WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Apport des tic dans la performance des PME: cas du Cameroun

( Télécharger le fichier original )
par Bernard Jérome NEOSSI DEMANOU
Institut sous Régional Multisectoriel de Technologie Appliquée, de planification et d'Evaluation de Projets de Libreville au Gabon - DESS 2006
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

DEDICACES

DÉDICACES

Je dédie ce mémoire à ma chère épouse Esther Clarisse

1

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets

Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTA, Novembre 2006.

REMERCIEMENTS

REMERCIEMENTS

La rédaction de ce mémoire a connu la participation de plusieurs intervenants. Nous tenons à leur adresser ici nos sincères remerciements.

Il s'agit des personnes ci-après:

- Professeur Kamgnia, Maître de Conférences, Vice Doyen chargé de la recherche et coopération à la faculté des sciences économiques et de gestion de l'Université de Yaoundé II;

- Professeur Wamba, Enseignant à la faculté des sciences économiques et de gestion de l'Université de Yaoundé II;

- M Owana, Directeur de la PMEA au Ministère de la Petite et Moyenne Entreprise et de l'Artisanat ;

- M GATTAIH Directeur des études et du perfectionnement à l'ISTA dont les observations ont été des plus précieuses ;

- l'équipe du CRETES, pour toutes les informations qu'ils ont bien voulu mettre à notre disposition et aussi aux efforts que cette équipe a jusqu'ici consentis pour éclairer la sphère de la PME au Cameroun ;

- le corps administratif et enseignant de l'ISTA ;

- A mon père NEOSSI Jean

- A tous mes Frères et soeurs, en particulier Dr NEOSSI NGUENA

- Tous mes amis qui m'ont soutenus durant la réalisation de ce travail, particulièrement, Adams Daniel Oyono, Valère N. Nketcha ,Serge Leger Mbana Mba, Clovis Kitio

A tous ceux qui de près ou de loin nous ont aidé moralement ou matériellement durant notre formation.

2

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets

Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTA, Novembre 2006.

GLOSSAIRE

GLOSSAIRE

PME

Petite et Moyenne Entreprise

PMI

Petite et Moyenne Industrie

TIC

Technologie de l'Information et de la Communication

PED

Pays En Développement

CNUCED

Conférence des Nations Unis pour sur le commerce et le Développement

OCDE

Organisation de Coopération et de Développement Economique

CAMTEL

Cameroon Telecommunication

MINPOSTEL

Ministère des Postes et Télécommunication

CAMNET

Cameoorn Network

3

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre 2006.

LISTE DES FIGURES ET TABLEAUX

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique1 : Evolution du nombre d'abonnées au téléphone fixe 44

Graphique 2 : Nombre d'abonnés à linternet via CAMNET 53

Graphique 3 : Connexion des PME à l'Internet selon le chiffre d'affaire 59

Graphique 4 : Ventilation des structures ayant organisé des formations sur les TIC en leur sein selon le secteur d'activités 60

LISTE DES TABLEAUX

Tableau 1: Postes téléphoniques fixes au bureau par province (en %) 44

Tableau 2 : Nombre moyen de lignes téléphoniques fixes par secteur d'activités (en %)

45

Tableau 3 : Equipement en téléphone mobile individuel par province (en %) 46

Tableau 4 : Equipement des PME en téléphone fixe selon le chiffre d'affaire (en %) 47

Tableau 5 : Equipement des PME en téléphone mobile selon le chiffre d'affaire (en %) 47

Tableau 6 : Disponibilité d'un ordinateur au lieu de travail par province (%) 48

Tableau 7 : Nombre d'ordinateur en moyenne utilisé par employé suivant la taille de la

PME (en%) 49

Tableau 8 : Disponibilité d'un photocopieur au lieu de travail par province (en %) 50

Tableau 9 : Niveau d'équipement pour l'utilisation des services des TIC au lieu de

travail par province (en %) 51

Tableau 10 : Disponibilité des photocopieurs par secteur d'activités (en %) 52

Tableau 11 : Répartition des institutions selon le niveau d'utilisation des TIC et le secteur d'activités (en %) 55

4

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre 2006.

Tableau 12 : Répartition des institutions selon le niveau d'utilisation des TIC et le chiffre d'affaire (en %) 56 Tableau 13 : Répartition des utilisateurs de l'Internet selon le secteur d'activités et la

fonction (en %) 57

Tableau 14 : Connexion à l'Internet des PME enquêtées selon leur taille (%) 57

Tableau 15 : Répartition des institutions ayant un site Web et une adresse de messagerie

selon le secteur d'activités (en %) 58

Tableau 16 : Répartition des PME ayant un site Web selon le chiffre d'affaire (en %) 58

Tableau 17 : Pourcentage des institutions ayant envoyé leur personnel en formation sur les TIC selon le secteur d'activités (en %) 60 Tableau 18 : Répartition des PME retenus ayant organisé des formations TIC selon le

chiffre d'affaire (en %) 61

Tableau 19: Résultats de l'estimation 72

5

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre 2006.

SOMMAIRE

LISTE DES GRAPHIQUES 4

LISTE DES TABLEAUX 4

Chapitre I : Les fonctions des TIC dans les PME 14

I-1 Caractérisation des TIC 14

I-1-1 Un canal d'information et de communication 14

I-1-2 Une variabilité et des externalités pertinentes 15

I-2 Les TIC dans le fonctionnement des PME 17

I-2-1 Les TIC et systèmes d'informations des PME 17

I-2-2 Les TIC et la gestion des activités des PME 21

Chapitre II : Les Technologies de l'Information et de la Communication comme

facteur de productivité 29

II-1 La productivité : Une performance fondamentale des PME 30

II-1-1 Conceptualisation de la productivité 30

II-1-2 Productivité et performance dans les PME 31

II-2 TIC et croissance de la productivité 33

II-2-1 La productivité multifactorielle 33

II-2-2 Productivité des facteurs. 36

Chapitre III : Diffusion des Technologies de l'Information et de la

Communication dans les PME Camerounaises. 43

III-1 Infrastructure des TIC au Cameroun 43

III-1-1 Accès Aux infrastructures de télécommunication. 43

III-1-2 Equipements informatiques. 48

Equipement en TIC au lieu de travail Erreur ! Signet non défini.

6

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre 2006.

Accès a l'Internet 52

III-2 Utilisation des TIC dans les PME 53

III-2-1 Niveau d'utilisation des TIC dans les institutions 53

III-2-1 Contraintes de l'utilisation des TIC 59

Chapitre IV : Technologie de l'Information et de la Communication et

performance des PME: une tentative d'évaluation empirique. 63

IV-1 Méthodologie 64

IV-1-1 Spécification du modèle économétrique 64

IV-1-2 L'estimation 66

IV-2 Analyse des données et résultats empiriques 69

IV-2-1 Données et construction des variables 69

IV-2-2 Résultats empiriques 72

7

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre 2006.

INTRODUCTION

1- Justification de l'étude

Dans les pays en développement, les PME sont un moteur essentiel de la croissance économique et de la création des richesses: La CNUCED1 (2003) indique qu'elles représentent 60 à 70% de tout l'emploi des PED. C'est dire à quel point la dynamisation de leur performance est une importante avenue de développement économique. Les TIC sont susceptibles de jouer un rôle fondamental, comme en témoigne la place de choix qu'elles occupent dans les stratégies de développement recommandées par les bailleurs de fonds (Bedi, 1999). Toutefois, le paradoxe de la productivité2 est encore présent dans les esprits, du reste, en ce qui concerne les pays en développement (Dawan et Kraemer, 2000 ; Pohjola, 2001 ; Lal, 2001 ; Chowdyury, 2006). Ce qui peut influer sur l'incitation des PME à investir dans les TIC alors qu'elles font face à des contraintes budgétaires rigoureuses. En outre, plusieurs PME restent attachées aux moyens traditionnels et pour qu'elles adoptent les TIC, il faut que les avantages qui vont en découler soient supérieurs aux coûts d'investissement et de maintenance.

L'apport principal des TIC réside dans l'amélioration des processus de production, dans la facilitation des transactions et par suite, dans la stimulation de la productivité du travail et de la productivité multifactorielle (PMF). Cet impact découle du rôle que les TIC jouent en tant que facteur de production et plus encore, de leur

1 Conférence des Nations Unies sur le Commerce et le Développement

2 Il s'agit de l'idée largement répandue aux USA et dans les autres pays développés au cours des années 1980 et 1990 ; idée selon laquelle des investissements accrus dans les TIC ne se traduisaient pas par une amélioration de la productivité (Gordon, 2000).

8

Mémoire de DESS en Analyse et Evaluation des Projets Par NEOSSI DEMANOU Bernard Jérôme, ISTAP, Novembre 2006.

capacité à réduire les coûts de transaction et de coordination des différentes activités, non seulement à l'intérieur de l'entreprise (Dedrick et al, 2002), mais aussi à l'extérieur avec les différents partenaires (Norton, 1992). Notons cependant que les TIC ne peuvent pas d'elles-mêmes influer la productivité. Le principal facteur d'efficacité réside dans la manière dont on se sert de ces technologies (Orlikowski, 2003). Le paradoxe de la productivité trouve là un début de solution. En d'autres termes, il ne suffit pas d'acquérir les TIC pour voir la productivité augmenter. L'utilisation qu'on en fait compte.

La difficulté à établir une relation positive entre les investissements en TIC et la productivité au début des années 1980 était plus liée au problème de la mesure des TIC et de la valeur qu'elles créent, en particulier dans le secteur des services où l'output est particulièrement difficile à cerner (Griliches et al, 1992). Les études ultérieures sur les entreprises du secteur manufacturier ont abouti à des résultats positifs (Brynjolfsson et Hitt, 1993 ; 1995 ; Siegel's, 1994 ; Lichtenberg, 1995), particulièrement en raison des améliorations dans la mesure de l'output pour prendre en compte les aspects qualitatifs de l'effet des TIC3. Toutefois, la mesure de la valeur créée par les TIC reste un défi puisque Berndt et Morrisson (1995) d'une part, et Jorgensoh et Stiroh (1995) d'autre part, obtiennent des résultats contradictoires en travaillant sur une même période. De manière générale, ce type d'incohérence souvent fréquent dans la littérature souligne l'importance de la méthodologie, de la mesure de la performance et de la qualité des données dans les résultats obtenus. Les études ultérieures en tiennent compte.

Au cours des dernières années, la tendance qui se dégage dans la littérature est celle d'une relation positive entre les investissements en TIC et la performance des entreprises dans les pays développés, suggérant ainsi que les firmes ont pris du temps pour apprendre à utiliser efficacement les TIC (Pohjola, 2001 ; Dedrick et al., 2002 ;

3 Il s'agit en particulier de l'amélioration de la qualité de la production et du facteur travail, de la variété des produits, la qualité du service client, la réduction des délais.

9

OCDE, 2003). En particulier, Bynjolfsson et Hitt (2000) et Greenan et al. (2001) montrent que le rendement marginal des investissements en TIC est supérieur à celui des autres investissements en capital.

Dans les pays en développement par contre, l'efficience des TIC en tant que facteur de la performance des entreprises souffre encore d'une insuffisance de fondements empiriques. Déjà, le contexte n'assure pas nécessairement l'efficience des investissements en TIC pour les PME. En effet, lorsque le coût du travail est relativement faible par rapport au coût du capital, la substitution du capital au travail peut ne pas être une stratégie optimale pour les PME4 (Dedrick et al. 2002). D'autres facteurs d'inefficience incluent l'insuffisance des compétences spécialisées pour l'utilisation efficace des TIC, l'insuffisance des infrastructures de réseaux et de services de soutien concernant l'Internet et plus généralement l'inadéquation des infrastructures de soutien aux entreprises pour leur permettre de profiter pleinement des opportunités libérées par les TIC. Müller-Falcke (2002) met en évidence un lien positif entre les TIC et la productivité dans les entreprises du secteur manufacturier en Inde. Mais, leurs résultats sont entachés des problèmes d'endogénéité (Chowdyuru, 2006). Matambalya et Wolf (2001) puis Chowdhyury (2006) trouvent un impact négatif des TIC sur la productivité des PME au Kenya et en Tanzanie. Dans ces conditions, il revient aux pouvoirs publics et à toutes les autres instituions s'intéressant au développement économique et social, d'oeuvrer dans le sens de la création des conditions favorables pour que les PME puissent tirer partie des TIC. Une action dans ce sens serait par exemple de subventionner les investissements en capital et en formation dans ce domaine.

Le Cameroun a lancé en 1995 un programme de promotion de la croissance économique basé sur la diffusion des TIC. Une enquête menée en 2006 pour évaluer la diffusion des TIC au Cameroun révèle que près de 85% des entreprises du secteur

4 4 Dans les pays développés, les TIC sont un substitut efficace du facteur travail (Roach, 1991)

10

productif se sont engagées dans les TIC. Mais jusqu'ici, aucune étude n'a encore entrepris de déterminer les retombées réelles de ces investissements pour les PME qui les ont implémentées. D'où la question de savoir : les TIC permettent-elles des surcroîts de productivité dans les PME qui les ont adoptées? En d'autres termes, les conditions sont-elles réunies pour que les PME puissent tirer parti des TIC ? Ces questions se posent d'autant plus qu'en l'absence d'une stratégie de marché bien définie ou, sous la pression croissante de la concurrence, il peut arriver que les PME surinvestissent dans les TIC (OCDE, 2003).

2- Objectif et cadre d'analyse

L'objectif de cette étude est de déterminer l'impact des TIC sur la productivité des PME au Cameroun, c'est-à-dire l'accroissement de l'output qu'il est possible d'obtenir suite à une augmentation de 1% du niveau de l'input TIC, toutes choses égales par ailleurs.

Le cadre théorique couramment utilisé est celui d'une fonction de production de type Cobb-Douglas (Brynjolfsson et Hitt, 1996 ; Matambalya et Wolf, 2001) :

Y = A * L a 1 * TICa2 * Ka3 * Ia4 où les aj correspondent à l'élasticité de l'output par rapport

à l'input j . Le terme A s'interprète comme la productivité multifactorielle.

Y est l'output de l'entreprise. Cette variable est définie par le niveau des ventes pour pouvoir tenir compte des améliorations qualitatives liées à l'utilisation des TIC (Lehr et Lichtenberg, 1997).

K est le stock de capital hors TIC, défini comme l'investissement total de l'entreprise auquel on soustrait toutes les dépenses liées aux TIC telles que reportées par l'entreprise

L est la force de travail, TIC est le stock de capital TIC. Il comprend l'ensemble des équipements informatiques (ordinateurs, matériels de réseaux, etc.) ; de télécommunication et l'ensemble des logiciels (systèmes et outils d'application)

11

I est l'ensemble de tous les autres investissements complémentaires destinés à former la main d'oeuvre aux TIC et à modifier l'environnement du travail. Il comprend aussi les services externes (sociétés de services ou cabinet-conseil).

L'analyse sera menée à partir des données de l'enquête SCAN-TIC et la Déclaration Statistique et fiscale, les élasticités seront évaluées à partir de la technique économétrique des moindres carrés ordinaires (MCO).

L'estimateur des moindres carrés ordinaires (MCO) fournit des paramètres plausibles. Cependant, en présence de simultanéité et d'hétérogénéité non observée, les estimateurs standard des MCO se révèlent généralement insatisfaisants. Toutefois, en considérant le stock de capital en début de période et l'output en fin de période, le biais de simultanéité peut être négligeable (Hempell, 2002).Par ailleurs, cette approche permet de tenir compte des décalages entre le moment de l'investissement et le moment où sa contribution productive se manifeste.

3- Méthodologie

ln ln

Y A

= + a ln K + f3 + 6 + ?

ln L ln I ln L

La fonction à tester est la suivante :

Le terme A s'interprète comme la productivité multifactorielle. On suppose que la PMF dépend aussi des autres facteurs tels que la qualité de la main d'oeuvre, l'ouverture sur l'extérieur, l'usage des TIC, et des facteurs spécifiques au secteur.

En estimant cette équation, les déterminants de la PMF peuvent être évalués à partir des coefficients des différents inputs de la fonction de production.

Comme nous l'avons signalé plus haut, l'estimateur des moindres carrés ordinaires (MCO) fournit des paramètres plausibles et c'est cette approche qui sera appliquée.

Les données seront collectées à partir de l'enquête SCAN-TIC et de la Déclaration Statistique et fiscale.

12

L'enquête SCAN-TIC dont nous utilisons la base de données a été conduite par le Ministère des Postes et Télécommunications, avec l'appui technique de l'Institut National de la Statistique (INS). Elle concernait les individus et les institutions. Nous nous sommes intéressés à la partie institution à partir de laquelle notre échantillon de PME5 qui composait le secteur productif a été retenu. C'est avec ces données traitées que nous allons mener la suite de notre travail.

5 Les PME retenues ici sont les entreprises privées dont le budget d'investissement ne dépasse pas 1,5 milliards et le chiffre d'affaire n'excède pas 500 millions de francs CFA.

13

PARTIE I : UNE ANALYSE DE

L'INCIDENCE DES TECHNOLOGIES DE

L'INFORMATION ET DE LA

COMMUNICATION DANS LES PME

Les Technologies de l'Information et de la Communication offrent de vastes possibilités de traitement des informations et des communications au niveau les individus et des organisations. A ce titre elles apparaissent de plus en plus comme un outil indispensable de gestion et de communication dans les PME. Dans la plus part des cas ces technologies ne se réduisent pas seulement à traiter la communication mais s'insèrent dans l'ensemble du système de production et de décision de l'entreprise.

Dans cette partie, nous allons apprécier le rôle des TIC dans le fonctionnement des PME au chapitre I, par contre au chapitre II, il sera question de montrer comment l'utilisation de cette technologie affecte la productivité.

13

Chapitre I : Les fonctions des TIC dans les PME

Pour comprendre l'impact général des TIC dans la performance des PME, il est nécessaire de commencer par regarder le rôle de cette technologie dans le fonctionnement de l'entreprise. De ce fait, nous nous proposons d'abord de caractériser celle-ci, afin de pouvoir décrire l'utilité des TIC dans le système d'information et dans l'exécution des activités de la PME.

I-1 Caractérisation des TIC

Dans cette section, nous allons clarifier la notion de Technologie de l'Information et de la Communication, afin d'en donner les principales caractéristiques.

I-1-1 Un canal d'information et de communication

Les Technologies de l'Information et de la Communication regroupent un ensemble d'outils qui permettent de visualiser, traiter, stocker ou transporter de l'information par des moyens électroniques.

On peut regrouper les TIC en quatre secteurs :

i) Les télécommunications et les réseaux informatiques qui font allusion au téléphone fixe et mobile, au réseau informatique simple, interne ou externe, réseau simple, intranet, extra net).

ii) Les services informatiques et logiciels qui sont constitués des services comme le conseil ou l'expertise, les logiciels de base et les applications de gestion. Ensuite,

iii) Le commerce électronique et les médias électroniques, représentés par l'Internet.

iv) L'équipement informatique constitué de tout ce qui est physique ; il s'agit ici des ordinateurs et périphériques (imprimantes, lecteurs, scanner moniteur ....),

14

Le déploiement des TIC a généré un optimisme dans certains secteurs .Dans cette section, cette technologie est caractérisée dans le sens de faire comprendre ses propriétés essentielles.

Pour apprécier entièrement le potentiel de cette technologie, il faudra noter qu'elle accroît la reconnaissance de l'importance des idées, le savoir et l'information dans le développement des processus (stiglitz, 1989, Romer, 1993 ; world bank, 1998). L'assertion selon laquelle, l'ignorance est un frein à la prospérité, combinée au fait que développer une entreprise requiert toujours la possession du savoir pour assurer l'adéquation universelle du standard qui est le sien, suggère un grand besoin de communication et une circulation de information à l'intérieur et entre les entreprises. La meilleure possibilité pour acquérir cette grande interaction est à travers l'utilisation des TIC.

Les Technologies de l'Information et de la Communication peuvent servir comme canal d'information du fait de leur capacité de supporter la séparation des informations dans leurs entrepôts. Il est annoncé que cette propriété de séparation est le vrai aspect révolutionnaire de cette technologie (Evans et wurster, 1999, pohjola, 1998). Cette propriété autorise un stockage et une transmission rapide des grandes masses d'informations et permet une communication indépendante des mouvements physiques des personnes.

La propriété de séparation de l'information autorise aux utilisateurs l'accès au corps de l'information et aux idées (qui ne sont pas en rivalité dans l'utilisation) complémentaires et aux potentialités qui génèrent un contenu relatant les externalités. L'accès aux nouvelles idées et au savoir peut avoir des effets à long terme.

I-1-2 Une variabilité et des externalités pertinentes

Outre les apports bénéfiques directs vus plus haut, nous pouvons mentionner des externalités engendrées par le secteur des réseaux TIC. De par leur nature, aucune technologie ne rivalise les réseaux TIC, et un accès supplémentaire dans le réseau

génère des externalités. Par exemple, considérons le projet qui permet l'accès à un e-

15

mail par un abonné additionnel ; Les nouveaux abonnés tirent des profits de ce service, avec tous les autres abonnés déjà connectés au système. L'expansion du système permet aux premiers abonnés de communiquer et d'échanger les informations avec des nouveaux abonnés et vice versa. Ainsi le gain additionnel de chaque abonné augmente avec le nombre des organisations et des individus qui ont accès au système ; une autre externalité est générée par la perspective des coûts. Le développement de l'accès à Internet ou aux services de télécommunications entraîne souvent une chute des coûts des services offerts. D'où le développement du système aboutit à la baisse des prix de l'offre des services aux premiers abonnés.

La propriété de séparation et les externalités des TIC sont complétées avec sa nature variée. L'utilisation des TIC n'est par restreinte dans un secteur particulier de l'entreprise. Leurs applications sont répandues et ils offrent les possibilités de s'adapter aux convenances individuelles ; ainsi les entreprises et le gouvernement ont besoin des explications sur le vaste potentiel des effets positifs attribués à la diffusion de ces technologies.

Pris ensemble, les trois caractéristiques des TIC ; c'est-à-dire leurs capacités à séparer les informations, leur contenu et l'étendue de leurs externalités liées et leur nature variée, rendent clairement les TIC uniques (du point de vue technique). Le caractère unique de cette technologie est « numérisation ». Hamelink (1997), écrit que cette numérisation est le processus à travers lequel chaque information (qui soit relogé à travers le son, le texte, la voix ou l'image) est convertie en numérique, le langage binaire utilisé par l'ordinateur. Ce processus de numérisation facilite la convergence des TIC, dans un sens technique, car tout signal numérique identique, sans se soucier du fait qu'il code la voix, la vidéo, ou autre donnée.

L'appréciation de ces caractéristiques, couplée au vaste effet économique, permet une grande compréhension du potentiel de développement offert par les TIC. Dans cet ordre, pour examiner ce potentiel plus clairement, les sections suivantes utilisent les

16

caractéristiques décrites ici pour établir une chaîne de raisonnement associant les TIC dans le fonctionnement des organisations, l'efficacité et le déploiement des marchés.

I-2 Les TIC dans le fonctionnement des PME

Après avoir caractérisé les TIC, nous allons maintenant montrer comment elles permettent aux PME de mener leur mission tant au niveau de la gestion qu'à celui de la production.

I-2-1 Les TIC et systèmes d'informations des PME

Les Technologies de l'Information et de la Communication peuvent permettre aux PME de mieux organiser la coordination. L'analyse et la structuration des entreprises ont longtemps reposé sur une vision de l'organisation comme «processeur d'informations», l'apprentissage et la maîtrise des connaissances reposant sur un processus de sélection, élimination, tri et filtre dans la masse des informations (données, événements, phénomènes) disponibles à chaque instant dans l'entreprise6. Ce processus s'opère de plusieurs manières, chacune pouvant être considérée comme le résultat de l'optimisation de l'usage des capacités de calcul, de communication et de stockage de l'information : la spécialisation des individus, la division des tâches par fonction et par métier, l'organisation des sites productifs, les modalités de communication entre les différentes composantes de l'entreprise, le degré de décentralisation et d'autonomie des décisions. Cette structuration de plus en plus intensive des connaissances opératoires traduit le mouvement de rationalisation et « d'algorithmisation » des entreprises, qui regroupe l'automatisation des tâches de production, l'informatisation des processus entiers, avant d'aboutir à une réorganisation de ces processus.

Dans une perspective de décentralisation, la contribution des TIC auprès des PME s'avère pertinente. En effet, le dirigeant y joue souvent le rôle d'un centralisateur

6 Boulding (1984) rappelle d'ailleurs que la gestion peut être entravée par le trop plein de données et que, d'une certaine manière, l'information peut parfois être considérée comme l'ennemi de la connaissance

17

qui prend la plupart des décisions, et risque de ne pas percevoir la profondeur de certains changements externes (Marchesnay, 1992, p29-30). Avec les applications TIC, la direction centrale a toutes les informations en temps réels et peut prendre des mesures en toute connaissance de cause.

La capacité de stocker et de traiter les connaissances et les informations sous forme de banques de données et de systèmes-expert largement ouverts rend les organisations moins dépendantes des personnels détenteurs de ces informations et de ces savoirs. Or, une des fonctions principales des hiérarchies intermédiaires consistait à traiter, filtrer et restituer les différentes formes d'informations. De manière plus précise, la mise en place des TIC nécessite moins de relais de transmission des ordres hiérarchiques et moins de contrôle hiérarchique direct par des intermédiaires (agents de maîtrise, par exemple). Les prescriptions de tâches à accomplir, les informations techniques et les orientations peuvent être directement transmises par la tête stratégique de l'entreprise via le système d'information, aux différents acteurs de l'entreprise, quelle que soit leur position dans l'organisation. Il peut ainsi s'opérer un aplatissement de la ligne hiérarchique à mesure que sont introduites les TIC.

Grâce à cette technologie, les entreprises ont la possibilité de rendre leur système d'information plus efficace, plus flexible et plus dynamique. Les TIC bénéficient à une large gamme de processus économiques. Au niveau de l'entreprise, les TIC et leurs applications améliorent et accélèrent la communication et permettent une gestion plus efficace des ressources de l'entreprise. Le transfert transparent de l'information, grâce au partage de fichiers électroniques et aux réseaux d'ordinateurs, améliore l'efficacité d'un certain nombre de processus de l'entreprise comme la documentation, le traitement de données et d'autres fonctions d'administration (par exemple organisation des commandes et facturation).

A travers les applications de TIC de plus en plus sophistiquées, comme les KMS (solutions de gestion des connaissances) et l'ERP (planification des ressources en entreprise), les entreprises peuvent stocker, partager et exploiter les connaissances et le

18

savoir-faire accumulés. Les PME dans leur organisation structurelle ont besoin d'une bonne coordination et, pour l'atteinte des objectifs de l'entreprise, il est nécessaire que chaque entité de l'entreprise puisse agir selon ses compétences, et mettre à disposition des autres entités des données pour la suite de la chaîne de traitement.

Les Technologies de l'Information et de la Communication rendent le système d'information plus dynamique et plus flexible, ce qui entraîne un gain de temps dans la circulation de l'information, aussi bien en interne que entre les entreprises ; ceci tout en conservant l'intégrité des données. Elles représentent ainsi un dynamogène pour le système d'information (Régis Meissonier, Décembre 1999) . Elles offrent de ce fait la possibilité aux décideurs d'une auto organisation de leur système de décision, par l'apport d'une meilleure adaptabilité du système d'information aux systèmes de décision.

Les échanges interentreprises et la communication en temps réel peuvent réduire les asymétries d'informations entre acheteurs et fournisseurs, et forger des relations plus étroites entre partenaires commerciaux (Moodley, 2002).

Le rôle des TIC est fondamental dans la capacité à créer et à maintenir un réseau flexible d'affaires entre organisations : les alliances et les partenariats, la sous-traitance, les agreements, les contrats à distances, etc. Traditionnellement, dans l'entreprise, elles peuvent permettre de développer et de personnaliser le système de gestion de l'information qui est utilisé pour améliorer le réseau commercial et même le système de planification des ressources de l'entreprise, d'approvisionner le système de pilotage. Le système de gestion de la clientèle et le portail du commerce électronique peuvent être utilisés pour l'établissement d'un réseau d'affaires.

Prenons deux exemples. D'une part La flexibilité de la production n'est possible que dans la mesure où l'entreprise concernée peut être à tous moments en contact avec ses donneurs d'ordres, ses fournisseurs, ses sous-traitants, ses transporteurs, ses diffuseurs et ses clients, ce dans le but e connaître l'état des stocks, déclencher des commandes, transmettre des éléments techniques, ajuster sa production, etc. D'autre

19

part, mieux gérer la qualité dans une entreprise suppose d'édicter des procédures précises de coordination et d'échange, de partager et de constituer collectivement une documentation technique précise, d'élaborer une base d'informations des incidents (et des solutions), de permettre à chacun la mise à jour et la facilité d'accès de ces informations.

En définitive au niveau du système d'information, on note une hausse de la productivité, consécutive à la minimisation de la saisie de l'information, ce qui implique une baisse des coûts. En outre, il y'à une meilleure connaissance de l'environnement, une réactivité plus forte face à cet environnement qui dans certain cas permet à l'entreprise de mieux affronter ses concurrents, et une amélioration de l'efficacité de la prise de décision permise par une veille stratégique plus performante.

