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L'agriculture biologique au Tchad; Sa pratique et sa contribution pour la préservation des équilibres écologiques de base

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par Siadmadji ALLAISSEM
CREFELD (Centre Régional Education et de Formation Environnementale pour Lutter contre la Desertification) - Master-2 en Environnement et Developpement Communautaire 2008
  

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CHAPITRE II : APERCU BIBLIOGRAPHIQUE

Historique:

L'agriculture biologique est née d'une série de réflexions basées sur plusieurs méthodes de production agricoles alternatives au début du 20ieme siècle en Europe du nord. Selon Agridoc (2003), la fin des années 60 et 70, correspondent à l'émergence d'une prise de conscience de la filière. De nouvelles associations se créent, regroupant producteurs, consommateurs et d'autres personnes intéressées par l'écologie et par une vie étroitement liée à la nature. Ces organismes développent leurs propres cahiers de charges avec les règles de production à respecter.

L'agrobiologie prend toutefois véritablement son essor au cours des années 80, puisque ce nouveau mode de production continue de se développer non seulement en Europe, mais aussi à travers le monde entier. Les consommateurs des pays industrialisés ont appris à leur dépend qu'ils avaient mangé pendant des années du veau aux hormones, de la vache folle et du poulet à la dioxine. Leur engouement pour le biologique va de pair avec un besoin de sécurité, mais aussi avec la conscience d'avoir à sauvegarder la planète pour que les générations futures continuent de s'en servir.

2.2. Définition :

Dans le but d'appréhender clairement cette étude et par souci de clarté pour le lecteur, nous tenons à définir les mots clés de ce thème de recherche intitulé : agriculture biologique au Tchad: sa pratique et sa contribution à la préservation des équilibres écologiques de base. Les mots que nous avons choisis sont généralement suivis de leur définition et parfois, valablement défini seul sans trop de concision à donner l'histoire exacte du mot, mais le sens par rapport au concept d'étude.

2.2.1. Agriculture :

Selon le dictionnaire Hachette encyclopédique (1994), le mot Agriculture est défini étymologiquement comme une activité qui permet l'exploitation du milieu naturel, permettant la production des végétaux et des animaux nécessaires à l'homme. C'est une activité soumise aux forces contradictoires du changement, des intérêts économiques divergents et aux difficultés sociales et politiques.

Selon H. Dupriez et al (1983), l'agriculture doit être comme une toile de l'araignée dont les fils principaux s'appuient sur les points stables des environs et les fils secondaires forment un réseau solide et cohérent. C'est cette forme d'agriculture équilibrée qui est durable et adaptable aux exigences de l'environnement

Biologique:

C'est ce qui est relatif à la biologie, c'est-à-dire, la science de la vie des êtres vivants selon le dictionnaire Hachette Encyclopédique (1994). Elle traite toutes les manifestations de l'être vivant depuis la conception jusqu'à la vie en société.

L'Agriculture biologique :

Afin de définir le concept d'agriculture biologique, il semble approprié de se référer à la définition développée par le codex alimentarius (ou le code alimentaire qui contient les normes, les codes d'usage, les directives et les recommandations établis dans le cadre du programme mixte FAO-OMS, pour les denrées alimentaires et pour garantir la sécurité alimentaire ainsi que la loyauté des transactions commerciales dans ce domaine) dans la revue Agridoc (2003) sur la base de contribution d'experts du monde entier. L'agriculture biologique est considérée comme un système global de production (végétale et animale) qui privilégie les pratiques de gestion plutôt que le recours à des facteurs de production d'origine extérieur. Dans cette option, des méthodes culturales biologiques et mécaniques sont utilisées de préférence aux produits chimiques de synthèse. Selon les lignes directrices du codex (1999), l'agriculture biologique doit contribuer aux objectifs suivants :

- augmenter la diversité biologique dans l'ensemble du système ;

- maintenir la fertilité des sols à long terme;

- recycler les déchets d'origine végétale et animale afin de restituer les éléments nutritifs à la terre, réduisant ainsi le plus possible l'utilisation des ressources non renouvelables;

- s'appuyer sur les ressources renouvelables dans les systèmes agricoles organisés localement;

- promouvoir le bon usage des sols, de l'eau et de l'air et réduire le plus possible toutes les formes de pollution que les pratiques culturales et d'élevage pourraient provoquer;

- manipuler les produits agricoles, en étant notamment attentif aux méthodes de transformation, afin de maintenir l'intégrité biologique et les qualités essentielles du produit à tous les stades;

- être mis en place sur une exploitation existante après une période de conversion, dont la durée est déterminée par des facteurs spécifiques du site, comme par exemple, l'historique de la terre et les types de cultures et d'élevage à réaliser.

En agriculture biologique, l'élevage repose quant à lui sur le principe d'un lien étroit entre les animaux et les terres agricoles. Cette nécessité d'un lien au sol exige ainsi que les animaux aient un large accès à des aires extérieures d'exercice et que l'alimentation qui leur est donnée soit non seulement biologique, mais de préférence issue de l'exploitation elle même. Des dispositions relatives au bien-être animal et aux soins vétérinaires encadrent par ailleurs strictement cette partie de l'agriculture biologique.

Quels que soient les produits végétaux et animaux, les objectifs de la production biologique restent les mêmes: mise en oeuvre des pratiques restrictives du point de vue de la protection de l'environnement, occupation plus harmonieuse de l'espace, respect du bien-être des animaux, production des produits agricoles de haute qualité etc.

Selon acacia (2000), l'agriculture biologique englobe tous les systèmes d'agriculture qui promeuvent une production d'aliment environnementalement, socialement et économiquement sain. Dans cette pratique, on considère la fertilité du sol comme la clé d'une bonne production. L'agriculture biologique se singularise par le fait qu'elle est régie par les principes avec un label Biologique qui certifie le mode de production. Elle combine les connaissances de l'agriculture conventionnelle avec les connaissances traditionnelles paysannes. Ce type d'agriculture cherche à améliorer ou à créer un système agro écologique et à maintenir un équilibre entre les différentes formes de vie (plantes et animaux), car, « par la culture, l'homme imprime à la nature des marques qui se laissent parfois mémorisées en profondeur ou à la surface du sol. » selon Ngaba-Waye, (1993). Elle permet aux agriculteurs de se nourrir décemment.

Pour la voix du paysan No11 (2001), l'agriculture biologique comprend toutes les techniques de production qui ne font pas appel aux intrants chimiques (engrais, herbicides, fongicides...). Dans ce type d'agriculture, on augmente les rendements en améliorant la fertilité des sols grâce aux engrais verts et à la fumure organique. Les plantes sont protégées contre les maladies grâce à l'utilisation des variétés résistantes que l'on obtient par la sélection classique et l'utilisation de diverses substances naturelles. L'agriculture biologique permet de produire durablement tout en préservant l'environnement.

Selon Kortbech (1998), le concept d'agriculture biologique participe d'une vision holistique, selon laquelle la nature représente un tout qui dépasse les éléments distincts qui la composent. Les principes et les idées qui sous-tendent l'agriculture biologique sont englobés dans l'écologie, science qui étudie les relations entre les organismes vivants et leur environnement, tout en prenant en compte les aspects économiques et sociaux de la production agricole, au niveau local et à l'échelle mondiale.

L'agriculture biologique vise à soutenir et à renforcer les processus biologiques, en évitant de les remplacer par des remèdes techniques et en adoptant une approche préventive en matière de lutte contre les mauvaises herbes, les ravageurs et les maladies. Il s'en suit que l'utilisation d'intrants chimiques de synthèse n'est pas autorisée.

L'agriculture biologique s'appuie sur le renforcement de la structure et de la fertilité des sols, de même que sur le choix équilibré de cultures, notamment grâce à l'assolement qui permet d'assurer une rotation entre ces dernières. En outre, on veille à harmoniser l'importance du cheptel d'une exploitation agricole avec la surface disponible, ce qui favorise l'autonomie de l'exploitation au plan des provendes et la conservation des nutriments au sein du système.

L'agriculture biologique se caractérise, entre autre par: l'utilisation des matières organiques pour maintenir dans le sol des ingrédients et des nutriments organiques; le recours à des espèces végétales fixant l'azote; l'emploi des techniques appropriées de gestion des sols dont le paillage et la jachère; la sélection des variétés résistantes; l'application des systèmes de culture compatible dont les cultures intercalaires et l'agroforesterie; les pratiques respectueuses du bien être des animaux; la lutte par les moyens biologiques contre les ravageurs et l'emploi des techniques de désherbage manuelle, mécanique et thermique.

Afin de garantir que les produits déclarés biologiques soient effectivement cultivés selon les principes de l'agriculture biologique, il convient de les certifier, c'est-à-dire d'obtenir d'une tierce partie l'assurance écrite que le produit portant le «Label Bio» respecte bien les critères de productions applicables au secteur.

Dans acacia (2003), l'agriculture biologique se caractérise par la méthode holistique, c'est-à-dire que l'ensemble de l'exploitation est considéré comme un et indivisible d'une part, et d'autre part, il y a une interaction entre les différents éléments de l'exploitation. C'est donc la capacité de combiner les différents éléments tels que le sol, l'animal, la végétation et le climat en vue d'accroître les revenus que tire l'agriculteur de son activité. L'agriculteur doit également avoir en repère la préservation de la capacité de la terre à continuer à produire dans le futur. C'est donc l'ensemble de ces interactions dans une philosophie holistique qui permet de caractériser l'agriculture biologique.

Pour lui encore, les engrais organiques et les pesticides naturels et biodégradables sont acceptés par la réglementation biologique. Cette pratique ne met pas en péril l'agriculteur. Le premier élément porte sur la prévention en vue d'éviter toute maladie. Il faut faire de bonnes pratiques qui protègent la plante des maladies parce que souvent, l'expérience a prouvé que les plantes sont attaquées du fait des mauvaises pratiques de l'agriculteur.

Enfin, pour le dictionnaire agricole, l'agriculture biologique est une méthode d'agriculture durable qui exclut pour la plupart des produits chimiques utilisés par l'agriculture conventionnelle et visant à obtenir les produits d'une qualité nutritive élevée, à améliorer la fertilité du sol à long terme et à éliminer toutes les formes de pollution.

D'une manière générale, nous dirons que l'agriculture biologique est une pratique rationnelle et raisonnable qui ne met jamais en péril ses adeptes. C'est le cadre de vie qui assure la santé, l'alimentation saine, les ressources, l'emploi, les occasions de s'éduquer, de réduction de la crainte de l'insécurité alimentaire, de l'apprentissage à tenir compte des risques et à prendre des décisions.

2.2.4. Pratique :

Selon le Dictionnaire Hachette Encyclopédique 1994, le mot pratique par opposition à la théorie signifie une activité tendant à une fin concrète. C'est l'application des règles et des principes d'une science ou d'une technique. C'est une séance d'exercice d'application qui vise à l'utile et qui s'adapte à sa fonction.

2.2.5. Contribution

C'est l'action de contribuer. Dans le Dictionnaire Hachette Encyclopédique 1994, la contribution est définie comme un concours apporté à la réalisation d'une oeuvre.

2.2.6. Préservation

C'est le fait de préserver ou de garantir quelque chose du mal. Dans le contexte de notre étude, préserver, c'est faire prendre conscience de la nécessité de percevoir clairement la notion dynamique de l'environnement.

2.2.7. Ecologie

Du grec oikos qui signifie habitat et logos qui veut dire science, ce mot a été crée en 1866 par le biologiste Ernest Haeckel pour définir « la science des rapports des organismes avec le monde extérieur ». Pour lui, ce mot signifie littéralement science de l'habitat.

En 1868, il le redéfinit comme l'ensemble des rapports des organismes avec le monde extérieur ambiant, avec les conditions organiques et inorganiques de l'existence ainsi que celle des mutuelles relations de tous les organismes vivant en un seul et même lieu.

2.2.8. Equilibre écologique

Selon une étude faite par le Ministère tchadien de la Promotion Economique et du Développement en août 2000, l'équilibre écologique est défini comme l'ensemble des rapports crées progressivement au cours du temps entre les différents groupes de végétaux, d'animaux et de micro-organismes ainsi que leur interaction avec le milieu dans lequel ils vivent.

C'est aussi l'ensemble des interactions positives qui regroupe le substrat ou le biotope (sol, eau, air...), l'ensemble des facteurs climatiques (température, lumière...) et la végétation. Il est basé sur la gestion rationnelle des ressources naturelles et sur les principes qui demandent aux pratiques agricoles d'être économiquement viables, saines pour l'environnement, socialement justes et culturellement acceptables.

L'application inadéquate des techniques de productions, la mauvaise gestion des ressources naturelles, l'usage continu des intrants chimiques qui sont une menace sérieuse pour l'environnement, la santé humaine et animale sont la cause du déséquilibre écologique selon K. Ritter (1936). En définitif, l'équilibre écologique de base est la relation d'inter dépendance existant entre l'homme et les composantes physiques, chimiques et biologiques.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius