Comment faire converger les intérêts
divergents des acteurs ruraux par la communication
participative ?
Source : Grain de sel n°
36 -- septembre - novembre 2006 Page 13
· DEDICACE
A ma famille
et
à tous ceux qui m'ont soutenu.
· REMERCIEMENTS
Nos remerciements s'adressent à tous ceux et toutes
celles qui nous ont accompagné dans l'accomplissement de cette
tâche. Nous disons merci aux personnes suivantes :
A Ouagadougou :
ü Monsieur Souleymane OUATTARA, Coordonnateur de Jade
Productions
ü Monsieur Sayouba OUEDRAOGO, Chargé du programme
foncier au GRAF
ü Professeur Serge Théophile BALIMA
ü Docteur Aïcha TAMBOURA/ DIAWARA
ü Docteur Taïrou BANGRE
ü Docteur Marc NEBIE
ü Docteur Firmin GOUBA, Chef du département de
communication & journalisme
ü Docteur Nestorine SANGARE/ COMPAORE
ü Monsieur Pierre Aimé OUEDRAOGO,
Secrétaire Exécutif du GRAF
ü Monsieur Daniel THIEBA, Responsable du bureau
d'étude GREFCO
ü Madame Virginie SERME du GRAF
ü Abou Bakr Rabankhi ZIDA, Rédacteur en chef de
Sidwaya
ü Monsieur Sayouba PIME
ü Tous les enseignants du département de
communication et journalisme
ü Tous nos promotionnaires
A Bobo-Dioulasso :
ü Monsieur Saïdou SANOU, Responsable du cabinet
ODEC
ü Monsieur Jean Marcel OULE, Chargé de la
coordination provinciale PDL-O
ü Monsieur Emile MILLOGO, Chargé du programme
foncier du PDL-O
ü Monsieur François Xavier BEOGO, Gendarme
A Padéma :
ü Monsieur Seydou DAO, Maire de la commune rurale de
Padéma
ü Monsieur Zié SANOU, Animateur de l'OPSF
ü Monsieur Silassie SANOU
ü Monsieur Moussa DAO et sa famille
ü Monsieur Salifou DAO, Président du CVD
A Djigouèma :
ü Monsieur Ahmad TRAORE ;
ü Monsieur Issouf SANOU ;
A Banwaly :
ü Monsieur Antoine SANOU, Président du CVD
ü Monsieur Marcellin SANOU
ü Monsieur Soungalo SANOU et sa famille.
Que tous ceux qui ont participé, de près ou de
loin, à la réalisation de ce travail, retrouvent ici, la marque
de notre profonde gratitude.
· SOMMAIRE
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
7
LISTE DES TABLEAUX
8
INTRODUCTION GENERALE
9
PREMIÈRE PARTIE : CADRE
GÉNÉRAL ET MÉTHODOLOGIQUE DE L'ÉTUDE
11
CHAPITRE I : CADRE GENERAL DE L'ETUDE
12
I. L'OBJET D'ETUDE
12
II. LA CONSTRUCTION D'UN MODELE D'ANALYSE
THEORIQUE
17
CHAPITRE II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
36
I. LA PRESENTATION DU TERRAIN D'ETUDE
36
II. LES OUTILS ET LES TECHNIQUES DE COLLECTE
DES
DONNEES
40
III. LE DEROULEMENT DE L'ETUDE
41
CHAPITRE III : CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE
45
I. DYNAMIQUES FONCIERES EN AFRIQUE DE L'OUEST
45
II. LE CONTEXTE NATIONAL
47
III. LE CONTEXTE DU DEPARTEMENT DE PADEMA
50
DEUXIÈME PARTIE : PARTICIPATION DES
POPULATIONS AU DÉBAT FONCIER
52
CHAPITRE I: MODALITES, IMPLICATION EFFECTIVE ET
LIMITES
53
I. LES MODALITES D'IMPLICATION DES POPULATIONS DANS
DEBAT FONCIER
53
II. LA PARTICIPATION DANS LES FAITS
60
III. LES LIMITES DE LA PARTICIPAION
64
CHAPITRE II: FORMALISATION DES ACCORDS FONCIERS
LOCAUX
68
I. LA JUSTIFICATION DU CHOIX DE L'AXE
68
II. LES ACTIONS DE FORMALISATION
70
III. LES OPTIONS DE SECURISATION FONCIERE
74
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES DE LA
PARTICIPATION
76
CHAPITRE III : AMENAGEMENTS PASTORAUX
81
I. LE FONCIER ET LA QUESTION PASTORALE
81
II. LA JUSTIFICATION DE L'AXE
84
III. LES AMENAGEMENTS PASTORAUX
86
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
91
CHAPITRE IV: ORGANES LOCAUX DE GESTION FONCIERE
95
I. LA JUSTIFICATION DE L'AXE
95
II. LA NEGOCIATION ET LES ENJEUX DE POUVOIR
98
III. LA MISE EN PLACE DES ORGANES
99
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
101
CONCLUSION GENERALE
103
BIBLIOGRAPHIE
107
LISTE DES PERSONNES
RENCONTRÉES..........................................................................111
TABLE DES MATIERES
113
ANNEXES
116
· SIGLES ET
ABRÉVIATIONS
AV : ASSEMBLÉE
VILLAGEOISE
CDR : COMITÉ DE
DÉFENSE DE LA RÉVOLUTION
CF : COMMISSION
FONCIÈRE
CILSS : COMITÉ PERMANENT
INTER-ETATS DE LUTTE CONTRE LA SÉCHERESSE DANS LE SAHEL
CM : COMMISSION DE
MÉDIATION
CNSFMR : COMMISSION NATIONALE DE
SÉCURISATION FONCIÈRE EN MILIEU RURAL
CVGT : COMITÉ VILLAGEOIS DE
GESTION DES TERROIRS (ACTUEL CVD)
CVD : CONSEIL VILLAGEOIS DE
DÉVELOPPEMENT
DFN : DOMAINE FONCIER NATIONAL
DGFROP : DIRECTION
GÉNÉRALE DU FONCIER RURAL ET DES ORGANISATIONS PAYSANNES
(ACTUELLE DGFOMR)
DGFOMR : DIRECTION
GÉNÉRALE DU FONCIER, DE LA FORMATION ET DE L'ORGANISATION DU
MONDE RURAL
FAO : ORGANISATION DES NATIONS UNIES
POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE
GR : GROUPE DE RÉFLEXION
GRAF : GROUPE DE RECHERCHE ET D'ACTION SUR
LE FONCIER
IRAM : INSTITUT DE RECHERCHES ET
D'APPLICATION DES MÉTHODES DE DÉVELOPPEMENT
MAHRH : MINISTÈRE DE
L'AGRICULTURE, DE L'HYDRAULIQUE ET DES RESSOURCES HALIEUTIQUES
ODEC : OPÉRATIONS DE
DÉVELOPPEMENT, ETUDES ET CONSEILS
OPSF : OPÉRATION PILOTE DE
SÉCURISATION FONCIÈRE
PDL-O : PROJET DE
DÉVELOPPEMENT LOCAL DE L'OUEST
PNGT : PROGRAMME NATIONAL DE GESTION
DES TERROIRS
PNSFMR : POLITIQUE NATIONALE DE
SÉCURISATION FONCIÈRE EN MILIEU RURAL
RAF : RÉORGANISATION
AGRAIRE ET FONCIÈRE
· LISTE DES TABLEAUX ET
ILLUSTRATIONS
TABLEAUX
TABLEAU 1: LA RÉPARTITION DE LA POPULATION
D'ÉTUDE PAR VILLAGE..........................................38
TABLEAU 2: LA RÉPARTITION DE LA POPULATION
D'ÉTUDE PAR CATÉGORIE D'ENQUÊTÉS ET PAR
VILLAGE.......39
TABLEAU 3: LES AXES DE
TRAVAIL...........................................................................................54
TABLEAU 4 : LA PHYSIONOMIE DES
GR...................................................................................55
TABLEAU 5: LES ACTIVITÉS DES GR EN
2006..........................................................................61
ILLUSTRATIONS
SCHÉMA : LES MÉCANISMES DE LA
PARTICIPATION.......................................................................58
PHOTO : UN PANNEAU INDIQUANT LE PASSAGE D'UNE PISTE DE
TRANSHUMANCE À DJIGOUÈMA...............88
INTRODUCTION GENERALE
La communication participative est un outil de travail qui
permet de faciliter le processus de développement, entendu comme
l'accomplissement des membres d'une communauté engagés dans des
actions destinées à améliorer leurs conditions de vie.
Elle se fonde sur le concept de participation qui est l'implication des
populations locales dans des projets qui les concernent. La participation
suppose un partage des responsabilités entre les différentes
parties prenantes. Elle favorise la prise de décision et la prise en
charge par les populations des actions destinées à
améliorer les conditions d'exploitation des ressources et à
aménager leur espace-terroir. La mise en oeuvre de la participation
nécessite cependant, une représentation des populations par
quelques-uns de leurs membres. Le bon fonctionnement du processus dépend
grandement de l'influence et du pouvoir réel de ces membres
représentants.
Dans le processus de sécurisation des droits fonciers
des producteurs ruraux, la mobilisation et l'implication de l'ensemble des
acteurs du monde rural sont particulièrement importantes.
« Question sensible. Sujet explosif... Le foncier suscite
énormément de passions. L'évoquer, c'est souvent courir le
risque de créer des tensions là où il n'en existait pas ou
d'exacerber des conflits latents »1(*). Dans le domaine du foncier, la prudence est donc
de mise. Celle-ci s'impose davantage lorsqu'on aborde la délicate
question de sécurisation des droits fonciers entre autochtones et
migrants, agriculteurs et éleveurs.
Sur un sujet aussi controversé, que faire pour
déclencher une dynamique d'échanges sereins entre autochtones et
migrants, agriculteurs et éleveurs, hommes et femmes, jeunes et
vieux ? Comment faire converger les intérêts divergents des
acteurs ruraux par la participation ? Dans le département de
Padéma, le Projet de Développement Local de l'Ouest (PDL-O)
tente d'y répondre depuis 2004, à travers une opération
pilote de sécurisation foncière (OPSF) dans un contexte de forte
migration et de transhumance. Cette opération pilote recourt entre
autres outils, au Groupe de Réflexion (GR), un cadre d'échange
pour la résolution des différends liés au foncier.
La problématique de la sécurisation
foncière est aujourd'hui, au coeur de la politique gouvernementale. Pour
preuve, l'adoption d'une Politique Nationale de Sécurisation
Foncière en Milieu Rural (PNSFMR)2(*) et de la loi portant Régime Foncier Rural. Par
ailleurs, il semble que la démarche de l'OPSF/ Padéma soit
véritablement novatrice. La question de la participation a
été abordée de front. Des structures voulues
légitimes avant d'être légales ont été mises
en place. C'est ce qui justifie notre intérêt pour ce thème
et notre choix pour ce terrain.
Dans le présent travail de recherche effectué
dans les villages de Padéma, Djigouèma et Banwaly, nous nous
sommes appesanti sur l'évaluation de la participation de la population
locale au débat foncier. Le document est composé de sept
chapitres structurés en deux grandes parties.
Dans la première partie, nous présentons en
trois chapitres, les modalités théoriques de nos travaux de
recherche, ainsi que le contexte général de l'objet
d'étude.
La seconde partie subdivisée en quatre chapitres expose
les données collectées sur le terrain. Elle aborde les
modalités de mise en oeuvre de la participation. L'évaluation de
la participation se faisant aussi à travers les actions concrètes
qu'elle permet aux populations de réaliser, nous nous sommes
interessé aux résultats de la réflexion commune conduite
sur les trois problématiques foncières essentielles que sont:
· la formalisation des accords fonciers;
· les aménagements pastoraux ;
· la création d'organes locaux de gestion et de
médiation foncières.
Première
partie : Cadre général et méthodologique de
l'étude
CHAPITRE I : CADRE GENERAL DE L'ETUDE
L'OBJET D'ETUDE
Ce premier grand point rend compte de la problématique,
des intérêts et des objectifs de l'étude.
I. 1. La
problématique
· Le foncier rural au coeur du
développement
Dans les pays d'Afrique de l'Ouest où les
activités agro-sylvo-pastorales occupent une place
prépondérante dans l'économie, les questions liées
au foncier et à la gestion des ressources naturelles ont toujours
revêtu une importance capitale. En général, ces pays sont
largement tributaires de leurs ressources naturelles en termes de moyens
d'existence, d'emplois, de revenus et de recettes d'exportation. Mais
au-delà de sa valeur économique, le foncier reste un
repère social et culturel pour les hommes et les femmes vivant dans ces
sociétés.
« Le foncier est considéré comme
un «fait social total », constitué à la fois de la
terre et des ressources naturelles, qui y sont directement attachées, et
de l'ensemble des relations entre individus et groupes d'individus pour
l'appropriation et l'utilisation de ces ressources. Il apparaît comme
support et capital intervenant dans la production ».3(*)
De ce fait, l'accès au foncier est une condition
sine qua non au développement rural, considéré
par les autorités burkinabè, comme la base du
développement économique durable. Nous tenons pour preuve, les
nombreuses initiatives développées ces dernières
années pour assurer la promotion de ce secteur (développement
de la petite irrigation, de la production cotonnière, organisation des
filières de production, etc.). L'agriculture et
l'élevage, mais aussi la foresterie, la faune et la pêche
constituent des secteurs prometteurs pour le développement du monde
rural.
Cependant, le développement rural burkinabè est
freiné par de nombreuses contraintes, parmi lesquelles l'absence de
sécurisation foncière des producteurs ruraux. Des études
de terrain font le constat de facteurs aggravants des conflits fonciers entre
acteurs ruraux qui sont :
· l'inadéquation des textes juridiques sur le
foncier aux besoins des acteurs ruraux ;
· la faiblesse des institutions locales de gestion
foncière ;
· l'insuffisance d'engagement et d'implication des
acteurs communautaires à la base ;
· l'insuffisance d'engagement de l'Etat dans l'arbitrage
sur les règles et normes communes à appliquer ;
· et les résistances socioculturelles à la
promotion de l'accès des femmes à la terre.
Régulièrement, la presse burkinabè
rapporte les conflits entre agriculteurs et éleveurs. Femmes
dépossédées de leurs parcelles sitôt mises en
valeur, mainmise des notables sur les bas-fonds aménagés par
l'Etat, conflits entre jeunes et vieux, affrontement entre allochtones et
autochtones, «obstruction foncière» à
l'endroit des migrants, etc. L'insécurité foncière menace
la paix sociale et hypothèque la production et la productivité
agricoles. Aussi compromet-elle les efforts de l'Etat en matière de
lutte contre la pauvreté et de développement économique du
monde rural.
En réaction, le gouvernement burkinabè a
entrepris une série d'actions, visant à apporter des
réponses efficaces et durables à la question foncière
rurale. Il s'agit notamment de : (i) la mise en place d'un
Comité National de Sécurisation Foncière en Milieu Rural
(CNSFMR), (ii) la création d'une Direction
Générale du Foncier Rural et des Organisations Paysannes (DGFROP)
actuel DGFOMR4(*), (iii)
et l'adoption d'une Politique Nationale de Sécurisation
Foncière en Milieu Rural (PNSFMR). Plus récemment,
l'Assemblée Nationale a d'adopté le 16 juin 2009, une loi portant
régime foncier rural5(*).
Parallèlement, plusieurs opérations-tests ont
été conduites avec l'appui des partenaires techniques au
développement, destinées à explorer les voies d'une
sécurisation foncière effective des acteurs ruraux. Ces
opérations se basent sur deux types d'expérience : la mise en
place d'institutions de gestion foncière à la base et la
formalisation des droits fonciers individuels et collectifs. Dans le
département de Padéma, province du Houet, l'Opération
Pilote de Sécurisation Foncière (OPSF) a été mise
en oeuvre en 2004 dans un contexte marqué par une forte migration
agricole et de transhumance. L'OPSF rentre dans le cadre du Projet de
Développement Local de l'Ouest (PDLO) et concerne uniquement le
département de Padéma.
La question foncière a commencé à se
poser de façon pressante dans le département de Padéma
à la fin des années 19806(*). A l'instar d'une bonne partie de l'Ouest du pays,
Padéma a connu les deux vagues de migration qui ont fait suite aux
sécheresses de 1974 et 1984. Depuis lors, le foncier fait l'objet de
convoitise et crée « une arène de
compétition où s'affrontent les différents acteurs ruraux
pour le contrôle et la gestion des ressources
naturelles ».7(*)
Les villages de Padéma8(*), Djigouèma et Banwaly ne sont pas en marge de
cette compétition autour du foncier. A l'échelle de ces trois
villages du département, on dénombre 14026 habitants.9(*) Cette pression
démographique entraîne une pression sur les ressources naturelles.
L'accès à la terre est de plus en plus problématique.
Certains domaines fonciers sont plus révélateurs d'enjeux que
d'autres : les espaces culturaux (champs) et les espaces pastoraux
(pâtures, pistes à bétail, etc.). Cela se manifeste
par la récurrence des conflits fonciers entre autochtones et
migrants d'une part, et agriculteurs et éleveurs, d'autre part.
Mais alors, comment communiquer pour la sécurisation
foncière dans un contexte où des enjeux aussi multiples que
divergents s'affrontent?
· Communication, participation locale et
sécurisation foncière
L'OPSF/ Padéma a consisté à créer
les conditions de la mise en place d'organes de gestion participative du
foncier et de régulation des conflits. La mobilisation des populations
et la responsabilisation de tous les groupes d'intérêt
étaient impérieuses. Dès le départ, la
recherche-action participative a été adoptée comme
méthodologie de travail avec les populations pour régler les
différends liés à la terre. Cette démarche
participative s'est traduite sur le terrain, par l'implication des populations
dans le débat foncier, à travers des cadres proposés par
l'OPSF.
La communication constitue un axe fondamental pour
créer une dynamique de dialogue et de concertation sur les
préoccupations spécifiques des producteurs ruraux. Les recherches
pour le développement, tout comme la mise en oeuvre d'initiatives et de
projets de développement, dépendent fortement de la participation
effective des populations. Ceci se pose d'ailleurs avec acuité dans le
cadre d'opérations locales de sécurisation foncière, qui
veulent s'appuyer sur des initiatives communautaires. Il est aujourd'hui,
établi au Burkina Faso, que la sécurisation foncière en
milieu rural ne peut se concevoir sans participation populaire. Et sans
dialogue, il n'y a pas de participation populaire. A ce propos, BESSETTE
(2004 : 10) fait comprendre que « la communication, et plus
spécifiquement la communication participative pour le
développement, se présente comme un outil qui catalyse cette
participation communautaire au développement ». A ce
titre, sa démarche se prête bien à la recherche et aux
actions de sécurisation foncière en milieu rural.
Dans le cadre de l'OPSF/ Padéma, l'intervention de la
communication sur le terrain s'est traduite par la mise en place d'espaces de
dialogue et de concertation, entre acteurs locaux dans les différentes
localités du département: le « Groupe de
Réflexion (GR) », un canal de communication de
proximité. Dans chacun des douze villages du département, il est
instauré un GR avec pour missions d'apaiser les conflits fonciers en
instaurant le dialogue entre les différents acteurs ruraux.
Le projet étant au terme de son intervention, nous
avons jugé opportun de nous pencher sur ce mécanisme qui se veut
être participatif pour en évaluer l'efficacité et la
pertinence. Quel est le niveau de dialogue véritable que l'OPSF a
établi avec et entre les différents groupes
d'intérêt sur les problématiques foncières? Les
mesures issues des concertations correspondent-elles aux besoins de
sécurisation des différents acteurs ? Le dialogue a-t-il
permis de pacifier la zone ?
Ces questionnements nous aideront à cerner le
degré de participation véritable de la démarche. En
même temps, ils soulèvent à leur tour, la question du
degré de communication véritable que l'intervenant a
établie avec et entre les groupes communautaires.
I. 2. Les intérêts
de l'étude
Les intérêts de cette étude sont à
la fois d'ordre méthodologique et pratique.
· Un intérêt d'ordre
méthodologique : cette étude nous offre
l'opportunité d'éprouver les méthodes de la recherche
participative appliquées à la sécurisation foncière
au niveau local et d'en discuter la validité.
· Un intérêt d'ordre
pratique : notre recherche fournira un tant soit peu des
éléments de description et de compréhension du
mécanisme local de sécurisation foncière, à travers
la capitalisation de l'expérience de Padéma.
A ce titre, nous espérons que les conclusions de ce
travail d'évaluation contribueront à une meilleure
compréhension des orientations de la communication pour accompagner la
mise en oeuvre de la PNSFMR et de la loi portant Régime Foncier
Rural.
I. 3. Les objectifs de
l'étude
Notre objectif général dans cette étude
est de comprendre comment, par la communication participative, les acteurs
ruraux de Padéma parviennent à faire converger leurs
intérêts a priori divergents, en vue d'instaurer une
sécurité foncière et la paix sociale dans le
département.
Deux objectifs spécifiques permettent la
réalisation de l'objectif général :
· Analyser les modalités d'implication des groupes
communautaires, les conditions de participation effective et les limites.
· Evaluer la participation des populations au
débat foncier, à travers les trois problématiques
foncières essentielles : la formalisation des accords fonciers, les
aménagements pastoraux et la création des organes locaux de
gestion et de médiation foncières.
II. LA CONSTRUCTION D'UN MODELE D'ANALYSE THEORIQUE
II. 1. L'hypothèse
La communication participative peut permettre de
déterminer les voies d'une sécurisation foncière effective
des acteurs ruraux. Toutefois, l'enclenchement d'une dynamique
d'échanges sereins dépend des conditions et des modalités
d'implication active et responsable des différents groupes
communautaires. Celle-ci peut être insuffisante du fait des
résistances socioculturelles.
Deux facteurs principaux sous-tendent cette hypothèse
:
D'une parte, le choix des approches est déterminant
dans la mobilisation des communautés de base en vue de leur
participation aux initiatives de développement. L'approche participative
répond mieux aux objectifs du développement parce qu'elle permet
aux populations de s'en approprier. Ainsi, lorsqu'on regroupe les tendances
antagonistes dans un cadre d'échange, les populations arrivent à
surmonter elles-mêmes leurs divergences.
D'autre part, le fait de mettre en place des conditions
favorables à l'expression de tous ne garantit nullement l'exercice du
droit de parole par tous les acteurs. Le mode de déroulement des
débats, conjugué aux multiples enjeux politiques, sociaux,
économiques et culturels, ne permet pas toujours un dialogue
équilibré. Aussi, certains acteurs pourraient se cacher sous
l'ombre du silence.
II. 2. Les variables de
contrôle
· L'origine géographique permet
d'apprécier le degré d'implication des individus, selon qu'ils
sont autochtones ou allochtones ;
· Le sexe permet de cerner les
modalités d'implication des deux sexes dans le débat,
particulièrement la prise en compte des femmes.
· L'âge permet de voir si les jeunes
non marés sont soumis aux mêmes conditions de participation que
leurs aînés mariés.
· L'activité
socio-professionnelle permet de voir si les agriculteurs et les
éleveurs sont impliqués au même titre dans les
mécanismes de prise de décision.
II. 3. La revue de
littérature
A travers notre investigation documentaire, nous avons
parcouru un certain nombre d'ouvrages. L'accès au foncier et sa
sécurisation occupent une place de choix dans la littérature sur
la gestion foncière.
Cet exercice de recherche documentaire nous a permis de
recueillir des opinions aussi bien contradictoires que complémentaires
sur la question. Les débats se focalisent essentiellement sur quatre
thèmes :
· les modalités d'appropriation du
foncier ;
· les conflits fonciers et leur gestion;
· l'accès des femmes au foncier ;
· les formes de sécurisation.
II. 3. 1. Les
modalités d'appropriation du foncier
L'analyse des modalités d'appropriation du foncier met
en évidence l'importance de l'accès à la terre pour les
politiques de développement. Dans la conception traditionnelle, c'est le
principe du bien commun qui est mis en exergue.
De façon générale, la
propriété a toujours été minimale dans le
système africain. J. KI-ZERBO montre que « la production
est restée beaucoup plus longtemps confinée au niveau familial,
clanique - dans un contexte où il n'y avait pas de pénurie de
terres. Si bien que la course à la propriété dans les
rapports de production ne fut pas un des grands moteurs du processus du
développement économique en Afrique »10(*). Dans le modèle de base
d'une telle organisation, la propriété réelle était
en fait, un usufruit, détenu par la famille, le village ou la
collectivité de la chefferie traditionnelle.
Pour L. S. SENGHOR, « en Afrique Noire
traditionnelle, la terre ne peut être l'objet de
propriété : elle est seulement l'objet d'usufruit, mais
d'usufruit collectif. La propriété usufruitière collective
entraîne naturellement le travail collectif dans le champ familial dont
les produits sont également l'objet de propriété
collective. Car ici seul le travail peut conférer un titre de
propriété sur les biens ou les services
(...) »11(*)
G. KOUASSIGAN annonce un autre aspect important dans la
conception africaine du foncier quand il dit que « la terre est
un bien collectif, inaliénable et souvent
divinisé ».12(*) Cela semble d'autant plus vrai que
« tout ce qui est création de la nature existe dans
l'intérêt de tout le monde et ne saurait faire l'objet d'un droit
de propriété privée
individuelle ».13(*) Pour lui, si les acteurs du foncier ne se
l'approprient pas individuellement dans les sociétés
traditionnelles africaines, c'est par peur de s'attirer la colère des
dieux et par respect du sacré. Mais, avec la montée de
l'individualisme, cette pensée sera battue en brèche.
Selon LE ROY, pour passer de l'idée de
« l'appropriation » en tant
qu'affectation à un usage, à la propriété
privée, il faut passer d'une conception
« sacrale » à une conception
« mercantile » du foncier. « Une chose
est désignée comme un bien lorsqu'elle a une valeur
pécuniaire et qu'elle est susceptible d'appropriation (sous-entendue
privative) »14(*). La terre acquiert alors une valeur
vénale et s'insère dans les transactions marchandes :
d'où l'apparition de la propriété.
M. ZONGO et P. MATHIEU observent effectivement dans la
province des Banwa (Ouest du Burkina Faso), un accroissement des pratiques de
location « marchande » des terres, de même
que l'apparition et l'accroissement rapide de ventes de terres contre un
paiement en argent, avec la possibilité pour l'acheteur, de borner le
terrain, d'y planter des arbres, et d'obtenir un titre de
propriété moderne. « Ces pratiques foncières
nouvelles observées depuis quelques années diffèrent
fortement des habitudes et coutumes antérieures en matière de
transactions et de relations foncières ».15(*)
Dans le département de Padéma, C. RAIMOND, S.
SANOU & B. TALLET16(*) ont enregistré des cas de vente de terres. Il
s'agit des grandes surfaces allant de 150 à 250 hectares vendues
à des cadres de la fonction publique. Selon les auteurs, bien que
certaines ventes soient reconnues comme telles par les populations, les ventes
de terres restent des pratiques largement occultes. Lorsqu'elles se
revèlent au grand jour, les ventes deviennent sources de conflits,
souvent entre les membres d'une même famille.
Hormis les transactions marchandes, il existe d'autres
stratégies d'appropriation du foncier permettant à l'individu de
s'approprier la terre de façon privative, dont la plantation d'arbres.
