favoriser l'assimilation complète des
Omvang qui vont devenir culturellement et linguistiquement dépendant des
Maka. Les épouses et mères étaient toutes Maka. Celles-ci,
étaient vecteurs de cette civilisation.
Le rôle de nombreux esclaves qui inondaient la cour
Omvang ne peut être négligeable. Ces esclaves jouèrent le
même rôle que les femmes. A l'arrivée des occidentaux, il
était difficile de distinguer un Maka d'un Omvang115(*).
Enfin de compte, les Omvang avaient certes vaincu les Maka,
mais ce ne fut qu'une victoire à la Pyrrhus car, ils furent vaincus
culturellement et pour toujours.
C. ORGANISATION SOCIO-POLITIQUE ET ECONOMIQUE
DES
OMVANG SOUS NKAL MENTSOUGA
Toutes les communautés humaines,
quelque soit leur importance, aménagent un minimum d'organisation,
condition de l'épanouissement des membres de la communauté. Cette
organisation assure leur cohésion défensive face à toutes
les formes d'agression d'origine endogène ou exogène. Ainsi
toutes les sociétés humaines se plient à cette exigence
vitale essentielle à leur survie.
L'examen de la carte du Cameroun montre l'existence de
nombreux groupes ethniques avec pour corollaire, une grande diversité de
formations économiques et sociales. Sur le plan économique, on a
des économies de prédation, qui donnent lieu à des
sociétés organisées en bande, des économies
d'autosubsistance, qui donnent lieu à des sociétés
organisées en lignage et des économies de marché, propres
aux sociétés beaucoup plus organisées avec un pouvoir
central. Incontestablement, ces différentes formations sont
régies par des institutions adéquates qui répondent
à la définition classique qu'on donne à l'Etat116(*). Une approche plus objective
et plus scientifique de ces peuples nous montre que partout, il existe des
moeurs et des manières de gouverner, une stratégie de gestion des
hommes par des lois instituées.
La société omvang avant, Nkal Mentsouga est de
type lignagère ou segmentaire. Leurs institutions sont identiques
à celles des peuples de la forêt les Beti-bulu-Fang
notamment117(*). Ces
peuples ont imaginé et appliqué des mécanismes et des
stratagèmes de pouvoir pour assurer la gestion la plus harmonieuse
possible des personnes et des biens. Après leur installation en pays
maka, les omvang, confrontés à des problèmes d'affirmation
de leur nouvelle personnalité, de quête d'hégémonie
conçurent un nouveau stratagème de pouvoirs afin de
contrôler leur nouvel espace vital menacé par les Maka
Bwanz et Ebassep hostiles. C'est pour cette raison que les chefs
de lignages se soumirent à Nkal Seleg, et ensemble, mirent sur pied une
structure politico-militaire jamais rencontrée dans cette région
de la forêt dense. Ils fondèrent alors une chefferie
guerrière vers 1860118(*). On assiste alors à la transformation de la
structure lignagère en une chefferie de taille importante
par suite des conquêtes militaires119(*).
C'est dire qu'il n'existe pas de société
figée dans un type de politique donné et que des mutations
peuvent s'opérer avec l'amitié ou l'hostilité des peuples
voisins.
Avant de faire l'étude de cette `'chefferie
guerrière'' Omvang, examinons d'abor son organisation socio-politiques
et économique pendant la période précoloniale.
1. Structure lignagère et organisation
politique de la société
Omvang pendant la période
précoloniale
Structure lignagère de la
société Omvang
Le patrilignage ou famille
patrilinéaire élargie `'Njawbud `' est chez les
Omvang tout comme chez les Maka, la base de l'organisation sociale. Il comprend
sous l'autorité d'un chef Nkal Mentsouga; une ou plusieurs
épouses et les enfants issus d'elles ; ses frères de
même père, célibataires ou mariés, qui habitent le
même village que lui avec leurs épouses et leurs enfants ;
ses soeurs de même père, célibataires et leurs enfants,
produits de leurs amours passagers ;et, ses clients constitués par
les époux des femmes de la famille qui recherchent l'appui de leurs
beaux-parents ou qui se fixent dans leur village pour leur venir en aide. On
trouve aussi dans cette catégorie des individus plus ou moins
rattachés au chef de famille par des liens de parenté,
d'amitié, leurs femmes et leurs enfants120(*).
La famille élargie, ainsi définie, est
formée des descendants d'un ancêtre commun, auquel viennent
s'adjoindre, très souvent, des alliés par les femmes ou par des
pactes de sang `'Ombiul `', des amis, des clients et des
serviteurs esclaves : `' Loa `' pluriel.
`' Meloa `'). Ces clients sont, pour la plupart, des
descendants d'individus d'origine servile. A la longue, il devient très
difficile, voir impossible de distinguer au sein d'une famille les individus
d'après leurs origines libres ou serviles.
La famille fondée sur une unité
résidentielle s'accroissait du fait de son propre dynamisme. Sa
puissance et son influence étaient proportionnelles au nombre des
individus qui la composaient. Pour les faibles, elle était un lieu de
refuge et d'asile.
Dans une acception plus large, la famille, le groupe social
étendu `'Bago'' est un ensemble de foyers distincts.
C'est ici l'équivalent du `'Mvok'' chez les Beti-bulu et
signifie `'ceux de''. Exemple : `'Bagokinga'',
`'Bagoloumb''. L'ensemble des `'Njawbud `' constitue alors le
`'Bago''. Et puis on arrive au `'Kulbud'' ou clan, ici admis
comme `'unité sociologique constituée d'individus se
reconnaissant un ancêtre commun''121(*). C'est ainsi, qu'il faut comprendre les clans
Sekonda et Ngomeya dont il est question ici. Dans chaque famille, l'exogamie
est de rigueur122(*).
Le lignage est composé de plusieurs groupes d'agnats
entre les frères et leurs descendants. Les frères ne restent pas
toujours dans le même village et peuvent même fonder d'autres. Ces
villages appartiennent à une même lignés. La segmentation
se fait par frère car les femmes vont en mariage123(*).
Organisation politique : Autorité et pouvoir
chez les Omvang
Durant le règne de Nkal Seleg, les
Omvang comme dans tous les s systèmes de lignage, envisagent le
problème politique en fonction d'un agencement qu'on désigne
habituellement par l'expression d'équilibre des pouvoirs. Ici, chaque
famille, `'Njawbud'', chaque village (Dend ou Lo'om)
fondé par un frère est réellement indépendant et
les chefs des différents villages sont des égaux, donc ils
s'équilibrent mutuellement. On remarque ainsi le rôle important
joué par le système lignager dans les structures politiques. Il
faudrait peut être rappeler ici que le système lignagiser est un
système segmentaire des groupes permanents à descendance
unilinéaire.
Selon cette organisation sociale, on aboutit à une
structure pyramidale où l'autorité politique est égale,
à tous les niveaux, entre les différents segments, contrairement
à une hiérarchie.
Lorsque les Omvang, après leur migration du
pays Yebekolo au pays maka fondèrent leur `'chefferie'' : chefferie
Nkal Mentsouga, l'autorité politique égale entre les
différents segments est attribuée au seul `' Ci '', qui
ici, représente l'autorité suprême. Nkal Seleg qui
reçut mandat de conduire les Sekonda jusqu'à leur site actuel. On
remarque que le pouvoir de commander qui lui est attribué, est
subordonné à un consensus des notables représentants les
lignages importants. C'est ce qui fit la force de Nkal Mentsouga 124(*).
L'autorité n'exerce pas automatiquement un pouvoir
coercitif. Cette autorité `'essentiellement précaire`' est
déléguée par le peuple à celui qui est susceptible
de lui apporter aide, protection et, au besoin, certains avantages qu'il peut
accorder grâce à sa fortune ou à ses pouvoirs magiques.
Nkal Mentsouga avait des pouvoirs magiques125(*). Il était dépositaire du
`'Boubouya `' (fétiche de guerre) qui lui permettait
d'être toujours victorieux à la tête de ses guerriers. Cette
autorité `'repose sur un contrat qui ne dure qu'autant que les parties
sont à même de remplir leurs obligations
réciproques `'126(*). C'est ce qui justifiera qu'avec l'arrivée
des Allemands, le pouvoir centralisé Omvang mis sur pied par Nkal Seleg
se disloqua et disparut avec l'arrestation de Nkal Mentsouga en 1907. Tout de
suite après, la `'chefferie Omvang `' se désagrégeait
et les différents chefs de lignage retrouvaient leur autonomie.
Le chef porte le titre de `'Ci `', ce qui
est l'équivalent du `'Nkukuma`' chez les Beti-Bulu. Il
concentre une autorité suffisante et apparaît comme le
détenteur du pouvoir exécutif. Ici chez les Sekonda
d'où sont issus les deux chefs charismatiques ; le pouvoir s'exerce
a grande échelle intégrant non seulement tous les lignages
Sekonda, mais aussi les villages environnants sur lesquels les chefs
omvang assurent leur hégémonie. Ce pouvoir s'exerce dans le cadre
d'alliances matrimoniales et guerrières. C'est pour cette raison qu'ici
le `'Ci `' est en même temps `'Nkang Ndemb `'
(général d'armée)127(*).
Littéralement le `'Ci `' est un homme riche.
Ce personnage devait en effet posséder en abondance de biens
matériels et de femmes car son pouvoir est en rapport direct et
égal à son gynécée et à sa clientèle.
Il incarne la sagesse et l'intelligence ; c'est un homme éloquent
(Loesh Kand), il maîtrise la parole ; pas la parole
vulgaire mais celle qui possède les grandes sentences
ancestrales : les notions de jurisprudence, les formules
ésotériques à prononcer à l'occasion des
cérémonies initiatiques. C'est ce qui expliqu que, chez les
Sekonda le `'Ci `' Nkal Mentsouga est en même temps
`'Nkang Ndemb `' (Général d'armée). C'est un
guerrier parfait et qui fait ses preuves pendant les multiples batailles.
Les régaliats du pouvoir de Nkal Mentsouga sont
composés essentiellement d'une canne (Wagatig : en omvang
`' Mben I dju ou ntum Idjoé `')128(*), d'une lance
(Kouong), dont le fer pointu est très large (Mpinga
Kouong), un chasse-mouche (Tsonz), un collier (N'koow)
porté à la cheville droite et une sacoche (Bamtela)
contenant des fétiches (Mentsite ou Ngang) divers
portée en bandoulière.
Il portait également une plume rouge de perroquet
(Cha'al Kouss) dans ses cheveux ou fichée à un bonnet de
couleur sombre à l'époque coloniale.
Concernant la succession des chefs Omvang, les
Sekonda se passent le pouvoir entre les frères de même
père avant de confier au fils aîné si le besoin se fait
sentir. Cependant la désignation du chef respecte une certaine
logique : les deux grands chefs Omvang connus à l'époque
précoloniale furent fabriqués dans le même moule. Nkal
Seleg reçut le pourvoir de ses pairs, les chefs de lignage qui voyaient
en lui le chef idéal. Il le transmit à Nkal Mentsouga. Son fils
qui possédait le charisme et les qualités personnelles reconnues
à tout `'Ci `' et au `'Nkang
Ndemb `'.
Dans la société Omvang comme dans beaucoup
d'autres sociétés de l'Afrique en général, et du
Cameroun en particulier, il existe une intime relation entre pouvoir et le
sacré. L'imbrication et la connivence du pouvoir et du sacré
restent apparentes. On affirme ici que pour être chef, il faut que le
postulent se soit imposé aux forces des ténèbres
(Djamb), il faut qu'il se soit imposé la nuit à tous les
sorciers (Ndimblou) du village129(*). Cela favoriserait la subordination et le soutien
total de tous au chef130(*). Il est vrai, on ne va pas assister à une
sacralisation de la personne du chef, mais le culte des anciens
(Impambe) ou de certaines divinités assurent la sacralisation
d'un domaine politique encore peu différencié131(*). En tout cas, envisager le
pouvoir politique chez les Omvang, c'est tenir compte du sacré et
réciproquement.
Les attributs du `' Ci `' Nkal Mentsouga sont
multiples. Il est garant des institutions. Il coordonne la bonne marche de la
société avec l'aide des anciens (Cumbabud) du clan. Il
dirige la palabre (Kand) dans les cérémonies de mariage
et de deuil, rend aussi justice bien qu'ici, on fasse souvent appel au sorcier
(Nkong) pour aider à trouver la vérité dans des
situations inextricables. C'est ainsi qu'à l'aide d'un extrait
appelé `'Loundou `', on peut déterminer le coupable.
En tant que `'Nkang-Ndemb `', Nkal Mentsouga
avait le pouvoir de lever l'armée pour une bataille ou pour chasser un
animal qui terrorisait le village car, dans de forêt, il est
fréquent qu'un gorille, un éléphant ou une panthère
menace la quiétude du village. Tous les hommes valides, armés de
lances et de flèches, conduits par le Nkang-Ndemg, effectuaient
une battue dans la zone concernée132(*).
