CHAPITRE II : APERCU BIBLIOGRAPHIQUE
Historique:
L'agriculture biologique est née d'une série de
réflexions basées sur plusieurs méthodes de production
agricoles alternatives au début du 20ieme siècle en Europe du
nord. Selon Agridoc (2003), la fin des années 60 et 70, correspondent
à l'émergence d'une prise de conscience de la filière. De
nouvelles associations se créent, regroupant producteurs, consommateurs
et d'autres personnes intéressées par l'écologie et par
une vie étroitement liée à la nature. Ces organismes
développent leurs propres cahiers de charges avec les règles de
production à respecter.
L'agrobiologie prend toutefois véritablement son essor
au cours des années 80, puisque ce nouveau mode de production continue
de se développer non seulement en Europe, mais aussi à travers le
monde entier. Les consommateurs des pays industrialisés ont appris
à leur dépend qu'ils avaient mangé pendant des
années du veau aux hormones, de la vache folle et du poulet à la
dioxine. Leur engouement pour le biologique va de pair avec un besoin de
sécurité, mais aussi avec la conscience d'avoir à
sauvegarder la planète pour que les générations futures
continuent de s'en servir.
2.2. Définition :
Dans le but d'appréhender clairement cette étude
et par souci de clarté pour le lecteur, nous tenons à
définir les mots clés de ce thème de recherche
intitulé : agriculture biologique au Tchad: sa
pratique et sa contribution à la préservation des
équilibres écologiques de base. Les mots que
nous avons choisis sont généralement
suivis de leur définition et parfois, valablement défini seul
sans trop de concision à donner l'histoire exacte du mot, mais le sens
par rapport au concept d'étude.
2.2.1. Agriculture :
Selon le dictionnaire Hachette encyclopédique
(1994), le mot Agriculture est défini étymologiquement comme une
activité qui permet l'exploitation du milieu naturel, permettant la
production des végétaux et des animaux nécessaires
à l'homme. C'est une activité soumise aux forces contradictoires
du changement, des intérêts économiques divergents et aux
difficultés sociales et politiques.
Selon H. Dupriez et al
(1983), l'agriculture doit être comme une toile de
l'araignée dont les fils principaux s'appuient sur les points stables
des environs et les fils secondaires forment un réseau solide et
cohérent. C'est cette forme d'agriculture équilibrée qui
est durable et adaptable aux exigences de l'environnement
Biologique:
C'est ce qui est relatif à la biologie,
c'est-à-dire, la science de la vie des êtres vivants selon le
dictionnaire Hachette Encyclopédique (1994). Elle traite toutes
les manifestations de l'être vivant depuis la conception jusqu'à
la vie en société.
L'Agriculture biologique :
Afin de définir le concept d'agriculture biologique, il
semble approprié de se référer à la
définition développée par le codex alimentarius
(ou le code alimentaire qui contient les normes, les codes d'usage, les
directives et les recommandations établis dans le cadre du programme
mixte FAO-OMS, pour les denrées alimentaires et pour garantir la
sécurité alimentaire ainsi que la loyauté des transactions
commerciales dans ce domaine) dans la revue Agridoc (2003) sur la base
de contribution d'experts du monde entier. L'agriculture biologique est
considérée comme un système global de production
(végétale et animale) qui privilégie les pratiques de
gestion plutôt que le recours à des facteurs de production
d'origine extérieur. Dans cette option, des méthodes culturales
biologiques et mécaniques sont utilisées de
préférence aux produits chimiques de synthèse. Selon les
lignes directrices du codex (1999), l'agriculture biologique doit
contribuer aux objectifs suivants :
- augmenter la diversité biologique dans l'ensemble du
système ;
- maintenir la fertilité des sols à long
terme;
- recycler les déchets d'origine
végétale et animale afin de restituer les éléments
nutritifs à la terre, réduisant ainsi le plus possible
l'utilisation des ressources non renouvelables;
- s'appuyer sur les ressources renouvelables dans les
systèmes agricoles organisés localement;
- promouvoir le bon usage des sols, de l'eau et de l'air et
réduire le plus possible toutes les formes de pollution que les
pratiques culturales et d'élevage pourraient provoquer;
- manipuler les produits agricoles, en étant notamment
attentif aux méthodes de transformation, afin de maintenir
l'intégrité biologique et les qualités essentielles du
produit à tous les stades;
- être mis en place sur une exploitation existante
après une période de conversion, dont la durée est
déterminée par des facteurs spécifiques du site, comme par
exemple, l'historique de la terre et les types de cultures et d'élevage
à réaliser.
En agriculture biologique, l'élevage repose quant
à lui sur le principe d'un lien étroit entre les animaux et les
terres agricoles. Cette nécessité d'un lien au sol exige ainsi
que les animaux aient un large accès à des aires
extérieures d'exercice et que l'alimentation qui leur est donnée
soit non seulement biologique, mais de préférence issue de
l'exploitation elle même. Des dispositions relatives au bien-être
animal et aux soins vétérinaires encadrent par ailleurs
strictement cette partie de l'agriculture biologique.
Quels que soient les produits végétaux et animaux,
les objectifs de la production biologique restent les mêmes: mise en
oeuvre des pratiques restrictives du point de vue de la protection de
l'environnement, occupation plus harmonieuse de l'espace, respect du
bien-être des animaux, production des produits agricoles de haute
qualité etc.
Selon acacia (2000), l'agriculture biologique englobe
tous les systèmes d'agriculture qui promeuvent une production d'aliment
environnementalement, socialement et économiquement sain. Dans cette
pratique, on considère la fertilité du sol comme la clé
d'une bonne production. L'agriculture biologique se singularise par le fait
qu'elle est régie par les principes avec un label Biologique qui
certifie le mode de production. Elle combine les connaissances de l'agriculture
conventionnelle avec les connaissances traditionnelles paysannes. Ce type
d'agriculture cherche à améliorer ou à créer un
système agro écologique et à maintenir un équilibre
entre les différentes formes de vie (plantes et animaux), car,
« par la culture, l'homme imprime à la nature des marques qui
se laissent parfois mémorisées en profondeur ou à la
surface du sol. » selon Ngaba-Waye, (1993). Elle permet aux
agriculteurs de se nourrir décemment.
Pour la voix du paysan No11 (2001), l'agriculture
biologique comprend toutes les techniques de production qui ne font pas appel
aux intrants chimiques (engrais, herbicides, fongicides...). Dans ce type
d'agriculture, on augmente les rendements en améliorant la
fertilité des sols grâce aux engrais verts et à la fumure
organique. Les plantes sont protégées contre les maladies
grâce à l'utilisation des variétés
résistantes que l'on obtient par la sélection classique et
l'utilisation de diverses substances naturelles. L'agriculture biologique
permet de produire durablement tout en préservant l'environnement.
Selon Kortbech (1998), le concept d'agriculture
biologique participe d'une vision holistique, selon laquelle la nature
représente un tout qui dépasse les éléments
distincts qui la composent. Les principes et les idées qui sous-tendent
l'agriculture biologique sont englobés dans l'écologie, science
qui étudie les relations entre les organismes vivants et leur
environnement, tout en prenant en compte les aspects économiques et
sociaux de la production agricole, au niveau local et à l'échelle
mondiale.
L'agriculture biologique vise à soutenir et à
renforcer les processus biologiques, en évitant de les remplacer par des
remèdes techniques et en adoptant une approche préventive en
matière de lutte contre les mauvaises herbes, les ravageurs et les
maladies. Il s'en suit que l'utilisation d'intrants chimiques de
synthèse n'est pas autorisée.
L'agriculture biologique s'appuie sur le renforcement de la
structure et de la fertilité des sols, de même que sur le choix
équilibré de cultures, notamment grâce à
l'assolement qui permet d'assurer une rotation entre ces dernières. En
outre, on veille à harmoniser l'importance du cheptel d'une exploitation
agricole avec la surface disponible, ce qui favorise l'autonomie de
l'exploitation au plan des provendes et la conservation des nutriments au sein
du système.
L'agriculture biologique se caractérise, entre autre
par: l'utilisation des matières organiques pour maintenir dans le sol
des ingrédients et des nutriments organiques; le recours à des
espèces végétales fixant l'azote; l'emploi des techniques
appropriées de gestion des sols dont le paillage et la jachère;
la sélection des variétés résistantes;
l'application des systèmes de culture compatible dont les cultures
intercalaires et l'agroforesterie; les pratiques respectueuses du bien
être des animaux; la lutte par les moyens biologiques contre les
ravageurs et l'emploi des techniques de désherbage manuelle,
mécanique et thermique.
Afin de garantir que les produits déclarés
biologiques soient effectivement cultivés selon les principes de
l'agriculture biologique, il convient de les certifier, c'est-à-dire
d'obtenir d'une tierce partie l'assurance écrite que le produit portant
le «Label Bio» respecte bien les critères de productions
applicables au secteur.
