Exploitation forestière et développement économique en milieu rural. Analyse du problème en territoire de Bagata, province de Bandundu (RDC)( Télécharger le fichier original )par P. Basile Sakata Selebay Université Catholique de Louvain - Master complementaire en Développement, environnement et société 2011 |
2.3.4. L'affectation des bénéfices tirés de l'exploitation des forêts coutumières.En général, les bénéfices tirés de l'exploitation reviennent individuellement au propriétaire reconnu, hormis quelques cas, pas très fréquents, où un lignage ou un clan s'est tellement bien organisé qu'il parvient à exécuter autour d'une forêt un projet d'exploitation à caractère communautaire94(*). Cas des villages de Mulir, Ngalane, Nter-bal, Mbalibi, Ntolonkubi et Mantiene (1996-1997). Les enquêtes ont aussi révélé que lorsqu'une terre ou une forêt appartenant à un clan ou une famille a généré des bénéfices quelconques (en termes de droit d'accès ou de participation au produit de l'exploitation consentie), la famille ou le clan ayant droit fait participer les autres familles ou clans du lignage aux bénéfices ainsi réalisés, très souvent de manière tout-à- fait symbolique. On observe la même attitude dans les sociétés traditionnelles où c'est le chef coutumier qui se trouve être l'ayant droit en matières foncières, forestières et de pêche. Le chef assure ainsi le partage du produit de sa gestion entre les clans et les familles relevant de son lignage. C'est dans la province de Bandundu, que l'on a dénoncé le plus grand nombre d'abus de la part des chefs des terres, qui utilisent à leurs profits exclusifs le produit de leur gestion. 2.3.5. Les principales difficultés mentionnées par les communautés locales à la suite de l'exploitation forestièreLes difficultés d'évacuation des produits agricoles récoltés et des produits forestiers prélevés par les communautés locales ont été mentionnées comme la principale contrainte qui affecte la vie des villageois, dans les milieux ruraux et qui entrave la commercialisation de ces produits. Ces difficultés sont liées à l'état de délabrement très avancé des routes95(*), qui entraîne quasiment l'enclavement des territoires villageois et, par ricochet, la non évacuation des produits villageois. Pour remédier à ce sombre tableau, les populations se servent en définitive de leurs corps, soit directement par la marche à pied avec la tête ou le dos bien chargés, soit au moyen des vélos. Le fleuve, les rivières et les ruisseaux servent à l'évacuation, dans les sites qu'ils bordent, mais là encore, les ruraux se servent une fois de plus de leurs muscles, en recourant aux pirogues. Les tracasseries administratives et fiscales constituent aussi un facteur de démotivation des élans villageois, quant à l'évacuation de leurs produits. Des taxes imaginaires et multiples frappent les produits villageois, davantage encore lorsque, par leurs efforts, les populations doivent emprunter les voies publiques d'évacuation. Que de barrières arbitraires ! Ces impositions sont souvent le fait des agents administratifs et de police. L'absence de marchés et d'entrepôts dans les contrées de Bagata est l'une des difficultés de commercialisation des produits forestiers et agricoles des populations locales. * 94 En pareils cas, les bénéfices tirés de l'exploitation sont affectés à la satisfaction des besoins communautaires. * 95 Cet état de délabrement ne concerne pas que les routes de desserte agricole, mais s'étend jusqu'aux routes d'intérêt national. |
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