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Les relations entre la France et les Seychelles d'après la presse française (1977-2004)

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par Guillaume BURDEAU
Université Paris Ouest - Nanterre - La Défense - Master 2 Histoire 2010
  

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Chapitre XI : Les relations sanitaires

Sur le plan sanitaire, l'Afrique fait figure de sinistrée. Selon Claude ROUY, la coopération sanitaire est un domaine privilégié pour l'évaluation qualitative d'une aide bilatérale et est un des meilleurs reflets de volonté de coopération pour la France406. Elle est dirigée par le ministère de la Coopération, surtout en Afrique dès les années 70. La coopération sanitaire étant peu structurée, cela provoque un cloisonnement de l'action médicale, d'où les tentatives de réorienter la stratégie française dans ce domaine dès les années 80407. Les Seychelles bénéficient globalement du même aide que ses voisins du Sud-ouest de l'océan Indien. Pour que la France répondre aux besoins de ses habitants, les Seychelles, tout comme ses voisins, doivent exprimer ses besoins et entamer ensuite des négociations lors de tenues de commissions mixtes. La définition de ses objectifs en fonction d'un héritage structurel en matière de santé constitue le principal défi dans la coopération bilatérale avec la France dans le domaine sanitaire408. Nous pouvons donc nous demander comment ces relations sont présentées par la France ?

406 ROUY Claude, « La coopération sanitaire française avec les pays de l'océan Indien », Annuaire des pays de l'Océan Indien, Volume VII, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'Aix-Marseille, 1980.

407 BRUNET-JAILLY Joseph et KEROUEDAN Dominique, « La France a-t-elle une stratégie de coopération en matière de santé avec l'Afrique et Madagascar ? », L'Afrique politique 2001, Paris, Karthala, 2001.

408 Op. cit. ROUY Claude, « La coopération sanitaire française avec les pays de l'océan Indien », Annuaire des pays de l'Océan Indien, Volume VII, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'AixMarseille, 1980.

409 « Aide médicale de Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 20 janvier 1996.

410 BALENCIE Jean-Marc, La Diplomatie navale française en océan Indien (1967-1992), Lille, Atelier nationale de reproduction des thèses, 1992.

identifiés : un publié dans Le Monde, quatre dans la LOI. Pour deux d'entre eux, le domaine sanitaire est à peine évoqué. Les deux autres bénéficient d'un article consacré à la coopération sanitaire. Deux possibilités peuvent expliquer un tel désintéressement de la presse française. La première, la plus simple, c'est que cette coopération n'intéresse guère les journalistes. La seconde, probablement la plus plausible, c'est que la situation sanitaire aux Seychelles est satisfaisante409. Cette théorie peut être confirmée par Jean-Marc BALENCIE. En effet, d'après lui, les Seychelles sollicitaient de plus en plus rarement l'assistance sanitaire française. Pourtant, il n'était pas rare qu'à la demande des autorités seychelloises, des bâtiments français font escale dans des îles isolées ou de lointaines dépendances pour permettre aux spécialistes français de faire la maintenance des appareils de médecine, comme la radiographie dans les hôpitaux insulaires410. Cette situation, on le doit à France-Albert RENÉ411. En même temps, la santé n'est pas une priorité dans la politique extérieure de la France : elle est plutôt délaissée au profit de l'action sociale412. Ainsi, lors de rencontres, les dirigeants français et seychellois s'entretiennent très peu sur la santé, ce qui expliquerait pourquoi les journalistes n'en parlent pratiquement jamais. Pourtant, il y a des aspects importants qui ne sont pas évoqués dans la presse mais qui sont décris dans des annales scientifiques comme l'Annuaire des pays de l'Océan Indien : par exemple, la tenue à Victoria d'une commission mixte franco-seychelloise en juillet 1979 sur l'aide à la Santé rurale et sur la décentralisation des soins de base et qui a débouché sur trois projets d'aide413.

Le premier article remonte au 4 mai 1985 dans un article de la LOI intitulé « René à Paris ». Dans cet article, nous apprenons que RENÉ s'est entretenu sur la santé et la pêche avec le ministre français de la Coopération, NUCCI, le 26 avril 1985. On peut voir également que lors des tensions entre Paris et Victoria fin 1985 au sujet de l'adhésion de la France de la COI, les soins de certains malades seychellois dans les hôpitaux réunionnais alors pris en charge par l'administration française ont cessés414, le temps que l'atmosphère se calme entre les deux pays, bien sûr. Vers le 4 janvier 1988, pendant sa visite aux Seychelles à l'occasion de la quatrième commission mixte franco-seychelloise, Michel AURILLAC, ministre de la Coopération, a signé un accord dans le cadre d'un jumelage entre l'hôpital de Victoria et celui de Saint-Denis-de-la-Réunion415.

