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UNIVERSITE OMAR BONGO
DEPARTEMENT DE SCIENCES ECONOMIQUES
MEMOIRE DE MASTER II/NPTCI
Discipline : Sciences Economiques Présenté et
soutenu publiquement par
BIGAOULA François-Xavier
Le 05 Novembre 2010
FINANCEMENT DE L'INVESTISSEMENT PUBLIC PAR
EMPRUNT
Directeur de mémoire : Monsieur Albert ONDO OSSA,
Professeur titulaire à l'Université OMAR BONGO
Membres du Jury
Monsieur Symphorien ENGONE MVE, Professeur
agrégé, à l'Université OMAR BONGO Monsieur
Jean Louis NKOULOU NKOULOU, Docteur, à l'Université OMAR
BONGO Monsieur Médard MENGUE BIDZO, Docteur, à
l'Université OMAR BONGO
INTRODUCTION GENERALE
3
'accroissement des dépenses publiques, l'insuffisance
de
L
l'épargne intérieure et les sources
réduites de l'assiette fiscale expliquent, depuis le milieu des
années quatre vingt, le recours à l'emprunt public et
privé pour financer l'investissement public (GIAVAZZI, 2003 ; CHAMBAS,
2005).
En effet, l'emprunt est une opération par laquelle une
personne juridique se procure une somme d'argent contre le versement d'un
intérét (ECHAUDEMAISON, 2004). L'investissement public en
revanche, est l'ensemble des dépenses engagées par l'Etat et les
collectivités locales en équipement collectif, ce qu'on appelle
aussi les infrastructures publiques (BOURGUIGNON, 2007).
Par ailleurs, l'effet distorsif de l'impôt sur
l'activité économique à un certain seuil, notamment le
risque d'émergence de l'économie souterraine et le risque de
produire des effets opposés à ceux recherchés en
matière des recettes fiscales (CHAMBAS, 2005), a remis au goût du
jour le financement de l'investissement public par emprunt.
A cet effet, les travaux qui ont cherché à
évaluer l'impact de la dette sur l'investissement public indiquent que
cette dernière est neutre (BARRO, 1974) ou que son introduction n'est
pas désirable en raison de l'éviction du capital physique qu'elle
induit (BERNHEIM, 1989).
Théoriquement, le débat a porté
essentiellement sur l'effet de l'emprunt sur l'investissement public. En effet,
les analyses qui se sont intéressées au lien entre investissement
public et emprunt mettent en évidence deux axes : la neutralité
de la dette et la non neutralité de la dette.
Le premier axe appelé, neutralité de la dette ou
équivalence ricardienne, combine les thèmes d'éviction et
les anticipations rationnelles et postule que la dette publique sous forme des
titres d'emprunts ou de
réduction d'impôt n'accroît pas la richesse
nette1 car les agents ne sont pas victimes d'illusion
fiscale2. Il en résulte que cette politique suivie par le
gouvernement n'aura aucun effet stimulant sur l'économie ; les effets
à long terme sont équivalents. (BARRO 1974 ; SEATER, 1993 ;
OSBERG, 2004, MONNIER et TINEL 2006 LAMBRECHT, 2005 ; AGENOR, 2007 .
Selon les tenants de ce courant de pensée, l'emprunt
est à proscrire, parce qu'il permet à l'État de
dépenser plus que ce qui lui est nécessaire pour assurer sa
fonction (NOVARESI, 2001). La gestion du budget public est assimilée
à celle d'un ménage privé. On ne doit dépenser que
ce que l'on a, de peur de tomber en faillite.
Les arguments en faveur de la discipline budgétaire
émanent essentiellement de l'école classique. Ainsi,
l'impôt est préférable à l'emprunt pour financer
l'investissement public pour deux raisons : l'illusion fiscale d'une part, et
le fait que l'emprunt constitue un fardeau pour les générations
futures (AJAYI et OSEI, 2000; COHEN, 2003), d'autre part.
En effet, l'Etat dispose de plusieurs instruments pour
financer ses services collectifs : les impôts et les taxes, l'emprunt et
la création monétaire. L'emprunt implique un transfert du secteur
privé vers le secteur public. Un tel transfert est implicite, car
décalé dans le temps et non précisé. Les citoyens
sont alors victimes de l'illusion fiscale, car la charge financière de
l'emprunt est supportée par les générations futures
(TOLLISON et WAGNER, 1987).
Ainsi, l'emprunt crée une rupture temporelle dans la
relation entre les générations présentes et les
générations futures. Il y a également rupture du lien
entre une dépense et son financement, ce qui induit une illusion
fiscale, car les générations actuelles ne ressentent pas le poids
du financement. Par
1 Revenu disponible plus la valeur actualisée des actifs
mobiliers, immobiliers et monétaires.
2 Les agents accroissent leur épargne actuellement en
prévision des alourdissements futurs des impôts.
2 Les agents accroissent leur épargne actuellement en
prévision des alourdissements futurs des
3 Les individus en réalité peuvent être
rationnés sur les marchés financiers et des titres et ne peuvent
impôts.
5
ailleurs, l'emprunt public a un effet d'éviction sur le
secteur privé (RAFFINOT et IDLEMOUDEN, 2005). L'emprunt public provoque
une diminution des fonds disponibles pour les agents privés, une hausse
des taux d'intérêt due à l'augmentation de la demande de
crédit et une baisse de l'investissement privé et la production
(DESBONET et SUMUDU, 2007).
BUCHANAN (1958), en raisonnant en termes de pertes
d'utilité individuelle, montre que les générations futures
supportent la charge de la dette, leur revenu réel diminue, et elles
doivent payer les intérêts et les amortissements, sans pour autant
bénéficier des retombées de la dépense en question
pour compenser le sacrifice consenti. Ce qui permet d'envisager deux situations
:
1) si l'emprunt est effectué pour des investissements
productifs, les futurs contribuables en retireraient des
bénéfices, et la comparaison entre les investissements productifs
et la charge de la dette permet d'aboutir à un résultat net.
2) Si l'emprunt est contracté pour finir les
investissements productifs, il est possible de répartir le coût de
cette dépense entre les générations qui en
bénéficient. Ainsi, la distinction entre dépense de
consommation et dépense d'investissement doit être faite. Le
remboursement d'une dette doit alors s'étaler sur une période
correspondant à la durée de vie présumée du projet
financé par emprunt.
Ce qui permet également d'envisager deux situations :
1) Si cette condition est réalisée, la dette
est supportée par les individus, qui en méme temps,
bénéficient du service collectif ayant engendré l'emprunt.
Il y a coïncidence entre les générations présentes et
futures.
2) Si cette condition n'est pas remplie et que la charge de
l'emprunt s'étend sur une période plus longue que le
bénéfice retiré du service collectif, alors une
génération paiera pour des services dont elle n'a pas pu
bénéficier.
L'hypothèse de l'équivalence ricardienne, reprise
par BARRO (1974), montre que l'impôt est seulement différé
en cas d'emprunt et devra être payé
par les générations futures. Et parce que le
contribuable anticipe rationnellement ses engagements futurs, l'emprunt est
neutre et donc équivalent à l'impôt (NOVARESI, 2001).
Quant à la non neutralité de la dette qui
constitue le second axe, du fait de la progressivité des impôts,
les agents essaient de travailler et de consommer davantage aujourd'hui que
dans la période future, car ils anticipent pour la période avenir
une fiscalité lourde. L'effet de revenu l'emporte sur l'effet de
substitution puisque les individus ont une aversion pour l'impôt, donc
l'emprunt encourage l'activité de sorte qu'il ne peut y avoir
équivalence.
De même, en intégrant les contraintes de
liquidité3 et l'incertitude, il est préférable
de procéder au financement de l'investissement public par emprunt au
regard des contraintes de liquidité, car ces contraintes
allégées atténuent l'environnement d'incertitude des
agents. Au total, bien que les agents soient ricardiens4, leurs
propensions à consommer sont keynésiennes (BUCHANAN, 1986 ;
SOLOW, FITOUSSI et Le CACHEUX, 2002; CREEL, BLANCHARD et GIAVAZZI, 2003 ;
VILLIEU et MINEA, 2008).
Des nombreux auteurs (HARROD et DOMAR, 1944 ; AVRAMOMIC, 1964
; TOUNA MAMA, 1998 ; DASEKING, 2002 ; NORTHOVER, 2003), dans leurs analyses
retiennent que l'emprunt peut aider les pays à accélérer
leur croissance en finançant des investissements productifs et peut
ainsi atténuer les effets de perturbations économiques. Mais si
l'Etat accumule des dettes dont il ne peut pas assurer le service, une crise de
la dette peut éclater, et ses coûts économiques et sociaux
peuvent être élevés (DASEKING, 2002).
On admet volontiers que l'Etat s'endette, c'est-à-dire
reporte les
3 Les individus en réalité peuvent être
rationnés sur les marchés financiers et des titres et ne peuvent
emprunter au tant qu'ils souhaitent.
4 Les agents prennent en compte l'effet des taxes futures.
charges à venir sur les générations
futures, lorsque celles-ci profiteront des effets des investissements publics
réalisés. Un certain niveau d'endettement est donc
légitime. Pourtant il n'est pas sans danger car la dette peut devenir
incontrôlable, dans la mesure où les charges de remboursement
creusent le
déficit public qui, à son tour, risque
d'être financé par un nouvel emprunt siles recettes
publiques ne peuvent connaître une croissance suffisamment
rapide (GARNIER, 1990; JACQUEMOT et RAFFINOT, 1993 ; NORTHOVER,
2003).
DITTUS (1989) met l'accent sur la pression fiscale, parce
qu'il souligne qu'en Afrique, beaucoup plus qu'ailleurs, l'Etat est
amené à emprunter pour réaliser des infrastructures
économiques et sociales qui peuvent avoir une rentabilité sociale
élevée, mais ne génèrent pas des recettes publiques
en tant que telles.
Pour ces auteurs, le recours à l'emprunt pourrait
procurer des ressources pour financer les dépenses publiques productives
(comme les infrastructures) permettant d'élever le sentier de la
croissance de l'économie.
De ce fait, MODIGLIANI et al, (1998) ; CREEL, FITOUSSI et LE
CACHEUX, (2002) ; CREEL, BLANCHARD et GIAVAZZI, (2004) pensent que dans un
contexte ou les dépenses non productives (en particulier salariales) de
l'Etat sont difficiles à réduire et les impôts difficiles
à augmenter, l'ajustement budgétaire peut se faire au
détriment des dépenses d'infrastructure, pourtant essentielles.
Ainsi, l'adoption d'une « règle d'or » des finances publiques,
permettant aux gouvernements de recourir à l'emprunt à la seule
condition que cet emprunt soit consacré entièrement à des
dépenses d'investissement (VILLIEU et MINEA, 2008).
Cette proposition rejoint des travaux plus anciens sur la
séparation entre solde budgétaire courant et solde en capital
(MUSGRAVE, 1939). Par extension, des nombreux auteurs parmi lesquels CREEL,
LATREILLE et LE
CACHEUX (2002), BLANCHARD, GIAVAZZI (2003) ou FITOUSSI,
(2003), préconisent de faire sortir les dépenses d'investissement
public de la cible de déficit structurel, rejoignant la thèse
défendue notamment par (EISNER, 1996 ; MODIGLIANI, 1998 ; BUITER, 2001)
d'un financement par endettement des dépenses publiques productives.
L'idée de financer les dépenses publiques
d'investissement par emprunt peut à première vue sembler
attirante dans la mesure où les dépenses influencent positivement
le sentier de la croissance potentielle de l'économie (comme c'est en
particulier le cas dans une perspective de croissance « endogène
» à la BARRO, 1990). Par ailleurs, en réponse à un
ralentissement conjoncturel, les dépenses productives sont plus faciles
à comprimer que les dépenses non productives, telles que les
dépenses en salaires ou les transferts, au risque de peser sur la
croissance. Dés lors, il semble qu'un plafond imposé sur le
déficit public courant aura inévitablement un biais
structurellement dépressif sur la croissance (CREEL et al, 2002) et,
d'après ses prometteurs, la règle d'or pourrait permettre aux
gouvernements de mener des politiques plus favorables à la croissance.
L'endettement utilisé à des fins d'investissement public pourrait
alors paraître « vertueux » dans la mesure où il
encourage la croissance future.
EISNER (1996) défend ainsi l'idée que s'abstenir
de dépenser aujourd'hui pourrait méme être néfaste
pour la génération future. Utilisé dans une conjoncture
déprimée, l'endettement pourrait ainsi procurer un double
dividende en stimulant l'activité présente et en élevant
le sentier de croissance potentielle. La «règle d'or des finances
publiques » est aujourd'hui considérée désormais
comme moyen efficace de financer l'investissement public (OSBORN et KELLERMAN,
2007).
Les partisans de la « règle d'or »
défendent le financement par emprunt des investissements publics en
considérant que ces investissements peuvent avoir un rendement social
important, dépassant leur coût pour le budget de l'Etat. Mais
cette proposition est trompeuse, puisque le gouvernement ne
peut pas s'approprier le rendement social des investissements
publics, mais seulement leur coût. Si les gouvernements ne peuvent pas
rembourser leur dette en contractant des nouveaux emprunts à des taux
croissants (interdiction des jeux de Ponzi), le taux de croissance de la dette
ne pourra jamais dépasser leur coüt de financement (le taux
d'intérêt réel) à long terme. La règle d'or
est généralement préconisée dans des situations ou
il n'y a pas de possibilités de faire augmenter le taux d'imposition
(PAVAGEAU, 2010).
A première vue, émettre de la dette peut
paraître une bonne prescription pour éviter que les cibles
budgétaires ne puissent évincer l'investissement public. La
règle d'or devient intéressante lorsque l'endettement
présent ne constitue pas une charge pour les générations
futures et si ces dernières tirent parti d'un supplément de
croissance induit des investissements présents. Cependant, l'examen de
ces proposions doit se faire avec beaucoup de délicatesse.
L'intérêt de la règle d'or ne peut alors
être que celui d'accroître les dépenses d'investissement
dès aujourd'hui, alors que la génération présente
n'est pas préte à les financer. Il s'agit donc d'une
manière de contraindre les générations futures à
réaliser l'ajustement que la génération présente ne
veut ou peut pas faire aujourd'hui, en supposant qu'elles trouveront demain la
recette que nous n'avons pas trouvée aujourd'hui pour financer les
dépenses publiques productives, alors même que leur situation
d'endettement sera dégradée par rapport à celle de la
génération présente (VILLIEU et MINEA, 2010).
Cette proposition n'est pas surprenante dans la mesure
où, qu'il s'agisse des dépenses productives ou improductives,
tout accroissement de la dette soulève un problème inter-temporel
car, sauf à se lancer dans une politique organisée
d'insolvabilité, il faudra dans le futur rembourser la charge de la
dette autrement que par nouvel endettement. La règle d'or peut
être utile pour régler un problème conjoncturel, en
évitant une restriction
10
pro cyclique de l'investissement public lors d'un
ralentissement de l'activité. La règle d'or a donc un coût
en croissance et/ou en bien-être pour les générations
futures, de sorte qu'elle représente un enjeu d'équité
intergénérationnelle. En termes de bien-être, financer
l'investissement public par emprunt peut déprécier suffisamment
le bien-être des générations futures (taux d'actualisation
élevé). La règle d'or peut méme être
équitable sur le plan intergénérationnel, puisqu'il n'est
pas forcement juste de faire payer intégralement aux
générations présentes les infrastructures qui serviront
aux générations de demain. Mais ne laissons pas penser que les
générations futures n'auront pas à payer ces
équipements5 (VILLIEU et MINEA, 2010).
En outre, KAMPS (2004) montre qu'il existe un arbitrage entre
les effets à court terme (favorables) et les effets à long terme
(défavorables) des déficits publics consacrés aux
dépenses d'investissement. Il discute par ailleurs, des effets de
l'endettement public, suivant que les impôts futurs ou les
dépenses futures d'investissement s'ajustent pour satisfaire la
contrainte budgétaire inter-temporelle du gouvernement (ARELLANO et
LIPSCHITZ, 2009). Ainsi, un déficit public plus élevé
procure des ressources pour l'investissement public, avec un effet favorable
sur la croissance. Mais induit également une élévation de
la charge de la dette publique qui constitue une dépense improductive
évinçant l'investissement public, avec un effet
défavorable sur la croissance. Si les gouvernements ne peuvent jouer les
jeux de Ponzi, une augmentation permanente du déficit réduira
donc le sentier de croissance stationnaire, même si elle est
intégralement consacrée à l'investissement public (VILLIEU
et MINEA, 2008).
