UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Mémoire de Maîtrise
ETUDE DU CENTRE-VILLE DE RUFISQUE : CARACTERISTIQUES
DU PAYSAGE URBAIN ET MUTATIONS FONCTIONNELLES
Présenté par: MAMADOU ALIOU
DIALLO Sous la direction de :
Année universitaire 2008-2009
Monsieur YAKHAM DIOP Professeur à
l'U.C.A.D
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UNIVERSITE CHEIKH ANTA DIOP DE DAKAR FACULTE DES LETTRES
ET SCIENCES HUMAINES DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Mémoire de Maîtrise
ETUDE DU CENTRE-VILLE DE RUFISQUE : CARACTERISTIQUES
DU PAYSAGE URBAIN ET MUTATIONS FONCTIONNELLES
Présenté par: MAMADOU ALIOU
DIALLO Sous la direction de :
Année universitaire 2008-2009
Monsieur YAKHAM DIOP Professeur à
l'U.C.A.D
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Liste des sigles et acronymes :
ADM : Agence de Développement
Municipal
ANDS : Agence Nationale de la Statistique et de
la Démographie
AOF : Afrique Occidentale Française
DAF: Direction des Affaires Financières
DPM: Direction de la Police Municipale DRH:
Direction des Ressources Humaines
DST : Direction des services techniques de
Rufisque HLM : Habitat à Loyer Modéré
IAGU : Institut Africain de Gestion Urbaine
ICOMOS : Conseil International des Monuments et
des Sites
IFAN : Institut Fondamental d'Afrique Noire
SOCOCIM : Société Ouest Africaine de Ciment
UCAD : Université Cheikh Anta Diop de Dakar
UICN : Union Mondial pour la Nature
UNESCO : Organisation des Nations Unies pour
l'Education, la Science et la Culture
PROBLEMATIQUE :
Le patrimoine se conserve, les traces du passé se lisent.
Tel est l'héritage et le tableau que nous offre la ville de Rufisque,
témoin privilégié d'une longue présence
française.
Rufisque, centre commercial et administratif avec des pouvoirs
non moins importants se voit confier un rôle important dans
l'économie arachidière.
La graine au premier plan, même dans la morphologie
urbaine, comme si le centre --ville de Rufisque n'avait pour but que la
vulgarisation du commerce de l'arachide, l'espace d'un moment « du fait de
la transposition arbitraire d'un style architectural qui ne correspond
nullement aux aspirations de ceux qui en « bénéficient
» et au besoin de leur pratique sociale quotidienne »1,
résultant plus d'une simple utilisation que d'une maîtrise totale
du site.
« L'habitat adopte une sorte de structure dualiste, d'un
côté le nouveau quartier de l'escale (la ville lotie)
entièrement conçue et organisée pour le commerce de
l'arachide, où se trouvaient également les villas des grands
commerçants, de l'autre côté, à l'est et à
l'ouest, l'agglomération " désordonnée " des quartiers
lébous. Le plan de la ville relève d'une géométrie
fondée sur la recherche d'éléments mesurables et
négociables arrangeant tout le monde, répartiteurs,
spéculateurs, entrepreneurs. »2
Entre un passé récent et aujourd'hui, le
centre-ville s'est mu pour devenir un pôle d'attraction des services, du
commerce, de la vie culturelle et économique donc un lieu où se
développe l'ensemble des activités.
« Malgré les efforts de déconcentrations
des activités tertiaires menées par de nombreuses villes, les
centres-villes continuent de focaliser toute une gamme de services
professionnels, commerciaux et administratifs. Ce type d'emplacement parait le
plus adéquat à la fois pour irriguer en innovations et en
informations l'économie métropolitaine »3.
1 Dubresson, Alain. L'espace Dakar --Rufisque en
devenir .De l'héritage urbain à la croissance industrielle
.ORSTOM. P114
2Rufisque.Réalités-urbaines.Direction
des services techniques.mai 2000
3 Citation reprise par Raymond Guglielmo dans son
ouvrage intitulé « les grandes métropoles du monde
».Edition Armand Colin, p111
A travers ses phases évolutives , l'originalité
de Rufisque se note dans la transition d'un centre qui jadis « une
parfaite illustration de la projection spatiale d'un système où
tout est marchandise , où tout se négocie »4 et
pour qui « c'est le 09 septembre 1862 que le plan directeur de la
villeproduit d'une conjonction d'intérêt entre le grand commerce
colonial et de l'administration coloniale- est rendu exécutoire
»5, s'intéresser petit à petit à d'autres
secteurs d'activités alors qu'elle était «
créée par et pour la fonction portuaire »6.
figure1 : en vert le centre-ville
|
|
Photo 1 : Le canal de l'est
|
Produit colonial avec un espace limité entre les canaux
de l'ouest et de l'est, de part et d'autre de la route nationale, l'escale (la
ville lotie) ou centre-ville reste figé et n'a pas la possibilité
de gagner en extension .Mais le contexte n'est plus le même et une
redéfinition des limites du centre-ville s'impose.
Photo 2 : un nouveau bâtiment Photo 3 : structure
moderne Photo 4 : circulation difficile au centre-ville
4 Dubresson, Alain. op. cit. , p21
5 Dubresson, Alain. Idem
6
6 Dubreson, Alainibiden
8
Photo 5 : Pierre de Rufisque Photo 6 : le jardin Photo 7
: ancienne police Photo 8 : toiture en ruine
dans un bâtiment public rénové en
réfection
Le centre-ville de Rufisque est caractérisé pour
une grande part par des bâtiments vétustes localisés
à l'intérieur même c'est-à-dire dans sa partie sud
contrairement à une zone nord partiellement rénovée. Au
delà des considérations purement architecturales le vieux centre
a su petit à petit devenir un outil administratif, un pôle central
pour l'ensemble des activités de la ville. De la ville coloniale
promotrice de la civilisation et de l'art de vie française, à la
ville administrative et pôle des services, la transition n'a pas
été une entreprise facile pour une ville qui doit se positionner
comme une véritable locomotive ,obligée de se conformer à
un héritage structurel pour le moins favorable à un
développement durable .Ainsi le centre-ville de Rufisque reste
confronté à un problème de mutisme spatial en raison d'une
organisation de l'espace figé depuis l'ère coloniale l'obligeant
à s'adapter à cette réalité.
Il s'en est suivi d'une ère de redéfinition des
fonctions de certains bâtiments coloniaux dans le but de revaloriser le
patrimoine et de diversifier les services mais sans effet.
.
Il devient logique de lier les nombreuses difficultés
dans la circulation en plein centre-ville au mutisme spatial, lesquels
problèmes sont loin d'être un vieux souvenir au regard de
l'importance considérable du trafic et de l'étroitesse des
voies.
Quel avenir pour un centre-ville à cours d'espace
utilisable pour une redynamisation structurelle, un centre aux activités
concentrées dans un espace déjà circonscrit depuis
l'ère coloniale ?et qui doit répondre à la demande d'une
population sans cesse grandissante liée à l'étalement de
la ville vers le nord.
Selon les estimations de la Direction de la Prévision
et de la Statistique, la population du département de Rufisque qui
s'élevait à 41000 habitants en
1960, est très vite passée à
328709 habitants en 2008 avec un total de
5475 habitants concentrés dans les quartiers de
Keury Kao et
Keury Souf formant le centre --ville.
Cette réalité est présente et place le
centre-ville de Rufisque devant une problématique complexe regroupant
à la fois plusieurs aspects de la mobilité urbaine passant par la
survie du patrimoine à un déficit de structures. Sur l'ensemble
des bâtiments que compte le centre-ville nombreux sont encore en
état de délabrement ou encore vieux sans aucune réfection
à part certains destinés au service administratif. A cela
s'ajoute un réseau viaire complètement vétuste et
étroit rendant ainsi la circulation piétonnière et
automobile très difficile au centre-ville.
Photo 9 : Ancien entrepôt Photo 10 : école
au cSur Photo 11 : bâtiment en ruine Photo 12 : Le nouveau
en ruine du marché chemin de fer
Photo 13 : Toiture délabrée Photo 14 :
canalisation Photo 15 : la gare ferroviaire Photo 16 :
bâtiment
au marché vétuste rénovée
moderne
L'état actuel des structures soit les aspects
morphologiques du bâti associé au contexte actuel de dynamisme
économique ne constituent-t- ils pas une entrave à
l'émergence du centre-ville ?ou au contraire sa réhabilitation ne
pourrait-t-elle favoriser ou constituer un point positif de la renaissance
touristique de l'ancien tissu ?
Autant d'interrogations qui permettent d'établir une
problématique voire des inquiétudes quant au devenir de Rufisque
qui se voit petit à petit transformer en véritable taudis du fait
de l'appropriation du centre-ville par des populations ou des «
Baol-Baol » ne se souciant guerre de la valeur
touristique au risque d'assister à une cohabitation entre une ville
ancienne par l'héritage français vétuste et une ville
moderne caractérisée par une superstructure neuve
localisée pour l'essentiel le long de la route nationale.
Ce mutisme spatial est imputable à une mutation
partielle des fonctions s'opérant à l'intérieur d'un
centre étroit, dans des bâtiments voués à d'autres
fonctions, accentuant la demande en
services. Des faits qui donnent lieu à une critique des
politiques urbanistiques car il y'a lieu à une politique de
délocalisation des fonctions.
Photo 17 : Quelques aspects du bâti
En dehors de ses bâtiments en ruines comme en
témoigne l'état de délabrement avancé du
lycée Abdoulaye Sadji, le centre-ville est envahi de partout par
«une marée montante» d'écoles privées, toutes
concentrées dans un espace très réduit, agressant
d'avantage le vieux centre, grignotant le moindre mètre carré
sous le regard coupables des autorités.
Tout cela renvoie à l'environnement qui se trouve
menacé par les va et vient incessants, la circulation difficile
siège d'une pollution continuelle, les bruits et les cris de tout part
symbole d'un centre-ville « agonisant » et invivable.
Se déplacer dans la ville relève d'un exploit
quotidien tant le trafic entre Dakar et le reste du Sénégal a
fini d'empoisonner Rufisque.
La dégradation de l'environnement culturel, la
vétusté du bâti, la crise sociale avec le chômage
croissant des jeunes, doivent faire réfléchir les
autorités locales sur la nécessité d'apporter au
centre-ville de Rufisque un souffle nouveau.
Autant de questions sur lesquelles doivent débattre les
acteurs de l'animation urbaine pour parer à toute taudification du
patrimoine.
Le changement de statut n'est pas du tout facile, car entre
une population qui ne cesse de croître et la recrudescence des demandes,
il y'a plusieurs problèmes qui interpellent les pouvoirs
compétents en matière de santé, éducation et
services variés.
10
Photo 18 : La nouvelle sonatel Photo 19 :
une rue du centre ville Photo 20 : fenêtre
délabrée
L'objet de notre étude, axée en partie sur les
caractéristiques du paysage urbain, constitue une esquisse afin
d'appréhender l'aspect des bâtiments à savoir un
état des lieux du patrimoine historique mais aussi une manière
d'analyser avec objectivité le contraste dans les politiques
urbanistiques au centre-ville matérialisé par une mixité
paysagère.
Une étude des fonctions du centre-ville est un moyen de
voir son véritable potentiel culturel, commercial, économique,
pour redéfinir sa véritable place à savoir s'il peut jouer
le rôle d'un véritable point de convoitise, un satellite pour
prétendre s'imposer comme un pôle fournisseur de services plus
performants, partant même à canaliser une majeure partie des
services en direction de la capitale, mais également répondre aux
exigences d'une population urbaine qui ne cesse de s'agrandir.
12
CONTEXTE ET JUSTIFICATION:
L'apport d'une contribution à l'étude du centre-
ville de Rufisque à travers une approche morphologique et fonctionnelle
constitue un moyen de comprendre l'impact d'un héritage sur un support
physique, les conséquences qui en découlent, qu'elles soient
bénéfiques ou néfastes, pour une ville qui était
supposée être un grand pôle commercial car dotée de
réseaux et de services performants.
Il ne s'agira pas de faire un inventaire ou d'établir
une liste exhaustive de conséquences mais d'analyser de manière
objective les voies d'éventuelles sorties de crise pour une ville qui,
bien gérée pourrait être le fer de lance d'une
économie encore sous le choc.
Des questions se posent et interpellent les pouvoirs publics
quant à l'organisation de l'espace et à la gestion des
activités du centre-ville.
Est-ce qu'il ne serait pas opportun d'analyser l'échec
d'un plan d'organisation de l'espace ou bien une volonté
délibérée de resserrement de l'étau autour de
Dakar?
Entre une nécessité d'aménager, mise en
place d'équipements fonctionnels et une redynamisation du potentiel
économique, il y'a matière pour une réflexion mure et une
concertation dans les manières d'utiliser l'espace.
Comment expliquer le contraste entre un centre-ville qui
semble garder intact l'héritage colonial et une zone
périphérique, théâtre d'une modernité
importée ne se souciant que de la beauté de ses maisons alors
qu'elle pourrait être un espace de relais infrastructurel ?
Est-ce à dire que la ville se définie par la
beauté de ses maisons que par l'importance des fonctions et services
qu'elle doit promouvoir ?
Autant de questions qui permettent de recadrer la
véritable place du centre-ville de Rufisque en tant que pôle
promoteur, faisant ainsi réfléchir les pouvoirs compétents
sur les politiques à mener pour une meilleure gestion et valorisation du
potentiel culturel, économique.
Objectif général :
Cette recherche s'inscrit dans le cadre d'une étude du
mode de composition urbaine de Rufisque par une analyse de ses contraintes et
possibilités au plan morphologique (patrimoine architectural) et
fonctionnel.
Objectifs spécifiques :
' Il s'agit de voir sur quoi repose vraiment l'économie du
centre-ville à savoir quels sont les véritables pôles de
développement.
Est-ce que ces secteurs sont prometteurs et peuvent garantir
à long terme le développement durable.
' Etudier les mutations fonctionnelles au centre-ville et la
manière dont elles se manifestent.
' Il importe d'étudier les politiques de sauvegarde et
de valorisation patrimoniale menées pour sortir le centre-ville de
Rufisque de son état de vétusté (la majorité des
bâtiments est en état de délabrement avancé).
Hypothèses:
' L'héritage colonial rufisquois est plus une
opportunité qu'une contrainte pour la ville.
' Les mutations fonctionnelles n'évoluent pas dans le sens
d'une diversification de l'offre en services. (Absence de services de haute
pointure).
' Le centre-ville de Rufisque n'est pas suffisamment
outillé pour répondre aux défis actuels de modernisation
(des structures à forte dominante commerciale et administrative).
14
16
DEMARCHE METODOLOGIQUE
Dans un souci de mener à bien notre projet de recherche
et de cerner l'ensemble des points qui structurent notre problématique,
il nous a paru plus judicieux de choisir une démarche
méthodologique qui s'articule autour de trois piliers principaux:
> la recherche bibliographique
> la collecte des données de terrain
> le traitement et l'analyse de l'information
--I-- LA RECHERCHE DOCUMENTAIRE :
La recherche documentaire a permis de faire l'état des
lieux de la question et affiner les pistes de recherche. Autrement dit c'est
une approche qui permet de faire une synthèse et un recoupement des
différents documents qui s'insèrent dans notre étude afin
de soulever des questions pertinentes sur le centre ville de Rufisque.
Cette documentation s'est faite sur la base d'ouvrages
généraux, de rapports, d'articles de presses, de mémoires,
et par la consultation de sites internet.
A travers elle, nous avons eu la connaissance d'un ensemble de
points qui témoignent de la complexité de l'étude de
Rufisque tellement les angles de recherche sont multiples et
interprétables selon les voies que l'on se fixe.
Cette recherche nous a conduit dans plusieurs sites:
> La bibliothèque universitaire de l'UCAD
> La bibliothèque de l'IFAN
> La bibliothèque du département de
géographie
> L'agence nationale de la démographie et de la
statistique
> Le service de l'urbanisme de Rufisque
> La mairie de la ville de Rufisque
> La direction des services techniques de Rufisque
> Le service du cadastre de Rufisque
> L'institut africain de gestion urbaine
> L'office du tourisme à Rufisque
--II-- LA COLLECTE DES DONNEES DE TERRAIN:
Elle a consisté à recueillir des informations
sur l'espace du centre ville de Rufisque. Lors de nos différentes
missions on s'est efforcé de faire un état des lieux du paysage
urbain et d'étudier la nouvelle appropriation du centre ville par ses
usagers, un inventaire du patrimoine culturel selon ses différentes
composantes, son aspect actuel, mais également d'obtenir des
informations sur le nouveau statut du centre- ville de Rufisque.
Cette collecte des données sur les aspects du paysage
urbain, s'est faite suite à de nombreuses sorties au centre-ville. On
s'est efforcé de faire un tour complet de chaque rue pour localiser les
différents types de bâti mais aussi leur aspect actuel.
Celle--ci a nécessité de longues heures de marche
avec en main un bloc note qui a permis de recenser les aspects majeurs des
dégradations.
Pour mettre en place une typologie de l'habitat, on s'est
servi d'une carte de Rufisque en plus de nos différentes observations au
niveau du site. Il ne s'agissait pas de faire cette typologie en tenant compte
des détails près de toutes les composantes mais faire ressortir
la tendance générale de la composition de l'habitat.
Une visite a été menée au niveau des
différents organes et institutions qui interviennent dans l'animation
des activités du centre ville de Rufisque afin de consulter leur base de
données et dans certains cas pour obtenir des informations sur la part
d'action réservée à chacun d'eux. L'essentiel des cartes
utilisées dans la troisième partie de ce mémoire a
été réalisé à la main. Pour se faire, il a
fallu un recensement de chaque fonction au centre-ville, en tenant compte aussi
bien de l'îlot que du nom de rue afin d'être le plus précis
possible.
La réalisation de ce mémoire de maîtrise n'a
pas été chose aisée au vue des innombrables
difficultés rencontrées sur le terrain.
Tout d'abord, le manque de moyens financiers surtout que ce
mémoire comporte de nombreuses photos et cartes en couleur qu'il a fallu
scanner, sans oublier l'impression.
Ensuite, ce travail a coïncidé avec une
période d'élections locales qui a vu l'ancien régime
déchu, et une nouvelle équipe municipale mise en place. De ce
fait nous n'avons pas pu accéder à certaines informations qui
nous auriez permis d'aborder ce mémoire sous un autre angle. Les
différents responsables rencontrés nous ont signifié
qu'ils étaient en phase de constituer leur équipe de travail et
qu'ils n'avaient pas encore pris leur fonction. Nous n'avons pas
été en mesure d'avoir un repère fonctionnel du
centre-ville de Rufisque ne seraitce que pour une année précise
en raison d'archives lacunaires.
En dépit de toutes ces difficultés, nous avons pu
collecter les informations qui nous ont permis de produire ce document.
--III-- LE TRAITEMENT ET L'ANALYSE DE L'INFORMATION
:
L'information obtenue, il s'agira ensuite de la traiter sous
forme statistique grâce à des logiciels très pointus comme
Microsoft Word et Excel.
Pour l'essentiel des données quantitatives ou
qualitatives il sera intéressant de les présenter sous forme
cartographique, sous forme de croquis ou de tableau pour mieux saisir leur sens
et d'en faire une bonne interprétation.
Il nous appartiendra de choisir la méthode la plus
adaptée ou la plus appropriée pour l'exploitation maximale des
données recueillies.
Cette étude s'articule autour de trois parties
essentielles :
- Dans la première partie il s'agira de faire une
étude physique et démographique de la ville de Rufisque.
Une esquisse historique sera donnée afin d'avoir une
meilleure compréhension du passé de Rufisque.
Cette étude historique est indispensable à mon avis
car elle constitue une matière voire un support dans la
compréhension du cadre dans lequel elle a évolué.
Cependant, je n'ai pas jugé nécessaire d'entrer
dans les détails puisque nombreux sont les auteurs qui en parlent.
Elle est seulement un fil conducteur qui permet au lecteur de
se retrouver facilement dans ma problématique et d'avoir une plus grande
aisance dans la corrélation entre le passé historique de la ville
et ses problèmes actuels.
- La deuxième partie porte une attention
particulière sur la morphologie urbaine et le patrimoine architectural
rufisquois. Il s'agira d'analyser les traits particuliers du paysage urbain
afin de déceler l'aspect actuel du réseau viaire, du bâti
ancien et moderne, et voir dans quelle mesure le patrimoine culturel est
entretenu et valorisé.
- Enfin une troisième partie sera consacrée aux
aspects fonctionnels du centre-ville. Il importe d'étudier les mutations
fonctionnelles et leur poids dans le renforcement des activités
centrales mais également le sens dans lequel elles s'opèrent.
18
INTRODUCTION
La problématique de la ville africaine est rendue complexe
et difficile du fait de la combinaison des trois facteurs essentiels
suivants: une démographie galopante sans rapport avec
le taux de développement économique, une insuffisance de
ressources financières pour faire face aux besoins croissants en
études et travaux d'aménagement, une insuffisance de ressources
de cadres et de techniciens qualifiés , capables d'appréhender
les besoins de développement socio-- économiques des
agglomérations et de faire des projections cohérentes sur
l'avenir.
« Il est généralement admis de dire qu'il y' a
quelques décennies seulement, la plupart des villages africains, de
petites agglomérations vivaient en harmonie avec leur environnement
qu'un fragile équilibre s'était constitué lentement au
cours des siècles.
L'occupation de l'espace reflétait le mode de vie, le
contact avec d'autres civilisations, la tentation du progrès ont
modifié les intérêts, les besoins, les équilibres,
les modes de vie .Les rapports entre environnement, mode de vie et occupation
de l'espace sont en pleine évolution .Une bonne approche de
l'environnement par les habitants mais aussi par « ceux de
l'extérieur » est plus que jamais nécessaire
»7.
Ainsi la plupart des grandes civilisations de l'Afrique ont
subi des modifications importantes imputables à la colonisation et
à leur volonté civilisatrice, transformant la structuration de la
société traditionnelle jusque dans son encrage le plus
profond.
Des modèles copiés, traduisant leurs propres
aspirations, leurs propres intérêts, se sont vus imposés en
Afrique. C'est ainsi que la plupart des villes de l'Afrique, plus
particulièrement celles situées sur la bande
côtière, ont été le soubassement de la politique
coloniale et un relais vers la métropole.
7 Gaye Malick, Nicolas Pierre, (1988).Naissance d'une
ville au Senegal.Enda et Editions Karthala.Paris.p29
On comprend aisément la situation de nombreuses villes
coloniales qui voient leur héritage se délabrer, n'ayant pas les
moyens d'y faire face au risque de perdre tout profit de ce patrimoine,
Rufisque en est un exemple concret.
A l'heure actuelle où la ville constitue le
véritable moteur de développement et doit se positionner comme
place centrale dans l'organisation des activités sur l'espace,
nombreuses sont les villes coloniales qui connaissent un grand handicap
à s'adapter à cette réalité car le fossé
demeure grand au regard de leur héritage obsolète.
Dans ce 21ème siècle naissant, la ville africaine
est appelée à se perfectionner pour devenir un outil plus fiable
à l'image des grands centres urbains qui sont de véritables
communautés motrices dans la mesure où leurs orientations et
leurs anticipations vont se diffuser sur le reste.
Les villes sont ainsi dotées d'un dynamisme interne qui
engendre en leur sein une multiplicité d'entreprises nouvelles et c'est
à partir d'elles que ces entreprises se décentralisent vers des
régions en démarrage ou en déclin .L'avenir de ces
régions dépend alors autant de leur possibilité d'attirer
des entreprises en provenance de ces grands centres que de la vitalité
des initiatives locales.
Tel n'est pas malheureusement la situation de nombreuses voire de
la plupart des villes coloniales, qui demeurent encore dans un mutisme
infrastructurel profond.
Si le centre ville demeure « le lieu des commodités
et aisances fournies par des équipements et se réduit souvent
à la ville des classes dominantes, lieu des classes
privilégiées aisément lisibles depuis l'époque
coloniale avec toute sa structuration et stratification », il semblerait
que cette situation ait évolué aujourd'hui au centre ville de
Rufisque.
C'est plutôt l'inverse qui est notée aujourd'hui
avec une certaine appropriation anarchique de l'espace, regroupant diverses
catégories sociales, un véritable creuset culturel dans lequel
toutes les ethnies sont représentées.
PREMIERE PARTIE: CADRE PHYSIQUE
ET DEMOGRAPHIQUE
20
Chapitre I : RUFISQUE ET SON SITE
--A--HISTORIQUE DE RUFISQUE:
Une connaissance de l'origine de la ville de Rufisque
s'avère difficile tant les versions sur sa découverte
sont multiples. Faute d'un manque de source écrite on est tenté
de se conformer à la tradition orale pour une meilleure connaissance des
débuts de la ville de Rufisque. Plusieurs auteurs s'accordent à
dire que Rufisque est un des plus anciens
établissements lebou de la presqu'île du cap vert
Alain Dubresson8 fixe ses début au
XVIème voire XVème
siècle.
La tradition orale nous renseigne que c'est de Kounoune
une localité située à 4km au
Nord de la ville actuelle que sont venus les fondateurs de Rufisque. Le site
découvert par un chasseur qui avait suivi le marigot de
Sangalkam aurait été défriché par
quatre groupes familiaux, les Guèye, les
Ndoye, les Ndop et les Mbengue
(créateur de Ndunkou) qui s'établirent
en bord de mer, au milieu dune clairière aménagée par le
feu.
Cette version de Dubresson Alain est
confrontée à une autre de Lexan Adrien Benga
Ndiouga9 qui stipule qu'Omar Ndoye,
habitant de Kounoune au Nord Ouest de Rufisque, traversant la
foret autour de son village en compagnie de son chien, découvrit
à perte de vue une grande étendue d'eau, la mer. Plus tard les
habitants de Kounoune, Bargny,
Yène descendirent du plateau pour venir s'installer au
bord de la mer et fondèrent quatre villages Ndunkou, Thokho,
Thiawlene et Dangou.
Une ressemblance se note à travers ces deux versions mais
Alain Dubresson apporte plus de précision quant au
début de Rufisque. Il nous affirme que cette clairière fut
agrandi d'abord vers l'Est avec l'arrivé de
Demba Diaw Djegal, premier chef de quartier de
Thiawlene (et de Babacar Gueye fondateur de
Mérina (certaines versions nous renseignent que c'est
Tim ndoye
8 Idem
9 Benga Ndiouga Lexan Adrien. Pouvoir central et
pouvoir local, la gestion municipale à l'épreuve
.Rufisque.Senegal (1924-1964). (1995)
qui est le premier fondateur de mérina).
Autour des noyaux de base vinrent s'agglomérer de nouveaux
quartiers en particulier Diokoul (les derniers arrives).
Par plus de précision on est allé chercher d'autres
significations dans l'étude de l'étymologie de Rufisque afin
d'avoir une plus grande certitude sur les débuts de cette ville.
Quant au nom portugais l'historien R. Mauny
propose au moins trois solutions: en premier lieu nous avons en
portugais RIO FRESCO qui veut dire la rivière
fraîche à cause de la rivière qui ceinturait la ville au
XVIIème siècle, en second lieu nous avons le mot
REFRESCO ou le rafraîchissement, le lieu d'escale qui
est en totale contradiction avec le dernier vocable employé pour
connaître l'origine de la ville de Rufisque, RIO FUSCO
qui signifie la rivière noirâtre ou sale.
Les sources écrites faisant défaut, des discussions
sur le nom autochtone «Têng Gêec» ou
«Tin Guedj» c'est-- à - dire les puits de la
mer sont d'autres voies vers une connaissance des débuts de Rufisque.
Pour certains le nom «Têng Gêcc» est une
déformation maladroite du nom lébou
«Tang Gêcc» ou «Tangue
Guedj» c'est-- à-- dire la clairière
défrichée par le feu au bord de la mer, le puits de la mer ou
ceux qui jouxtent la mer.
Toutes ces versions ne sont que des tentatives d'explications
qui ne nous disent pas plus sur les débuts de la ville car chacun
n'ayant pour support que la tradition orale qui peut être
manipulée, transformée selon les intérêts du groupe
qui la détient et la transmet.
D'une manière générale son nom d'origine
portugaise laisse croire que ce sont eux qui sont les premiers à
s'établir sur le site de Rufisque comme en témoignent les
écrits de bon nombre d'auteurs du XVIIème
siècle, puis par les hollandais et enfin les français
qui ont été les véritables artisans de l'essor de la
ville.
Ce n'est que dans les textes du XVIème
siècle que Rufisque est régulièrement
citée comme comptoir commercial .Pour Benga Ndiouga Lexan
Adrien10« il faut attendre 1588,
alors que la cote est connue des 1444-1445
,pour voir mentionner Rufisque pour la première fois dans une
patente de la reine ELISABETH d'Angleterre .Elle accorde
à certains marchands le privilège
10 Benga Ndiouga Lexan Adrien .op. cit.
22
d'aller à la rivière de Gambie,
à la ville de Barzaquiche (Gorée) située
près du Cap vert sur la cote de Rufisco--viejo ou
Rufisque, à Palmarin, à Portudal
et à Joala ,et enfin à
Gambia».
La renommée de Rufisque s'est faite surtout grâce au
commerce de l'arachide, dotant ainsi la ville d'un port avec trois wharfs de
débarquement pour l'acheminent des marchandises vers l'Europe et
l'Afrique.
Photo 21 : Ancien wharf Photo 22 : ancien
secco
Par sa singularité historique, Rufisque a
hérité d'un important héritage culturel allant de la
tradition lébou à l'architecture coloniale qui est le
témoin d'un passé florissant aussi bien sur le plan social,
économique que culturel.
Pour Diagne Badara11 «son
existence est liée à la volonté de faciliter
l'acheminement de l'arachide de l'Afrique vers l'Europe».
Ce qu'il faut noter est que l'existence même de Rufisque
était indissociable du commerce de l'arachide car, par elle transitaient
divers produits provenant des industries de transformations de l'arachide et de
produits halieutiques (conserveries et savonneries).
« A la fin du XVIème siècle
déjà Rufisque était considérée comme une
agence commerciale mais ce n'est qu' à partir du XIXème
siècle que la ville s'engage dans une dynamique de
développement économique .Grâce à la politique
adoptée par le gouvernement colonial français, Rufisque devient
déjà en 1860 un point de triage de la production
d'arachides entrant ainsi en
11 Diagne, Badara .Contribution à
l'élaboration d'un système de gestion environnementale de la
ville de Rufisque .mémoire de diplôme d'études
approfondies.2004
concurrence avec l'île de Gorée qui
représentait à cette époque un centre commercial important
et occasionne ainsi un retard dans le développement de Dakar
fondé en 1857.
Pour donner une idée du trafic commercial de Rufisque, il
suffit de rappeler qu'en 1880, plus de vingt trois milles
tonnes d'arachides étaient expédiées sur son port tandis
que l'autre grand centre sénégalais de cette époque
St Louis n'en traitait que six milles»12
De son statut de Commune du 12 juin 1880, elle a
vu sa population s'accroître considérablement de 4500
en 1880 ,8000 en 1890
et 15000 en 1914 sur un espace
communal allant de la plage c'est-- à - dire de la zone
côtière au sud à la gare ferroviaire au nord. Puis elle
évolua jusqu'en 1916 ou la loi Blaise Diagne
lui conféra un nouveau statut par l'obtention de la
citoyenneté française de ses habitants.
« Jusqu' en 1920, Rufisque était en
pleine hégémonie avec le développement de la gare
ferroviaire qui commença à supplanter le port .Mais c'est
à partir de 1928 ,date à laquelle Dakar est
devenue le premier port import export du Sénégal que Rufisque se
vit dépossédée de ses attributs de premier centre
d'affaires du pays .La création d'un nouveau port à
Kaolack ,la crise des années 30 et le
transfert de la chambre du commerce à Thiès donnèrent le
coup fatal à la ville qui est dès lors engagée dans un
processus de déclin irréversible.
En 1937, avec la création du «
territoire de Dakar et dépendances en 1921, Rufisque
est étouffée et réduit à un simple rang de chef
lieu de subdivision .Ce déclin économique de Rufisque
s'accompagne au fur et à mesure d'un processus en vertu duquel cette
ville est devenue aujourd'hui une partie de la banlieue de Dakar dont elle
dépend au moins en partie aussi du point de vue
administratif».13
12 Diallo kadidiatou .Le patrimoine architectural des
centres urbains et historiques du littoral sénégalais : St Louis,
Rufisque, Gorée et Joal : un enjeu culturel de taille pour la sauvegarde
et la mise en valeur.Mémoire d'études approfondies.2007.p49
13 Source : le quotidien, titre de l'article :
Rufisque.une ville, une histoire, écrit par Ndiaga Ndiaye, publié
le 6 août 2003,www.rufisquenews.con/articles-sur-Rufisque.html
24
-B- SITUATION GEOGRAPHIQUE DE RUFISQUE:
La ville de Rufisque appartient à un grand ensemble
formé par la presqu'île du Cap-Vert. Cet espace étroit de
550km2, limité à l'Est par la
«falaise de Thiès», à l'Ouest par l'océan
atlantique, ne représente que 0,28% de la superficie
totale du pays.
Figure 2 : carte de la situation de Rufisque
Source : Direction des services techniques de
Rufisque
Cet espace, selon A. Dubresson résulte de la tectonique
(horts paléocènes de Ndiass et de Dakar, exondation du substratum
marno-calcaire Lutétien au Miocène) ainsi que des
éruptions volcaniques accompagnant des cassures récentes
(système de Dakar puis système de Dakar puis
système des mamelles) et que son rattachement au corps
principal du bassin sénégalais émane des pulsations du
niveau marin et des oscillations climatiques du quaternaire.
Il s'en est suivi d'accumulations progressives de sables et
constructions de cordons dunaires surtout puissants sur le littoral
septentrional donnant à l'ensemble un caractère de pseudo
tombolo.
Sa position en longitude, l'encadrement océanique,
l'influence de l'alizé maritime Nord Nord-est favorisant le maintien
d'une flore relique à affinités guinéennes,
confèrent au Cap-Vert un milieu spécifique dont les
fraîches températures de janvier - février ne sont pas un
des moindres agréments.
Dans ce vaste ensemble se trouve la ville de Rufisque qui est
située à environ 25 km au Sud Est de Dakar entre
les parallèles 14°41 et 14° 46' 30''
Nord et les méridiens 1°15' et 17°20W
à l'extrémité Ouest du grand bassin
sédimentaire méso cénozoïque
sénégalo-mauritanien (Bellion, 1987).
Rufisque est une ville côtière qui se trouve dans la
baie de hann.Elle est le chef lieu du département le plus étendu
de la région de Dakar du fait de son arrière pays. En effet c'est
le seul département de la région de Dakar à comprendre une
zone urbaine et une zone rurale.
Pour Halima Laaroubi14 , Rufisque
est une ville côtière située à 28km
au Sud--est de Dakar dans une demi cuvette avec une dépression
ondulée .Elle est dominée sur l'arrière pays par un
plateau calcaire et marno-calcaire dont l'altitude moyenne avoisine
35m.
Le Nord est couvert de sols « dior » de texture
sableuse. A l'Est elle est ouverte sur le plateau de Bargny et vers le Sud sur
la mer avec une faible altitude (< à 5m IGN).Ce qui
entre autre explique l'avancé de la mer .Sa pente faible (6,29m
par km) favorise l'atterrissement (Laaroubi, 1997).
Le département de Rufisque concentre 12,5%
soit 284263 habitants de la population
régionale en 2002, sur une superficie de
371,7km2 (DPS, 2004).
Rufisque a été érigée en commune de
plein exercice depuis le 12 juin 1880 avec à sa
tète un maire et un conseil municipal élu au suffrage
universel.
14 Laaroubi, Halima.Etude hydrologique des bassins
versants urbains de Rufisque.Thèse de doctorat de troisième
cycle.UCAD (2006-2007).
26
Plus récemment, le décret n°96-745
du 30 août 1996 portant création des
communes d'arrondissement dans les villes de Dakar, Pikine, Guédiawaye
et Rufisque, a divisé la ville de Rufisque en trois communes
d'arrondissement :
Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque Ouest
; Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque Nord;
Ø la Commune d'arrondissement de Rufisque
Est.
Ces trois collectivités locales ont fait l'objet chacune
d'une délimitation de son périmètre au nord, au sud,
à l'est et à l'ouest.
Malgré cette délimitation il n'est pas toujours
aisé de cerner avec précision les limites du territoire communal
existant ou projeté.
Néanmoins la réalité spatiale est à
tenir en compte, c'est-à-dire l'étendu actuelle de
l'agglomération rufisquoise dans laquelle tous les quartiers sont
répartis entre les communes d'arrondissement :
- la Commune d'arrondissement de Rufisque Ouest comprend
23 quartiers pour une superficie de 259,5 ha
;
- la Commune d'arrondissement de Rufisque Nord comprend
36 quartiers pour une superficie de 327,31 ha
;
- la Commune d'arrondissement de Rufisque Est comprend 31
quartiers pour une superficie de 390,5
ha15.
15 Ces données ont été
recueillies auprès de la Direction des Services Techniques de
Rufisque.
-C- LE CENTRE VILLE DE RUFISQUE :
Il est hérité du premier plan d'aménagement
de 1862 avec un espace circonscrit entre la ligne du chemin de
fer au nord et l'océan atlantique au sud.
Cet espace étroit est limité au nord ouest par le
quartier Guéndel, au sud ouest par le quartier
Diockoul avec une limite qui est matérialisée
par le canal de l'ouest ;
Au nord est il est limité par le quartier Colobane
et au sud est par le quartier Mérina avec
comme point de chute le canal de l'est.
C'est l'ancien noyau urbain de l'époque coloniale
regroupant les quartiers Keury Kao et Keury
Souf.
Figure 3 : en vert le centre ville de
Rufisque
Source : Direction des services techniques
28
Le centre ville de Rufisque est l'un des rares endroits qui
retrace encore le passage des colons français et cela se remarque encore
dans le paysage urbain où l'art architectural colonial est gravé
au plus profond de la pierre.
Il est aujourd'hui le pôle majeur de l'économie
urbaine, avec une concentration géographique des services qui contribue
à doter Rufisque d'un centre-ville sur équipé par rapport
aux quartiers environnants.
Il symbolise la puissance de la ville, le seul outil fonctionnel
à travers lequel, Rufisque est reconnu encore comme véritable
pôle exerçant son influence sur un vaste hinterland.
Chapitre II: LES CARACTERISTIQUES PHYSIQUES DU PAYSAGE
RUFISQUOIS
-A- Cadre géologique et
géomorphologique:
Figure 4 : Schéma structural de la
presqu'île du Cap-Vert
Source :(Elouard, 1980, in Laaroubi, 2007)
Rufisque est située dans la presqu'île du Cap-Vert
qui se trouve à l'extrémité
occidentale du bassin sénégalo-mauritanien. Il est
limité à l'est par la falaise de Thiès. La morphologie de
la presqu'île du Cap-Vert se caractérise par deux dômes: la
tête de la presqu'île à l'ouest et le massif de ndiass
à l'est (Elouard, Brancart et Al. ,1976).
La structure de la presqu'île est une succession de horsts
(compartiments élevés) et de graben (compartiment
effondré), relayé par des gradins qu'on distingue d'Ouest en
Est:
Ainsi, nous avons le horst de Dakar, le
Gradin de Pikine qui explique l'isthme de la presqu'île
du cap vert avec des affleurements tertiaires de l'éocène
inférieure, le graben de Rufisque, compartiment
affaissé, a une allure de synclinal dont le cSur est formé par
des formations marnocalcaires sur lesquelles est situé le vieux
Rufisque. Il est suivi de deux gradins :
Le gradin de Bargny a l'allure d'un anticlinal
avec des bordures constituées par les calcaires lutétiens de
Bargny, le gradin de Sébikotane constitué
essentiellement d'argiles à attapulgites de l'Yprésien (Diop,
1995). Et enfin le horst de Ndiass qui est un dôme
anticlinal formé par des dépôts Maestrichtiens recouverts
de cuirasses ferrugineuses.
-A-1 GEOLOGIE DE LA PRESQU'ILE DU CAP-VERT:
L'évolution du bassin a été marquée
par différentes phases de transgressions et de régressions
à l'origine d'une diversité des formations
sédimentaires.
Ainsi du Crétacé au Paléocène, on a
des formations marines essentiellement gréso-argileuses.Du
Paléocène à l'Eocène, on observe une
régression générale donnant une sédimentation
biochimique (argilo-marneuse) qui devient progressivement continentale,
contenant des altérations ferralitiques ou latéritiques
héritées (climat tropical vers 10-15 Ma).
Parallèlement, se met en place le volcanisme tertiaire de
la région de Dakar-Thiès (Sarr et al.2000).Cette période
est suivie d'une phase d'érosion intense résultant d'une
importante activité tectonique de la région du Miocène au
Pliocène. Et enfin le Plio-quaternaire avec un faciès allant des
cuirasses ferrugineuses aux sables infra-basaltiques, aux produits volcaniques
des Mamelles, aux Beach-rocks, aux tourbes des Niayes et aux formations
dunaires (ergs de Pikine et de Cambérène).
Le Quaternaire est marqué par de nombreuses
périodes sèches et humides, dont les plus importantes pour notre
zone d'étude sont l'Ogolien et le
Nouakchottien:
30
-L'Ogolien (20000-14000 ans BP) est une
période très aride marquée par une intensification des
alizés, des upwellings et du courant des canaries (Diester Haas, 1980 et
Sarnthein, 1980-82, in Diagne Badara, 2004).
-Le Nouakchottien (6800-4200 ans BP) est
caractérisé par un climat plus humide .Durant cette
période la mer envahit toutes les dépressions (inter dunes, lacs
et cours inférieures des marigots) pour constituer une série de
golfs peu profonds. Une population du néolithique se serait
installée autour de ces golfs et aurait laissé des accumulations
de coquilles de Anadara Sénilis et les
Kjokkenmoddinger que l'on trouve en bordure des marigots de Mbao
(Elouard et al., 1976, in Diagne Badara, 2004).
--A--2 LES FRACTURATIONS DE LA PRESQU'ILE DU
CAP-VERT:
Elle est marquée par trois grandes catégories de
failles (Bellion, 1987, in Diagne Badara, 2004) qui ont plusieurs fois
rejoué du Crétacé au Quaternaire :
-Des failles d'orientation NNE-SSW, liées
à l'ouverture de l'océan atlantique central, qui
prédominent entre Thiaroye et Bargny ;
-Des failles d'orientation NW-SE qu'on retrouve
uniquement au niveau du horst de Ndiass et à Bargny ;
-Des failles d'orientation NE-SW qui sont bien
représentées au niveau du plateau de Bargny et dans la partie
centrale du horst de Ndiass
De grandes fractures s'étendent de la pointe de Rufisque
jusqu'au nord du horst, parallèlement à la côte nord
(Lompo, 1987, in Laaroubi, 2007).
--B-- LES PRINCIPAUX AFFFLEUREMENTS DE LA ZONE
DE
RUFISQUE:
Les principales formations qui affleurent à Rufisque
datent du tertiaire et du Quaternaire:
--B--1 LES FORMATIONS TERTIAIRES:
Le tertiaire a connu une sédimentation marine et surtout
des rejeux de failles accompagnées d'un volcanisme basique dans la
région de Dakar-Thiès (Lompo, 1987, in Laaroubi, 2007) .on
distingue les étages et les formations suivantes :
-L'éocène inférieur
(l'Yprésien) : Il est d'une épaisseur de 200m (Elouard.,
Brancart et al., 1976, in Laaroubi ,2007) .Cette formation se subdivise de bas
en haut en trois niveaux (Sall, 1983) :
> Un niveau calcaire glauconieux phosphaté;
> Un niveau inter dunaire d'argiles papyracées à
attapulgites ;
> Une alternance de niveau de calcaire silicifié et de
marnes dans sa partie supérieure. Cette formation constitue la
principale ressource de matériaux de la cimenterie de Rufisque.
-L'éocène moyen (Lutétien) : Il couvre
une grande partie du bassin versant de Rufisque. Son épaisseur varie
entre 10 et 25m. Il se présente sur 25m par la
succession suivante, de bas en haut :
> Calcaire argileux à lits de marnes (calcaire de
Bargny) ;
> Marnes à lits de calcaires argileux à
frondicularia ;
> Marnes à lits de calcaires argileux à
planularia ;
> Marnes grises à radiolaires.
-Le calcaire de Bargny : Il est constitué
d'une alternance de bancs de calcaire jaunâtre sublithographiques et de
couches marneuses .Ces bancs calcaires sont parfois siliceux et
phosphatés, de couleur beige foncée .Il contiennent, en petite
quantité, de silex bruns ou noirs avec des faciès à
discocyclines (Nahon et Tessier, 1974, in Laaroubi, 2000).
-Les marnes grises à lits de calcaires argileux
: On les retrouve à l'est de Rufisque dans un compartiment
affaissé. Il s'agit de faciès de calcaire de Bargny qui
deviennent beaucoup plus marneux .Ces bancs de calcaire se raréfient de
la base vers le sommet (Elouard, Brancart et al., 1976, in Laaroubi, 2007).
-Le miocène volcanique : A cette
période, la mer s'est retirée complètement et
définitivement (Elouard et Roy, 1965) .Cette période s'est
caractérisée par une activité du système volcanique
dans la presqu'île du Cap-Vert .L'affleurement volcanique le plus
important est celui de DiokoulRufisque.
32
--B --2 LES FOR MATIONS QUATERNAIRES :
Le quaternaire marin est représenté par quatre
grands types de formations, mais il est surtout marqué par deux
étages géologiques qui correspondent aux transgressions de
l'Aioujien et du Nouakchottien :
-La transgression de l'Aioujien : Elle s'est
produite vers 100000 ans BP. On en retrouve quelques lambeaux
sur la plage à l'ouest de Rufisque dans les environs de la centrale
thermique au cap des biches et en bordure de la plage environ 2m IGN
au dessus du niveau de la mer. -l'Ogolien : A cet
âge la mer a connu une régression marine qui peut atteindre 100m.
Au Sénégal le climat était désertique, ce qui a
permis la mise en place de puissants massifs dunaires alignés (dunes
longitudinales de direction nord est-sud ouest).
Le nord ouest du plateau de Mbao et le nord de la
dépression de Rufisque ont été coiffés par ces
massifs dunaires dont on distingue trois types:
Ø Les dunes ogoliennes de l'erg de Pikine
qui sont des dunes continentales, longitudinales de direction nord
nord-est --sud sud-ouest. Elles se trouvent au nord ouest du marigot de Mbao et
dans la zone des Niayes.
Ø L'erg de Bambilor est le plus ancien.
Il s'étend sur les bordures du plateau de Bargny, en formant des dunes
longitudinales de direction nord à nord est-sud à sud ouest, qui
sont très étalées. Ces massifs dunaires sont
témoins de désertification tropicale.
Ø L'erg de Keur Massar
est le plus récent. Il s'étend entre Keur Massar et
Sangalkam, on le trouve également au nord de Rufisque. Il est
formé de dunes longitudinales de direction nord est --sud ouest .Cet
alignement dunaire indique la direction des vents dominants.
-La transgression du Nouakchottien : Elle est
marquée par une nouvelle transgression marine qui atteint son maximum
à plus de 3m. La mer s'est insinuée entre les dunes continentales
et a remonté le cours inférieur des marigots (Mbao, Bargny,
Panthior). Le cordon dunaire littoral s'étend sur une largeur de 10
à 50m. Il est constitué d'une alternance de couches de sable et
de coquillages brisés.
Les formations quaternaires continentales sont largement
représentées dans l'axe des vallées des bassins versants
de Rufisque. Il existe un remblaiement alluvial qui résulte du
comblement des paléo vallées creusées lors des
régressions marines de l'Inchirien et du Nouakchottien.
Chapitre III : ETUDE DEMOGRAPHIQUE DE RUFISQUE
--A-- La population rufisquoise :
L'histoire démographique de Rufisque est marquée de
péripéties aussi importantes et que son étude
nécessite la confrontation de diverses sources pour mieux
apprécier son évolution.
--A--1 Les aspects de la croissance démographique
:
L'histoire démographique de Rufisque est jalonnée
d'incertitudes dans la mesure où les données souvent retenues ont
fait l'objet de nombreuses divergences dans le passé.
Le premier recensement de la population rufisquoise n'a
été possible que grâce au sondage au 1/20° de
1960-1961.
La plus grande incertitude règne donc sur la
période 1945-1960 du fait de la non concordance des
chiffres donnés par bon nombre d'auteurs, des chiffres marqués
par des ordres de grandeur différenciés voire des variations
inexpliquées.
Selon Dubresson Alain « le premier
sondage scientifiquement acceptable date de 1960-1961 et
attribue 41000 habitants à Rufisque et 10000
à Bargny» (il suggère à ce sujet de voir
l'analyse de VERRIERE L. : la population du Sénégal (aspects
quantitatifs), thèse, fac. de droit, 1965).
Pour sa part, il a donné une estimation de la population
rufisquoise de 75000 habitants en 1970 et de
80 à 85000 habitants en
1972/1973.
Cette poussée démographique serait imputable aux
forts taux d'accroissement naturel à cette période.
--A--2 L'évolution de la population rufisquoise
:
La ville de Rufisque, de par son statut de commune de plein
exercice, a eu à bénéficier très tôt des
différents recensements réalisés au
Sénégal.
34
En effet, il ne faut pas perdre de vue que l'étude de la
population n'est pas nouvelle à Rufisque ; nombreux sont les documents
qui révèlent l'existence de données démographiques,
issues d'estimations faites par l'administration coloniale ou de sondages
effectués dans le cadre d'études.
Ainsi, l'Audit urbain de la ville de Rufisque
réalisé par la municipalité indique l'évolution de
la population et son taux de croissance entre différentes
années.
L'analyse faite à partir de ces données fait
ressortir les constats suivants :
On assiste à une augmentation très rapide de la
population entraînant un doublement de la population presque tous les
20 ans.
L'évolution de la population s'est déroulée
suivants différentes phases avec des hauts et des bas. Après une
forte croissance de la population durant la période coloniale, on note
une régression continue du taux de croissance (taux moyens annuelles
à 10,17% entre 1878 et
1904, 4,14% entre 1904 et
1914, 2,27% de 1916 à
1936, 0,58% de 1947 à
1966).
A partir des années 1970, la tendance
s'inverse, ainsi, de 1976 à 1978, avec
un taux de croissance moyen de 3,24% la population de Rufisque a plus que
doublée passant de 74351 à 150872
habitants.
--A-3 Les nouvelles tendances de la croissance
démographique :
Tout récemment, en 2006, un recensement
général de la population est organisé au
Sénégal. Il convient de préciser qu'il est intervenu dans
un contexte particulier marqué par une réorganisation
administrative et territoriale du Sénégal.
On a assisté en 1990 au
détachement de la commune de Bargny, puis à l'adoption de la
Régionalisation et l'émergence des communes d'arrondissement en
1996.
Graphique 1 : évolution de la population
rufisquoise de 2005 à 2015
2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015
années
0
250000
nomb re di habit
200000
150000
100000
50000
Source : réalisation personnelle à partir
du Recensement Général de la Population et de l'Habitat
(RGPH-2002) réactualisé en 2006 par la Direction de la
Prévision et de la Statistique.
L'exploitation et la lecture des données doivent
désormais se faire en tenant compte des nouvelles limites
administratives.
Ainsi, les projections de la population du Sénégal
issues du recensement de 2002, publiées par la D.P.S.
en janvier 2006, situent la population de la ville de Rufisque
à 154 975 habitants en 2005,
173 114 en 2010 pour atteindre un effectif de
192 426 habitants en 2015, (ces chiffres
représentent le cumul des totaux des communes d'arrondissement de
Rufisque Est, de Rufisque Ouest et de Rufisque Nord pour les années
2005 , 2010 et 2015),alors
qu'elle tourne autour de
36
307 463 habitants en 2005 dans
l'ensemble du département pour atteindre 381 765
habitants en 2015.
Ces chiffres dépassent largement les estimations faites
lors du recensement de 1988 qui prévoyaient 192
064 habitants pour 2006.
Au 31 décembre 2008 la population du
département de Rufisque était estimée à 328
709 habitants soit 2,56 % de la population du pays
(12 853 259 habitants en 2008).
En 2005, elle représentait
déjà 12 ,50 % de la population dakaroise.
--B-- Taille des ménages et de leur
répartition :
Tableau 1 : Répartition des concessions,
ménage et du sexe dans les communes d'arrondissement de
Rufisque
NOM LOCALITE
|
EFFECTIF
|
|
CONCESSION
|
MENAGE
|
HOMME
|
FEMME
|
CA RUFISQUE OUEST
|
2229
|
3680
|
17259
|
17305
|
CA RUFISQUE CENTRE (NORD)
|
4591
|
6995
|
28294
|
28575
|
CA RUFISQUE EST
|
4228
|
5857
|
27079
|
26770
|
TOTAL
|
11048
|
16532
|
72632
|
72650
|
Source : réalisation personnelle à partir
du Recensement Général de la Population et de l'Habitat
(RGPH-2002) réactualisé en 2006 par la Direction de la
Prévision et de la Statistique
L'analyse du tableau montre une répartition spatiale des
concessions et des ménages assez homogène dans l'espace
rufisquois notamment dans les communes d'arrondissement de Rufisque Centre
(Nord) et de Rufisque Est avec 4591 concessions, 6995
ménages pour le premier et 4228 concessions,
5857 ménages pour le second mais cette tendance
évolue faiblement au niveau de la commune d'arrondissement de Rufisque
Ouest avec 3680 ménages pour 2229
concessions soit une moyenne de 1,65 ménages
par concession.
Ce chiffre parait acceptable comparé à la moyenne
générale de la ville qui est de 1,49
ménages par concession.
Pour ce qui concerne le centre ville de Rufisque nous avons
comptabilisé 696 ménages pour 546
concessions soit une moyenne de 1,27 ménage
par concession.
La composition par sexe montre une dominante chez les femmes avec
un effectif de 72650 femmes pour 72632 hommes
soit un rapport de masculinité de 100.
Conclusion:
L'Analyse de l'ensemble des chapitres qui structurent cette
première partie nous permet d'avoir une plus grande compréhension
des enjeux qui tournent autour de la ville de Rufisque.
.
Il devient plus que urgent de définir des politiques
viables axées en grande partie sur une réappropriation et une
réorganisation de l'espace du centre ville afin de l'adopter au contexte
actuel de dynamisme urbain.
Une analyse de la situation démographique de la ville est
suffisante pour comprendre la nécessité de mettre en place des
équipements fonctionnels et de diversifier l'offre en services afin de
développer une politique d'emploi pour lutter contre le chômage
croissant des jeunes.
De même les multiples problèmes environnementaux qui
gangrènent la ville de Rufisque trouvent, en partie, leur explication
dans la nature du site, caractérisé par un sol et un sous-sol
essentiellement constitués d'argiles de type gonflant (marno-calcaires)
qui ont la particularité d'être très instables et peu
appropriés à la construction ; et l'existence d'une demi-cuvette
(actuel centre-ville) qui est sensible aux phénomènes
d'inondations.
Cette situation environnementale est d'autant plus
inquiétante qu'elle se traduit sous d'autres formes par une
dégradation du patrimoine architectural.
38
DEUXIEME PARTIE : LES CARACTERISTIQUES DU PAYSAGE
URBAIN
Comprendre le paysage, l'analyser jusque dans ses proportions les
plus élémentaires, ou pour en saisir le sens ou pour en
contempler ses traits les plus marquants, ou pour en déceler le moindre
signe de son appartenance culturelle ; mais hélas « la ville
apparaît beaucoup plus faite d'idées que de briques et que les
idées et les briques ne suffisent pas encore à faire des
villes».
«Il est en effet difficile de savoir ce que pense le citoyen
moyen de son environnement, car le plus souvent il s'exprime peu ou mal,
découragé qu'il est par son impuissance croissante devant un
système technocratique et anonyme. Or le silence est grave puisqu'il
contribue au divorce grandissant qui s'installe entre l'habitant
résigné et les spécialistes des villes.
D'un coté bien des architectes et des urbanistes
conçoivent des formes pour des habitants qu'ils ignorent et qui ne sont
parfois même pas nés, de l'autre la grande majorité des
citadins ignorent qu'un bâtisseur peut faire autre chose que des
mètres cubes de béton »16.
Le paysage, symbole de l'ensemble des éléments d'un
environnement, apparaît comme un assemblage de formes dont chacune est
porteuse de significations. Il doit contribuer à révéler
l'histoire d'un espace, non seulement dans ses évolutions lentes mais
aussi lorsqu'elle a comporté des ruptures brutales.
A travers une simple analyse des traits du paysage, toute
l'histoire d'une société devrait être sue et comprise.
En effet tel qu'il nous apparaît, «le paysage est le
miroir des relations anciennes et actuelles, de l'homme avec la nature qui
l'environne, la plaque photographique sur laquelle il a laissé une trace
plus ou moins précise et profonde, avec tous les
phénomènes possibles de
surimpression »17.
Les paysages expriment ce qui relie entre elles les pratiques
matérielles, les rapports sociaux, les représentations
symboliques et finalement, tout ce qui contribue à modeler une culture
locale.
Ils apparaissent comme une écriture, à savoir ce
qui relève des cultures humaines, inscrites sur un support, la nature
avec laquelle il a fallu composer.
16Rimbert, Sylvie.Les paysages urbains.Ed Armand
Colin.1975 .240 pages
17 Lizet Bernadette, De Ravignan
François.Comprendre un paysage.Guide pratique de
recherche.INRA.Paris.1987.p14
40
Cependant dans un contexte où ces formes sont le
résultat d'une politique coloniale, dont un des soubassement a
été d'importer dans la colonie l'art de vie à la
métropole, symbole d'une aristocratie soucieux de reconduire dans ces
terres lointaines leur style de vie, il apparaît difficile pour la
population urbaine d'y prêter un quelconque attachement puisque
«l'objectivité spatiale de l'architecte, de l'urbaniste ou de
l'ingénieur, est en grande partie étrangère à
l'usager de la ville parce qu'infiniment plus pauvre que ce qu'il choisit de
voir »18 .
Parce qu'elles suggèrent une réplique des
cités françaises dans des terres lointaines, ces images
alimentent une certaine réflexion chez des auteurs comme Alain Sinou qui
s'exprime sous ces termes : «elles évoquent le rêve de
quelques administrateurs qui souhaitent reproduire un ordre social nouveau. Ces
images ont pour fonction, comme les actions d'aménagement, de proposer
un nouveau tableau de la colonie, mais elles sont destinées à un
autre public localisé en
France »19.
En revanche, ce tableau de l'ancienne colonie a tendance à
disparaître aujourd'hui au centre ville de Rufisque mais dans des
proportions moindres .Une nouvelle conception architecturale prend forme aux
alentours ou sur l'héritage colonial, exprimée par la
volonté d'apporter un peu de modernisme et une nouvelle image, vivante,
à la monotonie de cet espace.
Il marque le désir des populations à
s'intéresser à leur propre environnement et d'imprégner
leur propre marque à leur espace.
« Il ne s'agit pas de renier d'anciennes pratiques mais
plutôt que les enrichir afin qu'apparaissent un nouveau paysage urbain se
voulant une synthèse entre le monde du progrès, la
société industrielle française et les
sociétés locales, dont certains signes architecturaux sont
désormais considérés comme l'expression de valeurs
culturelles ».20
C'est dans ce contexte tout à fait nouveau que nous
tenterons d'étudier le paysage urbain de Rufisque.
18 Rimbert, Sylvie .op. cit.
19 Sinou, Alain.Comptoirs et villes coloniales du
Sénégal : St-Louis, Gorée, Dakar.Ed Karthala et
Orstom.1993
20 Sinou, Alain. op. cit. p331
CHAPITRE I : La morphologie urbaine
--A-- La trame urbaine rufisquoise : Figure 5 : Carte du
maillage urbain de Rufisque
Source: réalisation personnelle à l'aide
d'un papier calque21
21 J'ai pu grâce à la carte qui suit, et
d'un papier calque, reconstituer la trame urbaine de Rufisque
43
De par son passé colonial, Rufisque a eu à
bénéficier très tôt et grâce au plan
d'aménagement de 1862 d'une organisation de son espace
axée en grande partie sur un modèle simple qu'on pourrait
qualifier d'un plan en damier.
Cette organisation de l'espace dominée en grande partie
par des rues perpendiculaires a été mise en rapport avec le
commerce de l'arachide qui imposait une mise en place de rues facilitant le
transport des produits de traite de la gare au port.
La trame urbaine régulière obéissait
à une activité économique qui rythmait la vie de la
cité, liée aussi au port, entrepôts, huileries, conserverie
de poissons, savonnerie etc.
Photo 23 : Exemple de rues perpendiculaires
Les formes simples l'emportent. Les rues sont perpendiculaires et
droites, les carrées ou rectangles constituent les unités de base
dont la valeur se calcule aisément et qui permettent une utilisation
maximale du terrain plat.
Il ne faut pas ignorer cependant que cette organisation de
l'espace n'est pas uniforme sur la totalité de la trame urbaine et ne
concerne que les quartiers du centre ville que sont Keury Souf
et Keury Kao.
Au-delà de cette zone marquée pour l'essentiel par
des ilots carrés et rectangles, on note une rupture brusque notamment
sur la disposition des parcelles et de leur taille vers le nord ouest
(Diokoul, Ndar gou ndao,
Guendel, Dar es salam,
Dangou) et une partie de la zone est c'està-dire vers
Gouye mouride.
45
Cette organisation de l'espace n'est pas indépendante
du passé de la ville et impliquait la mise à l'écart de la
population indigène dans des endroits non lotis et insalubres
d'où l'opposition entre le lotissement des quartiers du centre-ville et
la trame désordonnée des quartiers
périphériques.
--A--1 Le lotissement urbain:
Le morcellement de la trame urbaine de Rufisque montre un nombre
important d'îlots. Ainsi nous avons pu recenser en tout 278
îlots. Parmi ces derniers, 127 îlots soit
45,7% sont localisés au niveau du centre-ville et
49 de ces îlots (soit 36,6%) ont des
grandeurs de 60 m22 de coté. On a
noté par ailleurs 17 îlots qui ne respectent pas
cette norme et dont les dimensions sont supérieures à celles des
premiers îlots recensés. Par exemple il y'en a deux de
60/80 m et un de 120/140 m (l'ilot de l'usine
ex-Petersen).
En dehors du centre, les îlots répertoriés ne
présentent pas d'ordonnancement régulier sauf au niveau du
quartier de Mérina et dans la zone de Rufisque II.
D'une manière générale le maillage
apparaît plus serré au centre --ville avec des rues qui se coupent
presque tous les 60 m et de ce fait la logique piétonne
est continuellement empiétée par l'automobile depuis que ce
dernier a envahi les différentes voies internes du « vieux tissu
» urbain.
--A--2 Le parcellaire :
L'étude du parcellaire a été axée
pour l'essentiel au niveau du centre-ville en raison du caractère
désordonné du parcellaire de la zone périphérique.
Ainsi nous avons pu recenser dans la totalité de la trame du
centre-ville 546 parcelles.
Cette subdivision du parcellaire ne s'est pas faite de
manière équitable sur toute la trame. Ainsi 38
îlots sont constitués d'au moins de 7 parcelles
soit 30% de l'ensemble des îlots.
Il peut arriver de rencontrer des îlots qui regroupent plus
de 10 parcelles, dans certains cas 1 ou 2 parcelles
(îlot supportant en grande majorité les « seccos
», résidence privée ou école).
22Ces données ont été recueillies
grâce à la consultation d'une carte cadastrale du centre-ville
à l'échelle de 1/2000
Ce parcellaire est plus dense au niveau du quartier de
Keury Souf et dans certaines parties du quartier de
Keury Kao, moins vers la zone du marché et vers le
secteur sud près de la mer.
--A-3 La voirie urbaine :
La fonction principale du réseau de voirie est d'assurer
les liaisons inter-urbaines (Route Nationale, route de Sangalkam, route des
HLM), les connexions entre les quartiers (route de Dangou, route de Diokoul,
route de Santhiaba, etc.) et les dessertes à l'intérieur des
quartiers (rues situés aux HLM et dans le centre-ville).
La longueur totale du réseau est estimée à
96,35 km23 dont 17,3 km de voiries
revêtues en bon état.
En outre, 49,3 km du réseau routier,
soit 51,1% de la voirie urbaine est équipé
d'éclairage public. Pour ce qui concerne le centre-ville,
l'éclairage est concentré le long du Boulevard Maurice
Guèye qui est bien éclairé, contrairement à la
voirie interne.
L'absence de route dans plusieurs quartiers rend difficile les
liaisons inter-quartiers et accentue l'enclavement de beaucoup de zone surtout
celles périphériques (exemple du quartier Gouye mouride où
le réseau est impraticable).
Ce qu'il faut noter est que cet inventaire pour la programmation
des infrastructures et des équipements réalisé par la
DST ne prend pas en compte le centre --ville où le
réseau routier n'est pas des meilleurs comme il le laisse penser.
En effet le réseau du centre-ville présente en
certains lieux des dégradations. Cet état de dégradation
et de délabrement du réseau routier s'explique par son âge
(époque coloniale pour la plupart) et par l'absence de programme
d'entretien. Cette situation s'est empirée depuis que la circulation
inter-quartier a été ouverte aux gros porteurs et aux
différentes voitures qui empruntent les tronchons de la rue
Adama Lo et Ousmane Socé Diop (la
voirie secondaire). Il n'y a plus de routes à
Mérina et à Thiawlène
(toutes dégradées).
23 Direction des Services Techniques
Photo 24 : embouteillage à la rue Adama Lo et au
Boulevard Maurice Guèye
Photo 25: embouteillage à la rue Adama Lo et au
Boulevard Maurice Guèye bis
Il s'en est suivi d'une perturbation au niveau de la
fluidité du trafic. La calèche qui a été pendant
longtemps le moyen de transport le plus usité se trouve
relégué au second plan (apparition de nouveaux garages de
«taxis clandos » au centre-ville).
L'espace réservé aux piétons
disparaît petit à petit en raison des nombreuses voitures qui
roulent à tout moment, l'encombrement de la chaussée par les
épaves de voitures, des kiosques et autres étals empêchant
du coup une rapide circulation. Tout piéton qui emprunte les
différentes artères du centre craint d'être renversé
par une voiture.
Le Boulevard Maurice Guèye est
transformé sur toute sa longueur (1,7km) en un vaste
champ de stationnement.
La voirie urbaine occupe une faible partie des superficies de
Rufisque. En tout elle ne représente que 77,75 ha sur
un total de 977,75 ha pour la ville de Rufisque, soit
7,9 % seulement de la superficie totale. Elle est
concentrée dans sa majorité dans les quartiers de Keury
Kao et Keury
47
Souf, soit 17,76 ha. Dans
certaine zone elle est quasi inexistante comme à
Santhiaba, Diorga,
Diokoul.
A Rufisque, cette voirie se présente comme suit:
Ø La grande voirie qui comprend la route nationale ou
le Boulevard Maurice Guèye d'environ 60 m de large et
traversant la ville d'ouest en est. Elle est complétée par les
routes départementales de Sangalkam et de la SOCOCIM.
Ø La voirie communale, du reste très
dégradée, en raison de la stagnation des eaux mais aussi à
un déficit d'entretien.
A ceux là, on peut y adjoindre deux rues du centre-ville
qui continuent de marquer l'histoire de la vielle cité : la rue Adama Lo
et la rue Ousmane Socé Diop d'environ 20 m de large
chacune.
La configuration du réseau urbain rufisquois et son
état actuel n'est pas favorable à une amélioration de la
mobilité. Tel quel se présente actuellement, surtout au niveau du
centre-ville, héritier d'un réseau dont le fondement était
voué au commerce de l'arachide, la situation est loin de
s'améliorer. Ce qu'il faut c'est une voie de contournement (projet en
cours au Nord de Rufisque) afin de réduire la forte pression automobile
et instaurer un plan de circulation urbaine.
--B-- Le réseau de canalisation et le maillage
vert :
Une étude du paysage urbain de Rufisque ne peut se faire
sans tenir compte des aspects environnementaux et de la place
réservée à l'arbre dans l'espace public que
privé.
--B--1Le réseau de canalisation:
S'il existe un élément qui caractérise le
plus l'espace rufisquois, cela serait sans doute le réseau
d'évacuation d'eaux usées. Il s'évalue sur presque
29810 ml réparties dans les différents
quartiers. Le centre-ville en possède 8636 ml soit
près de 29% de l'ensemble du réseau, comprenant
le canal de l'ouest et celui de l'est (canaux à ciel ouvert) que
rejoignent de nombreux caniveaux. La plupart de ces caniveaux est hors d'usage
ou ne fonctionne que partiellement, comme le prouvent à chaque hivernage
les fortes inondations du centre-ville.
49
Photo 26: Inondation au centre-ville et canalisation
vétuste
C'est l'héritage obsolète de l'époque
coloniale, que les agents des travaux publics ne peuvent entretenir, qui
aggrave la situation: leurs potentialités ne se limitent qu'à des
séries de curage qui ne règlent pas le véritable
problème.
Ce réseau de canalisation intéresse
également les autres zones de Rufisque. En tout il y'a 626 ha
de surface habitable mal drainée soit 85% de
la superficie totale occupée par l'habitat (738,2
ha).Ce qui est très inquiétant comme nous l'indique ces
quelques données et cette situation explique les nombreuses
difficultés que rencontrent les populations des zones
périphériques à propos de l'évacuation des eaux
usées et pluviales.
--B-2 le maillage vert :
Pour qui connaît l'histoire de Rufisque serait surprise
aujourd'hui de voir la place réservée à l'arbre dans la
vielle cité. De Rufisque, « la forêt sauvage »
à la ville conquise par la forte urbanisation, on est
très vite passé à une époque où la
végétation est quasi inexistante.
Cette situation nouvelle, imputable à l'urbanisation
croissante, place les autorités municipales devant la
nécessité de réintroduire l'arbre dans la ville et de
promouvoir l'extension d'un projet d'embellissement urbain.
Au centre-ville, l'espace vert aménagé concerne
principalement le jardin public, la devanture principale de la mairie, devant
la Gendarmerie, le boulevard Maurice Guèye irrégulièrement
végétalisé et les quelques arbres piqués
çà et là (environ 1 ha).
Le maillage vert au jardin public s'organise en de petits jardins
entretenus quotidiennement avec des arbres qui dépassent rarement
3m. On y trouve également des rôniers (7
pieds d'environ 15m de hauteur au moment de leur
recensement) et des plantes à ras de sol (- 50 cm).
L'espèce végétale plantée le long du
boulevard est composé pour l'essentiel de niims ou Azzadirachta
indica (54 pieds24 ont été
relevés le long du Boulevard Maurice Gueye entre le terminus et
l'hôtel de ville), que côtoient petit à petit les
dattiers.
La place Joseph Gabard autrefois très
boisée, ne possède que quelques arbres (9 arbres
d'environ 8 m de longueur).
Au niveau de l'ex-usine Petersen on note la forte présence
de « khott Boutel » (Eucalyptus
albida) et d'espèces d'arbres très variées.
Au niveau du centre-ville il n'y a plus de possibilités
(en parcelles non bâties) pour implanter de nouveaux espaces verts de
qualité, qu'il s'agisse de parcs urbains ou de quartiers.
Même si la place accordée à l'arbre dans
« le vieux tissu » est minime, les populations
participent au maintien de celui-ci par l'implantation de jardins privés
dans leurs parcelles. Ainsi, le cercle Maurice possède un jardin
très fourni avec des arbres très imposants par leur taille (plus
de 10 m de hauteur).
Photo 27 : un échantillon du maillage vert au
centre-ville
24 Ces chiffres ont été obtenus
grâce à un décompte que j'ai fait.
Pourtant il y' a de la place pour la verdurisation du
centre-ville, laquelle passera par l'introduction et la densification de la
végétation dans les voiries larges, comme le Boulevard Maurice
Guèye, tout en veillant à ne pas rompre le rythme donné
par une plantation arbustive (Thiès fait partie de ces villes du
Sénégal où l'arbre prend une dimension très
importante dans la cité).
--C-- Mobilier de l'espace public et toponymie
:
Leur dimension n'est pas trop importante dans la ville mais une
étude de leur nature est de surcroit pour recenser tout ce qui peut
caractériser l'espace urbain.
Par mobilier de l'espace public nous entendons l'ensemble des
équipements installées dans les lieux publics pour un usage
collectif.
--C--1 Le mobilier de l'espace public:
Il est surtout localisé dans les lieux publics du
centre-ville que sont le jardin public et la place Joseph Gabard.Ce mobilier
est constitué en grande partie de bancs publics et d'équipements
sportifs pour la population. Ainsi on note à la place Gabard un terrain
de pétanque et un nombre assez important de bancs publics (en ciment)
qui servent pratiquement de cour de récréation aux
élèves fréquentant les écoles environnantes. Ce
mobilier est plus conséquent au niveau du jardin public avec un total de
31 bancs dont 9 au niveau du terrain de
handball et 7 au terrain de basket. On peut voir aussi des
bancs publics en dehors de l'enceinte du jardin.
Ces deux terrains sont dotés d'une mini tribune, de
projecteurs, de vestiaires et servent également à recevoir
l'essentiel des manifestations culturelles que sportives. C'est aussi le cas du
cercle Maurice Guèye qui abrite un terrain de volley
ball et une bibliothèque municipale. C'est le véritable terrain
d'expression de la culture à Rufisque. Nous pouvons, en plus de ceux
évoqués plus haut, y ajouter le centre socio-éducatif
(CEDEPS) qui accueille des activités très variées : salle
de spectacle, centre social et médical, centre civique, cours de
couture, cours de sport, bibliothèque.
Force est de constater que ce mobilier est très
réduit au niveau du centre-ville et que des efforts
supplémentaires doivent venir des autorités municipales pour
l'augmentation de leur nombre.
51
--C-- La toponymie, un autre symbole du paysage
rufisquois :
Son apparition dans l'espace rufisquois est récente et se
présente comme un support de signalisation situationnelle. Ce support
toponymique se présente sous forme de plaque rectangle de couleur bleue,
installé au coin de chaque rue, avec une inscription au dessus (soit le
numéro de la rue soit le nom). C'est le nouveau carnet d'adresse des
rufisquois, mais dont la grande majorité n'utilise pas encore comme
repère.
Elle est réalisée en tenant compte des subdivisions
administratives. Ainsi, on a :
- RE pour Rufisque Est (exemple
RE-75, lire Rufisque Est rue 75) ;
- RO pour Rufisque Ouest (exemple
RO-15, lire Rufisque Ouest rue 15) ; -
RN pour Rufisque Nord (exemple RN-18, lire
Rufisque Nord rue 18).
Elle s'insère facilement dans le paysage de Rufisque et
contribue grandement à la localisation des différents quartiers
et rues.
--D--Typologie de l'habitat urbain :
Une analyse de l'habitat urbain fait ressortir une mosaïque
de paysages aussi différents les uns les autres et traduit des
inégalités dans la composition des structures sociales.
La qualité de mise en Suvre, celle du matériau et
le nombre d'étages, sont des indicateurs qui témoignent de la
position sociale des habitants.
Une hiérarchie sociale peut être établie par
la morphologie de l'habitat dont trois modèles de constructions se
dégagent :
--D--1 Les zones résidentielles de maisons
individuelles ou semi collectif :
Le confort est comparable à celui de nos
sociétés modernes. Ce sont des maisons que l'on retrouve autant
dans certaines parties du centre-ville notamment à Keury Souf et
à Keury Kao qu'au niveau de la zone périphérique.
Photo 28 : Maison avec un jardin bien entretenu au
centre-ville Photo 29: exemple typique de résidence
C'est des maisons au style très particulier qui se
démarque de l'habituel constaté au centre-ville (ensemble de
maisons compactes). Les façades sont entretenues, fleuries et les
grandes villas comme les modestes demeures dissimulent de petits jardins.
Certaines de ces maisons sont éloignées du centre-ville et
présentent un style architectural aussi divers que particulier. Elles
envahissent le paysage des HLM et en allant vers Santa
Yalla et leur nature laissent penser à de grandes
dépenses. Elles sont constituées pour la plupart
d'étages(R+1, R+2) mais également de maisons
basses.
--D-2 Le Centre historique :
Photo 30 : Exemple typique de bâtiments à
caractère colonial
Lui aussi confortable, est équipé
d'infrastructures de base. Ordonné et régulier, il est facilement
adaptable aux mesures de modernisation contrairement aux quartiers
spontanés et traditionnels qui, par leur irrégularité
rendent une implantation de réseaux difficilement projetables.
53
Le Centre historique de Rufisque, dit l'Escale, se divise en deux
sous quartiers caractérisés par la hauteur de leurs
constructions.
Le quartier Keury-Souf, constitué de maisons modestes
de plain pied et le quartier Keury-Kao caractérisé par des
maisons à étages et où les établissements
commerciaux prestigieux signalent leur puissance par des constructions en
hauteur.
C'est le noyau urbain de Rufisque, qui garde encore les traces du
passage des colons par son imposante architecture et par son important poids
infrastructurel.
Il s'est organisé autour des infrastructures coloniales et
continue de concentrer la plupart des équipements publics.
L'espace est organisé selon un plan hyppodamien
traversé par des voies bitumées courtes et bien
hiérarchisées.
--D-3 Les zones d'urbanisation sauvages et rapides
:
Caractérisées par des habitats fragiles et
populaires, sont concentrées au nord-ouest, à l'est de Rufisque
et en grande périphérie.
On y trouve des quartiers construits avec des matériaux
peu coûteux ou de récupération, créant depuis les
années 70, un habitat spontané rendant
impossible la maîtrise de la croissance de la ville.
En effet, la structure familiale, au nombre d'individus
élevé, est une des principales causes de densification des
parcelles. D'ailleurs en réponse à la nécessité de
doter ces quartiers d'équipements de base, un programme de
restructuration est en cours.
Une étude de la typologie de l'habitat urbain rufisquois
suggère qu'en matière d'urbanisme et d'habitat il peut être
retenu deux contraintes prioritaires :
Ø La plus grande partie de l'habitat se
développe de façon anarchique et irrégulière. En
dehors de l'escale, l'essentiel de la périphérie est
constitué d'habitat inorganisé comme on peut le voir à
Gouye Mouride ou bien à Colobane caractérisé par une
voirie irrégulière.
55
57
59
Cette situation est d'autant plus importante qu'elle rend
difficile la mise en place d'infrastructures et de services urbains (collecte
des ordures, approvisionnement en eau, assainissement : la forme des rues ne
permet pas l'entrée des voitures de collecte car chacun construit selon
ses propre règles. L'organisation de l'espace n'est plus une chose
réfléchie mais une conjonction de constructions personnelles).
Ø Ensuite, l'absence de régularisation de
nombreux titres fonciers. Il faut souligner que la composition de l'habitat
urbain est indissociable de l'histoire de la ville. En effet, certains
quartiers ont étés constitués pour l'essentiel par des
populations déguerpies par la puissance coloniale et n'ont pas eu la
possibilité d'organiser leur espace. Beaucoup de ces populations ainsi
que d'autres installées pour diverses raisons n'ont toujours pas
cherché à régulariser leurs titres d'occupation. Cette
situation s'est amplifiée à Gouye Mouride où la
majorité des terrains n'ont pas de titres fonciers et les
propriétaires ne disposent que de l'acte de vente notifié par le
vendeur.
Devant cette situation, les autorités compétentes
sont appelées à rompre ces usages et à mettre en place des
politiques bien définies comme le projet de Rufisque II initié
par la Commune et qui consiste à lotir 4000
parcelles25 dont 2700 sont
déjà appliquées.
Cela ne signifie pas que la totalité des efforts doit
seulement se limiter au lotissement de ces zones ; Mais il faut, en outre,
développer des politiques permettant le renforcement des structures afin
de délocaliser les fonctions.
Cela permettra d'assurer une harmonie entre le centre-ville et la
zone périphérique qui ne cesse de s'agrandir en raison du surplus
de population.
CHAPITRE II : Le patrimoine architectural
La notion de patrimoine architectural est très vaste et
son étude est un moyen de comprendre l'essentiel des aspects qui la
structurent.
25 Sauvegarde et mise en valeur du patrimoine.
Direction des Services Techniques
--A-- La notion de patrimoine culturel:
L'idée de la création d'un mouvement international
visant à protéger des monuments ou des sites dans des pays
différents est née après la première guerre
mondiale.
Destructions nombreuses, il n'était alors plus possible de
laisser disparaître sans réagir des Suvres intéressant
l'histoire de l'humanité.
La convention internationale concernant la protection du
patrimoine mondial adoptée en 1972 par la
conférence générale de l'UNESCO se place
à la confluence de deux courants de pensée, l'un centré
sur les dangers menaçant les sites culturels, l'autre axé sur la
préservation de la nature.
--A--1 La préservation du patrimoine culturel
:
Dès 1937, la conférence
d'Athènes avait sous l'égide de la Société des
Nations, insisté sur la nécessité de sauvegarder le «
Patrimoine Culturel Mondial ».
Cependant, l'évènement qui a suscité une
véritable prise de conscience internationale fut la décision de
construire le grand barrage d'Assouan en Egypte.
En 1959, l'UNESCO décida de lancer une
campagne internationale en réponse à l'appel des gouvernements
égyptiens et soudanais.
La recherche archéologique dans les zones qui allait
être submergées fut accélérée.
Les temples d'Abou Simbel et de Philae
furent démontés, déplacés, puis
rassemblés à l'abri des eaux du barrage. La campagne a
couté environ 80 millions de dollars US.
Ce succès fut suivi d'autres campagnes internationales de
sauvegarde, notamment à Venise en Italie, à
Mohenjo-Daro au Pakistan et à
Borobudur en Indonésie. Ces premières
opérations spectaculaires de sauvetage furent, pour l'UNESCO, l'occasion
de proposer aux Etats une démarche plus globale.
Un projet de convention sur la protection du patrimoine culturel
se fit jour, avec de l'aide du Conseil International des Monuments et des
Sites(ICOMOS).
En 1965, une conférence organisée
à la Maison-Blanche à
Washington proposa la création d'une « fondation
du patrimoine mondial » dont l'objectif serait de stimuler la
coopération internationale afin de protéger « les lieux et
paysages les plus superbes du monde ainsi que les sites historiques pour le
présent et l'avenir de toute l'humanité ».
--A--2 La signature de la convention concernant la
protection du patrimoine mondial, culturel et naturel (1972) :
Après de longues discussions, toutes les parties
intéressées s'accordèrent finalement sur un texte unique:
«la convention concernant la protection du patrimoine mondial culturel et
naturel » adoptée par la conférence générale
de l'UNESCO le 16 novembre 1972.
Au terme de la convention « chacun des Etats parties
reconnaît que l'obligation d'assurer l'identification, la protection, la
conservation, la mise en valeur et la transmission aux
générations futures du patrimoine culturel et naturel lui incombe
au premier chef.
Il s'efforce d'agir à cet effet tant par son propre effort
au maximum de ses ressources disponibles que, le cas échéant, au
moyen de l'assistance et de la coopération internationale dont il pourra
bénéficier, notamment aux plans financier, artistique,
scientifique et technique ».
La Convention de 1972 est l'instrument juridique
le plus connu de ceux élaborés jusqu'à présent par
l'UNESCO afin de définir et de protéger le patrimoine. Mais elle
tire sa force de sa complémentarité avec deux autres conventions
internationales ratifiées par les états membres : la Convention
de 1954 sur la protection des biens culturels en cas de
conflit armé et la Convention de 1970 sur la lutte
contre l'importation, l'exportation et le transfert de propriétés
illicites des biens culturels ainsi que les recommandations.
--B-- Notion de patrimoine mondial:
Fondamentalement, le patrimoine peut être défini
comme l'héritage du passé dont chacun a la possibilité de
profiter aujourd'hui, mais dont il convient aussi d'assurer la transmission aux
générations futures.
--B--1 Caractère particulier du patrimoine
mondial:
Ce qui rend exceptionnel le concept de patrimoine mondial est son
application universelle. Les sites du patrimoine mondial appartiennent à
tous les peuples du monde sans tenir compte de manière exclusive du
territoire sur lequel ils sont situés.
Les pays reconnaissent explicitement que les sites qui se
trouvent sur leur territoire national et qui ont été inscrits sur
la liste du patrimoine mondial constituent, sans préjudice de la
souveraineté nationale et des droits de propriétés, un
patrimoine mondial à la protection duquel « il incombe à la
communauté internationale tout entière de participer ».
--B--2 Patrimoine mondial et Patrimoine
national:
Quelle différence existe-t-il entre un site du patrimoine
mondial et un site du patrimoine national?
Tous les pays possèdent, à un titre ou un autre
,des monuments ou des ensembles naturels d'intérêt national ou
local, qui suscitent à juste titre la fierté nationale et
témoigne de leur génie propre : la Convention encourage
d'ailleurs les pays à les identifier et à les protéger
,sans qu'il soit nécessaire de les faire figurer sur liste du patrimoine
mondial.
Les sites sélectionnés pour constituer le
patrimoine mondial sont choisis pour leurs qualités exceptionnelles, en
tant que meilleurs exemples possibles du patrimoine culturel ou naturel qu'ils
représentent.
La liste du patrimoine mondial attire l'attention de la
communauté internationale sur la richesse et la diversité du
patrimoine culturel et naturel de la planète.26
--C-- Les différents types de patrimoine
culturel:
La Convention du patrimoine mondial concernant la protection du
patrimoine mondial culturel et naturel distingue un patrimoine naturel et un
patrimoine culturel comme suit:
--C--1 Les composantes du patrimoine culturel
:
Le patrimoine culturel s'intéresse à la
réalisation de la culture par l'intermédiaire du milieu
bâti urbain et rural ainsi qu'à sa traduction à travers
l'architecture, l'esthétisme et les arts. Plus particulièrement
il concerne les Suvres architecturales anciennes et présentes :
26 Audrerie(Dominique), Souchier(Raphael),
Vilar(Luc).Le Patrimoine mondial. Presses Universitaires de
France.1998.1ère édition
Ø Les monuments : « Suvres
architecturales, de sculpture ou de peinture monumentale, y compris les
grottes et les inscriptions, ainsi que les éléments ,groupes
d'éléments ou
structure de valeur spécial du point de vue
archéologique, historique, artistique ou scientifique
»(Recommandations concernant la protection sur le plan national du
patrimoine culturel et naturel adoptée par la Conférence des
Nations Unies pour l'Education, la Science et la Culture, paris, 1972, in
Diallo kadidiatou, 2007).
Ø Les ensembles : Groupes de
constructions isolées ou réunies, qui en raison de leur
architecture, de leur unité ou de leur intégration dans le
paysage, ont une valeur exceptionnelle, du point de vue de l'histoire, de l'art
ou de la science.
Ø Les sites : « Ce sont les zones
topographiques, les Suvres conjuguées de l'homme et de la nature qui ont
une valeur spéciale en raison de leur beauté ou de leur
intérêt du point de vue archéologique exceptionnelle, du
point de vue historique, esthétique, ethnologique ou anthropologique
».
--C-2 Le Patrimoine naturel:
Il regroupe les monuments naturels qui sont constitués par
des formations physiques et biologiques ou par des groupes de telles formations
qui ont une valeur spéciale du point de vue esthétique ou
scientifique.
Ø Les formations géologiques et physiographiques et
les zones strictement délimitées constituant l'habitat
d'espèces animales et végétales précieuses ou
menacées qui ont une valeur spéciale, du point de vue de la
science ou de la conservation.
Ø Les sites naturels ou les zones naturelles strictement
délimitées qui ont une valeur spéciale, du point de vue de
la science, de la conservation, de la beauté naturelle ou des Suvres
conjuguées de l'homme et de la nature.
L'idée même de patrimoine architectural
évolue pour ne plus protéger uniquement un édifice, mais
un îlot, un quartier, éventuellement l'ensemble d'une ville.
Elle est devenue une notion très importante pour
l'ensemble des états soucieux de montrer leur richesse culturelle et de
donner une dimension mondiale à leur patrimoine tout en y puisant les
repères de leur identité et les sources de leur inspiration.
61
CHAPITRE III : Le Patrimoine culturel rufisquois
Rufisque, à l'image de nombreuses villes coloniales, comme
Gorée, St-Louis, a hérité d'un patrimoine architectural
qui témoigne encore d'une très longue période de
colonisation et de l'expression d'une civilisation culturelle lointaine mais
surtout étrangère.
Aujourd'hui toute l'histoire de Rufisque ne se résume que
par cet héritage qui marque son espace culturel et symbolise en
même temps l'achèvement d'une ère de dépendance
coloniale.
--A-- De l'origine culturelle :
Une simple visite dans le centre historique de Rufisque et une
contemplation de l'environnement culturel est suffisante pour voir apparaitre
les premiers signes d'interrogations sur l'origine de ces formes qui s'offrent
sous nos yeux.
Tant elles nous paraissent lointaines et méconnues, tant
elles nous inspirent un retrait par rapport à nos pratiques
culturelles.
Quelle est cet autre architecture qui envahie nos cités et
transforme nos paysages ?
--A--1 Le style architectural:
Le style architectural qui domine l'espace culturel rufisquois
est d'origine française et ne constitue qu'une simple réplique,
une copie de celui développé dans la métropole.
On note cependant et dans une moindre mesure le style
architectural portugais.
L'administration coloniale n'a pas cherché à
développer une architecture propre à la colonie, s'inspirant des
formes stylistiques locales, mais a jugé plus bénéfique
d'importer les matériaux de construction afin de réduire les
coûts financiers des travaux (hormis l'utilisation de la pierre de
Rufisque).
Il ne faut pas perdre de vue que cette architecture coloniale a
été sous l'autorité de l'administration qui a pu imposer
ses réglementations et des modèles et qu'elle était
alimentée en grande partie par le génie militaire.
On peut retrouver ce type de construction encore à
Rufisque avec une architecture standardisée et les trames orthogonales
des lotissements produisant un paysage monotone et des formes qui impriment un
ordonnancement militaire.
Petit à petit cette architecture a évolué
pour prendre d'autres dimensions avec l'installation de la famille, la venue
des femmes et des enfants augurant l'introduction des «figures de la
civilité bourgeoise, que les troupes, traditionnellement, ne
véhiculent guère ».
Ce n'est que dans certaine partie du centre historique qu'on note
« la production d'un habitat visuellement plus diversifié » et
prenant en compte la promotion d'un style architectural nouveau.
Cette diversification des formes architecturales est sans doute
une mesure qui vise à affecter une image particulière à
chaque colonie et de proposer un cadre plus adapté à la vie
familiale.
C'est dans ce cadre que le style architectural de Rufisque
propose des formes très diverses :
En effet, à l'image des maisons mère des
sociétés de commerce françaises situées à
Bordeaux et à Marseille, et qui inspirent l'architecture de Saint-Louis,
les constructions du quartier Keury-Kao disposent d'un étage
prolongé par un long balcon suspendu et couvert. Au
rez-de-chaussée, les boutiques pour le commerce.
Les maisons basses sont notées dans leur grande
majorité à Keury Souf mais aussi dans certaines parties de Keury
Kao.
Si le style architectural de Rufisque est très original
dans la forme de ses maisons, il ne faut pas oublier non plus les
matériaux qui le composent et qui lui donnent une toute autre
dimension.
63
65
67
--A-2 Les matériaux de l'architecture coloniale
:
Ils sont divers dans l'ensemble mais la majorité est
constituée de pièces produites depuis la métropole.
Parmi ceux-ci on peut noter la présence sur presque
toutes les toitures du centre historique, des tuiles rouges (pour chaque
îlot on dénombre au moins trois maisons avec une toiture en tuile
mécanique).
« Ces toits en tuiles mécaniques
manufacturées prés de Marseille et les volets en persienne
montés sur des baies de grandes hauteurs nous rappellent les origines
des commerçants (Marseille et Bordeaux) »27.
Sur une tuile mécanique on peut lire «Arnaud Etienne
& Cie - St Henry /Marseille ».
On les recense sur presque tous les bâtiments
administratifs, sur quelques maisons de Keury KaoKeury Souf et sur les toitures
des hangars au marché.
A coté de la tuile on peut noter également
l'utilisation du métal dans les constructions. «La structure du
bâtiment repose sur une armature métallique, construite par les
industries
françaises, exportée en pièces
détachées dans toutes les colonies et assemblée sur place
»28. Cette structure métallique permet de renforcer la
solidité du bâtiment et offre la possibilité de construire
en hauteur plus facilement.
Photo 31 : exemples de matériaux utilisés
dans l'architecture coloniale
27 Rufisque-réalités urbaines. Direction
des Services Techniques. Mai 2005
28 Sinou, Alain. op. cit., p316
Récemment des bâtiments ont fait l'objet de
réfection et il n'a pas été question d'enlever cette
structure métallique. Il ne s'agit que d'une tentative de
réhabilitation qui conserve l'authenticité des constructions.
Le bois est un autre matériau qui entre dans la
construction, utilisé au niveau des escaliers comme marchepied et
parfois quand il s'agit d'une maison à étage comme plafond pour
le rez-dechaussée.
Sur les murs de quelques maisons que l'érosion n'a
cessé de détruire, apparaissent des briques d'une autre nature,
de couleurs rougeâtres et aux dimensions plus petites.
S'il existe un matériau qui a vraiment joué un
rôle important dans cette architecture c'est surtout « la pierre de
Rufisque ».Son aspect résistant, sa disponibilité et la
possibilité de l'utiliser partout, lui a donné une valeur
inestimable.
Il a servi dans la construction des grands entrepôts de
l'époque coloniale ou « seccos », destinés à la
conservation de l'arachide.
Il est encore présent aujourd'hui dans le paysage
rufisquois tant sa durée de vie est longue.
Sa trace se note dans les murs des maisons du centre
historique, à l'usine Petersen où il constitue le seul
matériau entrant dans la construction des unités de production,
mais également au marché du centre-ville (halle aux poissons,
marché légumes etc.).
Même s'il est vrai qu'au plan architectural, Rufisque n'a
rien à envier aux autres villes coloniales et qu'il a tout à
gagner en matière de valorisation de son patrimoine ; Le
véritable défi auquel il est invité, est d'arriver
à bien entretenir ce patrimoine culturel afin de le sortir dans son
état actuel de décrépitude.
--B-- Etat actuel du Patrimoine :
La notion de patrimoine est ambiguë dans un pays
marqué par un passé colonial, d'autant quand son héritage
est une importation directe dénuée d'influences indigènes.
Le temps aidant, les populations se sont approprié ces architectures
étrangères. Habitées et exploitées, elles ont
vécu au rythme et aux habitudes de la population indifférente au
principe de conservation.
--B--1 La dégradation du cadre bâti
:
Une analyse de l'architecture de Rufisque fait ressortir deux
types de bâtiments : des hangars remarquables par leurs dimensions et
leur appareillage en pierres calcaires, et les maisons commerciales, anciennes
propriétés des établissements d'importation d'arachide,
dont les alignements et le dessin des façades donnent un
caractère exotique à la rue rufisquoise.
Ces constructions, usées par une forte exploitation ou en
ruine à la suite d'un abandon, se dégradent lentement sous
l'action du temps.
Photo 32 : exemples de dégradation du bâti
colonial
Déjà la majorité des toitures sont dans
un état de décrépitude très avancé. Le bois
qui supporte les tuiles mécaniques sont vieux et laissent entrevoir des
parties non couvertes par celles-ci. Il en est de même pour la structure
métallique qui est attaquée par la rouille à plusieurs
endroits.
Mais la dégradation de ce patrimoine est liée
à des facteurs de plusieurs ordres :
Ø Anthropiques : la principale cause de
dégradation de l'architecture est imputable à l'intervention
humaine sur le monument. En effet, l'activité commerciale de Rufisque,
même si elle occupe une place centrale dans l'économie urbaine,
contribue fortement à
détériorer l'image du paysage culturel. Elle a
favorisé des déplacements importants augmentant ainsi la pression
humaine dans cette zone.
Les étales des commerçants, dispersés de
part et d'autre, renforcent cette mauvaise image du paysage culturel (la
taudification gagne le centre-ville).
A cela s'ajoute les restaurations sauvages et multiples faites
dans l'ignorance totale des
règles de l'art, le manque d'entretien par insuffisance de
moyens ou par négligence.
Photo 33 : Utilisation du ciment sur un mur en pierre de
Rufisque
Ces restaurations sauvages sont l'Suvre des particuliers qui
interviennent dans l'architecture et leur importe peu la sauvegarde de
l'esthétique du bâtiment : la seule règle est de
s'accommoder selon ses moyens. « Aujourd'hui, les résidents
permanents s'adaptent aux contrariétés au détriment de
l'authenticité de l'architecture historique de leur ville. Les
restaurations et les réalisations bétonnées contribuent
grandement à la dénaturation du patrimoine
»29.
Ø Naturels : en dehors de l'intervention
humaine, on note également l'érosion côtière dont
les effets continuent de peser sur le patrimoine.
29 Rufisque-réalités urbaines. op. cit.,
p14
Photo 34 : « seccos » en ruines et structure
métallique rouillée
Les vestiges de la glorieuse période coloniale, ces grands
« seccos » ont subis les agressions de la mer et il ne reste que
quelques briques de « pierres de Rufisque» qui nous
rappellent le temps de la traite. Au large, on voit encore les
traces des trois wharfs d'embarcation gagnée par la mer.
Cette attaque de la mer touche également le métal
principal matériau utilisé dans l'armature des toitures de
nombreux bâtiments.
La digue qui devait servir de barrière à
l'avancé de la mer perd de son hauteur : à plusieurs endroits,
elle se confond presque avec le sol soit à 1 ou 2
mètres au dessus de celui-ci.
« Les inondations des mois d'été sont
dramatiques pour la conservation et le maintien de l'architecture du Centre
historique, en particulier pour le quartier Keury-souf. En
effet, pour remédier aux dégradations induites, les habitants du
centre obturent les portes et fenêtres du rez-de-chaussée en
plaçant une allège construite en blocs de béton enduit et
souvent mal mise en Suvre. Ces interventions dénaturent l'architecture
des constructions patrimoniales de l'Escale »30.
A l'heure où la population de Rufisque regarde avec
impuissance cet héritage tomber en ruine, un ensemble de mesures a
été pris pour y faire face et ces dernières entrent dans
la conservation et la valorisation du patrimoine culturel.
30 Rufisque-réalités urbaines. Idem
--B-2 Le Patrimoine classé rufisquois
:
Depuis que la Charte de L'UNESCO, adoptée
en 1972, a invité les Etats sur la
nécessité de préserver le patrimoine, l'Etat du
Sénégal, suite à un arrêté ministériel
pris le 27 mars 2003 conformément à l'article
71-12 du 25 janvier 1971 relatif au
classement des monuments historiques, a procédé à un
recensement des sites susceptibles de renfermer un quelconque
intérêt culturel.
Ainsi, un certain nombre de bâtiments et de monuments du
« vieux Rufisque » ont pu être classés patrimoine
national:
· Le bâtiment abritant le commissariat de police
localisé près de la route nationale ;
· Le bâtiment de l'inspection de l'enseignement
élémentaire Rufisque 1 ;
· Le bâtiment abritant le tribunal
départemental sis à la Rue Adama Lô ;
· La gare ferroviaire de Rufisque, le bâtiment
principal et les entrepôts ;
· L'imprimerie nationale ;
· L'ensemble constitué par le bâtiment
abritant la mairie, la salle des fêtes et dépendances ;
· La maison d'arrêt et de correction;
· L'ex-école normale des jeunes filles (actuel
lycée Abdoulaye Sadji) ;
· La grande mosquée de Keury Souf ;
· L'ex-usine Petersen près du terminus à
Keury Kao ;
· La place Joseph Gabard ;
· L'église Sainte Agnès de Rufisque.
Mais les inventaires déjà établis
désignent le plus souvent des monuments publics abritant une
administration propriété de l'Etat ou d'une collectivité
territoriale.
Les constructions privées sont exclues des listes de
sauvegarde malgré le grand intérêt historique qu'elles
renferment (par exemple la résidence de Maurice Guèye
(ancienne police municipale), la maison de séjour de
Serigne El hadj Malick Sy transformée en école
coranique à Keury Souf).
69
Les pouvoirs publics cherchent à protéger et
à entretenir leur administration en valorisant leurs acquis alors qu'il
y' a urgence à intervenir dans la réfection de certains
bâtiments qui présentent un grand intérêt
historique.
Ils sont nombreux ces maisons au style architectural particulier,
qui attire par leur forme et leur beauté mais dont l'image est atteinte
par l'état de décrépitude du bâti.
Ces maisons doivent aussi bénéficier de cet
arrêté ministériel car elles appartiennent au même
ensemble du centre historique et leur état actuel n'augure point
à améliorer l'image du paysage culturel de Rufisque.
Les bâtiments administratifs classés patrimoine
national sont dans un état de délabrement très
poussé, ce qui a conduit à la mise en route d'un programme de
réhabilitation et de réfection qui complète les objectifs
de classification visant la sauvegarde des monuments.
--B-3 Programme pour la valorisation culturelle
:
Tableau 2: projets de sauvegarde et de mise en valeur du
patrimoine culturel
Nature du projet
|
Maitre d'ouvrage
|
Partenaires
|
Couts/euros
|
Etat
|
Ville de Rufisque Maisons des maires
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
95 000 #172;
|
En cours
|
Aménagement de la Place Gabard et de l'hôtel
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
150 000 #172;
|
En étude
|
Centre d'artisanat et de culture africaine
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
450 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement de la rue Ousmane Socé Diop
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
874 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement du quartier de la gare
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
200 000 #172;
|
En cours
|
CEDEPS
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
90 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement de la halle au poisson
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
280 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement du marché
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
480 000 #172;
|
En étude
|
Aménagement halle aux viandes
|
Ville de Rufisque
|
Ville de Nantes
|
70 000 #172;
|
En étude
|
Source : Réalisation personnelle d'après le
document sur la sauvegarde et la valorisation du patrimoine culturel de
Rufisque.
L'analyse du programme de valorisation culturelle montre que
celle-ci ne concerne que les bâtiments administratifs et une grande
partie des structures du marché.
Ce programme est réalisé avec le concours de
l'école d'architecture de Nantes par le biais de la coopération
Rufisque-Nantes.
Mais parmi cette liste, du moins non exhaustive, deux
bâtiments sont en cours de réfection : La maison des maires et
d'après le constat actuel les travaux ont été interrompus
depuis longtemps.
Les travaux concernant le quartier de la gare se poursuivent et
certains ont été déjà achevés. Il ne faut
pas perdre de vue que ces travaux de réhabilitation et de
réfection exigent de grands
financements et que les coûts globaux estimatifs des
projets, ne permettent pas de les réaliser à court terme.
Si l'on mesure le degré actuel de vétusté du
bâti, il y'a urgence à intervenir le plus tôt possible pour
éviter tout risque d'accident (tout récemment une mesure de
délocalisation du lycée Abdoulaye Sadji a été
avancé par crainte d'effondrement du bâtiment mais les
élèves s'y sont opposés).
C'est le cas pour bon nombre de bâtiments, notamment vers
la place du marché, qui risquent aussi de tomber.
--B--4 L'héritage colonial, une opportunité
pour Rufisque ?
Force est de constater que l'héritage colonial rufisquois,
même si dans certaine situation bloque l'élan de la ville, peut
constituer une source de valorisation culturelle mais seulement s'il est bien
exploité.
En effet, le centre ville représente l'une des plus
grandes richesses architecturales du Sénégal dont la restauration
devrait permettre le développement d'activités touristiques et
ludiques.
Certes les autorités locales l'ont compris et font de leur
possible pour réussir le pari de faire figurer le nom de Rufisque sur la
liste du Patrimoine mondial, à l'instar de Saint-Louis
et de Gorée.
Pour ce faire, il faut déjà achever les travaux en
cours car il ne suffit pas seulement de mettre en place des structures à
usage touristique qui n'ont rien à valoriser sinon de vieux
bâtiments.
La priorité doit être donnée à la
revalorisation de l'image de la ville qui suppose déjà
l'implication des usagers du centre historique dans la nécessité
de préserver leur cadre de vie (des primes ou subventions pour les y
inciter).
Mais également mener des campagnes de sensibilisation sur
l'importance de la valorisation du patrimoine historique et enfin agir.
Victime de son histoire, Rufisque a hérité d'un
marché qui côtoie le centre historique et par là même
accentue la pression des hommes et des activités sur son
héritage.
Que deviendrait le « vieux Rufisque » avec son
marché délocalisé ?
Force est de constater que l'essentiel des dégradations
sont notées dans la zone du marché, et que la
délocalisation de celui-ci permettrait de mieux apprécier
l'état de décrépitude du bâti et réduire du
même coup la forte pression qui y est observée.
En attendant que cette valorisation du patrimoine voie le jour,
certains particuliers se sont appropriés leur propre espace et
l'exploitent selon leur vision de la modernité.
--C-- Entre sauvegarde et valorisation, la
modernité :
Cette situation nouvelle de la modernité s'observe petit
à petit dans l'espace du « vieux Rufisque » et prend une
dimension importante dans l'amélioration de son image.
71
C'est parce qu'elle se veut une composition entre
l'héritage colonial et une nouvelle orientation architecturale, en phase
avec le XXI ème siècle, qu'elle attire l'attention de
tout promeneur.
A Rufisque, on nous a toujours habitué avec une
architecture vielle depuis le temps de la traite et, marquant du coup une
certaine indifférence avec ce milieu qui nous parait si familier mais
qu'on distingue à peine.
Or, il est important pour tout individu, à travers les
différents signaux qui caractérisent son environnement, d'y voir
un signe d'appartenance culturelle ou sinon les soubassements de son
époque.
Aujourd'hui, la situation évolue au vue des nombreuses
constructions modernes qui voient le jour dans « le vieux Rufisque
».
Photo 35 : Le paysage de la modernité
Cette nouvelle disposition se matérialise soit par des
démolitions d'anciennes maisons, soit par la valorisation d'anciennes
friches, ou soit par la construction d'un étage supplémentaire,
mais moderne, sur les bâtiments coloniaux.
Dès fois même sous d'autres formes comme par exemple
l'emploi de matériaux modernes pour valoriser soit les portes ou les
fenêtres des maisons coloniaux.
Pour les nouvelles constructions, il n'est pas question de
reprendre les matériaux de l'architecture coloniale, ni le style mais la
tendance est surtout de varier, quitte même à démolir le
bâti.
Le style colonial n'est pris en compte que s'il s'agit de travaux
de réhabilitation de bâtiment à caractère culturel,
comme par exemple la réfection de l'école
élémentaire Ibra Seck, le bâtiment de
l'inspection d'académie de Rufisque 1, les bâtiments
administratifs etc.
On peut constater aussi que cette impression de modernité
se remarque, pour une grande part, le long de la route nationale et à la
périphérie de l'hôtel de ville.
Elle est le fait d'agences bancaires (Crédit mutuel ou
Pamécas), d'agences de la Sonatel et de la Sénélec, et de
bureaux d'assurances si l'on exclut les nouvelles maisons d'habitation.
Il en est autre vers la zone côtière et au
marché, où règne une image de grande vétusté
du bâti. Même si cette tendance de la modernité
évolue de jour en jour, elle ne peut masquer pour le moment l'image,
à certains endroits, d'une ville qui a fait son temps.
Cependant la nouvelle orientation architecturale montre qu'il y'a
de la place pour une redynamisation de l'image du « vieux Rufisque
».
Pour vendre cette image il faudra compter sur la valorisation des
nombreuses friches et cela peut contribuer au renforcement des fonctions de la
ville.
Une analyse des caractéristiques du paysage urbain de
Rufisque a été un prétexte afin de revoir le patrimoine
culturel dans son ensemble et également étudier cette nouvelle
image de mixité paysagère qui est entrain de voir le jour.
Rufisque rencontre de nombreuses difficultés, notamment
financières, pour sauvegarder son héritage colonial et valoriser
son patrimoine culturel, mais n'empêche qu'un programme de
réhabilitation est en cours d'étude et son application lui
permettrait de « redorer son blason touristique ».
L'espoir est permis depuis que les autorités
étatiques ont classé Rufisque comme patrimoine national et qu'un
regain d'intérêt pour la valorisation de l'héritage a vu le
jour. Mais le véritable défi, loin de figurer sur la liste du
patrimoine mondial, est l'application du programme de réhabilitation le
plus tôt possible afin de promouvoir la destination Rufisque et de lutter
contre la dégradation progressive de l'héritage culturel.
Cela passera par la réappropriation du paysage culturel
rufisquois, sinon une profonde mutation de ses fonctions ou de ses
structures.
73
TROISIEME PARTIE : LES MUTATIONS
FONCTIONNELLES
Les mutations fonctionnelles au centre-ville de Rufisque n'ont
connu leur importance que depuis quelques années.
En effet, la ville anciennement dominée par la fonction
administrative et commerciale, a été témoin ces
dernières années de la naissance de nouveaux secteurs
d'activités qui viennent renforcer sa nomenclature fonctionnelle.
La ville de Rufisque, véritable terrain d'expression de la
culture de l'arachide, symbole de la puissance des anciennes maisons de
commerce, s'est vue transformée en un espace de perpétuels
changements d'activités.
Cette mutation des fonctions s'est opérée
dernièrement à un rythme très rapide avec une
diversification de l'offre en services dans beaucoup de domaines, et la
création de nouveaux secteurs exploitables pour l'avenir de la ville.
Elle est une opportunité pour Rufisque
d'échapper à son héritage commercial et administratif, de
développer de véritables pôles de services et
d'activités variées, de devenir un authentique outil fonctionnel
capable de promouvoir de nouveaux pôles concurrentiels.
Elle est, en outre, à l'origine de nombreuses
recompositions des structures au niveau du centreville de Rufisque, qui a vu un
bon nombre de ses bâtiments faire l'objet de réaffectation et de
servir à d'autres fonctions.
Cependant avant de se prononcer sur la dimension que pourrait
prendre ces mutations fonctionnelles sur le renforcement des activités
de la ville, il serait prudent d'étudier d'abord leur nature et leur
forme.
A la fin de cette étude il nous sera plus aisé de
recadrer la véritable place du centre-ville de Rufisque, et de
réfléchir sur de nouvelles possibilités de renforcement
des structures.
Afin de bien réussir ce travail, il serait tout
à fait acceptable de prendre comme repère l'étude des
activités principales qui ont toujours marqué l'espace du
centre-ville de Rufisque. Partant de leur nature et de leur localisation, nous
pouvons répertorier toute activité récente qui peut entrer
dans le nouveau paysage fonctionnel de la ville.
75
CHAPITRE I : Des pôles fonctionnels non
négligeables
Figure 6 : Carte de la localisation des fonctions
principales du centre-ville de Rufisque
Source : réalisation personnelle
--A-- La fonction commerciale :
Photo 36 : le marché de Rufisque à
l'époque colonial
Il n'est pas étonnant de voir, aujourd'hui, la place
prépondérante occupée par le commerce dans l'espace de
Rufisque. A l'origine, la fonction commerciale s'est très tôt
intégrée dans ses activités majeures et avait pris une
dimension importante dans l'économie de traite.
Cette époque est achevée mais la fonction
commerciale est toujours présente dans le centreville et constitue la
principale activité à travers laquelle Rufisque est reconnue en
tant que pôle commercial exerçant son influence sur un vaste
hinterland.
Cette fonction s'exerce au Marché Central du centre-ville
dont les limites n'ont cessé de s'agrandir (sur la photo ci-dessus on
peut apprécier les débuts du marché), et tout au tour des
îlots qui le bordent (figure 9).
Ce commerce était localisé sur presque trois
îlots avec comme composantes : le marché fruits et légumes,
la halle aux poissons, le marché « bric à brac » tissus
+ produits secs, halle aux viandes. Mais ses franges ont connu une progression
avec l'étalement de l'aire commerciale vers le Nord, du fait des
nombreuses boutiques de grossistes et les différents étales qui
ont conquis les alentours du marché. Le marché est composé
de l'autre coté de la route nationale (au nord) par
77
79
des magasins de produits électroniques (radios, portables,
téléviseurs etc.) et boutiques de réparateurs de radios,
téléviseurs etc.
Même si sa contribution au budget municipal parait faible,
la fonction commerciale apparaît comme le principal
élément, favorisant le dynamisme de l'espace urbain et
constituant le vecteur de développement de la ville.
Les autorités locales sont conscientes de la part qu'elle
représente dans la mobilisation de recettes de fonctionnement et ont
signé un contrat de ville avec l'Agence de Développement
Municipal (en 1999) pour l'amélioration du niveau de recettes avec la
réalisation d'équipements marchands.
--A--1Distribution des recettes commerciales:
Tableau 3 : Les recettes commerciales de la ville de
Rufisque
Impôts locaux
|
Montant (francs CFA)
|
Contribution patente
|
3
|
056
|
558
|
453
|
Produits domaniaux
|
|
|
|
|
Droit de place
|
|
92
|
915
|
800
|
Location souks
|
|
26
|
626
|
700
|
Total
|
3
|
176
|
100
|
953
|
Source : Réalisation personnelle d'après
les données recueillies auprès du responsable du bureau des
recettes
Ces chiffres ont été arrêtés à
la date du 30 septembre 2009 et représentent l'ensemble
des recettes commerciales de la ville. La contribution patente
représente 96,2% des recettes commerciales,
67,66 % du taux de recouvrement appartenant à la
commune. Le reste va sur le compte de l'Etat (soit 32 %).
--A-- 2 Les recettes non commerciales :
Tableau 4 : recettes diverses
Impôts locaux
|
Montant (francs CFA
|
Le foncier bâti
|
384 173 363
|
Le non bâti
|
24
|
156
|
250
|
Taxe sur les véhicules
|
62
|
444
|
227
|
Taxe sur la plus value immobilière
|
30
|
931
|
779
|
Produits d'exploitation
|
|
|
|
Produits des abattoirs
|
19
|
220
|
000
|
Frais de bornage
|
35
|
846
|
000
|
Taxes municipales
|
|
|
|
Véhicules automobiles
|
7
|
053
|
400
|
Sur la publicité
|
38
|
122
|
900
|
Total
|
601
|
947
|
919
|
Source : Réalisation personnelle d'après
les données recueillies auprès du responsable du bureau des
recettes
L'analyse des deux tableaux montre que la ville de Rufisque tire
l'essentiel de ses ressources de fonctionnement des recettes commerciales.
A elle seule, la contribution patente dépasse de loin le
cumul de l'ensemble des autres recettes, d'où la part importante qu'elle
occupe dans celles-ci. Cependant, il ne faut pas oublier les autres recettes
qui représentent une part non négligeable.
--B-- La fonction administrative:
Du fait de son statut de chef lieu de département, la
ville de Rufisque continue encore de «porter son blason »
administratif et d'être un outil important dans l'organisation de ses
différentes activités.
Ainsi le pôle administratif peut être divisé
en deux entités.
--B--1 Le conseil municipal et
l'administration:
Ø Le conseil municipal, conformément à
l'article 98 du code des collectivités locales, (Loi no 96-06 du 22
mars 1996), « est l'organe délibérant de la commune ».
Il est divisé en
plusieurs commissions composées de conseillers et de
conseillères, parmis lesquelles nous pouvons citer les commissions
commerce et finance. Il est l'organe principal qui vote le budget de la
commune.
> L'administration municipale, quand à elle est «
l'organe exécutif de la commune ».Elle est
composée de plusieurs services et de directions parmi
lesquels la DAF, la DST etc.
Force est de constater que l'administration municipale,
même si elle semble respecter une certaine organisation, n'est pas
indépendante pour mener à bien sa mission. Elle fait l'objet
à chaque élection municipale, d'un changement de personnel, qui
contribue à freiner le travail déjà entamé (les
élections du mois de mars 2009 le confirment).
--B-2 L'administration décentralisée
:
Avec la décentralisation, la ville s'est vue attribuer
de nouvelles compétences (9 domaines de
compétence), en application de la loi no 96-07
du 22 mars 1996, notamment dans les secteurs suivants
:
> L'environnement et la gestion des ressources naturelles,
> La santé,
> la population et l'action sociale,
> La jeunesse, les sports et les loisirs,
> La culture,
> L'éducation,
> L'aménagement du territoire,
> La planification,
> L'urbanisme et l'habitat.
Pour mener à bien ses missions, la ville s'appuie en plus
de l'administration municipale, sur les services de l'administration centrale
et déconcentrée.
A Rufisque, nous pouvons noter le service des impôts et
domaines, le service de l'urbanisme, le service du cadastre, le service de
l'inspection départementale, qui sont les véritables symboles de
la coopération décentralisée.
Cependant le véritable défi pour la ville de
Rufisque est de lutter contre les carences manifestes qui gangrènent son
administration, surtout l'administration municipale : manque d'expertise,
moyens techniques limités, effectifs pléthoriques qui absorbent
la plus grande part du budget de fonctionnement de la municipalité.
Il est plus qu'urgent de réorganiser le mode de
fonctionnement de l'administration municipale et de recruter un personnel
qualifié pour une amélioration des capacités du personnel
en activité grâce à une politique de formation
adéquate (la majeure partie est embauchée à la faveur de
la politique).
--C-- La fonction éducative:
Si la fonction éducative a pris une dimension aussi
importante au centre-ville de Rufisque, ce n'est que récemment. En
effet, jusque dans les années 80, le centre-ville était encore
doté que de quelques établissements scolaires dont ces quatre du
secondaire :
Tableau 5 : établissements scolaires au
centre-ville de Rufisque jusque dans les années 1980
Etablissements
|
Date de fondation
|
Niveau
|
CEM Matar Seck
|
1958
|
Secondaire moyen
|
Lycée Abdoulaye Sadji
|
1965
|
Secondaire 2 o degré
|
CEM Abdoulaye Sadji et Ex --annexe
|
1970
|
Secondaire moyen
|
Bloc Scientifique et Technique
|
1981
|
Secondaire moyen
|
Source : réactualisation d'après
Guèye Mamadou, l'évolution de la population dans les quartiers
centraux de Rufisque depuis 1970,1990-91
Les établissements primaires étaient
déjà présents à Rufisque mais la majorité se
trouvait dans les zones périphériques (sept écoles
primaires dont la première école de Rufisque construite en
1885).
Aujourd'hui cette situation est autre avec l'apparition à
chaque coin de rue du centre-ville, de nouveaux établissements scolaires
qui viennent augmenter le lot existant.
Il s'agit pour l'essentiel de groupes d'enseignement
privés crées par les professeurs qui exercent dans les
établissements publics du centre-ville (par exemple le Groupe scolaire
« les académiciens » appartenant aux professeurs du
Lycée Abdoulaye Sadji).
Ce sont en grande majorité des établissements
d'enseignement Général, regroupant les différents cycles,
de l'enseignement élémentaire au secondaire 2o
degré.
Nous pouvons citer l'école privée «
synergie », le groupe scolaire« les
académiciens », le groupe scolaire « les
trois dauphins », l'école privée Mansour
Sy, l'école privée El Hadji Ibrahima
sakho, le groupe scolaire « les rufisquoises
», le privé catholique St-Joseph (qui
regroupe le préscolaire et l'élémentaire) etc.
La formation professionnelle est également présente
au centre-ville avec l'école de formation « technisys
».
Ces écoles de formations sont pour la grande
majorité des « échappatoires » pour les nombreuses
élèves dont l'enseignement public n'a pas été
favorable.
Aujourd'hui nous somme à mesure de dire que la fonction
éducative occupe une part non négligeable au centre-ville de
Rufisque.
Ce qu'il faut craindre, ce n'est point la dimension qu'elle ait
prise aujourd'hui puisse qu'elle contribue à renforcer son poids
fonctionnel, mais la manière dont elle se manifeste sur l'espace du
centre-ville avec une perpétuelle conquête de tout bâtiment
susceptible de l'accueillir.
Le renforcement des fonctions doit se faire en rapport avec une
réelle volonté de délocalisation vers la proche
périphérie afin de désengorger l'« ancien tissu
» et d'asseoir les bases d'une réelle politique de valorisation
culturelle.
--D-- Une fonction industrielle très
limitée :
Elle est présente au centre-ville de Rufisque mais dans
des proportions moindres. On peut citer l'ex-usine Petersen (actuel SENARH) qui
avait repris ses activités de production il y'a trois années de
cela. Mais des plaintes venant des populations, concernant la pollution dont
elle était responsable, ont précipité l'arrêt de ses
activités. Actuellement, il fonctionne en tant qu'usine
81
d'embouteillage et d'ensachage de l'huile produite depuis Dakar
et fabrique à certaine occasion des bouteilles.
Il y'a aussi une usine de biscuits, une usine de conservation de
produits halieutiques et une usine de glace localisées au quartier Keury
Kao.
Si cette fonction industrielle est évaluée
au-delà des limites du centre-ville, nous pouvons noter la
présence de pôles industriels à grand rayonnement comme :
la SOCOCIM, une usine de produits pharmaceutiques (VALDA), une usine de
textiles COSETEX, une usine de textiles et de production de sacs à jute,
des sociétés nationales représentées comme la
Sénégalaise Des Eaux, la SONATEL ou la SENELEC.
Ces fonctions traditionnellement reconnues à Rufisque sont
ses principaux moyens d'expression, qui lui permettent de faire figure de grand
pôle dans l'armature urbaine du pays, en raison de leur forte influence
sur un vaste hinterland.
Rufisque c'est avant tout le commerce, une source de revenus
sûre, à travers laquelle elle trouve les moyens d'alimenter son
budget de fonctionnement et d'être reconnue comme pôle
commercial.
Mais au-delà de ces pôles qui l'ont toujours
caractérisé, le centre-ville de Rufisque propose un nouveau
paysage fonctionnel, très divers, symbole d'une réappropriation
et d'une revalorisation du « vieux tissu ».
83
CHAPITRE II : Le centre-ville de Rufisque, une
nouvelle
ère, de nouvelles fonctions
Pour ce qui concerne l'étude des mutations fonctionnelles
intervenues au niveau du centre-ville de Rufisque, on s'est proposé de
les recenser et de les cartographier afin de mieux saisir leur distribution
dans cet espace.
On aura ensuite la latitude d'analyser les principales fonctions
qu'elles englobent, et cela, pour mieux évaluer la nature de celles qui
n'y figurent pas encore.
--A-- De nouveaux pôles sanitaires :
Dans le domaine de la santé, les mutations sont
très importantes avec l'apparition de plusieurs structures modernes avec
des spécialités aussi variées les unes que les autres.
Ainsi, tout dernièrement, on a été en
présence de l'apparition de pharmacies, de nouvelles cliniques
privées mais également de plusieurs cabinets.
Ces fonctions nouvelles viennent renforcer le poids du
centre-ville en tant que pôle promoteur de services plus performants.
Nous les avons localisés sur les cartes qui suivent.
Figure 7 : localisation des médecins au
centre-ville de Rufisque
Source : réalisation personnelle
85
Figure 8 : localisation des pharmaciens au centre-ville
de Rufisque
Source : réalisation personnelle
Figure 9 : localisation des cliniques au centre-vile de
Rufisque
Source : réalisation personnelle
87
--B-- Un pôle bancaire en constitution:
Si on devait mesurer la place des nouveaux pôles dans le
renforcement des fonctions du centreville, on ne se tromperait pas en insistant
sur l'importance jouée par les structures bancaires. En effet leur
apparition dans le paysage du « vieux tissu » s'est faite en un tel
rythme, qu'il y'a eu beaucoup de maisons qui ont dû être
démolies.
Figure 10 : localisation des banques au centre-ville de
Rufisque
Source : réalisation personnelle
-C- De nouveaux métiers:
Il s'agit de cabinet d'avocats et d'huissiers de justice. Leur
nombre n'est pas trop important au
vue des autres fonctions présentes au centre-ville. Mais
ce sont des indicateurs de l'apparition de nouvelles fonctions plus
spécialisées dans la cité de l'arachide.
On les retrouve également vers la zone
périphérique particulièrement au niveau des HLM.
Figure 11 : localisation des avocats et huissiers au
centre-ville de Rufisque
Source : réalisation personnelle
89
--D-- De nouveaux champs fonctionnels à
explorer:
Pour ceux là nous pouvons dire que leur intégration
dans la nomenclature fonctionnelle de Rufisque est trop récente. Il
s'agit en grande partie de bureaux d'assurance et d'une agence
immobilière. Notons cependant que nous n'avons recensé que cette
agence immobilière au niveau du centre-ville et un seul bureau de
poste.
Figure 12 : localisation des bureaux d'assurances, agence
immobilière et bureau de poste
Source : réalisation personnelle
Graphique 2 : Pourcentage des différentes
fonctions
médecins pharmaciens cliniques banques avocats
assurances
fiscalité
poste
agence immobilière huissiers
Source : réalisation personnelle
--E-- Un gap fonctionnel trop grand:
Une analyse de cette partie nous permet d'apprécier
l'état actuel des mutations fonctionnelles au centre-ville de Rufisque.
Celles-ci sont en cours et concernent pour une grande part le secteur
sanitaire, le secteur bancaire et les assurances.
Pour les autres secteurs, il y'a une certaine évolution
mais dans des proportions moindres comme par exemple les agences
immobilières, la poste etc.
Ce qui fait dire qu'il y'a encore de la place pour une apparition
de nouvelles fonctions « dans le vieux » Rufisque.
Pour s'imposer comme un véritable pôle, à
l'image de Dakar, la ville de Rufisque doit être à mesure de
diversifier ses services et de concentrer des fonctions très
concurrentielles à savoir regrouper des agences de voyage, des bureaux
d'architectes et d'ingénieries, des activités comptables et
audits etc.
On ne peut s'étonner qu'aujourd'hui encore, la population
de Rufisque soit fortement dépendante des services offerts par la
capitale, puisque la ville n'est pas encore dotée de fonctions qui
puissent véritablement les fixer.
CHAPITRE III : Vers une recomposition des structures
C'est une nouvelle situation que connaît la ville de
Rufisque. Elle s'observe dans l'espace du
centre-ville et consiste à une reconversion des fonctions
d'anciens bâtiments afin de leur donner une destination nouvelle.
--A-- Un espace en perpétuel changement : Figure
13 : reconversion des structures
Source : réalisation personnelle
92
--A--1 Les voies de la reconversion: Graphique 3 : la
reconversion des structures
maisons devenues structures éducatives maisons devenues
structures administratives strucures éducatives devenues maisons maisons
devenues structures sanitaires maisons devenues structures bancaires maison
devenue espace culturel
agence touristique
anciens cinémas en cours de reconversion structures neuves
à vocation encore inconnue
Source : réalisation personnelle
La figure ci-dessus nous permet de voir l'orientation prise par
les différentes reconversions. Ainsi, nous pouvons voir que l'essentiel
des bâtiments qui ont subis une reconversion l'ont été en
faveur de la fonction éducative soit un total de 13
maisons. La fonction administrative et la fonction bancaire y
représentent une part importante avec pour chacune 3
maisons, de même que pour les structures sanitaires (2
maisons reconverties).
On note également l'apparition de nouvelles structures
dont la destination n'est pas encore connue, deux cinémas dont l'un va
accueillir un centre commercial, un espace culturel et une agence
touristique.
--A--2 Quelle place pour une redynamisation fonctionnelle
?
S'il est vrai que le centre-ville de Rufisque est dans une phase
de profondes mutations fonctionnelles, il semblerait également que
celles-ci ne s'opèrent de la meilleure des façons. En effet, nous
pouvons noter que la reconversion des structures n'évolue pas vers une
volonté de doter le centre-ville, de fonctions nouvelles pouvant lui
valoir la place de pôle concurrentiel et compétitif.
Cependant, il y'a une certaine amélioration dans des
secteurs comme la santé, la finance et notamment dans le domaine de la
culture, qui a vu la naissance de bâtiments neufs à
caractère culturel (cela entre dans le cadre du programme de
valorisation culturelle).
Notons par ailleurs qu'au niveau du centre-ville de Rufisque, il
y'a encore des possibilités pour une diversification des fonctions en
raison de la disponibilité de nombreuses friches, qui servent
actuellement d'ateliers mécaniques ou de soudeurs. Ces « seccos
» sont pour l'essentiel une propriété de la commune de
Rufisque.
Le « vieux Rufisque », c'est
également un pôle de services en constitution.
--B-- Un pôle de services
diversifiés:
Il s'agit de l'apparition de services très variés
qui touchent différents domaines, des nouvelles technologies de
l'information et de la communication aux soins esthétiques.
--B--1 Des services et encore des services:
Graphique 4 : répartition des différents
services
salons de beauté
cyber-espaces
restaurants modernes laboratoires de photos blachisseries
modernes
librairies
salle de musculation et de fitness
Source : réalisation personnelle
94
Figure 14 : Localisation des services
Source : réalisation personnelle
96
En ce qui concerne le pôle des services nous pouvons
voir que le centre-ville de Rufisque est bien outillé pour ne serait-ce
remplir une partie de ses fonctions à savoir proposer des services
divers. Ainsi, les nouvelles technologies de l'information et de la
communication se sont développées de façon très
rapide au centre --ville, avec la création de nombreux cyber-espaces, on
a dénombré en tout 8 cybercafés,
concentrés pour la grande majorité dans la zone de
Keury Kao.
Les soins esthétiques ont aussi connu un essor avec
l'apparition de nombreux salons de coiffure, et pour certains une école
de formation. Ils caractérisent le plus le centre-ville en raison de
leur grand nombre, 11 salons dont 2 hors de
ses limites.
Ce pôle de service est renforcé par la
présence de restaurants modernes, de laboratoires de photos, de salle de
musculation etc.
Le centre-ville de Rufisque c'est aussi, un paysage de bars et de
Night Clubs, avec tout récemment la construction d'une structure
moderne(R+3) faisant office de Dancing et de bar club à
Keury Kao (cela avait soulevé la colère des
populations qui n'ont rien pu faire).
--B-2 Des boutiques très
spécialisées :
On ne pourrait dire que Rufisque a échappé à
son passé colonial, au regard de l'énorme héritage
commercial qui le « poursuit encore ». Même si la nature des
produits à commercer à changé, le constat est là et
témoigne de l'apparition de boutiques modernes. Cet héritage le
marque jusque dans la transformation des maisons, avec un
rez-de-chaussée abandonné progressivement à des magasins
neufs. Cette pratique est fréquente et touche également la zone
périphérique. Pour la plupart c'est des boutiques d'habillement
« prêt-à-porter » comme on a l'habitude de le dire, des
boutiques qui vendent des articles divers allant de la papeterie aux outils
technologiques modernes, des Orange boutiques, mais également de
nombreux magasins témoins c'est-à-dire des «easy boutiques
».
Cette troisième partie permet d'avoir une meilleure
connaissance des mutations profondes que connaît le centre-ville de
Rufisque dans tous les domaines même les plus élémentaires.
Le processus de réappropriation de l'espace de la « vielle
cité de l'arachide » est entamé et il faudrait que
celui-ci se fasse de façon réfléchi pour que la Ville en
renaisse le « blason redoré ».
Conclusion:
Quelles leçons tirer de ce parcours sinueux sur l'espace
du centre-ville de Rufisque ? On serait tout de suite tenté de dire
qu'elles sont nombreuses en raison des multiples transformations, productions,
qui en font le théâtre d'une perpétuelle recomposition
structurelle et d'une réappropriation d'un espace dont l'héritage
lui prédestinait, un avenir commercial aussi prometteur.
S'il est aussi vrai que les villes coloniales à l'image de
Gorée, St-Louis et Rufisque
sont les héritiers de patrimoines architecturaux très
riches, il n'en demeure pas moins que cet héritage soit aujourd'hui la
seule voie par laquelle elles devraient s'affirmer.
Ainsi, les nouvelles orientations qui s'opèrent dans le
« vieux Rufisque », sont des indicateurs d'une ville qui aspire
à se moderniser, sans renier son passé, mais en posant les
fondements d'une nouvelle époque.
Cette étude vient à point nommé en
évaluant la véritable dimension de l'héritage colonial et
les opportunités, sinon, les contraintes qu'il impose à la Ville
de Rufisque.
Après une appréciation globale du patrimoine
architectural rufisquois, nous pouvons dire que son état actuel n'est
pas favorable à une amélioration de l'image de la ville, et que
pour tirer profit de celui-ci, il faudrait que la politique de sauvegarde et de
revalorisation culturelle puisse s'intéresser à l'ensemble du
centre historique notamment dans la zone du marché où l'urgence
demeure.
C'est également dans cet espace de grande
décrépitude du bâti, qu'aient lieu de profondes mutations
aussi bien dans les fonctions qu'au niveau des structures, redéfinissant
du coup le statut du centre-ville de Rufisque en tant que pôle commercial
et administratif prédestiné.
Cette mutation est en cours, loin de s'achever pour le moment,
seulement elle ne contribue réellement à faire « du
vieux tissu » un outil fonctionnel très performant. C'est
une voie nécessaire à Rufisque si elle veut échapper
à l'étau de la capitale qui se resserre continuellement, lequel
l'a pendant longtemps relégué en un rang de simple satellite, un
réservoir de main d'Suvre.
Cette situation est loin de se terminer si l'on regarde, les
principales structures présentes dans la cité de «
Mame Coumba Lamb », à fortes dominantes commerciales,
administratives, et
éducatives. Cela vient confirmer l'hypothèse selon
laquelle le centre-ville de Rufisque n'est pas suffisamment outillé pour
répondre aux défis actuels de modernisation (des structures
à forte dominante commerciale et administrative).
Cependant, cette situation semble évoluer de
manière positive, même si elle n'est pas encore bien en place, et
que pour bientôt le centre-ville de Rufisque sera reconnu comme un
véritable pôle avec une zone périphérique bien
outillé.
Il serait donc nécessaire de compléter cette
première approche en analysant les mutations fonctionnelles au niveau de
la périphérie proche du centre-ville, pour voir s'il y'a une
réelle politique de délocalisation au niveau de cette zone, et
éventuellement étudier les relations étroites entre les
populations du centre-ville et leur environnement proche, à savoir
l'héritage culturel.
98
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100
Liste des photos utilisées :
Photo 1 : Le canal de l'est 6
Photo 2 : La nouvelle sénélec 6
Photo 3 : structure moderne 6
Photo 4 : circulation difficile au centre-ville
6
Photo 5 : Pierre de Rufisque dans un bâtiment
7
Photo 6 : le jardin public rénove 7
Photo 7 : ancienne police en réfection
7
Photo 8 : toiture en ruine 7
Photo 9 : Ancien entrepôt en ruine 8
Photo 10 : école au cSur du marché
8
Photo 11 : bâtiment en ruine 8
Photo 12 : Le nouveau chemin de fer 8
Photo 13 : Toiture délabrée au
marché 8
Photo 14 : canalisation vétuste 8
Photo 15 : la gare ferroviaire rénovée
8
Photo 16 : bâtiment moderne 8
Photo 17 : Quelques aspects du bâti 9
Photo 18 : La nouvelle sonatel 10
Photo 19 : une rue du centre ville 10
Photo 20 : fenêtre délabrée
10
Photo 21 : Ancien wharf 22
Photo 22 : ancien secco 22
Photo 23 : Exemple de rues perpendiculaires
43
Photo 24 : embouteillage à la rue Adama Lo et au
Boulevard Maurice Guèye 46
Photo 25: embouteillage à la rue Adama Lo et au
Boulevard Maurice Guèye bis 46
Photo 26: Inondation au centre-ville et canalisation
vétuste 48
Photo 27 : un échantillon du maillage vert au
centre-ville 49
Photo 28 : Maison avec un jardin bien entretenu au
centre-ville 52
Photo 29: exemple typique de résidence
52
102
Photo 30 : Exemple typique de bâtiments à
caractère colonial 52
Photo 31 : exemples de matériaux utilisés
dans l'architecture coloniale 62
Photo 32 : exemples de dégradation du bâti
colonial 64
Photo 33 : Utilisation du ciment sur un mur en pierre de
Rufisque 65
Photo 34 : « seccos » en ruines et structure
métallique rouillée 66
Photo 35 : Le paysage de la modernité
71
Photo 36 : le marché de Rufisque à
l'époque colonial 76
Liste des figures utilisées :
Figure 1 : en vert le centre-ville 6
Figure 2 : carte de la situation de Rufisque
24
Figure 3 : en vert le centre ville de Rufisque
27
Figure 4 : Schéma structural de la
presqu'île du Cap-Vert 28
Figure 5 : Carte du maillage urbain de Rufisque
41
Figure 6 : Carte de la localisation des fonctions
principales du centre-ville de Rufisque 75
Figure 7 : localisation des médecins au
centre-ville de Rufisque 84
Figure 8 : localisation des pharmaciens au centre-ville
de Rufisque 85
Figure 9 : localisation des cliniques au centre-ville de
Rufisque 86
Figure 10 : localisation des banques au centre-ville de
Rufisque 87
Figure 11 : localisation des avocats et huissiers au
centre-ville de Rufisque 88
Figure 12 : localisation des bureaux d'assurances, agence
immobilière et bureau de
poste 89
Figure 13 : reconversion des structures 91
Figure 14 : Localisation des services 94
Liste des tableaux utilisés :
Tableau 1 : Répartition des concessions,
ménage et du sexe dans les communes 36
Tableau 2: projets de sauvegarde et de mise en valeur du
patrimoine culturel 68
Tableau 3 : Les recettes commerciales de la ville de
Rufisque 77
Tableau 4 : recettes diverses 77
Tableau 5 : établissements scolaires au
centre-ville de Rufisque jusque dans les années
1980 80
Liste des graphiques utilisés :
Graphique 1 : évolution de la population
rufisquoise de 2005 à 2015 35
Graphique 2 : Pourcentage des différentes
fonctions 90
Graphique 3 : la reconversion des structures
92
Graphique 4 : répartition des différents
services 93
104
Table des matières :
Pages
Listes des sigles et acronymes 4
Problématique 5
Contexte et Justification 11
Objectifs 12
Hypothèses 12
Introduction 17
Première partie : Cadre physique et
démographique 19
Chapitre 1 : Rufisque et son site 20
A. Historique de Rufisque 20
B. Situation géographique de Rufisque
24
C. Le centre-ville de Rufisque 27
Chapitre 2 : Les caractéristiques physiques du
paysage rufisquois 28
A. Cadre géologique et géomorphologique
28
A.1 Géologie de la Presqu'île du Cap-Vert
29
A.2 Les fracturations de la Presqu'île du Cap-Vert
30
B. Les principaux affleurements de la zone de Rufisque
30
B.1 Les formations tertiaires 30
B.2 Les formations quaternaires 32
Chapitre 3 : Etude démographique de Rufisque
33
A. La population rufisquoise 33
A.1 Les aspects de la croissance démographique
33
A.2 L'évolution de la population rufisquoise
33
A.3 Les nouvelles tendances de la croissance
démographique 34
B. Taille des ménages et de leur
répartition 36
Deuxième partie : Les caractéristiques du
paysage urbain 38
Chapitre 1 : La morphologie urbaine 41
A. La trame urbaine rufisquoise 41
A.1 Le lotissement urbain 44
A.2 Le parcellaire 44
A.3 La voirie urbaine 45
B. Le réseau de canalisation et le maillage vert
47
B.1 Le réseau de canalisation 47
B.2 Le maillage vert 48
C. Mobilier de l'espace public et toponymie
50
C.1 Le mobilier de l'espace public 50
C.2 La toponymie, un autre symbole du paysage rufisquois
51
D. Typologie de l'habitat urbain 51
D.1 Les zones résidentielles de maisons
individuelles ou semi collectif 51
D.2 Le Centre historique 52
D.3 Les zones d'urbanisation sauvages et rapides
53
Chapitre 2 : Le patrimoine architectural 54
A. La notion de patrimoine culturel 55
A.1 La préservation du patrimoine culturel
55
A.2 La signature de la convention concernant la protection
du patrimoine
mondial, culturel et naturel (1972) 56
B. Notion de patrimoine mondial 56
B.1 Caractère particulier du patrimoine mondial
56
B.2 Patrimoine mondial et Patrimoine national
57
C. Les différents types de patrimoine culturel
57
C.1 Les composantes du patrimoine culturel 57
C.2 Le Patrimoine naturel 58
Chapitre 3 : Le patrimoine culturel rufisquois
60
A. De l'origine culturelle 60
A.1 Le style architectural 60
A.2 Les matériaux de l'architecture coloniale
62
B. Etat actuel du Patrimoine 63
B.1 La dégradation du cadre bâti
64
B.2 Le Patrimoine classé rufisquois 67
B.3 Programme pour la valorisation culturelle
68
B.4 L'héritage colonial, une opportunité
pour Rufisque? 70
C. Entre sauvegarde et valorisation, la modernité
! 70
Troisième partie : Les mutations fonctionnelles
73
Chapitre 1: Des pôles fonctionnels non
négligeables 75
A. La fonction commerciale 76
A.1 Distribution des recettes commerciales 77
A.2 Les recettes non commerciales 77
B. La fonction administrative 78
B.1 Le conseil municipal et l'administration
78
B.2 L'administration décentralisée
79
C.
106
La fonction éducative 80
D. Une fonction industrielle très limitée
81
Chapitre 2: Le centre-ville de Rufisque, une nouvelle
ère, de nouvelles fonctions 83
A. De nouveaux pôles sanitaires 83
B. Un pôle bancaire en constitution 87
C. De nouveaux métiers 88
D. De nouveaux champs fonctionnels à explorer
89
E. Un gap fonctionnel trop grand 90
Chapitre 3 : Vers une recomposition des structures
91
A. Un espace en perpétuel changement
91
A.1 Les voies de la reconversion 92
A.2 Quelle place pour une redynamisation fonctionnelle ?
92
B. Un pole de services diversifiés 93
B.1 Des services et encore des services 93
B.2 Des boutiques très spécialisées
95
Conclusion 96
Bibliographie 98
Liste des photos utilisées 100
Liste des figures utilisées 101
Liste des tableaux utilisés 101
Liste des graphiques utilisés 102
Tables des matières 103
FIN
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