CHAPITRE INTRODUCTIF
I - CONTEXTE
La question de l'accès à l'eau et à
l'assainissement est également très liée aux questions de
santé publique. En effet, selon l'OMS (2004), Chaque année, 1,8
millions de personnes, dont 90% d'enfants de moins de cinq ans, vivant pour la
plupart dans les Pays en Développement, meurent de maladies
diarrhéiques (y compris du choléra) ; 88% des maladies
diarrhéiques sont imputables à la mauvaise qualité de
l'eau, à un assainissement insuffisant et à une hygiène
défectueuse. Chaque année, 1,3 millions de personnes, dont 90%
d'enfants de moins de cinq ans, meurent du paludisme. Selon l'OMS (2005), la
diarrhée est la deuxième maladie la plus meurtrière chez
les enfants de moins de cinq ans. Ainsi, Kofi Annan, ancien Secrétaire
Général des Nations Unies, déclarait en 2001: «
Nous ne battrons ni HIV14, ni la tuberculose, ni la malaria ou aucune
autre maladie infectieuse qui frappent les pays en développement avant
que l'on ait gagné la bataille de l'eau potable, de l'assainissement et
de l'hygiène de base. »1
La réduction de la pauvreté constitue
actuellement le principal challenge dans le processus de Développement
des pays du Sud. Le Cameroun a consacré cette option par l'adoption de
son Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE) depuis
2009. Contrairement au DSRP qui accordait une place prépondérante
au secteur social, les priorités du DSCE sont du domaine de la relance
économique et de la relance du secteur de l'emploi. C'est ainsi que dans
l'action de l'Etat, la priorité est désormais centrée sur
les infrastructures et le secteur productif. Dans le même ordre
d'idées, l'eau a été placée par la
communauté internationale au centre du développement
socio-économique des nations et, la référence faite aux
ressources en eau dans la plupart des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) montre, s'il en était encore besoin, la place
réservée à la ressource en eau pour l'avenir de
l'humanité.
La réalisation de la cible 10 de l'objectif 7 des OMD
à savoir la réduction de moitié d'ici 2015 du nombre de
personnes qui n'a pas accès de façon durable à un
approvisionnement en eau potable ni à des services d'assainissement de
base passe nécessairement par la mise en oeuvre d'importants programmes
d'approvisionnement en eau potable2.
Le Cameroun, à l'instar des autres pays n'est pas
resté en marge de cette mouvance. Il déploie des efforts
considérables pour la gestion durable de ses ressources en eau en
général et l'approvisionnement en eau potable des populations en
particulier. Mais, malgré les efforts consentis en termes
d'investissement dans le secteur de l'eau, les taux d'accès à
l'eau potable restent faibles et tournent autour de la valeur moyenne de 36% en
milieu rural et 47% en milieu urbain.3
1 Julie AUBRIOT, 08/2007, Le Droit
à l'eau Emergence, définition, situation actuelle et position des
acteurs, P. 20.
2 Idem, P. 12.
3 MINEE, 2005.
L'Etat du Cameroun, appuyé par la communauté
internationale à travers différents mécanismes, apporte un
appui significatif à la mise en oeuvre des programmes
d'Approvisionnement en Eau Potable (AEP) permettant de rehausser ce taux. Mais
cela passe nécessairement par la réalisation préalable des
études de faisabilité nécessaires non seulement pour
évaluer les coûts de ces différents programmes, mais aussi
et surtout de proposer des solutions technologiques les plus adaptées
aux spécificités tant en milieu rural qu'urbain.
Le problème d'approvisionnement en eau potable et
d'assainissement dans les zones périurbaines et les grandes villes
d'Afrique comme Yaoundé est très épineux. Celui-ci
entraîne la restriction des possibilités de développement
et donc de lutte contre la pauvreté. En effet, comme le souligne les
rapports officiels, le déficit d'approvisionnement en eau se
chiffre actuellement à plus de 300 000 m3/j4.
D'après les mêmes sources, le contexte d'AEPA (Eau et
Assainissement) se présente comme suit :
> environ 46% des populations sont abonnés au
réseau d'eau potable de la CDE ;
> les ménages non raccordés ont recourt aux
puits et aux sources pour assurer les besoins en dehors de la boisson ;
> 11 stations d'épuration existent dans la ville et
desservent environs 30 000 habitants regroupés dans les lotissements
(SIC et MAETUR) ;
> La quasi-totalité de ces stations sont hors
d'usage depuis plus de 15 ans et dans les lotissements et les autres quartiers
de nos villes, les ménages font recourt au système individuel
(fosse septique) ;
> 75% des ménages utilisent les latrines à fond
perdu comme système d'assainissement. II -
PROBLEMATIQUE
Le Cameroun a connu une crise économique
sévère à partir du milieu des années 1980, avec un
surendettement de l'Etat. L'on a noté une réduction
considérable des investissements de l'Etat dans certains secteurs
notamment l'éducation, la santé, et les infrastructures d'eau
potable. Le secteur de l'alimentation en eau potable a enregistré une
forte détérioration de l'offre en infrastructures alors que la
demande n'a cessé de croître, encouragée par l'urbanisation
rapide des grandes villes.
Comme l'ensemble des grandes villes camerounaises, les
principaux problèmes majeurs dans le secteur de l'eau sont la
vétusté de réseau d'eau potable existant, la
nécessité de son extension et l'insuffisance de ressource en eau
fiable ajouté à l'extension des villes. Le déficit criard
de la production de l'eau dans la ville de Yaoundé du à
l'insuffisance de ressources en eau pose aujourd'hui l'épineux
problème de l'extension de réseau de distribution de l'eau
potable dans les centres urbains.
Dans l'éventail des solutions envisagées, notons
:
4 Rapport et documents MINEE, mars 2010
- La réhabilitation de la station de la Mefou pour 50
mille m3/jour, l'amélioration/extension du réseau de
distribution de la ville ;
- Le relèvement du niveau de l'eau au droit du captage sur
le Nyong à Akomnyada pour 100 mille m3/jour ;
- La construction d'une nouvelle usine de traitement d'eau
potable à prélever à partir de la Sanaga à
Nachtigal pour 300 mille m3/jour (livrable d'ici 3 ans) pourra
renforcer la production d'eau de la ville de Yaoundé.
La réalisation de ces projets permettra de porter à
environs 450 mille m3/jour les prévisions de la capitale
camerounaise à long terme (horizon 2025).
La ville de Yaoundé ne cesse de s'étendre vers
la banlieue alors que les équipements sociaux (eau et
électricité) ne suivent pas le rythme de l'urbanisation,
notamment l'alimentation en eau potable qui demande des extensions de
réseaux existants au profit de nouveaux quartiers. Le projet AQUA,
géré par ERA-Cameroun et partenaires, relatif à la
construction de nouveaux réseaux d'eau potable et de latrines
améliorées dans certains quartiers de la ville de Yaoundé
figure en bonne place à côté de la préoccupation
finale qui est l'amélioration de la santé publique des
populations des zones ainsi desservies.
OBJECTIF GLOBAL
Evaluer les actions socio-économiques du projet Aqua
intitulé « Amélioration de l'accès à l'eau
potable et l'assainissement de certains quartiers de la ville de Yaoundé
».
OBJECTIFS SPECIFIQUES
> Analyser la situation avant projet (diagnostiquer) ; >
Analyser la dimension opérationnelle du projet ;
> Caractériser les impacts socio-économiques du
projet ; > Analyser la pérennisation du projet.
FORMULATION DES HYPOTHESES DE RECHERCHE
Les hypothèses de recherche (évaluation à
mi-parcours) s'articulent autour de la vérification des actions
suivantes :
H1 : La mise en place de ce projet contribue
à l'amélioration de la déserte en eau potable de certains
quartiers de la ville de Yaoundé ;
H2 : La mise en place du projet AQUA permet
d'améliorer les conditions de santé à travers
l'assainissement de base des populations concernées.
REVUE DE LITTERATURE
La plupart des études relatives à
l'évaluation des projets et programmes de développement portent
sur les études d'impact environnemental (construction d'un barrage,
projets agricole, minier, routier, etc.). Celles relatives à
l'évaluation des projets d'adduction d'eau potable sont très
rares. Les études existantes portent essentiellement
sur la méthodologie d'évaluation et sur les
termes de référence des projets de développement voire des
rapports de fin d'études (voir bibliographie). La partie concernant les
définitions et la méthodologie d'évaluation est bien
développée en début de chaque grande partie de ce
document.
En parlant du secteur de l'agriculture, AXINN (1993)
cité par Mr YODA Blaise pense que « l'approche projet suppose qu'un
développement (...) rapide est nécessaire et que la lourde
bureaucratie du service de vulgarisation du ministère (...) n'est
guère de nature à avoir un impact important sur la production
(...) ou sur la population rurale dans des délais appropriés.
Elle suppose aussi que de meilleurs résultats peuvent être obtenus
en adoptant une approche par projet dans un lieu et dans un laps de temps
donnés, avec des injections massives de ressources internes »5
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