De l'action des TIC dans le système d'information, découle la réduction des coûts de transactions des PME. Considérons que le coût de l'information pour l'entreprise a deux composantes : le coût de regroupement et de traitement de l'information et le coût de distribution de l'information.

Dans les PME, les insuffisantes facilités de communication et les coûts prohibitifs d'accès et de distribution de l'information en réduisent l'utilisation. Dans un tel contexte, l'introduction des TIC fiables peut avoir de effets multiples :

- Premièrement, la réduction des coûts de transaction à l'intérieur de

l'entreprise et avec les partenaires, tout en les accélérant et en les rendant plus fiables.

- Deuxièmement, après réduction des coûts de traitement et de production de l'information, tout en favorisant l'augmentation de la masse d'informations, l'utilisation des TIC pourra probablement améliorer la qualité de l'information disponible. Au lieu des informations obsolètes, les entreprises peuvent avoir accès aux données à jour, plus fiables et plus complètes. Pour résumer, le déploiement des TIC peut améliorer la disponibilité et la qualité de l'information qui peut être utilisée dans la production et la gestion des entreprises, tout en favorisant la réduction des délais de transactions en interne et avec l'extérieure.

20

La particularité des TIC, c'est sa capacité à permettre des communications et des négociations interactives. Cette capacité de transférer les informations et de communiquer à travers le monde, sans être limité par la distance, le volume ou la nature (vidéo, son, texte...) des informations transmises, peut non seulement améliorer la prise de décision, mais accélérer celle-ci.

La conséquence naturelle de la réduction des coûts des transactions et des négociations est que la diffusion des TIC peut promouvoir l'efficacité des entreprises par l'amélioration des gains mutuels sur les échanges. Améliorer la circulation des informations et réduire l'incertitude, peuvent permettre aux firmes d'accéder aux nouveaux marchés nationaux ou internationaux plus facilement, et leur permettre d'ouvrir de nouveaux produits et maîtriser les facteurs du marché.

Les effets de cette technologie dans la réduction des incertitudes, la réduction des coûts des transactions et de traitement des données, en conduisant à une prise de décision rapide et efficace, peuvent se manifester sous diverses formes. Au niveau des PME, l'utilisation de cette technologie pourra être associée à la croissance de la firme et à l'amélioration de la productivité des facteurs.

I-2-2 Les TIC et la gestion des activités des PME

Une amélioration du système productif.

Les Technologies de l'Information et de la Communication ne concernent pas seulement la circulation d'informations dans l'entreprise. Ce sont aussi des outils de production qui affectent, dans certains cas, les conditions même de la production de biens et services : Amélioration des techniques et des systèmes de production, évolution des logiques des tâches composant les processus de production, rapprochement des fonctions de conception, production et vente, intégration des technologies de production et de communication, incorporation des clients et partenaires dans la gestion de production. Tout ceci contribue à réduire les coûts de production qui rendent l'entreprise plus compétitive. Ces évolutions sont très visibles dans les services, mais on

21

les observe aussi dans l'industrie. Les conséquences sont à la fois internes et externes. Les métiers et les postes de travail se transforment. La spécialisation de l'entreprise évolue. Mais les évolutions des modalités de la production touchent également l'articulation avec l'environnement externe de la firme, en favorisant les transferts de savoir-faire entre partenaires et les apprentissages interactifs. La délocalisation de la production est elle aussi facilitée, grâce aux systèmes de communication (téléphone fixe et mobile) et aux applications informatiques et réseaux. Cette délocalisation, qui permet à l'entreprise de se rapprocher de sa clientèle tout en accédant plus facilement à la matière première, offre des réductions de coûts et de nouveaux marchés.

Les fonctionnalités des TIC et leur aptitude à susciter de la coordination sont à la base de certaines capacités innovatrices des firmes, indépendamment, parfois, de l'activité traditionnelle de recherche et développement. Le plus souvent, la création de produits ou services résulte d'abord du décloisonnement qui s'est opéré dans l'entreprise et de la capacité de mettre en relation et faire collaborer des compétences auparavant dissociées. Une fois pleinement intégrées dans l'organisation de l'entreprise (gestion interne et intégration du réseau de partenaires), les TIC conduisent souvent à redéfinir le domaine initial d'activité de l'entreprise autour de la maîtrise des technologies : vente d'informations ou de services à valeur ajoutée liés aux métiers d'origine (cas des PME des services par exemple), proposition aux clients de nouveaux produits (développement d'applicatifs dans le secteur de la finance, l'assurance ou dans les télécommunications)... Ces évolutions contribuent à redéfinir les règles traditionnelles de spécialisation des entreprises. Dans certains cas, cette spécialisation continue à s'opérer sur la base du métier d'origine, en renforçant leur source de compétence. Mais dans d'autres cas, elle peut également s'effectuer, plus facilement désormais, sur la base des marchés. Cela conduit alors les entreprises à affronter des concurrents qu'elles ne connaissent pas et qui se situent en dehors de leur champ d'activité traditionnel. En Europe, on trouve de nombreux exemples de tels glissements d'un secteur à l'autre, opérés par des firmes grâce aux TIC : AT&T

22

(télécommunications) et Marks & Spencer (grande distribution) sont présentes dans le secteur bancaire grâce à des cartes de crédit développées au départ pour leurs propres clients. Doublet (PMI d'équipements urbains et de gestion d'événements) commercialise des logiciels de gestion intégrés sur la base d'un système développé en interne pour les besoins de l'entreprise (Pierre-Jean Benghozi et Patrick Cohendet (chap II,page 188-189)). Ces qualités sont d'autant plus importantes au niveau compétitif que les prix et les produits fabriqués sont très proches pour tous les constructeurs, et que l'organisation représente le facteur de productivité déterminant. Dans le cas de Bouygues, le courrier électronique (conçu comme un outil de «groupware» tout autant que comme un système de messagerie) a ainsi constitué une clé de voûte des évolutions récentes de l'entreprise en formant progressivement le coeur du système d'information. Au lieu des générations informatiques précédentes faites d'applications verticales et de systèmes centralisés difficiles à mettre en oeuvre, le courrier électronique a permis aux cadres d'avoir accès facilement aux outils bureautiques et aux informations existantes, sans être pour cela des spécialistes de l'informatique. Ils ont pu disposer des informations de façon asynchrone, sans avoir à interroger celui qui les avait créées. Le savoir-faire acquis dans les TIC a été un facteur-clé dans le succès de la diversification de l'entreprise, en facilitant l'utilisation d'une comptabilité analytique très fine et parfaitement maîtrisée. Bouygues a pu en conséquence aborder des produits et des métiers qu'il ne connaissait pas (télévision, télécommunications, services) et espérer y trouver une rentabilité très rapide, en décelant les postes de coût et les possibilités de valorisation sur les segments les plus rentables7.

7 Cf. Brousseau et al. (1993, 1995) cité dans L'organisation de la production et de la décision face aux TIC par Pierre-Jean Benghozi et Patrick Cohendet (chap II)

23

Des TIC pour mieux gérer les ressources des PME.

Toutes les facilités de production ne peuvent être exploitées que si la PME emploie un personnel motivé, dévoué et compétent. Tout cela est conditionné par un meilleur suivi et un recrutement rationnel du personnel. Les applications des TIC offrent des possibilités de gestion plus efficace des ressources humaines.

En externe, les offres de formation à distance offertes par l'Internet et d'autres applications des TIC permettent à l'entreprise d'offrir des formations continues moins coûteuses pour l'entreprise ; ce d'autant puisque ceux qui en bénéficient ne sont pas entièrement mis en disponibilité.

En interne, nous pouvons noter la gestion plus efficace des ressources humaines à travers des applications de gestion de personnels ; par exemple, il sera possible en temps réel de savoir la position au sein de l'entreprise de chaque employé (congé, en service, en suspension etc...). Ceci permet une utilisation rationnelle du facteur travail et accroît par conséquent la productivité. Il est plus facile d'évaluer les besoins en ressources humaines grâce à la cohérence du système de gestion, qui se transpose sur celle de la ressource humaine et le poste de travail. Avec les applications TIC, finis les doubles emplois où même les sous emplois. Aussi, une source de données à l'échelle de l'entreprise permet de diffuser l'expérience professionnelle de chaque employé (par exemple comment un contrat a été remporté), de manière à ce que chacun au sein de l'entreprise puisse en bénéficier.

La possibilité d'une gestion rationnelle des finances et du matériel s'avère évidente. En effet la traçabilité et l'incidence de l'utilisation de toute ressource matérielle ou financière s'observent en temps réel grâce aux applications TIC. Ainsi fini les disparitions sans trace de toutes ressources de l'entreprise, baisse des gaspillages des ressources.

Des TIC pour mieux gérer les ventes et les approvisionnements

La contribution des TIC à la gestion automatisée de la cohérence déborde largement le cadre des frontières de l'entreprise pour remettre en cause la nature des

24

relations avec la clientèle et les fournisseurs. Concernant l'aval de l'entreprise, l'intégration du client à la production et aux processus d'innovation passe par la standardisation et la formalisation des relations et des informations échangées : pour mieux gérer en commun l'incertitude et la flexibilité de la demande, pour mieux collecter, utiliser et maîtriser les informations stratégiques sur la structure de la clientèle et des ventes. En amont de l'entreprise, les relations externes qui se nouent avec les fournisseurs et les sous-traitants visent essentiellement à assurer une réactivité rendue nécessaire par la gestion en flux tendu : cela se traduit par la réorganisation autour des processus et l'informatisation des échanges de données, mais aussi par l'autonomie relative des unités de production et la redéfinition des frontières de l'entreprise.

Les entreprises utilisent les réseaux pour abaisser leurs coûts ou pour améliorer la qualité et les délais de leur approvisionnement en jouant sur la recherche et la mise en concurrence des fournisseurs potentiels. Les avantages apportées par une telle utilisation des TIC ne sont cependant perceptibles que si les produits recherchés sont suffisamment simples ou standardisés, ou bien si l'information disponible est suffisamment riche (Daft & al, 1984) pour permettre à l'acheteur de comparer efficacement les prix et les fournitures sur le marché électronique. Les TIC accompagnent ainsi une tendance que l'on observe par ailleurs à la standardisation des produits et des services proposés sur le marché.

Dans de nombreux cas, les entreprises tendent à substituer à une production à façon ou sur mesure, des produits ou des services formatés dont les caractéristiques et la variabilité peuvent être très nombreuses, mais en restant limitées, car déjà prédéfinies.

La mise en oeuvre de formes d'interactions nouvelles avec la clientèle exige naturellement un dialogue constant avec les autres composantes de l'entreprise, et en particulier les activités de conception. D'une certaine manière, on peut considérer que la multiplication des relations avec la clientèle «fait entrer le consommateur dans l'entreprise». La mise en cohérence automatisée des décisions d'acquisition ou de

25

lancement de productions repose sur le recours à des systèmes informatiques très structurés (du type EDI8 dans certains secteurs), mais aussi sur des applications plus interactives (supportées par Internet par exemple) permettant, en temps réel, de mieux saisir les besoins de la clientèle ou les problèmes des fournisseurs. Il ne s'agit pas là d'un phénomène spécifique et nouveau, mais qui prend de l'ampleur. La multiplication des bases de données marketing permet en temps réel d'identifier les segments de marché les plus rentables, de mieux segmenter les offres, ou d'effectuer des simulations sur des réactions à des produits qui viennent d'être lancés. Le contact direct avec la clientèle pose des problèmes inédits de responsabilité dans les décisions à prendre dans l'entreprise et sur la manière de représenter les consommateurs dans les décisions de production. Ce mouvement n'est pas à sens unique, et systématiquement en faveur des producteurs. Buzzel (1985) note, par exemple, que le développement de l'informatique conduit à un renforcement du rôle des intermédiaires et des grossistes, au détriment des distributeurs et des producteurs eux-mêmes (dans le cas des grands comptes, ou des produits complexes), même si les technologies permettent, à priori, une relation directe plus facile avec le client. Cette redéfinition des relations entre producteurs et diffuseurs s'opère et se cristallise sur deux registres. C'est d'une part la modification des positions et des pouvoirs respectifs le long de la chaîne de valeur, c'est d'autre part les conflits sur l'élaboration et la maîtrise des bases d'informations sur les clients.

Dans ce contexte, la refonte et l'exploitation systématique des systèmes d'information commerciaux jouent un rôle important. Le « data mining » permet par exemple des segmentations et des croisements de plus en plus fins dans les bases de données grâce à l'exploitation de grands ensembles historiques de transactions. Ce type de technologies autorise des développements de services, notamment en matière de marketing. Les TIC constituent donc un outil qui favorise le pilotage par l'aval de l'entreprise et toutes les caractéristiques de ces technologies peuvent se conjuguer pour

8 Echange de Données Informatisées

26

faciliter cette transformation de l'entreprise qui se tourne vers le client pour entrer dans un véritable contexte de réactivité.

Les évolutions récentes invitent plus précisément à distinguer deux types d'entreprises.

- Premièrement, celles qui restent centrées sur une activité bien définie

(qu'il s'agisse d'un produit ou d'un service) et sont généralement structurées verticalement. Au cloisonnement des fonctions correspond un cloisonnement de l'information, avec l'utilisation de logiciels spécifiques (flux tendus, gestion de stocks, gestion industrielle intégrée, EDI avec les fournisseurs...) ; la mise en place des TIC au sein des départements est essentiellement axée vers l'amélioration des gains de productivité.

- Deuxièmement, les entreprises qui sont tournées vers le client et sont

généralement réorganisées horizontalement ; elles maîtrisent des flux guidés par une réactivité à la demande, grâce à la mise en place de systèmes d'information qui s'étendent de bout en bout, du client au fournisseur. C'est ici que s'imposent les systèmes de gestion des données techniques, la messagerie interne et externe, et aujourd'hui l'Internet/Intranet. Dans ces applications, des caractéristiques très diverses sont simultanément recherchées : systèmes plus souples et re-configurables, plus grande réactivité, réduction des coûts de transaction, amélioration des interactions entre fonctions. A la différence des entreprises tournées sur leur produit, ce type d'entreprises privilégie avant tout l'utilisation massive des progiciels.

La tendance à la diminution du coût des transactions marchandes s'accompagne logiquement (en accord avec la vision de Willliamson) d'une plus grande «fluidité» des frontières de la firme. D'abord, certaines activités n'ont plus besoin d'être internalisées. Comme les entreprises peuvent s'appuyer sur les TIC pour externaliser certaines de leurs activités non stratégiques, elles sont en mesure de mieux se recentrer sur leurs compétences de base. Ensuite, les choix d'opérer en partenariat, en sous-traitance ou en intégrant une activité se font de plus en plus réversibles. Il devient dès lors imaginable

27

de redéfinir en permanence les frontières de l'organisation en fonction des coûts et des opportunités du marché. Les TIC sont de ce fait au coeur même du redéploiement stratégique des firmes.

28

Chapitre II : Les Technologies de l'Information

et de la Communication comme facteur de

productivitéAfin de comprendre comment les TIC affectent la productivité, il est nécessaire

de commencer par examiner le rôle des TIC comme facteur de production. Cette approche nous permet de lier facilement les extrants aux intrants. Les intrants pris en compte ici sont : la main d'oeuvre et le capital, tout en incluant le capital TIC.

Plus précisément, accroître le niveau des intrants est la source d'augmentation de la production. Une possibilité est d'accroître les heures de travail ; ceci peut bien faire grimper les extrants, mais par définition celle-ci n'a pas d'impact sur la productivité du travail. Il y a trois possibilités de faire grimper la productivité :

- La première consiste à augmenter le niveau du capital par unité de

travail : c'est le phénomène appelé « capital deepening ».

- La deuxième possibilité d'accroissement de la productivité est

l'amélioration de la qualité des intrants, ceci concerne particulièrement le facteur travail, par exemple par la formation.

- La troisième est la productivité multifactorielle (PMF), qui est en

fait le résidu de croissance non attribué aux deux autres sources. L'augmentation de la PMF signifie que pour un niveau fixe de la qualité et de la quantité des intrants, l'entreprise acquiert une augmentation substantielle des extrants. Ce qui veut dire que les méthodes de production ont été améliorées ou que la qualité des produits est meilleure ; il s'agit en fait du progrès technique. Ainsi, la recherche et le développement sur le produit ou les processus technologiques peuvent permettre un accroissement de la PMF.

Nous proposons ainsi de démontrer dans ce chapitre comment les TIC affectent la productivité du travail d'une part, et ensuite la productivité multifactorielle d'autre

29

part ; pour cela, nous commencerons d'abord par éclaircir la notion de productivité et son importance dans la performance générale de la PME.

II-1 La productivité : Une performance fondamentale des

PME

Dans cette partie nous allons justifier l'importance de la productivité dans les performances de la PME, notamment la compétitivité et la rentabilité.

II-1-1 Conceptualisation de la productivité

La productivité s'applique en général aux entreprises ; elle désigne pour une entreprise la production par rapport aux facteurs utilisés. Le travail et le capital sont les deux facteurs de production constamment utilisés pour évaluer la productivité. C'est ainsi qu'on parle de productivité du travail, productivité du capital et de la productivité multifactorielle.

La productivité du travail désigne la quantité des biens ou services que peut produire l'entreprise en une heure de travail. C'est donc le rapport entre la quantité produite et la quantité de travail effectuée pour l'obtenir.

La productivité du facteur capital indique la quantité de biens ou de services que peut produire une entreprise à l'aide d'une unité monétaire (d'un franc cfa) de capital investi. C'est donc le rapport entre la quantité produite et le montant de capital fixe (total des investissements réalisés).

En général, la productivité permet de mesurer l'apport de chaque facteur à la production. Cependant, dans la mise en oeuvre de la combinaison productive, chaque facteur est étroitement dépendant des autres. Le travail sera plus efficace si les machines sont performantes. Réciproquement le capital sera plus productif si les travailleurs sont bien formés, compétents et motivés. L'organisation du travail, adaptée aux caractéristiques des machines, est aussi déterminante.

30

La productivité est mesurée en supposant que l'on fait varier un facteur en conservant les autres fixes ; on peut donc imputer la variation constatée au seul facteur variable.

II-1-2 Productivité et performance dans les PME

La notion de productivité s'applique comme nous l'avons signalé plus haut aux entreprises et au milieu du travail, mais la compétitivité doit plutôt se rapprocher des << marchés >>. Elle désigne la capacité d'une entreprise à conquérir ou à conserver les parts de marché. De ce fait, la productivité constitue évidemment un élément central de la compétitivité, dans la mesure où elle contribue à déterminer à côté de l'évolution des salaires, les coûts de production relatifs par rapport aux concurrents.

Aussi, la productivité, vue comme rendement du travail et du capital, correspond au niveau << physique >> de l'entreprise ; ce niveau << physique >> est celui de la mise en oeuvre concrète de la combinaison productive ; elle intègre à la fois la dimension technologique et la dimension organisationnelle du processus de production, sans oublier celle de la gestion des ressources humaines. Liée à ce niveau << physique >>, la productivité dépend tout autant des facteurs quantitatifs (effectifs du personnel, capital...) que qualitatifs (formation, conditions de travail...).On peut dire qu'elle est un des déterminants de la compétitivité des entreprises, puisqu'elle sanctionne le déroulement du processus de fabrication du point de vue des facteurs de production.

Afin d'être rentable, un producteur doit pouvoir produire et vendre un bien ou un service en dégageant un bénéfice acceptable. Dans une économie concurrentielle, être compétitif consiste à demeurer rentable lorsque le prix de vente est déterminé par le marché, sans qu'aucun producteur ou groupe de producteurs puisse l'influencer de façon significative. Ceux-ci ne peuvent agir que sur leurs propres coûts afin de demeurer compétitif. Le lien entre la productivité du travail et la compétitivité d'un

Établissement se fait par l'intermédiaire du coût unitaire de main-d'oeuvre. Cette expression fait ressortir le lien inverse qui prévaut entre le coût unitaire de main-

31

d'oeuvre et la productivité. Plus cette dernière augmente, plus les coûts unitaires de main-d'oeuvre diminuent. Il en résulte que la compétitivité des entreprises s'améliore lorsque leur productivité progresse plus rapidement que celles des pays ou des régions concurrentes. A l'inverse, elle se détériore lorsque la productivité s'améliore moins rapidement.

La rentabilité quant à elle représente le niveau financier ; c'est la finalité de toute entreprise. Elle est tout aussi dépendante de la productivité. En effet, notons R cette

R= P

rentabilité, alors, on a K où P est l'excédent brut global9

V ? W

P

=

K

P

 

V

=

K

L

L

V

 

V

 

V

 
 
 

K

V

L L = productivité de la main d'oeuvre

V

K = productivité du capital

W

L = coût unitaire de la main d'oeuvre

A partir de ces éléments de réflexion, il apparaît que la rentabilité est conditionnée par la productivité du travail, du capital et la compétitivité. Les modalités de sa « construction » peuvent toutefois fortement différer selon les firmes, non seulement en fonction de leur marché, mais aussi par des arbitrages spécifiques sur la productivité (gain de productivité du travail et/ou du capital) et la compétitivité (prix - hors prix). Elles influencent donc la décision d'investissements façonnant la combinaison productive et la structure financière correspondante.

9 Excédent brut d'exploitation + produits financier et charges nettes hors exploitation

32

II-2 TIC et croissance de la productivité

A la suite de l'importance de la productivité pour la PME, il nous revient maintenant de montrer comment les TIC influencent celle-ci. Ainsi, nous allons montrer l'influence des TIC sur la productivité multifactorielle d'une part, et sur la productivité du travail d'autre part.

II-2-1 La productivité multifactorielle

Nous admettons que Les TIC sont la courroie de transmission par excellence de l'innovation. En d'autres termes, qu'elles sont le meilleur outil pour innover. Lorsqu'une innovation est valorisée, les retombées positives ne se font pas attendre : en effet, la productivité d'une entreprise s'accroît en conséquence. Il a été démontré que la productivité des entreprises novatrices augmente plus rapidement que celles du reste de l'économie (Griliches-Mairesse(1990), Lichtenberg-Siegel(1991)H, all-Mairesse(1995), Harhoff(1998), Crépon-Duguet-airesse 1990). Cela peut s'expliquer par le fait que l'innovation rend l'entreprise plus dynamique, plus créative et plus audacieuse pour tout ce qui concerne les nouvelles idées et l'utilisation des nouvelles technologies.

Ainsi, il apparaît clairement que les investissements dans les TIC poussent les entreprises à innover, ce qui, conséquemment, accroît la productivité et la prospérité de ces dernières. L'innovation et sa valorisation, grâce aux TIC, deviennent donc des éléments primordiaux.

Le progrès technique non incorporé se reflétera dans la croissance de la PMF quand il s'agit de progrès des connaissances scientifiques et de la diffusion du savoir et du savoir-faire. On pense par exemple à une meilleure gestion des entreprises et au changement organisationnel. La PMF devrait également comprendre les effets de retombée du capital et du travail, par exemple les effets de réseau résultant de l'investissement dans les technologies de l'information. (Mesurer la productivité, Paul Schreyer, Dirk Pilat ; numéro économique de l'OCDE, n°33 2001/2).

La diffusion des TIC dans les branches Utilisatrices de TIC conduit à une
progression de la PMF, ces technologies permettant une plus grande efficience de la
33

mise en oeuvre conjointe du travail et du capital. C'est ainsi que l'on a observé qu'aux États-Unis, les branches ayant le plus investi dans les TIC, comme le commerce et les services financiers, ont connu une croissance de la PMF plus rapide que les autres branches d'activité (C. Rigo, 2005). Toutefois, pour qu'elle produise pleinement ses effets, l'utilisation des TIC doit être associée à des investissements complémentaires en matière de compétences appropriées.

La productivité des TIC sur la croissance de la productivité peut être incorporée ou non.

L'hypothèse d'une approche croissance de productivité est que : la production Y est une fonction exponentielle des facteurs (intrants) capital (K) et le travail(L) avec le paramètre A qui est le multiplicateur technologique, tout ceci se rapporte à la fonction de production de Cobb-Douglass suivante : Y = a 1 ? a

AK L

Dans cette formulation, la productivité multifactorielle (PMF) est définie de la manière suivante :

Y

PMF= K L

a 1 ? a

= A Equation1

De ce point de vue, les TIC contribuent sur la productivité par l'augmentation du coefficient A, qui fait grimper proportionnellement la productivité de chaque facteur. Cet effet n'est possible que si la principale fonction des TIC est d'améliorer la coordination en permettant d'augmenter la production avec les mêmes intrants. Bien que ceci peut expliquer une partie du gain d'utilisation des TIC, il faut aussi noter la contribution directe des TIC comme progrès technique, car du faite du caractère générique de cette technologie, elle est plus productive que tout autre type d'intrant.

Dans les innovations majeures, comme le chemin de fer et l'électricité, on a connu des scénarios semblables, comme le montrent certaines études récentes: d'abord le changement technologique accroît la croissance de la productivité dans le secteur innovateur; ensuite, la chute des prix encourage les rationalisations dans les secteurs utilisateurs, et, finalement, il peut y avoir des vagues de réorganisation dans les secteurs

34

utilisateurs. Ces gains d'efficience ont été les effets dominants à long terme. Au début du processus, les espoirs qui naissent de la nouvelle technologie sont exubérants, conduisant à des excès boursiers comme la tulipo mania au XVIIème siècle ou la railway mania au XIXème siècle (des actions des sociétés de chemin de fer au RoyaumeUni sont passées de l'indice 200 en 1845 à l'indice 60 en 1850) ou la TIC mania aujourd'hui10.

Une façon de représenter la prise en compte du progrès technique incorporé est de modéliser la production ainsi :

1 ?

Y= A x [ ( ) ] a

K 1 L Equation 2

--

K 0 1

+ + 0

Où le capital (K) est décomposé en capital TIC ( K1 ) et capital non TIC ( K0 ) ( K0 = K - K1 ).a est l'élasticité de la production par rapport au stock du capital

effectif [ K 0 + (1 + 0 )K1] , et 0 est le paramètre qui mesure « l'excès de productivité »

du capital TIC relative au capital non TIC ( K0 ).En introduisant le logarithme, l'équation 2 devient

LnY= LnA + a LnK +a Ln(1+0 x) + (1-a )LnL Equation3

avec X=

K1 qui représente la part du capital TIC dans le stock de capital total. Ceci

K

donne la formulation suivante de la PMF : LnY= LnA + a 0 x Equation 4

L'équation 4 montre bien que l'augmentation de l'intensité (x) des TIC pourra faire grimper la productivité multifactorielle seulement si les TIC sont plus productives que tout autre type de capital11.

10 Exposé donné à l'occasion de la conférence sur la société de l'information et cohésion économique et sociale Bruges, 13 et 14 septembre 2001

11 L'hypothèse que la production marginale des TIC est supérieure à 0 est : a > 0 etO > -- 1

35

II-2-2 Productivité des facteurs.

Pour comprendre l'impact général des TIC sur le niveau d'une PME, il est nécessaire de commencer par regarder l'impact qualitatif de l'introduction des TIC dans le processus de production de la structure. Les recherches dans ce sens ont permis de distinguer l'utilisation des TIC pour automatiser les processus, pour fournir les meilleures informations et pour transformer le processus entier (Zuboff, 1988). L'impact de l'automation est premièrement la substitution directe au capital travail, qui conduit elle-même à l'approfondissement du capital. Par exemple, le caissier pour la chaîne de vente des provisions, utilise l'ordinateur avec un système d'information.

La caractéristique d'adaptabilité permet l'utilisation des TIC dans tout secteur de l'entreprise, leurs applications répandues et leurs possibilités de s'adapter aux convenances individuelles, facilite la complémentarité ou la substitution du capital TIC avec le travail.

Les TIC sont aussi des outils de production qui affectent, dans certains cas, les conditions même de la production de biens et services : Amélioration des techniques et des systèmes de production, évolution des logiques des tâches composant les processus de production, rapprochement des fonctions de conception, production et vente, intégration des technologies de production, incorporation des clients et partenaires dans la gestion de production. Tout ceci concourt à réduire les coûts de productions qui rendent l'entreprise plus compétitive. Avec ces outils de production complémentaires, les travailleurs sont plus productifs parce que le capital investi dans les moyens de production mis à leur disposition a augmenté.

Ceci dit, les firmes ont plus de possibilité de consacrer moins de moyens pour investir, mais comme les prix relatifs de ces investissements diminuent, il doit en résulter une augmentation de la part des investissements en termes réels. Donc en volume ou à prix constants, les firmes investissent proportionnellement plus, tout en y consacrant proportionnellement moins d'argent. Les conséquences de ceci sont une

36

hausse de la productivité du travail, aux prix quelques fois de rationalisations, d'une substitution du travail par des technologies de l'information et des communications.

Cette croissance de l'investissement n'est durable que si les prix des TIC continuent à diminuer et que ceux-ci intègrent de nouvelles innovations.

Les TIC permettent de réduire la pénibilité du travail humain, en fait l'introduction des équipements (ordinateurs, téléphone, fax, etc....) et applications réalisant à la place des hommes des tâches rebutantes offre des heures de travail supplémentaires qui peuvent être exploitées à accroître la production. Les tâches répétitives sont ainsi exécutées dans les entreprises d'une manière transparente sans que l'on ne se rende compte. Par exemple avec un système de gestion des ventes, on n'a plus besoin de faire les opérations tous les soirs pour se rendre compte du stock et des ventes journalières, aussi il devient plus facile et rapide d'établir une facture au client.

Dans les relations à l'intérieur et avec l'extérieur, les PME peuvent bénéficier de nombreux avantages dus à la complémentarité et la substituabilité du capital TIC.

Les TIC rendent le système d'information plus dynamique et plus flexible, ce qui entraîne un gain de temps dans la circulation de l'information tant en interne que entre les entreprises ; ceci en conservant l'intégrité des données. Elles représentent ainsi un dynamogène pour le système d'information (Régis Meissonier, Décembre 1999). Elles offrent de ce fait la possibilité aux décideurs d'une auto organisation de leur système de décision, par l'apport d'une meilleure adaptabilité du système d'information aux systèmes de décision.

En définitive au niveau du système d'information, on note une hausse de la productivité du travail pour la saisie de l'information, donc baisse des coûts. Meilleure connaissance de l'environnement, réactivité plus forte face à cet environnement, amélioration de l'efficacité de la prise de décision permise par une veille stratégique plus performante.

La formulation de la productivité du travail (Y/L) découlant de l'équation 3 est :

37

Y K

Ln ( ) = LnA Ln

+ a ( ) + aO x Equation 5

L L

Une interprétation du paradoxe de la productivité est que, dans les deux dernières décennies, x s'accroît mais (Y/L) baisse. Mais l'équation 5 montre que la productivité du travail dépend aussi bien de l'intensité du capital (K/L) que de la qualité du capital (x), ainsi cette recherche n'aurait pas été paradoxale si l'approfondissement du capital était décéléré.

En effet, au cas où il n'y a pas d'excès de retour du capital TIC, on peut prétendre à une maximisation du profit sous conditions de l'égalité entre ce que nous pouvons appeler le taux de substitution de production marginale du capital TIC et le ratio des

MPK =

1

R 1

coûts d'utilisation du capital Tic et de celui non TIC i.e 2

R

2

où MPKi est la

MPK

production marginale du capital Ki, Ri est le coût d'utilisation du capital Ki.

Il est bien possible que la substitution du capital travail ne soit pas rentable dans les pays sous développés du fait des coûts très faibles de la main d'oeuvre par rapport aux dépenses d'investissement TIC. C'est en fait l'explication que donne certains auteurs (Jason Dedrick, Viijay Gurbaxani, Kenneth L. Kraemer , Août 2002 ) pour justifier une possible rentabilité de cette substitution dans le cas contraire (coût de main d'oeuvre plus important que le coût des investissements TIC), c'est généralement le cas des Pays développés.

Des études sur les entreprises ont montré que le capital TIC était un vrai substitut au travail, car l'utilisation des TIC permet à l'entreprise d'accroître sa production un peu plus que le fait l'employé( Dewan and Min, 1997).

Toutes les facilités de production ne peuvent être exploitées que si la PME emploie un personnel motivé, dévoué et compétent. Tout cela est conditionné par un meilleur suivi et un recrutement rationnel du personnel. Les applications des TIC offrent des possibilités de gestion plus efficace des ressources humaines.

38

La structure de la production est beaucoup plus complexe que ce qui a été utilisé dans les équations ci-dessus. En effet, le facteur travail est hétérogène et la production est aussi fonction des investissements intangibles générés par les investissements de Recherche et Développement passés). Ceci montre que la série des variables adoptées à l'équation 3 est incomplète et ne représente pas entièrement la liste des déterminants de la productivité. Ainsi il devient plus probable que ce qu'on a appelé paradoxe de la productivité devienne une erreur(Bill Lehr et Frank lichtenberg, CSLS Avril 1997). Pour évaluer de manière précise la productivité marginale des TIC, il est nécessaire d'analyser les données d'entreprise comme l'ont fait Brynjolffson et Hitt(1993), Lichtenberg (1995) et bien d'autres. Pour cela, il est bon de considérer une version un peu différente de la fonction de production :

Ln y

( ) = a LnK + a LnK + -- --

(1 a a ) LnL

0 0 1 1 0 1 Equation 6

En taux de croissance, ceci devient :

Y ? = a 0 0 a 1 1 (1 a 0 a 1 )

K + K + -- - L ' Equation 7

Y' désigne le taux de croissance de Y, 0K celui de K0 etc... La

contribution de la croissance des investissements en TIC sur la croissance de la

production est a 1K? 1 .

Une autre évidence se présente aussi, il s'agit du fait que le capital TIC peut bien être positivement corrélé avec la qualité de la main d'oeuvre (c'est à dire la part de l'expertise des travailleurs). Certains résultats de recherche (Chennells and Van Reenen, 1999) ont démontré que les travailleurs utilisant les TIC étaient plus payés que leurs collègues non utilisateurs. Cela suppose que la production varie non seulement avec la qualité du capital (x), mais aussi avec la qualité du travail, que nous notons ici y :

LnPTF = LnA + aOx + (1 --a )?y Equation 8 où y est la part des employés qui ont

un expertise en TIC (y= L1 ). Si nous échouons dans la prise en compte de la dépendance

L

de la production à y, alors nous obtiendrons l'estimation du biais de a au cas où x et y

39

sont corrélés. Nous pourrons considérer l'évidence d'une corrélation positive entre

K1

l'utilisation des TIC et l'éducation (et les salaires). Ce qui suggère que ( L ) et y sont

positivement corrélés. Cependant, la corrélation entre x et y dépendra aussi du niveau

général de l'intensité du capital puisque

K K

? x

L L

Si nous supposons que

)( ) ( ) .

K ?

1

L

(1 K K

la corrélation entre x et y est donnée par ' (c'est à dire, x= ?y + E, ainsi nous pouvons penser à la hausse du biais. La solution à ce problème consisterait à prendre en compte la mesure de la qualité de la main d'oeuvre.

Les difficultés de mesure de la productivitéIl existe quelques difficultés dont il faudra tenir compte lorsque nous voulons

mesurer l'impact des TIC sur la productivité.

Une première raison de l'échec de la mesure de productivité des TIC réside dans le fait qu'il faut un temps substantiel d'attente avant la réalisation du gain. Paul David (1990) dit que, comme d'autres technologies, les TIC peuvent requérir un changement substantiel pour que la complémentarité des infrastructures (exemple : le Capital Humain et la connaissance, les infrastructures globales de communication, etc.) soit établi avant que son gain ne puisse se réaliser.

L'insuffisante capture adéquate des améliorations de la qualité est une autre raison importante des erreurs de mesure qui tendent à tirer vers le bas les estimations du retour sur l'investissement TIC (Siegel, 1994). Si les prix reflètent généralement le changement de qualité, utiliser les ventes comme mesure de la production aidera à corriger ce problème, mais réellement, les prix ne peuvent pas refléter entièrement l'amélioration de la qualité.

40

PARTIE II Chapitre 2 :

Conclusion

Conclusion

La caractérisation du concept des TIC a permis d'identifier les différentes fonctions de celles-ci dans les PME. D'autre part, l'examen de leur rôle dans ces PME a permis de se rendre compte des apports bénéfiques de cette technologie dans le système d'information d'une part, et dans la gestion des activités propres de la structure d'autre part.

Cette capacité des TIC à améliorer la circulation et le traitement de l'information, à soutenir le système de production, à améliorer la gestion des ressources dans les PME débouche sur la réduction des coûts, sur l'amélioration de la qualité du service ou de l'output, toute chose qui conduit à l'augmentation de la productivité. Toutefois, cette amélioration de la productivité n'est pas toujours facilement perceptible, car il y'a quand même quelques difficultés liées à la mesure de celle-ci.

En définitive, le caractère unique des TIC fait de cette technologie un outil indispensable proposé aux PME pour leur fonctionnement et pour l'accroissement de leur productivité.

41

PARTIE II

Une approche empirique de l'impact

des TIC dans les PME Camerounaises

Partie II

Les chapitres précédents ont mis en évidence l'importance des TIC dans le fonctionnement des PME. Ainsi, de par sa capacité à faciliter la coordination dans le système d'information par la centralisation de l'information d'une part, et sa complémentarité dans l'exécution des activités de l'entreprise d'autre part, elle permet d'en améliorer la productivité.

Cette partie comprend deux chapitres ; le premier concerne la mesure du niveau de pénétration des TIC dans le Cameroun en général, et dans les PME concernées en particulier ; ensuite, le niveau d'utilisation de ces dernières. Le deuxième chapitre aura trait à la mesure de l'impact des TIC sur la productivité des PME retenues.

L'enquête SCAN-TIC dont nous utilisons la base de données a été conduite par le Ministère des Postes et Télécommunications, avec l'appui technique de l'Institut National de la Statistique (INS).

Elle concernait les individus et les institutions. Nous nous sommes intéressés à la partie institution à partir de laquelle notre échantillon de PME12 qui composait le secteur productif a été retenu. C'est avec ces données traitées que nous allons mener la suite de notre travail.

12 Les PME retenus ici sont les entreprises privées dont l'investissement ne dépasse pas 1,5 milliards et le chiffre d'affaire n'excède pas 500 millions de francs cfa.

42

Chapitre III : Diffusion des Technologies de

l'Information et de la Communication dans les PME

Camerounaises.

Pour satisfaire leurs besoins en TIC, les entreprises Camerounaises doivent avoir recours aux infrastructures de base et aux fournisseurs de matériel et des services TIC. Ceux-ci ne seront capables de répondre que si le Cameroun s'est doté d'équipements d'accès à ces services.

A cet effet, ce chapitre comporte deux points :

- le niveau de pénétration des TIC au Cameroun en général, et dans les PME enquêtées en particulier ;

- l'examen de l'utilisation de cette technologie par les grands secteurs d'activité en général, et les PME en particulier.

III-1 Infrastructure des TIC au Cameroun

Avant d'estimer les effets de l'utilisation des TIC sur la productivité des PME, l'étude a mis l'accent sur l'accès général aux différents types de TIC.

III-1-1 Accès Aux infrastructures de télécommunication.

La communication téléphonique est restée longtemps dominée par la téléphonie fixe qui se voit de plus en plus défiée par la téléphonie mobile. Malgré tout cela, elle connaît une croissance notable ces dernières années.

43

Graphique1 : Evolution du nombre d'abonnées au téléphone fixe

120000
100000
80000
60000
40000
20000
0

 
 
 
 
 

Juin 03 Dec 03 Juin 04 Dec 04 Juin 05 Dec 05

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006

Cette évolution n'a pas fortement influencé l'utilisation du téléphone au bureau. Par rapport au nombre de postes, l'enquête SCAN-ICT révèle qu'en moyenne 67,1% des personnes enquêtées ne disposent pas du tout de poste téléphonique au bureau, ce qui constitue un handicap au bon déroulement des missions de la plupart des institutions.

Tableau 1: Postes téléphoniques fixes au bureau par province (en %)

 

Zones

Téléphone fixe au bureau

pas de poste

un poste

au moins deux postes

Douala

38,6

56,1

5,3

Yaoundé

34,4

62,4

3,2

Adamaoua

75,2

23,9

0,9

Centre

67,4

32,0

0,6

Est

85,6

14,4

0,0

Extrême Nord

82,2

17,8

0,0

Littoral

69,3

30,7

0,0

Nord

84,6

15,1

0,3

Nord-Ouest

76,9

23,1

0,0

Ouest

70,5

29,5

0,0

Sud

84,0

14,2

1,9

Sud-Ouest

86,6

13,4

0,0

Ensemble

67,1

31,7

1,3

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006

44

Selon cette même enquête, le secteur productif au Cameroun se sert effectivement du téléphone fixe ; en fait 88,3% dans ce secteur possède au moins une ligne de téléphone fixe ; ce taux parait acceptable, car la tranche de 11.7% restante peut être constituée par des entreprises nées sous l'ère de la percée de la téléphonie mobile.

Tableau 2 : Nombre moyen de lignes téléphoniques fixes par secteur d'activités (en %)

 

Nature de l'institution

Téléphone fixe au bureau

Pas de ligne

1 à 3 lignes

4 à 10 lignes

11 à 20 lignes

20 lignes et plus

Administration

17,1

26,8

23,2

15,9

17,1

Domaine de la santé

14,3

78,6

7,1

0,0

0,0

Milieu éducatif

58,3

40,0

1,1

0,2

0,4

Secteur productif

11,7

67,5

18,2

2,6

0,0

Société civile

55,9

44,1

0,0

0,0

0,0

Ensemble

48,4

42,4

5,1

2,0

2,0

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006

Le mobile fait son boum au Cameroun en 2000 et ne cesse de séduire bon nombre de Camerounais. Le taux de pénétration est passé de 7,1% en 2003 à 9,1% en 2004, pour atteindre 12% environ en 200513.

Les grandes villes, et notamment tous les dix chefs-lieux de province et les 58 chefs-lieux de département, sont desservis par les deux réseaux de téléphonie mobile.

Le niveau d'équipement en postes de téléphone est de loin supérieur à celui de la téléphonie fixe. En effet, seuls 12,5% environ des individus interrogés ne disposent pas de téléphones mobiles.

On notera par ailleurs que ce niveau d'équipement en postes de téléphone mobiles, est assez équitablement réparti dans toutes les provinces du Cameroun, malgré la légère domination de Yaoundé et de Douala, et le retard qu'accuse l'Extrême Nord.

13 Enquête nationale sur le niveau de pénétration et d'utilisation des technologies de l'information et de la communication au Cameroun

45

Tableau 3 : Equipement en téléphone mobile individuel par province (en %)

 

Zones

Téléphone mobile individuel

Pas de poste

un poste

deux postes

trois postes

Quatre postes ou plus

Douala

4,4

58,8

21,1

8,8

7,0

Yaoundé

2,5

55,9

21,5

11,1

9,0

Adamaoua

23,9

52,3

19,3

3,7

0,9

Centre

12,2

57,6

17,4

8,1

4,7

Est

18,3

50,0

21,2

7,7

2,9

Extrême-Nord

32,2

56,8

7,6

2,5

0,8

Littoral

13,6

71,6

9,1

5,7

0,0

Nord

22,6

67,8

7,0

 

2,6

Nord-ouest

5,6

50,0

27,8

11,1

5,6

Ouest

8,9

53,6

25,0

7,1

5,4

Sud

7,5

76,4

11,3

 

4,7

Sud-ouest

13,4

57,1

19,6

7,1

2,7

Total

12,5

58,5

17,8

6,7

4,5

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

Se référant à l'extrapolation faite sur toute la population camerounaise, on note qu'en 2005, un ménage sur trois dispose d'au moins un téléphone portable.

La proportion de ménages disposant d'un téléphone portable a été multipliée par 4 au cours de ces quatre dernières années. Dans les villes, l'utilisation du portable est très répandue : 60,9% des ménages en sont équipés. 12,9% des ménages possèdent aujourd'hui un téléphone portable en milieu rural. Les disparités régionales demeurent importantes du fait notamment d'une couverture encore limitée du réseau téléphonique. Suivant la typologie des ménages, seuls 5,6% des ménages informels agricoles disposent d'un téléphone portable.

46

En ce qui concerne les PME enquêtées, le téléphone fixe y apparaît fortement implanté. 93.2% des PME enquêtées possèdent au moins une ligne de téléphone fixe ; parmi ceux-ci, 27,2% ont plus de trois lignes de téléphone. On note une nette corrélation entre le chiffre d'affaire et le nombre de lignes de téléphone fixe.

Tableau 4 : Equipement des PME en téléphone fixe selon le chiffre d'affaire (en %)

 

Chiffre d'affaire (en milliers de FCFA)

Nombre de lignes de téléphone fixe

 

0

0 - 3

3 - 10

10 - 20

Total

0 -10000

 

81,8

18,2

 

100

10000 - 50000

10

66,7

23,3

 

100

Plus de 50000

 
 

33,3

66,7

100

Total

6,8

65,9

22,7

4,5

100

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

Paradoxalement, le téléphone mobile qui fait un boum dans tout le pays est faiblement adopté au niveau des PME sélectionnées par rapport au téléphone fixe. Près de 37% des PME ne possèdent aucune ligne de téléphone mobile. Mais le lien avec le chiffre d'affaire reste maintenu.

Tableau 5 : Equipement des PME en téléphone mobile selon le chiffre d'affaire (en %)

 

Chiffre d'affaire

(en milliers de
FCFA)

Nombre de téléphones mobiles

 

0

0 - 3

3 - 10

10 - 20

20 et plus

Total

0 -10000

9,1

45,5

36,4

 

9,1

100

10000 - 50000

50

20

23,3

3,3

3,3

100

Plus de 50000

 
 

33,3

33,3

33,3

100

Total

36,4

25

27,3

4,5

6,8

100

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

47

III-1-2 Equipements informatiques.

Le taux de pénétration des ordinateurs dans les institutions est très faible : 6,2% d'institutions en moyenne disposent de plus d'un ordinateur alors que 27,6% en disposent d'un seul. Cette faible pénétration pourrait traduire l'absence d'une culture électronique des institutions et la réticence des employés à automatiser les tâches qui leur feraient perdre certains avantages.

Le niveau de pénétration de l'ordinateur au lieu de travail est de 33,8%. Ce chiffre cache également des disparités régionales. Les provinces du Sud-ouest, du Nordouest et du Sud sont celles où la disponibilité d'un ordinateur au lieu de service est trop faible : la proportion d'individus n'ayant pas d'ordinateur au lieu de service y représente respectivement 94,0 ; 92,0 et 81,1%.

Tableau 6 : Disponibilité d'un ordinateur au lieu de travail par province (%)

Province

Pas d'ordinateurs

Un ordinateur

Deux ordinateurs ou plus

Douala

48

43,6

8,5

Yaoundé

38,8

50,3

10,9

Adamaoua

61,5

32,1

6,4

Centre

64,7

29,8

5,4

Est

74

21,2

4,8

Extrême Nord

77,1

18,6

4,2

Littoral

73,5

21,2

5,3

Nord

65,5

29,9

4,6

Nord-ouest

92

4

4

Ouest

69

21,7

9,2

Sud

81,1

15,1

3,8

Sud-ouest

94

5,7

0,3

Ensemble

66,2

27,6

6,2

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

48

Le ratio ordinateur employé est assez bon pour l'ensemble des PME : seulement 13% de ceux-ci ont un ratio de zéro ordinateur par employé contre 77% qui ont un ratio au plus égal à 3, 3% d'entre eux ont entre 3 et 10 ordinateurs par employé et 3% ont un ratio de plus de 10 ordinateurs par personne employée.

Tableau 7 : Nombre d'ordinateur en moyenne utilisé par employé suivant la taille de la PME

(en%)

 

Taille de la
PME

Nombre moyen d'ordinateurs utilisés par
employé

Total

 

0

0 - 3

3 - 10

10 et plus

 

0 - 20

10

80

10

 

100

20 - 50

25

50

25

 

100

50 - 100

 

100

 
 

100

100 - 500

 

80

 

20

100

Total

13

77

7

3

100

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

Le photocopieur est plus utilisé dans les lieux de travail (21,5%) que dans les domiciles, mais reste faible dans la plupart des provinces. Le clivage noté sur la répartition des autres équipements apparaît ici, avec des régions telles que Yaoundé et Douala qui prennent largement le dessus sur les autres (respectivement : 42,3% et 28,9%).

Le taux très faible de pénétration des photocopieurs dans les institutions est dû à l'insuffisance d'entretien et surtout à l'utilisation abusive pour des tâches ne relevant pas toujours de l'institution.

En outre, les conditions favorables à l'entretien de ces équipements ne sont pas toujours réunies pour encourager les responsables des institutions à en acquérir.

49

Tableau 8 : Disponibilité d'un photocopieur au lieu de travail par province (en %)

Zones

Pas de
photocopieur

Un
photocopieur

Au moins deux
photocopieurs

Douala

71,1

25,4

3,5

Yaoundé

57,7

39,1

3,2

Adamaoua

78

21,1

0,9

Centre

80,8

17,4

1,7

Est

89,4

8,7

1,9

Extrême Nord

90,7

8,5

0,8

Littoral

87,5

12,5

0

Nord

78,3

18,3

3,5

Nord-ouest

76,9

18,5

4,6

Ouest

83,9

15,2

0,9

Sud

92,5

7,5

0

Sud-Ouest

88,4

11,6

0

Ensemble

78,5

19,5

2

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

De manière générale, les taux de pénétration des autres équipements tels que le télécopieur, le modem, la radio numérique, l'antenne parabolique et la télévision restent très faibles malgré les apports des villes de Yaoundé et de Douala pour chaque type d'équipement.

Au niveau national, seules 8,1% des personnes enquêtées possèdent un télécopieur dans leur lieu de service. Cette proportion est quasiment la même pour le modem, outil indispensable à la connexion Internet et la radio numérique.

50

Tableau 9 : Niveau d'équipement pour l'utilisation des services des TIC au lieu de travail par province (en %)

Zones

Télécopieur

Modem

Douala

25,4

12,3

Yaoundé

22,2

17,6

Adamaoua

6,4

5,5

Centre

4,7

8,1

Est

2,9

1

Extrême Nord

1,7

1,7

Littoral

0,0

0,0

Nord

3,5

19,1

Nord-Ouest

2,8

7,4

Ouest

0,9

0,9

Sud

1,9

3,8

Sud-Ouest

3,6

2,7

Ensemble

8,1

8,1

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

L'analyse selon le secteur d'activités révèle que le milieu sanitaire et le secteur productif ont une forte pénétration de l'utilisation des photocopieurs avec des taux respectifs de 80,5% et 64,3%. Le secteur éducatif et la société civile sont ceux où les photocopieurs sont les moins présents.

51

Tableau 10 : Disponibilité des photocopieurs par secteur d'activités (en %)

Nature de l'institution

Pas de
photocopieurs

1 à 3
photocopieurs

4 à 10
photocopieurs

11 à 20
photocopieurs

20 et plus

Administration

19,5

39,0

28,0

7,3

6,1

Secteur de la santé

35,7

57,1

7,1

0,0

0,0

Secteur éducatif

65,0

33,7

0,9

0,2

0,2

Secteur productif

37,7

58,4

3,9

0,0

0,0

Société civile

64,4

35,6

0,0

0,0

0,0

Total

56,9

37,3

4,1

0,9

0,8

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

Accès a l'Internet

Le Cameroun connaît une croissance assez soutenue du marché de l'Internet depuis la libéralisation du secteur des télécommunications en 1998.

Les connexions des utilisateurs s'effectuent par VSAT, réseau téléphonique public commuté, par liaison spécialisée radioélectrique ou filaire ou par wireless.

Les services Internet les plus courants sur le marché sont : le WEB, l'hébergement des sites, la messagerie, le forum et la téléphonie IP (bien qu'elle ne soit pas encore réglementée).

Il se dégage une hausse régulière du nombre d'abonnés professionnels qui s'évaluait à 144 au 1er trimestre 2003 et qui se chiffre à 221 au 2e trimestre 2005.

Le nombre d'abonnés individuels a une tendance à la baisse ; il est passé de 4 807 au 1er trimestre 2003 à 2 462 au 2e trimestre 2005. Cette baisse se traduit par l'entrée de nouveaux opérateurs sur le segment Internet et l'utilisation très prisée de la téléphonie IP offerte à prix abordable par les nouveaux entrants.

Des investissements visant à moderniser le réseau de l'opérateur historique peuvent justifier l'accroissement des abonnés professionnels.

52

Graphique 2 : Nombre d'abonnés à l'Internet via CAMNET

N:nbecieto-r&

6000
5000
4000

 
 

3000

Individuel Professionnel

2000
1000
0

 

Juin 03 Déc 03 Juin 04 Déc 04 Juin 05 Déc 05

Source : CAMTEL

Les redevances de l'Internet via Camnet sont très élevées par rapport au niveau de revenus des Camerounais pour une offre à un débit acceptable ; ce qui constitue un frein à la demande de l'Internet par les ménages et les institutions, et donc à la pénétration du service.

III-2 Utilisation des TIC dans les PME

III-2-1 Niveau d'utilisation des TIC dans les institutions

L'utilisation des TIC dans les institutions a été évaluée à sept niveaux(Rapport de l'enquête Scan-TIC) qui sont :

Le niveau 0 = Zéro TIC qui désigne les institutions qui ne possèdent aucun ordinateur ;

Le niveau 1 = Bureautique de base qui désigne les institutions qui possèdent des micro-ordinateurs non connectés en réseau et utilisés pour le traitement de texte ;

Le niveau 2 = Réseau local simple avec les micro-ordinateurs sont interconnectés par un réseau local autour d'un serveur, mais ne possèdent pas d'outils de productivité des équipes (courrier électronique, procédures automatiques, etc.) ;

53

Le niveau 3 = Réseau étendu pour les institutions qui possèdent des réseaux locaux situés dans des sites géographiques distants et interconnectés en permanence par une liaison de télécommunications;

Le niveau 4 = Intranet pour les institutions qui ont mis en place des outils de productivité des équipes tels que des serveurs de messagerie, la gestion électronique des documents, etc. L'institution possède un site web et est connectée à l'Internet en permanence ;

Le niveau 5 = Extranet pour le cas où l'institution partage son intranet avec ses partenaires extérieurs ;

Le niveau 6 = Plan de commerce électronique pour le cas où l'institution est dotée d'un extranet et est dotée de systèmes de paiement électronique, permettant des transactions sécurisées.

Ainsi donc, la bureautique de base est le niveau le plus prépondérant quel que soit le secteur, alors que l'utilisation de l'Extranet et du commerce électronique sont encore marginales. Bien qu'ayant la proportion la plus élevée des unités ayant atteint le niveau de l'Intranet (5,1%), le secteur éducatif est celui qui a aussi la proportion la plus élevée des unités de niveau 0.

54

Tableau 11 : Répartition des institutions selon le niveau d'utilisation des TIC et le secteur d'activités (en %)

Stade d'utilisation

Administration

Sect. éducatif

Sect. santé

Sect. productif

Société civile

Zéro TIC

6,1

38,2

14,3

15,4

31,1

Bureautique de base

40,2

38,8

78,6

56,0

51,1

Réseau local simple

24,4

16,7

7,1

16,5

8,9

Réseau étendu

8,5

0,9

0,0

7,7

4,4

Intranet

20,7

5,1

0,0

1,1

4,4

Extranet

0,0

0,36

0,0

1,10

0,0

Plan de commerce él

0,0

0,0

0,0

2,20

0,0

Total

100

100

100

100

100

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

Le niveau d'utilisation des TIC dans les PME enquêtées est tributaire du chiffre d'affaire. La bureautique de base est l'utilisation la plus importante dans les PME de moins de 10 millions de chiffre d'affaire ; 73% de celles ci ont une utilisation minimale qui est caractérisée par la bureautique de base. Cependant, pour ceux dont le chiffre d'affaire est compris entre 10 et 50 millions de francs CFA, bien que 7% n'utilise pas du tout les Tic, 44% seulement sont au niveau de la bureautique de base tandis que 23% ont un réseau local simple, et 10% un réseau étendu ; l'intranet et l'extranet sont chacun présents dans 2% de celles-ci. Il est à préciser que 3% des PME qui ont un chiffre d'affaire compris entre 10 et 50 millions ont un plan de commerce électronique contre 34% pour ceux de plus de 50 millions de chiffres d'affaires. On constate que chez cette dernière catégorie, le niveau minimal d'utilisation est le réseau local simple et le réseau étendu qui est présent dans 33% de celles-ci.

55

En général, seulement 4% est au niveau zéro, contre 48% au niveau de la bureautique de base, ce qui donne un niveau d'utilisation assez faible dans les PME enquêtées.

Tableau 12 : Répartition des PME selon le niveau d'utilisation des TIC et le chiffre d'affaire

(en %)

 

Chiffre d'affaire
(en milliers de
FCFA)

Zéro TIC

Bureautique
de base

Réseau
local
simple

éseau
étendu

Intranet

Extranet

Plan de
commer
ce
électron
ique

Pas de
réponse

Total

0 -10000

 

73

18

 
 

9

 
 

100

10000 - 50000

7

44

23

10

3

 

3

10

100

Plus de 50000

 
 

33

33

 
 

34

 

100

Total

4

48

23

9

2

2

5

7

100

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

L'utilisation de l'Internet dans les institutions au Cameroun dépend non seulement du secteur d'activités de l'institution, mais aussi du poste occupé au sein de cette institution. Ainsi, dans le secteur productif, l'utilisation est fonction de la hiérarchie dans l'administration. Les hauts responsables sont plus privilégiés que tous les autres.

56

Tableau 13 : Répartition des utilisateurs de l'Internet selon le secteur d'activités et la fonction

(en %)

 
 

Administratio
n

Secteur
Educatif

Secteur
santé

Secteur
productif

Société
civile

Les hauts responsables

72,1

46,8

60,0

57,5

33,3

Les chefs de services

65,1

27,4

40,0

35,0

0,0

Les cadres

60,5

29,0

40,0

35,0

0,0

Département informatique

53,5

30,7

20,0

22,5

0,0

Tout le personnel

55,8

74,2

60,0

40,0

50,0

Autres

11,6

43,6

0,0

10,0

16,7

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

Nous constatons que la connexion à l'Internet dépend de la taille de la PME. La taille est perçue comme le nombre d'employés permanents. Plus la PME emploie des individus, plus elle a de chance d'être connectée à l'Internet. En fait 30% seulement des plus petites PME enquêtées sont connectées tandis que 100% de celles qui ont entre 100 et 500 employés sont connectées, et 50 % des plus grandes le sont aussi.

Tableau 14 : Connexion à l'Internet des PME enquêtées selon leur taille (%)

 

Taille

OUI

NO

N

Total

0 -20

30

70

100

20 - 50

50

50

100

50 - 100

67

33

100

100 - 500

100

0

100

Total

52

48

100

 

57

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

Par rapport aux structures, 39,56% des institutions enquêtées du secteur productif possèdent une adresse de messagerie. Ce taux baisse pour la possession d'un site web. En effet, moins de 17% des institutions enquêtées du secteur productif possèdent un site web.

Tableau 15 : Répartition des institutions ayant un site Web et une adresse de messagerie selon le secteur d'activités (en %)

 

Administrat
ion

Secteur
Educatif

Secteur
santé

Secteur productif

Société
civile

Ensemble

A une adresse

52,44

19,75

28,57

39,56

35,56

26,53

A un site Web

46,34

6,16

28,57

16,48

6,67

11,99

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL 2006

Seulement 20% des PME retenues possèdent un site Web, parmi celles-ci, la palme d'or revient aux PME de plus de 50 millions de chiffre d'affaire avec 67% d'entre elles qui ont un site Web, contre 17% et 18% respectivement pour celles dont le chiffre d'affaire est compris entre 10 et 50 millions, et celles de moins de 10 millions de chiffre d'affaire. La présence d'un site Web dans les PME est donc très faible.

Tableau 16 : Répartition des PME ayant un site Web selon le chiffre d'affaire (en %)

 

Chiffre d'affaire (en milliers de FCFA)

Site WEB à l'institution

Total

oui

non

 

0 - 10000

18

81

100

10000 - 50000

17

83

100

Plus de 50000

67

33

100

Total

20

80

100

 

Source : Enquête SCAN-TIC, MINPOSTEL, 2006

58

La connexion Internet par contre est bien passable pour l'ensemble des PME ; en effet 52% des PME enquêtées déclarent avoir une connexion Internet, mais celle-ci ne semble pas suivre très nettement la courbe de chiffre d'affaire. Mais la dénivellation peut être négligée ; 55% des PME de moins de 10 millions de chiffre d'affaire sont connectées à l'Internet, 47% de celles dont le chiffre d'affaire est compris entre 10 et 50 millions, la croissance reprend avec ceux de plus de 50 millions de chiffre d'affaire avec 100% connectés.

Graphique 3 : Connexion des PME à l'Internet selon le chiffre d'affaire

Chiffre d'affaires ]0;10000] ]10000;50000] Plus de 50000

120%

100%

% des PME

80%

60%

40%

20%

0%

oui non

Source : Enquête SCAN-TIC, MINPOSTEL, 2006

III-2-1 Contraintes de l'utilisation des TIC

Formation du personnel

L'utilisation des TIC par la PME exige un personnel bien formé et des dépenses supplémentaires liées aux coûts des équipements, à leur maintenance, et aux services qu'offre cette technologie.

L'enquête s'est aussi intéressée aux formations organisées par les institutions enquêtées. L'enquête révèle que seulement 23,3% d'institutions enquêtées ont organisé des formations sur les TIC au sein de leur structure. C'est le secteur productif qui organise le moins les formations sur les TIC (moins de 21% des institutions).

59

Graphique 4 : Ventilation des structures ayant organisé des formations sur les TIC en leur sein selon le secteur d'activités

40,00

35,00

30,00

25,00

20,00

15,00

10,00

5,00

0,00

Administration
générale

Santé Société civile Secteur productif Education

Secteurs d'activité

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

L'enquête a aussi pensé à évaluer le pourcentage des institutions qui ont envoyé leur personnel en formation sur les TIC et/ou l'Internet. Et à ce sujet, l'administration est une fois de plus en tête, avec une proportion de 44% environ, tandis que les secteurs éducatif et productif sont en dernière position (13% et 16% respectivement).

Tableau 17 : Pourcentage des institutions ayant envoyé leur personnel en formation sur les TIC selon le secteur d'activités (en %)

Secteur d'activités

A envoyé

N'a pas envoyé

Non réponse

Total

Administration

43,9

56,1

0,0

100

Domaine de la Santé

21,4

78,6

0,0

100

Milieu éducatif

16,3

83,2

0,5

100

Secteur Productif

13

85,7

1,3

100

Société Civile

32,2

67,8

0,0

100

Ensemble

20,3

79,2

0,5

100

 

Source : Enquête SCAN-ICT, MINPOSTEL, 2006

60

En ce qui concerne les PME enquêtées, 27% seulement d'entre elles ont organisé des formations sur les TIC pour leur personnel, contre 73% qui disent ne jamais en avoir organisé. Cependant parmi celles qui en ont organisé, 67% sont les PME de plus de 50 millions de chiffre d'affaires.

Tableau 18 : Répartition des PME retenus ayant organisé des formations TIC selon le chiffre d'affaire (en %)

 

Chiffre d'affaire (en milliers de FCFA)

Organisation des formations

sur les TIC

Total

 

oui

non

 

0 - 10000

27

73

100

10000 - 50000

23

77

100

Plus de 50000

67

33

100

Total

27

73

100

 

Source : Enquête SCAN-TIC, MINPOSTEL, 2006

Selon le statut, les institutions du parapublic sont les plus nombreuses à organiser les formations pour leur personnel. 53,8% des institutions du secteur parapublic ont organisé des formations contre 19,7% et 23,1% pour le public et le privé respectivement.

La formation du personnel étant nécessaire pour améliorer leur rendement, il sera aussi judicieux d'identifier le meilleur moyen de formation ou alors le type de formation le plus mis en oeuvre au sein des institutions au Cameroun.

Dépenses pour les services TIC

La dépense relative à la téléphonie a été mesurée sur une base mensuelle. Nous avons distingué les dépenses en téléphonie fixe et celles en téléphonie mobile. D'après l'enquête SCAN-TIC, sur 812 institutions enquêtées, 29% ont effectué une dépense

61

mensuelle dans la téléphonie mobile et 30% ont effectué ont une dépense mensuelle en téléphonie fixe.

Les 30% ayant dépensé pour la communication par téléphone mobile ont déboursé en moyenne 156 000 FCFA par mois. En ce qui concerne le téléphone fixe, le coût moyen de communication mensuelle s'élève à 193 000 FCFA ; c'est le secteur productif et la société civile qui ont les dépenses moyennes mensuelles les plus élevées.

En se penchant sur l'échantillon des PME, on constate une croissance de la dépense moyenne mensuelle en téléphonie mobile qui passe à près de 3 millions de FCFA par mois ; celle de la téléphonie fixe s'élève à environ 1 millions de FCFA. Ce taux très élevé en téléphonie mobile peut être expliqué par le coût encore très élevé de ce service.

Les dépenses des services Internet sont encore relativement faibles. D'après l'enquête SCAN-TIC, à peine 20% des institutions font une dépense mensuelle pour l'Internet. Les PME retenues ont une dépense moyenne pour les services Internet qui se chiffre à 164 000 FCFA ; c'est la moyenne la plus faible.

Près de 44% des PME trouve les prix de téléphone fixe élevé, contre 42% qui les considèrent acceptables. La téléphonie mobile est jugée assez coûteuse pour les PME ; seulement 25% de ces entreprises jugent le coût des services de téléphonie mobile acceptables et près de 12% les jugent hors de portée.

Les prix de l'Internet semblent mieux appréciés que ceux de la téléphonie avec 30% des PME qui les jugent acceptables.

62

Chapitre IV : Technologie de l'Information et de la

Communication et performance des PME: une

tentative d'évaluation empirique.

L'impact des TIC sur la performance des entreprises peut être cernée à travers la productivité de ce facteur de production. S'il est vrai que la productivité n'est pas une condition suffisante de la performance des entreprises, elle peut tout au moins être une de ses proxies dans la mesure où le succès d'une entreprise dépend aussi de sa capacité à fournir de plus en plus d'output en utilisant de moins en moins d'input.

La productivité des investissements en TIC ne peut être déterminée à priori. En effet, si les TIC sont théoriquement des facteurs de la productivité, il est ressorti des analyses précédentes que l'utilisation que l'entreprise en fait compte, de même que plusieurs autres facteurs pertinents liés, cette fois, à l'environnement de l'entreprise. L'objet de ce chapitre est de faire ressortir, de manière globale, l'impact des TIC sur la productivité des PME qui les ont adoptées.

En l'absence d'instruments appropriés, cet objectif peut s'avérer irréalisable. C'est d'ailleurs une des raisons à la base du paradoxe de solow. Il n'est pas possible, sans recourir à des techniques adaptées et des données appropriées, de retrouver la trace des TIC dans la productivité. Par ailleurs, on ne peut espérer mettre en évidence l'impact des TIC sur la productivité au moyen des simples corrélations, sans contrôler les autres facteurs de productivité. Une approche économétrique semble donc plus intéressante.

L'économétrie est la mesure de l'économie. A partir des données, elle permet de mesurer l'effet de telle variable sur telle autre, puis de tester la significativité de cet effet. En d'autres termes, elle permet de mesurer les causes en contrôlant les effets des autres variables (raisonnement « toutes choses égales par ailleurs »).

63

Ce chapitre a deux principales articulations : La première est consacrée à l'approche méthodologique ; la deuxième, à la présentation des résultats empiriques.

IV-1 Méthodologie

On peut être dubitatif sur la possibilité d'estimer l'impact global des TIC avec un degré de confiance raisonnable, eu égard aux problèmes de spécification et d'estimation du modèle. Il convient dès lors de porter une attention, non seulement sur la spécification du modèle économétrique (1), mais aussi sur les problèmes d'estimation qui peuvent se poser (2).

IV-1-1 Spécification du modèle économétrique

La productivité se définit comme le rapport entre la production et l'ensemble ou une partie des ressources mises en oeuvre pour la réaliser. La production représente la quantité de biens et services produits. Les ressources utilisées (c'est-à-dire les moyens utilisés ou facteurs de production) sont traditionnellement le travail, le capital14. Dans le cadre de cette étude, le facteur capital est décomposé en deux catégories : le capital TIC et le capital ordinaire (hors - TIC). Le modèle que nous voudrions spécifier devra nous permettre, de mettre en évidence l'effet du capital TIC sur la production, soit, de déterminer sa productivité apparente.

Par définition, la productivité apparente (unifactorielle) met en relation le produit crée avec chaque facteur de production. Elle est mesurée en supposant que l'on fait varier un facteur en maintenant l'autre fixe. En pratique, la productivité apparente d'un facteur de production est donnée par son élasticité par rapport à l'output.

Pour mesurer l'élasticité de l'input TIC par rapport à l'output, la plupart des études utilisent une fonction de production classique de type Cobb-Douglas (Bryjolfsson et Hitt, 1996) puisqu'en général, elle est une bonne description des processus de production (Jorgenson, 1992). Soit donc la fonction suivante :

Y ? F A L TIC K ? A L TIC K

?

? , , , ? * 1 *

? 2 * 3

? [1]

i i i i i i i i i

14 Ces ressources comprennent aussi l'énergie, les matières premières, etc.

64

Y est l'output;

K est le stock de capital hors TIC ;

L est la force de travail ;

TIC est le stock de capital TIC ;

A est un paramètre de productivité ;

i est un indice qui désigne les unités d'observations ( i = 1 ....N), c'est-à-dire,

les PME retenues dans notre échantillon ( N au total) ;

?j est l'élasticité de l'output par rapport à l'input j .

Ici, l'utilisation de l'approche économétrique permet d'avoir des hypothèses flexibles, notamment sur la nature des rendements d'échelle. Il n'est pas nécessaire de supposer des rendements constants. En effet, les rendements constants ne sont nécessaires que si l'on ne dispose pas d'informations suffisantes pour calculer le taux de rendement du capital. Ainsi, lorsque le taux de rendement est calculé par des méthodes économétriques (comme dans le cas présent), les rendements peuvent être croissants, décroissants, ou constants.

L'équation [1] permet d'obtenir le modèle économétrique suivant, en utilisant la forme log-linéaire qui présente l'avantage que les coefficients de pente qui seront estimés représentent directement les élasticités de facteurs:

LnY = +

y a + a [2]

i i 1 LnL i 2 LnTIC LnK

+ a +

i 3 i i

yi mesure la productivité multifactorielle de l'entreprise i ;

ei est un terme d'erreur qui représente la part de l'output non expliquée par le

modèle. Il résume l'information manquante dans le modèle (erreur de mesure, erreur de spécification, erreur de fluctuation d'échantillonnage).

Le modèle spécifié en [2] a ses limites : le problème essentiel est l'omission de certaines variables pertinentes dans l'analyse : le membre de droite n'est qu'une liste incomplète des déterminants de la production. D'autres éléments tels que l'ouverture sur l'extérieur de l'entreprise, l'intensité de la recherche et développement, peuvent

65

aussi jouer un rôle non négligeable dans l'explication du niveau de l'output. L'omission de ces variables peut être une source de biais notable pour l'estimation des effets des facteurs principaux ou considérés comme d'intérêt premier, s'ils se retrouvent corrélés avec le facteur omis. Dans la section suivante, nous aborderons la manière de tenir compte de ce biais dans la procédure d'estimation.

IV-1-2 L'estimation

A l'instar de Matambalya et Wolf (2001) ou de Chowdyuru (2006), la technique que nous emploierons pour évaluer les paramètres aj est la technique dite des

moindres carrés ordinaires (MCO). La problématique est :

· D'estimer les paramètres aj en exploitant les données ;

· D'évaluer la précision de ces estimations ;

· De mesurer le pouvoir explicatif du modèle.

L'approche des MCO consiste à rechercher les valeurs des paramètres qui

N

minimisent la somme des carrés des erreurs, à savoir ??

S =

i 1

c . En adoptant la forme

2 i

 

matricielle, nous minimisons donc S = ??? .

? S

Ce qui revient à rechercher les solutions de = 0 . Nous disposons de

? ?

p + 1 équations, dites normales, à résoudre ; avec p désignant le nombre de variables explicatives.

66

La solution obtenue est l'estimateur des MCO. Il s'écrit :

?à = (XX ? )-1(X'Y)

X est la matrice des variables explicatives et Xt sa transposée ; Y est le vecteur colonne de la variable dépendante.

Cet estimateur possède d'excellentes propriétés lorsque les hypothèses de base

sont respectées. Il est alors sans biais (ici, E (a à ) = a), convergent c'est-à-dire que la variance des estimateurs tend vers zéro lorsque le nombre d'observations tend vers l'infini ; BLUE (meilleur estimateur linéaire sans biais) c'est-à-dire que la variance de cet estimateur est la plus petite dans la famille de tous les estimateurs linéaires sans biais.

Toutefois, rien n'assure que ces hypothèses seront toujours vérifiées. Ces hypothèses, qui permettent de déterminer les propriétés des estimateurs (biais et convergence), et leur loi de distributions (pour les tests d'hypothèses), sont de deux catégories :

Hypothèses stochastiques :

· H1 : Les variables explicatives sont certains ;

· H2 : E (e i ) = 0 , le modèle est bien spécifié en moyenne ;

· H3 : ? 2 ? 2

E ? i = ? , la variance de l'erreur est constante : homoscédasticité ;

· H4 : E (eie i? ) = 0 pour tout i ~ i? , absence d'autocorrélation des erreurs ;

· H5 : COV (Xi , j , ? i? = 0, les erreurs sont indépendantes des variables exogènes ;

· H6 : e i N( O, ae ) , le terme d'erreur est supposé i.i.d.

67

Hypothèses structurelles

· H7 : absence de colinéarité entre les variables explicatives, c'est-à-dire que la matrice XX? est régulière, dét (XX? ) ~ 0 , de sorte que ( ) - 1

XX? existe ;

· H8 :

XX?

tend vers une matrice finie non singulière lorsque N --* ? ;

N

· H9 : N >- p + 1 , le nombre d'observation est supérieur au nombre de variables +1.

Le recours aux MCO pour estimer la productivité des TIC peut conduire à des résultats peu satisfaisants, car certaines des hypothèses ci-dessus peuvent, à priori, ne pas être vérifiées. C'est le cas notamment de l'hypothèse 5 et l'on parle du problème d'endogénéité.

En général, le problème d'endogénéité, dont la conséquence principale est de biaiser les résultats, a trois sources :

· L'erreur de mesure ;

Une mauvaise mesure des variables explicatives peut créer un problème de corrélation entre ces variables et le terme d'erreur. Or, la mesure des TIC n'est pas toujours évidente en raison de l'insuffisance de l'information statistique fournie par les PME dans leurs déclarations.

· L'omission des variables

Certaines variables déterminantes, corrélées avec les TIC sont omises dans le modèle. Par exemple, les PME peuvent décider du montant de leurs investissements en TIC en fonction de la qualité de la main d'oeuvre qu'elles utilisent. Ainsi, plus les travailleurs seront qualifiés, plus la PME sera incitée à adopter les TIC. La prise en compte de la structure de qualification dans l'analyse peut permettre de contrôler cette source de biais. De plus, les investissements complémentaires tels que la restructuration de la structure organisationnelle, les qualifications de la main d'oeuvre et les actifs intangibles jouent un rôle fondamental dans l'ampleur des retombées des TIC.

68


· La simultanéité

On parle de simultanéité lorsqu'une variable explicative est déterminée en même temps que la variable dépendante.

Dans le cas de notre étude, le biais de simultanéité est possible, puisqu'en général, le choix des inputs est souvent fonction du niveau d'output que la firme souhaite réaliser et par conséquent, le stock de capital et la productivité sont corrélés. Pour contrôler cette source potentielle de biais, nous considèrerons les inputs de début de période et l'output de fin de période.

Cependant, il est très difficile de pouvoir contrôler correctement toutes les sources potentielles de biais dans une estimation par les MCO. Dans cette perspective, d'autres estimateurs sont proposés. On peut citer par exemple l'estimateur des moments généralisés en système (MMGS). Mais, cet estimateur est encore plus exigeant en matière de données, puisqu'il requiert des données de panel. Si sa supériorité en terme de qualité des estimations, par rapport à l'estimateur des MCO a été démontrée, son implémentation dans le cas présent reste difficile vue la rareté des données. La méthode des MCO sera donc appliquée.

IV-2 Analyse des données et résultats empiriques

Comme nous l'avons vu, l'impact des TIC sur la productivité peut être positif ou négatif. En utilisant les données d'un échantillon de PME camerounaises, nous voudrions faire ressortir ici l'impact global des investissements en TIC sur la productivité. La construction des données employées est présentée dans un premier temps ; viens ensuite les résultats de l'analyse économétrique.

IV-2-1 Données et construction des variables

Pour disposer des données nécessaires pour les estimations, un échantillon de PME est tiré de manière aléatoire, à partir de la base d'entreprises qui produisent chaque année, une Déclaration Statistique et Fiscale (DSF). Ces DSF contiennent les

informations concernant les investissements, la production, les consommations

69

intermédiaires, l'emploi, ainsi que les dépenses en matériel informatique. Seules les entreprises ayant un nombre d'employés compris entre 10 et 200 ont été retenues pour cette étude.

Au total, nous avons pu retenir 44 PME, couvrant tous les secteurs d'activités en dehors du secteur des services.

Une fois toutes les informations disponibles, les variables à utiliser dans le modèle économétrique sont construites de la manière suivante :

· L'output

L'output est avant tout un concept basé sur des mesures en unités physiques. Sa mesure s'avère relativement facile lorsqu'il s'agit d'une seule firme, produisant un bien unique et uniforme. Mais, elle se complique davantage lorsqu'il faut comparer cette information à celle des autres entreprises.

Il devient alors nécessaire d'adopter une unité de mesure qui permet de comparer des productions de nature différentes. Cette difficulté peut être résolue par l'utilisation des valeurs monétaires. C'est ainsi qu'on pourra avoir des calculs de la productivité en terme de production brute (en valeur) et de valeur ajoutée.

L'output sera défini par la valeur ajoutée de l'entreprise au prix du marché, obtenue en faisant la différence entre la production et les consommations intermédiaires. Cette définition permet de tenir compte des améliorations qualitatives de l'output liées à l'utilisation des TIC (Hempell, 2002). En effet, lorsque les TIC permettent d'améliorer la qualité de l'output, les consommateurs peuvent accepter de payer un prix plus élevé fixé par l'entreprise de sorte que la valeur ajoutée s'en trouve augmentée.

· Les stocks de capital TIC et hors TIC

Une mesure idéale du stock de capital devrait porter sur le flux, en heure, de services employés dans le processus de production. Mais, puisque cette information n'est pas disponible, une approche alternative basée sur l'évolution de la formation brute de capital fixe est employée. Il s'agit de la méthode de l'inventaire permanent.

70

Les stocks de capital seront donc calcules à partir d'un modèle de declassement proportionnel qui permet d'exprimer le volume de capital d'une periode en fonction du capital de la periode precedente et du volume de l'investissement de la periode

precedente It _ 1 . Ainsi, si on note par Kkt le stock de capital de type k (k=1pour le stock de capital hors TIC et k=2 pour le stock de capital TIC) à la periode t, alors on a :

Kkt = (1-- ?k )Kk,t - 1 ? Ik,t -1 [3]

Avec 6k le taux de declassement des equipements de type k . En l'absence d'information sur le stock de capital, le volume initial est calcule suivant la methode de

Hempell (2002). En supposant un taux de croissance constant gk pour chaque type d'investissement en capital k , l'equation [3] precedente peut être reecrite de la manière suivante pour la periode t =1 :

I ? 1 ? ? 1 ? , 2

2

K

? ? ? ? I ? ? ? ?

k 1 K 0 k k ?

, 1 k k ? I

?? ? 1 ? ? ?

k

? I ? ? s

1 ? ? ? I ?

k s

, ? k k , 0 ?? 1 g ??

?

s ? 0 s ? 0 k

s

Ik

,

1

= k

g + ?k

[4]

Le stock de capital à une date donnee ( Kk , t ) est fonction du volume d'investissement à cette date ( Ik,t

), du taux de croissance (gk) et du taux de


·

depreciation du stock de capital (6 k ) . L'information sur les volumes d'investissement etant disponible dans les DSF, il suffit de faire des hypothèses sur gk et 6k pour obtenir les valeurs du stock de capital dans le temps.

71

L'investissement en capital non -TIC sera défini par l'investissement total de l'entreprise diminué des dépenses en TIC, telles que reportées par l'entreprise. Les dépenses en TIC comprennent toutes les dépenses en matériels informatiques, c'est-àdire, l'ensemble des outils qui permettent de visualiser, traiter, stocker ou transporter de l'information par des moyens électroniques. Ces différents outils sont regroupés en cinq catégories globales déterminées par l'OCDE (2003), à savoir équipements de télécommunications, équipements informatiques et apparentés, composants électroniques, équipements audio et vidéo et autres équipements TIC.

? L'emploi

Le facteur travail devrait être mesuré en terme d'heures totales travaillées. Mais, une fois de plus, le manque d'information statistique oblige à recourir à l'effectif total employé comme variable proxy.

IV-2-2 Résultats empiriques

L'estimation de l'équation [2] nous permet d'obtenir l'élasticité des différents facteurs de production. Les résultats de la régression, obtenus à l'aide du logiciel E.VIEWS, sont fournis dans le tableau suivant :

Tableau 19: Résultats de l'estimation

Variable dépendante : Ln Y

Variables explicatives

Coef.

T.stat.

Constante

0,589

2,256

Input travail

0.436

1,701***

Input capital non TIC

0.042

2,035**

Input TIC

0.011

0,850

Nombre d'observations : 44

R2 ajusté : 0.532

**,*** : significatifs respectivement à 5%, 10%.

Source : Calculs de l'auteur.

72

Les coefficients des différents facteurs de production, qui peuvent être interprétés comme des élasticités, sont inférieurs à l'unité, ce qui valide l'approximation du processus de production par une Cobb-Douglas. Les coefficients de l'input capital ordinaire et de l'input travail ont tous le signe attendu.

L'investissement TIC a le signe positif, mais n'est pas significatif. D'une part, ce résultat peut s'expliquer par la qualité des données, puisque l'investissement en TIC n'est pas correctement enregistré par les PME, ou encore, par la part relativement faible des TIC dans l'investissement total des PME. D'autres part, ce résultat peut refléter le fait que le capital TIC n'est pas plus productif que les autres inputs au niveau des PME. Ainsi, il peut arriver que l'impact des TIC soit significatif avec une augmentation de la part relative du capital TIC dans les investissements totaux réalisés.

En conclusion, l'estimation d'un modèle simplifié d'une fonction de production Cobb-Douglas abouti à une relation non significative entre les TIC et la productivité. Toutefois, la robustesse des résultats obtenus est faible puisque l'insuffisance de l'information disponible ne permet pas de traiter tous les problèmes économétriques mentionnés dans la première section. En outre, l'usage des données transversales ne permet pas de prendre en compte dans cette analyse, le délai qu'il est généralement nécessaire pour que les TIC commencent à produire tous leurs effets ; ce qui limite fortement la qualité du résultat. La poursuite de cette investigation empirique s'avère opportune.

73

CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS

Les technologies de l'Information et de la Communication, en raison de sa contribution dans le fonctionnement des PME peut booster les résultats de celle-ci. En effet par ces propriétés (séparation, possession d'externalités, la nature variée), elles peuvent permettre une meilleure circulation des informations tant à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'entreprise, une amélioration du système productif et une meilleure gestion des ressources de l'entreprise.

Elles offrent de larges possibilités de traitement de l'information et de communication pour les PME. . Elles peuvent être le complément nécessaire pour rendre le système d'information plus efficace, plus flexible et plus dynamique, elles ont aussi la capacité d'appuyer la réduction des coûts des transactions à l'intérieur et entre les entreprises. Elles peuvent être un outil d'amélioration des techniques et des systèmes de production, d'évolution des logiques des tâches composant les processus de production, de rapprochement des fonctions de conception, de production et vente, d'intégration des technologies de production et de communication, incorporation des clients et partenaires dans la gestion de production. Toutes ces capacités des TIC bien exploitées doivent accroître la productivité des PME.

L'estimation du modèle simplifié d'une fonction de production Cobb-Douglas a abouti à une relation non significative entre les TIC et la productivité. , la robustesse des résultats obtenus est faible puisque l'insuffisance de l'information disponible ne permet pas de traiter tous les problèmes économétriques.

C'est le lieu pour nous de formuler des recommandations susceptibles de permettre un investissement efficace en TIC dans les PME. Pour une exploitation productive des TIC dans les PME au Cameroun, nous suggérons aux pouvoir publics d'agir dans le sens de :

- sensibiliser les promoteurs des PME quant aux avantages d'utilisation des TIC. La faible utilisation des PME Camerounaises des outils TIC ne peuvent pas les

74

aider à tirer profit de cette technologie. Cette utilisation insignifiante peut être dû à l'ignorance des apports de cette technologie ou du coût élevé de l'accès a celle-ci( pour ceux qui pensent qu'il est bénéfique de les adopter). Il sera intéressant dans le cas du Cameroun, dont les institutions publiques en charge de promouvoir les TIC sont fonctionnelles, d'orienter leurs actions vers la persuasion des responsables des PME. Cela est possible par la conduite des études en vue de montrer les effets bénéfiques de l'adoption d'une telle technologie, l'organisation des séminaires etc.

- Former les acteurs des PME à l'utilisation efficace des TIC

L'utilisation des TIC dans les PME est une source probable de ses effets négatifs ou insignifiant sur la performance de ces dernières. Il s'avère donc nécessaire pour une entreprise d'avoir de l'expertise quant à l'utilisation efficace des TIC. Ici une responsabilité revient aux producteurs des TIC qui doivent vulgariser les techniques d'utilisation à travers les indications d'utilisation assez précises. Ceux-ci doivent y être amener par les pouvoirs publics. Cela n'étant pas suffisant, il revient aux responsables des PME de s'allouer les services des experts (évaluation et analyse des projets, spécialiste en TIC) pour tout projet tendant à investir dans les TIC.

- Réduire les coûts d'accès aux TIC

En général les coûts d'acquisition des équipements TIC et d'accès à ces technologies sont jugés élevées en général. Il est possible pour l'Etat camerounais qui après avoir défiscaliser les produits informatiques pendant quelques années, de voir s'il n'a pas été prématurés de suspendre cette mesure. Nous pensons que cette mesure autrefois très salutaire mérite d'être rétabli et élargie à l'ensemble des TIC.

- Améliorer les infrastructures d'accès aux TIC au cameroun.

En effet pour permettre une meilleure utilisation et réduire les coûts d'accès, il est obligatoire de suivre l'évolution technologique. Pour cela l'Etat doit installer ou subventionner les infrastructures de base qui ne sont pas généralement à la portée des PME.

75

76






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote