Chapitre II :
Présentation de quelques projets à Man et
Duékoué
Ce chapitre est consacré à la
présentation générale de trois projets
exécutés par CARE dans le cadre des programmes d'urgence de
cohésion sociale avec un arrière plan de relance
économique et de lutte contre la pauvreté. Il y sera
exposé le contexte d'émergence desdits projets, leurs objectifs,
leurs normes et les écarts des politiques de ciblage des
bénéficiaires de chacun des projets sélectionnés
dans le département de Duékoué et de celui de Man. Nous
traiterons donc du projet ECHO, du projet PARCI et du projet AUDIO.
II.1-Du projet ECHO
II.1.1- Zone d'intervention
Echo est un projet qui a été
exécuté dans la Régions du Moyen Cavally à
Duékoué précisément dans les localités de
Fengolo et Toa Zéo.
II.1-2. Contexte d'émergence du projet
Les départements de Duékoué et de Man ont
été profondément affectés par les affrontements
entre belligérants. Ces affrontements ont été
accompagnés de destruction d'infrastructures socio-sanitaires et, plus
encore, d'une forte dissension sociale. Ainsi, la cohabitation
inter-communautaire se caractérise aujourd'hui par une crispation
identitaire nourrie en grande partie par des suspicions, des rancoeurs, des
ressentiments et la méfiance généralisée. En outre,
la dégradation des infrastructures routières, la
déstructuration des circuits d'échanges traditionnels, le
détournement des flux économiques, la paupérisation des
couches sociales traduisent, entre autres, l'état d'effondrement d'une
économie locale qui ne repose, en grande partie, que sur
l'activité agricole. La gouvernance locale a, elle aussi,
été fortement ébranlée. Celle-ci, pendant un temps
dans certains villages de Duékoué, est passée aux mains
des Forces Nouvelles qui, pour s'assurer le contrôle des
localités, ont procédé à l'imposition
d'autorités de fait. La zone de Man elle, est restée
entièrement sous leur contrôle. Il s'est donc créé
une sorte de vide en termes de gouvernance pour ce qui est de la
représentation officielle de l'État au niveau du chef-lieu. Dans
les zones rurales également, les différents chefs (famille,
terre, masque, village etc.) ont fui leur village sujet à des attaques.
Ainsi, de nombreux défis en matière de développement et
surtout de restauration du capital « confiance » entre les
populations se posent. En effet, face à l'ampleur du désastre
humanitaire induit par les tueries et les déplacements de populations,
les autorités n'ont pas réussi à apporter une
réponse adéquate à la demande sociale massive de prise en
charge psychosociale et économique des populations. Ces dernières
ont donc eu le sentiment d'avoir été délaissées par
des élus locaux qui n'ont pu leur dispenser de soutien que par
« doses quasi homéopathiques » ; le territoire
des départements étant grand, sans grand moyens et non
contrôlé par l'État de Côte d'Ivoire.
Dans ce contexte, il s'est créé un vaste champ
d'interventions touchant à des domaines variés de la vie sociale
et économique dont la réhabilitation des infrastructures
communautaires et la lutte contre la pauvreté. Par ailleurs, la
fragilisation des structures modernes et traditionnelles de régulation
sociale et politique, conjuguée à l'importante demande sociale de
pacification des relations intercommunautaires, a induit le positionnement de
nouveaux « entrepreneurs sociaux » sur le marché de
la médiation. Ces « entrepreneurs sociaux » sont les
ONG internationales (IRC, CARE, GTZ) voire nationales et leurs sous-traitants
(ICC), les comités de paix installés dans les villages, les
comités de gestions des infrastructures réhabilitées dans
les zones d'interventions des organismes d'appui... Mobilisant discours de non
violence et art oratoire, ces acteurs locaux assument des fonctions de
médiateurs promouvant, de la sorte, la cohésion sociale entre les
communautés.
Afin de restaurer le capital social dans les zones
d'intervention et redynamiser la cohésion sociale entre les
communautés autochtones, allochtones et allogènes au retour des
personnes déplacées internes (PDIs), CARE a exécuté
de 2006 à 2008, ce projet de paix et de cohésion sociale
financé par l'Union Européenne (UE) et dénommé ECHO
(Assistance d'urgence aux populations de l'Ouest directement affectées
par la crise en Côte d'Ivoire) d'une durée de 13 mois.
Initialement prévu pour 8 mois, il a duré 13 mois soit de Mai
2006 à juin 2007.
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