Dans acacia (2003), l'agriculture biologique se
caractérise par la méthode holistique, c'est-à-dire que
l'ensemble de l'exploitation est considéré comme un et
indivisible d'une part, et d'autre part, il y a une interaction entre les
différents éléments de l'exploitation. C'est donc la
capacité de combiner les différents éléments tels
que le sol, l'animal, la végétation et le climat en vue
d'accroître les revenus que tire l'agriculteur de son activité.
L'agriculteur doit également avoir en repère la
préservation de la capacité de la terre à continuer
à produire dans le futur. C'est donc l'ensemble de ces interactions dans
une philosophie holistique qui permet de caractériser l'agriculture
biologique.
Pour lui encore, les engrais organiques et les pesticides
naturels et biodégradables sont acceptés par la
réglementation biologique. Cette pratique ne met pas en péril
l'agriculteur. Le premier élément porte sur la prévention
en vue d'éviter toute maladie. Il faut faire de bonnes pratiques qui
protègent la plante des maladies parce que souvent, l'expérience
a prouvé que les plantes sont attaquées du fait des mauvaises
pratiques de l'agriculteur.
Enfin, pour le dictionnaire agricole, l'agriculture
biologique est une méthode d'agriculture durable qui exclut pour la
plupart des produits chimiques utilisés par l'agriculture
conventionnelle et visant à obtenir les produits d'une qualité
nutritive élevée, à améliorer la fertilité
du sol à long terme et à éliminer toutes les formes de
pollution.
D'une manière générale, nous dirons que
l'agriculture biologique est une pratique rationnelle et raisonnable qui ne
met jamais en péril ses adeptes. C'est le cadre de vie qui assure la
santé, l'alimentation saine, les ressources, l'emploi, les occasions de
s'éduquer, de réduction de la crainte de
l'insécurité alimentaire, de l'apprentissage à tenir
compte des risques et à prendre des décisions.
2.2.4. Pratique :
Selon le Dictionnaire Hachette Encyclopédique
1994, le mot pratique par opposition à la théorie signifie
une activité tendant à une fin concrète. C'est
l'application des règles et des principes d'une science ou d'une
technique. C'est une séance d'exercice d'application qui vise à
l'utile et qui s'adapte à sa fonction.
2.2.5. Contribution
C'est l'action de contribuer. Dans le Dictionnaire
Hachette Encyclopédique 1994, la contribution est définie
comme un concours apporté à la réalisation d'une oeuvre.
2.2.6. Préservation
C'est le fait de préserver ou de garantir quelque chose
du mal. Dans le contexte de notre étude, préserver, c'est faire
prendre conscience de la nécessité de percevoir clairement la
notion dynamique de l'environnement.
2.2.7. Ecologie
Du grec oikos qui signifie habitat et logos
qui veut dire science, ce mot a été crée en 1866 par le
biologiste Ernest Haeckel pour définir « la science des
rapports des organismes avec le monde extérieur ». Pour lui,
ce mot signifie littéralement science de l'habitat.
En 1868, il le redéfinit comme l'ensemble des rapports
des organismes avec le monde extérieur ambiant, avec les conditions
organiques et inorganiques de l'existence ainsi que celle des mutuelles
relations de tous les organismes vivant en un seul et même lieu.
2.2.8. Equilibre écologique
Selon une étude faite par le Ministère tchadien
de la Promotion Economique et du Développement en août 2000,
l'équilibre écologique est défini comme l'ensemble des
rapports crées progressivement au cours du temps entre les
différents groupes de végétaux, d'animaux et de
micro-organismes ainsi que leur interaction avec le milieu dans lequel ils
vivent.
C'est aussi l'ensemble des interactions positives qui regroupe le
substrat ou le biotope (sol, eau, air...), l'ensemble des facteurs climatiques
(température, lumière...) et la végétation. Il est
basé sur la gestion rationnelle des ressources naturelles et sur les
principes qui demandent aux pratiques agricoles d'être
économiquement viables, saines pour l'environnement, socialement justes
et culturellement acceptables.
L'application inadéquate des techniques de productions, la
mauvaise gestion des ressources naturelles, l'usage continu des intrants
chimiques qui sont une menace sérieuse pour l'environnement, la
santé humaine et animale sont la cause du déséquilibre
écologique selon K. Ritter (1936). En définitif,
l'équilibre écologique de base est la relation d'inter
dépendance existant entre l'homme et les composantes physiques,
chimiques et biologiques.
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