SOMMAIRE
INTRODUCTION 2
PREMIERE PARTIE :
DE REELLES POTENTIALITES OU PREDISPOSITIONS A RESOUDRE
LES CONFLITS SUR LE CONTINENT AFRICAIN 11
CHAPITRE I :
LE PATERNALISME COLONIAL 12
CHAPITRE II :
LE STATUT INTERNATIONAL DE GRANDES PUISSANCES
37
DEUXIÈME PARTIE :
UNE EFFICACITE RELATIVE DE L'ENGAGEMENT DES ANCIENNES
PUISSANCES COLONIALES 55
CHAPITRE I :
L'INFLUENCE D'UN CONCOURS DE FACTEURS 56
CHAPITRE II :
L'ISSUE DE LA RESOLUTION DES CONFLITS : UNE INITIATIVE
PLURIELLE ? 77
CONCLUSION 92
BIBLIOGRAPHIE 94
TABLE DES MATIERES 108
INTRODUCTION
L'échec de la
Société des Nations et les atrocités de la deuxième
guerre mondiale ont fait prendre conscience aux vainqueurs du danger que
courait la planète. Plusieurs préoccupations seront donc au
centre des conférences aux fins de pacifier le monde. Au nombre de
celles-ci se trouvait « l'intronisation des Droits de
l'Homme », selon le voeu de Winston CHURCHILL.
Mais comment pourrait-on
"introniser les Droits de l'Homme " sans paix ni sécurité ?
Les Alliés décidèrent de créer une institution dont
la mission serait de veiller sur la paix et la sécurité
internationales. Pourtant, les dissensions en leur sein vont à nouveau
exposer le monde au danger de la guerre. En effet, quelques années
seulement après la fin de la deuxième guerre mondiale et la
création de l'ONU, le monde fut divisé en deux blocs. Cette
bipolarisation va se manifester par des conflits par procuration à
travers la planète. Et l'Afrique devenait au même titre que les
autres parties du monde, "un objet de conquête1(*)" des deux Grands : les
Etats-Unis d'Amérique et l'URSS. Cette
situation sera maintenue jusqu'à la chute du mur de Berlin en novembre
1989 et la dislocation du bloc oriental, consacrant ainsi un nouvel ordre
mondial marqué par l'unipolarité. Ce nouvel ordre a eu pour
conséquence la fin des conflits par procuration et l'on assistait
à une réduction des conflits armés
interétatiques.
L'ONU, tenue dans l'immobilisme
du fait de la situation décrite plus haut, semblait se réveiller
pour assumer le rôle à elle assigné dès sa
création au point que, le Secrétaire général
Boutros BOUTROS-GHALI évoquait l'idée de la
« Renaissance des Nations Unies » dans son
« Agenda pour la paix ». Paradoxe et attitude anachronique ! La fin de la
guerre froide qui devait amorcer le développement de l'Afrique est
malheureusement l'ère de résurgence des conflits armés.
Face à ces conflits d'un
type nouveau, le monde n'est pas resté sans réagir. D'ailleurs,
on remarquera avec Thierry VIRCOULON que cette situation va renouveler la
doctrine de l'interventionnisme international2(*).
Au nombre des intervenants et au
premier rang, nous retrouvons les anciennes puissances coloniales dont les plus
engagées sont en général celles qui sont membres
permanents du Conseil de sécurité, mais aussi les Etats-Unis
d'Amérique. De là, le terme de notre étude intitulé
comme suit : "Les anciennes puissances coloniales et la
résolution des conflits en Afrique".
A ce stade de la réflexion, il importe de marquer un
arrêt pour définir le groupe nominal « anciennes
puissances coloniales » afin d'identifier les acteurs qui y
sont inclus.
La lecture de l'histoire de l'Afrique, depuis la
deuxième moitié du XIXè siècle nous permettra de
saisir le sens de cette expression. En effet, durant le XIXè
siècle, "l'Angleterre d'abord puis les autres pays de l'Europe
occidentale vont subir une mutation de structures qui est la révolution
industrielle"3(*)
écrit Joseph KI-ZERBO. Ce changement radical dans l'évolution de
l'Europe va lui imposer de nouveaux besoins. De là, un nouveau regain
d'intérêt pour l'Afrique - non pour lui arracher ses bras valides
comme à l'époque de l'esclavage - mais pour un "nouveau
rôle dans l'essor européen". Les impératifs de plus en plus
sévères pesant sur l'économie nationale de l'Europe
mèneront alors l'intervention militaire impérialiste.4(*)" C'est l'ère de ce qu'on
a appelé "la colonisation" définie par Elikia M'BOKOLO comme la
"domination étrangère sur les sociétés
africaines,"5(*) domination
tous azimuts s'entend. Les puissances européennes qui se
lancèrent dans cette entreprise sont l'Allemagne, la Belgique, la France
la Grande Bretagne et le Portugal. Ces Etats furent nommés
puissances coloniales. La domination de ces puissances
commencera par la conquête militaire en 1880 pour prendre fin dans les
années 19606(*).
L'indépendance des Etats acquise fait passer les puissances de l'Europe
coloniale du statut de puissances coloniales à celui d'anciennes
puissances coloniales. De la sorte, une ancienne puissance coloniale est un
Etat dont la pratique dominatrice a pris fin du fait de l'accession de l'Etat
dominé à la pleine capacité juridique sur les plans
national et international. Ou plus clairement un Etat dont la
domination militaire, économique et même culturelle exercée
sur un autre Etat a pris fin. On dira par exemple que la France est
l'ancienne puissance coloniale ou tutélaire de la Côte d'ivoire.
Dans le cadre de cette étude, cette définition doit être
tenue pour objective et historique. De sorte que l'issue des deux grandes
guerres consacra définitivement comme puissances coloniales de l'Afrique
: l'Angleterre, la Belgique, la France et le Portugal. Il faut joindre à
cette définition une autre, celle là subjective et
idéologique. Relativement au sens idéologique, on dira
qu'à partir de 1945, les Etats-Unis d'Amérique et l'Union
soviétique ont exercé une domination idéologique sur le
monde y compris l'Afrique. Mais concernant les Etats-Unis d'Amérique,
leurs contacts avec l'Afrique ne sont pas seulement idéologiques. Ils
sont aussi physiques7(*),
selon Pierre DABEZIES. Aussi, sans forcement bousculer les consciences
scientifiques, devra-t-on tout de même admettre que les Etats-Unis
d'Amérique sont une ancienne puissance coloniale de l'Afrique, eu
égard au poids de l'histoire qui les lie au Libéria. De plus,
toute étude sur l'impact des interventions étrangères en
Afrique qui exclut celles des Etats-Unis d'Amérique écarte de
facto un acteur déterminant pour la compréhension de l'impact de
ces interventions. Ceci dit, par Øancienne puissance
colonialeØ, nous entendons le terme à la fois au sens
objectif et historique et au sens idéologique et subjectif. De sorte
que, le vocable inclut non seulement l'Angleterre, la Belgique, la France et le
Portugal mais aussi et surtout les Etats-Unis d'Amérique. D'ailleurs,
évoquant ces acteurs, certains auteurs parlent de partenaires
traditionnels de l'Afrique8(*).
Une autre précision est utile à ce niveau de
l'étude. C'est celle relative à l'étendue du thème.
A quels "conflits armés" voulons-nous faire allusion ? Conflits
armés inter ou intra étatiques ? Il est clair que les conflits
armés interétatiques ou conflits armés internationaux ont
quasiment disparu après la consécration de l'uni polarité.
Et les Etats ont de plus en plus tendance à confier leurs
différends à l'organe juridictionnel international9(*), évitant ainsi les
affrontements armés. Les conflits armés qui feront l'objet de
cette étude sont donc les conflits armés internes aux Etats
africains.
Le thème de recherche étant ainsi
présenté, il convient d'en montrer l'intérêt
(I) et d'en identifier puis formuler la problématique
(II).
I/ INTERET ET JUSTIFICATION DU THEME DE
RECHERCHE
Les études de troisième cycle ont des exigences,
dont notamment la production d'un travail de recherches dans un domaine
scientifique donné. Produire ce mémoire, c'est d'abord satisfaire
cette exigence.
Hormis cette raison-triviale-, l'histoire récente et
l'actualité politique de l'Afrique invitent à
réfléchir sur elle. C'est que, son évolution historique
nous donne de constater que l'Afrique a vécu des
évènements qui n'ont pas fini de la marquer et d'influencer son
avenir. De la traite négrière à la colonisation, elle fut
humiliée. Ces périodes troubles passées, elle
accède à l'indépendance dans les années soixante du
siècle dernier. Alors que se nourrissait pour elle l'espoir d'un essor
économique, l'Afrique va décevoir cette espérance en
faisant sienne un fléau jusque là observé en occident : Le
conflit armé10(*).
En 1960 déjà, après le 30 juin, le Congo-Kinshasa "ouvrait
le bal" des conflits internes avec la sécession de la province du
Katanga. L'année 1967 marque le début de la guerre du Biafra, au
Nigeria. En 1982, le Sénégal Øentre en
scèneØ avec le conflit casamançais. Le début de la
décennie 1990 qui coïncide avec la fin de la guerre froide sonne
malheureusement pour l'Afrique la généralisation du
phénomène. Le 24 décembre 1989, un groupe armé sous
la houlette de Charles TAYLOR attaque le poste frontalier de Butuo, village
libérien situé à la frontière
ivoiro-libérienne. C'est le début de la guerre civile du
Libéria. Le 23 mars 1991, le schéma libérien est
reproduit en Sierra Leone. Deux villages situés à l'est du pays
sont attaqués par une troupe conduite par Foday SANKOH. Dans la Corne de
l'Afrique, la chute de Siad BARRE, en janvier 1991, plonge la Somalie dans le
chaos. L'Ethiopie et l'Erythrée se disputent des portions de terre, en
s'affrontant. Dans la région des Grands Lacs, le conflit latent entre
Hutu et Tutsi éclate. Le Rwanda annonce les couleurs de la
Ørévolution africaine d'octobreØ, en effet, le
1er octobre 1990, le front patriotique rwandais lance une attaque
sur le Rwanda depuis l'Ouganda, sa base arrière. Au Burundi,
l'assassinat en octobre 1993 de Melchior NDADAYE, le premier président
démocratiquement élu depuis l'indépendance par une
fraction de l'armée, rouvrit le cycle des tueries. Enfin, au Zaïre,
en octobre 1996, les forces armées de l'AFDL (Alliance des Forces
Démocratiques de Libération du Congo-Zaïre) et leurs
alliés rwandais attaquèrent les camps de réfugiés
Hutu qui hébergeait aussi les rescapés des Forces Armées
Rwandaises, annonçant ainsi le confit armé du Zaïre.
Même la Côte d'Ivoire, hier,
considérée comme havre de paix a rompu avec sa tradition de paix
et est elle aussi devenue un Etat assisté ou un champ d'intervention
à partir du 19 septembre 2002.
Face à la multiplication de ces conflits, la
solidarité internationale au chevet de l'Afrique est spectaculaire.
Cependant force est de constater que cette mobilisation ne saurait se faire
dans un Etat sans l'autorisation d'une puissance donnée. Et la
réussite de quelqu'opération dans tel autre Etat suppose ou
requiert l'engagement de telle autre puissance. En guise d'institution de la
pratique, le concept de « nation-cadre11(*) » est adopté et accepté par ces
puissances. L'Angleterre a dû elle-même mettre Foday SANKOH aux
arrêts pour espérer le retour à la paix en Sierra Leone. Au
Liberia, il aura fallu attendre que le gouvernement des Etats-Unis
d'Amérique ordonne le départ de Charles TAYLOR du pouvoir. Le
concept de «nation-cadre» est si cher à la communauté
internationale que même dans l'hypothèse d'une intervention
entreprise par une organisation intergouvernementale, elle y a toujours
recours. En témoigne l'opération « Artémis »
autorisée par la résolution 1484 du 30 Mai 2003 du Conseil de
sécurité et conduite par l'Union européenne en
République démocratique du Congo. La France fut cette
« nation-cadre » autour de qui s'organisa
l'opération. Mais au Rwanda, pendant que la Belgique, ancienne puissance
tutélaire se retire, la France, elle, reste sur les lieux. Quatre
années plus tard on assiste à ce que le Professeur René
DEGNI-SEGUI12(*),
rapporteur spécial des Nations unies pour le Rwanda, appellera
"génocide". En Somalie, dans ce « bourbier 13(*)», les interventions des
puissances internationales sous la houlette de Washington tournent mal.
A partir de ces constats, entreprendre des recherches sur
l'intervention des anciennes puissances coloniales dans la résolution
des conflits armés en Afrique devient intéressant. Car,
Øtout discours interventionniste et tout acte d'ingérence
questionne le juriste quant à sa légitimité et à sa
licéité Ø, selon le Professeur MELEDJE Djedjro. Enfin,
l'étude apparaît d'un intérêt historique dans la
mesure où l'histoire de l'intervention n'est elle-même pas
reluisante. Car, comme le signale si bien Paul RICOEUR, "l'intervention a
elle-même une longue histoire d'injustice et de violence14(*)".
L'intérêt et justification du thème ainsi
dégagés, il importe d'en identifier la problématique et la
formuler.
II/ IDENTIFICATION ET FORMULATION DU PROBLEME DE
RECHERCHE
L'histoire générale de l'Afrique, depuis
l'époque précoloniale jusqu'à la fin de la guerre froide
en passant par la colonisation est connue. L'Afrique est entrée en
commerce avec le reste du monde, certes. Mais ses rapports avec le reste du
monde ont toujours ou presque été marqués par des rapports
de domination à son désavantage. De simples rapports de
coopération avant le XVè siècle, l'on est
passé à une période de domination marquée par la
traite des Noirs d'abord et la colonisation ensuite. Malgré
l'indépendance acquise dans la deuxième moitié du
XXè siècle, l'Europe colonisatrice refuse de partir.
Ce qui a conduit Elikia M'BOKOLO à affirmer que l'Afrique au
XXè siècle est encore « un continent
convoité15(*)
». En effet, à la faveur des conflits internes qui vont surgir au
lendemain des indépendances, l'Europe colonisatrice va trouver l'alibi
d'un retour non sans ingérence parfois fracassante. La pratique va
atteindre son paroxysme à la fin de la guerre froide, à
l'ère de la « Renaissance des Nations unies16(*)», suite aux conflits
armés internes qui éclatent par ci et là sur le continent.
Curieuse cependant est l'attitude de ces puissances interventionnistes face
à certains conflits dans lesquels leurs interventions sont à la
fois nécessaires et réclamées. Le Rwanda est encore en
mémoire et l'opération Turquoise montée pour « le
secours post-mortem17(*)» des quelques 800 mille morts du génocide
est la matérialisation de cette indifférence condamnable.
Au regard de l'analyse de la situation politique
générale et eu égard à l'histoire récente
des différentes interventions des anciennes puissances coloniales dans
la résolution des conflits en Afrique, le problème de cette
recherche se libelle comme suit : Les interventions des anciennes
puissances coloniales dans la résolution des conflits en Afrique
auront-elles été bénéfiques à l'Afrique en
quête de stabilité et de sécurité ?
En d'autres termes que révèlerait
l'autopsie de l'intervention de ces puissances dans l'Afrique en quête de
solution à ses conflits ?
Une telle problématique exige réponse. Nous nous
y essayerons. Aussi l'étude s'articulera-t-elle autour de deux grands
axes. Il s'agira de montrer que malgré les atouts dont elles disposent
(PREMIERE PARTIE), l'engagement des anciennes puissances
coloniales produit des résultats d'une efficacité relative
(DEUXIEME PARTIE).
PREMIERE
PARTIE :
DE REELLES POTENTIALITES OU PREDISPOSITIONS A RESOUDRE
LES CONFLITS SUR LE CONTINENT AFRICAIN
Nous traitera des atouts ou potentialités
dont disposent les anciennes puissances coloniales pour résoudre les
conflits en Afrique. Car, il faut le signaler de go, la capacité
à résoudre un conflit dépend de la connaissance qu'on a de
ce conflit ou de la faculté à pouvoir y apporter une solution
négociée, une issue heureuse. Relativement aux acteurs dont il
s'agit, les liens tissés avec le continent, théâtre des
conflits (CHAPITRE I) et leur influence diplomatique internationale ou leur
statut international de grandes puissances (CHAPITRE II) apparaissent comme des
atouts considérables.
CHAPITRE I : LE PATERNALISME COLONIAL
Par paternalisme colonial, nous entendons les
relations d'amitié ou les liens18(*) qui unissent l'Afrique aux anciennes puissances
coloniales et un certain droit de préemption qu'ont ces derniers sur le
premier en matière de coopération ou de pratique des relations
internationales. On notera par exemple la priorité accordée par
la France à ses anciennes colonies de l'ex- AOF ou de l'ex- AEF, la
place centrale qu'occupe la Grande-Bretagne dans la coopération
bilatérale de ses anciennes colonies19(*). Malgré la mondialisation, cette pratique
reste fortement de mise, en vigueur ; de sorte qu'il y a lieu de se
demander si la décolonisation n'est pas un processus inachevé
(SECTION I). Une telle interrogation se justifie d'ailleurs quand on sait la
disposition des Africains à consentir à l'ingérence des
anciennes puissances coloniales, dans le cadre du règlement de leurs
conflits (SECTION II).
SECTION I : LA DECOLONISATION, UN PROCESSUS
INACHEVE ?
Si la colonisation a été perçue
comme la « domination étrangère sur les
sociétés africaines », son autopsie permet de
s'apercevoir du caractère massif mais surtout global du
phénomène qui embrasa tous les secteurs de la vie en Afrique. La
colonisation est certes sociale et économique, mais elle est d'abord et
surtout militaire et politique. L'aspect militaire a permis au terme du
congrès organisé par BISMARCK- dont l'objectif était de
mieux organiser le "partage de l'Afrique"20(*) - de vaincre la résistance africaine. L'aspect
politique quant à lui se présente « comme un processus
de désintégration et d'intégration de l'espace
africain21(*) ».
Après quatre vingt ans de présence de l'occupant, l'Afrique
acquiert son indépendance dans les années 196022(*). Mais le constat à
terme est regrettable : l'Afrique est toujours l'objet de domination au
point que certains auteurs se demandent si elle ne subit pas une autre
colonisation23(*).D'autres
sont plus catégoriques et parlent de recolonisation24(*).
Mais en réalité, ce qui mérite
d'être souligné, c'est que malgré les indépendances,
le problème africain reste entier depuis un demi- siècle :
« la colonisation est et demeure un processus
inachevé » comme l'atteste si bien le Professeur Simon Pierre
EKANZA25(*).
La décolonisation est un processus inachevé en
cela que la domination militaire des anciennes puissances coloniales est
maintenue (Paragraphe 1) et que l'exploitation du continent est toujours en
vigueur (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : Le maintien de la domination
militaire sur l'Afrique
Dans un contexte post 1945 et post-colonial où
l'égalité souveraine des Etats et la non ingérence dans
les affaires intérieures sont élevées au rang des
principes fondamentaux pour une cohabitation pacifique dans l'ordre
international, les anciennes puissances coloniales, soucieuses de (ré)
occuper leurs "territoires" vont opter pour une tactique beaucoup plus subtile,
moins brutale. La voie conventionnelle sera donc préférée
pour consacrer cette domination (A). A côté de cette domination
consacrée, coexiste une autre. Cette là est de fait (B).
A- Une domination militaire
consacrée
Les velléités d'union constatée
en Afrique après les indépendances n'ont pu consacrer une
politique commune de défense. Cette lacune sera donc exploiter par
chacune des anciennes puissances coloniale qui vont signer des accords
bilatéraux de coopération ou de défense pour
élargir ou réaffirmer leur présence constante en Afrique.
Ils sont nombreux, ces accords. Les plus importants sont ceux signés par
la France et l'Afrique indépendante (1). Mais la pratique sera aussi
adoptée par les autres (2).
1-L'exemple des accords franco-africains de
défense militaire
La domination française sur l'Afrique est
vielle et s'est construite avec patience. Elle commença à une
période où la domination de l'Europe sur l'Afrique fut
perçue comme normale, voire légitime ; au point que le
milieu intellectuel et la classe politique françaises26(*) évoquaient
l'idée que la France avait une mission civilisatrice à accomplir
à l'égard du peuple africain qui « n'avait pas de
civilisation ». D'ailleurs dans cette vaine, Jules FERRY justifiera
la colonisation dans le célèbre discours prononcé devant
le Parlement le 28 Juillet 1885 en ces termes : « La
France, patrie de lumière se doit de faire connaître ce message
(de la civilisation) universaliste aux peuples qui l'ignorent encore.»
Le terrain étant balisé, la France- à
l'instar de ses pairs colonisateurs européens-, pouvait asseoir des
structures pour mieux exercer la domination sur l'Afrique.
Mais advint une autre époque : la fin de la
deuxième guerre mondiale qui imposa un nouvel ordre mondial. Les peuples
africains comprirent la nécessité de se libérer du joug
colonial, soutenus en cela par les deux grandes puissances émergentes de
l'époque : les Etats-Unis d'Amérique et L'URRS.
Vers 1950 et au cours des années suivantes, les plus
avisés des colonisateurs s'aperçurent qu'ils devaient
préparer la voie d'un éventuel retrait. Mais pour la France,
l'existence de ses colonies était étroitement liée aux
ambitions de demeurer une puissance occidentale. François MITTERAND, la
voix la plus autorisée de l'époque sonna l'alarme en ces
termes : « Sans l'Afrique, il n'y aura pas d'histoire de France
au XXIè siècle27(*) ». Un an plus tard, son appel est entendu ;
car à l'issue du référendum organisé le 29
Septembre 1958, de GAULLE put obtenir des peuples africains la
Communauté franco-africaine aux lieux et place de l'indépendance
immédiate. Cependant, la Communauté ainsi obtenue était
loin d'apporter les satisfactions escomptées aux nationalistes des pays
qui avaient voté "OUI". Et deux ans plus tard, quatorze pays de la
Communauté devinrent indépendants. Finalement, aussi bien les
colonies françaises que les autres obtinrent leur autonomie et toute
l'Afrique devint indépendante. Mais le désir de domination sur
l'Afrique apparut comme une symphonie inachevée chez les anciens
colonisateurs ; des tentatives de récidive s'amorcèrent avec
des mercenaires portugais sur les côtes de la Guinée Conakry. La
tentative échoua en 1974. Quant à la France, les choses semblent
avoir été plus faciles pour elle d'autant que pour les jeunes
Etats nouvellement indépendants, le maintien du "cordon ombilical" avec
la France apparaissait non seulement comme une nécessité, mais
bien plus comme une opportunité pour amorcer la structure des Etats
modernes. Ses nouveaux ( ?) rapports avec ses anciennes colonies ont donc
été établis de façon formelle par une série
d'accords de défense et d'assistance militaire technique. Pour Basil
DAVIDSON, il s'agit " d'autres formes de pénétration,
d'infiltration, d'agression (qui) se manifestent par des voies plus
détournées". A l'origine de ces accords, " des impératifs
liés à la sécurité sont souvent mis en avant, mais
il serait plus juste d'invoquer le "maintien de la souveraineté
française sur ses anciennes colonies" comme le suggère si bien
Sandrine SANTO.
Ces accords de défense regroupent aide et assistance en
cas de troubles intérieurs ainsi que le stationnent de militaires
français sur cinq bases africaines28(*). Au total, le bilan fourni par Robin LUCKHAM en 1982
du militarisme français en Afrique est révélateur de
l'intention de la métropole. Sur seize Etats d'Afrique noire
francophone, quinze sont liés à la France soit par un accord de
défense, soit par un accord d'assistance militaire, soit les deux
à la fois29(*).
Trois Etats de passé colonial belge30(*) ont fait leur entrée dans le "cercle des
protégés", complétant ainsi la liste à dix-huit.
Pourtant la pratique ne reculera pas. Même la Guinée dont le refus
à la Communauté fut remarquable et fit écho, est elle
aussi "venue faire allégeance"31(*).
Aujourd'hui, la France maintient des accords
bilatéraux avec vingt-trois pays africains francophones32(*) ainsi qu'avec trois pays
anglophones33(*). On peut
ajouter à cela des accords de défense avec huit pays34(*). La raison officielle
évoquée pour justifier la présence militaire
française dans une Afrique indépendante est que la
coopération franco-africaine est le gage de l'épanouissement de
l'indépendance africaine. Mais en toile de fonds, ce comportement
paternaliste avait un seul objectif : maintenir et renforcer son influence
sur l'Afrique afin d'accentuer sa dépendance vis-à vis de la
métropole. C'est cette idée que Bertrand BADIE dénoncera
d'ailleurs avec véhémence en ces
termes : « Il y a une stratégie de collaboration
entre princes du sud et princes du nord. Le processus de dépendance est
une composition de stratégie de pouvoirs à objet
politique35(*) », écrit-il.
La France, on le voit, a signé des accords de
coopération militaire avec l'Afrique indépendante. Elle est
certes la première à se lancer dans cette entreprise, mais elle
fut suivie par les autres puissances coloniales. C'est ce point qu'il convient
d'analyser.
2- Des accords militaires avec d'autres
puissances interventionnistes
Si en matière de coopération militaire
la France apparaît comme l'ancienne puissance coloniale la plus
engagée, force est de reconnaître qu'elle ne fut seule ; elle
fut suivie plus tard par ses paires qui craignaient de la laisser seule sur un
continent dont l'importance à la fois stratégique et
géopolitique n'est plus à démontrer. Ainsi, prenant alibi
de la guerre froide, les Etats- Unis d'Amérique vont signer un certain
nombre d'accords avec les pays africains dans le domaine militaire. Le
Libéria sera ainsi le premier Etat de l'Afrique - de l'Ouest - à
établir les liens privilégiés avec les Etats- Unis
d'Amérique36(*).
Mais c'est surtout pendant les années précédant la
décolonisation que les Etats- Unis d'Amérique
s'intéressent davantage à l'Afrique. En 1967, le
Secrétaire d'Etat à la défense justifiait l'assistance
militaire américaine à l'Afrique en ces termes :" En
préservant l'indépendance des Etats africains, elle aide à
contrecarrer la pénétration du communisme sur le continent
noir ; elle contribue à la stabilité de régimes en
place et favorise le développement socio-économique de ces
pays ; elle permet aux Etats- Unis de disposer en Afrique de
facilités militaires qui répondent à leurs besoins
stratégiques : droit de survol ; droit d'escale, droit de
transit."37(*)
Bien que se montrant discrets sur le continent-peut-être
eu égard à son opposition affichée face à la
colonisation-, les Etats-Unis d'Amérique ne sont pourtant pas à
dédommager quant aux manoeuvres militaires en l'Afrique. C'est
d'ailleurs en vertu des accords de coopération militaire avec la
Guinée que les Etats- Unis d'Amérique ont formé, depuis
2001, un bataillon de rangers spécialisés dans la
surveillance des frontières, comme le souligne Paul CHAMBERS38(*). En outre, de nombreux
Guinéens considèrent que le soutient militaire des Etats- Unis
d'Amérique a permis à la Guinée de faire face aux attaques
de septembre 2000, même si, officiellement, les responsables militaires
américains présents en " Guinée se défendent d'une
quelconque implication d'envergure et évoquent plus tôt un simple
« concours psychologique » apporté à
l'armée guinéenne.39(*)"
Quant à la Grande-Bretagne, sa volonté de
s'affirmer ou de demeurer un acteur principal dans le développement
politique de l'Afrique ne fait l'ombre d'aucun doute. Son engagement-
personnel-dans la reforme du secteur de sécurité en Sierra
Léone40(*)
après l'effondrement de l'Etat suite au conflit armé qu'a connu
ce pays atteste si bien de nos propos.
D'ailleurs, le gouvernement de BLAIR a souligné
très tôt la nécessité
d'être «well connceted » et les questions
africaines ont donné lieu à quelques unes des tentatives les plus
déterminées d'une approche coordonnée de la politique
étrangère. L'exemple le plus sûr et le plus convaincant
de cette approche concertée en matière de politique africaine est
la création du groupe de prévention des conflits en
Afrique41(*) (Africa
conflict prevention pool).
Doté d'un fonds important, ce groupe fut mis en place
au printemps 2001 et devait être opérationnel en 2004.
Malgré les problèmes qui ont précédé sa
naissance, ce "groupe a amélioré les capacités
britanniques de prévention des conflits" selon Paul WILLIAMS. En effet,
en 2003, quatre conseillers régionaux en matière de
prévention et de gestion des conflits, payés par le pool ont
été nommés et repartis sur le continent. La
répartition faite de ces conseillers témoigne de la
volonté britannique de se tenir informée sur la
conflictualité en cours en Afrique, d'autant que " la
conflictualité africaine démontre (...) l'existence d'un
continuum entre troubles à la sécurité interne et
insécurité régionale42(*)", comme le note Niagalé BAGAYOKO-PENONE.
Basés actuellement à Pretoria (Afrique australe), Addis-Abeba
(Afrique orientale), Nairobi (Afrique centrale) et Abuja (Afrique occidentale),
ces conseillers doivent surveiller leur région, fournir à Londres
des analyses à jour sur ce qui se passe dans les Etats où la
présence britannique n'est pas officielle, et aider les groupes
régionaux dans leurs actions de prévention des conflits43(*).
La domination des anciennes puissances coloniales sur
l'Afrique prend ainsi, on vient de le voir, la forme d'un accord. Cependant, il
est des situations où cette domination ne se consacre pas. Elle est de
fait, nous le verrons.
B- Une domination militaire de fait.
A l'instar de tous les Etats du monde,
l'indépendance de l'Afrique exigeait d'elle la constitution
d'armées nationales. Pour satisfaire une telle exigence, elle va rater
l'ultime occasion d'opérer la rupture nécessaire pour une
indépendance totale. Elle recourut aux différentes
métropoles et pour la constitution de son armée et pour la
fourniture d'équipements militaires. Abstraction faite du Portugal -dont
le retrait total ( ?) de ses colonies a été
précipité par les évènements intervenus à
Lisbonne-, la France, l'Angleterre et dans une certaine mesure la Belgique, ont
été invitées à mettre sur pied les nouvelles
armées de leurs anciennes colonies. Par exemple, c'est aux forces
armées britanniques que le Ghana et le Nigéria ont confié
en 1967 la création de leurs académies militaires et ce sont des
officiers britanniques qui y ont été employés pour former
leurs commandants, et leurs officiers de carrière. Après
l'indépendance du Zimbabwe, deux forces militaires se disputaient le
pays, une révolutionnaire, l'autre anti révolutionnaire. Pour
transformer ces deux mouvements en une force militaire intégrée,
le Zimbabwe a dû se tourner vers la Grande-Bretagne44(*).
La situation a été identique dans les anciennes
colonies françaises ; de sorte que les deux anciennes puissances
coloniales ont finalement formé et reproduit des structures et des
comportements militaires à leur image.
L'autre face de la coopération militaire qui accentua
davantage la dépendance de l'Afrique vis-à-vis des anciennes
métropoles est la fourniture d'équipement militaire. En effet,
les armées ainsi créées ayant besoin d'armement ou
d'équipement, les Etats africains n'auront d'autres sources
d'approvisionnement que les mêmes anciennes puissances coloniales. Ainsi,
pendant les deux premières décennies post-coloniales,
« La France était le premier fournisseur d'armes en Afrique
noire 45(*)»,
comme le souligne I. William ZARTMAN. Elle a été suive par
Grande-Bretagne et la Belgique. En tout état de cause, ces achats
d'armes sont évidemment des aubaines pour les industries d'armement.
Mais bien plus, ils accentuent la dépendance des Etats africains
vis-à-vis des anciennes puissances coloniales. Puis à travers le
transfert d'une technologie et la diffusion d'une culture militaire, ces
anciennes puissances coloniales exercent une influence qui se fera ressentir
encore en Afrique. D'ailleurs, la hiérarchie militaire en eu une telle
conscience que lors du colloque de Bordeaux du 29 au 30 Octobre 1979 sur " la
politique militaire de la France en Afrique noire sous le général
de Gaule", Pierre DABEZIES a pu affirmer que « si le concept de
défense, par nature politique se révèle évolutif et
mouvant, il n'en va pas de même pour celui d'assistance militaire
technique. Cette dernière en effet, est non seulement source de liens
étroits et permanents, mais perdant sa connotation administrative, se
traduit tout naturellement dans l'armée en termes concrets
d'appartenance et de complicité, de hiérarchie ou de camaraderie,
de promotion ou d'ancienneté. La personne du général de
Gaulle, l'attachement culturel des élites et la
spécificité militaire, voilà, peut-être, depuis
l'indépendance, les trois fondements de notre sécurité et
de notre pérennité en Afrique46(*).»
Comme à l'époque précoloniale où
la domination militaire sur l'Afrique a permis ou " autorisé" son
exploitation, la domination militaire actuelle aboutit à l'exploitation
continuelle de l'Afrique.
PARAGRAPHE 2 : l'exploitation continuelle de
l'Afrique.
Cette exploitation est double. Elle est à la
fois géopolitique(A) et économique(B).
A- L'exploitation géopolitique de
l'Afrique
Parler d'exploitation géopolitique de
l'Afrique par les anciennes puissances coloniales, c'est évoquer
l'idée d'une influence politique qu'exercent celles-ci sur l'Afrique. En
effet, si à l'époque précoloniale, l'Afrique a
été déclarée "res nillius" pour justifier ou
légitimer sa conquête, à l'occasion des
indépendances, elle a été abandonnée par ses
"propriétaires", de sorte qu'elle était sensée se prendre
en charge, s'autodéterminer elle-même. Mais en
réalité le continent est resté une zone sous influence des
anciennes puissances coloniales, avec la bénédiction des
Etats-Unis d'Amérique et ce, eu égard à la guerre froide.
Des structures de dépendance politique sont donc mises en place et
entretenues pour maintenir cette influence. Ainsi, dans les Etats d'Afrique
francophone, la notion de francophonie47(*) fut instituée et agglutinera non seulement les
anciennes colonies françaises mais aussi belges. Et dans le contexte de
la guerre froide, la France jouera un rôle important dans cette
soumission stratégique du continent. La notion de « Gendarme
de l'Afrique » s'identifiera à elle. Celle du
« pré-carré » aussi sera d'origine
française et lui bénéficiera. D'ailleurs, au nom de la
défense du « pré-carré », la France
entrera quelques fois en conflit avec le Nigéria48(*). Le soutien par elle
apportée à la région est du Nigéria dans sa
rébellion49(*)
contre le pouvoir fédéral n'avait d'autre justificatif que de
briser l'influence ascendante d'un Etat qui pourrait fragiliser son influence
sur cette partie occidentale de l'Afrique. Cette volonté
française de domination sur l'Afrique-occidentale- s'est ensuite
manifestée lors des différents conflits qui ont surgi sur le
continent. Ainsi, lors du conflit libérien, " en ravitaillant en armes
Charles TAYLOR via le Burkina Faso, et la Côte d'Ivoire50(*)" la France était
habitée par le souci d'empêcher le Nigéria-qui du reste
contrôlait à la fois la CEDEAO et l'ECOMOG-de prendre le
leadership dans son pré carré.
L'institution des sommets franco-africains constitue à
n'en point douter la matérialisation de cette volonté
dominatrice.
Quant à la Grande-Bretagne, la notion Commonwealth sera
instrumentalisée à des fins de domination géopolitique.
A côté de l'exploitation géopolitique,
existe une autre forme de domination, elle aussi, non moins importante que
la première : c'est l'exploitation économique.
B- L'exploitation
économique de l'Afrique.
Cette exploitation apparaît comme la
véritable raison de la présence encore actuelle des anciennes
puissances coloniales en Afrique malgré les indépendances. En
effet, si la recherche des nouveaux débouchés-pour y
déverser les excédents à la production eu égard
à la révolution industrielle-a justifié, du moins sur le
plan économique, le recours à la colonisation, la présence
actuelle des anciennes puissances coloniales en Afrique ne se justifie
véritablement que pour des motifs économiques. Ainsi, quand
pointaient à l'horizon les indépendances et qu'il était
quasiment impossible d'y résister, les puissances coloniales
commencèrent à créer ou à renforcer les structures
qu'elles voulaient laisser derrière elles. Les Britanniques
parlèrent de former une "classe moyenne africaine. " Quant aux
Français, ils évoquèrent l'idée "d'interlocuteurs
valables". Enfin de compte ils partirent avec "cette perspective plaisante que
tout ce qu'ils perdaient sur le terrain politique, ils allaient sûrement
le rattraper sur le terrain économique51(*)", comme l'atteste si bien Basil DAVIDSON. C'est dans
cette vaine que relativement à la France, le général de
Gaulle, en 1958, demanda à Jacques FOCCART de mettre en place une
politique française parallèle dont les objectifs sont :
« l'exploitation des matières premières africaines,
dont le sous-sol regorge dans certaines régions et l'exploitation de la
rente de l'aide publique au développement52(*). » Ce système
surnommé « Françafrique » par feu
Félix HOUPHOUËT-BOIGNY fonctionnera pendant toute la période
postcoloniale et se consolidera sous la Vè République. Au nom de
ce "système politico- clientéliste", les dirigeants
français "sont prêts au pire53(*)". Et selon Jean François BAYART, la politique
africaine de la France est l'instrument de sa politique de puissance. C'est par
exemple au nom de cette diplomatie parallèle que Paris soutiendra la
Maréchal MOBUTU jusqu'à sa chute en 199754(*). La découverte du
rôle joué par Pierre FALCONE, Jean-Christophe MITTERAND et autres
dans l'affaire "Pierre FALCONE" dénote de la volonté
prédatrice de la France.
La France, on le voit, maintient une politique
prédatrice en Afrique. Cette politique chère à de Gaulle
s'est bonifiée et fut instituée en une pratique immuable.
Cependant, il convient de constater que cette exploitation économique
n'est pas l'apanage de la seule France. En effet, les Etats-Unis ont
manifesté un intérêt pour l'Afrique à divers
moments de son histoire, vraisemblablement pour ses potentialités
économiques. Ainsi en septembre 1944, en pleine exploitation coloniale
un accord secret les lia au Congo- belge, accord en vertu duquel l'exploitation
de l'uranium congolais était confiée à une structure
militaire relevant du gouvernement américain, pour une période de
dix ans, accord qui fut renégocié en 195155(*).
Cette politique de mainmise sur les matières
premières de l'Afrique est sans nul doute à la base de la
création d'un bureau des affaires africaines au sein du
département d'Etat en Juillet 195856(*). D'ailleurs, l'attitude du gouvernement
américain face au conflit libérien est une preuve
élogieuse. Jusqu'en 1989, date à laquelle éclate le
conflit libérien, des compagnies américaines dont la Liberian
American Company (LAMCO) exploitent d'importes ressources naturelles du
Libéria ; donc une guerre civile dans un tel Etat- d'ailleurs
présenté comme la "seule propriété
américaine" en Afrique- était de nature à porter leur
préjudice57(*).
Le constat est donc sans conteste. La décolonisation
de l'Afrique, si elle est partout proclamée comme une
réalité, dans les faits, elle apparaît comme un processus
inachevé. Cette assertion se confirma davantage par la grande
disposition des acteurs africains à consentir à l'intervention
des anciennes puissances coloniales dans la résolution de leurs
conflits, des conflits internes.
SECTION II : LE CONSENTEMENT DES ACTEURS AFRICAINS
A
L'INTERVENTION DES ANCIENNES PUISSANCES
COLONIALES
Sans faire ici une sociologie de l'intervention, il convient
de connaître l'étymologie du terme pour mieux appréhender
les problèmes qu'il sous-tend. Des travaux entrepris par les auteurs, on
retiendra que "intervention" vient du latin
interventio, lui-même issu du verbe
intervenere ; C'est une action qui consiste
à « survenir pendant une action, pendant un processus afin de
l'interrompre58(*)»,
selon Mario BETTATI.
Lorsque le phénomène s'opère en rapport
avec la situation d'un Etat, ou dans un Etat, le juriste est interpellé-
à tout le moins par principe; car la consécration du principe de
l'égalité souveraine des Etats a eu pour conséquence
directe « l'énoncé de son corollaire, le principe de
non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats59(*)», selon le Professeur
Mario BETTATI. Ainsi, on constatera que dans tous les cas, l'intervention pose
essentiellement un problème : celui de sa légitimité.
Et pour être légitime, l'intervention nécessite le
consentement de l'intéressé. Bien plus, dans le cadre d'un
conflit armé, « il est établi que (...) le consentement
des parties conditionne la participation de tiers au règlement60(*) ».
Le consentement, on le voit, se présente comme la
condition sine qua none - et même exclusive- pour
légitimer l'intervention, toute intervention.
Cette exigence capitale semble généralement
satisfaite en ce qui concerne les anciennes puissances coloniales dans leur
tentative de résolution des conflits en Afrique ; ceci d'autant que
le consentement des acteurs africains s'exprime à plusieurs niveaux-
peut-être est-il loisir de dire degrés-, dans un ordre croissant,
allant des parties en conflit (Paragraphe 1) soutenu par les organisations
continentales (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 : Les demandes d'intervention des
parties en conflit
Qu'il s'agisse de conflit purement politique ou de
conflit armé, la pratique donne de constater que les parties en conflit
ont tendance, à des moments différents de l'évolution,
à consentir à l'ingérence des anciennes puissances
coloniales. Il conviendra donc de le prouver à travers le consentement
exprimé par l'Etat (A) et celui émanant des factions rebelles ou
des parties politiques de l'opposition (B).
A- Le consentement de l'Etat
Le consentement de l'Etat à
l'ingérence s'analyse en une volonté explicite ou même
tacite de cet Etat, de tout Etat de voir ces anciennes puissances coloniales
intervenir, interférer à l'occasion du conflit soit pour venir
à bout de ses agresseurs, soit pour trouver une solution
négociée au conflit en vue de ramener la paix et la
stabilité perdues.
Pour les Etats africains de passé colonial
français, ce consentement est donné a priori en vertu
des accords de coopération ou de défense signés entre la
France et ces anciennes colonies61(*). Le principe fondamental de ces accords consiste "
à offrir aux Etats la possibilité de faire appel à la
France, en cas d'agression (...), pour assurer leur défense62(*)" selon Mamadou Aliou BARRY.
C'est donc en vertu de ces accords que la France est intervenue à
maintes reprises dans les différents conflits tchadiens pour aider les
différents gouvernements à se maintenir au pouvoir63(*). A ce propos, Ibrahim GAMBARI
a écrit : « L'intervention française
contribua à empêcher le Tchad de connaître (...) un
effondrement total64(*) ».
Le Congo belge- l'actuelle République
Démocratique du Congo- est à retenir au titre des Etats dont
survie ( ?) a en partie été possible grâce aux accords
de coopération qui les lient à la France. En effet, depuis la
deuxième révolution de la Province de Katanga- plus
communément appelée la province de Shaba- en 1978 jusqu'à
la chute du Maréchal MOBUTU en 1997, la France- au nom des accords
d'assistance militaire- et la Belgique ont apporté leur soutien au
régime de Kinshasa.
Comme on le constate, les interventions de la France dans les
conflits en Afrique trouvent leur fondement juridique dans les accords de
défense qui expriment le consentement des Etats à
l'ingérence extérieure. Cependant, cette invitation
n'entraîne jamais une intervention automatique. Elle procède d'une
analyse de la situation car "pour l'intervenant, certaines actions visent
uniquement à satisfaire ses intérêts nationaux65(*)", selon Ibrahim GAMBARI.
Ainsi, bien que sous embargo des Nations unies, le régime de Kigali
recevait des équipements militaires de la part de la France, pendant
qu'en Côte d'Ivoire, l'ancienne puissance tutélaire qualifiait le
conflit d'« une affaire ivoiro-ivoirienne »,
évoquant ainsi une attaque interne pour se soustraire des obligations
qui lui incombent dans le cadre des accords de défense qui la lient
à la Côte d'Ivoire.
Relativement au conflit libérien, le consentement du
gouvernement à voir les Etats-Unis d'Amérique intervenir
était sans équivoque. C'est que, plutôt que
de s'offusquer de la présence de "bâtiments de
guerre (américains) 66(*) aux larges des côtes libériennes", le
Chef d'Etat-major de l'armée libérienne d'alors se
félicitait en ces termes : « Les marines sont venues pour
effrayer les rebelles67(*).» Toute chose qui a fait croire au Professeur
MELEDJE à " une entrave au principe de l'autodétermination des
peuples...68(*)" ;
puisque manifestement, l'intervention des Etats-Unis d'Amérique visait
à stopper l'avancée des forces du NPFL de Charles TAYLOR.
Au regard du développement qui précède,
nous constatons que le consentement de l'Etat, malgré les soubresauts
subis depuis « la Renaissance des Nations unies69(*) » et la
consécration de la notion de droit d'ingérence,
reste en vigueur et garde dans une certaine mesure, ses lettres de
noblesse70(*). Il
conditionne et légitime l'intervention d'un tiers dans le "domaine
réservé" de l'Etat. Pourtant, dans le cadre d'un conflit interne,
la partie adverse doit accepter l'ingérence pour que celle-ci ait des
chances d'aboutir. Dans le cadre des conflits africains, les factions rebelles
expriment cette condition. C'est ce qu'il convient à présent
d'étudier.
B-Des demandes d'intervention des
factions rebelles
Si le consentement de l'Etat comme condition à
l'ingérence se fonde sur le principe de la souveraineté, celui
des factions rebelles doit être expliqué. En effet, le droit
international admet le principe de l'autodétermination des peuples,
particulièrement dans son expression droit pour chaque peuple de
déterminer son mode de gouvernement, y compris par la force
armée. De la sorte, à occasion d'un conflit interne, il est admis
que le seul consentement de l'Etat ne saurait suffire pour légitimer
l'intervention ou l'ingérence d'un tiers71(*). C'est d'ailleurs le défaut de ce consentement
qui a conduit certains auteurs72(*) à qualifier l'intervention des Etats-Unis
d'Amérique et de la CEDEAO au Libéria d'une intervention
subversive.
Le défaut de consentement des factions rebelles- cette
autre partie au conflit- compromet durablement toute intervention des anciennes
puissances coloniales. Fort heureusement, la pratique des conflits sur le
continent autorise à affirmer que ces factions sont elles aussi
portées à solliciter l'intervention de ces mêmes
puissances, dans leur désir de provoquer un changement de régime.
Ce consentement se manifeste sous plusieurs formes et vise à atteindre
des objectifs évolutifs.
Le premier objectif que recherchent ces factions rebelles
à travers l'ingérence qu'elles sollicitent est leur
légitimation. La légitimité, on le sait, apparaît
comme un aspect important dans toute action politique. A cet effet, Claude INIS
a pu écrire : « Puissance et légitimité ne
sont pas antithétiques mais complémentaires (...) Les dirigeants
cherchent la légitimation pas seulement pour satisfaire leur propre
conscience mais pour renforcer leur position. La légitimité, en
bref, ne fait pas que flatter les dirigeants : elle les rend plus
efficaces, plus à l'aise et plus en sécurité73(*)... ». Aussi,
à la quête de cette légitimité, les factions
rebelles acceptent-elles que les anciennes puissances coloniales parrainent les
accords de paix avec le pouvoir central ; toute chose qui leur permettra
d'être propulsés du « maquis » au sommet des
grandes capitales74(*)-européennes la plus part des temps-afin de
s'entretenir non seulement avec les dirigeants de leurs propres pays mais aussi
avec des chefs d'Etats étrangers et même parfois avec le
Secrétaire général des Nations Unies75(*).
L'ingérence que sollicitent les factions rebelles
engagées dans des conflits avec le pouvoir central peut parfois se
présenter comme une porte de sortie qu'elles tentent de s'offrir vu
l'évolution de la situation militaire sur le terrain.
Dans cette hypothèse, vu la réticence des
anciennes puissances coloniales à intervenir dans le conflit, on
assistera à des violences perpétrées contre les
ressortissants des pays occidentaux qui n'auront de choix que d'intervenir pour
agir sur l'intensité du conflit.76(*)
Le troisième objectif à l'ingérence
souhaitée ou consentie par les factions rebelles réside dans la
volonté de se réarmer et de reprendre les hostilités avec
l'assurance cette fois-ci d'en découdre avec le gouvernement central. En
acceptant en octobre 2002- après la signature du cessez-le-feu avec la
CEDEAO- que la France surveille la ligne de front, le MPCI s'est armé et
a ouvert un autre front à l'ouest de la Côte d'Ivoire, convaincu
que la France jouerait le rôle de gendarme qui consistait à
empêcher toute reprise des combats sur le front de BOUAKE.
Au regard de ce qui précède, il y a lieu de
noter que le consentement des parties comme condition à l'intervention
des anciennes puissances coloniales dans les conflits internes en Afrique est
une réalité au quotidien. A cela, il faut ajouter l'appel des
organisations continentales.
PARAGRAPHE II : L'appel des organisations
continentales
Sur le plan continental, deux sortes d'organisation
interviennent, dans la perspective de résolution des conflits en
Afrique. Ce sont les organisations sous-régionales (A) et l'organisation
continentale ou l'Union Africaine (B).
A : Les
organisations sous-régionales
La politique d'engagement des organisations
sous-régionales africaines dans les conflits internes aux Etats membres
a été amorcée par la CEDEAO, à l'occasion des
différents conflits qui ont ravagé la partie occidentale de
l'Afrique. Cet engagement a été suscité par le
désengagement des grandes puissances eu égard à la fin de
la guerre froide ; les Africains s'étant trouvés face
à leur responsabilité. La CEDEAO, donnant le ton en 1990 lors du
conflit libérien, ouvrait ainsi le cycle à une série
d'interventions77(*),
créant un précédent.
Cette initiative de la CEDEAO fera écho dans toutes les
sous régions africaines. Ainsi en Afrique centrale, face au conflit
interne en République centrafricaine, la CEMAC (Communauté
économique et monétaire de l'Afrique centrale) envoya des troupes
en novembre 2002 pour aider à résoudre le conflit. En Afrique de
l'est, l'Autorité intergouvernementale pour le développement
(IGAD) a connu une évolution semblable à celle de la CEDEAO. Au
début des années 1990, ce groupement de sept pays qui se
consacrait au départ presqu'exclusivement au développement
économique et à la lutte contre la sécheresse s'est de
plus en plus investi dans le règlement du conflit. Au Soudan par
exemple, l'IGAD a pris l'initiative d'intervenir auprès du gouvernement
et des forces rebelles du sud du pays. Le conflit en République
démocratique du Congo a également mis en scène la
Communauté de développement de l'Afrique australe (SADC).
Malgré cet élan interventionniste africain,
force est de constater que les différentes organisations sous
régionales ont toujours sollicité le soutien des anciennes
puissances coloniales, pour s'assurer de pouvoir réussir. La CEDEAO,
par exemple, eu égard aux divergences internes quant à la
régularité de la décision du comité permanent de
créer l'ECOMOG78(*)
et à l'envoyer au Libéria, a dû faire appel aux Etats-Unis
d'Amérique dont l'arbitrage a permis la validation de la décision
du comité permanent de médiation au sommet extraordinaire de
Bamako les 27 et 28 novembre 1990. Le différend lié à la
décision du Standing Mediation Committee résolu, la
CEDEAO a dû à nouveau faire appel à Washington pour une
assistance financière à l'ECOMOG sur le terrain
militaire79(*). En Sierra
Leone, l'engagement de la CEDEAO et le rétablissement de Ahmad Tejan
KABBAH le 10 mars 1998 a eu le soutien indéfectible de la
Grande-Bretagne, l'ancienne puissance tutélaire80(*).
Du côté de la région des Grands Lacs
africains, les différentes médiations africaines ont
sollicité l'intervention des Etats-Unis. Ainsi en 1995, les
présidents MUSEVENI de l'Ouganda, MWINYI de la Tanzanie et MOBUTU du
Zaïre ont invité l'ancien président américain Jimmy
Carter à entreprendre une mission exploratoire pour apaiser et
éventuellement régler la crise des Grands Lacs.
Au total, on retiendra que les organisations
sous-régionales africaines, dans leur tentative de résolution des
conflits en Afrique, sollicitent l'ingérence des anciennes puissances
tutélaires. Cet appel est relayé par l'organisation
continentale.
B :
L'Organisation continentale
Créée au lendemain des indépendances de
l'Afrique, la défunte OUA- qui a fait place à l'Union africaine-
s'est donnée pour mission de réaliser l'indépendance de
toute l'Afrique et de veiller à la cohésion et à la
stabilité entre ses membres. A l'occasion du conflit tchadien, l'OUA
s'est prêtée au maintien de la paix et depuis a entrepris des
actions dans ce sens jusqu'à sa dissolution en 2001.
L'Union africaine dont le traité constitutif est
entré en vigueur depuis le 26 mai 2001 ne s'est pas
dérobée de la pratique instituée par l'organisation
à laquelle elle succède. Ainsi lors du conflit ivoirien, l'UA
a-t-elle oeuvré au rapprochement des protagonistes. Au Soudan, elle
manoeuvra pour l'envoi des forces africaines au secours du peuple soudanais,
notamment au Darfour.
Pourtant, l'UA face aux difficultés qu'elle rencontre
ne trouve aucun complexe à solliciter le soutien des anciennes
puissances coloniales afin de circonscrire ces conflits et y apporter
solution ; allant parfois à s'abandonner à ces
dernières. Le conflit ivoirien et l'organisation des pourparlers entre
les protagonistes du conflit à Linas Marcoussis en est une belle
illustration. En effet, face à l'échec des négociations de
Lomé, Thabo MBEKI a pu affirmer le 31 janvier 2003 en France
que :"en tant qu'Africains, nous devons admettre ouvertement que nous
n'avons pas réussi à aider les Ivoiriens à mettre un terme
à la crise dans leur pays", et a-t-il soutenu ajoutant : "c'est
précisément à cause de cet échec africain que la
France est intervenue militairement, politiquement et diplomatiquement pour
aider la Côte d'Ivoire vers la paix. Et, pourtant, cette crise est
précisément le type de défi qui requiert des solutions
africaines81(*)"
Il y a là de façon toute nette un abandon
africain à la France, ancienne puissance coloniale qu devra
décider des mesures idoines pour régler le conflit en
question.
En définitive, ce chapitre a pu démontrer que
les anciennes coloniales, dans leur politique interventionniste en Afrique
trouvent un terrain favorable. Le passé colonial du terrain
d'intervention et le consentement à cette intervention se
résument en la « maîtrise de l'espace »,
doctrine qui précède toute politique d'ingérence82(*). C'est le premier atout dont
bénéficient les anciennes puissances coloniales dans la
résolution des conflits en Afrique. Au-delà de cet atout existe
un second, c'est leur influence diplomatique internationale.
Chapitre II : LE
STATUT INTERNATIONAL DE GRANDES PUISSANCES
Le chapitre précédent nous aura permis de
comprendre que la maîtrise du terrain d'intervention et l'accueil
favorable de la politique interventionniste des anciennes puissances coloniales
constituent à n'en point douter, un véritable atout. A ce propos,
Niagalé BAGAYOKO-PENONE a écrit :" La connaissance des
réseaux locaux est la condition sine qua non de
l'efficacité " de cette initiative.
Cependant, à cet atout, il faut adjoindre un autre,
tout aussi nécessaire : c'est l'influence diplomatique
internationale de ces puissances ou plus exactement leur statut international
de grandes puissances ; car s'il est admis que la maîtrise de
l'espace est indispensable, elle peut se révéler comme un
mythe83(*)
défavorable à l'intervenant84(*).
Dans ce second chapitre qui
retiendra à présent notre attention, nous nous appesantirons sur
le fait que l'influence diplomatique internationale de ces puissances
constitue un autre atout dans la perspective de résolution des conflits
armés en Afrique.
Elles sont influentes par cela
qu'elles occupent une place prépondérante dans la
communauté internationale85(*) (section I) et qu'elles disposent de grands moyens de
pression (section II).
SECTION I : UNE
PLACE PREPONDERANTE DANS LA COMMUNAUTE
INTERNATIONALE
La pratique des relations
internationales donne de constater l'importance, voire le caractère
indispensable de l'opinion internationale pour la conduite et la
réussite d'une action toute aussi internationale. Ainsi, malgré
sa puissance militaire et sa capacité à réduire le
gouvernement irakien quand il en a décidé en 2003, Washington
a-t-elle essayé de rallier l'opinion internationale à sa cause.
De son côté, Paris a cherché à obtenir l'aval de
cette même opinion pour mener et réussir son opposition au conflit
irakien86(*).
Les anciennes puissances
coloniales qui jouent un rôle déterminant au sein du Conseil de
sécurité des Nations Unies (paragraphe 1)
bénéficient d'une prépondérance dans la
communauté internationale. Cette position leur donne l'avantage dans la
prise de décisions de ce Conseil (paragraphe 2).
Paragraphe 1 :
Des anciennes puissances coloniales, membres déterminants du Conseil
de sécurité
Elles sont déterminantes
par cela qu'elles sont membres permanents (A) et qu'elles détiennent le
droit de veto (B).
A. La permanence au Conseil de sécurité
des Nations unies
Les Etats qui établissent
une organisation internationale ne peuvent se dispenser de mettre en place des
organes propres à celle-ci. Par la création d'organes, ils
manifestent leur intention d'établir une institution permanente et
distincte d'eux. Il faut d'ailleurs se réjouir de ce que dans son avis
du 11 avril 1949, la CIJ ait affirmé que l'organisation internationale
doit être considérée comme acteur des relations
internationales, distincte des Etats.
En effet, c'est par
l'intermédiaire des organes mis en place par les Etats membres que
l'organisation internationale exprime sa volonté et exerce ses
compétences ce, pour atteindre les objectifs qui lui sont
assignés à sa création.
Une typologie de ces organes
selon leur composition nous en fournit deux sortes : les organes
pléniers et les organes restreints. Pendant que les premiers rassemblent
l'ensemble des membres, les seconds n'en comprennent qu'un nombre
limité.
Des considérations d'ordre
technique mais surtout politique président à la création
des secondes. D'une part, c'est la recherche de l'efficacité qui est
mise en avant au détriment de l'égalité87(*) des membres. D'autre part, il
s'agit de confier à certains organes au sein d'une organisation
internationale la responsabilité dans l'exécution d'une
tâche. C'est le cas du Conseil de sécurité des Nations
unies en matière de maintien de la paix et de la sécurité
internationales. En effet, selon l'article 24§1 de la Charte, le Conseil
de sécurité a « la responsabilité
principale du maintien de la paix et de la sécurité
internationales ». Les anciennes puissances coloniales qui
interviennent dans la résolution des conflits armés en Afrique
sont par un concours de circonstances membres permanents de ce Conseil88(*).
L'article 23§1 de la Charte
de San Francisco stipule que le « Conseil de sécurité
se compose de quinze membres. La République de Chine, la
France, l'Union des Républiques Socialistes et
Soviétiques, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et
d'Irlande du Nord et les Etats-Unis d'Amérique sont
membres permanents du Conseil de sécurité. »
En plus de cette permanence,
elles détiennent le droit de veto.
B. La détention du droit de
véto
Le droit de veto est la
possibilité accordée par la charte aux grandes puissances
vainqueurs de la deuxième guerre mondiale, en vertu de laquelle,
l'opposition de l'une d'elles sur « toute question de
fond » rend impossible le vote sur la question. L'histoire du droit
de veto remonte aux négociations entre Alliés en 1945, en
prélude à la création de l'Organisation des Nations
unies89(*). A Yalta, la
question de représentativité au sein de la future Organisation
des Nations unies est soulevée par l'URSS. Les Etats-Unis
d'Amérique soutiennent que l'unanimité des grandes puissances
était vitale pour le fonctionnement de l'organisation. La règle
de l'unanimité est donc consacrée pour les
délibérations du Conseil sur « toute question de
fond » mais uniquement au profit des membres permanents par l'article
27 alinéa 3 de la Charte. Concernant la France et la Grande Bretagne,
vainqueurs mais affaiblies par la guerre, la possession de territoires
coloniaux est certainement à la base de leur permanence au Conseil et du
bénéfice du droit de veto.
De cette appartenance et surtout
de cette permanence au Conseil découlent des prérogatives dont
jouissent les anciennes puissances coloniales. Au nombre de ces
prérogatives, retenons la plus importante : l'initiative des
mesures du conseil de sécurité.
Paragraphe
II : L'initiative des résolutions
du Conseil de sécurité : l'apanage des anciennes puissances
coloniales.
En pratique, elles ont un pouvoir
de proposition accru (A) et sont maîtres des conditions d'adoption (B).
A. Un pouvoir de
proposition accru
Selon les dispositions de la
Charte et plus particulièrement celles du chapitre VII, la
responsabilité du maintien de la paix incombe au Conseil de
sécurité. Le disant, la Charte accorde implicitement la
responsabilité du maintien de la paix et de la sécurité
internationales à chacun des membres du Conseil de
sécurité et plus particulièrement aux «partenaires
traditionnels de l'Afrique», selon Sessanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu,
membres permanents. A savoir, dans le cadre de notre étude, la France,
l'Angleterre et les Etats-Unis d'Amérique. Il s'agit en quelque sorte
d'une sous-traitance du maintien de la paix.
Par ce procédé, ces
puissances acquièrent compétence pour la saisine et la
proposition de résolutions au Conseil de sécurité. D'ailleurs, le chapitre VI (article36§1)
subordonne l'activité de toutes les instances internationales à
l'autorité du Conseil de sécurité, lequel pourra
intervenir à tout moment de l'évolution d'un différend.
Cependant, les dispositions de la Charte et
spécifiquement celles du chapitre VI semblent plus applicables aux
conflits armés internationaux, de sorte que s'en prévaloir ou y
recourir pour la résolution des conflits armés intra
étatiques paraîtrait impossible voire
illégal ; c'est que théorie du domaine
réservé90(*)
de l'Etat et l'exigence de l'article 2 §7 de la Charte apparaissent comme
des garanties contre toute intervention étrangère. D'ailleurs,
des protagonistes aux conflits armés internes en Afrique
n'hésitent pas à les brandir quand ils prennent la mesure de leur
suprématie militaire dans ces conflits. Le déroulement du conflit
armé du Libéria en constitue un très bel exemple. En
effet, pendant qu'en août 1990-en plein affrontement-le Président
en exercice à l'époque, Samuel DOE et Prince JOHNSON, chef
dissident du NPFL, sollicitaient une intervention extérieure,
particulièrement celle des Etats-Unis d'Amérique, Charles Taylor,
lui, appelait tous les libériens à se mobiliser contre toute
intervention extérieure dans les affaires intérieures du
Libéria.
Pourtant une telle lecture
restrictive de la Charte a l'inconvénient de réduire le champ
d'intervention des Nations unies et disqualifierait "les efforts" et rendrait
désuètes, caduques les dispositions de la Charte. Car le nouvel
ordre mondial qui a succédé à l'affrontement Est/Ouest
s'est caractérisé par une réduction, voire la disparition
des conflits interétatiques et une multiplication des guerres civiles.
En Afrique, "ces conflits internes doublés de déliquescences
étatiques ont provoqué de nouvelles réponses de la part
de communauté internationale et renouvelé la doctrine de
l'interventionnisme international91(*)", écrit Thierry VIRCOULON. Cette doctrine
trouve dans le Conseil de sécurité un cadre
d'épanouissement puis mise en oeuvre en Afrique par les anciennes
puissances coloniales du fait de leur prééminence dans l'organe.
Le droit de saisine du Conseil en
la matière est certes délibérément attribué
par la Charte à tout Etat membre - et même à des Etats non
membres sous certaines conditions - mais en pratique les anciennes puissances
coloniales ont acquis une forte influence de sorte que pour les affaires
concernant leurs anciennes colonies, une coutume bien établie leur offre
le droit de saisine et le pouvoir de proposition des résolutions. Au
Libéria par exemple, la première résolution92(*) du Conseil de
sécurité sur le conflit a été adoptée sur
l'initiative des Etats-Unis d'Amérique. En Sierra Leone aussi, la
quasi-totalité des résolutions adoptées par le Conseil l'a
été à l'initiative de la Grande Bretagne. En Côte
d'Ivoire, malgré les accusations dont elle a fait l'objet de la part des
parties en conflit93(*),
la France est à l'origine des différentes résolutions du
Conseil de sécurité94(*)
S'il est vrai que les anciennes
puissances coloniales sont à l'origine des résolutions du Conseil
sur les conflits en Afrique, il faut remarquer que celles-ci sont votées
selon certaines conditions.
B. Une manipulation
à souhait des conditions d'adoption
Malgré leur influence dans
l'organe chargé du maintien de la paix et de la sécurité
internationales et du règlement non juridictionnel des
différends, les anciennes puissances coloniales inscrivent leurs actions
dans une "sorte de légalité internationale." Il s'agit de
légitimer leurs interventions. D'ailleurs, la Charte enjoint au Conseil
de prendre des précautions quand il veut régler un
différend qui oppose des parties. En effet, aux termes de l'article 39
de la Charte, la première mesure que doivent prendre ces puissances et
qui conditionne tout le développement ultérieur est la
constatation d'une "menace à la paix et la sécurité
internationales" ; et cette constatation peut être
précédée de l'enquête prévue par l'article
34. Cette enquête apparaît donc théoriquement comme la
première étape. En effet, il est indispensable que le Conseil
réunisse les informations pouvant l'éclairer. C'est une "sorte de
question préjudicielle que le Conseil doit d'abord trancher avant de
pousser plus loin son action pacificatrice95(*)", selon le Professeur Louis DELBEZ.
Vue sous cet angle, la tâche devient aisée pour
les anciennes puissances coloniales qui de par leur prépondérance
au sein de l'organe chargé de veiller sur la paix et la
sécurité internationales peuvent qualifier tout conflit comme
"menaçant la paix et la sécurité internationales" et
engager ainsi l'ONU à travers son Conseil. Aussi, à l'analyse du
comportement du Conseil de sécurité - dont l'action de certains
membres permanents dans la résolution des conflits armés en
Afrique nous intéresse -, importe-t-il de s'interroger sur les
critères de qualification du conflit. En d'autres termes, quand dit-on
d'un conflit qu'il menace "la paix et la sécurité
internationales" ? En effet, le déroulement de certains conflits
armés en Afrique et l'attitude de ces puissances fondent davantage cette
question. Au début des années 1990, un conflit armé
éclate au Libéria. La CEDEAO et l'ONU- à travers son
Secrétaire général- demandent aux Etats-Unis d'intervenir
aux fins de lui trouver une issue rapide et pacifique. On ne notera aucune
réaction adéquate de leur part, encore moins de la part des
autres membres permanents du Conseil non plus, y compris la France96(*) et la Grande-Bretagne. Quant
à la France, elle a successivement considéré le conflit
ivoirien de conflit «ivoiro-ivoirien »,
d'affaire « purement interne à la Côte
d'Ivoire » avant de dénoncer « toute
ingérence ou interférence extérieure». C'est
seulement plus tard qu'elle considérera la crise comme
« menaçant la paix et la sécurité sous
régionale 97(*) »
Finalement, c'est le Professeur
MELEDJE qui aura trouvé la meilleure explication à une telle
attitude. Relativement au Libéria, il écrit que "dans un contexte
de l'après-guerre froide, (...) le Liberia est devenu pour les
Etats-Unis, et malgré le poids historique, d'un intérêt
marginal98(*)." Quant
à Roland MARCHAL et Richard BANEGAS ils ajoutent que "le coût
politique d'une intervention internationale est trop importante pour qu'un pays
occidental participe parmi tant d'autres à des opérations de
maintien de la paix où ses intérêts ne sont pas clairement
en jeu.99(*)"
Béatrice POULIGNY va conclure sur ce point en des termes, on ne plus
dénonciateurs. Elle affirme qu' "est déclarée
« internationale » toute crise qualifiée comme telle
par le Conseil de sécurité, pour des raisons relevant plus
souvent des intérêts de gouvernements des Etats membres permanents
que d'une analyse de la nature de la crise elle-même. Et c'est là
bien que réside l'illusion.100(*)"
Une fois le conflit déclaré comme
menaçant "la paix et le sécurité internationales", la
Charte laisse la latitude aux anciennes puissances coloniales, dans le cadre du
Conseil de recourir soit au chapitre VI soit au Chapitre VII, et dans la
pratique, le Conseil ne dissocie pas ses pouvoirs au point qu'il évite
de faire référence dans ses résolutions aux
différents chapitres qui concernent ces deux compétences
théoriquement distinctes. A cette prépondérance
succède de grands moyens de pression dont disposent ces puissances
interventionnistes.
SECTION II : DE GRANDS
MOYENS DE PRESSION
Par moyens de pression, nous
entendons toutes " sortes d'armes", d'arguments dont disposent les anciennes
puissances coloniales pour faire plier l'échine aux protagonistes et
instaurer la paix et la sécurité qu'elles se sont octroyé
le devoir de garantir dans le cadre du Conseil de sécurité.
L'observation de la pratique interventionniste montre que ces puissances, dans
le cadre du Conseil, disposent d'une panoplie très diversifiée
de moyens. Certains sont diplomatiques (paragraphe 1), d'autres sont
économiques (paragraphe 2).
Paragraphe 1 : Des
moyens de pression diplomatique.
Elaborée au moment
où l'épreuve de la deuxième guerre mondiale était
en cours, la Charte se devait, au minimum, d'inspirer la confiance aux Etats
qui allaient lui confier leur "sécurité." Ainsi, au plan
normatif, l'article 2 §4 de la Charte prohibe le recours à la force
dans les relations internationales.
Les moyens de pression
diplomatique dont disposent les anciennes puissances coloniales dans le cadre
du Conseil restent donc l'embargo militaire(A) et l'isolement international
(B).
A. L'embargo
militaire
L'embargo est une institution
très ancienne. A l'époque, "il désignait la saisie de
navires étrangers pratiquée pour faire pression sur l'Etat dont
ces navires portent pavillon101(*)", selon le Professeur Louis DUBOUIS.
Mais cette définition ne
saurait être valablement retenue de nos jours car le recours à la
notion dans la pratique contemporaine désigne d'autres
réalités. On parle souvent d'embargo sur les armes, d'embargo sur
les exportations de produits, etc.
L'embargo à l'époque
contemporaine est selon le Professeur DUBOUIS précité
"l'interdiction frappant des exportations à direction d'un ou plusieurs
pays." Quand cette interdiction porte sur les armes, on parle d'embargo
militaire102(*).
Les anciennes puissances
coloniales, dans le cadre du Conseil de sécurité et dans la
perspective de résolution des conflits armés en Afrique ont
généralement recours à cette "arme." Ainsi, dans la
résolution du 17 mai 1994103(*), le Conseil impose un embargo aux protagonistes du
conflit rwandais. L'embargo militaire a été également
utilisé dans bien d'autres résolutions visant à mettre fin
aux conflits armés sur le continent. Mais la résolution la plus
énergétique semble être celle du 08 Octobre 1997104(*). En effet, votée
à l'unanimité par les membres du Conseil, elle exige non
seulement " que la junte militaire105(*) prenne immédiatement des mesures pour
céder le pouvoir en Sierra Leone et permettre le rétablissement
du gouvernement démocratiquement élu et le retour à
l'ordre constitutionnel" ; mais en plus impose-t-elle "un embargo sur la
vente et la fourniture... d'armement et minutions" en Sierra Leone. Lors du
conflit du Liberia, on a également eu recours à cette mesure aux
fins de le résoudre. En témoigne la résolution 788 du 19
novembre 1992 imposant un l'embargo sur les livraisons d'armes et de
matériel militaire en direction du Liberia.
Le conflit ivoirien a également donné l'occasion
au Conseil-somme toute sous influence française-, de recourir à
l'embargo militaire106(*).
Au titre des effets, il faut noter
que l'embargo militaire imposé à un Etat ou à un groupe
d'insurgés à la suite de l'éclatement d'un conflit
armé dans l'Etat importateur, pèse lourd sur la suite de ce
conflit. C'est un moyen efficace qui oblige les belligérants à
s'engager dans la voie pacifique de résolution du différend qui
est à la base du conflit. L'issue du conflit armé de Liberia
permet d'étayer notre assertion. En effet, le 7 mars 2001, le Conseil de
sécurité, en imposant un embargo militaire sur le Liberia,
punissait TAYLOR d'avoir échangé les armes contre le diamant avec
les rebelles du RUF. Cet embargo sera renforcé à l'occasion des
combats qui l'opposent aux rebelles du LURD et du MODEL en 2003. L'acte
d'affaiblissement qui a décidé TAYLOR à renoncer au
pouvoir semble être la saisie d'une commande d'armes opérée
en application de la résolution précitée par les premiers
soldats nigérians de la force multinationale le 04 août 2003
à l'aéroport de Monrovia. La suite des évènements
est connue : TAYLOR "accepte" de quitter le pouvoir le 11 Août
2003107(*).
L'évolution du conflit ivoirien permet également de percevoir
l'effet de la résolution du 15 novembre 2004 imposant l'embargo
militaire. En effet, les négociations de Pretoria et la suite du
processus de sortie de crise semblent visiblement avoir été
"influencées" par cet embargo.
En plus de l'embargo militaire, il
existe un autre moyen diplomatique permettant de faire pression sur les
protagonistes à un conflit armé. C'est l'isolement
international.
B. L'isolement
international
En droit interne et surtout en
droit criminel, la privation de liberté est la sanction
extrême108(*)
permettant de punir le délinquant qui s'est rendu coupable d'une
infraction et identifié comme tel, à l'issue d'un procès.
En mettant en veilleuse la liberté locomotive de cet individu, la
société, fait un acte "de maintien de l'ordre public109(*)".
Une transposition dans l'ordre
international permet de constater cette pratique. En effet, "l'ordre public
international" dont le maintien est une priorité des Nations unies est
assuré en Afrique par les anciennes puissances coloniales dans le cadre
du Conseil de sécurité des Nations Unies110(*), du fait du rôle
déterminant qu'elles jouent au sein cet organe.
Dans la perspective de
résolution des conflits armés en Afrique, ces puissances usent
ainsi de l'isolement international qui consiste en la mise à
l'écart des protagonistes à un conflit armé, de la
pratique des relations internationales. Cette mesure généralement
est prise dans le cadre d'une résolution du Conseil de
sécurité, en application du chapitre VII, pour lui
conférer force de loi. Cet isolement se manifeste concrètement
soit par l'interdiction de sortir du territoire, soit par le gel de leurs
avoirs à l'extérieur. Selon leur détermination à
résoudre le conflit, elles peuvent décider d'étendre la
mesure. Une telle attitude a été constatée lors des
tentatives de résolution du conflit armé en Sierra Leone.
En effet, en plus de l'embargo
militaire que les anciennes puissances coloniales ont imposé aux
protagonistes du conflit armé, la résolution 1132 du 08 octobre
1997 impose des restrictions aux déplacements des membres de la junte
militaire. Manifestement, cette interdiction de déplacement avait un
caractère absolu car vu le caractère universel de l'Organisation
des nations unies, interdire "aux membres de la junte militaire Sierra
léonaise et à leurs familles d'entrer ou de transiter sur le
territoire des Etats membres de l'Organisation des nations unies111(*)" n'est-ce pas leur interdire
de sortir du territoire sierra léonais ? C'est aussi sûrement pour isoler Charles TAYLOR
qu'il a été inculpé de crimes de guerre par le Tribunal
spécial des Nations unies "pour son rôle dans la guerre civile en
Sierra Leone" et surtout que Washington a demandé officiellement son
départ du pouvoir112(*).
L'efficacité de la mesure
d'isolement n'est plus un point de mire au regard de l'actualité
contemporaine ; car si en droit criminel, la
privation de liberté permet au délinquant de saisir la
nécessité de jouir de la liberté, sur le plan
international, l'isolement apparaît comme une "arme" permettant au
même titre que l'embargo militaire de faire pression et trouver ainsi une
issue au conflit armé. En plus de ces moyens de pression diplomatique,
il y a des moyens économiques.
Paragraphe II : Des
moyens de pression économique
Il faut brièvement rappeler que le recours aux
sanctions économiques dans les relations internationales est
prévu par la Charte des Nations unies ; et les sanctions
économiques font partir d'un ensemble élaboré de mesures
laissées à la latitude des anciennes puissances coloniales dans
le cadre du Conseil de sécurité des Nations unies. La
première application de ces mesures s'est faite à l'occasion de
l'affaire de la Rhodésie du sud113(*). Depuis lors, le recours à ces sanctions a
été consacré114(*) au point que des auteurs- craignant un
détournement des objectifs visés par ces mesures-,
émettent l'idée de dérogation humanitaire aux sanctions
économiques115(*).
Fidèles à la lettre
et à l'esprit de l'article 2 §4 de la Charte, les anciennes
puissances coloniales, dans la perspective de résolution des conflits
armés en Afrique font usage en plus des moyens diplomatiques, de ces
moyens économiques qui du reste sont constitués d'embargo
économique (A) et de rupture ou de suspension de l'aide au
développement (B).
A. L'embargo
économique
Il constitue une autre
modalité de l'embargo au sens large. Par embargo économique, on
entend, l'interdiction d'exporter faite aux protagonistes d'un conflit
armé. Si l'embargo militaire a le mérite d'agir directement sur
l'évolution du conflit, l'embargo économique, lui, constitue
à n'en point douter un obstacle majeur pour "l'entretien du conflit." Et
le sachant, les anciennes puissances coloniales, dans le cadre des
résolutions du Conseil de sécurité incluent toujours le
volet économique dans la pression qu'elles entendent exercer sur les
protagonistes en vue de la résolution des conflits armés. Ainsi,
dans les résolutions du 14 août 2000 et 17 mai 1994
(respectivement relatif à la Sierra Leone au Rwanda), le Conseil de
sécurité en approuvant respectivement la création d'un
tribunal international pour juger les criminels de guerre en Sierra Leone et le
déploiement de 55 000 casques bleus au Rwanda impose un embargo sur
les exportations en provenance de ces Etats. Cette même attitude fut
adoptée à l'égard de Charles TAYLOR en 2003. En effet, les
Etats-Unis d'Amérique, dans la suite des pressions qu'ils entendaient
exercer sur le Chef d'Etat d'alors proposèrent et obtinrent du Conseil
de sécurité l'embargo sur l'exportation du bois en provenance du
Libéria.
En Côte d'Ivoire, la résolution 1643 du 15
décembre 2005-qui reconduit l'embargo imposé par la
résolution 1572 du 15 novembre 2004-inclue des dispositions
nouvelles : l'interdiction faite aux Etats d'importer le diamant en
provenance de la Côte d'Ivoire.
Une remarque est à faire
concernant les produits soumis à interdiction d'exporter. En fait, le
choix du produit "imposable" ne semble pas être fait au hasard.
Généralement, les anciennes puissances coloniales prennent soin
de faire porter l'interdiction sur un produit dont l'Etat a la grande
capacité de production et constitue le socle économique de l'Etat
ou de la faction rebelle concernée par la mesure d'interdiction. En
Sierra Leone par exemple, sur sept résolutions du Conseil de
sécurité sur le conflit armé en Sierra Leone, cinq
contiennent des mesures de pression économique et sur ces cinq mesures,
quatre résolutions imposent un embargo sur l'exportation du diamant. Et
pour "enfoncer le clou," la résolution 1343 du 07 mars 2001 imposant un
embargo militaire sur le Libéria exige que TAYLOR "prenne des mesures
concrètes pour arrêter le trafic et la vente de diamants provenant
de Sierra Leone116(*)."
Concernant la Côte d'Ivoire, la résolution 1643
précitée retient comme produit soumis à interdiction le
diamant. Vraisemblablement, cette mesure était dirigée contre la
rébellion car la partie du territoire sous son control regorge
d'importantes réserves en diamant pendant que le sud sous control
gouvernemental produit le café et le cacao, principaux produits
d'exportation de la Côte d'Ivoire.
A côté de l'embargo
économique, il y a la suspension d'aide économique à
l'Etat en conflit.
B. La suspension de l'aide
économique au développement
Tandis que l'embargo sur les
exportations constitue une mesure générale, la suspension d'aide
économique, elle, apparaît souvent comme une mesure ayant un
caractère intuitu personae. Elle se manifeste par la suspension de
l'aide extérieure aux projets de développement engagés ou
par un report de l'aide promise à l'Etat. Généralement,
les Etats et les Institutions financières - qui prennent une telle
mesure - le font pour éviter un détournement d'objectif. Car
l'aide financière des Etats ou institutions financières est
accordée pour financer des projets de développement
économique et social. Or en temps de conflit armé, l'Etat est
plus préoccupé par le souci de recouvrer son autorité
politique que de s'engager dans des projets à caractères social.
Cependant, l'hypothèse de
"chantage" n'est pas à écarter. Et dans ce sens, ce sont
généralement les anciennes puissances coloniales qui en usent
dans leurs relations avec leurs anciennes colonies en conflit armé. Une
telle attitude a été constatée dans les relations entre la
Grande Bretagne et la Sierra Leone lors du conflit armé dans ce pays. Le
29 décembre 1992 ; en représailles à une tentative de
coup d'Etat, les partisans du capitaine Valentine STRASSER - arrivé au
pouvoir lui-même à l'issu d'un coup d'Etat - exécutent 26
militaires soupçonnés de rébellion. Cet acte est le fait
déclencheur de la réaction de l'ancienne puissance coloniale qui
dès janvier 1993 suspend "son aide économique" au pays.
Cette mesure sera accentuée
sept ans plus tard quand en janvier 1999, les rebelles du R.U.F attaquent
Freetown dans l'optique d'obtenir la libération de leur chef Foday
SANKOH arrêté et condamné le 23 octobre 1998. En effet, le
19 février 1999, la Banque Mondiale et le FMI suspendent leur aide au
Pays.
Cette mesure de suspension a
été également prise à l'encontre du Libéria
en juin 2000 à l'initiative de la Grande-Bretagne. En effet, sur
l'initiative de son ministre des affaires étrangères117(*), l'Union Européenne a
suspendu "toute nouvelle aide au Libéria."
La situation au Rwanda a
été toute différente de celles qu'ont vécues la
Sierra Leone et le Libéria. En effet, en décembre 1990, alors que
le conflit armé était en cours entre les rebelles du Front
Patriotique Rwandais et les Forces Armées Rwandaises, la France
continuait d'accorder "sa confiance" au gouvernement de Kigali, au point de lui
accorder 49 millions de francs "pour la réalisation de divers projets."
Cette attitude a conduit certains auteurs118(*) à affirmer que par cet acte, le gouvernement
français apportait un soutien au chef de l'Etat rwandais d'alors et
s'inscrivait dans une logique de belligérance contre le FPR.
En définitive, nous disons que par ces
prédispositions, les anciennes puissances coloniales apparaissent comme
pouvant résoudre les conflits qui troublent la quiétude des
populations africaines et retardent le développement du
continent119(*).
Pourtant à l'arrivée, le constat est triste. Cet engagement des
anciennes puissances coloniales produit des résultats peu efficaces, en
deçà des espoirs. Le développement de cette assertion fera
l'objet de la seconde partie.
DEUXIEME PARTIE :
UNE EFFFICACITE RELATIVE DE L'ENGAGEMENT DES
ANCIENNES PUISSANCES COLONIALES
Si en amont- nous venons de le voir-, les anciennes puissances
coloniales qui interviennent dans la résolution des conflits en Afrique
ont des arguments et sont prédisposées à résoudre
ces conflits, l'observation de la conflictualité africaine autorise
à affirmer qu'en aval, ces interventions produisent des résultats
d'une efficacité relative.
Il en est ainsi par cela qu'un concours de facteurs influence
ces interventions (CHAPITRE I) au point qu'il apparaît légitime de
demander si l'issue de la résolution de ces conflits ne
résulterait pas d'une initiative plurielle (CHAPITRE II).
CHAPITRE I : L'INFLUENCE D'UN CONCOURS DE
FACTEURS
Selon le Lexique des sciences sociales, le facteur est
« toute cause même partielle d'un
phénomène120(*) ». En d'autres termes, le facteur c'est ce
qui provoque le résultat d'une action, d'une politique. Par "influence
d'un concours de facteurs", nous entendons donc tous les éléments
qui agissent sur l'intervention des anciennes puissances coloniales dans la
résolution des conflits en Afrique, et qui occasionnent l'échec
ou concourent à la réussite de cette politique.
L'observation de la pratique interventionniste permet de
grouper ces facteurs. Certains sont à la base de l'échec de ces
interventions. Ce sont les facteurs d'échec (Section I), tandis que
d'autres apparaissent comme favorisant ou concourant à la
réussite ou au succès de ces politiques. Ce sont les facteurs de
réussite (Section II).
SECTION I : LES FACTEURS
D'ECHEC
Comme il vient d'être signalé, les facteurs
d'échec s'appréhendent en des éléments qui
occasionnent- volontairement ou involontairement- l'échec de
l'intervention des anciennes puissances coloniales dans la résolution
des conflits en Afrique. Ces facteurs tiennent à la fois aux puissances
interventionnistes elles mêmes et aux Africains. Ce sont d'une part
l'antagonisme entre puissances interventionnistes (paragraphe 1) et
d'autre part la résistance africaine aux efforts de paix (paragraphe 2).
PARAGRAPHE 1 :
L'antagonisme entre puissances interventionnistes
Si l'altruisme121(*) est brandi par les puissances interventionnistes
lors des débats en prélude à l'action elle-même, il
faut pourtant se garder de croire que ces interventions sont entièrement
désintéressées. D'ailleurs à ce propos, Roland
MARCHAL et Richard BANEGAS mettent en garde contre toute
naïveté : « Le coût politique d'une intervention
est trop important pour qu'un pays occidental participe parmi d'autres à
des opérations de maintien de la paix où ses
intérêts ne sont pas clairement en jeu122(*) », affirment-ils.
Ibrahim GAMBARI confirme cette thèse. En effet, des
différentes interventions des puissances occidentales en Afrique,
l'auteur retient qu'au delà des discours officiels- teintés
d'altruisme-, la notion d'intérêts nationaux de l'Etat
interventionniste est capitale. A cet effet, il écrit que
« pour l'intervenant, certaines actions visent uniquement à
satisfaire ses intérêts nationaux123(*) » et de poursuivre
en affirmant que " les coûts financiers et politiques de telles actions
sont prohibitifs, sauf si se trouvent en jeu des intérêts
nationaux essentiels124(*)".
Ainsi à côté de l'idée de porter
secours- officiellement présentée- il y a lieu de voir dans ces
interventions la consolidation des acquis ou la recherche de nouveaux
intérêts de la part de ces anciennes puissances coloniales. C'est
justement à ce niveau qu'apparaît l'antagonisme entre elles ;
ce, eu égard à la divergence des intérêts (A).
Laquelle qui ne favorise pas la coordination des interventions (B).
A : La
divergence des intérêts
On dira des anciennes puissances coloniales que leurs
intérêts sont divergents à l'occasion d'un conflit lorsque
chacune d'elles oeuvre ou manoeuvre à la sauvegarde de ce qu'elle
considère comme utile, profitable pour elle seule, sans se soucier de
celui des autres puissances interventionnistes- le cas échéant en
les ignorant volontairement- sur le territoire où a lieu le conflit. Il
peut parfois s'agir d'agissements manifestement contraires aux
intérêts des autres anciennes puissances coloniales. C'est enfin
tout acte posé par une puissance interventionniste dont la
conséquence inévitable est la méconnaissance de
l'intérêt d'une autre puissance-interventionniste. Il va s'en dire
que de tels agissements provoqueront indéniablement un sentiment de
frustration, de malaise voire de préjudice chez l'autre puissance
interventionniste, qui entreprendra des actions afin de réhabiliter ses
intérêts ou en acquérir de nouveaux. Toutes choses qui
auront pour conséquence l'ignorance du conflit en cours et la
perpétuation de la souffrance de la population qui subit
déjà la furie des "Seigneurs de guerre". La conflictualité
en cours dans nombre de pays africains fournit une panoplie d'exemples,
permettant d'étayer ces affirmations. Les différents conflits qui
ont ravagé la région des Grands Lacs africains retiendront notre
attention sur ce point. Au Rwanda, prétextant de la mort de dix de ses
soldats incorporés dans la mission onusienne125(*), la Belgique- l'ancienne
puissance coloniale-, décida de retirer unilatéralement sa troupe
de la mission. Bien plus, elle influencera les autres puissances
interventionnistes- membres permanents du Conseil de sécurité que
sont la France, les Etats-Unis et l'Angleterre, qui après le
début des massacres en avril 1994 ont pris la décision126(*)
« incroyable 127(*)» de réduire l'effectif des Nations unies
sur place, déjà restreint. La suite de l'histoire est
connue : l'Afrique enregistre son premier génocide, le "dernier du
vingtième siècle", faisant officiellement plus de 800 mille
morts.
Cette divergence ou choc d'intérêts sera
davantage perceptible à travers l'importance que l'Amérique et la
Grande Bretagne accordent désormais à l'Afrique dans leur
politique étrangère à cette époque. En effet,
l'Ouganda, voisin du Rwanda et dirigé par un anglophone, Yoweri MUSEVENI
était à l'époque totalement aligné sur les
intérêts américains et constituait le principal soutient du
FPR. Si le mouvement était arrivé à ses fins, l'Ouganda
aurait pris de l'importance au détriment des intérêts
français dans la région des Grands Lacs ; il était
donc hors de question pour Paris de laisser faire une telle chose128(*).
La divergence d'intérêt s'appréhende, on
vient de le voir, en un choc, un heurt entre plusieurs intérêts
non conciliables. Elle peut également s'analyser en une absence
d'intérêt ; et cette absence d'intérêt peut
justifier ou justifie parfois l'inaction voire l'inertie des anciennes
puissances coloniales face à des conflits qui ravagent les territoires
d'Afrique. L'exemple nous en est fourni par le conflit libérien des
premières années post guerre froide. En effet, bien que le
Libéria ait eu avec les Etats-Unis d'Amérique des liens
historiques et économiques puissants129(*), il n'a pas été surprenant de
constater que cette grande puissance se soit contentée de fermer les
yeux sur la situation en cours, du moins jusqu'à ce la force
multilatérale de la CEDEAO se fût portée à sa
rescousse. Quant aux autres grandes puissances telles l'Angleterre et la France
qui a une tradition interventionniste en Afrique, le conflit libérien ne
menaçait nullement leurs intérêts. Le Professeur MELEDJE
Djedjro résume- à juste titre d'ailleurs-la situation en ces
termes : ? Avec la fin de la tension Est-Ouest, le Libéria est
devenu pour les Etats-Unis, et malgré le poids de l'histoire, d'un
intérêt marginal ; pour les autres membres permanents du
Conseil de sécurité-y compris la France-il s'agissait là
d'un conflit interne au Libéria130(*)?.
Comme facteurs ou éléments occasionnant
l'échec de la politique interventionniste, nous avons retenu, ceux
tenant aux anciennes puissances coloniales, la divergence des
intérêts que nous venons d'exposer. Il convient à
présent de s'appesantir sur le second facteur qui lui, se saisit dans le
manque de coordination des interventions.
B : Le défaut
de coordination des interventions
La divergence des intérêts, dont avons fait
écho, va conduire les puissances interventionnistes à des
politiques d'intervention différentes. De là, le manque de
coordination des interventions. Et ce défaut de coordination des
interventions revêt plusieurs formes.
Il y a en premier lieu la violation des résolutions par
elles prises dans le cadre du Conseil de sécurité des Nations
unies. En effet, entre l'affirmation des principes du droit international
humanitaire et l'application de ces principes, les puissances
interventionnistes se séparent en fonction des intérêts en
jeu. Ainsi, il n'a pas été surprenant de constater que pendant
qu'elles se sont entendues dans le cadre du Conseil pour imposer un embargo sur
les armes en direction des protagonistes d'un conflit en cours, certaines
puissances interventionnistes ont adopté un comportement en
porte-à-faux avec l'objectif qui présida à l'adoption de
cette mesure.
Pourtant, il faut relever qu'au titre des effets, l'embargo
imposé à un Etat ou à un groupe d'insurgés à
la suite de l'éclatement d'un conflit armé dans l'Etat-lieu
d'importation et théâtre du conflit-, pèse lourd sur la
suite conflit. Et le Professeur Louis DUBOIS de s'interroger en ces
termes : ? L'obligation d'édicter l'embargo sur les armes ne
s'impose-t-elle pas, à tout Etat-et au premier chef aux membres des
Nations unies-comme une contribution pour accélérer la fin du
conflit en privant d'armes les combattants ?131(*)? Cela paraît
d'ailleurs résulter à la fois de ce que le recours à la
force armée est en principe illicite et de ce que les membres des
Nations unies-notamment les anciennes puissances coloniales-sont tenus de
recourir à la réalisation des buts fondamentaux définis
par la Charte au premier rang desquels prend place le maintien de la paix et la
sécurité internationales.
Or, aussi paradoxale que cela puisse paraître, on a
assisté à des violations d'embargo par ces puissances
interventionnistes alors que ces décisions furent prises par le Conseil
de sécurité des Nations unies et surtout en application du
chapitre VII de la Charte. Rappelons qu'au Rwanda, avant le génocide, la
France a livré au Zaïre des armes destinées aux Forces
Armées Rwandaises (FAR). Alors que la résolution 918 du 17 mai
1994-qui autorise que l'effectif de la MINUAR soit porté à 5500
hommes-décrète un embargo sur les armes en direction du Rwanda,
la France a continué les livraisons d'armes jusqu'à la fin du
mois de mai 1994, soit un mois et demi après le début des
massacres et quinze jours après l'imposition de l'embargo des Nations
unies132(*). Toute
attitude qui a conduit Sandrine SANTO à s'interroger en ces
termes : « Comment la France, considérée
comme la patrie des droits de l'homme a-t-elle pu se rendre complice de telles
atrocités133(*) ? »
La seconde forme que revêt ce manque de coordination des
interventions consiste en l'existence de divers centres de commandement pour
une intervention qui a lieu sur le seul et même territoire. En effet, il
est arrivé souvent que sur le seul théâtre du conflit, les
soldats des missions de maintien de la paix obéissent à des
autorités hiérarchiques différentes. Il peut même
s'agir de contingents strictement autonomes voire indépendants de la
mission officielle. Ce fut le cas en Sierra Léone où la Grande
Bretagne a constitué une unité spéciale forte de 1300
soldats134(*). L'exemple
de la force Licorne est également à retenir à ce niveau.
Force d'appui à l'ONUCI, la Licorne qui tient sa
légitimité du Conseil de sécurité est pourtant sous
commandement français.
Au total, nous affirmons que l'antagonisme des anciennes
puissances sur le terrain d'intervention se présente comme un facteur
occasionnant l'échec de leurs interventions. Pourtant, il est des fois
où leurs efforts sont entravés par les actions des Africains du
fait de leur résistance aux efforts de paix.
Paragraphe II : La
résistance africaine aux efforts de paix
Cette résistance revêt un double aspect :
d'abord la dissension entre Etats africains ou le leadership africain (A) et le
tripatouillage ou le refus d'appliquer les accords de paix (B).
A : Le leadership
africain
Les conflits en Afrique se déroulent sur des
territoires qui jouxtent d'autres, jouissant d'une paix relative. Les
différents chefs de ces territoires-où l'accalmie est
observée-, tentent de porter secours ou d'apporter leur médiation
aux belligérants en vue de retrouver la stabilité
recherchée. Le leadership africain s'analyse ici en une lutte de
positionnement entre ces différents chefs d'Etats pour apparaître
comme le ?résolveur? du conflit et acquérir un rayonnement
régional135(*),
pour parfois consolider leur propre pouvoir local. C'est cette
réalité que dénonce d'ailleurs le Professeur MELEDJE,
relativement à la situation de crise en Côte d'Ivoire. Pour lui,
« ...dans la recherche de solutions internationalement
envisagées tendant à reconstruire l'Etat et la
société politique en Côte d'Ivoire, les chefs d'Etats
africains, notamment ceux de la sous-région sont à la recherche
de leur propre légitimité 136(*)». Il va s'en dire que les propositions en vue
de résoudre le conflit ou les stratégies proposées sont
quelques fois opposées, voire aux antipodes les unes des autres. De
là, l'enracinement du conflit en question. L'exemple nous en est fourni
par les différents conflits qui ont ravagé et continuent de
ravager le continent. Relativement au conflit libérien, pendant
qu'Abidjan prônait le dialogue entre le NPFL de Charles TAYLOR et le
Gouvernement de Samuel DOE, Abuja optait pour une solution militaire qui
consisterait à provoquer la défaite de TAYLOR137(*). En Côte d'Ivoire,
cette lutte de positionnement s'est observée entre le président
togolais Gnassingbé EYADEMA et le président
sénégalais Abdoulaye WADE. Après la conclusion du
cessez-le-feu entre la rébellion et le CEDEAO en octobre 2002, le
« groupe de contact » de la dite organisation décida
de confier la tenue des pourparlers entre la rébellion et le
Gouvernement ivoirien au "doyen" EYADEMA. Alors que ces pourparlers sont en
cours, le président WADE convoque une réunion des chefs d'Etat
africains sur le conflit ivoirien en décembre 2002, amenuisant les
chances de succès des négociations de Lomé. Ainsi
s'ouvrait le cycle des négociations sur le conflit. Sur ce point, le
Professeur MELEDJE tirera l'attention de l'observateur "naïf" en ces
termes : « La recherche de solutions au conflit ivoirien
hors du cadre régional est la conséquence logique de plusieurs
facteurs, notamment (...) les conflits de leadership entre des chefs d'Etats de
la sous-région, et par voie de conséquence la neutralisation et
l'inefficacité des organisations sous-régionales138(*) ».
L'analyse peut être portée plus loin pour voir
dans cette lutte de positionnement le reflet de la lutte entre puissances
interventionnistes par rapport aux enjeux du conflit. En effet, Charles TAYLOR,
alors soutenu dans le conflit libérien par la Côte d'Ivoire et le
Burkina Faso139(*)
serait ravitaillé en armes par la France via ces deux pays alors que les
Etats-Unis d'Amérique s'appuieraient sur le Nigéria pour
empêcher TAYLOR d'arriver à ces fins140(*).
Outre le leadership africain comme facteur d'échec
imputable aux Africains, il y a lieu de ne pas omettre le tripatouillage des
accords de paix ou même le refus pur et simple de les appliquer.
B : Le
tripatouillage des accords de paix
Si le leadership africain apparaît comme
extérieur et indépendant des acteurs du conflit, le
tripatouillage des accords de paix, lui, s'analyse en un facteur
endogène, émanant des acteurs du conflit et occasionnant la
prolongation de la souffrance de la population civile. Il consiste dans des
interprétations diverses des accords de paix. Il peut même s'agir
d'un refus d'appliquer ces accords obtenus après moult tractations des
anciennes puissances coloniales.
D'abord, concernant les interprétations des accords de
paix, chaque protagoniste du conflit-et donc participant de ces accords-, tente
par ses interprétations d'arracher à l'adversaire ce qu'il n'a pu
obtenir militairement. La partie adverse, pour ne pas laisser se volatiliser ce
qu'elle considère comme acquis, va elle aussi se lancer dans des
interprétations manifestement contradictoires avec celles de l'autre. De
là, le ?dialogue des sourds? sur un texte qu'ils ont pourtant
paraphé en toute connaissance de cause. L'accord signé par les
principaux protagonistes ivoiriens dans la banlieue parisienne à
Linas-Marcoussis apparaît comme le prototype de texte dont les
interprétations furent aussi contradictoires les unes des autres. C'est
que, après l'échec des négociations de Lomé, les
protagonistes du conflit ivoirien et les partis politiques
représentés au Parlement furent convoqués par la France-
l'ancienne puissance coloniale-, afin de trouver une solution
négociée au conflit. Réunis autour d'une Table Ronde sous
la présidence de Pierre MAZEAUD141(*), les invités s'accordèrent le 23
janvier 2003, soit après une semaine d'?intenses négociations?,
octroyant ainsi l'Accord de Marcoussis au peuple
ivoirien. Un Gouvernement de réconciliation est prévu par cet
"accord politique à contenu juridique142(*)", selon l'expression du Professeur Jean du Bois de
GAUDUSSON, à qui sont confiées des tâches précises
et un chronogramme dont le suivi pourrait ou devrait sortir le pays de
l'impasse le plus rapidement possible. Mais très tôt,
l'application de cet accord va se heurter aux interprétations
contradictoires les unes des autres. Et la véritable pomme de discorde
se situera au niveau de la ?délégation de pouvoir? dont devait
bénéficier le Premier ministre, chef de ce gouvernement. Alors
que le MPCI, principal mouvement rebelle qui contrôle le nord et le
centre du pays considère que l'accord dépouille le
Président de ses prérogatives exécutives essentielles au
profit du Premier ministre, la partie gouvernementale invoque la Constitution
et même l'accord qui prévoit que cette délégation
doit se faire ?en application des délégations prévues par
la Constitution143(*)?.
Ainsi s'ouvrait la "crise de la délégation des pouvoirs",
consacrant l'enlisement du conflit dont le point culminant fut la reprise des
hostilités en novembre 2004. Pourtant, que dit la doctrine ou quelle est
sa position dans ce débat ?
Le Professeur WODIE lève un coin de voile sur la
question et son analyse autorise à affirmer que le débat devait
se clore144(*). Pour
lui, « l'accord reconnaît et consacre les Institutions
républicaines, et partant la Constitution qui leur sert de fondement
juridique, en en garantissant la suprématie... ». Et de
poursuivre en ces termes : « Prévue par l'accord, la
délégation des pouvoirs, à consentir au Premier ministre,
a pour fondement l'article 53§1 et 3 de la Constitution145(*)».
En second lieu et en plus des interprétations des
accords de paix, il est des cas de refus pur et simple- de la part des
protagonistes- d'appliquer ces accords. Nous sommes là manifestement en
face d'une situation de mauvaise foi. Or aussi incroyable que la situation
paraît, la conflictualité en Afrique fournit des exemples qui
choquent la morale. Le premier que nous retenons ici est le cas rwandais. A la
suite de différentes négociations, le Gouvernement et le FPR
signèrent le célèbre document appelé
« Accords d'Arusha » le 4 août 1993
dont les trois principales composantes sont : la mise en place d'un Etat
de droit sous la responsabilité d'un Gouvernement de Transition à
Base Elargie (GTBE), le retour des refugiés rwandais et la constitution
d'une Armée Nationale de Transition (ANT)146(*). En application de ces
accords, le Président-déjà en fonction-Habyarimana
prête serment le 5 janvier 1994. Pourtant, il reporte la mise en place du
gouvernement prévu par ces mêmes accords. Jusqu'au 28 mars 1994,
on assistait à un troisième report de la constitution du dit
gouvernement. De telles attitudes ont pour conséquence de semer le doute
sur la volonté du protagoniste à appliquer l'accord en
question147(*).
D'ailleurs, la suite des évènements est connue : le
gouvernement ne sera jamais mis en place et le 6 avril, l'avion du
Président est abattu à son atterrissage à Kigali, ouvrant
ainsi le génocide. L'exemple angolais mérite de retenir notre
attention sur ce point. Pays dont l'histoire, selon Sandrine SANTO, "n'est
faite que de violence", l'Angola a connu à partir de 1975, date de son
indépendance, une guerre civile qui ne prit fin le 30 mars 2002
qu'après l'assassinat de Jonas SAVIMBI le 2 février 2002.
Pourtant, le MPLA et L'UNITA auraient dû offrir à l'Angola une
décennie plus tôt la paix dont avait tant rêvé
Agostino NETO. C'est que, le 31 mai 1991, sous les auspices du Portugal-
l'ancienne puissance coloniale-, de l'ex-URSS et des Etats-Unis, l'accord de
Bicesse fut signé entre ces deux protagonistes. A l'instar de tout
accord de paix, celui de Bicesse contenait des obligations à la charge
des deux principaux protagonistes, obligations dont le point culminant
était l'organisation des élections. Ces élections eurent
effectivement lieu les 28 et 29 septembre 1992 et furent qualifiées par
l'ONU comme "dans l'ensemble libres et régulières". A la suite de
ces élections, José Eduardo DOS SANTOS, dirigeant du MPLA revint
officiellement au pourvoir. Pourtant, Jonas SAVIMBI, le leader de l'UNITA
contesta le résultat de ces élections et reprit le
« maquis », ouvrant ainsi un nouveau cycle de violence. Ce
comportement participe de ce que nous avons appelé le tripatouillage des
accords de paix ou le refus pur et simple de les appliquer et constitue un
facteur d'échec de l'engagement des anciennes puissances coloniales dans
la résolution des conflits en Afrique.
Il est vrai, au regard de l'analyse qui suit, que
d'innombrables facteurs occasionnent l'échec de l'engagement des
anciennes puissances coloniales dans la résolution des conflits en
Afrique.
Fort heureusement, il est des facteurs qui participent de la
réussite de cette politique interventionniste. C'est ce qu'il convient
à présent d'étudier.
SECTION II : Les facteurs de
réussite
Ces facteurs tiennent essentiellement à l'engagement
collectif des puissances interventionnistes (paragraphe 1) et à la
crainte de régionalisation des conflits (Paragraphe 2).
PARAGRAPHE I :
L'engagement collectif des puissances interventionnistes
La divergence entre puissances interventionnistes, on l'a vu,
constitue un facteur d'échec de leur volonté de résolution
des conflits en Afrique. Leur engagement collectif lui, produit l'effet
contraire. Il se manifeste à travers un engagement sous mandat
international (A) et financé (B).
A : Un engagement sous
mandat international
Selon le Lexique des termes juridiques, le mandat est
"l'acte par lequel une personne est chargée d'en représenter une
autre pour l'accomplissement d'un ou de plusieurs actes juridiques148(*)". En d'autres termes, le
mandat est un pouvoir ou une compétence qu'obtient une personne ou une
autorité, d'une autre- légalement compétente-pour
accomplir un acte en son nom. Gérard CORNU en fournit le sens
suivant : "Acte par lequel une personne donne à une autre le
pouvoir de faire quelque chose pour elle et son nom.149(*)"
Dans la pratique des relations internationales, le
mandat150(*) peut se
saisir comme "la délégation de compétence en vertu de
laquelle, un Etat ou une organisation internationale conduit une mission dont
l'accomplissement incombe au délégant". En matière de
résolution des conflits, l'engagement sous mandat international est donc
celui qui a lieu sur un territoire donné avec l'aval de
l'autorité compétente ; c'est enfin une sous traitance du
maintien de la paix en vertu de laquelle les anciennes puissances coloniales
obtiennent du Conseil de sécurité151(*) des Nations unies,
l'autorisation de mener une intervention sur un territoire africain afin d'y
résoudre le conflit en cours. Un tel engagement- mené avec l'aval
des Nations unies- est dit engagement sous mandat international ; et ce
mandat se présente comme un imperméable contre les accusations
néo-colonialistes et offre une meilleure garantie contre les
échecs. L'intervention de la France en Côte d'Ivoire offre le
cadre adéquat pour étayer ces propos. Dès le début
de la crise, tenant compte de ses répercussions régionales-
peut-être aussi craignant les accusations néo-colonialistes, Paris
a tenté d'activer l'Union africaine et la CEDEAO, d'engager des
médiations pour renouer les fils du dialogue et aussi pour ne pas se
trouver « dans un tête-à-tête avec les
Ivoiriens », selon Stephen SMITH au point même qu'il organisa
la conférence de Kléber- à laquelle il invite le
Secrétaire général des Nations unies pour endosser
l'accord de Marcoussis. Et le vote au Conseil de sécurité de la
résolution 1464 du 4 février 2003 dotait la force Licorne et les
forces de la CEDEAO d'un mandat sous le Chapitre VII et légitimait
l'intervention française. Malgré quelques velléités
de contestation des manoeuvres militaires françaises, l'inscription de
cette politique dans un cadre multilatéral apparaissait comme un
bouclier contre les attaques nationalistes. D'ailleurs à ce propos,
Niagalé BAGAYOKO-PENONE a pu écrire que « l'inscription
de la politique (interventionniste) africaine dans un cadre multilatéral
est sans aucun doute nécessaire pour crédibiliser les
interventions françaises sur le continent africain ».
Pourtant, quand à l'occasion de la reprise des hostilités le 4
novembre 2004 en Côte d'Ivoire entre l'armée gouvernementale et
les rebelles du Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire, les positions des
soldats français sont atteintes par les bombardements à
Bouaké, tuant neuf soldats, les autorités françaises
ignorent les Nations unies- dont la caution leur aura permis d'éviter
les empoignades avec les Ivoiriens- et détruisent au sol les deux
Sukhoï ivoiriens accusés d'être à l'origine du
bombardement en question. Or quelle leçon l'exemple anglais nous
enseigne-t-il ? Que, c'est suite à la prise en otage de 500
militaires de la MINUSIL par la troupe à Foday SANKOH que l'ancienne
puissance coloniale trouve le prétexte pour accomplir un voeu longtemps
entretenu, celui de mettre hors d'état de nuire le leader du RUF. Une
telle réaction-qui dissimule l'intention première-se
présente comme salvatrice pour toute une communauté
internationale en passe d'être ridiculisée par une "petite"
organisation militaire152(*), certes. Mais elle permet à la puissance
interventionniste d'arriver à ses fins sans provoquer la révolte
nationaliste.
En plus de cet engagement international, le financement du
mandat est un facteur de succès.
B : Le financement de la
mission
Dans la théorie classique du mandat, il incombe au
mandant de mettre à la disposition du mandataire tous les moyens
nécessaires ou indispensables à l'exécution du mandat. Le
mandant a donc à l'égard du mandataire une obligation de
moyen.
Par transposition de cette théorie dans l'ordre
international, le financement de l'intervention des anciennes puissances
coloniales- qui agiraient sous mandat international- consisterait pour l'organe
mandant, en l'occurrence le Conseil de sécurité, de mettre
à leur disposition les moyens que nécessite la résolution
des conflits en cours en Afrique. Ces moyens peuvent être de divers
ordres.
Il peut s'agir d'abord de moyens juridiques. Dans ce cas, il
s'agira pour les puissances interventionnistes d'inscrire leurs actions dans
une sorte de "légalité internationale". Une telle
préoccupation a l'avantage de se présenter comme un contrepoids
face au principe de non ingérence dans les affaires intérieures
ou à celui de souveraineté que brandissent
généralement les Etats quand ils refusent l'intervention de ces
puissances153(*).
Quoiqu'on ait pu penser de l'opération Turquoise- sur
le plan politique- et qu'il ne faudrait balayer du revers de la main, le simple
aval des Nations unies à travers la résolution 929 du 22 juin
1994 a eu l'avantage de mettre tout le monde d'accord sur la
nécessité de cette intervention.
D'ailleurs, le Secrétaire général des
Nations unies d'alors n'admettait-il pas que « la
réaction tardive de la communauté internationale à la
situation tragique que connaît le Rwanda démontre de
manière éloquente qu'elle est totalement incapable de prendre
d'urgence des mesures décisives pour faire face aux crises humanitaires
étroitement liées à un conflit
armé » ? Quant à la Nouvelle Zélande qui
s'est abstenue lors de l'adoption de la résolution en question, elle a
exprimé son accord avec la finalité de la proposition
française en ces termes : " Nous admirons et respectons hautement
la motivation humanitaire dont la France a fait preuve en saisissant le Conseil
de ce projet de résolution", et de poursuivre ajoutant : " Nous
partageons à cent pour cent les intentions humanitaires qui sous-tendent
l'initiative française154(*)".
Hormis l'aspect juridique, le financement de l'intervention
de ces puissances peut constituer, en la mise à leur disposition du
capital humain pour l'accomplissement de la mission.
En sus de l'engagement collectif des puissances
interventionnistes comme facteur de réussite de la politique
interventionniste, nous retenons la crainte de régionalisation des
conflits.
PARAGRAPHE II : La crainte de
régionalisation des confits
Cette crainte est à l'origine du recours aux mesures
préventives (A) et à des interventions promptes (B) de la part
des anciennes puissances coloniales.
A : Le recours à des
mesures préventives
Le recours à des mesures préventives consiste
pour les anciennes puissances coloniales à entreprendre des actions afin
de prévenir l'avènement du conflit, l'anticiper. Il s'agit
parfois d'encourager les dirigeants africains à conduire des politiques
qui permettent à tous les citoyens de participer à la vie de la
nation. C'est donc des incitations à la bonne gouvernance et au respect
des droits de l'homme. Sur le plan politique, il est question d'encourager le
pluralisme politique et souvent en faire une condition à l'aide publique
bilatérale. Sous cet angle, le discours de la Baule155(*) est à retenir comme
mesure préventive à l'endroit des Africains pour éviter le
déclenchement des conflits.
Sur le plan militaire, la prévention des conflits
consiste pour ces puissances à assister les Etats africains dans la
formation de leurs officiers afin de les rendre opérationnels pour parer
à toute éventualité. Cette politique est
expérimentée par la France à travers le RECAMP
(Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de Paix), auquel est
consacré un cinquième du budget militaire de coopération.
Trois cycles de formation sur deux ans pour les armées d'Afrique de
l'Ouest puis d'Afrique centrale et de l'Est et récemment d'Afrique de
l'Est ont été organisés depuis 1996156(*), nous apprend Philippe
LEYMARIE.
Avec ce programme, il s'agit de former dans chaque
région, un bataillon d'interposition et de le doter d'un matériel
pré positionné à Dakar, Libreville et Djibouti. Ce
dispositif est complété par des centres régionaux de
formation spécialisée, comme à Zambakro, en Côte
d'Ivoire. Quant aux Etats-Unis d'Amérique, le recours à des
mesures de prévention des conflits les a conduits à amorcer
depuis 2001, la formation d'un bataillon guinéen de Rangers
spécialistes de la surveillance des frontières. L'armée
française a pour sa part, contribué " à la formation de
la dernière promotion des cadets de l'école d'officiers du camp
Alfa YAYA et envisage de soutenir la création d'une école de
sous-officiers dans la grande banlieue de Conakry157(*)", nous apprend Paul
CHAMBERS. La Grande-Bretagne, elle, longtemps figée dans une posture de
non-intervention, et limitant ses actions sur le continent à des
formations bilatérales dispensées ponctuellement par les BMATTs
(British Military Advisory and Training Team), s'est néanmoins
impliquée, depuis la fin des années 1990 dans le soutien aux
capacités africaines de maintien de la paix (African PeaceKeeping
Support Programme), notamment grâce à l'appui accordé
aux écoles africaines de formation militaire, particulièrement
les Staff Colleges d'Harare et d'Accra.158(*)
La crainte de la régionalisation des conflits comme
facteur de réussite de la politique interventionniste, on l'a vu,
conduit à recourir à des mesures préventives. Pourtant, il
est des cas où le conflit advint cependant. La promptitude de
l'intervention constitue donc l'ultime recours.
B : La
promptitude des interventions
Alors que les mesures préventives se saisissent comme
des actions menées a priori- pour éviter ou anticiper
l'avènement du conflit-, les interventions promptes elles, s'analysent
en des actions d'urgence entreprises a posteriori- avec l'intention de
contenir le conflit pour finalement l'annihiler.
C'est une sorte de "sérum" administré contre le
conflit. Les modalités de telles interventions sont diverses mais la
conflictualité en cours en Afrique permet d'affirmer que deux
modalités principales sont usitées. Ce sont l'action militaire
et/ou l'action diplomatique.
L'action militaire consiste ici en une intervention brusque,
brutale et violente. Dans cette hypothèse, l'ancienne métropole
qui intervient, le fait en faveur de l'Etat en bute à une
rébellion et l'objectif est de provoquer la défaite militaire de
cette rébellion. Contre les accusations d'ingérence face à
ce genre d'intervention, l'Etat interventionniste brandit plusieurs arguments
dont notamment la demande- expresse ou même tacite- de l'Etat secouru ou
même les accords de défense en vertu desquels obligation ( ?)
lui est faite de porter secours à cet Etat en cas de trouble...interne.
Plusieurs exemples sont à retenir sous ce
chapitre ; notamment les différentes interventions
françaises dans l'ancien pré carré francophone et qui ont
le plus souvent débouché sur des actions en faveur de
régimes alliés, "dans des conditions contestables", selon
Philippe LEYMARIE : le brutal « nettoyage » du pays
Bamiléké au Cameroun au début des années 1960, les
interventions répétées au Tchad pour contenir les
offensives des rebelles du Nord...et l'intervention au Gabon en 1990159(*), pour ne citer que ces cas
anciens ; car la pratique- mise en veilleuse à partir de 1997
jusqu'en 1999 eu égard à la cohabitation entre le
Président CHIRAC et Premier ministre Lionel JOSPIN- va ressurgir de fort
belle manière à partir de 2006160(*) pour s'épanouir davantage sous Nicolas
SARKOZY161(*).
L'action diplomatique, cette autre modalité
d'intervention prompte, consiste en l'implication des anciennes
métropoles dans des médiations entre différents
protagonistes au lendemain du déclenchement du conflit, pour amoindrir
ses conséquences. Sous cet angle, l'exemple centrafricain est à
retenir. En effet, après les différentes mutineries auxquelles
Bangui a été confronté en 1996, Paris a saisi la demande
des autorités centrafricaines de secours pour engager les chefs d'Etats
africains dans la négociation des accords de Bangui dont la surveillance
a suscité la mise en place de la MISAB162(*).
On le voit, ces nombreux facteurs jouent sur les
médiations en vue de la résolution des conflits en cours. De la
sorte, il apparait légitime de se demander, si finalement, l'issue de la
résolution ne résulterait pas d'une initiative commune. C'est
cette interrogation qui fera l'objet du chapitre suivant.
CHAPITRE II : L'ISSUE DE LA RESOLUTION DES
CONFLITS, UNE
INITIATIVE
PLURIELLE ?
On dira que l'issue d'un phénomène
résulte d'une initiative plurielle quand ce phénomène a pu
prendre fin ou a pu être vaincu part le concourt de plusieurs
initiatives, de plusieurs interventions. En d'autres termes, un fléau
qui a pu être maîtrisé, vaincu parce que différentes
solutions ont dû être apportées, l'a été par
une initiative plurielle.
Appliquée à la conflictualité en
Afrique, on affirmera que la résolution des conflits africains
résulte d'une initiative plurielle si ces conflits qui éclatent
ici et là sur le continent africain ont pu être résolus par
le concourt de diverses médiations. Au regard donc de ce qui
précède, les nouveaux acteurs163(*) (SECTION II) qui interviennent dans la
résolution des conflits africains sont à prendre en
considération, sans ignorer les initiatives africaines (SECTION I) qui
sont de plus en plus nombreuses.
SECTION I : L'EMERGENCE DE
L'INITIATIVE AFRICAINE
Plus qu'un postulat ou une
doctrine164(*), les
initiatives africaines dans la résolution des conflits africains
apparaissent comme une réalité ; tant le cadre juridique et
institutionnel en témoigne. Aussi, avant d'exposer l'action africaine
dans la résolution des conflits africains (Paragraphe1), convient-il
d'aller aux origines de cette "prise de conscience"(Paragraphe 2), de cette
audace salvatrice.
Paragraphe 1 : Aux
origines de l'initiative africaine
L'analyse de la conflictualité et le déroulement
des conflits militent pour affirmer qu'à l'origine de cette initiative
africaine, il ya la régionalisation des conflits internes (B). Toute
chose qui menace les intérêts régionaux, voire
continentaux. Mais à y voir à fond, le déclassement
stratégique de l'Afrique n'est-il pas à l'origine de cet
activisme (A) ?
A : Le
déclassement stratégique du continent ?
Dans la pratique et le langage juridiques courants, le
déclassement est une notion de droit public utilisé en
matière domaniale. Selon le Lexique des termes juridiques,
c'est "un acte juridique, ou parfois survenance d'un évènement,
ayant comme but ou comme résultat de transférer juridiquement une
dépendance du domaine public dans le domaine privé d'une
collectivité, avec toutes les conséquences de droit qui en
résultent"165(*).
Le Professeur Philippe GODFRIN en donne la définition suivante :
"Le déclassement est l'acte juridique par lequel l'autorité
compétente fait sortir le bien du domaine public166(*)." Le déclassement
d'un bien public le désincorpore donc du domaine public et celui-ci
cesse de bénéficier du "régime protecteur de la
domanialité publique"167(*).
L'observation de la pratique des "relations internationales
africaines"168(*) permet
d'y transposer cette notion, eu égard à l'évolution de ses
relations avec ses anciennes puissances coloniales, autrefois partenaires
privilégiés de ces relations. En effet, le début de la
décennie 1990 qui a marqué la fin de la bipolarité a
amorcé un changement dans la pratique des relations bilatérales
entre l'Afrique et ses partenaires traditionnels que sont la France, le Royaume
Uni, la Belgique, les Etats-Unis d'Amérique...et le Portugal. C'est ce
changement dans le traitement de l'Afrique par ses partenaires que LAIDI Zaki
appelle le "déclassement international"169(*) de l'Afrique.
Bien plus que la notion, le déclassement de l'Afrique
se comprend et se saisit mieux dans la pratique des relations internationales.
Il consiste en un désintérêt manifeste vis-à-vis des
problèmes africains. Pourtant, il n'est pas rare de voir ces partenaires
se défendre d'avoir laissé le continent à l'abandon. Mais
ces prises de position, à l'exemple de la déclaration
Franco-britannique de Saint-Malo170(*), sont des professions de foi, qui n'entrainent plus
un engagement sur le terrain malgré la volonté affirmée
d'y rester pleinement engagés. Au contraire, affirme SESSANGA Hipungu
Dja Kaseng Kapitu, "la réalité témoigne du
désintérêt manifeste, à peine voilé
derrière le principe suivant lequel la sécurité
subsaharienne est essentiellement un devoir de ces pays"171(*). Des déclarations et
des faits foisonnent, qui témoignent de ce
désintérêt. Finalement, de ce déclassement.
L'autopsie du génocide rwandais faite par des auteurs, notamment Colette
BRAECKMAN, sera la première escale pour étayer nos propos. Cette
autopsie révèle que la Belgique, puissance occidentale à
qui la Société des Nations donna mandat à l'issue du
traité de Versailles en 1919 d'administrer le territoire rwandais-et qui
resta la puissance coloniale jusqu'à l'indépendance du pays-, a
pris la décision unilatérale de retirer ses soldats de la MINUAR,
prétextant de l'assassinat de dix des siens détachés
à la protection du Premier ministre d'alors, Agathe Uwilingiyimana.
Quant à la France, elle ne semblait pas avoir pris conscience de
l'ampleur du drame et de sa responsabilité ; elle qui était
liée au Rwanda par un accord spécial de défense militaire
depuis 1975. En effet, au sommet franco-africain de Biarritz des 8 et 9
novembre 1994, le Président MITTERAND, s'exprimant sur le drame rwandais
le faisait d'une manière on ne plus choquante en ces termes : "On
ne peut pas demander l'impossible à la communauté internationale,
et encore moins à la France tant elle est seule, lorsque les chefs
locaux décident délibérément de conduire une
aventure à la pointe de baïonnette ou de régler des comptes
à coup de machette. Après tout, c'est de leur propre pays qu'il
s'agit"172(*). Le
"Gendarme" est-il à bout de souffle seulement quand commence le danger
pour lequel il s'est autoproclamé ? Les Etats-Unis
d'Amérique ne sont pas exempts dans cette critique relative au
déclassement de l'Afrique. Qui l'eut cru ? Le Liberia a dû
espérer son salut de l'engagement de ses voisins de la sous
région ouest africaine173(*), tant "la puissance tutélaire" faisait la
soude oreille. Quant au Royaume-Uni, le "sursaut"174(*) du Gouvernement Blair qui a
conduit à l'arrestation de Foday SANKOH, s'il est applaudi, ne manque
pas de critique surtout relativement au moment. Car, en effet, ne réagir
à la situation sierra léonaise que pratiquement une
décennie175(*)
après le déclanchement des hostilités témoignage
d'un désintérêt manifeste.
De l'analyse qui précède, nous pouvons conclure
que la fin de la guerre froide qui a coïncidé avec
l'avènement de la décennie 1990, a marqué une rupture dans
le traitement dont bénéficiait l'Afrique de la part de ses
partenaires traditionnels. D'une situation de privilégiée, elle
est devenue un sujet secondaire des relations bilatérales de ses
anciennes puissances tutélaires. Toute chose que pouvait prévoir
certains auteurs quand ils invitaient les Africains à un "nouveau
réalisme".
On le voit, le déclassement du continent peut avoir
été à l'origine des initiatives africaines dans la
résolution des conflits sur le continent. Mais cette initiative peut
davantage avoir été suscitée par la régionalisation
des conflits internes.
B : La
régionalisation des conflits internes
L'une des particularités de la conflictualité
interne en Afrique, c'est sa forte propension à se propager
au-delà des frontières de l'Etat dans lequel elle a lieu. C'est
une conflictualité difficilement qualifiable. S'agit-il d'un conflit
interne, d'un conflit régional ou d'un conflit interne à relent
régional ? Ce sont des conflits que d'aucuns qualifient d'un "type
nouveau"176(*). Avec ces
conflits, affirme Béatrice POULIGNY "les césures traditionnelles
guerre civile/internationale, intra/inter étatique apparaissent peu
utiles"177(*). Pour
Niagalé BAGAYOKO-PENONE, cette "conflictualité africaine
démontre (...) l'existence d'un continuum entre trouble à la
sécurité intérieure et sécurité
régionale178(*) .
Ces conflits se propagent d'un Etat à un autre, pour finalement
atteindre toute la région, tel l'effet domino. Cette situation a pu
être qualifiée de "guerre tournante" par certains africanistes,
notamment Michel GALY179(*). Une "guerre sans frontière180(*)" ? S'est
interrogé Comfort ERO pour finalement admettre qu'il s'agit d'un
"conflit régionalisé". C'est enfin de compte une guerre
nomade.
Depuis 1990, aucune sous-région subsaharienne n'a
échappé à ce fléau. En Afrique de l'ouest, les
conflits du Liberia (1989-2003) et de la Sierra Leone (1991-2000) se sont
entremêlés et ont établi une forte
insécurité. Ainsi du Sénégal à la Côte
d'Ivoire, en passant du nord au sud et d'est en ouest par la Guinée
Bissau, la Guinée Conakry, la Sierra Leone et le Liberia, sur cette
bande côtière atlantique, aucun pays n'a été
épargné par une conflictualité diffuse. L'Afrique centrale
est à ce point noyée dans la violence qu'elle a perdu son
identité en tant qu'entité régionale. L'implosion de
l'Etat congolais (ex-Zaïre) au centre a créé une zone de
non-droit sur plus de 2 345 409 Km2. Le Congo Brazzaville
et la République centrafricaine vivent depuis 1992 et 1993 dans une
instabilité politique récurrente liée aux soubresauts de
leur démocratisation. Les conflits des Grands Lacs partis de l'Ouganda
(1986), du Rwanda (1990) et du Burundi (1993) ont embrasé l'ensemble de
la sous-région, voire au-delà avec la guerre en RDC depuis 1996.
L'Afrique australe n'est pas en reste. Si le conflit angolais y a pris fin,
l'instabilité politique au Zimbabwe nourrie sur fond de crise
économique relance les antagonismes entre communautés raciales
autour de la radicalisation de la distribution des terres. Un conflit entre les
minorités blanches et les populations noires pourrait compromettre
durablement, par un cycle de violence, la concorde dans toute l'Afrique
australe. En Afrique orientale, le conflit soudanais perdure depuis 1983,
faisant de ce pays un foyer de déstabilisation des pays voisins (Tchad,
RCA, RDC, Ouganda) et un refuge pour les fondamentalistes musulmans. La guerre
civile de la Somalie a détruit l'Etat somalien, enlevant ainsi à
la région un interlocuteur traditionnel clé pour ses affaires de
sécurité. La guerre entre l'Ethiopie et l'Erythrée
(1998-2000) a compromis les chances de rebâtir la stabilité
politique et de reconstruire l'économie de la Corne de
l'Afrique181(*).
On le voit, la multiplicité des conflits internes
à caractère régional constitue une inquiétude
légitime pour les Africains, qui de plus est, sont relâchés
par leurs partenaires traditionnels. De là, la mise en oeuvre d'actions
pour la résolution de ces conflits.
Paragraphe 2 : L'action
africaine dans la résolution des conflits
Mis devant leurs responsabilités, les dirigeants
africains vont mettre à contribution la diplomatie continentale ou, plus
exactement, "le système diplomatique africain182(*)", selon l'expression
d'Augustin KONTCHOU KOUOMEGNI, en vue de résoudre les conflits qui
ravagent leur continent. Aussi des actions de deux ordres sont-elles
entreprises. Certaines visent à endiguer le conflit (A) quand il
éclate, avant de parrainer les accords (B) de paix en vue d'une
résolution définitive du conflit.
A : L'engagement constant
pour l'endiguement des conflits
L'endiguement des conflits constitue à ce stade dans
le processus de résolution, en des mesures conservatoires. Il est
question de mesures urgentes pour contenir le conflit, le gérer afin
d'en amoindrir les effets immédiats. Si le cadre institutionnel
émane de l'organisation continentale183(*), on doit la paternité de l'initiative aux
organisations sous-régionales, notamment la CEDEAO. En effet, le conflit
libérien qui éclate en décembre 1989 a offert le cadre
à cette organisation sous-régionale d'ouvrir un autre chapitre de
sa coopération, qui jusque là se limitait au domaine
économique. La création de l'ECOMOG pour surveiller le
cessez-le-feu obtenu entre protagonistes du conflit libérien marque le
début de cette initiative africaine184(*). L'expérience du Liberia ayant montré
ses résultats, la CEDEAO va la répéter dans l'Etat
voisin185(*), lui aussi
aux prises à un conflit interne.
Cette action de la CEDEAO va faire écho et sera
importée dans les autres sous-régions africaines, pour être
entérinée par la nouvelle organisation continentale qui va
d'ailleurs prévoir un organe spécial de prévention, de
gestion et de résolution des conflits africains186(*).
A cet engagement en vue d'endiguer le conflit va
succéder le parrainage des accords de paix.
B : Le parrainage des
accords de paix
L'endiguement du conflit constitue dans le processus un
préalable à de sérieuses médiations afin de trouver
une issue définitive au conflit en cours. Aussi, ce préalable
obtenu, les efforts africains s'étendront-ils jusqu'à la
signature d'accords de paix dont le respect pourrait à terme consacrer
le retour à la normalité. Sous cet aspect, l'engagement africain
est spectaculaire. Le conflit libérien a vu se succéder des
accords entre protagonistes dont le célèbre est appelé les
« Accords de Yamoussoukro ». Quand au conflit sierra
léonais, on note deux grands accords signés par les
différents acteurs au conflit sous les auspices de dirigeants
africains187(*). Au
Rwanda, même si l'accord d'Arusha n'a finalement pas apporté la
paix aux rwandais, il faut signaler qu'il est d'initiative africaine.
L'engagement africain dans la résolution du conflit en RDC a permis la
signature des accords de Sun City en 2002 entre protagonistes au conflit en
Afrique du sud. Mais en la matière, l'un des acquis africains qui fera
jurisprudence est l'accord signé entre les principaux protagonistes au
conflit ivoirien le 4 mars 2007. Cet accord est signé à l'issue
d'un dialogue entre les principaux protagonistes du conflit et qualifié
de « dialogue direct » et parrainé par le Burkina
voisin, dont le Président exerçait la présidence tournante
de la CEDEAO.
De ce qui précède, on pourrait être
tenté de conclure que les initiatives africaines sont suffisantes pour
mettre fin aux conflits qui déchirent le continent. Que non !
D'autres acteurs, par leurs actions apportent un concours inestimable. Nous les
étudions dans la suite de cette étude.
SECTION II : DE NOUVEAUX ACTEURS DANS LA
RESOLUTION DES CONFLITS AFRICAINS
Si à l'analyse, les anciennes puissances coloniales
apparaissent comme acteurs principaux de la résolution des conflits
africains, d'autres entités interviennent, dont les actions sont tout
aussi salvatrices. Il faut le souligner. Il s'agit de l'Union européenne
(Paragraphe 1) et des organisations non gouvernementales (Paragraphe 2).
Paragraphe 1 : L'Union
européenne
Un cas spécifique de conflit fera l'objet
d'étude pour montrer l'engagement de l'Union européenne (B) dans
la résolution des conflits en Afrique. Mais de prime abord, il faut
signaler que cet engagement européen procède d'un appel des
Nations unies (A).
A : L'appel des Nations unies
à L'UE
La volonté-politique-européenne
d'apparaître comme un acteur dans la résolution des conflits en
Afrique s'est exprimé dès l'amorce du 21ème
siècle. En effet, le 14 mai 2001 l'Union européenne a
adopté une position commune sur la prévention, la gestion et la
résolution des conflits en Afrique. Cette déclaration sera suivie
par la désignation de représentants spéciaux de l'Union ou
de la Présidence dans deux grandes régions du continent188(*). Pourtant, ces signaux ne
seront pas suivis d'actions concrètes sur le terrain. De sorte
qu'à un moment donné, on a pu légitimement croire que la
PESC en Afrique s'est malgré tout et dans une large mesure
limitée à l'adoption de positions communes, donnant le sentiment
d'une "diplomatie essentiellement réactive et
déclaratoire189(*)", selon BAGAYOKO-PENONE.
Or cette prédisposition ou ces signaux vont être
déterminants dans l'appel que vont adresser les Nations unies à
l'Union européenne, surtout que quelques mois auparavant, elle avait
conduit une opération sur un théâtre de conflit190(*). En effet, au Conseil
Affaires générales et Relations extérieures du 19 mai
2003, Javier SOLANA, Secrétaire Général du Conseil de
l'UE/Haut Représentant pour la PESC indique que le Secrétaire
général des Nations unies, Kofi ANNAN demande à l'UE
d'envoyer une mission en Ituri. En réponse à cette information,
le Conseil l'invite à étudier la faisabilité de
l'opération.
Il faut cependant noter que cet appel des Nations unies
procède des difficultés que rencontre la MONUC sur le terrain et
dont le mandat parait inadapté à la situation en cours191(*). Il s'agissait donc de
porter un secours d'urgence à une population en souffrance avec en toile
de fonds, l'objectif d'éviter un second génocide à
l'Afrique. Le cadre juridique de l'opération émanera donc du
mandant- en l'occurrence des Nations unies-, qui sous la base du chapitre
VII192(*) de la Charte
autorise le déploiement d'une force européenne en Ituri. C'est
l'Opération Artémis.
B : L'engagement de l'UE en
Afrique : le cas de l'Opération
Artémis
Lancée le 12 juin 2003, l'Opération
Artémis avait pour cadre la République démocratique
du Congo, déchirée par de violents combats opposant les ethnies
Hema et Lendu. Cette intervention s'inscrit plus largement dans les efforts
déployés par la communauté internationale pour sauver le
processus de paix en RDC et mettre ainsi un terme à un conflit qui s'est
déjà soldé par plus de trois millions de victimes directes
ou indirectes, selon Niagalé BAGAYOKO-PENONE193(*).
Mission "oecuménique"194(*), l'Opération
Artémis se déroule du 12 juin au 1er septembre
2003 selon le paragraphe 3 de la résolution 1484. Sous la conduite d'une
"nation-cadre" rompue en l'espèce aux interventions d'urgence en
Afrique, selon Josiane TERCINET, cette opération a produit des
résultats on ne peut plus satisfaisants195(*).
En plus de l'Union européenne comme nouvel acteur dans
la résolution des conflits en Afrique, il semble de plus en plus
possible d'affirmer que les organisations non gouvernementales (ONG) sont
admises en tant qu'acteurs ; c'est ce qu'il nous faut étudier
à présent.
Paragraphe 2 : Les Organisations
non gouvernementales
On a assisté à une démarche progressive
et évolutive qui va du confinement (A) à l'admission des ONG (B)
comme acteurs dans la résolution des conflits en Afrique.
A : Le confinement
des ONG
Ce confinement des Organisations non gouvernementales tient
à l'origine à plusieurs raisons. Mais nous en retiendrons deux
essentielles à savoir la conception restrictive de la notion de
résolution des conflits et en second lieu la souveraineté des
Etats en conflit.
Relativement à la conception restrictive de la notion
de résolution des conflits, il faut signaler que principalement, les
organisations dont il s'agit ont essentiellement pour mission de porter secours
et aide humanitaire aux populations en cas de guerre et/ou de catastrophes
naturelles. C'est en effet, "un regroupement de personnes privées qui
ont décidé d'agir dans tel ou tel champ de la vie
sociale196(*)", selon
Monique CHEMILLIER-GENDREAU. De la sorte, il est apparu incongru de les
admettre dans un domaine réservé aux acteurs des relations
internationales, les "seuls initiés" que sont presqu'exclusivement
l'Etat est les organisations internationales. Il n'était donc pas
question pour ces regroupements de personnes privées de s'immiscer dans
le domaine de compétence de ces acteurs sans piétiner la
souveraineté des Etats. Puisqu'en la matière, « chaque
Prince est empereur de son royaume », selon Jean BODIN. A elles donc
étaient réservées les tâches de soulagement des
populations sans jamais tenter d'en sortir. Il y aurait là une sorte de
"détournement de pouvoir". C'était en quelque sorte un
confinement des Organisations non gouvernementales dans un "domaine
régalien".
Cette conception restrictive de la notion de
résolution des conflits masque en réalité une autre
opposition non moins importante qui elle aussi est à la base du
confinement des ONG des comme acteurs de la résolution des conflits en
Afrique. Cette opposition se résume en la notion de souveraineté.
Attribut essentiel de l'Etat, de tout Etat, la notion de souveraineté se
veut exclusive et entière sur l'espace territorial où elle
s'exerce. Sur ce point, la problématique de la thèse du
Professeur MELEDJE est on ne plus indicative sur le sort réservé
à ces organisations : "On peut malgré tout s'interroger sur
le bien-fondé de cette intervention (des ONG) dans un domaine qui
relève a priori de la société politique
organisée197(*)".
Pourtant l'évolution de la situation conflictuelle et
le rôle grandissant des ONG ont milité à les accepter comme
acteurs de la résolution des conflits.
B : L'admission
des ONG comme acteurs dans la
résolution des conflits
Tel le parallélisme des formes, l'admission des ONG
comme acteurs de résolution des conflits en Afrique est due en grande
partie à la révision de la conception de résolution des
conflits et à l'acceptation de la notion d'ingérence
humanitaire.
D'abord relativement à la révision de la
conception de résolution des conflits, si à l'origine on doit
admettre que la résolution des conflits était
généralement perçue comme "l'application non coercitive
des méthodes de négociation et de médiation par des tiers
en vue de désamorcer l'antagonisme entre adversaires et favoriser entre
eux une cessation durable de la violence198(*)", il est apparu de plus en plus nécessaire de
tenir compte de la population civile qui lors des conflits armés
souffrent le martyre de ces guerres. C'est d'ailleurs la raison d'être de
l'article 3 commun aux quatre conventions de Genève, qui exige que
soient traitées "les personnes qui ne participent pas directement aux
hostilités... avec humanité".
En suite, en ce concerne la consécration de la notion
d'ingérence humanitaire, les atrocités commises lors des conflits
armés internes en Afrique sont telles199(*) que la protection de la population civile s'est
posée de plus en plus avec acuité. Devant ces atrocités,
avance Monique CHEMILLIER-GENDREAU "des êtres humains émus par
l'indignation ont réagi, et d'abord aux horreurs de la guerre, surtout
lorsque les atrocités frappent d'innocentes populations
civiles200(*)" et ont
fait admettre la notion d'ingérence humanitaire dont l'objectif ne
serait pas de porter atteinte à la souveraineté des Etats en
conflit mais de porter secours à la population civile et pendant le
conflit, et après conflit à travers des projets de
réinsertion sociale de ces populations. Car si le droit international
humanitaire n'ambitionne pas d'abolir les conflits armés, tout au plus,
convient-il d'en limiter les effets201(*). De la sorte, un conflit résolu ne serait
donc plus uniquement le désamorcement de l'antagonisme entre
adversaires, mais aussi et surtout la prise en compte du soulagement de la
population quand les acteurs principaux du conflit parviennent à un
accord. C'est à ce niveau que les organisations non gouvernementales
entrent en scène. L'élan humanitaire a donc été
donné en Afrique par le CICR dans la guerre du Biafra. Face au martyre
subi par le peuple biafrais encerclé et affamé à partir de
mai 1967, le CICR a cherché un accord avec le gouvernement
fédéral nigérian, lui permettant d'acheminer des secours
aux populations prises en otage. Par la suite, Médecins sans
frontières tenta entre autre actions, de sauver quelques Biafrais de la
tourmente qui ravagea ce peuple en 1967. Cet élan humanitaire fera
écho et l'on assistera à une floraison de la pratique humanitaire
sur le continent ; de sorte que les ONG ont acquis un véritable
statut d'acteurs dans la résolution des conflits en Afrique203(*).
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, l'on peur aisément
affirmer qu'engager des recherches sur ce thème constitue une entreprise
difficile certes, mais passionnante et relever le défi est une
manière de combler un vide scientifique. Car la revue de
littérature faite sur le phénomène de l'intervention aura
permis de comprendre que la question l'impact de l'intervention des anciennes
puissances coloniales dans la résolution des conflits en Afrique est un
domaine quasiment inexploité. A ce stade, on rappellera à toutes
fins utiles que le problème central était de savoir si les
interventions des anciennes puissances coloniales dans la résolution des
conflits en Afrique auront été bénéfiques à
l'Afrique en quête de stabilité et de sécurité. Il
s'agissait en quelque sorte d'une "autopsie204(*)" de l'intervention des partenaires traditionnels de
l'Afrique que sont ses anciennes puissances coloniales auxquelles nous avons
adjoint les Etats-Unis d'Amérique.
Cette autopsie révèle en substance que, si par
un concours de circonstances ces puissances interventionnistes se
présentent comme ayant des aptitudes ou des atouts pour résoudre
les conflits qui éclatent sur le continent africain, il faut noter en
définitive, que leurs interventions sont souventes fois
influencées par divers facteurs qui en fin de compte amenuisent
l'attente légitime des Africains, qui pourtant, n'hésitent pas
trop souvent à s'abandonner à elles dans la quête de la
quiétude perdue. La sauvegarde de leurs intérêts nationaux
est dans la plus part des temps favorisée ; de sorte que les
conflits qu'elles prétendent résoudre constituent des fonds de
commerce et des occasions pour la vente d'armes. Toute chose qui a pour
conséquence de perpétuer la souffrance de la population en
quête de stabilité.
La révolution est-elle donc permise dans ce
domaine ? En d'autres termes, peut-on ou doit-on conseiller aux Africains
de renoncer à ces interventions quand, à la lumière de ce
travail, on sait que l'échec de certaines initiatives de
résolution est souvent dû en partie à ces Africains
eux-mêmes ?
Dans un monde fortement mondialisé ou globalisé,
le risque serait trop grand. L'autarcie serait peut-être trop couteuse.
Pourtant il ne faut pas occulter les initiatives africaines, qui malgré
tout, sont porteuses d'espoir et commencent d'ailleurs à avoir une
reconnaissance internationale205(*). Sur ce point, la conclusion et l'invite de SESSANGA
HIPUNGU Dja Kaseng Kapitu sont courageuses et s'offrent comme une voie à
explorer. En effet, l'auteur conclut de la manière
suivante : « L'Afrique a besoin d'un modèle global
et permanent de sécurité basé d'abord sur ses forces
internes et capable de résorber ses
vulnérabilités206(*) ». A ce stade, il faut se réjouir
de l'institution par l'Union africaine d'un organe spécial de
prévention, de gestion et de résolution des conflits africains.
Et souhaiter qu'il ait tous les moyens nécessaires pour accomplir cette
mission noble.
Finalement, Joseph KI-ZERBO avait raison en affirmant que
« nous pouvons construire une nouvelle Afrique. Nous avons les
créneaux porteurs, surtout au niveau des industries culturelles. Nous
avons des chercheurs... de la gestion des conflits207(*) ».
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MISSER, François, Vers un nouveau Rwanda ?
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gestion militaire des crises africaines », Géopolitique
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BAGAYOKO-PENONE, Niagalé, « Les
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BAGAYOKO-PENONE, Niagalé « L'Opération
Artémis, un tournant pout la politique européenne de
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contemporaine, avril, 2004
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YAKEMTCHOUK, R. « La coopération de
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VIII. ARTICLES DE REVUES
SPECIALISES
BETTATI, Mario, « Théorie et réalité
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Géopolitique, N° 65, 2000, P. 17-26
BETTATI, Mario « Les dérogations
humanitaires aux sanctions internationales », in
Mélanges en l'honneur du doyen Paul ISOART, Paris, Pedone, 1996,
PP.1991-205
CHARVIN, Robert, « Les mesures d'embargo : la part du
droit », Revue belge de droit international Bruxelles,
Bruyant, Vol. 29, 1996, Tom. 1, P. 5-32.
DUBOUIS, Louis, « L'embargo dans la pratique
contemporaine », A.F.D.I., 1967, P. 99-152.
GALY, Michel, « Nouvelles visions des conflits : une
politologie des mondes contemporains », Revue internationale et
stratégique, 2001, N°43, p.121-128
KASPI, André, « Etats-Unis : Diplomatie
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International de Géopolitique, N°68, 2000, P. 71-78.
LAIDI, Zaki, « Le déclassement international
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LECOUTRE, Delphine « Le Conseil de paix et de
sécurité de l'Union africaine, clef d'une nouvelle architecture
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contemporaine, Eté 2004, pp.131-162.
POULIGNY, Béatrice « L'humanitaire non
gouvernementale face à la guerre : Evolution et enjeux »,
CERI, Sciences Po., février 2001.
POULIGNY, Béatrice « Interventions militaires
et régulation des conflits », projet, n.262, juin
2000.
RAMONET, Ignacio, « Ingérence et
souveraineté », Revue de l'Institut International de
Géopolitique, N°68, 2000, p. 51-54.
RUFFIN, Jean Christophe, « Le droit d'ingérence
ou la tragédie des bons sentiments», Revue de l'Institut
International de Géopolitique, N°68, 2000, p. 27-32.
SANDOZ, Yves, « Droit ou devoir d'ingérence,
droit à l'assistance : de quoi parle-t-on ?», Revue
International de la Croix-Rouge, N° 795, p. 225-237.
WILLAERT, Philippe « Les sanctions
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belge de droit international, n°XVIII, 1985-1986, PP.216-245.
IX- ARTICLES DE PRESSE
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démocratie qui ne donnent aucune chance à la violence »,
Fraternité Matin, Jeudi 136 ai 2004, p.V
GNAMIEN, Yao, « Les Etats-Unis et l'Afrique : A qui
profite le deal ? », Fraternité Matin, Jeudi 18 Août
2005, p.III.
ZINSOU, Jean Vincent, « L'Etat somalien : un avenir
plein d'incertitudes », Fraternité Matin, Jeudi 2 Juin
2004, pp. IV-V
ZINSOU, Jean Vincent, « France-Afrique : le
crépuscule », Fraternité Matin, Jeudi 2
Décembre 2004, pp. IV-V.
ZINSOU, Jean Vincent, « Les Etats-Unis et l'Afrique :
une diplomatie à l'intelligence », Fraternité
Matin, Jeudi 18 Août 2005, pp. IV-V.
ZINSOU, Jean Vincent, « La résolution des crises
: gage de développement du continent africain »,
Fraternité Matin, Jeudi 15 Décembre 2005.
TABLE DES MATIERES
SOMMAIRE 1
INTRODUCTION 2
I/ Intérêt et justification du thème de
recherche 6
II/ Identification et formulation du problème de
recherche 9
PREMIERE PARTIE :
DE REELLES POTENTIALITES OU PREDISPOSITIONS A
RESOUDRE
LES CONFLIT SUR LE CONTINENT AFRICAIN 11
CHAPITRE I :
LE PATERNALISME COLONIAL 12
SECTION I : La décolonisation, un
processus inachevé ? 12
Paragraphe I : le maintien de la domination militaire sur
l'Afrique 14
A : Une domination militaire consacrée 14
1- L'exemple des accords
franco-africains de défense militaire 14
2- Des accords militaires avec
d'autres anciennes puissances
coloniales 17
B : Une domination de fait 20
Paragraphe II : l'exploitation continuelle de l'Afrique 22
A : Une exploitation
géopolitique de l'Afrique 23
B : Une exploitation économique
de l'Afrique 24
SECTION II : le consentement des acteurs
africains à l'intervention des anciennes puissances coloniales
26
Paragraphe I : Les demandes d'intervention des parties en
conflit 27
A : Le consentement de l'Etat 28
B : Des demandes d'intervention de la part des factions
rebelles 30
Paragraphe II : L'appel des organisations
continentales 33
A : Les organisations sous-régionales
33
B : L'organisation continentale 35
CHAPITRE II :
LE STATUT INTERNATIONAL DE GRANDES PUISSANCES
37
SECTION I : Une place prépondérante dans
la communauté
internationale 38
Paragraphe I : Des anciennes puissances
coloniales, membres déterminants
du Conseil de sécurité
des Nations unies 38
A : La permanence au Conseil de sécurité des
Nations unies 38
B : La détention du droit de véto 40
Paragraphe II : L'initiative des résolutions du
Conseil de sécurité : l'apanage
des anciennes puissances
coloniales 41
A : un pouvoir de proposition accru 41
B : une manipulation à souhait des
conditions d'adoption 43
SECTION II : De grands moyens de
pression 46
Paragraphe I : Des moyens de pression diplomatique
46
A : L'embargo militaire 46
B : L'isolement international 49
Paragraphe II : Des moyens de pression économique
50
A : L'embargo économique 51
B : La suspension de l'aide au
développement 53
DEUXIÈME PARTIE :
UNE EFFICACITE RELATIVE DE L'ENGAGEMENT DES ANCIENNES
PUISSANCES COLONIALES 55
CHAPITRE I :
L'INFLUENCE D'UN CONCOURS DE FACTEURS 56
SECTION I : Les facteurs
d'échec 56
Paragraphe I : L'antagonisme entre
anciennes puissances coloniales 57
A : La divergence des
intérêts 58
B : Le défaut de coordination des
interventions 60
Paragraphe II : La résistance africaine aux
efforts de paix 63
A : La dissension entre Etats africains
ou le leadership africain 63
B : Le tripatouillage ou le refus
d'appliquer les accords de paix 65
SECTION II : Les facteurs de
réussite 68
Paragraphe I : L'engagement collectif des anciennes
puissances 69
A : Un engagement sous mandat international 69
B : Le financement de la mission 71
Paragraphe II : La crainte de
régionalisation des conflits 73
A : Des mesures préventives 73
B : La promptitude des interventions 74
CHAPITRE II :
L'ISSUE DE LA RESOLUTION DES CONFLITS : UNE
INITIATIVE
PLURIELLE ? 77
SECTION I : L'émergence de l'initiative
africaine 77
Paragraphe I : Aux origines de l'initiative africaine 78
A : Le déclassement stratégique du
continent ? 78
B : La régionalisation des conflits internes 81
Paragraphe II : L'action africaine dans la
résolution des conflits 82
A : L'engagement constant pour l'endiguement des
conflits 83
B : Le parrainage des accords de paix 84
SECTION II : De nouveaux acteurs dans la
résolution des conflits
Africains 85
Paragraphe I : L'Union européenne 86
A : L'appel des Nations unies à l'UE 86
B : L'engagement de l'UE dans la gestion des conflits
africains : les cas de
l'Opération Artémis 87
Paragraphe II : Les organisations non
gouvernementales 88
A : Le confinent des ONG 88
B : L'admission des ONG comme acteurs dans la
résolution des conflits africains 89
CONCLUSION 92
BIBLIOGRAPHIE 94
* 1 MELEDJE, Djedjro, F.,
« La coexistence entre la France et les Etats-Unis en
Afrique », in CAO-HUY, Thuan et FENET, Alain (sous la dir.
de ), la coexistence, enjeux européen, CRUCE, P.U.F, p.
323.
* 2 Thierry VIRCOULON, «
Ambiguïtés de l'intervention internationale en République
Démocratique du Congo », Politique africaine, n°98, juin
2005, pp.79-95
* 3Joseph, KI-ZERBO, Histoire
de l'Afrique noire. D'hier à demain, Paris, Hatier, 1972, p. 401
* 4 Joseph, KI-ZERBO, op. cit.,
p.402.
* 5, Elikia, M'BOKOLO,
L'Afrique au XXè siècle, le continent convoité,
Paris, le Seuil, 1985, p.39.
* 6 Abstraction faite des
colonies portugaises qui durent attendre la ½révolution des
oeillets½ intervenue à Lisbonne en 1974 pour espérer pouvoir
se libérer du joug colonial.
* 7 Il existe d'ailleurs assez
d'indicateurs qui le prouvent :
- Le territoire fondé en 1821 en Afrique pour accueillir
les anciens esclaves libérés l'a été par l'American
Colonization Society, une compagnie américaine.
- La première ville bâtie prend le nom de Monrovia,
en l'honneur de James MONROE, cinquième président des Etats-Unis
d'Amérique.
- Les frontières actuelles du Liberia sont le fait des
Etats-Unis d'Amérique qui obtinrent de la France et de l'Angleterre des
accords de tracer entre 1892 et 1911.
Entreprendre de procéder au tracer des frontières
du Liberia avec la France et l'Angleterre ne relève pas du hasard. En
effet, le Liberia est limité au nord-est par la Sierra Leone, un
territoire à l'époque colonie anglaise, au nord par la
Guinée et à l'est par la Côte d'Ivoire à
l'époque colonies françaises. La période de
négociation est tout aussi révélatrice des ambitions
américaines. En effet en 1892, nous sommes dans l'ère
post-congrès de Berlin et les règles pour l'occupation de
l'Afrique sont arrêtées et connues de tous. En 1911, il y a
déjà une décennie qu'a commencé l'administration
des colonies. Même si à l'issue du congrès de Berlin, les
Etats-Unis d'Amérique- qui y ont pris part- décident de rester
spectateurs, ils ont à tout le moins à coeur de conserver le seul
territoire qu'ils s'estiment légitimement avoir le droit de
posséder.
- Du 26 Juillet 1847, date de son indépendance au 12 Avril
1980, date du coup d'Etat de Samuel DOE, le Liberia fut dirigé par la
minorité américano-libérienne.
- Le drapeau libérien est une simple reproduction de celui
des Etats-Unis d'Amérique à la seule différence qu'il
contient une étoile contrairement à celui Etats-Unis
d'Amérique qui en contient cinquante et une.
* 8 Parmi ceux-ci, on pourrait
citer SESSANGA Hipungu Dja Kaseng Kapitu. Lire son article « La
politique publique de sécurité en Afrique
subsaharienne », Arès n°49, volume XIX,
Fascicule 3, mai 2002, pp.22-32.
* 9 En témoigne le
conflit entre le Nigéria et le Cameroun sur la presqu'île de
Bakassy dont le règlement a été confié à la
Cour internationale de justice.
* 10 Des conflits ont certes
surgi sous l'ère coloniale. Mais ils ne sont pas de la même
ampleur que ceux de l'époque postcoloniale. Ils étaient
qualifiés pour la plupart de lutte pour l'auto-détermination et
donc considérés légitimes et soutenus par des
Organisations Internationales.
* 11 L'expression est de
Josiane TERCINET. Pour une compréhension approfondie de la notion, lire
Josiane TERCINET, « La prise en charge par l'Union européenne
du maintien de la paix en Macédoine, au Congo et ...
au-delà ? », in Josiane TERCINET (sous la dir. de),
Les relations transatlantiques et l'environnement international,
Bruxelles, Bruylant, 2005, pp.243-245.
* 12René DEGNI-SEGUI est
Professeur titulaire de Droit public et Science politique à
l'Université de Cocody. En 1994, il a été rapporteur
spécial des Nations-Unies pour les évènements du
Rwanda.
* 13 L'expression est de Wole
SOYINKA.
* 14 Paul RICOEUR,
«Souffrance oblige», in François BARRET-DUCROCQ (sous
la dir. de), Intervenir ? Droits de la personne et raisons d'Etat,
Paris, Grasset Bernard, 1994, p.25.
* 15 Elikia M'BOKOLO, op. cit.,
p. 8.
* 16 L'époque où
de façon audacieuse et originale, le Secrétaire
général des Nations unies affirme que " le temps d'une
souveraineté absolue et exclusive est passé..."
* 17 Jean-Christophe, RUFIN
« le droit d'ingérence ou la tragédie des bons
sentiments », Revue internationale de Géopolitique, n°
68, 2000, p. 27.
* 18 Dans son ouvrage
consacré à l'Afrique, Jacques GODFRAIN fait l'apologie des ces
liens en ces termes : « Nos liens avec l'Afrique sont
profonds et anciens...Ces liens, les regretter serait une erreur ».
Jacques GODFRAIN, L'Afrique, notre avenir, Paris, Michel Lafon, 1998,
pp. 14-15. Jacques CHIRAC n'en dira d'ailleurs pas le contraire quand devant
les difficultés rencontrées par Thabo MBEKI, médiateur du
conflit ivoirien désigné par l'Union africaine, il n'a pas
hésité à accuser ce dernier de ne pas
« comprendre la psychologie et l'âme » de l'Afrique
de l'Ouest. in « les propos de Jacques CHIRAC irritent les
Sud-Africains », Le Monde, 5 Février 2005.
* 19 Sur ce point,
voir : Paul WILLIAMS, « La Grande-Bretagne de Tony BLAIR et
l'Afrique », Politique africaine, n°94, Juin 2004, p.
107.
* 20 L'expression est de H.
BRUNSCHWIG. Pour lui, l'Afrique a été victime d'un partage
opéré d'elle par les puissances de l'Europe colonisatrice.
* 21 Simon Pierre EKANZA,
« La colonisation, un défi pour l'Afrique
d'aujourd'hui », conférence prononcée au Centre de
Recherche et d'Action pour la Paix (CERAP) le Vendredi 04 Mars 2005. Texte
inédit, p.2
* 22 Abstraction faite du
GHANA et de la GUINEE, premiers Etats négro-africains et des colonies
portugaises qui ne se libérèrent du joug colonial qu'en 1975,
après le coup d'état intervenu dans la métropole en
1974.
* 23 On peut citer parmi
ceux-ci Basil DAVIDSON. Le titre de son article « L'Afrique
recolonisée ? » paru dans les temps
modernes en 1971 en dit long sur la méditation de l'auteur
sur l'Afrique à l'époque post-coloniale.
* 24 Il y a surtout Jean
ZIEGLER ; vingt ans déjà après les
indépendances de l'Afrique, il faisait le bilan et concluait que
l'Afrique a fait le deuil de cette indépendance. Pour l'auteur, la
protonation qui dirigeait les trois quart est une pure invention de
l'impérialisme. « Elle n'exprime qu'une souveraineté
fictive, la totale dépendance de l'économie du pays à
l'égard du centre métropolitain. » Jean ZIEGLER,
Main basse sur l'Afrique : la recolonisation ?, Paris, le
Seuil, 1980, PP. 7-8.
* 25 Simon Pierre EKANZA,
loc. cit. p.8
* 26 Selon Bernard LUGAN,
auteur du livre God bless Africa : « Pour une partie
de la Gauche et pour le courant libéral, c'est par une politique
coloniale que la France pourra recouvrer son influence et son rôle
international écornés par la perte de l'Alsace et la
Lorraine. », in "L'Afrique à la recherche des
fondements d'un développement endogène", Fraternité
Matin, Jeudi 2 Décembre 2004, p. III
* 27 A l'époque, il
était Ministre des territoires d'outre mer. Il était la personne
idéale dont le rôle était de veiller sur les
intérêts de la France dans les colonies. D'ailleurs cette position
sera réaffirmée par l'avant-projet du R. P. R en 1993, qui
déclarera que « faire le deuil de ce continent (l'Afrique),
équivaudrait, pour la France, à se condamner au cloaque des
puissances moyennes ».
* 28 Côte d'Ivoire,
Djibouti, Gabon, Tchad et Gabon.
* 29 Robin LUCKHAM,
« Le militarisme français en Afrique »,
Politique africaine, 1982, pp. 99-103.
* 30 Il s'agit du Rwanda, du
Burundi et du Zaïre.
* 31 La Guinée signe son
"retour à Canossa" par un accord d'assistance militaire technique avec
la France le 17 avril 1985.
* 32 Bénin, Burkina
Faso, Burundi, Cameroun, Comores, Congo, Côte d'Ivoire, Djibouti, Gabon,
Guinée, Guinée équatoriale, Madagascar, Mali, Mauritanie,
Niger, République centrafricaine, République démocratique
du Congo (accord suspendu), Rwanda, Sénégal, Seychelles, Tchad et
Togo.
* 33 Afrique du Sud, Malawi et
Zimbabwe.
* 34 Cameroun, Comores,
Côte d'Ivoire, Djibouti, Gabon, République centrafricaine,
Sénégal et Togo.
* 35 Bertrand BADIE, l'Etat
importé. L'occidentalisation de l'ordre politique, Paris, Fayard,
1995, p.23.
* 36 Le Libéria signa
des accords les 8 Juin 1943, 11 Janvier 1951, 11-19 Novembre 1951 et le 8
Juillet 1959, accordant aux Etats- Unis d'Amérique des facilités
de communication. Sur ce point, voir, Mamadou Aliou BARRY, op. cit., p.94
* 37 R. YAKEMTCHOUK,
« La coopération de l'Afrique noire avec les puissances :
avec l'URSS et
les Etats- Unis », Africaine
contemporaine, n°128, 1983.
* 38 Paul CHAMBERS,
« Guinée : le prix d'une stabilité à cout
terme », politique africaine, n°94, 2004, p. 134
* 39 Paul CHAMBERS, loc.
cit., p.138
* 40 Alain LEBOEUF,
« La reforme britannique du secteur de sécurité en
Sierra Léone : vers un nouveau paradigme ? »,
Politique africaine, n°98, Juin 2005, PP.63-77
* 41Paul WILLIAMS Loc., cit.
P. 108
* 42 Niagalé
BAGAYOKO-PENONE, « La France et la gestion militaire des crises
africaines », Géopolitique africaine, n°12,
2003, p. 231
* 43 La création de
ce Groupe sonne ainsi comme une réponse anglaise à la pratique
française en la matière. La répartition de ce groupe se
présente comme la continuité-soit-elle inconsciente- du "combat"
de Fachoda. Le conseiller basé par exemple à Addis-Abeba aurait
somme toute pour mission officieuse de contrôler les manoeuvres
militaires de la France dont une base militaire se trouve à Djibouti. En
Afrique de l'Ouest, le conseiller de cette région quant à lui
surveillerait les activités des bases militaires françaises au
Sénégal et en Côte d'Ivoire. En Afrique centrale le
conseiller serait chargé d'espionner les activités de la base
militaire au Tchad.
* 44 Robin LUCKHAM, loc.,
cit., P. 110
* 45 I. William ZARTMAN,
« Les problèmes politiques de demain en Afrique
noir », in : Jennifer Seynour WHITAKER (sous la dir. de), Les
Etats-Unis et l'Afrique : les intérêts en jeu, Paris,
Karthala, 1981, P.81
* 46 Sociologue militaire,
Pierre DABEZIES est ancien colonel des parachutistes. En 1979, il prit part au
colloque de Bordeaux dont l'objectif était de réfléchir
sur la politique militaire menée par de Gaulle en Afrique.
* 47 Même si on
attribue à Senghor la paternité de la notion, elle est sans nul
doute une institution de domination dont use la France. C'est d'ailleurs ce que
reconnaîtra Pierre DABEZIES lors du colloque sur « La
prévention des conflits en Afrique centrale. Prospective pour une
culture de la paix », in Paul Ago ELA (édi.) La
prévention des conflits en Afrique centrale. Prospective pour une
culture de la paix, Paris, Karthala, 2001, P.89.
* 48 A ce propos voir
l'étude de Daniel BACH, « Dynamiques et contradictions dans la
politique africaine de la France. Les rapports avec le Nigéria
(1960-1981) », Politique africaine, n°II (5),
Février 1982, PP.47-73.
* 49 Il s'agit de la
sécession du Biafra.
* 50 Philippe LEYMARIE,
« L'ouest africain rongé par ses abcès »,
Le Monde diplomatique, 26 Janvier, 1996, P. 26.
* 51 Basil DAVIDSON, op.
cit., p. 1813.
* 52 Sandrine SANTO, op.
cit., p.29.
* 53 Idem., P28
* 54 Malgré ce
soutien, la chute du Maréchal MOBUTU s'expliquerait par la
rivalité grandissante entre les Etats-Unis- qui à l'époque
soutenaient Laurent Désiré KABILA- et la France. Sur cet aspect
de la coopération africaine avec les anciens alliés de la seconde
guerre mondiale, lire Pierre DABEZIES, « Le couple franco-
américain en Afrique », in Paul Ago ELA
(éd.), La prévention des conflits en Afrique centrale.
Prospective pour une culture de la paix , Paris, Karthala, 2001, P. 89 et
MELEDJE Djedjro, « La coexistence entre la France et les Etats- unis
en Afrique », in CAO- HUI Thuan et FENET Alain (sous la
dir. de), La coexistence, enjeux européen, CRUCE, PUF, PP. 321-
334.
* 55 André GUICHAOUA,
« Les politiques internationales dans l'Afrique des Grands
Lacs », politique africaine, n°68, Décembre
1997, P. 5
* 56 Ibidem
* 57 MELEDJE Djedjro,
« La guerre civile du Libéria et la question de
l'ingérence dans les affaires internes des Etats »,
in Revue belge de droit international, Bruxelles, Bruylant, 2, 1993,
pp. 407 et s.
* 58 Mario BETTATI,
« Le mot et la chose », in François
BARRET-DUCROCQ (sous la dir. de), op. cit., p. 31.
* 59 Mario BETTATI, Le
droit d'ingérence. Mutation dans l'ordre international, Paris, Odile
Jacob, 1996, P.9
* 60 MELEDJE Djedjro,
« L'OUA et le règlement des conflits en Afrique »,
op. cit., P. 211
* 61 Voir supra pp. 13-16
* 62Mamadou Aliou BARRY, op.
cit., P. 74
* 63 La première
intervention française au Tchad date de 1969 et s'est manifestée
à plusieurs reprises jusqu'en 1989... pour reprendre en 2007 avec
Nicolas SARKOZY
* 64 Ibrahim GAMBARI, op.
cit. P. 245
* 65 Ibrahim GAMBARI, Ibidem
* 66 Ajouté par nous.
* 67 Libération, 6
Juin 1990.
* 68 MELEDJE Djedjro, op.
cit., P. 408
* 69 Dès 1992, avec
Boutros BOUTROS-GHALI, l'agenda libéral et solidariste semblait
s'imposer face à la conception traditionnelle de la
souveraineté. En effet, bien avant la publication des travaux de la
Commission internationale sur l'intervention et la souveraineté de
l'Etat, présidée par Gareth EVANS et Mohamed SAHNOUN, le
Secrétaire général de L'ONU notait dans son
« Agenda pour la paix » que " le temps d'une
souveraineté absolue et exclusive est passé ; sa
théorie n'est jamais allée de pair avec la
réalité".
* 70 La preuve est fournie
par le fait que les soldats des Nations Unies n'ont eu droit de cité au
Darfour que quand Khartoum y a consenti.
* 71 Sur cette question, lire
Mohamed BENNOUNA, « Le consentement à l'ingérence
militaire dans les conflits internes », L.G.D.J., Paris, 1974,
p.145.
* 72 Notamment MELEDJE
Djedjro et Mamadou Aliou BARRY.
* 73 Claude INIS,
« Collective legitimation as a political function of the
UN », International Organisation, été 1996, n°3,
vol.XX pp.367-379. Traduction réalisée par Isaline BERGAMASCHI et
Sara DEZALAY, « Dilemmes et ambiguïtés de la sortie de
crise par la voie multilatérale en Afrique : le cas de
l'Organisation des Nations unies en Côte d'Ivoire », Les
champs de Mars, n°17, 2005, pp. 53-73
* 74 En acceptant de signer
les accords de Lomé du 7 juillet 1999, le RUF de Foday SANKOH en Sierra
Leone acquérait ainsi cette légitimité si indispensable
à toute lutte armée ; surtout que les négociations de
Lomé sont provoquées par l'ancienne puissance coloniale, la
Grande-Bretagne. A ce propos, voir Paul WILLIAMS, op. cit.
C'est le même souci qui anima le MPCI de Guillaume SORO
en Côte d'Ivoire en allant aux pourparlers de Linas Marcoussis en janvier
2003. D'ailleurs, c'est suite à ces négociations que le MPCI et
les autres mouvements rebelles seront baptisés "Forces Nouvelles."
Le troisième exemple non moins important que les deux
premiers est le cas angolais. Les accords signés entre l'UNITA de Jonas
SAVIMBI et le gouvernement central de Luanda à Bicesse, au Portugal le
31 mai 1991 témoignent de la quête permanente de la
légitimité par les factions rebelles. En effet, en acceptant le
parrainage des accords de 1991 par le Portugal, l'ancienne puissance coloniale,
l'UNITA consolidait ainsi sa légitimité écorchée
par la fin de la guerre froide.
* 75 Ce fut le cas de la
rébellion ivoirienne lors de la rencontre de Kléber
chargée d'entériner les accords de Linas Marcoussis.
* 76 L'exemple nous en est
fourni par le conflit libérien. Face au refus des Etats-Unis
d'Amérique d'intervenir malgré les supplices locaux et les
organisations africaines, le FNPIL de Prince Y. JOHNSON procéda à
des prises d'otage des ressortissants américains. La suite des
évènements est connue. Les marines américains
intervinrent effectivement dans le conflit, libérant les otages et par
la suite, les Etats-Unis imposèrent par le biais du Conseil de
sécurité, un embargo sur les armes en direction du
Libéria.
* 77 Outre le
Libéria, la CEDEAO est intervenue en Sierra Leone, en Guinéen
Bissau et ... en Côte d'Ivoire. Voir sur ce point, l'étude de
Niagalé BAGAYOKO-PENONE, « Le rôle de la CEDEAO dans la
gestion des conflits en Afrique de l'ouest », in Jocelyn
COULON (sous la dir.), Guide du maintien de la paix, Athéna
Editions, Canada, 2007, pp. 126-147
* 78 L'ECOMOG est la force
de la CEDEAO chargée de surveiller le cessez-le feu au Libéria.
Il a été mis en place par le comité permanent de
médiation le 7 août 1990 à Banjul, en Gambie.
* 79 Voir Mamadou Aliou
BARRY, op. cit., p. 45
* 80 L'étude de Paul
WILLIAMS précitée détaille la politique britannique face
au conflit sierra léonais et souligne ce soutien.
* 81 Ces propos du
président sud africain sont rapportés par Stephen SMITH, «La
politique d'engagement de la France à l'épreuve de la Côte
d'Ivoire », Politique africaine, n°89, mars 2003, P.
21
* 82 Cette doctrine a fait
l'objet d'un large développement par Niagalé BAGAYOKO-PENONE.
Voir son article : « La France et la gestion militaire des
crises africaines », Géopolitique africaine, 2003, 10
automne, n°12, pp.226-241.
* 83 L`expression est de
René-Jean DUPUY
* 84 L'illustration est
fournie par le conflit ivoirien. Malgré le lien historique entre la
France et la Côte d'Ivoire, les accords de Linas Marcoussis signés
sous les auspices de Paris n'ont finalement pas apporté aux Ivoiriens la
quiétude perdue depuis la nuit du 19 septembre 2002.
* 85 La controverse
doctrinale sur la notion de " communauté internationale" nous
intéressera peu ici. Dans le cadre de ce travail, il faut entendre par
là l'ensemble des Etats et organisations internationales oeuvrant sur la
scène internationale .Cependant, pour une compréhension plus
approfondie de la notion, voir René-Jean DUPUY, La communauté
internationale entre le mythe et l'histoire, Paris, Economica, 1986, PP.
11-28
* 86 Colin POWELL et
Dominique DE VILLEPIN, respectivement Secrétaire d'Etat américain
et ministre français des affaires étrangères ont donc
sillonné les capitales des pays membres non permanents du conseil de
sécurité avant mars 2003. L'objectif commun était de les
convaincre aux fins de se rallier à leurs positions divergentes.
* 87 L'égalité
souveraine des Etats est un principe fondamental du droit international public
(art 2§1Charte des Nations Unies). La création d'organes restreints
au sein d'une organisation internationale écorche nécessairement
ce principe. Sur ce point, voir KOFFI Ozigré Privat Modeste, Les
organes restreints des organisations internationales, Mémoire de
DEA, Université de Cocody, Abidjan, 2003-2004.
* 88 Il faut tout de
même relativiser nos propos. La Belgique que nous avons retenue dans le
cadre de cette étude n'est pas membre permanent de ce conseil. Mais cela
n'atténue pour autant pas son influence dans les affaires concernant
ses anciennes colonies. D'ailleurs, c'est après son retrait
unilatéral de la MINUAR que les autres puissances, membres permanents
ont voté la résolution 912 du 21 avril 1994 consacrant la
réduction de la troupe de la mission. Il faut en outre signaler que le
Comité International d'Accompagnement de la Transition
créé par les accords de Sun City de 2002 signés par les
belligérants en République Démocratique du Congo comprend
la Belgique qui y joue un rôle déterminent.
Quant au Portugal, son influence s'est manifestée par
la signature des accords de paix entre les protagonistes au conflit angolais le
31 mai 1991 à Bicesse.
* 89 Charles ZORGBIBE,
chronologie des Relations Internationales depuis 1945, Paris, PUF, 1991,
p.5.
* 90 La théorie du
domaine réservé de l'Etat ou "clause de juridiction
domestique" est une théorie rapportée des USA par le
Président WILSON. A l'époque de la S.D.N, cette théorie a
atténué la portée de l'article 15 du Pacte. La Charte de
Nations unies la consacre pourtant dans plusieurs de ses dispositions.
* 91 Thierry VIRCOULON,
" Ambiguïté de l'intervention internationale en
République Démocratique du Congo ", Politique Africaine,
n°98, 2005, p.79
* 92 Résolution 788
du 19 Novembre 1992.
* 93 Le Professeur Mamadou
KOULIBALY, président de L'Assemblée nationale de la Côte
d'Ivoire a d'ailleurs au début de la crise écrit un ouvrage dont
le titre est on ne peut plus accusateur : La guerre de la France contre
la Côte d'Ivoire, Abidjan, Refondation, 2003.
* 94 Dont notamment les plus
importantes sont les résolutions 1572, 1633 et 1721.
* 95 Louis DELBEZ, les
principes généraux du droit international public. Droit de la
paix. Droit préventif de la guerre. Droit de la guerre,
Paris, L. G. D. J., 1964, p 504.
* 96 Cette attitude
paraît contradictoire avec le discours qui s'est développé
en France dans les années 1980 plus tôt au sein du milieu
associatif et que le gouvernement s'est efforcé de promouvoir sur la
scène internationale en 1988 à travers le concept de droit
d'ingérence dont les meneurs sont Mario BETTATI, Bernard KOUCHNER...
* 97 Sur les tergiversations de
Paris à qualifier le conflit ivoirien, lire Philippe LEYMARIE,
« L'éternel retour des militires français en
Afrique », Le Monde diplomatique, novembre, 2002.
* 98 MELEDJE, Djedjro, loc.
cit., p.325.
* 99, Roland MARCHAL et
BANEGAS Richard, " Interventions et interventionnisme en Afrique ",
Politique Africaine, n° 98, 2005, P10
* 100 Béatrice
POULIGNY, "Intervention militaire et régulation des conflits", projet,
n°262, 2000, p.72.
* 101 Louis DUBOUIS,
"l'embargo dans la pratique contemporaine", A.F.D.I., 1967, p.99.
* 102 Voir à ce
propos l'article de CHARVIN, R., « Les mesures d'embargo : la part du
droit », Revue belge de droit international Bruxelles,
Bruyant, Vol. 29, 1996, Tom. 1, P. 5-32
* 103 Résolution
918
* 104 Résolution
1132
* 105 La junte militaire en
question est celle dirigée par le commandant Johnny Paul KOROMAN. Le 25
mai 1997, celui-ci renverse Ahmad Tejan KABBAH, élu président aux
élections présidentielles du 11 mars 1996. C'était le
troisième coup d'état en moins de cinq ans.
* 106 Les termes de la
résolution 1572 sont sans équivoque. Selon le §7 de la dite
résolution, cet embargo "concerne les armes et tout matériel
connexe, notamment les aéronefs militaires et autres matériels,
ainsi que l'interdiction faite aux Etats de fournir assistance, conseil ou
formation se rapportant à des activités militaires, de
manière à empêcher les belligérants de renforcer
leurs puissances et équipements militaires".
* 107 Il faut noter
cependant que la promesse de quitter le pourvoir avait plusieurs fois
été faite par TAYLOR sans qu'il ne la tienne.
* 108 Abstraction faite des
Etats où la peine capitale (condamnation à mort) est encore en
vigueur.
* 109 BRILL, J.-P.,
précis de droit pénal ivoirien, Abidjan, CEDA, Abidjan,
1985, p.37.
* 110 Par une lecture
extensive des dispositions des chapitres VI et VII de la Charte.
* 111 Extrait de la
résolution 1132 du 08 octobre 1997 du Conseil de sécurité
sur la Sierra Leone.
* 112 Si dans les
différents exemples cités, la volonté de provoquer un
effet sur le conflit par la restriction de liberté de circulation des
principaux acteurs est perceptible, le cas ivoirien est sujet à
discussion. En effet, dans sa proposition de résolution- proposition
votée par le Conseil de sécurité-, la France retient comme
personnes entravant l'application des accords de Marcoussis et d'Accra III
Charles Blé GOUDE, Eugène DJUE et Fofié KOUAKOU et
décide de restreindre leur liberté de circulation, notamment leur
interdisant de sortir du territoire ivoirien. Or à la
vérité, ces personnes ne sont que des exécutants des
principaux acteurs du conflit que sont le Président Laurent GBAGBO et le
Secrétaire général des Forces Nouvelles Guillaume SORO.
Toute chose qui a conduit les commentateurs à affirmer
que « l'ONU choisit les couteaux de seconde zone. »
* 113 Voir Philippe
WILLAERT, « Les sanctions économiques contre la
Rhodésie du sud », Revue belge de droit international,
n°XVIII, 1985-1986, PP.216-245.
* 114 En témoignent
les différentes sanctions économiques contre la Libye, le Cuba,
l'Iraq ...
* 115 Notamment Mario
BETTATI. Voir à ce propos son article : « Les
dérogations humanitaires aux sanctions internationales », in
MELANGES en l'honneur du doyen Paul ISOART, Paris, Pedone, 1996,
PP.191-205.
* 116 Extrait de la
résolution 1343 du 07 mars 2001. Cette mesure semblait visiblement avoir
été prise pour contraindre le R.U.F à cesser les
hostilités car cette faction rebelle contrôlait à
l'époque 90% des zones diamantifères du Pays.
* 117 Faits
rapportés par POSTUMUS, Bram, « l'U.E suspend toute nouvelle
aide au Libéria », le courrier ACP-UE, n° 179,
février -mars, 2000, p.17-19.
* 118Parmi ces auteurs, le
plus fougueux est J.P. GOUTEUX. Il le signifie clairement dans son
ouvrage : La Nuit Rwandaise. L'implication française dans le
génocide rwandais, Paris, l'Esprit Frappeur, 2002, 688p.
* 119 Si on part du
postulat que la paix est la condition du développement
* 120 Madeleine GRAWITZ,
Lexique des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2004, p.168.
* 121 A propos de
motivation à l'ingérence, Jean-Christophe RUFIN parle de "bons
sentiments" à promouvoir. Voir son article « Le droit
d'ingérence ou la tragédie des bons sentiments »,
Institut international de géopolitique, n°68, 2000, pp. 27 et suiv.
Quant à Erik RYDBERG, il évoque l'idée d'un "Amour du nord
pour le sud", GRESEA échos, n°41. Des auteurs vont plus
loin en évoquant l'idée d'un devoir d'assistance. Voir à
ce propos l'article de Yves SANDOZ, « Droit ou devoir
d'ingérence, droit à l'assistance : de quoi
parle-t-on ? », CICR, n.795, pp.225-237.
* 122 Richard BANEGAS et
Roland MARCHAL, « Interventions et interventionnisme en
Afrique », politique africaine, n°98, 2005, p.10.
* 123 Ibrahim GAMBARI,
« Le rôle de l'intervention étrangère dans la
construction en Afrique », in William ZARTAM (sous la
dir. de), L'effondrement de l'Etat. Désintégration et
restauration du pouvoir légitime, Nouveaux horizons, Manille 1997,
p. 242.
* 124 Idem, p.249.
* 125 Il s'agit en
l'occurrence de la MINUAR.
* 126 Le 21 avril 1994, le
Conseil de sécurité dans sa résolution 912 réduit
l'effectif de la MINUAR qui passe de 2500 à 300 hommes.
* 127 L'expression est de
Béatrice POULIGNY. Voir son article « Interventions militaires
et régulations des conflits », Projet n°262, juin 2000,
pp. 69-80 Pour Mario BETATTI, il s'agit d'une ?décision consternante...
et catastrophique?.
* 128 Cette analyse se
confirme d'ailleurs avec l'évolution de la situation au Rwanda. En
effet, dès le triomphe du FPR, l'une des premières
réformes fut la suppression du Français comme langue officielle
du Rwanda et l'instauration de l'Anglais aux lieux et place. Voir à ce
propos l'ouvrage d'Edouard KABAGEMA, Carnage d'une nation. Génocide
et massacres au Rwanda 1994, Paris, l'Harmattan, 2001, 245p.
* 129 Voir supra p.26
* 130 MELEDJE Djedjro,
« La coexistence entre la France et les Etats-Unis en
Afrique », op. cit., p 324.
* 131 Louis DUBOIS,
« L'embargo dans la pratique contemporaine », A.F.D.I,
1967, p.115.
* 132 Le Figaro, 10 janvier
1998.
* 133 Sandrine SANTO,
« L'affaire Falcone ou l'Angolagate », in
Georges BERGHEZAN (sous la dir. de), Trafics d'armes vers l'Afrique.
Pleins feux sur les réseaux français et le "savoir-faire"
belge, Bruxelles, GRIP, 2002, p.36.
Pour comprendre cette attitude de la France, il faut remonter
aux coulisses des négociations pour l'adoption de l'embargo en question.
En effet, le représentant français au sein du Conseil de
sécurité Jean-Bernard MERIMEE s'était efforcé
d'empêcher l'imposition de cet embargo, soutenant ainsi la position du
GIR qui consistait à s'opposer à cette mesure.
* 134 Même si cette
initiative britannique s'est avérée salutaire, il faut signaler
que l'existence de deux centres de commandement peut être
préjudiciable pour la réussite de la mission. Le
précédent américain en Somalie en est une illustration
convaincante. L'exemple ivoirien mérite aussi d'être
souligné. Les évènements de novembre 2004 à Abidjan
ont montré le danger qu'il y a pour une force d'agir en dehors de tout
commandement onusien. Voir à cet effet l'article de Isaline BERGAMASCHI
et Sara DEZALAY, « Dilemmes et ambiguïtés de la sortie de
crise par la voie multilatérale en Afrique : le cas de
l'Opération des Nations Unies en Côte d'Ivoire », les
Champs de Mars, n°17, 2005, pp.53-73.
Ce problème de deux degrés de commandement est
si réel que l'officier commandant le contingent belge de la Minuar
à un jour déclaré au chef de cette mission, le
Général canadien Roméo DALLAIRE qu' « on ne
peut servir deux maîtres à la fois ». Sur ce point, voir
l'article de Thierry VIRCOULON, « Ambiguïtés de
l'intervention internationale en RDC », Politique Africaine,
n.98, juin 2005.
* 135 Stephen SMITH, lui,
parle de? rente diplomatique?
* 136 MELEDJE
Djedjro, « Le système politique ivoirien dans la
géopolitique ouest africaine », R.D.P., n°3, 2006, p.
713.
* 137 En témoignent
les différents accords de paix sous les auspices du Président
ivoirien d'alors Félix HOUPHOUET-BOIGNY et les efforts du
représentant ivoirien pour faire inscrire le problème
libérien à l'ordre du jour des travaux du Conseil de
sécurité des Nation Unies.
* 138 MELEDJE Djedjro, op.
cit., p. 711.
* 139 Si le soutien de la
Côte d'Ivoire à Charles TAYLOR dans ce conflit fait encore l'objet
de controverse, celui du Burkina est reconnu par les autorités elles
mêmes. Sur cette question, lire MELEDJE Djedjro, « La guerre
civile du Libéria et la question de l'ingérence dans les affaires
intérieures des Etats », Revue belge de Droit international,
Bruxelles, BRUYLANT, n°2, 1993, pp.400 et suiv.
* 140 Voir l'ouvrage de
Mamadou Aliou BARRY, La prévention des conflits en Afrique de
l'ouest : Mythe ou réalité ? Paris, Karthala, 1997,
pp.31-99. C'est d'ailleurs suite à l'arbitrage des Etats-Unis que la
légalité de la décision du Comité permanant de
médiation a été reconnue, consacrant la présence
militaire de l'ECOMOG sur le théâtre de la guerre.
* 141 Pierre MAZEAUD est un
ancien ministre français et lors des négociations de Linas
Marcoussis, il était membre du Conseil constitutionnel
français.
* 142 Jean du Bois de
GAUDUSSON, « L'accord de Linas Marcoussis entre droit et
politique », article inédit, p. 1
* 143 §3-e de
l'accord.
* 144 Même si
l'article du Professeur ?pèche? par l'apologie qu'il fait de la solution
politique, il y a lieu de souligner les lettres de noblesse qu'il accorde
à la Constitution dans la lecture de l'accord de Marcoussis.
* 145 Francis WODIE, Le
conflit ivoirien, solution juridique ou solution politique ?, Abidjan,
CERAP 2007, pp.6-8.
* 146 Michel GAUD et
Claudine VIDAL, « Rwanda : le génocide de
1994 », Afrique contemporaine, n°174, 1995, pp.3-31.
* 147 Cette
inquiétude a même été portée à la
connaissance du Président Habyarimana par les Présidents MWINYI
et MUSEVENI en marge d'une conférence organisée à
Dar-es-Salam consacrée à la situation politique au Burundi.
* 148 Serge GUINCHARD et
Gabriel MONTAGNIER, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz,
13è éd., 2001, p. 351.
* 149 Gérard CORNU,
Vocabulaire juridique, Paris, PUF, 2007, p. 571
* 150 On devra signaler que le
terme mandat a été introduit dans le
code civil napoléon en son article 1984 et permet à une personne
de donner à une autre le pouvoir de faire quelque chose en son nom. Sur
ce point, voir Thierry DEBARD, Dictionnaire de Droit constitutionnel,
Paris, Ellipses, 2002, p.190.
* 151 Depuis la Charte de
San Francisco, l'organe responsable du maintien de la paix et de la
sécurité internationales est le Conseil de sécurité
des Nations unies.
* 152 Voir les articles de
François GAULME, « Intervenir en Afrique ? Le dilemme
franco-britannique », les notes de l'IFRI, n°34,
octobre 2001 et « Le sursaut africain du New Labour : principes,
promesses et résultats », Afrique contemporaine,
Automne 2003, pp. 71-97.
* 153 L'exemple nous en est
fourni par le Soudan qui n'hésita pas à ouvrir le feu sur une
colonne de militaires français qui est "entrée par erreur" sur
le territoire soudanais en mars 2008.
* 154 Pour plus de
détails sur les débats en prélude à l'adoption de
la résolution 929, voir Mario BETTATI, Le droit d'ingérence.
Mutation dans l'ordre international, Paris, Odile Jacob, 1996,
pp.198-2003.
* 155 Le 20 juin 1990, au
sommet France-Afrique organisé à la Baule en France,
François MITTERAND fait de la démocratisation des régimes
africains la condition de l'aide française au continent.
* 156 Philippe LEYMARIE,
« L'eternel retour des militaires français en
Afrique », Le monde diplomatique, novembre 2002.
* 157 Sur cet aspect de la
politique de coopération militaire de la Guinée, lire l'article
de Paul CHAMBERS, « Guinée : le prix d'une
stabilité à court terme », Politique
africaine, n°94, juin 2004, pp.128-148
* 158 Sur cet aspect de la
coopération militaire de l'Angleterre, lire Niagalé
BAGAYOKO-PENONE, « Les politiques européennes de
prévention et de gestion des conflits en Afrique
subsaharienne », Les Champs de Mars, mars 2005. Lire
également G.E.BERMAN, « the Provision of Lethal military
Equipment : French, UK and US PeaceKeeping Policies towards Africa
», Security Dialogue, vol. 34, n°2, 2003, pp.
199-214.
* 159 En 1990, Paris
était intervenu pour soutenir le régime du Président Omar
BONGO trois mois à peine après la Conférence nationale.
* 160 En octobre 2006,
l'armée française intervient contre les rebelles centrafricains
au régime du Général BOZIZE qui s'était
emparé de deux villes au Nord -est du pays. Les 3et 4 mars 2007, avec la
reprise des hostilités, la France est une fois encore intervenue en
faveur de BOZIZE pour freiner la marche des rebelles, leur reprenant les villes
occupées au Nord-est du pays.
* 161 La rupture d'avec
l'ordre ancien dans les relations entre la France et l'Afrique annoncée
par le Président SARKOZY a été mise à rude
épreuve quand les rebelles du Front Uni pour le Changement (mouvement
rebelle tchadien) ont mené une offensive sur N'djaména. Là
aussi, Paris est intervenue pour sauver le régime d'Idris DEBY le 27
février dernier. Mais cette intervention française, n'est pas
sans lien avec l'actualité du moment relative à l'affaire "Arche
de Zoé". D'ailleurs, le parallèle se confirmera quand le 31 mars
2008, le Président Idris DEBY accorda la grâce aux prisonniers de
la dite ONG.
* 162 La mission pour la
surveillance des accords de Bangui.
* 163 Nous entendons par
nouveaux acteurs, toutes les entités étatiques ou non - qui ne
font pas partie des anciennes puissances coloniales - et dont l'action
concourent à ramener la stabilité et la quiétude perdues
du fait du conflit en court.
* 164 On pourrait
même dire un voeu pieux.
* 165 Raymond GUILLIEN et
Jean VINCENT, Lexique des termes juridiques, Paris, Dalloz, 8è
édition, P.163.
* 166 Philippe GODFRIN,
Droit administratif des biens, Paris, Masson, 1977, p.49.
* 167 Sur la notion de
déclassement et le régime protecteur du domaine public, voir
René CHAPUS, Droit administratif général, Paris,
Montchrestien, 1999, tome 2, PP.396 et suiv.
* 168 L'expression est de
Luc SINDJOUN.
* 169 LAIDI, Zaki,
« Le déclassement international de l'Afrique »,
Politique étrangère, automne 1988, n°3,
pp.667-675.
* 170 Le 04 décembre
1998, la France et la Grande-Bretagne soulignent la volonté de
travailler ensemble sur le continent africain, particulièrement en
matière de prévention et de règlement des conflits. C'est
la déclaration de Saint-Malo.
* 171 SESSANGA Hipungu Dja
Kaseng Kapitu, « La politique publique de sécurité en
Afrique subsaharienne », Arès n°49, volume XIX,
Fascicule 3, mai 2002, p.22
* 172 Extrait du discours
de François MITTERAND prononcé au XVIIIème sommet
franco-africain à Biarritz.
Voir François GAULME, « XVIIIème
sommet franco-africain : un testament politique reçu avec
émotion », Marchés Tropicaux, n.2558, 18
novembre 1994, pp.2392-2393.
* 173 Par la
création de l'ECOMOG. Voir supra, pp.34-35.
* 174 L'expression est de
François GAULME.
* 175 Le conflit sierra
léonais débute en 1991. C'est seulement en mai 2000 que la Grande
Bretagne, l'ancienne puissance tutélaire intervient vigoureusement par
l'arrestation de Foday SANKOH. C'est donc à juste titre que
François GAULME pose le problème du "dilemme franco-britannique"
quant à savoir s'il faut intervenir en Afrique. Lire son article
« Intervenir en Afrique ? Le dilemme
franco-britannique », les notes de l'Ifri, n°34,
octobre 2001.
* 176 Kpri Kobénan,
Kra, Les opérations de maintien de la paix de l'ONU à
l'épreuve des conflits actuels : Le cas des conflits de la
région des Grands Lacs africains, Mémoire de DEA,
Université de Cocody, Chaire Unesco pour la Culture de la Paix, janvier
2006.
* 177 Béatrice
POULIGNY, « Interventions militaires et régulation des
conflits », projet, n°262, juin 2000, p.71
* 178 Niagalé
BAGAYOKO-PENONE, « La France et la gestion militaire des crises
africaines », Géopolitique africaine, automne,
n°12 p. 226.
* 179 Michel GALY
cité par François GAULME, « La Côte d'Ivoire
entre guerre et paix », Etudes, vol.407, n°1-2,
juillet- août 2007, P.11
* 180 Comfort ERO,
« Liberia, Sierra Leone : une guerre sans
frontière ? », Politique africaine, n°88,
2002.
* 181 Pour une large
compréhension de la propagation de ces conflits internes, lire les
articles de Tom PORTEOUS, « l'évolution des conflits en
Afrique subsaharienne », Politique étrangère,
n°2, pp. 307 et suiv. et Sessanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu, op. cit.,
P.21.
Lire également Georges BERGHEZAN (sous la dir. de),
Trafics d'armes vers l'Afrique, pleins feux sur les réseaux
français et le "savoir-faire" belge, Bruxelles, Grip, 2002, p. 5-6.
* 182 Pour l'auteur, au
lendemain des indépendances, les dirigeants africains ont mis en place
un véritable système diplomatique. Voir à ce sujet son
ouvrage intitulé Le système diplomatique africain, Paris,
Pedone, 1977, 279 p.
* 183 Par la
déclaration du Caire de juin 1993, la Conférence des chefs d'Etat
et de Gouvernement a décidé de créer un instrument
à l'échelle continentale, le « Mécanisme pour la
prévention, la gestion et le règlement des conflits »,
de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) dont la direction et la
coordination des activités entre les sessions ordinaires de la
Conférence des chefs d'Etat et de Gouvernement étaient
assurées par l'organe central.
* 184 Il faut tout de
même souligner que l'OUA a tenté d'intervenir lors des
différents conflits tchadiens.
* 185 Il s'agit en
l'occurrence de la Sierra Leone. Il faut aussi signaler que la CEDEAO est
à l'origine du cessez-le-feu intervenu dans le conflit ivoirien le 17
octobre 2002. Mieux, pour marquer son implication dans la gestion de ce
conflit, le cessez-le-feu est intervenu entre l'organisation et le mouvement
rebelle, le MPCI.
Sur l'implication de le CEDEAO dans la résolution des
conflits en Afrique de l'ouest, lire Niagalé, BAGAYOKO-PENONE,
« Le rôle de la CEDEAO dans la gestion des conflits en Afrique
de l'ouest », in Jocelyn COULON (sous la dir. de), Le Guide du
Maintien de la paix, Montréal, Athéna Editions, 2005, p. 126
et suiv.
* 186 Cet organe
spécial est le Conseil de paix et de sécurité (CSP) de
l'Union africaine. Sur ce point, lire Delphine LECOUTRE, « Le Conseil
de paix et de sécurité de l'Union africaine, clef d'une nouvelle
architecture de stabilité africaine ? », Afrique
contemporaine, Eté 2004, pp.131-162.
* 187 Le premier accord dit
« Accord d'Abidjan » est signé le 30 novembre 1996
entre le Président KABBAH et le caporal Foday SANKOH, chef de la
rébellion. Cet accord prévoit la conversion du RUF en parti
politique, son désarmement et l'amnistie pour ses combattants. Le second
est signé le 7 octobre 1999 à Lomé lors d'un sommet de
cinq présidents ouest-africains. Il est signé entre les
autorités sierra léonaises et la rébellion et
prévoit l'entrée du RUF au gouvernement.
* 188 Aldo Ajello pour les
Grands Lacs et Hans Dahlgreen pour les pays du fleuve Mano.
* 189 Niagalé,
BAGAYOKO-PENONE, « Les politiques européennes de
prévention et de gestion des conflits en Afrique
subsaharienne », les Champs de Mars 2005.
* 190 La première
opération de gestion de crise de l'UE n'est pas une opération
militaire mais une opération de police, ladite MPUE (Mission de police
de l'Union européenne), lancée en Bosnie-Herzégovine en
janvier 2002. Le 31 mars 2003, a été lancée la
première opération militaire de l'UE, l'Opération
Concordia, en Macédoine. Celle-ci a été
relayée par une opération de police, l'Opération
Proxima. Pour plus d'information sur cette opération, lire Josiane
TERCINET, « La prise en charge par l'Union européenne du
maintien de la paix en Macédoine, au Congo et ...
au-delà ? », in Josiane TERCINET (sous la dir.
de), Les relations transatlantiques et l'environnement international,
Bruxelles, Bruylant, 2005, pp.243-245.
* 191 Sur la question de
l'adaptation du mandat de la MONUC à la situation militaire au Congo,
lire Kpri Kobénan, Kra, Les opérations de maintien de la paix
de l'ONU à l'épreuve des conflits actuels : Le cas des
conflits de la région des Grands Lacs africains, Mémoire de
DEA, Université de Cocody, Chaire Unesco pour la Culture de la Paix,
janvier 2006.
* 192 A travers la
résolution 1484 du 30 mai 2003.
* 193 Niagalé
BAGAYOKO-PENONE, « L'Opération Artémis, un tournant
pour la politique européenne de sécurité et de
défense ? », Afrique contemporaine, avril,
2004.
* 194 L'expression est de
Josiane TERCINET, op. cit. Pour Niagalé BAGAYOKO-PENONE, il s'agit d'une
"opération européanisée."
* 195 Même si sur un
ton pessimiste et moqueur, Thierry VIRCOULON estime qu'il s'agit d'une
opération de sauvegarde destinée à sauver les casques
bleus de la MONUC.
* 196 Monique
CHEMILLIER-GENDREAU, « Portée et limites de l'ingérence
humanitaire en Afrique », Afrique contemporaine,
numéro spécial, 4è trimestre 1996, p.231.
* 197 MELEDJE Djedjro, La
contribution des organisations non gouvernementales à la sauvegarde des
droits de l'homme, thèse d'Etat, Université d'Amiens, 1987,
P. 6
* 198 FETHERSTON
cité par Charles-Philippe, DAVID La guerre et la paix :
Approches contemporaines de la sécurité et de la
stratégie, Paris, Presses de sciences po, 2000, p.336-337
* 199 On se rappelle encore
la barbarie orchestrée par le RUF contre la population civile en Sierra
Léone, l'utilisation des mines anti-personnel en Angola par l'UNITA, le
génocide commis contre la population tutsie et les Hutus
modérés au Rwanda en Avril 1994.
* 200 Monique
CHEMILLIER-GENDREAU, loc. cit., p. 233.
* 201202 Sur la question de
protection des individus en temps de conflits armés, voir l'ouvrage de
Marco SASSOLI et Antoine BOUVIER, Un droit dans la guerre ?,
Genève, CICR, Tome 1, 2003.
* 203 Sur l'admission des
ONG comme acteurs de résolution des conflits en Afrique, lire l'article
de Monique CHEMILLIER-GENDREAU, « Portée et limites de
l'ingérence humanitaire en Afrique », Afrique
contemporaine, numéro spécial, 4è
trimestre 1996, pp. 229-241. Lire également Béatrice
POULIGNY, « L'humanitaire non gouvernementale face à la
guerre : Evolution et enjeux », CERI, Sciences Po.,
février 2001. Pour une large compréhension sur la question
humanitaire, lire Philippe RYFMAN, La Question Humanitaire. Histoire,
problématiques, acteurs et enjeux de l'aide humanitaire
internationale, Paris, Ellipses, 1999.
* 204 L'expression est de
Roland MARCHAL, in « Somalie : Autopsie d'une
intervention », Politique internationale,
n°61, automne 1993, pp.191-208.
* 205 Le
« dialogue direct » entre les principaux protagonistes du
conflit ivoirien et la signature des accords de OUAGADOUGOU constituent un
signal fort que l'Afrique doit pouvoir se faire confiance. D'ailleurs, la
nomination de Djibril BASSOLE, Ministre burkinabé des affaires
étrangères par les Nations unies pour "exporter"
l'expérience du « dialogue direct » au Soudan
apparaît comme la reconnaissance de cette initiative africaine.
* 206 SESSANGA HIPUNGU Dja
Kaseng Kapitu, op. cit., p.31.
* 207 Joseph KI-ZERBO
cité par le Professeur Simon Pierre EKANZA lors d'une conférence
prononcée le vendredi 04 mars 2005 sur le thème "La
colonisation : un défi pour l'Afrique aujourd'hui" au Centre de
Recherche et d'Actions pour la Paix à Abidjan
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