P. DE LERNER affirme que « qui plante un arbre
s'approprie la terre »17(*). Et à E. GU KONU de renchérir en
déclarant que « planté, ou simplement entretenu
sous ses diverses formes, l'arbre utile détermine l'appartenance au sol.
Il confère un statut à la terre et ressort dans l'organisation
sociale comme un signe foncier »18(*).L'exploitation de l'arbre signifie le droit à
l'exploitation de la terre. C'est donc l'appropriation de l'arbre qui
précède et entraîne celle de la terre.
Sur le terrain, l'opposition de ces différentes
modalités d'appropriation entraîne des situations de conflits.
II. 3. 2. Les conflits
fonciers et leur gestion
Les études sur la gestion des terres rurales mettent en
exergue une certaine amplification des conflits fonciers. L'aggravation de la
compétition pour le contrôle et la gestion des ressources
naturelles de plus en plus rares en est la cause principale.
Pour H. OUEDRAOGO, « l'accès aux
ressources naturelles va constituer le plus grand défi de ce
millénaire »19(*). L'augmentation de la population, l'appauvrissement
des sols et l'apparition de « nouveaux
acteurs »20(*) soucieux de faire fructifier leurs capitaux,
augmentent les risques de conflits fonciers.
Aujourd'hui, la situation au Burkina Faso, telle que
décrite dans la PNSFMR, est marquée par une recrudescence des
conflits entre agriculteurs et éleveurs avec son cycle de violences.
D. THIEBA et M. ZONGO abordent également ce
thème à travers une étude réalisée dans les
zones libérées de l'onchocercose au Burkina Faso. Ils
évoquent aussi, « l'aggravation des conflits entre les
différents acteurs, les plus aigus opposant les migrants aux populations
autochtones »21(*).
S. HAGBERG analyse la question de la coexistence entre les
groupes d'agriculteurs Karaboro et les agropasteurs Peulhs dans la province de
la Comoé, devenue de plus en plus problématique depuis les
années 1980. « Les disputes, dues aux dégâts
dans les champs, à l'accès aux points d'eau et aux passages des
troupeaux, sont fréquentes, mais elles ne se limitent pas seulement
à des causes matérielles ; les identités ethniques et
les droits des citoyens burkinabè sont aussi en
jeu. » 22(*)
Dans le département de Padéma, les conflits
fonciers ont pour origines : les dégâts dans les champs
pendant les périodes de transhumance, le non respect des limites des
champs des exploitants, le non respect des limites des terroirs entre villages,
la vente de terres par des personnes non habilitées et ne relevant pas
du terroir concerné, la contestation du droit d'héritage et
l'exploitation non autorisée des produits de cueillette.23(*) Toutefois, ces conflits sont
généralement réglés à l'amiable. Les deux
parties sollicitent l'arbitrage d'une tierce, très souvent les
autorités coutumières. Elles tentent de concilier leurs
positions à travers la négociation d'une indemnisation.
S. HAGBERG est arrivé à la conclusion selon
laquelle les règlements des conflits entre agriculteurs Karaboro et
agro-pasteurs Peulhs se font à l'ombre du conflit violent, lequel reste
un point de référence. Les acteurs locaux ne veulent même
pas entendre parler de jugement, le maintien de la paix étant
considéré comme plus important qu'une quelconque justice.
Pour mieux aborder les conflits, M. BROCKHAUS, T. PICKARDT et
B. RICHCHKOWSKY estiment qu'il ne faut pas les réduire à des
phénomènes isolés, locaux ou ethniques. Pour eux
« chaque conflit a une histoire complexe influencée par de
multiples facteurs sociaux, politiques, économiques et
écologiques qui, ensemble, déterminent son orientation et en quoi
il se manifeste ».24(*)
Dans cette même logique, M. BENZHAF, B.
DRABO et H. GRELL voient la gestion des conflits fonciers comme un processus
consistant à définir des règles et des dispositions
liées à l'accès et à l'utilisation des ressources
naturelles situées dans leur sphère d'action et de veiller
à leur respect par tous. Mais pour y arriver, il faut une mobilisation
effective de tous les acteurs en ce sens que «par l'application
rigoureuse de l'approche participative, les populations peuvent être
amenées à résoudre leurs contradictions, afin de
rétablir la paix sociale et favoriser leur
développement».25(*)
D. THIEBA et M. ZONGO ont tiré la même
leçon de l'analyse sur les opérations de prévention des
conflits et de sécurisation foncière. Selon eux,
« le succès des opérations repose grandement sur un
travail de communication efficace, permettant d'éviter toute
ambiguïté sur les objectifs visés ».26(*)
Une bonne approche de gestion des conflits fonciers est, du
reste, indispensable pour garantir la paix sociale et l'accès
sécurisé de l'ensemble des acteurs ruraux aux ressources
naturelles. Mais, qu'en est-il de la question spécifique de
l'accès des femmes au foncier ?
II. 3. 3. L'accès
des femmes au foncier
La situation foncière des femmes n'est guère
reluisante, en dépit de leur rôle déterminant dans les
activités agricoles.
Les règles de gestion foncière reflètent
les structures du pouvoir et les croyances dans la société. Pour
poser le problème du rapport entre femme et foncier, G. KONATE
résume la situation foncière des femmes au Sahel en ces
termes : « Dans les systèmes sociaux où la
filiation est en général patrilinéaire, les droits
fonciers sont uniquement transmis par les hommes ; les femmes n'ont aucun droit
à la propriété de la terre, notamment en raison du
principe de l'exogamie (mariage hors du groupe d'origine). Donner aux femmes le
droit de posséder la terre équivaut à hypothéquer
une partie du patrimoine foncier du lignage. Ceci est en contradiction avec le
rapport initial à la terre fondé sur des éléments
religieux (l'alliance du premier occupant avec les génies du lieu) et
économiques (le rôle de la terre dans la reproduction du
groupe).»27(*)
Dans ces sociétés, les femmes ne peuvent pas
détenir des droits fonciers en toute indépendance de leur
époux ou des hommes de leur famille. Quand bien même les
dispositions constitutionnelles reconnaitraient des droits égaux aux
hommes et femmes, dont les droits fonciers.
Au Burkina Faso, une étude réalisée sur
les grands et les petits périmètres aménagés en
2007, par le Groupe de Recherche et d'Action sur le Foncier (GRAF)
révèle que « 92% des parcelles irriguées sont
attribuées aux hommes à la faveur des attributions dites
familiales ou par ménage. En dehors de leur nombre limité sur
certains aménagements, les femmes exploitent des superficies beaucoup
plus réduites que celles des hommes : respectivement un hectare
contre trois ».28(*) Les critères d'attribution des parcelles
sur les périmètres aménagés font la part belle aux
hommes, à travers la notion de chef de ménage.
Le département de Padéma n'est pas en reste. En
effet, l'héritage y est dénié aux femmes et dans leurs
familles d'origine, et dans leurs familles d'accueil. L'absence de certificat
de mariage constitue pour elles un obstacle à l'usage des
prérogatives offertes par le Code des Personnes et de la
Famille.29(*)
Toutefois, pour F. KI-ZERBO, G. KONATE et S. OUATTARA, les
problèmes fonciers des femmes se posent plus en termes
d'insécurité et d'instabilité que d'accès. Pour ces
auteurs, la femme est simplement un agent agricole de premier plan mal loti.
« Contrairement à une idée largement
répandue, les femmes « rurales » ont accès
à la terre. Malheureusement, il s'agit de terres marginales, qu'elles
peuvent perdre du jour au lendemain sans aucune
compensation ». 30(*)
Aussi, est-il impérieux d'éliminer toutes les
formes d'inégalité et d'iniquité de genre dans les
politiques de gestion foncière.
Selon l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture (FAO), pour une amélioration de la
productivité des terres, « (...) il convient de tenir
compte des différences de statut entre les hommes et les femmes. Il
importe aussi de définir, en matière de régime foncier,
des cadres promouvant l'égalité d'accès à la terre.
En effet, si l'on n'accorde pas une attention spécifique à cet
aspect, de nombreuses couches sociales risquent d'être exclues des
avantages que procurent l'administration, la gestion et le développement
des ressources foncières ».31(*)
Si on note une certaine unanimité sur la
nécessité de promouvoir un accès équitable au
foncier entre hommes et femmes, la question de la forme de sécurisation,
elle, fait l'objet d'opinions contradictoires.
II. 3. 4. Les formes de
sécurisation
Si les analystes s'accordent pour reconnaître que pour
investir dans la terre et pratiquer une agriculture performante, les paysans
ont besoin d'une certaine sécurité foncière, sur la
question de la forme de la sécurisation, les avis sont cependant
partagés. Il y a deux camps opposés sur ce sujet.
D'un côté, nous avons les théories
évolutionnistes des droits fonciers dont le modèle de
sécurisation foncière est la propriété
privée. Pour les tenants de ce courant soutenu par la Banque
Mondiale, on s'achemine, sous l'influence de la croissance économique et
du marché, vers une généralisation de la
propriété privée, individuelle et familiale,
parallèlement à l'effritement, puis la disparition des droits
coutumiers. Le marché représente alors, la forme
économique la mieux aboutie.
Les théories évolutionnistes ont deux variantes
essentielles32(*) :
· Dans leur formulation la plus libérale, le
passage à la propriété privée se fait de
façon spontanée, par le jeu des acteurs. Les auteurs
récusent l'intervention de l'Etat qui risquerait de compliquer la
situation et de créer de nouvelles formes d'insécurité.
· La seconde variante, d'inspiration institutionnaliste,
voit dans l'intervention de l'Etat plutôt une réponse positive
à la résolution des nombreux conflits nés des
revendications contradictoires sur un même espace et des incertitudes sur
les droits fonciers qu'entraîne la compétition croissante. L'Etat
intervient alors pour mettre en place un régime de
propriété privée, par des procédures
d'enregistrement ou de délivrance de titres.
Bien qu'elles ne s'accordent pas sur le rôle de l'Etat
dans la généralisation de la propriété
privée sur la terre, les deux variantes des théories
évolutionnistes reconnaissent le caractère dynamique, flexible et
adaptatif des systèmes fonciers locaux.
De l'autre côté, il y a la théorie des
arrangements institutionnels et de la diversité des modes
d'appropriation.33(*)
Selon cette théorie, une approche en termes de sécurisation
représente une alternative forte à la vision
« propiétariste ». Elle insiste sur la
multiplicité des droits sur les ressources, le caractère
historique et donc contingent des transformations, ainsi que l'impact de
l'intervention étatique, coloniale et postcoloniale, dans les
évolutions des systèmes fonciers locaux. Plutôt que
l'inadaptation des logiques coutumières à des densités
élevées ou des enjeux économiques nouveaux, c'est le
pluralisme juridique (les contradictions entre normes locales et normes
étatiques) qui crée l'insécurité foncière.
Les tenants de cette théorie voient l'évolution des pratiques et
des normes foncières comme le résultat des trajectoires
construites à travers le jeu des acteurs.
Tout en reconnaissant l'insertion de la terre dans les
transactions marchandes, ils en contestent le caractère
systématique et récusent la perspective exclusivement
propiétariste. « Plus qu'à une évolution
nécessaire et irréversible vers des droits exclusifs et
aliénables, on assiste à une diversification des modes
d'accès aux ressources, à l'apparition de nouvelles instances de
régulation, à une création de nouveaux arrangements
sociaux qui tentent de répondre aux enjeux actuels. Le
développement de transactions monétaires sur la terre, sur
certaines portions de l'espace ou certains types de ressources, peut aller de
paire avec d'autres formes d'arrangements, de types clientélistes ou
patrimoniaux ».34(*)
De ce point de vue, la propriété privée
n'est donc pas la seule forme de sécurisation de l'accès à
la terre. Elle est même difficilement compatible avec des modes
d'exploitation pour qui la mobilité est essentielle (pastoralisme par
exemple). Elle peut être source d'insécurité, chez les
familles pauvres obligées de vendre ou hypothéquer leur terre,
créant un paysannat sans terre.
Plutôt que de privatiser, dans cette théorie, on
parle de sécuriser. « Pour que les paysans puissent
investir, l'essentiel est qu'il disposent de droits reconnus et stables, cette
sécurisation pouvant passer par des formes multiples, dont la
propriété privée n'est qu'une des
possibilités».35(*)
C'est du reste la position de bon nombre d'acteurs du foncier
au Burkina Faso, notamment le GRAF, pour qui «la terre, patrimoine
commun hérité des générations passées, doit
servir celles présentes et à venir. Toute personne physique ou
morale a des droits et des devoirs par rapport à l'accès et
à l'utilisation d'une partie de ce bien commun. Il s'en sert dans le
respect des intérêts des autres et de celui de la Nation, et dans
le respect des intérêts des générations à
venir ; l'intérêt du plus grand nombre l'emportant sur celui
particulier et individuel sans que cela ne soit un prétexte de
négation des droits individuels. »36(*)
La PNSFMR s'inscrit également dans cette logique en
« visant à permettre à l'utilisateur et au
détenteur de terres rurales de mener efficacement leurs activités
productives, en les protégeant contre toute contestation ou trouble de
jouissance de leurs droits ».37(*)
II. 4. La théorie
générale de l'étude
Les recherches et les pratiques de communication sur le
terrain sont nécessairement guidées par des règles
théoriques. Aussi est-il impérieux de décrire avec
précision le modèle théorique dans lequel s'inscrit le
présent travail sur l'évaluation de la participation des
populations de Padéma au débat foncier.
La théorie qui illustre au mieux cette étude est
la Communication Participative pour le Développement
(CPD).
Le concept de « communication participative pour le
développement » est né de la combinaison de la
communication pour le développement et de la recherche participative.
A l'intérieur de la perspective de communication pour
le développement, deux grandes tendances se sont successivement
formées: une approche privilégiant les actions de grande
envergure et s'appuyant sur les médias de masse, et une approche de
communication à la base, appelée aussi communication
communautaire.
Ces deux tendances coexistent encore aujourd'hui, à des
degrés divers. Elles sont liées à l'évolution des
modèles de développement et de communication qui ont
marqué les efforts de développement. Dans le premier
modèle, le paradigme communicationnel a consisté à
transmettre la technologie nécessaire à l'accroissement de la
productivité. Tandis que le second modèle suppose l'animation du
potentiel de changement d'une communauté : la notion de
participation des populations au processus de développement devient donc
le concept-clé.
La recherche participative, quant à elle, est une
méthodologie qui part de l'identification d'un problème par les
personnes confrontées à ce problème, l'identification de
solutions et l'expérimentation de ces solutions. Elle se conclut par une
évaluation qui permet soit de reprendre un nouveau cycle
d'expérimentation, soit de diffuser les résultats.
La communication participative pour le développement
lie ces deux approches. Elle se définit comme « une action
planifiée, fondée d'une part, sur les processus participatifs et
d'autre part, sur les médias et la communication interpersonnelle, qui
facilite le dialogue entre différents intervenants réunis autour
d'un problème de développement ou d'un but commun, afin
d'identifier et de mettre en oeuvre une initiative concrète visant
à solutionner le problème ou atteindre le but fixé, et qui
soutient et accompagne cette initiative ».38(*)
La communication participative est une technique qui peut
faciliter le processus de développement communautaire. Elle vise
à faciliter la participation de la communauté à leurs
propres initiatives de développement grâce à l'utilisation
de diverses stratégies de communication.
Toutefois, BESSETTE fait remarquer qu'agir comme facilitateur
n'est pas chose aisée. Les agents de développement doivent
apprendre à écouter, savoir amener les gens à exprimer
leurs points de vue, les aider à atteindre un consensus et à
dresser un plan d'action, à travers l'instauration d'un dialogue.
Le chercheur ou agent de développement qui veut
travailler avec les communautés locales se doit d'établir ce
dialogue initial avec et entre les différents groupes communautaires et
de le nourrir tout au long de la démarche.
C'est ainsi que BESSETTE voit en tout intervenant en
développement travaillant avec une communauté, un agent de
communication. Selon lui, la façon d'approcher une communauté
locale, l'attitude adoptée dans l'interaction avec les membres de cette
communauté, le degré de compréhension de leurs
problèmes et la manière de recueillir l'information et de la
partager, tout cela implique une manière d'établir un processus
de communication. Et la manière dont la communication sera
établie avec les gens, conditionnera la façon dont ils se
sentiront concernés par les problèmes abordés et le
degré avec lequel ils participeront à une initiative
concrète visant à les solutionner.39(*)
Mais alors, sur quelle base peut-on dire d'un processus qu'il
est participatif ou non?
BESSETTE donne quelques indicateurs permettant de juger le
degré de participation d'un processus.
Pour l'auteur, le concept de participation implique
directement celui de communauté. « Une communauté
locale n'est pas tant un groupe homogène de personnes qu'un regroupement
d'individus et de sous-groupes ayant tous leurs propres caractéristiques
et intérêts »40(*), fait-il comprendre. D'où l'importance de
circonscrire clairement les groupes communautaires touchés par un
problème de développement et prêts à entreprendre
des actions pour faire changer la situation.
Dans un processus de communication, les acteurs sont multiples
et se situent à divers niveaux. La FAO41(*) cite à cet effet, la communauté
villageoise, les notables et autorités traditionnelles ou religieuses,
les catégories socioprofessionnelles et les partenaires au
développement. La collaboration entre ces différents acteurs
permet, selon BESSETTE, d'établir une relation de confiance entre les
intervenants et la communauté, d'encourager et de nourrir
l'échange de connaissances et d'informations et de négocier les
rôles et les responsabilités.
Un second indicateur de la participation est donné
lorsque les gens prennent la responsabilité de mener à bien une
initiative de développement. Les membres de la communauté
prennent non seulement part aux activités, mais sont engagés
directement dans le processus décisionnel et dans la planification de
l'initiative de développement. Il est utile « de cerner les
rôles et les responsabilités des intervenants engagés dans
le projet et de clarifier la contribution financière ou
matérielle de chacun d'eux dans le processus ».42(*) Ces contributions, même
modestes, procureront un sentiment d'appropriation des activités, sans
quoi l'effort sera toujours perçu comme «l'initiative des
autres ».
Le troisième indicateur de la participation est
l'exercice de la démocratie. Selon BESSETTE, sans le respect
des droits de la personne ni la liberté d'expression, le potentiel de la
communication comme déclencheur de transformations sociales est
grandement limité. La démocratie, c'est aussi accepter que
«les autres» aient le droit d'exister, d'exprimer leurs
points de vue en toute liberté, dans le calme, sans cultiver la haine et
la violence.
Comme le dit D. Wolton « le défi de la
communication est moins de partager quelque chose avec ceux dont je suis proche
que d'arriver à cohabiter avec ceux, beaucoup plus nombreux, dont je ne
partage ni les valeurs ni les intérêts »43(*). L'enjeu majeur de la
participation, c'est alors de faire converger les intérêts
divergents des individus en vue d'une cohabitation pacifique. Dans ce dessein,
il est impérieux d'instaurer une communication démocratique, un
dialogue véritable entre les acteurs.
Si cette philosophie n'est pas acquise au départ, la
communication participative pour le développement ne serait que de peu
de secours.
II. 5. Le cadre conceptuel
Cette partie est consacrée à la
définition des concepts-clés de la présente recherche. Les
concepts sont répartis dans deux groupes.
Dans le premier groupe, il y a les concepts de
foncier, de conflit foncier, de
gestion alternative des conflits et de sécurisation
foncière.
· Le foncier
De son étymologie latine
fundus, qui signifie fonds de terre, le terme foncier
désigne de façon générale ce qui est relatif au
fonds de terre.
M. MAUSS44(*) définit le foncier comme « un
fait social total » qui met en branle, toutes les composantes de
la société et donne à voir sur toutes ses facettes
sociale, économique, agro écologique et politique.
Nous percevons le concept de foncier de façon globale,
c'est-à-dire aussi bien sous son aspect matériel (la terre et
l'ensemble des ressources qui s'y rattachent : ressources hydrauliques,
forestières, fauniques, halieutiques) qu'immatériel (l'ensemble
des relations qui s'instaurent entre individus pour le contrôle et la
gestion des ressources).
· Le conflit foncier
Le terme conflit désigne une situation
dans laquelle des intérêts individuels ou collectifs s'opposent.
Les parties dont les intérêts sont compromis par certaines actions
peuvent réagir de différentes façons et élaborer
diverses stratégies pour les protéger.
Dans le conflit foncier, l'enjeu est
l'accès et le contrôle des ressources naturelles. Nous entendons
alors par conflit foncier, un différend relatif à la
terre et aux ressources naturelles rattachées qui se manifeste lorsque
des intérêts individuels ou collectifs sont divergents. Ce
différend peut s'expliquer autant par la dynamique
générale des rapports de voisinage que par des problèmes
fonciers concrets.
· La gestion alternative des
conflits
I. W. ZARTMAN fait une distinction entre résolution et
gestion de conflit. Pour lui, la résolution
« s'applique à l'élimination des causes du conflit
sous-jacent ; le plus souvent avec l'accord des acteurs. Elle s'accomplit
rarement par une action directe et nécessite généralement,
un laps de temps prolongé, même si les aspects les plus
immédiats du conflit peuvent parfois être supprimés par une
entente entre les principaux intéressés».45(*)
Par contre, la gestion se
réfère, selon lui, à l'élimination, à la
neutralisation ou au contrôle des moyens d'entretenir un conflit. La
gestion des conflits fait appel « à des mesures comme refuser
aux deux côtés, les moyens de se battre, neutraliser les moyens
d'un camp en augmentant légèrement ceux de l'autre,
séparer les combattants dans l'espace ou le temps, remplacer les
affrontements par des rencontres autour d'une table de négociation,
etc. ».46(*)
Dans le cadre de cette recherche, nous utiliserons
indifféremment les termes gestion et
résolution alternatives des conflits fonciers pour
désigner le « processus de recherche d'un consensus en vue
de la gestion des conflits liés aux droits fonciers, à la
sécurité de tenure et à l'accès à la terre.
Elle consiste en la mise en oeuvre de mécanismes alternatifs pour
gérer efficacement ces différends. Elle se caractérise par
une forte interaction entre les parties en présence et vise le consensus
aussi bien sur les causes des conflits que sur les solutions possibles. Les
parties sont libres de leurs décisions et déterminent ensemble
comment gérer le conflit. La validité de la décision
repose essentiellement sur la procédure
choisie ».47(*)
· La sécurisation
foncière
Pour DELVILLE LAVIGNE, la sécurisation foncière
renvoie à l'idée que « les producteurs ruraux ne
peuvent accomplir leurs tâches et investir du travail et/ou du
capital dans la terre que s'ils ont une garantie suffisante de pouvoir
bénéficier du fruit de leurs investissements :
récolte à court terme, garantie du droit d'usage à plus
long terme et droit de transmission pour des investissements
d'améliorations foncières ».48(*)
LE ROY quant à lui, entend par sécurisation
foncière « le processus de mise en sécurité
des acteurs relativement au droit foncier ».49(*) Pour ce faire, il faut des
règles de gestion foncière appropriées et
légitimes.
Le terme « sécurisation »
contient l'idée que la sécurité n'est pas un état
stable. Elle résulte d'un ensemble de facteurs, s'inscrivant dans le
temps et dans l'espace, à prendre en considération au cas par
cas. La sécurité n'étant donc pas donnée une fois
pour toutes, l'essentiel pour les acteurs ruraux c'est d'être dans la
dynamique de sécurisation, définie par BRUCE et MIGOT-ADHOLLA
comme « le processus par le quel les droits sont reconnus et
garantis ».50(*)
Mais, la définition que nous retiendrons dans le cadre
de notre étude est celle proposée dans la PNSFMR. La
sécurisation foncière rurale est entendue de manière large
comme, « l'ensemble des processus, actions et mesures de
toutes natures visant à permettre à l'utilisateur et au
détenteur de terres rurales de mener efficacement leurs activités
productives, en les protégeant contre toute contestation ou trouble de
jouissance de leurs droits »51(*).
Dans le second groupe de concepts, il y a : la
participation locale, la communication participative
et le dialogue.
· La participation locale
Le concept de participation locale
désigne un engagement libre dans l'espace public local qui
permet à chaque individu de partager avec d'autres des connaissances,
des idées, des savoirs, dans un objectif de changement social et de
construction de la vie communautaire.
La participation locale se présente comme la
confirmation de la place prépondérante que jouent les
communautés locales et de leur rôle dans la réalisation de
leurs aspirations collectives, ceci avec ou sans appui extérieur. Elle
constitue un moyen de réajustement du rôle des communautés
locales, valorise et canalise les dynamiques et les initiatives locales en vue
de leur organisation autonome pour la prise en charge de leur
développement.
Ainsi, nous parlerons de participation locale pour
désigner le mécanisme à travers lequel les populations
locales prennent en main leur destin en cherchant elles-mêmes des
réponses aux problèmes de terre auxquels elles sont
confrontées. La participation locale appliquée à la
sécurisation foncière se présente comme un moyen de
favoriser la prise en charge effective, par l'ensemble de la population locale,
des actions de pacification et de développement de leur terroir. Elle
assure la mise en place d'un partenariat dans la gestion du foncier au niveau
du terroir.
L'enclenchement d'une dynamique de participation locale
suppose nécessairement l'utilisation de la communication. D'où
l'intérêt de nous arrêter sur le concept de communication
participative.
· La communication participative
La communication peut être définie comme un
processus d'échange d'informations et de connaissances entre deux
entités, qui interagissent et s'influencent mutuellement.
Pour D. WOLTON, il ne suffit pas que les messages et les
informations circulent vite pour que les hommes se comprennent mieux. La
cohabitation des hommes est pour lui, le défi majeur de la
communication. « L'essentiel de la communication n'est pas
du côté des techniques, mais du côté des hommes et
des sociétés ». 52(*)
La communication est un instrument déterminant dans la
participation locale en ce qu'elle permet « l'instauration d'un
véritable climat de confiance entre les partenaires et un travail en
profondeur au niveau du terroir, en offrant à chacun la
possibilité de participer activement et d'exprimer son point de
vue ».53(*)Les interventions de la communication se situent au niveau
de l'accès à l'information, de l'instauration d'un dialogue entre
les différents acteurs en présence et des échanges
d'expériences, de savoirs et de techniques.
Pour nous, la communication participative est comme
le dit BESSETTE, « un outil de travail efficace qui peut
faciliter les processus de développement communautaire et de recherche
pour le développement. Elle vise à faciliter la participation de
la communauté à ses propres initiatives de développement
grâce à l'utilisation de diverses stratégies de
communication ».54(*)
· Le dialogue
Le dialogue peut être défini comme une
communication entre deux ou plusieurs personnes ou groupes de personnes visant
à produire un accord. A. HERRERA et M. G. DA PASSANO conçoivent
le dialogue comme la « phase de la médiation qui suit la
présentation initiale des différents points de vue et les
déclarations relatives aux intérêts en jeu et aux besoins
respectifs».55(*)
Pour P. FREIRE, le dialogue est cette rencontre des hommes,
par l'intermédiaire du monde, pour l'exprimer. Il ne se limite donc pas
à une relation « je-tu ». Le dialogue ne
peut pas s'instaurer entre ceux qui veulent
« dire » le monde et ceux qui s'y refusent, entre
ceux qui dénient aux autres, le droit de prononcer une parole et ceux
qui sont privés de ce droit non plus. C'est pourquoi il faut d'abord que
ceux qui sont privés du droit primordial à la parole
reconquièrent leur droit et que cesse cette agression
déshumanisante.56(*)
Nous définissons le dialogue comme le processus par
lequel des individus engagent une discussion d'égalité en vue de
produire un consensus. De ce fait, le dialogue suppose une véritable
réciprocité et ne peut être mis en oeuvre qu'au terme d'un
travail réflexif opéré par chacune des parties en
présence.
CHAPITRE II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
LA
PRESENTATION DU TERRAIN D'ETUDE
La zone retenue comme cadre de référence de
cette étude est le département de Padéma qui a
été érigé en commune rurale en 2006.
1. La présentation du
département de Padéma
I. 1. 1. La situation
géographique
Le département de Padéma fait partie
administrativement, des treize (13) départements de la province du
Houet. Celle-ci est localisée à l'Ouest du Burkina Faso, dans la
région des Hauts-Bassins encore appelée « vieille
zone de colonisation agricole ». La province appartient
également au bassin cotonnier du Burkina Faso.
Le village de Padéma, chef-lieu du département
du même nom, est situé au nord-est de Bobo-Dioulasso, à
environ 75 km sur l'axe Bobo - Faramana - frontière du Mali. On y
accède par une bretelle au niveau du village de Samandeni, après
une quarantaine de kilomètres de la ville de Bobo-Dioulasso.
Le département de Padéma est limité au
nord et à l'ouest, respectivement par les départements de Solenzo
et de Kouka (province des Banwa), au sud par le département de Bama
(province du Houet), au sud-est et à l'est, par le fleuve Mouhoun.
I.1. 2. Les principales
caractéristiques du département
Le département de Padéma compte douze (12)
villages administratifs57(*) et dix-sept (17) hameaux de culture. On y
dénombre 50 957 habitants selon les résultats du Recensement
Général de la Population et de l'Habitation (RGPH) de 2006, soit
une densité de 59 habitants au km².
Les Bôbôs, premiers occupants du
département, sont les autochtones. Mais les populations migrantes sont
les plus nombreuses. Constituées de Mossi, de Samo, de Peulh et de
Dafing, elles représentent plus 80% de la population totale du
département.58(*)
En outre, l'organisation spatiale de la gestion
foncière est marquée par la présence de huit (08)
maîtrises foncières59(*). Quatre villages administratifs sans maîtrise
foncière réelle dépendent de
« villages-mères », au plan de la gestion
foncière coutumière. Il s'agit des villages de Zongoma,
Hamdalaye, Nématoulaye et Wigayatoulaye.
Au plan économique et social, la production
saisonnière occupe une place prépondérante dans la
dynamique d'occupation spatiale et des formes d'appropriation foncière.
Celle-ci se caractérise par :
· l'extension démesurée des superficies
emblavées, du fait des effets conjugués du boom cotonnier, de la
mécanisation agricole et de la nucléarisation des exploitations
agricoles ;
· l'occupation anarchique de l'espace suite à une
poussée migratoire intense et incontrôlée ;
· la multiplication des centres de décision de
gestion foncière, du fait de l'affaiblissement des pouvoirs coutumiers,
la forte segmentation des lignages et le pouvoir économique grandissant
de certains ruraux, surtout les migrants.60(*)
Par ailleurs, le département de Padéma est une
importante zone de transit d'éleveurs transhumants en provenance des
provinces de la Kossi et des Banwa essentiellement, dont le bétail est
en mouvement vers le Sud de la province du Houet et la région des
Cascades.
I. 2. Le champ d'étude
I. 2. 1. Le choix des villages
d'étude
En rappel, l'opération pilote porte sur l'ensemble des
douze villages du département de Padéma. Mais dans le cadre de
cette étude, nous avons étendu nos recherches à
l'échelle de trois villages: Padéma, Djigouèma et
Banwaly.
Le choix des villages d'étude s'est fait à
partir des entretiens préliminaires réalisés avec des
personnes ressources. Nous avons tenu compte également de l'état
d'avancement de la réflexion autour des trois problématiques
foncières essentielles (la formalisation des accords fonciers, les
aménagements pastoraux et les organes locaux de gestion
foncière).
Padéma, Djigouèma et Banwaly sont tous des
villages à maîtrise foncière coutumière. En outre,
ces trois maîtrises foncières coutumières constituent l'une
des trois zones d'intervention identifiées par l 'OPSF.
I. 2. 2. La
population-cible
Les personnes ciblées dans cette étude sont les
autochtones, les migrants, les femmes et les jeunes non mariés
résidant dans l'un des trois villages du département de
Padéma (Padéma, Djigouèma et Banwaly).
Les autochtones ou propriétaires fonciers sont des
personnes issues du lignage fondateur du village et de ce fait, ont un droit
de regard et de gestion des terres qu'ils exploitent. Ils sont
détenteurs de maîtrises foncières. Pour eux, l'enjeu
principal est de reprendre le contrôle de la gestion foncière
locale.
Nous considérons comme migrant ou allochtone, toute
personne résidant dans l'un des trois villages, mais dont les ascendants
sont originaires d'autres localités. Les allochtones veulent profiter de
l'ouverture du débat foncier pour « s'affranchir »
des autorités coutumières.
Nous nous sommes intéressé également aux
femmes. Généralement en marge du partage des terres, les
productrices rurales n'ont pas voix au chapitre. Peu ou mal informées
sur leurs droits, elles ne les revendiquent presque jamais,
préférant l'injustice à leur mise à l'index par la
communauté.
Enfin, il y a les jeunes non mariés. L'enjeu majeur
pour cette frange de la population, autochtones comme migrants, c'est l'avenir.
La formalisation des accords ne se fait-elle pas en leur défaveur? Ces
jeunes ont-ils la garantie de disposer de terres dans l'avenir ?
Pour recueillir des informations complémentaires et
d'un autre ordre, nous avons approché quelques personnes ressources,
à savoir: le chargé de la coordination provinciale du Houet du
PDLO, l'opérateur technique qui assure la mise en oeuvre de
l'opération, l'équipe de l'OPSF, les présidents des
Conseils Villageois de Développement des différents villages,
ainsi que le préfet et le premier adjoint au maire de Padéma.
I. 2. 3.
L'échantillon
Au total, soixante-douze (72) entretiens ont été
réalisés dans les trois villages d'étude. Cette
étude étant qualitative, nous avons estimé qu'un
échantillon de 72 individus est assez significatif.
Tableau N°1 : La répartition de la population
d'étude par village
Villages
|
Répartition par sexe
|
Population totale
|
Population d'étude
|
Femmes
|
Hommes
|
Padéma
|
2596
|
2586
|
5182
|
24
|
Djigouèma
|
2930
|
2871
|
5801
|
24
|
Banwaly
|
1582
|
1461
|
3043
|
24
|
Total
|
7108
|
6918
|
14026
|
72
|
L'échantillon est réparti suivant les
catégories de personnes enquêtées et par village, comme
l'indique le tableau ci-dessous. Ces chiffres concernent uniquement la
population cible de l'étude (les autochtones, les migrants, les femmes
et les jeunes non mariés) et les personnes ressources.
Tableau N°2 : La répartition de la population
d'étude par catégorie d'enquêtés et par village
Villages
|
Autochtones
|
Migrants
|
Personnes ressources
|
Femmes
|
Jeunes non mariés
|
Total
|
Padéma
|
06
|
06
|
04
|
04
|
04
|
24
|
Djigouèma
|
06
|
06
|
04
|
04
|
04
|
24
|
Banwaly
|
06
|
06
|
04
|
04
|
04
|
24
|
Total
|
18
|
18
|
12
|
12
|
12
|
72
|
NB : Les catégories « femmes »
et « jeunes non mariés » concernent tant les
migrants que les autochtones.
II.
LES OUTILS ET LES TECHNIQUES DE COLLECTE DES
DONNEES
II. 1. Les outils de collecte des
données
Pour collecter les informations sur le terrain, nous avons eu
recours à deux supports : le guide d'entretien et la fiche
d'observation directe.
Concernant le guide d'entretien, nous en avons
élaboré cinq. Chaque catégorie d'enquêtés a
son guide qui lui est spécifique. Les différentes
catégories étant les autochtones, les migrants, les femmes, les
jeunes non mariés et les personnes ressources. Les grands points
qu'abordent nos guides sont :
· les enjeux fonciers ;
· le fonctionnement des GR ;
· la participation au débat ;
· les aménagements pastoraux ;
· la formalisation des accords fonciers ;
· les organes locaux de gestion foncière ;
· la prise en compte des femmes.
La fiche d'observation, quant à elle, nous est
personnellement destinée. Elle a permis de noter des informations que
nous avons observées sur le terrain en rapport avec des points retenus
au préalable (cf. annexe).
II. 2. Les techniques de collecte
des données
Nous avons procédé par des choix
raisonnés des personnes interviewées. Nous avons choisi des
personnes que nous estimons être les plus indiquées pour fournir
des informations élaborées sur notre thème. Toutefois,
nous avons accordé beaucoup d'importance à la
disponibilité et au désir de collaboration des personnes
retenues. Ce qui garantit une certaine fiabilité des informations
recueillies.
Nous avons retenu la technique de l'entretien semi-directif
pour la collecte des données auprès des groupes cibles. Tout en
étant centrée sur le sujet interrogé, l'entretien
semi-directif a pour but de garantir l'étude de l'ensemble des questions
qui intéressent l'enquêteur. Il assure aussi la
comparabilité des résultats. D'où notre choix pour cette
technique.
Quant à la technique de l'observation directe, elle
nous a permis de recueillir des informations supplémentaires dans les
villages d'étude, sans trop surcharger les personnes
enquêtées.
III. LE DEROULEMENT DE L'ETUDE
Trois étapes majeures ont marqué cette
étude : une phase exploratoire, une phase de collecte des
données sur le terrain retenu et une phase d'analyse et de traitement
des données. Cela n'a pas été sans difficulté.
III. 1. La phase
préparatoire
Dans le cadre de cette recherche, nous avons mené une
étape exploratoire en vue d'approfondir nos connaissances sur le
foncier. Nous avons procédé de deux façons : une
étape documentaire et une étape d'entretien.
La première étape a consisté à
mener des recherches documentaires. Pour avoir le maximum d'informations sur le
foncier, nous avons mené des recherches plus générales
notamment sur Internet. Mais pour une connaissance plus spécifique et
réduite à l'échelle nationale et locale, nous nous sommes
servi du Catalogue sur le foncier, une base nationale de
données documentaires élaborées par le GRAF. Cela a permis
d'étendre nos recherches aux bibliothèques des services
appropriés (CAPES, CILSS, GRAF, PNGT, PDLO, etc.). Nous avons pu ainsi
accéder à des documents et à des rapports d'études
portant sur le foncier dans la province du Houet, dans le département de
Padéma et dans les villages de Padéma, Djigouèma et
Banwaly.
La seconde étape de la phase exploratoire a
consisté en des entretiens avec des personnes ressources, sur les enjeux
de la gestion participative du foncier en général, et l'OPSF/
Padéma, en particulier. Nous avons pu échanger avec des membres
du GRAF, le responsable de la cellule foncière du PDLO et le responsable
du cabinet ODEC61(*),
l'opérateur chargé du suivi de la mise en oeuvre de l'OPSF/
Padéma. Cela nous a permis de donner une meilleure orientation à
notre étude. Les entretiens se sont déroulés directement,
au téléphone et par courriel.
III. 2. La phase de terrain
Cette phase d'investigation pratique a consisté
à nous rendre dans les villages d'étude au cours du mois de mai
2009. Une fois sur place, nous avons discuté avec les populations
suivant l'échantillonnage. Les entretiens ont été
réalisés soit au domicile des personnes retenues, soit sur leur
lieu de travail. Muni d'un enregistreur et d'un appareil photo
numérique, nous avons commencé par le village de Padéma,
chef-lieu du département. Ensuite, ce fut au tour de Djigouèma,
village situé à 4 Km du premier. Nous avons terminé par le
village de Banwaly, situé à 18 Km au nord du chef-lieu du
département.
Nous avons conduit les entretiens en étroite
collaboration avec l'animateur de l'OPSF sur place à Padéma, les
présidents des CVD et les populations elles-mêmes.
III. 3. Le traitement des
données
A l'issue des entretiens, nous avons procédé
d'abord, à la transcription et la saisie de toutes les données
recueillies. Cette première étape que nous qualifions de
« brute » comporte les questions et les réponses par
catégorie de personne enquêtée et par village.
Ensuite, nous avons procédé à un
dépouillement thématique. Cela a consisté à
découper les entretiens déjà saisis en verbatims62(*) et à en dégager
les grands thèmes. Par la suite, les verbatim ont été
répartis en fonction des thèmes correspondants. C'est
l'étape du « sémi-brut ».
Enfin, nous avons élaboré des sous -
thèmes pour chacun des thèmes retenus en première
instance. Ce n'est qu'au bout de ce processus que nous avons eu de la
matière pour élaborer un plan d'analyse.
Cette démarche a l'avantage de dégager, à
la fin, les grands thèmes, les sous - thèmes et leurs contenus
que sont les verbatims. Elle est également relativement moins harassante
et moins lourde comme tâche.
III. 4. Les difficultés
rencontrées
Nous avons rencontré un certain nombre de
difficultés dans la conduite de cette recherhe. Il y a d'abord
l'éloignement du terrain. Le département de Padéma est
situé à 75 km de Bobo-Dioulasso et à près de 500 km
de Ouagadougou. Ensuite il y a les contraintes financières. Nous avons
mené cette recherche avec des ressources très limitées.
Les déplacements, l'hebergement et la communication
téléphonique occasionnent beaucoup de frais. Comme
conséquences de ces deux difficultés, nous n'avons pu
éffectuer qu'une seule sortie à Padéma.
Par ailleurs, il y a la contrainte linguistique. Ne comprenant
pas le bobo, la langue du terroir, nous avons dû par moment faire appel
à des interprêtes de bonne volonté. Il s'agit là des
animateurs de l'OPSF ou des enquêteurs du Groupe de recherche et d'action
sur le foncier (GRAF).
Enfin il y a le problème lié la
disponibilité de certains acteurs comme le maire et le préfet.
Après plusieurs rendez-vous manqués, nous avons pu finalement les
rencontrés. Initialement prévu, nous avons renoncé au
focus group face à la quasi impossibilité de réunir un
certains nombre d'acteurs. Producteurs étaient pris par leurs
activités agricoles et les rencontres des Groupes de Réflexion
avaient officiellement pris fin.
CHAPITRE III : CONTEXTE
GENERAL DE L'ETUDE
Longtemps considérée comme secondaire, ou ne
posant pas de problème majeur, la question foncière en zones
rurales est revenue sur le devant de la scène dans les années
1980. Il y a aujourd'hui, une unanimité dans les pays d'Afrique de
l'Ouest sur le fait que le développement économique du monde
rural passe nécessairement par la sécurisation foncière
des producteurs ruraux.
A travers ce chapitre, nous faisons une brèche sur
l'évolution des politiques foncières en Afrique de l'Ouest depuis
1980. Les principales évolutions politiques en matière de foncier
rural au Burkina Faso font l'objet du second grand point du chapitre. En fin de
chapitre, nous dressons le contexte lié au foncier dans le
département de Padéma.
I.
DYNAMIQUES FONCIERES EN AFRIQUE DE L'OUEST
Deux grandes orientations marquent les dynamiques
foncières sous-régionales depuis les années 1980 :
les politiques de privatisation des années 80 et les approches des
années 90 qui tentent de prendre en compte les droits et les instances
locales de gestion foncière.
I. 1. Les politiques de
privatisation des années 80
Dans les années 80, la question foncière a pris
une place importante dans les débats sur le développement en
Afrique de l'Ouest. Dans la foulée, des Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS), les institutions internationales ont prôné la
privatisation des terres comme condition de l'intensification de la production
et d'un décollage économique. Pour les institutions
internationales comme la Banque Mondiale et le Fonds Monétaire
International (FMI), la résolution du dualisme juridique
(législation nationale/ logiques locales) passe par la privatisation des
terres, qui généraliserait une propriété
privée individuelle. De plus, elle est censée clarifier et
sécuriser les droits, favoriser l'accès au crédit et
stimuler l'investissement dans l'agriculture.
Les réformes des années 80 introduisaient ainsi,
une notion de propriété privée de la terre, bien souvent
absente dans les législations coloniales et post-coloniales - hormis
l'immatriculation, qui reste la référence essentielle.
Cependant, ce modèle va se heurter aux
réticences des populations, craignant les conséquences sociales
du modèle de propriété privée, et celles des Etats,
coincés entre les enjeux politiques de la question foncière et
les problèmes fonciers concrets que cela pose. Aussi dès le
début des années 90, note-on un infléchissement sensible
des thèses propriétaristes des institutions
internationales. Parallèlement, la question du dynamisme des
systèmes fonciers locaux refait surface. On se tourne alors vers une
gestion plus locale de la terre.
I. 2. Les approches des
années 90
Les réformes des années 90 tentent, par des
voies diverses, de trouver de nouvelles articulations entre modes de
régulation coutumier et étatique, en partant d'une
volonté, plus ou moins forte, de prendre en compte les droits et
instances locales.
E. LE ROY (1998) identifie quatre types d'approches pour
l'Afrique de l'Ouest francophone :
Les politiques de codification :
elles consistent à identifier les règles locales et à les
intégrer dans la loi. Il s'agit d'intégrer les systèmes
coutumiers de gestion foncière au sein d'un dispositif de droit positif.
Les règles sont précisées dans les textes. Le Code Rural
du Niger, qui s'appuie sur de longues enquêtes sur les pratiques locales,
rentre dans ce cadre-là. Mais dans la pratique, la volonté de
prendre en compte les pratiques locales se heurte à leur
diversité.
Les Plans Fonciers Ruraux (PFR) :
qualifiés de politiques instrumentales, ils sont fondés sur la
cartographie et la reconnaissance juridique des droits. Ces démarches,
mises en place en Côte d'Ivoire, en Guinée, au Bénin et au
Burkina Faso, reposent sur une volonté d'identifier et de cartographier
l'ensemble des droits existants, reconnus localement, sans présager de
leur origine. L'objectif est de matérialiser les droits existants,
quelle que soit leur origine, en faisant consensus à l'échelle
locale.
Les politiques de gestion
décentralisée : fondées sur la
délégation de la gestion foncière à des instances
locales, elles octroient aux populations un droit de définir et de
mettre en oeuvre les règles de gestion de la terre et des ressources.
L'expérience la plus poussée en la matière est
recensée à Madagascar, avec une ambitieuse articulation entre
gestion décentralisée et décentralisation administrative.
L'objectif est de mettre en oeuvre une « gestion locale
sécurisée » des espaces communs, fondée sur
un transfert de compétences aux communautés rurales de base.
Les observatoires du foncier :
ils ont pour principe de constituer, dans la durée, une capacité
d'observation des changements fonciers sur une problématique
définie et sur une série de lieux perçus comme
représentatifs ou significatifs. La logique des observatoires vise
à comprendre les pratiques et régulations locales pour alimenter
l'élaboration d'une nouvelle politique, comme ce fut le cas au Mali
entre 1994 et 1998.
II.
LE CONTEXTE NATIONAL
Au Burkina Faso, les principales évolutions politiques
foncières rurales en cours sont l'élaboration et l'adoption de la
Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rural
(PNSFMR) et de la loi portant régime foncier rural (RFR).
II. 1. La PNSFMR : une élaboration
participative
En décidant d'élaborer et de mettre en oeuvre
une Politique Nationale de Sécurisation Foncière en Milieu Rural
(PNSFMR), le gouvernement burkinabè s'est attaqué à une
contrainte fondamentale de développement, un enjeu social majeur et un
défi immense auquel reste confronté l'ensemble des pays d'Afrique
subsaharienne. La démarche engagée s'est basée, de
façon explicite et concrète, sur un certain nombre de choix
initiaux, à savoir :
a. La mise en place d'un cadre pluri-acteurs de concertation
et de pilotage pour prendre en compte la dimension multisectorielle de la
question foncière : le Comité National pour la
Sécurisation Foncière en Milieu Rural (CNSFMR) ;
b. La création de la Direction Générale
du Foncier Rural et des Organisations Paysannes (DGFROP) ;
c. La mise en discussion et la définition claire des
orientations foncières publiques avant de les traduire en langage
juridique ;
d. Et la conception d'une méthodologie
d'élaboration originale et centrée sur le dialogue politique,
favorisant l'expression et le positionnement des différents groupes
d'acteurs.
L'élaboration de la PNSFMR a
bénéficié d'un engagement politique fort. En
témoigne le thème du forum de la Journée Nationale du
Paysan organisée le 27 janvier 2006 à Manga : «
Sécurisation foncière et accroissement durable des productions
agro-sylvio-pastorales ».
Les concertations se voulaient être ouvertes. Elles ont
permis aux différentes parties intéressées de
dégager dans un premier temps, leurs positions non seulement sur le
diagnostic établi, mais aussi sur les orientations proposées et
de se retrouver ensuite, pour discuter des positions et arguments de chacun.
Ont pris part à cet exercice, les organisations de producteurs (OP), de
femmes, les autorités coutumières et religieuses, les maires,
l'administration déconcentrée et décentralisée, le
secteur privé agricole.
En 2007, la Journée nationale du paysan fut l'occasion
pour les 300 délégués présents d'approfondir les
débats sur les points d'accord et de divergence. Quatre ateliers
régionaux intercatégoriels rassemblant 330 participants ont
permis de nouer le dialogue entre groupes d'acteurs. Outre ces concertations
initiées par la DGFROP, il faut noter l'accompagnement des OP par des
acteurs non étatiques -- principalement le Groupe de recherche et
d'action sur le foncier (GRAF) -- dans la réflexion et l'appropriation
du document de la PNSFMR. Cet engagement politique des différents
acteurs a abouti à l'adoption de la PNSFMR en Conseil des Ministres, le
05 septembre 2007. Le décret n°2007-610/PRES/P M-MAHRH du 04
octobre 2007 consacre l'existence de cette PNSFMR.
II. 2. La loi portant
Régime Foncier Rural
Adoptée en 1984, la Réorganisation Agraire et
Foncière (RAF) avait pour vocation d'une part, de remédier au
flou imposé par le régime dualiste de gestion des terres
post-coloniales et d'autre part, de promouvoir le développement
économique et social. En dépit de ses relectures successives
(1991 et 1996), la RAF n'a pas permis d'aboutir à des réponses
appropriées à la question de sécurisation des acteurs
ruraux. Les insuffisances constatées de la RAF sont, soit liées
à l'inadaptation de certaines de ses dispositions aux contextes
socio-économique et politico juridique, soit à des
inconvénients révélés par leur mise en pratique. La
RAF régit plus le foncier urbain que le foncier rural.
Fort de ce constat, les autorités publiques ont
décidé de l'élaboration d'une loi qui va régir
spécifiquement le foncier rural. Le projet de loi portant régime
foncier rural est le fruit d'un long processus participatif ayant
impliqué l'ensemble des acteurs ruraux intéressés,
notamment les producteurs, les organisations professionnelles agricoles, les
responsables coutumiers et traditionnels, les responsables religieux, les
organisations de femmes, ainsi que la société civile, les
services de l'Etat et les responsables des collectivités territoriales.
C'est au terme de ce processus que l'Assemblée Nationale a
procédé à l'adoption du projet de loi, le 16 juin 2009.
La loi portant régime foncier rural comprend six titres
et cent douze articles. Cette nouvelle loi introduit un certain nombre
d'innovations juridiques importantes. Elle consacre l'existence de trois
propriétaires fonciers plutôt qu'un seul : l'Etat, les
collectivités territoriales et les particuliers. Cette loi se veut
être également souple dans son application. Elle prévoit
l'élaboration de chartes foncières locales qui sont des
conventions dont l'objectif est d'adapter les dispositions de la loi à
la diversité des us et coutumes et pratiques foncières locales.
En outre, c'est une loi de même dimension que le code forestier, le code
de l'environnement, le code de l'eau, la loi d'orientation sur le pastoralisme,
etc.
III. LE CONTEXTE DU DEPARTEMENT DE PADEMA
Mise en oeuvre dans un contexte marqué par une
insécurité foncière prononcée, l'opération
pilote avait pour but de pacifier la zone de Padéma.
III. 1. Le diagnostic de la
situation foncière
Selon le diagnostic initial de la situation foncière
réalisé dans le cadre de la mise en oeuvre de l'opération
pilote en 2004, le département de Padéma se caractérise
par une instabilité et une précarité foncières.
L'insécurité foncière se manifeste par la montée
continue des tensions et conflits entre différents groupes d'acteurs aux
intérêts souvent contradictoires: autochtones et migrants,
agriculteurs et éleveurs, autochtones et autochtones, migrants et
migrants, etc.
Plusieurs facteurs expliquent cette situation d'ensemble. On
peut retenir :
ü la remise en cause des accords fonciers anciens
passés entre les autochtones et la première
génération de migrants ;
ü l'inadaptation et la non appropriation locale des
réglementations nationales, la RAF notamment ;
ü l'absence de cadres ou espaces réels de
régulation foncière locale ;
ü la multiplicité des centres de décision
et de gestion foncière ;
ü et l'émergence de nouvelles formes de
transactions foncières telles que la location et la vente de terre.
Les conséquences sont multiples:
insécurité foncière grandissante, opacité des
transactions foncières, recrudescence des conflits entre acteurs locaux,
timidité des interventions de l'administration locale.
C'est dans ce contexte qu'est intervenue la mise en oeuvre de
l'opération pilote de sécurisation foncière en 2004.
III. 2. L'OPSF/ Padéma
L'OPSF/ Padéma est un volet du Projet de
Développement Local de l'Ouest (PDL-O) et concerne uniquement le
département de Padéma. En cours depuis janvier 2004, elle a
construit de façon itérative, une approche basée sur le
dialogue avec les populations rurales et la recherche de solutions
consensuelles adaptées au contexte de cette zone de forte immigration.
Partant de la réflexion sur les enjeux fonciers à mettre en
relation avec les intérêts particuliers de chaque catégorie
d'acteurs, l'OPSF s'est fixé les objectifs suivants :
· Dans l'immédiat, il s'agit de favoriser le
dialogue entre les différentes composantes de la population autour des
questions foncières et réduire les tensions sociales autour du
foncier ;
· Dans le court terme, il s'agit de faire l'état
des lieux de l'organisation spatiale et de la gestion foncière dans le
département de Padéma et de clarifier les pratiques
foncières existantes ;
· A moyen terme, il s'agit de créer les conditions
pour la mise en place et le fonctionnement d'organes locaux de gestion et de
régulation foncières, ainsi que les conditions pour
l'enregistrement des droits fonciers et accords locaux.
L'OPSF de Padéma, dans une démarche progressive
et graduelle, a une double finalité. Celle d'élaborer un
référentiel méthodologique de traitement de la question
foncière dans une zone de forte colonisation agricole et de conflits
fonciers, ainsi que celle de contribuer à l'intégration des
contraintes foncières dans les interventions de développement
local.
Deuxième
partie : Participation des populations au débat foncier
CHAPITRE I: MODALITES, IMPLICATION EFFECTIVE ET LIMITES
La participation est l'implication des populations locales
dans la conception et la gestion de toutes les activités de
développement de leur milieu et de leur terroir. La participation n'est
pas une fin en soi, mais un principe de base à observer pour une gestion
concernée des ressources naturelles et l'amélioration des
conditions de vie des populations. A travers la mise en oeuvre de l'OPSF/
Padéma, la question de la participation des populations locales a
été abordée de front. Mais, quelles sont les
modalités de mise en oeuvre de cette participation? Quel est le
degré d'implication réelle des différentes composantes des
populations locales? Quelles en ont été les limites?
I.
LES MODALITES D'IMPLICATION DES POPULATIONS DANS LE DEBAT FONCIER
Les modalités théoriques de participation des
populations au débat et à la prise de décision s'observent
à travers les approches et les principes directeurs adoptés au
départ, et les cadres de concertation mis en place.
I. 1. Les approches et les
principes directeurs de l'OPSF
Les approches de mise en oeuvre de l'OPSF sont à la
fois graduelles et centrées sur le dialogue. La nécessité
d'une approche graduelle s'explique par le contexte spécifique
d'intervention caractérisé par une montée des tensions
sociales, la rupture du dialogue et une diversité des situations
locales. Les situations locales sont marquées par la présence de
villages sans maîtrise foncière, l'existence de plusieurs
générations de migrants, la volonté ou non de s'engager
dans le processus, etc. Le dialogue a été instauré autour
des préoccupations foncières exprimées par les populations
locales.
En outre, la mise en oeuvre de l'OPSF est basée sur
trois principes. Le premier principe prône l'implication et la
participation de toutes les composantes sociales.
Le second principe est le refus de toute solution
préétablie ou imposée de l'extérieur.
L'intervention extérieure se situe dans un rôle de
médiation et favorise l'expression des points de vue, afin d'accompagner
le processus de négociation entre acteurs locaux. Les axes de travail,
résumant les préoccupations des acteurs ruraux, ont
été définis de façon concertée, au niveau
local. Le rôle de l'animateur, c'est de faire en sorte que tous les
enjeux soient explorés.
Le troisième principe est la mise en oeuvre de
solutions consensuelles. La recherche du consensus est placée au coeur
de ce processus. En effet, aucune catégorie d'acteurs n'est
placée en situation de monopôle. Chaque groupe d'acteurs est
appelé à revoir ses prétentions à la baisse, afin
que tous y gagnent au bout du compte.
I. 2. Les diagnostics conjoints
initiaux
La participation des populations a été effective
dès le départ du processus. Au cours des premiers mois, entre mai
et novembre 2004, des diagnostics sur la situation foncière ont
été établis dans chaque village conjointement entre un
cadre de l'OPSF et les habitants. Toutes les composantes, ainsi que les
autorités coutumières ont été sollicitées.
Cet état des lieux visait à dresser un tableau historique,
démographique, géographique et socioéconomique en lien
avec les modes de gestion traditionnelle du foncier de chaque village. Les
données ainsi obtenues ont été présentées
aux populations, dans un premier temps, aux groupes autochtones et allochtones,
puis dans des assemblées villageoises. À l'issue des
concertations, les acteurs ont validé d'une part les données
collectées, d'autre part, convenu des axes de travail. A
l'échelle départementale, dix axes de travail ont
été.
Tableau n°3 : Les axes de travail
Axes de travail
|
Villages
|
Entretien, restauration des sols, intensification agricole
|
Padéma, Zongoma, Hamdalaye, Sioma, Bonkouma, Lahirasso,
Kolédougou, Kimini, Nématoulaye, Wigayatoulaye
|
Formalisation des accords fonciers
|
Padéma, Zongoma, Hamdalaye, Djigouèma, Banwaly,
Sioma, Bonkouma, Kolédougou, Kimini
|
Organes de gestion du foncier
|
Padéma, Zongoma, Banwaly, Bonkouma, Kimini
|
Délimitation, matérialisation des parcelles
|
Banwaly, Bonkouma, Kolédougou
|
Regroupement de l'espace
|
Djigouèma
|
Accueil des transhumants
|
Banwaly
|
Gestion des ligneux
|
Banwaly
|
Aménagements pastoraux
|
Bankouma
|
Matérialisation des limites de terroirs
|
Kolédougou
|
Situation des premiers migrants
|
Zongoma, Hamdalaye
|
Source: Rapports mensuels d'activités de l'OPSF,
2006.
I. 3. Les Groupes de
Réflexion (GR)
Mis en place à l'échelle des villages
administratifs et des maîtrises foncières, les Groupes de
Réflexion (GR) sont constitués de représentants de la
communauté villageoise désignée lors des premières
rencontres villageoises. Le critère de base de la
représentativité est l'ethnie. Aussi trouve-t-on des
représentants des différents groupes ethniques et les
responsables des lignages fondateurs du village. Pour allier
légitimité et légalité, les membres de la
sous-commission foncière du CVGT et le Délégué
Administratif Villageois (DAV)63(*) ont été associés. Le GR de
Padéma qui compte parmi ses membres deux femmes, constitue une exception
dans le département.
I. 3. 1. La physionomie des
GR
Le tableau suivant synthétise la physionomie des GR des
trois villages d'étude, à savoir Padéma, Djigouèma
et Banwaly.
Tableau n° 4: La physionomie des GR
Localité
|
Nombre de membres
|
%
Hommes
|
%
Femmes
|
%
Alphabétisé ou scolarisé
|
%
Membres ayant d'autres responsabilités dans le
village
|
Age moyen
|
%
Migrant
|
Padéma
|
17
|
88,24
|
11,76
|
57
|
57
|
50.78
|
44
|
Banwaly
|
15
|
100
|
00
|
54.5
|
34
|
50.09
|
40
|
Djigouèma
|
16
|
100
|
00
|
31
|
43.7
|
50
|
41
|
Moyenne
|
16
|
96,08
|
3,92
|
47,5
|
44,9
|
50,29
|
41,66
|
Source: OPSF/Padéma, octobre 2007
Les principaux constats suivants peuvent être fait
à l'analyse du tableau:
· Le nombre moyen de personnes siégeant dans les
groupes de réflexion est de 16 membres. Les extrêmes se situent
entre 15 et 17. Une telle taille du groupe, assez maîtrisable, permet
d'engager des discussions fructueuses.
· Les hommes représentent 96,08% des membres
inscrits dans les groupes de réflexion. Les femmes ne
représentent que 3,92%. En réalité, seul le groupe de
Padéma compte parmi ses membres, deux femmes. Toutefois, ces femmes
assistent aux débats, mais ne participent pas. Elles prennent rarement
et difficilement, la parole. Dans les deux autres GR, les hommes
représentent 100% des membres.
· L'âge moyen des membres des trois groupes de
réflexion est de 50,29 ans. Les membres les plus jeunes ont une
trentaine d'années et les plus âgés ont parfois plus de 74
ans. Ceci dénote l'intérêt accordé à la
réflexion sur le foncier dans les villages.
· En moyenne, 44,9% des membres de ces groupes ont
d'autres responsabilités dans le village ou dans le département.
Si cela montre qu'ils sont les plus actifs, le risque est que les occupations
multiples occasionnent parfois, une indisponibilité des responsables,
surtout lorsqu'on a le plus besoin d'eux.
· Dans l'ensemble, 47,5% des membres des trois GR sont
alphabétisés ou scolarisés. Ce qui dénote un bon
niveau des personnes choisies pour animer les groupes de réflexion,
compte tenu de la réalité dans les villages et campagnes.
· Enfin, 41,6% des membres des GR sont des migrants
(agriculteurs et éleveurs). Pourtant dans tous les trois villages, les
migrants sont majoritaires. Dans le GR de Banwaly, les migrants sont
représentés à hauteur de 40%, alors qu'ils
représentent 80% de la population de la maîtrise foncière.
S'agissant de la représentation des éleveurs,
elle se résume généralement, à l'inscription d'un
Peulh lorsqu'un campement existe sur le terroir. Or, la plupart des exploitants
du département se considèrent aussi éleveurs du fait
qu'ils détiennent un noyau de bovins ou simplement des boeufs de trait.
Mieux, les éleveurs ne sont pas représentés à
Banwaly, alors que les transhumants sillonnent ces terroirs. Dans l'ensemble,
la composition des GR semble « tenir la route ».
Les principales insuffisances concernent la faible représentation
des éleveurs transhumants. « C'est difficile d'impliquer
les transhumants car ils ne sont pas sur place. Aujourd'hui tu les vois au
nord, demain ils sont au sud »64(*).
I. 3. 2. Le fonctionnement des
GR
La plupart des GR ont été constitués
entre octobre et novembre 2004 dans le processus de restitution des
résultats du diagnostic initial sur la situation foncière. Leur
fonctionnement est effectif depuis février 2005. Le rôle des GR
est clairement défini: il s'agit de forces de proposition et non pas de
décision. Le GR est un cadre restreint qui permet de mieux discuter
entre acteurs locaux. Son rôle, c'est de faire avancer la
réflexion sur les axes de travail identifiés par les populations
et de leur proposer des solutions socialement acceptables et techniquement
réalistes et réalisables.
Le GR se réunit sur convocation de l'animateur de
l'OPSF qui a la charge d'encadrer les réunions. L'animateur est une
force de proposition. Il maîtrise bien la langue et la culture locales.
Il doit faire avancer les débats, appeler à des solutions
consensuelles et veiller à la faisabilité des solutions
émanant du GR. L'animateur est également un
référant et doit apporter ses connaissances concernant les
textes légaux. Pour les membres des GR, l'animateur est mieux
informé et c'est son métier que de donner ce type d'information
et d'apporter des réponses à toutes les questions que pourraient
poser les populations.
A la fin de chaque rencontre, les membres du GR doivent
théoriquement, rendre compte des discussions à leurs
communautés respectives. Mais dans la pratique, ce n'est pas toujours le
cas. « Quand je rentre, je dis aux membres de ma famille et
à mes voisines ce qu'on a retenu. Ils me donnent aussi leur
avis »65(*). L'efficacité des GR se mesure donc
à partir des séances internes de travail organisées et de
la tenue d'assemblées villageoises autour des axes de travail.
I. 4. L'assemblée
villageoise
Organe résolument démocratique,
l'assemblée villageoise est au coeur du dispositif participatif. Ouverte
à toute la population, elle constitue une force de décisions.
« Les Gens sortent beaucoup (aux assemblées villageoises).
Ils contribuent à améliorer nos (GR) propositions. Souvent, ils
apportent de nouvelles choses auxquelles nous n'avions pas
pensé »66(*). Les premières assemblées
villageoises ont décidé des axes de travail sur lesquels devaient
réfléchir les GR. Lorsqu'il y a eu des avancées
suffisantes, le GR convoque une assemblée villageoise. Il lui
précise ses travaux et soumet au vote (à main levée ou par
acclamation) ses propositions. L'assemblée est souveraine. Elle peut
adopter les propositions avec ou sans amendement, ou les rejeter. Mais dans la
pratique, les cas de rejet sont plutôt très rares. Les populations
interviennent directement dans le processus de prise de décision. De la
participation aux assemblées villageoises dépend, donc le bon
fonctionnement de la participation, de façon générale.
Schéma 1 : Les mécanismes de la
participation
Autoévaluation
REALISATIONS
Anime
Anime
Valide
GR : propose
Equipe OPSF
Soumet au vote
Rejette, amende
Choisit
Assemblée villageoise :
décide
Fournit un appui
Organe extérieur
Organes villageois
Source : inspiré d'un modèle
proposé par l'OPSF
Théoriquement, les conditions de participation sont
réunies. Mais qu'en est-il exactement dans la pratique ?
II.
LA PARTICIPATION DANS LES FAITS
De façon pratique, la mise en oeuvre de la participation
s'observe, à travers l'implication réelle des populations et
aussi, les avancées enregistrées dans la conduite de la
réflexion sur les axes de travail.
II. 1. L'implication des
populations
II. 1. 1. Les GR jugés
par leurs membres
Le groupe de réflexion est défini par ses
membres comme un lieu où autochtones et migrants, cultivateurs et
éleveurs se rencontrent pour discuter et trouver des solutions aux
problèmes de terres. De l'avis général de ces derniers,
l'intervention de l'OPSF a permis de pacifier la zone. Les discussions au sein
des cadres de concertation ont permis une amélioration de la situation
foncière. Visiblement, l'OPSF a atteint son premier objectif, à
savoir, le rétablissement du dialogue. Des discussions franches se
tiennent entre autochtones et allochtones, alors que dans un passé
récent, le foncier était un tabou entre ces deux groupes
d'acteurs.
Pour y arriver, il a fallu rassurer les populations, les
mettre en confiance. En effet, lors des premières rencontres, les
animateurs ont constaté d'une part, une absence régulière
ou une faible participation des migrants, et d'autre part,
l'omniprésence des notables. Pour les migrants, l'OPSF visait à
retirer leurs champs pour les remettre aux autochtones. D'où la peur de
se montrer. Par contre, les autochtones voyaient en cette intervention
extérieure, une manigance des migrants pour les spolier des terres
qu'ils ont prêtées souvent depuis plusieurs décennies. Ce
qui justifie leur omniprésence aux rencontres. La stratégie de
l'OPSF a consisté à rencontrer les deux parties d'abord
séparément, puis ensemble pour lever toute équivoque. Au
fil du temps, les doutes et méfiances se sont estompés et la
confiance s'est installée entre les populations et les agents de l'OPSF.
Pour les membres des GR, l'ouverture du dialogue est un
progrès considérable. Tous souhaitent la pérennisation des
cadres de concertation, car, selon eux, c'est uniquement dans ces organes que
le dialogue peut se poursuivre. En outre, la plupart des membres des GR
maîtrise les différentes problématiques dont ils ont
discuté et sont capables d'expliquer de mémoire, les
décisions prises. Ce qui témoigne d'un certain degré
d'appropriation du processus par ces derniers.
II. 1. 2. Les GR vus par les
populations
Dans les différents villages visités, les
populations sont parfaitement au courant de l'existence des GR. De l'avis
général des personnes enquêtées, l'intervention de
l'OPSF a permis d'estomper de nombreux conflits entre autochtones et
allochtones. Les retraits de terres, principales causes de conflit entre les
deux groupes sus-cités, ont fortement diminué depuis
l'instauration des GR. « Aujourd'hui, les autochtones et les
migrants s'asseyent ensemble pour parler de la terre, alors qu'avant
c'était une question taboue »67(*). Le GR se présente comme une organisation
voulue et mise en place par les populations locales en vue de rechercher des
solutions aux problèmes de terres auxquels elles sont
confrontées. Suivant les enjeux personnels, les personnes
enquêtées maîtrisent certaines décisions issues des
concertations. Les éleveurs, Peulhs notamment, sont capables de
restituer de mémoire, toutes les mesures et décisions d'actions
issues de la réflexion sur la problématique pastorale. Les
cultivateurs, quant à eux, attendent avec un enthousiasme particulier,
la formalisation des accords fonciers.
II. 1. 3. La participation en
chiffres
Les chiffres qui ressortent dans ce paragraphe concernent les
activités que les GR des trois villages ont menées uniquement au
cours de l'année 2006. Le GR de Padéma est celui dont les
réunions sont les plus fréquentes avec une cadence de vingt un
(21) jours. Les cadences des réunions sont de trente-six jours pour le
GR de Djigouèma et quarante jours pour celui de Banwaly. Les taux moyens
de présence des membres des GR aux réunions sont de 75% pour
Djigouèma, 73% pour Banwaly et de 70% pour Padéma.
Conformément à leur représentation, il y a
systématiquement plus d'autochtones présents aux réunions
que de migrants. Les taux moyens de participants autochtones aux rencontres
vont de 55% (Banwaly) à 67% (Padéma et Djigouèma) et pour
les migrants, de 35% (Padéma et Djigouèma) à 45%(Banwaly).
Pour cette année 2006, les taux de participation pris globalement,
peuvent donc être jugés satisfaisants dans ces trois villages.
Mais, la participation des migrants est à certains égards,
insuffisante.
Tableau n°5: Les activités des GR en
2006
Villages
|
Cadences des réunions (en jours)
|
Nombre de membres
|
Nombre moyen de participants
|
Nombre moyen de migrants présents
|
Nombre moyen d'autochtones présents
|
Padéma
|
21
|
17
|
12
|
04
|
08
|
Djigouèma
|
36
|
16
|
12
|
04
|
08
|
Banwaly
|
40
|
15
|
11
|
05
|
06
|
Source: Comptes rendus d'activités, OPSF
II. 2. La réflexion sur les
axes de travail
L'évaluation de la participation se fait
également à travers les acquis qu'elle permet aux populations
d'engranger. C'est pourquoi nous avons décidé de nous
arrêter un instant, sur les résultats de la réflexion
menée autour des axes de travail. Au départ, les populations ont
identifié une dizaine d'axes de travail à l'échelle
départementale. Chemin faisant, certains ont été
abandonnés ou greffés à d'autres. En fin de compte, les
populations ont retenu trois (03) axes de travail qui sont : la formalisation
des accords fonciers, les aménagements pastoraux et les instances
locales de gestion foncière. Les GR ont longuement
réfléchi à ces axes et sont parvenus à des
consensus sur décisions d'actions concrètes.
II. 2. 1. L'axe sur la
formalisation des accords fonciers
Cet axe, parmi les deux plus cités lors des
premières rencontres, a fait l'objet de travaux dans de nombreux
villages du département. Dans un premier lieu, les GR ont établi
que les transactions doivent être écrites. Dans la maîtrise
foncière de Banwaly par exemple, des contrats-types ont
été rédigés. Les identités des deux parties
sont précisées, l'objet de la transaction, minutieusement
défini dans le temps et dans l'espace.
Ensuite, les populations ont retenu des formes de transactions
qu'elles jugent acceptables vis-à-vis des us et coutumes. C'est ainsi
que les locations et les ventes de terres ont été
prohibées. De nouvelles transactions ont été
adoptées à l'issue du travail des GR. Le prêt à
durée déterminée a été
préconisé par les migrants et les autochtones que cela
sécurise. Les prêts à durée déterminée
concernent les terres acquises sur des jachères par des migrants. La
seconde transaction est l'accord de jouissance permanente dont
bénéficient les autochtones et les migrants installés dans
les villages depuis plusieurs décennies.
Enfin, pour mettre en place ces accords, les populations ont
procédé au recensement des exploitations des maîtrises
foncières villageoises. Cela a permis de connaître qui est
détenteur des droits fonciers sur chaque parcelle, qui l'exploite,
comment l'exploitant a obtenu sa terre.
II. 2. 2. Les
aménagements pastoraux
Cet axe n'a été mis à l'ordre du jour
qu'en fin 2005. Les discussions sur la question pastorale ont commencé
en 2006. Au bout de trois (03) années de négociations, des
avancés significatives ont eu lieu: des actions concrètes ont
été mises en oeuvre. Les populations ont d'abord,
procédé à l'identisation des trajectoires des pistes
à bétail. Ensuite, il y a eu plusieurs étapes avant de
déboucher sur la matérialisation des pistes: recensement des
cultivateurs riverains, négociations avec eux pour la libération
des emprises foncières, négociations avec les détenteurs
des droits fonciers coutumiers, signature des procès-verbaux de donation
foncière des domaines fonciers traversés par les pistes,
constitution d'équipes pour la matérialisation à la
peinture des pistes. Toutes ces actions ont été menées par
les GR, en étroite collaboration avec les CVD et les populations. Enfin,
des comités de surveillance des pistes ont été
installés. Des responsables habitant à proximité des
pistes sont chargés de veiller au bon usage d'une portion de
celles-ci.
II. 2. 3. Les instances locales
de gestion foncière
La création d'organes locaux de gestion foncière
répond à un besoin exprimé par les populations de
réguler le jeu foncier. La réflexion sur cet axe, a
commencé depuis 2004. Les négociations ont beaucoup
piétiné sur cette question. Cela s'explique par les enjeux
politiques liés à la gestion du foncier. Les populations sont
tout de même parvenues à un consensus. Elles ont
procédé à la mise en place de deux organes: un organe de
gestion du foncier et un organe de médiation. La mise en place de ces
organes est effective dans les trois maîtrises foncières de
Padéma, Djigouèma et Banwaly.
Certes des acquis considérables ont été
enregistrés grâce à la participation, mais des
insuffisances subsistent, notamment dans sa mise en oeuvre.
III. LES LIMITES DE LA PARTICIPAION
Au nombre des limites constatées dans le processus, il
y a l'insuffisance de réalisations, la mauvaise circulation de
l'information, l'analphabétisme, la question de la
représentativité et la fin de l'OPSF.
III. 1. L'insuffisance des actions
concrètes
La mise en oeuvre de l'OPSF par le PDL-Ouest s'est
accompagnée d'un volet développement local. En une année
d'activités, le volet développement local a réalisé
plusieurs infrastructures dans les villages: maternités, dispensaires,
écoles, forages, etc. Les membres des GR perçoivent ce manque de
réalisations au niveau de l'OPSF. « Je ne vois pas les
effets du GR. Ils sont là à parler longuement. Mais rien ne sort
comme réalisation. Leur discussion ne sert à
rien »68(*). De plus, les populations étaient
indemnisées pour chacune des activités initiées par le
programme de développement local auxquelles elles participaient. Tandis
qu'au niveau de l'OPSF, elles étaient beaucoup sollicitées, mais
aucune indemnisation n'était prévue. Cela a été une
source de démotivation. Beaucoup de personnes interrogées n'ont
pas manqué de souligner leur découragement à un certain
moment face au peu de réalisations concrètes. La lenteur des
travaux s'explique par le choix d'une approche participative. Les discussions
et la recherche du consensus prennent beaucoup de temps. La procédure de
prise de décision est longue. Elle tient aussi au manque de moyens
alloués à l'OPSF. Ainsi, il s'avère qu'à
Padéma et à Banwaly, tout était prêt pour un
recensement général des exploitations dès le premier
trimestre de 2005.
III. 2. La mauvaise circulation de
l'information
Au cours des entretiens, des personnes ont avoué
n'avoir jamais participé à une assemblée villageoise par
manque d'information. Ce sont en général, des cultivateurs
marginaux, des éleveurs et certains jeunes. L'information circule en
effet, par les réseaux sociaux, de bouche à oreille. Il faut donc
être dans un réseau connecté à un membre du GR pour
détenir l'information. Il n'y a aucun système d'annonce publique.
Par ailleurs, les représentants des communautés au sein des GR
doivent faire le compte rendu des discussions après chaque
réunion à tous ceux qu'ils sont censés représenter.
Or, de manières générales, les informations est
partagées entre amies, voisines et sympathisantes. A Padéma, la
représente des femmes mossi a avoué en discuter juste avec ses
voisines. Ce qui fait que l'information ne circule pas en
réalité.
III. 3.
L'analphabétisme
Dans les trois villages visités, moins de 50% des
membres des GR sont alphabétisés ou scolarisés (cf.
tableau n°4). L'analphabétisme est dans une certaine mesure, un
frein à la sauvegarde des travaux. Il est impossible de retenir tout ce
qui peut se dire au cours de deux heures de discussions. Cela explique aussi en
partie, la lenteur dans les travaux. Lors des séances
d'auto-évaluation, l'animateur demande à chacun de rappeler les
axes de travail traités au cours de l'année. Au cours de cet
exercice, certains ont du mal à citer correctement ces axes et les
confusions sont fréquentes. Les membres des GR devant être les
courroies de transmission de l'information, l'analphabétisme a donc un
impact certain sur la circulation de l'information.
III. 4. La représentation
en question
La composition des GR suscite plusieurs remarques. Les GR
peuvent être considérés comme représentatifs de
toutes les communautés ethniques, du moment où chacune d'elles a
au moins un représentant. Mais en faisant de l'ethnie le critère
de représentativité, certaines communautés sont mieux
représentées que d'autres. Aussi les Bobos ont-ils
systématiquement plus de représentants dans le GR tout en
étant moins importants du point de vue du nombre d'individus au sein de
la population. Mais pour les Bobos, les membres bobos des GR ne
représentent pas leur ethnie mais leurs lignages. Dans la maîtrise
foncière de Padéma, on dénombre cinq (05) lignages tous
représentés par une personne. Par ailleurs certains utilisateurs
du foncier ont été ignorés dans ce processus. Il s'agit
des pêcheurs, des artisans et des chasseurs.
III. 5. La fin prochaine de
l'OPSF
Initialement prévue pour le 31 décembre 2009, la
fin de l'OPSF a été repoussée de douze (12) mois.
L'objectif étant d'achever les actions de formalisation des accords
fonciers, les aménagements pastoraux et la mise en place des instances
locales de gestion foncière. A six mois de la fin de l'opération,
certains membres des GR ne cachent pas leur inquiétude. Ils craignent
une reprise des pratiques foncières illégitimes, sources
d'insécurité et d'instabilité. Pour d'autres, l'OPSF
aurait plus de mal que de bien s'il s'arrêtait en si bon chemin.
Visiblement, les populations ne sont pas encore prêtes à
poursuivre l'action de l'OPSF. Cet appui extérieur, cet accompagnement
par une tierce partie neutre, est encore indispensable et le sera pendant une
certaine durée.
Au terme de cette analyse, il ressort clairement que la
démarche adoptée par l'OPSF est novatrice. Résolument
axée sur la participation des populations, elle fait de la recherche du
compromis un principe de base dans le processus de prise de décision.
Les cadres de participation mis en place jouissent d'une certaine
légitimité. À certains égards, la participation des
populations est effective. Toutefois, la participation telle que mise en
oeuvre, connaît des insuffisances.
CHAPITRE II: FORMALISATION DES ACCORDS FONCIERS LOCAUX
Pourquoi formaliser les accords fonciers? Quels types de
transactions foncières faut-il formaliser? Comment formaliser les
transactions? Comment les populations ont-elles accueilli cette idée de
formaliser les transactions? Telles sont les principales questions auxquelles
nous tentons de répondre à travers ce chapitre.
I.
LA JUSTIFICATION DU CHOIX DE L'AXE
La formalisation des accords fonciers répond à
une insécurité généralisée. Pour ce faire,
les populations ont défini des buts poursuivis et identifié des
préalables.
I. 1. La formalisation: une
réponse à une insécurité générale
Dans le cadre de la mise en oeuvre de l'OPSF, le besoin de
formalisation des accords fonciers a été exprimé
dès le départ, dans neuf des douze villages du département
dont Padéma, Djigouèma et Banwaly. Cette demande formulée
à la fois par les autochtones et les migrants, répond à un
sentiment d'insécurité généralisée. Les
migrants présentent la formalisation comme un moyen de parer à
certaines pratiques illégitimes de retrait et de location. En effet, les
cas de retrait de terres vont croissants depuis quelques années dans les
différents villages. Ces pratiques se multiplient surtout en
début de saison des pluies. Quant aux locations, il y a eu par exemple,
des cas où des gens louent une même parcelle à deux
personnes en même temps. Les migrants ressentent ces pratiques
illégitimes comme une stratégie d'intimidation et de mise sous
pression de la part des autochtones.
Mais, cette formalisation est aussi attendue par les
autochtones animés du même sentiment d'insécurité.
D'une, part leurs familles se sont agrandies et ne disposent plus d'assez de
terres pour les membres: les autochtones hésitent à retirer les
terres qu'ils ont prêtées aux migrants. D'autre part, de nombreux
conflits d'héritage éclatent avec la nucléarisation des
familles. Par exemple à la mort d'un père, les enfants du
défunt peuvent se voir subtiliser les terres familiales par un oncle. Ce
qui est difficilement acceptable aujourd'hui. Pour les autochtones, l'enjeu
c'est de reconquérir le contrôle de la terre de leurs
ancêtres. Des accords écrits et reconnus par tous répondent
donc aux intérêts des migrants comme des autochtones.
I. 2. Les buts principaux
poursuivis
L'axe de la formalisation des accords fonciers locaux a pour
but d'une part, de rendre transparentes les transactions foncières, de
sécuriser les différents acteurs et les investissements, de
créer des conditions favorables à la gestion/ protection des
ressources naturelles. Il s'agit d'un souci de clarification des accords
fonciers passés et des règles qui leur sont assorties. D'autre
part, la formalisation vise à mettre en place des mécanismes
appropriés de maintenance de la documentation foncière. Dans un
contexte d'insécurité généralisée, les
actions de formalisation sont censées:
· freiner les remises en cause unilatérales et
anarchiques des accords fonciers conclus entre les différents
utilisateurs de l'espace;
· minimiser les risques de retrait abusif de terres;
· sécuriser cédeurs et preneurs;
· créer les conditions favorables à la
protection et à la restauration de la fertilité des sols et du
couvert végétal;
· clarifier les droits fonciers et la situation des
héritiers;
· clarifier les conditions de transmission des droits;
· créer les conditions favorables aux
négociations de nouveaux accords et/ou au renouvellement des accords;
· sécuriser et clarifier les transactions
foncières;
· et favoriser l'instauration de la paix sociale.
I. 3. Les préalables
à la formalisation
Tous les acteurs sont unanimes sur le fait que la
formalisation des transactions foncières passe par la mise en place
d'une structure de gestion foncière. Ce préalable constitue un
axe de travail spécifique et fait l'objet du quatrième chapitre
de cette seconde partie de notre travail.
Par ailleurs, les populations ont édicté des
principes relatifs à l'exploitation de la terre. Ces principes dont
toute violation nécessite une réparation, mettent à nu les
croyances et pratiques coutumières liées à la terre. Il
s'agit notamment de:
· l'interdiction de vendre la terre;
· la contribution obligatoire de tous les exploitants de
la maîtrise foncière aux coutumes liées à la
terre;
· l'interdiction d'avoir des relations intimes à
ciel ouvert;
· l'interdiction de jeter de mauvais sorts dans le champ
d'autrui;
· l'obligation pour tout exploitant de protéger et
d'entretenir la fertilité des sols;
· l'autorisation de planter des arbres sur les parcelles
de culture;
· les progénitures directes
bénéficient des droits transférés lors des
transactions foncières et sont tenues de respecter les clauses
fixées.
II.
LES ACTIONS DE FORMALISATION
Les réflexions sur l'axe de formalisation des accords
fonciers, menées par les groupes de réflexion, ont abouti
à des propositions d'actions concrètes. Ces actions vont du
recensement des exploitations agricoles à l'identification des types de
transactions foncières légitimes.
II. 1. Le recensement des
exploitations agricoles et des ressources communes
A travers cette action, les populations visaient l'obtention
d'une meilleure connaissance de l'occupation des terres et des modalités
d'accès au foncier. Cela leur a permis non seulement de poser
véritablement les bases des négociations des accords fonciers et
leur formalisation, mais aussi d'approfondir le diagnostic sur la situation
foncière de leurs terroirs. Deux types de recensement ont
été réalisés sur le terrain.
II. 1. 1. Cas de Padéma
et Djigouèma
Dans les deux maîtrises foncières
coutumières de Padéma et de Djigouèma, le recensement a
été réalisé courant 2007 - 2008. Ce premier
recensement a été réalisé avec l'appui technique et
financier d'intervenants extérieurs: il s'agit notamment du PDL-O et
de la direction régionale de l'Institut National des Statistiques et de
la Démographie (INSD). La direction régionale des statistiques a
défini l'organisation pratique des opérations. Les actions de
recensement ont été menées par des membres des GR avec
d'autres personnes ressources des villages. Des équipes de recensement
ont été mises en place et des fiches de recensement
finalisées depuis 2006. A Padéma, le GR a retenu dix-neuf (19)
points de recensement et sept (07) équipes. Les points de recensement
correspondent aux trois villages (Padéma, Zongoma et Hamdalaye) et aux
principaux hameaux de culture de la maîtrise foncière. Toutefois,
le recensement a pris beaucoup de temps avant d'avoir lieu. Pour cause, un
manque de fonds pour indemniser les agents de recensement, les membres des GR
ayant refusé de faire ce travail à titre gracieux. Ce n'est qu'en
décembre 2007, que les opérations ont débuté dans
les deux maîtrises foncières.
II. 1. 2. Cas de Banwaly
La particularité de la maîtrise foncière
de Banwaly est que, ce sont les populations elles-mêmes qui ont
réalisé le recensement des exploitations et des ressources
communes sous l'oeil vigilant des agents du PDL - O. Après avoir suivi
de bout en bout les actions de recensement entreprises à Padéma
et Djigouèma, les populations de Banwaly se sont estimées en
mesure de conduire elles-mêmes leur opération de recensement. Le
GR a élaboré une fiche de recensement et défini une
organisation pratique de la réalisation qui ont été
validées en assemblée villageoise. Quatre (04) points de
recensement ont été retenus et quatre (04) équipes mises
en place. Les points de recensement correspondent aux trois (03) quartiers du
village et à l'unique hameau de culture existant dans la maîtrise
foncière. Pour les équipes de recensement, il a été
retenu qu'il y ait deux (02) personnes sachant lire et écrire en
français. Quatre (04) membres du GR étant lettrés, il leur
a été associé quatre (04) personnes ressources
identifiées à ce effet. L'opération a eu lieu courant 2008
- 2009.
Dans les trois maîtrises foncières, la conduite
des opérations de recensement a été un succès. Ces
opérations ont été suivies d'une validation des droits
concédés en assemblée villageoise. Cependant, la
validation administrative des résultats n'est pas encore effective.
II. 2. L'identification des types
de transactions possibles et acceptables
Les populations ont identifié des formes de
transactions jugées légitimes. Si l'héritage et le
prêt de terre ont été retenus, la location et la vente de
terre, quant à elles, ont été jugées
illégitimes.
II. 2. 1. L'héritage
L'héritage est une pratique qui existe depuis la
création des villages. Elle ne s'applique véritablement qu'au
profit des autochtones. C'est le droit lignager ou familial. Pour les migrants,
il n'y a pas de règles d'héritage fixes. Les conditions de
transmission semblent dépendre étroitement des relations
personnelles qui existent entre le migrant et son logeur. Il n'en demeure pas
moins que l'héritage est une pratique légitimée par les
coutumes locales. Sur proposition de leurs GR, les populations des villages de
Padéma, Djigouèma et Banwaly réunies en assemblées
villageoises, ont retenu l'héritage comme une transaction possible et
acceptable. L'héritage est, selon elles, authentique et conforme aux
normes coutumières locales. Toutefois, l'amendement qu'elles ont
apporté à la proposition des GR est la prise en compte des femmes
comme bénéficiaires de l'héritage.
II. 2. 2. Le prêt
Le prêt est le mode d'accès pratiqué entre
les détenteurs du foncier et les demandeurs. Cette pratique a
prévalu le plus, en particulier à l'installation des migrants.
Aujourd'hui, les prêts se contractent entre migrants et autochtones, mais
également entre autochtones et entre migrants. Pour les mêmes
raisons que l'héritage, le prêt a été retenu comme
la seconde forme de transaction foncière légitime dans les trois
maîtrises foncières de Padéma, Djigouèma et
Banwaly.
II. 2. 3. Le rejet de la
location et de la vente de terre
La location est une pratique très courante dans tous
les villages visités. Toutefois, elle n'est quasiment jamais
avouée par les autochtones qui affirment ne pas être au courant de
cette pratique dans leurs villages respectifs. Deux raisons pourraient
expliquer cela. D'un côté, il y a la RAF qui dit que la terre
appartient à l'Etat. Bien que les textes de lois ne soient pas
suffisamment effectifs sur le terrain, les autochtones sont dans le doute:
ont-ils seulement le droit de louer des terres qui, légalement, ne leur
appartiennent pas ? De l'autre côté, il y a la coutume qui
interdit toute forme de transaction marchande de la terre. La terre est
considérée comme un bien commun qui appartient aux ancêtres
et aux générations futures. A ce titre, elle ne peut faire
l'objet de transaction monétarisée. La location et la vente de
terres sont jugées contraires aux règles coutumières
locales. Pour cela, les populations réunies en assemblée
villageoise ont décidé de prohiber ces deux pratiques.
III. LES OPTIONS DE SECURISATION FONCIERE
Les discussions sur les moyens de sécuriser les acteurs
dans leurs droits ont abouti à la définition de trois options: la
jouissance permanente, le prêt à durée
déterminée et la donation foncière.
III. 1. La jouissance
permanente
Cette première option concerne deux catégories
d'acteurs. D'une part, elle vise à sécuriser les droits fonciers
des détenteurs de droits fonciers primaires et des ayants droit
coutumiers (autochtones). Une attestation de possession foncière sera
établie pour cette première catégorie d'acteurs. Elle
reconnaîtra l'existence d'un domaine familial. Les GR espèrent
ainsi éviter les conflits d'héritage intra lignagers dus à
l'éclatement des centres de décisions pour le foncier. L'accord
de jouissance permanente reconnaît également aux autochtones, les
droits de gestion sur leur terre et évite une appropriation privative
par des migrants.
D'autre part, la jouissance permanente vise la
sécurisation des migrants installés selon les normes
coutumières locales sur les espaces qu'ils ont effectivement
défrichés. Selon la coutume locale, un étranger qui
désire une terre pour cultiver s'adresse au chef de terre par
l'entremise d'un tuteur. En fonction de la disponibilité en terre, ce
dernier lui concède une portion après avoir exécuté
des rites pour demander la bénédiction des ancêtres.
L'intéressé peut alors exploiter son champ dans le respect
profond des coutumes. Pour avoir défriché leurs terres, les
migrants dits de « première
génération » bénéficient de
l'usufruit de la terre indéfiniment. Ils peuvent transmettre ce droit
à leurs enfants.
III. 2. Le prêt à
durée déterminée
La seconde option vise à sécuriser les
producteurs installés en dehors des normes coutumières locales
par des accords de prêt à durée déterminée.
Une durée minimale de cinq (05) ans est retenue. L'accord de prêt
peut être renouvelé autant de fois que les deux parties le
souhaitent. C'est donc le droit d'exploitation qui est ici reconnu. L'accord de
prêt concerne plus les migrants de « deuxième
génération » qui ont été
installés sur une jachère et les autochtones de
« second degré », c'est-à-dire qui
ne sont pas issus du lignage fondateur du village et donc, ne sont pas
détenteurs de maîtrise foncière. Au-delà de ces
considérations, toute personne intéressée pourra
contracter un ou plusieurs prêts de terres, selon ses besoins et la
disponibilité en terres.
III. 3. La donation
foncière
Cette troisième option vise à sécuriser
l'emprise foncière des investissements réalisés dans le
cadre du développement local avec l'appui du PDL-O et de tout autre
investissement public ou appartenant à une organisation paysanne ou
personne morale donnée. Il s'agit: des infrastructures socio-collectives
(écoles, CSPS, bâtiments administratifs...), des infrastructures
marchandes (magasins d'intrants, aires d'abattage...), des infrastructures et
aménagements pastoraux (parcs de vaccination, puits et forages
pastoraux, pistes à bétail, zones de pâturage...), et des
ressources communes (forêts villageoises, berges des cours d'eau...).
Cela va se faire par des transferts définitifs de
droits fonciers coutumiers. Il faut noter que jusqu'ici, l'exercice a
porté sur la première étape du processus de
sécurisation: celle qui consiste à formaliser l'acceptation des
superficiaires de céder volontairement leur terrain pour les besoins de
l'investissement. Pour ce faire, il a été proposé la
signature d'un « procès verbal de donation
foncière (PVDF) » par l'ensemble des parties
prenantes.
III. 4. Le contenu des accords
Les discussions au sein des GR et à certaines
assemblées villageoises ont permis d'élaborer un contenu
indicatif commun à tous les trois types d'accords fonciers. Les
différents éléments devant ressortir dans ces accords
sont: l'identification du bénéficiaire, l'identification du
cédant, la durée de l'accord, la superficie, la localisation, la
vocation, le type d'entretien, de protection et de fertilisation des sols, le
mode d'exploitation des ligneux, les obligations coutumières, les
investissements autorisés, les conditions de transfert (aux descendants
par exemple) et les conditions de renouvellement des accords.
IV.
LES ACQUIS ET INSUFFISANCES DE LA PARTICIPATION
La conduite de la réflexion sur la formalisation des
accords fonciers a permis aux populations d'engranger des acquis non
négligeables. Mais, des insuffisances demeurent.
IV. 1. Les acquis
La conduite de la réflexion sur l'axe de formalisation
des accords fonciers locaux répond à une demande conjointe des
autochtones et des migrants, certes. Néanmoins, on peut s'interroger sur
la portée des accords issus des négociations. Les parties
ont-elles souhaité l'existence des accords de jouissance permanente et
des prêts à durée déterminée? Ont-elles
seulement l'assurance que ces mesures les sécuriseront dans leurs
droits?
IV. 1. 1. Une
négociation « Gagnant - gagnant »
De l'avis général des membres des GR, que
ça soit à Padéma, Djigouèma ou Banwaly, le
résultat des réflexions est toujours un consensus. Les
propositions font l'objet de négociations et prennent en compte les
intérêts des différents groupes d'acteurs. A travers les
deux types d'accords issus des négociations pour la formalisation des
transactions foncières, chacune des parties en présence trouve
son compte.
La jouissance permanente reconnue aux migrants de
première génération est un acquis considérable. Ces
derniers voient leur droit sur leur champ reconnu pour longtemps. Elle les met
durablement à l'abri d'un retrait. Le prêt à durée
déterminée avantage plutôt les autochtones, qui sont
désormais sûrs de pouvoir récupérer, après
quelques années, des terres qu'ils avaient concédées
à l'état de jachère. Dès lors, on peut imaginer que
l'accord de jouissance permanente est une contrepartie implicite au prêt
à durée déterminée accordée par les
autochtones aux migrants. A l'inverse, le prêt à durée
déterminée pourrait être une contrepartie implicite
accordée en retour par les migrants aux autochtones. Les deux accords
ont été adoptés conjointement, par l'assemblée
villageoise, où autochtones et migrants ont voté ensemble. On
peut donc affirmer qu'à l'issue du processus participatif, les
négociations ont abouti à la conclusion d'un accord
« gagnant - gagnant ». Chaque parie fait une concession
pour obtenir un accord sécurisant qui l'avantage. La participation a
permis donc d'obtenir des accords socialement acceptables.
IV. 1. 2. Des populations
enthousiastes
Les populations font montre d'un enthousiasme particulier pour
les deux types d'accords, qu'elles ont accueillis favorablement. Elles sont
sûres de pouvoir ainsi se mettre à l'abri de toute contestation ou
de trouble de jouissance de leurs droits. Pour les migrants, le prêt
à durée déterminée est une aubaine : il les
sécurisera pour la durée de l'accord connue d'avance et dont ils
peuvent négocier le prolongement à l'approche de son expiration.
Cela va permettre également de mettre fin à certaines pratiques
illégitimes, telles que les retraits abusifs et incontrôlés
des terres. Pour eux, la durée minimale de cinq ans retenue pour le
prêt est tout à fait raisonnable. En l'espace de cinq ans, ils
peuvent se permettre d'investir sur la terre prêtée, à
travers des actions de restauration de la fertilité du sol et
espérer rentabiliser ces investissements.
Quant aux autochtones, ils voient beaucoup d'avantages que
leur offre la jouissance permanente. Ils sont convaincus de pouvoir ainsi
obtenir la paix sociale dans leurs villages respectifs. L'accord de jouissance
leur reconnaît également les droits de gestion sur leur terre et
leur évite une appropriation privative par les migrants.
La participation leur a permis donc d'aboutir à des
accords socialement acceptables. Autochtones et migrants attendent avec une
grande impatience cette formalisation. « On nous a dit que
désormais, si on te prête une terre, on écrit sur le papier
le lieu où se trouve le champ, la durée et les conditions. Cela
va changer beaucoup de choses. Il y avait des gens qui pouvaient louer la
même terre à deux personnes en même temps. Maintenant,
ça ne peut plus se faire. C'est une bonne nouvelle »69(*).
IV. 2. Les insuffisances
La réflexion sur la formalisation des accords a
engrangé des acquis considérables. Toutefois, il y a lieu de
s'interroger sur le caractère participatif du processus. Les accords
sont-ils le fruit d'une participation réelle de tous les acteurs?
N'existe-t-il pas des catégories de la population qui se trouvent
oubliées, délaissées voire sacrifiées par ces
accords de formalisation?
IV. 2. 1. « Migrants
de première génération » / « migrant
de deuxième génération »
A travers ces accords tels que conclus, les migrants peuvent
se trouver avantagés par les accords de jouissance permanente et
désavantagés, dans une certaine mesure, par les prêts
à durée déterminée. Les migrants de première
génération, qui ont le plus souvent acquis leurs terres par
défrichement, se sont vu accordér la jouissance permanente. Ils
pourront donc profiter de façon permanente, de la sécurisation
qu'elle offre. Leur situation diffère de celle des migrants qui sont
arrivés par la suite et qui ont le plus souvent obtenu leurs terres sur
d'anciennes jachères: les migrants dits de deuxième
génération. Eux ne pourront prétendre qu'à un
prêt à durée déterminée. Quand le prêt
arrivera à terme, il leur faudra trouver d'autres terres. Pour ceux qui
n'y parviendront pas, la seule issue sera de partir. Aussi les migrants de
première génération sont-ils plus avantagés. Des
groupes de migrants, eux seuls, auront réussi à se
sécuriser à long terme, peut-être au détriment des
autres migrants. En vérité, les migrants de première
génération sont mieux intégrés et
bénéficient ainsi, d'une plus grande légitimité
dans le processus de participation.
IV. 2. 2.
« Autochtones de premier degré » /
« autochtones de second degré »
Ce qui se passe au sein du grand groupe de migrants se passe
également entre les différents lignages et familles
d'autochtones. Tous les autochtones Bobos ne sont pas traités de la
même manière. Les autochtones qui n'appartiennent pas aux familles
fondatrices et qui ont été installés par d'autres
autochtones n'ont pas de représentants au sein des GR. Quoi de plus
normal, que certains ne se sentent pas pris en compte ou s'estiment
floués. Les autochtones de second degré jouissant de droits de
gestion délégués ont pu prêter des terres à
des migrants. Du coup, eux aussi se trouvent avantagés par les
prêts à durée déterminée. Toutefois, ils se
trouvent potentiellement désavantagés par l'attestation de
possession foncière qui leur est refusée. En effet, ils ne sont
pas détenteurs de droits coutumiers sur la terre. Ils ne pourront donc
prétendre qu'à la jouissance permanente qui leur offre moins
d'avantages que la possession foncière. Ceux qui ont été
installés sur des jachères devront se contenter de contracter des
prêts à durée déterminée: leur statut de
migrant est ainsi conforté.
IV. 2. 3. Les oubliés de
la participation
L'axe de formalisation des accords fonciers locaux est, le
moins que l'on puisse dire, une affaire d'hommes. Le débat a surtout mis
en confrontation les intérêts des autochtones détenteurs de
maîtrise foncière coutumière et ceux des migrants. Dans ce
« combat de titans », les femmes aussi bien autochtones que
migrantes n'ont pas été suffisamment impliquées.
Ignorées ou oubliées, elles « attendent » la
formalisation des accords entre les hommes afin qu'elles entreprennent leurs
activités en toute quiétude et en sachant à quoi s'en
tenir véritablement. Pour la femme, le seul moyen d'obtenir un lopin de
terre, c'est son époux. Aussi se trouvent-elles reléguées
au second degré dans les négociations pour la formalisation des
accords.
Les jeunes non mariés sont encore moins
impliqués. La quasi-totalité des enquêtés ignore
complètement ce qui se passe. Pour eux, c'est l'affaire des chefs de
familles. Ont-ils seulement l'assurance d'avoir de la terre dans l'avenir?
Certains s'estiment déjà condamnés à la
migration. « Le débat, c'est entre les vieux. Ce sont eux
qui ont des champs. Nous on a rien, donc on ne peut rien dire là-bas. On
n'a pas d'avenir ici »70(*).
Au terme de l'analyse de la participation sur l'axe de
formalisation des accords fonciers locaux, il convient de nuancer les
oppositions trop frontales. Dans ce type de négociations, on aurait
tendance à opposer les autochtones aux migrants. Pourtant au cours de ce
processus, les autochtones membres des familles fondatrices et les migrants de
première génération ont réussi à collaborer
sans problème et à trouver des accords qui arrangent chacune des
deux parties: l'accord de jouissance permanente. Au bout du compte, les
autochtones de « second degré » et les
migrants de « deuxième
génération » se trouvent plus ou moins
lésés par ces accords. Eux ne peuvent prétendre
véritablement qu'à un prêt à durée
déterminée. On peut affirmer qu'ils ont été moins
intégrés dans les discussions. Dans ce processus, les femmes et
les jeunes non mariés n'ont pas été suffisamment
impliqués. Il semble que ces deux catégories d'acteurs n'aient
pas leur destin en main.
CHAPITRE III : AMENAGEMENTS PASTORAUX
La question pastorale a été longuement
discutée au sein des GR de plusieurs villages du département dont
Padéma, Djigouèma et Banwaly. Si à Padéma et
Djigouèma, les discussions ont porté de manière large, sur
les aménagements pastoraux, à Banwaly, la réflexion a
été plutôt orientée vers la problématique
cruciale de l'accueil des éleveurs transhumants. Dans les trois
villages, il a été question surtout d'identifier les
intérêts, le rôle et le pouvoir des différentes
parties prenantes. Mais, quel est le rapport entre la question foncière
et les problématiques pastorales ? Pourquoi les aménagements
pastoraux ? Quels sont les résultats de la réflexion sur le
pastoralisme ? Quels sont les acquis et les limites de ce processus
participatif ?
I.
LE FONCIER ET LA QUESTION PASTORALE
Dans le département de Padéma, le pastoralisme
est au coeur de nombreux enjeux fonciers. De ce fait, il est impérieux
de présenter au préalable les acteurs de la filière et les
conditions de pratique de cette activité afin de mieux comprendre les
enjeux qui en découlent.
I. 1. Les acteurs du
pastoralisme
La problématique pastorale concerne plusieurs acteurs
du monde rural aux intérêts aussi multiples que divergents :
cultivateurs et éleveurs, sédentaires et nomades,
propriétaires de troupeau et bergers. Aujourd'hui, dans le
département de Padéma, la quasi-totalité de la population
(agriculteurs ou éleveurs professionnels) pratique l'élevage. La
question pastorale concerne donc tout le monde. Suivant leur mobilité,
on distingue plusieurs catégories d'éleveurs.
I. 1. 1. Les éleveurs
transhumants
Les éleveurs transhumants sont permanemment en
mouvement. Ils possèdent des troupeaux qui peuvent regrouper plus d'une
centaine de têtes. Ils effectuent une transhumance annuelle nord-sud
à la recherche de pâtures et d'eau pour leur bétail. Ils
traversent le département de Padéma, à partir du mois de
février. Ils quittent le Nord des provinces des Banwa et de la Kossi et
se dirigent vers le Sud, dans la région des Cascades à la
rencontre des premières pluies. Entre mai et juin, les transhumants
reviennent sur leurs pas. Ils se dirigent vers le Nord. Ces mouvements
calculés suivant les saisons, leur permettent de profiter au maximum des
pluies. Il semble y avoir plus de problèmes sur leur chemin du retour du
fait de la mise en culture des champs. Certains cultivateurs occupent les
pistes et au passage, les animaux font beaucoup de dégâts.
I. 1. 2. Les éleveurs
locaux
Certains sont semi-nomades, c'est-à-dire qu'ils passent
la majeure partie de l'année dans leur village. A la fin de la saison
sèche, ils effectuent de courtes migrations vers le Sud à la
rencontre des premières pluies. Une seule raison explique ces
déplacements: l'insuffisance de pâturage. Les éleveurs de
Padéma possèdent des troupeaux plus modestes que les
transhumants.
D'autres par contre, sont complètement
sédentaires. Mais, il semble que s'ils ne migrent pas, c'est juste parce
que leurs moyens sont limités. La transhumance demande en effet, des
moyens importants. On pourrait dire donc que n'est pas transhumant qui veut,
mais qui peut.
I. 1. 3. Les éleveurs
cultivateurs
Presque tous les cultivateurs possèdent quelques
têtes. A Banwaly, certains enquêtés ont laissé
entendre que tout bon cultivateur possède au moins une paire de boeufs
de trait pour la culture. Il est en effet impensable d'exploiter une superficie
importante au moyen de la seule daba. Cela est d'autant plus vrai que tout
cultivateur « aspire à devenir éleveur ».
Posséder quelques boeufs de trait offre une certaine garantie dans le
rendement. Mais au-delà des besoins de labour, beaucoup de cultivateurs
possèdent des boeufs d'élevage. Des trois villages
visités, Banwaly a la particularité de ne compter au sein de sa
population, aucun éleveur professionnel. Tous les animaux du village
appartiennent à des cultivateurs. Dans les trois villages, il y a des
cultivateurs qui possèdent un cheptel bien plus important que celui de
certains éleveurs professionnels. Certains gèrent eux-mêmes
leur troupeau par le truchement de leurs progénitures, tandis que
d'autres le confient à des éleveurs professionnels moyennant des
frais de gardiennage.
I. 1. 4. Les bergers
Les bergers sont les acteurs discrets du pastoralisme.
Pourtant, ils jouent un rôle majeur dans cette dynamique. Parce qu'ils
s'occupent au quotidien des animaux, ils sont très souvent au coeur des
conflits fonciers liés à l'activité pastorale. Mais, ils
sont souvent peu impliqués dans le processus de gestion des conflits qui
éclatent.
I. 2. Les conditions du
pastoralisme
I. 2. 1. La
disponibilité en eau
La disponibilité en eau varie selon les périodes
de l'année. En saison pluvieuse, les éleveurs n'ont presque pas
de souci pour abreuver leurs animaux. « Pendant la saison
sèche, il n'y a pas d'eau dans certaines localités. On peut faire
2 jours sans eau. Parfois, il y a de l'eau mais on n'y a pas
accès : ce sont des points d'eau sacrés »71(*). Le bétail est
conduit dans les mares et marigots qui avoisinent les aires de pâture. En
saison sèche par contre, le point d'abreuvement le plus sûr et le
plus permanent demeure le fleuve Mouhoun.
I. 2. 2. Les espaces de
pâture
Il y a une distinction nette entre la saison pluvieuse et la
saison sèche. En saison humide, les animaux sont conduits sur les
collines. Le paysage du département est très accidenté. On
note un nombre assez important de collines. Ferrugineuses ou gravillonaires,
ces collines sont impropres à la culture. A la fin des récoltes,
commence une période dite de vaine pâture. Les troupeaux peuvent
paître librement dans les champs où ils broutent les
résidus des cultures laissés sur place. Toutefois, le fait de
demander au préalable l'accès au champ avant d'y conduire ses
animaux, permet d'éviter les malentendus.
I. 2. 3. Les pistes
Il existe ici également, une distinction entre la
saison humide et la saison sèche. Pendant la campagne agricole, la
plupart des pistes à bétail sont mises en culture par des
cultivateurs. Pourtant, ces pistes conduisent aux différentes aires de
pâturage et au fleuve Mouhoun. La réduction des pistes en cette
période précise de culture, est source de nombreux conflits
fonciers, notamment dus aux dégâts des cultures.
II. LA JUSTIFICATION DE L'AXE
D'une manière globale, la réflexion sur la
question pastorale conduite par les populations vise d'une part, à
réduire les conflits entre cultivateurs et éleveurs et d'autre
part, à sécuriser l'accès des éleveurs aux
ressources naturelles.
II. 1. Les enjeux fonciers et les
enjeux pastoraux
II. 1. 1. Les
dégâts d'animaux
Les principales causes des conflits fonciers dans les villages
sont dues aux dégâts d'animaux dans les champs parmi lesquels il
faut compter les transhumants pendant la période des récoltes.
Les dégâts causés par les animaux dans les champs sont
très fréquents. Leur fréquence s'explique par le manque de
passage, la réduction de la largeur des pistes, voire la mise en culture
totale de celles-ci, mais aussi à une mauvaise conduite du troupeau.
Toutefois, ces conflits n'opposent pas systématiquement un
éleveur à un cultivateur. En effet, les dégâts
peuvent être causés par les boeufs de trait d'un cultivateur.
Souvent les enfants qui les gardent n'arrivent pas à les
maîtriser. Les bêtes s'échappent et vont rentrer dans les
champs.
II. 1. 2. La diminution des
pâtures
Les acteurs du pastoralisme font également face
à une diminution considérable des aires de pâtures. Dans
leur discours, les éleveurs font part de leurs inquiétudes face
à l'empiètement des cultures sur les aires de pâtures.
« On ne peut pas rester sur place à cause du manque de
pâture. On est obligé de migrer souvent vers le sud. En cours de
route on a souvent des problèmes avec les habitants des villages que
nous traversons »72(*). Avec la dégradation
accélérée des sols, les cultivateurs sont
perpétuellement à la recherche de nouvelles terres. Les endroits
où le bétail séjourne longtemps, il y a de la fumure. Ces
espaces sont aussitôt mis en culture au cours de la campagne agricole qui
suit. La mise en culture des espaces de pâturage laisse planer le doute
sur l'avenir de l'activité pastorale dans le département.
II. 2. La question pastorale : une prise en
compte lente
En dépit de son caractère crucial, la
problématique pastorale n'a pas été retenue comme axe de
travail au départ du processus. Lors des tout premières
rencontres en 2004 au cours desquelles les populations devaient identifier les
axes de travail, les animateurs de l'OPSF ont remarqué une
présence faible et timide des migrants encore dubitatifs et peu
confiants. Les autochtones et les nombreux notables présents ont donc
été déterminants dans le choix des axes de travail. Les
éleveurs, des Peulhs notamment, partaient en position de faiblesse dans
les négociations futures sur les problèmes fonciers. Il a fallu
attendre la fin de l'année 2005 pour que le pastoralisme soit pris en
compte comme axe de travail. Les échanges sur la question ont
commencé à proprement parler au cours de l'année 2006,
soit deux (02) ans après le début du processus. A
Djigouèma, la question pastorale a été identifiée
lors d'une discussion sur les conflits entre agriculteurs et éleveurs.
III. LES AMENAGEMENTS PASTORAUX
Le traitement de l'axe de travail sur les aménagements
pastoraux a abouti à l'identification et la matérialisation
à la peinture, des emprises foncières d'espaces pastoraux,
à la réalisation d'infrastructures pastorales et à la mise
en place de comités de surveillance.
III. 1. La mise en place des
pistes à bétail
Parmi les problématiques liées à la
question pastorale, celle des pistes à bétail a été
longuement discutée au sein des GR. Il y a eu plusieurs étapes
dans les négociations.
III. 1. 1. L'identification
des itinéraires
Les réflexions ont permis tout d'abord aux populations
de se faire une idée claire sur les itinéraires possibles et
celles anciennement suivies par les troupeaux. Cette première
étape a permis d'identifier deux types de piste : il y a d'une part, les
pistes internes qui sont en fait des couloirs d'accès aux ressources
(point d'abreuvement, pâturage, etc.), et d'autre part, les pistes de
transhumance qui permettent aux troupeaux de traverser le terroir villageois. A
Djigouèma, une équipe du GR s'est rendue sur le terrain pour
identifier les itinéraires possibles. Dans la maîtrise
foncière de Padéma, ce sont les membres du GR à qui se
sont associés des cultivateurs et des éleveurs qui ont
procédé à l'identification des itinéraires des
pistes à partir des campements peulhs. A Banwaly, il a été
surtout question d'identification des itinéraires des pistes de
transhumance et des zones d'accueil possibles. Dans chacun des trois villages,
les itinéraires semblent faire consensus au sein des personnes
enquêtées.
Quant au tracé des pistes de transhumance, les
négociations ont été faites en collaboration avec les
départements voisins. Des représentants des différents GR
ont réalisé un voyage d'étude dans les départements
de Solenzo et Kouka en janvier 2007. Les échanges avec les
éleveurs des deux départements voisins ont permis de se mettre
d'accord sur la connexion des pistes inter-départementales, en vue
d'établir un réseau cohérent. Cependant les discussions
ont été tenues sans les transhumants, absents de la zone.
III. 1. 2. La
détermination de la largeur des pistes
La seconde étape des négociations a porté
sur la détermination de la largeur des différents types de
pistes. Cette question a mis en confrontation les intérêts des
éleveurs à ceux des cultivateurs. Pendant que les éleveurs
souhaitent des pistes suffisamment larges pour une circulation plus
aisée de leurs troupeaux, les cultivateurs, eux, souhaitent limiter la
largeur des pistes pour limiter l'empiètement sur leurs champs.
Cependant, un consensus a été aisément obtenu sur la
question. Dans tous les villages, il a été retenu une largeur de
trente (30) mètres pour les pistes internes, et cinquante (50)
mètres pour les pistes de transhumance. Tout comme lors de
l'identification des itinéraires, les transhumants n'ont pas pris part
à la détermination de la largeur des pistes de transhumance.
Pourtant, ils sont les principaux utilisateurs de ces pistes-là. Il est
vrai que leur nomadisme est un frein à leur implication au débat,
mais leur manque d'intégration dans les populations locales explique
également leur mise à l'écart.
III. 1. 3. La
libération de l'emprise foncière des pistes
À la suite de la détermination de la largeur des
pistes, il a fallu négocier avec les cultivateurs riverains des pistes,
la libération de l'emprise foncière. Pour que
l'élargissement des pistes soit possible, certains cultivateurs devaient
libérer une partie de leur champ. A Padéma, au total vingt-sept
(27) cultivateurs étaient concernés. A Djigouèma, il y
avait vingt et un agriculteurs riverains des soixante-cinq kilomètres de
pistes projetés. Dans un contexte de saturation foncière,
renoncer définitivement à une partie de son champ
représente un sacrifice énorme et difficilement accepté
par certains. Après moult négociations, informations,
explications et sensibilisations, les cultivateurs concernés se sont
engagés à libérer l'emprise sans contrepartie. Les espaces
ainsi libérés passent d'une gestion individuelle ou familiale
à une gestion communautaire. Ils font partie désormais des
ressources d'utilisation commune.
III. 1. 4. La
matérialisation à la peinture
La dernière étape de ce long processus a
été la matérialisation à la peinture des
différentes pistes. Les populations devaient se charger
elles-mêmes de peindre les bornes naturelles (arbres, rochers, etc.) qui
marquent les limites des pistes. Mais finalement, à Padéma, ce
sont quelques membres du CVD et du GR qui ont participé à cette
matérialisation. A Djigouèma, seuls les seize membres du GR
à qui se sont associés une dizaine d'individus ont
réalisé les travaux. Les participants ont déploré
les conditions de travail qui, selon eux, n'étaient pas du tout
motivant. En effet, aucune indemnisation n'était prévue pour eux
et cela a bien failli porter un coup aux travaux. Aujourd'hui, 188 km de pistes
(couloirs d'accès et pistes de transhumance) ont été
matérialisés à la peinture. Des panneaux d'indication du
trajet ont été fixés le long des pistes de
transhumance.
Photo 1 : Un panneau indiquant le passage d'une piste de
transhumance à Djigouèma.
Photo prise le 14/05/09 par
Inoussa Maïga
III. 2. La réalisation
d'infrastructures pastorales
La réflexion conduite sur les problématiques
pastorales a abouti à des décisions d'actions concrètes,
notamment la réalisation d'infrastructures pastorales.
III. 2. 1. La protection des
berges des cours d'eau
En termes de réalisations concrètes, la
protection des berges des cours d'eau est effective dans plusieurs villages du
département dont Padéma, Djigouèma et Banwaly. Elle a
consisté à planter des bambous sur une distance de 250
mètres de long et de 50 mètres de large, de part et d'autre de
chaque cours d'eau. Ce premier micro-projet dont le promoteur est le Conseil
Municipal (CM) de Padéma vise à freiner l'ensablement des cours
d'eau, à pérenniser leur écoulement et à contribuer
à pérenniser le potentiel hydrique des villages concernés.
La réalisation de ce projet a nécessité la mobilisation de
fonds. Le coût total des réalisations est estimé à 1
006 000 F Cfa. Le CM a contribué à hauteur de 60 000 F Cfa, soit
6% du coût total du projet. Quant à l'organisation pratique, des
groupes de travail de quinze (15) personnes ont été
constitués dans chaque localité pour la réalisation des
opérations de trouaison et de mise en terre des plants. Le suivi de
l'exécution des opérations a été assuré par
des membres des CVD, des GR et du CM.
III. 2. 2. La
réalisation de parcs de vaccination
Des parcs de vaccination métalliques ont
été réalisés dans plusieurs villages du
département dont Djigouèma. Ce projet a pour objectif de
favoriser l'accès du cheptel aux soins vétérinaires, la
réduction de la pression sur les ressources ligneuses et la
sécurité des acteurs impliqués dans les séances de
vaccination. La réalisation de ces infrastructures ont
nécessité une participation financière des populations des
villages bénéficiaires qui ont contribué à hauteur
de 5% du coût total des réalisations.
III. 2. 3. La
réalisation de forages pastoraux
Au cours de l'année 2008, trois villages du
département (Padéma, Djigouèma et Kimini) ont
bénéficié de forages positifs à vocation pastorale.
Ce projet visait essentiellement à contribuer à l'abreuvement du
cheptel. Les populations ont participé financièrement. Toutefois,
cette contribution demeure modeste: sur un coût de 7,5 millions de francs
Cfa par forage, chaque village a participé à hauteur de 250 000
francs Cfa, soit 3% du coût total de l'ouvrage. Les GR ont
décidé de l'emplacement des forages et procédé
à la collecte de fonds. Dans la maîtrise foncière de
Padéma, le GR avait proposé de faire participer les villages de
Zongoma et de Hamdalaye aux coûts de réalisation du forage. Mais
l'assemblée générale en a décidé autrement.
Selon les populations, si ces deux villages participaient
financièrement, le village de Padéma devrait en faire autant si
toutefois ils décidaient eux aussi de réaliser leurs propres
forages. Les débats se sont déroulés à l'absence
des principaux intéressés. Finalement il a été
retenu que chacun des quatre quartiers du village apporte la somme de 62 500
francs Cfa. Un responsable par quartier a été chargé de
récolter cette somme.
III. 3. Les comités de
surveillance
Les populations ont mis en place des comités
spécifiques de gestion des réalisations. Ces comités sont
chargés de veiller à la bonne utilisation des pistes. Ils sont
composés d'éleveurs et de cultivateurs riverains des
aménagements. Les membres des comités de surveillance sont
organisés en équipes de deux. Chaque équipe assure la
surveillance d'une portion de piste. C'est un travail entièrement
gracieux et qui nécessite un engagement volontaire des populations.
Aussi des individus ont-ils été responsabilisés pour
veiller à l'entretien des biens communautaires, comme les forages
pastoraux, les parcs de vaccination, etc.
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
IV. 1. Les acquis
La conduite de la réflexion sur les aménagements
pastoraux marque la victoire de l'intérêt général
sur les intérêts particuliers, mais aussi la pacification des
différents acteurs.
IV. 1. 1.
« Intérêts particuliers » /
« intérêt général »
Les négociations sur les aménagements pastoraux
ont mis en confrontation les intérêts des individus à ceux
de la communauté. L'aboutissement de la réflexion à des
actions et réalisations concrètes marque la victoire de
l'intérêt général sur les intérêts
particuliers. La participation a permis de faire triompher cet
intérêt général. Certains ont accepté de
renoncer définitivement à une partie de leur champ, souvent sous
la pression de la communauté, d'autres, à une ou deux
journées de travail dans leur champ pour se mettre au service de leur
communauté. Ceci est une nouvelle preuve de la légitimité
des GR et de la souveraineté des populations réunies en
assemblées villageoises.
IV. 1. 2. La dynamique de la
« tolérance forcée »
En rappel, les dégâts des champs par les animaux
constituent la première source des conflits liés à
l'activité pastorale. En cas de dégât, quelle peut
être la réaction immédiate de la victime? La plupart des
cultivateurs à qui la question a été posée disent
ne pas demander d'indemnisation et préfèrent une
résolution à l'amiable. En effet, les recours à
l'administration sont rarissimes. De plus, les tensions nées des
dégâts d'animaux ne débouchent presque jamais sur des
conflits ouverts. Mais pourquoi cette tendance au pacifisme? A Banwaly, les
cultivateurs affirment se sentir obligés de faire preuve d'une grande
tolérance. Ce village a la particularité de n'abriter aucun
éleveur professionnel. Chaque cultivateur possède au moins une
paire de boeufs de trait ou d'élevage. Ainsi, beaucoup de
dégâts dans les champs sont causés par des boeufs de trait
appartenant à un cultivateur. La victime fait généralement
montre d'une grande tolérance, sachant que ses boeufs peuvent du jour au
lendemain, commettre des dégâts dans le champ d'autrui.
Cultivateurs et éleveurs, en s'adonnant indifféremment aux deux
activités que sont agriculture et l'élevage, les grandes
rivalités d'antan cèdent de plus en plus la place à une
dynamique de « tolérance forcée ».
IV. 2. Les insuffisances
Les insuffisances se résument à la faiblesse de
l'engagement des populations d'une part, et à l'exclusion de certains
groupes sociaux, d'autre part.
IV. 2. 1. La faiblesse de la
participation des populations
Dans ce processus qui se veut être participatif,
l'engagement des populations demeure insuffisant. Bien que les conditions
soient réunies, la participation des populations aux différentes
activités d'intérêt général n'est pas
automatique. Il semble que les membres des GR ont du mal à susciter
l'adhésion des populations aux activités qui vont au-delà
des assemblées villageoises. Une grande partie de la population est
restée à l'écart de la matérialisation des pistes.
Seuls ceux qui sont engagés à fond dans le processus, les membres
du GR et quelques autres, s'y sont investis. De toute évidence, le bon
fonctionnement de ce processus dépend grandement de la bonne
volonté d'une poignée de personnes qui acceptent de consentir des
sacrifices individuels pour le bien de leur communauté.
IV. 2. 2. Les oubliés
de la participation
Les modalités de participation créent des exclus
et mettent au grand jour de nouvelles oppositions. En effet, il est possible de
distinguer théoriquement d'un côté, une sphère de la
participation qui regroupe les propriétaires de bétail, qu'ils
soient éleveurs professionnels ou cultivateurs. D'un autre
côté, dans le cercle des non participants, il y a les bergers et
les éleveurs transhumants. Le déficit de légitimité
des bergers tient à leur place dans l'échelle sociale. Ils sont
peu considérés, car n'étant pas propriétaires des
troupeaux qu'ils conduisent. Les propriétaires des troupeaux, eux, sont
plus riches et donc mieux considérés. Ils jouissent ainsi, d'une
plus grande légitimité pour participer à la prise de
décisions.
Quant aux transhumants, leur absence dans les discussions
tient à leur nomadisme et à leur non intégration dans les
communautés villageoises. Pour la réalisation de forages et puits
pastoraux, les transhumants sont impliqués financièrement, mais
à un autre stade : comme tous les utilisateurs, ils devront payer pour
utiliser les forages. Seulement les coûts d'utilisation sont fixés
par les seuls sédentaires, en leur absence. Aux bergers et transhumants,
se joignent certains éleveurs transhumants, qui ne participent pas non
plus aux négociations. Ils « subissent » donc les
décisions qui en découlent.
Tout compte fait, il semble nécessaire de nuancer
l'opposition cultivateur/ éleveur que l'on serait tenté de
dresser systématiquement à propos des problématiques
pastorales. A travers les GR, cultivateurs et éleveurs se mettent
ensemble pour discuter, proposer et mettre en oeuvre des initiatives communes
en vue de résoudre les problèmes pastoraux ou liés au
pastoralisme auxquels ils font tous face. Les cultivateurs qui s'investissent
de plus en plus dans l'activité pastorale et les éleveurs devenus
cultivateurs font montre d'une plus grande compréhension mutuelle. On
note alors une tendance à une pacification des villages. La
participation aurait donc permis aux cultivateurs et aux éleveurs de
dépasser leurs divergences pour trouver des solutions communes et
durables aux problèmes réels auxquels ils sont confrontés.
Toutefois, dans la réalisation des aménagements pastoraux, la
participation physique des populations laisse à désirer.
CHAPITRE IV: ORGANES LOCAUX DE GESTION FONCIERE
Depuis 2004, l'axe sur les organes locaux de gestion
foncière a fait l'objet de concertations et de négociations au
sein des GR et en assemblées villageoises dans tous les villages du
département. Mais ce n'est qu'en 2007 - 2008 que des propositions
concrètes ont commencé à voir le jour. La réflexion
sur cet axe vise la mise en place d'organes pour s'occuper du foncier en dehors
du GR. Pourquoi ce besoin de mettre en place des organes de gestion
foncière? Quels sont les enjeux et les rapports de forces à
travers cette problématique? La participation a-t-elle permis de mettre
en place des organes légitimes? Quelles sont les limites de la
participation à travers le traitement de cet axe? Les réponses
à ces questions constituent l'essentiel du contenu de ce chapitre.
I.
LA JUSTIFICATION DE L'AXE
La conduite de la réflexion sur les organes de gestion
du foncier répond à une situation de crise dans la gestion
foncière locale liée à l'absence de structure de
régulation et de gestion du foncier, la perte d'autorité et de
pouvoir des autorités coutumières et traditionnelles, la remise
en cause des accords fonciers anciens et l'émergence de nouvelles formes
de transaction foncière.
I. 1. L'absence de structure de
gestion foncière
Le département de Padéma est confronté au
développement de l'agro-pastoralisme et à une pression
démographique croissante. Toutes choses qui ont accru
l'intérêt pour la terre et engendré une instabilité
et une précarité foncières dans la zone. Cette
insécurité foncière se manifeste notamment par une
certaine anarchie dans la gestion du foncier liée en grande partie,
à l'absence de structures légitimes de régulation et de
gestion du foncier. Les Comités Villageois de Gestion des Terroirs
(CVGT, actuels CVD), structures légales chargées de gérer
les questions foncières au niveau local, se sont rapidement
révélés inopérants. Ils sont en crise de
légitimité du fait de leur manque de
représentativité. Cette incapacité avérée
des CVGT ou CVD à assurer la gestion foncière locale a
créé un vide institutionnel du moment où la
législation nationale sur le foncier (la RAF notamment) a mis les
coutumiers hors jeu.
I. 2. La perte d'autorité
et de pouvoir des autorités coutumières
Dans le département de Padéma, le foncier est
géré par les chefs traditionnels. Le droit en vigueur est celui
du premier occupant notamment le (s) lignage (s) fondateur (s) du village.
Selon la tradition, trois personnes ont la charge de la gestion
foncière. Il s'agit du chef de terre, du chef de la brousse
appelé chef du « Sogo » (dans certains villages) et
du chef de l'eau surtout dans les villages ayant des portions de leurs terroirs
le long du fleuve Mouhoun et du marigot « Siou ». Ces trois
personnalités jadis fortement impliquées dans la gestion
foncière selon leurs prérogatives (attribution, retrait,
règlement des litiges) ont vu aujourd'hui, leurs pouvoirs se
réduire considérablement. A partir de là, ils sont
sollicités juste pour exécuter les sacrifices et rites
liés à la terre ou pour apporter leur témoignage pour la
reconnaissance et l'appartenance lignagère des terres en cas de conflit
foncier. La décision finale ne leur incombe plus tellement.
En outre, les lignages ont subi des transformations, à
telle enseigne que la gestion foncière tend à relever beaucoup
plus des segments de lignages et des exploitations agricoles qui en sont
issues. Cette perte de pouvoir des autorités foncières
coutumières se traduit aujourd'hui, par la multiplicité des
centres de décision en matière de gestion foncière.
I. 3. La remise en cause des
accords fonciers anciens
La perte d'autorité et de pouvoir des chefs
traditionnels dans la gestion foncière et la multiplication des centres
de décisions concernant la terre au sein des familles ont pour
corollaire la remise en cause partielle, des accords fonciers anciens. Les
retraits incontrôlés de terres sont légion. N'importe quel
membre d'une famille autochtone peut décider du retrait d'une terre
quand bien même ce ne serait pas lui qui l'a attribuée. Les
intérêts économiques sont au coeur de ces pratiques
illégitimes. En effet, le besoin d'argent pousse certains autochtones
à retirer des terres pour ensuite les louer. Des migrants en manque de
terre et au pouvoir économique élevé, peuvent pousser
à ce genre d'action.
I. 4. L'émergence de
nouvelles formes de transaction foncière
Dans les modes d'accès à la terre, de nouvelles
formes de transactions interviennent de plus en plus dans le département
de Padéma. Cette émergence de nouvelles transactions est
liée aux phénomènes de monétarisation de la terre
et de l'affaiblissement des valeurs socioculturelles. La terre fait l'objet de
transactions marchandes à travers la pratique de locations et de ventes
de terres.
L'hectare est loué à 10 000 ou 15 000F CFA pour
la durée d'une campagne agricole. Le contrat verbal noué en
cachette ou de façon officieuse, est renouvelable si l'on a
respecté les engagements et que le donateur consent à s'engager
à nouveau. La location se fait aussi en nature. Dans ce cas, pour avoir
un hectare, il faut labourer un hectare de terres au profit de celui qui loue.
Quant à la vente de terre, des cas ont été signalés
uniquement dans la maîtrise foncière de Padéma. Les
acheteurs sont des « nouveaux acteurs » composés de
commerçants, de fonctionnaires essentiellement.
Ce sont autant d'ingrédients qui alimentent des
conflits entre les différents acteurs locaux, minant parfois gravement
la paix sociale. Pour y faire face, les populations du département ont
estimé nécessaire de mettre en place des organes qui auront pour
mission de s'occuper de la gestion foncière locale, à travers la
régulation des transactions foncières et la prévention des
conflits. Loin d'être une fin en soi, la mise en place de ces organes
répond à un besoin éprouvé par les populations pour
clarifier le jeu foncier. Aussi la création de ces organes de gestion
foncière est-elle définie par les populations comme un
préalable à la formalisation des accords fonciers et aux
aménagements pastoraux.
II. LA NEGOCIATION ET LES ENJEUX DE POUVOIR
Les débats ont révélé deux
positions en rapport avec l'échelle du futur organe et sa forme. Les
divergences de points de vue sont alimentées par le souci de respecter
des rites d'une part, et l'association des différents groupes ethniques
dont les communautés de migrants dans la gestion foncière,
d'autre part.
II. 1. L'échelle du futur
organe
L'axe de travail sur la création des organes locaux de
gestion foncière a été discuté de long en large
à l'échelle du département, tout comme au niveau des
maîtrises foncières coutumières. Dès les
premières concertations, les avis étaient partagés sur
l'échelle des futurs organes.
Pour les uns, la structure devrait être
créée à l'échelle de la maîtrise
foncière. Selon cet avis, des questions ou sujets comme les limites des
maîtrises foncières, les rites liés à la terre et
aux ancêtres ne peuvent pas être exécutés par les
migrants. Toutefois, la représentativité au sein des organes
tiendra compte des différents groupes ethniques en présence.
Pour les autres, la structure de gestion du foncier doit
être mise en place dans chacun des villages administratifs. Au niveau des
villages sans terroir autonome, il s'agira de définir les
problématiques qui ne seront pas traitées par ladite structure
parce que relevant des coutumes locales.
Les deux positions se rejoignent finalement pour soutenir
qu'au niveau départemental, la structure jouera un rôle de
coordination, de recueil d'avis, de négociation et de
médiation.
II. 2. La forme de l'organe de
gestion foncière
A l'échelle départementale, les points de vue
étaient également divergents sur la question de la forme des
nouveaux organes de gestion foncière.
D'un côté, il y a les villages qui ont
opté pour l'élargissement de la sous-commission foncière
du Comité Villageois de Gestion des Terroirs (CVGT), à toutes les
composantes de la population. Ce fut le choix des villages de Padéma,
Djigouèma et Banwaly.
De l'autre côté, il y a ceux qui étaient
plus partants pour la création d'un nouvel organe indépendant du
point de vue institutionnel. Là, il s'agit de mettre en place un organe
qui regrouperait les différentes composantes de la population et qui
n'auraient rien à voir avec les CVGT en crise de
légitimité.
II. 3. Le choix d'allier
légitimité et légalité
Ces premières discussions montrent bien l'enjeu
politique en lien avec la gestion et le contrôle de la terre.
L'auto-proclamation des membres du GR de la zone de Padéma comme
responsables de cet organe l'atteste aisément. Les discussions ont
abouti au choix stratégique de rester dans la légalité
dans la mise en place des organes. Ainsi, il a été retenu de
travailler à l'élargissement des sous-commissions
foncières des CVGT et de prendre en compte les changements
institutionnels induits par le processus de décentralisation.
III. LA MISE EN PLACE DES ORGANES
III. 1. L'option de deux
organes
Les discussions autour de l'axe sur la mise en place de
structures locales de gestion du foncier et de règlement alternatif des
conflits ont abouti à un consensus lors de l'atelier communal des 12 et
13 décembre 2008. L'atelier a opté pour la mise en place de deux
organes différents: un organe de gestion foncière, appelé
commission foncière et un organe de
médiation foncière, dénommé commission
de médiation. La commission foncière est l'organe
chargé de la gestion foncière au niveau local. Quant à la
commission de médiation, elle constitue un référent en cas
de conflit. Elle a pour mission d'assurer la médiation en cas de
conflits en vue de leur règlement à l'amiable.
III. 2. Les missions et la
composition des organes
Les missions assignées aux futurs organes portent
sur : l'attribution et le retrait de terres, le règlement des
litiges et les conflits fonciers, la définition de la vocation des
terres (zones agricoles, zones pastorales), la validation des accords fonciers,
et le pilotage de toutes les activités en lien avec le foncier.
En ce qui concerne la composition de la commission
foncière et de la commission de médiation, les postes de travail
retenus sont, de façon générale :
· un responsable et son adjoint ;
· un secrétaire et son adjoint ;
· un trésorier et son adjoint
· deux responsables à l'information ;
· deux responsables à l'organisation;
· et des responsables aux constats, vérification
et suivi du respect des accords fonciers.
III. 3. La
représentativité des organes
A l'image du GR, les deux organes de gestion et de
médiation foncière sont composés de sorte à
permettre de représenter toutes les entités, notamment la
chefferie terrienne, les lignages fondateurs et chacune des
communautés allochtones résidentes. Une grande avancée est
à noter concernant la prise en compte des femmes. En effet, dans tous
les trois villages visités, au moins deux femmes sont associées
en tant que membres à part entière de ces nouveaux organes. Il
s'agit pour le cas de Padéma, d'une représentante des femmes
bobos et d'une représentante de la communauté migrante
majoritaire (Mossi). Les différents procès-verbaux ont
été transmis au conseil municipal pour validation. À
partir de cet instant, les GR n'existent plus en tant que structures
villageoises. Les nouveaux organes pourront se lancer de façon
légitime et légale, dans leurs missions respectives après
la validation administrative. Des sessions de formation sont prévues
pour renforcer les connaissances et les capacités des membres de ces
nouveaux organes. Déjà, d'aucuns ont
bénéficié d'une formation à la communication non
violente pour la gestion et médiation dans les conflits.
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
IV. 1. Les acquis
A travers le traitement de l'axe sur la création des
organes locaux de gestion et de médiation foncière, la
participation a permis d'engranger des acquis considérables. La mise en
place des nouveaux organes a été guidée par un souci de
séparation des pouvoirs. Pour que l'organe chargé de gestion du
foncier ne soit pas à la fois juge et partie, les populations ont
opté pour la création de deux instances: la première,
chargée de la gestion foncière à proprement parler et la
seconde, chargée de la médiation.
La seconde avancée concerne une meilleure prise en
compte des femmes. Dans les villages de Djigouèma et de Banwaly
où les GR ne comptaient pas de femmes parmi leurs membres, la plupart
des anciens membres de ces structures soutiennent que la non-prise en compte
des femmes au départ du processus a été une erreur grave.
Les femmes sont des actrices majeures dans la production agricole. De ce fait,
elles ont tout à fait le droit de participer aux débats et
à la prise de décision. C'est ce droit primordial à la
parole qui leur est désormais formellement reconnu. La plupart de femmes
rencontrées font montre d'une grande détermination à jouer
leur partition dans le maintien de la paix sociale dans leurs villages.
IV. 2. Les insuffisances de la
participation
La principale difficulté rencontrée au cours du
traitement de cet axe de travail est la lenteur du processus. En effet, les
populations ont engagé la réflexion sur cette
problématique dès 2004. Après plusieurs mois, voire
plusieurs années de tractations, c'est seulement au cours de la
période 2007 - 2008 que des propositions concrètes ont
commencé à se dessiner à l'horizon. Cette lenteur
constatée dans les négociations n'a pas manqué de
démotiver certains qui s'en sont vite lassés.
Par ailleurs, les agents de l'OPSF ont souhaité en vain
l'implication des auxiliaires de justice, notamment la police et la
préfecture. La raison est toute simple: pour la justice, la loi en
vigueur régissant la gestion foncière locale est la RAF. Selon
cette législation, le CVGT devenu CVD est la structure légale
chargée de gérer les questions foncières au niveau local.
Or l'OPSF dans sa démarche va à l'encontre des dispositions de la
RAF. Bien que légitime, cette démarche demeura aux yeux de la
justice une action illégale.
Tout compte fait, la réflexion sur la création
d'organes locaux de gestion et de médiation foncière est
intervenue dans un contexte marqué par une gestion anarchique du foncier
local. En dépit des difficultés rencontrées au cours de la
réflexion, les populations ont réussi à mettre en place
des instances voulues légitimes avant d'être légales. Une
fois de plus, la participation aurait permis aux populations de dépasser
leurs divergences et de prendre des décisions socialement
acceptables.
CONCLUSION GENERALE
La présente recherche avait pour but de cerner les
degrés d'implication véritable des populations dans le processus
et par extension, les degrés de communication véritable que
l'OPSF a su instaurer avec et entre les groupes sociaux.
D'une part, la participation a été
évaluée à travers les modalités de sa mise en
oeuvre. Ce premier niveau d'évaluation a été
effectué suivant des critères prédéfinis73(*):
· la circonscription et l'association des
différents groupes communautaires;
· la responsabilisation des populations dans la conduite
des activités;
· l'exercice de la démocratie (respect du droit
à la parole).
De l'analyse des modalités de mise en oeuvre de la
participation, il ressort que les populations sont soumises à des
degrés de participation différents. Les cadres de participation
instaurés par l'OPSF visent l'implication de toutes les populations,
sinon du plus grand nombre aux débats fonciers dans les villages. Les GR
se veulent être représentatifs de la population villageoise. Et
pour cela, ils jouissent d'une certaine légitimité. Les
assemblées villageoises sont ouvertes à tous. A priori
les conditions de participation sont réunies.
Cependant, la pratique révèle que certains
groupes sociaux sont moins impliqués dans le processus participatif que
d'autres. Ce sont, de fait, des catégories d'individus moins visibles ou
en marge des réseaux de sociabilité villageois : femmes, jeunes,
transhumants, autochtones de « second degré »,
etc.
D'autre part, la participation a été
évaluée à travers ce qu'elle a apporté comme
réponse aux préoccupations des populations sur les
problématiques foncières précises :
· la formalisation des accords fonciers;
· les aménagements pastoraux;
· et les organes locaux de gestion et de médiation
foncières.
La réflexion sur l'axe de la formalisation des accords
fonciers a permis aux populations de parvenir à des accords socialement
acceptables et qui sécurisent chaque acteur dans les droits auxquels il
peut prétendre. Ainsi, il est reconnu aux autochtones
(propriétaires terriens) et aux migrants de
« première génération », le
droit de jouissance permanente sur leurs terres. Quant aux migrants dits de
« second degré », un accord de prêt
à durée déterminée les sécurise
désormais dans leurs droits et leurs investissements.
A travers le traitement de l'axe des aménagements
pastoraux, cultivateurs et éleveurs se sont assis ensemble pour
discuter, proposer et mettre en oeuvre des initiatives communes, en vue de
résoudre les problèmes pastoraux ou liés au pastoralisme
auxquels ils sont tous confrontés. Des mesures voulues et
acceptées par les différents acteurs ont été mises
en oeuvre avec la contribution des populations.
La conduite de la réflexion sur la création des
organes locaux de gestion et de médiation foncières, bien que
parsemée de difficultés, a permis aux populations de mettre en
place des instances voulues légitimes avant d'être légales.
A ce niveau, on note quelques progrès sociaux dont une meilleure prise
en compte des femmes qui sont désormais représentées dans
la commission foncière et/ou dans la commission de médiation.
De façon globale, dans la démarche
participative, il est important d'impliquer les « bonnes
personnes ». En effet, pour que la participation puisse être
d'un grand secours aux populations, il faut que les représentants soient
de vrais leaders, aient un réel pouvoir. Ainsi, si les accords sont
recherchés et conclus entre personnes d'influence, représentant
différents groupes d'intérêts eux-mêmes influents,
alors ils ont toutes les chances d'être respectés par l'ensemble
de la population. L'influence des membres-représentants est gage
d'efficacité de la démarche participative.
À certains égards, l'insuffisante prise en
compte des femmes n'entrave pas grandement le fonctionnement du processus
participatif. Les femmes sont certes un maillon important dans la chaîne
de production agricole, mais elles n'ont pas de pouvoir réel en
matière foncière. En revanche, l'exclusion des transhumants dans
les discussions pastorales est plus problématique. En traçant les
pistes de transhumance sans l'avis des principaux usagers, il y a le risque
d'hypothéquer le bon fonctionnement de celles-ci.
À l'inverse, la bonne implication du groupe ethnique
majoritaire dans les villages, les Mossi, et du groupe ethnique autochtone, les
Bobos, s'avère un atout majeur pour l'instauration d'une
sécurité foncière dans le département.
Les éléments ci-dessus confirment
l'hypothèse selon laquelle « la participation locale peut
permettre de prendre des décisions judicieuses dont l'application
donnerait des réponses correspondant aux attentes de sécurisation
foncière des populations rurales concernées... ».
Les résultats de cette recherche mettent en exergue les
constats et leçons suivants :
· En matière de foncier, il est certes important
de donner l'information, mais il faut davantage privilégier la
communication et surtout, une communication de proximité. Cela permet de
lever in situ tout équivoque lié à la
compréhension et à l'interprétation des messages;
· Il est impérieux de procéder à une
revue complète des outils et vecteurs de communication, y compris les
groupes organisés, et à une analyse fine de l'impact des outils
utilisés pour l'information et la communication sur le foncier ;
· La négociation sur le foncier est un processus
long qui s'accommode très mal au cadre d'un projet qui, par essence, par
définition et par destination, s'exécute sur une durée
limitée dans le temps ;
· Le processus de négociation nécessite un
suivi méthodologique constant en vue de construire une démarche
pertinente de mise en oeuvre. Une évaluation régulière des
performances permettrait d'avoir des avancées significatives et de
minimiser les dérapages ;
· Il est aussi important d'adapter les stratégies,
méthodes de travail et d'accompagnement aux problématiques
spécifiques ;
· Le suivi systématique des pratiques et de
l'évolution des enjeux fonciers s'impose. Ceci nécessite la
définition de domaines spécifiques d'observation et d'analyse des
pratiques foncières (définition d'indicateurs), la
réalisation de diagnostics approfondis sur des thématiques
précises, ainsi que le suivi de l'évolution des
conflits ;
· Le processus de sécurisation foncière
nécessite un minimum d'investissement financier. Il n'est pas
envisageable d'engager une opération de sécurisation
foncière sans moyens d'investissement, d'accompagnement (cartographie,
réalisation d'aménagements pastoraux, etc.) ;
BIBLIOGRAPHIE
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gestion des conflits en Afrique. Paris : L'Harmattan, 1990, 322 p.
Thèses et
mémoires
16. COMPAORE, A. Evaluation d'un
canal de communication de proximité en appui à la
décentralisation : le Groupe de Recherche et d'Animation (GRA) de
Kongoussi. Mémoire de maîtrise : Sciences de
l'information et de la communication. Ouagadougou : Université de
Ouagadougou, 2004, 98 p.
17. MAIGA, A. La problématique de
la sécurisation foncière des femmes du Zoundweogo : cas des
villages de Raboulenaye, Napamboumbou, et Kira. Mémoire de
maîtrise : Sociologie. Ouagadougou : Université de
Ouagadougou, 2004, 114 p.
18. OUATTARA, S. Les enjeux
fonciers : Les stratégies de préservation et d'appropriation
dans le département de Diébougou. (Province de la Bougouriba)
Burkina Faso. Thèse de doctorat de 3ème
cycle : Sociologie. Dakar : Université Cheikh Anta Diop, 2007,
322.
19. OUEDRAOGO, A. Les
systèmes fonciers traditionnels et l'occupation de l'espace
agro-pastoral dans le centre du Burkina Faso : les cas de DONSIN dans le
Namentenga et de THIOUGOU dans le Zoundweogo. Mémoire de
maîtrise : Sociologie. Ouagadougou : Université de
Ouagadougou, 1996, 108 p.
20. OUEDRAOGO, I. Structure
foncière et conflits fonciers à LENA : contribution à
l'étude de la question foncière au Burkina. Mémoire
de maîtrise : Sociologie. Ouagadougou : Université de
Ouagadougou, 1992, 116 p.
Articles/ Etudes/ Rapports/
Périodiques
21. BENZHAF, M. ; DRABO, B. & GRELL, H.
Du conflit au consensus : les pasteurs et agro pasteurs de Kishi Beiga
optent pour la cogestion de leurs ressources naturelles. Securing the
commons N°3. London: iied, 2000, 52 p.
22. BROCKHAUS, M. ; PICKARDT, T. &
RISCHKOWSKY, B. Médiation dans un cadre en
mutation : victoires et défaites dans la gestion des conflits
liés aux ressources naturelles dans le Sud-ouest du Burkina.
Programme Zones Arides, Dossier N°25). London: iied, 2003, 49 p.
23. FAO. La parité hommes - femmes et
l'accès à la terre. Etudes sur les régimes fonciers,
n° 4. Rome : FAO, 2003, 48 p.
24. Programme Sahel Burkina. Kishi
Beiga : une expérience de gestion alternative de conflits fonciers
dans le Sahel Burkina. Ouagadougou: Les éditions du JADE, 1999, 67
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25. RAIMOND, C. ; SANOU,
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dans le département de Padéma. BOBO-DIOULASSO : Cabinet
ODEC, 2008, 60 p.
26. SANOU, S. Premiers
éléments de connaissance de l'état des lieux sur le
foncier dans le Département de Padéma. Bobo Dioulasso :
Coordination Provinciale du Houet, Novembre 2004, 42 p.
27. SANOU, S. Etat de mise en oeuvre de
l'Opération Pilote de Sécurisation Foncière (OPSF) dans le
Département de Padéma, Province du Houet. Bobo
Dioulasso : Groupement ODEC-ORCD. Mai 2007, 48 p.
28. THIEBA, D. ; ZONGO, M. Enjeux
fonciers et développement durable dans les zones libérées
de l'onchocercose au Burkina Faso. Ouagadougou : GRAF, 2003, 37 p.
29. Graf Infos N°20, décembre 2005
30. Graf Infos N°21, février 2006
31. Grain de sel N°36, septembre - novembre 2006
32. Politique Nationale de Communication pour le
Développement (PNCD) tomes 1 & 2, FAO, 2001
33. Politique Nationale de Sécurisation Foncière
en Milieu Rural (PNSFMR), Octobre 2007
Webographie
34. http://
www.graf-bf.org/IMG/pdf GRAF.
Quelle sécurisation foncière au Burkina? La vision du Graf.
Décembre 2006 Mise en ligne le lundi 28 juillet 2008. Date de
première consultation : 13/ 10 / 08
35.
http//www.etudesafricaines.revues.org/document66.html HAGBERG,
S. À l'ombre du conflit violent. Règlement et
gestion des conflits entre agriculteurs karaboro et agro pasteurs peul au
Burkina Faso. Cahiers d'études africaines n°161,
août 2001. Date de première consultation : 31 / 10 / 08.
36. http://apad.revues.org/document424.html ZONGO,
M. ; MATHIEU, P. Transactions foncières marchandes dans
l'ouest du Burkina Faso : vulnérabilité, conflits,
sécurisation, insécurité. Le bulletin de l'APAD,
n° 19. Mis en ligne le 12 juillet 2006. Date de première
consultation : 28 octobre 2008.
37. www.rfi.fr/idées/wolton/Date de la première
consultation : 16 mars 2009
Liste des personnes rencontrées
N°Nom & prénom (s)Statut Lieu de rencontre 01Dr.
Daniel Thiéba Président GREFCO, membre du GRAFOuagadougou02Pierre
Aimé OuédraogoSecrétaire Exécutif,
GRAFOuagadougou03Sayouba OuédraogoChargé de Programmes,
GRAFOuagadougou04Souleymane OuattaraDirecteur/ JADE Ouagadougou05Abou Bacr
Rabankhi ZidaDirecteur/ SidwayaOuagadougou06Nouroudhine Bagayoko
Géographe Ouagadougou07Dr. Saïdou Sanou Directeur/
ODECBobo-Dioulasso08Jean Martial OuléChargé de coordination,
PDLOBobo-Dioulasso09Millogo Chargé de programmes,
ODECPadéma10Loukman Lankoandé Technicien de l'environnement
Padéma11Zié Sanou Animateur, OPSFPadéma12Saïdou Dao
Maire de Padéma Padéma 13Salif Dao Président CVD de
PadémaPadéma 14Moussa Dao CultivateurPadéma 15Dibi Oumar
Dao CultivateurPadéma 16Zeidoun Nama DaoCultivateurPadéma
17Konaté SogocinCultivateurPadéma 18Tolo Adama
DaoCultivateurPadéma 19Sillasse SanouCultivateurPadéma
20Soumaïla Ouédraogo CultivateurPadéma 21Saïdou
KogoCultivateurPadéma 22Noufou Ouédraogo CultivateurPadéma
23Saïdou Bagagna CultivateurPadéma 24Hamadé Zallé
CultivateurPadéma 25Moussa SidibéEleveur Padéma 26Ali
Sidibé Eleveur Padéma 27Alizeta Ouadraogo
cultivatricePadéma 28Azeta SamacultivatricePadéma 29Safiatou
SawadogocultivatricePadéma 30Djénéba Millogo
cultivatricePadéma 31Brama Sanou Chef de terre Banwaly 32Fla Pascal
Sanou CultivateurBanwaly 33Jean Issouf Sanou CultivateurBanwaly 34Boramassou
Sanou CultivateurBanwaly 35Kalifa Jean Marie Sanou CultivateurBanwaly 36Sibiri
Daniel Sanou CultivateurBanwaly 37Soumaïla Etienne Sanou
CultivateurBanwaly 38Pakisnaaba Hamadé KonkoboCultivateurBanwaly
39Dramane KonkoboCultivateurBanwaly 40Issaka ZongoCultivateurBanwaly 41Jean
Baptiste KonkoboCultivateurBanwaly 42Zakaria KonkoboCultivateurBanwaly
43Saïdou Cissé CultivateurBanwaly 44Saïdou Sibiri Marcelin
CultivateurBanwaly 45Prassa SanouMénagère Banwaly 46Adjara Dao
Cultivatrice Banwaly 47Awa SawadogoCultivatrice Banwaly 48Aminata Sanfo
Commerçante Banwaly 49Ouédraogo Konaté Cultivateur,
secrétaire GRDjigouèma50Issouf Sanou Cultivateur, ex
DAVDjigouèma51Zéouma Adama Traoré Cultivateur,
trésorier CVDDjigouèma52Abdoulaye Konaté Cultivateur
Djigouèma53Sibiri Madou Sanou Cultivateur Djigouèma54Sibiri Adama
Traoré Cultivateur Djigouèma55Kagnan Dao Cultivateur
Djigouèma56Madou Konaté Cultivateur Djigouèma57Sotigui
Konaté Cultivateur Djigouèma58Dramane Konaté Cultivateur
Djigouèma59Ali Traoré Cultivateur Djigouèma60Moussa
Traoré Cultivateur Djigouèma61Benjamin DaoCultivateur
Djigouèma62Boureima KolgaCultivateur Djigouèma63Issouf
KolgaCultivateurDjigouèma64Amadou BandéEleveur
Djigouèma65Mollé Barry EleveurDjigouèma66Issoufou
BandéEleveur Djigouèma67Yaya Boly Eleveur
Djigouèma68Moussa Boly EleveurDjigouèma69Natogma Sata
Konaté Ménagère Djigouèma70Minata Traoré
Cultivatrice Djigouèma71Safi Zallé Cultivatrice
Djigouèma72Maïmouna Kolga MénagèreDjigouèma
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TABLE DES MATIERES
DEDICACE
3
REMERCIEMENTS
4
SOMMAIRE
6
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
7
LISTE DES TABLEAUX
8
INTRODUCTION GENERALE
9
PREMIÈRE PARTIE : CADRE
GÉNÉRAL ET MÉTHODOLOGIQUE DE L'ÉTUDE
11
CHAPITRE I : CADRE GENERAL DE L'ETUDE
12
I. L'OBJET D'ETUDE
12
I. 1. La problématique
12
I. 2. Les intérêts de
l'étude
16
I. 3. Les objectifs de l'étude
16
II. LA CONSTRUCTION D'UN MODELE D'ANALYSE
THEORIQUE
17
II. 1. L'hypothèse
17
II. 2. Les variables de contrôle
18
II. 3. La revue de littérature
18
II. 4. La théorie générale
de l'étude
27
II. 5. Le cadre conceptuel
30
CHAPITRE II : DEMARCHE METHODOLOGIQUE
36
I. LA PRESENTATION DU TERRAIN D'ETUDE
36
I. 1. La présentation du
département de Padéma
36
I. 2. Le champ d'étude
38
II. LES OUTILS ET LES TECHNIQUES DE COLLECTE
DES
DONNEES
40
II. 1. Les outils de collecte des
données
40
II. 2. Les techniques de collecte des
données
41
III. LE DEROULEMENT DE L'ETUDE
41
III. 1. La phase préparatoire
41
III. 2. La phase de terrain
42
III. 3. Le traitement des données
43
III. 4. Les difficultés
rencontrées
43
CHAPITRE III : CONTEXTE GENERAL DE L'ETUDE
45
I. DYNAMIQUES FONCIERES EN AFRIQUE DE L'OUEST
45
I. 1. Les politiques de privatisation des
années 80
45
I. 2. Les approches des années 90
46
II. LE CONTEXTE NATIONAL
47
II. 1. La PNSFMR : une élaboration
participative
47
II. 2. La loi portant Régime Foncier
Rural
49
III. LE CONTEXTE DU DEPARTEMENT DE PADEMA
50
III. 1. Le diagnostic de la situation
foncière
50
III. 2. L'OPSF/ Padéma
51
DEUXIÈME PARTIE : PARTICIPATION DES
POPULATIONS AU DÉBAT FONCIER
52
CHAPITRE I: MODALITES, IMPLICATION EFFECTIVE ET
LIMITES
53
I. LES MODALITES D'IMPLICATION DES POPULATIONS DANS
DEBAT FONCIER
53
I. 1. Les approches et les principes directeurs
de l'OPSF
53
I. 2. Les diagnostics conjoints initiaux
54
I. 3. Les Groupes de Réflexion (GR)
55
I. 4. L'assemblée villageoise
58
II. LA PARTICIPATION DANS LES FAITS
60
II. 1. L'implication des populations
60
II. 2. La réflexion sur les axes de
travail
62
III. LES LIMITES DE LA PARTICIPAION
64
III. 1. L'insuffisance des actions
concrètes
64
III. 2. La mauvaise circulation de
l'information
65
III. 3. L'analphabétisme
66
III. 4. La représentation en
question
66
III. 5. La fin prochaine de l'OPSF
66
CHAPITRE II: FORMALISATION DES ACCORDS FONCIERS
LOCAUX
68
I. LA JUSTIFICATION DU CHOIX DE L'AXE
68
I. 1. La formalisation: une réponse
à une insécurité générale
68
I. 2. Les buts principaux poursuivis
69
I. 3. Les préalables à la
formalisation
70
II. LES ACTIONS DE FORMALISATION
70
II. 1. Le recensement des exploitations
agricoles et des ressources communes
70
II. 2. L'identification des types de
transactions possibles et acceptables
72
III. LES OPTIONS DE SECURISATION FONCIERE
74
III. 1. La jouissance permanente
74
III. 2. Le prêt à durée
déterminée
74
III. 3. La donation foncière
75
III. 4. Le contenu des accords
75
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES DE LA
PARTICIPATION
76
IV. 1. Les acquis
76
IV. 2. Les insuffisances
78
CHAPITRE III : AMENAGEMENTS PASTORAUX
81
I. LE FONCIER ET LA QUESTION PASTORALE
81
I. 1. Les acteurs du pastoralisme
81
I. 2. Les conditions du pastoralisme
83
II. LA JUSTIFICATION DE L'AXE
84
II. 1. Les enjeux fonciers et les enjeux
pastoraux
85
II. 2. La question pastorale : une prise
en compte lente
86
III. LES AMENAGEMENTS PASTORAUX
86
III. 1. La mise en place des pistes à
bétail
86
III. 2. La réalisation d'infrastructures
pastorales
89
III. 3. Les comités de surveillance
91
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
91
IV. 1. Les acquis
91
IV. 2. Les insuffisances
92
CHAPITRE IV: ORGANES LOCAUX DE GESTION FONCIERE
95
I. LA JUSTIFICATION DE L'AXE
95
I. 1. L'absence de structure de gestion
foncière
95
I. 2. La perte d'autorité et de pouvoir
des autorités coutumières
96
I. 3. La remise en cause des accords fonciers
anciens
96
I. 4. L'émergence de nouvelles formes de
transaction foncière
97
II. LA NEGOCIATION ET LES ENJEUX DE POUVOIR
98
II. 1. L'échelle du futur organe
98
II. 2. La forme de l'organe de gestion
foncière
98
II. 3. Le choix d'allier
légitimité et légalité
99
III. LA MISE EN PLACE DES ORGANES
99
III. 1. L'option de deux organes
99
III. 2. Les missions et la composition des
organes
100
III. 3. La représentativité des
organes
100
IV. LES ACQUIS ET INSUFFISANCES
101
IV. 1. Les acquis
101
IV. 2. Les insuffisances de la
participation
101
CONCLUSION GENERALE
103
BIBLIOGRAPHIE
107
LISTE DES PERSONNES
RENCONTRÉES..........................................................................111
TABLE DES MATIERES
113
ANNEXES
116
Annexes
ANNEXE 1 : CARTE DES MAÎTRISES
FONCIÈRES COUTUMIÈRES
ANNEXE 2 : GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES
AUTOCHTONES
ANNEXE 3 : GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES
MIGRANTS
ANNEXE 4 : GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES
PERSONNES RESSOURCES
ANNEXE 5 : GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES
FEMMES
ANNEXE 6 : GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES
JEUNES NON MARIÉS
ANNEXE 7 : FICHE D'OBSERVATION
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES AUTOCHTONES
I. CONNAISSANCE DU MILIEU
1. Quelle est l'organisation sociohistorique de votre
village ?
2. Quelles sont les différentes activités
menées sur le terroir ?
3. La migration est-elle importante dans votre village ?
Si oui, quel effet a-t-elle sur l'occupation des terres ?
4. Quelles relations les autochtones entretiennent-ils avec
les migrants ?
5. Quels sont les outils de communication (traditionnels et
modernes) dont vous disposez? Qui sont les acteurs de communication ?
II. ENJEUX FONCIERS
1. Qui a le contrôle de la gestion foncière dans
le village ?
2. Votre terroir est-il saturé ?
3. Pour quelles fins, les terres sont-elles
demandées ?
4. Qui sont les demandeurs ?
5. Quelles sont les fréquences des demandes de
terres ?
6. Que représente la terre pour
vous (préservation - cession - acquisition) ?
III. APPRECIATION DE LA PARTICIPATION
1. Comment appréciez-vous la mise en place du
GR ? Est-ce une bonne chose?
2. Avez-vous participé aux débats sur le
foncier ? De quelle façon ?
3. Avez-vous eu des difficultés particulières
à participer au débat ?
Lesquelles ?
4. Quel avantage présente la concertation à vos
yeux ?
5. Quels sont les principaux problèmes qui existaient
par le passé et que la concertation a permis de
résoudre ?
6. Avez-vous été régulièrement
informé du cours des débats au sein des GR?
7. Selon vous, qu'est-ce qui n'a pas marché dans ce
processus ?
IV. FORMALISATION DES ACCORDS FONCIERS
1. Quels sont les problèmes liés au non
respect des accords fonciers ?
2. Pourquoi avez-vous retenu cet axe de travail ?
3. Les mesures proposées (accords de jouissance
permanente, prêts à durée
déterminée) répondent-t-elles à vos
préoccupations?
4. Pensez-vous que l'application de ces mesures permettra
de résoudre les problèmes liés au non respect des accords
fonciers ? Pourquoi ?
5. Qu'est-ce que cette formalisation apporte comme changement
dans vos rapports avec les migrants ?
6. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité? Pourquoi ?
V. PASTORALISME
1. Quels sont les problèmes occasionnés par le
pastoralisme dans le village ?
2. Pourquoi avez-vous retenu la question pastorale comme axe
de travail ?
3. Que pensez-vous des pistes à bétail et
forages pastoraux ?
4. Avez-vous été associé à ces
initiatives ?
5. Quel a été votre apport dans la
réalisation de ces ouvrages ?
6. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité ? Pourquoi ?
VI. ORGANE LOCAL DE GESTION FONCIERE
1. Pourquoi la création d'un organe local de gestion
foncière?
2. Comment s'est effectuée la mise en place de cet
organe ?
3. Avez-vous un représentant dans cet organe ?
3. Les migrants peuvent-ils jouer le même rôle
que les autochtones dans la gestion du foncier ?
4. Les jeunes non mariés ont-ils leur place dans cette
structure ? Pourquoi ?
5. Quelles sont vos attentes par rapport à cet organe
local?
6. Pensez-vous qu'il pourra répondre à vos
préoccupations ? Pourquoi ?
VII. GESTION DES CONFLITS FONCIERS
1. Les conflits liés au foncier sont-ils
fréquents dans le village ?
2. Qui sont les protagonistes ? Quelles en sont les
principales causes ?
3. Quelles sont les conséquences de ces conflits sur
la vie sociale ?
4. Au niveau local, qui peut résoudre les
conflits ?
5. En cas de conflit, à qui vous adressez-vous en
première instance ?
6. Quel est le rôle du GR dans la gestion des
conflits ?
7. Avez-vous déjà été
impliqué dans la résolution d'un conflit ? Si oui, quel a
été votre rôle ?
8. Pensez-vous qu'avec la concertation les autochtones et les
migrants, agriculteurs comme éleveurs, pourront cohabiter paisiblement?
Pourquoi?
9. Comment voyez-vous l'avenir ?
VIII. PRISE EN COMPTE DES FEMMES
1. Quelle est la place des femmes autochtones dans la
société ?
2. Quel est leur rôle dans les activités de
production ?
3. Les femmes ont-elles un mot à dire sur la
question du foncier? Pourquoi ?
4. Sont-elles représentées dans les GR et
les organes de gestion foncière ? Si oui, quel est leur
rôle ?
5. Etres-vous pour ou contre l'implication des femmes dans
le débat foncier?
Si contre, dites pourquoi ? Si pour, qu'avez-vous
fait pour faciliter leur participation ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES MIGRANTS
I. CONNAISSANCE DU MILIEU D'ORIGINE
1. De quel village êtes-vous originaire ?
2. Pourquoi avez-vous quitté votre
village ?
3. Depuis combien de temps vous êtes-vous
installé dans ce village ?
4. Quelles sont vos relations avec les
autochtones ?
5. Que représente l'accès ou l'acquisition
d'une terre pour vous ?
6. Quelles sont vos activités (principales et
secondaires) ?
II. APPRECIATION DE LA PARTICIPATION
1. Que pensez-vous de la mise en place du GR ?
2. Avez-vous participé aux débats sur le
foncier ? De quelle façon ?
3. Avez-vous été régulièrement
informé du cours des débats au sein des GR?
4. Avez-vous eu des difficultés à participer au
débat? Lesquelles ?
5. Quel avantage présente la concertation à vos
yeux ?
6. A-t-elle amélioré vos rapports avec les
autochtones ?
7. Quels sont les principaux problèmes qui existaient
par le passé et que la concertation a permis de
résoudre ?
8. Selon vous, qu'est-ce qui n'a pas marché dans ce
processus ?
III. FORMALISATION DES ACCORDS FONCIERS
1. Connaissiez-vous par le passé, des
problèmes liés au non respect des accords fonciers ?
2. Pourquoi avez-vous retenu cet axe de travail ?
3. Les mesures proposées (accords de jouissance
permanente, prêts à durée déterminée)
répondent-t-elles à vos préoccupations? Sinon que
préconisez-vous ?
4. Pensez-vous que l'application de ces mesures permettra
de résoudre les problèmes liés au non respect
des accords fonciers ? Pourquoi ?
5. Qu'est-ce que cette formalisation apporte comme
changement dans vos rapports avec les autochtones ?
6. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité? Pourquoi ?
7. Avez-vous la garantie de toujours disposer de
terres ?
IV. PASTORALISME
1. Quels sont les problèmes occasionnés par le
pastoralisme dans le village ?
2. Pourquoi avez-vous retenu la question pastorale comme axe
de travail ?
3. Que pensez-vous des pistes à bétail et
forages pastoraux ?
4. Avez-vous été associé à ces
initiatives ?
5. Quel a été votre apport dans la
réalisation de ces ouvrages ?
6. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité ? Pourquoi ?
V. ORGANE LOCAL DE GESTION FONCIERE
1. Qui a demandé la création d'un organe local
de gestion foncière? Pourquoi ?
2. Que pensez-vous de la mise en place de cet
organe ?
3. Avez-vous un représentant dans cet organe ?
4. Les migrants peuvent-ils jouer le même rôle
que les autochtones dans la gestion du foncier ?
5. Les jeunes non mariés ont-ils leur place dans cette
structure ? Pourquoi ?
6. Quelles sont vos attentes par rapport à cet
organe local ?
7. Pensez-vous qu'il pourra répondre à vos
préoccupations ? Pourquoi ?
VI. GESTION DES CONFLITS FONCIERS
1. Les conflits liés au foncier sont-ils
fréquents dans le village ?
2. Qui sont les protagonistes ? Quelles en sont les
principales causes ?
3. Comment vivez-vous ces situations ?
4. Au niveau local, qui peut résoudre les
conflits ?
5. En cas de conflit, à qui adressez-vous en
première instance ?
6. Quel est le rôle du GR dans la gestion des
conflits ?
7. Avez-vous déjà été
impliqué dans la résolution d'un conflit ? Si oui quel a
été votre rôle ?
8. Pensez-vous qu'avec la concertation les autochtones et les
migrants, agriculteurs comme éleveurs, pourront cohabiter paisiblement?
Pourquoi?
9. Comment voyez-vous l'avenir ?
VII. PRISE EN COMPTE DES FEMMES
1. Quelle est la place des femmes migrantes dans la
société ?
2. Quel est leur rôle dans les activités de
production ?
3. Les femmes ont-elles leur mot à dire sur la
question foncière ? Pourquoi ?
4. Sont-elles représentées dans les GR et
les organes de gestion foncière ? Si oui, quel est leur
rôle ?
5. Etres-vous pour ou contre l'implication des femmes dans
le débat foncier ? Si contre, dites pourquoi ? Si pour,
qu'avez-vous fait pour faciliter leur participation ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES FEMMES
I.SITUATION FONCIERE DES FEMMES
1. Quelles sont vos activités (principales et
secondaires) ?
2. Avez-vous un champ personnel ?
3. Comment l'avez-vous acquis ?
4. Les femmes accèdent-elles facilement à la
terre ? Pourquoi ?
5. Quelles sont les modes d'accession au foncier pour les
femmes ?
6. Rencontrez-vous des problèmes de terre ?
Lesquels ?
II. APPRECIATION DE LA PARTICIPATION
1. Que pensez-vous de la mise en place du GR ?
2. Les femmes ont-elles été impliquées
dans les débats ? Pourquoi ?
3. Avez-vous eu des difficultés particulières
à participer ? Lesquelles ?
4. Vos préoccupations ont-elles été
prises en compte dans les discussions ? Si oui précisez-les. Si non
que faites-vous pour qu'elles soient prises en compte?
5. Avez-vous été régulièrement
informé du cours des débats au sein des GR?
6. La concertation a-t-elle permis d'améliorer la
situation des femmes ?
7. Voyez-vous un changement dans vos rapports avec les
hommes ?
8. Selon vous, qu'est-ce qui n'a pas marché dans ce
processus ?
III. FORMALISATION DES ACCORDS FONCIERS
1. Qui a demandé la formalisation des accords
fonciers ?
3. Qu'est-ce que cette formalisation des accords apporte
comme changement dans la situation foncière des
femmes ?
4. Les mesures proposées (accords de jouissance
permanente, prêts à durée déterminée)
répondent-t-elles à vos préoccupations? Sinon que
préconisez-vous?
5. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité? Pourquoi ?
6. Avez-vous la garantie de disposer de terres au
besoin ?
IV. PASTORALISME
1. Quels sont les problèmes occasionnés par le
pastoralisme dans le village ?
2. En tant que femmes, comment vivez-vous ces
problèmes ?
3. Que pensez-vous des pistes à bétail et
forages pastoraux ?
4. Avez-vous été associé à ces
initiatives ?
5. Quel a été votre apport dans la
réalisation de ces ouvrages ?
6. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité ? Pourquoi ?
V. ORGANES LOCAUX DE GESTION FONCIERE
1. Que pensez-vous de la création d'un organe local de
gestion foncière ?
2. Les femmes sont-elles représentées dans cet
organe ? Quel est leur rôle ?
3. Selon vous, quelle devrait être la place des femmes
dans une telle structure ?
4. Quelles sont vos attentes par rapport à cet
organe local?
5. Pensez-vous qu'il pourra répondre à vos
préoccupations ? Pourquoi ?
VI. GESTION DES CONFLITS
1. Les conflits liés au foncier sont-ils
fréquents dans le village ?
2. Qui sont les protagonistes ? Quelles en sont les
principales causes ?
3. En tant que femmes, comment vivez-vous ces
situations ?
4. Au niveau local, qui peut résoudre les
conflits ?
5. En cas de conflit, à qui adressez-vous en
première instance ?
6. Quel est le rôle du GR dans la gestion des
conflits ?
7. Avez-vous déjà été
impliquée dans la résolution d'un conflit? Si oui quel a
été votre rôle ?
8. Comment voyez-vous l'avenir ?
VII. PRISE EN COMPTE DES FEMMES
1. Quelle est la place des femmes migrantes dans la
société ?
2. Quel est leur rôle dans les activités de
production ?
3. En tant que femme, pensez-vous avoir votre mot à
dire sur la question du foncier? Pourquoi ?
4. A votre avis quelle devrait être la place des
femmes dans les structures foncières (GR et organe de gestion
foncière) ?
5. Quels sont vos souhaits ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES JEUNES NON
MARIES
I. SITUATION FONCIERE DES JEUNES NON MARIES
1. Votre famille possède-t-elle des
terres ?
2. Avez-vous un ou des champs personnels dans votre
village ?
3. La migration est-elle importante dans votre
village ?
4. Quels sont vos rapports avec les
aînés ?
5. Quelles sont vos activités (principale et
secondaire) ?
II. APPRECIATION DE LA PARTICIPATION
1. Que pensez-vous de la mise en place du GR ?
2. Avez-vous été impliqués dans les
débats ? Si oui quel a été votre rôle ? Si
non pourquoi et qu'avez-vous fait pour cela?
3. Vos préoccupations ont-elles été
prises en compte dans les discussions? Si oui précisez-les. Si non que
faites-vous pour qu'elles soient prises en compte ?
4. Avez-vous été régulièrement
informé du cours des débats au sein des GR?
5. La concertation a-t-elle permis d'améliorer la
situation des jeunes ?
6. Voyez-vous un changement dans vos rapports avec les
aînés ?
7. Selon vous, qu'est-ce qui n'a pas marché dans ce
processus ?
III. FORMALISATION DES ACCORDS FONCIERS
1. Qui a demandé la formalisation des accords
fonciers ?
3. Qu'est-ce que cette formalisation apporte comme changement
dans la situation foncière des jeunes ?
4. Les mesures proposées (accords de jouissance
permanente, prêts à durée déterminée)
répondent-t-elles à vos préoccupations? Sinon que
préconisez-vous ?
5. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité? Pourquoi ?
6. Avez-vous la garantie de disposer de terres dans
l'avenir ?
7. Quels sont vos souhaits ?
IV. PASTORALISME
1. Quels sont les problèmes occasionnés par le
pastoralisme dans le village ?
2. En tant que jeunes, comment vivez-vous ces
problèmes ?
3. Que pensez-vous des pistes à bétail et
forages pastoraux ?
4. Avez-vous été associé à ces
initiatives ?
5. Quel a été votre apport dans la
réalisation de ces ouvrages ?
6. Vous sentez-vous désormais plus en
sécurité ? Pourquoi ?
V. ORGANES LOCAUX DE GESTION FONCIERE
1. Que pensez-vous de la création d'un organe local de
gestion foncière ?
2. Les jeunes sont-ils représentés dans cet
organe ? Quel est leur rôle ?
3. Selon vous, les jeunes peuvent-ils collaborer avec leurs
aînés dans une telle structure ?
4. Quelles sont vos attentes par rapport à cet
organe local?
5. Pensez-vous qu'il pourra répondre à vos
préoccupations ? Pourquoi ?
VI. GESTION DES CONFLITS
1. Les conflits liés au foncier sont-ils
fréquents dans le village ?
2. Qui sont les protagonistes ? Quelles en sont les
principales causes ?
3. En tant que jeunes, comment vivez-vous ces
situations ?
4. Au niveau local, qui peut résoudre les
conflits ?
5. En cas de conflit, à qui adressez-vous en
première instance ?
6. Quel est le rôle du GR dans la gestion des
conflits ?
7. Avez-vous déjà été
impliqué dans la résolution d'un conflit? Si oui quel a
été votre rôle ?
8. Comment voyez-vous l'avenir ?
VII. PRISE EN COMPTE DES FEMMES
1. Quelle est la place des femmes dans la
société ?
2. Quel est leur rôle dans les activités de
production ?
3. quels sont vos rapports avec les femmes ?
4. Les femmes ont-elles leur mot à dire sur la
question du foncier ? Pourquoi ?
5. Etres-vous pour ou contre l'implication des femmes dans
le débat foncier ? Si contre, dites pourquoi ? Si pour,
qu'avez-vous fait pour faciliter leur participation ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES PERSONNES RESSOURCES
I. ENJEUX FONCIERS
1. Qui a le contrôle de la gestion foncière dans
le village ?
2. Le terroir du village est-il saturé ?
3. Pour quelles fins, les terres sont-elles
demandées ?
4. Qui sont les demandeurs ?
5. Quelles sont les fréquences des demandes de
terres ?
II. FONCTIONNEMENT DES GR
1. Comment s'est fait la mise en place des GR ?
Avez-vous rencontré des
difficultés particulières? Précisez-les.
2. Quel sont les critères de choix des membres du
GR ?
3. Comment se fait le choix des axes de travail ?
4. Comment se déroulent les débats au sein du
GR et lors des AV ?
5. Quelle est le langage utilisé au cours des
discussions ? Est-il maîtrisé par l'ensemble des
acteurs en présence ?
6. Quel est le mécanisme de prise des
décisions ?
7. Qui se charge de la mise en oeuvre des décisions
prises ? Comment se fait le suivi ?
8. Comment appréciez-vous le fonctionnement des GR
depuis leur installation (atouts et limites) ?
9. Quels sont les principaux obstacles à la
participation ? Expliquez-les ?
10. Quels sont les rapports entre le GR et les autres
instances locales (CVD, chefferie coutumière, administration, mairie,
groupements villageois...) ?
III. ROLE DES ANIMATEURS
1. Quel est votre rôle dans ce processus?
2. Quelles ont été les difficultés
rencontrées pour mobiliser les populations?
3. Qu'en est-il des femmes ? Qu'avez-vous fait pour faciliter
leur participation ?
4. Selon vous, y a-t-il des changements de comportements
observables ?
6. Qu'est-ce qui vous donne le plus de satisfaction dans
cette expérience ?
7. Selon vous, qu'est-ce qui n'a pas marché dans ce
processus ?
IV. RESPONSABILISATION DES POPULATIONS
1. Quel est le rôle de chacun des acteurs dans le
processus ?
2. Les populations ont-elles contribué
matériellement et/ou financièrement dans les
réalisations ?
3. Les rapports entre autochtones et migrants s'en sont-ils
améliorés ?
4. Qu'est-ce qui a changé dans les rapports
hommes/femmes sur la question foncière ?
5. La participation des femmes est-elle acceptée et
tolérée par l'ensemble des acteurs ?
6. Quel est le degré d'appropriation du processus
par les populations ?
7. L'adhésion des populations aux initiatives
est-elle satisfaisante ?
8. Qui sont les oubliés de la participation ?
Pourquoi ?
V. SECURISATION FONCIERE
1. Quels sont les problèmes liés au foncier
dans la zone de Padéma ?
2. Qui sont les protagonistes ? Qu'est-ce qui les
opposent ?
3. Comment peut-on assurer la sécurisation
foncière en milieu rural en faisant participer les populations ?
4. Comment aplanir les tentions liées au foncier par
la participation ?
5. En quoi la participation a-t-elle permis de pacifier la
zone ?
6. En quoi l'expérience de Padéma est-elle
originale et peut donc constituer un exemple intéressant ?
7. Pensez-vous que les populations pourront pérenniser
l'initiative sans votre aide ?
VI. COMMUNICATION
1. Peut-on dire que la communication est au coeur de ce
processus ?
Pourquoi ?
2. Quels sont les outils de communication que vous
utilisez ?
3. Comment se fait la circulation des informations ?
4. Etes-vous satisfaits de la communication avec et entre les
populations ? Pourquoi ?
5. Quelles sont les difficultés de communication
auxquelles vous faites face?
FICHE D'OBSERVATION
1. NOM DU
VILLAGE :...................................................................................
2. ACCES AU VILLAGE (description de l'état de la route)
:................................
....................................................................................................................
3. TYPE D'HABITAT (nature des
constructions) :..............................................
....................................................................................................................
4. ORGANISATION DE L'ESPACE (présence de champs de
case ? Distance entre les concessions,
etc.) :...........................................................................
....................................................................................................................
5. PAYSAGE (densité des arbres, retenus d'eau,
faune...) :................................
....................................................................................................................
6. ESPACES DE
COMMUNICATION :..............................................................
....................................................................................................................
7. RESSOURCES EN
EAU :.............................................................................
.....................................................................................................................
8. CLIMAT SOCIAL (présence de tension ? Causes et
manifestations) :..............
.....................................................................................................................
9. PRESENCE DE
TRANSHUMANTS :..............................................................
.....................................................................................................................
10. LANGUES
PARLEES :...............................................................................
....................................................................................................................
11. LIEU DE
CULTE :.....................................................................................
.........................................................................................................................................................................................................................................
12. INFRASTRUCTURES PRESENTES DU
VILLAGE :.......................................
.....................................................................................................................
13.
AUTRES :..................................................................................................
.....................................................................................................................
........................................................................................................................................................................................................................................
* 1 KI-ZERBO, F.; KONATE, G.;
OUATTARA, S. A l'écoute de la loi et des coutumes.
2006, p. 9
* 2 Décret numéro
2007 - 610/PRES/MAHRH portant adoption de la PNSFMR du 04 octobre 2007
* 3 CILSS. « Forum sur
le foncier rural en Afrique de l'Ouest ». Note d'orientation. Avril
2002, p. 2
* 4 Direction
Générale du Foncier, de la Formation et de l'Organisation du
Monde Rural
* 5 Lire le paragraphe sur la
loi en question à la page 47 de ce document
* 6 RAIMOND, C. ; SANOU,
S. & TALLET, B. « La participation au débat
foncier dans le département de Padéma », rapport
de stage 2008, p. 4
* 7 OUATTARA, S. « Les
enjeux fonciers : les stratégies de préservation et
d'appropriation dans le département de Diébougou »,
Thèse de doctorat en Sociologie, 2006 - 2007, p. 25
* 8 Padéma est le
chef-lieu du département du même nom
* 9 Ibid.
* 10 KI-ZERBO, J. A quand
l'Afrique ? 2003, p. 34
* 11 SENGHOR cité par
LE ROY, E. « L'appropriation et les systèmes de
production » in L'appropriation de la terre en Afrique
Noire : manuel d'analyse, de décision et de gestion
foncière. 1991, p. 29
* 12 KOUASSIGAN, G-A..
L'homme et la terre : droits fonciers coutumiers et droit de
propriété en Afrique Occidentale. 1966, p. 12
* 13 idem
* 14 LE ROY, E. Op.
Cit. p. 242
* 15 ZONGO, M. ; MATHIEU,
P. «Transactions foncières marchandes dans l'Ouest du Burkina Faso
: vulnérabilité, conflits, sécurisation,
insécurité», 2006, p. 18
* 16 RAIMOND, C. ;
SANOU, S. & TALLET, B. « La participation au débat
foncier dans le département de Padéma » 2008, p. 12
* 17 DE LERNER, P.
« Le foncier de l'arbre » in LE ROY, E. L'appropriation
de la terre en Afrique Noire. 1991, p. 103
* 18 GU KONU, E. Y.
« L'arboriculture » in LE ROY, E.
L'appropriation de la terre en Afrique Noire. 1991, p. 84
* 19 OUEDRAOGO, H.
« Un bon foncier garantit la paix sociale » in
Kishi Beiga : une expérience de gestion alternative de conflits
fonciers dans le Sahel Burkina. 1999, p.8
* 20 Dans le contexte
burkinabè, les nouveaux acteurs sont des acteurs
généralement issus du milieu urbain, développant en milieu
rural de nouvelles stratégies d'accumulation foncière et de
productions agro-sylvo-pastorales, dans le but de profiter des
opportunités du marché. Ils sont également
désignés par l'expression « agro
businessmen ».
* 21 THIEBA, D ; ZONGO, M.
«Enjeux fonciers et développement durable dans les zones
libérées de l'onchocercose au Burkina Faso» Mars 2003,
p.7
* 22 HAGBERG ? S.
« A l'ombre du conflit violent », 2001, p. 13
* 23 Cf. RAIMOND, C. ;
SANOU, S. & TALLET, B. Op. Cit. p. 19
* 24 BROCKHAUS, M. ; PICKARDT,
T. & RISCHKOWSKY, B. « Médiation dans un cadre en mutation
: victoires et défaites dans la gestion des conflits liés aux
ressources naturelles dans le Sud-ouest du Burkina » 2003, p. 25
* 25 BENZHAF, M. ; DRABO, B.
& GRELL, H. « Du conflit au consensus : les pasteurs et
agro-pasteurs de Kishi Beiga optent pour la cogestion de leurs ressources
naturelles. » 2000, p. 3
* 26 THIEBA, D. ; ZONGO,
M. op. cit. p. 13
* 27 KONATE, G.
« Burkina Faso : une insécurité
foncièrement féminine ». Grain de sel
N° 36 -- septembre - novembre 2006, p.19
* 28 GRAF. « Analyse
globale des Grands Aménagements Hydro Agricoles (GAHA) au Burkina
Faso ». Mars 2007, pp 8 - 9
* 29 Cf. SANOU, S.
« Etat de mise en oeuvre de l'opération pilote de
Sécurisation foncière dans le département de
Padéma, Province du Houet ». 2007, p. 41
* 30 KI-ZERBO, F. ;
KONATE, G. et OUATTARA, S. Op. Cit. p. 11
* 31 FAO. La parité
hommes - femmes et l'accès à la terre. 2003, p. 11
* 32 Cf. DELVILLE LAVIGNE, Ph.
Quelles politiques foncières pour l'Afrique rurale ?
Réconcilier pratiques, légitimités et
légalité. 1998, pp 29-30
* 33 DELVILLE LAVIGNE, Ph.
Op. Cit. p. 31-33
* 34 DELVILLE
LAVIGNE, Ph. Op. Cit. p. 32
* 35 Ibidem.
* 36 GRAF. «Quelle
sécurisation foncière au Burkina? La vision du Graf »
octobre 2006, p. 6
* 37 Politique Nationale de
Sécurisation Foncière en Milieu Rural. 2007, p. 14
* 38 BESSETTE, G. Op.
Cit. p. 13
* 39 BESSETTE, op. cit.
pp. 9-10
* 40 Idem. p. 11
* 41 FAO. Approche
participative, communication et gestion des ressources
forestières : bilan et perspectives. 1995, p. 13
* 42 BESSETTE, G. Op. Cit.
p. 19
* 43 Dominique Wolton,
invité de Benoît Ruelle à l'émission «
Idées » sur RFI, date de la première diffusion
15 mars 2009
* 44 Marcel MAUSS cité
par LE ROY, E. La sécurisation foncière en Afrique :
pour une gestion viable des ressources renouvelables. 1996, p. 24
* 45 ZARTMAN, I. W. La
gestion des conflits en Afrique. 1990, p. 12
* 46 Ibidem
* 47 HERRERA, A.; DA PASSANO,
M. G. Gestion alternative des conflits fonciers. 2007, p. 13
* 48 Op. Cit. p. 76
* 49 LE ROY, E. cité par
OUATTARA, Siaka. Op. Cit. p. 47
* 50 BRUCE et MIGOT-ADHOLLA
cités par DELVILLE LAVIGNE, Op. Cit. 1998, P.21
* 51 Cf. Decret N° 2007 -
610/PRES/PM/MAHRH portant adoption de la politique nationale de
sécurisation foncière en milieu rural du 04 octobre 2007.
* 52 Cf. www.wolton.cnrst.fr
* 53 BALIMA, S. Th. 1999,
p.12
* 54 BESSETTE, G. Op. Cit. p.
9
* 55 A. HERRERA, A. ; DA
PASSANO, M. G. Op. Cit. p. 8
* 56 FREIRE, P.
Pédagogie des opprimés. 1976, p. 9
* 57 Padéma,
Kolédougou, Banwaly, Djigouèma, Lahirasso, Sioma, Kimini,
Bankouma, Zongoma, Hamdalaye, Wigayatoulaye et Nématoulaye.
* 58 Recensement administratif
de 2004
* 59 La maîtrise
foncière est définie comme étant un espace
géographique dont le contrôle et la gestion des ressources
naturelles (terres, eau, forêts, faune) relèvent des premiers
habitants des lieux, notamment la communauté d'autochtones.
* 60 Cf. PDLO
« Premiers éléments de connaissance de l'état
des lieux sur le foncier dans le département de
Padéma », p. 8
* 61 ODEC :
Opérations de Développement, Etudes et Conseils
* 62 Le verbatim
désigne une citation textuelle, mot à mot d'une allocution ou
d'un discours. Dans le cadre de notre étude, nous le définissons
comme l'ensemble des mots et phrases employés par les personnes
enquêtées lors des entretiens.
* 63 Le DAV est le
représentant du préfet dans le village. Cette fonction a
été supprimée en 2006.
* 64 Zallé
Hamadé, cultivateur à Padéma
* 65 Sawadogo Safiatou, mermbre
du GR de Padéma
* 66 Dao Dibi Oumar,
secrétaire du GR du village de Padéma
* 67 Zaidoun Dao, cultivateur
à Padéma
* 68 Ali Sidibé,
éleveur à Padéma
* 69 Konkobo Dramane,
cultivateur à Banwaly
* 70 Koalga Issouf, jeune mossi
rencontré à Djigouèma
* 71 Yaya Boly, éleveur
à Djigouèma
* 72 Mollé Bary,
éleveur pratiquant la transhumance du nord de Padéma vers la zone
de Gaoua
* 73 BESSETTE, op cit. pp 10 -
22
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