DEDICACES
DÉDICACES
Je dédie ce mémoire à ma chère
épouse Esther Clarisse
1
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets
Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTA,
Novembre 2006.
REMERCIEMENTS
REMERCIEMENTS
La rédaction de ce mémoire a connu la participation
de plusieurs intervenants. Nous tenons à leur adresser ici nos
sincères remerciements.
Il s'agit des personnes ci-après:
- Professeur Kamgnia, Maître de Conférences, Vice
Doyen chargé de la recherche et coopération à la
faculté des sciences économiques et de gestion de
l'Université de Yaoundé II;
- Professeur Wamba, Enseignant à la faculté des
sciences économiques et de gestion de l'Université de
Yaoundé II;
- M Owana, Directeur de la PMEA au Ministère de la Petite
et Moyenne Entreprise et de l'Artisanat ;
- M GATTAIH Directeur des études et du perfectionnement
à l'ISTA dont les observations ont été des plus
précieuses ;
- l'équipe du CRETES, pour toutes les informations
qu'ils ont bien voulu mettre à notre disposition et aussi aux efforts
que cette équipe a jusqu'ici consentis pour éclairer la
sphère de la PME au Cameroun ;
- le corps administratif et enseignant de l'ISTA ;
- A mon père NEOSSI Jean
- A tous mes Frères et soeurs, en particulier Dr NEOSSI
NGUENA
- Tous mes amis qui m'ont soutenus durant la
réalisation de ce travail, particulièrement, Adams Daniel Oyono,
Valère N. Nketcha ,Serge Leger Mbana Mba, Clovis Kitio
A tous ceux qui de près ou de loin nous ont aidé
moralement ou matériellement durant notre formation.
2
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets
Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTA,
Novembre 2006.
GLOSSAIRE
GLOSSAIRE
PME
|
Petite et Moyenne Entreprise
|
PMI
|
Petite et Moyenne Industrie
|
TIC
|
Technologie de l'Information et de la
Communication
|
PED
|
Pays En Développement
|
CNUCED
|
Conférence des Nations Unis pour sur le commerce
et le Développement
|
OCDE
|
Organisation de Coopération et de
Développement Economique
|
CAMTEL
|
Cameroon Telecommunication
|
MINPOSTEL
|
Ministère des Postes et
Télécommunication
|
CAMNET
|
Cameoorn Network
|
3
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre
2006.
LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique1 : Evolution du nombre d'abonnées au
téléphone fixe 44
Graphique 2 : Nombre d'abonnés à linternet via
CAMNET 53
Graphique 3 : Connexion des PME à l'Internet selon le
chiffre d'affaire 59
Graphique 4 : Ventilation des structures ayant organisé
des formations sur les TIC en leur sein selon le secteur d'activités
60
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Postes téléphoniques fixes au bureau par
province (en %) 44
Tableau 2 : Nombre moyen de lignes téléphoniques
fixes par secteur d'activités (en %)
45
Tableau 3 : Equipement en téléphone mobile
individuel par province (en %) 46
Tableau 4 : Equipement des PME en téléphone fixe
selon le chiffre d'affaire (en %) 47
Tableau 5 : Equipement des PME en téléphone mobile
selon le chiffre d'affaire (en %) 47
Tableau 6 : Disponibilité d'un ordinateur au lieu de
travail par province (%) 48
Tableau 7 : Nombre d'ordinateur en moyenne utilisé par
employé suivant la taille de la
PME (en%) 49
Tableau 8 : Disponibilité d'un photocopieur au lieu de
travail par province (en %) 50
Tableau 9 : Niveau d'équipement pour l'utilisation des
services des TIC au lieu de
travail par province (en %) 51
Tableau 10 : Disponibilité des photocopieurs par secteur
d'activités (en %) 52
Tableau 11 : Répartition des institutions selon le niveau
d'utilisation des TIC et le secteur d'activités (en %) 55
4
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre
2006.
Tableau 12 : Répartition des institutions selon le
niveau d'utilisation des TIC et le chiffre d'affaire (en %) 56 Tableau 13 :
Répartition des utilisateurs de l'Internet selon le secteur
d'activités et la
fonction (en %) 57
Tableau 14 : Connexion à l'Internet des PME
enquêtées selon leur taille (%) 57
Tableau 15 : Répartition des institutions ayant un site
Web et une adresse de messagerie
selon le secteur d'activités (en %) 58
Tableau 16 : Répartition des PME ayant un site Web selon
le chiffre d'affaire (en %) 58
Tableau 17 : Pourcentage des institutions ayant envoyé
leur personnel en formation sur les TIC selon le secteur d'activités (en
%) 60 Tableau 18 : Répartition des PME retenus ayant organisé des
formations TIC selon le
chiffre d'affaire (en %) 61
Tableau 19: Résultats de l'estimation 72
5
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre
2006.
SOMMAIRE
LISTE DES GRAPHIQUES 4
LISTE DES TABLEAUX 4
Chapitre I : Les fonctions des TIC dans les PME 14
I-1 Caractérisation des TIC 14
I-1-1 Un canal d'information et de communication 14
I-1-2 Une variabilité et des externalités
pertinentes 15
I-2 Les TIC dans le fonctionnement des PME 17
I-2-1 Les TIC et systèmes d'informations des PME 17
I-2-2 Les TIC et la gestion des activités des PME 21
Chapitre II : Les Technologies de l'Information et de la
Communication comme
facteur de productivité 29
II-1 La productivité : Une performance fondamentale des
PME 30
II-1-1 Conceptualisation de la productivité 30
II-1-2 Productivité et performance dans les PME 31
II-2 TIC et croissance de la productivité 33
II-2-1 La productivité multifactorielle 33
II-2-2 Productivité des facteurs. 36
Chapitre III : Diffusion des Technologies de l'Information et de
la
Communication dans les PME Camerounaises. 43
III-1 Infrastructure des TIC au Cameroun 43
III-1-1 Accès Aux infrastructures de
télécommunication. 43
III-1-2 Equipements informatiques. 48
Equipement en TIC au lieu de travail Erreur ! Signet non
défini.
6
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre
2006.
Accès a l'Internet 52
III-2 Utilisation des TIC dans les PME 53
III-2-1 Niveau d'utilisation des TIC dans les institutions 53
III-2-1 Contraintes de l'utilisation des TIC 59
Chapitre IV : Technologie de l'Information et de la
Communication et
performance des PME: une tentative d'évaluation empirique.
63
IV-1 Méthodologie 64
IV-1-1 Spécification du modèle
économétrique 64
IV-1-2 L'estimation 66
IV-2 Analyse des données et résultats empiriques
69
IV-2-1 Données et construction des variables 69
IV-2-2 Résultats empiriques 72
7
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre
2006.
INTRODUCTION
1- Justification de l'étude
Dans les pays en développement, les PME sont un moteur
essentiel de la croissance économique et de la création des
richesses: La CNUCED1 (2003) indique qu'elles représentent 60
à 70% de tout l'emploi des PED. C'est dire à quel point la
dynamisation de leur performance est une importante avenue de
développement économique. Les TIC sont susceptibles de jouer un
rôle fondamental, comme en témoigne la place de choix qu'elles
occupent dans les stratégies de développement recommandées
par les bailleurs de fonds (Bedi, 1999). Toutefois, le paradoxe de la
productivité2 est encore présent dans les esprits, du
reste, en ce qui concerne les pays en développement (Dawan et Kraemer,
2000 ; Pohjola, 2001 ; Lal, 2001 ; Chowdyury, 2006). Ce qui peut influer sur
l'incitation des PME à investir dans les TIC alors qu'elles font face
à des contraintes budgétaires rigoureuses. En outre, plusieurs
PME restent attachées aux moyens traditionnels et pour qu'elles adoptent
les TIC, il faut que les avantages qui vont en découler soient
supérieurs aux coûts d'investissement et de maintenance.
L'apport principal des TIC réside dans
l'amélioration des processus de production, dans la facilitation des
transactions et par suite, dans la stimulation de la productivité du
travail et de la productivité multifactorielle (PMF). Cet impact
découle du rôle que les TIC jouent en tant que facteur de
production et plus encore, de leur
1 Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le
Développement
2 Il s'agit de l'idée largement répandue aux USA
et dans les autres pays développés au cours des années
1980 et 1990 ; idée selon laquelle des investissements accrus dans les
TIC ne se traduisaient pas par une amélioration de la
productivité (Gordon, 2000).
8
Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des
Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre
2006.
capacité à réduire les coûts de
transaction et de coordination des différentes activités, non
seulement à l'intérieur de l'entreprise (Dedrick et al, 2002),
mais aussi à l'extérieur avec les différents partenaires
(Norton, 1992). Notons cependant que les TIC ne peuvent pas d'elles-mêmes
influer la productivité. Le principal facteur d'efficacité
réside dans la manière dont on se sert de ces technologies
(Orlikowski, 2003). Le paradoxe de la productivité trouve là un
début de solution. En d'autres termes, il ne suffit pas
d'acquérir les TIC pour voir la productivité augmenter.
L'utilisation qu'on en fait compte.
La difficulté à établir une relation
positive entre les investissements en TIC et la productivité au
début des années 1980 était plus liée au
problème de la mesure des TIC et de la valeur qu'elles créent, en
particulier dans le secteur des services où l'output est
particulièrement difficile à cerner (Griliches et al, 1992). Les
études ultérieures sur les entreprises du secteur manufacturier
ont abouti à des résultats positifs (Brynjolfsson et Hitt, 1993 ;
1995 ; Siegel's, 1994 ; Lichtenberg, 1995), particulièrement en raison
des améliorations dans la mesure de l'output pour prendre en compte les
aspects qualitatifs de l'effet des TIC3. Toutefois, la mesure de la
valeur créée par les TIC reste un défi puisque Berndt et
Morrisson (1995) d'une part, et Jorgensoh et Stiroh (1995) d'autre part,
obtiennent des résultats contradictoires en travaillant sur une
même période. De manière générale, ce type
d'incohérence souvent fréquent dans la littérature
souligne l'importance de la méthodologie, de la mesure de la performance
et de la qualité des données dans les résultats obtenus.
Les études ultérieures en tiennent compte.
Au cours des dernières années, la tendance qui
se dégage dans la littérature est celle d'une relation positive
entre les investissements en TIC et la performance des entreprises dans les
pays développés, suggérant ainsi que les firmes ont pris
du temps pour apprendre à utiliser efficacement les TIC (Pohjola, 2001 ;
Dedrick et al., 2002 ;
3 Il s'agit en particulier de l'amélioration de la
qualité de la production et du facteur travail, de la
variété des produits, la qualité du service client, la
réduction des délais.
9
OCDE, 2003). En particulier, Bynjolfsson et Hitt (2000) et
Greenan et al. (2001) montrent que le rendement marginal des investissements en
TIC est supérieur à celui des autres investissements en
capital.
Dans les pays en développement par contre, l'efficience
des TIC en tant que facteur de la performance des entreprises souffre encore
d'une insuffisance de fondements empiriques. Déjà, le contexte
n'assure pas nécessairement l'efficience des investissements en TIC pour
les PME. En effet, lorsque le coût du travail est relativement faible par
rapport au coût du capital, la substitution du capital au travail peut ne
pas être une stratégie optimale pour les PME4 (Dedrick
et al. 2002). D'autres facteurs d'inefficience incluent l'insuffisance des
compétences spécialisées pour l'utilisation efficace des
TIC, l'insuffisance des infrastructures de réseaux et de services de
soutien concernant l'Internet et plus généralement
l'inadéquation des infrastructures de soutien aux entreprises pour leur
permettre de profiter pleinement des opportunités libérées
par les TIC. Müller-Falcke (2002) met en évidence un lien positif
entre les TIC et la productivité dans les entreprises du secteur
manufacturier en Inde. Mais, leurs résultats sont entachés des
problèmes d'endogénéité (Chowdyuru, 2006).
Matambalya et Wolf (2001) puis Chowdhyury (2006) trouvent un impact
négatif des TIC sur la productivité des PME au Kenya et en
Tanzanie. Dans ces conditions, il revient aux pouvoirs publics et à
toutes les autres instituions s'intéressant au développement
économique et social, d'oeuvrer dans le sens de la création des
conditions favorables pour que les PME puissent tirer partie des TIC. Une
action dans ce sens serait par exemple de subventionner les investissements en
capital et en formation dans ce domaine.
Le Cameroun a lancé en 1995 un programme de promotion
de la croissance économique basé sur la diffusion des TIC. Une
enquête menée en 2006 pour évaluer la diffusion des TIC au
Cameroun révèle que près de 85% des entreprises du
secteur
4 4 Dans les pays développés, les TIC sont un
substitut efficace du facteur travail (Roach, 1991)
10
productif se sont engagées dans les TIC. Mais
jusqu'ici, aucune étude n'a encore entrepris de déterminer les
retombées réelles de ces investissements pour les PME qui les ont
implémentées. D'où la question de savoir : les TIC
permettent-elles des surcroîts de productivité dans les PME qui
les ont adoptées? En d'autres termes, les conditions sont-elles
réunies pour que les PME puissent tirer parti des TIC ? Ces questions se
posent d'autant plus qu'en l'absence d'une stratégie de marché
bien définie ou, sous la pression croissante de la concurrence, il peut
arriver que les PME surinvestissent dans les TIC (OCDE, 2003).
2- Objectif et cadre d'analyse
L'objectif de cette étude est de déterminer
l'impact des TIC sur la productivité des PME au Cameroun,
c'est-à-dire l'accroissement de l'output qu'il est possible d'obtenir
suite à une augmentation de 1% du niveau de l'input TIC, toutes choses
égales par ailleurs.
Le cadre théorique couramment utilisé est celui
d'une fonction de production de type Cobb-Douglas (Brynjolfsson et Hitt, 1996 ;
Matambalya et Wolf, 2001) :
Y = A * L a 1 *
TICa2 * Ka3 *
Ia4 où les aj correspondent à
l'élasticité de l'output par rapport
à l'input j . Le terme A
s'interprète comme la productivité multifactorielle.
Y est l'output de l'entreprise. Cette variable est
définie par le niveau des ventes pour pouvoir tenir compte des
améliorations qualitatives liées à l'utilisation des TIC
(Lehr et Lichtenberg, 1997).
K est le stock de capital hors TIC, défini
comme l'investissement total de l'entreprise auquel on soustrait toutes les
dépenses liées aux TIC telles que reportées par
l'entreprise
L est la force de travail, TIC est le stock de
capital TIC. Il comprend l'ensemble des équipements informatiques
(ordinateurs, matériels de réseaux, etc.) ; de
télécommunication et l'ensemble des logiciels (systèmes et
outils d'application)
11
I est l'ensemble de tous les autres investissements
complémentaires destinés à former la main d'oeuvre aux TIC
et à modifier l'environnement du travail. Il comprend aussi les services
externes (sociétés de services ou cabinet-conseil).
L'analyse sera menée à partir des données
de l'enquête SCAN-TIC et la Déclaration Statistique et fiscale,
les élasticités seront évaluées à partir de
la technique économétrique des moindres carrés ordinaires
(MCO).
L'estimateur des moindres carrés ordinaires (MCO)
fournit des paramètres plausibles. Cependant, en présence de
simultanéité et
d'hétérogénéité non observée, les
estimateurs standard des MCO se révèlent
généralement insatisfaisants. Toutefois, en considérant le
stock de capital en début de période et l'output en fin de
période, le biais de simultanéité peut être
négligeable (Hempell, 2002).Par ailleurs, cette approche permet de tenir
compte des décalages entre le moment de l'investissement et le moment
où sa contribution productive se manifeste.
3- Méthodologie
ln ln
Y A
= + a ln K + f3 + 6 +
?
ln L ln I ln L
La fonction à tester est la suivante :
Le terme A s'interprète comme la productivité
multifactorielle. On suppose que la PMF dépend aussi des autres facteurs
tels que la qualité de la main d'oeuvre, l'ouverture sur
l'extérieur, l'usage des TIC, et des facteurs spécifiques au
secteur.
En estimant cette équation, les déterminants de la
PMF peuvent être évalués à partir des coefficients
des différents inputs de la fonction de production.
Comme nous l'avons signalé plus haut, l'estimateur des
moindres carrés ordinaires (MCO) fournit des paramètres
plausibles et c'est cette approche qui sera appliquée.
Les données seront collectées à partir de
l'enquête SCAN-TIC et de la Déclaration Statistique et fiscale.
12
L'enquête SCAN-TIC dont nous utilisons la base de
données a été conduite par le Ministère des Postes
et Télécommunications, avec l'appui technique de l'Institut
National de la Statistique (INS). Elle concernait les individus et les
institutions. Nous nous sommes intéressés à la partie
institution à partir de laquelle notre échantillon de
PME5 qui composait le secteur productif a été retenu.
C'est avec ces données traitées que nous allons mener la suite de
notre travail.
5 Les PME retenues ici sont les entreprises privées dont
le budget d'investissement ne dépasse pas 1,5 milliards et le chiffre
d'affaire n'excède pas 500 millions de francs CFA.
13
PARTIE I : UNE ANALYSE DE
L'INCIDENCE DES TECHNOLOGIES DE
L'INFORMATION ET DE LA
COMMUNICATION DANS LES PME
Les Technologies de l'Information et de la Communication
offrent de vastes possibilités de traitement des informations et des
communications au niveau les individus et des organisations. A ce titre elles
apparaissent de plus en plus comme un outil indispensable de gestion et de
communication dans les PME. Dans la plus part des cas ces technologies ne se
réduisent pas seulement à traiter la communication mais
s'insèrent dans l'ensemble du système de production et de
décision de l'entreprise.
Dans cette partie, nous allons apprécier le rôle
des TIC dans le fonctionnement des PME au chapitre I, par contre au chapitre
II, il sera question de montrer comment l'utilisation de cette technologie
affecte la productivité.
13
Chapitre I : Les fonctions des TIC dans les PME
Pour comprendre l'impact général des TIC dans la
performance des PME, il est nécessaire de commencer par regarder le
rôle de cette technologie dans le fonctionnement de l'entreprise. De ce
fait, nous nous proposons d'abord de caractériser celle-ci, afin de
pouvoir décrire l'utilité des TIC dans le système
d'information et dans l'exécution des activités de la PME.
I-1 Caractérisation des TIC
Dans cette section, nous allons clarifier la notion de
Technologie de l'Information et de la Communication, afin d'en donner les
principales caractéristiques.
I-1-1 Un canal d'information et de communication
Les Technologies de l'Information et de la Communication
regroupent un ensemble d'outils qui permettent de visualiser, traiter, stocker
ou transporter de l'information par des moyens électroniques.
On peut regrouper les TIC en quatre secteurs :
i) Les télécommunications et les réseaux
informatiques qui font allusion au téléphone fixe et mobile, au
réseau informatique simple, interne ou externe, réseau simple,
intranet, extra net).
ii) Les services informatiques et logiciels qui sont
constitués des services comme le conseil ou l'expertise, les logiciels
de base et les applications de gestion. Ensuite,
iii) Le commerce électronique et les médias
électroniques, représentés par l'Internet.
iv) L'équipement informatique constitué de tout ce
qui est physique ; il s'agit ici des ordinateurs et périphériques
(imprimantes, lecteurs, scanner moniteur ....),
14
Le déploiement des TIC a généré un
optimisme dans certains secteurs .Dans cette section, cette technologie est
caractérisée dans le sens de faire comprendre ses
propriétés essentielles.
Pour apprécier entièrement le potentiel de cette
technologie, il faudra noter qu'elle accroît la reconnaissance de
l'importance des idées, le savoir et l'information dans le
développement des processus (stiglitz, 1989, Romer, 1993 ; world bank,
1998). L'assertion selon laquelle, l'ignorance est un frein à la
prospérité, combinée au fait que développer une
entreprise requiert toujours la possession du savoir pour assurer
l'adéquation universelle du standard qui est le sien, suggère un
grand besoin de communication et une circulation de information à
l'intérieur et entre les entreprises. La meilleure possibilité
pour acquérir cette grande interaction est à travers
l'utilisation des TIC.
Les Technologies de l'Information et de la Communication
peuvent servir comme canal d'information du fait de leur capacité de
supporter la séparation des informations dans leurs entrepôts. Il
est annoncé que cette propriété de séparation est
le vrai aspect révolutionnaire de cette technologie (Evans et wurster,
1999, pohjola, 1998). Cette propriété autorise un stockage et une
transmission rapide des grandes masses d'informations et permet une
communication indépendante des mouvements physiques des personnes.
La propriété de séparation de
l'information autorise aux utilisateurs l'accès au corps de
l'information et aux idées (qui ne sont pas en rivalité dans
l'utilisation) complémentaires et aux potentialités qui
génèrent un contenu relatant les externalités.
L'accès aux nouvelles idées et au savoir peut avoir des effets
à long terme.
I-1-2 Une variabilité et des externalités
pertinentes
Outre les apports bénéfiques directs vus plus
haut, nous pouvons mentionner des externalités engendrées par le
secteur des réseaux TIC. De par leur nature, aucune technologie ne
rivalise les réseaux TIC, et un accès supplémentaire dans
le réseau
génère des externalités. Par exemple,
considérons le projet qui permet l'accès à un e-
15
mail par un abonné additionnel ; Les nouveaux
abonnés tirent des profits de ce service, avec tous les autres
abonnés déjà connectés au système.
L'expansion du système permet aux premiers abonnés de communiquer
et d'échanger les informations avec des nouveaux abonnés et vice
versa. Ainsi le gain additionnel de chaque abonné augmente avec le
nombre des organisations et des individus qui ont accès au
système ; une autre externalité est générée
par la perspective des coûts. Le développement de l'accès
à Internet ou aux services de télécommunications
entraîne souvent une chute des coûts des services offerts.
D'où le développement du système aboutit à la
baisse des prix de l'offre des services aux premiers abonnés.
La propriété de séparation et les
externalités des TIC sont complétées avec sa nature
variée. L'utilisation des TIC n'est par restreinte dans un secteur
particulier de l'entreprise. Leurs applications sont répandues et ils
offrent les possibilités de s'adapter aux convenances individuelles ;
ainsi les entreprises et le gouvernement ont besoin des explications sur le
vaste potentiel des effets positifs attribués à la diffusion de
ces technologies.
Pris ensemble, les trois caractéristiques des TIC ;
c'est-à-dire leurs capacités à séparer les
informations, leur contenu et l'étendue de leurs externalités
liées et leur nature variée, rendent clairement les TIC uniques
(du point de vue technique). Le caractère unique de cette technologie
est « numérisation ». Hamelink (1997), écrit que cette
numérisation est le processus à travers lequel chaque information
(qui soit relogé à travers le son, le texte, la voix ou l'image)
est convertie en numérique, le langage binaire utilisé par
l'ordinateur. Ce processus de numérisation facilite la convergence des
TIC, dans un sens technique, car tout signal numérique identique, sans
se soucier du fait qu'il code la voix, la vidéo, ou autre
donnée.
L'appréciation de ces caractéristiques,
couplée au vaste effet économique, permet une grande
compréhension du potentiel de développement offert par les TIC.
Dans cet ordre, pour examiner ce potentiel plus clairement, les sections
suivantes utilisent les
16
caractéristiques décrites ici pour établir
une chaîne de raisonnement associant les TIC dans le fonctionnement des
organisations, l'efficacité et le déploiement des
marchés.
I-2 Les TIC dans le fonctionnement des PME
Après avoir caractérisé les TIC, nous
allons maintenant montrer comment elles permettent aux PME de mener leur
mission tant au niveau de la gestion qu'à celui de la production.
I-2-1 Les TIC et systèmes d'informations des PME
Les Technologies de l'Information et de la Communication
peuvent permettre aux PME de mieux organiser la coordination. L'analyse et la
structuration des entreprises ont longtemps reposé sur une vision de
l'organisation comme «processeur d'informations», l'apprentissage et
la maîtrise des connaissances reposant sur un processus de
sélection, élimination, tri et filtre dans la masse des
informations (données, événements,
phénomènes) disponibles à chaque instant dans
l'entreprise6. Ce processus s'opère de plusieurs
manières, chacune pouvant être considérée comme le
résultat de l'optimisation de l'usage des capacités de calcul, de
communication et de stockage de l'information : la spécialisation des
individus, la division des tâches par fonction et par métier,
l'organisation des sites productifs, les modalités de communication
entre les différentes composantes de l'entreprise, le degré de
décentralisation et d'autonomie des décisions. Cette
structuration de plus en plus intensive des connaissances opératoires
traduit le mouvement de rationalisation et « d'algorithmisation » des
entreprises, qui regroupe l'automatisation des tâches de production,
l'informatisation des processus entiers, avant d'aboutir à une
réorganisation de ces processus.
Dans une perspective de décentralisation, la
contribution des TIC auprès des PME s'avère pertinente. En effet,
le dirigeant y joue souvent le rôle d'un centralisateur
6 Boulding (1984) rappelle d'ailleurs que la gestion peut
être entravée par le trop plein de données et que, d'une
certaine manière, l'information peut parfois être
considérée comme l'ennemi de la connaissance
17
qui prend la plupart des décisions, et risque de ne pas
percevoir la profondeur de certains changements externes (Marchesnay, 1992,
p29-30). Avec les applications TIC, la direction centrale a toutes les
informations en temps réels et peut prendre des mesures en toute
connaissance de cause.
La capacité de stocker et de traiter les connaissances
et les informations sous forme de banques de données et de
systèmes-expert largement ouverts rend les organisations moins
dépendantes des personnels détenteurs de ces informations et de
ces savoirs. Or, une des fonctions principales des hiérarchies
intermédiaires consistait à traiter, filtrer et restituer les
différentes formes d'informations. De manière plus
précise, la mise en place des TIC nécessite moins de relais de
transmission des ordres hiérarchiques et moins de contrôle
hiérarchique direct par des intermédiaires (agents de
maîtrise, par exemple). Les prescriptions de tâches à
accomplir, les informations techniques et les orientations peuvent être
directement transmises par la tête stratégique de l'entreprise via
le système d'information, aux différents acteurs de l'entreprise,
quelle que soit leur position dans l'organisation. Il peut ainsi
s'opérer un aplatissement de la ligne hiérarchique à
mesure que sont introduites les TIC.
Grâce à cette technologie, les entreprises ont la
possibilité de rendre leur système d'information plus efficace,
plus flexible et plus dynamique. Les TIC bénéficient à une
large gamme de processus économiques. Au niveau de l'entreprise, les TIC
et leurs applications améliorent et accélèrent la
communication et permettent une gestion plus efficace des ressources de
l'entreprise. Le transfert transparent de l'information, grâce au partage
de fichiers électroniques et aux réseaux d'ordinateurs,
améliore l'efficacité d'un certain nombre de processus de
l'entreprise comme la documentation, le traitement de données et
d'autres fonctions d'administration (par exemple organisation des commandes et
facturation).
A travers les applications de TIC de plus en plus
sophistiquées, comme les KMS (solutions de gestion des connaissances) et
l'ERP (planification des ressources en entreprise), les entreprises peuvent
stocker, partager et exploiter les connaissances et le
18
savoir-faire accumulés. Les PME dans leur organisation
structurelle ont besoin d'une bonne coordination et, pour l'atteinte des
objectifs de l'entreprise, il est nécessaire que chaque entité de
l'entreprise puisse agir selon ses compétences, et mettre à
disposition des autres entités des données pour la suite de la
chaîne de traitement.
Les Technologies de l'Information et de la Communication
rendent le système d'information plus dynamique et plus flexible, ce qui
entraîne un gain de temps dans la circulation de l'information, aussi
bien en interne que entre les entreprises ; ceci tout en conservant
l'intégrité des données. Elles représentent ainsi
un dynamogène pour le système d'information (Régis
Meissonier, Décembre 1999) . Elles offrent de ce fait la
possibilité aux décideurs d'une auto organisation de leur
système de décision, par l'apport d'une meilleure
adaptabilité du système d'information aux systèmes de
décision.
Les échanges interentreprises et la communication en
temps réel peuvent réduire les asymétries d'informations
entre acheteurs et fournisseurs, et forger des relations plus étroites
entre partenaires commerciaux (Moodley, 2002).
Le rôle des TIC est fondamental dans la capacité
à créer et à maintenir un réseau flexible
d'affaires entre organisations : les alliances et les partenariats, la
sous-traitance, les agreements, les contrats à distances, etc.
Traditionnellement, dans l'entreprise, elles peuvent permettre de
développer et de personnaliser le système de gestion de
l'information qui est utilisé pour améliorer le réseau
commercial et même le système de planification des ressources de
l'entreprise, d'approvisionner le système de pilotage. Le système
de gestion de la clientèle et le portail du commerce électronique
peuvent être utilisés pour l'établissement d'un
réseau d'affaires.
Prenons deux exemples. D'une part La flexibilité de la
production n'est possible que dans la mesure où l'entreprise
concernée peut être à tous moments en contact avec ses
donneurs d'ordres, ses fournisseurs, ses sous-traitants, ses transporteurs, ses
diffuseurs et ses clients, ce dans le but e connaître l'état des
stocks, déclencher des commandes, transmettre des éléments
techniques, ajuster sa production, etc. D'autre
19
part, mieux gérer la qualité dans une entreprise
suppose d'édicter des procédures précises de coordination
et d'échange, de partager et de constituer collectivement une
documentation technique précise, d'élaborer une base
d'informations des incidents (et des solutions), de permettre à chacun
la mise à jour et la facilité d'accès de ces
informations.
En définitive au niveau du système
d'information, on note une hausse de la productivité, consécutive
à la minimisation de la saisie de l'information, ce qui implique une
baisse des coûts. En outre, il y'à une meilleure connaissance de
l'environnement, une réactivité plus forte face à cet
environnement qui dans certain cas permet à l'entreprise de mieux
affronter ses concurrents, et une amélioration de l'efficacité de
la prise de décision permise par une veille stratégique plus
performante.
De l'action des TIC dans le système d'information,
découle la réduction des coûts de transactions des PME.
Considérons que le coût de l'information pour l'entreprise a deux
composantes : le coût de regroupement et de traitement de l'information
et le coût de distribution de l'information.
Dans les PME, les insuffisantes facilités de
communication et les coûts prohibitifs d'accès et de distribution
de l'information en réduisent l'utilisation. Dans un tel contexte,
l'introduction des TIC fiables peut avoir de effets multiples :
- Premièrement, la réduction des coûts de
transaction à l'intérieur de
l'entreprise et avec les partenaires, tout en les
accélérant et en les rendant plus fiables.
- Deuxièmement, après réduction des
coûts de traitement et de production de l'information, tout en favorisant
l'augmentation de la masse d'informations, l'utilisation des TIC pourra
probablement améliorer la qualité de l'information disponible. Au
lieu des informations obsolètes, les entreprises peuvent avoir
accès aux données à jour, plus fiables et plus
complètes. Pour résumer, le déploiement des TIC peut
améliorer la disponibilité et la qualité de l'information
qui peut être utilisée dans la production et la gestion des
entreprises, tout en favorisant la réduction des délais de
transactions en interne et avec l'extérieure.
20
La particularité des TIC, c'est sa capacité
à permettre des communications et des négociations interactives.
Cette capacité de transférer les informations et de communiquer
à travers le monde, sans être limité par la distance, le
volume ou la nature (vidéo, son, texte...) des informations transmises,
peut non seulement améliorer la prise de décision, mais
accélérer celle-ci.
La conséquence naturelle de la réduction des
coûts des transactions et des négociations est que la diffusion
des TIC peut promouvoir l'efficacité des entreprises par
l'amélioration des gains mutuels sur les échanges.
Améliorer la circulation des informations et réduire
l'incertitude, peuvent permettre aux firmes d'accéder aux nouveaux
marchés nationaux ou internationaux plus facilement, et leur permettre
d'ouvrir de nouveaux produits et maîtriser les facteurs du
marché.
Les effets de cette technologie dans la réduction des
incertitudes, la réduction des coûts des transactions et de
traitement des données, en conduisant à une prise de
décision rapide et efficace, peuvent se manifester sous diverses formes.
Au niveau des PME, l'utilisation de cette technologie pourra être
associée à la croissance de la firme et à
l'amélioration de la productivité des facteurs.
I-2-2 Les TIC et la gestion des activités des PME
Une amélioration du système productif.
Les Technologies de l'Information et de la Communication ne
concernent pas seulement la circulation d'informations dans l'entreprise. Ce
sont aussi des outils de production qui affectent, dans certains cas, les
conditions même de la production de biens et services :
Amélioration des techniques et des systèmes de production,
évolution des logiques des tâches composant les processus de
production, rapprochement des fonctions de conception, production et vente,
intégration des technologies de production et de communication,
incorporation des clients et partenaires dans la gestion de production. Tout
ceci contribue à réduire les coûts de production qui
rendent l'entreprise plus compétitive. Ces évolutions sont
très visibles dans les services, mais on
21
les observe aussi dans l'industrie. Les conséquences
sont à la fois internes et externes. Les métiers et les postes de
travail se transforment. La spécialisation de l'entreprise
évolue. Mais les évolutions des modalités de la production
touchent également l'articulation avec l'environnement externe de la
firme, en favorisant les transferts de savoir-faire entre partenaires et les
apprentissages interactifs. La délocalisation de la production est elle
aussi facilitée, grâce aux systèmes de communication
(téléphone fixe et mobile) et aux applications informatiques et
réseaux. Cette délocalisation, qui permet à l'entreprise
de se rapprocher de sa clientèle tout en accédant plus facilement
à la matière première, offre des réductions de
coûts et de nouveaux marchés.
Les fonctionnalités des TIC et leur aptitude à
susciter de la coordination sont à la base de certaines capacités
innovatrices des firmes, indépendamment, parfois, de l'activité
traditionnelle de recherche et développement. Le plus souvent, la
création de produits ou services résulte d'abord du
décloisonnement qui s'est opéré dans l'entreprise et de la
capacité de mettre en relation et faire collaborer des
compétences auparavant dissociées. Une fois pleinement
intégrées dans l'organisation de l'entreprise (gestion interne et
intégration du réseau de partenaires), les TIC conduisent souvent
à redéfinir le domaine initial d'activité de l'entreprise
autour de la maîtrise des technologies : vente d'informations ou de
services à valeur ajoutée liés aux métiers
d'origine (cas des PME des services par exemple), proposition aux clients de
nouveaux produits (développement d'applicatifs dans le secteur de la
finance, l'assurance ou dans les télécommunications)... Ces
évolutions contribuent à redéfinir les règles
traditionnelles de spécialisation des entreprises. Dans certains cas,
cette spécialisation continue à s'opérer sur la base du
métier d'origine, en renforçant leur source de compétence.
Mais dans d'autres cas, elle peut également s'effectuer, plus facilement
désormais, sur la base des marchés. Cela conduit alors les
entreprises à affronter des concurrents qu'elles ne connaissent pas et
qui se situent en dehors de leur champ d'activité traditionnel. En
Europe, on trouve de nombreux exemples de tels glissements d'un secteur
à l'autre, opérés par des firmes grâce aux TIC :
AT&T
22
(télécommunications) et Marks & Spencer
(grande distribution) sont présentes dans le secteur bancaire
grâce à des cartes de crédit développées au
départ pour leurs propres clients. Doublet (PMI d'équipements
urbains et de gestion d'événements) commercialise des logiciels
de gestion intégrés sur la base d'un système
développé en interne pour les besoins de l'entreprise
(Pierre-Jean Benghozi et Patrick Cohendet (chap II,page 188-189)). Ces
qualités sont d'autant plus importantes au niveau compétitif que
les prix et les produits fabriqués sont très proches pour tous
les constructeurs, et que l'organisation représente le facteur de
productivité déterminant. Dans le cas de Bouygues, le courrier
électronique (conçu comme un outil de «groupware» tout
autant que comme un système de messagerie) a ainsi constitué une
clé de voûte des évolutions récentes de l'entreprise
en formant progressivement le coeur du système d'information. Au lieu
des générations informatiques précédentes faites
d'applications verticales et de systèmes centralisés difficiles
à mettre en oeuvre, le courrier électronique a permis aux cadres
d'avoir accès facilement aux outils bureautiques et aux informations
existantes, sans être pour cela des spécialistes de
l'informatique. Ils ont pu disposer des informations de façon
asynchrone, sans avoir à interroger celui qui les avait
créées. Le savoir-faire acquis dans les TIC a été
un facteur-clé dans le succès de la diversification de
l'entreprise, en facilitant l'utilisation d'une comptabilité analytique
très fine et parfaitement maîtrisée. Bouygues a pu en
conséquence aborder des produits et des métiers qu'il ne
connaissait pas (télévision, télécommunications,
services) et espérer y trouver une rentabilité très
rapide, en décelant les postes de coût et les possibilités
de valorisation sur les segments les plus rentables7.
7 Cf. Brousseau et al. (1993, 1995) cité dans
L'organisation de la production et de la décision face aux TIC par
Pierre-Jean Benghozi et Patrick Cohendet (chap II)
23
Des TIC pour mieux gérer les ressources des
PME.
Toutes les facilités de production ne peuvent
être exploitées que si la PME emploie un personnel motivé,
dévoué et compétent. Tout cela est conditionné par
un meilleur suivi et un recrutement rationnel du personnel. Les applications
des TIC offrent des possibilités de gestion plus efficace des ressources
humaines.
En externe, les offres de formation à distance offertes
par l'Internet et d'autres applications des TIC permettent à
l'entreprise d'offrir des formations continues moins coûteuses pour
l'entreprise ; ce d'autant puisque ceux qui en bénéficient ne
sont pas entièrement mis en disponibilité.
En interne, nous pouvons noter la gestion plus efficace des
ressources humaines à travers des applications de gestion de personnels
; par exemple, il sera possible en temps réel de savoir la position au
sein de l'entreprise de chaque employé (congé, en service, en
suspension etc...). Ceci permet une utilisation rationnelle du facteur travail
et accroît par conséquent la productivité. Il est plus
facile d'évaluer les besoins en ressources humaines grâce à
la cohérence du système de gestion, qui se transpose sur celle de
la ressource humaine et le poste de travail. Avec les applications TIC, finis
les doubles emplois où même les sous emplois. Aussi, une source de
données à l'échelle de l'entreprise permet de diffuser
l'expérience professionnelle de chaque employé (par exemple
comment un contrat a été remporté), de manière
à ce que chacun au sein de l'entreprise puisse en
bénéficier.
La possibilité d'une gestion rationnelle des finances
et du matériel s'avère évidente. En effet la
traçabilité et l'incidence de l'utilisation de toute ressource
matérielle ou financière s'observent en temps réel
grâce aux applications TIC. Ainsi fini les disparitions sans trace de
toutes ressources de l'entreprise, baisse des gaspillages des ressources.
Des TIC pour mieux gérer les ventes et les
approvisionnements
La contribution des TIC à la gestion automatisée de
la cohérence déborde largement le cadre des frontières de
l'entreprise pour remettre en cause la nature des
24
relations avec la clientèle et les fournisseurs.
Concernant l'aval de l'entreprise, l'intégration du client à la
production et aux processus d'innovation passe par la standardisation et la
formalisation des relations et des informations échangées : pour
mieux gérer en commun l'incertitude et la flexibilité de la
demande, pour mieux collecter, utiliser et maîtriser les informations
stratégiques sur la structure de la clientèle et des ventes. En
amont de l'entreprise, les relations externes qui se nouent avec les
fournisseurs et les sous-traitants visent essentiellement à assurer une
réactivité rendue nécessaire par la gestion en flux tendu
: cela se traduit par la réorganisation autour des processus et
l'informatisation des échanges de données, mais aussi par
l'autonomie relative des unités de production et la redéfinition
des frontières de l'entreprise.
Les entreprises utilisent les réseaux pour abaisser
leurs coûts ou pour améliorer la qualité et les
délais de leur approvisionnement en jouant sur la recherche et la mise
en concurrence des fournisseurs potentiels. Les avantages apportées par
une telle utilisation des TIC ne sont cependant perceptibles que si les
produits recherchés sont suffisamment simples ou standardisés, ou
bien si l'information disponible est suffisamment riche (Daft & al, 1984)
pour permettre à l'acheteur de comparer efficacement les prix et les
fournitures sur le marché électronique. Les TIC accompagnent
ainsi une tendance que l'on observe par ailleurs à la standardisation
des produits et des services proposés sur le marché.
Dans de nombreux cas, les entreprises tendent à
substituer à une production à façon ou sur mesure, des
produits ou des services formatés dont les caractéristiques et la
variabilité peuvent être très nombreuses, mais en restant
limitées, car déjà prédéfinies.
La mise en oeuvre de formes d'interactions nouvelles avec la
clientèle exige naturellement un dialogue constant avec les autres
composantes de l'entreprise, et en particulier les activités de
conception. D'une certaine manière, on peut considérer que la
multiplication des relations avec la clientèle «fait entrer le
consommateur dans l'entreprise». La mise en cohérence
automatisée des décisions d'acquisition ou de
25
lancement de productions repose sur le recours à des
systèmes informatiques très structurés (du type
EDI8 dans certains secteurs), mais aussi sur des applications plus
interactives (supportées par Internet par exemple) permettant, en temps
réel, de mieux saisir les besoins de la clientèle ou les
problèmes des fournisseurs. Il ne s'agit pas là d'un
phénomène spécifique et nouveau, mais qui prend de
l'ampleur. La multiplication des bases de données marketing permet en
temps réel d'identifier les segments de marché les plus
rentables, de mieux segmenter les offres, ou d'effectuer des simulations sur
des réactions à des produits qui viennent d'être
lancés. Le contact direct avec la clientèle pose des
problèmes inédits de responsabilité dans les
décisions à prendre dans l'entreprise et sur la manière de
représenter les consommateurs dans les décisions de production.
Ce mouvement n'est pas à sens unique, et systématiquement en
faveur des producteurs. Buzzel (1985) note, par exemple, que le
développement de l'informatique conduit à un renforcement du
rôle des intermédiaires et des grossistes, au détriment des
distributeurs et des producteurs eux-mêmes (dans le cas des grands
comptes, ou des produits complexes), même si les technologies permettent,
à priori, une relation directe plus facile avec le client. Cette
redéfinition des relations entre producteurs et diffuseurs
s'opère et se cristallise sur deux registres. C'est d'une part la
modification des positions et des pouvoirs respectifs le long de la
chaîne de valeur, c'est d'autre part les conflits sur
l'élaboration et la maîtrise des bases d'informations sur les
clients.
Dans ce contexte, la refonte et l'exploitation
systématique des systèmes d'information commerciaux jouent un
rôle important. Le « data mining » permet par exemple des
segmentations et des croisements de plus en plus fins dans les bases de
données grâce à l'exploitation de grands ensembles
historiques de transactions. Ce type de technologies autorise des
développements de services, notamment en matière de marketing.
Les TIC constituent donc un outil qui favorise le pilotage par l'aval de
l'entreprise et toutes les caractéristiques de ces technologies peuvent
se conjuguer pour
8 Echange de Données Informatisées
26
faciliter cette transformation de l'entreprise qui se tourne vers
le client pour entrer dans un véritable contexte de
réactivité.
Les évolutions récentes invitent plus
précisément à distinguer deux types d'entreprises.
- Premièrement, celles qui restent centrées sur une
activité bien définie
(qu'il s'agisse d'un produit ou d'un service) et sont
généralement structurées verticalement. Au cloisonnement
des fonctions correspond un cloisonnement de l'information, avec l'utilisation
de logiciels spécifiques (flux tendus, gestion de stocks, gestion
industrielle intégrée, EDI avec les fournisseurs...) ; la mise en
place des TIC au sein des départements est essentiellement axée
vers l'amélioration des gains de productivité.
- Deuxièmement, les entreprises qui sont tournées
vers le client et sont
généralement réorganisées
horizontalement ; elles maîtrisent des flux guidés par une
réactivité à la demande, grâce à la mise en
place de systèmes d'information qui s'étendent de bout en bout,
du client au fournisseur. C'est ici que s'imposent les systèmes de
gestion des données techniques, la messagerie interne et externe, et
aujourd'hui l'Internet/Intranet. Dans ces applications, des
caractéristiques très diverses sont simultanément
recherchées : systèmes plus souples et re-configurables, plus
grande réactivité, réduction des coûts de
transaction, amélioration des interactions entre fonctions. A la
différence des entreprises tournées sur leur produit, ce type
d'entreprises privilégie avant tout l'utilisation massive des
progiciels.
La tendance à la diminution du coût des
transactions marchandes s'accompagne logiquement (en accord avec la vision de
Willliamson) d'une plus grande «fluidité» des
frontières de la firme. D'abord, certaines activités n'ont plus
besoin d'être internalisées. Comme les entreprises peuvent
s'appuyer sur les TIC pour externaliser certaines de leurs activités non
stratégiques, elles sont en mesure de mieux se recentrer sur leurs
compétences de base. Ensuite, les choix d'opérer en partenariat,
en sous-traitance ou en intégrant une activité se font de plus en
plus réversibles. Il devient dès lors imaginable
27
de redéfinir en permanence les frontières de
l'organisation en fonction des coûts et des opportunités du
marché. Les TIC sont de ce fait au coeur même du
redéploiement stratégique des firmes.
28
Chapitre II : Les Technologies de l'Information
et de la Communication comme facteur de
productivitéAfin de
comprendre comment les TIC affectent la productivité, il est
nécessaire
de commencer par examiner le rôle des TIC comme facteur
de production. Cette approche nous permet de lier facilement les extrants aux
intrants. Les intrants pris en compte ici sont : la main d'oeuvre et le
capital, tout en incluant le capital TIC.
Plus précisément, accroître le niveau des
intrants est la source d'augmentation de la production. Une possibilité
est d'accroître les heures de travail ; ceci peut bien faire grimper les
extrants, mais par définition celle-ci n'a pas d'impact sur la
productivité du travail. Il y a trois possibilités de faire
grimper la productivité :
- La première consiste à augmenter le niveau du
capital par unité de
travail : c'est le phénomène appelé «
capital deepening ».
- La deuxième possibilité d'accroissement de la
productivité est
l'amélioration de la qualité des intrants, ceci
concerne particulièrement le facteur travail, par exemple par la
formation.
- La troisième est la productivité multifactorielle
(PMF), qui est en
fait le résidu de croissance non attribué aux
deux autres sources. L'augmentation de la PMF signifie que pour un niveau fixe
de la qualité et de la quantité des intrants, l'entreprise
acquiert une augmentation substantielle des extrants. Ce qui veut dire que les
méthodes de production ont été améliorées ou
que la qualité des produits est meilleure ; il s'agit en fait du
progrès technique. Ainsi, la recherche et le développement sur le
produit ou les processus technologiques peuvent permettre un accroissement de
la PMF.
Nous proposons ainsi de démontrer dans ce chapitre
comment les TIC affectent la productivité du travail d'une part, et
ensuite la productivité multifactorielle d'autre
29
part ; pour cela, nous commencerons d'abord par éclaircir
la notion de productivité et son importance dans la performance
générale de la PME.
II-1 La productivité : Une performance fondamentale
des
PME
Dans cette partie nous allons justifier l'importance de la
productivité dans les performances de la PME, notamment la
compétitivité et la rentabilité.
II-1-1 Conceptualisation de la productivité
La productivité s'applique en général aux
entreprises ; elle désigne pour une entreprise la production par rapport
aux facteurs utilisés. Le travail et le capital sont les deux facteurs
de production constamment utilisés pour évaluer la
productivité. C'est ainsi qu'on parle de productivité du travail,
productivité du capital et de la productivité
multifactorielle.
La productivité du travail désigne la
quantité des biens ou services que peut produire l'entreprise en une
heure de travail. C'est donc le rapport entre la quantité produite et la
quantité de travail effectuée pour l'obtenir.
La productivité du facteur capital indique la
quantité de biens ou de services que peut produire une entreprise
à l'aide d'une unité monétaire (d'un franc cfa) de capital
investi. C'est donc le rapport entre la quantité produite et le montant
de capital fixe (total des investissements réalisés).
En général, la productivité permet de
mesurer l'apport de chaque facteur à la production. Cependant, dans la
mise en oeuvre de la combinaison productive, chaque facteur est
étroitement dépendant des autres. Le travail sera plus efficace
si les machines sont performantes. Réciproquement le capital sera plus
productif si les travailleurs sont bien formés, compétents et
motivés. L'organisation du travail, adaptée aux
caractéristiques des machines, est aussi déterminante.
30
La productivité est mesurée en supposant que
l'on fait varier un facteur en conservant les autres fixes ; on peut donc
imputer la variation constatée au seul facteur variable.
II-1-2 Productivité et performance dans les PME
La notion de productivité s'applique comme nous l'avons
signalé plus haut aux entreprises et au milieu du travail, mais la
compétitivité doit plutôt se rapprocher des <<
marchés >>. Elle désigne la capacité d'une
entreprise à conquérir ou à conserver les parts de
marché. De ce fait, la productivité constitue évidemment
un élément central de la compétitivité, dans la
mesure où elle contribue à déterminer à
côté de l'évolution des salaires, les coûts de
production relatifs par rapport aux concurrents.
Aussi, la productivité, vue comme rendement du travail
et du capital, correspond au niveau << physique >> de l'entreprise
; ce niveau << physique >> est celui de la mise en oeuvre
concrète de la combinaison productive ; elle intègre à la
fois la dimension technologique et la dimension organisationnelle du processus
de production, sans oublier celle de la gestion des ressources humaines.
Liée à ce niveau << physique >>, la
productivité dépend tout autant des facteurs quantitatifs
(effectifs du personnel, capital...) que qualitatifs (formation, conditions de
travail...).On peut dire qu'elle est un des déterminants de la
compétitivité des entreprises, puisqu'elle sanctionne le
déroulement du processus de fabrication du point de vue des facteurs de
production.
Afin d'être rentable, un producteur doit pouvoir
produire et vendre un bien ou un service en dégageant un
bénéfice acceptable. Dans une économie concurrentielle,
être compétitif consiste à demeurer rentable lorsque le
prix de vente est déterminé par le marché, sans qu'aucun
producteur ou groupe de producteurs puisse l'influencer de façon
significative. Ceux-ci ne peuvent agir que sur leurs propres coûts afin
de demeurer compétitif. Le lien entre la productivité du travail
et la compétitivité d'un
Établissement se fait par l'intermédiaire du
coût unitaire de main-d'oeuvre. Cette expression fait ressortir le lien
inverse qui prévaut entre le coût unitaire de main-
31
d'oeuvre et la productivité. Plus cette dernière
augmente, plus les coûts unitaires de main-d'oeuvre diminuent. Il en
résulte que la compétitivité des entreprises
s'améliore lorsque leur productivité progresse plus rapidement
que celles des pays ou des régions concurrentes. A l'inverse, elle se
détériore lorsque la productivité s'améliore moins
rapidement.
La rentabilité quant à elle représente le
niveau financier ; c'est la finalité de toute entreprise. Elle est tout
aussi dépendante de la productivité. En effet, notons R cette
R= P
rentabilité, alors, on a K où P est
l'excédent brut global9
V ? W
P
=
K
|
P
|
|
V
=
K
|
L
|
L
V
|
|
V
|
|
V
|
|
|
|
K
|
V
|
L où L = productivité de la main
d'oeuvre
V
K = productivité du capital
W
L = coût unitaire de la main d'oeuvre
A partir de ces éléments de réflexion, il
apparaît que la rentabilité est conditionnée par la
productivité du travail, du capital et la compétitivité.
Les modalités de sa « construction » peuvent toutefois
fortement différer selon les firmes, non seulement en fonction de leur
marché, mais aussi par des arbitrages spécifiques sur la
productivité (gain de productivité du travail et/ou du capital)
et la compétitivité (prix - hors prix). Elles influencent donc la
décision d'investissements façonnant la combinaison productive et
la structure financière correspondante.
9 Excédent brut d'exploitation + produits financier et
charges nettes hors exploitation
32
II-2 TIC et croissance de la productivité
A la suite de l'importance de la productivité pour la
PME, il nous revient maintenant de montrer comment les TIC influencent
celle-ci. Ainsi, nous allons montrer l'influence des TIC sur la
productivité multifactorielle d'une part, et sur la productivité
du travail d'autre part.
II-2-1 La productivité multifactorielle
Nous admettons que Les TIC sont la courroie de transmission
par excellence de l'innovation. En d'autres termes, qu'elles sont le meilleur
outil pour innover. Lorsqu'une innovation est valorisée, les
retombées positives ne se font pas attendre : en effet, la
productivité d'une entreprise s'accroît en conséquence. Il
a été démontré que la productivité des
entreprises novatrices augmente plus rapidement que celles du reste de
l'économie (Griliches-Mairesse(1990), Lichtenberg-Siegel(1991)H,
all-Mairesse(1995), Harhoff(1998), Crépon-Duguet-airesse 1990). Cela
peut s'expliquer par le fait que l'innovation rend l'entreprise plus dynamique,
plus créative et plus audacieuse pour tout ce qui concerne les nouvelles
idées et l'utilisation des nouvelles technologies.
Ainsi, il apparaît clairement que les investissements
dans les TIC poussent les entreprises à innover, ce qui,
conséquemment, accroît la productivité et la
prospérité de ces dernières. L'innovation et sa
valorisation, grâce aux TIC, deviennent donc des éléments
primordiaux.
Le progrès technique non incorporé se
reflétera dans la croissance de la PMF quand il s'agit de progrès
des connaissances scientifiques et de la diffusion du savoir et du
savoir-faire. On pense par exemple à une meilleure gestion des
entreprises et au changement organisationnel. La PMF devrait également
comprendre les effets de retombée du capital et du travail, par exemple
les effets de réseau résultant de l'investissement dans les
technologies de l'information. (Mesurer la productivité, Paul Schreyer,
Dirk Pilat ; numéro économique de l'OCDE,
n°33 2001/2).
La diffusion des TIC dans les branches Utilisatrices de TIC
conduit à une progression de la PMF, ces technologies permettant une
plus grande efficience de la 33
mise en oeuvre conjointe du travail et du capital. C'est ainsi
que l'on a observé qu'aux États-Unis, les branches ayant le plus
investi dans les TIC, comme le commerce et les services financiers, ont connu
une croissance de la PMF plus rapide que les autres branches d'activité
(C. Rigo, 2005). Toutefois, pour qu'elle produise pleinement ses effets,
l'utilisation des TIC doit être associée à des
investissements complémentaires en matière de compétences
appropriées.
La productivité des TIC sur la croissance de la
productivité peut être incorporée ou non.
L'hypothèse d'une approche croissance de
productivité est que : la production Y est une fonction exponentielle
des facteurs (intrants) capital (K) et le travail(L) avec le paramètre A
qui est le multiplicateur technologique, tout ceci se rapporte à la
fonction de production de Cobb-Douglass suivante : Y = a 1 ?
a
AK L
Dans cette formulation, la productivité multifactorielle
(PMF) est définie de la manière suivante :
Y
PMF= K L
a 1 ? a
|
= A Equation1
|
De ce point de vue, les TIC contribuent sur la
productivité par l'augmentation du coefficient A, qui fait grimper
proportionnellement la productivité de chaque facteur. Cet effet n'est
possible que si la principale fonction des TIC est d'améliorer la
coordination en permettant d'augmenter la production avec les mêmes
intrants. Bien que ceci peut expliquer une partie du gain d'utilisation des
TIC, il faut aussi noter la contribution directe des TIC comme progrès
technique, car du faite du caractère générique de cette
technologie, elle est plus productive que tout autre type d'intrant.
Dans les innovations majeures, comme le chemin de fer et
l'électricité, on a connu des scénarios semblables, comme
le montrent certaines études récentes: d'abord le changement
technologique accroît la croissance de la productivité dans le
secteur innovateur; ensuite, la chute des prix encourage les rationalisations
dans les secteurs utilisateurs, et, finalement, il peut y avoir des vagues de
réorganisation dans les secteurs
34
utilisateurs. Ces gains d'efficience ont été les
effets dominants à long terme. Au début du processus, les espoirs
qui naissent de la nouvelle technologie sont exubérants, conduisant
à des excès boursiers comme la tulipo mania au XVIIème
siècle ou la railway mania au XIXème siècle (des actions
des sociétés de chemin de fer au RoyaumeUni sont passées
de l'indice 200 en 1845 à l'indice 60 en 1850) ou la TIC mania
aujourd'hui10.
Une façon de représenter la prise en compte du
progrès technique incorporé est de modéliser la production
ainsi :
1 ?
Y= A x [ ( ) ] a
K 1 L Equation 2
--
K 0 1
+ + 0
Où le capital (K) est décomposé en capital
TIC ( K1 ) et capital non TIC ( K0 ) (
K0 = K - K1 ).a est
l'élasticité de la production par rapport au stock du capital
effectif [ K 0 + (1 + 0
)K1] , et 0 est le
paramètre qui mesure « l'excès de productivité
»
du capital TIC relative au capital non TIC (
K0 ).En introduisant le logarithme, l'équation 2
devient
LnY= LnA + a LnK +a Ln(1+0 x) +
(1-a )LnL Equation3
avec X=
|
K1 qui représente la part du
capital TIC dans le stock de capital total. Ceci
K
|
donne la formulation suivante de la PMF : LnY= LnA + a 0
x Equation 4
L'équation 4 montre bien que l'augmentation de
l'intensité (x) des TIC pourra faire grimper la productivité
multifactorielle seulement si les TIC sont plus productives que tout autre type
de capital11.
10 Exposé donné à l'occasion de la
conférence sur la société de l'information et
cohésion économique et sociale Bruges, 13 et 14 septembre 2001
11 L'hypothèse que la production marginale des TIC est
supérieure à 0 est : a > 0 etO > -- 1
35
II-2-2 Productivité des facteurs.
Pour comprendre l'impact général des TIC sur le
niveau d'une PME, il est nécessaire de commencer par regarder l'impact
qualitatif de l'introduction des TIC dans le processus de production de la
structure. Les recherches dans ce sens ont permis de distinguer l'utilisation
des TIC pour automatiser les processus, pour fournir les meilleures
informations et pour transformer le processus entier (Zuboff, 1988). L'impact
de l'automation est premièrement la substitution directe au capital
travail, qui conduit elle-même à l'approfondissement du capital.
Par exemple, le caissier pour la chaîne de vente des provisions, utilise
l'ordinateur avec un système d'information.
La caractéristique d'adaptabilité permet
l'utilisation des TIC dans tout secteur de l'entreprise, leurs applications
répandues et leurs possibilités de s'adapter aux convenances
individuelles, facilite la complémentarité ou la substitution du
capital TIC avec le travail.
Les TIC sont aussi des outils de production qui affectent,
dans certains cas, les conditions même de la production de biens et
services : Amélioration des techniques et des systèmes de
production, évolution des logiques des tâches composant les
processus de production, rapprochement des fonctions de conception, production
et vente, intégration des technologies de production, incorporation des
clients et partenaires dans la gestion de production. Tout ceci concourt
à réduire les coûts de productions qui rendent l'entreprise
plus compétitive. Avec ces outils de production complémentaires,
les travailleurs sont plus productifs parce que le capital investi dans les
moyens de production mis à leur disposition a augmenté.
Ceci dit, les firmes ont plus de possibilité de
consacrer moins de moyens pour investir, mais comme les prix relatifs de ces
investissements diminuent, il doit en résulter une augmentation de la
part des investissements en termes réels. Donc en volume ou à
prix constants, les firmes investissent proportionnellement plus, tout en y
consacrant proportionnellement moins d'argent. Les conséquences de ceci
sont une
36
hausse de la productivité du travail, aux prix quelques
fois de rationalisations, d'une substitution du travail par des technologies de
l'information et des communications.
Cette croissance de l'investissement n'est durable que si les
prix des TIC continuent à diminuer et que ceux-ci intègrent de
nouvelles innovations.
Les TIC permettent de réduire la
pénibilité du travail humain, en fait l'introduction des
équipements (ordinateurs, téléphone, fax, etc....) et
applications réalisant à la place des hommes des tâches
rebutantes offre des heures de travail supplémentaires qui peuvent
être exploitées à accroître la production. Les
tâches répétitives sont ainsi exécutées dans
les entreprises d'une manière transparente sans que l'on ne se rende
compte. Par exemple avec un système de gestion des ventes, on n'a plus
besoin de faire les opérations tous les soirs pour se rendre compte du
stock et des ventes journalières, aussi il devient plus facile et rapide
d'établir une facture au client.
Dans les relations à l'intérieur et avec
l'extérieur, les PME peuvent bénéficier de nombreux
avantages dus à la complémentarité et la
substituabilité du capital TIC.
Les TIC rendent le système d'information plus dynamique
et plus flexible, ce qui entraîne un gain de temps dans la circulation de
l'information tant en interne que entre les entreprises ; ceci en conservant
l'intégrité des données. Elles représentent ainsi
un dynamogène pour le système d'information (Régis
Meissonier, Décembre 1999). Elles offrent de ce fait la
possibilité aux décideurs d'une auto organisation de leur
système de décision, par l'apport d'une meilleure
adaptabilité du système d'information aux systèmes de
décision.
En définitive au niveau du système
d'information, on note une hausse de la productivité du travail pour la
saisie de l'information, donc baisse des coûts. Meilleure connaissance de
l'environnement, réactivité plus forte face à cet
environnement, amélioration de l'efficacité de la prise de
décision permise par une veille stratégique plus performante.
La formulation de la productivité du travail (Y/L)
découlant de l'équation 3 est :
37
Y K
Ln ( ) = LnA Ln
+ a ( ) + aO x Equation 5
L L
Une interprétation du paradoxe de la
productivité est que, dans les deux dernières décennies, x
s'accroît mais (Y/L) baisse. Mais l'équation 5 montre que la
productivité du travail dépend aussi bien de l'intensité
du capital (K/L) que de la qualité du capital (x), ainsi cette recherche
n'aurait pas été paradoxale si l'approfondissement du capital
était décéléré.
En effet, au cas où il n'y a pas d'excès de
retour du capital TIC, on peut prétendre à une maximisation du
profit sous conditions de l'égalité entre ce que nous pouvons
appeler le taux de substitution de production marginale du capital TIC et le
ratio des
coûts d'utilisation du capital Tic et de celui non TIC i.e
2
R
2
où MPKi est la
MPK
production marginale du capital Ki, Ri est le coût
d'utilisation du capital Ki.
Il est bien possible que la substitution du capital travail ne
soit pas rentable dans les pays sous développés du fait des
coûts très faibles de la main d'oeuvre par rapport aux
dépenses d'investissement TIC. C'est en fait l'explication que donne
certains auteurs (Jason Dedrick, Viijay Gurbaxani, Kenneth L. Kraemer ,
Août 2002 ) pour justifier une possible rentabilité de cette
substitution dans le cas contraire (coût de main d'oeuvre plus important
que le coût des investissements TIC), c'est généralement le
cas des Pays développés.
Des études sur les entreprises ont montré que le
capital TIC était un vrai substitut au travail, car l'utilisation des
TIC permet à l'entreprise d'accroître sa production un peu plus
que le fait l'employé( Dewan and Min, 1997).
Toutes les facilités de production ne peuvent
être exploitées que si la PME emploie un personnel motivé,
dévoué et compétent. Tout cela est conditionné par
un meilleur suivi et un recrutement rationnel du personnel. Les applications
des TIC offrent des possibilités de gestion plus efficace des ressources
humaines.
38
La structure de la production est beaucoup plus complexe que
ce qui a été utilisé dans les équations ci-dessus.
En effet, le facteur travail est hétérogène et la
production est aussi fonction des investissements intangibles
générés par les investissements de Recherche et
Développement passés). Ceci montre que la série des
variables adoptées à l'équation 3 est incomplète et
ne représente pas entièrement la liste des déterminants de
la productivité. Ainsi il devient plus probable que ce qu'on a
appelé paradoxe de la productivité devienne une erreur(Bill Lehr
et Frank lichtenberg, CSLS Avril 1997). Pour évaluer de manière
précise la productivité marginale des TIC, il est
nécessaire d'analyser les données d'entreprise comme l'ont fait
Brynjolffson et Hitt(1993), Lichtenberg (1995) et bien d'autres. Pour cela, il
est bon de considérer une version un peu différente de la
fonction de production :
Ln y
( ) = a LnK + a LnK + -- --
(1 a a ) LnL
0 0 1 1 0 1 Equation 6
En taux de croissance, ceci devient :
Y ? = a 0 0 a 1 1 (1 a
0 a 1 )
K + K + -- - L ' Equation 7
Où Y' désigne le taux de croissance de Y,
0K celui de K0 etc... La
contribution de la croissance des investissements en TIC sur la
croissance de la
production est a 1K? 1 .
Une autre évidence se présente aussi, il s'agit
du fait que le capital TIC peut bien être positivement
corrélé avec la qualité de la main d'oeuvre (c'est
à dire la part de l'expertise des travailleurs). Certains
résultats de recherche (Chennells and Van Reenen, 1999) ont
démontré que les travailleurs utilisant les TIC étaient
plus payés que leurs collègues non utilisateurs. Cela suppose que
la production varie non seulement avec la qualité du capital (x), mais
aussi avec la qualité du travail, que nous notons ici y :
LnPTF = LnA + aOx + (1 --a
)?y Equation 8 où y est la part des employés qui
ont
un expertise en TIC (y= L1 ). Si nous
échouons dans la prise en compte de la dépendance
L
de la production à y, alors nous obtiendrons l'estimation
du biais de a au cas où x et y
39
sont corrélés. Nous pourrons considérer
l'évidence d'une corrélation positive entre
K1
l'utilisation des TIC et l'éducation (et les salaires). Ce
qui suggère que ( L ) et y sont
positivement corrélés. Cependant, la
corrélation entre x et y dépendra aussi du niveau
général de l'intensité du capital puisque
K K
? x
L L
Si nous supposons que
)( ) ( ) .
K ?
1
L
(1 K K
la corrélation entre x et y est donnée par '
(c'est à dire, x= ?y + E, ainsi nous pouvons
penser à la hausse du biais. La solution à ce problème
consisterait à prendre en compte la mesure de la qualité de la
main d'oeuvre.
Les difficultés de mesure de la
productivitéIl existe quelques difficultés dont il faudra
tenir compte lorsque nous voulons
mesurer l'impact des TIC sur la productivité.
Une première raison de l'échec de la mesure de
productivité des TIC réside dans le fait qu'il faut un temps
substantiel d'attente avant la réalisation du gain. Paul David (1990)
dit que, comme d'autres technologies, les TIC peuvent requérir un
changement substantiel pour que la complémentarité des
infrastructures (exemple : le Capital Humain et la connaissance, les
infrastructures globales de communication, etc.) soit établi avant que
son gain ne puisse se réaliser.
L'insuffisante capture adéquate des
améliorations de la qualité est une autre raison importante des
erreurs de mesure qui tendent à tirer vers le bas les estimations du
retour sur l'investissement TIC (Siegel, 1994). Si les prix reflètent
généralement le changement de qualité, utiliser les ventes
comme mesure de la production aidera à corriger ce problème, mais
réellement, les prix ne peuvent pas refléter entièrement
l'amélioration de la qualité.
40
PARTIE II Chapitre 2 :
Conclusion
Conclusion
La caractérisation du concept des TIC a permis
d'identifier les différentes fonctions de celles-ci dans les PME.
D'autre part, l'examen de leur rôle dans ces PME a permis de se rendre
compte des apports bénéfiques de cette technologie dans le
système d'information d'une part, et dans la gestion des
activités propres de la structure d'autre part.
Cette capacité des TIC à améliorer la
circulation et le traitement de l'information, à soutenir le
système de production, à améliorer la gestion des
ressources dans les PME débouche sur la réduction des
coûts, sur l'amélioration de la qualité du service ou de
l'output, toute chose qui conduit à l'augmentation de la
productivité. Toutefois, cette amélioration de la
productivité n'est pas toujours facilement perceptible, car il y'a quand
même quelques difficultés liées à la mesure de
celle-ci.
En définitive, le caractère unique des TIC fait
de cette technologie un outil indispensable proposé aux PME pour leur
fonctionnement et pour l'accroissement de leur productivité.
41
PARTIE II
Une approche empirique de l'impact
des TIC dans les PME Camerounaises
Partie II
Les chapitres précédents ont mis en
évidence l'importance des TIC dans le fonctionnement des PME. Ainsi, de
par sa capacité à faciliter la coordination dans le
système d'information par la centralisation de l'information d'une part,
et sa complémentarité dans l'exécution des
activités de l'entreprise d'autre part, elle permet d'en
améliorer la productivité.
Cette partie comprend deux chapitres ; le premier concerne la
mesure du niveau de pénétration des TIC dans le Cameroun en
général, et dans les PME concernées en particulier ;
ensuite, le niveau d'utilisation de ces dernières. Le deuxième
chapitre aura trait à la mesure de l'impact des TIC sur la
productivité des PME retenues.
L'enquête SCAN-TIC dont nous utilisons la base de
données a été conduite par le Ministère des Postes
et Télécommunications, avec l'appui technique de l'Institut
National de la Statistique (INS).
Elle concernait les individus et les institutions. Nous nous
sommes intéressés à la partie institution à partir
de laquelle notre échantillon de PME12 qui composait le
secteur productif a été retenu. C'est avec ces données
traitées que nous allons mener la suite de notre travail.
12 Les PME retenus ici sont les entreprises privées dont
l'investissement ne dépasse pas 1,5 milliards et le chiffre d'affaire
n'excède pas 500 millions de francs cfa.
42
Chapitre III : Diffusion des Technologies de
l'Information et de la Communication dans les
PME
Camerounaises.
Pour satisfaire leurs besoins en TIC, les entreprises
Camerounaises doivent avoir recours aux infrastructures de base et aux
fournisseurs de matériel et des services TIC. Ceux-ci ne seront capables
de répondre que si le Cameroun s'est doté d'équipements
d'accès à ces services.
A cet effet, ce chapitre comporte deux points :
- le niveau de pénétration des TIC au Cameroun en
général, et dans les PME enquêtées en particulier
;
- l'examen de l'utilisation de cette technologie par les grands
secteurs d'activité en général, et les PME en
particulier.
III-1 Infrastructure des TIC au Cameroun
Avant d'estimer les effets de l'utilisation des TIC sur la
productivité des PME, l'étude a mis l'accent sur l'accès
général aux différents types de TIC.
III-1-1 Accès Aux infrastructures de
télécommunication.
La communication téléphonique est restée
longtemps dominée par la téléphonie fixe qui se voit de
plus en plus défiée par la téléphonie mobile.
Malgré tout cela, elle connaît une croissance notable ces
dernières années.
43
Graphique1 : Evolution du nombre d'abonnées au
téléphone fixe
120000 100000 80000 60000 40000 20000 0
|
|
|
|
|
|
Juin 03 Dec 03 Juin 04 Dec 04 Juin 05 Dec 05
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006
Cette évolution n'a pas fortement influencé
l'utilisation du téléphone au bureau. Par rapport au nombre de
postes, l'enquête SCAN-ICT révèle qu'en moyenne 67,1% des
personnes enquêtées ne disposent pas du tout de poste
téléphonique au bureau, ce qui constitue un handicap au bon
déroulement des missions de la plupart des institutions.
Tableau 1: Postes téléphoniques fixes au
bureau par province (en %)
|
Zones
|
Téléphone fixe au
bureau
|
pas de poste
|
un poste
|
au moins deux postes
|
Douala
|
38,6
|
56,1
|
5,3
|
Yaoundé
|
34,4
|
62,4
|
3,2
|
Adamaoua
|
75,2
|
23,9
|
0,9
|
Centre
|
67,4
|
32,0
|
0,6
|
Est
|
85,6
|
14,4
|
0,0
|
Extrême Nord
|
82,2
|
17,8
|
0,0
|
Littoral
|
69,3
|
30,7
|
0,0
|
Nord
|
84,6
|
15,1
|
0,3
|
Nord-Ouest
|
76,9
|
23,1
|
0,0
|
Ouest
|
70,5
|
29,5
|
0,0
|
Sud
|
84,0
|
14,2
|
1,9
|
Sud-Ouest
|
86,6
|
13,4
|
0,0
|
Ensemble
|
67,1
|
31,7
|
1,3
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006
44
Selon cette même enquête, le secteur productif au
Cameroun se sert effectivement du téléphone fixe ; en fait 88,3%
dans ce secteur possède au moins une ligne de téléphone
fixe ; ce taux parait acceptable, car la tranche de 11.7% restante peut
être constituée par des entreprises nées sous l'ère
de la percée de la téléphonie mobile.
Tableau 2 : Nombre moyen de lignes
téléphoniques fixes par secteur d'activités (en
%)
|
Nature de l'institution
|
Téléphone fixe au
bureau
|
Pas de ligne
|
1 à 3 lignes
|
4 à 10 lignes
|
11 à 20 lignes
|
20 lignes et plus
|
Administration
|
17,1
|
26,8
|
23,2
|
15,9
|
17,1
|
Domaine de la santé
|
14,3
|
78,6
|
7,1
|
0,0
|
0,0
|
Milieu éducatif
|
58,3
|
40,0
|
1,1
|
0,2
|
0,4
|
Secteur productif
|
11,7
|
67,5
|
18,2
|
2,6
|
0,0
|
Société civile
|
55,9
|
44,1
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Ensemble
|
48,4
|
42,4
|
5,1
|
2,0
|
2,0
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006
Le mobile fait son boum au Cameroun en 2000 et ne cesse de
séduire bon nombre de Camerounais. Le taux de pénétration
est passé de 7,1% en 2003 à 9,1% en 2004, pour atteindre 12%
environ en 200513.
Les grandes villes, et notamment tous les dix chefs-lieux de
province et les 58 chefs-lieux de département, sont desservis par les
deux réseaux de téléphonie mobile.
Le niveau d'équipement en postes de
téléphone est de loin supérieur à celui de la
téléphonie fixe. En effet, seuls 12,5% environ des individus
interrogés ne disposent pas de téléphones mobiles.
On notera par ailleurs que ce niveau d'équipement en
postes de téléphone mobiles, est assez équitablement
réparti dans toutes les provinces du Cameroun, malgré la
légère domination de Yaoundé et de Douala, et le retard
qu'accuse l'Extrême Nord.
13 Enquête nationale sur le niveau de
pénétration et d'utilisation des technologies de l'information et
de la communication au Cameroun
45
Tableau 3 : Equipement en téléphone mobile
individuel par province (en %)
|
Zones
|
Téléphone mobile
individuel
|
Pas de poste
|
un poste
|
deux postes
|
trois postes
|
Quatre postes ou plus
|
Douala
|
4,4
|
58,8
|
21,1
|
8,8
|
7,0
|
Yaoundé
|
2,5
|
55,9
|
21,5
|
11,1
|
9,0
|
Adamaoua
|
23,9
|
52,3
|
19,3
|
3,7
|
0,9
|
Centre
|
12,2
|
57,6
|
17,4
|
8,1
|
4,7
|
Est
|
18,3
|
50,0
|
21,2
|
7,7
|
2,9
|
Extrême-Nord
|
32,2
|
56,8
|
7,6
|
2,5
|
0,8
|
Littoral
|
13,6
|
71,6
|
9,1
|
5,7
|
0,0
|
Nord
|
22,6
|
67,8
|
7,0
|
|
2,6
|
Nord-ouest
|
5,6
|
50,0
|
27,8
|
11,1
|
5,6
|
Ouest
|
8,9
|
53,6
|
25,0
|
7,1
|
5,4
|
Sud
|
7,5
|
76,4
|
11,3
|
|
4,7
|
Sud-ouest
|
13,4
|
57,1
|
19,6
|
7,1
|
2,7
|
Total
|
12,5
|
58,5
|
17,8
|
6,7
|
4,5
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
Se référant à l'extrapolation faite sur
toute la population camerounaise, on note qu'en 2005, un ménage sur
trois dispose d'au moins un téléphone portable.
La proportion de ménages disposant d'un
téléphone portable a été multipliée par 4 au
cours de ces quatre dernières années. Dans les villes,
l'utilisation du portable est très répandue : 60,9% des
ménages en sont équipés. 12,9% des ménages
possèdent aujourd'hui un téléphone portable en milieu
rural. Les disparités régionales demeurent importantes du fait
notamment d'une couverture encore limitée du réseau
téléphonique. Suivant la typologie des ménages, seuls 5,6%
des ménages informels agricoles disposent d'un téléphone
portable.
46
En ce qui concerne les PME enquêtées, le
téléphone fixe y apparaît fortement implanté. 93.2%
des PME enquêtées possèdent au moins une ligne de
téléphone fixe ; parmi ceux-ci, 27,2% ont plus de trois lignes de
téléphone. On note une nette corrélation entre le chiffre
d'affaire et le nombre de lignes de téléphone fixe.
Tableau 4 : Equipement des PME en téléphone
fixe selon le chiffre d'affaire (en %)
|
Chiffre d'affaire (en milliers de
FCFA)
|
Nombre de lignes de téléphone
fixe
|
|
0
|
0 - 3
|
3 - 10
|
10 - 20
|
Total
|
0 -10000
|
|
81,8
|
18,2
|
|
100
|
10000 - 50000
|
10
|
66,7
|
23,3
|
|
100
|
Plus de 50000
|
|
|
33,3
|
66,7
|
100
|
Total
|
6,8
|
65,9
|
22,7
|
4,5
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
Paradoxalement, le téléphone mobile qui fait un
boum dans tout le pays est faiblement adopté au niveau des PME
sélectionnées par rapport au téléphone fixe.
Près de 37% des PME ne possèdent aucune ligne de
téléphone mobile. Mais le lien avec le chiffre d'affaire reste
maintenu.
Tableau 5 : Equipement des PME en téléphone
mobile selon le chiffre d'affaire (en %)
|
Chiffre d'affaire
(en milliers de FCFA)
|
Nombre de téléphones
mobiles
|
|
0
|
0 - 3
|
3 - 10
|
10 - 20
|
20 et plus
|
Total
|
0 -10000
|
9,1
|
45,5
|
36,4
|
|
9,1
|
100
|
10000 - 50000
|
50
|
20
|
23,3
|
3,3
|
3,3
|
100
|
Plus de 50000
|
|
|
33,3
|
33,3
|
33,3
|
100
|
Total
|
36,4
|
25
|
27,3
|
4,5
|
6,8
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
47
III-1-2 Equipements informatiques.
Le taux de pénétration des ordinateurs dans les
institutions est très faible : 6,2% d'institutions en moyenne disposent
de plus d'un ordinateur alors que 27,6% en disposent d'un seul. Cette faible
pénétration pourrait traduire l'absence d'une culture
électronique des institutions et la réticence des employés
à automatiser les tâches qui leur feraient perdre certains
avantages.
Le niveau de pénétration de l'ordinateur au lieu
de travail est de 33,8%. Ce chiffre cache également des
disparités régionales. Les provinces du Sud-ouest, du Nordouest
et du Sud sont celles où la disponibilité d'un ordinateur au lieu
de service est trop faible : la proportion d'individus n'ayant pas d'ordinateur
au lieu de service y représente respectivement 94,0 ; 92,0 et 81,1%.
Tableau 6 : Disponibilité d'un ordinateur au lieu
de travail par province (%)
Province
|
Pas d'ordinateurs
|
Un ordinateur
|
Deux ordinateurs ou plus
|
Douala
|
48
|
43,6
|
8,5
|
Yaoundé
|
38,8
|
50,3
|
10,9
|
Adamaoua
|
61,5
|
32,1
|
6,4
|
Centre
|
64,7
|
29,8
|
5,4
|
Est
|
74
|
21,2
|
4,8
|
Extrême Nord
|
77,1
|
18,6
|
4,2
|
Littoral
|
73,5
|
21,2
|
5,3
|
Nord
|
65,5
|
29,9
|
4,6
|
Nord-ouest
|
92
|
4
|
4
|
Ouest
|
69
|
21,7
|
9,2
|
Sud
|
81,1
|
15,1
|
3,8
|
Sud-ouest
|
94
|
5,7
|
0,3
|
Ensemble
|
66,2
|
27,6
|
6,2
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
48
Le ratio ordinateur employé est assez bon pour
l'ensemble des PME : seulement 13% de ceux-ci ont un ratio de zéro
ordinateur par employé contre 77% qui ont un ratio au plus égal
à 3, 3% d'entre eux ont entre 3 et 10 ordinateurs par employé et
3% ont un ratio de plus de 10 ordinateurs par personne employée.
Tableau 7 : Nombre d'ordinateur en moyenne
utilisé par employé suivant la taille de la PME
(en%)
|
Taille de la PME
|
Nombre moyen d'ordinateurs utilisés
par employé
|
Total
|
|
0
|
0 - 3
|
3 - 10
|
10 et plus
|
|
0 - 20
|
10
|
80
|
10
|
|
100
|
20 - 50
|
25
|
50
|
25
|
|
100
|
50 - 100
|
|
100
|
|
|
100
|
100 - 500
|
|
80
|
|
20
|
100
|
Total
|
13
|
77
|
7
|
3
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
Le photocopieur est plus utilisé dans les lieux de
travail (21,5%) que dans les domiciles, mais reste faible dans la plupart des
provinces. Le clivage noté sur la répartition des autres
équipements apparaît ici, avec des régions telles que
Yaoundé et Douala qui prennent largement le dessus sur les autres
(respectivement : 42,3% et 28,9%).
Le taux très faible de pénétration des
photocopieurs dans les institutions est dû à l'insuffisance
d'entretien et surtout à l'utilisation abusive pour des tâches ne
relevant pas toujours de l'institution.
En outre, les conditions favorables à l'entretien de
ces équipements ne sont pas toujours réunies pour encourager les
responsables des institutions à en acquérir.
49
Tableau 8 : Disponibilité d'un photocopieur au
lieu de travail par province (en %)
Zones
|
Pas de photocopieur
|
Un photocopieur
|
Au moins deux photocopieurs
|
Douala
|
71,1
|
25,4
|
3,5
|
Yaoundé
|
57,7
|
39,1
|
3,2
|
Adamaoua
|
78
|
21,1
|
0,9
|
Centre
|
80,8
|
17,4
|
1,7
|
Est
|
89,4
|
8,7
|
1,9
|
Extrême Nord
|
90,7
|
8,5
|
0,8
|
Littoral
|
87,5
|
12,5
|
0
|
Nord
|
78,3
|
18,3
|
3,5
|
Nord-ouest
|
76,9
|
18,5
|
4,6
|
Ouest
|
83,9
|
15,2
|
0,9
|
Sud
|
92,5
|
7,5
|
0
|
Sud-Ouest
|
88,4
|
11,6
|
0
|
Ensemble
|
78,5
|
19,5
|
2
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
De manière générale, les taux de
pénétration des autres équipements tels que le
télécopieur, le modem, la radio numérique, l'antenne
parabolique et la télévision restent très faibles
malgré les apports des villes de Yaoundé et de Douala pour chaque
type d'équipement.
Au niveau national, seules 8,1% des personnes
enquêtées possèdent un télécopieur dans leur
lieu de service. Cette proportion est quasiment la même pour le modem,
outil indispensable à la connexion Internet et la radio
numérique.
50
Tableau 9 : Niveau d'équipement pour l'utilisation
des services des TIC au lieu de travail par province (en %)
Zones
|
Télécopieur
|
Modem
|
Douala
|
25,4
|
12,3
|
Yaoundé
|
22,2
|
17,6
|
Adamaoua
|
6,4
|
5,5
|
Centre
|
4,7
|
8,1
|
Est
|
2,9
|
1
|
Extrême Nord
|
1,7
|
1,7
|
Littoral
|
0,0
|
0,0
|
Nord
|
3,5
|
19,1
|
Nord-Ouest
|
2,8
|
7,4
|
Ouest
|
0,9
|
0,9
|
Sud
|
1,9
|
3,8
|
Sud-Ouest
|
3,6
|
2,7
|
Ensemble
|
8,1
|
8,1
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
L'analyse selon le secteur d'activités
révèle que le milieu sanitaire et le secteur productif ont une
forte pénétration de l'utilisation des photocopieurs avec des
taux respectifs de 80,5% et 64,3%. Le secteur éducatif et la
société civile sont ceux où les photocopieurs sont les
moins présents.
51
Tableau 10 : Disponibilité des photocopieurs par
secteur d'activités (en %)
Nature de l'institution
|
Pas de photocopieurs
|
1 à 3 photocopieurs
|
4 à 10 photocopieurs
|
11 à 20 photocopieurs
|
20 et plus
|
Administration
|
19,5
|
39,0
|
28,0
|
7,3
|
6,1
|
Secteur de la santé
|
35,7
|
57,1
|
7,1
|
0,0
|
0,0
|
Secteur éducatif
|
65,0
|
33,7
|
0,9
|
0,2
|
0,2
|
Secteur productif
|
37,7
|
58,4
|
3,9
|
0,0
|
0,0
|
Société civile
|
64,4
|
35,6
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
Total
|
56,9
|
37,3
|
4,1
|
0,9
|
0,8
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
Accès a l'Internet
Le Cameroun connaît une croissance assez soutenue du
marché de l'Internet depuis la libéralisation du secteur des
télécommunications en 1998.
Les connexions des utilisateurs s'effectuent par VSAT,
réseau téléphonique public commuté, par liaison
spécialisée radioélectrique ou filaire ou par wireless.
Les services Internet les plus courants sur le marché
sont : le WEB, l'hébergement des sites, la messagerie, le forum et la
téléphonie IP (bien qu'elle ne soit pas encore
réglementée).
Il se dégage une hausse régulière du nombre
d'abonnés professionnels qui s'évaluait à 144 au 1er
trimestre 2003 et qui se chiffre à 221 au 2e trimestre 2005.
Le nombre d'abonnés individuels a une tendance à
la baisse ; il est passé de 4 807 au 1er trimestre 2003 à 2 462
au 2e trimestre 2005. Cette baisse se traduit par l'entrée de nouveaux
opérateurs sur le segment Internet et l'utilisation très
prisée de la téléphonie IP offerte à prix abordable
par les nouveaux entrants.
Des investissements visant à moderniser le réseau
de l'opérateur historique peuvent justifier l'accroissement des
abonnés professionnels.
52
Graphique 2 : Nombre d'abonnés à l'Internet
via CAMNET
N:nbecieto-r&
|
6000 5000 4000
|
|
|
3000
|
Individuel Professionnel
|
2000 1000 0
|
|
Juin 03 Déc 03 Juin 04 Déc 04 Juin 05 Déc
05
Source : CAMTEL
Les redevances de l'Internet via Camnet sont très
élevées par rapport au niveau de revenus des Camerounais pour une
offre à un débit acceptable ; ce qui constitue un frein à
la demande de l'Internet par les ménages et les institutions, et donc
à la pénétration du service.
III-2 Utilisation des TIC dans les PME
III-2-1 Niveau d'utilisation des TIC dans les
institutions
L'utilisation des TIC dans les institutions a été
évaluée à sept niveaux(Rapport de l'enquête
Scan-TIC) qui sont :
Le niveau 0 = Zéro TIC qui désigne les institutions
qui ne possèdent aucun ordinateur ;
Le niveau 1 = Bureautique de base qui désigne les
institutions qui possèdent des micro-ordinateurs non connectés en
réseau et utilisés pour le traitement de texte ;
Le niveau 2 = Réseau local simple avec les
micro-ordinateurs sont interconnectés par un réseau local autour
d'un serveur, mais ne possèdent pas d'outils de productivité des
équipes (courrier électronique, procédures automatiques,
etc.) ;
53
Le niveau 3 = Réseau étendu pour les
institutions qui possèdent des réseaux locaux situés dans
des sites géographiques distants et interconnectés en permanence
par une liaison de télécommunications;
Le niveau 4 = Intranet pour les institutions qui ont mis en
place des outils de productivité des équipes tels que des
serveurs de messagerie, la gestion électronique des documents, etc.
L'institution possède un site web et est connectée à
l'Internet en permanence ;
Le niveau 5 = Extranet pour le cas où l'institution
partage son intranet avec ses partenaires extérieurs ;
Le niveau 6 = Plan de commerce électronique pour le cas
où l'institution est dotée d'un extranet et est dotée de
systèmes de paiement électronique, permettant des transactions
sécurisées.
Ainsi donc, la bureautique de base est le niveau le plus
prépondérant quel que soit le secteur, alors que l'utilisation de
l'Extranet et du commerce électronique sont encore marginales. Bien
qu'ayant la proportion la plus élevée des unités ayant
atteint le niveau de l'Intranet (5,1%), le secteur éducatif est celui
qui a aussi la proportion la plus élevée des unités de
niveau 0.
54
Tableau 11 : Répartition des institutions selon le
niveau d'utilisation des TIC et le secteur d'activités (en
%)
Stade d'utilisation
|
Administration
|
Sect. éducatif
|
Sect. santé
|
Sect. productif
|
Société civile
|
Zéro TIC
|
6,1
|
38,2
|
14,3
|
15,4
|
31,1
|
Bureautique de base
|
40,2
|
38,8
|
78,6
|
56,0
|
51,1
|
Réseau local simple
|
24,4
|
16,7
|
7,1
|
16,5
|
8,9
|
Réseau étendu
|
8,5
|
0,9
|
0,0
|
7,7
|
4,4
|
Intranet
|
20,7
|
5,1
|
0,0
|
1,1
|
4,4
|
Extranet
|
0,0
|
0,36
|
0,0
|
1,10
|
0,0
|
Plan de commerce él
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
2,20
|
0,0
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
100
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
Le niveau d'utilisation des TIC dans les PME
enquêtées est tributaire du chiffre d'affaire. La bureautique de
base est l'utilisation la plus importante dans les PME de moins de 10 millions
de chiffre d'affaire ; 73% de celles ci ont une utilisation minimale qui est
caractérisée par la bureautique de base. Cependant, pour ceux
dont le chiffre d'affaire est compris entre 10 et 50 millions de francs CFA,
bien que 7% n'utilise pas du tout les Tic, 44% seulement sont au niveau de la
bureautique de base tandis que 23% ont un réseau local simple, et 10% un
réseau étendu ; l'intranet et l'extranet sont chacun
présents dans 2% de celles-ci. Il est à préciser que 3%
des PME qui ont un chiffre d'affaire compris entre 10 et 50 millions ont un
plan de commerce électronique contre 34% pour ceux de plus de 50
millions de chiffres d'affaires. On constate que chez cette dernière
catégorie, le niveau minimal d'utilisation est le réseau local
simple et le réseau étendu qui est présent dans 33% de
celles-ci.
55
En général, seulement 4% est au niveau
zéro, contre 48% au niveau de la bureautique de base, ce qui donne un
niveau d'utilisation assez faible dans les PME enquêtées.
Tableau 12 : Répartition des PME selon le niveau
d'utilisation des TIC et le chiffre d'affaire
(en %)
|
Chiffre d'affaire (en milliers
de FCFA)
|
Zéro TIC
|
Bureautique de base
|
Réseau local simple
|
éseau étendu
|
Intranet
|
Extranet
|
Plan
de commer ce électron ique
|
Pas de réponse
|
Total
|
0 -10000
|
|
73
|
18
|
|
|
9
|
|
|
100
|
10000 - 50000
|
7
|
44
|
23
|
10
|
3
|
|
3
|
10
|
100
|
Plus de 50000
|
|
|
33
|
33
|
|
|
34
|
|
100
|
Total
|
4
|
48
|
23
|
9
|
2
|
2
|
5
|
7
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
L'utilisation de l'Internet dans les institutions au Cameroun
dépend non seulement du secteur d'activités de l'institution,
mais aussi du poste occupé au sein de cette institution. Ainsi, dans le
secteur productif, l'utilisation est fonction de la hiérarchie dans
l'administration. Les hauts responsables sont plus privilégiés
que tous les autres.
56
Tableau 13 : Répartition des utilisateurs de
l'Internet selon le secteur d'activités et la fonction
(en %)
|
|
Administratio n
|
Secteur Educatif
|
Secteur santé
|
Secteur productif
|
Société civile
|
Les hauts responsables
|
72,1
|
46,8
|
60,0
|
57,5
|
33,3
|
Les chefs de services
|
65,1
|
27,4
|
40,0
|
35,0
|
0,0
|
Les cadres
|
60,5
|
29,0
|
40,0
|
35,0
|
0,0
|
Département informatique
|
53,5
|
30,7
|
20,0
|
22,5
|
0,0
|
Tout le personnel
|
55,8
|
74,2
|
60,0
|
40,0
|
50,0
|
Autres
|
11,6
|
43,6
|
0,0
|
10,0
|
16,7
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
Nous constatons que la connexion à l'Internet
dépend de la taille de la PME. La taille est perçue comme le
nombre d'employés permanents. Plus la PME emploie des individus, plus
elle a de chance d'être connectée à l'Internet. En fait 30%
seulement des plus petites PME enquêtées sont connectées
tandis que 100% de celles qui ont entre 100 et 500 employés sont
connectées, et 50 % des plus grandes le sont aussi.
Tableau 14 : Connexion à l'Internet des PME
enquêtées selon leur taille (%)
|
Taille
|
OUI
|
NO
N
|
Total
|
0 -20
|
30
|
70
|
100
|
20 - 50
|
50
|
50
|
100
|
50 - 100
|
67
|
33
|
100
|
100 - 500
|
100
|
0
|
100
|
Total
|
52
|
48
|
100
|
|
57
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
Par rapport aux structures, 39,56% des institutions
enquêtées du secteur productif possèdent une adresse de
messagerie. Ce taux baisse pour la possession d'un site web. En effet, moins de
17% des institutions enquêtées du secteur productif
possèdent un site web.
Tableau 15 : Répartition des institutions ayant un
site Web et une adresse de messagerie selon le secteur d'activités (en
%)
|
Administrat ion
|
Secteur Educatif
|
Secteur santé
|
Secteur productif
|
Société civile
|
Ensemble
|
A une adresse
|
52,44
|
19,75
|
28,57
|
39,56
|
35,56
|
26,53
|
A un site Web
|
46,34
|
6,16
|
28,57
|
16,48
|
6,67
|
11,99
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006
Seulement 20% des PME retenues possèdent un site Web,
parmi celles-ci, la palme d'or revient aux PME de plus de 50 millions de
chiffre d'affaire avec 67% d'entre elles qui ont un site Web, contre 17% et 18%
respectivement pour celles dont le chiffre d'affaire est compris entre 10 et 50
millions, et celles de moins de 10 millions de chiffre d'affaire. La
présence d'un site Web dans les PME est donc très faible.
Tableau 16 : Répartition des PME ayant un site Web
selon le chiffre d'affaire (en %)
|
Chiffre d'affaire (en milliers de
FCFA)
|
Site WEB à l'institution
|
Total
|
oui
|
non
|
|
0 - 10000
|
18
|
81
|
100
|
10000 - 50000
|
17
|
83
|
100
|
Plus de 50000
|
67
|
33
|
100
|
Total
|
20
|
80
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-TIC, MINPOSTEL, 2006
58
La connexion Internet par contre est bien passable pour
l'ensemble des PME ; en effet 52% des PME enquêtées
déclarent avoir une connexion Internet, mais celle-ci ne semble pas
suivre très nettement la courbe de chiffre d'affaire. Mais la
dénivellation peut être négligée ; 55% des PME de
moins de 10 millions de chiffre d'affaire sont connectées à
l'Internet, 47% de celles dont le chiffre d'affaire est compris entre 10 et 50
millions, la croissance reprend avec ceux de plus de 50 millions de chiffre
d'affaire avec 100% connectés.
Graphique 3 : Connexion des PME à l'Internet selon
le chiffre d'affaire
Chiffre d'affaires ]0;10000] ]10000;50000] Plus
de 50000
120%
100%
% des PME
80%
60%
40%
20%
0%
oui non
Source : Enquête SCAN-TIC, MINPOSTEL, 2006
III-2-1 Contraintes de l'utilisation des TIC
Formation du personnel
L'utilisation des TIC par la PME exige un personnel bien
formé et des dépenses supplémentaires liées aux
coûts des équipements, à leur maintenance, et aux services
qu'offre cette technologie.
L'enquête s'est aussi intéressée aux
formations organisées par les institutions enquêtées.
L'enquête révèle que seulement 23,3% d'institutions
enquêtées ont organisé des formations sur les TIC au sein
de leur structure. C'est le secteur productif qui organise le moins les
formations sur les TIC (moins de 21% des institutions).
59
Graphique 4 : Ventilation des structures ayant
organisé des formations sur les TIC en leur sein selon le secteur
d'activités
40,00
35,00
30,00
25,00
20,00
15,00
10,00
5,00
0,00
Administration générale
Santé Société civile Secteur productif
Education
Secteurs d'activité
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
L'enquête a aussi pensé à évaluer
le pourcentage des institutions qui ont envoyé leur personnel en
formation sur les TIC et/ou l'Internet. Et à ce sujet, l'administration
est une fois de plus en tête, avec une proportion de 44% environ, tandis
que les secteurs éducatif et productif sont en dernière position
(13% et 16% respectivement).
Tableau 17 : Pourcentage des institutions ayant
envoyé leur personnel en formation sur les TIC selon le secteur
d'activités (en %)
Secteur d'activités
|
A envoyé
|
N'a pas envoyé
|
Non réponse
|
Total
|
Administration
|
43,9
|
56,1
|
0,0
|
100
|
Domaine de la Santé
|
21,4
|
78,6
|
0,0
|
100
|
Milieu éducatif
|
16,3
|
83,2
|
0,5
|
100
|
Secteur Productif
|
13
|
85,7
|
1,3
|
100
|
Société Civile
|
32,2
|
67,8
|
0,0
|
100
|
Ensemble
|
20,3
|
79,2
|
0,5
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006
60
En ce qui concerne les PME enquêtées, 27%
seulement d'entre elles ont organisé des formations sur les TIC pour
leur personnel, contre 73% qui disent ne jamais en avoir organisé.
Cependant parmi celles qui en ont organisé, 67% sont les PME de plus de
50 millions de chiffre d'affaires.
Tableau 18 : Répartition des PME retenus ayant
organisé des formations TIC selon le chiffre d'affaire (en
%)
|
Chiffre d'affaire (en milliers de
FCFA)
|
Organisation des formations
sur les TIC
|
Total
|
|
oui
|
non
|
|
0 - 10000
|
27
|
73
|
100
|
10000 - 50000
|
23
|
77
|
100
|
Plus de 50000
|
67
|
33
|
100
|
Total
|
27
|
73
|
100
|
|
Source : Enquête SCAN-TIC, MINPOSTEL, 2006
Selon le statut, les institutions du parapublic sont les plus
nombreuses à organiser les formations pour leur personnel. 53,8% des
institutions du secteur parapublic ont organisé des formations contre
19,7% et 23,1% pour le public et le privé respectivement.
La formation du personnel étant nécessaire pour
améliorer leur rendement, il sera aussi judicieux d'identifier le
meilleur moyen de formation ou alors le type de formation le plus mis en oeuvre
au sein des institutions au Cameroun.
Dépenses pour les services TIC
La dépense relative à la
téléphonie a été mesurée sur une base
mensuelle. Nous avons distingué les dépenses en
téléphonie fixe et celles en téléphonie mobile.
D'après l'enquête SCAN-TIC, sur 812 institutions
enquêtées, 29% ont effectué une dépense
61
mensuelle dans la téléphonie mobile et 30% ont
effectué ont une dépense mensuelle en téléphonie
fixe.
Les 30% ayant dépensé pour la communication par
téléphone mobile ont déboursé en moyenne 156 000
FCFA par mois. En ce qui concerne le téléphone fixe, le
coût moyen de communication mensuelle s'élève à 193
000 FCFA ; c'est le secteur productif et la société civile qui
ont les dépenses moyennes mensuelles les plus élevées.
En se penchant sur l'échantillon des PME, on constate
une croissance de la dépense moyenne mensuelle en
téléphonie mobile qui passe à près de 3 millions de
FCFA par mois ; celle de la téléphonie fixe s'élève
à environ 1 millions de FCFA. Ce taux très élevé en
téléphonie mobile peut être expliqué par le
coût encore très élevé de ce service.
Les dépenses des services Internet sont encore
relativement faibles. D'après l'enquête SCAN-TIC, à peine
20% des institutions font une dépense mensuelle pour l'Internet. Les PME
retenues ont une dépense moyenne pour les services Internet qui se
chiffre à 164 000 FCFA ; c'est la moyenne la plus faible.
Près de 44% des PME trouve les prix de
téléphone fixe élevé, contre 42% qui les
considèrent acceptables. La téléphonie mobile est
jugée assez coûteuse pour les PME ; seulement 25% de ces
entreprises jugent le coût des services de téléphonie
mobile acceptables et près de 12% les jugent hors de portée.
Les prix de l'Internet semblent mieux appréciés que
ceux de la téléphonie avec 30% des PME qui les jugent
acceptables.
62
Chapitre IV : Technologie de l'Information et de la
Communication et performance des PME: une
tentative d'évaluation empirique.
L'impact des TIC sur la performance des entreprises peut
être cernée à travers la productivité de ce facteur
de production. S'il est vrai que la productivité n'est pas une condition
suffisante de la performance des entreprises, elle peut tout au moins
être une de ses proxies dans la mesure où le succès d'une
entreprise dépend aussi de sa capacité à fournir de plus
en plus d'output en utilisant de moins en moins d'input.
La productivité des investissements en TIC ne peut
être déterminée à priori. En effet, si les TIC sont
théoriquement des facteurs de la productivité, il est ressorti
des analyses précédentes que l'utilisation que l'entreprise en
fait compte, de même que plusieurs autres facteurs pertinents
liés, cette fois, à l'environnement de l'entreprise. L'objet de
ce chapitre est de faire ressortir, de manière globale, l'impact des TIC
sur la productivité des PME qui les ont adoptées.
En l'absence d'instruments appropriés, cet objectif
peut s'avérer irréalisable. C'est d'ailleurs une des raisons
à la base du paradoxe de solow. Il n'est pas possible, sans recourir
à des techniques adaptées et des données
appropriées, de retrouver la trace des TIC dans la productivité.
Par ailleurs, on ne peut espérer mettre en évidence l'impact des
TIC sur la productivité au moyen des simples corrélations, sans
contrôler les autres facteurs de productivité. Une approche
économétrique semble donc plus intéressante.
L'économétrie est la mesure de
l'économie. A partir des données, elle permet de mesurer l'effet
de telle variable sur telle autre, puis de tester la significativité de
cet effet. En d'autres termes, elle permet de mesurer les causes en
contrôlant les effets des autres variables (raisonnement « toutes
choses égales par ailleurs »).
63
Ce chapitre a deux principales articulations : La première
est consacrée à l'approche méthodologique ; la
deuxième, à la présentation des résultats
empiriques.
IV-1 Méthodologie
On peut être dubitatif sur la possibilité
d'estimer l'impact global des TIC avec un degré de confiance
raisonnable, eu égard aux problèmes de spécification et
d'estimation du modèle. Il convient dès lors de porter une
attention, non seulement sur la spécification du modèle
économétrique (1), mais aussi sur les problèmes
d'estimation qui peuvent se poser (2).
IV-1-1 Spécification du modèle
économétrique
La productivité se définit comme le rapport
entre la production et l'ensemble ou une partie des ressources mises en oeuvre
pour la réaliser. La production représente la quantité de
biens et services produits. Les ressources utilisées
(c'est-à-dire les moyens utilisés ou facteurs de production) sont
traditionnellement le travail, le capital14. Dans le cadre de cette
étude, le facteur capital est décomposé en deux
catégories : le capital TIC et le capital ordinaire (hors - TIC). Le
modèle que nous voudrions spécifier devra nous permettre, de
mettre en évidence l'effet du capital TIC sur la production, soit, de
déterminer sa productivité apparente.
Par définition, la productivité apparente
(unifactorielle) met en relation le produit crée avec chaque facteur de
production. Elle est mesurée en supposant que l'on fait varier un
facteur en maintenant l'autre fixe. En pratique, la productivité
apparente d'un facteur de production est donnée par son
élasticité par rapport à l'output.
Pour mesurer l'élasticité de l'input TIC par
rapport à l'output, la plupart des études utilisent une fonction
de production classique de type Cobb-Douglas (Bryjolfsson et Hitt, 1996)
puisqu'en général, elle est une bonne description des processus
de production (Jorgenson, 1992). Soit donc la fonction suivante :
Y ? F A L TIC K ? A L TIC K
?
? , , , ? * 1 *
? 2 * 3
? [1]
i i i i i i i i i
14 Ces ressources comprennent aussi l'énergie, les
matières premières, etc.
64
Y est l'output;
K est le stock de capital hors TIC ;
L est la force de travail ;
TIC est le stock de capital TIC ;
A est un paramètre de productivité ;
i est un indice qui désigne les unités
d'observations ( i = 1 ....N), c'est-à-dire,
les PME retenues dans notre échantillon ( N au
total) ;
?j est l'élasticité de l'output
par rapport à l'input j .
Ici, l'utilisation de l'approche économétrique
permet d'avoir des hypothèses flexibles, notamment sur la nature des
rendements d'échelle. Il n'est pas nécessaire de supposer des
rendements constants. En effet, les rendements constants ne sont
nécessaires que si l'on ne dispose pas d'informations suffisantes pour
calculer le taux de rendement du capital. Ainsi, lorsque le taux de rendement
est calculé par des méthodes économétriques (comme
dans le cas présent), les rendements peuvent être croissants,
décroissants, ou constants.
L'équation [1] permet d'obtenir le modèle
économétrique suivant, en utilisant la forme log-linéaire
qui présente l'avantage que les coefficients de pente qui seront
estimés représentent directement les élasticités de
facteurs:
LnY = +
y a + a [2]
i i 1 LnL i 2 LnTIC LnK
+ a +
i 3 i i
yi mesure la productivité
multifactorielle de l'entreprise i ;
ei est un terme d'erreur qui
représente la part de l'output non expliquée par le
modèle. Il résume l'information manquante dans le
modèle (erreur de mesure, erreur de spécification, erreur de
fluctuation d'échantillonnage).
Le modèle spécifié en [2] a ses limites :
le problème essentiel est l'omission de certaines variables pertinentes
dans l'analyse : le membre de droite n'est qu'une liste incomplète des
déterminants de la production. D'autres éléments tels que
l'ouverture sur l'extérieur de l'entreprise, l'intensité de la
recherche et développement, peuvent
65
aussi jouer un rôle non négligeable dans
l'explication du niveau de l'output. L'omission de ces variables peut
être une source de biais notable pour l'estimation des effets des
facteurs principaux ou considérés comme d'intérêt
premier, s'ils se retrouvent corrélés avec le facteur omis. Dans
la section suivante, nous aborderons la manière de tenir compte de ce
biais dans la procédure d'estimation.
IV-1-2 L'estimation
A l'instar de Matambalya et Wolf (2001) ou de Chowdyuru (2006),
la technique que nous emploierons pour évaluer les paramètres
aj est la technique dite des
moindres carrés ordinaires (MCO). La problématique
est :
· D'estimer les paramètres aj en
exploitant les données ;
· D'évaluer la précision de ces estimations
;
· De mesurer le pouvoir explicatif du modèle.
L'approche des MCO consiste à rechercher les valeurs des
paramètres qui
N
minimisent la somme des carrés des erreurs, à
savoir ??
S =
i 1
|
c . En adoptant la forme
2 i
|
|
matricielle, nous minimisons donc S = ???
.
? S
Ce qui revient à rechercher les solutions de = 0 . Nous
disposons de
? ?
p + 1 équations, dites normales, à
résoudre ; avec p désignant le nombre de variables
explicatives.
66
La solution obtenue est l'estimateur des MCO. Il s'écrit
:
?à = (XX ?
)-1(X'Y)
X est la matrice des variables explicatives et
Xt sa transposée ; Y est le vecteur colonne de la
variable dépendante.
Cet estimateur possède d'excellentes
propriétés lorsque les hypothèses de base
sont respectées. Il est alors sans biais (ici, E
(a à ) = a), convergent
c'est-à-dire que la variance des estimateurs tend vers zéro
lorsque le nombre d'observations tend vers l'infini ; BLUE (meilleur estimateur
linéaire sans biais) c'est-à-dire que la variance de cet
estimateur est la plus petite dans la famille de tous les estimateurs
linéaires sans biais.
Toutefois, rien n'assure que ces hypothèses seront
toujours vérifiées. Ces hypothèses, qui permettent de
déterminer les propriétés des estimateurs (biais et
convergence), et leur loi de distributions (pour les tests
d'hypothèses), sont de deux catégories :
Hypothèses stochastiques :
· H1 : Les variables explicatives sont certains ;
· H2 : E (e i ) = 0 , le
modèle est bien spécifié en moyenne ;
· H3 : ? 2 ? 2
E ? i = ? , la variance de l'erreur est
constante : homoscédasticité ;
· H4 : E (eie i? )
= 0 pour tout i ~ i? , absence d'autocorrélation des
erreurs ;
· H5 : COV (Xi , j , ?
i? = 0, les erreurs sont indépendantes des variables
exogènes ;
· H6 : e i N( O,
ae ) , le terme d'erreur est supposé i.i.d.
67
Hypothèses structurelles
· H7 : absence de colinéarité entre les
variables explicatives, c'est-à-dire que la matrice
XX? est régulière, dét
(XX? ) ~ 0 , de sorte que ( ) - 1
XX? existe ;
· H8 :
|
XX?
|
tend vers une matrice finie non singulière lorsque N
--* ? ;
|
N
|
· H9 : N >- p + 1 , le nombre
d'observation est supérieur au nombre de variables +1.
Le recours aux MCO pour estimer la productivité des
TIC peut conduire à des résultats peu satisfaisants, car
certaines des hypothèses ci-dessus peuvent, à priori, ne pas
être vérifiées. C'est le cas notamment de
l'hypothèse 5 et l'on parle du problème
d'endogénéité.
En général, le problème
d'endogénéité, dont la conséquence principale est
de biaiser les résultats, a trois sources :
· L'erreur de mesure ;
Une mauvaise mesure des variables explicatives peut
créer un problème de corrélation entre ces variables et le
terme d'erreur. Or, la mesure des TIC n'est pas toujours évidente en
raison de l'insuffisance de l'information statistique fournie par les PME dans
leurs déclarations.
· L'omission des variables
Certaines variables déterminantes,
corrélées avec les TIC sont omises dans le modèle. Par
exemple, les PME peuvent décider du montant de leurs investissements en
TIC en fonction de la qualité de la main d'oeuvre qu'elles utilisent.
Ainsi, plus les travailleurs seront qualifiés, plus la PME sera
incitée à adopter les TIC. La prise en compte de la structure de
qualification dans l'analyse peut permettre de contrôler cette source de
biais. De plus, les investissements complémentaires tels que la
restructuration de la structure organisationnelle, les qualifications de la
main d'oeuvre et les actifs intangibles jouent un rôle fondamental dans
l'ampleur des retombées des TIC.
68
· La simultanéité
On parle de simultanéité lorsqu'une variable
explicative est déterminée en même temps que la variable
dépendante.
Dans le cas de notre étude, le biais de
simultanéité est possible, puisqu'en général, le
choix des inputs est souvent fonction du niveau d'output que la firme souhaite
réaliser et par conséquent, le stock de capital et la
productivité sont corrélés. Pour contrôler cette
source potentielle de biais, nous considèrerons les inputs de
début de période et l'output de fin de période.
Cependant, il est très difficile de pouvoir
contrôler correctement toutes les sources potentielles de biais dans une
estimation par les MCO. Dans cette perspective, d'autres estimateurs sont
proposés. On peut citer par exemple l'estimateur des moments
généralisés en système (MMGS). Mais, cet estimateur
est encore plus exigeant en matière de données, puisqu'il
requiert des données de panel. Si sa supériorité en terme
de qualité des estimations, par rapport à l'estimateur des MCO a
été démontrée, son implémentation dans le
cas présent reste difficile vue la rareté des données. La
méthode des MCO sera donc appliquée.
IV-2 Analyse des données et résultats
empiriques
Comme nous l'avons vu, l'impact des TIC sur la
productivité peut être positif ou négatif. En utilisant les
données d'un échantillon de PME camerounaises, nous voudrions
faire ressortir ici l'impact global des investissements en TIC sur la
productivité. La construction des données employées est
présentée dans un premier temps ; viens ensuite les
résultats de l'analyse économétrique.
IV-2-1 Données et construction des variables
Pour disposer des données nécessaires pour les
estimations, un échantillon de PME est tiré de manière
aléatoire, à partir de la base d'entreprises qui produisent
chaque année, une Déclaration Statistique et Fiscale (DSF). Ces
DSF contiennent les
informations concernant les investissements, la production, les
consommations
69
intermédiaires, l'emploi, ainsi que les
dépenses en matériel informatique. Seules les entreprises ayant
un nombre d'employés compris entre 10 et 200 ont été
retenues pour cette étude.
Au total, nous avons pu retenir 44 PME, couvrant tous les
secteurs d'activités en dehors du secteur des services.
Une fois toutes les informations disponibles, les variables
à utiliser dans le modèle économétrique sont
construites de la manière suivante :
· L'output
L'output est avant tout un concept basé sur des
mesures en unités physiques. Sa mesure s'avère relativement
facile lorsqu'il s'agit d'une seule firme, produisant un bien unique et
uniforme. Mais, elle se complique davantage lorsqu'il faut comparer cette
information à celle des autres entreprises.
Il devient alors nécessaire d'adopter une unité
de mesure qui permet de comparer des productions de nature différentes.
Cette difficulté peut être résolue par l'utilisation des
valeurs monétaires. C'est ainsi qu'on pourra avoir des calculs de la
productivité en terme de production brute (en valeur) et de valeur
ajoutée.
L'output sera défini par la valeur ajoutée de
l'entreprise au prix du marché, obtenue en faisant la différence
entre la production et les consommations intermédiaires. Cette
définition permet de tenir compte des améliorations qualitatives
de l'output liées à l'utilisation des TIC (Hempell, 2002). En
effet, lorsque les TIC permettent d'améliorer la qualité de
l'output, les consommateurs peuvent accepter de payer un prix plus
élevé fixé par l'entreprise de sorte que la valeur
ajoutée s'en trouve augmentée.
· Les stocks de capital TIC et hors TIC
Une mesure idéale du stock de capital devrait porter
sur le flux, en heure, de services employés dans le processus de
production. Mais, puisque cette information n'est pas disponible, une approche
alternative basée sur l'évolution de la formation brute de
capital fixe est employée. Il s'agit de la méthode de
l'inventaire permanent.
70
Les stocks de capital seront donc calcules à partir
d'un modèle de declassement proportionnel qui permet d'exprimer le
volume de capital d'une periode en fonction du capital de la periode precedente
et du volume de l'investissement de la periode
precedente It _ 1 . Ainsi, si on note par
Kkt le stock de capital de type k (k=1pour le
stock de capital hors TIC et k=2 pour le stock de capital TIC) à la
periode t, alors on a :
Kkt = (1-- ?k )Kk,t - 1 ?
Ik,t -1 [3]
Avec 6k le taux de declassement des
equipements de type k . En l'absence d'information sur le stock de
capital, le volume initial est calcule suivant la methode de
Hempell (2002). En supposant un taux de croissance constant
gk pour chaque type d'investissement en capital k
, l'equation [3] precedente peut être reecrite de la manière
suivante pour la periode t =1 :
I ? 1 ? ? 1 ? , 2
2
K
? ? ? ? I ? ? ? ?
k 1 K 0 k k ?
, 1 k k ? I
?? ? 1 ? ? ?
k
? I ? ? s
1 ? ? ? I ?
k s
, ? k k , 0 ?? 1 g ??
?
s ? 0 s ? 0 k
|
s
|
Ik
|
,
|
1
|
= k
g + ?k
|
[4]
|
Le stock de capital à une date donnee ( Kk ,
t ) est fonction du volume d'investissement à cette date (
Ik,t
), du taux de croissance
(gk) et du taux de
·
depreciation du stock de capital (6 k
) . L'information sur les volumes d'investissement etant disponible dans
les DSF, il suffit de faire des hypothèses sur gk et
6k pour obtenir les valeurs du stock de capital dans le
temps.
71
L'investissement en capital non -TIC sera défini par
l'investissement total de l'entreprise diminué des dépenses en
TIC, telles que reportées par l'entreprise. Les dépenses en TIC
comprennent toutes les dépenses en matériels informatiques,
c'est-àdire, l'ensemble des outils qui permettent de visualiser,
traiter, stocker ou transporter de l'information par des moyens
électroniques. Ces différents outils sont regroupés en
cinq catégories globales déterminées par l'OCDE (2003),
à savoir équipements de télécommunications,
équipements informatiques et apparentés, composants
électroniques, équipements audio et vidéo et autres
équipements TIC.
? L'emploi
Le facteur travail devrait être mesuré en terme
d'heures totales travaillées. Mais, une fois de plus, le manque
d'information statistique oblige à recourir à l'effectif total
employé comme variable proxy.
IV-2-2 Résultats empiriques
L'estimation de l'équation [2] nous permet d'obtenir
l'élasticité des différents facteurs de production. Les
résultats de la régression, obtenus à l'aide du logiciel
E.VIEWS, sont fournis dans le tableau suivant :
Tableau 19: Résultats de
l'estimation
Variable dépendante : Ln Y
|
Variables explicatives
|
Coef.
|
T.stat.
|
Constante
|
0,589
|
2,256
|
Input travail
|
0.436
|
1,701***
|
Input capital non TIC
|
0.042
|
2,035**
|
Input TIC
|
0.011
|
0,850
|
Nombre d'observations : 44
R2 ajusté : 0.532
**,*** : significatifs respectivement à 5%, 10%.
|
Source : Calculs de l'auteur.
72
Les coefficients des différents facteurs de production,
qui peuvent être interprétés comme des
élasticités, sont inférieurs à l'unité, ce
qui valide l'approximation du processus de production par une Cobb-Douglas. Les
coefficients de l'input capital ordinaire et de l'input travail ont tous le
signe attendu.
L'investissement TIC a le signe positif, mais n'est pas
significatif. D'une part, ce résultat peut s'expliquer par la
qualité des données, puisque l'investissement en TIC n'est pas
correctement enregistré par les PME, ou encore, par la part relativement
faible des TIC dans l'investissement total des PME. D'autres part, ce
résultat peut refléter le fait que le capital TIC n'est pas plus
productif que les autres inputs au niveau des PME. Ainsi, il peut arriver que
l'impact des TIC soit significatif avec une augmentation de la part relative du
capital TIC dans les investissements totaux réalisés.
En conclusion, l'estimation d'un modèle
simplifié d'une fonction de production Cobb-Douglas abouti à une
relation non significative entre les TIC et la productivité. Toutefois,
la robustesse des résultats obtenus est faible puisque l'insuffisance de
l'information disponible ne permet pas de traiter tous les problèmes
économétriques mentionnés dans la première section.
En outre, l'usage des données transversales ne permet pas de prendre en
compte dans cette analyse, le délai qu'il est généralement
nécessaire pour que les TIC commencent à produire tous leurs
effets ; ce qui limite fortement la qualité du résultat. La
poursuite de cette investigation empirique s'avère opportune.
73
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Les technologies de l'Information et de la Communication, en
raison de sa contribution dans le fonctionnement des PME peut booster les
résultats de celle-ci. En effet par ces propriétés
(séparation, possession d'externalités, la nature variée),
elles peuvent permettre une meilleure circulation des informations tant
à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'entreprise, une
amélioration du système productif et une meilleure gestion des
ressources de l'entreprise.
Elles offrent de larges possibilités de traitement de
l'information et de communication pour les PME. . Elles peuvent être le
complément nécessaire pour rendre le système d'information
plus efficace, plus flexible et plus dynamique, elles ont aussi la
capacité d'appuyer la réduction des coûts des transactions
à l'intérieur et entre les entreprises. Elles peuvent être
un outil d'amélioration des techniques et des systèmes de
production, d'évolution des logiques des tâches composant les
processus de production, de rapprochement des fonctions de conception, de
production et vente, d'intégration des technologies de production et de
communication, incorporation des clients et partenaires dans la gestion de
production. Toutes ces capacités des TIC bien exploitées doivent
accroître la productivité des PME.
L'estimation du modèle simplifié d'une fonction
de production Cobb-Douglas a abouti à une relation non significative
entre les TIC et la productivité. , la robustesse des résultats
obtenus est faible puisque l'insuffisance de l'information disponible ne permet
pas de traiter tous les problèmes économétriques.
C'est le lieu pour nous de formuler des recommandations
susceptibles de permettre un investissement efficace en TIC dans les PME. Pour
une exploitation productive des TIC dans les PME au Cameroun, nous
suggérons aux pouvoir publics d'agir dans le sens de :
- sensibiliser les promoteurs des PME quant aux avantages
d'utilisation des TIC. La faible utilisation des PME Camerounaises des outils
TIC ne peuvent pas les
74
aider à tirer profit de cette technologie. Cette
utilisation insignifiante peut être dû à l'ignorance des
apports de cette technologie ou du coût élevé de
l'accès a celle-ci( pour ceux qui pensent qu'il est
bénéfique de les adopter). Il sera intéressant dans le cas
du Cameroun, dont les institutions publiques en charge de promouvoir les TIC
sont fonctionnelles, d'orienter leurs actions vers la persuasion des
responsables des PME. Cela est possible par la conduite des études en
vue de montrer les effets bénéfiques de l'adoption d'une telle
technologie, l'organisation des séminaires etc.
- Former les acteurs des PME à l'utilisation efficace des
TIC
L'utilisation des TIC dans les PME est une source probable de
ses effets négatifs ou insignifiant sur la performance de ces
dernières. Il s'avère donc nécessaire pour une entreprise
d'avoir de l'expertise quant à l'utilisation efficace des TIC. Ici une
responsabilité revient aux producteurs des TIC qui doivent vulgariser
les techniques d'utilisation à travers les indications d'utilisation
assez précises. Ceux-ci doivent y être amener par les pouvoirs
publics. Cela n'étant pas suffisant, il revient aux responsables des PME
de s'allouer les services des experts (évaluation et analyse des
projets, spécialiste en TIC) pour tout projet tendant à investir
dans les TIC.
- Réduire les coûts d'accès aux TIC
En général les coûts d'acquisition des
équipements TIC et d'accès à ces technologies sont
jugés élevées en général. Il est possible
pour l'Etat camerounais qui après avoir défiscaliser les produits
informatiques pendant quelques années, de voir s'il n'a pas
été prématurés de suspendre cette mesure. Nous
pensons que cette mesure autrefois très salutaire mérite
d'être rétabli et élargie à l'ensemble des TIC.
- Améliorer les infrastructures d'accès aux TIC au
cameroun.
En effet pour permettre une meilleure utilisation et
réduire les coûts d'accès, il est obligatoire de suivre
l'évolution technologique. Pour cela l'Etat doit installer ou
subventionner les infrastructures de base qui ne sont pas
généralement à la portée des PME.
75
76
|