MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR REPUBLIQUE DE COTE
D'IVOIRE
ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE Union-Discipline-Travail
UNIVERSITE DE COCODY-ABIDJAN
5EME PROMOTION
THEME
ANALYSE DE LA MORTALITE
INFANTO - JUVENILE EN
COTE D'IVOIRE
PRESENTE PA R ~
TRAORE NOHOUA
SOUS LA DIRECTION DE
~
PROFESSEUR KOUADIO BENIEMARCEL
NOVEMBRE 2010
DEDICACE
Je dédie ce mémoire à mon père et ma
mère ; que leurs âmes reposent en paix !
A ma très chère mère TRAORE
Tasséguédiomon, pour qui la réussite de ses enfants est un
souci quotidien.
Sache maman que tu as laissé derrière toi des
enfants qui feront l'effort de relever les défis qui s'imposent. Que
Dieu t'accorde une place de choix dans l'au-delà.
A mon père TRAORE Ziémogo, ton désir de voir
tes enfants réussir à l'école n'a pu être satisfait
avant ton rappel à DIEU. Que la terre te soit légère.
Ton courage, ta détermination et ta conviction du travail
bien fait demeurent pour moi un modèle à pérenniser.
SOMMAIRE
DEDICACE i
SOMMAIRE ii
LISTE DES TABLEAUX iii
REMERCIEMENTS iv
SIGLES ET ABREVIATIONS v
RESUME vii
INTRODUCTION 1
PREMIERE PARTIE : APPREHENSION DE LA MORTALITE DES ENFANTS 5
CHAPITRE 1 : CONCEPT ET MESURE DE LA MORTALITE INFANTO-
JUVENILE 6
Section 1 : Définition et mesure de la mortalité
infantile 6
Section 2 : Niveau, évolution et tendance de la
mortalité infantile 10
CHAPITRE 2 : LES CAUSES ET CARACTERISTIQUES DE LA MORTALITE
DES
ENFANTS 15
Section 1 : Causes et description de la mortalité
infantile 15
Section 2 : Analyse descriptive 21
DEUXIEME PARTIE : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA MORTALITE
INFANTO- JUVENILE EN COTE D'IVOIRE 31
CHAPITRE III : LES DETERMINANTS DE LA MORTALITE INFANTO-JUVENILE
32
section1 : Les facteurs explicatifs de la mortalité
infantile 32
Section 2 : Modèle et données d'analyse 37
CHAPITRE IV : LES EFFETS DES VARIABLES EXPLICATIVES SUR LA
MORTALITE
INFANTO-JUVENILE 47
Section 1 : Estimation du modèle 47
Section 2 : Interprétation des résultats 49
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 52
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 54
ANNEXES 58
TABLE DES MATIERES 65
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1-1 Mortalité des enfants de
moins de cinq ans en côte d'ivoire Tableau 1-2
Évolution des taux de mortalité infantile en côte
d'ivoire Tableau 2-1 Classification des enfants de
pédiatrie II
Tableau 2-2 Classification des maladies
infantiles
Tableau 2-3 Type de maladie et incidence
Tableau 2-4 Les maladies et statut du malade
Tableau 2-5 Risque de décès selon
les soins prénataux et le statut vaccinal
Tableau 2-6 Risque de décès selon
l'occupation de la mère et le mode d'allaitement Tableau 2-7
Risque de décès selon les soins prénataux et le
niveau d'instruction Tableau 2-8 Risque de décès
selon la religion et les soins prénataux
Tableau 2-9 Risque de décès selon
l'ethnie et les soins prénataux
Tableau 2-10 Risque de décès selon
le niveau d'instruction et le mode d'allaitement Tableau 2-11
Proportion de décès et visites prénatales
Tableau 2-12 Proportion de décès
selon le sexe de l'enfant
Tableau 2-13 Proportion de décès
et activité de la mère
Tableau 2-14 Proportion de décès
et statut vaccinal
Tableau 2-15 Proportion de décès
et l'âge de l'enfant au décès
Tableau 2-16 Proportion de décès
et niveau d'instruction de la mère
Tableau 2-17 Proportion de décès
et rang de naissance
Tableau 3-1 Résumé des variables
et signes attendus
Tableau 3-2 Résultats définitifs
et définition des variables
Tableau 4-1 Résultat de l'estimation du
modèle
REMERCIEMENTS
Ce travail est l'aboutissement d'un processus de recherche qui a
vu la contribution de plusieurs personnes que nous tenons à remercier
sincèrement.
Nous remercions le Professeur Aké G.M. N'GBO,
Président de l'Université de Cocody, Doyen Honoraire, Directeur
de l'Ecole Doctorale de l'UFR des Sciences Economiques et de Gestion et le
Professeur SEKA Pierre Roche, Doyen de ladite UFR qui ne cessent de conjuguer
leurs efforts, leur rigueur et leurs expériences pour une formation
d'élite.
Nos remerciements vont également à l'endroit du
Professeur KOUADIO Benié Marcel, Maître de conférences
Agrégé à l'UFR-SEG qui a bien voulu diriger nos travaux de
recherche nonobstant ses multiples occupations. Nous tenons à lui
exprimer notre profonde gratitude pour l'intérêt accordé
à notre étude, son soutien, ses conseils et surtout pour la
disponibilité dont il a fait montre tout au long de la rédaction
de ce mémoire.
Nous restons redevables au Docteur N'GUESSAN BI Tah, Directeur
Adjoint de l'Ecole Doctorale pour le travail colossal abattu pour les
étudiants de la 5eme promotion durant toute la formation.
Nos remerciements spéciaux à l'endroit du
Docteur NIANGEU Joseph, qui a orienté notre choix pour cette
étude et dont l'apport a été inestimable tant au niveau de
sa conception qu'au niveau de sa réalisation. Ainsi qu'à M. BALLO
Bakari, DAAF du ministère de la solidarité et des victimes de
guerre, pour ses conseils, son appui financier et matériel.
Nous exprimons notre gratitude à l'endroit de M.
KOUASSI Lucien chef du département démographie à l'INS et
Professeur TIMITE, Chef de service de pédiatrie II au CHU de YOPOUGON
grâce à qui, nous avons eu accès aux archives.
Par ailleurs, nous adressons nos sincères remerciements
au Pr. BALLO Zié, Dr. AHOURE A. Alban, Dr. TIEHI TITO, Dr. GNANGORAN
Rachelle, Dr. NUAMA Ekou et Dr. KOMENAN Narcisse pour leurs conseils et apport
inestimable à l'édifice.
Enfin, nous sommes redevables à GOGOH Mariam, madame
ADINGRA, BECHO Isabelle, OUREGA Norvice et à tous ceux qui ont
contribué à la réalisation de ce document.
Pour terminer, nous voudrions remercier tous les
étudiants de la 5ème promotion de DEA Economie du
Développement pour leur solidarité et leur soutien sans faille
tout le long du processus de production de ce document.
SIGLES ET ABREVIATIONS
BCEAO Banque Centrale des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
BPP Broncho-pneumopathie
CENEP Centro d'Estudios de Población
CERDI Centre d'Etudes et de Recherches sur le
Développement International
CFA Communauté Financière
Africaine
CHR Centre Hospitalier Régional
CHS Centre Hospitalier
Spécialisé
CHU Centre Hospitalier et Universitaire
CIA Central Intelligence Agency
CSP Catégorie socioprofessionnelle
DD Direction Départementale
DR Direction Régionale
DSRP Document de Stratégie de
Réduction de la pauvreté
DTCOQ Diphtérie, Tétanos et
Coqueluche
EDS Enquête Démographique et de
Santé
EIS Enquête sur les Indicateurs du Sida
ENV Enquête du Niveau de Vie des
Ménages
ESPC Etablissements Sanitaires de Premiers
Contacts
GAE Gastroentérite
HG Hôpital General
IDH Indice de Développement Humain
INS Institut National de la Statistique
IRA Infection Respiratoire Aigue
IRDES Institut de Recherche et de Documentation
en Economie de la Santé
MHSP Ministère de la Santé et de
l'hygiène publique
MICS Multiple Indicator Cluster Survey
(Enquête à Indicateurs Multiples)
OMS Organisation Mondiale de la Santé
ONG Organisation Non Gouvernementale
PAS Programme d'Ajustement Structurel
PGFA Paludisme Grave sous la Forme
Anémique
PGFN Paludisme Grave sous la Forme
Neurologique
PGFNA Paludisme Grave sous la Forme
Neuro-anémique
PISAM Polyclinique Internationale Sainte Anne
Marie
PNDS Plan National de Développement
Sanitaire
PNN Programme National de Nutrition
PNUD Programme des Nations -Unies pour le
Développement
RASS Rapport Annuel sur la Situation
Sanitaire
SAREC Agence Suédoise de
coopération en recherche
SIDA Syndrome d'Immunodéficience
Acquise
SIG Système d'information et de
Gestion
TBM Taux Brut de Mortalité
TMA Taux de mortalité selon
l'âge
TPS Tradipraticiens de Santé
UEMOA Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine
UNICEF United Nations International Children's
Emergency Fund
VIH Virus d'immunodéficience Humaine
RESUME
La présente étude se propose d'examiner la
mortalité des enfants de moins de cinq ans en Côte d'Ivoire. Les
taux de mortalité infantiles, bien que toujours élevés en
Afrique subsaharienne, sont en régression et ce recul semble être
relativement lent en Côte d'Ivoire. Il est probable que des facteurs
propres à la Côte d'Ivoire expliquent ces faibles proportions de
baisse. L'analyse s'appuie sur les données secondaires d'archives
collectées en pédiatrie II au CHU de Yopougon pour l'année
2008. La méthodologie utilisée pour atteindre cet objectif dans
le cadre de notre étude, est un modèle à variable
qualitative binaire : le modèle Logit. Les résultats
suggèrent que le niveau d'instruction secondaire de la mère,
l'âge de l'enfant, la religion, la vaccination des enfants, le premier et
le second rang de naissance sont significatifs et négativement
reliés à la mortalité infanto-juvénile. Cependant,
les variables telles que l'âge de la mère à l'accouchement,
le mode d'allaitement, la dépense journalière de consommation, le
sexe de l'enfant et l'activité de la mère n'ont aucun impact sur
la mortalité des enfants de moins de cinq ans. Il ressort de notre
analyse que de vastes campagnes de sensibilisation et de vaccination
combinées à la scolarisation de la jeune fille, et
l'éducation des femmes en matière de soins et de suivi de
l'enfant restent indispensables à la réalisation des objectifs de
réduction de la mortalité infanto-juvénile en Côte
d'Ivoire.
ABSTRACT
This study examines the mortality of children under five years
in Côte d'Ivoire. Infant mortality rates, although still high in
sub-Saharan Africa are in regression and this decline appears to be relatively
slow in the Ivorian case. The analysis is based on secondary data collected in
archives of Pediatrics II at the University Hospital of Yopougon for 2008. The
methodology used in this study is a logit model. Results suggest that the
secondary education of the mother, age of the child, the religion, vaccination
of children and the two first rows of birth are significant and inversely
related to child mortality. While variables such as age of the mother, the mode
of feeding, the daily expense of consumption, sex of the child and activity of
the mother have no impact on mortality of children under five years. Our
analysis shows that large public awareness campaigns and vaccination combined
to girl's education, and training of women for care and supervision of the
child are essential to achieve the goal of reducing infant and child mortality
in Côte d'Ivoire.
INTRODUCTION
La mortalité des enfants de moins de cinq ans,
considérée pendant longtemps comme un sujet ou
phénomène démographique, sociologique, etc., ne relevant
pas du champ de l'analyse économique, se révèle de plus en
plus comme un problème central de l'économie du
développement. Son ampleur dans les pays en développement, les
coûts économiques et sociaux qu'elle génère, les
obstacles qu'elle constitue à la réalisation des objectifs
d'éducation, de croissance démographique et économique
à long terme en font un phénomène dont l'analyse
minutieuse s'impose aux économistes du développement.
La mortalité infanto-juvénile est l'un des
problèmes sociaux les plus cruciaux en Afrique subsaharienne. En cela,
elle a fait l'objet de nombreuses études pendant les deux
dernières décennies. Plusieurs raisons expliquent
l'intérêt des recherches pour la mortalité en
général et pour celle des enfants en particulier.
L'Afrique subsaharienne est cette partie du monde qui
concentre, elle seule 40% de la mortalité infanto-juvénile alors
qu'elle n'abrite que 14% de la population mondiale et 24% des enfants de moins
de cinq ans y vivent. Le taux de mortalité infantile y est le plus
élevé de tous les continents soit 89%o (UNICEF, 2008).
Par ailleurs, l'étude des niveaux et tendances de la
mortalité des enfants de moins de cinq ans revêt un
intérêt particulier, en ce sens que les décès des
enfants représentent un gâchis considérable pour des
raisons à la fois humanitaires et économiques. Aussi, parce que
les taux de mortalité des enfants sont-ils faciles à mesurer et
représentatifs de la mortalité générale dans les
pays faiblement développés.
Le niveau de mortalité des enfants est aujourd'hui
considéré comme un des meilleurs indicateurs du niveau de
développement d'un pays. Ainsi, sa connaissance contribue-t-elle
à la mise en place de programme de santé et de
développement socio-économique (EIS, 2005). De même, la
moindre mortalité des enfants représente non seulement un souhait
et une satisfaction évidente pour les parents, mais également un
objectif fondamental du système
social dans la mesure où la réduction de la
mortalité des enfants peut contribuer à réduire la
fécondité et la forte croissance démographique.
En Côte d'Ivoire, comme dans bien de pays en
développement, les enfants représentent une assurance pour
l'avenir, susceptible de pallier l'absence de sécurité sociale
formelle pour les personnes âgées. Le taux de mortalité
infantile est, en effet, l'une des composantes de l'indice de
développement humain (IDH) élaboré par le
PNUD1. C'est à juste titre que les objectifs du
millénaire visent à réduire la mortalité maternelle
de trois quarts et la mortalité infanto-juvénile de deux tiers
d'ici 2015.
La baisse rapide de la mortalité en
général et celle des enfants de moins de cinq ans en particulier
demeure un objectif prioritaire de santé publique commun à tous
les gouvernements des pays en développement. Cependant, dans ces pays,
en moyenne 11 millions d'enfants de moins de cinq ans sont morts chaque
année pendant les années 1990, ce qui représente une
baisse par rapport aux 20 millions de décès annuels
enregistrés quatre décennies plus tôt. En revanche, en
Afrique subsaharienne, le nombre de décès de cette
catégorie de population a presque doublé pendant cette
période, passant d'environ 2,3 millions à 4 ,5 millions par an.
En l'an 2000, 43% des décès infantiles dans le monde se sont
produits en Afrique subsaharienne, contre 14% en 1960.
Parallèlement, l'UNICEF dans son rapport sur la
situation de l'enfant dans le monde 2008, relève que plus de 500 000
femmes meurent encore chaque année à la suite de l'accouchement.
La moitié de ces décès se produisent en Afrique
subsaharienne. Selon le même rapport, 10 millions d'enfants meurent dans
le monde avant l'âge de cinq ans. Ce chiffre est encore
élevé, même si ledit rapport montre qu'il n'a jamais
été aussi bas : 9,7 millions par an contre 13 millions en 1990.
Cela représente une chute d'un quart depuis 1990 et de plus de 50%
depuis 1960 du nombre annuel des décès d'enfants de moins de cinq
ans. Par ailleurs, en Afrique subsaharienne des progrès ont
été réalisés : de 2000 à 2004, la
mortalité des enfants de moins de cinq ans a diminué de 29%.
Malgré cette tendance à la baisse et les
améliorations constatées en matière de suivi de l'enfant
dans le monde en développement, les disparités persistent et les
taux de mortalité infanto-juvénile des pays de l'Afrique
subsaharienne laissent à désirer. D'ailleurs en 2006, le
1 Rapport national sur les disparités, UNICEF
juin 2002
taux de mortalité infantile était estimée
à 54,70 %o dans le Monde, 52 %o en Asie, 29 %o en Océanie, 22 %o
en Amérique, 7 %o en Europe, 4,5 %o en Union Européenne et plus
élevé en Afrique soit 89 %o. Au compte de la même
année, la Côte d'Ivoire avait un taux de mortalité
très élevé (89,11 %o) au-dessus du taux mondial (54,70 %o)
et de l'Afrique (89 %o). Selon les statistiques mondiales de la santé
(OMS, 2008), la Côte d'Ivoire occupe le 19ème rang sur
110 pays du monde avec un taux de mortalité infanto-juvénile
estimé à 85,71%o après le Burkina (86,98%o). Alors que ce
taux était de 89,11%o en 2006, 123%o en 1998 et 105%o en 1991.
De ce fait, ce taux est certes en régression, mais, la
Côte d'Ivoire reste un des pays au Monde et plus singulièrement de
l'Afrique de l'Ouest où le taux de mortalité des enfants est
encore élevé en dépit des efforts déployés
par le gouvernement de ce pays. Sur la période 2001-2008, le taux de
mortalité infantile en Côte d'Ivoire a baissé dans les
proportions les plus faibles soit 49,29%o, alors que cette baisse était
de 76,21%o au Bénin, 90,98%o au Burkina Faso, 131,17%o au Mali et
219,58%o au Niger (UNICEF, 2008).
On estime donc que le fait d'investir dans la recherche pour
mieux appréhender les causes de la mortalité des enfants de moins
de cinq ans en Côte d'Ivoire, permettra au ministère de la
santé publique et aux différents programmes d'intervention de
mieux cibler le phénomène et d'être ainsi aptes à
réaliser cet objectif. Barbieri (1991) souligne que
«l'efficacité des programmes dépend en grande partie de la
capacité à comprendre les processus responsables du niveau
élevé de la mortalité des enfants dans le Tiers Monde
».
Dans la littérature, la plupart des auteurs insistent
sur des facteurs socio-économiques, environnementaux, culturels et
biodémographiques qui expliquent le niveau de ce phénomène
alors que la mortalité est tellement complexe que son analyse requiert
la prise en compte de l'ensemble des facteurs qui l'influencent. Ces facteurs
intègrent aussi bien les politiques de santé et d'hygiène
en vigueur que les comportements des parents.
Selon UNICEF 2008, en Afrique de l'Ouest, la Côte
d'Ivoire est le pays qui a enregistré la baisse la moins importante du
taux de mortalité infantile sur la période 2001- 2008. C'est un
tel constat qui a motivé la réalisation de la présente
étude qui voudrait répondre à la question suivante:
Quels sont les facteurs explicatifs de la faible
régression de la mortalité infantojuvénile en Côte
d'Ivoire ?
L'objectif général de notre étude est de
mieux cerner le phénomène de la mortalité des enfants afin
d'orienter la politique actuelle de baisse de mortalité
infanto-juvénile dans le cadre des objectifs du millénaire.
De façon spécifique, il s'agit d'identifier les
facteurs explicatifs de la mortalité infanto-juvénile et de
mesurer l'influence de ces facteurs sur ladite mortalité sous les
hypothèses que, le statut vaccinal explique de façon
significative et négative le décès des enfants de moins de
cinq ans et que la mortalité infanto-juvénile est
négativement reliée au niveau d'instruction secondaire de la
mère.
L'analyse est basée sur des informations d'archives
disponibles au CHU de Yopougon. La collecte des données est
effectuée sur la base des enfants malades de moins de cinq ans
reçus en 2008 en pédiatrie II. Nous avons procédé
à la consultation de chaque dossier de malade et le registre de
pédiatrie mis à notre disposition par la surveillante. Ainsi, sur
1185 enfants, nous avons retenu 305 compte tenu des nombreuses variables qui
n'ont pu être renseignées par manque d'information. Cette
enquête nous a permis au delà des archives disponibles, de
recueillir des informations directement en interrogeant des sages femmes et
quelques mères sur la situation des enfants en général et
sur les données manquantes au CHU de Yopougon.
En guise de méthode d'analyse, nous avons fait une
analyse descriptive montrant les caractéristiques de la mortalité
infantile et l'estimation de la variable dépendante mortalité,
notée ??MORTA», s'est faite a travers le logiciel STATA.
Pour atteindre nos objectifs, nous avons articulé cette
étude autour de deux parties.
Dans la première, consacrée à
l'appréhension de la mortalité des enfants, le concept et la
mesure de la mortalité infanto-juvénile sont
présentés dans le premier chapitre, suivi des causes et
caractéristiques de la mortalité infantile dans le second.
Dans la deuxième partie, intitulée analyse des
déterminants de la mortalité infantojuvénile, le
troisième chapitre traite des déterminants de la mortalité
infanto-juvénile et le quatrième intitulé effets des
facteurs explicatifs sur la mortalité infanto-juvénile,
présente les résultats et leur interprétation.
Enfin, une conclusion et des recommandations sont faites en fin
de document.
PREMIERE PARTIE :
APPREHENSION DE LA MORTALITE DES
ENFANTS
Cette étude réservée uniquement à
la mortalité des enfants de moins de cinq ans, présente dans sa
première partie au premier abord le concept et mesure de
mortalité infantojuvénile et en second lieu les causes et
caractéristiques de ladite mortalité.
CHAPITRE I : CONCEPT ET MESURE DE LA MORTALITE
INFANTO-JUVENILE
Dans ce chapitre, sont discutées en premier lieu les
définitions et mesure de la mortalité infantile et en second lieu
l'évolution et la tendance de la mortalité infantile en
Côte d'Ivoire.
Section 1 : DEFINITION ET MESURE DE LA MORTALITE
INFANTILE
L'objectif de cette présente section est de fournir une
définition des typologies de la mortalité infantile. Mais avant,
d'appréhender la population des enfants morts, il convient de
préciser que l'on s'intéressera à la mortalité
infantile, juvénile et infanto-juvénile.
1-1 Définition de la mortalité infantile et
juvénile
La mortalité infanto-juvénile
est celle qui affecte les enfants de la naissance jusqu'au cinquième
anniversaire (non inclus) et se rapporte au nombre de décès
d'enfants nés vivants de 0-4 ans révolus sur le nombre des
naissances durant la période (dans le même pays).
La mortalité infantile est la
mortalité des enfants âgés de moins d'un an autrement dit
les décès infantiles survenus de (0 à 11 mois
révolus).
La mortalité juvénile est celle
qui est en rapport avec les décès entre 1 an et 4 ans
révolus. Le taux brut de mortalité : mesure la
fréquence annuelle de décès au sein d'une population .Bien
qu'il soit l'indicateur le plus utilisé, il ne permet pas de
caractériser l'état sanitaire de la population. En effet, sa
valeur dépend non seulement du risque de mourir, mais également
de la structure par âge de la population.
Taux de mortalité néo-natale :
décès d'enfants de moins de 28 jours pour 1000 enfants nés
vivants.
Taux de mortalité périnatale :
décès d'enfants de moins de 7 jours et d'enfants sans vie pour
1000 naissances totales (nés vivants + enfants sans vie).
Taux de mortinatalité : nombre d'enfants
sans vie pour 1 000 naissances totales2.
La morbidité : nombre de
malades annuels rapporté à la population. Cet indice
statistique sert à l'étude de la démographie, au
même titre que la natalité ou la fécondité, il
dépend de la structure par âge de la population
représentée par la pyramide des âges qui est
affectée par le
2 Source IRDES, 2009
vieillissement démographique. Le taux de morbidité
nous renseigne sur les conditions sanitaires générales d'un pays
et est sensible aux épidémies3.
1-2 Les indicateurs de la mortalité
infantile
La mortalité infanto-juvénile est la
mortalité des enfants entre leur naissance et leur cinquième
anniversaire. Les démographes distinguent différents types de
mortalité selon l'âge au décès de l'enfant ainsi les
indicateurs permettant d'estimer les différents niveaux du
phénomène sont présentés dans la figure 1-1 sous
forme de calendrier.
Figure 1-1 Calendrier de la mortalité des moins de
cinq ans
NAISSANTE Vivante
Présomption de viabilité (Limite
conventionnelle)
365 jours
5ans
7jours 28jours 1an
|
|
|
|
|
Avortement Spontané
|
|
Mortinatalité
|
Mortalité Néonatale Précoce
Mortalité Néonatale tardive
Mortalité Néonatale
|
Mortalité Post-néonatale
|
Mortalité Périnatale
Mortalité utra-ultérine
(ou foetal)
Mortalité infantile
|
Mortalité juvénile
|
Mortalité
Infanto-juvénile
Source : LARMARANGE (2003)
3 Source,
Techno-Science.net
Présenté par TRAORE Nohoua sous la direction du
Professeur KOUADIO BENIE Marcel Page 14
Les deux principaux indicateurs de la mortalité sont
les taux et les quotients. Les quotients de mortalité relèvent de
l'analyse longitudinale (dans une génération), tandis que les
taux de mortalité appartiennent à l'analyse transversale (dans
une année). Dans le cas de notre étude, il s'agit d'une analyse
transversale, car il est question seulement d'enfants malades reçus en
pédiatrie II au CHU de Yopougon au cours de l'année 2008.
La mortalité infantile est, quant à elle, celle
survenue avant l'âge d'un an. L'indicateur utilisé pour la mesurer
est le rapport du nombre de décès d'enfants de moins d'un an au
cours d'une année au nombre de naissances vivantes enregistrées
au cours de la même année. En plus, des taux, il importe de
relever quelques quotients qui sont tout de même des indicateurs de la
mortalité :
> Quotient de mortalité néonatale (NN) : mesure
à la naissance, la probabilité de décéder avant
d'atteindre un mois exact.
> Quotient de mortalité post-néonatale (PNN) :
mesure chez les enfants âgés d'un mois exact, la
probabilité de décéder avant d'atteindre le
douzième mois exact.
> Quotient de mortalité infantile : mesure à
la naissance, la probabilité de décéder avant d'atteindre
le premier anniversaire (le terme taux de mortalité infantile sera aussi
utilisé pour designer le quotient de mortalité infantile).
> Quotient de mortalité juvénile : mesure chez
les enfants âgés d'un an exact, la probabilité de
décéder avant d'atteindre le cinquième anniversaire.
> Quotient de mortalité infanto-juvénile :
mesure à la naissance, la probabilité de décéder
avant d'atteindre le cinquième anniversaire4.
La robustesse de ces indicateurs dépendrait de la
fiabilité des données inhérentes aux techniques d'approche
de la population cible. D'où l'intérêt de la confrontation
de certaines méthodes d'évaluation.
1-3 Méthodes d'évaluation
Le taux de mortalité infantile est
révélateur du comportement en matière d'éducation
des enfants, des conditions d'hygiène et de santé qui
règnent dans les collectivités à risque et du degré
de développement socio-économique d'une région. Mais, il
est souvent difficile de mesurer cet indice avec précision et à
peu de frais.
Les régions fortement vulnérables à la
mortalité infantile sont généralement les plus
difficiles
à enquêter car elles sont dépourvues
d'hôpitaux, d'archives et d'infrastructures sanitaires.
Les
collectivités y sont isolées et à peine
alphabétisées. Les enquêtes rétrospectives
demandent
4 Source EDSCI 1998-1999
beaucoup de temps et d'argent. Dans bien des cas, les
mères ont oublié les circonstances particulières entourant
les grossesses et les décès. En outre, il s'écoule en
moyenne deux ans entre la collecte des renseignements et leur analyse.
Des chercheurs d'Amérique latine ont trouvé une
nouvelle façon d'obtenir les taux de mortalité infantile dans les
régions pauvres. La méthode est commode, rapide et peu
coûteuse. Quand une femme accouche à l'hôpital, en clinique
ou au foyer avec l'aide d'une sage-femme, on lui pose quatre questions simples
sur les résultats de sa grossesse précédente :
· Avez-vous déjà mis au monde un enfant
vivant ?
· Dans l'affirmative, cet enfant est-il présentement
vivant ou décédé ?
· Quelle était sa date de naissance ?
· Si l'enfant est décédé, à
quelle date le décès est-il survenu ?
Les concepteurs de politique de santé peuvent ainsi
établir des estimations précises des taux de mortalité
infantile. Le procédé repose directement sur l'information
fournie par la mère et prévient les erreurs de mémoire.
Cette méthode peut avoir sa place dans un système permanent de
collecte de données faisant appel aux hôpitaux, cliniques et
sages-femmes ou à des enquêtes périodiques par
recensement.
Divers pays, dont l'Argentine, le Brésil, la Bolivie,
le Pérou, la République dominicaine et le Honduras, ont obtenu
des estimations précises à l'aide de cette méthode. Les
résultats sont souvent plus justes que ceux que permettent d'obtenir les
méthodes traditionnelles de sondage. Par exemple, le CENEP en Argentine,
a réussi à évaluer la mortalité infantile avec plus
d'exactitude que s'il avait utilisé les estimations fondées sur
les données officielles tirées des dossiers de l'état
civil sur les naissances et les décès.
Au Brésil, la méthode de collecte de
données sur la mortalité infantile a été
intégrée au système de santé publique de 14
municipalités situées dans trois États du Nord-est
(Pernambuco, Rio Grande del Norte et Alagoas). On sollicite
surtout les hôpitaux publics oüse rendent habituellement
les femmes pour accoucher. Les chercheurs ont approché
directement les agents de la santé pour qu'ils
incitent les hôpitaux locaux à incorporer le questionnaire
à leur travail quotidien. Par exemple, ce sont les infirmières
qui ont recueilli les renseignements nécessaires auprès des
mères, au lieu de confier les interviews à des personnes de
l'extérieur. Des méthodes plus adéquates méritent
d'être adoptées car une bonne mesure de la mortalité
infantile permet de rendre compte de l'état réel de santé
dans une population donnée et d'en prévoir l'évolution.
Aussi, une meilleure appréciation du phénomène ne favorise
t-elle pas la mise en oeuvre de stratégies et de politiques
adéquates pour sa réduction (CERDI, 2003).
Section 2 : NIVEAUX, EVOLUTION ET TENDANCE DE LA
MORTALITE INFANTILE
Dans cette section, nous montrerons d'abord le niveau actuel de
la mortalité infantile, son évolution ensuite sa tendance.
2-1 Niveaux de la mortalité infantile en
Côte d'Ivoire
Les taux de mortalité observés laissent
entrevoir des niveaux différentiels de
mortalité. La mortalité générale,
c'est-à-dire la mortalité de tous âges confondus, avait
baissé continuellement depuis les années 1950 avant d'enregistrer
une inversion de tendance en 2006. Les causes de cette hausse de la
mortalité sont nombreuses. On relève, entre autres, la
dégradation continue des conditions de vie des populations, la
recrudescence des grandes endémies tropicales, certaines infections
comme le VIH/SIDA et les causes liées aux modes de vie moderne
(consommation excessive d'alcool, accidents divers, mauvaise nutrition).
L'enquête sur les indicateurs du SIDA (EIS, 2005) a
estimé la mortalité néonatale à 41%o. La plupart
des statistiques de la région estiment la proportion de la
mortalité néonatale à environ 40% de la mortalité
infantile. La tendance de la mortalité infantile reflète celle de
la mortalité générale. Le quotient de mortalité
infantile, c'est-à-dire la probabilité de mourir entre la
naissance et le premier anniversaire, est passée en 1998 de 112%o
à 84%o en 2005 selon (l'EIS,op cite). La mortalité
infanto-juvénile était de 125%o en 2005. Cet indicateur se serait
amélioré par rapport à 1998 où il était de
174%o, cependant, il reste élevé.
Selon le DSRP 2009, la mortalité infantile
connaît une évolution irrégulière. En 1994, elle
était de 89%o et de 1998 à 1999 elle s'est hissée à
112%o. En 2005, la situation s'est améliorée et la
mortalité infantile se situe à 84%o. Chez les enfants de moins de
cinq ans, elle demeure élevée : 150%o en 1994, 181%o en 1998 et
125%o en 2005.
Quant à la mortalité néonatale, bien qu'en
baisse, elle reste toujours élevée : 41%o en 2005 contre 62%o en
1998-1999.
2-2 Évolution de la mortalité
infantile
Les données présentées au tableau 1-1
permettent de retracer l'évolution de la mortalité infantile et
juvénile au cours des quinze dernières années. Les niveaux
sont calculés par période quinquennale, 0-4 ans ; 5-9ans ; 10-14
ans et 15-19 ans, soit de 1990 à 2005.
Tableau 1-1 Mortalité des enfants de moins de
cinq ans en Côte d'Ivoire
Quotient de mortalité néonatale, post-natale,
infantile, juvénile et infanto-juvénile
par périodes de
cinq ans ayant précédé l'enquête.
Nombre d'années
|
Mortalité
|
Mortalité
|
Mortalité
|
Mortalité
|
Mortalité
|
Ayant précédés
|
Néonatale
|
post-
|
infantile
|
juvénile
|
infanto-
|
L'enquête
|
(NN)
|
néonatale
|
(1q0)
|
(4q1)
|
juvénile
|
|
|
(PNN)
|
|
|
(5q0)
|
0-4
|
41
|
44
|
84
|
44
|
125
|
5-9
|
43
|
42
|
86
|
50
|
132
|
10-14
|
39
|
50
|
89
|
50
|
134
|
|
Source : EIS, 2005
Pour la période la plus récente (0-4 ans avant
l'enquête), les résultats montrent que sur 1000 naissances
vivantes, 84 meurent avant d'atteindre leur premier anniversaire et que sur
1000 naissances âgées d'un an, 44 n'atteignent pas leur
cinquième anniversaire. Globalement, le risque de décéder
entre la naissance et le cinquième anniversaire est de 125%o, soit un
enfant sur huit. On note par ailleurs que la probabilité de
décéder entre la fin du premier mois et le douzième mois
exact (mortalité post-néonatale : 44%o) diffère peu de
celle de décéder entre la naissance et le premier mois exact
(mortalité néonatale : 41%o).