Eu égard à l'impact de la politique
budgétaire (emprunt) sur l'activité économique et de
l'ensemble des contraintes auxquelles est soumis l'Etat dans l'accomplissement
de ses taches, il convient de s'interroger sur la nature de lien existant entre
celle-ci et l'investissement
public. il s'agit donc
5 Il est d'ailleurs sans doute discutable d'anticiper des projets
d'investissements publics au nom des enfants qui pourraient vouloir faire
d'autres choix demain.
précisément de mesurer l'incidence des
déséquilibres financiers publics sur les variables
macroéconomiques fondamentales.
L'étude de la relation entre l'emprunt et
l'investissement public revét ici un intérêt pratique
particulier pour le Tchad pour un certain nombre de raisons :
1- la persistance des déficits publics ;
2- le faible taux de croissance annuel dû aux
insuffisances des investissements publics et privés ;
3- la réalisation de l'investissement public qui
permettra l'accès aux services sociaux tels que la santé,
l'éducation, l'énergie, les routes, aujourd'hui
considérés comme facteurs de croissance.
Ainsi, l'objet de la présente étude est de
montrer que dans la Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale (CEMAC), caractérisée par un faible niveau de
développement du marché financier et un faible taux d'endettement
du secteur privé (ONDO OSSA, 2006) ; l'emprunt constitue un moyen
efficace pour financer l'investissement public.
La présente réflexion qui a pour champ le Tchad
(membre de la CEMAC) le propose d'analyser, à partir d'une
vérification empirique, l'impact de l'emprunt sur l'investissement
public.
A cette fin, la première partie du travail
présente le modèle de détermination de l'impact de
l'emprunt sur l'investissement public. La deuxième partie porte sur
l'estimation du modèle, l'interprétation du résultat et
les implications en termes de politique économique.
PARTIE I : PRESENTATION DU MODELE DE DETERMINATION DE
L'IMPACT DE L'EMPRUNT SUR L'INVESTISSEMENT PUBLIC
12
Il s'agit précisément de présenter le
modèle qui sert de support à l'analyse de l'impact de l'emprunt
sur l'investissement public en prenant appui sur la dette publique. Aussi,
convient-il de présenter dans un premier temps les variables du
modèle (Chapitre 1), avant de procéder dans un second temps
à la présentation du modèle en question (Chapitre 2).
CHAPITTRE I :
PRESENTATION DES VARIABLES DU MODELE
Dans ce chapitre, nous analysons dans un premier temps la
variable expliquée (section 1) avant de présenter dans un second
temps les variables explicatives (sections 2).
Section 1 : La variable expliquée
Etant donné que l'objet du modèle est
d'apprécier les effets de l'emprunt sur l'investissement public, nous
retenons comme variable endogène (expliquée) le ratio entre la
Formation Brute de Capitale Fixe (FBCF) et le Produit Intérieur Brut
(PIB).
Graphique 1 : L'évolution de la
FBCF (en pourcentage du PIB)
Source: Banque mondiale
(World Development Indicators,CD-ROM, 2007)
Deux périodes peuvent être distinguées
à cet effet :
La première période, de 1990 à 2000
caractérisée par un niveau faible de l'investissement public
dü notamment aux conséquences de la crise de la dette, d'une part,
et de la rareté des flux de capitaux extérieurs, d'autre part.
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La deuxième période (2002 - 2008) est
caractérisée par une hausse du niveau de l'investissement public.
Cette hausse peut être justifiée par les grands travaux de
l'exploitation du pétrole tchadien.
Section 2: Les variables explicatives
Investir, c'est avant tout faire un pari sur l'avenir. De ce
fait, les dépenses engagées n'auront des effets que plusieurs
mois ou années après la prise de décision. Ainsi, le
niveau de la demande anticipée, les profits attendus, les conditions
financières, le niveau de la dette publique, la variation du taux de
change, le risque et l'incertitude sont autant d'éléments
déterminants pour la décision d'investir. L'adaptation aux
données de l'économie tchadienne nous conduit à retenir
trois variables exogènes : le déficit public, la dette publique
et la taxation.
a. Le Déficit Public (SB)
Le déficit public rapporté au PIB est la
variable qui représente le solde financier des administrations
publiques. Plus précisément le déficit public est la
différence entre les recettes totales hors don et les dépenses
totales hors intérêt de la dette. Il permet en principe de mesurer
le niveau des dépenses publiques par rapport aux recettes, ce qui
amène à l'estimation du besoin de financement de l'Etat.
Les études récentes (ALESINA, ARDAGNA, PEROTTI
et SCHIANTARELLI, 2002 ; GUIDICE et al, 2003) ont montré que les
politiques budgétaires de consolidation (réduction des
déficits publics par la baisse des dépenses) n'ont pas d'effets
restrictifs sur la demande intérieure. Est-ce que cela se vérifie
dans tous les cas ?
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Financement de l'investissement public par
emprunt/2009-2010 Graphique n°2 : Evolution du ratio
déficit public en pourcentage du PIB
Source: Banque mondiale
(World Development Indicators, CD-ROM, 2007).
Le graphique 2 semble en effet confirmer que l'emprunt a bien
un impact keynésien sur l'investissement au cours de la période
allant de 1990 à 2004. On observe ainsi, en moyenne annuelle, une
détérioration du solde budgétaire, accompagnée
d'une hausse de l'investissement public.
En revanche, au cours de la période
d'amélioration du solde budgétaire (2004-2008), la performance du
Tchad en termes d'investissement public est inférieure à celle de
la période 1990-2004, puisque l'évolution positive du solde
budgétaire s'est accompagnée d'une baisse de l'investissement.
b. La Dette Publique (DP)
Elle est également exprimée en ratio par rapport
au PIB et représente les engagements financiers bruts des
administrations publiques. Il existe assurément un lien entre le
déficit budgétaire et la dette, car l'excès des
dépenses sur les recettes a été souvent financé par
un accroissement de la dette (ENGONE, 2002).
Des travaux empiriques récents (LAUBACH, 2003 ;
PEROTTI, 2004) montrent que les paramètres associés aux chocs
budgétaires dans la fonction d'investissement dépendent du niveau
atteint par le ratio dette publique sur
92 94 96 98 00 2 04 06 08
PIB. Un ratio élevé a des effets
défavorables sur l'investissement privé à travers deux
principaux canaux :
16
1°) celui des ressources utilisées pour le
paiement du service de la dette publique, qui peuvent évincer les
investissements publics dans les domaines où des
complémentarités importantes existent entre les dépenses
publiques et privées en capital ;
2°) celui par lequel les agents domestiques
préfèrent transférer leurs fonds à
l'étranger plutôt que d'épargner, à cause de la
crainte que les engagements d'impôts futurs servent à financer le
service de la dette.
Graphique 3. Evolutions du ratio de la
dette publique en pourcentage du PIB
Source: Banque mondiale
(World Development Indicators,CD-ROM, 2007).
Deux périodes peuvent être distinguées :
La première période allant de 1990 à 2004
est marquée par la hausse du ratio stock de la dette publique en
pourcentage du PIB. Trois facteurs majeurs retiennent notre attention :
1) cette hausse pourrait être expliquée par
l'arrivée au pouvoir d'un nouveau régime politique et
l'instabilité politique récurrente qui s'en est suivie ;
2) l'organisation de la conférence nationale et son
financement en 1993;
3) enfin, la construction du pipe-line Tchad-Cameroun pour
l'exploitation du pétrole de Doba.
Le financement quasi-total de ces facteurs par l'emprunt
extérieur conjugué aux organisations des élections
justifient cette hausse de la dette publique au Tchad.
La seconde période et la dernière est
marquée par une baisse drastique du ratio suite aux remboursements
anticipés de la dette vis-à-vis de la Banque Mondiale et qui se
stabilise en deçà de 30 % du PIB.
Ainsi, pour des niveaux relativement élevés de
dette publique (période allant de 1990 à 2004), on est enclin
à admettre que des agents économiques tchadiens ont des
comportements non keynésiens, puisque la corrélation dette
publique/investissement est négative.
c. La Variable de Taxation (TX)
La variable taxation représente les recettes totales
des administrations publiques d'origine fiscale et non fiscale ; elle est aussi
exprimée par rapport au PIB. L'introduction de Cette variable taxation
permet de prendre en compte l'effet non linéaire des taxes sur
l'investissement public (VILLIEU, 2007).
Graphique 4 : Evolution du ratio de la
taxation sur le PIB
Source: Banque mondiale
(World Development Indicators,CD-ROM, 2007).
Le graphique ci-dessus montre que, de 1990 à 1995, la
pression fiscale tchadienne est restée relativement faible. Ce pourrait
s'expliquer par
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un retournement de la conjoncture économique au
lendemain des deux chocs pétroliers. Après cette période
(1996-2007), on assiste à une augmentation de la pression fiscale qui
coïncide avec l'évolution positive du déficit
budgétaire. Cette hausse peut s'expliquer en partie par l'exploitation
du pétrole tchadien.
SPECIFICATION DU MODELE
CHAPITRE II:
Dans ce chapitre, nous voudrions tout d'abord présenter
le modèle théorique (section 1), avant de procéder
à sa spécification à des fins d'estimation (section 2).
Section 1 : le modèle théorique
Le modèle de la présente étude, qui
s'inspire du modèle BARRO (1990), repris par FUTAGAMI et al (1993), et
par VILLIEU et MINEA (2008) se présente sous sa forme fonctionnelle
suivante:
,
avec :
|
, le ratio de la formation brute de capital fixe à la
production ; , le ratio du déficit public rapporté à la
production ;
, le ratio de la dette publique rapportée à la
production ;
, le ratio des recettes fiscales rapportées à la
production ; , le Produit Intérieur Brut.
|
Il est intéressant de rapporter les variables du
modèle à une grandeur de référence telle que le
PIB, qui est une variable pertinente car donnant une idée de la
capacité contributive du pays.
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Section 2. Le modèle à des fins
d'estimation
L'expression du modèle de détermination de
l'impact de l'emprunt sur l'investissement public donnée par
l'équation ci après, est retenue à des fins d'estimation.
Cette équation met en évidence les principales sources de
financement de l'investissement public.
Ainsi, le modèle de détermination de l'impact de
l'emprunt sur l'investissement public se présente comme suit :
=
,
avec :
, l'investissement sur la production à la période
t;
, le solde budgétaire sur la production en t ;
, le ratio de la dette publique en t ;
, le ratio des recettes fiscales sur la production à la
période t ; , le terme d'erreur.
Les représentent les coefficients de long terme par
rapport
au solde budgétaire, au ratio de la dette publique et au
ratio des recettes fiscales.
Le solde budgétaire, qu'il soit positif ou
négatif, traduit le niveau des dépenses publiques par rapport aux
recettes. Le désir de soutien de l'activité économique par
le gouvernement aggrave les déficits (CREEL et al, 2005). Par le canal
des modalités de financement, le solde budgétaire a un effet
positif sur les prix en cas de déficit et un effet négatif en cas
d'excédent budgétaire. On s'attend alors à ce que le
coefficient du solde budgétaire soit positif.
Le service de la dette constitue un fardeau qui limite
l'efficacité à long terme de la politique de soutien de
l'activité par le déficit budgétaire (CREEL et al, 2000).
Les déficits étant persistants, si l'Etat assure ses
dépenses par la dette et que les ménages considèrent cette
dernière comme une richesse nette (NDO NDONG, 2001), on s'attend
à ce que le coefficient de la dette publique soit positif. Il sera
négatif dans le cas contraire.
PARTIE II
PRESENTATION ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
22
Tirant parti du modèle spécifié
ci-dessus, nous voudrions dans cette partie, procéder à la
vérification empirique du lien entre emprunt et investissement public.
Ainsi, pour mener à bien notre analyse, nous procédons tout
d'abord à l'estimation du modèle, à la présentation
des résultats (chapitre III) et, ensuite, à leurs
interprétations (chapitre IV).
CHAPITRE III PRESENTATION DES RESULTATS
Afin de mener à bien notre analyse, nous voudrions dans
ce chapitre, présenter tout d'abord le processus d'estimation du
modèle (section1) avant de présenter ensuite les résultats
obtenus (section 2).
Section 1 : Processus d'estimation
L'analyse économétrique d'un
phénomène économique impose une certaine discipline dans
la démarche à suivre. De ce point de vue, après avoir
collecté les données, il convient de les analyser afin
d'éviter des régressions fallacieuses.
1.1. Analyse des données
Les tests économétriques s'appuient sur des
séries macroéconomiques annuelles. Nous utilisons la base de
données de la Banque mondiale (Cdroom, World Bank Indicators, 2007), des
annexes des rapports de la BAD (2009) et de la BEAC (2009). La période
couverte est de 20 ans (1990-2009). Les séries sont exprimées en
milliards de franc CFA.
L'analyse des données dans une démarche
économétrique passe nécessairement par des tests
préliminaires (TODA, 1995). Il s'agit pour l'essentiel des tests de
racine unitaire et de cointégration. Notre désir de mettre en
évidence la relation causale entre l'emprunt et l'investissement public
oriente notre choix vers le test de cointégration.
Le test de cointégration de JOHANSEN (1988) permet de
vérifier s'il est possible d'établir une relation
d'équilibre entre différentes variables explicatives et
expliquée d'un phénomène donné. Ce test a
été réalisé en trois
24
étapes : en premier lieu, il nous a permis de
déterminer le décalage optimal à expliquer pour
l'estimation du modèle. Dans notre étude, le décalage
optimal est d'une période et correspond au décalage maximal
obtenu selon la méthode de NEWEY WEST (1987)6
Il est ensuite indispensable d'effectuer le
résumé du test de rang de cointégration tableau de
l'annexe n° 2. Ce dernier relève l'existence d'une seule relation
de cointégration entre les variables retenues. En plus de la
présomption d'existence de la relation de cointégration, le test
de rang de cointégration a également permis de choisir le
modèle qui ajuste au mieux les données disponibles. Il s'agit du
modèle qui minimise l'un des deux critères d'information ci
après : le critère d'AKAIKE et le critère de SCHWARS.
Enfin, Nous avons effectué notre test de
cointégration sous l'hypothèse suivante :
H0 : Il existe une relation cointégration ;
H1 : Il n'existe pas de relation de cointégration.
Règle de décision du test de
cointégration de JOHANSEN :
Pour un seuil de significativité donné,
l'hypothèse nulle situant l'existence de relation de
cointégration entre les variables du modèle est acceptée,
si la valeur de la trace (TR) est inferieure à sa valeur critique
tabulée (OSTERWALD-LENUM, 1992). En revanche, une valeur de la trace
supérieure à sa valeur critique implique qu'il n'existe pas de
relation de cointégration entre les variables.
6 Selon NEWEY WEST le lag optimal est approximé par la
formule suivante : lag=(4(n/100))2 ; n= nombre d'observation
Résultats du test
Le test indique l'existence d'une relation de
cointégration au seuil de 5 % d'après le critère de la
trace et de la valeur propre maximale, d'une part (cf. annexe n° 1), et le
critère d'information de SCHWARZ, d'autre part (cf. annexe n° 2).
En effet, nous rejetons l'hypothèse de plusieurs vecteurs de
cointégration entre la variable expliquée et les variables
explicatives du modèle. Le fait que les variables soient
cointégrées implique que leurs évolutions au cours du
temps soient parallèles.
Le tableau ci-dessous présente le résumé du
test de rang de cointégration de JOHANSEN (cf. annexe n° 2).
Data
Trend: None None Linear Linear Quadratic
No
Test Type Intercept Intercept Intercept
Intercept Intercept No Trend No Trend No Trend Trend Trend
Trace 1 1 2 2 4
Max-Eig 1 1 1 2 2
A la lecture de ce tableau nous avons cinq types de
modèle ayant une relation de cointégration. Les critères
de la valeur propre maximale et la trace nous permettent de conclure qu'il
existe une relation de cointégration. Le critère d'information de
SCHWARZ nous permet ainsi de choisir le modèle 2 (c'est-à-dire le
modèle non linéaire avec constante et sans tendance) (cf. annexe
1).
Etant donné l'existence de la relation de
cointégration, nous pouvons passer à l'estimation du
modèle vectoriel à correction d'erreur (MVCE).
26
Section 2 : Résultat de l'estimation du
modèle vectoriel à correction d'erreur (MVCE)
La relation de cointégration étant
certifiée, il est possible de recourir au modèle vectoriel
à correction d'erreur (MVCE). Ce modèle, lorsque les variables
sont intégrées d'ordre 1, aboutit à des relations
très intéressantes.
L'équation ci-après du modèle vectoriel
à correction d'erreurs est une équation du long terme. Ce choix
se justifie clairement du fait que l'endettement est beaucoup plus une question
structurelle (donc de long terme) que conjoncturelle.
Les principaux résultats de l'estimation du
modèle vectoriel à correction d'erreur (MVEC) sont
consignés dans le tableau ci après (cf. annexe 3).
Variables
|
FBCF (-1)
|
DP
|
SB
|
TX
|
Elasticités
|
-0.742095
|
-0.278
|
2.089
|
5.087
|
T-Student
|
-5.81003
|
-7.26113
|
+5.47166
|
+9.94129
|
|
0.782515
|
|
T-Fischer
|
8.635264
|
La fiabilité des résultats s'apprécie
à travers la valeur et le signe des coefficients des paramètres
estimés. La régression de la formulation du modèle
vectoriel à correction d'erreur (MVCE) donne les résultats
suivants pour le long terme. Ces derniers sont obtenus après calcul des
coefficients de la représentation de l'équation par le logiciel
Eviews 5.
La relation dynamique de long terme peut alors s'écrire
comme suit :
D(FBCF)= - 0.742*FBCF (-1) - 0.278*DP + 2.089*SB + 5.087
*TX - 0.144
(-5.810) (-7.271) (5.461) (9.941)
Les chiffres entre parenthèses représentent la
statistique de STUDENT.
Globalement, l'ajustement statistique est de bonne
qualité. La représentation à correction d'erreur est
validée puisque le coefficient du terme de correction d'erreurs(force de
rappel) qui représente, d'une part, les déviations des valeurs
d'équilibre de long terme et, d'autre part, la réponse à
court terme nécessaire pour que l'investissement public se
déplace vers son niveau d'équilibre de long terme, est
significativement négatif et inferieur à l'unité en valeur
absolue (-0.742) au seuil de 5 % car le T-Student est supérieur à
1.967 en valeur absolue (5.810) et toutes les variables sont
significatives à long terme. Ainsi, d'une année à l'autre,
la variable endogène (FBCF/PIB t) converge lentement vers son niveau
d'équilibre de long terme (FBCF/PIB*t).
De même, globalement, les coefficients sont
significativement différents de zéro (T-Fischer = 8.635). La
valeur de R2 (78.25 %), signifierait que notre modèle n'est
expliqué qu'à hauteur 78.25 % par les variables explicatives.
Autrement dit, l'évolution de l'investissement public n'est pas
seulement sensible aux seuls ratios de la dette et de la taxation mais aussi
à d'autres facteurs.
S'agissant des signes attendus, seul le ratio de la dette sur
le Produit Intérieur Brut (PIB) présente un coefficient
négatif. Ce qui n'est pas le cas des ratios taxation sur le PIB et
déficit budgétaire sur le PIB. Néanmoins, la
significativité de la force de rappel permet de souligner la pertinence
du modèle à fournir une explication du moins en partie de
l'évolution de l'Investissement Public.
7 Valeur tabulée du Student
CHAPITRE IV
INTERPRETATION DES RESULTATS
28
Partant des observations faites des résultats ci-dessus
présentés, il est question dans ce chapitre de procéder
à leurs analyses, ce qui nous permettrait de mettre en évidence
les implications en matière de politique économique.
Section 1 : Mise en évidence des effets non
keynésiens
Les résultats empiriques semblent «
confirmer» la possibilité d'effets non keynésiens des
politiques budgétaires sur l'investissement, à cause notamment
:
a) des comportements d'investissement non-keynésiens
;
b) de l'efficacité mitigée de l'emprunt
à long terme.
1.1. Comportement d'investissements non
keynésiens
Il semble que, à court terme, tout accroissement du
déficit tend à réduire la propension à investir des
firmes. Le signe négatif relatif au coefficient du ratio du solde
budgétaire (-2.82) indique en effet qu'une augmentation de 10 % du
déficit entraîne, en moyenne annuelle, une baisse de
l'investissement de 28.2 %. On est enclin à admettre l'effet
néo-ricardien des déficits publics sur le comportement
d'investissement que bon nombre d'auteurs ont également mis en
évidence dans les pays africains (SERVEN, 1998 ; PATILLO, 1998). Cette
sensibilité des entreprises aux déficits publics s'explique
principalement par le rythme élevé de progression du ratio
d'endettement des années 90 au Tchad.
Les comportements non-keynésiens, mis en évidence
ici, s'expliquent principalement par la perception du secteur privé de
l'engagement de l'Etat à
faire face à sa contrainte budgétaire inter
temporelle. Il est donc possible qu'il y ait une perte de
crédibilité des agents économiques privés sur la
capacité de l'Etat à faire face à sa contrainte
budgétaire. Cette perte de crédibilité se traduit par le
désintérêt des détenteurs de capitaux à
investir. Le solde budgétaire a un effet positif et significatif
à long terme sur l'investissement, ce qui n'est pas le cas à
court terme puisque le ratio du solde budgétaire a un signe
négatif.
1.2. L'efficacité mitigée de
l'emprunt
Les résultats obtenus révèlent par
ailleurs qu'à long terme le solde budgétaire a un effet positif
et significatif sur l'investissement public au Tchad. La valeur du coefficient
de long terme associé à cette variable est de +2,09, ce qui
signifie que l'emprunt a un impact positif sur l'investissement public. Ce
résultat met en mal la théorie économique, selon laquelle
toute hausse des dépenses publiques provoque une baisse de la production
du fait de ses effets défavorables sur les anticipations des agents
privés.
En revanche, il conforte l'idée selon laquelle la
politique budgétaire menée au Tchad est soutenable à long
terme. Les autorités publiques peuvent ainsi utiliser les variations du
solde budgétaire pour stimuler l'investissement public.
Ce résultat soutient les travaux, (MODIGLIANI et al,
1998; CREEL, FITOUSSI et LE CACHEUX, 2002 ; CREEL, BLANCHARD et GIAVAZZI, 2004)
selon lesquels, dans un contexte où les dépenses non productives
(en particulier salariales) de l'Etat sont difficiles à réduire
et les impôts difficiles à augmenter, l'ajustement
budgétaire peut se faire au détriment des dépenses
d'infrastructures, pourtant essentielles. Ainsi, l'adoption d'une «
règle d'or » des finances publiques, permettant aux gouvernements
de recourir à l'emprunt pourvu que cet emprunt soit consacré
intégralement à des dépenses d'investissement est
envisageable.
30
Le gouvernement pour l'orientation de sa politique
budgétaire à long terme doit également tenir compte du
ratio d'endettement, parce qu'une politique budgétaire viable suppose
que le niveau d'endettement (courant et futur) soit faible. Or, les
résultats des tests révèlent que le ratio d'endettement,
ainsi que nous l'avions souligné plus haut, a un effet significativement
négatif sur l'investissement à long terme. Le coefficient
associé à cette variable est de - 0.28, ce qui signifie que
l'utilisation de l'emprunt comme moyen pour financer l'investissement public
à long terme, n'est pas capable de stimuler la production. Ce
résultat n'est pas sans précédent dans la
littérature empirique. Particulièrement, ce résultat se
trouve dans les travaux d'ALESINA et PEROTTI (1995), SERVEN (1997) et GIAVAZZI
et PAGANO (2000), à propos desquels une économie à dette
publique élevée accroît l'incertitude des agents
économiques.
Les résultats de l'estimation semblent donc indiquer
que les variations du solde budgétaire sur l'investissement ont des
effets non keynésiens, parce qu'elles sont utilisées dans un
régime d'endettement public élevé. L'efficacité de
la politique conjoncturelle de relance par la hausse des dépenses
publiques devient ainsi sans effet. N'ayant pas de marges suffisantes dans le
domaine des finances publiques, l'Etat est incapable de mettre en oeuvre les
programmes appropriés en matière de dépenses et de
fiscalité, une part importante des dépenses étant
consacrée au service de la dette publique.
Section 2. Les implications en termes de Politique
Economique
Les politiques dont il est question portent en premier lieu
sur la réduction de la dette publique et en second lieu sur la
nécessité de mise en place d'une politique de relance et de
discipline budgétaire.
2.1. Les politiques de réduction de la dette
publique
Il ressort de nos résultats qu'une augmentation de la
dette publique entraîne à long terme, une réduction de
l'investissement public.
A cet effet, il convient de se poser deux questions
essentielles : jusqu'où ira la dette publique ? Quel sera son impact sur
le bien-être des générations futures ? Evidemment ces
interrogations posent les problèmes de soutenabilité et de la
neutralité de la dette. Ces problèmes trouvent leur fondement
dans un taux de croissance élevé de la dette publique tchadienne.
Aussi, sommes nous conduit à nous pencher sur les recommandations de
politique économique susceptibles de réduire l'endettement de
l'économie tchadienne.
De telles politiques tournent autour de l'augmentation des
recettes fiscales et de la baisse rationnelle des dépenses
budgétaires. La nécessité d'élargir l'assiette
fiscale et de réduire, de manière rationnelle, le niveau de vie
de l'Etat devient important lorsque les taux d'intérêts sont
sensiblement plus élevés que le taux de croissance de
l'économie.
a. L'augmentation des recettes fiscales
Les principales politiques utilisées à cet effet
sont :
1) la mise en place des droits d'accises (taxe sur la pollution)
;
2) la canalisation du secteur informel (il génère
des centaines des millions de francs CFA qui échappent au contrôle
du trésor public) ;
3) l'intensification du contrôle relatif au recouvrement
des recettes de l'Etat(le respect du principe de l'unité de caisse)
4) la dynamisation et la diversification soutenue de
l'économie tchadienne. Si l'investissement est productif, la dette sera
épongée par l'augmentation de l'activité économique
et par voie de conséquence celle de la base de l'imposition.
Toutefois, la promotion d'un tel investissement public
nécessite le respect des conditions telles que la bonne gouvernance, la
mise en place d'un code d'investissement public...
32
b. La réduction des déficits
budgétaires
Les principales mesures pour minimiser les dépenses
budgétaires sont entre autres :
1) la programmation des emprunts publics ;
2) la promotion d'une stratégie d'endettement par
emprunts obligataires ;
3) la création d'une centrale autonome
d'évaluation et de sélection des projets d'investissements ;
4) la réalisation des paiements anticipés de la
dette8 ;
5) la mise en place d'un pacte de soutenabilité nationale
de la dette publique qui tient compte des ressources disponibles de l'Etat ;
6) la définition d'une cible d'endettement (un niveau
optimal de l'endettement).
L'option d'un ajustement par une réduction des
dépenses publiques est souvent présentée par les
institutions internationales comme l'aspect principal de l'ajustement des
finances publiques, en raison d'un niveau excessif des dépenses
gouvernementales et du rôle prépondérant de l'Etat dans les
économies des pays moins avancés.
Il convient cependant de faire observer que cette option de
réduction systématique des dépenses publiques ne repose
pas sur une analyse pertinente, notamment, celle de la dynamique conjointe des
recettes et des
dépenses publiques. Se pose alors la question de la
relation de causalitéentre les recettes et les
dépenses publiques, une condition nécessaire du
retour à une situation de politique budgétaire
soutenable serait de spécifier les origines des déficits, afin de
mieux orienter la politique de financement de celles-ci (ENGONE, 2002). La
réduction de la dette publique passe également par une
stimulation de la croissance.
8 Il s'agit pour le Tchad, pays producteur du pétrole,
d'utiliser les surplus des recettes pétrolières inhérentes
des hausses successives et inattendues des prix de pétrole, pour les
paiements anticipés de la dette.
2.2. De la nécessité de la mise en oeuvre
des politiques de relance à la nécessité de la discipline
budgétaire
Le financement des politiques de relance par l'emprunt, moyen
privilégié, devient difficile puisque la dette publique est
déjà importante. Il est donc nécessaire de recourir
à des nouvelles sources de financement et d'utiliser avec discipline les
ressources obtenues.
a. La nécessité de privilégier des
nouvelles sources de financement
Notre étude ne s'est pas intéressé
à la question de déterminer le niveau optimal de la dette
publique qui sera compatible à des objectifs de croissance. Cependant,
partant du constat que le niveau de la dette publique influence
négativement l'activité économique, il convient
d'explorer, les pistes alternatives de financement de l'investissement public
au Tchad. Le moyen le plus efficace pour financer les dépenses publiques
d'investissement est de mobiliser les ressources nationales et cela
nécessite l'amélioration des recettes fiscales, l'accroissement
de l'épargne intérieure et la dynamisation du marché
financier régional.
b. La nécessité de la discipline
budgétaire
« Les dépenses publiques jouent un rôle
fondamental dans la stabilité et la croissance des pays en
développement. Toutefois, l'orientation de l'investissement public est
importante. La plupart des pays en développement ne peuvent pas se
permettre d'accroitre l'investissement public dans tous les secteurs. Aussi,
apparaît-il nécessaire d'établir des priorités
» (GHOSH, 2007). A cet égard, l'Etat tchadien doit operer des choix
prioritaires en matière de dépenses publiques et ces choix
doivent être guidés par la nécessité de favoriser
l'investissement public dans une vision à moyen terme voire à
long terme, s'inscrivant dans une stratégie globale pour l'avenir. L'un
des enjeux majeurs pour le Tchad est de disposer d'une main d'oeuvre
qualifiée.
34
En effet, toutes les mesures que nous avons mentionnées
plus haut ne peuvent devenir effectives si les moyens humains et intellectuels
ne s'y prêtent pas. En outre, l'Etat doit créer les conditions
pour une action plus efficace du secteur privé. Il faut donc consentir
à des investissements dans les domaines de santé, de
l'éducation et des infrastructures. La structure des dépenses
publiques est un élément déterminant de
l'efficacité des politiques budgétaires en général.
La stratégie des dépenses courantes doit être
orientée de manière à accroitre l'épargne publique
et à éviter les dépenses inopportunes.
L'Etat tchadien devra adopter une véritable discipline
budgétaire en matière des dépenses publiques si elle veut
que sa politique budgétaire soit bénéfique à
l'activité économique. La bonne gouvernance est encore ici
plus
qu'indispensable. Elle nécessite que les
autorités affirment une réelle
volontéd'assainir les finances publiques.
CONCLUSION GENERALE
36
La présente étude, consacrée à la
détermination du lien entre l'emprunt et l'investissement public, et
plus précisément l'impact de l'emprunt sur l'investissement
public au Tchad, nous a permis de voir comment la dette publique (emprunt)
affecte les variables macroéconomiques comme l'investissement public.
Elle nous a également permis de montrer que l'environnement
macroéconomique influence significativement le rôle de l'Etat,
notamment les modalités de financement des dépenses publiques
d'investissement.
Il ressort de cette étude que la dette publique
(emprunt) exerce une influence négative sur l'investissement public
à long terme, Ce qui est en accord avec de nombreux travaux (GIAVAZZI et
PAGANO, 1990 ; BLANCHARD, 1990 ; VILLIEU et MINEA, 2008) qui identifient
l'existence d'un fort effet anti-keynésien des déficits publics
lorsque que la dette publique est élevée.
Partant de l'environnement économique tchadien, nous
nous sommes inspirés du modèle issu des travaux de BARRO (1990) ;
FUTAGAMI (1993) et repris par VILLIEU et MINEA (2008). Nous avons eu recours
à la technique la de co-intégration de JOHANSEN (1988) et
à l'estimation d'un modèle vectoriel à correction d'erreur
(MVCE) pour mettre en relief une liaison.
Au regard des enseignements de la théorie
économique, trois variables explicatives ont été retenues
: le déficit public, la dette publique et les recettes fiscales.
Les résultats obtenus confirment l'existence d'une
corrélation négative entre la dette publique (emprunt) et
l'investissement public au Tchad. De tels résultats inclinent à
affirmer que la dette publique n'est pas considérée comme une
richesse nette par les agents. Ces résultats traduisent le comportement
anticipatif et rationnel des agents économiques (agents ricardiens) en
ce qui concerne la hausse des impôts futurs pour rembourser les
intérêts de la dette et le principal.
Enfin, les résultats obtenus permettent de mettre en
relief les implications en termes de politique économique visant d'une
part, la réduction de la dette publique par le biais de l'accroissement
des recettes fiscales et la réduction des déficits
budgétaires et d'autre part, la nécessité de la mise en
oeuvre des politiques de relance à travers la nécessité de
privilégier des nouvelles sources de financement et la
nécessité d'instaurer une discipline budgétaire.
38
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ANNEXES
Annexe n°1 : test de cointégration de
JOHANSEN(1988)
Date: 09/03/10 Time: 22:41
Sample (adjusted): 1992 2009
Included observations: 18 after adjustments Trend assumption: No
deterministic trend Series: FB SB DP TX
Lags interval (in first differences): 1 to 1
Unrestricted Cointegration Rank Test (Trace)
Hypothesize
|
|
|
|
|
d
|
|
Trace
|
0.05
|
|
|
|
|
Critical
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Value
|
Prob.**
|
None *
|
0.922784
|
65.67152
|
40.17493
|
0.0000
|
At most 1
|
0.626798
|
19.57094
|
24.27596
|
0.1750
|
At most 2
|
0.091776
|
1.829500
|
12.32090
|
0.9626
|
At most 3
|
0.005360
|
0.096739
|
4.129906
|
0.7982
|
Trace test indicates 1 cointegrating eqn(s) at the 0.05 level *
denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 level **MacKinnon-Haug-Michelis
(1999) p-values
Unrestricted Cointegration Rank Test (Maximum Eigenvalue)
Hypothesize
|
|
|
|
|
d
|
|
Max-Eigen
|
0.05
|
|
|
|
|
Critical
|
|
No. of CE(s)
|
Eigenvalue
|
Statistic
|
Value
|
Prob.**
|
None *
|
0.922784
|
46.10058
|
24.15921
|
0.0000
|
At most 1
|
0.626798
|
17.74144
|
17.79730
|
0.0510
|
42
At most 2
|
0.091776
|
1.732761
|
11.22480
|
0.9494
|
At most 3
|
0.005360
|
0.096739
|
4.129906
|
0.7982
|
Max-eigenvalue test indicates 1 cointegrating eqn(s) at the 0.05
level
* denotes rejection of the hypothesis at the 0.05 le vel
**MacKinnon-Haug-Michelis (1999) p-values
Unrestricted Cointegrating Coefficients (normalized by
b'*S11*b=I):
FB SB DP TX
9.693722
|
-14.78946
|
-53.03924
|
4.052142
|
-3.650010
|
-57.43034
|
88.45739
|
-1.717321
|
-0.222474
|
-23.03022
|
-19.75104
|
6.637092
|
0.916212
|
11.29542
|
25.34378
|
-3.213381
|
Unrestricted Adjustment Coefficients (alpha):
|
|
|
|
-
0.00318
|
D(FB)
|
-0.066472
|
-0.024179
|
0.005077
|
5
|
|
|
|
|
0.00039
|
D(SB)
|
-0.005379
|
0.020065
|
0.000530
|
6
|
|
|
|
|
0.00046
|
D(DP)
|
-0.003629
|
-0.001428
|
-0.000205
|
3
|
|
|
|
|
0.00138
|
D(TX)
|
-0.024760
|
0.009240
|
-0.032084
|
0
|
1
|
Cointegrating Log
|
|
|
Equation(s):
|
|
likelihood
|
158.9035
|
|
Normalized parentheses)
|
cointegrating
|
coefficients
|
(standard
|
error in
|
FB
|
SB
|
DP
|
TX
|
|
1.000000 -1.525674 -5.471504 0.418017
|
(0.53080)
|
(0.62014)
|
(0.06309)
|
|
Adjustment parentheses)
|
coefficients
|
(standard
|
error
|
in
|
D(FB)
|
-0.644358
|
|
|
|
|
(0.15852)
|
|
|
|
D(SB)
|
-0.052144
|
|
|
|
|
(0.06996)
|
|
|
|
D(DP)
|
-0.035175
|
|
|
|
|
(0.01800)
|
|
|
|
D(TX)
|
-0.240020
|
|
|
|
|
(0.29154)
|
|
|
|
2 Equation(s):
|
Cointegrating Log
likelihood
|
167.7742
|
|
|
Normalized parentheses)
|
cointegrating
|
coefficients
|
(standard
|
error
|
in
|
FB
|
SB
|
DP
|
TX
|
|
|
1.000000
|
0.000000
|
-7.130066
|
0.422656
|
|
|
|
|
(0.54218)
|
(0.06479)
|
|
|
0.000000
|
1.000000
|
-1.087101
|
0.003041
|
|
|
|
|
(0.20321)
|
(0.02428)
|
|
|
Adjustment parentheses)
|
coefficients
|
(standard
|
error
|
in
|
|
D(FB)
|
-0.556105
|
2.371676
|
|
|
|
|
(0.15448)
|
(0.88448)
|
|
|
|
D(SB)
|
-0.125380
|
-1.072761
|
|
|
|
|
(0.04759)
|
(0.27248)
|
|
|
|
D(DP)
|
-0.029964
|
0.135657
|
|
|
|
|
(0.01879)
|
(0.10758)
|
|
|
|
D(TX)
|
-0.273747
|
-0.164471
|
|
|
|
|
(0.31039)
|
(1.77711)
|
|
|
|
44
3 Equation(s):
|
Cointegrating Log
likelihood
|
168.6406
|
|
|
Normalized parentheses)
|
cointegrating
|
coefficients
|
(standard
|
error
|
in
|
FB
|
SB
|
DP
|
TX
|
|
|
1.000000
|
0.000000
|
0.000000
|
-0.623042
|
|
|
|
|
|
(0.27414)
|
|
|
0.000000
|
1.000000
|
0.000000
|
-0.156394
|
|
|
|
|
|
(0.04177)
|
|
|
0.000000
|
0.000000
|
1.000000
|
-0.146660
|
|
|
|
|
|
(0.03847)
|
|
|
Adjustment parentheses)
|
coefficients
|
(standard
|
error
|
in
|
|
D(FB)
|
-0.557234
|
2.254742
|
1.286527
|
|
|
|
(0.15383)
|
(0.94460)
|
(1.55922)
|
|
|
D(SB)
|
-0.125498
|
-1.084969
|
2.049696
|
|
|
|
(0.04758)
|
(0.29216)
|
(0.48226)
|
|
|
D(DP)
|
-0.029918
|
0.140376
|
0.070216
|
|
|
|
(0.01879)
|
(0.11535)
|
(0.19041)
|
|
|
D(TX)
|
-0.266609
|
0.574421
|
2.764311
|
|
|
|
(0.29646)
|
(1.82042)
|
(3.00493)
|
|
|
46
Annexe n°2 : résultats du test de rang par
la méthode de JOHANSEN(1988)
Date: 09/03/10 Time: 22:45 Sample: 1990 2009
Included observations: 18 Series: FB SB DP TX
Lags interval: 1 to 1
Selected
(0.05
level*)
Number of Cointegrat ing
Relations
by Model
Data
Trend: None None Linear Linear Quadratic
No
Test Type Intercept Intercept Intercept Intercept Intercept No
Trend No Trend No Trend Trend Trend
Trace 1 1 2 2 4
Max-Eig 1 1 1 2 2
*Critical values based on MacKinnon-Haug-Michelis (1999)
Informatio n Criteria by Rank and Model
Data
Trend: None None Linear Linear Quadratic
Rank or No Intercept Intercept Intercept Intercept
Intercept
No. of CEs No Trend No Trend No Trend Trend Trend
Log Likelihood
|
by Rank
(rows) and Model (columns)
|
|
|
|
|
0
|
135.8532
|
135.8532
|
136.3220
|
136.3220
|
138.0155
|
1
|
158.9035
|
163.0563
|
163.4431
|
165.3581
|
166.6975
|
2
|
167.7742
|
172.7082
|
173.0945
|
179.8969
|
180.3693
|
3
|
168.6406
|
177.7097
|
177.9677
|
185.0390
|
185.4398
|
4
|
168.6890
|
178.4822
|
178.4822
|
189.7844
|
189.7844
|
|
Akaike
|
|
|
|
|
|
Informatio
|
|
|
|
|
|
n Criteria
by Rank
(rows) and Model (columns)
|
|
|
|
|
0
|
-13.31703
|
-13.31703
|
-12.92467
|
-12.92467
|
-12.66838
|
1
|
-14.98928
|
-15.33959
|
-15.04924
|
-15.15090
|
-14.96639
|
2
|
-15.08603
|
-15.41202
|
-15.23273
|
-15.76632*
|
-15.59659
|
3
|
-14.29340
|
-14.96775
|
-14.88530
|
-15.33766
|
-15.27109
|
4
|
-13.40989
|
-14.05357
|
-14.05357
|
-14.86494
|
-14.86494
|
|
Schwarz
|
|
|
|
|
|
Criteria by
|
|
|
|
|
|
Rank
|
|
|
|
|
|
(rows) and
|
|
|
|
|
|
Model
|
|
|
|
|
|
(columns)
|
|
|
|
|
0
|
-12.52558
|
-12.52558
|
-11.93536
|
-11.93536
|
-11.48122
|
1
|
-13.80212
|
-14.10297*
|
-13.66421
|
-13.71641
|
-13.38351
|
2
|
-13.50314
|
-13.73021
|
-13.45198
|
-13.88665
|
-13.61799
|
3
|
-12.31480
|
-12.84075
|
-12.70883
|
-13.01280
|
-12.89676
|
4
|
-11.03556
|
-11.48139
|
-11.48139
|
-12.09489
|
-12.09489
|
48
Annexe n°3 : résultat de l'estimation du
modêle vectoriel à correction(MVCE)
Vector Error Correction Estimates
Date: 09/03/10 Time: 22:50
Sample (adjusted): 1992 2009
Included observations: 18 after adjustments Standard errors in (
) & t-statistics in [ ]
Cointegrating Eq:
|
CointEq1
|
|
|
|
FB(-1)
|
1.000000
|
|
|
|
SB(-1)
|
-2.815925
|
|
|
|
|
(0.51464)
|
|
|
|
|
[-5.47166]
|
|
|
|
DP(-1)
|
-6.856285
|
|
|
|
|
(0.68968)
|
|
|
|
|
[-9.94129]
|
|
|
|
TX(-1)
|
0.375500
|
|
|
|
|
(0.05171)
|
|
|
|
|
[ 7.26113]
|
|
|
|
C
|
0.193698
|
|
|
|
Error Correction:
|
D(FB)
|
D(SB)
|
D(DP)
|
D(TX)
|
CointEq1
|
-0.742095
|
-0.026259
|
-0.025411
|
-0.155147
|
|
(0.12773)
|
(0.07430)
|
(0.01973)
|
(0.30876)
|
|
[-5.81003]
|
[-0.35343]
|
[-1.28769]
|
[-0.50248]
|
D(FB(-1))
|
0.518808
|
-0.035353
|
0.034082
|
0.443709
|
|
(0.14477)
|
(0.08421)
|
(0.02237)
|
(0.34996)
|
|
[ 3.58373]
|
[-0.41982]
|
[ 1.52381]
|
[ 1.26790]
|
D(SB(-1))
|
-2.641486
|
-0.506429
|
-0.166203
|
2.494670
|
49
(0.61592)
|
(0.35828)
|
(0.09516)
|
(1.48891)
|
[-4.28866]
|
[-1.41350]
|
[-1.74657]
|
[ 1.67550]
|
D(DP(-1)) -1.166458
|
0.122962
|
0.410509
|
0.056438
|
(1.67762)
|
(0.97586)
|
(0.25919)
|
(4.05542)
|
[-0.69531]
|
[ 0.12600]
|
[ 1.58381]
|
[ 0.01392]
|
D(TX(-1)) -0.161677
|
-0.002946
|
-0.036709
|
-0.111143
|
(0.09802)
|
(0.05702)
|
(0.01514)
|
(0.23695)
|
[-1.64940]
|
[-0.05167]
|
[-2.42398]
|
[-0.46905]
|
C 0.003003
|
0.000239
|
0.001319
|
-0.007677
|
(0.01315)
|
(0.00765)
|
(0.00203)
|
(0.03178)
|
[ 0.22840]
|
[ 0.03128]
|
[ 0.64939]
|
[-0.24152]
|
R-squared 0.782515
|
0.186503
|
0.492014
|
0.421402
|
Adj. R-squared 0.691897
|
-0.152454
|
0.280353
|
0.180319
|
Sum sq. resids 0.037163
|
0.012575
|
0.000887
|
0.217169
|
S.E. equation 0.055650
|
0.032371
|
0.008598
|
0.134527
|
F-statistic 8.635264
|
0.550226
|
2.324541
|
1.747957
|
Log likelihood 30.10439
|
39.85693
|
63.72059
|
14.21617
|
Akaike AIC -2.678266
|
-3.761881
|
-6.413399
|
-0.912908
|
Schwarz SC -2.381475
|
-3.465091
|
-6.116608
|
-0.616117
|
Mean dependent 0.007222
|
0.000163
|
0.001611
|
-0.005500
|
S.D. dependent 0.100258
|
0.030154
|
0.010135
|
0.148589
|
Determinant resid covariance (dof adj.)
|
7.72E-13
|
|
|
Determinant resid covariance
|
1.52E-13
|
|
|
Log likelihood
|
163.4431
|
|
|
Akaike information criterion
|
-15.04924
|
|
|
Schwarz criterion
|
-13.66421
|
|
|
Financement de l'investissement public par
emprunt/2009-2010 Annexe n°4 : relation de cointégration
obtenues à l'aide de logiciel Eviews 5.
Estimation Proc:
EC(C,1) 1 1 FB SB DP TX VAR Model:
D(FB) = A(1,1)*(B(1,1)*FB(-1) + B(1,2)*SB(-1) + B(1,3)*DP(-1) +
B(1,4)*TX(-1) + B(1,5)) + C(1,1)*D(FB(-1)) + C(1,2)*D(SB(-1)) +
C(1,3)*D(DP(-1)) + C(1,4)*D(TX(-1)) + C(1,5)
D(SB) = A(2,1)*(B(1,1)*FB(-1) + B(1,2)*SB(-1) + B(1,3)*DP(-1) +
B(1,4)*TX(-1) + B(1,5)) + C(2,1)*D(FB(-1)) + C(2,2)*D(SB(-1)) +
C(2,3)*D(DP(-1)) + C(2,4)*D(TX(-1)) + C(2,5)
D(DP) = A(3,1)*(B(1,1)*FB(-1) + B(1,2)*SB(-1) + B(1,3)*DP(-1) +
B(1,4)*TX(-1) + B(1,5)) + C(3,1)*D(FB(-1)) + C(3,2)*D(SB(-1)) +
C(3,3)*D(DP(-1)) + C(3,4)*D(TX(-1)) + C(3,5)
D(TX) = A(4,1)*(B(1,1)*FB(-1) + B(1,2)*SB(-1) + B(1,3)*DP(-1) +
B(1,4)*TX(-1) + B(1,5)) + C(4,1)*D(FB(-1)) + C(4,2)*D(SB(-1)) +
C(4,3)*D(DP(-1)) + C(4,4)*D(TX(-1)) + C(4,5)
VAR Model - Substituted Coefficients:
D(FB) = - 0.7420946017*( FB(-1) - 2.815925358*SB(-1) -
6.856285382*DP(-1) +
0.3754998094*TX(-1)
|
+ 0.1936982852 ) +
|
0.5188081515*D(FB(-1))
|
-
|
2.641485615*D(SB(-1))
|
- 1.166457905*D(DP(-1))
|
- 0.1616767006*D(TX(-1))
|
+
|
0.003003112845
|
|
|
|
D(SB) = - 0.02625918959*( FB(-1) - 2.815925358*SB(-1) -
6.856285382*DP(-1) + 0.3754998094*TX(-1) + 0.1936982852 ) -
0.03535324498*D(FB(-1)) - 0.5064286696*D(SB(-1)) + 0.1229621857*D(DP(-1)) -
0.00294625504*D(TX(-1)) + 0.000239277496
D(DP) = - 0.02541073614*( FB(-1) - 2.815925358*SB(-1) -
6.856285382*DP(-1) + 0.3754998094*TX(-1) + 0.1936982852 ) +
0.03408226517*D(FB(-1)) - 0.1662027306*D(SB(-1)) + 0.4105087343*D(DP(-1)) -
0.03670928735*D(TX(-1)) + 0.001319198275
51
D(TX) = - 0.1551474211*( FB(-1) - 2.815925358*SB(-1) -
6.856285382*DP(-1) +
0.3754998094*TX(-1)
|
+ 0.1936982852 ) +
|
0.4437085931*D(FB(-1))
|
+
|
2.494670426*D(SB(-1))
|
+ 0.05643752706*D(DP(-1))
|
- 0.1111430568*D(TX(-1))
|
-
|
0.007676599228
|
|
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TABLE DES MATIERES DEDICACE
REMERCIEMENTS
SOMMAIRES
INTRODUCTION
GENERALE.................................................................. 1
PARTIE I. LE MODELE DE DETERMINATION DE L'IMPACT DE
L'EMPRUNT SUR L'INVESTISSEMENT PUBLIC 11
CHAPITRE I. PRESENTATION DES VARIABLES DU MODELE 12
Section I. la variable endogene( dette publique) 12
Section II. les variables exogenes 13
CHAPITRE
II. LA SPECIFICATION DU MODELE 18
Section I. Le modèle théorique 18
Section II. Le modèle à des fins d'estimation 19
PARTIE II. INTERPRETATION DES RESULTATS
..............................21
CHAPITRE III. PRESENTATION DES RESULTATS 22
Section 1. Le procesus d'estimation 22
Section 2. Présentation des résultats 25
CHAPITRE IV. INTERPRETATION DES RESULTATS. 27
Section 1. Mise en évidence des effets non keynesiens
27
1.1. Comportements d'investissement non
keynésiens............ 27
1.2. L'efficacité mitigée de
l'emprunt........................................28
Section 2. Les implications en termes de politique
économique 29
2.1. Les politiques de réduction de la
dette........................... 29
2.2. De la nécessite de la mise en oeuvre des politiques
de relance à la nécessité de la discipline
budgétaire...........................32
CONCLUSION GENERALE 34
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 37
ANNEXES 40
TABLE DES MATIERES
......................................................................48
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