La Sécurité Collective en
Afrique Centrale dans le cadre de l'Accord tripartite entre le CONGO,
l'ANGOLA et la République Démocratique
du CONGO
Présenté par :
Giberly MOUANDA-MOUANDA Juriste
Doctorant
INTRODUCTION
Depuis plus de trois décennies, les gouvernements et
les peuples d'Afrique sont confrontés à des graves crises qui
posent de manière préoccupante la problématique de la
sécurité. Il est devenu évident, pour tous les acteurs et
observateurs que le règlement des questions de sécurité
conditionne le développement du continent en général et de
la sous-région d'Afrique centrale en particulier.1
Le problème de l'insécurité en Afrique
constitue une sonnette d'alarme. Que de meurtre par ici, que de grincement de
dents par là. Les fibres de l'humanité ne vibrent plus que des
appétits égoïstes, de haine et de jalousie qui
génèrent des guerres sans précédent. Aucun pays
d'Afrique aujourd'hui ne peut prétendre être exempt de cette
insécurité, ni être à l'abri des maux dont souffre
l'Afrique, plongée dans un véritable chaos apocalyptique.
Loin d'avoir jeté les bases de la paix et d'un nouvel
ordre de sécurité internationale, la fin de la guerre froide a
précipité l'Afrique dans une ère de désordre et
d'insécurité pour les Etats pris individuellement et
collectivement pour les peuples.
Avec la fin de guerre froide, l'Afrique est devenue un
véritable brassier. Des tensions, des violences et des guerres sans nom
ramènent ce continent à une époque de violence
séculaire. Ce constat s'explique par le fait que ce continent offre un
spectacle digne de pitié qui le place parmi l'un des plus instable et
troublé de la planète ; il n'ya qu'à jeter le regard sur
ce qui se passe au Gabon après l'élection de Ali Ben BONGO
à la présidence de la République. Ces
événements se sont produits également au Darfour, en
côte d'ivoire et jusqu'à nos jours à l'Est de la
République du Congo (RDC). Ces turbulences périodiques
constituent un sujet de préoccupation constat pour les chefs d'Etats,
les forces citoyennes et les populations du continent. Après cet
aperçu général peu exhaustif, mais indicatif, que dire
finalement de l'Afrique centrale ?
Ravagée par des guerres intestines aux relents de
guerre coloniale, l'Afrique centrale paie le plus lourd des tributs odieux de
la violence armée. De l'Angola au Tchad en passant par les deux Congo et
la Centrafrique, la liste des conflits qui ont coûté la vie
à des centaines des milliers, voire à des millions d'innocent,
est aussi impressionnante que des drames successifs se sont accomplis dans
l'indifférence la plus totale d'une communauté internationale
pourtant prompte à intervenir lorsque certains intérêts se
trouvent en jeu comme il a été le cas en Irak. De nos jours, la
majorité de ces conflits qui minent la sous-région ont
trouvé un apaisement. Sauf à courir le risque de plonger
définitivement dans le chaos, les Etats ne peuvent continuer à
accepter que la violence soit le mode de règlement des conflits
internes.
Ce sont les tensions politiques et sociales à
l'intérieur des Etats qui ont conduit le plus souvent aux crises
entre Etats. La dégradation de la sécurité
intérieure des Etats découle de plusieurs facteurs historiques
en étroite corrélation que l'on peut globalement attribuer
à ce
1 Géopolitique Africaine, colloque international :
l'avenir de la sécurité collective en Afrique BZV, 28-29 novembre
2003, p2
que l'on pourrait appeler la crise de gouvernance. Sur un plan
plus général, la question des frontières demeure un
élément potentiel de friction entre les Etats de la
sous-région. L'héritage de la conférence de Berlin de 1884
sur le partage de l'Afrique pèse encore dans le temps présent.
Face à des défis sécuritaires aussi
nombreux et complexes, les Etats de la sous-région se sont
organisés après avoir pris conscience, des divers maux qui
caractérisent les conflits en Afrique centrale, que seule une approche
solidaire peut donner de chances de succès dans la recherche d'une paix
durable. D'où la raison fondée de l'accord tripartite de
sécurité entre le Congo, l'Angola et la RDC qui s'inscrit dans le
cadre de la coopération en matière de sécurité
entre ces trois pays. L'accord a été signé le 03
décembre 1999 par les ministres en charge des questions de
sécurité à ces trois pays.
L'accord tripartite en matière de
sécurité vise à garantir la paix et la
sécurité, maintenir l'ordre public, faciliter la circulation des
personnes et biens, de développer et d'approfondir les relations de
coopération et de bon voisinage par le biais des commissions
spécialisées tout en sauvegardant la souveraineté de
chaque Etat.
Dans son projet de pacte panafricain contre l'agression, Denis
Sassou NGUESSO définit la sécurité collective comme «
un réseau de traités, de coopérations, d'organisations
internationales qui lient les Etats d'une même région ou un
même continent les uns aux autres et leur garantie la paix2
.»
La sécurité collective relève donc de la
stratégie de la diplomatie préventive. Cette dernière a
pour objet d'éviter que des différends ne surgissent entre les
parties, d'empêcher qu'un différend existant ne transforme en
conflit ouvert et, si un conflit éclate, de faire en sorte qu'il
s'étende le moins possible.
Faute d'un cadre de système de sécurité
à l'époque, pour l'Afrique centrale, cet accord s'inscrit dans la
tentative d'une expérience dans le cadre de la prévention et de
la résolution de certains problèmes de sécurité
dans la sous-région.
Notre étude consiste à évaluer l'impact
des différents mécanismes et stratégies de l'Accord dans
la mise en place de la sécurité le long des frontières
communes à ces trois Etats. Autrement dit, il s'agira dans une certaine
mesure de dégager les limites de l'Accord dans les différents
problèmes auxquels sont confrontés les populations vivant de ces
trois frontières.
Au regard de ce qui précède, notre étude
présente un intérêt pratique, au plan juridique et
opérationnel.
· L'intérêt juridique est relatif à la
compétence que confèrent ces trois Etats à l'accord dans
le cadre de la sécurité collective de leurs frontières
communes ;
· L'intérêt opérationnel est lié
aux différentes stratégies utilisées par l'Accord pour
mettre fin à l'insécurité au niveau des frontières
communes et à son évaluation.
2 Coeur d'Afrique Magazine n°45 double 08-09
septembre-octobre 2003, p.41
En sus de cette coopération, on peut se demander :
· Comment l'Accord tripartite de sécurité
contribuerait-il à faire sortir les Etats parties de
l'insécurité chronique et de la guerre civile ?
· L'Accord permettrait-il de mettre fin aux divers
phénomènes constatées au niveau des frontières
communes aux pays signataires ?
· En quoi la nouvelle convention sur la libre
circulation des personnes et des biens des Etats signataires renforcerait-elle
l'intégration sous-régionale entre ces trois Etats au niveau de
la CEEAC ?
Dans ce contexte, quelques hypothèses peuvent orienter
notre recherche en ce qui concerne la place de l'accord par rapport au
traité de la CEEAC, notamment sur la sécurité
frontalière, la libre circulation des personnes et des biens. Ainsi,
l'objectif général de notre étude est l'application de
l'Accord tripartite de sécurité entre la RC, l'Angola et la RDC
dans le cadre de la diplomatie préventive. C'est pourquoi, tout au long
de cette analyse, nous allons exposer et analyser les termes de l'Accord, son
impact réel, dans le résolution des problèmes
sécuritaires frontaliers.
Par ailleurs, cette oeuvre n'a nullement la prétention
d'être exhaustive. En effet dans son élaboration, nous nous sommes
confrontés à plusieurs difficultés sur le terrain en
dépit du temps imparti. La plus grande difficulté a
été le fait que l'accord, les protocoles en, la matière et
les documents de travail de la commission conjointe tripartite de
sécurité (CCTS) n'ont pu être retrouvés au niveau du
Ministère de la défense nationale, du Ministère de
l'intérieur et les archives nationaux, pour des raisons
stratégiques. De même, l'absence de ces documents et autres
informations y relatifs au niveau des ambassades de la RDC et de l'Angola.
A cela s'ajoute le manque d'ouvrage spécialisé
dans les bibliothèques. Malgré ces difficultés, la
réalisation de ce travail a été rendue possible
grâce à la recherche documentaire, aux interviews, aux rapports
des sous-commissions et autres réunions de la CCTS, par la consultation
de l'internet et de divers journaux.
Pour rendre compte de la complexité de notre
étude, notre analyse s'articule autour de deux grands axes : la
première partie traite des origines de l'Accord tripartite et dans une
deuxième partie l'on abordera les mécanismes de cet accord.
La dernière décennie du 20eme siècle a
été celle des bouleversements politiques institutionnels et
économiques en Afrique centrale.
Ces bouleversements ont changé le visage de la sous
région depuis les indépendances marqués par des conflits
armés, des massacres, des exodes massives, des épidémies
et des rebellions aux conséquences graves.
Ces conflits, issus des bouleversements des stratégies
géopolitiques et géoéconomiques ont profondément
changé de nature depuis la fin de la guerre froide : de coup d'Etat et
de conflits
de basse intensité à l'intérieur des pays,
on est passé à de véritables guerres civiles impliquant
massivement des populations et irradiant sur plusieurs pays.
Les grandes puissances qui pour le meilleur ou pour le pire,
jouaient un rôle stabilisateur se sont retirées laissant le champ
libre à des multiples entrepreneurs de souveraineté. De ce fait,
l'impérialisme occidental a cédé la place à
l'impérialisme sous-régional, source de persistance des conflits
dans la zone de l'Afrique centrale comme en attestent les stratégies
Ougandaises et Rwandaises en République Démocratique du Congo
(RDC).
Ces conflits à connotation ethnique tournent autour de la
libre disposition des richesses exploitées à des fins
personnelles.
L'instabilité politique quant à elle, est le fait
du double problème, à savoir la faiblesse de l'Etat et l'absence
de l'alternance.
PREMERE PARTIE
L'ORIGINE DE L'ACCORD TRIPARTITE
DE SECURITE
CHAPITRE I : LE CONTEXTE INTERNE
Avant les années 1990, l'Afrique était le
théâtre des conflits de basse intensité dont les effets
internationaux se résumaient pour l'essentiel aux mouvements non
négligeables de réfugiés. En dépit de la
démocratisation et souvent comme sa conséquence, on est
passé des coups d'Etat aux guerres civiles.
La guerre civile devient donc un moyen de s'approprier le
pouvoir et d'éviter la marginalisation sociale.
L'un des faits marquant de la plupart des conflits en Afrique
Centrale et plus particulièrement dont sont victimes respectivement
l'Angola, le Congo et la RDC, est sans doute la tendance à leur
propagation et diffusion hors des frontières nationales.
De ce fait, un inventaire des contextes sociopolitique et
sécuritaire dans ces trois pays s'impose.
Section I : LA SITUATION INTERNE AU CONGO BRAZZAVILLE
Paragraphe 1 : Le contexte sociopolitique au Congo
La République du Congo, couvre une superficie de
342.000km2, pour une population estimée de nos jours à 3. 894.000
et une densité de 8,5 habitants au Km2. Son taux de croissance annuelle
en 2008 était estimé à 5% pour une mortalité
infantile de 97% et une espérance de vie de 51ans.
La population congolaise se repartie en quatre groupes de
langue bantoue et a pour langue commune le kituba et le lingala. Sa langue
officielle est le français et sa monnaie le franc CFA (1euro= 655,57
CFA). L'école est gratuite et obligatoire pour les enfants de 6 à
15ans.
Ayant pour capitale Brazzaville, la République du Congo
est limitée au Nord par la République Centrafricaine, à
l'Est et Sud-est par la RDC, au sud-ouest par l'Angola (enclave de Cabinda),
à l'ouest par le Gabon et au nord-ouest par le Cameroun. Il
possède une façade maritime longue de 169km, ouverte sur
l'océan atlantique.
Le pays regorge plusieurs ressources naturelles et le
pétrole constitue la ressource minérale principale et faisant du
pays en 1982, le quatrième producteur africain. Les gisements de
pétrole se situe au large du littoral et le pétrole brut
représente traditionnellement 90% des exploitations annuelles du pays.
Le Congo exporte aussi le gaz naturel, le plomb, le cuivre, l'or et le bois.
L'industrie très protégée est
orientée surtout vers la production des biens de consommations. Ces
usines, transforment les produits agricoles (huilerie, tabac, canne à
sucre...) et les
produits forestiers (scieries et usines de déroulage
de bois). Le Congo fabrique également des produits textiles du ciment et
du savon. Une raffinerie du pétrole fonctionne à
Pointe-Noire3. Le pétrole et le bois constituent les
principales recettes du Congo. L'économie informelle couvrirait plus des
3/4 des échanges commerciaux, échappant ainsi aux taxes et
à l'impôt.
Le transport entre Brazzaville et Pointe-Noire est manifeste
grâce aux 510km du réseau ferroviaire. Le réseau routier
plus dense comporte peu de routes revêtues. Le réseau fluvial
quant à lui permet d'atteindre les zones Nord-est du pays. C'est ainsi,
le Congo et ses affluents constituent avec le chemin de fer Congo Océan
(CFCO), l'essentiel des voies de transport faisant du Congo un pays de transit
pour ses voisins.
L'agriculture à elle seule occupe 34% de la population
active et contribue seulement pour 13% au PIB. Elle est essentiellement
fondée sur les cultures de subsistance. Les cultures d'exportation sont
: le palmier à huile, la canne à sucre, l'arachide, le tabac, le
café et le cacao. Les importations en 2007, s'élevaient à
3230 millions de dollars contre 2930 millions pour les exportations. Les grands
partenaires commerciaux sont en majorité ceux de la zone libre
échange de l'Afrique centrale.
L'élevage quant à lui, est encore à
l'étape primaire et constitue dans son ensemble des bovins.
Malgré ses richesses pétrolières et
l'importance de ses installations portuaires, l'économie du Congo,
après des années d'étatisation et une succession de guerre
civile (de 1993-1997), est en grande partie à reconstruire. Le PIB est
passé de 3 milliards en 1993 à 1,7 milliard en 1995, le PIB par
habitant tombant de 1230 dollars à 680 dollars. La dette
extérieure brute dépassait en 1993 les 6 milliards de dollars.
Ces difficultés financières et économiques ont pour cause
la mauvaise gestion et l'on fait passer du pays à revenu
intermédiaire (PRI) à un pays pauvre très endetté
(PPTE).
La République du Congo s'est trouvée
plongée dans des crises politiques immédiatement après
avoir accédé à l'indépendance le 15 Août
1960.
Pratiquement, toutes ces crises à connotation ethnique,
cause de la source et la perpétuité des tensions viennent des
conflits de pouvoir opposant les élites politiques et militaires et
provoquées par elles.
Les phénomènes de suspicion mutuelle et de la
rivalité politique ont été au coeur des différentes
crises congolaises. Ils se sont exacerbés lorsque le pays est devenu
réellement un Etat à parti unique en 1964.
Jusqu'au 15 Août 1963, date de révolution
congolaise marquant la chute du président Fulbert YOULOU
succédé par MASSAMBA-DEBAT, ce pays connut ensuite plusieurs
promu à une relative stabilité.
3 Deuxième ville de la RC ; capitale
économique.
Depuis lors, il n'a cessé de connaître de
sérieuses tensions politiques souvent marquées par de brutale
mutation. Le pays connut ensuite plusieurs changements de régime et des
assassinats politiques4.
L'ère MASSAMBA-DEBAT ouvra des portes à des
assassinats politiques. Le mouvement insurrectionnel de juillet 1968 conduit
Marien NGOUABI à la tête du pays, suivi de la débaptisation
du Congo, du changement de l'hymne nationale et des armoiries du Congo en
décembre 1969. La République du Congo devient la
République populaire du Congo et a pour idéologie le
marxisme-léninisme. De ce fait, le Mouvement National pour la
Révolution (MNR) parti unique céda la place au parti Congolais du
Travail (PCT).
Dans les années 1970, les conflits de pouvoir au sein
du PCT ont conduit à des assassinats politiques notamment ceux du
Président Marien NGOUABI et du Cardinal Emile BIAYENDA en mars 1977.
La gestion militaire du pays de mars 1977 à 1979 avec
le Comité Militaire du Parti (CMP) ayant à sa tête le
président Jacques Joachim YOMBI OPANGO, fut sombre et chaotique.
De 1979 à 1991, sous le règne de SASSOU NGUESSO
avec un régime monopartisme, le Congo s'est distingué par une
grande stabilité institutionnelle.
La tenue de la Conférence nationale en février
1991 ouvra les portes à l'ère démocratique et à
l'organisation de premières élections libres et transparentes
dont le vainqueur dans l'ensemble fut Pascal LISSOUBA, ancien premier Ministre
de MASSAMBA-DEBAT avec son parti politique, l'Union Panafricaine pour la
Démocratie Sociale (UPADS).
Suite aux diverses tensions dues aux appétits du
pouvoir, la gestion de l'Etat par Pascal LISSOUBA commença par une
guerre civile. Jean Pierre Colin écrit : « la guerre civile, avec
son cortège d'atrocités, pourrait bien être la forme de la
violence du 20ème siècle5 ».
La guerre civile de 1993-1994 a laissé se
sédimenter un climat de tension politique permanente et
d'insécurité exacerbée par la méfiance entre les
partis politiques antagonistes qui entretiennent de ce fait des milices
privées6.
Cette guerre a opposé les « zoulous »,
milice privée de Pascal LISSOUBA aux « Ninjas », milice
privée du leader de l'opposition à cette époque Bernard
KOLELAS appuyées par les « Cobras » du président
sortant D. Sassou NGUESSO. Elle fut apaisée par l'entrée de
l'opposition au gouvernement en 1995.
La reprise de la guerre était prévisible du
fait que l'Etat ne parvenait pas à contrôler les milices
partisanes.