Les leçons de l'histoire rappellent que les Etats
où nous vivons, leurs institutions, et leurs lois, sont parvenus jusqu'
à nous par la succession de conflits,souvent de la plus sanglante
espèce133(*).
L'armée apparaît alors ici chez les
Omvang Sekonda et Ngomeya à la fois comme pilier et
bouclier de cette formation politique. Le guerrier jouit d'un statut
privilégié et il importe en outre de noter la corrélation
qui existe entre la chasse et la guerre. En effet, les meilleurs chasseurs sont
les meilleurs guerriers. C'est dans les parties de chasse
`'Shuomu `' qu'on acquiert l'endurance et la
dextérité des guerriers. L'armée fut à l'origine de
la formation de la `'chefferie omvang `' car c'est grâce à
elle que les peuples Maka étaient tenus en respect. Elle fut
également à l'origine de sa désagrégation dans la
mesure où elle ne put faire face à l'armée coloniale.
2. La Chefferie OMVANG: 1860-1907
Les anthropologues et les ethnologues ont
ouvert un large débat sur la nature, les formes de pouvoir dans les
régions de forêt dense134(*). Nous avons déjà réfuté
une terminologie inappropriée de l'européocentrisme qui a voulu
voir là des sociétés acéphales et anarchiques. Nous
convenons cependant que, dans la région du centre, du sud et du
sud-est, aucun indice n'atteste l'existence d'un authentique Etat
centralisé. Cependant, les Omvang de l'Est-Cameroun font exception,
confrontés à l'hostilité de leurs voisins et
menacés de disparition après leur départ du pays Yebekolo
vers 1850. Ils mettent sur pied une superstructure politique et militaire
capable d'assurer leur survie et leur hégémonie dans la
région.
Cette entité politique, nous la désignons par le
terme de `'chefferie'', bien qu'il soit impropre ici par rapport aux chefferies
des grassfields. Cette formation politique durera un demi-siècle
(1860-1907) le temps du règne de Nkal Seleg qui la fonda et de celui de
Nkal Mentsouga que les Allemands pendront vers 1910135(*). Avec l'arrivée des
occidentaux, les structures de pouvoir des Sekonda furent
balayées et on revint à la structure lignagère de la
région.
Contrairement aux chefferies classiques des grassfields
où le `' Fon `' est divinisé, le
`' Ci `' Nkal Mentsouga n'est pas un personnage
sacré ; on ne le rattache à aucune divinité, ni
à aucun animal comme c'est le cas dans les grassfields. Chez les Omvang
Sekonda cependant, le `'Ci `' est craint et
respecté. Tout est soumis à son autorité et lui, traite
son peuple avec équité. Ici, les terres n'appartiennent pas au
chef mais à toute la communauté ; et comme les
densités de populations sont peu importantes, chacun en dispose à
sa guise.
La richesse ne se traduisait pas en termes fonciers, mais en
poids démographique, (nombre de descendants) et en acquisition de biens
(économie de traite).
Les exploits guerriers sont légions dans la `'
chefferie guerrière `' `'Omvang `', mais ils sont toujours
liés à des affaires de femmes, de biens volés, jamais
à proprement parlé des conquêtes territoriales136(*). Cependant il faudrait quand
faire état ici d'un soupçon d'administration des villages conquis
après une action militaire et la préparation d'éventuelles
conquêtes selon des modalités qui reflètent des rapports de
force en présence. Cette administration est incarnée par le
`' Ta'a `' (neveu) issu de la liaison entre le chef Omvang
et d'une femme otage137(*). Bien entendu avant l'âge adulte, la
régence pouvait être assurée par n'importe lequel des
guerriers du chef qui présentait quelque charisme138(*).
Ainsi l'arrivée des occidentaux et l'arrestation de
Nkal Mentsouga marquent la fin de la `'chefferie omvang `'. On assiste
à la décrépitude de cette formation politique et militaire
où vont se succéder des chefs sans grande autorité, au
gré du pouvoir colonial, au mépris des principes de succession
coutumiers. A ce propos voici comment cette `'chefferie `' nous est
présentée par le lieutenant français Desanti en
1919 :
... Deux mots du village de
Nguélémendouka : ce village porte le nom de son ancien chef
pendu par les Allemands et qui commandait autrefois tous les M'vang. D'ailleurs
tous sont parents entre eux, mais depuis la mort du vieux
Nguélé-Mandouka tous essayèrent de se constituer des
commandements indépendants... le successeur de
Nguélé-Mandouka fut pour le village principal le chef Nanga que
nous trouvâmes en fonction au moment où nous occupâmes le
pays. Bien que n'étant pas doué d'une quelconque autorité
sur son groupement qui comprenait environ cinq cens contribuables. Mais
lui-même mourut vers le milieu de 1918139(*).
A son frère Eboko, jeune homme insouciant,
uniquement préoccupé de femmes, revenait le commandement du
groupement. Il fut le premier artisan de la dislocation de son commandement.
Lui-même quitta le village principal pour s'installer à part avec
ses nombreuses femmes et quelques amis. Chaque capita en fit autan. Le
remplacement d'Eboko s'imposait, mais qui mettre à sa place ? Ses
frères plus jeunes que lui n'ont aucune autorité et ne
manifestaient aucun enthousiasme pour assurer un commandement trop lourd pour
eux. Le chef de circonscription nomma un certain M'vom, cousin de feu Nanga,
qui commandait déjà un village situé à trois heures
de Nguélémendouka140(*)
3. Une économie d'autosubsistance sous NKAL
MENTSOUGA
Comme le plus part des sociétés de la
forêt dense, les Omvang ne font pas exception et sont capables d'assurer
leurs besoins d'autosubsistance. Ils produisent la totalité de leurs
biens à partir des ressources naturelles. Autrefois ils ne produisaient
pas au-delà de leur consommation et il n'existait pas de
spéculation. Bien avant la fin de XIXème
siècle, les Omvang vont faire face à de nombreux besoins.
En effet, ils avaient besoin d'armes à feu et de
certains produits de luxe (étoffe, verrerie, verroterie...) de sel et de
sel gemme. Ces produits leur étaient vendus par des tribus qui avaient
des rapports avec celles de la côte notamment les Yebekolo, les Esum et
les Yekaba, mais surtout les Haoussa141(*) qui venaient de la partie septentrionale du Cameroun
et même du Nigeria actuel. Pour faire face à ces besoins, les
Omvang vont produire davantage d'ivoires, de l'huile de palme, des palmistes et
surtout ils vont commencer à saigner le caoutchouc à travers la
forêt. Ces denrées vont leur permettre de faire du troc afin
d'acquérir les produits cités beaucoup plus haut.
D'une manière générale, la production
ici a un caractère familial. Tous les membres de la famille ont libre
accès à la terre et à ces matières
premières. La division du travail est fondée sur le sexe et
l'âge. L'homme est chargé du déboisement des champs par le
défrichement et l'abattage des arbres. La femme a la
responsabilité de toutes les activités culturales ; car
à elle, est associée l'idée de fécondité et
de fertilité. Ainsi elle aura ici dans plusieurs rites relatifs aux
cultures et à l'agriculture, une place centrale. On peut à titre
de rappel dire que l'homme s'adonne aux activités de la chasse ou de la
pêche. Tout au plus, il participe à la production de certains
vivres pour lesquels l'effort physique requis nécessite son
intervention. Ainsi les courges au niveau des semailles et même des
récoltes nécessitent l'intervention des hommes (ignames pour la
pose des tuteurs et courges pour la récolte). L'exploitation des ignames
et des bananes s'expliquerait par les techniques y afférentes. Elle
nécessite la pose des tuteurs. L'homme se charge également de la
cueillette des noix et du vin de palme. Les enfants se chargent de certains
petits travaux comme piquage du maïs et de légumineuses.
En ce qui concerne la réparation des biens, elle est
familiale et communautaire. Elle traduit les rapports d'autorité et de
dépendance. Au niveau des échanges, il existe un système
d'échange local. Mais à la fin du XIXème
siècle, bien avant l'arrivée des occidentaux, les échanges
sont régionaux. Les Omvang échangeaient des ivoires, l'huile de
palme, le caoutchouc contre des armes à feu et la pacotille qui leur
étaient apportés par les Yebekolo, les Esum, les Haoussa et
autres. Ces échanges furent plus accentués avec l'arrivée
de nombreux commerçants européens dans l'actuelle ville de
Nanga-Eboko142(*) si
bien que lorsque le major Dominik va soumettre toute la région, il fait
le constat selon lequel :
Les Omvang du chef NKAL MENTSOUGA combattent avec des
mousquets...143(*).
Il existe plusieurs types d'échanges chez les
Omvang ; l'on retient deux types :
- Le "Metchinda" appelé
`'Bilabi `' chez les Beti est une fête au cours de
laquelle on assiste à un échange de donc entre deux chefs de
famille. Le jour de la fête, le chef de la famille A donne au chef de la
famille B une certaine quantité de biens (poulets, chèvres
moutons, viande fraîche et boucanée, et arachide) lequel distribue
cela à sa famille en vue de la consommation. Six mois plus tard le chef
de la famille B donne au chef de la famille A une quantité de biens
supérieure à celle qu'il avait reçu. Cette fête est
toujours accompagnée d'un festin et lorsque les gens sont bien
reçus, ils se livrent à la danse et à des jeux virils. On
parle alors de `'Bi Metchinda `' (se livrer au
Metchinda). Le jeu se renouvelle de manière infinie. Le but de
la fête est non seulement de garder des liens d'amitié entre deux
familles mais aussi c'est une sorte de cotisation, une épargne
productive.
- Le `'Bouomo `' littéralement le terme
signifie en langue maka `'rencontre''. Il s'agit d'un marché
périodique qui se déroule à la limite des terres de deux
clans en vue d'échanger des produits. Ces endroits sont
généralement des lieux sacrés (carrefours, l'ombre d'un
arbre, à côté d'un cours d'eau). On y pratique du troc qui
est l'échange des marchandises pour se procurer les biens que l'on ne
possède pas et en vue de la consommation. Ce n'est donc pas un
échange tourné vers l'enrichissement, l'accumulation des biens,
mais en vue de la satisfaction des besoins. Les produits concernés ici
sont les produits vivriers (banane, macabo, igname, patate, chèvres,
moutons, poulets, arachides, concombre, légumineuse, viande
boucanée et fraîche) et d'autres produits tels que les peaux de
bêtes, les armes et des objets forgés. Dans ce marché il se
produit toujours des rapts de personnes mâles qui seront fait esclave et
femelles qu'on prend comme épouse.
Ainsi dans cette société Omvang comme dans
beaucoup d'autres qui vivent dans le même milieu écologique, il
n'existe pas de classe sociale commerçante. Le riche est quelqu'un qui a
beaucoup de femmes, d'enfants et de clients en vue de produire des biens de
consommation. Ce dernier n'accumule pas de biens mais les distribue.
Néanmoins, l'atmosphère de cette organisation
socio-politique et économique de Nkal Mentsouga et les Omvang trouve un
terrain d'obstacles avec l'arrivée du colon blanc qui déclenche
le processus de son affaiblissement.
CHAPITRE 3 : LES OMVANG, NKAL MENTSOUGA ET LA
COLONISATION ALLEMANDE 1906-1916
Entre le 1906 et 1916, le stratège Nkal Mentsouga et
les Omvang connaissent une nouvelle ère moins sereine. Cette ère
diffère manifestement de celle qu'ils avaient vécu aux multiples
grandeurs144(*). Nkal
Mentsouga accède à une page qui annonce sa chute prochaine dans
son évolution historique avec l'arrivée du colon allemand. Ainsi
cette phase va se reconnaître à travers divers indices à la
fois endogènes et exogènes à cette entité
sociopolitique naguère rayonnante.
A. NKAL MENTSOUGA ET LES OMVANG FACE A L'ARRIVEE
DE LA COLONISATION ALLEMANDE.
Les Omvang comme tous les autres peuples du Cameroun subirent
la double colonisation germano-française. La période allemande
fut cependant moins longue à cause des contingences historiques. Et
c'est elle qui nous importe car elle marque profondément le pays Omvang.
Nkal Mentsouga et le peuple omvang subirent pendant dix ans
environ la colonisation germanique. Celle-ci commence avec les premières
conquêtes du pays Omvang le 7décembre 1906145(*) et prend fin autour de 1918
avec la perte du Cameroun par l'Allemagne146(*).
Conquêtes et résistances en pays OMVANG
sous le commandement de NKAL MENTSOUGA
1. Conquêtes
La conquête du pays omvang fut l'oeuvre du major
Dominik à partir de décembre 1906. Elle fut très difficile
et pénible compte tenu des problèmes posés par le milieu
naturel et la ténacité de ces populations maka et omvang au
combat. Le pays MAKA était redouté des Allemands et aucun colon
n'osait s'y aventurer bien qu'étant déjà présent
à Nanga-Eboko depuis 1901147(*). Le major Dominik affirme que les Maka sont des
cannibales et que rien ne pouvait être conclu avec eux qu'au
péril de la mort148(*). A propos de leur armement le major Dominik
écrit :
Les Maka sont moins pourvus de fusils et de poudre que leurs
voisins les Yebekolo... Mais ils se servent habilement de l'arc de la lance et
utilisent avec beaucoup d'habilité des fosses, des flèches de
pieds et de l'abdomen qu'ils fixent dans les hautes herbes ou dans la brousse
de telle façon que toute personne non initiée marche dessus et se
blesse grièvement `'149(*).
Il poursuit et affirme que :
Les Omvang du chef NKAL MENTSOUGA combattent avec des
mousquets. 150(*)
A partir de ces indices on peut comprendre pourquoi Omvang et
Maka étaient réputés redoutables par les Européens.
Pour soumettre le pays omvang ou du moins la zone contrôlée par
Nkal Mentsouga, l'expédition allemande sous le commandement du major
Domink sera secondé par le Capitaine Schlosser, le chef de la police,
Muhler ,et un médecin, le professeur Haberer.
A la centaine de soldats dont ils disposent, va s'ajouter des
troupes auxiliaires dont le rôle est toujours déterminant dans les
guerres de conquête.
Pour pouvoir exécuter la soumission avec plus de
succès, écrit le major DOMINIK, j'ai amené avec
l'expédition environ 1000 auxiliaires des tribus woutés, Jeccaba
et Esum. A nouveau, ils ont fait leurs meilleures preuves pour la poursuite
à grande échelle comme ce fut le cas lors de l'expédition
Yebekolo151(*).
Bien entendu, l'armement utilisé par les forces
coloniales est moderne. Sur le terrain l'ensemble des troupes était
commandé par le chef de l'expédition. Les soldats étaient
répartis en plusieurs groupes en fonction du nombre d'officiers, et
chaque soldat avait à sa disposition 20 à 30 auxiliaires, ce qui
permettait un parfait ratissage de la forêt, car, les Maka et les Omvang
s'y dissimulaient habilement.
Le pays maka, comme nous l'avons déjà
présenté, est couvert de forêt dense que traversent de
nombreux cours d'eau jusqu'au Nyong. Le long et Ayong en font
partie. Ces cours d'eau ne peuvent être traversés que par des
moyens de secours ; ces cours d'eau s'élargissaient quelques fois
en marécages de plusieurs kilomètres, couverts de raphias, de
hautes fougères et parfois de hautes herbes. Dans ces marécages
se trouvent en général autour de quelques arbres immenses, des
îlots de collines sur lesquelles les Maka tout comme les Omvang cachent
tout ce qu'ils ont de plus précieux, notamment leurs femmes, leurs
enfants, leur volaille et leur mobilier... Ils atteignent ces cachettes par des
chemins qu'ils sont seuls à connaître, souvent en marchant dans la
vase du marécage avec l'eau jusqu'aux hanches ou en utilisant de toutes
petites pirogues152(*).
Sur ces petites collines, des cases légères ont
préalablement été construites et des vivres mis en
réserve en attendant les périodes troubles.
Au premier signe de danger, les gens quittent leur village et
s'en vont dans leurs cachettes. Là les femmes et les enfants restent
sous la protection de quelques hommes qui s'installent en sentinelles, en
général bien cachés sur les chemins d'accès
éventuels ; dans le marécage, sur un arbre ou sur ses
contreforts. Les autres hommes se rassemblent en groupes à des endroits
désignés d'avance et s'établissent très habilement
se maintenant sur des pistes ou dans des maisons des villages abandonnés
pour attendre des divisions ou des patrouilles. Souvent ils vagabondent dans
des marécages et la brousse pour dénicher des soldats ennemis
isolés en patrouille qu'ils attaquent en terrain difficile153(*). Dans un rapport
adressé au gouvernement impérial en 1910, le major Dominik
écrit :
Lorsqu'on pénètre dans la brousse où
souvent les chausse-trappes sont installées très habilement en
blessant ceux qui avancent, lorsqu'une flèche est lancée ou
lorsqu'un fusil est tiré. C'est énervant et oppressant. Si on y
ajoute qu'on se trouve longtemps seul parmi les anthropologies, l'entourage
horrible du champ de mort et le lieu de la véracité de tant de
gens, alors il n'est pas étonnant que le sergent Fourrier Sussieck ait
eu une dépression nerveuse. Quand on les poursuit, les Maka
disparaissent et toujours ils se trouvent là ...154(*)
Ainsi, compte tenu de la difficulté du milieu naturel,
il fallait à l'expédition des hommes qui maîtrisent cet
environnement. C'est ici qu'apparaît l'importance et le rôle des
troupes auxiliaires.
Il n'y a donc qu'un seul moyen : les dénicher
dans leurs cachettes, leur enlever la capacité de pouvoir
disparaître ; c'est à dire après que les endroits plus
faciles à dénicher ont été enlevés, des
patrouilles les plus fortes, fouiller en longue chaîne la forêt et
les marécages. Pour cela il faut des gens et même beaucoup de
gens, sinon les Maka se terrent comme des lapins qui laissent passer les
traqueurs ; et les gens dissimulés sont des guerriers de
réserve. Car même si on employait toute la troupe coloniale
disponible, il n'aurait jamais assez d'eux à ma disposition. Ces troupes
ne doivent pas combattre, mais voir dénicher et faire des
prisonniers :
Combattre est l'affaire de la troupe. Mais celle-ci doit avoir
un adversaire contre lequel combattre, et sans les troupes auxiliaires,
celui-ci ne peut être déniché dans les marécages
Maka155(*).
2. Expédition punitive de Hans Dominik et
Schlosser
en pays Omvang
Le pays Omvang fut attaqué sur deux fronts. A partir du
Nord-Ouest venant de Nanga-Eboko156(*), une première colonne forte d'une
cinquantaine de soldats et 1000 auxiliaires Vouté Jeccaba et
Esum157(*)
commandée par le major Dominikavec. La deuxième colonne venait du
Sud,et était commandée par le capitaine Schlosser parti d'Atok le
1er décembre 1906 avec une cinquantaine d'hommes, plus 250
Vouté et Mvele158(*). Elle arriva à Nguélémendouka
le 30 décembre, et engaga une bataille acharnée contre
Oundi-Nguélé, un des fils de Nkal Mentsouga dont le village
comptait 138 grandes casses159(*). Après de violents combats, Nkal Mentsouga
s'enfuit avec une partie de son armée le 5 décembre, son fils
Oundi-Nguélé dut se rendre. Le 06 décembre, arriva
à Nguélémendouka la colonne du major Dominik venant de
Nanga-Eboko, et qui avait livré quelques combats contre de petits
villages Maka et Omvang en cours de route. Les pertes sont
légères de part et d'autre. Du côté Omvang, quelques
dizaines de guerriers sont tués, la grande partie de l'armée
ayant pris la fuite avec leur chef. Du côté de
l'expédition, un porteur est blessé mortellement, 4 soldats sont
blessés. Le 07 décembre, le capitaine SCHLOSSER poursuit sa
mission dans la région de Doumé (Sud-Est de
Nguélémendouka). Le major Dominik et sa colonne devaient
poursuivre son action vers le Nord-Est jusqu'à Bertoua. Le professeur
Habere quant à lui demeura à Nguélémendouka qui
allait dorénavant servir de point d'appui et de camp de rassemblement
des blessés. Le chef de police Muhler se joignit au capitaine
Schlosser.
Aidés des auxiliaires Yeccaba et Esum, deux
patrouilles suivaient la trace du chef des Omvang à partir de la
frontière du pays Yebekolo en amont du Nyong, dans les vastes zones de
forêt vierges et de marécages. La plupart des chefs Maka de la
région qui avaient été soumis par les Omvang collaboraient
avec les Allemands. Pour eux l'arrivée des colons était salutaire
car, ils allaient pouvoir se libérer du joug Omvang :
Tous les chefs de la région, écrit le capitaine
Schlosser, veulent participer à l'action contre Nkal Mentsouga. Ils les
auraient traités abominablement et les auraient empêché
d'entrer en contact avec les Européens160(*).
Après sa fuite de Nguélémendouka, Nkal
Mentsouga s'était réfugié dans le village natal de sa
mère à Badisham à une douzaine de kilomètres au
Nord (est de son village principal. Mais il fut tout de suite trahi par des
chefs Maka, collaborateurs considérés comme
«amicaux » par les Allemands. De nombreuses troupes ratissent le
pays Omvang, aidés par les auxiliaires Voûté Yeccaba, Esum
et Mvele. Le 22 décembre, toute la région de
Nguélémendouka est sous contrôle. Un rapport signale la
mort de centaines d'Omvang et fait état 300 prisonniers. Du
côté des assaillants, un rapport du capitaine SHLOSSER
dénombrait 2 morts et 6 soldats blessés dont 2
grièvement ; les pertes des auxiliaires s'étaient
également assez élevées161(*).
Nkal Mentsouga s'enfuit de Badisham, pour se réfugier
à Ngele-Gobbo à 6 heures, à l'Est de son ancienne
résidence. Il tenta à plusieurs reprises d'entrée en
pourparlers avec le professeur Haberer, mais ils n'aboutirent jamais à
un accord. Trahi à nouveau par les Maka qui lui étaient hostiles,
il fut encerclé le 6 janvier 1907 par environ 2000 guerriers
Voûté, Yeccaba, Esum, Mvele et Maka commandés par Dominik.
Le 7 janvier dans l'après-midi, il envoya un émissaire au major
Dominik pour lui annoncer sa reddition. Il se rendit quelques heures plus tard
avec 200 guerriers qui lui étaient restés fidèles.
Comme preuve de sa soumission, Dominik lui imposa la
construction par ses gens la route de Doumé qui traverse son territoire,
de fournir 100 travailleurs de force par an, et de couvrir les frais de la
campagne du pays omvang qui s'élevait à 10 grandes
défenses d'ivoire.
L'arrestation de Nkal Mentsouga marquait la fin de la
résistance et la soumission du pays Omvang. Bien sûr cette
résistance continua de manière passive jusqu'en 1910. Par
ailleurs, cette résistance ne va pas permettre une administration et une
exploitation efficiente du pays Omvang.
2. Administration, mise en valeur et exploitation
économique
du pays Omvang
Le territoire Omvang de Nkal Mentsouga appartenait à
la circonscription administrative de Doumé (Dume Station) où
étaient installés le poste militaire.
La station de Doumé avait été
crée en 1906 à l'endroit où la rivière
Doumé, large de plusieurs mètres, commence à être
navigable. Elle avait été édifiée par le lieutenant
Kirch avec l'aide des Maka pacifiés dans un premier temps ; et plus
tard, avec les travailleurs de force. Avec sa création, les Allemands
affirment que ce fut le pas en avant le plus remarquable qui fut fait sur la
voie du développement et de l'exploitation de l'Est- Cameroun. En effet,
comme écrit le major Dominik :
Cette région avec ses riches reserves en caoutchouc est
actuellement au centre des parties productives de la colonie162(*).
Bien que les raisons économiques paraissent
fondamentales dans la création de la station de Doumé, il ne
faudrait pas perdre de vue les intérêts militaires et :
Le besoin d'établir une administration permanente dans
la région pour le pays, des européens et des
indigènes163(*).
Pour aller de la station de Yaoundé à celle de
Doumé, le Nyong constituait la voie commerciale par excellence vers le
centre du caoutchouc de l'Est-Cameroun. La route menait en deux jours
d'Abong-Mbang, le terminus de la portion navigable du Nyong à la station
sur le Doumé. L'autre route, la plus proche et la plus septentrionale
par Nguélémendouka et par le pays Yebekolo allait prendre de plus
en plus d'importance. Le pays Omvang qui jouxte la région de
Doumé allait constituer le principal foyer de main d'oeuvre et
même le grenier de la station. Les travailleurs Omvang étaient
envoyés à Lomié dans la Sud-Est de la circonscription
où la population est très faible pour la construction des routes
et les aménagements divers ; la plupart était occupée
à l'édification de la station de Doumé achevée en
1911. Ils furent également utilisés pour construire la route
Nguélemendouka-Doumé et celle qui va vers Yaoundé jusqu'en
pays Yebekolo.
Malgré la soumission des Omvang et la participation
active de lsa population aux travaux de mise en valeur de la région, le
district de Doumé, et partant, le pays Omvang, n'était pas encore
définitivement soumis et ne le fut d'ailleurs jamais. C'est ce qui fait
dire au major Dominik en 1910 dans un rapport adressé au gouvernement
impérial que la région appartenant au district de Doumé
n'était pas encore mûre pour une administration, car elle
n'était pas encore définitivement soumise164(*). C'est pour cette raison que
jusqu'au départ officiel des Allemands en 1916, cette région ne
sera administrée que par des militaires.
Pour ce qui est de la mise en valeur du pays omvang, il faut
tout d'abord signaler que les principales infrastructures dont vont
bénéficier les Omvang sont constituées de routes qui vont
traverser et desservir toute la région. Une large route de communication
entre la station de Doumé et Yaoundé par
Nguélémendouka a été construite ; sur le plan
sanitaire, un centre accueillant des blessés est installé
à Nguélémendouka sous la direction d'un
médecin : le professeur Haberer. Les Allemands n'ont pas
créé de plantations dans la région. Ils se
bornèrent à tout simplement faire saigner le latex par les
populations moyennant une petite récompense aux chefs. Les populations
étaient encouragées également à fabriquer de
l'huile de palme et à casser les palmistes. La région regorge en
effet de grandes réserves de caoutchouc et de palmiers à huile.
Toute cette production était acheminée à Deng-Deng,
près de Bertoua où s'étaient installées la plupart
des firmes Allemandes.
L'exploitation du pays omvang par les Allemands n'a
été possible que grâce à la politique de
cantonnement qu'ils mirent sur pied. En effet, les populations qui vivaient ici
dispersées dans la forêt étaient ramenées de force
le long des routes. C'est de cette façon que le village Mbama où
se trouve le poste de Doumé, fut créé. Mais ici, le
cantonnement fut à grande échelle. En effet les populations
venaient de tout le district en vue de créer un grand village autour du
poste. Les populations maka et omvang de la région seront
déportées à Mbama (Doumé) par l'un des hommes de
main des Allemands le chef Amougou Tsie Mekouogou un Maka Ebessep qui
sillonnait la région avec des guerriers en arme. Grâce à sa
collaboration avec l'administration allemande, il était devenu
très influent avait vu et son pouvoir s'accroitre.
Les rapports entre l'administration coloniale, les
populations Maka et surtout Nkal Mentsouga vont très vite se
détériorer à cause des nombreuses exactions dont ceux-ci
étaient victimes. Ces exactions allaient provoquer l'insurrection de
1910 contre l'administration allemande.
3. L'insurrection Maka de 1910
L'insurrection de 1910 concerne tout le district de
Doumé dont la majeure partie de la population est Maka et dont fait
partie de la population du pays Omvang. Les causes de cette insurrection sont
diverses et les conséquences multiples.
Les causes
Les causes de l'insurrection du district de Doumé sont
diverses et controversées. Pour la capitaine Marschiner cité par
le major Dominik, les motifs propres à l'insurrection sont la
construction de la digue à Abong-Mbang ou la mortalité suite
à la construction du chemin de fer comme le gouvernement impérial
croît pouvoir le supposer d'après son ordonnance du 2-6 N°
696165(*). Selon le
major Dominik, ces épisodes ont aussi agité et aigri de nombreux
Maka, les motifs les plus profonds pour l'agitation dans tout le district de
DOUME sont les suivants :
Le district n'a encore jamais été soumis
définitivement et ne fut jamais véritablement entre les mains du
poste...... 166(*).
Les Maka combattaient régulièrement contre
l'armée coloniale allemande dont ils n'avaient jamais admis la
domination. Ils n'ont jamais toléré la présence des
commerçants et des colporteurs qui entreprenaient des négoces.
Pire encore, ils n'avaient jamais apprécié le travail
forcé. Pour des gens en qui sommeille l'esprit de liberté, la
présence répétée des patrouilles était
calvaire. Toutes les populations de la région étaient
convoquées par la poste de Doumé. Au début elles venaient
encore de bon gré au travail sous l'effet des combats où ils ont
été soumis et par l'influence de l'autorité des officiers
allemands, comme le capitaine Scheuneman. Mais plus tard, il fallait aller les
faire chercher ou rechercher sans cesse par des patrouilles :
Ces patrouilles se sont fait haïr
énormément comme le premier lieutenant Schipper.... Et leur
utilisation fut aussi une des raisons principales à l'origine de
l'insurrection... 167(*).
Au Nord du Sunnanga168(*), Warschener, et le chef de la station vont
échapper à la mort successivement à Issousala169(*) et sur la route Elany-Etoa
bogo170(*). Un policier
de Linga, lui aussi est attaqué à Issousala et à Mimbang,
informa Warschener que le chef Nkal Mentsouga avait ordonné à ses
sujets de tuer tous les soldats, parce que ceux-ci voulaient les conduire dans
les camps de travail où ils iraient mourir de travail et
d'inanition171(*).
Le rapport du 26 avril 1906 du capitaine faisait remarquer au
gouverneur que toute la région était déjà en
état de soulèvement172(*).
Manifestations et conséquences
C'est dans cette atmosphère très tendue qu'un
employé de la firme John Holt et Compagnie, Arnold Bretscheneider,
envoyé le 9 mai 1910 dans la zone troublée pour
récupérer les travailleurs, fut abattu. Trois porteurs seulement
de son équipe purent échapper à la mort. Les colis de
viande furent distribués aux villageois dans différentes
localités173(*).
Comme nous l'avons maintes fois signalé, le district de
Doumé est constitué en majorité de Maka. Les Allemands
pensent que le chef Nkal Mentsouga aurait joué un rôle capital
dans le déclenchement de la rébellion. Celui-ci se serait
habilement servi des motifs de rébellion de chacun de ses féaux
Maka, résultant du désir de liberté contre le surtravail
et de la haine contre les soldats, pour en faire le motif principal de
l'insurrection générale.
Les Omvang avaient soumis tous les Maka de leurs
environs ; ils exerçaient par conséquent une grande
influence sur eux. Ceux-ci sont devenus indépendants avec l'aide du
poste de Doumé. Les Omvang se sentent alors offensés du fait que
les Maka étaient désormais mis au même pied
d'égalité qu'eux avec l'arrivée des Européens.
Ainsi, ils auraient voulu rétablir leur pouvoir, c'est pourquoi ils
avaient rassemblé tous les chefs Maka qu'ils connaissaient, et leur
auraient dit :
Tuez tous les blancs et les soldats, alors vous n'aurez plus
besoin de travailler, de payer les impôts et aucun soldat ne vous
maltraitera plus174(*).
Les Maka l'ont fait dans la mesure où cela leur
était possible, et le pays se trouva en état de
rébellion.
L'insurrection de 1910 se manifesta par une
désobéissance généralisée de la part des
populations, vis-à-vis de l'autorité coloniale, par l'assassinat
de commerçants blancs et de soldats. Le premier blanc assassiné
fut le commerçant Arnold Bretscheneider 175(*), probablement dans le
village de Sallé entre Doumé et Nguélémendouka,
village que commandait le chef Omvang Tole Nguélé fils de Nkal
Mentsouga. L'autre assassinat fut celui du commerçant
Hinrichsen176(*) le 27
décembre dans le secteur de Ndjong-Kol177(*).
Déjà, peu après l'annonce de
l'assassinat de Arnold Bretscheneider, le chef de circonscription Hauptman
expédiait le 17 mai, l'adjudant adjoint Sussiek sur les lieux du crime
avec 30 soldats. Lui-même quitta Ngamba après avoir bloqué
la route de Doumé-Ndengué pour se rendre à la station
où il arriva le 20 mai. Conformément au télégramme
qui lui était parvenu, il se porta le jour suivant dans la zone
d'insurrection en compagnie d'une puissante armée. La colonne de Rosener
qui avait pris la direction de Sangama et d'Ebah178(*), essuya des tirs à
plusieurs reprises à partir de ce dernier village. Lorsque la jonction
s'opéra, il retourna à Ngamba et envoya les Ngassé
renforcer la colonne de Sussiek. Celui-ci avait déjà eu un mort
et 16 blessés dans sa suite179(*). Le soir, Sussiek arriva au camp avec Nkal Mentsouga
pour qu'ensemble avec d'autres chefs, fassent partir les Européens de
leur région. Nkal Mentsouga fit accord, offrit son aide et ses
cartouches. Le lendemain, il devrait se rendre dans son village et attaquer
tous les ennemis qui emprunteraient la route reliant Doumé à son
fief. Dans la nuit, Sussiek apprit que le plan de Nkal Mentsouga n'était
qu'une trahison. Il retira, par conséquent des hommes de Nkal Mentsouga,
46 fusils ; ensuite, il se présenta ainsi que sa section et les
autres chefs qui l'accompagnaient à Hauptman. L'interrogatoire auquel
celui-ci procéda immédiatement révéla qu'à
la suite d'une réquisition d'ouvriers entreprise par la circonscription,
et surtout à cause de nombreux morts enregistrés au moment de la
construction du pont d'Abong-Mbang, et du fait l'insécurité
provoquée dans la région, 50 chefs Maka commandés par Nkal
Mentsouga s'étaient réunis et avaient préparé une
conspiration destinée à tuer tous les Européens et tous
les soldats installés à Doumé. Il était dès
lors prouvé que Nkal Mentsouga faisait partie de cette conspiration
contre les Européens180(*).
Suite à ces révélations et face à
cette situation, l'administration allemande réagit par des mesures
draconiennes vis-à-vis des «indigènes ». Des
expéditions punitives étaient organisées et les
populations décimées comme le témoignent les dizaines de
squelettes découverts par des paysans sur les bords du Nyong à
Konaké181(*) et
que nous avons examiné chez les Maka du Sud. De nombreux chefs
considérés comme responsables de l'insurrection furent
arrêtés et condamnés selon la loi martiale. Le vieux Nkal
Mentsouga n'échappa pas à ce destin. Arrêté, il fut
pendu publiquement devant la station de Doumé avec Okang, Ngoen, Bobele,
Bonanga, Aulemaku et bien d'autres.
Le bilan de l'insurrection fut lourd pour les autochtones. De
nombreuses populations furent décimées, les mesures de police
furent renforcées. Pour ce qui est des pertes allemandes, le major
Dominik écrit :
Les pourcentages des pertes de la compagnie sont si
élevés que j'ai dû me résoudre, malgré les
hésitations que le gouvernement fédéral a fait
connaître à employer des guerriers de secours des tribus.
Marschner avait tout d'abord refusé le recrutement d'auxiliaires. Mais,
il a reconnu à juste titre qu'on ne peut pas du tout opérer sans
eux, vu l'état du pays où se joue la guerre182(*).
La colonisation allemande prit fin avec la guerre de
1914-1918. Malgré la répression exercée à son
encontre la population ne fut jamais totalement soumise.
CHAPITRE 4 : IMPACT DE LA COLONISATION ALLEMANDE
SUR LE
TERRITOIRE DES OMVANG
La colonisation du pays omvang fut courte. Cependant, Nkal
Mentsouga et son peuple connurent leur anéantissement, leur perte de
prestige et leur dépendance culturelle et linguistique vis-à-vis
de leurs voisins. Elle eut plusieurs répercussions notamment sur les
domaines politique, économique et socio-culturel.
A. SUR LE PLAN POLITIQUE
La pénétration en territoire Omvang du chef Nkal
Mentsouga a entraîné le bouleversement de l'institution politique
traditionnelle, posant les problèmes de commandement du pays Omvang.
1. Les problèmes de commandement du pays
omvang
Le pays Omvang devenu chefferie Omvang sous l'occupation
allemande, et rattaché à la station de Doumé va
connaître de nombreux problèmes sociopolitiques. Depuis la mort de
Nkal Mentsouga survenue en 1912, la chefferie menace de se
désagréger. Au commandement unique que celui-ci s'exerçait
sur les Omvang de son vivant, les capita essayèrent de se constituer des
commandements autonomes, indépendants ; et bien entendu cela ne se
fit pas sans luttes. Son successeur Nanga Nguélé avait
tenté de consolider l'unité du groupement mais sans grand
succès. A ce propos le lieutenant Desanti écrit :
Le successeur de Nkal Mentsouga fut pour le village principal
le chef Nanga Nguélé que nous trouvâmes en fonction au
moment où nous occupâmes le pays. Bien que n'étant pas
doué d'une très grande énergie, Nanga avait cependant une
autorité sur son groupement. Lui-même mourut de la maladie du
sommeil en 1918183(*).
Et de renchérir :
A son jeune frère Etoboko, jeune homme insouciant et
ivrogne, uniquement préoccupé de femmes revenait le commandement
du groupement184(*).
Il fut le premier artisan de la dislocation de son
commandement. En effet lui-même quitta les villages principaux pour
s'installer à part avec ses nombreuses femmes, quelques parents et amis.
La rentrée de l'impôt cessa et il fallut pour l'assurer que
l'administration allemande (puis française) organise des équipes
de récolteurs de palmistes, d'huile de palme et de caoutchouc sous la
surveillance directe de tirailleurs. Etoboko fut puni disciplinairement mais ne
se corrigea guère. Au mois de mars 1916, il n'avait pas encore
payé un sou de son impôt, et le chef de circonscription
arrivé dans le groupement Omvang constata que l'anarchie la plus
complète y régnait.
Dès lors le remplacement d'Etoboko, s'imposait mais
n'y avait aucun enthousiasme pour assurer un commandement beaucoup trop lourd
pour eux. Aucune autre famille ne pouvait s'imposer aux habitants assez
frondeuse. Après quelques réunions sans succès avec des
notables, le chef de circonscription nomma chef du groupement Omvang, un
certain M'vom, cousin de feu Nanga, qui commandait déjà un
village situé à trois heures du village principal
(Nguélémendouka). Ce dernier vint s'y installer à sa
résidence. Avec plus de deux cent hommes, il entreprit de construire des
cases que viendraient habiter de nombreuses populations
disséminées dans la brousse du fait de la guerre, et par la
suite, de la mort de l'ex-chef Nanga. Etoboko fut amené à
Doumé pour comparaître devant le tribunal de la circonscription au
motif que sa conduite entravait le recensement et la perception de
l'impôt. Il fut condamné à une peine d'emprisonnement.
A la fin du mois de mars 1919, le chef de la circonscription
de Doumé, le lieutenant Desanti pouvait affirmer :
Qu'enfin, la reconstruction du groupement de
Nguélémendouka est en bonne voie. Peut-être ce serait
là le premier pas vers la constitution d'un fort commandement
Omvang185(*).
Mais c'était aller très vite en besogne car il
fallait compter avec les difficultés liées à la politique
de cantonnement, et au laxisme du peuple. Car, ici il ne suffit pas de donner
des ordres, mais il faut surveiller leur exécution. Pour ce faire, il
faut sillonner régulièrement le pays, exercer une pression
permanente pour obliger les indigènes au travail, sinon c'est
prêcher dans le désert. Ils répondent toujours oui à
toutes les questions du `' Blanc `', se mettent au travail
aussitôt puis abandonnent dès que celui-ci est hors de leur vue.
Toutes ces attitudes peuvent être comprises
lorsqu'on sait que l'Omvang tout comme le Maka sont des peuples libertaires
et n'ont jamais accepté de quelque manière que ce soit toute
forme d'autorité. Nous pouvons également ajouter que la notion
de travail n'est pas perçue de la même manière entre
l'indigène et le colon blanc. Ici les gens ne sentent pas le besoin de
beaucoup travailler car ils ont toujours vécu en harmonie avec leur
milieu, l'exploitant a leur manière. L'homme blanc lui arrive avec une
autre notion du développement et surtout une exploitation abusive de ce
milieu en utilisant l'indigène comme main d'oeuvre. Ce sont là
autant d'éléments qui justifient la paresse constatée chez
les indigènes.
Le commandement du groupement Omvang ne retrouva pas de
stabilité avec le chef M'vom, celui-ci manquait de
légitimité et d'autorité, il devait en outre faire face
à de nombreuses difficultés et même parfois il sera oblige
de mentir aux autorités coloniales. De nombreuses personnes demeuraient
toujours en brousse. Le nouveau chef de circonscription, le capitaine Debost
allait lui adjoindre cinq tirailleurs chargés de le surveiller et
même de lui donner des ordres. Une fois même, il va payer
l'impôt de tous ses sujets vivant toujours en brousse ; ce fut
aussi le cas du chef Amougou, près de Doumé, qui dû payer
l'impôt de cinquante personnes qu'il n'avait pas pu ramené au
village. C'est ce qui va justifier l'attitude des chefs vis-à-vis de
leurs administrés. Ils seront sans pitié pour ces derniers et ils
trahiront régulièrement leurs sujets auprès des
tirailleurs et des `' Blancs `'186(*).
M'vom sera destitué plus tard et exilé à
Batouri chez Damboura, chef supérieur des Kaka187(*). Il fut remplacé par
Nguélé Kamba la même année. Nguélé
Kamba dû sa place que grâce au désistement de ses deux
neveux Oundi Bilounga et Oundi Nguélé tous deux chefs de
village.
Jusqu'en 1916, fin de la colonisation allemande, le
commandement de la chefferie Omvang restait difficile. Les chefs devaient
fournir plusieurs charges en termes de vivres, ces charges devaient être
acheminées sur Doumé (chef lieu de la circonscription) pour le
ravitaillement des travailleurs de force et des fonctionnaires. Ce qui ne fut
pas toujours fait car les chefs Omvang étaient peu scrupuleux et
trouvaient toujours de parades pour ne pas exécuter les ordres de
l'administration. Oundi Nguélé, successeur de son oncle
Nguélé Kamba allait s'illustrer lui aussi par un laxisme
chronique vis-à-vis de l'administration coloniale. Il allait cependant
reconstruire le village principal. Le rapport du chef de la circonscription
d'Abong-Mbang adressé au commissaire de la République
stigmatisait déjà la nullité du chef supérieur
Oundi Nguélé et souhaitait sa destitution
éventuelle188(*).
Celui-ci fut destitué plus tard et remplacé par Dang
Nguélé qui allait vivre la période de la colonisation
française et de la deuxième guerre mondiale.
Entre autres impacts après la mort de Nkal Mentsouga,
sa chefferie devenue le groupement Omvang, connaît un problème
d'exode de ses sujets : cet exode était due à la
proximité des circonscriptions de Nanga-Eboko et d'Akonolinga. Ces deux
régions exerçaient,en effet, un attrait irrésistible sur
ses populations car elles étaient plus développées et
constituaient les plus grands centres commerciaux de la région. Ainsi
cette mobilité perturbait les recensements, la collecte de l'impôt
et le recrutement des travailleurs de force.
D'une manière générale, l'administration
et le commandement du pays Omvang n'était pas chose aisée tant
les populations imbues d'elles-mêmes étaient réfractaires
à toute forme d'autorité. Cependant la mise en valeur et
l'exploitation du pays Omvang allait s'effectuer malgré toutes ces
inhibitions.
Si la colonie représentait pour la métropole un
`'bien `', le `'règne de la paix'' était une exigence pour
l'exploitation des richesses189(*).
2. Les Omvang et la première guerre mondiale ou
le prélude
de l'occupation française
La première Guerre Mondiale est
déclenchée à l'Est-Cameroun le 5 juillet 1915190(*). Sous la conduite du
général Aymerich et des colonels Hutin et Morisson, les troupes
franco-belges venues de l'A.E.F190(*) , s'engagent à Moloudou, Yokadouma,
Batouri et Bertoua qui tombent le 22 juillet 1915. Après une
sérieuse résistance d'environ huit mois, la station de
Doumé est abandonnée et livrée aux flammes en 1916.
Lomié est également abandonnée et livrée aux
flammes. Toutes les troupes allemandes, se replièrent alors en pays
Omvang. C'est alors qu'elles tentèrent une contre-offensive pleine
d'audace autour de Nguélémendouka. Des combats indécis
retardèrent deux mois durant la marche des troupes alliées. Une
offensive générale menée par le Général
Aymerich est lancée le 16 octobre. Tout le pays Omvang est sous le
contrôle allié et le 24 novembre, Nanga-Eboko tombe.
Au cours des hostilités et pendant les années
d'occupation militaire, les `'indigènes'' (Maka et Omvang)
furent mis à rude épreuve. La loyautés et le soutien
furent exigés de l'un ou de l'autre belligérant occupant le
terrain. Les autorités traditionnelles, les chefs de villages et chefs
de familles furent sommés de fournir conscrits et porteurs. Elles
devaient également payer une contribution financière, livrer des
vivres et du bétail pour la troupe.
Des chefs locaux s'engageaient dans l'une ou l'autre
armée, offrant leurs services comme guides et tirailleurs. Les
Allemands auraient recruté beaucoup de Maka comme soldats. Par contre
bon nombre de chefs et de fils d'anciens leaders prestigieux Omvang pendus ou
fusillés durant l'occupation allemande profitèrent de l'occasion
pour se venger. Ainsi ils s'engagèrent dans l'armée
française.
En dehors de l'effort de guerre considérable, les
populations souffrirent énormément des exactions commises par les
deux armées combattantes pendant l'occupation. Les vivres furent
réquisitionnés, les greniers pillés et les plantations
dévastées. Dans la retraite les Allemands mettaient le feu aux
villages et aux hameaux. Dans la forêt des mutineries de tirailleurs
étaient légions. Des patrouilles menaçaient des
populations, de nombreuses exactions étaient commises... La
cruauté des tirailleurs était grande ; le vol, le viol, les
assassinats étaient leurs loisirs favoris. De nombreuses familles furent
décimées. En conséquence les gens s `enfuirent dans
la forêts et les marécages pour trouver la
sécurité191(*). Là, ils reprirent leur mode de vie
traditionnel. On enregistra des règlements de compte entre anciennes
familles ennemis et des actes de cannibalisme chez les populations... Autant de
pratiques que l'administration allemande s'était efforcée
d'éradiquer avec quelques succès192(*).
Ainsi quand les Français prirent possession du
Cameroun allemand au terme de la victoire des alliés sur l'Allemagne en
1918, ils trouvèrent devant eux un pays Omvang ravagé par la
guerre, désorganisé et socialement déliquescent. Ce fut
donc sous l'impulsion du gouverneur des colonies Fourneau que le pouvoir
colonial français prit pied dans le territoire de l'Est Cameroun pour
près de 45 ans.
B. SUR LE PLAN ECONOMIQUE
Le but de la colonisation allemande était d'exploiter
la colonie au détriment des colonisés193(*). C'est dans cette optique
que les autorités allemandes installées dans la circonscription
de Doumé vont s'atteler à exploiter systématiquement les
richesses de la région de Nkal Mentsouga.
Dans les multiples objectifs de la pénétration
allemande dans l'arrière pays, figurait donc en bonne partie
l'inventaire des ressources économiques et humaines. Il fallait en effet
inventorier les ressources humaines à l'intérieur de la
région de Nguélémendouka en vue du recrutement
ultérieur des travailleurs et des porteurs pour l'exploitation et la
mise en valeur de cette région et de la station de Doumé.
1. Exploitation et mise en valeur de la région
de Nkal Mentsouga
Le territoire de NKAL MENTSOUGA qui jouxte la région de
Doumé va constituer le principal foyer de main d'oeuvre et même le
recevoir de la station. NKAL MENTSOUGA et son peuple vont participer activement
aux travaux de mise en valeur de la région, notamment la construction de
la route Doumé-Yaoundé par Nguélémendouka ; le
saignement du latex à Nguélémendouka moyennant une
récompense aux chefs ; la fabrication de l'huile de palme et le
broyage des palmistes. Ils vont exploiter le caoutchouc et les palmiers
à huile.
Cependant, l'exode massif des Omvang par la contrainte
précipitait la désorganisation économique de la
région. Car, ce phénomène engendrait comme partout
ailleurs pendant la colonisation, l'absence prolongée ou
définitive de l'homme de son foyer, laissant les champs en friche,
compromettant les semences et les récoltes, exposant les populations
à la famine194(*).
Le plan sanitaire n'était pas en reste. Un centre
médical dirigé par le professeur Haberer était crée
à Nguélémendouka.
2. La Politique de cantonnement
Pour une meilleure exploitation du pays Omvang et un
contrôle effectif de la population, les autorités allemandes
mirent sur pied la politique de cantonnement. Les populations Omvang de
Nguélémendouka étaient regroupées de force le long
des routes pour constituer des petits villages. Il faut le noter, le
cantonnement fut à grande échelle et a permis la création
de grands villages tels Ouldik, Ebah, Mpet, Akossa, Miambo, Azomekout et
Nguélémendouka pour ne citer que ceux-ci. Cependant, la
mentalité des populations locales n'était pas favorable pour une
administration décente.
C. SUR LE PLAN SOCIOCULTUREL
1. Les pertes humaines, matérielles
considérables et
les déportations des
populations.
La résistance de Nkal Mentsouga eut des effets
nombreux. Face à la résistance, l'administration allemande prit
des mesures draconiennes et fut sans pitié pour Nkal Mentsouga et son
peuple. Des purges et des expéditions punitives furent
organisées. Les populations furent décimées comme le
témoignage des dizaines de squelettes découverts par les paysans
sur les bords du Nyong à Konake195(*). Des chefs considérés comme
responsables de l'insurrection furent arrêtés et fait prisonniers
selon la loi martiale.196(*)
Le 22 décembre 1907, toute la région de Nkal
Mentsouga est anéantie. Les pertes humaines subies par Nkal Mentsouga
furent considérables. Destruction des habitations, des récoltes
et du bétail. Ces représailles entraînèrent la
famine générale en territoire Omvang197(*).
2. La soumission des Omvang de NKAL
MENTSOUGA
Au cours des hostilités et pendant les années de
colonisation allemande, Nkal Mentsouga furent mis à rude épreuve.
Sa loyauté et son soutien furent exigés. Il fut sommé de
fournir conscrits et porteurs. Son peuple et lui devaient également
payer des contributions.
Comme preuve de soumission, le major Dominik exigea du vaincu
de faire construire par ses gens la route de Doumé qui traverse son
territoire, de fournir 100 travailleurs de force pour l'an et de couvrir les
frais de la campagne du pays Omvang en payant 10 grandes défenses
d'ivoire.198(*) Ce qui
fut strictement exécuté par Nkal Mentsouga. L'arrestation de Nkal
Mentsouga marquait ainsi la fin de la résistance et la soumission du
pays Omvang.
Il apparaît donc que les Allemands avaient
effectué des prises d'hommes par la contrainte pour leurs travaux. Les
centaines de jeunes quittèrent leur région par la force pour
aller travailler sur les chantiers de constructions du chemin de fer, des
routes et à l'exploitation des plantations de caoutchouc et des mines.
Ces déportations furent pour beaucoup dans la désorganisation de
l'économie Omvang.
3. La perte de l'autorité et de leur
identité linguistique et culturelle de
NKAL MENTSOUGA et ses Omvang
Depuis leur départ de chez les Yebekolo, le peuple
Omvang à perdu sa langue et parle actuellement des dialectes qui sont
ceux des peuples qu'ils côtoient.
Le peuple Omvang est devenu linguistiquement et culturellement
dépendant de ses voisins, ce qui implique une perte totale de son
identité et la difficulté de lui attribuer une appartenance.
Egalement le séjour de Nkal Mentsouga à Yaoundé et le
comportement de ses frères à son retour témoignent de
cette perte de prestige et d'autorité de celui-ci sur ses voisins.
En outre, l'arrivée de la colonisation allemande dans
le pays a entraîné l'arrêt des mouvements migratoires
à l'intérieur du pays199(*) en général et dans cette
région, en particulier prit fin. Les différentes tribus furent
obligées de se fixer là où la colonisation les avaient
trouvé.
En fin de compte, Nkal Mentsouga et les Omvang avaient certes
vaincu les Maka mais ce ne fut qu'une victoire à la pyrrhus. Car, avec
le soutien du colon allemand qui voulait mettre fin à
l'hégémonie de Nkal Mentsouga et de son peuple dans la
région ; Les Omvang de Nguélémlendouka furent vaincus
linguistiquement et culturellement et pour toujours par leurs voisins.
CONCLUSION GENERALE
Au terme de ce modeste travail de recherche historique, la
question qui nous vient à l'esprit est de savoir si avons-nous atteint
l'objectif que nous étions fixés au départ à
savoir, de reconstituer cette histoire ?
Cette étude a été soutenue et
guidée par un certain un nombre d'idées. La première
posait la problématique des origines et des modalités de
contrôle du nouvel espace conquis par Nkal Seleg et Nkal Mentsouga et les
Omvang. La seconde se penchait sur celui non moins important de l'organisation
socio-politique, assez originale dans un cadre lignager où les Omvang
s'étaient s'organiser en un état centralisé. Il ressort
que le peuple Omvang a connu une organisation politique, économique,
socio-culturelle favorable pour son rayonnement. Un mode de
société hiérarchisée où chaque membre de la
famille avait une place précise et jouait un rôle défini.
Le respect mutuel et la solidarité étaient des normes qui
régissaient la famille omvang (Sikonda et Ngomeya)
Ce respect mutuel et cette solidarité avaient permis
aux Omvang de vaincre leurs voisins ; et de devenir les nouveaux
maîtres du nouvel espace. Toute cette hégémonie Omvang a le
mérite d'être reconnue à deux grands conquérants,
Nkal Seleg qui a fasciné son fils, Nkal Mentsouga devenu son successeur.
Nkal Mentsouga, personnage central de ce travail s'est illustré comme
l'un des grands résistants à la colonisation allemande.
Après sa pendaison en 1912, les choix portés
par les Allemands sur ses descendants, n'avaient nullement favorisé le
redressement de cette localité qui porte le nom de son fondateur. Ces
choix avaient plutôt conduit vers une montée des antagonismes et
des discordances entre peuples Omvang (Sekonda et Ngonmeya) et leur
acculturation linguistique et culturelle par leurs voisins.
La colonisation allemande a largement affecté Nkal
Mentsouga et son peuple sur tous les plans dans un espace de temps très
court. Les confrontations et les déportations des populations Omvang ont
contribué au dépeuplement de la région, à la perte
de leur prestige, à la pendaison de leur chef et à sa perte de
prestance dans la cour du chef Charles Atangana, avec humiliation et
mépris. Cependant, la pénétration allemande a
entraîné la stabilité de la région mettant fin aux
différentes migrations, aux différentes escarmouches entre des
peuples et sonnant ainsi le glas à la désorganisation de la
chefferie Omvang qui aura régné une cinquantaine
d'années.
ANNEXES
SOURCES ET REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
I. Les sources primaires
A. Les sources orales
1- Interviews
Informateurs
|
Ages
|
Statut social
|
Ethnie
|
Lieu de l'entretien
|
Date de l'entretien
|
Ava Nguele Marc Aurèle
|
66 ans
|
Maire de la CR de Mboma
|
Maka Mbwanz
|
Mboma
|
26/12/2004
|
Dang Dieudonné
|
53 ans
|
Notable, 2ème Adjoint CR
Nguélémendouka
|
Omvang Ngomeya
|
Ngouong
|
05/01/2005
|
Djeng Edou Mathurin
|
62 ans
|
Chef 3ème degré quartier Zapi
Nguélémendouka
|
Omvang Sekonda
|
Nguélémendouka quartier Zapi
|
03/01/2005
|
Ekanga Hilaire
|
76 ans
|
Notable
|
Maka Ebessep
|
Samba
|
23/11/2004
|
Engamba Elang Albert
|
70 ans
|
Petit fils de Nkal Mentsouga et Maire de CR
|
Omvang sekonda
|
Nguélémendouka
|
23/12/2004
|
Fouba Nguele Françoise
|
87 ans
|
Fille du Chef Nkal Miague, belle fille de Nkal Mentsouga
|
Omvang Sekonda
|
Nguélémendouka
|
28/12/2004
|
Mbeng Gilbert
|
73 ans
|
Chef 3ème degre du village Ngouong
|
Omvang Ngomeyap
|
Ngouong
|
29/12/2004
|
Mekok Pierre
|
63 ans
|
Ancien conseiller municipal-Notable
|
Omvang Sekonda
|
Nguélémendouka
|
26/12/2004
|
Ndi Cosmax
|
81 ans
|
Notable
|
Omvang Ngomeyap
|
Nguélémendouka
|
29/12/2004
|
Ngono Anne
|
127 ans
|
Veuve de Nkal Miague du village Koumbou
Ménagère
|
Omvang Ngomeyap
|
Nguélémendouka
|
28/12/2004
|
Nguele Jean
|
109 ans
|
Porteur du Chef Nkal Mentsouga
|
Maka Ebessep
|
Samba
|
23/11/2004
|
Ze Nguélé René
|
|
Chef Supérieur des Omvang
|
Omvang Sekonda
|
Yaoundé
|
25/01/2005
|
Zeh Gilbert
|
84 ans
|
Petit de Nkal Mentsouga -Notable
|
Omvang sékonda
|
Nguélémendouka
|
26/12/2004
|
Zok Dang Rigobert
|
68 ans
|
Ancien Inspecteur pédagogique, petit fils de Nkal
Mentsouga
|
Omvang sekonda
|
Nguélémendouka
|
|
2.Cassette audio
C'est une cassette enregistrée lors du festival
culturel Omvang tenu à Namedjap par Nguélémendouka du 20
au 23 juillet 1988. Nous en avons exploité pour restituer l'histoire du
processus migratoire des Omvang. Y ressorte les témoignages du `'vieux
BEYEM'' d'Esseng et du patriarche EKONGOLO du village Mbeka'a par Ayos.
B. Documents d'archives
- Les Archives Nationales de Yaoundé (ANY).
- Archives de la Sous Préfecture de
Nguélémendouka.
TA 29, Rapport allemand relatif à la
soumission des Maka en 1906.
TA 12, Rapport de Hans Dominik 1910, Dossier 1040
° 94-107
Rapports de tournées effectuées par les
administrateurs français
dans la circonscription de Doumé
(Haut-Nyong).
- APA 11317/C, Rapports de tournée, 1918-1927
- APA 10784/G, Rapports de tournée, 1932
II. Sources secondaires
A. Ouvrages
Ambrose M. et autres.,
|
Géographie du Cameroun, Yaoundé, CEPER,
1987.
|
Barral H et Franqueville N. A
Balandier G.,
|
Atlas du sud-est, Yaoundé, ORSTOM, 1970.
Sociologie actuelle de l'Afrique
Noire,Paris,PUF,1955
|
Beaud M.,
|
L'art de la thèse, Paris, Edition La
Découverte, 1985.
|
Breton R.,
|
Atlas administratif des langues nationales du
Cameroun, CREA, ISH MESIRES, 1987.
|
Cornevin R.,
|
Histoire de la colonisation allemande, Paris, PUF,
Que sais-je ? N°1331, 1969.
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Diop C.A.,
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Nations nègres et culture, 2°
édition, Paris, Présence Africaine, 1954.
|
Dione D. et Cissoko S.M.,
|
Histoire de l'Afrique, Paris, Présence
Africaine, 1973.
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Dioude L.,
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La tradition orale : problématique et
méthodologie des sources de l'histoire africaine, Nyamey,
UNESCO-CERDOTO, 1992.
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Dugast I.,
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Inventaire ethnique du sud Cameroun, I.F.A.N, centre
du Cameroun, série population, n°1, 1949.
|
Frangiere J.P.,
|
Comment réussir un mémoire ?,
Paris, Dunod- Bordas, 1986.
|
Geschiere P.,
|
Villages communities and the states : changing the
relations among the MAKA of south Heasthern Cameroon since the colonial
conquest, London, Keagan Paul, 1982.
Contribution de la recherche ethnologique à
l'histoire des civilisations du Cameroun, Paris, CNRS, 1984.
|
Gureau.,
|
Les populations de l'Afrique
Equatoriale,Paris,PUF,1912.
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Laburthe Tolra P.,
|
Les seigneurs de la forêt, essai sur le passé
historique, l'organisation sociale et les normes ethniques des anciens
béti du Cameroun, Paris, publication de la Sorbonne, 1981.
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Laya D.,
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La tradition orale, problématique et
méthodologie des sources de l'histoire africaine, Niamey,
CRDTO/UNESCO, 1972.
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vol 1, Paris, Nouveaux Horizons, 1970.
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Mbonji E.,
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Cette Afrique qui était Allemande, Paris, Jean
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Etude sur les territoires du Cameroun occupés par
les troupes françaises, thèse de Doctorat, Paris,
Emile Larousse, 1919.
Les cultures-vérité,Yaoundé,
édition Etoile, 2000.
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Etude sur le pays pahouin, Paris, PUF, 1936.
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Histoire du Cameroun, Tome 1, Yaoundé, CEPER,
1984.
Histoire du Cameroun, tome 2, Yaoundé, CEPER,
1985.
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Neba S.A.,
|
Géographie moderne de la République du
Cameroun, CAMDEM-USA, 2ème édition NEBA, 1987.
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Ngoh V. J.,
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Le Cameroun 1884-1985 : cent ans d'histoire.
Yaoundé, CEPER, 1990.
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|
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La dissertation historique en Afrique, Dakar/Paris,
les nouvelles éditions africaines/ présence africaines, 1980.
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-Rites et croyances des peuples
Maka,Paris,Lavoisier,1969.
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Le contrat social, Paris, Bordas, 1972.
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Imperialism, New Haven, Yale University Press, 1938.
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Tardits C.,
|
Contribution à la recherche ethnologique à
l'histoire des civilisations du Cameroun. Vol 2, Paris, éditions
CNRS, 1981.
|
2. Thèses et mémoires
Ango Mengue., `' l'Est-Cameroun :
une géographie du sous-peuplement et de la marginalité `',
thèse de Doctorat 3e cycle, Université de Bordeaux
III, 1982.
Ayek Mvomo M., ''Missions Chrétiennes
dans l'Arrondissement de Nguélémendouka de 1928-1990 `',
mémoire de DIPES II, Université de Yaoundé I, 1996.
Bateranzico L., `' Monographie
historique des Maka de l'Est Cameroun des origines à 1900 `',
mémoire de maîtrise, Université de Yaoundé,
1987.
Eloundou E.D., `'Contribution des
populations du Sud-Cameroun à l'hégémonie
allemande `' thèse de Doctorat 3e cycle,
Université de Bordeaux III, 1983.
Gomsu J.,
|
`' Colonisation et organisation sociale. Les chefs
traditionnels du sud Cameroun pendant la période coloniale allemande
(1884-1914) `' , thèse de Doctorat 3e cycle, SAARBRUKEN,
1982.
|
- Nguele S., `' L'organisation sociopolitique
des sociétés MAKA de l'Est-Cameroun `', mémoire de
maîtrise en science politique, Université de Yaoundé,
1990.
3. Articles de revue d'études
Alexandre P., `' Protohistoire du groupe
Beti-Bulu-Fang, essai de synthèse provisoire `', in cahier
d'étude africaine, vol V, n°20, Paris, 1965.
Beauvilain A., `' Provinces et
départements au Cameroun `', in Revue de géographie du
Cameroun, Vol IV, n°2, Yaoundé, Université de
Yaoundé, 1985.
Bilongo B., `' Pahouins du Sud Cameroun.
Inventaire bibliographique `', Yaoundé, 1974.
Ombolo J. P., `' Eléments de base
pour une approche ethnologique et historique des Fang-beti-Bulu (groupe dit
Pahouin)'', Yaoundé Université de Yaoundé, 1984.
Owona A., `' La naissance du Cameroun
(1884-1914) `' in cahier d'études africaines 13, 1,1973.
Siret M., `' Monographie de la
région du Haut-Nyong, les pygmées, droit coutumier des
Maka `', Doumé/Abong-Mbang, 1946/1948.
- Journal de la Société des
africanistes, T4, fascicule 2, 1934.
- Etudes camerounaises, n°21-22, Yaoundé,
1948.
V. DICTIONNAIRES ET ENCYCLOPEDIES
- Dictionnaire de Langue Française. Encyclopédie
des noms propres, Paris, Hachette, 1986.
- Dubois M-M., Ed. Dictionnaire Français Anglais,
Nouvelle édition, Paris, Libraire Larousse, 1981.
ANNEXES
ANNEXE
I
AZ 93-Vol.7-923
F°163-166
Rapport du capitaine Dominik relatif à
l'expédition Yebekolo-Maka 1906.
ANNEXE
II
AZ 93-Vol.7-923
F°197-200
Rapport du Secrétaire du gouvernement
Mûhling du 19/5/1906.
ANNEXE
III
AZ 93-Vol.8-920
F°19-21
Rapport relatif à une tournée
effectuée dans la région Yebekolo par le Sergent Liebert du
22/10/06.
ANNEXE
IV
TA 166
Page 618.
Rapport du chef Freiher Von Stein Lausnitz
relatif à la soumission des Makas dans le Haut-Nyong, année
1907
ANNEXES II
AZ 93-Vol.7-923
F°197-200
Rapports du Secrétaire du gouvernement
Mûhling du 19/5/1906
* 1Léon Kaptue,
`'L'historiographie et enseignement de l'histoire au Cameroun Problème
et perspective'' en la recherche en histoire en Afrique centrale
francophone ; colloque international, Marseille, PUP, 1997, pp.332-334.
* 2 Ibid.
* 3 Association pour le
Développement du Grand Nguélémendouka, créée
depuis 1997.
* 4 Anta Diop Cheikh.,
Nations Nègres et culture, 2ème Ed. , Paris,
Présence africaine, 1954, p. 15.
* 5 Carte 1.
* 6 B. Bilongo., `'Les
pahouins du sud Cameroun : inventaire bibliographique : connaissance
des Fang, Ntoumou, Mvaé, Bulu, Beti (Eton, Mamguissa :
Mvëlë, Bënë et Ewaondo)'', Yaoundé, Ed.
Ronéo, 1974, p. 116.
J.P. Ombolo.., `' L'élément de base pour
une approche ethnologique historique des Fang-Beti-Bulu (groupe dit
pahouin) `', Yaoundé, 1983/1984, p.74.
* 7 E. Mveng., Histoire du
Cameroun, CEPER, Yaoundé, 1984, p.84.
* 8 V. J. Ngoh., Cameroun
1884-1985, Cent ans d'histoire, CEPER, Yaoundé, 1990, 310 p.
* 9M.A. Mvomo.,
`' Lesmissions chrétiennes dans l'arrondissement de
Nguélémendouka de 1928à 1991'', mémoire de DIPES
II, Université de Yaounde I, 1996, p. 9, 139 p.
* 10 E.D. Eloundou.,
`' Contribution des populations du Sud-Cameroun à
l'hégémonie allemande'', thèse de doctorat de
3ème cycle, Université de Bordeaux, 1984.
* 11 D. Laye., La
Tradition orale : Problématique et méthodologie des sources
de l'histoire africaine, Niamey, UNESCO-CERDOTO, 1972, préface de
Joseph Ki-Zerbo, p.7.
* 12 Ce sont les Beti et
Bulu qui furent utilisés pour évangéliser le pays maka
dans tout son ensemble. Les Omvang y compris.
* 13 L'arrondissement de
Nguélémendouka fut créé par la loi N°59/631 du
6 juillet 1959 et la commune rurale par l'arrêté N°59/68 du
27 novembre 1959.
* 14A.S. Neba.,
Géographie Moderne de la République du Cameroun,
2e édition NEBA, CAMDEM-USA, 1987, p. 68.
* 15R. Breton., Atlas
administratif des langues nationales du Cameroun, CREA. ISHMESIRES, 1987,
p. 67.
* 16 S. Ango
Mengue., `'L'Est-Cameroun, une géographie du sous-peuplement et de
la marginalité'', Thèse de Doctorat 3ème cycle
Université de Bordeaux III, 1983, pp. 8 - 10.
* 17 Marc Aurèle Ava
Nguélé, Administrateur municipal de la commune rurale de Mboma,
extrait de son discours du 20 décembre2004, lors de la tournée de
prise de contact de Monsieur le Gouverneur de la province de l'Est à
Nguélémendouka. Archives de la sous-préfecture de
Nguélémendouka.
* 18 Les densités
humaines atteignent ici les 15 habitants au kilomètre carré,
largement supérieur à la moyenne provinciale qui est de 3,5
habitants au kilomètre carré et relativement faibles par rapport
à la moyenne nationale qui est 18,5 habitants au km2.
* 19 Marc Aurèle Ava
Nguélé, interrogé le 26 décembre 2004 à
Ngoap.
* 20 Dieudonné Dang,
2e Adjoint au Maire de la commune rurale de
Nguélémendouka, Technicien Supérieur d'Agriculture,
interrogé le 05 janvier 2004 à Ngouong.
* 21 V.J. Ngoh.,
Cameroun 1884-1985 cent d'histoire, p. 44.
* 22 R. Breton., Atlas
Administratif, pp. 69-70.
* 23 ANY. TA 29 AZ 93 - Vol
8-920, F° 127-129, Hans Dominik, Rapport allemand relatif à la
soumission des Maka en 1906.
* 24 Classification de
l'ethnologue Guthrie (1953) cité par P.L Geschiere `' Remarques
sur l'histoire des Maka `', in colloques internationaux du CNRS N°551
contribution de la recherche ethnologique à l'histoire des civilisations
du Cameroun, Paris, CNRS, 1984, p. 518.
* 25 Siret, cité par
Geschiere., `' Remarques sur l'histoire des Maka'', p. 520.
* 26 Hilaire Ekanga, Notable du
village Samba, Maka et Ebessep, interrogé le 24 novembre 2004 à
Samba.
* 27 I. Dugast.,
« Inventaire ethnique du Sud-Cameroun », Mémoire de
l'Institut Français d'Afrique Noire (IFAN), Centre du Cameroun,
série population N°1, 1949, pp. 91-93.
* 28 Alexandre et Binet.,
cité par Neba, Géographie moderne, p. 51.
* 29 E. Mveng et B.
Nkoumba : Manuel d'Histoire du Cameroun, Yaoundé, CEPER,
1978, p.146.
* 30 Le récit du
vieux Beyem est contenu dans une casette audio relative au festival culturel
des Omvang, tenu à Namedjap par Nguélémendouka en juillet
1988.
* 31 Ils ont pour chef
supérieur actuel : Sa Majesté Langoul Grégoire
résidant à Ebah.
* 32 Le terme fut transcrit
par les Français : Ebessep. L'on utilise désormais cette
transcription.
* 33 Nguélé
Abembo aurait régné à Samba dès les
premières années de la colonisation française dans la
région.
* 34 Le récit du vieux
Beyem est contenu dans une casette audio relative au festival culturel des
Omvang, tenu à Namedjap par Nguélémendouka en juillet
1988.
* 35 D'après
l'informateur Hilaire EKANGA, deux ou plusieurs villages forment un clan
pendant que une ou plusieurs familles peuvent former un village.
* 36 Le `' Ndengue'' est
une purée obtenue à partir du plantain mûr et non
mûr.
* 37 Le récit du vieux
Beyem.
* 38 Ibid.
* 39 ANY, TA 29, Cote AZ 93-
Vol 8-920 F° 127-129.
* 40 Journal de la
société des africanistes, Tome 4, Fascicule 2, 1934, p.
207.
* 41 `' Essai sur le
peuplement du Cameroun `' in Etude camerounaise N°21-22,
Yaoundé, 1948.
* 42 B. Bilongo. Pahouins du
Sud-Cameroun. `' Inventaire bibliographique `',
Yaoundé, Université Fédérale, 1974, P.11 &A.
Owona., `' Le peuple du Cameroun `', Yaoundé, mars, 1970, p.
23
* 43
Siret.,'' Monographie de la région du Haut-Nyong, les
pygmées, droit coutumier des Maka `', Doumé/Abong-Mbang,
1946-48, pp. 129-130.
* 44 Laburthe - Tolra, P.,
Les Seigneurs de la forêt, essai sur le passé
historique, l'organisation sociale et les normes ethniques des anciens beti du
Cameroun, Paris, publication de la Sorbonne, 1981, p. 101.
* 45 J.P. Ombolo.,
`' Eléménts de base pour une approche ethnologique et
historique des Fang-beti-bulu `' (Groupe dit pahouin), Yaoundé,
1983-1984, p. 31.
* 46 Le vieux Ekongolo du
village Mbeka'a par Ayos, informations contenues dans une casette audio
enregistrée lors du festival culturel des Omvang organisé dans le
village Namedjap par Nguélémendouka en juillet 1988.
* 47 Pierre Mekok,
petit-fils de Nkal Mentsouga et ancien conseiller du chef DANG NGUELE,
interrogé le 26-12-2004 à Nguélémendouka &
Gilbert Zeh, petit-fils de Nkal Mentsouga, interrogé le 26-12-2004
à Nguélémendouka.
* 48 C'est un poisson qui a la
forme d'un serpent.
* 49 Anne Ngono, belle fille
de Nkal Mentsouga et veuve du chef Nkal Miague du village Koumbou,
ménagère, interrogée le 28/12/2004 à
Nguélémendouka.
* 50P. Laburthe Tolra.,
cité par Claude TARDITS., Contribution à la recherche
ethnologique à l'histoire, des civilisations du Cameroun, Vol 2,
Paris, publication de la Sorbonne 1981, p.506.
* 51 Benjamin Mvondo
Ntongo., Président national de l'association de développement du
Grand Nguélémendouka (ASSODEGNKA), interrogé le 13/12/2004
à Yaoundé.
* 52 Ibid.
* 53 Gilbert Mbeng, chef du
village Ngouong, interrogé le 29/12/2004 à Ngououng.
* 54 ANY, TA 29, Cote AZ 93-
Vol 8-920 F°127-129.
* 55 Jean
Nguélé, Maka Ebessep, ancien porteur du chef Kamanda (ancien chef
supérieur Maka-Ebessep dont l'actuel chef supérieur Langoul
Grégoire), interrogé le 31 décembre 2004 à Samba.
* 56 Il faut préciser
ici que les Omvang de l'Est-Cameroun sont constitués de deux grandes
familles à savoir les Ngomeya et les Sékonda. Leur actuel chef
supérieur est Sa Majesté René Ze Nguélé.
* 57 ANY, TA 29, Cote AZ 93-
Vol 7 923 F° 163-166.
* 58I. Dugast. `'Inventaire
ethnique du Sud-Cameroun `', p. 94.
* 59J.P. Ombolo., `'
Eléments de bas...'', p.47.
* 60 P. Laburthe Tolra.,
Les Seigneurs de la forêt, p.103.
* 61 Journal de la
société des africanistes, p. 205.
* 62 ANY, TA 29, AZ 93- Vol
8-920, F°19-21.
* 63 P. Laburthe Tolra.,
cite par Claude Tardits., Contribution à la recherche ethnologique
à l'histoire des civilisations du Cameroun, p.506.
* 64 P.Geschiere ., Village
communities and the state : changing relations among the Maka of
southeastern Cameroon since the colonial conquest London, Paul Kegan,
1982,p.30.
* 65 ANY, TA 29, Cote AZ 93
Vol 8-920 F° 19-21.
* 66 Efoulan est une
localité limitrophe entre l'ethnie Yebekolo et Omvang. Il ne s'agit pas
ici de Efoulan, localité qui deviendra plus tard
Nguélémendouka, signe de reconnaissance de la bravoure et du
rayonnement de son fondateur Nkal Mentsouga.
* 67 Albert Elang Engamba,
Administrateur civil municipal de Nguélémendouka,
interrogé le 24/12/2004.
* 68 P. Laburthe Tolra situe
cette date à 1865. Nous la situerons-nous à 1850, compte tenu de
l'âge approximatif de Nkal Mentsouga lorsqu'il fut
appréhendé en 1907 par les Allemands.
* 69 Nkal Mentsouga qui
était l'aîné et successeur de son père ; Mpouam
Mentsouga qui restait dans la zone périphérique appelée
Nkolbana ; Zock Mentsouga qui habitait dans la zone de Zock
Mekoié et Kambang Mentsouga qui habitait au quartier Loun
* 70Pierre Mekok, Ancien
conseiller du chef supérieur Kamada, interrogé le 26/12/2004
à Nguélémendouka &Gilbert Zeh , petit-fils de Nkal
Mentsouga, interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka
& Cosmax Ndi, Notable Omvang Ngomeya, interrogé le 29/12/2004
à Nguélémendouka.
* 71 ANY, TA 29, Cote 93- Vol
8-920 F° 42-48.
* 72 René Zé
Nguélé , interrogé le 25/01/2005 à
Yaoundé.
* 73 ANY, TA 29, Cote 93- Vol
8-920 F° 42-48.
* 74Mathurin Ayeck M., `'Les
missions chrétiennes ...'', p.9.
* 75Pierre Mekok & Gilbert
Zeh & Cosmax Ndi.
* 76 ANY, TA 29, Cote 93- Vol
8-920 F° 35-41.
* 77 Ibid.
* 78 ANY, TA29, Cote 93- Vol
8-920 F° 35-41
* 79 Haberer était un
collaborateur du major Dominik. C'était un médecin dont le camp
était installé à Nguélémendouka par
l'expédition.
* 80 ANY, TA 29, Cote AZ 93-Vol
8-920 F° 35-41.
* 81 Ibid.
* 82Gilbert Zeh,
interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka &
Pierre Mekok interrogé le 26/12/2004 à
Nguélémendouka.
* 83 Hilaire Ekanga, Notable
Ebessep, interrogé le 31/12/2004 à Samba.
* 84 Hilaire Ekanga, Notable
Ebessep, interrogé le 31/12/2004 à Samba.
* 85 Joseph Atangana,
notable Ewondo, interrogé le 23 avril 2005 à Yaoundé
(Quartier Efoulan)
* 86 C'est une écorce
d'arbre utilisée en brevage de potion magique traditionnelle afin de
faire reconnaître à une personne sa culpabilité ou son
innocence.
* 87 Joseph Atangana,
notable Ewondo, interrogé le 23 avril 2005 à Yaoundé
(Quartier Efoulan)
* 88 L'expression
« être à nouveau un homme » signifie
s'abreuver des pouvoirs magico-traditionnels que tout chef a besoin pour
régner.
* 89 René Zé
Nguélé, chef superiuer des Omvang, interrogé le 25/01/2005
à Yaoundé.
* 90 E.D.
Eloundou., `' Contribution des populations du Sud-Camleroun à
l'hégémonie allemande `', thèse de doctorat de
3cycle, Université de Bordeaux, 1983, p.156.
* 91 Ibid.
* 92 Jean
Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à Samba.
* 93 ANY, TA 29, Cote AZ 93,
Vol 8-920. F° 127-128.
* 94 ANY, TA 29, Cote AZ 92
Vol 8 -920 F° 42-48.
* 95 Appellation de l'ethnie
dans la région d'Omvang.
* 96Jean
Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à
Nguélémendouka.
* 97Gilbert Zeh,
interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka.
* 98 Mathurin Djeng Edou,
chef de 3ème dégré quartier
Zapi-Nguélémendouka, interrogé le 03/01/2005 à
Nguélémendouka. Ifaga i Nkal revient à Ifaga fils de
Nkal.
* 99 Tous ces villages sont
devenus des zones de culture autour de Samba. Il s'agit de Kwessa me Ntaba du
village de Zjiémoud, Kanga Koumbang et Njoua me Nkamba du village de
Bapeng
* 100 Jean
Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à Samba.
* 101 Pierre MEKOK,
interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka
* 102 Mathurin Djeng Edou,
interrogé le 03/01/2005 à Nguélémendouka.
* 103 ANY, TA 29, cote AZ
93-Vol 8-920 F° 36-41.
* 104 Les Omvang allaient
jusqu'au Nyong et même Nkal Seleg est mort chez les Bamvele.
* 105 Mathurin Djeng Edou,
interrogé le 03/01/2005 à Nguélémendouka.
* 106 ANY, TA 29, cote AZ
93-Vol 8-920 F° 36-41.
* 107 ANY, TA 29, cote AZ
93-Vol 8-920 F° 36-41.
* 108 Gilbert Zeh,
interrogé le 26/12/2004 à Nguélémendouka.
* 109 Jean
Nguélé, interrogé à Samba le 26/12/2004.
* 110J.J. Rousseau., Du
Contrat social, Paris, Bordas, 1972, p.447.
* 111 ANY, TA 29, Cote 93- Vol
8-920 F° 127-129.
* 112 ANY, TA 29, Cote 93- Vol
8-920 F° 35 - 41.
* 113 Ibid.
* 114 Cosmax Ndi,
interrogé le 29/12/2004 à Nguélémendouka.
* 115 APA 10800/2, rapports de
tournées,1907CoteAZvol89189F°10-12.
* 116 C'est donc dire que nous
devons réfuter la terminologie inadaptée d'une certaines
anthropologie européocentriste qui à propos de l'Afrique noire
fait état des sociétés anarchiques, de
« stateless sociéties ».
* 117 Georges Balandier.,
Sociologie actuelle de l' Afrique Noire,Dynamique Sociale en Afrique
Centrale, Paris, PUF , 1995, p.137.
* 118 Jean
Pardapa.,Rites et Croyances des peuples
Maka,Paris,Lavoisier,1969,p.24.
* 119 Alors qu'auparavant la
tradition orale ne mentionne nullement l'existence d'un pouvoir
centralisé avant 1860.
* 120 Maignan., Etudes sur
le pays pahouin, Paris, PUF, 1936, p.127.
* 121 A.Gureau., Les
populations primitives de l'Afrique Equatoriale, Paris, PUF, 1912,
p.73.
* 122 Mais aujourd'hui, on
pratique l'endogamie.
* 123 Hilaire Ekanga,
interrogé le 24/11/2004 à Samba.
* 124 Hilaire Ekanga,
interrogé le 24/11/2004 à Samba.
* 125Albert Engamba Elang,
Maire de la Commune Rurale de Nguélémendouka interrogé le
23/12/2004.
* 126Jean Pardapa., Rites
et Croyances des peuples Maka, p.24.
* 127 Jean Pardapa., Rites
et Croyances des peuples Maka, p.25.
* 128 Il faut préciser
que ce terme est une déformation de l'anglais et signifie que ce n' est
pas un attribut précolonial.
* 129Jean Pardapa.,Rites
et Croyances des peuples Maka,p.24.
* 130Françoise Fouba
Nguélé, fille du chef Nkal Miague de Koumbou, belle fille du chef
Nkal Mentsouga, interrogée le 28/12/2004 à
Nguélémendouka.
* 131 Jean Pardapa., Rites
et Croyances des peuples Maka,p.25.
* 132 Dans un village Maka,
Mbomba, situé à environ 60 kilomètres de
Nguélémendouka sur les rives du Nyong, on signale le cas de Moud
Mimbang, un homme qui avait été tué par un gorille qui
menaçait le village.
* 133 John, Keegan.,
Histoire de la guerre : du néolithique à la guerre du
Golfe, Paris, Collection territorial de l'histoire, Editions Dagorno,
1993, p.22.
* 134 E. Mbonji., les
cultures-vérités, Yaoundé, Edition Etoile, 2000,
p.16.
* 135 ANY, TA 29, cote AZ
93-vol 8-920 F° 42-48.
* 136 Mis à part le
site actuel de la ville de Nguélémendouka qui fut arraché
au chef Maka Nkamba Melendou par Nkal Seleg pour installer les Sekonda.
* 137 Tole
Nguélé gouvernait à Sallé, le village natal de sa
mère au nom de son père Nkal Mentsouga.
* 138 Ava
Nguélé nous signale le cas de l'un des guerriers de Nkal
Mentsouga qui commandait le village de Ngoap et qui fut finalement
chassé, car, il n'avait aucun lien de parenté avec ceux-ci. Il
faut noter que l'autorité du «Ta'a» était
largement influencée et acceptée par ces oncles maternels
(Ikougou) que quiconque.
* 139 ANY, APA 113 17/C
«rapport du lieutenant Desanti, commandant de circonscription de
Doumé au sujet de la tournée effectuée par lui dans la
région Bamvele du 24 février au 19 mars
1917 ».
* 140 ANY, APA 113 17/C
`'rapport du lieutenant Desanti, commandant de circonscription de Doumé
au sujet de la tournée effectuée par lui dans la région
Bamvele du 24 février au 19 mars 1917 `'.
* 141 C'est ainsi qu'on
désigne tous les Soudanais dans la région.
* 142 ANY, TA 29, 93 Vol 8-920
F° 35-41.
* 143 ANY, TA 29, 93 Vol
8-920, F° 36-42.
* 144 Le chapitre
2ème de ce travail recèle les explications
indispensables à la compréhension de cette séquence
historique.
* 145 ANY, TA 29, Cote
AZ93-Vol 8-920 F° 127-129.
* 146 Diktat de Versailles de
juin 1919.
* 147 Les Allemands
voulaient encercler le pays Maka. Il fallait aller jusqu'à Bertoua et
prendre cette zone en tenaille. Le major Dominik affirme à ce propos
qu'il ne fut pas possible d'attaquer les Maka par le flanc. Il fallait
contourner le pays Maka.
* 148 ANY, TA Cote AZ 93
Vol 8-920 F° 127-129.
* 149 Ibid.
* 150 Ibid.
* 151 ANY, TA 29, Cote AZ
93-Vol 8-F° 126-127.
* 152 Jean
Nguélé, interrogé le 26/12/2004 à Samba.
* 153 Françoise Fouba
Nguélé, interrogée le 28/12/2004 à
Nguélémendouka.
* 154 ANY, TA 12, Dossier 1040
F° 94-107.
* 155 ANY, TA 12, Dossier
1040 F° 93-106.
* 156 A cette époque
Nanga-Eboko était dans la province de l'Est-Cameroun
* 157 ANY, TA Cote AZ 93-Vol
8-920 F° 124-126.
* 158 ANY, TA 29, Cote AZ
93-Vol 8-920 F° 127-129.
* 159 ANY, TA 29, Cote AZ
93-Vol 8-920 F° 128-129.
* 160 ANY, TA 29, cote AZ
93-Vol 8-920 F° 127-129.
* 161 Ibid.
* 162 ANY, TA 29, Cote AZ
93-920 F° 42-48.
* 163 Ibid.
* 164 ANY, TA 12, Dossier 1040
F° 94-97.
* 165 ANY, TA12, Dossier 1040
F°94-107.
* 166 Ibid.
* 167 ANY, TA12, Dossier 1040
F°93-106.
* 168 C'est une
localité située à l'Est du district de Doumé
* 169 Localité
située entre Doumé et Nguélémendouka
* 170 Localité
située entre Doumé et Abong-Mbang
* 171 ANY, TA 171, 1908
« A travers le pays Maka au Nord-Ouest de la station de
Doumé », p. 19.
* 172 Ibid.
* 173 ANY, TA-12, p.5.
* 174 ANY, TA 12.
* 175 Ibid.
* 176 Ibid.
* 177 La route qui partait
d'Abong-Mbang à Yaoundé et par où passait la ligne
télégraphique.
* 178 Localité
située à 12 kilomètres de Nguélémendouka.
* 179 ANY, FA1/92, p. 1.
* 180 ANY, FA1/92, pp.4-5.
* 181 A Konaké petit
village situé à 42 kilomètres à l'Ouest
d'Abong-Mbang (Njong-Kol), se trouve une vallée pleine d'ossements
humains sur les bords du Nyong. On parle du massacre de tout un village par les
Allemands.
* 182 ANY, TA 13, p.90-104.
* 183 APA 11317/C, Rapport
du lieutenant DESANTI, commandant la circonscription de Doumé au sujet
de la tournée effectuée par lui dans la région Bamvele du
24 février au 19 mars 1919.
* 184 APA 11317/C, rapport du
lieutenant Desanti.
* 185 Ibid.
* 186 ANY, 11319 Doumé,
Rapport du 2e trimestre 1921
* 187Hilaire Ekanga,
interrogé le 23 novembre 2004 à Samba.
* 188 Marabail, Etude sur
les territoires du Cameroun occupés par les troupes françaises,
Thèses de doctorat, Paris, Emile Larose, libraire-éditeur, 1919,
p. 179.
* 189 D. Djibril., et M. C.
Sekene., Histoire de l'Afrique, Paris, Présence africaine,
1973, p.147.
* 190 Afrique Equatoriale
Française.
* 191 ANY, 11319 Doumé,
rapport du 2e trimestre 1921.
* 192 ANY, 11319 Doumé,
rapport du 2e trimestre 1921.
* 193 A.Owona., `' La
naissance du Cameroun 1984-1914 `', in Cahier d'étude
africaine, 1973, p.13.
* 194M.Ambroise, et all.,
Géographie du Cameroun, Yaoundé, CEPER, 1987,
pp.52-53.
* 195 ANY, TA 29, cote AZ 93
vol 8-920 F°127-129.
* 196Ibid.
* 197 Ibid.
* 198 ANY, TA 29, cote AZ 93
vol 8-920 F°127-129.
* 199 D.Djibril et
M.C.Sekene., Histoire de l'Afrique, p.147.
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