D'après le ministre de la Coopération PELLETIER le 17 septembre 1990, la CCCE s'intéresse au domaine de la santé aux Seychelles416. Un autre article intitulé « Axes de coopération française » parait dans l'hebdomadaire dix ans plus tard, le 21 octobre 1995. La ministre seychelloise des Affaires étrangères, Danielle de SAINT-JORRE, s'est entretenue, début octobre, avec le ministre délégué de la Coopération, Jacques GOFFRAIN, pour faire le point sur la coopération franco-seychelloise. Parmi les trois projets issus de ces entretiens, rapportés ensuite par l'hebdomadaire gouvernemental seychellois Nation, il y a un programme d'appui à la santé publique dans l'archipel de 2,5 millions FF, soit environ 384 600 euros417. On apprend davantage en détails ce projet dans un article publié dans la LOI le 20 janvier 1996. C'est le Fond d'action et de coopération (FAC), dépendant du ministère de la Coopération, qu'est chargé d'apporter cette aide à l'hôpital de Victoria. D'après cet article, cette aide qui devait s'étaler sur trois ans vise à soutenir et développer les actions réalisées depuis 1987 par la Coopération française à cet hôpital. Cela devait permettre la création d'une unité de néonatologie performante pour réduire le taux de mortalité infantile et le

renforcement du partenariat hospitalier existant depuis 1992 entre l'hôpital de Victoria et le Centre hospitalier départemental (CHD) de Saint-Denis de la Réunion.

411 LANGELLIER Jean Pierre, « Vent de démocratie aux Seychelles. Après quatorze années de socialisme autoritaire, cet archipel de l'océan Indien se convertit au multipartisme et libéralise son économie », 7 janvier 1992.

412 Op. cit. ROUY Claude, « La coopération sanitaire française avec les pays de l'océan Indien », Annuaire des pays de l'Océan Indien, Volume VII, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'AixMarseille, 1980.

413 Op. cit. ROUY Claude, « La coopération sanitaire française avec les pays de l'océan Indien », Annuaire des pays de l'Océan Indien, Volume VII, Aix-en-Provence, Presses universitaires d'AixMarseille, 1980.

414 « Tension avec Paris », La Lettre de l'Océan Indien, 23 novembre 1985.

415 « Commerce croissant avec la France », La Lettre de l'Océan Indien, 16 janvier 1988.

416 Op. cit. « La coopération française en 1989 », La Lettre de l'Océan Indien, 22 septembre 1989.

417 D'après nos calculs.

Enfin, le 31 décembre 1996, Laurence FOLLÉA, chef de la section médecines-mode de vie, service société au journal Le Monde, publie dans ce quotidien un article dont le titre de l'article veut tout dire : « L'île de La Réunion exhorte les pays voisins de l'Océan Indien à lutter contre le sida ». Parmi ses voisins, les Seychelles qui sont cités : d'après l'Organisation mondiale de la santé (OMS), dix-huit sidatiques sont recensés aux Seychelles à cette époque. Le SIDA était encore difficilement visible dans les îles du sud-ouest de l'océan Indien selon FOLLÉA. Pourtant, il faut savoir que le SIDA est une menace pour les sociétés et l'économie des États africains, d'où la participation accrue de la France aux côtés de l'UE, même si c'est du bout des lèvres418. D'après FOLLÉA, si la Réunion exhorte ses voisins, dont les Seychelles, à lutter contre le SIDA, c'est parce que dans ces pays, les malades ne jouissent des accès aux soins que possède la Réunion, cette dernière faisant alors figure de privilégiée dans la région.

418 Op. cit. BRUNET-JAILLY Joseph et KEROUEDAN Dominique, « La France a-t-elle une stratégie de coopération en matière de santé avec l'Afrique et Madagascar ? », L'Afrique politique 2001, Paris, Karthala, 2001.

Nous avons pu voir que les informations sur la coopération bilatérale dans le domaine de la santé ne sont quasiment pas évoquées dans notre corpus. Beaucoup d'éléments présents dans les annales scientifiques ou ouvrages semblent absents. Pourtant, c'est un aspect important des relations entre deux pays. Les quelques éléments cités par les journaux français sont intéressants mais nous donnes qu'une faible idée sur ce domaine. La presse française ne nous donne donc pas assez de renseignements sur la coopération sanitaire entre la France et les Seychelles de RENÉ. Si la presse française semble bouder ces relations, il n'est pas impossible que la presse seychelloise y accorde plus d'importance. En effet, il ne faut pas oublier que le développement de la santé fait parti des acquis importants du développement social seychellois présidé par cet homme.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery