I. 3. La remise en cause des
accords fonciers anciens
La perte d'autorité et de pouvoir des chefs
traditionnels dans la gestion foncière et la multiplication des centres
de décisions concernant la terre au sein des familles ont pour
corollaire la remise en cause partielle, des accords fonciers anciens. Les
retraits incontrôlés de terres sont légion. N'importe quel
membre d'une famille autochtone peut décider du retrait d'une terre
quand bien même ce ne serait pas lui qui l'a attribuée. Les
intérêts économiques sont au coeur de ces pratiques
illégitimes. En effet, le besoin d'argent pousse certains autochtones
à retirer des terres pour ensuite les louer. Des migrants en manque de
terre et au pouvoir économique élevé, peuvent pousser
à ce genre d'action.
I. 4. L'émergence de
nouvelles formes de transaction foncière
Dans les modes d'accès à la terre, de nouvelles
formes de transactions interviennent de plus en plus dans le département
de Padéma. Cette émergence de nouvelles transactions est
liée aux phénomènes de monétarisation de la terre
et de l'affaiblissement des valeurs socioculturelles. La terre fait l'objet de
transactions marchandes à travers la pratique de locations et de ventes
de terres.
L'hectare est loué à 10 000 ou 15 000F CFA pour
la durée d'une campagne agricole. Le contrat verbal noué en
cachette ou de façon officieuse, est renouvelable si l'on a
respecté les engagements et que le donateur consent à s'engager
à nouveau. La location se fait aussi en nature. Dans ce cas, pour avoir
un hectare, il faut labourer un hectare de terres au profit de celui qui loue.
Quant à la vente de terre, des cas ont été signalés
uniquement dans la maîtrise foncière de Padéma. Les
acheteurs sont des « nouveaux acteurs » composés de
commerçants, de fonctionnaires essentiellement.
Ce sont autant d'ingrédients qui alimentent des
conflits entre les différents acteurs locaux, minant parfois gravement
la paix sociale. Pour y faire face, les populations du département ont
estimé nécessaire de mettre en place des organes qui auront pour
mission de s'occuper de la gestion foncière locale, à travers la
régulation des transactions foncières et la prévention des
conflits. Loin d'être une fin en soi, la mise en place de ces organes
répond à un besoin éprouvé par les populations pour
clarifier le jeu foncier. Aussi la création de ces organes de gestion
foncière est-elle définie par les populations comme un
préalable à la formalisation des accords fonciers et aux
aménagements pastoraux.
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