I.2. Discussion
? Conductivité hydraulique
Les valeurs de conductivité hydraulique issues de
l'interprétation de l'essai de pompage sur chaque forage des
aquifères fissurés du N'zi-Comoé sont comprises dans
l'intervalle [1,79.10-8 et 3,8.10-6 m/s]. Ces valeurs
restent faibles mais présentent sensiblement la même gamme de
variation que les conductivités hydrauliques (10-9 à
3.10-5 m/s) mesurées en Ouganda sur des roches cristallines.
Elles sont également en accord avec les résultats de certains
travaux antérieurs réalisés sur le socle en Afrique de
l'Ouest en général et en Côte d'Ivoire en particulier. Les
résultats des travaux de Koussoubé (1996) dans les mares de
Sammiwéogo et de Dissa au Burkina Faso donnent des valeurs de
conductivité Hydraulique qui s'échelonnent entre
5.10-7 et 7.10-7 m/s. Dans les basaltes fracturés
de Djibouti, Houmed-Gabba (2006) a trouvé des valeurs dans l'intervalle
[4,1.10-8 ; 5,2.10-8] ; Ahoussi (2008) a lui aussi
trouvé des valeurs qui oscillent entre 2,25.10-8 et
9,29.10-5 m/s dans la région d'Agboville. Dans les formations
fracturées des départements de Dimbokro-Bongouanou (Centre-Est de
la Côte d' Ivoire), Koïta (2010) a obtenu des valeurs allant de
2,5.10-8 à 3,2.10-6 m/s. Ces valeurs de
conductivité hydraulique peuvent s'expliquer par le rôle
aquifère joué par la couche altérite. En effet, dans la
région du N'zi-Comoé, la couche altérite est de faible
épaisseur et est généralement dénoyée
(niveau piézométrique plus bas) (Koïta, 2010). Par
conséquent, le rôle capacitif de la couche altérite est
dans ce cas quasi inexistant ; la couche altérite ne peut donc pas
soutenir l'écoulement dans la zone fissurée et fracturée
sous jacente, comme décrit par Taylor et Howard (2000). Enfin, les
valeurs de conductivité hydraulique montrent une certaine
disparité. Cette variation spatiale des valeurs de K proviendrait de
l'hétérogénéité et surtout des variations
latérales et verticales de faciès. Les ordres de grandeur de la
conductivité hydraulique obtenue s'inscrivent dans les valeurs obtenues
par plusieurs auteurs dans la même zone, en côte d'Ivoire et
ailleurs dans les milieux cristallins fissurés.
? Transmissivité
Les transmissivités calculées à partir
des différentes méthodes (Cooper-Jacob, écopage,
analytique et Logans), elles sont comprises dans l'intervalle
[2,5.10-7 m2/s ; 2,7.10-3 m2/s] et
s'étendent sur plusieurs ordres de grandeurs. Les valeurs relativement
élevées des transmissivités observées pourraient
être dues à une densité de fracturation des roches. Mais
l'existence d'une densité de fracturation élevée ne suffit
pas à elle seule pour garantir de bonnes propriétés
hydrodynamiques s'il n'existe pas une bonne connexion des réseaux de
fractures. L'existence de joints subverticaux dans l'aquifère, contribue
selon Lachassagne et
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Evaluation et analyse géostatistique des
paramètres hydrodynamiques des aquifères fissurés de la
région du N'zi-Comoé (Centre-Est de la Côte d'Ivoire)
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Wyns (2005), à la connexion de ce réseau de
fractures. Seule une activité tectonique intense
caractérisée par une réactivation d'anciennes fractures ou
la mise en place de nouvelles fractures pourrait être à l'origine
de ces propriétés hydrodynamiques (Faillat, 1986). En effet,
l'altération joue un rôle primordial dans l'origine des fractures
et influence par conséquent les paramètres hydrodynamiques des
aquifères (Maréchal et al., 2004). Il semble
également exister plusieurs indicateurs géologiques et
hydrogéologiques qui pourraient agir sur la transmissivité de
l'aquifère. Une étude de la répartition des valeurs de
transmissivité, en fonction du type de formation de la zone
d'étude, montre que les formations métamorphiques,
constituées en majeure partie de schiste et de grès sont plus
transmissifs que les autres formations de la région du N'zi-Comoé
qui se caractérise par les valeurs de transmissivité les plus
faibles. Ces valeurs de transmissivité corroborent les résultats
obtenus antérieurement sur les aquifères fissurés en
Afrique de l'Ouest et en Côte d'Ivoire dans les roches fracturées
en général. Vouillamoz (2002), a trouvé au Burkina Faso
des valeurs qui oscillent respectivement entre 10-6 et
10-3 m2/s. Houmed-Gaba (2006) a obtenu des valeurs allant
de 5,78.10-4 à 5,7.10-1 dans les basaltes
fissurés de Djibouti. Aïssata (2010) a obtenu à Niamey des
valeurs comprises entre 3.10-5 et 1.10-2
m2/s.
Selon Lasm (2000), en Côte d'Ivoire, Degallier (1977) a
obtenu des valeurs qui s'échelonnent entre 10-4 et
8,33.10-5 m2/s dans le bassin versant de Korhogo.
Engalenc (1978-1979-1981) a obtenu des valeurs variant entre 1.10-6
m2/s et 1.10-5 m2/s. Soro (1987) a
trouvé des valeurs allant de 10-4 à 10-6
m2/s dans le bassin de la Mé. Faillat (1986a) a trouvé
des valeurs oscillant entre 10-3 et 10-6 dans la
région de Yamoussoukro. Biémi (1992), dan la région de
Haute Marahoué, a obtenu des valeurs de transmissivités oscillant
entre 10-4 et 10-7. Lasm (2000) a obtenu des valeurs
variant entre 1,09.10-6 et 2,32.10-3 dans l'Ouest
montagneux de la Côte d'Ivoire. D'après Yao et al.