Quel que soit l'indicateur considéré (1q0, 4q1,
5q0), on constate que le niveau de la mortalité des enfants Ivoiriens
n'aurait que peu changé au cours des quinze années ayant
précédé l'enquête. En effet, entre 1993 et 2003
(années centrales des deux périodes quinquennales
extrêmes), le quotient de mortalité serait passé de 89%o
à 84%o.
Au cours de la même période, la
probabilité pour un enfant d'un an de mourir avant son cinquième
anniversaire serait passée de 50 %o à 44%o, et le quotient de
mortalité infantojuvénile de 134 %o à 125%o. Cette
même tendance de la mortalité infantile peut s'observer de 2003
à 2008 à travers le tableau 1-2.
Tableau 1-2 Évolution des taux de
mortalité infantile en Côte d'Ivoire
Années
|
Taux de mortalité infantile
|
Variation
|
2003
|
98,33
|
|
2004
|
90,83
|
-7,63%
|
2005
|
90,83
|
0%
|
2006
|
89,11
|
-1,89%
|
2007
|
87,41
|
-1,91%
|
2008
|
85,71
|
-1,94%
|
|
Source : CIA, 2008
Évolution de la mortalité infantile de 2003-2008
2-3 Disparités et tendances de la
mortalité infantile
Les disparités, dont il est question, sont celles
observées entre régions en Cote d'Ivoire en termes de niveau de
mortalité infantile.
2-3-1 Disparités
régionales
Au niveau régional, on note que parmi les
régions étudiées, trois ont un niveau de mortalité
infantile supérieur à 100%o : il s'agit du Nord-est (106%o), du
Centre-Ouest (119%o) et du Sud-ouest (123%o).
En outre, deux régions ont un quotient de
mortalité supérieur à la moyenne nationale des cinq
dernières années (84%o), ce sont le Centre (92%o) et le
Centre-Est (86%o). Les régions du Centre-Nord (59%o), du Nord-Ouest
(62%o) et de l'Ouest (65%o) qui sont pourtant des zones
ex-assiégées présentent les meilleurs résultats
concernant la mortalité des enfants de moins d'un an.
Au regard de la crise socio-politique, on aurait pu penser
à priori que compte tenu de la désertion de ces zones par le
personnel médical dans sa grande majorité, la situation se serait
présentée différemment. L'action des organisations
humanitaires a dû pallier le vide crée par ces départs. La
même tendance est observée au niveau de la mortalité
infantojuvénile à quelques nuances près.
On note que dans la majorité des régions (7 sur
11), le quotient de mortalité infantojuvénile est
supérieur à la moyenne nationale des cinq dernières
années (125%o). Selon l'EIS, 2005 c'est dans la région du
Centre-Ouest que le risque de décéder entre la naissance et le
cinquième anniversaire est le plus élevé (169%o) et plus
faible dans les régions du Centre-Nord (83%o) et du Nord-Ouest
(96%o).
2-3-2 Tendance de la mortalité
infantile
Le graphique ci-dessous illustre la tendance de la
mortalité infanto-juvénile en Côte d'Ivoire de 1985
à 2005.
Graphique 1-1 Tendance de la mortalité infantile
et juvénile en Côte d'Ivoire
Source : EDSCI-II (1998-99) et EIS-CI(2005)
Ce graphique permet de comparer les niveaux de
mortalité infantile et infanto-Juvénile de l'EIS-CI à ceux
de l'EDSCI-II. L'EDSCI-II avait mis en évidence une augmentation
importante de la mortalité des enfants au cours des quinze années
précédant l'enquête 1998- 1999, la mortalité
infantile atteignant 112%o au moment de l'enquête (estimation
centrée autour de 1996) et la mortalité juvénile
atteignant 77%o.
Il apparait clairement sur le graphique que les niveaux de
mortalité estimés par l'EISCI pour les périodes 5-9 ans et
10-14 ans avant l'enquête (centrées respectivement autour de 1998
et 1993) sont nettement inferieurs à ceux de l'EDSCI-II pour la
période la plus récente (centrée autour de 1996). En
effet, pour cette période, l'EIS-CI estime la mortalité infantile
à 84-86 contre 112%o à l'EDSCI-II et la mortalité
juvénile à 44-50%o contre 77%o. Le manque de cohérence
entre les estimations des deux enquêtes pour la même période
semblerait indiquer que l'EIS-CI a sous-estimé les niveaux de
mortalité, en particulier pour les périodes anciennes.
Cela s'expliquerait par ailleurs par une amélioration
de la situation sanitaire ou un changement des caractéristiques de la
mortalité infantile. Notre étude permettra de mettre en relief
les caractéristiques propres aux enfants de l'année 2008, et d'en
établir une comparaison avec les résultats des enquêtes
nationales.
CHAPITRE II : LES CAUSES ET CARACTERISTIQUES DE LA
MORTALITE DES ENFANTS
Il s'agira dans ce chapitre de donner les causes et
caractéristiques des la mortalité infantile et de faire une
analyse descriptive à partir des données d'enquête aux fins
d'établir une comparaison entre nos résultats et ceux des
enquêtes.
Section 1 : CAUSES ET DESCRIPTION DE LA MORTALITE
INFANTILE
1-1 les causes de décès des enfants en
Côte d'Ivoire
Dans les pays à revenu intermédiaire et faible,
plus de 3,5 millions de mères et d'enfants de moins de cinq ans meurent
chaque année pour cause sous-jacentes de malnutrition et des millions
d'autres sont handicapés à vie en raison des effets physiques et
mentaux d'un apport nutritionnel trop pauvre durant les premiers mois de
vie.
Selon le RASS 2000, le paludisme, la diarrhée, les
infections respiratoires aigues (IRA) sont les principales causes de
mortalité chez les enfants. En effet, selon les statistiques
disponibles, le paludisme représente la première cause de
morbidité et de la mortalité en Côte d'Ivoire chez les
enfants de moins de cinq ans. Ce fléau constitue un véritable
problème de santé publique en Cote d'Ivoire. En 2006, l'incidence
du paludisme dans la population générale était de 69,25%o.
Pour les enfants de moins de cinq ans cette maladie avait une prévalence
de 110,89%o.
Le plan stratégique national de lutte contre le
VIH/SIDA 2006-2010 indique que Chez l'enfant, les IRA, le paludisme, la
diarrhée et la malnutrition constituent les principales causes de
morbidité et de mortalité. La Côte d'Ivoire a
enregistré plus de 1.710.000 cas d'IRA chez les moins de cinq ans et
environ 850.000 cas de diarrhée en 1999 et 2000. Le paludisme a
touché plus de 1.350.000 personnes environ pour cette même
période. Certaines maladies à caractère
épidémique tels que le choléra, les méningites
purulentes et la fièvre jaune continuent d'être des menaces
constantes sur l'état de santé de la population.
Selon le DSRP, le profil épidémiologique des
enfants de moins de cinq ans en 2006 indiquait des incidences de : 110,89%o
pour le paludisme, 83,96%o pour les infections respiratoires aiguës et
152,01%o pour les maladies diarrhéiques.
De plus, 33,9% des enfants souffrent de malnutrition
chronique et 0,19%o de la rougeole. Les facteurs qui concourent à
l'émergence des affections résident dans le manque
d'hygiène du cadre de vie, l'insuffisance de conseils et d'informations
aux mères, la faible pratique de l'allaitement exclusif et le sevrage
précoce, la persistance des problèmes culturels et le faible taux
d'alphabétisation des femmes.
Le même rapport indique que les maladies infectieuses
et parasitaires représentent 60% de la morbidité
diagnostiquée. Malgré les efforts du gouvernement, l'incidence
des maladies endémiques reste toujours élevée,
principalement chez les enfants. Ces maladies sont le paludisme, le VIH/sida,
la tuberculose, la trypanosomiase. Au su de ces causes, il importe de
décrire le phénomène afin de mieux appréhender ses
caractéristiques.
1-2 Description de la mortalité infantile en
Côte d'Ivoire
L'État de santé de la population ivoirienne est
caractérisé par un taux élevé de mortalité
estimé à 14,2%o imputables notamment à l'infection au
VIH/SIDA, au paludisme, à la diarrhée, aux infections
respiratoires aiguës (IRA). Les résultats de l'enquête MICS
2006 montrent que sur le territoire ivoirien, seulement 17% des enfants
âgés de moins de cinq ans ont dormi sous une moustiquaire la nuit
précédant l'enquête. Cette proportion n'était que de
3% pour les moustiquaires imprégnées. Le coût moyen d'une
moustiquaire imprégnée s'élevait à 3500 FCFA dans
le service public et 5000 FCFA dans celui du privé.
Les enfants de 12 à 23 mois sont les plus
touchés par le paludisme que les autres (31%). Seulement 36% des enfants
fébriles ont reçu un traitement antipaludéen
approprié, 30% ont reçu du paracétamol et 20% ont
reçu des médicaments traditionnels. Dans les 24 heures qui
suivent les symptômes du paludisme, 26% des enfants fébriles ont
reçu un traitement antipaludéen approprié.
Les résultats de l'enquête (MICS, 2006),
indiquent par ailleurs que 39% des antipaludéens des enfants proviennent
du secteur public où ils coûtent en moyenne 1800 FCFA alors que ce
coût moyen est de 1930 FCFA dans le secteur privé. En ce qui
concerne les infections respiratoires, 5% des enfants de moins de cinq ans ont
souffert d'une infection respiratoire aigue (IRA). Seulement 35% des enfants
souffrant d'une IRA ont bénéficié des prestations d'un
personnel de soins de santé appropriés. Parmi les filles malades,
41% ont été traitées par les prestataires de soins
appropriés, contre 30% chez les garçons.
Elle montre par ailleurs que plus de 4% des enfants
âgés de moins de 6 mois sont exclusivement allaités au sein
maternel. A l'âge de 6-9 mois, 54% des enfants reçoivent du lait
maternel et des aliments solides ou semi-solides. A l'âge de 20-23 mois,
37% des enfants continuent d'être allaités au sein maternel.
Seulement 23% des enfants de moins de 12 mois sont nourris convenablement. Au
cours des 6 mois précédant l'enquête, plus de la moitie
(55%) des enfants âgés de 6 à 59 mois ont reçu une
dose élevée en vitamine A ; tandis que 29% n'en ont jamais
reçu.
Selon les résultats de l'EDS 1998-1999, seulement 41%
des femmes sans aucun niveau d'instruction avaient vacciné leur enfant
contre 63% et 89% respectivement pour les niveaux primaire et secondaire et ces
proportions sont sensiblement les mêmes pour les soins prénataux.
En ce qui concerne l'allaitement, la tendance n'est plus la même c'est
plutôt les femmes non instruites qui allaitent plus leurs enfants au sein
soit 54% d'elles contre 50% pour le niveau secondaire et plus. Pour ce qui est
du rang de naissance, ce sont les enfants du rang 1 qui sont plus victimes des
IRA avec un taux de 19% contre 15% pour les autres rangs. Quant au sexe, il
semble ne pas constituer un facteur de différenciation de la
prévalence des IRA (16% pour les garçons et 17% pour les
filles).
Selon l'enquête MICS 2006, en Côte d'Ivoire 75%
des enfants âgés de 12 à 23 mois ont reçu tous les
vaccins recommandés. Parmi les enfants âgés de 12 à
23 mois vaccinés à cette date, 85% ont reçu le BCG ; 79%
la DTCHepB3 ; 81% le polio3 ; 83% la fièvre jaune et 84% la rougeole.
Selon la même enquête, 85% des femmes âgées de 15
à 49 ans ayant donné naissance au cours des deux dernières
années précédant l'enquête ont reçu des soins
prénatals des professionnels de santé. La proportion des femmes
ayant reçu des soins de la part des infirmiers et sages femmes est de
82%. Lors des visites prénatales, 83% des femmes ont fait prendre leur
poids, 81% ont fait la prise de tension, 71% ont fait un
prélèvement d'urines et seulement 47% ont fait le test de
sang.
L'Enquête sur les Indicateurs du Sida (EIS, 2005),
montre qu'en Côte d'Ivoire, le taux de mortalité
infanto-juvénile est estimé à 125%o.Un enfant
âgé de moins de cinq ans sur cinq (20 %) souffre d'insuffisance
pondérale dont 4 % sous une forme sévère. Un peu plus d'un
tiers des enfants (34%) de 0-59 mois souffre d'un retard de croissance dont 16
% de cas sévères. L'anémie ferriprive chez les enfants de
moins de cinq ans est retrouvée chez 67,4% des sujets. La carence en
vitamine A touche 27 % des enfants en dessous de cinq ans (INSP, UFR-SPB,
2007).
Les pathologies courantes associées à la
malnutrition présentent un tableau non moins reluisant. Ainsi, l'on
n'estime que seuls 26 % des enfants fébriles ayant
présenté les symptômes du paludisme ont reçu un
traitement approprié. La diarrhée affecte 15,6 % des enfants de
moins de cinq ans.
Il existe un éventail de possibilités pour
prévenir et éliminer virtuellement la malnutrition, de la
conception à la fin des trois premières années de vie de
l'enfant. Il est important de savoir désormais que pour chaque affection
qui contribue à une invalidité ou à un décès
lié à un état nutritionnel, l'on peut opposer des
interventions éprouvées et pleinement efficaces. Parmi ces
interventions, la promotion de l'allaitement maternel, l'alimentation de
complément adaptée et diversifiée, l'apport en vitamine A,
fer, acide folique, iode et zinc, la nutrition de la femme enceinte et
allaitante et la gestion appropriée de la malnutrition aigue
sévère de l'enfant sont les actions les plus prometteuses en ce
qui concerne la réduction de la mortalité infantile et de la
charge future de morbidité liées à la malnutrition.
1-3 Les causes de décès des enfants au CHU
de Yopougon
L'enquête réalisée au CHU de Yopougon a
permis de regrouper les enfants malades reçus en pédiatrie II et
les maladies en plusieurs rubriques.
1-3-1 Classification des enfants selon le
statut
L'analyse des données d'enquête a permis de
distinguer curieusement quatre types d'enfants repartis dans le tableau 2-1 en
fonction du type considéré :
Exeats : ce sont les malades reçus en
pédiatrie qui ont fait tous les soins recommandés par le
médecin et qui ont recouvré la santé.
Décès (DCD) : il s'agit des
enfants décédés malgré les soins reçus par
le personnel médical.
Déchargés(S/D) : ce sont les
enfants dont les parents ne supportent plus le coût des soins et par
conséquent demande officiellement de rentrer avec l'enfant malade quant
bien même qu'il ne soit pas guéri. Dans ce cas précis, le
médecin exige la signature d'une décharge qui désengage sa
responsabilité. Dans quelques rares cas, certains signent les
décharges pour cause de durée de séjour longue imputable
à une mauvaise qualité des soins ou se disent sujets à un
mauvais traitement (accueil et suivi).
Évadés : contrairement à
la situation précédente, les parents ne supportant plus les frais
qu'ils disent exorbitants, rentrent à la maison à l'insu du
médecin.
Référés : les enfants
transférés dans un autre CHU ou à la PISAM sur
décision du médecin sont ceux qui souffrent d'une maladie dont le
traitement n'est pas possible pour deux principales raisons :
- absence ou défaillance du plateau technique
- absence d'un service spécialisé, c'est le cas du
service de cardiologie qui n'existe qu'au CHU de Treichville.
Tableau 2-1 Classification des enfants de
pédiatrie II
TYPE
|
Exeats
|
Décédés
|
Déchargés
|
Évadés
|
Référés
|
Total
|
Nombre d'enquêtés
|
171
|
59
|
54
|
15
|
6
|
305
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
1-3-2 Les maladies infantiles au CHU de
Yopougon
Notre étude a permis de distinguer quatre grands groupes
de maladies infantiles qui sont : Le paludisme, les maladies respiratoires, les
maladies infectieuses et autres maladies.
Tableau 2-2 Classification des maladies
infantiles en pédiatrie II
PALUDISME
|
MALADIES RESPIRATOIRES (IRA)
|
MALADIES INFECTUEUSES (bactériennes et virales)
|
AUTRES MALADIES
|
-Paludisme simple
|
-Amygdalite
|
-infection
|
-Neurologiques
|
-Paludisme Grave sous Forme
|
-Asthme -Broncho-
|
-SIDA (virale) -Candidoses
|
(convulsion, méningite)
|
Anémique(PGFA)
|
pneumopathie(BPP)
|
(champions)
|
-cardiopathie
|
-Paludisme Grave
|
-Condensation
|
-Staphylococcie
|
-Nutritionnelles
|
sous Forme
|
pulmonaire
|
(bactérienne)
|
(deshidratation,
|
Neurologique
|
-pharyngite
|
-Gastroentérite aigue
|
malnutution)
|
(PGFN)
|
-rhinopharyngite
|
-Septicémie
|
-intoxication
|
-Paludisme Grave
|
-dyspnée (signe
|
-Anémie (signe
|
médicamenteuse
|
sous Forme Neuro anémique(PGFNA)
|
de maladie)
|
de maladie) -Hyperthermie (signe de maladie)
|
|
|
|
-Hémoglobinurie
|
|
|
Source : Données d'enquête ,2008
Par ailleurs, l'étude détaillée des
maladies nous a permis d'identifier six maladies qui sont plus
fréquentes chez les enfants de moins de cinq ans. Le paludisme, sous
toutes ses formes, représente la première cause de
morbidité chez les enfants car plus de la moitié des enfants
enquêtés souffrent de paludisme suivi de la broncho-pneumopathie
avec 13,77% et l'anémie dont sont victimes 11,80 % des enfants. La
gastroentérite, quant à elle, vient en quatrième lieu avec
4,92% et enfin la septicémie et la déshydratation influencent la
morbidité des enfants dans les mêmes proportions soit 4,92 % des
cas dans la population des enfants malades (voir annexe 6). Ainsi, nous
analysons l'incidence des différents groupes de maladie sur la
santé des enfants.
1-3-3 Incidence des maladies
Le paludisme représente la première cause de
morbidité chez les enfants car plus de la moitié des enfants
enquêtés souffrent de paludisme soit 50,49% des cas
étudiés suivies des maladies infectieuses avec 23,63% et maladies
respiratoires dont sont victimes 17,38% des enfants. Les autres causes
représentent 8,52% de la morbidité diagnostiquée.
Tableau 2-3 Type de maladies et incidence
Types de maladie
|
Effectifs
|
Pourcentages
|
Paludisme
|
154
|
50,49
|
Maladies Infectieuses
|
72
|
23,61
|
Maladies Respiratoires
|
53
|
17,38
|
Autres Maladies
|
26
|
8,52
|
Total
|
305
|
100
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
1-3-4 Type de maladie et le statut de
l'enfant
L'analyse du tableau 2-4 montre que les enfants meurent plus
du paludisme, cela confirme que le paludisme est la première cause de
mortalité chez les enfants. Les maladies infectieuses et respiratoires
ont sensiblement la même incidence sur la mortalité des enfants.
En ce qui concerne les décharges, elles sont fréquentes dans le
cas du paludisme et les maladies infectieuses. Pour l'ensemble des enfants,
56,39% sont sortis guéris du CHU contre 19,02% de cas de
décès. Dans 22,62% des cas, les parents n'ont pu supporter les
coûts des médicaments et seulement 1,97% de malades n'ont pu
être traités au CHU de Yopougon.
Ces chiffres indiquent que notre CHU est efficace car les
enfants qui y rentrent ont beaucoup de chance d'échapper à la
mort. Il est doté d'un plateau technique authentique et tous les
services spécialisés y sont en dehors de celui de cardiologie.
Tableau 2-4 Les maladies et statut du malade
STATUT DE L'ENFANT
|
EXEAT
|
DECEDE
|
DECHARGE
|
EVADE
|
REFERE
|
Total
|
TYPES DE MALADIES
|
Paludisme
|
27,54
|
9,84
|
10,16
|
1,97
|
0,98
|
154
|
|
13,44
|
3,61
|
4,26
|
1,97
|
0,33
|
72
|
|
10,82
|
3,28
|
1,97
|
0,66
|
0,66
|
53
|
|
4,59
|
2,30
|
1,64
|
0
|
0
|
26
|
Ensemble
|
56,39
|
19,02
|
18,03
|
4,59
|
1,97
|
305
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
Section 2 : ANALYSE DESCRIPTIVE
Dans cette section, nous allons procéder à une
approche descriptive de la situation de la mortalité des enfants de
moins de cinq ans et confronter ces résultats à ceux issus des
enquêtes nationales. Et ce, sur la base des données d'archives
collectées au CHU de Yopougon. L'étude porte sur 305 enfants
malades reçus en pédiatrie II en 2008.
Il s'agira d'abord de croiser des variables explicatives
entre elles, puis mettre en relation certaines variables qui nous semblent
pertinentes avec la mortalité infantile pour en ressortir les
caractéristiques de ladite mortalité.
2-1 Caractéristiques de la mortalité
infanto-juvénile
· Soins prénataux et statut vaccinal des
enfants
La vaccination des enfants comme l'indique la
littérature, est déterminante dans l'explication de la
mortalité chez les enfants. Le tableau 2-5 montre que 87,18% des femmes
ayant fait les soins prénataux ont fait vacciner leurs enfants et
seulement 12,82% des femmes qui n'ont pas fait de soins ont vacciné
leurs enfants. Cela montre que les femmes qui suivent leur grossesse sont
prédisposées à vacciner l'enfant après
l'accouchement. Elles augmentent de ce fait la chance de survie du nouveau
né. En revanche, les enfants dont les mères ne font
pas de visites prénatales, ont moins de chance
d'être vaccinés et sont par conséquent vulnérables
aux maladies infantiles les exposant ainsi au risque de décès.
Sur la base de notre échantillon, 53,77% des femmes
ont pratiqué les soins prénataux et 87,18% d'entre elles ont
vacciné leurs enfants après l'accouchement contre 18,79%.Cela
peut s'expliquer par le fait que certaines femmes suivent la grossesse dans le
seul but d'esquiver les complications à l'accouchement et se
prémunir du risque de décès qu'elles peuvent courir lors
de l'accouchement faisant ainsi abstraction de la santé de l'enfant.
Alors que les soins prénataux, même s'ils ont pour double objectif
la santé de la mère et de l'enfant, la vaccination reste
déterminante dans la survie de l'enfant. Enfin, les résultats du
tableau 2-5 montrent que le taux de vaccination des enfants est toujours faible
(51 ,14%), cela pourrait affecter la morbidité partant la
mortalité des enfants.
Tableau 2-5 Risque de décès selon
les soins prénataux et le statut vaccinal
|
Soins prénataux
|
Total
|
|
Soins non faits
|
|
Vacciné
|
87,18
|
12,82
|
156
|
|
18,79
|
81,21
|
149
|
Ensemble
|
53,77
|
46,23
|
305
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Activité de la mère et le mode
d'allaitement
Selon le tableau 2-6, ce sont les femmes sans emploi qui
pratiquent plus l'allaitement maternel (64 ,75%) contre 5,33% pour les
salariés chez qui l'allaitement artificiel est le plus pratiqué
soit 16 ,67%.
Par ailleurs, l'on observe chez les femmes qui ont une
activité privée, une forte pratique de l'allaitement mixte par
rapport aux autres modes notamment dans la population des coiffeuses. Chez les
élèves et étudiantes, c'est l'allaitement artificiel qui
prédomine soit 33,33% de cette catégorie de femme.
Les taux d'allaitement maternel les plus faibles sont
enregistrés chez les salariés et élèves ou
étudiantes car du fait des occupations professionnelles ou
académiques, ces mères passent peu de temps avec leurs enfants.
Cela pourrait aussi s'expliquer par l'hostilité de certaines jeunes
filles vis-à-vis du mode naturel. Les femmes sans emploi qui, pour la
plupart, sont des ménagères, sont moins occupées et
prennent mieux soins de leur progéniture. Elles disposent de ce fait du
temps nécessaire à l'allaitement des enfants.
En dépit de ces disparités constatées
dans le mode pratiqué en fonction de l'activité de la
mère, nous pouvons noter qu'en général, les femmes
ivoiriennes allaitent leurs enfants au sein, car le taux d'allaitement pour
l'ensemble des femmes étudiées est de 80%. De ce fait, le mode
d'allaitement pourrait ne pas fortement influencer la mortalité
infantile en Côte d'Ivoire.
Tableau 2-6 Risque de décès selon
l'occupation de la mère et le mode d'alitement
|
Activité de la mère
|
Effectifs
|
|
Salarié
|
Auto emploi
|
Elève ou étudiante
|
|
allaitement au sein
|
64,75
|
5,33
|
27,05
|
2,87
|
244
|
|
32,73
|
5,45
|
38,18
|
23,64
|
55
|
|
50
|
16,67
|
0
|
33,33
|
6
|
Ensemble
|
58,69
|
5,57
|
28,52
|
7,21
|
305
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Niveau d'instruction et soins prénataux
Nos données du tableau 2-7 montrent que les femmes qui
n'ont aucun niveau d'étude enregistrent le plus faible taux de visites
prénatales (38,37%) et celles qui ont un niveau d'étude
supérieur font plus de visites prénatales avec un taux de 93,75%.
Pour les niveaux primaires et secondaires, les soins se font sensiblement dans
les mêmes proportions soit plus de 70%. Nous constatons donc que plus la
femme est instruite, plus grande est sa propension à faire les soins
avant l'accouchement. Cela pourrait augmenter la chance de survie du
nouveau-né.
En effet, le niveau d'instruction permet de connaitre ce qui
est scientifiquement bon pour la santé de l'enfant. C'est donc un moyen
de favoriser l'adoption de comportements favorables à la bonne
santé des enfants. Nous notons par ailleurs que plus de la moitié
(56, 39%) des mères des enfants étaient non scolarisés.
Cela pourrait rendre difficile la compréhension de la pratique des soins
de santé moderne.
Tableau 2-7 Risque de décès selon
les soins prénataux et le niveau d'instruction
|
Soins prénataux
|
Total
|
|
soins non faits
|
|
aucun niveau
|
38,37
|
61,63
|
172
|
|
70,97
|
29,03
|
93
|
|
70,83
|
29,17
|
24
|
|
93,75
|
6,25
|
16
|
Ensemble
|
53,77
|
46,23
|
305
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Religion et soins prénataux
Il ressort du tableau 2-8, que moins de la moitié
(48,42%) des femmes musulmanes ont fait les soins prénataux contre plus
de la moitié chez les chrétiennes (63,74%). Cela peut s'expliquer
par le fait que les parents pratiquant la religion chrétienne se
référent plus à un modèle occidental en
matière de soins. Les parents musulmans recourent beaucoup plus à
la médecine traditionnelle comme alternative de soins.
Tableau 2-8 Risque de décès selon
la religion et les soins prénataux
|
Soins prénataux
|
Total
|
|
soins non faits
|
|
Islam
|
48,42
|
51,58
|
95
|
|
63,74
|
36,26
|
91
|
Ensemble
|
56,19
|
43,81
|
186
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Ethnie et soins prénataux
Lorsque nous croisons l'ethnie et les soins prénataux,
nous constatons que les femmes Akan et Krou sont celles qui suivent bien leur
grossesse soit plus de 63,80% d'elles ont fait les soins avant l'accouchement.
Tandis que chez les Mandés et voltaïques les taux de visites
prénatales sont les plus faibles et sont respectivement 43 ,84% et
33,33%.Cela peut s'expliquer par le fait que les deux derniers groupes
ethniques sont conservateurs de culture, de tradition et moeurs. Alors que des
modèles culturels peuvent rentrer en conflit avec le mode de soins
modernes.
Tableau 2-9 Risque de décès selon
l'ethnie et les soins prénataux
|
Soins prénataux
|
Total
|
|
Soins non faits
|
|
Mandé
|
32
|
42
|
74
|
|
77
|
44
|
121
|
|
30
|
17
|
47
|
|
11
|
20
|
31
|
|
14
|
18
|
32
|
Total
|
164
|
141
|
305
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Niveau d'instruction et mode d'allaitement
Selon le tableau 2-10, la propension des femmes à
allaiter leurs enfants au sein diminue avec le niveau d'instruction. C'est chez
les femmes sans niveau d'instruction que le taux d'allaitement au sein est plus
élevé et plus faible chez celles ayant un niveau supérieur
soit 48,85% contre 1,97%. Cela peut s'expliquer par le fait que celles qui
n'ont aucun niveau d'étude accordent plus de temps à leurs
enfants par ce que moins occupées. Par contre, celles qui ont un niveau
d'étude élevé travaillent ou sont à la recherche
d'un emploi, elles disposent de ce fait de peu de temps pour s'occuper de leur
progéniture.
Par ailleurs, qu'il s'agisse de l'allaitement mixte ou
artificiel, c'est pour le niveau secondaire et supérieur que l'on
enregistre les taux les plus élevés et les femmes sans niveau
d'instruction ne pratiquent pas l'allaitement artificiel. Notre analyse montre
que le niveau d'instruction est très déterminant dans le choix du
mode d'allaitement. Car l'intensité de ses activités
socioprofessionnelles de la mère rime avec le niveau d'étude et
pourraient influencer le mode d'allaitement.
Tableau 2-10 Risque de décès
selon le niveau d'instruction et le mode d'allaitement
|
Mode d'allaitement
|
Total
|
|
Allaitement mixte
|
Allaitement artificiel
|
|
Aucun niveau
|
48,85
|
2,30
|
|
172
|
|
23,61
|
2,62
|
0,33
|
93
|
|
5,57
|
6,56
|
0,66
|
24
|
|
1,97
|
6,56
|
0 ,98
|
16
|
Ensemble
|
80
|
18,03
|
1,97
|
305
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
2-2 Relation entre la variable dépendante et les
facteurs explicatifs
Il s'agira ici de croiser dans chaque cas une variable
explicative avec la variable dépendante.
· Décès infantiles et soins
prénatals
Nos données dans le tableau 2-11 montrent que les
enfants dont les mères ont fait les visites prénatales sont moins
victimes du phénomène de la mortalité soit 32,76% contre
67,24% pour ceux dont les mères n'ont pas fait de soins. Cela pourrait
s'expliquer par le fait que les visites prénatales permettent un
meilleur suivi du foetus et le met à l'abri de certaines maladies
héréditaires. Ces enfants ont aussi l'avantage de
bénéficier d'une bonne santé à la naissance et
d'une faible vulnérabilité.
Par ailleurs, comme l'indique notre analyse bi variée,
les femmes qui font les visites prénatales ont une propension plus
grande à faire vacciner leurs enfants. La pratique des soins peut
être déterminante dans l'explication de la mortalité
infantile.
Tableau 2-11 Proportion de décès
et les visites prénatales
|
Soins prénataux
|
Total
|
|
soins non faits
|
|
32,76
|
67,24
|
58
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Décès infantiles et sexe de l'enfant
Le tableau 2-12 laisse entrevoir une mortalité
différentielle selon le sexe de l'enfant. On observe une
surmortalité masculine car les garçons sont
décédés dans les proportions les plus
élevées soit 53 ,45% contre 46,55 % chez les jeunes filles. Ces
différences de mortalité entre sexe sont en bonne partie une
question biologique ce scénario dépendrait de la structure
chromosomique particulière des garçons et du
développement plus lent de leurs poumons, düaux effets
de la testostérone.
Tableau 2-12 Proportion de décès
et le sexe
|
Sexe
|
Total
|
|
Féminin
|
|
53,45
|
46,55
|
58
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Décès infantiles et activité de la
mère
On remarque que l'incidence de la mortalité est plus
importante chez les enfants des femmes sans activité (68 ,97%) suivi de
ceux dont les mères exercent une activité privée (24,14%).
Tandis que ceux des salariés et élèves ou
étudiantes meurent dans les proportions les plus faibles soit
respectivement 1 ,72 % et 5,17%. Cette différence de mortalité
peut s'expliquer par les effets bénéfiques de l'instruction sur
la mortalité chez les fonctionnaires et étudiantes.
Tableau 2-13 Proportion de décès
et l'activité de la mère
|
Activité de la mère
|
Total
|
|
salarié
|
Auto emploi
|
Étudiante ou élève
|
|
68,97
|
1,72
|
24,14
|
5,17
|
58
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Décès infantiles et la vaccination des
enfants
Les données du tableau 2-14 indiquent que 82,76% des
enfants non vaccinés sont morts contre 17,24% pour les enfants
vaccinés. Ce résultat témoigne du bénéfice
sanitaire que procure un bon suivi médical de la femme pendant la
grossesse qui se manifeste à travers la réduction de la
mortalité infantile.
Ces chiffres confirment la revue de littérature en ce
sens que, les visites prénatales permettent d'éviter, sinon de
réduire, le risque de malformation du foetus conduisant le plus souvent
au décès des enfants à bas âge. Cela confirme nos
résultats de l'analyse bivariée qui montre l'effet positif de la
vaccination sur la santé des enfants partant la mortalité. On
pourrait anticiper une relation négative entre la vaccination des
enfants et la mortalité infantojuvénile.
Tableau 2-14 Proportion de décès
et le statut vaccinal
|
statut vaccinal
|
Total
|
|
non vacciné
|
|
17,24
|
82,76
|
58
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Décès infantiles et l'âge de
l'enfant
A partir des données du tableau 2-15, on note que les
enfants meurent plus après le premier anniversaire 56,90% contre 43,10%
pour ceux qui n'ont pu atteindre un an exact.
En effet, le nouveau-né compte tenu de sa
fragilité et sa vulnérabilité bénéficie
d'une attention particulière en matière de soins et de
protection.
Mais, une fois le premier anniversaire atteint, avec
l'âge, la propension des parents à prendre soins de ce dernier
baisse souvent au profit du suivant, alors que dans cette tranche d'âge
les enfants sont beaucoup vulnérables aux facteurs environnementaux. En
fait, avant le premier anniversaire, la principale nourriture de l'enfant est
le lait maternel qui l'épargne certaines maladies infantiles
inhérentes au mode d'alimentation et l'hygiène alimentaire.
Tableau 2-15 Proportion de décès
et l'âge de l'enfant au décès
|
Age de l'enfant
|
Total
|
|
Plus de 1 an
|
|
43,10
|
56,90
|
58
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Décès infantiles et niveau
d'instruction
Selon le tableau 2-16, la mortalité des enfants
diminue avec le niveau d'instruction. Elle est plus importante chez les enfants
dont les mères n'ont aucun niveau d'étude soit 70,69% contre
24,14% pour les enfants dont les mères ont le niveau primaire.
Pour les niveaux d'instruction plus élevés
l'incidence de la moralité est faible. Les décès sont
respectivement de 3 ,45% et 1,72% pour les niveaux secondaire et
supérieur. Le niveau d'instruction peut être déterminant
dans l'explication de la mortalité infantile car cette dernière
diminue avec le niveau d'instruction de la mère.
Tableau 2.16 Proportion de décès
et niveau d'instruction
|
Niveau d'instruction
|
Total
|
|
Primaire
|
Secondaire
|
supérieur
|
|
70,69
|
24,14
|
3,45
|
1,72
|
58
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
· Décès infantiles et rang de naissance
Les données du tableau 2-17 montrent que les enfants
des trois premiers rangs sont plus exposés au risque de
décès avec respectivement 27,59%, 25,86% et 24 ,14%. Les
décès diminuent avec le rang de naissance jusqu'au
cinquième enfant à partir duquel on observe une augmentation des
proportions de décès.
On pourrait donc penser que la surmortalité est plus
préoccupante chez les enfants de rang extrêmes et plus
singulièrement pour les premiers rangs du faite de l'inexpérience
de la mère en matière de pratique de soins et de suivi de
l'enfant. Le relèvement de la mortalité après le
quatrième rang peut s'expliquer par le fait que la mère tend vers
la ménopause et sous l'effet de l'épuisement physique, elle peut
connaitre des complications à l'accouchement conduisant au
décès de l'enfant.
Tableau 2-17 Proportion de décès
et rang de naissance
|
Rang de naissance
|
Total
|
|
2eme
|
3eme
|
4eme
|
5eme
|
6 et plus
|
|
27,59
|
25 ,86
|
24,14
|
3,45
|
8,62
|
10,34
|
58
|
|
Source : Données d'enquête, 2008
2-3 Comparaison des résultats de l'analyse
descriptive et des données d'enquêtes nationales
Notre analyse montre que les femmes instruites font plus les
soins prénataux et leurs enfants sont les plus vaccinés car nos
résultats indiquent que les proportions de vaccination des enfants de
mères non instruites, de niveau secondaire et supérieur sont
respectivement 38,37%, 70, 83% et 93,75%.
Cette tendance a été montrée par les
résultats de l'EDS qui indiquent que seulement 41% des femmes sans
niveau d'instruction avaient vacciné leur enfant contre 63% et 89%
respectivement pour les niveaux primaire et secondaire et ces proportions sont
sensiblement les mêmes pour les soins prénataux. Il ressort de
notre analyse que seulement 2,63% des femmes ayant fait les soins n'ont pas
vacciné leur enfant cela confirme le lien étroit entre
vaccination des enfants et soins prénataux montré par l'EDS.
En ce qui concerne l'allaitement, ce sont plutôt les
femmes non instruites qui allaitent plus leurs enfants au sein soit 54% d'elles
contre 50% pour le niveau secondaire et plus. Cette tendance est
confirmée par notre étude qui montre que le taux d'allaitement au
sein baisse avec le niveau d'instruction. Ces taux sont respectivement 48,85%,
23,61%, 5,57% et 1,97% pour aucun niveau, niveau primaire, secondaire et
supérieur.
Notre étude montre une surmortalité masculine
confirmant les résultats de l'EIS, 2005 qui montrent que la
probabilité de décéder avant le cinquième
anniversaire est plus élevée chez les garçons que chez les
filles soit 94%o contre 76%o.
Le rapport de l'enquête MICS ,2006 estime le taux de
scolarisation des filles à 51%. Ce faible niveau est corroboré
par nos résultats qui indiquent que seulement 56,39% des mères
étaient scolarisées.
Au niveau des maladies, notre analyse indique que le
paludisme, les IRA, les maladies infectieuses sont les principales causes de
maladies chez les enfants de moins de cinq ans. Cela confirme les
résultats du plan national de lutte contre le VIH/SIDA ,2006. Cependant,
la malnutrition montrée fréquente chez les enfants dans ce
rapport ne l'est pas dans notre étude. Cela peut s'expliquer par la
restriction faite par notre étude par le choix du seul CHU de Yopougon
alors que la malnutrition des enfants est plus fréquente dans la
région Nord de la Côte d'Ivoire selon le plan national de
nutrition.
Le DSRP indiquait en 2006, que les maladies parasitaires et
infectieuses représentaient plus de 60% de la morbidité
diagnostiquée ce qui représente une sous estimation de leur
incidence par rapport à notre étude qui montre une plus grande
incidence soit plus de 70 %. Cela pourrait s'expliquer par la persistance de
ces maladies malgré les efforts du gouvernement. L'analyse du tableau
2-4 montre que les enfants meurent plus de paludisme cela confirmant ainsi les
résultats de RASS, 2000 qui indiquent que le paludisme est la
première cause de mortalité chez les enfants.
En définitive, l'analyse descriptive montre que les
femmes qui font les visites prénatales sont prédisposées
à faire vacciner leurs enfants après l'accouchement. En ce qui
concerne l'allaitement, les femmes sans emploi pratiquent plus le mode naturel
et l'allaitement mixte est prédominant chez les femmes exerçant
une activité privée. Les mères qui n'ont aucun niveau
d'étude enregistrent le plus faible taux de visites prénatales et
celles ayant un niveau d'étude primaire ou secondaire, font ces visites
sensiblement dans les mêmes proportions. Par conséquent, plus la
femme est instruite plus grande est sa propension à faire les visites
prénatales. Cependant, la propension des femmes à allaiter leurs
enfants au sein baisse avec le niveau d'instruction.
Par ailleurs, les enfants meurent plus quand ils sont de l'un
des trois premiers rangs de naissance et la mortalité juvénile
est plus préoccupante que la mortalité infantile. Aussi l'on
enregistre plus de décès pour les enfants dont les mères
sont sans niveau d'instruction par rapport aux enfants dont les mères
sont instruites. Enfin, c'est dans la population des enfants non
vaccinés que l'on constate plus de décès.
DEUXIEME PARTIE :
ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA MORTALITE
INFANTO-
JUVENILE EN CÔTE D'IVOIRE
Cette seconde partie traite des déterminants de la
mortalité infanto-juvénile à l'aide d'un modèle
Logit. Il est question d'abord dans le chapitre III, de présenter
quelques études antérieures sur les facteurs explicatifs de
ladite mortalité et la méthode d'analyse. Ensuite, dans le
chapitre IV, nous procéderons à une analyse
économétrique et enfin apporterons des recommandations
après les résultats obtenus.
CHAPITRE III : LES DETERMINANTS DE LA MORTALITE
INFANTO-JUVENILE
Ce chapitre traite des études antérieures sur
les déterminants de la mortalité des enfants de moins de cinq
dans la première section et la seconde section est consacrée
à la méthode d'analyse de ces facteurs explicatifs.
Section 1 : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA MORTALITE
INFANTILE
Le parcours de la littérature nous a permis de
découvrir une panoplie de facteurs pouvant expliquer ce
phénomène. Ce sont entre autres le sexe de l'enfant, le statut
vaccinal, le mode d'allaitement, les soins prénataux, l'intervalle inter
génésique, l'éducation de la mère, la religion et
l'ethnie.
Ces déterminants sont regroupés en trois
groupes : les facteurs socio-économiques, les facteurs
biodémographiques de la mère et de l'enfant et les facteurs
culturels.
1-1 Les facteurs socio-économiques
· Le revenu
Le niveau de vie du ménage est un déterminant
de la santé. En particulier, l'activité génératrice
de revenu de la mère est une variable très importante, car elle a
un impact sur la mortalité des enfants. En effet, avec des revenus
permettant d'assurer les besoins de base, cela diminue les risques de maladie
et partant influe sur la mortalité.
Généralement les enfants des mères ayant
un revenu assez élevé sont souvent bien nourris. Akoto et Tabutin
(1989) ; Noumbissi (1993) ; Mosley (1985) notent dans les mêmes ordres
d'idée que l'occupation de la mère peut influencer la
mortalité des enfants à travers l'alimentation des jeunes enfants
(allaitement, sevrage) ou l'attention et les soins qui leur sont
accordés.
· Les soins prénataux
Dans plusieurs sociétés d'Asie du Sud, la belle
mère joue un rôle considérable dans la naissance d'un
enfant et les soins prénataux de la belle fille, surtout dans les jeunes
couples. En effet, si la belle famille doit donner naissance à son
enfant à la maison avec l'aide d'un membre de la famille, ou en ayant
recours à une accoucheuse traditionnelle, ou encore par le
biais d'une structure de soins, cela dépend de la
croyance de la belle mère qui doit nécessairement donner son avis
(Piet-Pelon, Rob et Khan, 1999).
Les soins prénataux permettent la recherche de tares
héréditaires susceptibles d'être transmises à
l'enfant. La recherche du taux d'immunité acquise par la mère
(tétanos, rubéole, toxoplasmose, maladies infectieuses ou
parasitaires (malaria), ainsi que l'existence de pathologies maternelles (dont
le diabète, cardiopathies, etc.) qui pourraient mettre la vie de la
mère, du foetus ou du nouveau-né en danger.
Pour une bonne santé de l'enfant, les soins
prénataux doivent être effectués à un stade
précoce de la grossesse et doivent se poursuivre avec une certaine
régularité jusqu'à l'accouchement. L'OMS recommande quatre
visites prénatales, à intervalles réguliers tout au long
de la grossesse. La surveillance prénatale a pour objet de suivre
régulièrement la croissance et le développement du foetus,
de prévoir les difficultés qui pourraient surgir au moment de
l'accouchement et de dépister les anomalies qui peuvent mettre en danger
la santé du foetus et / ou de la mère. Malgré,
l'intérêt que revêt l'utilisation de ces soins, leur usage
laisse à désirer.
· Éducation de la mère
S'il est vrai que « l'ignorance tue
plus vite que la maladie » il va s'en dire que la mise en oeuvre de moyens
pouvant favoriser l'adoption de comportements favorables à la bonne
santé des enfants mérite d'être encouragée.
L'un des premiers moyens possibles est sans doute le savoir,
surtout celui de la mère. Dans la littérature, on constate qu'il
existe un lien étroit entre la mortalité des enfants et le niveau
d'instruction des mères qui se traduit par un effet positif de cette
dernière variable sur la santé des enfants. Non seulement, le
niveau d'instruction permet de connaître ce qui, scientifiquement, est
bon pour la santé, mais il est aussi un moyen d'accéder au
pouvoir et aux ressources nécessaires à la mise en oeuvre des
actions préservatrices ou récupératrices de la
santé.
L'instruction des mères a été reconnue
par les démographes comme l'un des facteurs primordiaux de la baisse de
la mortalité infantile dans les pays en développement (Behm et
Primarite, 1978 ; Caldurell, 1979 ; Caldurell et Mc Donald, 1981 cités
par Caselli et al, 2002)5.
5 Virdaou Tao (2005)
· Le statut vaccinal
La vaccination permet d'éviter certaines maladies
meurtrières ou décès liés à ces maladies.
Conformément aux recommandations de l'OMS, un enfant est
complètement vacciné lorsqu'il a reçu le BCG (protection
contre la tuberculose), le vaccin contre la rougeole et trois doses de vaccin
contre la polio et le DTCOQ (protection contre la diphtérie,
tétanos et coqueluche). Tous ces vaccins doivent être
administrés avant l'âge d'un an.
Le Programme Etendu de Vaccination (PEV) de l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) se concentre sur six maladies infantiles
courantes qui peuvent être prévenues par la vaccination:
diphtérie, coqueluche et tétanos (DPT), rougeole, polio et
tuberculose (BCG). La couverture complète de vaccination des enfants
âgés de 12 à 23 mois varie énormément entre
les 29 pays d'Afrique subsaharienne ayant fait l'objet d'une enquête,
allant de 11% seulement au Tchad, à 78% en Zambie.
· Mode d'allaitement
Les pratiques d'alimentation constituent des facteurs de
l'état de santé de l'enfant et qui à son tour affecte la
morbidité et la mortalité des enfants. En ce sens, les chercheurs
s'accordent à reconnaître que le lait maternel constitue, à
bien des égards, un aliment irremplaçable pour le
nouveau-né jusqu'à 6 mois. En effet, le lait maternel transmet
les anticorps de la mère et tous les éléments nutritifs
nécessaires aux enfants pendant les premiers mois d'existence. En outre,
la qualité hygiénique du lait maternel est une condition
préalable. Le lait maternel permet également d'éviter les
déficiences nutritionnelles et de limiter la prévalence de
certaines maladies telles que la diarrhée et la pneumonie.
Pour Akoto et Hill (1988), c'est un facteur crucial pour la
santé des enfants âgés de 0 à 6 mois, surtout dans
les pays pauvres où les aliments pouvant remplacer le lait maternel sont
souvent chers et inappropriés, tant du point de vue hygiénique
que nutritif. En Côte d'Ivoire, la durée moyenne d'allaitement
était de 20 mois en 1994, de 18,2 mois au Cameroun en 1991 alors qu'elle
était de 25,9 mois au Rwanda en 1992.
L'OMS et l'UNICEF, dans l'une de leurs recommandations,
suggèrent que les enfants soient nourris exclusivement au sein
jusqu'à 6 mois. Or, les statistiques montrent que 2% seulement des
enfants de 0 à 3 mois sont nourris comme le recommandent l'OMS et
l'UNICEF ; alors que 56% reçoivent de l'eau en plus du lait maternel et
41% d'autres types de liquides ou aliments en plus du lait maternel. Ainsi les
1% des enfants sont non allaités au sein. L'allaitement au sein par son
intensité et par sa fréquence, prolonge
l'infécondité postpartum, par conséquent, affecte
l'intervalle entre les naissances, et influe sur le niveau de
fécondité.
La bonne alimentation de l'enfant et l'allaitement maternel
en particulier dépendent en grande partie des facteurs nutritionnels de
la mère. En ce qui concerne l'alimentation de complément, l'OMS
souligne qu'à partir de 6 mois, le lait maternel ne suffit plus pour
assurer la bonne croissance possible de l'enfant, d'où la
nécessité d'introduire à cet âge des aliments
solides de complément dans l'alimentation de ce dernier. L'alimentation
de complément des enfants au delà de six mois doit comprendre des
farines, les légumes, les oeufs, les viandes, les fruits, etc., lorsque
l'alimentation de complément est pauvre, l'enfant est exposé
à des risques élevés d'infections qui peuvent être
mortelles. Les enfants mal nourris ou sous nourris (selon les indices
anthropométriques) sont en situation de faiblesse physique qui favorise
les infections qui, à leur tour, influent sur les risques de
décéder.
1-2 Les facteurs biodémographiques de la
mère et de l'enfant
· Le sexe de l'enfant
La relation entre mortalité et sexe de l'enfant a
été démontrée dans plusieurs études
effectuées sur les pays du sud du Sahara où cette variable
revêt la même importance. Une étude au Tchad montre que l'on
observe une surmortalité masculine durant la petite enfance c'est
à-dire de (0-1 ans) dont les raisons sont d'ordre physiologique.
Selon le rapport de la Banque Mondiale sur les politiques de
développement 2003, si les différences de mortalité entre
sexe sont en bonne partie une question biologique, ce scénario
dépendrait de la structure chromosomique particulière des
garçons et du développement plus lent de leurs poumons, dû
aux effets de la testostérone.
Akoto (1991) a noté que les garçons sont plus
vulnérables à la naissance, alors qu'une fois les premiers mois
franchis, leur résistance aux agressions extérieures
dépend en grande partie du comportement social à l'égard
des garçons et des filles.
Nadajarah (1983), cité par Venkatacharya en 1986
affirme que cette différence de mortalité selon le sexe est en
faveur des garçons dans certains pays d'Asie du Sud (Bangladesh)
où l'on accorde une préférence aux enfants mâles
pour l'allaitement et les soins de santé.
· Intervalle inter génésique
Dans la littérature, il a été
montré une association entre l'intervalle entre deux enfants nés
vivants et la mortalité de ceux-ci : plus l'intervalle est court (moins
de deux ans) plus élevé est le risque de décéder de
l'un ou de l'autre enfant. L'étude de Hobcraft (1984 cité par
Barbieri (1989) a montré qu'un enfant né moins
de deux ans après la naissance précédente court un risque
de décéder de 52% plus élevé que celui plus de deux
ans après la naissance précédente, si l'enfant issu de
cette dernière vit encore.
Akoto et Hill (1989) soulignent que l'effet d'un intervalle
intergénésique court est le plus important durant la
période néonatale. Ainsi, plus les naissances se rapprochent
moins est de bonne qualité le lait maternel, notamment sous l'effet
d'épuisement physique de la mère. Le rapprochement des naissances
peut entrainer une déficience physiologique de la mère et a un
impact sur le poids du nouveau-né.
1-3 Les facteurs culturels
· La religion
Pour Akoto (1991), la religion est un facteur de
conditionnement social qui peut influencer sur la mortalité. «D'une
manière générale au sein d'une même population,
l'appartenance à des groupes religieux différents peut entrainer
de différence de mortalité ».
Mudubu (1996) souligne qu'en Afrique noire, de façon
générale, la religion est une variable qui sert à
approcher d'autres variables telles que l'instruction, la profession. Cette
thèse a été soutenue par Akoto (op cite) qui a pris
l'exemple des études au Cameroun et au Sénégal, ces
études ont montré que l'effet de la religion sur la
mortalité a disparu complètement en introduisant les
caractéristiques socio-économiques de leur mère.
· L'ethnie
En ce qui concerne l'ethnie, pour Akoto (1985), l'ethnie est
une variable opérationnelle de la culture. Elle influence la
mortalité des enfants par les modèles culturels (organisations
sociales, environnement, etc.), les normes, les idées, les croyances et
attitudes qui sont véhiculés par les membres de la
société. La culture influence la mortalité à
travers la perception de la maladie. La définition et le symptôme
de la maladie des enfants que donnent les parents conditionnent la
rapidité du recours au système de soin et donc la survie de
l'enfant. En effet, l'ethnie agit à travers les croyances, les
perceptions, les attitudes, les valeurs relatives au modèle culturel de
référence.
Certaines études d'Akoto et Tabutin,(op cite) ont
montré que les obstacles liées à l'attachement aux valeurs
traditionnelles peuvent être surmontés grâce aux effets
bénéfiques de la modernisation, de l'instruction, de
l'urbanisation et de l'amélioration des conditions de vie des
populations.
Section 2 : MODELE ET DONNEES D'ANALYSE
La présente section a un double objectif, celui de
présenter le modèle et les données de notre étude
d'une part et de décrire les variables prises en compte d'autre part.
2-1 Modèle économétrique
Le modèle économétrique envisagé
pour cette étude relève du domaine de l'économétrie
des variables qualitatives. En effet, la variable que nous cherchons à
expliquer est la probabilité de décès d'un enfant avant
son cinquième anniversaire.
Nous pouvons considérer ce modèle comme un
modèle dichotomique dans lequel la mortalité
infanto-juvénile notée ??MORTA», est la variable
expliquée.
2-1-1 Justification du modèle
Nous faisons l'hypothèse selon laquelle certaines
variables favorisent le décès des enfants. Cela équivaut,
à déterminer les facteurs qui influencent la probabilité
de mourir.
Nous utiliserons dans cette étude le modèle
Logit qui consiste à déterminer selon un choix binaire les
facteurs qui influencent la probabilité de décéder avant
le cinquième anniversaire. Le choix de ce modèle se justifie pour
plusieurs raisons :
- ce modèle est un modèle à variable
qualitative binaire, il est donc plus indiqué de l'utiliser dans le cas
de notre étude parce que la variable dépendante prend la valeur 0
ou 1.
- dans le modèle Logit la variable qualitative prend
comme valeur un attribut et non ne valeur numérique. Par exemple la
variable MORTA prend les attributs meurt ou survi. Lorsque le nombre
d'attribut est deux, l'on parle de variable dichotomique, tandis que s'il est
supérieur à deux, l'on parle de variable polytomique,
-historiquement, les modèles Logit ont
été introduits comme des approximations des modèles Probit
permettant des calculs plus simples. Des lors, il n'existe que peu de
différences entre ces deux modèles dichotomiques. Ceci s'explique
par la proximité des familles de lois logistiques et normales,
-le modèle logit est l'un des modèles à
variable qualitative le plus utilisé par ce qu'il a une forme plus
explicite, il est plus simple, plus facile à estimer ; c'est ce qui
justifie son utilisation par certains auteurs comme Berkson (1944 ,1951),
Daniel L. McFadden (1974), James J. Heckman (1976).
Morbidité
Facteurs Economiques
Facteurs Socio-économiques
Facteurs Sociaux
Facteurs
Culturels
Caractéristiqu es de l'enfant
Caractéristiques biodémographiques de la
mère et de l'enfant
Facteurs
Maternels
2-1-2 Le modèle
théorique
Le modèle Logit établit une relation non
linéaire entre la probabilité pi d'avoir un choix
particulier (parmi deux éventualités 1 et 0, par exemple mourir
ou non) et un vecteur de variables explicatives pertinentes. Cette
probabilité appartient évidemment à l'intervalle [0 ,1]
puisqu'il s'agit d'un choix dichotomique. Il consiste à
déterminer suivant un choix binaire (Logit), les facteurs
influençant la probabilité qu'un enfant de moins de cinq ans
meurt. Nous notons MORTA cette variable binaire. En effet,
l'événement que nous cherchons à expliquer est la
probabilité de décès d'un enfant avant son
cinquième anniversaire.
Nous nous sommes intéressés à trois grands
groupes de facteurs :
Les facteurs socio-économiques, les facteurs culturels, et
les facteurs biodémographiques de la mère et de l'enfant.
De manière conceptuelle, nous présentons ces
facteurs dans la figure 3-1.
Figure 3-1 Modèle conceptuel
Déterminants de la
mortalité
Infanto-juvénile
Mortalité
Source : réalisé par l'auteur
2-1-3 Spécification et estimation du
modèle
La régression logistique permet d'une part d'analyser
dans quelle proportion les variables explicatives concourent à la
formation de la variable d'intérêt, d'autre part, le modèle
ainsi réalisé peut être utilisé à des fins
prédictives.
La variable binaire yi valant 1 ou 0 est la variable
expliquée mortalité notée "morta" qui
prend la valeur :
1 si l'enfant meurt (1)
0 sinon
La variable yi est liée aux
caractéristiques exprimées par le vecteur des variables
explicatives Xi par la relation
yi =Xib+ åi (2)
où
yi est la matrice de la variable dépendante Xi est
la matrice des variables explicatives b est le vecteur des coefficients
associés X åi est le terme de l'erreur
Selon Mc Fadden (op,cite), la probabilité que l'enfant
i décède est :
exp ( )
X â
P(yi= 1) (3)
i
=
1 exp
+ ( â)
X i
et la probabilité qu'il survive est donnée par :
1
P y
( ) ( iâ)
0 (4)
i = =
1 exp
+ X
Où yi est le vecteur de variable
dépendante Xi est la matrice des variables
explicatives â est le vecteur des coefficients associés
à X
La méthode d'estimation utilisée est la
méthode du maximum de vraisemblance (MMV). Sa fonction s'écrit
:
n 1 yi
L ( ) [ ( ) ] [ ( ) ]yi
â = ? -
1 F x i â F x i â
|
(5)
|
i= 1
2-2 Présentation des données et
modélisation empirique
Il s'agira d'abord de présenter les données
d'enquête utilisées dans le cadre de ce travail, ensuite
procéder à l'application empirique du modèle.
2-2-1 Présentation des
données
La présente étude est fondée sur les
données d'enquêtes nationales (EDS, EIS, MICS) et celles
collectées aux archives de pédiatrie II au CHU de Yopougon,
portant sur un échantillon de 305 pour 1185 enfants malades reçus
en 2008.
Ces données d'archives ont l'avantage d'être
fiables dans la mesure où lorsqu'elles étaient produites, elles
ne visaient pas un objectif de recherche particulier. Cependant, outre, les
difficultés d'obtention de ces données qui demandent un codage
fastidieux, notre étude présente quelques difficultés
inhérentes à la qualité des données notamment le
manque d'information sur certaines variables montrées pertinentes par la
littérature tels que le revenu du ménage, intervalle inter
génésique, etc.
Par ailleurs, le manque d'information sur les enfants
référés, évadés ou ceux dont les parents ont
signé une décharge nous a conduit à diminuer la taille de
notre échantillon. Cela nous a conduit à limiter notre analyse
économétrique aux enfants exéats et
décédés compte tenu de l'objectif de celle-ci. En
conséquence, il est retenu 230 enfants sur 305 cas pour l'analyse
économétrique.
L'enquête a été effectuée au CHU de
Yopougon parce qu'il est à une périphérie de la capitale
(CHU périurbain) et aurait de ce fait l'avantage de recevoir une
population plus hétérogène du fait de son
accessibilité favorisée par sa situation géographique. Le
service retenu est celui de pédiatrie II. Ce service à
été choisi parce qu'il a en charge la population ciblée
par l'étude. Pour des raisons de contraintes de temps et de
difficulté d'accès, nous n'avons pu avoir des informations sur
l'enfant de pédiatrie I où se trouvent les enfants de moins de 28
jours.
La méthode d'échantillonnage utilisée est
la méthode par sondage empirique plus précisément la
méthode des quotas. Le choix de cette méthode s'est
justifié par l'absence de base de sondage, par le peu de moyens à
mettre en oeuvre et la relative liberté de sélection de
l'échantillon. Cette méthode est plus rapide et moins
onéreuse que les procédés de sélection purement
probabilistes. L'enquête a duré trois mois (de juillet à
septembre 2009). La population enquêtée se chiffre à 305
enfants mais pour nos estimations, elle a été réduite
à 230 c'est à dire aux exéats et décès car
notre analyse consiste à expliquer la survenue ou non
de la mortalité chez les enfants de moins de cinq ans.
Nous n'avons pas d'informations sur les cas de décharge, les
référés et les évadés. Par
conséquent, nous ne pouvions prendre le risque de les considérer
comme décédés ou exéats au risque de biaiser notre
analyse.
2-2-2 Application empirique du
modèle
Nous faisons l'hypothèse que certaines variables
contribuent à expliquer le phénomène de mortalité
chez les enfants de moins de cinq ans. Il faut donc estimer un modèle
dans lequel on considère deux groupes d'enfants ceux qui sont morts et
ceux qui ont survécu. Le modèle consiste à
déterminer suivant un choix binaire (Logit), les facteurs
influençant la probabilité qu'un enfant décède
avant son cinquième anniversaire. Nous notons MORTA cette variable
binaire.
( ) ( )
exp X ( ) i 1, ,10
i â
=
Prob(MORTA = 1 ) F X = avec =
i â 1 exp
+ X i â
|
(6)
|
La variable que nous cherchons à expliquer est la variable
binaire morta, elle prend la valeur 1 si l'enfant
décède et 0 si non.
Notre modèle économétrique se
présente comme suit :
MORTA
|
â â
+ 1 mod
0
|
alait rangnais
+ â +
2
|
â statvacc ageenf depjc agemerea
+ â + â + â +
3 4 5 6
|
â 7
nivinstr sexe actmere religion t
+ â â
+ + â + å
8 9 10
Où
MORTA : désigne la mortalité
infanto-juvénile âi: est le vecteur des coefficients
associés X MODALAIT : le mode d'allaitement
RANGNAIS : le rang de naissance
STATVACC : le statut vaccinal
AGEENF : l'âge de l'enfant
DEPJC : la dépense journalière de consommation
AGEMEREA : l'âge de la mère à l'accouchement NIVINSTR : le
niveau d'instruction de la mère SEXE : le sexe de l'enfant.
ACTMERE : l'activité de la mère
RELIGION : la religion de la mère
åi : terme de l'erreur (perturbations)
2-2-3 Les variables du modèle
La variable expliquée dans notre étude est la
mortalité infanto-juvénile. La littérature a permis de
recenser trois types de variables explicatives qui sont :
les facteurs socio-économiques, facteurs
biodémographiques de la mère et de l'enfant et les facteurs
culturels. Les variables entrant dans la spécification du modèle
sont les suivantes :
+ La variable expliquée
Morta : c'est une variable qualitative qui
désigne la probabilité qu'un enfant de moins de cinq ans
décède. Elle est modélisée comme une variable
dichotomique prenant la valeur 1 si l'enfant décède et 0 si
non.
Les variables suivantes sont celles qui pourraient influencer la
mortalité des enfants.
+ Les variables explicatives
Les variables explicatives choisies sont au nombre de dix (le
mode d'allaitement, le rang de naissance, le statut vaccinal, âge de
l'enfant, la dépense de consommation journalière, âge de la
mère à l'accouchement, niveau d'instruction de la mère, le
sexe de l'enfant, activité de la mère, la religion). Elles
constituent les caractéristiques individuelles explicatives du
décès des enfants.
-Le statut vacinal
(statvacc)
La vaccination de l'enfant est une variable quantitative, elle
s'apprécie par le nombre de vaccin reçu par l'enfant
conformément aux recommandations de l'OMS. Selon l'OMS, un enfant est
complètement vacciné lorsqu'il a reçu le BCG (protection
contre la tuberculose), le vaccin contre la rougeole et trois doses de vaccin
contre la polio et le DTCOQ (protection contre la diphtérie,
tétanos et coqueluche). C'est une variable polytomique avec vacc pour
l'enfant complètement vacciné et nvacc si non.
C'est un facteur important dans l'analyse de la mortalité
des enfants. Le signe attendu doit être négatif.
-Activité de la mère (actmere)
Cette variable désigne l'occupation de la mère.
En effet, compte tenu de la difficulté de saisir
le revenu du
ménage, les activités du couple sont considérées
comme des indicateurs de cette
variable. Mais, ici nous considérons
celle de la mère. Cette étude mesure l'activité de la
mère
par son lieu de service ou son occupation qui joue un
rôle important à notre avis dans la détermination des soins
qu'elle accorde à son enfant et la fréquence du
tété de l'enfant. C'est une variable polytomique, avec les
caractéristiques suivantes : semploi, salarié, autoempl, etuelev.
Quoi que l'activité de la mère puisse jouer en défaveur du
mode d'allaitement conseillé, elle peut favoriser la pratique des soins
prénataux par son caractère rémunérateur. Le signe
attendu peut être négatif.
-Niveau d'instruction
(nivinstr)
C'est le niveau d'étude atteint par la femme dans un
système scolaire formel. Le niveau d'instruction peut être
perçu de par diverses manières : Par le nombre d'années
passé à l'école, soit par le plus haut diplôme
obtenu, la dernière classe achevée ou le cycle d'études
achevées ou encore la fonction de la mère. Le niveau
d'instruction de la mère est une variable polytomique on s'attend
à ce qu'elle soit négativement liée à la variable
expliquée car l'individu instruit aurait une plus forte propension
à pratiquer les soins du fait de la compréhension qu'il a du
système sanitaire.
Nous la recodons en aucunniv, primaire, secondaire et
supérieur.
-Dépense journalière de
consommation (depjc)
C'est une variable polytomique a une double importance car
elle peut rendre compte à la fois le niveau de vie du ménage et
l'état nutritionnel de l'enfant. La depjc est une nouvelle variable
introduite dans le cas de notre étude car n'étant pas prise en
compte par la littérature et pourrait être déterminante
dans l'explication du phénomène de mortalité des enfants.
On s'attend à une relation négative entre cette dépense et
la mortalité infantile.
-Mode d'allaitement (modalait)
Cette variable permet d'appréhender si l'enfant
était allaité au sein ou non. En tenant compte des autres
alternatives, nous avons dégagé deux modalités :
allaitsein si l'enfant est allaité au sein et allaitmix si l'enfant en
plus du lait maternel, consomme d'autre aliments de complément. Le signe
attendu doit être négatif.
-Rang de naissance
(rangnais)
Il ressort de la revue de littérature, que la
mortalité des enfants de moins de cinq ans est élevée pour
ceux de rang 1 et de rang élevé. Pour mieux appréhender
l'influence de cette variable sur la mortalité des enfants, nous avons
pris chaque rang comme modalité. Plus une
femme donnera davantage naissance à des enfants, le
couple disposera de moins de moyens pour s'en occuper et cela combiné
à l'effet d'épuisement physique de la mère qui pourrait
favoriser la vulnérabilité de l'enfant à certaines
maladies. C'est une variable polytomique avec rangnais 1, rangnais 2, rangnais
3, rangnais 4, rangnais 5. Le signe attendu doit être négatif.
-Age de la mère
(agemerea)
Dans la littérature, il est montré que cette
variable est pertinente dans l'analyse de la mortalité des enfants. Pour
expliquer la différence de mortalité des enfants selon
l'âge de la mère à l'accouchement, nous avons recodé
cette variable en trois modalités : le groupe d'âge moins de 20
ans ; 20 à 34 et 35 ans ou plus. Le signe attendu peut être
positif.
-Age de l'enfant (ageenf)
Cette variable permet d'observer des niveaux de
mortalité différents chez les enfants dans la population des
enfants de moins de cinq ans, nous avons les enfants de moins d'un an et ceux
de plus d'un an qui n'ont pas encore atteint leur cinquième
anniversaire. Il se peut que pour des différents niveaux d'âge,
qu'on observe une différence de mortalité. On s'attend à
ce que le signe soit négatif.
-Sexe de l'enfant (sexe)
La variable sexe est polytomique, nous notons sexefem pour le
sexe féminin et sexema pour le sexe masculin. On s'attend à ce
que le signe soit négatif.
-La Religion (religion)
Les enfants sont classés selon l'appartenance religieuse
de la mère selon qu'elle soit musulmane ou chrétienne. Le signe
attendu peut être négatif.
Ces variables explicatives utilisées dans notre
modèle sont résumées dans le tableau 3-1 avec les
différents signes attendus.
Tableau 3-1 : Résumé des variables
et des signes attendus
Variables
|
Libellé
|
Codification
|
Effet escompté
|
Allaitsein
|
Allaitement au sein
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
rangnais 2
|
Deuxième rang de naissance
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
rangnais 1
|
Premier rang de naissance
|
1= si oui
|
0= si non
|
Positif
|
rangnais 3
|
Troisième rang de naissance
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
rangnais 4
|
Quatrième rang de naissance
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
rangnais 5
|
Cinquième rang de naissance
|
1= si oui
|
0= si non
|
Positif
|
Vacc
|
Vaccination des enfants
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
Ageenf
|
L'âge de l'enfant
|
|
|
Négatif
|
Depjc
|
Dépense journalière de consommation
|
|
|
Négatif
|
Agemèrea
|
Age de la mère à l'accouchement
|
|
|
Positif
|
secondaire
|
Niveau d'étude secondaire
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
Primaire
|
Niveau d'étude primaire
|
1= si oui
|
0= si non
|
Positif
|
Salarié
|
Salarié
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
Sexema
|
Enfant de sexe masculin
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
Autoempl
|
Activité privée
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
Étuélèv
|
Elève ou étudiant
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
Chrétienne
|
Religion chrétienne
|
1= si oui
|
0= si non
|
Négatif
|
Source : réalisé par l'auteur
Par ailleurs, le calcul des moyennes des variables, nous
renseigne sur certaines caractéristiques de la population
étudiée qui sont résumées dans le tableau 3-2.
L'analyse du tableau 3-2 montre qu'en moyenne 25,33% des
enfants reçus au CHU de Yopougon sont morts et 80% des mères
pratiquent l'allaitement maternel. Ils indiquent que les enfants du rang 1 et 2
sont les plus nombreux et les moins nombreux sont ceux des rangs 4 et 5. De
tous les enfants malades, 52,45% d'entre eux sont du sexe masculin.
Dans la population des femmes, la plus jeune a 14 ans et la
plus âgée a 48 ans avec un âge moyen de 27 ans pour
l'ensemble contre 1 an et demi chez les enfants. En ce qui concerne les
dépenses, les ménages dépensent en moyenne environ 1350 F
CFA et chacun d'eux dépense au moins 200 et au plus 4500 par jour. Par
ailleurs, notre analyse montre que seulement 7,8% des mères ont un
niveau d'étude secondaire et 30,49% d'entre elles ont un niveau
d'étude primaire.
Les mères élèves ou étudiantes
représentent 7,21% de cette population et les femmes exerçant une
activité privée sont en moyenne 28, 52% contre 5, 57% pour celles
qui ont un emploi permanent. Enfin, notre étude indique que plus de la
moitié des mères des enfants sont chrétiennes.
Tableau 3-2 Résultat descriptif et
définition des variables
NOM DE LA VARIABLE
|
MONYENNE ECART-TYPE
|
DESCRIPTION DE LA VARIABLE
|
Morta
|
0,2533
|
0,44
|
proportion de décès
|
Allait sein
|
0,8
|
0,40
|
=1 si c'est enfant allaité au sein
|
Rangnais 1
|
0,2754
|
0,45
|
=1 si c'est le premier enfant
|
Rangnais 2
|
0,2951
|
0,46
|
=1 si c'est le deuxième enfant
|
Rangnais 3
|
0,2098
|
0,40
|
=1si c'est le troisième enfant
|
Rangnais 4
|
0,0918
|
0,29
|
=1 si c'est le quatrième enfant
|
Rangnais 5
|
0,0754
|
0,26
|
=1 si c'est le cinquième enfant
|
Vacc
|
0,5115
|
0,50
|
=1 si l'enfant est vacciné
|
Ageenf
|
1,5149
|
1,11
|
âge de l'enfant
|
Agemera
|
27,6230
|
7,10
|
âge de la mère à l'accouchement
|
Depjc
|
1338,197
|
658,70
|
dépense journalière de consommation du
ménage
|
Primaire
|
0,3049
|
0,46
|
= 1 si mère a un niveau primaire
|
Secondaire
|
0,0787
|
0,27
|
= 1 si mère a un niveau secondaire
|
Etuelev
|
0,0721
|
0,26
|
= 1 si la mère est élève ou
étudiante
|
Autoempl
|
0,2852
|
0,45
|
= 1 si mère exerce une activité privée
|
Salarié
|
0,0557
|
0,23
|
= 1 si mère a un emploi permanent
|
Sexema
|
0,5246
|
0,50
|
= 1 si l'enfant est de sexe masculin
|
Chrétienne
|
0,5
|
0,50
|
= 1 si la femme est chrétienne
|
Source : Réalisé par l'auteur à partir
des données d'enquête
CHAPITRE IV : LES EFFETS DES VARIABLES EXPLICATIVES SUR
LA
MORTALITE INFANTO-JUVENILE
Dans ce chapitre, il s'agira dans un premier temps de
présenter les résultats de nos estimations et dans un second
temps, d'en tirer une interprétation économique .Pour l'analyse
économétrique, c'est le logiciel STATA 9 qui a été
utilisé. Ce logiciel a permis d'estimer les paramètres du
modèle logit dichotomique qui a été utilisé pour
ressortir les facteurs déterminants dans l'explication de la
mortalité infanto-juvénile en Côte d'Ivoire.
Section 1 : ESTIMATION DU MODELE
L'analyse des facteurs qui influencent la probabilité
qu'un enfant meurt avant son cinquième anniversaire est mis en
évidence par l'estimation de l'équation MORTA. Nous avons fait
l'hypothèse que certaines variables socio-économiques,
culturelles et maternelles telles que :
Le sexe de l'enfant, la vaccination, les soins
prénataux, activité de la mère, niveau d'instruction de la
mère, le rang de naissance, l'ethnie, la religion, l'âge de
l'enfant, la dépense journalière de consommation et l'âge
de la mère à l'accouchement influencent la mortalité
infanto-juvénile. En guise d'outil d'interprétation de nos
résultats de l'estimation, nous avons, en outre, calculé les
effets marginaux.
1-1 Calculs des effets marginaux
Selon le principe des effets marginaux, il s'agit d'avoir une
idée de la sensibilité de la probabilité de
l'événement par rapport à des variations dans les
variables explicatives. Cette sensibilité est généralement
fournie par le calcul de l'effet marginal, c'est-à-dire la
dérivée de la probabilité estimée par rapport aux
composantes de i (Alban Thomas, 2000).
Posons
(7)
(8)
n
prob y
( ) ( ) ( )
= =
1 F X i F
â â 0 â
= + i X i
i = 1
On appelle effet marginal la quantité :
? prob yi
( )
= 1
ef j =
?Xi
? F
ef =â j j
= â j ( i
â
f X
? X j
)
(9)
Ainsi donc si Xj varie de
Xj + 1 alors, la probabilité varie de
efj . C'est donc un outil de surveillance de
l'évolution de la probabilité prédite (voir tableau
4.1).
1-2 Résultats des régressions
Nous avons utilisé le logiciel stata 9 pour l'estimation
de notre modele et les résultats sont présentés dans le
tableau 4. 1
Tableau 4-1 Résultat de l'estimation du
modèle MORTA
Log de vraisemblance = -30,803845 Nombre d'observations = 146
LR chi2 (17) = 75,19 Prob > chi2 = 0,0000 Pseudo
R2 = 0,5496
Variables
|
Coefficients
|
Écart-type
|
Z
|
P(z)
|
Effets marginaux
|
Allaitsein
|
-0,9996283
|
1,041837
|
-0,96
|
0,337
|
-0,0369717
|
rangnais 2
|
-6,189308
|
2,666698
|
-2,32
|
0,020
|
-0,1489331
|
rangnais 1
|
-6,876481
|
3,097347
|
-2,22
|
0,026
|
-0,1443792
|
rangnais 4
|
-1,543244
|
1,951733
|
-0,79
|
0,429
|
-0,0253651
|
rangnais 3
|
-2,867953
|
2,278523
|
-1,26
|
0,208
|
-0,0541941
|
rangnais 5
|
-2,386983
|
2,062857
|
-1,16
|
0,247
|
-0,0299943
|
vacc
|
-5,488882
|
1,247712
|
- 4,40
|
0,000
|
-0,5268123
|
ageenf
|
-1,04009
|
0,4240879
|
-2,45
|
0,014
|
-0,0290238
|
depjc
|
0,0005525
|
0 ,0006413
|
0 ,86
|
0,389
|
0,0000154
|
agemerea
|
-0,1645992
|
0,103601
|
-1,59
|
0,112
|
-0,0045932
|
Secondaire
|
-3,526916
|
1,753934
|
-2,01
|
0,044
|
-0,0386137
|
primaire
|
0,1642266
|
0,9290669
|
-0,18
|
0,860
|
0,0046655
|
salarié
|
0,8609932
|
1,706083
|
0,50
|
0,614
|
0,034753
|
sexema
|
-0,0477057
|
0,7539143
|
-0,06
|
0,950
|
-0,0013346
|
autoempl
|
-0,6801409
|
0,9184926
|
-0,74
|
0,459
|
-0,0171276
|
etuelev
|
0,997462
|
1,701633
|
0,59
|
0,558
|
0,0422777
|
chrétienne
|
-1,840055
|
0,9124641
|
-2,02
|
0,044
|
-0,0594767
|
Source : Résultats de nos estimations
Dans un modèle Logit, on teste la
significativité globale du modèle au seuil de 5 % pour voir si
les variables utilisées conviennent pour l'estimation, ici notre
modèle est globalement significatif avec (Prob > chi2 = 0.000).
Le test de corrélation montre que les variables
explicatives ne sont pas fortement corrélées, ce qui montre que
la régression est de qualité. (Voir annexe 2)
Pour tester individuellement la significativité des
coefficients du modèle, on regarde leur probabilité respective (P
value) au seuil de 5%.
Le test de significativité individuel des
paramètres au seuil de 5% révèle que le statut vaccinal,
le rang de naissance, le niveau d'instruction de la mère, âge de
l'enfant et la religion de la mère sont les variables pertinentes.
L'activité de la mère, l'âge de la mère à
l'accouchement, le mode d'allaitement, le sexe et la dépense
journalière de consommation sont non significatives.
Section 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS
Dans le modèle logit, les valeurs numériques des
estimations n'ont pas d'interprétation directe. Ainsi, il faut retenir
que la seule information directe réellement utilisable est le signe des
paramètres. Si le coefficient d'une variable est significativement
(c'est-à-dire probabilité critique < 0,05) positif, alors la
variable influence à la hausse la probabilité que
l'événement survienne. Dans le cas contraire, la variable joue
négativement sur la probabilité que l'évènement
survienne.
Ainsi il ressort de l'analyse du tableau de régression que
:
La vaccination des enfants a un effet négatif sur la
probabilité de décès des enfants. Plus l'enfant
reçoit des doses supplémentaires de vaccin, moins il est
exposé à la mort. La mère, en faisant tous les vaccins de
son enfant, augmente la chance de celui-ci d'échapper à la mort.
L'on constate que ceci est conforme à la caractéristique
énoncée plus haut selon laquelle la mortalité
infanto-juvénile diminue avec la vaccination. La vaccination fait
baisser la probabilité qu'un enfant décède avant le
cinquième anniversaire. Ainsi, les enfants vaccinés ont 52,68% de
chance d'échapper à la mort avant l'âge de cinq ans par
rapport a ceux non vaccinés.
Le niveau d'étude secondaire de la mère a un
effet négatif sur les décès infantiles. Par rapport aux
enfants dont les mères n'ont aucun niveau étude, ceux dont les
mères ont un niveau secondaire sont moins vulnérables à la
mortalité infanto-juvénile. Cette situation est
compréhensible dans la mesure où à un niveau d'instruction
donné va correspondre une certaine compréhension de la pratique
des soins. En effet, une femme instruite, du fait de son ouverture à la
modernité, rompt plus facilement avec certaines croyances et pratiques
néfastes à la santé de sa progéniture. En outre, on
s'attend à ce qu'une femme instruite puisse mieux prendre soins de son
enfant en matière d'hygiène domestique appropriée,
alimentaire et vaccination, etc.
Les effets marginaux indiquent qu'une variation d'une
année d'instruction des mères réduit le taux de
mortalité infanto-juvénile de 4,68%. Dans la littérature,
les chercheurs mettent davantage l'accent sur la relation entre le niveau
d'instruction du père et la mortalité des moins de cinq ans par
le biais de son statut social ou professionnel et de son revenu. Plus
précisément, le niveau de vie du ménage peut influer sur
la santé de l'enfant à travers la qualité et la
quantité des ressources alimentaires et l'accès au système
de soins.
La religion influence négativement la mortalité
infanto-juvénile. Par rapport à la religion musulmane, les
enfants de familles chrétiennes auraient 5,94% de chance
d'échapper à la mort avant l'âge de cinq ans. Cela peut
s'expliquer par le fait que les parents pratiquant la religion
chrétienne recourent plus volontiers à la médecine moderne
que d'autres. Cela se justifie à travers les comportements et attitudes
des fidèles vis-à-vis des enfants surtout malades, la rupture ou
non avec les pratiques traditionnelles, les pratiques d'allaitement et de
sevrage. Aussi, le christianisme prône t-il l'adoption de nouveaux
comportements vis-à-vis de l'enfant. Ce résultat est conforme a
celui de VIRDAOU Tao (2005) qui a montré une prédominance des
facteurs culturels sur les facteurs socio-économiques dans l'explication
de la mortalité infanto-juvénile au Tchad.
En ce qui concerne l'âge de l'enfant, il est
négativement lié aux décès infantiles. Plus
l'âge augmente, plus l'enfant a la chance d'échapper à la
mortalité infantile. Lorsque l'âge augmente d'une unité, la
probabilité que l'enfant meurt, diminue de 2 ,90%.
Pour ce qui est du rang de naissance des enfants, sa relation
avec la mortalité infantile s'est avérée négative.
La surmortalité est plus préoccupante pour les premiers rangs. La
probabilité qu'un enfant décède lorsqu'on passe d'un rang
à un rang supérieur diminue de
plus de 14%. Ce lien traduirait une attention soutenue que les
femmes accordent aux enfants en raison de leur expérience en
matière de procréation. Cette attention concerne notamment le
respect des règles élémentaires d'hygiène,
l'entretien et les soins dont bénéficient plus les
nouveau-nés que les grands enfants.
En somme, ces résultats montent que notre
première hypothèse selon laquelle le statut vaccinal des enfants
explique de façon significative et négative la mortalité
infantile est totalement vérifiée. Cela montre que la vaccination
des enfants est déterminante dans la survie de ceux-ci.
La seconde hypothèse qui stipule que le niveau
d'instruction secondaire de la mère est inversement lié à
la mortalité infanto-juvénile est vérifiée. Ce qui
signifie que les autres niveaux n'influencent pas la mortalité des
enfants. Ce résultat est conforme à celui de Lachaud (2006) qui a
montré qu'au Comores le niveau d'éducation secondaire de la
mère est inversement relié à la mortalité
infantile. En plus du niveau d'instruction secondaire et le statut vaccinal,
notre étude a montré que les deux premiers rangs de naissance,
l'âge de l'enfant et la religion de la mère sont tout de
même des déterminants de la mortalité
infantojuvénile en Cote d'Ivoire.
Au terme de ce travail, il convient de mentionner que les
facteurs environnementaux n'ont pas été abordés. Ces
aspects pourront être pris en compte dans les travaux
ultérieurs.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Cette étude portant sur la santé des enfants,
l'une des dimensions majeures non monétaires du bien-être des
individus, avait pour objectif de déterminer les facteurs qui affectent
la mortalité des enfants de moins de cinq ans en Côte d'Ivoire.
Les résultats de cette analyse ont montré que certains facteurs
tels que, le statut vaccinal, le niveau d'instruction de la mère, le
rang de naissance, la religion de la mère et l'âge de l'enfant
sont déterminants dans l'explication de la mortalité des enfants
avant leur cinquième anniversaire. Ainsi, ces variables ont un effet
négatif sur la mortalité infanto-juvénile. Toutefois,
l'âge de la mère à l'accouchement, le mode d'allaitement,
l'activité de la mère et la dépense journalière de
consommation, soupçonnés d'expliquer la mortalité des
enfants, n'ont aucune influence sur cette dernière.
Il ressort de notre analyse, que les facteurs
sociodémographiques et culturels sont déterminants dans
l'explication de la mortalité infantile. De même, le niveau
d'instruction de la mère qui pourrait, dans certaines mesures, faire
disparaitre l'effet de certaines variables sur la mortalité des enfants
n'en demeure pas moins pertinente.
En somme, les décès d'enfants dépendent
en grande partie de la compréhension qu'a la femme des soins de la
pratique des soins de santé modernes. Par conséquent, toute
politique objective de réduction de la mortalité chez les enfants
doit tenir compte de l'éducation de la mère en matière de
soins. Car une mauvaise attitude de la mère face aux soins de
santé pourrait amenuiser les efforts de toute politique ou
stratégie visant la réduction des décès
infantiles.
De ces résultats découlent les recommandations
suivantes :
> Organiser des campagnes d'informations sanitaires
préalables à celle de la vaccination. Car toute campagne de
vaccination non comprise ou dont l'intérêt n'est pas perçu
par la population cible peut être vouée à
l'échec.
> Promouvoir la scolarisation des jeunes filles,
l'éducation des femmes et créer des centres de formation
sanitaire où des agents spécialisés en santé des
enfants auront pour mission d'assurer la formation des femmes.
> Impliquer les autorités religieuses dans les
campagnes de sensibilisation et la diffusion de l'information sanitaire.
> Promouvoir le planning familial.
Au terme de ce travail, il convient de mentionner que les
aspects environnementaux n'ont pas été abordés. Nous nous
sommes limités à des facteurs culturels, socio-économiques
et biodémographiques. Ces aspects pourront être pris en compte par
des travaux ultérieurs en menant l'analyse en termes de niveaux de
mortalité.
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ANNEXES
Annexe 1: Les effets marginaux
(obs=190)
religion
|
religion
| 1.0000
|
depjc
|
rangnais
|
agemerea
|
nivinstr
|
actmere
|
modalait
|
depjc
|
| 0.0581
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
rangnais
|
| -0.0774
|
-0.0540
|
1.0000
|
|
|
|
|
agemerea
|
| 0.0297
|
0.0522
|
0.7556
|
1.0000
|
|
|
|
nivinstr
|
| 0.1150
|
0.2056
|
-0.1925
|
-0.0320
|
1.0000
|
|
|
actmere
|
| -0.0218
|
0.0739
|
-0.1548
|
-0.1043
|
0.4246
|
1.0000
|
|
modalait
|
| 0.1116
|
0.0938
|
-0.2291
|
-0.1534
|
0.2741
|
0.2300
|
1.0000
|
statvacc
|
| -0.0058
|
-0.1402
|
0.0770
|
-0.0414
|
-0.2913
|
-0.1106
|
-0.1530
|
sexe
|
| -0.0001
|
0.0315
|
0.0271
|
0.0636
|
-0.0205
|
0.0525
|
-0.0822
|
ageenf
|
| -0.1906
|
-0.0488
|
0.0312
|
0.0241
|
-0.1429
|
0.0111
|
-0.1538
|
|
de nos etion statvacc
|
sexe
|
ageenf
|
|
|
|
|
statvacc
|
| 1.0000
|
|
|
|
|
|
|
sexe
|
| 0.0332
|
1.0000
|
|
|
|
|
|
ageenf
|
| -0.0863
|
0.0145
|
1.0000
|
|
|
|
|
Source : Résultat de nos estimations
ANNEXE 2 : Matrice des coefficients de corrélation
Marginal effects after logit
y =
=
variable |
+
|
Pr(morta)
.02873054
dy/dx
|
(predict)
Std. Err.
|
z
|
P>|z|
|
[ 95%
|
C.I. ]
|
X
|
allait~n*|
|
-.0369717
|
.05312
|
-0.70
|
0.486
|
-.141076
|
.067133
|
.767123
|
rangna~2*|
|
-.1489331
|
.09303
|
-1.60
|
0.109
|
-.331259
|
.033393
|
.287671
|
rangna~1*|
|
-.1443792
|
.0881
|
-1.64
|
0.101
|
-.317058
|
.028299
|
.253425
|
rangna~4*|
|
-.0253651
|
.02265
|
-1.12
|
0.263
|
-.069763
|
.019033
|
.082192
|
rangna~3*|
|
-.0541941
|
.04054
|
-1.34
|
0.181
|
-.133659
|
.025271
|
.253425
|
rangna~5*|
|
-.0299943
|
.01871
|
-1.60
|
0.109
|
-.066665
|
.006676
|
.061644
|
vacc*|
|
-.5268123
|
.11929
|
-4.42
|
0.000
|
-.760625
|
-.293
|
.664384
|
ageenf |
|
-.0290238
|
.01524
|
-1.90
|
0.057
|
-.058903
|
.000855
|
1.59781
|
depjc |
|
.0000154
|
.00002
|
0.89
|
0.373
|
-.000018
|
.000049
|
1369.52
|
agemerea |
|
-.0045932
|
.00327
|
-1.40
|
0.160
|
-.011004
|
.001818
|
27.9589
|
second~e*|
|
-.0386137
|
.02372
|
-1.63
|
0.104
|
-.085107
|
.00788
|
.09589
|
primaire*|
|
.0046655
|
.02693
|
0.17
|
0.862
|
-.048115
|
.057446
|
.390411
|
rce : Rést
salarie*|
|
de no
.0347535
|
ation .09474
|
0.37
|
0.714
|
-.150936
|
.220443
|
.068493
|
sexema*|
|
-.0013346
|
.02121
|
-0.06
|
0.950
|
-.042908
|
.040238
|
.554795
|
autoempl*|
|
-.0171276
|
.02292
|
-0.75
|
0.455
|
-.06205
|
.027795
|
.315068
|
etuelev*|
|
.0422777
|
.10192
|
0.41
|
0.678
|
-.157481
|
.242036
|
.082192
|
chreti~e*| -.0594767
Source : Rultatde n
|
.03772 imation
|
-1.58
|
0.115
|
-.133413
|
.01446
|
.520548
|
(*) dy/dx is for discrete change of dummy variable from 0 to 1
S
Source : Résultat de nos estimations
Annexe 3: Résultat de l'estimation
Logistic regression Number of obs = 146
LR chi2(17) = 75.19
Prob > chi2 = 0.0000
Log likelihood = -30.803845 Pseudo R2 = 0.5496
morta |
+
|
Coef. Std. Err.
|
z
|
P>|z|
|
[95% Conf.
|
Interval]
|
allaitsein |
|
-.9996283 1.041837
|
-0.96
|
0.337
|
-3.041591
|
1.042334
|
rangnais2 |
|
-6.189308 2.666698
|
-2.32
|
0.020
|
-11.41594
|
-.9626761
|
rangnais1 |
|
-6.876481 3.097347
|
-2.22
|
0.026
|
-12.94717
|
-.8057925
|
rangnais4 |
|
-1.543244 1.951733
|
-0.79
|
0.429
|
-5.36857
|
2.282083
|
rangnais3 |
|
-2.867953 2.278523
|
-1.26
|
0.208
|
-7.333775
|
1.59787
|
rangnais5 |
|
-2.386983 2.062857
|
-1.16
|
0.247
|
-6.430109
|
1.656143
|
vacc |
|
-5.488882 1.247712
|
-4.40
|
0.000
|
-7.934352
|
-3.043411
|
ageenf |
|
-1.04009 .4240879
|
-2.45
|
0.014
|
-1.871287
|
-.2088925
|
depjc |
|
.0005525 .0006413
|
0.86
|
0.389
|
-.0007044
|
.0018095
|
agemerea |
|
-.1645992 .103601
|
-1.59
|
0.112
|
-.3676534
|
.038455
|
secondaire |
ce : Résulta
|
-3.526916 1.753934
nos estimons
|
-2.01
|
0.044
|
-6.964563
|
-.0892688
|
primaire |
|
.1642266 .9290669
|
0.18
|
0.860
|
-1.656711
|
1.985164
|
salarie |
|
.8609932 1.706083
|
0.50
|
0.614
|
-2.482869
|
4.204855
|
sexema |
|
-.0477057 .7539143
|
-0.06
|
0.950
|
-1.525351
|
1.429939
|
autoempl |
|
-.6801409 .9184926
|
-0.74
|
0.459
|
-2.480353
|
1.120071
|
etuelev |
|
.997462 1.701633
|
0.59
|
0.558
|
-2.337677
|
4.332601
|
chretienne |
|
-1.840055 .9124641
|
-2.02
|
0.044
|
-3.628452
|
-.0516586
|
_cons |
|
12.25579 5.483483
|
2.24
|
0.025
|
1.508359
|
23.00322
|
Source : Résultat de nos estimations
- Au sein
- Mixte
- Artificiel
Mode d'allaitement
Soins prénatals
- Fait les sons
- Non fait
Analyse de la mortalité infanto-juvénile en
Côte d'Ivoire
Annexe 4 : FICHE D'ENQUETE
VARIABLES
Statut vaccinal
MODALITES
VARIABLES
Mode d'approvisionnem ent en eau de boisson
Ethnie
Religions
Milieu de résidence
Accessibilité financière
Disponibilité des soins
L'âge de l'enfant au décès
Dépense
journalière de consommation
Source : Réalisé par l'auteur
Présenté par TRAORE Nohoua sous la direction du
Professeur KOUADIO BENIE Marcel Page 69
MODALITES
- Moins d'un an
- plus d'un an et moins de 5
ans
- Disponible
- Non disponible
- Peut acheter les
médicaments
- Ne peut pas
- Urbain
- Rural
- Islam
- Christianisme
- Autres
- Mandé - Akan - krou - Autres
- Robinet
- Puit
- marigot
Niveau d'instruction de la mère
- Aucun niveau - Primaire
- Secondaire - Supérieur
Age de la mère à l'accouchement
- Moins de 20ans - 20à 40 ans
- 40 et plus
Rang de naissance
- 1er
- 2ème
- 3ème
- 4ème
- 5ème
- 6 et plus
- Vacciné - Non
Intervalle inter génétique
- < 2 ans
- 2 ans
- 3 ans
- 4 ans et plus
Revenu ou activité de la mère
- Ménagère
- Fonctionnaire
- Privée
- Autres
Annexe 5 : Type de maladie
Type de maladie
|
Fréquences
|
Pourcentages
|
AMYGDALITE
|
1
|
0,33
|
ANEMIE
|
36
|
11,80
|
ASTHME
|
2
|
0,66
|
BRONCHOPNEUMOPATHIE
|
42
|
13,77
|
CANDIDOSES
|
1
|
0,33
|
CARDIOPATHIE
|
1
|
0,33
|
CONDENSATION PULMONAIRE
|
1
|
0,33
|
CONVULSION
|
5
|
1,64
|
DESHYDRATATION
|
10
|
3,28
|
DYSPNEE
|
2
|
0,66
|
GAE
|
15
|
4,92
|
HYPERTHERMIE
|
1
|
0,33
|
INFECTION
|
2
|
0,66
|
INTOXICATION MEDICAMENTEUSE
|
4
|
1,31
|
MALNUTRITION
|
1
|
0,33
|
MENINGITE
|
7
|
2,30
|
PALUDISME
|
157
|
51,48
|
PHARYNGITE
|
2
|
0,66
|
PHRONIGITE
|
1
|
0,33
|
RHINOPHARYGIE
|
1
|
0,33
|
RHINOPHARYNGITE
|
1
|
0,33
|
SEPTICEMIE
|
10
|
3,28
|
SIDA
|
1
|
0,33
|
STAPHYLOCOCCIE
|
1
|
0,33
|
Total
|
305
|
100
|
Source : Réalisé par l'auteur
Annexe 6 : Analyse détaillée des maladies
et leur incidence
%
|
EXEAT
|
DECEDE
|
DECHARGE
|
EVADE
|
TRANSFERT
|
Effectifs
|
Type de maladie
|
AMYGDALITE
|
100
|
|
|
|
|
1
|
ANEMIE
|
38,89
|
19,44
|
30,56
|
11,11
|
|
36
|
ASTHME
|
100
|
|
|
|
|
2
|
BRONCHOPNEUMOPATHIE
|
54,76
|
23,81
|
11,90
|
4,76
|
4,76
|
42
|
CANDIDOSES
|
|
|
|
100
|
|
1
|
CARDIOPATHIE
|
|
100
|
|
|
|
1
|
CONDENSATION PULMONAIRE
|
100
|
|
|
|
|
1
|
CONVULSION
|
60
|
|
40
|
|
|
5
|
DESHYDRATATION
|
40
|
40
|
10
|
10
|
|
10
|
DYSPNEE
|
50
|
|
50
|
|
|
2
|
GAE
|
73,33
|
20
|
|
|
6,67
|
15
|
HYPERTHERMIE
|
100
|
|
|
|
|
1
|
INFECTION
|
50
|
50
|
|
|
|
2
|
INTOXICATION MEDICAMENTEUSE
|
75
|
25
|
|
|
|
4
|
MALNUTRITION
|
|
100
|
|
|
|
1
|
MENINGITE
|
66,67
|
|
33,33
|
|
|
6
|
PALUDISME
|
55,41
|
19,11
|
19,75
|
3,82
|
1,91
|
157
|
PHARYNGITE
|
100
|
|
|
|
|
2
|
PHRONIGITE
|
100
|
|
|
|
|
1
|
RHINOPHARYGIE
|
100
|
|
|
|
|
1
|
RHINOPHARYNGITE
|
100
|
|
|
|
|
1
|
SEPTICEMIE
|
80
|
|
20
|
|
|
10
|
SIDA
|
100
|
|
|
|
|
1
|
STAPHYLOCOCCIE
|
100
|
|
|
|
|
1
|
Ensemble
|
56,25
|
19,08
|
18,09
|
4,61
|
1,97
|
304
|
Source : Réalisé par l'auteur
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
SOMMAIRE ii
LISTE DES TABLEAUX iii
REMERCIEMENTS iv
SIGLE ET ABBREVIATIONS .v
RESUME vii
INTRODUCTION 8
PREMIERE PARTIE :APPREHENSION DE LA MORTALITE DES ENFANTS 12
CHAPITRE I : CONCEPT ET MESURE DE LA MORTALITE
INFANTO-
JUVENILE 13
Section 1 : DEFINITION ET MESURE DE LA MORTALITE INFANTILE 13
1-1 Définition de la mortalité infantile et
juvénile 13
1-2 Les indicateurs de la mortalité infantile 14
1-3 Méthodes d'évaluation 15
Section 2 :
NIVEAUX, EVOLUTION ET TENDANCE DE LA MORTALITE INFANTILE
17
2-1 Niveaux de la mortalité infantile en Côte
d'Ivoire 17
2-2 Évolution de la mortalité infantile 18
2-3 Disparités et tendances de la mortalité
infantile 19
CHAPITRE II : LES CAUSES ET CARACTERISTIQUES DE LA
MORTALITE
DES ENFANTS 22
Section 1 : CAUSES ET DESCRIPTION DE LA MORTALITE INFANTILE 22
1-1 les causes de décès des enfants en Côte
d'Ivoire 22
1-2 Description de la mortalité infantile en Côte
d'Ivoire 23
1-3 Les causes de décès des enfants au CHU de
Yopougon 25
Section 2 : ANALYSE DESCRIPTIVE 28
2-1 Caractéristiques de la mortalité
infanto-juvénile 28
2-2 Relation entre la variable dépendante et les facteurs
explicatifs 32
2-3 Comparaison des résultats de l'analyse descriptive et
des données d'enquêtes nationales
36
DEUXIEME PARTIE :ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA MORTALITE
INFANTO-JUVENILE EN CÔTE D'IVOIRE 38
CHAPITRE III : LES
DETERMINANTS DE LA MORTALITE INFANTO-
JUVENILE 39
Section 1 : LES FACTEURS EXPLICATIFS DE LA MORTALITE INFANTILE
39
1-1 Les facteurs socio-économiques 39
1-2 Les facteurs biodémographiques de la mère et de
l'enfant 42
1-3 Les facteurs culturels 43
Section 2 : MODELE ET DONNEES D'ANALYSE 44
2-1 Modèle économétrique 44
2-2 Présentation des données et modélisation
empirique 47
CHAPITRE IV : LES EFFETS DES VARIABLES EXPLICATIVES SUR
LA
MORTALITE INFANTO-JUVENILE 54
Section 1 : ESTIMATION DU MODELE 54
1-1 Calculs des effets marginaux 54
1-2 Résultats des régressions 55
Section 2 : INTERPRETATION DES RESULTATS 56
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 57
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 57
ANNEXES 57
TABLE DES MATIERES 65