A l'approche des nouvelles échéances en juin
1997, le Congo plongea de nouveau dans une guerre civile qui se solda en
octobre 1997 par la victoire des forces démocratiques unies
4 Source internet : www.Ulaval.ca/ax1/Afriquecongo.htm
5 T de Mont Dial et J. Kleir, Dictionnaire de la
stratégie
6 OCDH et FIDH in arbitraire et impunité « les
droits de l'homme au Congo Brazzaville » avril 1998 p41
(FDU) ayant à son sein le PCT de Dénis Sassou
NGUESSO et alliés, appuyés par des forces armées
Angolaises et Tchadiennes, les anciens éléments de la garde
présidentielle du `feu' MOBUTU et les refugiés rwandais sur
l'espace républicain pour la défense de la démocratie et
l'unité nationale (ERDDUN) qui regroupait les partis politiques
soutenant Pascal LISSOUBA, appuyé par les éléments de
l'UNITA de Jonas SAVIMBI. La fin de la guerre fut marquée par l'auto
proclamation de Dénis Sassou NGUESSO comme Président de la
République et contraint à l'exil le camp déchu.
En 1999, les combats reprennent entre l'armée
appuyée par les anciens éléments des forces armées
rwandaises, des forces armées zaïroises (ex-faz), les forces
armées Angolaises et les milices de Bernard KOLELAS (Ninjas)
dirigées par le pasteur NTUMI représentant ce dernier en exil.
Les combats se déroulent dans les quartiers sud de Brazzaville et la
région du Pool avec extension dans les pays du grand Niari (Niari,
Bouenza et Lekoumou) impliquant ainsi les milices de Pascal LISSOUBA, les
« Cocoyes .»
Malgré la paix retrouvée en partie suite
à l'accord de cessation des hostilités de décembre 1999 et
le « dialogue inter Congolais sans exclusive » en mars-avril 2001
à Brazzaville, la région du pool reste le théâtre
des opérations militaires. Cette guerre a eu des impacts sur le plan
sécuritaire.
Paragraphe 2 : La Situation sécuritaire au
Congo-Brazzaville
Pour répondre aux besoins de sécurité,
le gouvernement agit à travers la force publique. La force publique a
toujours existé dans ce pays, est-ce pour autant dire que la population
connaît une sécurité réelle ?
A cet effet, la force publique non fiable du fait de sa
politisation et de nombreuses atteintes au droit de l'homme qui lui sont
imputables prolifère des milices privées affilées aux
partis politiques. La présence des forces étrangères quant
à elle est à l'origine de l'imbrication de conflit aux
différents conflits que connaît le sous-région de l'Afrique
Centrale.
La guerre civile qui a affecté le Congo-Brazzaville en
trois phases (1993-1994 ; 1997 ; 1998- 1999) remonte à la
démocratisation qui s'est produite à Brazzaville au début
des années 90. Elle a opposé tout d'abord Pascal LISSOUBA
à son challenger des élections présidentielles de 1992,
Bernard KOLELAS. Contestant la valeur des résultats du premier tour des
élections législatives de 1993, KOLELAS appelle ses partisans
essentiellement les « Lari » des quartiers sud de la capitale
à boycotter la suite du scrutin, puis à ne pas reconnaître
le gouvernement formé par le nouveau premier Ministre Jacques Joachim
YOMBI OPANGO (ancien président du Congo de 1977-1979). L'armée
divisée ethniquement et politiquement refusa d'obéir aussi
aveuglement au chef de l'Etat Pascal LISSOUBA d'ailleurs en rupture avec son
prédécesseur, Dénis Sassou NGUESSO qui l'avait pourtant
fait élire7.
7 R. POUTRIER 1997 : les raisons d'une guerre incivile, Afrique
contemporaine n°166, avril-juin 1988, P 17
8 R. POUTRIER, Op cit. p.32
En 1993, les premiers combats entre milices rivales se
produisirent au départ dans Bacongo et
Makélékélé où les paisibles populations
vouées à la cause de ces deux leaders vivaient jadis en parfaite
harmonie. On assista pour la première fois à la destruction des
habitats des populations des unes dans les zones sous contrôle des autres
et vice-versa, au déplacement des citoyens fuyant la guerre, aux tueries
et autres exactions. La guerre gagna aussi les régions du Pool (fief de
Bernard KOLELAS). Dans ces régions en conflit, le mode d'action fut le
même que celui utilisé par les milices à Brazzaville. Cette
guerre causa la mort de 2000 personnes et de plus de 100.OOO
déplacés8.
Les miliciens « Cobras » de Sassou NGUESSO,
malgré leur présence dans les combats au côté des
« Ninjas » se sont manifestées dans les zones nord de
Brazzaville par les actes de terreur isolés, faisant ainsi du quartier
Mpila et ses environs une zone à haute insécurité.
L'atténuation de ces tensions et affrontements
armés fut manifeste avec la nomination de Bernard KOLELAS au poste de
Maire de la ville de Brazzaville. Ce dernier se rallia plus ou moins à
la coalition présidentielle.
La deuxième phase de la guerre commença lors de
la visite de Denis Sassou NGUESSO à Owando le 12 mai 1997 visite qui a
fait place à des règlements de comptes entre les partisans de
YOMBI OPANGO et ceux de Sassou NGUESSO, ayant ainsi donné la mort
à 12 personnes et occasionné le déplacement de plus de
4000 personnes qui vont trouver refuges à Oyo, village natale de Denis
Sassou NGUESSO.
Le 02 juin 1997, un convoi militaire à destination de
Brazzaville, composé des proches de YOMBI OPANGO est attaqué
à Oyo, bilan 4 morts et 10 blessés.
Dans le nuit du 04 au 05 juin 1997, les armes neuves sont
partagées dans les quartiers supposés être les fiefs de
Sassou NGUESSO et les FDU. Dans la matinée du 05 juin, la force publique
équipée par les engins blindés encercle la
résidence de Sassou NGUESSO. Ce fut le début des
hostilités à Brazzaville. Des échanges de coup de feu ont
rapidement pris de l'ampleur d'une fusillade dans toute la ville capitale avant
de se transformer en guerre civile dévastatrice.
La rapidité des événements dès le
5 juin démontre que les miliciens étaient extrêmement bien
préparés et prêts au combat.
Malgré de nombreux cessez-le-feu
régulièrement signés, et souvent violés, la guerre
s'intensifiait avec l'usage des armes lourdes par les belligérants.
Toutes les régions nord septentrionales tombaient les unes aux autres
aux mains des « cobras » de SASSOU.
Le 05 septembre 1997, Bernard KOLELAS nommé premier
Ministre, après prolongation du mandat par le conseil constitutionnel
intronisé pour la cause pendant la guerre, mis fin à sa
neutralité et s'allia à Pascal LISSOUBA.
Malgré les bombardements intensifs des zones sous contrôle des
cobras par l'armée de LISSOUBA, ceux-ci continuèrent de
résister militairement.
Le 14 octobre, un vaste offensif fut lancé et se solda
par la libération des zones sous contrôle de Pascal LISSOUBA. Les
fiefs du pouvoir déchu qui jusque là épargné par la
guerre vont peu à peu connaître le climat
d'insécurité sous le contrôle des FDU. On assista à
des actes de pillages, au règlement des comptes et à divers
formes d'exactions. Cette guerre a fait plus de 10.000 morts et provoqué
le déplacement de près de 800.000 personnes dont 50.000
réfugiés.
La troisième partie de cette guerre commence le 29
Août 1998, par la réaction violente des miliciens ninjas à
la suite d'exécution de trois de leurs membres accusés de
braquage. Cet événement a été un détonateur
de la rébellion armée qui a repris dans le pool avant de
s'étendre dans la région sud ouest du Congo
contrôlées par les cocoyes fidèles à Pascal
LISSOUBA, puis le sud de Brazzaville.
Après cet événement, les ninjas ont
riposté par la tuerie à Goma Tsé-tsé de 6
personnes, membres d'une délégation du Ministère de la
recherche scientifique en mission dans la localité. Ce qui a
été suivi par l'exécution de toutes personnes
supposées travailler pour le compte de D. S. NGUESSO et de son
gouvernement.
Au lieu d'assurer la sécurité de la population
civile du Pool, les forces armées gouvernementales appuyées par
les ex-faz, de l'armée Angolaise et des milices des FDU (cobras) se sont
livrés au pillage et à la destruction des maisons des
particuliers et des villages entiers, à diverses exactions, aux
exécutions arbitraires et règlement de compte tant dans les pays
du Niari. Les rebelles par contre ont procédé à des
opérations terroristes qui se manifestent par la destruction des
infrastructures sociales et étatiques, au sabotage des lignes
électriques, au pillage, aux assassinats et à l'utilisation du
bouclier humain, tout en semant la terreur au sein de la population
vouée à leur cause. Ce qui a contraint les populations de ces
contrées à chercher refuge dans les forêts, à
Pointe-Noire et dans les pays environnants, livrées à des
conditions sanitaires et matérielles précaires et sans
bénéfice d'aucune assistance humanitaire à l'exception de
ceux qui se sont faits déclarés réfugiés dans les
localités du sud du pays. En outre, alors que les combats se
poursuivaient dans les localités sud du pays, les ninjas se sont
infiltrés dès le 18 décembre 1998 dans les quartiers de
Bacongo, mfilou et Makélékélé, dans la zone sud de
Brazzaville.
Les forces gouvernementales prises de cours ont
été obligées de quadriller la zone puis procéder
aux bombardements intensifs afin de neutraliser et déloger lesdits
ninjas.
Un couloir humanitaire fut ouvert pour la circonstance. On
assista ensuite aux actes de pillages orchestrés par les
éléments de Sassou NGUESSO, vidant ainsi ces zones de leurs
richesses acquises9.
La rébellion dans le pool a été
menée par les ninjas et Tsilulu dirigé par le Pasteur Ntumi,
lieutenant de Bernard KOLELAS.
9 Amnisty International, Op.cit. p.22
Dans un contexte frontalier, avant l'ère
démocratique, le problème de sécurité au niveau des
frontières entre le Congo et l'Angola se limitait aux seules incursions
militaires des éléments de l'UNITA sur le territoire congolais du
fait du soutien du MPLA par exécutifs qui ont marqué la vie
politique congolaise.
C'est le soutien du président Pascal LISSOUBA à
Jonas SAVIMBI sur le plan militaire qui a été à l'origine
de l'intervention des forces Angolaises aux deux derniers conflits civils
congolais, et ceci dans le seul but de mettre fin aux bases arrière de
l'UNITA dans la partie sud-ouest du Congo.
Le nord septentrional du Congo quant à lui est l'objet
des incursions des forces armées de la RDC, à la poursuite des
rebelles de Jean Pierre BEMBA. Ces incursions sont source de la terrorisation
de ces populations, les exposant ainsi à plusieurs services. Dans ce
même contexte à des différentes périodes et sur la
base des suspicions, plusieurs bateaux de transport et de commerce ont
été confisqués par l'armée de la RDC sous pretexte
qu'ils contenaient des armes du mouvement national de libération du
Congo (MNLC) de jean pierre BEMBA.
Longtemps, sous le règne de MOBUTU, les tensions entre
la RDC et le Congo avaient été accentuées avec
l'ère KABILA père puis KABILA fils pour l'unique raison que le
Congo héberge les ex-faz danger potentiel pour la déstabilisation
des institutions de la RDC.
En outre, en demandant une aide militaire à l'Angola,
le pays s'est trouvé impliqué dans le grand conflit qui frappe
les pays des grands lacs.
Section I : LA SITUATION INTERNE EN RDC ET EN ANGOLA
Paragraphe 1 : La transition en RDC
Comptant en son sein près de 300 sous groupes
réunis en 7 groupes ethniques, avec une population estimée en
2007 à 58. 592.438 habitants pour une densité de 24 habitants au
km2, la RDC dispose d'importantes ressources et possède l'un des plus
grands potentiels hydroélectriques du monde.
Elle partage ses frontières avec la R.Congo à
l'Ouest, la RCA et le soudan au nord, l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la
Tanzanie à l'Est, la Zambie et l'Angola au Sud. Le pays est
majoritairement chrétien (plus de 80%), le français est la langue
officielle, le Swahili, le kikongo, le Tshilouba et le lingala constituent les
langues véhiculaires. En 2003, le taux de natalité était
de 45,15 pour mille, celui de la mortalité infantile de 97 pour mille
pour une espérance de vie de 48,9 ans et un taux
d'alphabétisation estimé à 88%.
L'agriculture occupe près de 60% de la population
active et représente plus d'un tiers du PIB, 3% seulement de la
superficie totale sont utilisés, le coton, le café, le caoutchouc
et le cacao constituent les cultures commerciales.
En 2001, le bétail comprenait 0,76 million de bovins,
19,6 millions de volailles, 4 millions de caprins, 0,90 millions de moutons
et 0,95 million de porcs. La pêche pratiquée surtout en eau
douce, fournit une partie importante de l'alimentation. La
production du bois était de 69,8 millions de m3.
15% de la population active travaillent dans les secteurs
miniers et industriels et contribuent pour 17,5% au PIB. Les richesses du pays
sont constituées par les ressources minières, premier producteur
mondial du cobalt en 1996 avec 6100 tonnes, 2eme producteur mondial du diamant
en 1995 avec 20 millions de carats. Avant 1991, le cuivre était le
produit d'exportation le plus lucratif.
L'industrie s'est développée autour de
l'exploitation des minerais. Les gisements de pétrole en mer sont
exploités depuis 1975.
Sur la plan économique, malgré la richesse
minière du pays, son PIB a chuté de 10 milliards de dollars en
1991, à 5,3 milliards de dollars en 1995, soit un revenu annuel moyen
par habitant de 120 dollars. Le taux d'inflation en 1996 a atteint 75,3%. La
dette extérieure quant elle s'élève à 13,1
milliards de dollars sans compter plus de 5 milliards de dollars
d'arriérés de services de la dette.
Il est à noter cependant, qu'en raison de l'anarchie
et la désorganisation qui affectent le pays depuis de nombreuses
décennies, toutes les statistiques sont à prendre avec
prudence.
Ancien Congo Belge, ancien Zaïre, la RDC de part son
histoire été le théatre des mouvements séparatistes
qui ont laissé de profonde rancoeurs. Elle s'est confrontée
à une situation financière désastreuse, qu'elle parvient
difficilement à surmonter malgré ses potentialités
considérables10.
A l'origine de la crise de la RDC, on peut évoquer
d'abord l'influence d'un passé où l'ethnie est au coeur de
l'activité politique et cela remonte à l'aube de
l'indépendance. Cette crise, à cause e la juxtaposition des
conflits dans les pays voisins à la RDC, a fini par prendre des
dimensions régionales dont les causes sont aussi bien historiques,
politiques que sécuritaires.
1- Le contexte Politique
Politiquement, l'ancienne colonie belge a donné durant
les six (6) premières années de son indépendance une image
chaotique11.
De part ses immenses richesses qualifiées de «
scandale géologiques », la RDC fut la proie de deux grandes
puissances et n'est pas restée en marge de l'influence des deux blocs :
le bloc de l'ouest ou celui de l'OTAN dont le leadership est exercé par
les USA suivi des occidentaux d'une part et, du bloc de l'est ou pacte de
Varsovie dont le leadership est exercé par l'URSS avec à sa suite
tous les pays de l'Est d'autre part.
En pleine gestation, la RDC est écartée entre le
courant socio nationaliste incarné par P. LUMUMBA, Pierre MULELE,
SUMIALO, Laurent Désiré KABILA et le courant capitaliste
10 Source internet : www.t/
Fg.ulaval.ca/ax1/Afrique/Czaïre.htm
11 Jeune Afrique l'intelligent n° 2089 du 23-29 janvier
2001 p1-20
défendu par Joseph KASAVUBU, Moïse TSOMBE et plus
tard relayé par Joseph Désiré MOBUTU.
Au lendemain de l'indépendance, la RDC s'est vue
plongée dans deux guerres civiles. Ainsi, il faut porter du
crédit au régime du Maréchal MOBUTU SESE SEKO pour le
rétablissement de l'ordre et le maintien de la cohésion
nationale. Effectivement, dès juillet 1960, la province du Katanga avec
à sa tête Moïse TSOMBE, fit sécession dans le
Kassaï du Sud. L'horrible guerre civile qui s'en suivit sur l'ensemble du
territoire fut marquée par l'intervention des mercenaires
étrangers (Belges, Français et Sud-africains), les casques bleus
de l'ONU et par l'assassinat de P. LUMUMBA en janvier 1961. La sécession
Katangaise pris fin en 1963, mais la rébellion des lumumbistes se
poursuivit jusqu'en 1965. A cette même période, le commandant en
chef, le Général MOBUTU, s'empara du pouvoir après avoir
déposé le président KASAVUBU, se proclamant ainsi
président de la République du Congo. Il instaura un régime
autoritaire du type présidentiel, fondé sur un parti unique, le
Mouvement populaire de la Révolution (MPR).
En effet, l'histoire du règne de MOBUTU est
jalonnée d'une série de purge et d'éliminations physiques
de tous les opposants à son pouvoir.
Dans les années 1970, il lance un vaste programme
d'africanisation. De ce fait, le Congo devient officiellement le Zaïre,
les noms des grandes villes furent rebaptisés, les prénoms
étrangers, les prénoms étrangers furent supprimés
au profit des patronymes traditionnels africains et devint obligatoire. La
monnaie nationale porta un nouveau nom : le Zaïre, plus tard le nouveau
Zaïre.
Entouré par les pays à idéologie
socialiste, durant tout son règne MOBUTU a eu à faire face
à divers mouvement déstabilisateurs soutenus par ses voisins.
C'est pour ces faits qu'il a eu à réprimer grâce au
concours des ses alliés extérieur en 1997 et 1978, deux
importantes tentatives de mouvement sécessionniste Katangais au Shaba en
provenance probablement de l'Angola. Les 32 ans du règne autoritaire
avait rendu MOBUTU impopulaire12 . L'ère démocratique
fut marquée par différents troubles sociaux qui se solda par la
plus longue conférence nationale que le monde n'ait jamais connu.
La situation politique et sociale demeure, en effet
incertaine, et l'afflux, depuis la fin de l'année de 1994, de 1,5million
de réfugiés rwandais hutu (fuyant la reprise du pouvoir par les
tutsi du front patriotique rwandais à Kigali en juillet 1994) à
la frontière orientale de la RDC contribue à aggraver les
désordres internes. C'est dans ce contexte, qu'après une
année de rébellion, les troupes de l'Alliance des forces
démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) de Laurent
Désiré KABILA, appuyées par les forces armées
burundaises, ougandaises, rwandaises et angolaises, parvinrent à marcher
sur Kinshasa en mai 1997, marche par laquelle MOBUTU fut contraint de se
réfugier au Maroc pour y décéder deux mois plutard.
12 Présentation RDC, source Internet : www.t/
fg.ulaval.ca/ax1/Afrque/Czaïre.htm
A son arrivée au pouvoir, KABILA suspendit toutes les
institutions de la république, et mis fin sans consultation au vaste
programme d'africanisation opéré par MOBUTU dans les
années 1970. Le zaïre devint la République
Démocratique du Congo et la monnaie (le Zaïre) devint le franc
Congolais.
Accueilli en libérateur en 1997, Laurent
Désiré KABILA commença à régner en
dictateur, recourant lui aussi à la répression
sévère, aux arrestations arbitraires et aux tortures. Les
congolais qui s'attendaient à de grands changements ont
été amèrement déçus.
La participation des forces étrangères aux
côtés de Laurent Désiré KABILA avait pour raison, la
question de sécurité des frontières que la RDC partage
avec les Etats concernés. Ceci porte à croire que les questions
de sécurité aux frontières sont momentanément
résolues.
KABILA interdit les activités des partis politiques,
manifestement publiques et s'octroie tous les pouvoirs (exécutif,
législatif et judiciaire), remettant ainsi en cause les acquis de la
conférence nationale chers à la classe politique. D'où les
postes de commandement de la nouvelle armée étaient aux mains des
officiers rwandais et ougandais.
Hormis la question de sécurité au niveau des
frontières, parmi les raisons cachées qui justifient la
présence des forces armées rwandaises au côté de
KABILA, il ya la promesse qu'avait faite ce dernier à Paul KAGAME dans
les prétendus accord de LEMURA, de lui céder une portion de son
territoire réglant ainsi le problème de la recherche des terres
par les rwandais. Engagement que KABILA n'a jamais tenu et qui est l'une des
causes de la guérilla à l'Est de la RDC13.
Le comportement hégémonique des rwandais qui ont
aidé KABILA ne tarde pas à resurgir les sentiments nationalistes
et anti tutsi au sein de la population. Tournant le dos à ses «
parrains », KABILA renvoie plusieurs ministres dont ceux d'origine
rwandaise et demande aux troupes ougandaises et rwandaises de quitter le
territoire. Ce qui du reste conduit à une nouvelle guerre civile
à l'est de la RDC le 02 Août 1998.
La nouvelle crise en RDC, oppose non seulement deux factions
rivales, mais des factions politiques armées, appuyées par des
armées étrangères régulières, en territoire
étranger. La RDC est à la fois victime d'une crise politique
interne et d'une agression extérieure qui se greffe à la crise
intérieure.
En janvier 2001, Laurent Désiré KABILA est
assassiné à Kinshasa. Il fut succédé par son fils
Joseph KABILA au poste de président de la République.
Le nouveau et jeune président s'appui sur la politique
d'ouverture, tant nationale qu'internationale, pour la conquête d'une
solution de paix à la crise en RDC. Ce qui a conduit au retrait
progressif des forces étrangères d'occupation sous les auspices
du conseil de sécurité de l'ONU grâce aux accords de Lusaka
et de Sun City.
13 Breackman C., Kabila prend le pouvoir, ouvrage collection
Paris Ed.GRIP et complexe, 1998, P.251
C'est dans ce contexte que déclarait le
Président Ougandais YOWERI MUSEVENI au quotidien « New vision
» de kampala : « on ne peut éternellement accuser de rester au
Congo pour y voler de l'or.»
A titre de rappel, la guerre de 1998 a également
été le théâtre des affrontements armés
ouverts avec engins lourds, sur la terre congolaise entre les forces
armés rwandaises et les forces armées ougandaises dans la ville
de Kisangani.
Depuis son arrivée au pouvoir, Joseph Kabila a vu son
pays s'enfoncer dans les guerres ethniques, guerre qui ne cesse de rendre
complexe les problèmes de sécurité. Mais les diverses
concessions opérées entre les belligérants donne une lueur
d'espoir avec l'organisation des élections prévues en 2006.
2- La sécurité en RDC
La RDC souffre d'abord de ses propres maux internes dont les
conséquences retombent sur les voisins et lui reviennent quelque
années dans un effet boomerang.
En dehors des tensions issues de la guerre froide à
connotation ethno idéologique, toutes les crises qu'ont connues la RDC
ont un caractère ethnique relançant ainsi la question sur
l'ethnicité et sécurité des frontières. C'est dans
ce contexte que le Professeur SAUTER dans son analyse écrit : « les
frontières africaines n'ont pas tenu compte du fait sociologique,
c'està-dire des divisions humaines14 .»
Il faut reconnaître que le facteur qui pèse sur
la RDC résulte du partage du continent à la conférence de
Berlin. En fait, les délimitations coloniales, gage de
souveraineté n'ont tenu compte des données géographiques
et surtout humaines, négligeant ainsi le substrat même des
frontières : la terre et les hommes.
En effet, du mouvement de l'indépendance du Katanga,
en passant par la rébellion de Pierre MULELE sur la prise de Kisangani
(Stanleyville) et les tentatives sécessionnistes du Shaba de 1977 et
1978 jusqu'à la guerre civile de 1998, le constat est presque le
même du point de vue des conséquences socio humanitaires à
savoir : l'exode des populations, le bombardement intense des positions civiles
et militaires occasionnant d'énorme pertes humains, l'existence des
charnières humaines, la famine, les épidémies, les
règlements de compte à caractère politique et tribal, la
xénophobie15.
Le refuge de mouvement de rébellion chez le voisin
immédiat a toujours suscité de l'onde de choc dans le cadre de la
contamination des conflits dans la sous-région. Ce fait à
l'origine à l'origine du problème de sécurité des
frontières en RDC, le rendant ainsi complexe à cause des
différentes imbrications de divers conflits que connaît ce pays.
C'est pour cette raison que
14 Gilles SAUTER « Quelques réflexionx sur les
frontières africaines » in problèmes des frontières
dans le tiers monde. Paris,Harmattan 1982, P 41
15 C. Braeckman et M.F Cros, « KABILA prend le pouvoir
» Ed Grip ET Complexe, 1998,P 45
l'on observe la présence de plusieurs forces
armées à la crise qui secoue la RDC. Présence
motivée par une seule raison, à savoir la sécurité
de leur frontière avec la RDC.
Hormis ses intentions expansionnistes, le point nodal de la
présence des forces rwandaises en terre congolaise est
l'hébergement par cette dernière des cerveaux du génocide
rwandais et des éléments de l'ex-FAR au sein de cette population
en fuite. Ce qui pour KAGAME contribua à prolonger l'état de
guerre au-delà des frontières rwandaises16.
La présence des forces ougandaises et burundaises en
RDC a pour but de mettre fin aux bases arrière de leurs mouvements
rebelles17.
La présence des forces zambienne et
zimbabwéenne en RDC n'a pas d'enjeu sur la sécurité des
frontières.
Aux enjeux frontaliers se reposent les enjeux de fonds
à caractère économique à savoir la pillage des
richesses minières de la RDC dans les zones contrôlées par
ces forces étrangères. Ce qui constitue la logique de greffage
d'occupation et de prédation.
La question des tensions frontalières entre les deux
Congo remonte du temps de la guerre froide. Tensions marquées par des
incursions de part et d'autre des concernées qui ont très souvent
conduit à des incidents diplomatiques d'une part et d'autre part du
soutien des mouvements de déstabilisation des institutions politiques de
l'un par l'autre. C'est dans cette optique que MOBUTU écrit dans son
livre « dignité pour l'Afrique » en page 79 : « personne
n'est à l'abri des agressions, le seul remède est d'entretenir
des rapports de confiance avec son voisin ». Ces rapports de confiance
mutuelle ont permis à Sassou NGUESSO et MOUBUTU de normaliser le bon
voisinage entre les deux pays.
Ce climat pris fin avec l'arrivée de Laurent D.
KABILA, puis de Joseph KABILA à cause d'une part de la présence
des ex garde présidentielle de MOBUTU au Congo Brazzaville et de
l'autre, des relations qu'avait le président Denis S. NGUESSO avec Jean
Pierre BEMBA.
Pour des raisons d'ordre idéologique,
l'insécurité a toujours régné à la
frontière commune entre l'Angola et la RDC au temps de MOBUTU. Ce qui se
manifeste sur le terrain par l'hébergement et le soutien d'une part du
MPLA aux gendarmes Katangais et de MOBUTU à l'UNITA d'autre part. La
situation qui est à l'origine de l'intervention et d'appui militaire du
gouvernement de Luanda aux différents événements qu'a
connu la RDC de 1996 à nos jours : la guerre de libération de
1997 et la crise civile d'août 1998. C'est dans le but de mettre fin aux
activités de l'UNITA que l'armée angolaise occupe le sud de la
RDC en protectorat, mettant ainsi cette dernière à l'abri des
attaques des mouvements rebelles.
A l'instar de toutes les puissances, Luanda n'est pas un bon
samaritain. Logiquement, il faut payer l'effort de guerre à ces deux
protectorats (Angola et Zimbabwe). Comme l'atteste le rapport de l'ONU sur le
pillage des ressources de la RDC, l'Angola et Zimbabwe pillent avec le
consentement de Kinshasa au-delà des intentions expansionnistes pour ce
dernier.
16 Géopolitique Africaine, octobre 2002,p199
17 Cyprien MAMINA, « contribution à l'étude
du conflit angolais »Mémoire de l'ENAM 1991. P106
D'accord non tenu aux tergiversations de Sun City, c'est un
grand pays qui demeure démembré et ouvert, fait nouveau à
des impérialistes non plus extérieurs mais africains.
Paragraphe 2 : La fin de la guerre angolaise
Ayant pour capitale Luanda, et pour une superficie de
1.246.700km (y compris l'enclave du Cabinda), l'Angola est un pays
charnière entre l'Afrique centrale et l'Afrique australe, ouvert sur
l'océan
atlantique.il est aux
frontières de la RDC(nord et nord-est), de la Zambie (est) et de la
Namibie (au sud).l'enclave du Cabinda (31 km au nord de l'Angola) se
délimite ellemême aux limites du Congo Brazzaville (nord) et de la
RDC (est et sud).l'ouest du pays côtoie l'océan atlantique sur une
distance de 1650km.
Pour une population estimée en 1997 à 11,1
millions d'habitants, sa densité est environ 9 habitants au km avec un
taux d'accroissement naturel de 3,7% par an et une croissance économique
de 1,3%.le PNB de l'Angola en 1994, a atteint 4,6 milliards de dollars.
Seulement 37,6 % de la population ont accès à l'eau potable.
L'Angola comptait en 1995, une population analphabète
estimée à 60% ce, malgré la gratuité de
l'enseignement.son unité monétaire est le nouveau kwanza. Sa
langue officielle est le portugais, appuyée par cinq langues
vernaculaires : l'Umbunda, le kikongo, le kinbundu, le Quioco et le Gangela. Le
pays est à dominance chrétienne (plus de 50%)
L'élevage pratiqué essentiellement dans le sud
demeure une activité de subsistance. La pêche traditionnelle est
importante.
L'Angola a un potentiel agricole considérable, mais
30% seulement du territoire est exploitée en 1994. La principale culture
d'exportation est le café (4260 tonnes en 2002). La production du bois
quant à elle est de 4,36 millions de mètres cubes (m3) en
2001.
Les deux richesses du pays sont le pétrole et le
diamant.la production
pétrolière en 1994 était estimée à 27,5
tonnes et représentait 40% du PNB, il constitue l'essentiel des revenus
de l'état, car la commercialisation du diamant, à cause de la
guerre échappait le plus souvent au contrôle de l'administration.
La production du diamant s'estime à 46.000 carats. Le réseau
routier est de 73900 km et le réseau ferroviaire de 2800 km.
Malgré ses richesses agricoles, mais surtout
minières, l'Angola demeure un pays pauvre dont la majorité des
revenus provient de l'exportation pétrolière. Son
développement a été entravé par le départ
brutal des portugais, par la guerre civile et par une politique
étatique.la naissance du conflit
angolais relève des antagonistes entre les différents mouvements
de libération et la lutte pour le pouvoir. Conflit
pérennisé par l'immixtion ouverte des grandes puissances, URSS et
USA pendant la période de la guerre froide18.
Ce conflit angolais n'est pas seulement
caractérisé par sa longue durée ; 14 ans pour la
lutte de l'indépendance et de 27 ans pour la guerre civile, mais
surtout les répercutions ou l'impact
18 Manuel Jorge, « Angola : crise et politique sociale
» in présence Africaine 1996, p 335
qu'il a eu dans la sous-région d'une manière
générale et dans la société angolaise en
particulier.
1. Le Contexte Politique
La décolonisation de l'Angola est moins le
résultat de la lutte armée que de la désintégration
de l'empire portugais après la révolution des oeillets au
Portugal avril 1974.
La lutte pour l'indépendance a été
menée par trois groupes nationalistes rivaux de composition ethnique
très marqués : le Front National de Libération de l'Angola
(FNLA) de Holden Roberto, recrute les bacongos, les Quioco et les gangelas, le
Mouvement Populaire de l'Angola (MPLA) d'Agostino Neto, s'appui sur les
métis des villes et les Kimbundus et l'union des peuples de
l'Angola(UPA) avec sa branche armé l'Union Nationale pour
l'indépendance Totale de l'Angola(UNITA) de Jonas SAVIMBI dominé
par les Ovimbundus.
Suite aux accords d'Alvor, le transfert du pouvoir aux
angolais par le nouveau régime de Lisbonne a été
accepté. 1975 a été l'année d'apogée de la
lutte pour la libération nationale. C'est également courant cette
période que les rivalités entre ces trois mouvements se creusent
davantage en se livrant a une véritable lutte pour le pouvoir qui se
manifeste par la détérioration de leurs relations
contribuée par les soutiens extérieurs.
En novembre, les combats entre principaux mouvements de
libération changent le cours des événements : la guerre de
libération devient une guerre civile.
La victoire du MPLA sur l'UNITA et le FNLA pour la lutte de
la conquête de Luanda, permis que le MPLA proclame l'indépendance
de l'Angola le 11 novembre 1975 grâce au soutien du Congo Brazzaville, de
l'Union soviétique et de Cuba, ainsi que sa reconnaissance au plan
international. Pour contrecarrer cet événement, l'UNITA et le
FNLA mettent également en place leur gouvernement à Huambo sur le
plateau de Bié.
La guerre civile angolaise est un cas pratique des exemples
les plus marquant des rivalités Est-ouest au lendemain de la seconde
guerre mondiale. Il met à jour les différents mécanismes
géopolitiques et géostratégiques mises en oeuvre par les
deux grandes puissances de l'époque : USA et URSS. Ces puissances ont
utilisé une stratégie indirecte qui consistait par ces
dernières d'agir en Angola par l'intermédiaire d'autres pays
satellites à savoir : l'Afrique du sud, la RDC, alliés aux USA
pour le compte de l'UNITA d'une part, le Cuba, la Zambie, la République
du Congo, alliés à l'Union soviétique pour le compte du
MPLA. De ce fait, le soutien des deux superpuissances a donné à
ce conflit une nouvelle connotation à savoir idéologique. C'est
ainsi que Manuel Jorge relève dans « Cahier de présence
Africaine » : « la guerre en Angola n'est pas l'expression d'un
conflit interethnique. Il suffit de s'entretenir avec les principaux
protagonistes du théâtre de la guerre pour se rendre compte, ce
qui en cause, c'est l'organisation politique et administrative de l'Etat.
Dans ce contexte, le Congo a été un centre de
transit très actif pour le compte du MPLA, la RDC et l'Afrique du sud de
leur part pour l'UNITA. Pour des raisons d'ordre sécuritaire, sous
prétexte de pourchasser les rebelles namibiens de la SWAPO dans leurs
sanctuaires qu'il ya eu des incursions de l'Afrique du sud dans le territoire
angolais. Son repli au conflit angolais a
été conditionné par le retrait des
troupes cubaines de l'Angola et au contrôle des activités de la
SWAPO, mouvement rebelle à l'occupation sud africaine de la Namibie
à idéologie socialiste.
L'évolution de cette guerre civile a fait naitre des
nouveaux appétits à savoir le réseau de blanchissement et
de vente des diamants de SAVIMBI, réseau incluant plusieurs chefs d'Etat
africains. Ce réseau par le biais des diamants achète
auprès des occidentaux des armes de guerre pour le compte de l'UNITA, ce
qui fit perdurer la guerre. L'intensification des combats au conflit angolais
entre les deux belligérants a été respectivement et
à des périodes différentes sujet à rebondissement,
en faveur de l'une ou l'autre partie.
L'effondrement du bloc communiste et le renoncement de
l'Afrique du sud à l'apartheid ont été a l'origine de
bouleversements des intérêts d'ordre stratégiques du
conflit angolais. Ce conflit ne présente plus aucun intérêt
stratégique pour les USA. C'est pourquoi, dans la poursuite de sa lutte
armée et pour regagner l'attention et la confiance des USA, SAVIMBI
change de stratégie : conquérir les villes
pétrolières occupées par le MPLA. Objectif qu'il n'a
jamais atteint. C'est ainsi que l'UNITA perd ses alliés au profit de
Luanda (MPLA). Ce qui obligea l'UNITA à négocier. De ce fait,
plusieurs accords ont vu le jour mais aucun n'a été
respecté.
La fin de la décennie 1992-2002 a été
marqué par la disposition du leaders de l'UNITA Jonas SAVIMBI le 22
février 2002, mort ayant entrainé l'affaiblissement de l'UNITA,
ouvrant ainsi de nouvelles perspectives dans le processus de paix avec la
signature du protocole de Luanda le 04 avril 2002 entre l'UNITA et le MPLA.
La particularité du conflit angolais est le rôle
des pays voisins d'une part, avec l'implication plus ou moins du Congo
Brazzaville et de la RDC, créant ainsi un climat
d'insécurité au niveau des frontières partagées par
ces trois pays et à des relations interpersonnelles comme en
témoigne la fin de la guerre angolaise avec la mort du leader de l'UNITA
d'autre part
2. Situation sécuritaire en Angola
Le problème de l'insécurité concerne la
sécurité au sein même de l'Etat en conflit et la
sécurité au niveau des frontières sources de contagion de
divers conflits que connait l'Afrique centrale. Ainsi écrit Jean BARREA
: « la sécurité c'est toujours l'autre au sens ou l'autre
est celui qui ne pose un problème de sécurité à son
égard, au même que je suis, pour ma part, à l'origine de
son problème de sécurité a lui »19
Dans un contexte de sécurité interne, le
conflit angolais a été à l'origine de l'exode massive
d'une partie de la population à l'intérieur du pays comme en
témoigne le communiqué de presse du haut commissariat aux
refugiés (HCR), sur 12.500.000 habitants, les déplacés de
l'intérieur sont de l'ordre de 4.000.000.20
19 Jean Barrea. « La sécurité
c'est l'autre » in les études stratégiques, paris, 1989,
p417-434
20 Communiqué de presse du HCR, Nairobi 25
juin 1998
Cette situation est à l'origine du désastre
humanitaire occasionné par la famine. Il ya eu de même des
massacres et des épidémies au sein de cette même
population.
Les stratégies militaires conduites par les deux
parties ont été au mépris de la population civile :
déplacements et enroulements forcés, violences
généralisées, pratique d'une politique de terre
brulée. A cela s'ajoute l'utilisation a grande échelle par les
deux belligérants, des mines anti personnelles qui a causé une
vaste insécurité généralisée dans le
déplacement des populations dans les zones de conflit.
L'un des faits marquant de la plupart des conflits en Afrique
Centrale est sans doute la tendance à leur propagation et diffusion hors
des frontières nationales. Le conflit angolais a eu pour
conséquence le déplacement massif de la population vers les pays
voisins. Sur près de 435.000 réfugiés angolais
recensés par le HCR, plus de 2/3 vivent en Afrique Centrale dont 1200 au
Congo Brazzaville et plus de 200.000 en RDC. Cette dernière a
été plus sollicitée certainement à cause de la
position et de la grandeur de leur frontière commune.21 Cette
situation a toujours été une menace à la
sécurité sociale dans les pays d'accueil et est à
l'origine de certains phénomènes sociaux tels que : la
prostitution, le banditisme, le commerce des armes, etc.
Malgré quelques incursions de l'armée angolaise
dans la poursuite des rebelles du Front de Libération de l'enclave du
Cabinda (FLEC), le problème de sécurité au niveau des
frontières entre le Congo Brazzaville et l'Angola s'est
réellement posé avec le régime de Pascal LISSOUBA suite
aux accords militaires que son parti, l'Union Panafricaine pour la
Démocratie Sociale (UPADS) a eu à conclure avec l'UNITA,
permettant ainsi a ce dernier d'utiliser le territoire congolais comme base
arrière. Thèse officiellement défendue par le gouvernement
angolais22. Suite audits accords, l'Angola considère sa
présence au Congo comme prolongement de la guerre mené contre
l'UNITA23.
Le problème de sécurité au niveau des
frontières entre la RDC et l'Angola remonte du temps de la guerre froide
et, ceci pour des raisons idéologiques, qui se stipule par le soutien
ouvert des deux pays aux mouvements hostiles au régime de l'autre en se
servant de base arrière aux troupes de ceux-ci. De même que MOBUTU
a toujours soutenu l'UNITA, la contribution du MPLA aux deux mouvements
sécessionnistes était évidente. Ces diverses tensions
entre les deux pays fortement impliqué la RDC dans la situation
conflictuelle angolaise. Il comporte en effet plusieurs dimensions :
· Conflit entre angolais pour le contrôle de leur
espace politique ;
· Conflit entre congolais de Kinshasa pour ramener leur
propre espace politique à l'intérieur de leurs frontières
;
· Conflit de l'engagement de la RDC dans le conflit
angolais
21 Idem
22 François Soudan, Jeune Afrique l'intelligent n°
2089 du 23-29 janvier 2001. P 30
23 Jean Barrea, op. cit P 62
L'engagement de la RDC dans le conflit angolais était
motivé par des considérations d'ordre idéologique. Mais
l'intervention de l'Angola aux cotés du régime de KABILA a des
motivations purement sécuritaires dans le seul souci de prendre
contrôle des positions abandonnées par les forces de l'UNITA qui
se trouvaient aux cotés des forces armées zaïroises de
MOBUTU.
Enfin, l'intervention de l'Angola dans les conflits de
l'ex-zaïre et du Congo Brazzaville pour couper l'UNITA de ses soutiens lui
donne une stature de puissance dans la sous-région Afrique centrale.
Paradoxalement, elle a favorisé SAVIMBI qui s'est appuyé sur les
adversaires de KABILA et de SASSOU NGUESSO.
Toutes choses étant égale par ailleurs, la
vulnérabilité absolue de l'Angola, est la destruction totale du
pays depuis près de trente (30) ans, exception faite de
l'économie de guerre limitée exclusivement au secteur
pétrolier et diamantifère. Maintenant que la mort en
février 2002 de Jonas SAVIMBI a mis fin à la guerre civile,
l'Angola ne peut être une puissance sousrégionale que si elle
devient économiquement et industriellement forte. Or à la
lumière des dégâts causés par la guerre, on est loin
du compte24.
En définitive, la paix en Afrique en
général et en Afrique centrale en particulier repose sur les
africains : sans leur volonté de modifier radicalement certaines
pratiques actuelles, sans leur participation ouverte, sans la prise en compte
de leurs solidarités, rien n'est possible. C'est dans cet élan
des choses que les gouvernements du Congo, de l'Angola et de la RDC, dans le
souci d'instaurer la paix en général et particulièrement
au niveau de leurs frontières respectives, ont été la base
de la signature d'un protocole d'accord de coopération en matière
de sécurité.
CHAPITRE II : L'ENVIRONNEMENT INTERNATIONAL
Le domaine de la sécurité internationale dans le
cadre de l'environnement international, est régi par des
mécanismes régionaux qui tirent leurs sources de la charte des
Nations-Unies.
Section I : LES MECANISMES DE LA CHARTE DES
NATIONS-UNIES
Créée en 1945, l'organisation des Nations-Unies
(ONU) a pour but la préservation de la paix. Paix qui se consolide dans
le monde par la diversification de ses actions.
La création de l'ONU, part du constat d'échec
de la Société Des Nations (SDN), les causes de cet échec
ont été corrigées par la création du conseil de
sécurité, accompagnée par l'ensemble des mécanismes
de prévention, de gestion et de règlement des conflits dans sa
charte.
Paragraphe 1 : La Sécurité Collective
24 Géopolitique Africaine printemps 2001,P 234
Le concept de la sécurité collective,
système politique inter étatique, destiné à
garantir le maintien de la paix, est contemporain de la première guerre
mondial. Ce conflit s'est singularisé de tous ceux qui l'ont
précédé tant par sa durée, par son extension
géographique, le nombre de belligérants qu'elle a opposé,
le nombre des victimes et l'ampleur des destructions qu'elle a
engendrées. La pression des opinions publiques, résumées
par l'expression « plus jamais ça » accréditent
l'idée que la sécurité des nations ne peut être
garantie que dans un cadre collectif permettant d'instaurer un ordre
international capable de mettre fin aux velléités bellicistes des
Etats.
Cette notion de sécurité collective fut
à l'origine de la constitution de la SDN en 1920. Cette constitution
internationale a représenté la première tentative de
prévention et de règlement des conflits à une
échelle internationale.
La SDN n'a pu éviter la seconde guerre mondiale,
d'où la création de l'ONU dont l'objectif principal est de
maintenir la paix et la sécurité internationale tout en assurant
les meilleures conditions de vie des citoyens. C'est dans cette optique que les
Etats membres de l'ONU vont insérer dans la charte des mécanismes
de prévention, de gestion et règlement des conflits par le
conseil de sécurité et les organisations régionales.
L'histoire du monde est entachée des conflits, de
l'antiquité à nos jours, le monde n'a jamais connu de paix
effective, un conflit existe toujours dans une région du monde. Selon
Eric David , entre le 15 août 1945 (date de capitulation du Japon) et le
1er août 1993, on évalue à 130 le nombre de
conflits qui s'étaient déroulés dans quelques 83
pays25. Encore n'étaient comptabilisés que les
conflits armés d'une certaine amplitude, à savoir d'une part des
conflits armés internationaux présentant une relative
continuité dans le temps, d'autre part des conflits armés non
internationaux (nationaux) caractérisés par la présence
des forces antagonistes contrôlant chacune des parties du territoire,
étaient donc exclus, aussi bien les incidents de frontières
épisodiques ou isolés que les situations e troubles, de tensions
intérieures, d'émeutes, de terrorisme même récurent,
de répression violente de mouvement politique.
L'échec de la SDN a amené les Etats membres de
l'ONU à réfléchir autrement sur la question de la
sécurité internationale. Le premier alinéa du
préambule de la charte de l'ONU révèle la volonté
des Nations : « Nous peuples des Nations-Unies, résolus
préserver les générations futures du fléau de la
guerre qui deux fois en l'espace d'une vie humaine a infligé à
l'humanité d'indicibles souffrances... ». Pour mieux gérer
les questions de sécurité collective, l'ONU s'est doté
d'un organe e gestion des conflits, à savoir le conseil de
sécurité.
Le conseil de sécurité qui est un organe de
gestion des conflits dans le monde a pour fonction et pouvoir :
· Assurer l'action rapide et efficace de l'Organisation
;
· Responsable principal du maintien de la paix et de la
sécurité internationale ;
25 Eric David, « Principes de droit des conflits
armés » Bruyant, Bruxelles 1999, p33
· Agir conformément aux buts et principes des
Nations-Unies, les pouvoirs spécifiques accordés au Conseil de
sécurité pour lui permettre d'accomplir les devoirs
définis aux chapitres VI, VII, VIII, et XII de la charte de l'ONU ;
· Soumet pour examen des rapports annuels et le cas
échéant, des rapports spéciaux à l'Assemblée
générale afin de favoriser l'établissement et le maintien
de la paix et la sécurité collective en se détournant vers
les armements que le minimum des ressources humaines et économiques du
monde. Le conseil de sécurité est chargé, avec
l'assistance du comité d'état-major prévu à
l'article 47, d'élaborer les plans qui seront soumis aux membres de
l'organisation en vue d'établir un système de
réglementation des armements.
Le conseil de sécurité, organe ayant le
monopole du maintien de la paix et de la sécurité collective,
peut être saisi en cas de différend par tout Etat memebre ou non
membre de l'ONU (article 35 de la charte).
En cas de menace contre la paix, d erupture de la paix et
d'actes d'agression, seul le conseil de sécurité a le pouvoir de
le constater, et de décider de la mesure à utiliser dans le
règlement du différend, soit un règlement pacifique, soit
faire recours à la cour internationale de justice, soit l'emploi de la
force.
Le Conseil de sécurité est composé de
quinze (15) membres, dont cinq (5) membres permanents, ayant le droit de veto,
il s'agit de : la République Populaire de Chine, la France, la Russie,
le Royaume Uni et les Etats Unis ; et dix (10) membres non permanents.
Par ailleurs, un ensemble de mécanisme a
été prévu dans la charte pour mieux traiter les
différends au niveau régional, ce sont les mécanismes
régionaux.
Paragraphe 2 : L'ONU et les mécanismes
régionaux
Le concept de mécanisme régional s'inscrit dans
le cadre de la décentralisation du maintien de la paix et celui d'appui
au conseil de sécurité des Nations-Unies, organe compétent
dans les questions de sécurité internationale. Ce concept
signifie aussi la gestion et le règlement des conflits par les
continents de façon particulière en créant les
organisations régionales telle : l'Union Africaine (UA), l'Union
Européenne (UE)...
Les mécanismes régionaux tirent leurs sources
de la charte des Nations Unies qui dès 1945 a eu pour but essentiel de
mettre en place un système fondé sur la paix et la
sécurité de tous les Etats membres. Le préambule de la
charte énonce d'ores et dejà la volonté des Nations Unies
à s'impliquer dans la recherche de la paix dans le monde et garantir des
conditions meilleures de vie des citoyens. Trois chapitres de la charte
constituent l'épine dorsale de la légalité internationale
de l'ONU en matière de gestion des conflits : les chapitres VI, VII et
VIII.
Le chapitre VI de la charte développe les principes
fondamentaux proclamés par l'article 2 en matière de
règlement pacifique des différends internationaux et de non
recours à la menace ou
à l'emploi de la force dans les relations
internationales. Ces prérogatives sont du domaine du Conseil de
sécurité. L'attaque américaine en Irak prouve la violation
des principes de l'ONU. Ce chapitre met en exergue l'initiative de la saisine
du conseil de sécurité ou de l'Assemblée
générale à l'article 35.
Le chapitre VII quant à lui, relève d'une autre
logique, on est en présence d'une ménace contre la paix, d'une
rupture de la paix, ou d'un acte d'agression donc un danger réel et non
plus seulement hypothétique. Il fait appel au concept de
sécurité collective qui implique un engagement de la
communauté internationale contre l'Etat qui viole les engagements de la
charte relatifs à la paix. Le Conseil de sécurité qui
constate l'existence de l'une des hypothèses prévues par ce
chapitre peut alors agir de façon adaptée à la situation
en procédant par voie de recommandation ou de décision. L'article
41 est relatif aux mesures de contrainte non armées
énumérées dans une liste de nature indicative.
Sur cette base ont été
décrétées les sanctions économiques dans les crises
en Rhodésie en 1970, de l'Irak-Koweït en 1990, de l'ex-Yougoslavie
en 1991. Si les mesures de contrainte non armées sont insuffisantes,
l'article 42 permet au Conseil de sécurité de recourir à
la force, la charte prévoit l'action des troupes mises à la
disposition de l'ONU sur la base des accords mentionnés à
l'article 43 et placées sous l'autorité d'un comité
d'état-major des cinq membres permanents du conseil de
sécurité.
Le nombre croissant des conflits dans le monde met le conseil
de sécurité dans l'impossibilité d'intervenir dans tous
les conflits de façon opérationnelle, d'où la
collaboration des organisations régionales oeuvrant sous
l'autorité de celui-ci ce qui constitue l'objet du chapitre VIII.
Les organisations régionales, créées
pour la plupart pour les raisons d'intégration économique,
monétaire et religieuse (ligue arabe) sont tout de même des
regroupements d'Etats appartenant à des régions du monde. Ce
regroupement d'Etats devient un canal pour le conseil de sécurité
afin de mieux gérer les différends.
Le chapitre VIII aménage les relations entre l'ONU et
les Organisations ainsi que les accords régionaux susceptibles
d'intervenir dans un processus de maintien de la paix. La charte a pris soin de
préciser les conditions d'exercice de cette faculté. Les accords
pris au niveau des organisations régionales doivent être
compatibles avec les buts et les principes de l'ONU. L'emploi de la force dans
de telle circonstance nécessité l'autorisation du conseil de
sécurité en vertu du véritable monopole détenu en
matière de recours à la force.
Le chapitre VIII est le fondement juridique des organisations
régionales, sans pourtant les définir de manière tacite,
d'où la ligue arabe et l'organisation de la conférence islamique
se sont vues reconnaître ce caractère. De même, l'ancien
Secrétaire général de l'ONU, BOUTROS BOTROS-GHALI
s'était prononcé pour une « décentralisation du
maintien de la paix26 ». Plusieurs formes de coopération
ont vu le jour : consultation, soutien diplomatique et opérationnel
(OTAN en Bosnie, 1992) co-déploiement (CEDEAO et mission de l'ONU au
26 BOUTROS BOUTROS-GHALI, « agenda pour la paix 1992
», Nations Unies, News York, 1992, p 40
Libéria, en 1993). Ces organisations
régionales, fondées sur les bases continentales, admettent en
leurs seins des sous organisations à l'exemple de l'Union Africaine qui
regroupe plusieurs sous organisations telles : la CEDEAO, la CEEAC, la CEMAC,
la SADDEC, la SEN-SAD...
SECTION II : LES MECANISMES AFRICAINS
Les mécanismes régionaux tirent leur
compétence de la charte des Nations Unies. C'est ainsi que cette partie
repose sur la charte de l'Union Africaine (UA) et la pacte panafricain de non
agression dans le domaine de la sécurité collective.
Paragraphe 1 : La charte de l'Union Africaine
Résultant des cendres de l'OUA, l'UA, formée
des Etats souverains appartenant tous au continent africain y compris
Madagascar et les îles d'Afrique, affirme résolument dans son
préambule son adhésion totale aux buts et principes de l'ONU.
Parler de l'OUA dans cette étude n'a rien de
paradoxale à l'ère de l'Union Africaine du fait que l'article 33
alinéa 1 de l'acte constitutif de l'UA stipule que l'acte remplace la
charte de l'OUA mais cette charte demeure en vigueur pendant la période
de transition : du fait de l'antériorité de l'accord tripartite
de coopération en matière sécurité signé
à Luanda le 03 décembre 1999 par rapport à l'acte
constitutif de l'UA signé à Lomé le 11 juillet 2000.
C'est de ce fait que les mécanismes de
prévention, de gestion et de règlement des conflits dans toutes
les sous-régions africaines ont eu pour fondement la charte de l'OUA.
1. L'Union Africaine et la sécurité
collective
Dans sa conception traditionnelle, le droit à la
sécurité est entendu comme la protection de l'Etat contre les
diverses formes d'agression extérieur et les multiples atteintes
à l'ordre public sur le plan interne.
Les Etats africains ont très vite fait après
leurs indépendances l'expérience de l'insécurité
soit à cause des problèmes frontaliers héritiers de la
colonisation, soit à cause de l'instabilité politique interne
caractérisée par la violence politique (coup d'Etat militaire
violation des droits de l'homme, absence de démocratie etc.)
Avec la création de l'OUA, les Etats africains ont
ambitionné de résoudre leurs conflits par des moyens pacifiques.
Tel était le but assigné à la commission de
médiation, de conciliation et d'arbitrage, l'un des quatre organes
permanents prévus à l'article VII de la charte d l'OUA.
Malgré l'adoption en juillet 1964 du protocole régissant le
fonctionnement de cette commission et la désignation de ses membres au
terme d'un processus excessivement lent, les gouvernements africains s'en sont
détournés, préférant les procédures ad hoc
ou au mieux la cour internationale de justice, au point où cette
commission est restée une enseigne décorative, sans une
réelle portée dans le domaine de la résolution des
conflits. Parallèlement à la commission de médiation,
commission de défense prévue à révélatrice
de l'incapacité des Etats africains à trouver des solutions
pertinentes à leurs problèmes malgré les pétitions
de
principes et les bonnes intentions. L'échec de la
force de maintien de la paix de l'OUA au Tchad en 1982 a montré les
faiblesses au détriment des idées généreuses et des
engagements juridiques conventionnelles.
Bien plus tard, les Etats africains adoptent dans la cadre de
l'OUA, un mécanisme pour la prévention, la gestion et la
résolution des conflits en Afrique en juin 1993 au Caire (Egypte), plus
souples et adoptés dans un contexte de l'après guerre froide, ce
mécanisme a tenté de prendre en charge les conflits en
Afrique.
Ce mécanisme s'applique avec la collaboration des
organismes sous-régionaux telles, la CEDEAO, la CEEAC, la SADDC...
2. L'Union Africaine et les organismes
sous-régionaux
Le mécanisme de l'OUA devenue l'Union Africaine (UA)
ne pouvait être affectif qu'à l'appui des organismes
sous-régionaux. Le concept d'organisme sous-régional se
conçoit comme une entité regroupant quelques Etats (CEDEAO,
CEEAC, SADCC...) au sein d'un grand ensemble ou d'une organisation
régionale à l'instar de l'Union Africaine27. En
Afrique centrale En Afrique centrale, les organisations telles la CEMAC et la
CEEAC, deviennent des plaques tournantes de concertation et négociation
dans la sous-région, afin de palier aux différents conflits qui
surgissent.
En Afrique centrale, l'organe reconnu par la
communauté internationale, pouvant s'impliquer dans les conflits est la
CEEAC. Depuis lors, la CEEAC s'attèle à mettre à la
disposition des Etats d'Afrique un mécanisme de gestion des conflits
avec l'appui des paires africains et de l'ONU.
Outre le mécanisme juridique prévu par l'OUA
dans le domaine de la sécurité collective, aujourd'hui l'Afrique
est régie par l'Union Africaine qui a pris officiellement la succession
de l'OUA le 9 juillet 2002 à Durban (Afrique Du Sud). L'union Africaine
naît dans une époque d'après la guerre froide, où la
question de la sécurité collective est d'actualité.
Dans l'acte constitutif de l'UA (article 9), la question de
la sécurité collective est du ressort de la conférence des
chefs d'Etats et de gouvernement qui par le conseil exécutif assure la
gestion réelle des conflits dans le continent.
Après la conférence de la Baule, l'Afrique
était en proie à la démocratie, et avait aussi banni le
cou d'Etat militaire. Cependant, le maintien au pouvoir des chefs d'Etats
africains, à une fois de plus réveillé le vieux «
démon africain » à savoir le coup d'Etat militaire, qui
s'explique par l'absence par l'absence d'une alternance véritable, fruit
d'une bonne démocratie.
Pour atténuer cette pandémie de coup d'Etat en
Afrique à l'ère de la démocratie, l'UA a
prévu dans son acte constitutif, à l'article 30, ce qui suit :
« les gouvernements qui accèdent au pouvoir par des moyens
anticonstitutionnels ne sont pas admis à participer aux activités
de
27 Anicet Gamouyi, « les ouvrages d'intégration
économique dans la gestion des conflits : cas de la RCA.
l'Union » cet article vient de condamner le
Général François BOZIZE et son gouvernement pour son coup
d'Etat de mars 2003 en Centrafrique, qui occasionna la chute de Ange
Félix PATASSE.
Le sommet de l'UA tenu à Maputo en juillet 2003 a pris
deux grandes décisions sur les questions de paix et de
sécurité en Afrique. La première concerne la mise en
oeuvre opérationnelle du protocole relatif à la création
du Conseil de paix et de sécurité de l'UA. On déplore
à ce niveau le peu d'empressement de beaucoup d'Etats à ratifier
le protocole. La deuxième concerne l'élaboration de la politique
africaine commune de défense et de sécurité. Ces deux
décisions marquent une nouvelle dynamique au sein de l'UA pour aboutir
à une amélioration des dispositifs existants. Il s'agit d'un
processus qui devrait à terme aboutir à un renouvellement de la
conception africaine en matière de paix et de sécurité. Ce
processus devrait trouver une articulation positive entre divers
mécanismes déjà existants en particulier la
conférence sur la sécurité, la stabilité, le
développement et la coopération en Afrique (CSSDCA)
déjà appuyées par l'UA. La CSSDCA privilégie la
conception la substantielle de la sécurité des personnes dans la
prévention, la gestion et la résolution des conflits en afrique.
Ce débat sur la sécurité collective en Afrique se trouve
aujourd'hui trop éclaté. Ainsi est apparue la séduisante
proposition du chef d'Etat Congolais, Dénis-Sassou NGUESSO,
présentee au sommet de Maputo, visant à instaurer un pacte
panafricain de non agression.
Paragraphe 2 : Le pacte panafricain de non
agression.
Partant du constat que les précédents
engagements sous-régionaux et continentaux étaient lettre morte,
le président congolais Dénis Sassou NGUESSO a proposé un
projet suffisamment élaboré visant à répondre
à la violence en Afrique d'où qu'elle vienne. Pour le
gouvernement de la République du Congo, le pacte panafricain contre
l'agression serait « un code de bonne conduite entre Etats africains qui
viendraient opportunément en appui au cadre tracé par le conseil
de paix et de sécurité de l'UA ».
Le pacte de non agression, texte de référence,
fondateur d'une nouvelle vision entre les Etats africains, à vocation
être le pilier de la sécurité de l'UA. A ce titre, il
précise les conditions d'une réponse à 100% africaine
à tout type d'agression qu'il s'agisse d'actes hostiles d'un pays
à l'encontre d'un autre ou d'une tentative de déstabilisation
d'un pouvoir démocratiquement élu par une rébellion. Il
est aussi une manifestation devant le monde entier de la volonté des
Etats de se soutenir mutuellement, de ne plus laisser les conflits internes ou
externes ruiner leur développement et meurtrir leur population.
L'auteur de ce pacte pense que le temps est arrivé
pour l'Afrique de s'investir sur la sécurité collective de
façon réelle : « cet état de fait ne peut plus durer.
Je le pense très sincèrement, il est temps que l'Afrique reprenne
le contrôle de son avenir et cesse de subir son sort en réagissant
si peu ou si tard. Je l'ai solennellement déclaré en maintes
occasions, il est temps qu'elle regarde la réalité en face et
comprenne que les incertitudes sur la paix et la sécurité en
Afrique sont trop nombreuses pour ne pas mettre tout en oeuvre pour la
défendre.
En d'autres termes, il est temps que l'Afrique prenne en main
son destin et qu'elle se donne les moyens diplomatiques et militaires de
répondre à la violence qu'elle qu'en soit la forme et d'où
qu'elle provienne, dans l'intérêt du continent tout entier
».
La pertinence de ce pacte est qu'il débouche sur une
politique de défense commune. Le projet de pacte de non agression
comprend de grandes idées devant structurer un système de
sécurité collective en Afrique, au regard des expériences
dramatiques qu'a connues le continent : Rwanda, Somalie, Liberia, Sierra
Léone...
Fondé essentiellement sur le droit, il comprend cinq
chapitres.
Le premier chapitre porte sur les définitions, en
particulier celle de l'agression, qui reprend sensiblement la résolution
3314 adoptées en 1974 par l'Assemblée générale des
Nations Unies.
L'innovation se trouve au niveau de la définition de la
« sécurité humanitaire » concept novateur dont le pacte
dit qu'elle signifie la sécurité de l'individu eu égard
à la satisfaction de ses besoins fondamentaux. Elle comprend
également la création des conditions sociales,
économiques, politiques, militaires, environnementales et spirituelles
nécessaire a la survie et la dignité de l'individu, y compris la
protection et le respect des droits humains, la bonne gouvernance et la
garantie à chaque individu des opportunités et des choix pour son
plein épanouissement.
Le chapitre trois énumère les nombreuses
obligations des Etats parties au pacte, dont la principale est l'engagement
à considérer toute agression ou menace d'agression contre un Etat
partie comme une menace contre tous les autres. Dans le cadre de l'engagement
des Etats africains contre l'agression, ils se doivent mutuellement assistance
en cas d'agression, ils s'engagent à réagir par des moyens
militaires à tout acte d'agression et à ne pas reconnaitre toute
acquisition territoriale qui en résulterait. Ils s'engage encore
à promouvoir des politiques de développement durable propre
à assurer le bien être des populations y compris la dignité
et les droits fondamentaux de toute personne humaine dans le cadre d'une
société démocratique. Tout cela implique l'engagement
à résoudre les différends de manière
spécifique, tout en insignifiant la lutte contre le terrorisme
international. Chaque Etat devrait ainsi empêcher l'utilisation de son
territoire d'un autre Etat partie. Les auteurs de tels actes d'agression seront
arrêtés et déférés devant la justice.
Enfin, les Etats s'engagent à fournir l'assistance
qu'ils jugent légitimes aux opérations militaires
décidées par le conseil de paix et de sécurité de
l'UA. A terme, les pays de l'UA s'engagent à constituer une armée
africaine en prenant en considération lé degré
d'intégration du continent sur la base des contingents en attente, selon
un délai à déterminer par la confiance des chefs d'Etas et
de gouvernements.
Le pacte justifie une attention plus particulière
notamment dans la perspective d'une mise en oeuvre concrète et de
l'adaptation de mécanismes et outils ad hoc. Ainsi, l'article 2 fixe
l'objectif général du pacte et, ce faisant, met l'accent sur la
coopération entre les Etats membres ? L'article 5 quant à lui,
porte sur la nécessaire collaboration des Etats parties en
matière de lutte contre le terrorisme international et
toute autre forme de criminalité transnationale. Les articles 7 ,8 et 9
traitent de la responsabilité individuelle et collective des Etats
membres dans les domaines de renseignement, des capacités
opérationnelles des forces armées ainsi que celle des
institutions africaines de recherche d'information et de formation.
Les articles 11, 12, 13 et 15 donnent un sens aux
résolutions précédentes par : la création au sein
du tout récent CPSUA de l'Union d'un comité africain de
renseignement et d'une commission africaine du droit international ;
l'importance accordée au développement de l'Académie
africaine pour la paix et du centre d'étude et de recherche sur le
territoire. Pour ce qui est du rôle des ensembles régionaux, le
CPSUA aura en charge la mise en oeuvre du pacte et le développement des
mécanismes devra davantage s'inspirer de l'OTAN. L'importance du
renseignement se repose dans le projet du pacte à l'intention
affichée de l'UA de se doter d'un comité de renseignement qui
impérativement doit concrétiser dans les faits.
Le pacte se présente comme un éveil de
l'Afrique aux réalités du monde moderne et à sa
volonté d'assumer en propre ses responsabilités. L ouvre des
voies de coopération interafricaine qui répondent, bien que de
manière trop diplomatique, aux exigences de sécurité du
continent et aux conditions fixées par le G8 pour aider l'Afrique
à surmonter ses handicaps économiques et sociaux. Car
l'éradication des conflits tribaux religieux ou de voisinage est, et
restera le préalable indispensable à l'accession des pays
africains à la modernité.
En outre, l'auteur de ce pacte, l'article autour de trois
volets : engagement des Etats contre l'agression ; principes africains de
prévention des conflits et instruments de prévention et de
résolution des conflits.
Le premier volet amorce le principe « d'assistance
mutuelle assurée » de tous les Etats signataires du pacte en cas
d'agression de l'un d'eux, ce qui réduirait les motivations du pacte des
Etats désireux d'agresser les autres. Cette assistance n'est pas
limitée au seul cas d'agression, vu la définition de ce concept
« emploi de la force armée contre la souveraineté,
l'intégrité territoriale ou l'indépendance politique d'un
autre Etat ou de toute autre manière incompatible avec la charte
».28 Mais elle est aussi valable dans le cas d'un conflit
interne laissant le pays dans l'incapacité d'assurer sa
sécurité : c'est le collapsus étatique. Ce premier volet
intègre également la menace terrorisme et de l'intégration
économique.
Le second volet est celui de la diplomatie préventive,
du maintien et du rétablissement de la paix. Dans son Agenda pour la
paix du 30 janvier 1992 BOUTROS BOUTROS-GHALI, alors Secrétaire
général de l'ONU définissait la diplomatie
préventive comme un ensemble de méthodes ayant pour objet :
d'éviter que les différents ne surgissent entre les parties ;
d'empêcher qu'un différend existant ne
dégénère en conflit ouvert ; de faire en sorte, au cas
où un conflit aurait néanmoins éclaté, qu'il
s'étende le moins possible aux régions voire aux pays voisins.
Cette définition trace un canevas dans le mécanisme de
prévention, de gestion et
28 . Résolution 3314 du 14.12.1974 de l'AG de
l'ONU
de règlement des conflits. La prévention dans
ce volet comporte deux variantes, la précoce et la prévention
ultime.
S'agissant de la prévention précoce, elle est
celle qui consiste à éviter qu'un différend ne surgisse,
J.H DUNANT disait : « si l'on m'avait soigné plut tôt,
j'aurais pu vivre, tandis que ce soir je serai mort » le soir il
était mort.29 Cette prévention est possible par la
mise en place d'un mécanisme d'alerte au niveau africain.
Une fois le conflit déclenché, c'est la
deuxième variante qui s'applique, la prévention ultime, faisant
de sorte que le conflit ne s'étende pas aussi longtemps que possible.
Ces deux variantes de prévention conduisent au maintien
de la paix.
Le troisième volet inscrit les instruments de
prévention et de résolution des conflits. A ce niveau,
l'instrument privilégié est l'Union Africaine, avec la
création d'un réseau panafricain d'analyse et de
prévision, car « la connaissance la plus exacte possible à
la réalité est un préalable à toute action
politique qu'elle qu'en soit la nature »30 Ce volet tient
également compte de la coopération militaire, pour aboutir
à la création d'une force panafricaine de paix à l'instar
des casques bleus de l'ONU, de l'OTAN et bien d'autres. Un point important est
mentionné dans ce volet, celui du pré positionnement des forces
afin de stabiliser les frontières interafricaines.
La question des frontières interafricaines a jadis
été réglée sur le plan juridique par les chefs
d'Etats africains après les indépendances, en considérant
les frontières issues de la colonisation. De nos jours l'explosion
démographique et la chasse aux richesses du sol amènent certains
pays à agresser les autres. Du fait que le pacte panafricain proscrit
l'agression , l'Angola, le Congo et la RDC signe un accord tripartite dans le
cadre de la sécurité des frontières donc la
sécurité collective, qui est retenu par les pays d'Afrique
centrale vise la réalisation d'une paix durable et englobe des
éléments de réponse aux causes profondes des conflits de
cette sous-région.
C'est ainsi qu'aux mesures de confiances politiques et
militaires imaginés par le comité s'ajoutent d'autres mesures
relatives aux droits de l'homme, la démocratie, à la
coopération juridique et problèmes humanitaires. 31
Notre démarche dans cette deuxième partie,
consiste à exposer sur les stratégies et procédures
d'application de cet accord.
29 J.H Dunant cité par Eric David in principes
de droit des conflits armés 1999, p36
30 Dénis Sassou NGUESSO, « pour un pacte panafricain
de non agression » Géopolitique Africain, le 10 avril 2003
»
31 M. MABIALA, « coopérer pour la paix en Afrique
centrale », UNIDIR , 2003, p 7
DEUXIEME PARTIE
LE MECANISME DE L'ACCORD TRIPARTITE
DE SECURITE
CHAPITRE I : STRATEGIES ET PROCEDURES
D'APPLICATION
Comme des sociétés humainement
organisées, le Congo, la RDC et l'Angola ont besoin d'une défense
et d'une sécurité efficaces pour garantir leurs
indépendances et promouvoir leur développement. Mais la politique
de défense et de sécurité collective de ces Etats ne peut
se fonder que sur des stratégies défensives32.
Section I : LES STRATEGIES DE L'ACCORD
Répondant aux normes et à la règle du
droit international, l'accord tripartite signé entre le Congo, la RDC et
l'Angola, par ces différents mécanismes se penche sur la
coopération en matière de sécurité le long des
frontières communes ; sur la circulation des personnes et des biens ;
sur la question des réfugiés en enfin sur la formation du
personnel.
Paragraphe 1 : Coopération en matière de
sécurité
Il convient ici de se questionner sur la pertinence des
stratégies de cet accord de coopération dans l'imposition et
l'installation de la paix et de la sécurité le long des
frontières communes à ces trois Etats.
1. La création d'une commission conjointe
tripartite en matière de sécurité le long des
frontières communes
Suite aux différentes situations qui ont
été à la base des climats de tension entre le Congo
Brazzaville et son voisin le Congo Kinshasa, persuadé par leur
rapprochement, leur passé commun et leur intérêt à
vivre ensemble, les chefs d'Etats Dénis Sassou NGUESSO de la
République du Congo, et Laurent Désiré KABILA de la RDC
ont signé le 29 décembre 1998 à Brazzaville un pacte.
Sur la base de ce pacte, la réunion des ministres de
l'intérieur et de la sécurité du Congo, de la RDC et de
l'Angola tenue à Kinshasa du 19 au 20 mai 1999 a été le
moteur de l'accord tripartite, par la volonté de créer une
commission conjointe tripartite de sécurité (CCTS). Celle-ci a
réellement vu le jour à la 3ème réunion
ordinaire tenue à Luanda du 3 au 5 décembre 1999.
La commission conjointe tripartite de sécurité
constitue donc un cadre permanent de concertation, d'échange
d'informations et d'expérience. A cet effet, elle est chargée de
gérer par le biais de quatre sous-commissions spécialisées
les questions de sécurité le long des frontières communes
; la formation du personnel de la police et de la sécurité ; la
circulation des personnes et des biens et enfin la question des
réfugiés et déplacés de guerre.
32 Afrique Education n°125 du 1er au
14 février 2003, p 17
Conscients de la nécessité de garantir la paix
et la sécurité, de maintenir l'ordre public et de faciliter la
circulation des personnes et des biens et enfin la question des
réfugiés et déplacés de guerre.
Conscients de la nécessité de garantir la paix
et la sécurité, de maintenir l'ordre public et de faciliter la
circulation des personnes et des biens ; déterminer à
développer et à approfondir les relations de coopération
et de bon voisinage en sauvegardant la souveraineté de chaque Etat ; la
République du Congo, la RDC et la République d'Angola se sont
convenus ce qui suit :
> Les Etats s sont engagés à s'assister
mutuellement et à coopérer dans le domaine technique de la
sécurité et de l'ordre public ;
> La CCTS a été créée afin de
garantir l'application de cet accord.
Les termes et les modalités pratiques de cette assistance
et coopération sont prévus à son article 2.
La paix constitue pour chaque peuple et pour chaque nation la
plus noble des causes. Elle est une interpellation de maintenant et de
l'avenir. A tous de prendre le bon bout.
Malheureusement bon nombre de pays africains et
particulièrement ceux de l'Afrique centrale sont dans la tourmente des
guerres, des tensions et des conflits sans cesse. Ces guerres s'inscrivent dans
la continuation de la politique par d'autres moyens faisant ainsi de la guerre
la seule entreprise humaine où l'on utilise légitimement des
moyens de violence aux effets meurtriers de dévastateurs pour parvenir
à ses fins. Du coup, l'Afrique se trouve dans la situation de ne pouvoir
compter que sur elle-même pour instaurer ou restaurer des espèces
pacifiés33.
A cet effet, pour régler des conflits dont la tendance
est à la propagation transnationale, la solution étatique est
limitée. Elle n'est guère pertinente parce que, paradoxalement,
les forces armées nationales censées assurer la pacification
intérieure sont trop souvent des forces d'insécurité et de
guerre.
En revanche, l'existence des foyers
s'insécurité menaçant de déborder les
frontières est une incitation très forte à répondre
à ces menaces par des processus de coopération renforcées,
lesquels seraient susceptibles ultérieurement, d'avoir d'heureux effets
sur le plan des échanges économiques. Dans cet élan des
choses, la paix et la sécurité collective sont un défi
majeur qu'il convient absolument de relever.
Rentrant dans le cadre de la diplomatie préventive, la
coopération en tant qu'instrument des relations internationales se
concrétise nécessairement par des accords librement
négociés. Les accords sont donc la manifestation de la
volonté de ces Etats à être liés par certaines
obligations. Ils sont une configuration adaptée aux
phénomènes évalués.
33 Géopolitique Africaine, automne 2000,p 92
Ainsi donc, convaincu de la nécessité de
sécuriser leurs frontières communes et de renforcer les liens
fraternels et les relations de bon voisinage sur la base de
l'égalité des droits, du respect de la souveraineté et de
l'aspiration vers une coopération mutuelle avantageuse ; soucieux
d'assurer et de garantir la sécurité de leurs territoires
respectifs, ainsi la circulation des personne et des biens entre les Etats
parties ; conscients de la volonté d'engager une action concertée
en vue d'une couverture optimale des frontières communes par la mise en
place d'un système efficace de contrôle et d'échange
d'information ainsi que de la formation des unités
spécialisées ; préoccupés par la persistance de la
menace armée de la part de l'ennemi commun, le développement des
menées subversives et la présence massive des
réfugiés des trois Etats ; ces derniers se sont convenus de
créer une commission conjointe tripartite en matière de
sécurité le long des frontières communes,
conformément aux conclusions de la réunion des ministres de
l'intérieur et de la sécurité du Congo, de la RDC et de
l'Angola tenue à Kinshasa du 19 au 20 mai 1999.
Cette commission veille à promouvoir l'échange
d'information et d'expérience entre les services
spécialisés, à faciliter les contacts de travail entre eux
dans la gestion des problèmes de sécurité et de l'ordre
intérieur. Par le biais du commandement, elle a pour mission de pacifier
les zones communes des frontières liquides et terrestres. Cette
commission est composée des ministres en charge des questions de
sécurité des trois Etats (qui en assure alternativement la
présidence), des délégués des ministères des
affaires étrangères et éventuellement d'autres
ministères.
2. L'accord en matière de formation
Considérant, la volonté des trois Etats de
s'assister mutuellement dans la formation en vue d'une harmonisation des
méthodes de travail des personnels de la police et de la
sécurité et, les bonnes relations établies entre les trois
pays ; qu'il ya nécessité de créer un cadre de
coopération et d'assistance technique en matière de formation des
personnels de la police et de sécurité entre les Etats parties ;
ces trois sont convenus de ce qui suit :
· Déterminer les conditions de formation et
d'échange d'expériences entre les personnels de police et
sécurité des trois Etats parties ;
· Ils s'engagent à assurer la formation, le
professionnalisme et le recyclage des personnels de police et de
sécurité des trois Etats. Chaque partie s'engage à
communiquer aux autres Etats parties les possibilités et les conditions
d'admission dans les établissements spécialisés. Les frais
y afférents au séjour et à la formation sont à la
charge du pays d'accueil. Les autres frais, notamment ceux afférents au
transport international aller-retour pour les stagiaires sont à la
charge de l'Etat d'origine. Les stagiaires sont soumis à l'obligation de
réserve et à l'observation stricte des lois et règlement
de chaque pays ;
· Les Etats parties s'engagent à protéger
les documents, les informations et autres données liées à
la formation, à promouvoir l'échange d'expériences
notamment par des séminaires, des conférences, des voyages
d'études et l'échange de délégation.
Paragraphe 2 : La libre circulation des personnes et
des biens et la question des réfugiés et déplacés
de guerre
Chère à la paix et la sécurité, la
circulation des personnes et des biens et la question des
réfugiés sont les leitmotivs de notre étude dans ce second
paragraphe.
1. La libre circulation
Considérant la nécessité de consolider
la paix, la sécurité et bien être de leurs peuples
respectifs ; affirmant les principes énoncés par les chartes de
l'ONU et de l'OUA ; désireux de fixer dans l'intérêt commun
les règles d'établissement, de la circulation des personnes entre
les trois Etats sur la base de la réciprocité, de
l'égalité et du respect mutuel ; déterminer à
préserver leurs liens de consanguinité, à consolider les
rapports socioculturels, économiques et de bon voisinage ; les trois
Etats sont convenus de ce qui suit :
· De la création d'une convention
l'établissement et la circulation des personnes et des biens applicables
aux ressortissants de ces trois Etats. Cette convention détermine les
conditions d'établissement et de circulation des personnes et des biens
entre le Congo, la RDC et l'Angola. Chacun des Etats parties s'engage à
autoriser les ressortissants des autres Etats à entrer sur son
territoire, y établir leur résidence, voyager et en sortir
à tout moment dans les conditions définies par la convention sous
réserve des lois de police et de sûreté publique de chaque
Etat.
· Cependant, les citoyens des ces Etats sont
considérés comme voyageurs lorsqu'ils traversent les
frontières aux points d'entrée officiels.
En outre, par points d'entrée officiels, on entend,
hors mis les gares, aéroports et ports internationaux, les lieux
désignés par chacun des trois pays pour le passage
autorisé des personnes et des biens. De ce fait, la réparation
des voyageurs se fait en deux catégories à savoir : ceux qui
résident dans les zones fontaliers et les voyageurs internationaux
(article 4 de la convention).
Ainsi sont considérés comme résidents
dans les zones frontalières, les habitants des deux Etats frontaliers et
le citoyen originaire du troisième Etat qui y réside depuis plus
d'un an.
Et son considérés comme résidents dans
les zones frontalières, les habitants des deux Etats frontaliers et le
citoyen originaire du troisième Etat qui réside depuis plus d'un
an.
Et sont considérés comme voyageurs
internationaux, toutes les personnes non résidant dans les zones
frontalières qui se déplacent par voie terrestre, fluviale,
maritime ou aérienne vers l'autre.
Par conséquent, est considéré comme zone
frontalière, la frange de terre correspondant à dix (10)
kilomètres de profondeur dans le territoire de chacun des Etats parties.
L'entrée des voyageurs vivant dans les zones frontalières dans le
territoire de chacun des trois Etats est conditionnée à la
présentation d'un laissez-passer n'est valable que dans la zone
frontalière.
L'entrée des voyageurs internationaux est
conditionnée par la présentation des pièces suivantes : un
passeport national en cours de validité, revêtu d'un visa
d'entrée requis par la législation de l'Etat d'accueil et un
carnet de vaccination international.
Les voyageurs internationaux des trois Etats en transit dans
l'un des pays signataires, bénéficient d'un visa de transit
gratuit qui n'excédera pas quarante huit (48) heures et qui sera
délivré conformément à la législation de
l'Etat d'accueil.
La traversée aux points d'entrée officiels
autres que les gares, aéroports et ports s'effectuera aux heures
fixées conjointement par les autorités frontalières de
chaque Etat.
L'établissement des nationaux des Etats parties dans
le territoire de l'autre est conditionné par l'obtention d'un titre de
séjour, conformément à la législation en vigueur
dans l'Etat d'accueil. Ceux-ci sont exemptés de la garantie de
rapatriement. S'ils veulent exercer une activité professionnelle dans le
territoire de l'autre partie, ils doivent présenter les documents
justificatifs prévus à l'article 12 de la convention. La
poursuite des études et stages de formation sont prévus à
l'article 13.
En outre, chacun des Etats parties s'engage à accorder
sur son territoire un traitement juste et équitable aux biens, droits et
intérêts appartenant aux ressortissants de l'autre partie et
à leur assurer la pleine protection légale et judiciaire. La
circulation des biens est soumise au régime défini par l'accord
relatif au commerce frontalier et de coopération douanière a
signé par les Etats parties. Lorsque l'un des Etats parties se propose
de procéder à l'expulsion d'un ou de plusieurs ressortissants
d'un Etat dont l'activité menace l'ordre ou la sécurité
publique, elle en avise préalablement l'autre partie par voie
diplomatique. La partie qui procède à l'expulsion doit prendre
toutes les dispositions appropriées pour sauvegarder les biens,
l'intérêt et l'intégrité de la ou les personnes
expulsées.
2. La question des réfugiés et des
déplacés de guerre
Considérant la situation de guerre qui prévaut
dans ces trois Républiques, la présence des bandes armées
hostiles aux trois gouvernements le long des frontières communes.
Affirmant la nécessité d'organiser des visites conjointes dans
les sites d'hébergements et, décidés à entretenir
des relations concrètes et efficaces dans le cadre du recensement rapide
des candidats au rapatriement volontaire. Les trois Etats ont conclu et convenu
de ce qui suit :
· Les Etats parties s'engagent de veiller au respect des
droits et devoirs des réfugiés et déplacés de
guerre, conformément aux conventions internationales en matière.
Les citoyens des trois Etats sont considérés comme
réfugiés au terme de la convention de Genève de 1951
relatives au statut des réfugiés et de celle de l'OUA de 1969
régissant les aspects propres aux problèmes de
réfugiés en Afrique ;
· Les Etats parties s'engagent à promouvoir
l'échange d'information et à faciliter les contacts de travail,
entre eux, dans la gestion des problèmes des réfugiés et
des déplacés de guerre. Ils doivent par là approfondir les
relations d'assistance mutuelle et organiser des visites d'inspection
conjointes des sites des réfugiés et des déplacés
de guerre qui sont des lieux de transit. Ils s'engagent également
à mettre en place une
commission mixte chargé du suivi du rapatriement
volontaire des réfugiés et à l'éloigner des
frontières de leurs pays respectifs les sites de réfugiés
et à veiller à ce que ces sites ne servent pas de base
arrière aux activités subversives contre l'un des Etats parties.
Toutefois, les dispositions de cet accord n'affectent pas les droits et
obligations des parties liées aux accords internationaux en vigueur en
matière des réfugiés et déplacés de
guerre.
SECTION II : PROCEDURES D'APPLICATION DE L'ACCORD
Dans le cadre du processus d'application de l'accord,
plusieurs programmes d'actions des sous commissions ont été
adoptés lors de la rencontre de Kinshasa, par la CCTS. Programmes qui
retracent les procédures d'actions à entreprendre par chacune des
sous commissions spécialisées.
Paragraphe 1 : Procédure d'application au sein
des sous-commissions sécurité le long des frontières
communes et la formation du personnel
1. La procédure relative à la
sécurité le long des frontières communes
Composée des éléments de chacune des
éléments de chacune des parties appartenant aux services de
sécurité et de l'ordre public, et étant placée sous
la tutelle de la CCTS à laquelle elle se réfère et rend
compte, la sous commission conjointe tripartite en matière de
sécurité le long des frontières communes a pour charge
entre autre :
a) de concevoir les méthodes d'organisation de
contrôle et de direction des activités à déployer le
long des frontières communes, à soumettre à l'approbation
de la CCTS ;
b) assurer le suivi et l'exécution des méthodes et
activités adoptées par la CCTS dans le délai imparti ;
c) informer régulièrement la CCTS et proposer les
mesures et les moyens pour renforcer le climat de paix et de
sécurité le long des frontières communes ;
d) redynamiser une couverture effective et mettre en place
les mécanismes de surveillance le long des frontières communes,
en collaboration avec les organes spécialisés. Leurs
réunions se tiennent une fois le trimestre.
A cette mission, il faut ajouter l'identification et
l'installation des postes frontaliers le long des frontières communes
dans les emplacements où les emplacements où les parties se
seront mutuellement accordées. Ces installations nécessitent,
selon les caractéristiques topographiques de la zone, à
l'équipement dans chacun des postes, de types moyens techniques et
personnels efficaces.
Le personnel et les moyens utilisés dans les postes
frontaliers doivent obligatoirement être soumis au système
d'identification pour permettre à toutes les parties de le
connaître facilement.
Pour réaliser les tâches assignées, la
sous commission en matière de sécurité le long des
frontières communes pourra recourir aux différentes
méthodes d'investigation : par le biais des structures diplomatiques et
consulaires des pays respectifs, par la vérification « in loco
» en équipe composée des membres de toutes les parties, par
des forces conjointes coordonnées par une équipe mixte des
membres de la sous-commission en matière de sécurité le
long des frontières communes et enfin par les actions exploratoires des
locaux dénoncés faites par les officiers des pays respectifs.
Dans le cadre de l'exécution de ses attributions, elle
peut prendre les mesures suivantes :
· proposer les conditions de destruction des mouvements
terroristes et faire interner leurs membres dans les camps appropriés
pour leur encadrement ;
· répertoire et contrôler les citoyens des
trois, pays ou d'autres, qui sont dans les camps des refugiés ou vivant
dans les territoires respectifs pour éviter qu'ils de livrent à
des actions contre la sécurité et la souveraineté des
trois Etats ;
· garantir la neutralisation et la destruction des bases
et centres d'entrainement, dépôt d'armement, poste de
commandement, réseau de communication et télécommunication
et station de radiodiffusion des mouvements terroristes.
Ainsi donc, les actions à entreprise dans le cadre de
cette sous-commission peuvent se ramener à :
· proposer des mesures stratégiques conjointes pour
arrêter la contre bande et le trafic clandestin dans les trois Etats ;
· arrêter les dispositions de surveillance mixte
des frontières communes consistant à : la mise en place du
système des bureaux nationaux à contrôle juxtaposé ;
l'organisation des patrouilles mixtes ; la mise en place du dispositif
technique et opérationnel.
3) pour ce qui est de la mise en place du système des
bureaux nationaux à contrôle juxtaposés, elle consiste
à placer dans les postes frontaliers stratégiques de chaque Etat
des agents du pays voisin chargés d'exécuter à partir du
territoire étranger, les lois et règlement internes de leur pays
relatifs à la police des frontières, à l'immigration et le
douane. Compte tenu du nombre important des postes frontaliers
stratégiques déjà identifiés, il est question ici
:
+ De sélectionner en tenant compte de leur
accessibilité, les postes qui présentent plus les menaces de
sécurité. La priorité devra être accordée
à ces postes pour ce qui est de l'ouverture des bureaux nationaux
à contrôle juxtaposées. La liste de ces postes pour les
trois pays se trouve en annexe. Le nombre du personnel à affecter
à chaque poste est fixée a 7 au plus ;
+ De fixer le rayon d'action de ce personnel (qui devra
être à l' endroit ou l'on opère. Exemple : si le bureau
à contrôle juxtaposée est établi au Beach Ngobila,
on peut sortir de ce milieu pour aller opérer au centre ville) ;
+ De fixer le domicile de ce personnel.
b) pour ce qui est de l'organisation des patrouilles mixtes,
ces équipes devraient être composées des
éléments des forces armées, de la police et des services
spécialisés. Le commandement pour une période donné
avec possibilité de rotation ; les patrouilles mixtes étant
conçues comme opérations ponctuelles, il sera mis en place un
système de liaison qui sera assurer par les officiers de liaison des
pays intéressés chaque fois que besoin se fera sentir.
c) La mise en place du dispositif technique et
opérationnel par la :
+ Fixation des modalités de contrôle mixte sur
les personnes, marchandises, véhicules, documents , matières
précieuses... de manière à mettre en oeuvre toutes les
conditions de sécurité pour assurer une libre circulation des
personnes et des biens et prévenir toutes activités subversives
et terroriste ;
+ Identification des moyens de transport utilisé pour
le trafic et les « modus opérandi » des trafiquants ;
+ Fixation de l'horaire de trafics et des jours de
marchés frontaliers en fonction des réalités du milieu
;
+ Organisation des réunions hebdomadaires
d'évaluation et d'échange d'information dans chaque poste
frontalier et chaque fois que la situation opérationnelle l'exige ;
+ Organisation des patrouilles mixtes diurnes et nocturnes. Il
est question de définir : la zone opérationnelle de chaque poste
(20 à 30 km de part et d'autre du poste d'attache) ; le nombre de
brigade frontalières mobiles (BMF) et leur composition sont fonction de
la situation opérationnelle du poste frontalier ; les assignations ;
+ La lutte commune contre les crimes organisés tels que
: les bandes armées et activités subversives, la contre bande et
le trafic des armes, le terrorisme national et international, le trafic des
drogues, la pédophilie et la traite infantile, la fraude, le trafic
illicite des matières précieuses et des espèces
protégées, la pollution transfrontalière et les crimes
contre l'environnement frontalier, l'exploitation anarchique des lacs, fleuves
et rivières frontalières ;
+ Identification de voies et modes d'infiltration, sources et
lieux de recrutement des
jeunes par l'ennemi, pistes d'aviations clandestines, dotation en
moyens techniques, logiques et autres.
2. La procédure relative à la formation du
personnel
La sous-commission formation du personnel est un cadre de
concertation sur tous les problèmes relevant de la formation du
personnel de police et des forces de sécurité publique dans les
Etats. Elle est dans ce cas, chargée de :
a) Concevoir les méthodes d'organisation, de
contrôle et de direction des activités relatives à la
formation du personnel à soumettre à l'approbation de la CCTS
;
b) Assurer le suivi et l'exécution des méthodes
et activités arrêtées par la CCTS dans le délai
imparti, programmer les activités d'assistance mutuelle en
matière de formation en vue d'harmoniser les méthodes de travail
de ce personnel ; promouvoir l'échange d'expérience par
l'organisation des séminaires, conférences et voyages
d'études, contribuer à, l'exploitation efficiente de la formation
acquise.
L'accomplissement de ces taches se fait au moyen de
contrôle suivant :
· Par le biais des structures diplomatiques et consulaires
des pays respectifs ;
· Par la vérification in loco en équipe
composée des membres de toutes les parties.
Ainsi les actions à entreprendre dans le cadre de
cette sous-commission se ramènent à : respecter scrupuleusement
les critères de sélection des candidats, assurer la formation
simultanée ou alternative dans les trois Etats, inventorier les sites de
formation en RDC et RC et envisager leur remise en état, introduire
l'enseignement relatif à la discipline militaire de chaque pays, exiger
la connaissance de la langue portugaise et française par les encadreurs
affectés dans les différents centre de formation, assurer la
formation des interprètes en langue portugaise et française afin
de faciliter la communication.
Paragraphe 2 : procédure
d'application au sein des sous-commissions libre circulation des personnes et
des biens et la question des refugiés et déplacés de
guerre
1. La procédure relative à la libre
circulation
Ayant pour tutelle la CCTS à laquelle elle se
réfère et rend compte, la sous-commission sur
l'établissement et la libre circulation des personnes et des biens est
composée des éléments de chacune des parties appartenant
aux services spécialisés. Elle a pour attribution :
· Concevoir les méthodes d'organisation, de
contrôle et de direction des activités de ladite sous-commission,
à soumettre à l'approbation de sa tutelle ;
· Assurer le suivi et l'exécution des
méthodes et activités adoptées par la CCTS dans le
délai imparti ;
· Concevoir les méthodes en vue de faciliter les
échanges commerciaux et la circulation des citoyens des trois Etats
à l'intérieur de leurs territoires respectifs ;
· Suivre l'évolution des flux migratoires en
collaboration avec les services spécialisés des trois Etats ;
· Veiller au respect des législations respectives en
matière de circulation des personnes et des biens ;
· Informer régulièrement la CCTS et proposer
les mesures pour renforcer le bon voisinage ;
· Prendre des dispositions pour que les territoires
des trois Etats ne servent pas de bases arrière aux activités
politiques et subversives contre l'un des Etats.
A ces attributions, il faut ajouter l'identification des
points d'entrée officiels. Ces points seront installés aux
endroits où les parties se seront mutuellement accordées pour le
passage des personnes et des biens.
Les différentes méthodes d'investigations à
recourir par ladite sous-commission dans le cadre de la réalisation des
taches assignées sont :
· Par le biais des structures diplomatiques et consulaires
des pays respectifs ;
· Par la vérification in loco en équipe
composée des membres de toutes les parties. De ce fait, les actions
à entreprendre dans la cadre de cette sous-commission se ramènent
à :
a) Echanger les spécimens des visas, des laissez-passer,
des sauf-conduits des 3 pays ainsi que les textes se rapportant à la
circulation des personnes et des biens ;
b) Uniformiser les laissez-passer et les sauf-conduits dans
leurs formes, leur contenu et leurs tarifs ;
c) Uniformiser la durée minimale pour le visa
d'entrée ;
d) Mettre sur pied une sous-commission technique chargée
d'élaborer un projet d'accord relatif au commerce frontalier et de
coopération douanière ;
e) Identifier les points d'entrée officiels et
uniformiser les heures de traversée au point d'entrée ;
f) Vulgariser les différentes clauses de la convention
ainsi que certaines dispositions des législations et
réglementations sur le séjour, l'établissement et la
circulation en vigueur dans les Etats signataires ;
g) Examiner la question particulière des citoyens
Ouest-Africains résidant dans les zones frontalières des trois
pays.
2. La procédure relative à la question des
refugiés
Cette sous-commission s'applique le long des frontières
communes et les espaces territoriaux définis par la CCTS. Elle veille
également aux respects des droits et devoirs des refugiés et
déplacés de guerre. Elle est composée des
éléments des chacune des parties appartenant aux services
spécialisés.
Elle est chargée :
· De concevoir les méthodes d'organisations, de
contrôle et des activités relatives aux refugiés et
déplacés de guerre à soumettre à l'approbation de
la CCTS ;
· Assurer le suivi et l'exécution des
méthodes et activités adoptées par la CCTS, dans le
délai imparti ;
· Procéder à l'identification et l'inventaire
des sites d'accueil ainsi qu'à leur localisation ;
· Organiser des visites conjointes aux centres d'accueil et
accompagner le rapatriement volontaire des refugiés ;
· Procéder à l'éloignement des
frontières de leurs pays respectifs, les sites des refugiés et
veiller à ce qu'ils ne servent pas de base aux activités
subversives et déstabilisatrices contre les Etats parties ;
· Informer régulièrement la CCTS et proposer
les mesures pour les mesures pour renforcer les relations fraternelles et le
bon voisinage.
Les actions à entreprendre dans le cadre de cette
sous-commission se ramène à :
· Recenser les refugiés avec le concours du HCR dans
chaque Etat partie (localité et province);
· Recenser les déplacés de guerre ;
· Effectuer les visites d'inspections (RC, RDC, RA et HCR)
dans les sites des réfugiés et déplacés de guerre
;
· Arrêter les modalités pratiques
consistant : à l'élaboration d'un projet de lettre d'entente
à soumettre à la signature des deux gouvernements
concernés (Angola et RDC) pour le rapatriement et le HCR pour le
rapatriement volontaire encadré, à l'éloignement des sites
des réfugiés des frontières communes ;
· Examiner des préoccupations de l'Angola, de la RC
et de la RDC sur la situation des réfugiés et
déplacés de guerre ;
· Prendre les dispositions préventives urgentes de
sécurité ;
· Prendre les mesures de sécurité et de
protection des réfugiés et de leurs biens.
Au regard de ce qui précède, et face à
des défis sécuritaires aussi nombreux et complexes, l'accord
tripartite de sécurité apparait donc comme une approche solidaire
qui peut donner de chances de succès dans la recherche d'une paix
durable. A cet effet, il s'inscrit comme un cadre juridique et une approche
globale entre le Congo, la RDC et l'Angola en matière de
prévention, de gestion et de solution.
Ainsi dans la pratique, la réalisation de
progrès significatifs apparait comme une condition décisive
dans la finalité d'un accord et son exécution, son application
et sa réalisation physique. Il est aisé de les conclure, mais
exécuter devient une dure
épreuve. Par conséquent, la mobilisation des
ressources nécessaires s'avère obligatoire.
CHAPITRE II : L'IMPACT DE L'ACCORD TRIPARTITE
Dans ce chapitre, nous allons nous atteler à faire
l'évolution du travail sur le terrain, tout en mettant en exergue les
avantages et les limites de l'accord
SECTION I : LES AVANTAGES DE L'ACCORD Paragraphe 1 : Du
point de vue de la réalisation de l'accord
L'accord tripartite de sécurité étant un
cadre juridique de réglementation, de la sécurité le long
des frontières communes, sur l'établissement et la circulation
des personnes et des biens, sur la question des réfugiés et
déplacés de guerre et sur la formation du personnel de la police
et des forces de sécurité, nous pousse à nous questionner
du fait de la complexité de son champ d'action si sa réalisation
effective tient compte des réalités et pesanteurs sociologiques
locales d'une part, et si elle est à mesure de répondre aux
attentes des gouvernements du Congo, de la RDC et de l'Angola et des
populations frontalières de ces trois pays sur les questions de
sécurité frontalière ?
Par là nous supposons que les vrais engagements de ces
trois Etats ne résident pas à la signature des documents
juridiques constitutifs de cet accord, mais dans leur dévouement
effectif et leur capacité à mettre à disposition de la
CCTS, organe de gestion dudit accord, des moyens techniques, financiers et
humains nécessaires pour mener à bien les objectifs
assignés pour rendre effectif cet accord par le biais de son programme
d'action.
Ainsi donc, sa concrétisation s'avère cruciale
parce qu'il à toujours existé dans l'oeuvre humaine un grand
fossé entre la conceptualisation et la réalisation, du fait des
réalités et pesanteurs sociologiques et de configuration du
milieu inhérents à la réalité sur le terrain.
Problèmes qui constituent un facteur déterminant de son
rendement.
Le commandement militaire intégré (CMI) ayant
pour mission entre autre : de pacifier les zones frontalières
(terrestre, et liquides) entre la République du Congo et la RDC, contre
les exactions des militaires en poste et des bandes armées, de rendre
effective la libre circulation des personnes et des biens le long du fleuve
Congo et de la rivière Oubangui favorisant par là une
cohabitation harmonieuse des populations riveraines.
Le CMI a eu lieu à apporter, dans le cadre de ces
patrouilles, les solutions sur les problèmes de sécurité
suivants : la matérialisation des frontières surtout au niveau de
l'île Mbamou ; l'immigration clandestine ; la mise en place des services
fixes de la police ; l'insécurité provoquée par les actes
inciviques des hommes en uniforme (marins de la RDC et du Congo
Brazzaville) ; l'entrave à la navigation ; le
ravitaillement irrégulier de la troupe, ce qui entraîne les
nombreux cas de raquette et de coups de feu intempestifs ; et la
déforestation sévère et effrénée de
l'écosystème opérée par des actions non
autorisées.
De même dans le cadre de l'OPAC, le CMI a eu à
mettre fin à : la perturbation de la navigation sur le fleuve Congo et
la rivière Oubangui ; de l'occupation anarchique des îles par des
éléments armés ; à l'érection des bouchons ;
à l'arraisonnement des bateaux civils et de commerce ; à
l'ouverture de feu de manière intempestive en direction des deux rives ;
aux exactions répétées sur les populations riveraines
découlant des suspicions nourries et qui demeuraient à propos de
la guerre se déroulant en RDC et engendrant des altercations entre les
troupes des deux Congo déployées de part et d'autre des
frontières communes.
Dans le cadre de l'exécution des plans d'action des
sous-commissions spécialisées, les réalisations se
résument à :
· L'identification, l'installation et le contrôle des
postes de frontières et des bureaux nationaux de contrôle
juxtaposé ;
· L'identification et contrôle des points
d'entrée et de traversée officiels ;
· La mise en vigueur du laissez-passer et sauf-conduit
harmonisés.
Les autres réalisations sont résumées dans
le paragraphe suivant comme avantage de l'accord.
Paragraphe 2 : La sécurisation du territoire et
la confiance mutuelle
L'avantage premier de cet accord est qu'il donne une longueur
de vue sur les mécanismes de gestion des conflits dans la
sous-région Afrique centrale en particulier et
généralement dans l'Afrique entière.
En dépit des conflits armés et diverses tensions
que connaît le Congo, l'Angola et la RDC, l'accord a permis par l'appui
des forces Angolaises de sécuriser les frontières terrestres du
sud du Congo et de la RDC ; à la destruction des bases arrières
des mouvements de rébellion de chacun de ces Etats et des contre bandes
armées.
Pour l'Angola, cet accord a été de beaucoup
d'une part dans la redynamisation des positions sur le terrain des forces
gouvernementales à la reconquête des positions occupées par
l'UNITA et de l'autre dans l'affaiblissement de cette dernière, à
la disposition de son leader Jonas SAVIMBI , à la reconversion de ce
mouvement rebelle en parti politique et à la fin de la guerre.
Au Congo, cet accord a permis aux autorités
congolaises de pacifier les zones du sud Congo contraignant ainsi les
différents mouvements rebelles opérant dans les zones à
accepter les négociations du fait même de la destruction de leurs
bases arrières.
En RDC, l'accord a permis la sécurisation parfaite du
sud-ouest, le mettant ainsi à l'abri des menaces et à des
diverses suspicions.
En outre, dans le cadre de la coopération tripartite,
l'accord a permis de mettre fin à la gestion précaire des
frontières communes à ces trois Etats ; de déterminer les
modalités pratiques de constitution et de mise en oeuvre par
l'organisation des missions exploratoires conjointes dans les zones
affectées par des problèmes de sécurité commune ;
par l'organisation de la vérification « in situ » des
incidents frontaliers ; par la planification des visites des sites
d'hébergements des réfugiés et la planification des
opérations conjointes de surveillance le long des frontières
communes tout en assurant les échanges d'informations de
sécurité.
Par le biais du commandement mixte intégré,
l'accord a eu à : favoriser les contacts et entrevus permanents entre
les autorités gérant la sécurité des secteurs
opérationnels afin de restaurer la confiance et les relations de bon
voisinage entre la République du Congo et la RDC ; l'amélioration
du climat et au rapprochement entre les forces armées des deux Congo ;
créer et implanter des postes de contrôle mixtes et
juxtaposés ; revaloriser des échanges commerciaux ; mettre en
place des mécanismes qui ont permis le retour volontaire des
réfugiés et autres exilés dans leur pays respectif, ce qui
a eu la décrispation de la situation sécuritaire au niveau des
frontières communes. Il ya également le
démantèlement des bouchons par la frange fluviale, à la
réouverture des postes de frontières et au rétablissement
de la libre circulation des personnes et des biens, la mise en place dans les
postes de contrôle des officiers de liaison.
Dans un contexte purement administratif, l'accord a permis :
· L'harmonisation et la conceptualisation des
laissez-passer et sauf-conduits dans leur forme, contenu, durée et tarif
et un visa unique dans les trois pays ;
· Création et harmonisation des bureaux de
contrôle ;
· L'uniformisation des heures de traversées, des
marchés et des conditions de séjour et d'implantation des
ressortissants d'un Etat partie dans les autres Etats ;
· Le rapprochement des autorités locales des deux
parties dans les zones de frontière à un échange
d'idées et d'expérience et à une confiance mutuelle.
Dans le cadre de la formation, l'Angola a offert ses
structures et son expérience aux deux Congo dans la formation des
policiers et des militaires dont les rendements fournis n'ont rien à
envier à un ou plusieurs éléments formés dans les
pays développés.
Enfin, la CCTS a permis la mise en place d'un cadre de
concertation entre les gouverneurs provinciaux (préfet) frontaliers pour
atténuer les dissensions frontalières et croissantes
apparaissant. Elle a également permis de mettre fin aux violations
fréquentes et occupations de certains villages avec implantation de
drapeaux étrangers, aux incursions des troupes armées, à
la réglementation des mouvements des expatriés et nationaux et
aux entraves à la circulation.
Malgré les réalisations et les avantages, la CCTS
a été confronté aux difficultés de
différents ordres.
SECTION II : LES LIMITES ET PERSPECTIVES DE
L'ACCORD
Elles se reposent aux différents constats faits par la
commission conjointe tripartite de sécurité et aux
difficultés auxquelles ont été confrontés les
organes techniques dans l'accomplissement de leurs tâches.
Paragraphe 1 : Au niveau des sous-commissions :
sous-commission sur la sécurité le long des frontières
communes
D'une manière générale, la situation de
sécurité le long des frontières communes est calme.
Cependant, les sous-commissions conjointes tripartites ont
révélé les faits suivants :
· La grande perméable des frontières communes
qui permet leur constante violation par l'existence des pistes et sentier non
contrôlés ;
· La violation des frontières par des populations
frontalières, pour l'exercice de la chasse, de la pêche, de
l'agriculture et de la cueillette, pose un problème de
sécurité ;
· Les incursions des militaires des forces Armées
Angolaises dans les villages congolais, de Tchitanzi, Ngounga et Tchisakata
à la poursuite des éléments isolés des bandes
armées du FLEC ;
· Les autorités provinciales ne disposent pas
l'information sur les décisions de la CCTS ;
· La contrebande des marchandises et le trafic des
Ouest-africains facilités par certains militaires des trois pays ;
· La culture du chanvre et le trafic des stupéfiants
par des populations frontalières avec la complicité de certains
éléments de la force publique ;
· Le fleuve Congo constitue un lieu de contrebande et
d'insécurité pour les populations riveraines des trois Etats ;
· L'absence de contrôle et d'aide humanitaire aux
réfugiés constitue une cause de désertion des camps et
d'insécurité le long des frontières communes ;
· La non observation des conditions normales de
rapatriement des citoyens irréguliers de la République du Congo
et de la RDC par les autorités de Cabinda (Angola) peut constituer une
entrave aux relations de bon voisinage existant entre les trois pays ;
· Augmentation d'ampleur des phénomènes
suivants : traversée clandestine, le vol, viol, fraude et contrebande
;
· La présence massive des ressortissants des trois
pays en situation irrégulière dans les provinces de Cabinda,
Bas-Congo et dans la région du Kouilou ;
· Présence nombreuse et irrégulière
des ressortissants étrangers en occurrence les Ouestafricains sur le
territoire Angolais en provenance de la RDC et du Congo Brazzaville ;
· La multiplicité des taxes illégales dans
les postes de frontière.
En outre l'insécurité observée sur le
fleuve Congo et la rivière Oubangui est l'oeuvre des troupes de la RC et
de la RDC déployées respectivement sur les deux rives, ces
troupes profitent de la situation de guerre qui prévaut en RDC pour
remplir les poches et satisfaire ainsi leurs appétits gloutons.
L'exécution des programmes d'activités
prévue n'a pas été respectée suite soit aux retards
dus aux difficultés conjoncturelles soit au manque de coordination dans
l'ordonnancement des moyens nécessaires par toutes les parties.
De la fermeture des frontières en passant par toutes
les difficultés que nous allons évoqués par la suite, la
coordination par le biais du CMI n'est pas arrivée à
résoudre tous les problèmes et son rendement n'a pas
été à la hauteur redoutant le désaveu à
l'OPAC sur laquelle les populations avaient fondé tous les espoirs.
Les difficultés rencontrées par la CCTS par le
biais de ces organes spécialisés peuvent se ramener aux
difficultés d'ordre financier, matériel et juridique.
Ainsi, dans le cadre de son fonctionnement quotidien, le
Secrétaire général de la CCTS a rencontré des
difficultés suivantes : absence des moyens de communications entre les
trois secrétaires généraux ; l'absence des moyens
bureautiques ; l'absence des moyens de transport ; l'absence d'un budget pour
son fonctionnement ; l'absence d'un statut juridique qui détermine le
secrétariat général de la CCTS comme un organe reconnu par
les gouvernements des trois pays. A cela, il faut ajouter les
difficultés dues au manque d'expérience en la matière. Les
contraintes budgétaires n'ont pas permis de décaisser des fonds
nécessaires à la CCTS.
Dans le cadre de ses opérations, le CMI-OPAC a eu
à relever les difficultés suivantes :
· Le lemming aux différentes patrouilles ne leur a
pas permis d'atteindre les postes lointains ;
· L'indisponibilité des moyens aériens
prévus n'a pas permis aux équipes techniques de surmonter les
questions d'éloignement des sites des réfugiés et de l'
état précaire des voies terrestres et liquides ;
· L'absence répété des
délégués de la Direction Générale de
Migration et de la police Nationale congolaise de la RDC n'a pas permis de
répondre à certaines préoccupations et surtout de donner
des détails techniques y relatif à la profession ;
Du fait des difficultés financières
décrites plus haut, le rendement du CMI s'est trouvé
affecté par :
· La prise en charge du personnel, notamment des
officiers de liaison, s'est révélé aléatoire, ce
qui fait que plusieurs postes se sont retrouvés soit sans officier de
liaison, soit avec un seul, ce qui dans les deux cas ne permet pas au CMI de
certifier rapidement les informations en provenance de ces postes ;
· Le manque des moyens propres de liaisons pour les
officiers de liaison ne permet pas au CMI d'être informé à
temps, des situations sur le terrain. De même le manque des moyens
d'embarcations n'a pas permis aux officiers de liaison d'atteindre les coins
éloignés en vue de vérifier certaines informations
capitales ;
· Le déploiement des officiers de liaison a
démontré l'insuffisance du personnel et la
nécessité du déploiement dans certaines
agglomérations importantes ;
· Le manque de moyens de transmission propre pour la
plupart des officiers de liaison, cela pose des problèmes de contact
direct avec le poste de commandement du CMI ;
· Le problème d'infrastructure pour la mise en place
des bureaux nationaux à contrôle juxtaposé, des postes de
traversée et des postes de contrôle ;
· Les problèmes inhérents à
l'insuffisance de l'information sur les décisions de la CCTS par les
autorités provinciales, des populations frontalières et au manque
de concertation entre elle ;
· La pauvreté, la misère, le chômage
et d'autres phénomènes socioéconomiques ont pour
conséquence la migration de la population source de l'augmentation de la
perméabilité des frontières. A cela s'ajoute l'absence et
l'éloignement des points de contrôle déterminés par
les administrations locales en tenant compte de la longueur des
frontières communes.
Paragraphe 2 : Perspectives
L'accord tripartite a permis une gestion commune des
différents problèmes inhérents à la gestion et la
sécurité des frontières. Cette expérience combien
louable est une grande première en Afrique centrale. Elle a donné
de bon rendement en dépit de quelques manquements et difficultés
constatées.
La CCTS organe de gestion de l'accord, ayant montré
ses limites, a été dépassé et engloutie par le
mécanisme tripartite de coopération politique et de
sécurité (MTCPS) à la suite de la décision prise
par les trois chefs d'Etats des pays signataires.
De ce fait, les suggestions que nous allons
évoquées doivent être prises en compte par les experts des
trois pays ayant été mandatés pour limiter la structure
pratique du mécanisme, ceci afin de le rendre plus dynamique et de
l'empêcher de tomber dans les mêmes erreurs et difficultés
que la CCTS.
Dans le cadre de la diplomatie préventive et de
l'effectivité des institutions d'intégration sousrégionale
de l'Afrique centrale en la matière, le mécanisme doit mener une
politique d'ouverture afin de faire intéresser d'autres Etats non
signataires tels que la République Centrafricaine et le Tchad, voire les
pays des grands lacs en ce sens que cela pourrait leur paraître comme une
opportunité pour faire asseoir la paix dans leur pays et
généralement dans la sous-région. Une telle approche
conviendrait également à consolider les échanges de
diverses natures entre les Etats impliqués et faciliterait l'application
de texte au niveau de la CEEAC et la CEMAC sur la libre circulation des
personnes et des biens.
Le nouveau plan d'action devrait également tenir compte
notamment de :
· La mise en place d'un schéma de consultation et
de concertation politico-militaire entre les Etats, capables de prévenir
et d'éviter la présence d'action ou de groupes de subversion et
terroristes dans les localités et airs des frontières communes
;
· La garantie d'une coopération efficace dans le
sens de promouvoir une ambiance de sécurité stable dans les
frontières communes ;
· La garantie d'une coopération efficace dans le
sens de promouvoir une ambiance de sécurité stable dans les
frontières communes ;
· La promotion par le dialogue entre les structures
compétentes des trois Etats, l'échange d'information sur les
questions relatives à leur sécurité notamment le long des
frontières communes ;
· La capacité de gérer avec succès les
crises qui affectent la sécurité aux frontières communes
;
· Organiser des réunions périodiques des
ministères des affaires étrangères, de la défense e
de l'intérieur, en vue de superviser la mise en oeuvre et le
perfectionnement de l'organe de gestion de l'accord ;
· Promouvoir le dialogue et le contact entre les hauts
fonctionnaires et experts des structures correspondantes ;
· Organiser des réunions ad hoc des
délégations militaires pour l'évaluation de la situation
et l'échange de point de vue et d'informations à propos des
questions de sécurité dans les frontières communes, ainsi
que pour l'application de mesures et actions concrètes dans le cadre de
ses objectifs ;
· Promouvoir le contact entre les autorités
locales et interlocuteurs sociaux pour l'analyse et décision relative
aux questions socio-humanitaires des migrations et des frontières ;
· Constituer des équipes de travail et
vérification, composées de civils, de policiers et de militaires,
dans le sens de prévenir d'éventuelles actions subversives,
terroristes et d'autres actes illicites.
CONCLUSION
Les causes des conflits en Angola, au Congo et en RDC et leur
persistance se ramènent aux conséquences
d'événements historiques, les facteurs internes et externes et
les motifs économiques. Ces causes découlent en particulier de
deux principales sources internes, à savoir la crise de gouvernance et
la pauvreté généralisée qui dans plusieurs cas ont
été aggravées par des facteurs externes.
Malgré d'énormes richesses naturelles que
possèdent ces trois Etats, la mauvaise gestion et une administration
inconstitutionnelle et non inclusive en ont non seulement retardé le
développement, mais en a polarisé les sociétés, ce
qui a débouché dans les cas extrêmes sur des
rébellions armées répétées et longue
guerres. Les conséquences désastreuses des conflits ont gravement
sapé les efforts déployés pour assurer une paix et un
développement durables.
Les crises internationales dans lesquelles sont
plongées ces trois pays ont eu une incidence négative
considérable sur les conditions de vie de leurs populations et accru la
pauvreté dans ces pays. Les gouvernements de ces pays en conflits ou
dans des situations d'après conflits ont dû détourner les
maigres ressources dont ils disposent pour faire face aux exigences accrues en
matière de sécurité. Les investissements dans les secteurs
sociaux vitaux tels que l'éducation, la santé et le logement en
ont souffert et les infrastructures se sont détériorées.
Ce qui a causé les mouvements des populations vers des zones de
survivance.
Bien sur que dans le monde de combat qui et le nôtre, un
monde marqué de tout de temps par les conflits armés, les
africains ne peuvent par angélismes suicidaires, se refuser à
affronter les défis et la permanence de la guerre. Surtout que
l'histoire enseigne, malgré les épreuves épouvantables,
effroyables et horribles qu'elle impose aux sociétés humaines, la
guerre est un moment d'émulation qui stimule l'instinct inventif de
l'être humain.
Aussi donc, la politique de sécurité est de nos
jours une dimension fondamentale de l'évolution des Etats «grands
et petits».
L'utilisation des mécanismes de la diplomatie
préventive est la bienvenue dans un contexte oüla
complexité des problèmes sécuritaires est à la
mesure des défis qui assaillent les pays en
cette ère de mondialisation
accélérée ou de profondes fractures traversent les nations
et les groupes de nations.
Très tôt, le Congo, la RDC et l'Angola, presser
par leurs conflits, ont pris conscience de la nécessité d'une
approche solidaire et coopérative pour faire face à ces
défis. Ils se sont dotés d'instruments juridiques d'une
exemplarité pertinente : l'Accord tripartite de sécurité
entre le Congo la RDC et l'Angola. C'est là l'unique cadre qui a eu par
sa gestion mixte gérer les différents problèmes tant
sécuritaires que d'ordres administratifs que se sont
révélés dans les zones de frontières communes
à ces trois pays.
Toutefois, au vu des réalisations de cet accord et de
l'ampleur du travail sur le terrain qui reste à effectuer, ces
instruments doivent sans cesse être perfectionnés dans le cadre
d'une
démarche stratégique globale qui n'aborde pas
les questions sécuritaires des frontières communes, de
manière isolée mais comme partie intégrante de la
problématique générale du développement dans le
contexte du monde actuel avec ses contraintes et ses possibilités.
C'est dans cette perspective que les chefs d'Etats
Dénis Sassou NGUESSO de la République du Congo, Joseph KABILA de
la RDC et Eduardo Dos SANTOS de l'Angola, conscients des limites de l'Accord
tripartite de sécurité dans sa pratique ont voulu au cours de
leur rencontre à Luanda Le 15 janvier 2004, par le biais d'une
décision dépasser cet accord par la création d'un
mécanisme tripartite de coopération politique et
sécurité (MTCPS), ceci dans le seul souci de parfaire
l'efficacité de la CCTS.
Les missions du MTCPS reprennent en grande partie celles jadis
dévolues à la CCTS, en y ajoutant les dimensions diplomatiques et
politiques.
Les textes réglementaires du MTCPS sont jusqu'à ce
jour en cours d'élaboration.
Du fait que le danger des échecs résident
souvent dans les humeurs des hommes, l'avenir du MTCPS réside à
la mise en place d'un schéma de consultation et de concertation
politicomilitaire entre les trois pays, capable de prévenir et
d'éviter la présence d'actions ou de groupe de subversion et
terroristes dans des localités et aires de frontières ; par la
garantie d'une coopération efficace dans le sens de promouvoir une
ambiance de sécurité stable dans les frontières communes ;
à la promotion par le dialogue entre les structures compétentes
des trois pays, l'échange d'information sur des questions relatives
à leur sécurité notamment le long des frontières
communes ; par la capacité de gérer avec succès les crises
qui affectent la sécurité notamment aux frontières
communes ; à sa contribution à la paix, à la
sécurité et à la stabilité en Afrique centrale par
son ouverture et pas son attraction à d'autres pays membres de la CEEAC,
à la mise en place d'un accord relatif au commerce frontalier et la
coopération douanière des Etats parties.
TABLE DE MATIERE
Introduction
|
.1
|
PREMIERE PARTIE : L'Origine de l'Accord tripartite
|
10
|
CHAPITRE I : La situation interne
|
.11
|
Section I : La situation interne en République du Congo
|
11
|
Paragraphe 1 : Le contexte socio-politique au Congo
|
11
|
Paragraphe 2 : La Situation sécuritaire au
Congo-Brazzaville
|
.14
|
Section II : La situation interne en RDC et en ANGOLA
|
17
|
Paragraphe 1 : La transition en RDC
|
.17
|
1-Le Contexte Politique
|
.18
|
2- La Sécurité en RDC
|
21
|
Paragraphe 2 : La fin de la guerre Angolaise
|
.22
|
1-Le Contexte politique
|
..23
|
2- La Situation sécuritaire en Angola
|
25
|
CHAPITRE II : L'Environnement international
|
27
|
Section I : Les mécanismes de la charte des Nations-Unies
|
27
|
Paragraphe 1 : La sécurité Collective
|
..27
|
Paragraphe 2 : L'ONU et les mécanismes régionaux
|
..29
|
Section II : Les mécanismes Africains
|
30
|
Paragraphe 1 : La Charte de l'Union Africaine
|
30
|
1-L'Union Africaine et la Sécurité Collective
|
.31
|
2-L'Union Africaine et les organismes sous-régionaux
|
31
|
Paragraphe 2 : Le Pacte Africain de non agression
|
..33
|
DEUXIEME PARTIE : Les mécanismes de l'accord tripartite
|
37
|
CHAPITRE I : Les stratégies et Procédures
d'application de l'Accord
|
..38
|
Section I : Les stratégies de l'Accord
|
..38
|
Paragraphe 1 : Coopération en matière de
sécurité
|
..38
|
1-La création d'une commission conjointe tripartite en
matière de sécurité le long des frontières communes
|
38
|
2-L'accord en matière de formation
|
.40
|
Paragraphe 2 : La libre circulation des personnes et des biens et
la question des réfugiés et déplacés de guerre
41
1-La libre circulation 41
2-La question des réfugiés et des
déplacés de guerre ..42
Section II : Procédures d'application de l'Accord 43
Paragraphe 1 : Procédure d'application au sein des
sous-commissions sécurité le long des frontières communes
et la formation du personnel .....43
1-La Procédure relative à la sécurité
le long des frontières communes 43
2-La procédure relative à la formation du personnel
45
Paragraphe 2 : Procédure d'application au sein des
sous-commissions, libre circulation des
personnes et des biens et la question des réfugiés
et déplacés de guerre .46
1-Procédure relative à la libre circulation 46
2-Procédure relative à la question des
réfugiés 47
CHAPITRE II : L'impact de l'accord tripartite 49
Section I : Les avantages de l'Accord ..49
Paragraphe 1 : Du point de vue de la réalisation de
l'accord 49
Paragraphe 2 : La sécurisation du territoire et la
confiance mutuelle ..50
Section II : Les limites et perspectives de l'Accord 52
Paragraphe 1 : Au niveau des sous-commissions : sous-commission
sur la sécurité le long des
frontières communes 52
Paragraphe 2 : Les Perspectives 54
CONCLUSION 55
TABLE MATIERE .56
ABRIEVATIONS 57
ABREVIATIONS
AFDL : Alliance des Forces Démocratiques pour la
libération du Congo
BMF : Brigade Mobile Frontalière
CCTS : Commission Conjointe Tripartite de
Sécurité
CEDEAO : Communauté Economique pour le
Développement des Etats de l'Afrique de
l'Ouest
CEEAC : Communauté Economique des Etats d'Afrique
Centrale
CEMAC : Communauté Economique et Monétaire des
Etats de l'Afrique Centrale CFCO : Chemin de fer Congo Océan
CMI : Commandement Militaire Intégré
COPAX : Conseil de paix et de sécurité de l'Afrique
Centrale
CPSUA : Comité de paix et de sécurité de
l'Union Africaine
CSSDCA : Conférence sur la sécurité, la
stabilité, le Développement et la coopération en
Afrique
ERDDUN : Espace Républicain pour la Défense de la
Démocratie et l'unité Nationale FDU : Force Démocratique
Unie
FLEC : Front de Libération de l'Enclave de l'Angola
FNLA : Front National de Libération de l'Angola
HCR : Haut Commissariat aux Réfugiés
MNLC : Mouvement National de Libération du Congo
MNR : Mouvement National de la Révolution
MPLA : Mouvement Populaire de la libération de l'Angola
MPR : Mouvement Populaire de la Révolution
MTCPS : Mécanisme tripartite de coopération
Politique et de sécurité
ONU : Organisation des Nations-Unies
OPAC : Opération Pacifique Congo OubanguiOTAN :
Organisation de l'Atlantique Nord OUA : Organisation de l'Unité
Africaine
PCT : Parti Congolais du Travail PIB : Produit intérieur
brut
PNB : Produit National Brut PPTE : Pays Pauvre très
Endetté PRI : Pays à Revenu Intermédiaire
RA : République d'Angola RC : République du
Congo RDC : République Démocratique du Congo
SADCC : Southern African Developpement Coordination Conference
SDN : Société des Nations
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UNITA : Union Nationale pour l'indépendance totale de
l'Angola UPADS : Union Panafricaine pour la Démocratie Sociale
USA : United State of América
|