(2010), les travaux de Koffi réalisés en 2003 dans le domaine
cristallin ivoirien (Biankouma-Man) montrent que dans le secteur Biankouma-Man,
la transmissivité moyenne est de 5,62.10-6 m2/s
avec la méthode de Théis et 1,60.10-5 m2/s
avec la méthode de Jacob. N'go et al. (2005) ont obtenu des valeurs
moyennes de 2,3. 10-4 m2/s dans les schistes et 2,6.
10- 4 m2/s dans les granites à Agboville. Les
résultats des travaux de Ahoussi (2008) donnent des valeurs qui
oscillent entre 1,6.10-6 et 1,11.10-3 m2/s sur
le socle dans la région d'Agboville. Les valeurs de
transmissivités obtenues dans l'ancienne boucle du cacao varient entre
6.10-6 m2/s et 6.10-3 m2/s
(Haubert, 1977 in Ahoussi, 2008). Les valeurs obtenues par Yao et
al. (2010), dans la région de Toumodi évoluent entre
1,34.10-6 et 6,93.10-4 m2/s. Les
transmissivités obtenues dans la région du N'zi-Comoé sont
hétérogènes (écart-type variant entre
3,7.10-6 et 3,71.10-4). Cette
hétérogénéité des valeurs des
transmissivités a été également constatée
par Soro (2002) avec une variation de 5,97.10-6 à
7,45.10-4 m2/s
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Evaluation et analyse géostatistique des
paramètres hydrodynamiques des aquifères fissurés de la
région du N'zi-Comoé (Centre-Est de la Côte d'Ivoire)
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pour le socle granitique et 1,83.10-5
m2/s à 2,69.10-4 m2/s sur les
métasédiments et métavolcanites. La dispersion des valeurs
de transmissivité est conforme aux résultats déjà
obtenus dans les formations analogues, aussi bien en Côte d'Ivoire qu'en
Afrique de l'Ouest par beaucoup d'autres auteurs tels que Savadogo (1984),
Traoré (1985), Biémi (1992), Tapsoba (1995), Savané
(1997), Lasm (2000) (Ahoussi, 2008).
Les valeurs de transmissivité sont de moyens à
forts, soit parce que les méthodes que nous avons employées ont
pour inconvénient de surestimer la transmissivité, soit parce que
la densité des réseaux de fractures et surtout les
possibilités de leur connexion sont importantes pour permettre une
circulation d'eau plus facile. En ce qui nous concerne, nous penchons pour
cette deuxième éventualité parce qu'elle est conforme aux
résultats acquis par Koïta (2010) à travers l'étude
de la fracturation des aquifères de la région du
N'zi-Comoé. Il ressort de cette étude que les valeurs de
transmissivité acceptables oscillent entre 10-7 et
10-3 m2/s avec toutes les méthodes.
. Coefficient d'emmagasinement
Les valeurs de coefficients d'emmagasinement obtenus dans la
région du Nzi-Comoé, sont élevées et oscillent
entre 1,88.10-5 et 7,96.10-1. Les valeurs de coefficient
d'emmagasinement trouvés dans la littérature, pour des milieux de
nature similaire, sont de l'ordre de 10-7 à 10-2
(Montiers et al., 1965 ; Lapcevic et al.,1993). Au centre de
la Côte d'Ivoire, Faillat (1986a) a obtenu des valeurs de S allant de
9.10-5 à 1,1.10-3 ; Vouillamoz (2002), a obtenu
des valeurs de S, oscillant entre 1.10-4 et 1.10-1 au
Burkina Faso; Guissimbana et al., (1997) ont trouvé des valeurs
allant de 1.10-3 à 3.10-2 au Burkina Faso. Boukari
et Guiraud (1965) obtiennent dans les migmatites fracturés du
Bénin des valeurs allant de 5.10-6 à
6.10-5. Au Burkina Faso, des valeurs de 2,64.10-5
à 5,4.10-5 ont été trouvées dans les
granito-gneiss de Zigla et de Mogtedo. Dans le Nord-Est du Maroc, Mortier et
al., (1965) ont obtenu dans les formations volcaniques
fracturées des valeurs variant de 2.10-2 à
7.10-2. De même Jalludin (1993) a évalué dans
les réservoirs fracturés de Djibouti des valeurs de coefficient
d'emmagasinement oscillant entre 5.10-6 et 4.10-2. Les
fortes valeurs de coefficient d'emmagasinement se retrouvent dans les schistes
fissurés qui constituent les réservoirs les plus
intéressants car leur structure en feuillet leur permet d'emmagasiner
plus d'eau (Koïta, 2010). La grande dispersion des valeurs des
différents coefficients d'emmagasinement proviendrait de l'importante
hétérogénéité de faciès lithologiques
rencontrés au niveau du système aquifère et des variations
quantitatives et qualitatives de la fracturation (Bahir et al., 2008). En outre
il ressort de cette étude que dans région du N'zi-Comoé,
les valeurs acceptables du coefficient
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Evaluation et analyse géostatistique des
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région du N'zi-Comoé (Centre-Est de la Côte d'Ivoire)
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d'emmagasinement s'échelonnent autour de 10-5
à 10-2 en utilisant les transmissivités
calculées avec la
méthode de l'écopage et la méthode
analytique.
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