INTRODUCTION GENERALE
CONTEXTE DE L'ETUDE :
Il est habituel de relever la forte croissance urbaine dans
les pays en voie de développement. C'est notamment le cas des villes de
l'Afrique subsaharienne. Et cette croissance urbaine touche à la fois,
les volets démographique et spatial. Relevons tout de même que la
genèse de la croissance urbaine repose spécifiquement sur
l'origine, ou encore sur l'histoire de chaque ville, d'où l'importance
de l'économie urbaine qui mérite d'être saluée comme
une double prise en compte de l'espace vécu et de la vie
économique.
En effet, il ne saurait y avoir de vie économique sans
territoire. Et, à l'intérieur de ce territoire
schématisé par la ville, se trouve le siège de multiples
activités, menées par les habitants dudit lieu. L'offre des biens
et de services collectifs est une des raisons souvent invoquées pour
expliquer l'existence des villes.
L'ensemble de toutes ces caractéristiques ne va pas
sans incidences sur les problèmes rencontrés dans les villes du
monde et, particulièrement, dans les villes de l'Afrique subsaharienne.
En effet, la croissance urbaine va de pair avec celle des besoins et,
notamment, des différents services en réseau tels que le
transport, l'électricité ou l'eau par exemple. Paradoxalement,
l'offre des services en réseau est freinée par la croissance
rapide des populations urbaines, dans la mesure où l'évolution de
la population ne va pas au même rythme que celle de ces services. En
outre, la crise économique des années 80-90, suivie de
l'inflation généralisée des produits de première
nécessité dans le monde et de la crise financière,
limitent les ressources indispensables aux investissements de transport dans
les pays en voie de développement. Il est de fait que toutes ces
caractéristiques intrinsèques à la ville doivent
obéir à toute une logique d'organisation et, notamment, au
Cameroun.
Parallèlement, les collectivités territoriales
décentralisées ont subi quant à elles plusieurs mutations,
dues au rythme de l'évolution administrative. C'est le cas de la
Communauté Urbaine de Douala qui, jadis, était une commune mixte.
La loi modifiant l'organisation des grandes métropoles au Cameroun
mérite aussi d'être saluée comme une prise en compte de la
réalité socio économique. Cette mesure est due à
l'évolution de la population camerounaise qui a nécessité,
à coup sûr, un réajustement de son cadre administratif.
C'est ainsi qu'à Douala, on est passé d'une commune de plein
exercice (1956) à une commune d'arrondissement (1987) et, aujourd'hui,
à une Communauté Urbaine.
La forte croissance démographique des pays en
développement est à l'origine des difficultés que
connaissent les habitants dans leur besoin quotidien de se déplacer.
Ceci montre pourquoi la question des transports constitue une des
préoccupations majeures des pouvoirs locaux. Car, elle correspond
à une forte demande sociale.
Aussi vrai que les villes naissent et grandissent au jour le
jour, leur évolution s'accompagne des difficultés tant dans le
fond que dans la forme. En ce qui concerne la mobilité et les transports
dans les pays en voie de développement, les problèmes de
transport sont accentués par :
· la croissance rapide des populations urbaines qui sont
contraintes de trouver asile dans les périphéries : le
centre de la ville étant source de renchérissement des
coûts et l'occupation anarchique de l'espace urbain contribue à
l'allongement des distances intra urbaines,
· une faible influence des transports collectifs aux
allures archaïques,
· l'accroissement de la pénibilité de la
marche, due aux faibles revenus des citadins et à l'allongement des
distances intra urbaines,
· l'augmentation des coûts d'exploitation des
véhicules, à cause des consommations accrues du carburant et du
mauvais état des infrastructures,
· une médiocrité des investissements de
transport,
· et, la faiblesse ou l'absence des autorités de
coordination dans la gestion de la politique de transport.
Si l'intérêt du processus de développement
n'est plus à démontrer, il semble cependant que la tentation soit
grande de vouloir résoudre les problèmes des villes aujourd'hui
dans le monde. En effet, le lien entre le développement et
l'évolution de la mobilité est indéniable. Et cette vision
semble nécessaire pour dégager les leviers d'actions permettant
d'assurer le fonctionnement des différentes structures pour une
meilleure mobilité à l'heure de la globalisation des
économies. A ce titre, les canaux de la mobilité ainsi que leur
exploitation ne sont pas à négliger ou à prendre à
la légère pour assurer la compétitivité et, dans le
contexte de notre étude, quelles sont leurs implications pour la ville
de Douala ?
La spécificité de la ville de Douala
relève du rôle prépondérant que revêt cette
agglomération sur le plan national (principal foyer industriel du
Cameroun) et au niveau de la sous région CEMAC1(*). La ville de Douala est
également la capitale de la région du littoral. Cette ville qui
doit son nom à un peuple Bantou : les
« Dualas », a vu le jour suite à l'installation de
ces derniers sur l'estuaire du fleuve Wouri. La présence dudit fleuve,
d'une part, et celle de la mangrove d'autre part, influencent l'essor de la
ville qui connaît un étalement radial de part et d'autre des deux
berges. Tout comme les autres villes en voie de développement, la ville
de Douala connaît un étalement de plus en plus grand et rapide. Et
généralement, plus la ville s'agrandit, plus les problèmes
liés aux déplacements s'intensifient. Il ressort que les
déplacements sont une composante essentielle de la vie urbaine. Dans le
cas spécifique de la ville de Douala, ceux-ci sont nécessaires et
indispensables pour l'accès aux diverses opportunités qu'offre
cette cité à savoir:
§ De nombreux services urbains engendrant ainsi de
nombreuses opportunités d'emplois et échanges sociaux, notamment
dans la satisfaction des besoins essentiels que sont l'alimentation,
l'éducation, la santé... ;
§ Une fonction commerciale importante, de part la
présence de plusieurs marchés de vivres (plus d'une vingtaine),
à telle enseigne que même les trottoirs sont inondés de
commerçants de toutes sortes ;
§ Une fonction administrative en tant que siège
des institutions bancaires camerounaises ;
§ Une fonction universitaire, car la ville est un
véritable carrefour du savoir, abritant en son sein l'une des plus
grandes universités du pays, plusieurs grandes écoles, de
nombreux établissements d'enseignement maternel, primaire et
secondaire ;
§ Une fonction industrielle, représentée
par des zones industrielles telles que Bassa, Bonabéri (industries de
bois, agro-alimentaires, chimiques, etc.).
Les conditions de mobilité observées à
Douala sont coûteuses à la fois, pour les usagers et, pour la
collectivité. La crise des conditions de circulation et, plus
spécifiquement de l'offre de transport de masse s'est amplifiée
durant les dernières décennies pour plusieurs raisons. L'on peut
citer entre autres :
· La croissance rapide de la population, car en 2007, le
taux de croissance était évalué à 6.4% pour Douala
(de 7% pour la ville de Yaoundé2(*)), et face au poids de la population estimée
aujourd'hui à plus de 2,2 millions d'âmes, et à la
situation géographique de la ville, nombre d'artères convergent
vers le centre urbain sous forme d'entonnoir, situation difficile pour
beaucoup de Doualais3(*) qui
doivent se mouvoir quotidiennement dans leurs occupations ;
· Sur le plan du mode d'occupation du sol, la ville de
Douala se caractérise par une urbanisation étalée,
ségrégative, avec les emplois en majorité dans le
centre-ville situé à Bonanjo, Akwa, Bali, et la présence
de la mangrove et du fleuve Wouri contraignent l'occupation du sol qui se fait
alors vers deux directions, Nord-Ouest et Est, distinguant ainsi les quartiers
pauvres et les quartiers dits riches (Bonapriso, Bonanjo...), suscitant par
ailleurs des quartiers d'habitats spontanés qui se développent
dans des zones périphériques, de plus en plus
éloignés du centre d'activités. Ce qui rend difficile une
offre de transport collectif de masse. Cette occupation apparaît
également comme la résultante d'une organisation
économique, spatiale et qui fait que « les unités
de fabrication industrielle se logent dans les arrondissements
périurbains de la ville (Douala III, IV et V). Alors que les communes du
centre (Douala I et II) n'accueillent désormais que les entreprises de
services et du commerce. Cette localisation discriminée des firmes
participe, elle-même, au mouvement de dilatation par processus
ségrégatifs de la ville. De sorte qu'aujourd'hui, celle-ci tend
à réduire sa mixité et à distribuer sa
centralité »4(*) ;
· Quant au réseau viaire, il s'organise autour de
quelques grands axes, et il est estimé à 1750 km dont 450 km
environ bitumé d'après le rapport SITRASS de 2002. Alors que la
population a doublé depuis quelques décennies, ce dernier a
très peu évolué dans les mêmes proportions. Le
même rapport distingue les voies dites de transit, les portions urbaines
des routes nationales comme, par exemple, la Nouvelle Route de Bonabéri,
le pont sur le Wouri, l'Axe lourd Douala-Yaoundé et, le réseau
non bitumé qui couvre les ¾ de tout le réseau. Sans oublier
la structure du sol (marécageux et imperméable) qui a un impact
sur les infrastructures, fragilisées à la fois par la structure
géographique et par les conditions climatiques (plus de 2000 mm de pluie
par an) ;
· Une situation d'étouffement du réseau due
à la transformation des trottoirs existants en parkings, et en
conséquence, les piétons partagent à la fois la
chaussée avec les véhicules ;
· La congestion est permanente en raison de l'incivisme
des usagers de la route, de l'étroitesse de celle-ci, du
délabrement du réseau dans certains endroits et du trafic inter
urbain sur les axes Douala-Yaoundé et Douala-Bafoussam, bloquant ainsi
les deux principales sorties de la ville ;
· Sur le plan qualitatif, malgré les efforts
déployés par la Communauté Urbaine pour améliorer
la voirie urbaine, celle-ci reste dans un état médiocre.
Par ailleurs, le phénomène des
« villes mortes »5(*) et la cessation des activités de la
SOTUC6(*),
société d'économie mixte (dès le 22 février
1995), ont été à l'origine de la mise sur pied du
transport informel dans la ville de Douala. Ce dernier est constitué de
motos-taxis, de minibus et de voitures personnelles désignées de
« clandos »7(*). En définitive, la faiblesse de l'offre de
transport urbain à Douala est aussi due à la faible
capacité des différents modes qui se déploient sur les
lieux (5 places pour le taxi jaune, une place pour la moto taxi, 15
à 20 places pour les minibus, 50 à 80 places pour les bus), et
aussi à la vétusté des véhicules et à la
faiblesse du parc en général.
En outre, Douala constitue une porte d'entrée pour le
Cameroun et pour une grande partie de la sous-région d'Afrique Centrale.
En effet, le périmètre central s'est vu doter de la
présence d'un port qui, de plus, est un facteur très important de
part ses activités nécessitant une mobilité à la
fois des personnes et des biens. Principal port du Cameroun, il l'est
également pour certains pays de la sous-région CEMAC, notamment
pour la République du Tchad et la République centrafricaine, avec
une couverture en moyenne de 90 à 95% des échanges du Cameroun
dans le commerce international.
Hormis la porte maritime, la ville de Douala abrite
également en son sein l'un des aéroports internationaux du pays.
Ce à quoi s'ajoutent un réseau routier important (dont la route
nationale N°3 Yaoundé-Douala-Limbé-Idenau distante de 397
km), ou encore un réseau ferroviaire. De même qu'elle regroupe les
2/3 des entreprises du pays.
PROBLEMATIQUE
Sur la base de ce diagnostic, on observe d'une part, que les
besoins en mobilité sont nombreux pour la ville de Douala. D'autre part,
la congestion urbaine draine des conséquences néfastes pour tous
les habitants de la ville qui, par ailleurs, constitue le premier pôle
économique du Cameroun et de la sous région CEMAC. On le sait,
aussi, l'obstination des habitants, pauvres ou riches, à se
déplacer rappelle une réalité, à savoir que l'on
n'est vraiment l'habitant d'une ville que si l'on peut y être mobile. De
sorte qu'on considère généralement que la faculté
de se déplacer (pour l'emploi, la formation, la santé, etc...)
constitue, seule, le moyen d'exercer la « citoyenneté
urbaine ».
Du point de vue des législations nationales, une
nouvelle répartition des compétences entre les
collectivités territoriales (ou C.T.D)8(*) et l'Etat au titre de la politique de
décentralisation est fixée par la Loi9(*). Cependant, les attributions
desdites collectivités sont formulées de manière assez
vague. En ce qui concerne les transports, il faut se référer
à des compétences générales dans les secteurs de la
planification, de l'urbanisme ou de l'aménagement du territoire au terme
de l'article 17 de la loi N° 2004/018 du 22/07/04, fixant les
règles applicables aux communes. Ainsi, en raison de l'internalisation
croissante des économies, du paysage économique qui se veut
aujourd'hui concurrentiel, du progrès technique qui engendre toujours
plus d'innovations et des considérations pratiques et physiques du
transport, il est de plus en plus important pour la ville de Douala de se doter
des structures et des infrastructures susceptibles d'assurer le bien-être
individuel et collectif pour une meilleure mobilité de ses
résidents. C'est, sans doute, la raison pour laquelle l'exécutif
communautaire a créé la Direction des Etudes pour la
Planification et le Développement Durable (DEPUDD). Sachant qu'en raison
de la recherche de l'intérêt général soumettant
l'administration publique aux principes d'égalité, de
mutabilité, de continuité et d'adaptabilité, le souci d'un
cadre de vie meilleur et l'organisation du transport de masse constitue un
impératif pour la ville de Douala, si on considère que ces
solutions peuvent jouer un rôle important.
Le volet transport collectif est assuré par
différents modes notamment, un transport officiel
représenté par la SOCATUR10(*) et les taxis collectifs jaunes et, un transport
qualifié d'informel, représenté par les motos taxis et les
cargos11(*). La crise des
transports urbains à Douala se caractérise non seulement par un
déficit de l'offre sur le plan qualitatif (infrastructures) et
quantitatif (véhicules), mais aussi par la faiblesse ou l'absence dans
l'organisation des activités y afférentes. Sachant que les
transports urbains jouent un rôle important dans l'économie
locale, la région a besoin de mobilité, et dans le cas de la
ville de Douala, une planification s'avère indispensable.
Compte tenu de l'immensité des difficultés
posées par la mobilité de ses habitants, notre problème
s'énonce donc, très précisément, de la
manière suivante :
« Comment la C.U.D s'implique-t-elle dans le
fonctionnement du transport collectif urbain à
Douala» ?
QUESTION DE RECHERCHE
Partant de cette nécessité de la
résolution des problèmes de transport, mais aussi de l'apparition
des modes de transport informel de plus en plus envahissants, de la croissance
démographique explosive, de l'étalement anarchique de la ville
d'une part, et, de la limitation des compétences des
collectivités dans la gestion des transports urbains au regard de la
législation d'autre part, il est question pour nous d'axer notre travail
sur la gestion du transport collectif dans la ville de Douala. On ne peut en
douter, le transport constitue l'un des facteurs déterminants de
l'évolution du tissu urbain. En outre, le transport draine avec lui des
conséquences (ou externalités) pouvant être à la
fois fastes ou néfastes pour le développement d'une ville. Raison
pour laquelle il constitue un processus itératif, en même temps
d'ailleurs qu'il renvoie à la problématique du
« Développement Durable ». Par ailleurs, il
est généralement admis que le service public local existe au
niveau d'un territoire plus réduit que la nation, au niveau de la
commune, du département, de la région. Dans cette optique, la
question de recherche qui anime notre propos peut se résumer de la
manière suivante :
Comment la Communauté Urbaine de Douala
contribue-t-elle au fonctionnement de la SOCATUR à Douala ?
Pour répondre à cette question principale, nous
avons axé notre recherche autour de trois principales interrogations
supplémentaires, à savoir :
· Pourquoi l'organisation du transport urbain
relève-t-elle de la compétence de la collectivité ?
Ce qui pose le problème du service public et, au-delà, celui du
service public local.
· Comment la Communauté Urbaine de Douala (CUD)
réagit-elle face au défi de la mobilité des populations au
sein d'une ville millionnaire à vocation économique et
industrielle ?
· Comment le transport urbain collectif dans la ville de
Douala peut-il bénéficier de la contribution de la CUD et,
notamment, à travers la SOCATUR pour atteindre les objectifs du
millénaire par exemple?
Or, face aux limites et contours non élucidés
des compétences municipales dans le fonctionnement des transports
urbains au Cameroun, le problème demeure donc aussi de répondre
à la délimitation de ces pouvoirs dans l'organisation du
transport urbain local.
De même, le problème de la promotion des
transports collectifs de masse, suite à la faiblesse
générale de l'offre du transport urbain de masse et du faible
revenu des citadins, se trouve également posé. Et, compte tenu de
l'urbanisation anarchique de la ville de Douala, cette proposition exigerait
une certaine rigueur de la part de l'autorité publique lors de la prise
des décisions et à leur mise en application, face à
l'hostilité des modes informels en concurrence et à l'incivisme
des populations.
INTERET DU SUJET
L'objectif du présent travail consiste à trouver
des solutions de plusieurs ordres à la fois, pour le
décongestionnement de la ville de Douala et, pour permettre à la
C.U.D de disposer des modalités idoines pour sa participation au
transport collectif local. De ce fait, il s'agira de :
· susciter la contribution de la C.U.D au processus
d'organisation du transport urbain dans la ville de Douala,
· trouver la stratégie de développement
à mettre en oeuvre par ce service public local (ou CUD) en vue d'un
développement durable de la ville,
· enfin, dans un cadre spécifique, l'étude
sera orientée dans le sens de la réduction de la congestion du
périmètre central vers les périphéries, la
sécurité des usagers de la route, la lutte contre la pollution,
l'amélioration des problèmes de mobilité et
d'accessibilité, la lutte contre la pauvreté urbaine, ou encore
le désengorgement de la ville.
HYPOTHESES DE RECHERCHE
Compte tenu de ce qui précède, nous pouvons
formuler deux hypothèses de travail :
H1 : les contours
législatifs de l'intervention du service public local dans le transport
urbain au Cameroun sont mal définis.
H2 : la
nécessité d'améliorer les transports collectifs constitue
un facteur de l'implication de la C.U.D dans le fonctionnement de la
SOCATUR.
REVUE DE LA LITTERATURE
En effet, le transport urbain constitue un des facteurs de
développement d'une ville. Or, la ville fait référence
à un territoire à l'intérieur duquel il existe un
gouvernement local, chargé de coordonner les activités pour le
bien-être social.
En outre, depuis quelques décennies, le transport
urbain envahit les préoccupations des gouvernements locaux de la ville
de Douala. Cette préoccupation illustre les problèmes de
congestion, d'engorgement, et même de nuisances sonores observés
à Douala.
Admettons que le transport urbain relève de la notion
de service public en Afrique d'une part, et, d'autre part, que le service
public de transport doit être mis en oeuvre ne serait-ce que du fait que
les citadins doualais, tout comme dans les autres villes d'Afrique
subsaharienne, n'ont pour la quasi-totalité d'entre eux, pas d'autres
moyens de se déplacer que les transports collectifs. Dans le cas de la
ville de Douala où le transport collectif officiel est
défaillant, comment pouvons-nous envisager la notion de service public
de transport ?
Il est indéniable que le service public de transport
assure une activité d'intérêt général, qui
répond à un besoin collectif. Il permet aux usagers de se
déplacer dans les conditions raisonnables d'accès, de
qualité et de prix, ainsi que des coûts pour la
collectivité notamment, par l'utilisation d'un moyen de transport ouvert
au public.
De même, de nombreux travaux ont été
réalisés quant à ce qui concerne les problèmes de
mobilité dans la ville de Douala. Il est plutôt question pour nous
de voir ce qui, derrière les interrogations et les réponses
apportées, permet de penser autrement pour une meilleure politique de
déplacements collectifs dans la ville de Douala.
X. GODARD (1990)12(*), s'interrogeait déjà sur la forme de
transferts et d'influences s'exerçant sur les politiques locales de
transport et sur la mise en oeuvre des solutions adaptées notamment,
l'organisation et le financement des transports collectifs ainsi que la prise
en compte de l'environnement.
De son côté, l'étude du SITRASS
(2004)13(*) faisait
allusion aux pratiques de mobilité des populations non motorisées
entre les deux rives du fleuve Wouri. Et ceci, avant la mise en place des
mesures de restriction dues à la réhabilitation du pont sur ledit
fleuve.
Dans une autre étude publiée en 2005, cet
organisme s'est basé sur une évaluation des effets sur la
restriction de la circulation des transports en commun sur le pont à
travers ses impacts sur les populations. Cette étude a
révélé que le renforcement de l'offre de la SOCATUR
était indispensable, ainsi que l'encadrement des autres modes
artisanaux. Le rapport a souligné le besoin de l'intervention publique
dans le fonctionnement de la circulation.
Sur un plan plus conceptuel, la problématique du
transport urbain renvoie également à celle du bien-être
collectif des habitants d'une ville et à celle de l'intervention
publique. Des thématiques de recherche qui, de tous temps, ont
mobilisé les économistes de tous bords.
On relève ici aussi bien les théoriciens de la
pensée libérale classique comme A. SMITH (1776) que les
keynésiens, en passant par les néo-classiques comme H.J. ARROW
(1963), P.SAMUELSON (1954) ou R.A MUSGRAVE (1759), ou encore J.RAWLS (1971) par
exemple.
De son côté, l'analyse spatio-économique
de la ville de Douala est, depuis quelques années, en évolution
salutaire. Tant pour ce qui est de l'organisation économique de la
capitale économique du pays que, et sur un plan plus large, pour les
villes africaines.
A cet égard, J-R ESSOMBE EDIMO (2007)14(*), par exemple, montre combien
la problématique de la localisation des activités à Douala
fonctionne sur la base d'une « dilatation par processus
ségrégatifs » et qui aboutit à une double
conséquence, à savoir d'une part, l'obligation pour la ville de
distribuer sa « centralité » et à
fonctionner comme un « mille feuille » et, d'autre
part, la nécessité pour elle de s'occuper (à cause de
cette décentralisation) au plus près des problèmes de
mobilité urbaine. Dans cette contribution récente, cet auteur
propose d'ailleurs également les différentes
caractéristiques spatiales de la concentration des entreprises à
Douala, ainsi que les effets symétriques de la localisation de celles-ci
sur le territoire15(*).
De leur côté, X.GODARD et P.TEURNIER
(1994)16(*) montrent
comment les transports urbains africains se sont décomposés avec
les ajustements structurels, et en appellent, aujourd'hui encore, à une
redéfinition du service public local dans les différentes villes
subsahariennes.
Allant plus loin d'ailleurs, V.BERTHET et C. ROYON (2002),
estiment même qu'il faille considérer désormais la
mobilité urbaine comme un « enjeu
d'urbanité ». Dans les villes modernes en effet, ces
auteurs soulignent qu'on doive parler d'un choix essentiel à la
mobilité urbaine, déclinaison du « droit d'aller et
de venir » traditionnel, mais consécutive du droit au
travail, à l'éducation, à la libre association,...
De son côté enfin, C. DUCHÊNE (2002)
propose aux décideurs locaux de passer des simples politiques de
transport public à de véritables politiques globales de
déplacement qui, en conduisant à une meilleure coordination des
programmes d'aménagement des cités urbaines, aboutissent à
une réduction de la consommation énergétique ou à
la diminution de la place de l'automobile en ville et, partant, à une
meilleure organisation des déplacements urbains construite dans la
perspective du développement durable.
En outre, « l'étude sur l'offre de
transports urbains à Douala (2007) : mise en place d'un outil de
suivi » a suggéré la nécessité ou
l'urgence, pour les pouvoirs publics de la ville de Douala, de mettre sur pied
un observatoire de transport urbain.
Enfin, nous avons effectué un stage académique
au sein de la DEPUDD17(*).
Il nous aura permis de collecter certaines informations pour notre
recherche.
Dans cette littérature abondante, l'objectif est
unique. Il s'agit de trouver une solution au décongestionnement et au
désengorgement de la ville de Douala. Ce qui nécessite une
intervention efficace de la municipalité. Cela suggère
l'impératif d'opter pour une démocratie participative à la
réalisation de l'intérêt général et qui n'est
autre chose que la recherche de la mise en place d'un cadre de vie
agréable à la ville de Douala.
METHODOLOGIE ET CADRE OPERATOIRE
Plusieurs raisons sont évoquées pour justifier
la crise des transports urbains dans la localité de Douala. Parmi
celles-ci, on évoque la faiblesse et l'insuffisance de l'offre actuelle,
des conventions d'exploitation mal définies, des chevauchements de
compétences, et des modalités d'application des textes mal
définies. Etant donné que la notion de service public de
transport consiste à considérer la possibilité de se
déplacer comme un droit naturel que l'Etat doit assurer et respecter et,
plus exactement, dans des conditions raisonnables de coût d'une part et,
d'autre part, que ce principe se fonde sur le fait que sans le transport, il
n'y a pas de vie économique et sociale possible. Eu égard
à tout ce qui précède, notre étude est
organisée autour des différentes questions qui viennent
d'être posées. Pour y répondre, notre travail s'articule
autour de deux parties et qui se veulent autant de mouvements dans la
démonstration, à savoir que:
La première partie, relative à l'intervention
publique et transports urbains, nous permettra non seulement de revoir les
modalités de cette intervention (Chapitre 1), mais
aussi de mettre en exergue le cadre règlementaire de cette intervention
au Cameroun (Chapitre 2).
La deuxième partie, quant à elle, sera le lieu
de l'étude de l'intervention de la CUD dans le fonctionnement du
transport collectif urbain qu'est la SOCATUR. Après avoir circonscrit la
notion de service public local (Chapitre 3), nous examinerons
ensuite ce qui fait la spécificité de la ville de Douala dans la
problématique du transport urbain et, surtout, les modalités de
la participation de la C.U.D dans le transport collectif et, plus
spécialement, dans la SOCATUR, (Chapitre 4). Cette
partie s'achèvera par la formulation de quelques recommandations
relatives au bon fonctionnement des transports urbains dans la ville de Douala.
PREMIERE PARTIE :
INTERVENTION PUBLIQUE ET TRANSPORTS URBAINS
Introduction de la première
partie
Cette partie de notre travail vise un double objectif. Il y
est question de définir, dans un premier temps, les concepts de
transports urbains et de collectivité territoriale,
avant de montrer ensuite leur interdépendance. Cela suppose que nous
examinerons, tour à tour, quelques politiques interventionnistes et,
notamment, la vision développée à la fois, par les
théories classique traditionnelle et keynésienne. Nous aborderons
par la suite les raisons et les modalités émanant de cette
politique d'intervention. La réalisation de ce premier objectif fait
l'objet du chapitre 1.
En outre, étant donné que toute activité
ne peut se dérouler que dans un cadre déterminé par la
loi. Il sera question pour nous, dans un second temps, d'examiner le cadre
réglementaire c'est-à-dire, les lois organisant l'implication des
collectivités territoriales dans la gestion des transports urbains. Il
s'agira ici de faire allusion à la fois, aux acteurs de la
régulation et, aux politiques gouvernementales associées.
L'atteinte de ce second objectif sera l'objet du chapitre
2.
CHAPITRE I : LES RAISONS ET LES MODALITES DE
L'INTERVENTION PUBLIQUE DANS LES TRANSPORTS URBAINS.
|
La ville, par définition, est un
périmètre où vivent au moins deux mille (2000)18(*) personnes. Dans sa conception
géographique, la notion d'espace ville fait référence
à un territoire, conçu par certains auteurs, sous la forme
nationale, régionale ou locale, rurale, urbaine, sociale,
industrielle.... Ces notions relèvent la variabilité de la taille
des regroupements humains présents dans la ville et, l'occupation du sol
qui en est faite. En ce qui concerne l'occupation du sol, le transport
constitue l'un des facteurs déterminants de l'évolution du tissu
urbain dans la mesure où la ville doit être agréable,
lisible bref, présenter un cadre de vie meilleur. En effet, la dynamique
des activités économiques dans un lieu symbolisé ici par
la métropole est la résultante de deux caractéristiques
principales à savoir :
- La situation de la métropole par rapport au champ de
forces d'agglomération (facteurs de localisation) et de dispersion
(forces de dispersion) qui régissent le territoire.
- La dynamique endogène ou l'attrait de ce milieu au
développement économique.
A la vue de ces raisons évoquées, la promotion
des transports urbains est nécessaire dans la mesure où elle vise
d'une part, à satisfaire les besoins des populations, notamment des
couches sociales les plus défavorisées, dans le but de leur
intégration sociale et leur accès quotidien à leurs
activités essentielles et, d'autre part, à préserver le
bien-être des citadins et de la métropole par
l'amélioration de la fluidité de la circulation.
En outre, dans le milieu économique, la loi du
marché conduit au regroupement des entreprises dans la métropole
où elles trouvent une main-d'oeuvre abondante, des services aux
entreprises, des fournisseurs, la professionnalisation conduisant à la
formation, l'innovation ou encore la recherche de nouveaux marchés.
Le phénomène de concentration s'applique
également dans le commerce et les services, la recherche du profit
conduisant au regroupement des activités dans des espaces
périurbains au détriment des centres villes. Par contre, le
développement des infrastructures ne va pas au même rythme que
celui de la consommation de l'espace urbain. Cette situation semble difficile
pour les populations démunies, qui sont contraintes de se
déplacer quotidiennement de la banlieue vers le centre urbain. La
périurbanisation est aussi favorisée par la concentration
anarchique des ménages pauvres vers les périphéries.
L'expansion de cette périurbanisation engendre des coûts
énormes en matière de réseaux et provoque une
multiplication de déplacements. En conséquence, il s'avère
difficile de desservir les zones éloignées par les transports en
commun. La faiblesse générale de l'offre du transport urbain,
augmenté des externalités négatives dudit transport que
sont la congestion, le mauvais état des infrastructures, l'engorgement
de la ville, la pollution atmosphérique, et autres accidents,
étouffent de plus en plus l'atmosphère urbain.
En raison de ces logiques, il serait souhaitable de retrouver,
au moyen de l'intervention publique, le rétablissement des territoires
par le canal de l'aménagement dudit territoire. Donner les moyens d'une
intervention forte c'est donner aux collectivités locales les moyens
d'agir, à la hauteur des compétences qui sont les leurs. Une
question de fond se pose : qu'est-ce qui amène fondamentalement
l'Etat à intervenir dans le jeu du marché ? Car, de
manière générale, s'il ne semble pas y avoir des
conceptions de l'intervention sur le plan spécifique des transports
urbains, l'analyse des théoriciens est en fait proposée au niveau
de l'économie dans son ensemble. Nous aborderons donc les raisons et les
modalités de cette intervention dans le cadre de notre travail et,
après avoir défini brièvement les notions de transport
urbain et de collectivité territoriale.
SECTION I : LES RAISONS DE L'INTERVENTION
PUBLIQUE
Dans le cadre de notre travail, il nous semble utile
d'expliquer les contours des notions de transports urbains et de
collectivité territoriale avant de donner la réponse à
notre question de fond posée un peu plus haut à savoir, ce qui
amène fondamentalement l'Etat à intervenir dans le jeu du
marché, marché symbolisé dans notre exemple par les
transports urbains de masse.
I- CONSIDERATIONS GENERALES SUR LES TRANSPORTS URBAINS
ET LES COLLECTIVITES TERRITORIALES
Nous examinerons ici ce que l'on entend
généralement par transport urbain et
collectivité territoriale.
1.1- SUR LES TRANSPORTS URBAINS
Le vocable transport est défini comme étant
« le déplacement de personnes ou de choses, sur une assez
longue distance, par des moyens spéciaux »19(*). L'originalité de cette
définition relève des contours de cette notion qui sont
différents selon d'une part, l'objet transporté et, d'autre part,
selon la distance à parcourir, ou encore selon les moyens ou les modes
utilisés. L'on distingue à cet effet :
- le transport de personnes ou de marchandises, selon la
nature de l'objet,
- le transport local, urbain, interurbain, régional,
national... selon la distance,
- le transport routier, ferroviaire, aérien, fluvial,
maritime...selon le mode utilisé.
L'usage de ces différents modes de transport fait
ressortir la notion de mobilité. De sorte que la mobilité peut
être définie comme étant la possibilité et le fait,
pour une personne, de se déplacer, ou de déplacer une chose dans
l'espace (entre une origine et une destination), dans le temps (avec une
certaine vitesse), pour différents motifs et besoins de
déplacement et avec différents modes agissant sur des
réseaux adaptés ou encore le nombre moyen de déplacements
effectués par une personne au cours d'une journée.
Nous ne nous intéressons, dans le cadre de notre
étude, qu'aux transports urbains collectifs de personnes. En
dernière analyse, le transport urbain n'est autre chose qu'une
distinction spécifique du transport effectué au sein d'une
agglomération.
1.2- LES COLLECTIVITES TERRITORIALES
Une collectivité territoriale est
considérée comme un ensemble de personnes liées par une
organisation et des intérêts communs. Sur le plan juridique, il
s'agit d'une circonscription administrative ayant la personnalité morale
(les communes, les départements et les régions). Les
collectivités territoriales au Cameroun, ont subi plusieurs mutations
dues au rythme de l'évolution politique. A titre d'illustration, la
communauté urbaine de Douala a endossé, tour à tour, le
titre de commune mixte et, suite à l'évolution de sa population,
est devenue une commune de plein exercice (1956) puis finalement une commune
d'arrondissement (1987).
Sur le plan historique, d'après Bernard MOREL
(2008)20(*), la notion de
collectivité territoriale est récente. Depuis quelques
années, on assiste à un véritable mouvement de
recomposition des territoires. La dénomination traditionnelle (Etat,
Département ; Communes) est remise en question. Les
Collectivités Territoriales s'inscrivent dans le cadre
général du processus de décentralisation amorcé
depuis 1982 par le président F.MITTERAND. En France, par exemple,
quelques lois ont contribué à la naissance des
Collectivités Territoriales notamment, la loi sur les
intercommunalités du 12/07/1999, la Loi sur la Solidarité et le
Renouvellement Urbain (SRU) de 2000, la loi d'orientation d'aménagement
et du développement du territoire du 21/06/1999. Ces mesures ne sont que
des conséquences de l'internalisation des échanges et de la
globalisation. A cet effet, on peut qualifier les Collectivités
Territoriales comme une forme de démocratie de proximité. En ce
sens, la conception traditionnelle de l'Etat qui regroupait tout en son centre
et, un peu méfiant à l'égard des pouvoirs locaux,
connaît une rupture. Les Collectivités Territoriales s'inscrivent
dans un double objectif d'efficacité dans la gestion et d'avancée
démocratique. Elles consistent à rapprocher l'administration des
citoyens, ou encore le pouvoir décisionnel des territoires.
Au Cameroun, par exemple, l'expression
« Collectivité Territoriale
Décentralisée » (ou C.T.D.) sera initiée par la
loi n° 2004/018 du 22/07/04, loi fixant les règles applicables aux
communes, qui donne dans son titre III, les compétences
transférées aux communes (Annexe 1
infra). Les notions de transports urbains et de collectivité
territoriale étant ainsi définies, nous abordons à
présent les raisons de l'intervention publique dans le fonctionnement
des transports urbains.
II- LES RAISONS DE L'INTERVENTION PUBLIQUE
Dans le cadre général interventionniste, l'Etat
est une entité supérieure aux individus qui composent le groupe
social et totalement distincte d'eux. Par conséquent, il est
guidé par l'intérêt général. Et, en nous
référant à l'économie du bien-être qui se
préoccupe de savoir dans quelles conditions on peut assurer le maximum
de satisfaction aux individus qui composent la société d'une
part, et, d'autre part, le transport étant un service collectif, il s'en
dégage une question essentielle, à savoir « qu'est-ce
qui peut fondamentalement amener l'Etat à intervenir dans le jeu du
marché du transport collectif urbain » ? De la même
manière, quelles approches économiques pourraient illustrer ces
raisons ?
II. 1- L'APPROCHE LIBERALE
La vision libérale considère qu'il faut
créer une fluidité aussi grande que possible, permettant la libre
circulation des hommes, des biens et des marchandises et capitaux. A cet effet,
l'Etat doit donc éviter de perturber par son action la formation d'un
équilibre dans un marché concurrentiel. L'Etat doit assurer sa
fonction régalienne (justice, armée, police...) et permettre une
organisation des marchés libres. Son intervention ne pouvant se faire,
au mieux, que dans des circonstances et secteurs bien délimités.
Nous examinons, tour à tour, les apports d'A. SMITH (1776) et de
H.J.ARROW (1963), de P. SAMUELSON (1954) et de R.A. MUSGRAVE (1759).
II.1.1- La conception d'A. SMITH ou la
nécessité de « l'Etat pompier de
secours »
Adam SMITH (1776)21(*) est en effet un partisan du libéralisme et
condamne l'intervention gouvernementale d'un premier abord. Pour lui, les
hommes doivent se livrer à l'activité qui domine leur vie au
moyen de l'échange. A cet effet, le marché demeure le lieu
où cohabitent des intérêts opposés, la division du
travail le rendant plus efficace et accroissant les richesses à
échanger. Cependant, le libéralisme de SMITH signifie que
l'économie, fonctionnant suivant la recherche de l'intérêt
privé et, au moyen de l'échange, parvient à l'obtention de
l'intérêt général : c'est ce processus qui aura
d'ailleurs aussi été considéré comme le
phénomène de la « main
invisible ».
D'après l'auteur, l'Etat existe et est même
indispensable puisque les hommes en société ont besoin d'une
entité située au dessus de leurs passions et
intérêts particuliers. Il insiste sur le fait que l'Etat est
instauré pour défendre les riches contre les pauvres. L'Etat est
qualifié « d'Etat gendarme » qui sert à
rassurer les propriétaires et tous ceux qui oeuvrent à
l'accroissement des richesses de la société et qui craignent les
désordres sociaux. Cette nécessité de l'intervention
publique conduit au regroupement des individus en nations.
Même si l'oeuvre d'A. SMITH n'est pas la
première à s'intéresser à l'Etat, elle n'en demeure
pas moins fondamentale. Le marché est une donnée
irremplaçable, et l'Etat ne peut être conçu, au mieux, que
comme un « pompier ». Le point de départ de
l'analyse sur l'Etat est en effet la supériorité du marché
de concurrence. Car, estime l'auteur, c'est la recherche de
l'intérêt individuel, via le marché, qui est le meilleur
moyen de garantir le bien-être à tous. On y retrouve d'ailleurs
là, les bienfaits de la fameuse « main invisible ».
Et, à priori, il ne reste donc aucune place à l'Etat.
Cependant, certaines fonctions nécessaires du
déroulement efficient de l'économie de marché peuvent ne
pas être assumées de façon spontanée et, il convient
alors d'envisager l'intervention de l'Etat, dans ce strict cas, et
celui-là seulement. Et pour se faire, l'auteur distingue d'ailleurs deux
sortes de dépenses envisageables qui devraient justifier l'intervention
de l'Etat, à savoir :
· le cas des dépenses relatives aux devoirs de
tout souverain c'est-à-dire, permettant d'assumer les fonctions
régaliennes de l'Etat (justice, sécurité,....), et
· le cas des dépenses plus complexes en
infrastructures (travaux publics, ponts, routes,...).
Mais, à travers ce raisonnement, deux situations sont
envisageables selon Adam SMITH c'est-à-dire :
1)- celle des biens et services qu'il est impossible de
produire dans les conditions de marché : on est alors en
présence des biens collectifs, et
2)- celle des situations où la production est
techniquement concevable, mais dont les individus n'accepteront pas
d'acquérir les résultats, même si c'est leur
intérêt.
En d'autres termes, comme le souligne J.R. ESSOMBE EDIMO (2008
b), « l'on trouve donc chez A. SMITH deux fondements de
l'intervention publique c'est-à-dire, les situations où,
pour des raisons économiques, aucun agent n'est disposé à
s'investir dans les activités utiles du point de vue de la
collectivité (cas des travaux publics), et les situations où les
individus n'entendent pas valoriser leurs consommations au taux requis, faute
de prévoir les effets positifs qu'ils en retireront à terme
(c'est le cas, pour A. SMITH, de
l'éducation....) »22(*).
Rappelons, par ailleurs, que les services publics (transports
en commun,...) sont par essence des biens publics. Et l'on admet
généralement que, par opposition aux biens privés, les
biens publics23(*)
présentent trois caractéristiques qui sont :
· le critère de non rivalité,
c'est-à-dire que leur usage par un agent ne réduit pas leur
consommation par les autres agents,
· le critère de la non exclusion,
c'est-à-dire qu'aucun paiement direct n'est exigé en
contrepartie de leur usage, et
· ils sont sans effet d'encombrement, puisqu'en
effet, il y a effet d'encombrement lorsque le niveau de satisfaction qu'un
agent retire de la consommation d'un bien public dépend de celle des
autres usagers.
II.1.2- L'apport de l'économie
néoclassique du bien-être
Sans rentrer dans beaucoup de détails conceptuels, on
peut retenir, par exemple, les apports d'H.J.ARROW (1963), P. SAMUELSON (1954)
et R.A.MUSGRAVE (1759). La démarche générale de ces
auteurs peut être largement résumée en trois mouvements.
· Dans un premier temps, ces théoriciens montrent
que si le marché maximise le bien-être des agents
économiques, il peut néanmoins être tenu en échec
dans certaines situations. Dans ce cas, un autre système d'allocation
doit alors être envisagé c'est-à-dire, l'Etat. Car, ce
dernier a l'avantage à la fois, de pouvoir imposer la même
situation à tous et, de séparer le problème de
l'allocation de celui de son financement : c'est ce qu'on appelle le
Théorème de dualité.
· Dans un second temps, on identifie ces situations au
nombre de quatre c'est-à-dire, les biens collectifs, les effets
externes, le coût marginal décroissant et, le monopole. On
déduit ensuite des demandes correspondantes et des types
d'équilibres à réaliser pour que l'allocation soit
optimale.
· Dans un troisième temps, on cherche à
savoir si les processus de décisions collectifs peuvent conduire
à ces équilibres. On peut citer ici la fonction d'utilité
collective ou « l'optimum social réalisable » de J.
BENTHAM (1789) ou J. RAWLS (1971), par exemple.
De façon générale, le problème
posé au planificateur (ou au décideur public), tant pour
l'économie entière que pour des secteurs particuliers de celle-ci
comme les transports collectifs, par exemple, consiste à construire une
fonction d'utilité collective qui reflète ses jugements de valeur
sur la société, et qui tienne compte des
préférences individuelles (ou les individus composant la
société entière). Chaque agent en tant que consommateur
est concerné par l'utilité que lui procure son panier de biens.
Et, en tant que citoyen, il peut également trouver dans sa participation
à un système démocratique, par exemple, un motif de
satisfaction. Ce sont donc tous ces éléments que la fonction
d'utilité collective est censée représenter.
Elle peut d'ailleurs être illustrée par une
famille de courbes d'indifférence collective et qui représentent
les combinaisons d'utilités individuelles qui donnent lieu au même
niveau d'utilité collective. Dans ce contexte aussi, la recherche
d'un optimum social réalisable revient donc à maximiser
cette fonction d'utilité collective sous la contrainte définie
par l'ensemble des utilités sociales accessibles. Le
Graphique 1 ci-après illustre, du reste, les
différentes situations qui en découlent à partir des
« frontières des possibles » de PARETO.
Graphique 1 : Les
frontières du possible :
P1
P2
P3
P4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
optimum de premier rang
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
optimum de second rang
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
O
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
U1
|
|
U : utilité
|
P : prix
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ce Graphique 1 montre ainsi que
« la frontière des possibles » des utilités
sociales correspond au lieu géométrique représentant le
niveau d'utilité maximum qu'un des agents peut atteindre, pour chaque
niveau donné d'utilité de l'autre agent. Dans ce contexte, cette
frontière est optimale dans le sens de PARETO. Il en découle donc
aussi que :
· tout point situé sur cette frontière est
dit optimum de premier rang,
· et que, si d'autres contraintes s'y ajoutent (taxes,
impôts,....), le planificateur ne peut se fixer comme optimum atteignable
que l'optimum de second rang.
En conclusion, l'approche libérale aboutit, pour
l'économie tout comme pour la société dans son ensemble,
à l'idée d'après laquelle la recherche du bien-être
des individus passe par l'observation de deux théorèmes
fondamentaux, à savoir :
· le premier théorème du
bien-être, qui est la traduction de la « main
invisible » de A. SMITH (1776, op. Cit.) et qui, en coordonnant les
actions des agents dans une économie de concurrence, permet à
cette dernière d'atteindre un état efficient. Car en d'autres
termes, la poursuite des fins individuelles est nécessairement en accord
avec l'intérêt général ;
· le second théorème du
bien-être d'après lequel, sous certaines conditions et
grâce aux mécanismes du marché, l'économie peut
atteindre un objectif fixé, à priori, d'optimalité,
autrement dit, le marché permet d'atteindre n'importe quelle allocation
socialement acceptable et ce, même si la répartition initiale des
ressources (entre les individus notamment) est inappropriée.
II.2- DE « L'INTERVENTION
RAISONNEE » A « L'ETAT PROVIDENCE »
Outre la vision libérale précédemment
évoquée en effet, il existe d'autres approches conceptuelles
justifiant l'intervention de l'Etat. Nous retiendrons plus
particulièrement ici l'apport de J.M. KEYNES (1971).
II.2.1- « L'intervention
raisonnée »
En outre, la définition économique des biens
distingue à la fois des biens et des services qui sont des biens
immatériels notamment, le transport, l'adduction d'eau, la collecte des
déchets. Et la plupart de ces services sont qualifiés de services
en réseau qui, par leurs caractéristiques (leur production
dépend des infrastructures et de la superstructure), nécessitent
une autre vision de l'intervention publique en terme de
« l'intervention raisonnée ».
Ainsi, il existe des biens utiles aux consommateurs mais dont
la fabrication ne sera pas entreprise, faute pour leurs producteurs de pouvoir
réaliser les bénéfices : l'Etat qui peut couvrir les
pertes par les impôts est donc mieux placé pour entreprendre ces
productions utiles (transports publics, routes, ...). Ainsi, certains de ces
biens ne sont pas seulement publics plutôt que privés, ils
correspondent à une nouvelle catégorie de biens
jusque-là non analysés par la théorie économique,
à savoir par exemple « les biens
indivisibles ». Les modalités de fixation de prix sont
différentes de celle des autres biens, puisque plusieurs consommateurs
peuvent utiliser en même temps la même quantité.
A côté de cette approche de « biens
indivisibles » justifiant une intervention de l'Etat, l'on a aussi la
démarche proposée par J.M. KEYNES (1971a) et qui sera à la
base du basculement vers l'Etat-providence.
II.2.2- Vers un Etat providence avec J.M.
KEYNES
L'oeuvre de KEYNES (1971a, op. Cit. ) est
considérée à juste titre comme majeure
c'est-à-dire, comme ayant réintroduit véritablement l'Etat
au sein de l'analyse économique. Mais il faut dire aussi que l'auteur de
la « Théorie Générale de l'Emploi et de la
Monnaie »24(*) s'est concentré plus particulièrement
sur le rôle de stabilisation des dépenses publiques et, seulement,
ponctuellement sur leur rôle redistributif et, fort peu d'ailleurs, sur
leur fonction d'allocation.
Le raisonnement qui, de manière générale,
justifie l'intervention publique et son extension repose sur le principe de
la demande effective. Car, pour KEYNES, ce n'est pas le niveau de
l'offre qui détermine celui de la demande mais l'inverse. Par ailleurs,
rien ne garantit que ce niveau assure le plein emploi des ressources
disponibles dans l'économie, à commencer par les ressources
humaines. Ce qui signifiait que l'on peut avoir un équilibre durable de
sous-emploi là où, pour D. RICARDO (1971), le
« laisser-faire » et le
« laissez-passer » débouchaient sur un
équilibre de plein emploi.
Mais pour KEYNES, qui estime que la rigidité des
salaires complique la situation, le principal problème à
résoudre réside dans la hausse de la propension à
épargner, la préférence excessive pour la liquidité
et la faiblesse de l'efficacité marginale du capital. Puisque la
première déprime la consommation, la seconde relève le
coût du capital comme la dernière réduit l'attrait de
l'investissement.
Toutefois, si l'analyse de KEYNES sur un plan
général fut prestigieuse, les malentendus n'en furent que plus
grands. Une chose est en effet de comprendre le sens du paradigme
keynésien, à savoir que : « tout
déséquilibre économique global met en cause des
stratégies de l'Etat », une autre est de transposer des
recettes secrétées dans un contexte économique
donné dans toutes les autres circonstances, notamment, celle inconnue
alors de l'économie ouverte, ou encore celle de l'économie
sous-développée. Dans ses « Notes sur la
philosophie sociale à laquelle la Théorie Générale
peut conduire »25(*), KEYNES ira d'ailleurs au terme de sa pensée.
La société de marché (et pas seulement l'économie
prise au sens étroit) rencontre de nombreux déséquilibres.
Et on doit y faire face en utilisant toutes les possibilités qu'offre un
centre de décisions unifié, plus encore qu'un appareil de
contraintes. L'économie de marché étant
décentralisée par essence, elle a du mal à apporter des
solutions à des problèmes qui exigent une coordination ex
ante des différents agents.
L'analyse de KEYNES aura toutefois été reconnue
comme celle de l'intervention justifiée de l'Etat dans
l'économie. Se faisant le plus souvent d'ailleurs dans divers secteurs
de celle-ci (dont les transports en commun, ...), l'apport de l'auteur est
généralement assimilé à la mise en place de
« l'Etat providence ».
Si l'on attend de l'Etat un rôle interventionniste en
matière sociale en général, une politique structurelle des
transports urbains doit agir sur la croissance de la ville de Douala. Le
rôle régulateur des pouvoirs publics dans le fonctionnement des
transports urbains dans la ville de Douala peut se justifier
théoriquement par les défaillances de ce secteur (faiblesse
générale de l'offre, demande de plus en plus croissante) qui
empêchent l'aboutissement à une solution optimale en terme de
bien-être pour toute la population locale. Cependant, connaissant la
faiblesse des moyens de la collectivité, on peut se demander si les
coûts générés par la collectivité pour
compenser ces faiblesses ne seraient pas énormes et, surtout, quelle en
serait la provenance ou la source. Toujours est-il que, de nos jours, la crise
de transports urbains26(*)nécessite une intervention publique pour
corriger les imperfections de ce secteur, la condition nécessaire
étant que la force publique soit susceptible de faire mieux que ce qui
est fait par la simple régulation par le marché. D'autant que la
demande en transports collectifs urbains est aussi une demande sociale et
citoyenne.
Enfin, reste qu'il ne suffit pas seulement de justifier de
façon théorique l'intervention de l'Etat, il faut aussi en
présenter les modalités, notamment, en matière de
transports.
SECTION II : LES MODALITES DE L'INTERVENTION
PUBLIQUE
L'Etat étant guidé par l'intérêt
général, l'approche interventionniste assigne à ce dernier
plusieurs fonctions dont les trois principales sont :
· Une fonction de réallocation des ressources en
cas de défaillances des marchés (comme c'est le cas du
marché des transports urbains à Douala),
· une fonction de redistribution des revenus pour
combattre les inégalités par la répartition primaire,
et
· une fonction de régulation de l'activité
des transports.
En effet, dans les conditions pour la loi de l'offre et de la
demande du transport, figure la condition de libre entrée et sortie sur
le marché, les transports urbains évoluant dans un système
de concurrence pure et parfaite.
L'intervention que vise la force publique en matière de
transport c'est de faire mieux. Mais, selon quel critère ? Etant
donné la rareté des ressources disponibles, situation qui risque
d'être pire avec l'avènement de la crise financière
mondiale, et en raison de la diversité des moyens à employer,
l'intervention publique aura donc pour but :
· de coordonner les actions des différents modes,
les mécanismes du marché ne parvenant pas à le faire,
et
· de rechercher un équilibre du marché vu
les défaillances, au travers d'une politique d'allocation des
ressources.
L'intervention publique joue à cet effet plusieurs
rôles. Et, généralement, on en dénombre au
moins trois, à savoir:
· un rôle incitatif c'est-à-dire, qui vise
à améliorer la performance du système de marché des
transports urbains dans la ville de Douala,
· un rôle productif visant à opérer
parallèlement à ce que réalise le marché des
transports urbains actuellement à Douala, et
· un rôle distributif c'est-à-dire, qui tend
à corriger les inégalités sociales.
II.1- LES INTERVENTIONS INCITATIVES
Ce sont des interventions qui proviennent de l'idée
selon laquelle la logique du marché conduit à des
résultats bénéfiques pour la collectivité. Les
résultats bénéfiques symbolisent à ce niveau
l'efficacité économique. Généralement, ces
interventions touchent, dans le cadre de notre étude, l'organisation du
marché des transports urbains et, notamment, la promotion de la
concurrence et le contrôle des monopoles. Suivant l'idée selon
laquelle la logique du marché conduit à l'efficacité
économique qui n'est autre que l'interprétation de
l'équilibre général de L. WALRAS27(*). Le souci de l'Etat c'est de
voir le marché réaliser cette performance. Ce qui l'amène
à mettre sur pied une politique d'organisation des marchés des
transports urbains, à promouvoir la concurrence au sein dudit
marché et à assurer un contrôle des monopoles.
II.1.1-Politique d'organisation du marché par la
force publique
L'organisation du marché des transports urbains
consiste à favoriser l'existence et le bon fonctionnement de ce dernier.
La tâche semble aisée lorsqu'il s'agit d'un marché
légal, mais l'ambiguïté naît lorsque le marché
est qualifié d'informel comme c'est le cas au Cameroun où le
transport urbain est envahi par le secteur informel. A Douala, plus de la
moitié des taxis sont en situation irrégulière28(*). D'après le
Secrétaire Général de SYNATAW (Syndicat Autonome des Taxis
du Wouri), environ 5000 taxis jaunes agissent dans l'informel, ceci dans le but
d'éviter de payer les taxes et, 4500 taxis sont en situation
régulière. Le parc des minibus est estimé entre 530 et
560, celui des motos taxis est estimé à 50 000. De
même que l'on compte 70 bus de la SOCATUR29(*). L'une des caractéristiques de l'informel est
le fait que leurs transactions sont bilatérales. Dans ce cas,
l'intervention publique dans leur fonctionnement concerne les conditions
juridiques dans lesquelles se passent les contrats le plus souvent verbaux, qui
déterminent le droit civil et surtout commercial.
Organiser le marché signifie permettre que toute
transaction, conjointement sollicitée par les parties puisse avoir lieu,
dans les termes et aux prix conçus mutuellement avec le moins
d'obstacles à l'information et à la communication. Mais, cela
peut comporter d'autres mesures telles que l'instauration de l'obligation
d'affichage des prix pratiqués (prix des pompes à essence), la
publication de ceux-ci dans les journaux. En bref, c'est l'autorité
publique qui réglemente les prix (200francs pour le taxi en
journée, 150 francs pour le bus...). Dans la réalité, les
prix observés sont négociables et sont pratiqués soit
à la hausse, soit à la baisse. On dira qu'ils sont flexibles
selon les forces de l'offre et de la demande.
A ces politiques d'organisation du marché, il convient
d'ailleurs d'ajouter « les politiques de promotion de la
concurrence ». En effet, Le marché de
concurrence est un marché aux multiples critères et parmi
lesquels la libre entrée et sortie des opérateurs. A cet effet,
l'intervention publique n'est valable que sous certaines conditions. Promouvoir
la concurrence s'avère important dans la mesure où les
instruments légaux sont matérialisés dans un ensemble de
règles. Au niveau de la réglementation, sur le plan national on
cite, par exemple, le paiement de la vignette, carte grise, licence, assurance,
permis de conduire, impôt libératoire, plaque d'immatriculation,
taxe de stationnement, visite technique...
II.1.2- Politique de contrôle des
monopoles
Si la production se fait à rendements d'échelle
croissants, il est inutile dans ce cas d'espérer que la concurrence
conduise à l'efficacité économique. Dans ce cas, la
concurrence entraîne la concentration de la production aux mains d'un
petit nombre de producteurs et parfois d'un seul. La structure du marché
est alors oligopolistique ou monopoliste, induisant des équilibres dans
lesquels les prix sont supérieurs aux coûts marginaux (J.GENEREUX,
2006, op.cit.). Promouvoir la concurrence dans ce cas n'est pas une solution
appropriée pour atteindre l'équilibre. Par ailleurs,
au-delà de cet inconvénient, le monopole confère un
pouvoir social, voire politique, à son détenteur. Le monopoleur
occupant une position privilégiée dans la communauté
devient un danger permanent. Lorsqu'ils sont conscients de ces faits, les Etats
ont recours à divers types de politiques alternatives :
· soit par la réglementation des prix
c'est-à dire, que l'autorité fixe le prix maximum, et deux
objections se présentent, à savoir d'une part, comment
l'autorité peut-elle arriver à connaître avec
précision la courbe de coût marginale de la firme, et de la
demande, et d'autre part, lorsque la courbe du coût moyen est
décroissante pour la production correspondant à l'intersection du
coût marginal avec la demande,
· soit par la taxation des profits, et à ce
niveau, l'autorité peut frapper le monopoleur d'une taxe sur son profit
comme c'est le cas de l'impôt des sociétés au Cameroun,
l'objectif étant d'assurer l'efficacité économique,
· soit par la nationalisation des monopoles qui est
l'acte par lequel l'Etat enlève aux propriétaires d'une
entreprise leur droit de propriété et leur offre, et dès
lors, il s'agit d'un transfert à la collectivité de la
propriété de certains moyens de production appartenant à
des particuliers, en vue de mieux servir l'intérêt public.
Par une telle mesure, l'Etat prend la direction de
l'entreprise et remplace, s'il le juge nécessaire, l'objectif de
maximisation du profit par d'autres objectifs plus ou moins définis
selon les cas.
II.2- LES INTERVENTIONS PRODUCTIVES ET
REDISTRIBUTIVES
Toutefois, il existe également d'autres types
d'interventions à savoir les interventions productives et les
interventions redistributives et qu'il convient également de
présenter.
II.2.1- Le cas des interventions productives
Cette catégorie d'interventions correspond à une
situation dans laquelle l'autorité publique joue elle-même le
rôle de producteur. Nous distinguerons quatre situations à
savoir :
· la situation pour laquelle la production publique est
en concurrence avec le secteur privé, et dans ce cas, l'autorité
intervient au moyen soit, de la fixation d'un prix, soit par la taxation des
profits, soit par la nationalisation,
· la situation pour laquelle la production publique est
en position de monopole, ou encore les grands services publics. Et ici,
l'observation de la vie économique fait constater que dans certains
secteurs, la production est uniquement publique et l'entreprise d'Etat qui
l'assure est en situation de monopole, c'est le cas des transports urbains, par
exemple, en Europe Occidentale, des chemins de fer et de la distribution de
l'eau ou la distribution du gaz et de l'électricité,
· le cas où la production publique se fait par des
concessions et commandes, et dans cette situation, l'Etat fait produire
à son compte divers biens et services par les entreprises
privées, cas du mobilier des bureaux ou du matériel militaire,
des fournitures comme des bâtiments, des routes et autoroutes, des canaux
ou installations portuaires ; en ce qui concerne les commandes, l'Etat
joue le rôle d'acheteur et sa demande ne peut que s'ajouter à
celle des agents privés, et
· par la fourniture des biens collectifs.
En définitive, l'intervention productive ainsi
conçue, pose à l'analyse économique un problème
fondamental qui n'est autre que celui de l'hypothèse du comportement
qu'il convient d'adopter pour expliquer les décisions des agents
économiques dans ce secteur. En ce qui concerne la production
privée, l'objectif est la maximisation du profit alors que dans le
secteur public, s'il y a profit, il est versé au budget
général de l'Etat, les dirigeants étant
rémunérés sur la base des salaires mensuels. L'objectif
n'est plus la maximisation du profit mais, plus généralement, la
recherche de l'intérêt général.
II.2.2- En ce qui concerne les interventions
redistributives
Dans une économie de marché, l'origine des
revenus des individus se trouve dans la rémunération des facteurs
de production dont ils sont détenteurs. Par ailleurs, le montant de
chaque revenu dépend du caractère productif en fonction de la
productivité marginale et au niveau déterminé par
l'équilibre du marché. Or, les facteurs faibles ne peuvent
engendrer de faibles revenus et les grands facteurs, les gros revenus. Ces
différences dans la propriété et la productivité
impliquent la formation des rémunérations par la logique des
productivités marginales des facteurs et entraînent des
divergences entre les revenus obtenus par les personnes. Le rôle de
l'Etat ici, c'est sinon de supprimer, du moins d'atténuer les injustices
sociales. L'intervention redistributive consiste à combler cette lacune
qui peut donc se faire soit par l'impôt direct, soit par les transferts.
L'impôt direct et les transferts sont les principaux
instruments par lesquels l'Etat peut jouer son rôle redistributif. D'un
côté, au moyen du barème d'imposition, il
prélève une part de revenu de chaque ménage (impôt
des personnes physiques) et du profit de chaque entreprise (impôt des
sociétés). Le produit de ces prélèvements, auxquels
s'ajoute celui d'autres impôts, est utilisé de l'autre
côté, par l'Etat non seulement pour financer l'ensemble des
activités (construction des infrastructures...), mais aussi sous forme
de subventions directes appelées transferts, à ceux qui en ont
besoin (par exemple des allocations aux plus démunis lors des
catastrophes naturelles, subventions aux organismes de la
sécurité sociale (paiement des personnes plus
âgées))
Ainsi donc, au travers de l'impôt direct et des
transferts, l'objectif de la force publique est double C'est-à-dire,
d'une part, celui de l'équité et, d'autre part, celui d'un
fonctionnement plus efficace de l'économie.
Ajoutons enfin que même si elle n'a pas, à
proprement parler, proposé une théorie des transports collectifs,
l'économie spatiale n'en donne pas moins une conception
intéressante. Cette analyse de la Science Economique où l'espace
(ou le territoire) est constitué en objet d'analyse et pour laquelle le
transport aura d'abord été lié à la distance, ce
qui par conséquent engendre un coût (A.LOSCH, 1940 ; A.
WEBER, 1909), propose le transport aujourd'hui à la fois, comme un
instrument de la connexion nécessaire des producteurs et des agents
économiques en réseau et, par temps de mondialisation, comme une
des « ressources
territorialement construites»30(*) en vue de maximiser l'attractivité d'un
espace. De nombreuses analyses effectuées dans le cadre du
« développement situé » montrent en effet
comment le fonctionnement efficace des transports collectifs sur un territoire
participe de cette dynamique des acteurs locaux réunis autour du projet
de construction de leur espace vécu et où, le territoire
« plus qu'un cadre muet, devient finalement un véritable
support des relations sociales »31(*).
Conclusion du chapitre 1
.
En définitive, ce chapitre nous a permis
d'évoquer les raisons et les modalités de l'intervention publique
et l'accent aura été mis sur les transports urbains. Nous avons
ainsi abordé avec plus de détails le pourquoi et le
comment de chacune des catégories d'intervention publique et,
surtout, les objectifs de l'Etat dans toutes ces catégories
d'interventions.
Sur le plan strictement théorique, l'on a pu voir que
l'intervention de l'Etat aura été conçue soit comme devant
être extrêmement limitée (c'est-à-dire, se manifester
uniquement dans un cadre strictement restreint afin de ne pas nuire à la
concurrence), soit alors se diluer dans tous les secteurs de l'économie,
de manière à soutenir les biens collectifs, et le bien-être
des populations. Tout comme l'on considère, de plus en plus, l'existence
d'un transport collectif efficace sur un espace comme ces ressources
territorialement construites et qui contribuent à l'attractivité
économique d'un territoire.
Après avoir analysé toutes ces notions ainsi que
les objectifs visés, il convient à présent d'examiner le
cadre réglementaire de cette intervention dans les transports urbains au
Cameroun.
CHAPITRE 2 : CADRE REGLEMENTAIRE DE
L'INTERVENTION PUBLIQUE DANS LES TRANSPORTS URBAINS AU CAMEROUN.
|
Le marché des transports est un secteur très
vaste au Cameroun, et qui fait intervenir différents acteurs. Par
ailleurs, l'on doit aussi tenir compte des coûts qu'il engendre. Et ces
coûts ne prennent pas seulement en compte celui que paie l'usager
(dépenses de l'automobiliste ou coût monétaire), mais aussi
des coûts non monétaires supportés par les usagers (temps
de transport), ou encore des coûts supportés par les autres
utilisateurs de la collectivité (dépenses d'infrastructures,
insécurité ou coûts subis par l'environnement). En ce qui
concerne l'organisation et la réglementation, différentes
organisations interviennent dans la gestion, la régulation et
l'exploitation des transports routiers urbains. C'est en raison de ces
différents facteurs que la jurisprudence a élaboré un
cadre prédéfini en vue d'assurer le bon déroulement des
activités de transports urbains. Nous examinerons, tour à tour,
les différents acteurs et leur rôle respectif ainsi que les
politiques gouvernementales y afférentes.
SECTION I : LES ACTEURS DE LA REGULATION
DES TRANSPORTS URBAINS AU CAMEROUN
De manière générale, deux domaines
sous-tendent les compétences institutionnelles dans le domaine des
transports urbains au Cameroun, à savoir le cadre organisationnel et le
cadre réglementaire. On retrouve à cet effet, différents
acteurs qui interviennent soit dans le fonctionnement, soit dans la
régulation ou alors dans l'exploitation des transports routiers
urbains.
I- LE CADRE ORGANISATIONNEL DES TRANSPORTS
URBAINS
On retrouve ici différents acteurs
institutionnels qui sont soit des ministères, soit des organismes
divers.
I.1-LE ROLE DES INSTITUTIONS MINISTERIELLES
On distingue ainsi :
· Le Ministère du Développement Urbain et
de l'Habitat, qui participe à l'élaboration et à la mise
en oeuvre de la politique de transport urbain au niveau national ; il est
chargé de la mise de l'application de la réglementation des
transports urbains selon la loi, de l'étude des plans de transports, de
l'organisation du trafic urbain, de la planification des différents
modes, de l'amélioration de la circulation, du stationnement, et
établit les documents de planification en matière d'urbanisme et
l'occupation des sols ;
· Le Ministère des Transports chargé de
l'élaboration et de la mise en oeuvre de la politique en matière
de transport terrestres, de leur coordination, de la conception et de
l'application de la réglementation de ces derniers, et qui intervient
par l'entremise de deux principales fonctions dont les modalités de
fonctionnement sont celles définies par le décret
présidentiel N°2005 /173 du 26 mai 2005, ces principales
fonctions sont :
1) la division des Transports terrestres, chargée de
la conception, de l'élaboration et du suivi de la mise en oeuvre de la
politique du gouvernement en matière de transport terrestre ; de
l'élaboration et du suivi de l'application des programmes de formation
à la conduite automobile ; de la conception et du suivi de la mise
en oeuvre du schéma national en matière de prévention et
de sécurité en matière de transports terrestres et du
suivi des organismes et structures chargées desdits transports ;
2) les services déconcentrés comprenant les
Délégations Provinciales des transports et les
Délégations chargées de la supervision et de la
coordination des activités de l'ensemble des services du
Ministère des Transports dans chaque région et chaque
département notamment des gouverneurs des régions, des
préfets, des sous-préfets des arrondissements en tant que
représentant de la force publique sur les lieux. Ils émettent des
arrêtés réglementant la circulation et le stationnement des
véhicules sur la voie publique dans les villes ;
· Le Ministère des travaux publics qui assure la
maîtrise d'ouvrage des routes nationales même situées dans
le périmètre urbain ;
· La Délégation Générale de
la Sûreté Nationale représentée par la police
nationale ainsi que le Secrétariat d'Etat à la Défense
(gendarmerie nationale), intervenant au terme de police de circulation en
milieu urbain au travers du contrôle routier, régulation du
trafic, établissements des constats lors des accidents et des
procès verbaux ;
· Les Communautés Urbaines qui ont des
responsabilités plus élargies dans divers secteurs
d'activités du transport urbain, dont celui des transports terrestres
où elles interviennent dans l'entretien et la protection du patrimoine
routier (routes, signalisation routière, entretien...) ; elles
interviennent également dans l'organisation du trafic routier dans les
centres urbains notamment dans la construction et la gestion des gares
routières voyageurs, gares routières de fret, itinéraires
particuliers pour certains types de transports notamment du transport des
grumes, de marchandises dangereuses, ainsi que de la délivrance des
autorisations d'exploitation des terminaux routiers ;
· Dans un cadre restreint on peut citer le
Ministère de l'Administration Territoriale et de la
Décentralisation sous tutelle de ces collectivités publiques
locales, le Ministère de la Planification, de la Programmation et de
l'Aménagement du territoire chargé de l'élaboration du
budget d'investissements publics, le Ministère du Travail chargé
de la réglementation du travail.
I.2- PLACE ET RÔLE DE DIVERS AUTRES
ORGANISMES
A ces différents ministères, se joignent des
organismes intervenant également dans la gestion, la régulation
et l'exploitation des transports routiers. Il s'agit :
· du Conseil National des Transports routiers (CNTR),
organe consultatif placé sous l'autorité du Ministre
chargé des Transports, et qui est chargé de donner son avis sur
toutes les questions intéressant l'organisation, le fonctionnement et la
réglementation des transports routiers, ainsi que l'harmonisation des
intérêts des transporteurs routiers, des professionnels des autres
modes de transport public et fait des propositions à
l'élaboration de la politique nationale en matière de transports
routiers ainsi qu'à la programmation des investissements publics de ce
secteur, à la coordination des actions internationales en matière
de transports routiers, à la concertation entre les intervenants du
secteur des transports routiers, aux études et au programme de formation
nécessaire à une meilleure maîtrise de l'information et de
l'expertise dans le secteur des transports routiers,
· du Comité National de Sécurité
routière (CNSR), régi par le Décret n 99/724/pm du 25
août 1999, placé sous l'autorité du Ministre chargé
des Transports, qui étudie et propose au Ministre toutes mesures
susceptibles d'optimiser les actions de prévention et de
sécurité routières ; il est par ailleurs
chargé de l'élaboration du plan national de prévention et
de sécurité routière, de l'examen et de l'adoption du plan
d'action annuel de prévention et de sécurité
routières, de l'examen et de l'adoption du budget de la
prévention et de la sécurité routière, de la mise
en oeuvre et du suivi de l'exécution de l'exécution du plan
d'action de la prévention et de la sécurité
routière et finalement de la coordination des différentes
structures intervenant dans la prévention sécurité
routière,
· du fonds routier (FR) créé par la loi
N°96/07 du 08 avril 1996 portant protection du patrimoine national et est
régi par le décret N° 2005/239 du 24 juin 2005 qui en fixe
les modalités de fonctionnement ; c'est un établissement
public administratif (EPA) qui intervient dans le financement et le paiement
direct aux entreprises privées des prestations réalisées
dans le cadre des marchés passés après appel à
concurrence,
· des organismes du péage routier dont les
dispositions sont définies dans le décret N°98/013 du 28
janvier 1998 fixant les modalités de celui-ci sur certains axes
bitumés du réseau routier national ; il est à relever
que l'objectif du péage routier réside dans la collecte des fonds
destinés à l'entretien et à l'amélioration du
réseau routier,
· du pesage routier constitué à la fois du
comité interministériel de suivi des opérations du pesage
routier et du pesage proprement dit, dont la mission est de coordonner et de
suivre le déroulement des opérations de pesage routier sur le
territoire national, tandis que l'opération technique liée au
second est destinée à contrôler la conformité des
normes relatives au poids total autorisé en charge et à la charge
à l'essieu, pour tout véhicule dont le poids total en charge est
supérieur à 3.5 tonnes, en vue d'assurer la
longévité des routes,
· des organismes32(*) de visite technique assurant le contrôle
technique des véhicules, qui porte sur des éléments dont
la défectuosité peut dégrader les infrastructures
routières et par conséquent porter atteinte à la
sécurité des personnes, des biens ou de l'environnement,
· du Bureau de Gestion du Fret Terrestre Camerounais
(BGFT)33(*), organisme de
l'Etat créé par décision ministérielle, ayant pour
mission de collecter et d'afficher les offres et demandes de transport, de
veiller au respect des quotas de fret avec le Tchad et la Centrafrique, de
l'émission et de la délivrance et la signature des documents
obligatoires du transport, d'assister le ministère des transports pour
la mise en oeuvre des textes et instructions.
Notons par ailleurs, que dans les petites villes, notamment,
les communes rurales et les arrondissements où il n'y a pas de
communauté urbaine, ces missions sont confiées aux
représentations locales du Ministère de l'Administration
Territoriale et de la Décentralisation (sous-préfecture, mairies,
chefferies). On dénombre également les différents
syndicats des transporteurs, qui sont des organisations professionnelles ou
associations regroupant des adhérents dont l'objet est de
défendre leurs intérêts communs. On les retrouve dans des
secteurs tels que le transport de déménagement, ou encore les
secteurs funéraire, postal, urbain des taxis et autres, des minibus, des
motos- taxis, de personnes, de marchandises diverses ou dangereuses etc...
En définitive, l'organisation du transport urbain
relève de l'intervention de différents acteurs jouant chacun un
rôle bien précis. Il ne semble cependant y avoir de cadre
législatif clairement établi pour les prérogatives
allouées aux collectivités locales en matière de gestion
ou de participation à la gestion des structures de transports urbains.
Hormis le cadre organisationnel précédemment décrit, il
existe également le volet réglementation que nous allons examiner
dans les lignes qui suivent
II- LA REGLEMENTATION DES TRANSPORTS URBAINS AU
CAMEROUN
Celle-ci englobe le cadre règlementaire mis en place
par les autorités nationales ou les conventions internationales, ainsi
que celui résultant des accords des pays de la CEMAC.
II.1- LE CADRE REGLEMENTAIRE NATIONAL
Dans le cadre du transport routier, la réglementation
concerne :
· les poids et les dimensions des véhicules,
· les règles de circulation proprement dites ou
code de conduite,
· les restrictions éventuelles à la
circulation,
· l'accès à la profession de transporteur
et les conditions d'exercice de cette profession, ainsi que l'organisation du
marché,
· et la tarification des transports qui peut être
soit libre (fixée d'accord partie ou avec publicité des prix),
soit indicative (indication des prix de référence) ou alors
obligatoire (publication des prix s'imposant aux parties).
Sur le plan international, les transports routiers sont
régis par des conventions et codes communautaires, les actes uniformes
de l'OHADA (Organisation pour l'Harmonisation du Droit des Affaires en
Afrique), et des conventions autres ratifiées par les pays membre de
l'ONU (Organisation des Nations Unies). Parmi ces conventions, nous pouvons
citer :
· La convention34(*) du 13 avril 1999 en matière de transports
routiers entre la République du Tchad et la République du
Cameroun, statuant sur le transport routier des marchandises effectué
entre ces deux pays ou en transit sur le territoire de l'un ou de l'autre des
Etats, par des opérateurs nationaux au moyen des véhicules
immatriculés dans l'un ou l'autre des Etats contractants ;
· La convention du 22 décembre 1999 en
matière de transport terrestre de marchandises entre la
République du Cameroun et la République Centrafricaine, et la
différence avec celle de la République du Tchad intervient tout
simplement au niveau du bureau d'affrètement de l'autre Etat qui n'est
autre que la République Centrafricaine ;
· La Convention Inter-Etats35(*) des Transports Routiers de
Marchandises Diverses (CIETRMD), inspirée de la convention CMR pour les
transports routiers, et s'appliquant à tout contrat de transport de
marchandises par route à titre onéreux au moyen de
véhicules, lorsque le lieu de la prise en charge de la marchandise et le
lieu de la livraison sont situés dans deux pays dont l'un au moins est
un pays contractant dans la zone CEMAC ;
· La Convention Inter-Etat de Transport Multimodal de
Marchandises en Afrique Centrale est, quant à elle, basée sur les
règles CNUCED/CCI pour le transport multimodal et s'appliquant à
tous les contrats de transport multimodal entre les lieux situés dans
deux Etats si le lieu de la prise en charge des marchandises par l'entrepreneur
de transport multimodal, est prévu dans le contrat et est situé
dans un Etat contractant ; ou simplement si le lieu de livraison des
marchandises par l'entrepreneur de transport multimodal, est situé
également dans un Etat contractant.
II.2- LES REGLEMENTATIONS SUPPLEMENTAIRES DE LA
CEMAC
A l'arsenal législatif précédent, l'on
peut également ajouter l'existence de certains accords signés par
les Etats membres de la CEMAC, en ce qui concerne la réglementation des
transports par route des marchandises dangereuses.
Les dispositions du Code Communautaire de la Route (CCR) en
vigueur sur le territoire de la CEMAC, et ses annexes sont applicables à
tous les véhicules et engins immatriculés sur ce territoire, aux
conducteurs et passagers qui y circulent ainsi qu'à tous les usagers de
la route quelque soit leur nationalité. Elles régissent l'usage
des voies routières ouvertes à la circulation et s'appliquent
également aux conducteurs, passagers et véhicules
étrangers circulant sous la juridiction d'un Etat membre de la CEMAC
conformément aux accords de réciprocité passés par
un Etat membre et un Etat tiers en application des conventions
internationales.
L'Acte Uniforme du premier janvier 2003 par ailleurs relatif
aux contrats de transport de marchandise par route. Il s'applique à tout
contrat de transport de marchandises par route lorsque le lieu de prise en
charge de la marchandise et le lieu de livraison, tels qu'indiqués sur
le contrat, sont situés, soit sur le territoire d'un Etat faisant partie
de l'OHADA, soit sur le territoire de deux Etats différents dont l'un au
moins est membre de l'OHADA ; à l'exclusion du transport des
marchandises dangereuses, funéraires, de déménagement ou
des transports effectués en vertu des conventions postales
internationales.
Le transport routier, quoique représentant la part la
plus importante des activités de transport, reste encore inadapté
pour le transport des produits à haute densité tels que les
minerais sur des distances importantes. A cet effet, la
complémentarité se fait soit avec le transport ferroviaire, soit
avec les transports aérien ou maritime. L'on retient également
qu'en matière de transport urbain au Cameroun, le cadre
réglementaire est confus, bref il y a panachage de rôles et on ne
sait finalement qui détient le monopole de la décision finale en
cas de problèmes.
Une fois passé en revue les différents acteurs
chargés de la régulation des transports routiers en
général au Cameroun, et dans la sous région CEMAC, la
prochaine section donne pour sa part, l'occasion d'examiner plus en
détail, les politiques gouvernementales qui régissent les
transports routiers urbains au Cameroun.
SECTION II : LES POLITIQUES GOUVERNEMENTALES
La définition économique du transport fait de ce
dernier un service collectif36(*). Mais, en ce qui concerne le transport de voyageurs
ou d'entreprises de monopole naturel, ce service est qualifié de service
non marchand et, pour cette raison, l'intervention de l'Etat revêt
plusieurs formes institutionnelles. Dans le cadre du Cameroun, cette section
nous permet donc d'examiner ces différentes formes institutionnelles
dans le cadre des transports urbains de voyageurs. On distingue ainsi deux
formes, à savoir la régie directe et le régime de
concession.
I - LA REGIE DIRECTE
Une brève présentation du cadre
général de la notion de « régie »
s'impose avant d'aborder son aspect factuel à Douala.
I.1- PRESENTATION DU CADRE DE LA «
REGIE »
On parle de régie directe lorsque la gestion du service
est assurée par une structure indépendante, organisée par
l'administration sans contrat ni délégation à un tiers
d'une mission du service public. En ce qui concerne les transports urbains,
l'alternative c'est une régie publique desdits transports
c'est-à-dire, une entreprise dirigée par les représentants
d'une collectivité publique dont le but n'est pas la recherche du
profit, contrairement à celui d'une entreprise privée.
I.2- EBAUCHE DES FAITS POUR LA VILLE DE
DOUALA
En ce qui concerne les transports urbains dans la ville de
Douala, un partenariat public- privé a été signé
entre la SOCATUR, entreprise de transport collectif de masse, et la CUD. Dans
l'optique économique, ces différents actionnaires recherchent le
profit contrairement à la CUD, animée plutôt par la
recherche de l'intérêt général. Peut-on parler de
régie dans ce cas là ? En plus, une régie publique
doit être gérée de façon transparente
c'est-à-dire, que ses livres de compte sont ouverts aux citoyens sans
trucage, tel n'est pas le cas avec la SOCATUR. En outre, une régie
publique n'a pas à exploiter le personnel, elle doit assurer des
conditions satisfaisantes de rémunérations et de travail à
ses salariés, compatibles avec un service de qualité pour le
public. Une régie publique propose également des tarifs moins
élevés qu'un concessionnaire privé qui doit dégager
des profits pour ses actionnaires. C'est sur la base de ces profits que
l'entreprise privée doit payer l'impôt sur les
sociétés. Alors qu'une régie publique n'en paye pas sur
ses excédents possibles qui ne servent alors qu'à régler
l'investissement public.
Toutefois, il existe également un régime de
concession et qu'il convient aussi de présenter.
II- LE REGIME DE CONCESSION AU CAMEROUN
Là encore, la mise en exergue du cadre
général est nécessaire, avant d'aborder l'aspect factuel
pour la ville de Douala.
II.1- UN APERCU DU CADRE GENERAL
La concession est un contrat par lequel une autorité
publique charge une personne privée de l'exploitation du service public
pour une durée donnée avec de part et d'autre des obligations
pour les deux parties.
Historiquement, la notion de concession provient de ce qu'on a
appelé circulaire de Fontanet du 31 mars 1960 qui stipulait :
« une convention liant le fournisseur à un nombre
limité de commerçants auxquels il réserve la vente d'un
produit sous condition qu'ils satisfassent à certaines
obligations ». Le contrat de concession liait donc un fabriquant
à un vendeur, dans le cadre d'un réseau de distribution. A cet
effet, il avait trois caractéristiques une activité d'achat et de
vente, une exclusivité de fourniture ou une exclusivité
d'approvisionnement. Le contrat de concession intervient également dans
la commercialisation des biens de consommation durable (bien de marque). En
outre, le contrat de concession est conclu sur la base du choix fait par le
concédant.
En ce qui concerne la concession exercée dans les
entreprises, l'exploitation de l'entreprise se fait selon les normes
privées. La loi sur la décentralisation de juillet 2004 place
désormais les collectivités territoriales
décentralisées camerounaises devant leur responsabilité
mais l'inconvénient vient du fait que les modalités d'application
de ce texte restent floues. En ce qui concerne l'offre de transport
elle-même, elle est insuffisante par rapport à la demande. De
même, les textes cadres de la mise en concession des services de
transports urbains sont élaborés comme suit :
· la loi N°90/030 fixant les conditions d'exercice
de la profession du transporteur routier,
· le décret N°97/075/PM fixant les conditions
et modalités d'exploitation à titre onéreux des autobus et
minibus,
· l'arrêté N°00561/MINT du 21 avril
1997 portant attribution, composition et fonctionnement des offres
d'exploitations des lignes de transport urbain.
II.2- PRESENTATION SOMMAIRE DU CADRE FACTUEL A
DOUALA
Dans le cas de la ville de Douala, le modèle de mise en
concession des services de transports urbains se situe dans le cadre du
partenariat public signé entre la SOCATUR, entreprise de transport de
masse, et la CUD. Les clauses auront été les suivantes :
· les droits et obligations du concédant et du
concessionnaire,
· l'attribution des lignes de la défunte SOTUC
à la SOCATUR,
· la mise à disposition et aménagement des
espaces consacrés au bus (gares, arrêts, sites propres...),
· la signature de la convention en 2001 avec la CUD
après celle du Ministère des Transports en 1997-1998,
· la participation, depuis le 18 décembre 2007 de
la CUD au capital de la SOCATUR à hauteur de 51°/°, puis de
38°/° depuis 2008 notamment afin de s'assurer d'un service acceptable
de transport par bus pour les populations, mais aussi pour adoucir le
coût pour les franges sociales les plus défavorisées et,
· d'autres avantages notamment l'engagement de la C.U.D
de veiller au bon entretien de la voirie, de contribuer au financement des
arrêts et attributs, l'aménagement et le développement des
gares.
Toutefois, les déboires relevés à ce
niveau émanent encore, notamment, du fait qu'il n'existe pas
véritablement de subvention de la CUD pour la SOCATUR. Et les
engagements pris par les deux parties titubent encore à plusieurs
niveaux (confère Annexes, infra).
Conclusion du chapitre 2 :
A l'issu de ce deuxième chapitre, nous avons
examiné le cadre règlementaire c'est-à-dire, les
différents rôles assignés aux divers acteurs intervenant
sur le marché des transports urbains au Cameroun. Nous avons, par la
suite, présenté les politiques gouvernementales camerounaises
associées. Un accent particulier aura été mis sur la
régulation des transports collectifs de masse dans la ville de Douala,
notamment, le cas factuel du partenariat public-privé SOCATUR-C.U.D.
Ce qui nous a permis de déceler l'opacité du
cadre législatif régissant les transports urbains du moins, pour
ce qui est des attributions des Collectivités Territoriales
Décentralisées, représentées dans le cadre de notre
étude par la C.U.D. Par la même occasion notre première
hypothèse de travail s'en trouvait vérifiée.
L'absence du texte d'application rend floue les
compétences attribuées à ces dernières, ce qui
engendre le dysfonctionnement de compétences sur le plan
organisationnel. CONCLUSION DE LA PREMIERE PARTIE
Cette partie intitulée « Intervention
Publique et Transports Urbains » avait un double objectif. Il
était d'abord question d'expliciter les notions de transport urbain et
de collectivité territoriale. Au vue de l'analyse, il ressort que
l'interdépendance de ces notions relève du fait que l'une (notion
de transport urbain), est un élément de l'ensemble
constitué par l'autre (collectivité territoriale). En effet, on
ne peut parler de transport que dans le cadre d'un espace bien défini
qu'est le territoire même si ce dernier demeure polysémique.
Puisqu'il peut tout à la fois être régional, national,
urbain, international etc...
Par ailleurs, quelque organisé et densifié qu'il
soit aujourd'hui dans le pays, le cadre législatif régissant les
transports urbains reste cependant opaque pour ce qui est des attributions
dévolues aux Collectivités Territoriales
Décentralisées, notamment, pour leur implication active dans des
structures de transports en commun de leurs localités. Cette
opacité nous permet, par la même occasion, de vérifier la
première hypothèse de notre travail de recherche.
Une fois que cette difficulté dans le fonctionnement
des transports urbains a été décelée, il semble
judicieux d'examiner l'implication proprement dite des collectivités
territoriales dans le fonctionnement dudit transport. Concrètement, il
est question de voir l'apport de la C.U.D dans le fonctionnement du transport
de masse dans sa localité et, plus exactement, son intervention dans la
SOCATUR. C'est l'objet de la deuxième partie.
DEUXIEME PARTIE :
CONTRIBUTION DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE DOUALA DANS LA
GESTION DU TRANSPORT URBAIN
Introduction de la deuxième
partie
Comme nous le disions à l'introduction
générale, la spécificité de la ville de Douala
relève du rôle prépondérant que revêt cette
agglomération sur le plan national (principal foyer industriel du
Cameroun) et de la sous-région CEMAC. En outre, la forte croissance
démographique, estimée aujourd'hui à plus de 2,2 millions
d'âmes, démontre que les besoins en déplacements sont
nombreux pour la localité doualaise. En effet, la question des
transports urbains dans la ville de Douala et, comme dans la plupart des villes
d'Afrique subsaharienne, est une préoccupation des pouvoirs locaux. Car,
elle répond, comme nous l'avons déjà souligné,
à une forte demande sociale. C'est la raison pour laquelle, après
avoir, non seulement, évoqué les raisons et les modalités
de l'intervention publique dans le transport urbain, mais aussi, après
avoir mis en exergue le cadre réglementaire en ce qui concerne cette
intervention, notre étude nous semble devoir être
complétée par une analyse des notions de service public local,
pour, entre autres, bien mettre en évidence l'implication de la force
gouvernante (ou la C.U.D) dans le fonctionnement de ce service.
Dans le cadre de la ville de Douala, cela permettra aussi de
faire des propositions en vue d'une amélioration des transports
collectifs urbains et, pour un décongestionnement futur de la
localité et à l'effet de la mise en place d'un cadre de vie
agréable pouvant contribuer, par ailleurs, à
l'attractivité de cette cité. A cet effet, la présente
partie s'attèlera d'abord à analyser les notions de service
public et de service public local (comme la C.U.D). En outre, le transport
sécrétant des externalités environnementales, il s'agit
donc d'analyser brièvement le rôle du service public local face au
problème du développement durable (chapitre 3).
Puis, l'on présentera ensuite l'apport de la CUD dans le fonctionnement
du transport collectif à Douala. Les anomalies décelées
nous permettrons enfin de faire des propositions pour une approche plus
judicieuse du transport urbain (chapitre 4).
CHAPITRE 3 : LE SERVICE PUBLIC LOCAL ET LES
TRANSPORTS URBAINS
|
Ce premier chapitre de notre deuxième partie qui sert
de cadre théorique, est centré sur la notion de service public en
ce qui concerne les transports urbains en général. En effet, la
crise des transports urbains dans la ville de Douala trouve aussi, pour
l'essentiel, son origine dans la faiblesse des ressources publiques. Or, la
région doualaise a besoin, plus que par le passé, de
mobilité compte tenu, notamment, de la croissance rapide de la ville
(consommation de l'espace urbain et des ressources humaines) et dont le taux
est de 6,4% par an. En outre, les transports constituant un service public,
cette activité doit être considérée comme devant
être disponible pour tous et, pour le bien-être de toute la
population.
Soulignons en effet que le service public n'est pas
nécessairement national. Il peut, comme c'est le cas pour les
transports urbains, être organisé sur le plan régional ou
local. A cet effet, l'autorité de tutelle n'est plus l'Etat central,
mais les collectivités locales et à qui il revient la prise en
charge, ou encore l'organisation du fonctionnement du transport urbain. Ces
observations permettent in fine, de circonscrire les notions de
service public en général et de service public local dans la
ville de Douala.
SECTION I : NOTIONS DE SERVICE PUBLIC ET
DE SERVICE PUBLIC LOCAL
Cette première section est le lieu de montrer la nuance
qui est établie entre « service public » et
« service public local » d'une part, et, de marquer le
service public local des transports urbains dans la ville de Douala d'autre
part.
I- DEFINITION ET FONCTIONNEMENT DU SERVICE
PUBLIC
Il faut en effet d'abord visiter la définition de
service public, ainsi que la réflexion économique qui a
entouré cette notion, avant d'aborder les articulations de son
fonctionnement et de sa gestion.
I.1- DEFINITION DU SERVICE PUBLIC
Comme le suggèrent avec pertinence V.BARBIER, F.FROIS
et P. LE MASNE (2003, pp 317/338)37(*), un service public est une activité
considérée comme devant être disponible pour tous.
La notion du service public (à ne pas confondre avec la
mise à disposition publique), dans le droit au transport, consiste
à considérer la possibilité de se déplacer comme un
droit naturel que l'Etat doit assurer et respecter et, souvent, dans des
conditions raisonnables de coût. A cet effet, ce principe puise son
fondement sur le fait qu'il ne peut y avoir de vie économique et
sociale sans le transport. Ce qui fait du transport un service
d'intérêt général. Et, seul l'Etat peut
ériger une activité pareille au rang de service public.
Cette notion n'a pas de définition universelle mais,
s'appuie sur celle d'intérêt général et est
distincte de la notion de secteur public. Elle s'applique aux modes et types de
transport non marchand et se fonde sur une volonté d'unité
nationale, de continuité territoriale ou de désenclavement des
régions n'ayant pas d'accès à la mer. Les
activités d'un service public sont soumises, sur certains points,
à un régime juridique spécifique et, pour compléter
la distinction entre service public et secteur public, on notera qu'une
collectivité publique (Etat, Collectivité Territoriale) a le
choix entre :
· assumer directement un service public,
· ou déléguer sa gestion à un
organisme spécifique du secteur public ou du secteur privé.
Et, concernant les fonctions du service public remplies par le
secteur public, on distingue :
· celles qui relèvent des fonctions
régaliennes de l'Etat : on parle dans ce cas d'une intervention
directe de celui-ci,
· et, celles qui relèvent du secteur
administré ou du secteur marchand mais que le secteur public aurait pris
en main. La raison avancée à ce niveau étant un besoin
d'intérêt général (routes, ports...), et on parle
dans ce cas des obligations particulières visant la continuité du
service ou l'égalité des usagers devant le service.
La tradition classique de l'économie publique reconnait
la notion de service public. Depuis le XXe siècle, la réflexion
économique du service public s'appuie sur la théorie
néoclassique. Pour A.SMITH (1776, op-cit), l'Etat est seul capable
d'assurer un certain nombre de tâches d'intérêt public, au
travers d'institutions spécialisées, appelées services
publics. Nous retenons que le service public favorise l'interdépendance
sociale. Le jeu économique n'aboutissant pas à un résultat
social satisfaisant, les carences du marché justifient cette
intervention de l'Etat38(*).
Néanmoins, l'expression « service
public » correspond à une notion développée en
France pour certaines raisons, notamment parce que :
· certains biens dits collectifs, peuvent être
utilisés par plusieurs personnes sans que pour autant leurs
caractéristiques en soient affectées. C'est le cas de la
consommation de l'éclairage public, les programmes radio et de
télévision, services de police et justice etc..., et qui sont
qualifiés de biens collectifs purs, dans la mesure où il est
impossible de faire payer chaque utilisateur du bien et le paiement ne peut se
dérouler qu'au moyen de l'impôt et la gestion de ces biens par
l'Etat,
· l'existence des rendements croissants dans certains
secteurs de l'économie conduit à des monopoles naturels qui
doivent être gérés, soit par des entreprises publiques,
soit confiés à des entreprises privées sous le
contrôle de l'Etat, comme dans le cas du transport, de
l'électricité, du téléphone dont la gestion est
essentiellement assurée par les entreprises publiques,
· l'existence d'externalités économiques ou
sociales39(*)
relève de la compétence du service public. Notons que les
externalités économiques peuvent être soit positives (cas
du téléphone où il peut y avoir plusieurs abonnés
dans le même réseau) ou négatives (les effets de pollution
du transport sur les hommes et l'environnement).
Relevons tout de même la confusion à
éviter entre service public et entreprise publique. Un service public
peut :
· d'une part, être rendu par les entreprises
privées. C'est notamment la distribution de l'eau, ou celle des soins
médicaux (professions libérales : médecins), ou
encore l'enseignement,
· inversement, une entreprise publique peut avoir des
activités marchandes (c'est le cas de la SNCF pour le transport de
personnes ou de fret en France, la poste ou les établissements
portuaires pour la manutention),
· d'autre part, le service public peut être
national ou local, au Cameroun, le ramassage des ordures
ménagères relève des compétences de la
collectivité.
Malgré cette incompréhension, ce qu'il faut
retenir est que le service public vise à contribuer à la
cohésion sociale par la lutte contre le phénomène
d'exclusion d'une part. Tout comme d'autre part, il ambitionne de favoriser une
utilisation efficace et équilibrée, dans l'espace et dans le
temps, de la ressource humaine.
I.2- FONCTIONNEMENT DU SERVICE PUBLIC
Sous l'angle fonctionnel, les services publics recouvrent
plusieurs domaines, d'où leur importance dans la vie des citoyens. On
cite, entre autres, les services publics régaliens,
l'éducation, l'action sociale, la santé, le sport et la culture,
les services urbains, la communication et les transports, l'énergie, le
logement... En outre, le besoin de protection de l'environnement a conduit
à la prise en charge par les services publics de fonctions nouvelles
telles que la gestion des parcs naturels et de réserves, la protection
du littoral, du bruit, l'odeur ou la pollution, protection de la
biodiversité sur le plan national ou local. Cependant, un certain nombre
de principes s'appliquent au service public à savoir :
· le principe d'égalité des citoyens dans
le service,
· le principe de neutralité c'est-à-dire
que le service public est universel,
· le principe de continuité c'est-à-dire
que le service soit en vigueur même pendant les jours
fériés (Noël),
· le principe d'adaptation du service à
l'intérêt général, et
· le principe de gratuité dans certains cas comme
par exemple en France pour l'enseignement.
Pour ce qui est à la fois, de la gestion et de
l'organisation du service public enfin, un service public est financé
directement par les bénéficiaires et cela ne cause, dans ce cas,
aucun problème. La difficulté naît lorsque :
· une fraction de bénéficiaires n'est pas
solvable,
· la présence du phénomène du
« passager clandestin » c'est-à-dire que certains
bénéficient du service sans pour autant payer,
· le service est en réalité pour le
bénéficiaire une contrainte (justice ou prison), tout comme l'on
doit observer
· la disponibilité du service à tout moment
(armée, pompiers).
Dans ces conditions, il faut trouver une source alternative
pour la charge du service public. Ces sources peuvent émaner soit des
subventions des autorités, à partir des impôts (revenus
miniers ou pétroliers), soit de la tarification pour les autres
bénéficiaires du service. Mais qu'en est-il du service public
local ?
II- LE SERVICE PUBLIC LOCAL
Le service public local existe au niveau d'un territoire plus
réduit que la nation, au niveau de la commune, du département, de
la région. A ce niveau, la régulation et le contrôle se
font de manière différente mais la problématique
étant toujours la recherche de l'intérêt
général. Les services publics locaux sont très nombreux.
D'aucuns sont obligatoires du fait de la loi comme la collecte des
déchets et il revient alors à la collectivité de les
assurer.
II.1- FONCTIONNEMENT ET GESTION DU SERVICE PUBLIC
LOCAL
Sur le plan fonctionnel, on peut distinguer trois
catégories de services locaux à savoir : les services
éducatifs, sportifs, culturels et sociaux, les services
économiques et, enfin, les services de protection de l'environnement et
d'hygiène.
Les communes jouent un rôle important dans
l'enseignement notamment dans la construction et le fonctionnement des
établissements scolaires. Tout comme les départements et les
régions tiennent une place de choix dans l'enseignement secondaire. Les
collectivités locales gèrent les équipements sportifs, des
services culturels et des services sanitaires.
Les services économiques des communes concernent la
distribution d'électricité ou de gaz comme en France,
l'éclairage public, les infrastructures routières, le
stationnement payant, les abattoirs, les services d'action touristique, les
foires et marchés le logement, les transports publics urbains ou
interurbains dans d'autres pays...
Les services d'hygiène concernent la distribution de
l'eau potable, l'assainissement, la collecte et le traitement des
déchets.
Le service public local doit également respecter les
principes généraux du service public concernant la
continuité du service, l'égalité et
l'adaptabilité.
Pour ce qui est de la gestion des services publics locaux
ensuite, l'on note que les services publics locaux peuvent être
gérés selon différentes modalités, avec deux
catégories de gestion, à savoir :
· la gestion directe (régie), dans ce cas, la
collectivité gère directement le service public dans un cadre
juridique qui lui est offert par la réglementation publique,
· et, la gestion déléguée :
dans ce cas, la gestion du service est assurée par une personne morale
autre que la collectivité organisatrice, souvent de droit
privé.
Cependant, la plupart des services publics nationaux de
réseaux sont maintenant organisés autour d'une autorité de
régulation, et d'un ou plusieurs opérateurs d'après les
nouvelles règles européennes. Dans ce cadre d'organisation, le
risque relève du fait que l'opérateur principal capte le
régulateur. Cependant, les principes de gestion des services publics
locaux ne sont pas toujours biens clairs comme c'est le cas au Cameroun. Par
ailleurs, si la loi du 22 juillet sur la décentralisation énonce
un certain nombre de compétences déconcentrées au profit
des Collectivités Territoriales Décentralisées, elle n'en
précise ni les modalités (comment une C.T.D peut-elle participer
dans la gestion du transport collectif dans son
agglomération ?...), ni davantage les moyens financiers
accordés aux collectivités locales pour mener leurs taches
à bien
II.2- L'EVOLUTION DES RELATIONS ENTRE SERVICE PUBLIC
NATIONAL ET SERVICE PUBLIC LOCAL
Cette évolution est perçue dans le cadre de la
politique de décentralisation c'est-à-dire, le processus
par lequel l'Etat accorde, de sa propre initiative, une plus large autonomie
aux collectivités locales. En fait, l'Etat se retire progressivement
d'un certain nombre de domaines comme c'est le cas en France et, comme
prévu également dans le cadre de la loi de juillet 2004 au
Cameroun40(*). Ce qui veut
dire que les collectivités territoriales ont une compétence
générale pour la gestion des affaires locales, la
responsabilité d'une tâche incombe désormais au plus bas
niveau de décision compétent pour l'entreprendre.
Les raisons pour l'Etat de confier de nouvelles tâches
aux collectivités locales ne sont pas nécessairement
désintéressées, ou encore dans le but de se
décharger du fardeau. Mais, ce faisant, l'Etat a progressivement
modifié les équilibres existant entre les administrations
nationales et locales et revalorisé le service public local aux
dépens de service public national.
Depuis 1986 en France, par exemple, les régions sont
sous la responsabilité des régions, comme les collèges
sont sous celle des départements. Les régions s'impliquent ainsi
dans les transports et, certaines d'entre elles, ont passé des
conventions avec la SNCF41(*) pour les trains régionaux. Le niveau local est
ainsi monté en puissance. De même que la structure de
l'investissement local a évolué.
Au Cameroun, la loi cadre N°2004/018 du 22/07/2004
(op.cit) fixe les règles applicables aux Collectivités
Territoriales Décentralisées. Ces compétences
relèvent du développement économique (l'action
économique, l'environnement et la gestion des ressources naturelles, de
la planification, de l'aménagement du territoire, de l'urbanisme, de
l'habitat notamment dans l'organisation et la gestion des transports
urbains...) et du développement sanitaire.
Soutenue également par la loi n°2004/017 du
22/07/04, loi d'orientation de la décentralisation fixant les
règles générales applicables à cette politique, il
en découle que la Communauté Urbaine de Douala (CUD) est une
collectivité publique décentralisée et une personne morale
de droit public. Elle est dotée de la personnalité juridique et
financière. Elle gère sous la tutelle de l'Etat les affaires
locales en vue du développement économique, social et culturel de
ses populations. En cela, la loi met en exergue les compétences de la
collectivité dévolues dans le développement
économique notamment dans le cadre de la planification,
l'aménagement du territoire...Cependant, une interrogation de fond se
pose : malgré sa croissance, le service public local ne sera-t-il
pas confronté aux mêmes problèmes que le service public
national concernant les formes d'exercices de ce dernier ? Par ailleurs,
compte tenu de l'accroissement démographique et des activités
devant être conciliées avec ces impératifs contemporains
d'un cadre de vie de qualité, les collectivités locales
n'héritent-elles pas aussi du problème de la gestion du
développement durable ?
SECTION II : LE SERVICE PUBLIC
LOCAL FACE AU
DEVELOPPEMENT
DURABLE
Cette deuxième section est le lieu de montrer la nuance
qui est établie entre le service public face au Développement
Durable (DD). Comme nous le soulignions précédemment en
effet, l'accroissement du parc automobile à Douala (congestion,
pollutions sonore et atmosphérique,...), apparaît aussi comme une
variable déterminante pour une gestion efficace des transports
collectifs aujourd'hui dans la capitale économique du pays.
I- APPROCHE DU DEVELOPPEMENT DURABLE
Il faut d'abord en effet examiner la définition du
développement durable ainsi que les préoccupations
économiques qui en découlent, notamment, par rapport au service
public.
I.1- DEFINITION DU DEVELOPPEMENT DURABLE
En effet, selon le rapport de Brundtland de 1987, le
Développement Durable (DD) « répond aux besoins du
présent sans compromettre la capacité pour les
générations futures de satisfaire les
leurs »42(*). L'objectif principal du Développement Durable
est humain. Cette volonté, ne conduisant pas au refus de la croissance
exige, d'une part, un usage prudent des ressources et, d'autre part,
préconise un développement soutenable. A cela, l'une des
idées fortes du Développement Durable est la
nécessité d'intégrer les préoccupations
économiques, sociales et environnementales. Ce qui veut dire que la
prospérité doit bénéficier à tous, conduire
à une répartition du revenu plus égalitaire, favoriser la
lutte contre la pauvreté et la possibilité pour chacun de trouver
un emploi.
Le développement dépend donc de l'environnement
alors que son impact sur ce dernier affecte le bien-être humain pour la
simple raison que des changements significatifs sont survenus dans le monde
durant ces vingt dernières années. L'on note, par exemple,
l'augmentation de la population de 5 à 6,7 milliards43(*), celle du volume des
échanges, ou des émissions de gaz carbonique (CO2). Dans les
villes, comme l'agglomération de Douala, l'intensité de la
pollution de l'air est désormais indéniable. Elle provient de
différentes sources, notamment des procédés industriels,
des véhicules à l'aspect usé en majoritaire dans la ville,
à la consommation d'énergie...
En fin de compte, le Développement Durable vise
à long terme à améliorer le bien-être humain au
travers d'une augmentation de la base de biens et de la productivité,
d'une réduction et d'une gestion des risques, d'une lutte contre
l'extrême pauvreté et la faim.
I.2- LIEN ENTRE DEVELOPPEMENT DURABLE ET SERVICE
PUBLIC
Du point de vue local, le Développement Durable est
défini, par une association internationale de collectivités,
l'ICLEI44(*) comme
« le développement qui procure des services
économiques, sociaux et environnementaux fondamentaux à tous les
habitants d'une commune sans compromettre la viabilité des
systèmes naturel, immobilier et social dont dépend la fourniture
de ces services »45(*). A la lumière de cette définition,
différentes raisons amènent également à relier
service public local et développement durable, à savoir que
:
· il est impossible que tous les habitants d'une commune
disposent des services nécessaires si les services publics
n'interviennent pas, il leur manque parfois des services essentiels comme l'eau
potable, la nutrition adéquate, le logement et dans ce cas, on dit que
le service public local doit se préoccuper de cohésion
économique, sociale, et territoriale,
· les services publics locaux paraissent bien
placés pour conduire des politiques de long terme sur l'environnement ou
l'urbanisme parce qu'ils sont moins soumis que les entreprises privées
à des contraintes de court terme concernant la rentabilité, et
que
· le Développement Durable obéit aussi
à l'exigence de transparence dans le fonctionnement des institutions et
de l'économie qui caractérise aussi le service public local
fonctionnant correctement.
A l'issu de ce constat, le service public local
représenté ici par les communautés urbaines (ou communes)
comme c'est le cas au Cameroun, doit être non seulement à
l'écoute des problèmes des populations, mais également
être prompt à voler au secours de ses habitants en cas de besoin.
Examinons à cet effet l'expérience des collectivités
locales en France.
II- L'EXPERIENCE DES COLLECTIVITES LOCALES EN
FRANCE
L'expérience des collectivités locales
françaises montre à la fois, la règlementation organisant
le service du Développement Durable par les autorités locales et,
sa mise en oeuvre pratique par les Collectivités Territoriales
Décentralisées concernées.
II.1- LA MISE EN PLACE D'UN CADRE
REGLEMENTAIRE
En France, un ensemble de lois récentes prennent en
compte le développement durable ; la loi du 2 février 1995
(op.cit) instaurant les plans de prévention des risques naturels, la loi
du 4 février 1995 (op.cit) réforme l'aménagement du
territoire et institue la notion de « pays »
c'est-à-dire territoire nouveau sur lequel peuvent exercer des
politiques publiques locales, la loi sur l'air de 1996 introduit l'obligation
pour les agglomérations de plus de 100 000 habitants de se doter
d'un Plan de Déplacement Urbain (PDU) dont le but principal est la
diminution du trafic automobile ; la loi d'Orientation sur
l'Aménagement et le Développement Durable des Territoires (LOADDT
du 25 juin 1999) (op.cit), incitant les collectivités à mettre en
place des Agendas 21 locaux encore appelés de nouvelles formes de
démocraties participatives) ; la loi de Solidarité et de
Renouvellement Urbain (SRU) proposant aux collectivités d'harmoniser les
politiques d'urbanisme, de logement et de transport à l'échelle
des aires urbaines ; la loi sur la démocratie de proximité
(27 février 2002) renforçant la participation de la population
aux décisions, avec la création des conseils et d'adjoints de
quartiers dans les villes de plus de 80 000 habitants.
On perçoit au travers de ces textes que le
Développement Durable conduit à une meilleure intégration
des services locaux et à la mise en place des cadres de
régulation (Autorités Organisatrices en ce qui concerne les
transports urbains) pour traiter les problèmes.
II.2- L'EXERCICE DU DEVELOPPEMENT DURABLE PAR LE
GOUVERNEMENT LOCAL
La mise en oeuvre du Développement Durable amène
les collectivités françaises à revoir leurs conceptions
concernant l'aménagement du territoire, l'urbanisme, le transport et le
logement. En ce qui concerne l'aménagement du territoire et
planification, l'urbanisme, le logement et transports, les idées
nouvelles qu'induise le Développement Durable vont dans le cadre d'une
planification régionale c'est-à-dire que les services publics
doivent désormais maîtriser les consommations, préserver
les ressources, limiter les risques en ce sens que la ville elle-même
doit être plus écologique, plus durable.
Elaborer des politiques de développement urbain durable
se préoccupe de contenir l'urbanisation, de limiter l'extension des
villes, de freiner la consommation de l'espace, d'infrastructures et
d'énergie. A cet effet, les transports urbains constituent un enjeu
important du Développement Durable.
En définitive, le service public local est devenu une
dimension très importante du service public en général. Si
bien que s'il veut être à la hauteur des responsabilités
qui sont désormais les siennes, le service public doit désormais
aussi clarifier ses objectifs et ses principes d'action, et expliciter les
formes de régulation qu'il met en oeuvre.
Conclusion du chapitre 3 :
A l'issu de ce chapitre, il ressort que la notion du service
public peut revêtir deux dimensions ; une dimension nationale
où l'organe de tutelle demeure l'Etat, et une dimension régionale
(ou encore locale) et là, la charge en incombe aux collectivités
locales.
Le chapitre qui s'achève avait pour objectif de passer
en revue à la fois, le fonctionnement et la gestion du service public et
du service public local. L'observation des faits nous a permis de
déceler la nuance qui est établie entre le service public face au
Développement Durable. Cette nuance, dans son ensemble, intègre
les préoccupations des populations et de l'environnement. De ce fait, la
Communauté Urbaine de Douala, représentant du service public
local dans la ville de Douala, a un immense défi à relever face
au fonctionnement du transport urbain, gangrené par de nombreux
dysfonctionnements. Cela nous amène à nous pencher sur son
implication dans le fonctionnement dudit transport.
CHAPITRE 4 : INTERVENTIONS DE LA C.U.D DANS LA
SOCATUR
|
Ce chapitre se propose de montrer l'apport de la
Communauté Urbaine de Douala dans le fonctionnement des transports
collectifs urbains et, en particulier pour la SOCATUR. En effet, le transport
urbain est un facteur explicatif du développement. Il constitue l'un des
déterminants de l'évolution du tissu urbain. Il devient
même aujourd'hui un des éléments majeurs de
l'attractivité territoriale. Dès lors qu'il participe de la
constitution d'un cadre de vie de qualité (C.A. MICHALET, 1999,
Economica). Pour la ville de Douala, plusieurs facteurs relatifs à la
crise du transport urbain ont été identifiés. Parmi
ceux-ci, les raisons de localisations occupent une place de choix. Ces facteurs
sont d'ordre fonctionnel, structurel ou socio-économique. Ce qui
constitue un immense défi à relever pour la Communauté
Urbaine de Douala, le transport urbain devant ainsi faire partie de ses
préoccupations pour la construction d'un meilleur cadre de vie dans la
ville. Aussi, après avoir fait une brève présentation des
traits spécifiques de la ville de Douala et les différents modes
de transports collectifs (Section I), nous entreprendrons
ensuite l'analyse des principales modalités d'implication de la C.U.D
dans le fonctionnement de la SOCATUR (Section II).
SECTION I : PRESENTATION SOCIO-ECONOMIQUE
ET PROBLEMES DE MOBILITE DE DOUALA
Cette section servira de cadre à une brève
présentation des différents traits spécifiques de la ville
de Douala ainsi que celle des différents modes de transports collectifs
qui opèrent actuellement dans la ville. C'est ainsi que nous aborderons
à la fois, une analyse spatio-économique dans un premier temps
et, dans un second temps, nous identifierons les défis à relever
face à la mobilité et à l'accessibilité au sein de
la ville
I- ANALYSE SPATIO-ECONOMIQUE DE DOUALA
L'étude spatio-économique de la ville de Douala
montre à la fois, que la cité bénéficie des
processus de concentration (démographie et des activités), tout
autant que des particularités avantageuses dans son organisation
territoriale des activités industrielles. Dans le même temps
toutefois, la Collectivité Territoriale Décentralisée
qu'est la C.U.D doit relever de nombreux défis posés, notamment,
par les problèmes de mobilité au sein de la ville.
I.1- CONCENTRATION ET METROPOLISATION A
DOUALA
L'économie doualaise est en effet largement
marquée par un processus de concentration des hommes et des
activités. En même temps que la ville connaît une dynamique
continue de transformation qualitative et qui est à la fois physique
(extension territoriale...) et fonctionnelle (localisation
privilégiée de certaines activités). Tout ceci traduisant
un mouvement de métropolisation.
I.1.1- La concentration doualaise
Comme le suggère avec pertinence J.R ESSOMBE
EDIMO (2007, op. cit.PP 144/146) avec plus de 60% du PIB national et un
peu moins de 7% de la population de la CEMAC, mais aussi environ 27,4% du PIB
de cette Union Economique en 2005, la ville de Douala apparaît comme le
principal foyer économique de cette sous région. En 2004, le PIB
de la ville était évalué à 7,3 milliards d'Euros
environ.
Sur le plan national Douala, chef-lieu de la région du
Littoral, couvre environ 20 220 Km2, soit 4,3% de la superficie totale du
pays et, représente 4,5% de la superficie de la dite région. La
place de la ville de Douala dans sa structuration régionale est telle
que, malgré ses limites administratives, elle exerce son influence
au-delà de 25 000 Km2, soit 100 km à la ronde. Une
étendue qui englobe ses villes satellitaires à l'exemple de
Buéa, Limbé, Fako (dans la région du Sud-Ouest) ou encore
ses centres urbains voisins Manjo, Mbanga et Edéa. Il ressort que la
ville de Douala, avec un peu moins de 11% de la population nationale, loge
environ 66% des entreprises et près de 60% des petites et moyennes
entreprises du Pays en l'an 2000. A cet effet, Douala produit 36% du PIB urbain
et un peu plus de 40% de sa valeur ajoutée. Toutefois, la ville de
Douala n'est pas seulement un poids économique, elle occupe une place de
choix dans l'économie du Cameroun et dans la sous région
CEMAC.
En ce qui concerne le commerce international, le port de
Douala effectue à lui seul plus de 95% du trafic portuaire national et
90% des échanges extérieurs du Cameroun. Au cours de
l'année 2003, le volume des marchandises était passé de
5,9 millions de tonnes en 1996/97, puis à un peu moins de 6.1 millions
en 200446(*). Mais la
ville demeure également la principale porte d'entrée maritime des
pays comme la République du Tchad et la République
Centrafricaine. Pour sa part, L'aéroport de Douala enregistrait une
moyenne de 80 354 milliers de passagers en l'an 200047(*). Le réseau routier et
ferroviaire, quant à lui, fait de la ville un véritable
carrefour pour les liaisons internes.
En outre, pour ce qui est des établissements
financiers, la cité doualaise concentre à elle seule 231
établissements financiers, dont 34 banques, 132 établissements de
micro finance et 65 sociétés d'assurance.
I.1.2- Un mouvement de
métropolisation
Historiquement, le mouvement de concentration et des
activités de la ville de Douala est marqué par une croissance
régulière. La population est passée de 458 426
habitants en 1976 à 809 852 en 1987 (taux de croissance d'environ
5,3%, contre 4,09% pour toute la région pendant la même
période), puis environ 1 430 775 habitants en 1998, avant
d'être estimée à plus de 2,2 millions d'habitants en 2005
(ONU-Habitat/PNUD, 2006, op.cit, p.15). Avec la poussée d'urbanisation
au Cameroun comme partout ailleurs, selon les estimations, le taux de
croissance de la ville de Douala (6,4% par an) sera multiplié par trois
à l'horizon 2025.
Pour ce qui est de Douala, outre l'accroissement naturel de sa
population, l'exode rural dont elle est le théâtre découle
principalement d'un double type de migration, à savoir :
· les migrations internes à la région du
Littoral et en provenance des Départements de la Sanaga Maritime, du
Moungo et du Nkam ;
· et les migrations en provenance des autres
régions du pays (l'Ouest, le Centre, le Sud-Ouest,...).
Ces différents mouvements de population renforcent la
polarisation de la ville, et l'attrait de la situation métropolitaine y
joue un rôle premier plan : larges opportunités d'emploi et
de salaires élevés, présence de services divers qui
n'existent pas ou alors très peu dans les autres villes.
L'effet polarisateur semble s'exercer, plus
particulièrement, sur une population jeune : l'âge moyen
à Douala est de 24,3 ans (I.N.S, 2003, P.30). Même si le
marché reste dominé par l'informel, le taux d'emploi des jeunes
dans la ville reste élevé. Il est de l'ordre de 69,2%. Le
marché informel représentait en effet, l'ensemble de petits
métiers qui occupaient plus de 51% de la population active de la ville
de Douala en l'an 2000. Il faut noter qu'à la concentration des secteurs
industriels et commerciaux dans la ville de Douala, s'ajoute celle des services
qui jouent, de leur côté, un rôle de stabilisation48(*).
Mais Douala présente également une
caractéristique avantageuse de localisation spatiale des entreprises en
son sein du fait que, les usines se situent majoritairement dans les
périphéries alors que le centre est le siège des
activités de commerce, des services et de siège. La ville dispose
aussi là d'un atout de taille, et qui la fait rentrer dans le sens de
l'évolution des villes modernes.
II- MOBILITE ET ACCESSIBILITE : LES DEFIS A
RELEVER PAR LA C.U.D
Comme nous l'avons relevé un peu plus haut, le niveau
de vie conditionne les comportements des citadins en ce qui concerne la
mobilité dans la ville de Douala. Ceci a un impact sur le choix des
modes de transport par les citadins. Ce qui, par la suite, est aussi à
l'origine de l'émergence des stratégies de déplacements
bien particulières et qui sont entre autres la marche, les deux roues
sans moteur, les deux roues avec moteur, les taxis, les minibus, les bus, les
voitures privées,...Bref, transports formel et informel se
côtoient. Dans le cadre de notre étude, il nous faut aussi
présenter brièvement, les autres modes de transport collectif de
personnes qui desservent la ville de Douala.
Nous distinguerons entre autres les taxis collectifs jaunes,
les bus de la SOCATUR, les motos taxis, les minibus et les clandos49(*). Cette sous-section
servira donc de cadre à une analyse en deux temps de la mobilité
dans la ville de Douala. Cette partie vise d'une part, à faire ressortir
les différents modes de transports collectifs présents dans la
ville de Douala et, d'autre part, à proposer un inventaire des
problèmes liés aux conditions de mobilité dans la
ville.
II.1- ANALYSE DE LA MULTI MODALITE DANS LA VILLE DE
DOUALA
Le transport collectif dans la ville de Douala est en effet
pratiqué par plusieurs modes qui se côtoient dans un environnement
concurrentiel. Nous en examinerons cinq. Il s'agit de :
· La SOCATUR, entreprise qui exploite le transport en
commun par bus et sur laquelle nous reviendrons plus loin,
· les taxis collectifs jaunes : ils
représentent le mode de transport collectif urbain le plus ancien des
villes camerounaises. Ce sont généralement des véhicules
d'une capacité de 5 passagers, en provenance d'Europe.
La dernière estimation50(*) du parc fait état de 4500 véhicules
pour 9 000 chauffeurs alors que l'étude pauvreté et
mobilité de 2004 faisait état de 6000 ou 7000 véhicules.
Mais pour certains, cette estimation présentée du parc n'est
qu'une illusion dans la mesure où certains préfèrent
exercer dans l'informel en vue d'échapper au paiement de multiples
taxes. Est-ce la concurrence des motos taxis qui est à l'origine de la
diminution du parc dit légal ? Néanmoins, pour certains,
l'activité n'est plus rentable à cause de la concurrence des
autres modes de transport présents dans la ville. Les véhicules
sont d'aspect vétuste raison pour laquelle leur durée
d'amortissement est réduite. A ce facteur s'ajoute le mauvais
état de la chaussée dans certains endroits qui a un impact sur
l'état de ces derniers.
Les taxis procèdent au ramassage des clients par simple
agitation de la main de ces derniers ou par le klaxon du chauffeur et le
contrat est conclu. Ils assurent la desserte dans des secteurs où les
voiries sont bitumées, roulant au gré de la clientèle.
Mais, il existe également une desserte fixe encore appelée
desserte en ligne. L'étude sur l'offre des transports urbains a
relevé 15 lignes de desserte auxquelles s'ajoute le fameux
« tour de ville ». Le véhicule peut, dans certains
cas, être l'objet d'une location provisoire par un client. On parle dans
ce cas de « dépôt » ou «
course ». La tarification est fixée par les pouvoirs publics
et relève de 200 francs CFA51(*) pour un voyage dit normal, 1500 francs pour le
dépôt et 2 500 francs pour la course. Ces prix sont
négociables et peuvent varier entre 100 francs ou 150 francs pour les
simples déplacements, 1 000 francs pour le dépôt et
2000 francs pour la course. L'activité semble être à la
baisse à cause de la concurrence des autres modes présents sur le
terrain ou encore à cause de la multitude des obligations à
remplir pour l'exercice de l'activité.
En principe, l'exercice de cette activité
nécessite un certain nombre d'obligations allant de l'impôt
libératoire aux abus de la force de l'ordre, sans toutefois
négliger le paiement de la carte grise, la plaque d'immatriculation, la
carte bleue, la vignette, l'assurance, la taxe de stationnement, la visite
technique, la capacité du chauffeur, le badge d'identification et la
fiche tarifaire.
Les minibus ou « cargos » : des
études sur les transports dans la ville de Douala ont
révélé que ce mode de transport voit le jour avec la crise
économique des années 1980-1990. La baisse considérable du
niveau de vie des Camerounais en général, a amené ces
derniers, à adopter des modes de vie de subsistance qualifiés
d'informel. Même le secteur du transport n'a pas échappé
à ce phénomène. Suite à l'absence d'un
système de transport organisé dans la ville de Douala et, face
à la faiblesse de l'offre de transport en général d'une
part, et d'autre part, suite à l'avènement des villes mortes et
de la cessation d'activité de la SOTUC, il s'est développé
dans les années 1990-1995 un autre mode de transport collectif
constitué de véhicules spéciaux dénommés
minibus. Au début de leur activité, les conditions d'exploitation
étaient définies par les transporteurs dans le cadre d'un
ramassage spontané aux abords des rues et d'une destination qui leur
venait à l'esprit, ceci, à l'absence de toute
réglementation. Ce n'est qu'avec l'avènement de
l'arrêté ministériel n° 0000/182 MINT du 16
février 2006 définissant les conditions de mises en oeuvre des
minibus, que les contours de cette activité seront
élaborés. Les conditions d'exploitation exigent l'obtention de la
licence S1 réservée au transport urbain de voyageurs pour les
véhicules ayant plus de 11 places, une carte grise, une plaque
d'immatriculation, une carte bleue, une assurance, un permis de conduire, un
impôt libératoire, une taxe de stationnement, le badge chauffeur
et éventuellement la visite technique.
Le parc a été comptabilisé à 530
véhicules en moyenne mais ce sont des véhicules usés de
troisième main. Tout comme les taxis, deux chauffeurs relaient l'usage
du véhicule. Le chauffeur est assisté d'un jeune homme
désigné de « moto boy ». Les minibus
desservent 15 lignes fixes comprenant des zones ou point de chargement et de
déchargement. L'itinéraire varie de 5 à 14 km mais le
coût est relativement faible et négociable. Les minibus ont une
capacité supérieure à 10 passagers mais malgré leur
présence, l'offre de transport en commun demeure toujours faible.
Les motos taxis : ont vu le jour pendant les
périodes de « ville morte »52(*). Les populations, pour se
déplacer, étaient contraintes de procéder, malgré
leur volonté, à l'usage des moyens de déplacements dits
de sauvetage. Malheureusement, l'usage de la moto prend de l'ampleur avec le
dépôt de bilan de la SOTUC en 1995, l'unique opérateur des
transports collectifs officiels et, pendant plusieurs années, le
transport public de masse au Cameroun connu une situation de crise. Et depuis
lors, la gangrène moto continue de s'enraciner dans les villes
camerounaises malgré ses inconvénients que sont
l'insécurité, la pollution, la nuisance...
Les motos sont d'origine asiatique et sont plus au moins bon
marché comparativement aux véhicules (350 000 et
450 000francs CFA). Notons cependant que ce n'est qu'en Afrique
subsaharienne que les motos sont considérées comme moyen de
transport, même leurs fabricants ne les utilisent que dans le cadre du
sport. Est-ce parce que le taux de pollution des deux roues est très
élevé hormis les nuisances qu'elles procurent, dans ce cas, aux
Africains les nuisances et la pollution et aux fabricants les
bénéfices.
Le parc était estimé à 22 000 motos
en l'an 2003. Vu l'ampleur et l'engouement de cette activité, il y en a
un peu plus. En attendant que les données de l'observatoire urbain
soient disponibles, nous ne pouvons pas nous prononcer là-dessus avec
certitude. L'on retient néanmoins que les propriétaires sont des
agents économiques à revenus moyens, les pauvres ne pouvant le
devenir qu'après un travail acharné, aux risques des
intempéries et parfois de leur propre vie.
La fréquence de déplacement est très
élevée à raison de plusieurs voyages par jour. La moto
intervient pour 13% de déplacements des adolescents et pour 40% de
déplacements en transport public urbain en jour ouvrable53(*), d'après une
étude menée en 2006. Ce qui fait de la moto taxi le
deuxième mode de transport principal à Douala. L'utilisation de
la moto à Douala revêt plusieurs formes : soit comme mode
principal, soit comme mode complémentaire, soit à titre personnel
ou encore comme voiture de service dans le cadre du marketing. Les conducteurs
n'ont pas de lignes fixes mais ils effectuent une desserte
générale de la ville. Le tarif est négociable et, varie de
100 francs à 300, 400, 500 francs pour les simples voyages, 1 000
francs pour la course. Sur le plan réglementaire, l'usage de la moto
à titre commercial répond à la mise en pratique de
certaines obligations notamment le paiement d'un impôt
libératoire, de la vignette, d'une assurance, de la carte grise et
l'immatriculation. Il leur est aussi demandé le port d'un casque de
protection mais cette mesure n'est guère prise en
considération.
En terme d'analyse, la qualité du service fait de la
moto le mode rapide en terme de gain de temps ; un mode disponible
à toute heure. Est-ce pour toutes ces raisons qu'il semble prendre de
l'ampleur sur le terrain ? Par contre, les inconvénients propres
à la moto taxi à Douala sont tout aussi nombreux. On
dénote une très mauvaise conduite, une ignorance du code de la
route, une forte exposition au danger et aux intempéries ; un mode
où règne l'insécurité (risque d'agression et de
vol). Sur le plan environnemental, la pollution due à la moto taxi est
visible et très élevée et à ce
phénomène de pollution s'associent les nuisances. En outre, face
à la démographie, l'offre ne peut satisfaire toute la demande en
transport de plus en plus grande.
La moto ne peut que transporter qu'un seul passager et en cas
de surcharge les résultats ne peuvent qu'être très
regrettables (des pertes en vie humaine) comme ce fut le cas du jour de la fin
de la fête de ramadan 2008. Cette faible capacité ne permet pas de
considérer la moto comme un moyen de transport de masse. La
problématique revient à se demander pourquoi ne pas oeuvrer
à l'amélioration des modes dits de masse. En plus, 22 000 ou
40 000 motos taxis*taux de pollution*nuisance...et autre, à cela
ajouter au nombre de tours effectués par jour ne peuvent qu'être
néfastes pour la population en terme de maladies cardiaux vasculaires
malgré le service rendu. L'usage de la moto est-il nécessaire et
suffisant dans le long terme ? Que faire lorsque l'on sait que pour
mesurer la valeur des biens environnementaux, il faut également tenir
compte à la fois des services qu'ils rendent susceptibles de
disparaître et des dommages qu'ils subissent. Dans le cas de la moto, on
dirait qu'il y a plus de dommages que d'avantages. Dans ce cas, quelle solution
faut-il adopter ? La ville de Douala est asphyxiée.
Les « clandos » sont des
véhicules qui, conçurent à usage personnel, par la suite,
sont utilisés en transport commun par leur propriétaire. Leur
parc est diversifié puisque évoluant dans toute
illégalité. Ils optent pour une desserte dite tête de
ligne.
On sait, par ailleurs, que cette diversité de moyens de
transport contribue aussi largement à l'augmentation de la pollution
atmosphérique dans la ville (P.DONFOUET, 2007).
II.2- INVENTAIRE DES PROBLEMES LIES AUX CONDITIONS DE
MOBILITE DANS LA VILLE DE DOUALA
Avec une population estimée aujourd'hui à plus
de 2,2 millions d'âmes, la ville de Douala est la localité la plus
peuplée du Cameroun. Ce qui veut dire que les besoins en termes de
déplacement sont énormes pour une ville à plusieurs
vocations notamment industrielle, et économique. Le transport collectif
est assuré par plusieurs modes de transport et les contraintes
liées à la mobilité et à l'accessibilité
peuvent être énumérées ainsi qu'il suit :
· d'une manière générale, le
contexte urbain de la ville est en rapide évolution (croissance rapide
de la population), une crise urbaine et de pauvreté (faiblesse de
revenus des citoyens et faibles de ressources pour la collectivité), une
urbanisation anarchique mais forte consommatrice de l'espace,
· une demande de transport de plus en plus
élevée,
· une offre de transport collectif faible, malgré
la multi modalité et aux allures artisanales et vieillissantes,
· sur le plan infrastructurel, on dénote une
insuffisance des infrastructures et superstructures (450km de voirie
bitumés sur 1750km), qui est due à l'extension de la ville qui ne
peut pas suivre le même rythme des infrastructures,
· en termes d'externalités négatives, la
congestion du trafic est due à la densité du trafic routier ce
qui fait que les encombrements observés sur les axes les plus
chargés et sur les carrefours sont provoqués par
l'hétérogénéité des modes de transport, la
mauvaise conduite des chauffeurs, le mauvais stationnement des
véhicules, les arrêts spontanés sur la chaussée,
l'invasion de la chaussée par les commerçants, la circulation
piétonne, les accidents de circulation, l'incivisme des usagers de la
route, le mauvais état de la majorité de la voirie urbaine,
l'étroitesse des infrastructures en place..., augmentant ainsi le taux
de congestion, et celui de la pollution atmosphérique,
· en termes d'externalités positives, les enjeux
économiques sont importants tant pour la collectivité (en tant
que générateur de ressources) que pour les agents,
générateur de revenus et d'emplois.
En conséquence, la vitesse moyenne des automobiles et
autobus est faible sur certains axes. Et, pendant les heures de pointe, elle
est presque nulle. D'autres difficultés accompagnent ces
phénomènes, parmi lesquelles : la rareté des places
de parkings (tant dans le quartier administratif que dans le centre commercial)
et dont l'impact sur la fluidité du trafic n'est pas négligeable.
A cela, s'ajoute le mauvais état de la voirie lié à la
fois, à l'imperméabilité des sols, à la structure
du sol et, à des raisons climatiques. Le taux de durabilité des
infrastructures est réduit. Mais il faut ajouter à ce taux des
facteurs comme le désordre urbain généralisé
(occupation illégale des emprises publiques, commerce...), l'incivisme
des usagers de la route (conduite dangereuse, non maîtrise et non respect
du code de la route...), l'absence des parkings, et autres nuisances. Dans ce
contexte bien particulier : comment la C.U.D participe-t-elle dans le
fonctionnement du transport collectif local ? Il convient à
présent d'apporter les réponses à cette interrogation en
partant du cas de la société qu'est la SOCATUR.
SECTION II : IMPLICATION DE LA C.U.D DANS
LE FONCTIONNEMENT DE LA SOCATUR
Les moyens déployés par la C.U.D sont de deux
ordres en général. Il s'agit, tout d'abord, et pour l'ensemble
des utilisateurs des réseaux viaires de la ville, de l'exécution
d'un programme de planification et de réfection des routes et, de la
participation directe dans le capital de la SOCATUR.
I- LES MOYENS DEPLOYES PAR LA C.U.D : ACTIONS SUR
LES INFRASTRUCTURES ET LES MOYENS LOGISTIQUES
Ils sont de deux ordres à savoir :
· ceux qui relèvent des actions de la C.U.D en
infrastructures routières,
· et ceux qui relèvent des actions directes de la
C.U.D dans l'entreprise de transport collectif de masse dans la ville de
Douala.
I.1- LES ACTIONS DE LA COMMUNAUTE URBAINE DE DOUALA EN
INFRASTRUCTURES ROUTIERES
Les dispositions prises au niveau public pour faire face aux
défis précédemment évoqués sont de nature
diverse. Elles reposent non seulement sur des projets visant à
améliorer l'offre du transport collectif, mais aussi et surtout le
paysage urbain. Ces deux aspects se retrouvent intégrés dans des
visions plus globales qui sont maintenant élaborées par les
autorités de la ville de Douala. Face à tous ces défis,
plusieurs projets marquent l'histoire de la ville de Douala depuis quelques
années. Ils s'inscrivent dans l'amélioration significative de la
mobilité urbaine et accessibilité dans un contexte social. Il
s'agit de la planification routière, de la réfection du
réseau de voirie et de l'embellissement de la ville.
Dans le cadre du programme d'aménagement des voiries
urbaines et de la gestion des villes, divers projets ont été
élaborés par la Communauté Urbaine de Douala et notamment
dans le cadre du PID (Programme d'Investissement de Douala)54(*). Les travaux ont
consisté à :
- l'élargissement des grands axes préexistants
illustré par la réalisation du giratoire Joss, l'avenue de Gaulle
à Bali et Nkongmondo, Bonapriso, rue Njo-Njo, l'avenue des palmiers dans
les prochains jours,
- la réhabilitation de la voirie dégradée
qui est un programme (CUD-CEV) et de PPTE (rue de Bali, Manga Bell, les
perpendiculaires d'Akwa...),
- la création des nouvelles gares routières pour
le désengorgement du périmètre central de la ville et
aussi, en vue de la résolution des problèmes d'embarquement
spontanés causés par les véhicules,
- la restauration de la ville avec le projet de 10 000
arbres dans le cadre d'un développement durable, et
- l'embellissement de la ville par des travaux
d'assainissement soutenus par les JCP (Journées Citoyennes de
Propreté).
En effet, le programme d'investissement et d'entretien des
infrastructures évalué à 49,2 milliards, n'est qu'un volet
du contrat de ville de Douala. Ce programme vise à la fois le
renforcement de l'attractivité de la ville de Douala dans le but de
rendre cette cité plus compétitive, l'amélioration de la
gouvernance urbaine et celle des conditions de vie des populations et de son
aire métropolitaine. Le détail d'avancement du projet
d'aménagement des voies rapides et des principales artères
(confère carte 1) illustre la continuité du
projet routier. Les travaux visant à compléter le réseau
routier se poursuivent encore pendant plusieurs années notamment la
réalisation du deuxième pont sur le Wouri, les travaux
d'aménagement des entrées des directions Est et Ouest de la
ville. Ce projet vise à développer le réseau routier des
zones périphériques pour la mobilité des populations qui y
habitent. Cependant, les contraintes démographiques, climatiques et
financières qui pèsent sur la ville conduisent à
considérer la réalisation de tous ces projets à long
terme. En réalité, les principales difficultés relatives
aux transports urbains auxquelles se trouve confrontées
l'agglomération de Douala résultent de la sous-capacité de
l'ensemble des moyens de transport collectif, de l'encombrement des voies
dû à l'absence de politique de stationnement et à
l'incivisme des usagers, au mauvais état du réseau dans
l'ensemble. A cela s'ajoutent les problèmes environnementaux (pollution
atmosphérique, bruit, vibration), la centralisation excessive de
l'espace urbain, la croissance de la population dans les
périphériques. Ces difficultés reposent non seulement sur
les projets visant à améliorer l'offre du transport de masse,
mais aussi le paysage urbain. Ces deux aspects se retrouvent
intégrés dans des visions plus globales qui sont maintenant
élaborées par les autorités de la ville.
Carte 1 : Les différents
projets d'aménagement de la voirie de Douala
Source : Direction des Etudes de la
Planification Urbaine et du Développement Durable.
I.2- LES MOYENS LOGISTIQUES
Ce sont les moyens et techniques utilisés par la CUD
pour atteindre ses objectifs fixés. Ainsi, notre étude
s'effectuant en amont de celle du PDU (Plan de Déplacement Urbain), nous
n'allons pas nous attarder sur cet aspect. Néanmoins, le PDU constituera
un cadre de références des actions de la C.U.D dans le domaine
des transports urbains en vue d'une amélioration significative des
conditions de déplacements dans la ville de Douala.
Nous avons cependant relevé l'importance du transport
dans l'évolution du tissu urbain. On ne peut donc parler de vie
économique sans transport dans une ville. Par contre, le transport
draine avec lui des conséquences (ou externalités) pouvant
être à la fois, fastes ou néfastes pour le
développement de la ville.
Malgré ces déboires, dans le souci d'assurer le
bien-être des populations, la CUD a mis sur pied une étude de la
stratégie de développement de Douala et de son aire
métropolitaine dénommée City Development Strategy (ou
C.D.S), composant du volet institutionnel du projet d'infrastructures de la
ville. Elle a pour but de préciser les contours futurs d'une meilleure
organisation de la mobilité dans la ville (fluidité du
réseau, plan de déplacement, ...) mais aussi ceux de la
croissance et du développement de Douala à l'horizon 2025.
II- ACTION DIRECTE A TRAVERS LA SOCATUR
Cette autre action de la collectivité locale s'est
effectuée à travers une prise de participation directe de la
C.U.D dans le capital social de ladite société de transport
collectif et, se veut aussi une occasion pour la collectivité locale de
participer à la poursuite d'une politique sociale de transport pour les
populations locales.
II.1- LA PRISE DE PARTICIPATION DIRECTE DANS LE
CAPITAL DE LA SOCATUR
Il faut d'abord souligner que, la SOCATUR
(Société Camerounaise de Transport Urbain), est le mode officiel
de transport de masse dans la ville de Douala. En effet, la SOTUC
(Société de transport Urbain du Cameroun), société
d'économie mixte sous la tutelle du ministère des transports,
assurait le monopole depuis l'année 1973 dans les villes de Douala et de
Yaoundé. Les multiples dysfonctionnements de la SOTUC dus, par exemple,
au non renouvellement du parc amorti, au désengagement de l'Etat en 1993
avec l'avènement des PAS (Programmes d'Ajustement Structurel), et
à la mauvaise gestion, vont conduire cette dernière au
dépôt de son bilan en 1993. De 1995 à 2001, l'offre de
transport public de masse était inexistante dans la ville de Douala. Et,
avec l'avènement du mouvement de libéralisation du secteur des
transports, la SOCATUR, société de droit camerounais à
capitaux privés, signa une convention avec le Ministère des
Transports en l'an 2000, convention qui lui accorda l'exclusivité de
l'exploitation des bus d'une capacité de plus de 30 places dans le
périmètre urbain, pour une durée de 5 ans. La prise
effective de service s'effectua en l'an 2002.
Le parc fait état à ce jour de 70 autobus
à l'aspect usé et amorti. Ce sont en général des
véhicules de seconde main, d'une capacité de 80 à 100
places et dont 45 à 60 places sont assises. L'entreprise emploie 300
personnes dont 100 chauffeurs. Avec une vitesse commerciale de 30 km/s55(*), les autobus assurent la
desserte dite en zone sur 9 lignes sur 1356(*) (carte 2), à
raison d'un débit horaire de 2 autobus et de 12 par jour. L'entreprise
couvre une part de marché de 10% d'après sa direction
générale. Par contre, le rapport de l'étude sur les
transports urbains et les collectivités territoriales fait état
d'une part modale de 2%
Le tarif est fixé par l'autorité publique
à 150 francs CFA. La longueur totale des lignes desservies varie entre
6km et 9km voire, 14km. L'entreprise SOCATUR, assurant le transport de masse
doit également faire face à la concurrence des autres modes de
transports présents dans la ville. Sur le plan réglementaire, en
plus des obligations communes aux transports en général,
l'entreprise est soumise à l'IS (Impôt sur les
sociétés) qui s'élève à 1.1% du chiffre
d'affaires et à l'IB (Impôt sur les bénéfices) et
qui lui, se monte à 38.5%.
Ainsi donc, au terme de cette petite analyse, il en ressort
que la vitesse commerciale est faible pour une couverture partielle du
réseau viaire. C'est un mode partiellement disponible et, certes,
convenable aux couches défavorisées. Mais ses faiblesses
relèvent, par exemple, des heures d'attente très longues, de
l'insécurité (vol), d'une surcharge irrationnelle, et de
l'absence du confort dans l'intérieur des autobus utilisés par la
SOCATUR.
Carte 2 : Réseau en
vigueur de la SOCATUR dans la ville de Douala
Source : Direction des études de
la planification urbaine et du développement durable
Depuis décembre 2007, la C.U.D est entrée dans
le capital social de la SOCATUR. Dans un premier temps, la collectivité
locale devait détenir 51% du capital total, pour un partenariat
public-privé qui se fonde d'une part, sur la volonté de traduire
dans les faits, la dimension sociale de l'activité des transports
publics dans la ville de Douala et, d'autre part, pour donner une preuve de la
forte implication de la CUD et de ses démembrements dans la
recapitalisation de la SOCATUR. Cette double volonté reste d'ailleurs
largement affichée malgré la baisse opérée en 2008,
de la participation de la collectivité locale dans le capital de cette
entreprise. Puisque depuis cette date en effet, la part de la C.U.D
s'élève désormais à 38%, et le conseil
d'administration de la société demeure présidé par
le Délégué du Gouvernement auprès de la C.U.D.
II.2- UNE PARTICIPATION A VISEE SOCIALE
En effet, malgré le fait que la prise de participation
de la C.U.D dans le capital social de la plus grande entreprise de transports
en commun de la ville se monte depuis l'an 2008 à environ 38%,
l'attitude de l'autorité municipale semble s'expliquer à la fois,
par le besoin pour elle de lutter contre la pauvreté et de peser sur la
politique tarifaire de l'entreprise et en vue de permettre un accès du
plus grand nombre de citoyens aux déplacements par les bus. Il s'agit
aussi de proposer une couverture spatiale satisfaisante, au travers du projet
d'acquisition de 300 bus additionnels. En effet, l'objectif du partenariat est
de doter la ville de Douala d'un service de transport en commun qui soit
viable, préservateur de l'environnement et accessible au plus grand
nombre. L'attente de cet objectif visant, par ailleurs, la reconstruction de
l'attractivité de la ville.
En effet, le contexte de la pauvreté, propre aux villes
d'Afrique en général, est particulièrement marqué
à Douala. La métropole, est sujette à de multiples
problèmes. Hormis le développement anarchique que connait
l'espace urbain, suite à l'explosion démographique et à
l'exode rural, la crise des transports urbains dans la ville de Douala trouve
également ses origines dans la faiblesse des ressources tant publiques
qu'individuelles. La faiblesse des ressources est à la fois celle de la
collectivité, qui se fait ressentir au niveau de l'offre du transport
et, celle des revenus des citoyens qui affaiblit la demande de transport. Pour
y remédier, la marche à pied est le « parcours du
combattant ».
Au phénomène de pauvreté
générale de la région se greffent d'autres maux tels que
la crise du logement et de l'emploi. Tous ces maux ont conduit au
développement d'une politique de ségrégation socio
spatiale (quartiers pauvres et riches) du territoire urbain, ainsi que
l'avènement de nouvelles formes de vie telles que la
débrouillardise. Avec un taux de croissance estimé à 3.5%
et l'avènement de la crise financière mondiale, l'on se demande
si les objectifs de développement du millénaire57(*) seront atteints. En outre, la
tendance générale de l'économie est dominée par le
mode informel. Et, selon les estimations de la Banque Mondiale (BM) et de l'OIT
(Organisation Internationale du Travail), le secteur informel pourrait
représenter 50% du PIB (Produit Intérieur Brut) des pays de
l'Afrique subsaharienne, 72% de l'emploi non agricole et près de 90% de
l'emploi total dans certains pays58(*). Les résultats de l'étude
pauvreté et mobilité à Douala (PMD) réalisée
en 2004 par SITRASS59(*),
ont par ailleurs démontré que plus des 2/3 de la population
doualaise vivent dans de situations critiques et difficiles. Les familles les
plus pauvres consacrent en moyenne le tiers de leur salaire dans le budget
réservé aux déplacements.
En conclusion, le niveau de vie conditionne la
mobilité. Lorsque l'on sait que les séquelles de la crise
économique des années 1980-1990 ainsi que les PAS (Programme
d'Ajustement Structurel) sont encore visibles, quelle stratégie
politique la force publique pourrait-elle adopter pour assurer le
bien-être de ses citoyens ? En outre, les crises alimentaire et
financière actuelles ne pourraient-elles pas davantage en rajouter
à une situation économique fragile ? A titre d'illustration,
le rapport 2008 sur les perspectives économiques régionales de
l'Afrique Subsaharienne du FMI observe qu'au : « cours des
six (6) premiers mois de l'année 2008, le taux d'inflation moyen des
prix à la consommation en Afrique Subsaharienne est passé de 9
à 15% principalement parce que l'inflation des prix alimentaires a bondi
de 10 à 20% et celle des prix des combustibles de 12 à
19% »60(*).
Que dire des conditions de mobilité ? Le rapport insiste sur le
fait que la hausse des produits alimentaires et pétroliers pourrait
aussi entraîner une augmentation sensible des taux de pauvreté
dans un certains nombre de pays. C'est donc dire que l'impact de la crise
alimentaire va contribuer, non seulement au ralentissement de la croissance
mondiale, mais aussi de la consommation. La pauvreté n'évolue pas
sans conséquences sur les citadins. Elle affecte les comportements de
ces derniers qui, pour pallier le coût de transport élevé,
se replient sur la marche. En fin de compte, la lutte contre la
pauvreté constitue un défi à relever par l'Etat et ses
différentes excroissances comme la C.U.D.
II.3- RECOMMANDATIONS
Cette dernière sous-section est le lieu de tirer les
conséquences de notre analyse, et de proposer des recommandations qui en
découlent, pour un fonctionnement efficace du transport urbain dans la
ville de Douala. Il s'agira d'une analyse qui s'articule autour de trois volets
et qui comprennent à la fois des recommandations pour la C.U.D, pour la
SOCATUR et, des recommandations en termes de financement.
II.3.1- L'amélioration des transports
collectifs de masse : une nécessité pour la
C.U.D
Dans un premier temps, l'analyse nous a permis de relever que
les contours législatifs de l'intervention du service public
(représenté par la CUD), sont mal définis. Au regard de
cette hypothèse, inscrivons un postulat selon lequel le transport urbain
relève de la notion du service public et, notamment, dans la ville de
Douala. La notion de service public étant pertinente, faisons par la
suite une analyse de l'offre totale du transport de masse à Douala.
Les Tableaux 1 et 2
ci-après permettent, par exemple, de déduire le taux de
motorisation global sur l'ensemble du territoire national. Un stand
d'observation à partir duquel on peut déduire un certain nombre
de remarques pertinentes pour la C.U.D.
Tableau 1 : recensement pour chaque
mode
Modes
|
Parc
|
Lignes
|
Frais de mise en circulation
|
Charges annuelles
|
Bus (SOCATUR)
|
70
|
9
|
+ de 80 000 000 * (neuf)
|
1.1%CA
38,5 (impôt bénéfice)
|
Taxis jaunes
|
4 500 (formel)
5 000 (informel)
|
Indéterminées
|
13 047 860*61(*) (véhicule neuf)
2 147 860* (véhicule usé)
|
2 340 000*
|
Minibus
|
560
|
15
|
1 560 860*
|
5 254 625* (chauffeur propriétaire)
8 421 200* (location chauffeur)
|
Motos taxis
|
+ de 36 000
|
Indéterminées
|
374 430* (neuve)
224 430* (occasion)
|
31 000*(vignette, assurance, impôt
libératoire)
|
Sources : tableau construit par
l'auteur, à partir des résultats de
« l'étude sur l'offre de transports urbains (2007) :
mise en place d'un outil de suivi ».op.cit.
Tableau 262(*) : analyse qualitative des différents
modes
Modes
|
Tarif
|
Accessibilité
|
Disponibilité
|
Vitesse commerciale
|
Efficacité environnement
|
Bus
|
1
|
4
|
4
|
4
|
1
|
Taxi
|
3
|
2
|
1
|
3
|
3
|
Minibus
|
2
|
3
|
3
|
2
|
3
|
Moto taxis
|
4
|
1
|
2
|
1
|
4
|
Sources : « Etude de
l'offre de transports urbains dans la ville de Douala (2007) : mise en
place d'un outil de suivi ».op. Cit.
En outre, en 2000, l'évolution du parc national
était estimée à 210 30263(*) véhicules pour une
population estimée à 10 millions d'habitants. Ce qui donnait un
taux de motorisation de 2% pour l'ensemble du territoire. Malgré la
croissance de la population et l'évolution du parc estimé
aujourd'hui à plus de 232 000 véhicules, le taux de motorisation
du Cameroun est toujours faible. Ce qui montre que plus de 80% de la population
sont dépendants des transports collectifs.
A la lumière de ces données, il ressort
que les défis auxquels sont confrontées les autorités
de la ville de Douala sont multiples. Ils imposent donc des comportements
tendant notamment à :
- améliorer les systèmes de transports en commun
déficients, par exemple, à travers le renforcement de l'offre de
la SOCATUR,
- décongestionner le centre urbain et les routes en
taxant les nouvelles activités qui s'y implantent,
- réguler la circulation par l'instauration des sens
uniques pour diminuer les conflits,
- sur le plan infrastructurel, à créer des
couloirs réservés aux autobus ou des lignes de bus,
- réguler le stationnement en instaurant le
stationnement payant dans le centre urbain,
- et procéder à une augmentation des lignes
exploitées.
Les observations précédentes impliquent
toutefois aussi la mise en place d'un ensemble de mesures organisationnelles,
et qu'il convient également de préciser.
II.3.1.1- Les mesures organisationnelles
Les mesures organisationnelles consistent en la planification
des transports. En effet, un bon système de transport urbain dans la
ville de Douala, devra avoir en son sein, des infrastructures, des
véhicules et des techniques d'exploitation. La planification consiste
à faire des projections dans le futur. Et, face aux externalités
du transport, la problématique pour la C.U.D revient à se poser
la question de savoir « quelle approche de DD64(*) doit-on associer aux
problèmes de mobilité et d'accessibilité dans la ville de
Douala » ?
Il revient aux experts en transport d'assurer
l'équilibre socio-économique et environnemental qu'exige le DD.
Ainsi, les actions menées à travers les mesures de tarification,
bien qu'étant efficaces, exigent des moyens techniques importants et,
par ailleurs, posent souvent le problème de leur acceptation par les
usagers. Aussi, pour gérer par exemple la congestion, une autre approche
serait, non seulement d'améliorer la qualité du service offert
par les transports collectifs de masse, mais aussi, de mettre en place, dans la
ville de Douala, une autorité organisatrice. Ce qui permettra, sur le
plan social et environnemental, de libérer le centre urbain des
externalités telles que le bruit et la pollution.
En effet, les intérêts sont multiples pour les
différents acteurs du système de transport. Pour le cas de la
ville de Douala, on retrouve notamment, les différents
Ministères, les principaux syndicats de taxis, la société
« SOCATUR », la C.U.D, les communes urbaines
d'arrondissement, les différents regroupements de motos taximen, les
services déconcentrés, les usagers. Aussi, pour assurer la prise
en compte de tous ces intérêts et améliorer les
défaillances du système, une politique efficace devrait passer
par la mise en place d'une Autorité Organisatrice du Transport Urbain
dans la ville de Douala (AOTUD). Elle aura pour objectif l'organisation des
déplacements sur son périmètre de compétence. Elle
devra également déterminer des indices comme, par exemple, le
seuil de congestion et, à l'aide de l'observatoire déjà
mis sur pied, pourra contrôler le respect de ce seuil. Il est à
noter que la composition et l'étendue des missions de l'autorité
organisatrice peuvent varier en fonction des situations institutionnelles du
territoire qu'est la ville de Douala. Toutefois, deux préoccupations
indispensables devraient guider son action en permanence
c'est-à-dire :
1. La mise en application des décisions en
matière de politique de transport urbain. A cet effet, l'Autorité
Organisatrice, qui est symbolisée par la CUD, devra
bénéficier d'une équipe de personnes formées dans
le domaine des transports (ingénieurs routiers, économistes de
transport notamment...), et
2. l'établissement et le contrôle d'un cahier des
charges pour l'exploitation des transports publics.
Cependant, l'autorité aura le choix entre
réaliser elle-même l'exploitation des transports publics (une
forme de régie directe) ou alors, laisser l'exploitation des transports
publics à la charge d'une entreprise privée, comme c'est le cas
avec la SOCATUR. On dira dans ce cas là que le service est
dévolu. La convention sera signée sur la base d'un cahier des
charges et, définira le réseau de transport. En ce qui concerne
la ville de Douala, l'exploitation des réseaux de transport collectif
peut être schématisée comme suite :
Schéma 1:
Solution de mobilité
Infrastructures
Opérateurs superstructures (SOCATUR et
autres) gestion de l'offre de transport (exploitation du service public
Gestion de mobilité
· Plan d'organisation
· Plan d'aménagement urbain
· Observatoire de transport urbain
· Plan de déplacement
· Gestion de la demande...
Syndicats
Gouvernement central
Gouvernement local CUD + AOTUD
Source : construit par
l'auteur.
Au regard de ce Schéma 1, le
système renvoie à la prise en compte de multiples acteurs. Et
chaque acteur est susceptible à la fois, de faiblesses et
d'opportunités. Dans le cadre de notre étude, la planification
sert à faire des projections pour le futur. Elle est une mesure
indispensable dans le fonctionnement du transport. Elle peut cependant
être freinée par des obstacles. Nous avons identifié, dans
le cadre de la ville de Douala, quelques obstacles qui sont non
négligeables. Le tableau 3 ci-après en est une
illustration.
Tableau 3 : tableau identifiant les obstacles
à l'application d'une politique de planification de transport de masse
à Douala et solutions éventuelles
Problèmes identifiés
|
Conséquences
|
Eventuelles solutions
|
Faiblesse de moyens
|
-coûts de transport élevés pour la
collectivité et pour les citoyens
|
possibilité d'auto financer la C.U.D (par taxe de
pollution et impôt libératoire commerçants des abords des
voies)
|
Défaut d'application de la planification urbaine
|
-construction anarchique des logements
-rallongement des distances intra urbaines
- émergence de zones à risque (principales sources
de pollution)
|
- revaloriser le SDAU*65(*)
-avoir une approche stratégique des problèmes
- faire une planification prospective et non
réactive
|
Crise institutionnelle du transport
|
-offre archaïque
|
-le PPP66(*) SOCATUR- C.U.D,un acquis
-lutte contre la pauvreté
-promouvoir les transports collectifs de masse
-planification du transport
|
Relation Etat-service public local
|
-chevauchement des compétences
-lutte d'influence
|
-élaborer un cadre de compétence unique ou
encore créer une Autorité Organisatrice du transport Urbain
à Douala (AOTUD)67(*)
- Ajouter le texte d'application
- Implication directe de la C.U.D
- Amélioration de la qualité du service
|
Sources : construit par l'auteur.
II.3.1.2- Proposition d'un modèle
d'Autorité Organisatrice du transport dans la ville de
Douala
L'AOTUD serait un outil de coordination de l'ensemble des
activités des transports urbains. Sa mise en oeuvre définit ses
objectifs et ses responsabilités. Cet outil peut être
assimilé à un cadre permanent de concertation entre
différents acteurs du secteur des transports dans les
agglomérations. En effet, les transports urbains sont l'objet d'un grand
nombre d'opérateurs qui, le plus souvent, évoluent dans le cadre
de concurrence et non de complémentarité. Ce qui rend leur
organisation conflictuelle.
En présence des textes des ministères
concernés dans le transport d'une part, des compétences de la
C.U.D et autres communautés urbaines d'autre part, les objectifs de
l'AOTUD pourraient être les suivants :
- doter la ville de Douala d'une offre de transport public
collectif suffisante en qualité et en quantité,
- améliorer la fluidité du trafic grâce
à l'usage des transports collectifs de masse,
- promouvoir l'application des principes d'exploitation
privés des transports urbains modernes comme les taxis compteur, bus,
minibus (exploitant les mêmes arrêts de la SOCATUR),
- mise en pratique et le respect strict du prochain Plan de
Déplacement Urbain (PDU) actuellement à l'étude, (notre
travail s'effectuant en amont de ce plan) ;
- définir la politique de transport pour la ville de
Douala,
- définir les modalités de financement,
- définir le cahier des charges,
- créer un fonds de Développement de Transport
Urbain de Douala (FDTUD) financé uniquement à base des recettes
et taxes spécifiques,(stationnement payant dans le centre urbain, taxe
sur la pollution,...), et
- réguler ledit transport.
Par ailleurs, placée sous l'autorité du
Délégué du Gouvernement auprès de la C.U.D, les
missions qui lui seraient assignées, pourraient être les
suivantes :
- proposer au Ministère des Transports toutes
décisions concernant les conditions et modalités d'exploitation
à titre onéreux des modes de transport de masse, l'application de
la politique tarifaire, le contrôle technique des infrastructures, les
propositions d'amélioration de la mobilité, lutte contre la
pollution, organisation et structuration de la profession du transporteur
(règle d'entrée, inscription au registre, normes de
sécurité),
- procéder à la planification prospective du
transport c'est-à-dire, à la mise sur pied d'un plan de
déplacement urbain intégrant l'aménagement,
- organiser la multi-modalité dans une vision de
complémentarité et, non de concurrence,
- mener des études de programmation des infrastructures
spécifiques telles que les tunnels, aires de stationnement,
échangeurs,
- gérer les feux de signalisation,
- élaborer une police municipale et définir ses
objectifs,
- coordonner le stationnement dans le périmètre
urbain,
- organiser les appels d'offre, et
- veiller à la collecte et la mise en place des
données dans l'observatoire local du transport urbain.
En ce qui concerne ses ressources, elles pourraient provenir
des versements de transport en provenance de sa part de marché à
la SOCATUR, au compte d'entretien de la voirie, des moyens propres aux
Collectivités Territoriales Décentralisées provenant de la
décentralisation fiscale de l'Etat, des tarifications éventuelles
de la pollution....
Ainsi, la C.U.D pourrait bien jouer ce rôle, mais un
comité de pilotage lui sera associé. Ce comité sera
éventuellement présidé par le Ministère des
Transports et composé de tous les acteurs du transport urbain. En
Afrique Subsaharienne, quelques exemples élucident cette approche
notamment, le Lagos Metropolitan Area Transport Authority (LAMATA),
créé depuis 2002, placé sous l'autorité du
gouverneur de Lagos, ses ressources proviennent de diverses taxes
routières ; le CETUO (Conseil Exécutif des transports
urbains de Ouagadougou), placé sous l'autorité du maire,
bénéficie du financement des taxes et recettes
spécifiques ; le CETUD (Conseil Exécutif des Transports
Urbains de Dakar) un exemple de réussite, composé à part
égale des représentants de l'Etat, des Collectivités
locales, des opérateurs économiques et des usagers des transports
urbains.
II.3.2- Mesures financières
La principale différence entre un service privé
et un service public ne réside pas seulement dans les principes
d'évaluation, mais aussi dans le champ d'action. En effet, pour un
service public, le champ d'action est la société prise dans son
ensemble. Dans le cadre du fonctionnement du transport collectif de masse, La
C.U.D, représentant de l'Etat, devra se préoccuper à la
fois des avantages et des coûts pour elle-même et pour toutes les
parties intéressées. Une analyse coût-avantage
(méthode permettant de mesurer et d'évaluer les avantages
relatifs des projets d'investissement public pour la prise de décision
économique), du point de vue de la planification et de la prise de
décision et dans le cadre du fonctionnement du transport collectif de
masse dans la ville de Douala, se révèle utile du fait qu'elle
permettra de quantifier les conséquences importantes sur les
décisions. Or, l'évaluation et la détermination des
avantages et des coûts supposent aussi nécessairement un travail
d'équipe.
Dans l'évaluation économique du projet de
transport collectif de masse à Douala, les avantages seraient
reliés à l'efficacité du réseau de transport de la
SOCATUR notamment :
- dans la réduction des coûts d'exploitation,
soit par des subventions accordées à la SOCATUR par l'Etat ou la
C.U.D (mais la SOCATUR n'est pas subventionnée et c'est là son
handicap),
- dans la disposition à payer (par la réduction
des coûts du carburant par l'Etat), soit à la
sécurité du réseau (PDU et son application afin de
réduire ou d'éviter des accidents),
- et, à l'efficacité des activités
gouvernementales (facilité de douane lors de l'acquisition des bus et
facilités fiscales). Ce qui pourrait générer des gains de
productivité pour la SOCATUR.
II.3.3- Les mesures liées à la
SOCATUR
Les améliorations faites sur le plan de
l'efficacité du réseau de transport collectif de masse
profiteraient à la fois, à la SOCATUR et, aux usagers de ses
services. En ce qui concerne la SOCATUR, une meilleure infrastructure
routière pourra influencer les coûts d'exploitation,
accroître la vitesse commerciale ou permettre l'introduction d'une
nouvelle technologie, voire augmenter la part de marché par
l'acquisition de ces nouveaux équipements tant attendus.
Conclusion du chapitre 4
Le chapitre qui s'achève avait pour objectif de montrer
l'apport de la C.U.D dans le fonctionnement du transport collectif de masse
dans la ville de Douala. Pour cela, nous avons, dans un premier temps,
passé en revue les problèmes de mobilité et
d'accessibilité de la ville. Il en est ressorti que l'offre actuelle,
présente des allures archaïques et évolue dans une sorte de
concurrence déloyale. Le tout se déroulant, par ailleurs, dans un
cadre réglementaire mal défini.
Ainsi, avons-nous été amenés à
classer les actions de la C.U.D en deux groupes : d'un côté,
les actions consistant en la prise de participation directe de celle-ci dans le
capital de la SOCATUR. Et, de l'autre, le volet social, caractéristique
de cette participation. Il en est ressorti que la C.U.D doit jouer le
rôle de planificateur. En même temps qu'elle doit
privilégier le transport collectif de masse dans la ville de Douala et,
favoriser une complémentarité inter modale pour une meilleure
organisation du transport urbain local. Après le dépouillement
des informations obtenues, l'analyse de ces dernières nous a
révélé les déboires de chaque acteur. Ce qui nous a
amené à faire des propositions aux différentes parties.
CONCLUSION DE LA DEUXIEME PARTIE
Cette partie intitulée « Contribution de la
Communauté Urbaine dans la Gestion du Transport Urbain » avait
également un double objectif. La question des transports urbains
étant une préoccupation des pouvoirs locaux, il était
d'abord question, de mettre en exergue le cadre réglementaire de cette
intervention. Au vue de l'analyse, il ressort que la notion de service public
peut revêtir deux dimensions : une dimension nationale et une locale
et dont la charge incombe exclusivement aux Collectivités Locales. Les
évolutions de la vie urbaine (pollution, qualité de vie,...)
obligent, du reste, aussi le service public local à se préoccuper
davantage que par le passé, des problèmes liés au D.D.
Par ailleurs, la contribution du service public local (C.U.D)
dans le fonctionnement de la SOCATUR relève à la fois, de la
faiblesse de l'offre du transport urbain en général dans la ville
de Douala et surtout, des besoins croissants en déplacements au sein de
la ville. Cette faiblesse de l'offre nous permet, par la même occasion,
de vérifier la deuxième hypothèse de notre travail de
recherche.
Afin de compléter l'analyse, nous avons
procédé au calcul du coût généralisé,
pour montrer le privilège du transport urbain de masse dans la ville de
Douala notamment dans sa visée sociale. Ce qui pourra contribuer
à la réduction de la congestion, de la pollution, des
externalités négatives et qui, de plus en plus, sont aussi
générées localement par les transports urbains et les
déplacements à Douala.
CONCLUSION GENERALE
Répondant d'abord à une forte demande sociale,
la ville de Douala, tout comme les autres villes d'Afrique Subsaharienne,
n'échappe pas aux problèmes que posent les transports urbains.
Des programmes ayant pour horizon l'an 2015 ont été
définis par des institutions internationales. Ces programmes sont
soutenus à l'échelle nationale par des gouvernements qui
élaborent des stratégies, l'objectif principal étant la
réduction de la pauvreté. La construction d'infrastructures de
transport et, particulièrement, des infrastructures viaires en milieu
urbain enrichit l'environnement économique à la fois du pays tout
entier et, de sa capitale économique en particulier. C'est dans ce
contexte que l'organisation du système de transport urbain dans la ville
de Douala, principal pôle économique de la sous-région
CEMAC, doit devenir la préoccupation constante des gouvernants.
L'intérêt d'une telle étude est multiple.
En effet, comme nous l'avons relevé dans notre introduction, il consiste
à trouver des solutions de plusieurs ordres à la fois, pour le
décongestionnement de la ville et, pour permettre à la C.U.D de
disposer des moyens adéquats pour sa participation au fonctionnement du
transport collectif local.
Sur le plan économique, sur la base des statistiques
disponibles68(*) :
· les services de transport représentent 20% du
secteur employeur au Cameroun, ce qui fait de lui le deuxième employeur
après l'agriculture,
· dans la distribution, ils représentent 12%
après les ventes en gros et détails et les travaux de
construction, de même
· ils représentent 35% du commerce
extérieur des services au Cameroun,
· le transport routier est le mode le plus important avec
31% de la production de ce secteur et 96% du total des marchandises
transportées, et enfin
· le transport contribue à 6% au PIB total du
pays.
Ces avantages montrent le privilège du transport et
l'importance capitale que revêt ce secteur. Il est donc souhaitable qu'un
intérêt particulier lui soit accordé.
Dans un second temps, l'activité transport est
financièrement rentable à la fois, pour la collectivité
(grâce aux taxes), mais aussi pour les opérateurs et pour les
usagers en terme de gain de temps. Certes l'accès des opérateurs
aux crédits locaux n'est pas facile à cause des taux
élevés. Mais le rôle de la C.U.D pourrait être
nécessaire pour la facilitation de ces crédits à des taux
plus avantageux. Il n'est pas exclu que la libéralisation du
marché pour l'exploitation par plusieurs opérateurs soit un
avantage. C'est l'une des raisons pour lesquelles l'organisation du transport
collectif par la C.U.D serait indispensable.
Sur le plan environnemental, la problématique de la
planification du transport urbain dans la ville de Douala, revient à
trouver quelle approche du Développement Durable il faudrait
insérer dans la mobilité et le transport. Sachant que les
différents thèmes du Développement Durable sont à
la fois économique, écologique et social. Le mérite de la
C.U.D reviendrait à résumer cette problématique en termes
de sécurité routière d'une part et, de santé
publique d'autre part.
En outre, sur le plan réglementaire, le cadre
législatif des fonctions du service public local reste opaque. De
même, de nombreuses interventions de multiples acteurs institutionnels,
dans une atmosphère de dispersion des compétences, constituent un
frein pour une meilleure organisation du transport urbain. Un cadre de
regroupement des compétences serait idéal pour le bien de tous
les acteurs concernés.
Par rapport à la question de recherche posée,
à savoir comment la CUD contribuait-elle au fonctionnement de la SOCATUR
dans la ville de Douala, l'objectif général poursuivi
était de susciter cette dernière comme planificateur du transport
urbain. Pour cela, nous avons défini un cadre de compétences
permettant la résolution de ce problème.
Dans la première étape de notre étude,
l'accent a été mis sur la relation entre intervention publique
et transports urbains. L'analyse a été conduite en deux temps.
Nous avons d'abord examiné le cadre théorique de la notion
d'intervention publique. Cela nous a conduit à évoquer les
raisons et les modalités de cette intervention. Ce qui nous a permis de
voir que l'intervention publique aura été conçue, soit
comme devant être extrêmement limitée, soit comme devant se
diluer dans tous les secteurs de l'économie de manière à
soutenir les biens collectifs.
Dans le même ordre d'idées, l'analyse du cadre
réglementaire nous a fourni les différents rôles
assignés à chaque acteur. L'observation faite a été
la limitation des pouvoirs attribués aux collectivités
territoriales, en ce sens que les modalités d'application de la loi sur
la décentralisation de juillet 2004 restent encore mal définies,
notamment, pour ce qui est des interventions des C.T.D dans les transports
collectifs de leurs localités.
Ensuite, il a été question de présenter,
sur le plan réglementaire, les différents acteurs intervenant
dans le fonctionnement des transports urbains. Il en ressort que la
Communauté Urbaine doit partager ses compétences avec les
administrations centrales et les autres services déconcentrés de
l'Etat, mais dans une situation de non délimitation nette des pouvoirs.
Ce qui est à l'origine de la dispersion des compétences pour un
même secteur d'activités.
La deuxième étape de notre étude s'est
appesantie sur une évaluation de la contribution de la C.U.D dans la
gestion du transport collectif de masse dans la ville de Douala. Il a d'abord
été question d'examiner la notion de service public tant sur le
plan national que local. Ensuite il a fallu examiner son fonctionnement, ainsi
que sa vision, dans le cadre d'un Développement Durable. Il ressort que
les pouvoirs locaux ont intérêt à relever le défi
face au fonctionnement du transport urbain.
Une fois la délimitation du service public
abordée, nous nous sommes penchés sur les interventions de la
C.U.D dans la gestion du transport urbain de masse dans la ville de Douala.
Pour cela, nous avons mené une enquête de terrain auprès de
la SOCATUR, en vue de recueillir certaines informations. A partir des travaux
antérieurs, l'analyse spatio-économique a montré les
problèmes de mobilité et d'accessibilité dans la ville. Il
en ressort que la faiblesse de l'offre générale du transport
urbain est à l'origine de l'intervention de la CUD.
Les résultats obtenus nous ont permis de
vérifier nos deux hypothèses, à savoir que les contours du
cadre juridique demandent encore à être clairement définis
d'une part, et, d'autre part, que la faiblesse de l'offre justifiait la prise
de participation de la CUD dans le capital social de la SOCATUR. Ceci nous a
ensuite permis de tirer les conséquences de notre étude et
d'émettre des propositions.
A titre d'implications, nous relevons que la CUD a
intérêt à développer le transport collectif de masse
pour des raisons économiques, sociales et environnementales. En plus,
elle doit coordonner les autres modes qui sont complémentaires à
l'activité de transport à Douala.
Sur le plan organisationnel, afin d'éviter des conflits
d'influence, le travail devra s'opérer dans un cadre de regroupement de
compétences, de démocratie participative, pour la
réalisation de l'intérêt collectif local, et en
collaboration avec l'Etat central pour la réalisation de
l'intérêt général.
Nos propositions concernent particulièrement trois
domaines. En ce qui est de la réglementation, nous suggérons la
création d'une autorité organisatrice de transport urbain. Dans
le domaine financier, nous proposons que la CUD, dans son partenariat
privé avec la SOCATUR, oeuvre à la facilitation des
crédits et des franchises douanières pour l'acquisition des bus,
ou pour le bénéfice d'autres crédits d'impôts. Il
s'agit, in fine, d'une proposition pour une révision de la
politique fiscale (ou douanière), en vue de subventionner cette
entreprise locale de transport collectif de masse, notamment, comme ce fut le
cas pour la société de transports urbains qui officie dans la
capitale du pays. Comme sous d'autres cieux (C. DUCHÊNE, 2002 ;
G.BRUN, 2001), une telle action permettrait notamment de sortir la SOCATUR du
« cercle vicieux » qui est assurément le sien :
par manque de financement, elle ne peut renouveler son matériel, et ses
vieux bus attirent moins de personnes.
Au total il s'agit pour la C.U.D de désormais
définir une politique de transport en commun au sein d'une politique
globale de déplacements et qui reste elle aussi à concevoir. Dans
cette perspective son futur P.D.U69(*) et sa C.D.S70(*) devront être l'occasion de trouver une
coordination efficace entre la politique de déplacement urbain et celle
d'aménagement de la ville. Cela appelle donc à élargir les
priorités de la C.U.D. dans son action au sein de la SOCATUR. De sociale
en effet celle-ci devra, dans les années qui viennent, concerner
l'amélioration de la qualité de l'offre en termes de parc
d'autobus, de fréquence, mais aussi d'amplitude de service et de
confort. Ce qui, tout en rendant le transport en commun plus attrayant,
permettrait aussi de diminuer le parc des Bend-skins et autres transporteurs
informels. Et par la même occasion, réduirait à la fois la
congestion de la ville et les effets externes des transports automobiles :
pollution, bruits et autres nuisances diverses. Une action qui, en
dernière analyse, contribuera aussi à la reconstruction de
l'attractivité de la capitale économique de la CEMAC. Ainsi,
composante incontestable du développement futur de Douala, le transport
collectif urbain, ainsi que sa maîtrise, deviennent désormais un
véritable enjeu pour l'attractivité économique de la
ville.
ANNEXE
Annexe1 : Compétences
transférées aux communes par la loi de juillet 2004
TITRE III
CHAPITRE I : DU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE
SECTION I : DE L'ACTION ECONOMIQUE
ARTICLE 15- Les compétences suivantes
sont transférées aux communes :
- La promotion des activités de production agricoles,
pastorales, artisanales et piscicoles d'intérêt communal ;
- La mise en valeur des sites touristiques communaux ;
- La construction, l'équipement, la gestion et
l'entretien des marchés, gares routières et abattoirs ;
- L'organisation d'expositions commerciales locales ;
- L'appui aux micro-projets générateurs de
revenus et d'emploi.
SECTION II : DE L'ENVIRONNEMENT ET DE LA GESTION
DES RESSOURCES NATURELLES
ARTICLE 16- Les compétences suivantes
sont transférées aux communes :
- L'alimentation en eau potable ;
- Le nettoiement des rues, chemins et espaces publics
communaux ;
- Le suivi et le contrôle de gestion des déchets
industriels ;
- Les opérations de reboisement et la création
de bois communaux ;
- La lutte contre l'insalubrité, les pollutions et les
nuisances ;
- La protection des ressources en eaux souterraines et
superficielles ;
- L'élaboration des plans communaux d'action pour
l'environnement ;
- La création, l'entretien et la gestion des espaces
verts, parcs et jardins d'intérêt communal ;
- La gestion au niveau local des ordures
ménagères.
SECTION III : DE LA PLANIFICATION, DE
L'AMENAGEMENT DU TERITOIRE, DE L'URBANISME ET DE L'HABITAT
ARTICLE 17- Les compétences suivantes
sont transférées aux communes :
- La création et l'aménagement d'espaces publics
urbains ;
- L'élaboration et l'exécution des plans
d'investissements communaux ;
- La passation, en association avec l'Etat ou la
région, de contrats-plans pour la réalisation d'objectifs de
développement ;
- L'élaboration des plans d'occupations des sols, des
documents d'urbanisme, d'aménagement concerté, de
rénovation urbaine et de remembrement ;
- L'organisation et la gestion des transports publics
urbains ;
- Les opérations d'aménagement ;
- La délivrance des certificats d'urbanisme, des
autorisations de lotir, des permis d'implanter, des permis de construire et de
démolir ;
- La création et l'entretien des voiries municipales,
ainsi que la réalisation de travaux connexes ;
- L'aménagement et la viabilisation des espaces
habitables ;
- L'éclairage des voies publiques ;
- L'adressage et la dénomination des rues, places et
édifices publics ;
- La création et l'entretien des routes rurales non
classées et des bacs ;
- La création des zones d'activités
industrielles ;
- La contribution à l'électrification des zones
nécessiteuses ;
- L'autorisation d'occupation temporaire et de travaux
divers.
1.- Ouvrages, Articles et
cours :
ALBERTINI J.M (1983) : Comment
comprendre les théories économiques, éd. Economica,
Paris.
ARROW H.J (1963): Social Choice and
Individual Values, N.Y.John Villey.
BENTHAM. J (1789): An introduction to
principles of morals and legislation, L.J. Lafleur, N.Y.1948 Editions.
BERTHET V. et C. ROYON (2002) : un enjeu
d'urbanité. Dans revue Economie et Humanisme, n°359.
Cameroon Tribune (2008), n °9,
2000/5399.
CLAVAL.P : La logique des villes, tome
XV, éd. Liter.
DECRET N°97/075/PM fixant les conditions
et modalités d'exploitation à titre onéreux des autobus et
minibus
DICTIONNAIRE LAROUSSE (2007)
DONFOUET P. (2007) : La lutte contre la
pollution atmosphérique en milieu urbain, le cas de la ville de Douala,
Mémoire de DEA, Université de Yaoundé II SOA.
DUCHÊNE C. (2002) : Des politiques
de transport public aux politiques globales de déplacements, dans revue
Economie & Humanisme, n°359.
ESSOMBE EDIMO J.R (2007) :
Spatialité et Développement Economique à Douala entre le
hasard et la nécessité, l'Harmattan, Paris.
ESSOMBE EDIMO J.R (2008 a) : Economie
Spatiale, cours dispensé en DESS `'Economie des Transports et Logistique
des échanges'' F.S.E.G, Université de Yaoundé II SOA.
ESSOMBE EDIMO J.R (2008 b) : Economie
Publique, cours dispensé en année de Maîtrise,
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion, Université de
Yaoundé II SOA.
ESSOMBE EDIMO J.R (2009) : Dynamique
Territoriale de la Concentration des Entreprises à Douala :
polarisation et effet de diffusion. Article en cours de publication dans Revue
« Mondes en Développement », n°142/2009.
GENEREUX.J (2006) : Economie Politique
2. Microéconomie, 4e édition, Hachette Livre.
GODARD X. (1990) : Mobilité et
Transport dans les villes en développement, l'Harmattan, Paris.
GODARD. X et TEURNIER .P : Les
transports urbains en Afrique à l'heure de l'ajustement,
redéfinir le service public. Karthala- Inrets 243p.
GREFFE. X (1994) : Economie des
Politiques publiques, Dalloz, Paris.
KEYNES J.M (1971a) : Théorie
Générale de l'Emploi et de la Monnaie, éd. Payot,
Paris.
KEYNES J.M (1971b) : Notes sur la
Philosophie Sociale à laquelle la Théorie Générale
peut conduire, Mc Millan.
LIMA.S et WIOLAND.A (2007) : offre des
transports urbains à Douala, mise en place d'un outil de suivi.
LÖSCH A. (1940) : l'ordonnancement
spatial de l'économie, cité par I. SAMSON (2003),
« Extraits de l'économie mondiale en 10
leçons », éditions SIREY, Paris.
MICHALET C.A (1999) : La
séduction des nations ou comment attirer les investissements, éd.
Economica. Paris.
MINATD (2004) : les lois sur la
Décentralisation, Yaoundé.
Ministère des Transports (1997) :
Arrêté n°00561/MINT du 21 avril 1997, Yaoundé,
Cameroun.
Ministère des transports (2006) :
Arrêté n°0000/182 MINT du 16 février 2006,
Yaoundé, Cameroun.
MUSGRAVE R.A (1759): The Theory of Public
Finance, N.Y. Mc GRAW HILL.
ONGOLO ZOGO. V (2008) : Analyse
économique du secteur des transports, cours dispensé en
DEES-T&Logistique des Echanges, Faculté des Sciences Economiques et
de Gestion, Université de Yaoundé II SOA.
PECQUEUR B. (2003) : L'Economie territorial,
une nouvelle forme d'interprétation de la mondialisation, in Revue
Economie Politique, n°33.
PNUE (2007) : Avenir de l'environnement
mondial, Geo4 résumé pour les décideurs : Phoenix
Design Aid, Danemark, 32p.
PNUE (2002): Comprendre les changements
climatiques : visite guidée à l'intérieur de la
convention cadre des Nations Unies, 34 p.
RAWLS. J (1971): A theory of justice, Harvard
University Press.
RICARDO. D (1971): Principes d'Economie
Politique et de l'impôt, (traduction française 1817), Flammarion,
Paris.
SAHABANA.M (2006): Les autobus en site propre
intégral, une solution à la crise des transports dans les grandes
agglomérations subsahariennes, Université Lumière Lion p.
342.
SAMUELSON P. (1954): The pure Theory of
public expenditure, Revues of Economics and Statistics, N°30, T.4.
SITRASS (2004) : Pauvreté et
Mobilité Urbaine à Douala : Rapport final, SSATP. 142
pages.
SITRASS (2005) : Restriction de la
circulation des transports collectifs urbains sur le pont du Wouri :
impacts sur les populations. Rapport final, Communauté Urbaine de
Douala : 109 pages.
SMITH A. (1776) : les Causes de la
Richesse des Nations, éd Hancwood, 1963.
V.BARBIER, P. FROIS et LE MASNE (2003) :
Service public local et Développement Durable dans « Revue
économique RERU (2003).
WEBER. A (1909): Theory of location of
industries, Chicago University Press (1928).
2.- Textes et
Règlements.
LOI N°2004/017 du 22/07/04 d'orientation
de la décentralisation.
LOI N°2004/018 du 22/07/04 fixant les
règles applicables aux communes.
LOI N°90/030 fixant les conditions
d'exercice de la profession du transporteur routier.
3.-
Webographie :
Http: rives.revues.org/document 1873 html.
Sommaire..............................................................................................i
Dédicace..............................................................................................ii
Remerciements......................................................................................iii
Liste des
abréviations...............................................................................iv
Liste des
tableaux...................................................................................v
Liste des
annexes...................................................................................vi
Résumé.............................................................................................vii
Abstrat.............................................................................................viii
Introduction
générale.........................................................1
PREMIÈRE PARTIE : INTERVENTION PUBLIQUE ET
TRANSPORTS
URBAINS.................................................13
CHAPITRE 1 : LES RAISONS ET LES MODALITES DE
L'INTERVENTION PUBLIQUE DANS LES TRANSPORTS
URBAINS..................................................................................15
SECTION 1 : LES RAISONS DE L'INTERVENTION
PUBLIQUE........16
I- CONSIDERATIONS GENERALES SUR LES TRANSPORTS URBAINS
ET LES COLECTIVITES
TERRITORIALES................................................16
I.1- SUR LES TRANSPORTS
URBAINS..............................................................17
I.2- LES COLLECTIVITES
TERRITORIALES......................................................17
II- LES RAISONS DE L'INTERVENTION
PUBLIQUE...............................18
II.1- L'APPROCHE
LIBERALE........................................................................19
II.1.1- La conception d'Adam SMITH ou la
nécessité de « l'Etat pompier de
secours »............................................................................................19
II.1.2- L'apport de l'économie du bien-être
néoclassique....................................21
II.2- DE « L'ETAT RAISONNE »A
« L'ETAT
PROVIDENCE ».................................23
II.2.1- « L'intervention
raisonnée »..............................................................23
II.2.2- Vers un Etat providence avec
J.M.KEYNES..........................................24
SECTION II : LES MODALITES DE L'INTERVENTION
PUBLIQUE....25
II.1- LES INTERVENTIONS
INCITATIVES........................................................26
II.1.1- Politique d'organisation du marché par la force
publique...........................27
II.1.2- Politique de contrôle des
monopoles....................................................28
II.2- LES INTERVENTIONS PRODUCTIVES ET REDISTRIBUTIVE...
.......................28
II.2.1- Le cas des interventions
productives...................................................29
II.2.2- II.2.2- En ce qui concerne les interventions
redistributives..........................29
CHAPITRE II : CADRE REGLEMENTAIRE DE
L'INTERVENTION PUBLIQUE DANS LES TRANSPORTS URBAINS AU
CAMEROUN..............................................32
SECTION I : LES ACTEURS DE LA REGULATION DES
TRANSPORTS URBAINS AU
CAMEROUN.........................................................32
I- LE CADRE ORGANISATIONNEL DES TRANSPORTS
URBAINS.............32
I.1- LE ROLE DES INSTITUTIONS
MINISTERIELLES....................................... ...33
I.2- PLACE ET ROLE DES DIVERS AUTRES
ORGANISMES...................................34
II- LA REGLEMENTATION DES TRANSPORTS URBAINS AU
CAMEROUN.....................................................................................37
II.1- LE CADRE REGLEMENTAIRE
NATIONAL.................................................37
II.2- LES REGLEMENTATIONS SUPPLEMENTAIRES DE LA
CEMAC......................38
SECTION II : LES POLITIQUES
GOUVERNEMENTALES................39
I- LA REGIE
DIRECTE........................................................................39
I.1- PRESENTATION DU CADRE DE LA
« REGIE ».............................................39
I.2- EBAUCHE DES FAITS POUR LA VILLE DE
DOUALA....................................40
II- LE REGIME DE CONCESSION AU
CAMEROUN.................................40
II.1- UN APERCU DU CADRE
GENERAL..........................................................40
II.2- PRESENTATION SOMMAIRE DU CADRE FACTUEL A
DOUALA....................41
Conclusion de la première
partie.....................................................44
DEUXIEME PARTIE : CONTRIBUTION DE LA C.U.D DANS
LA GESTION DU TRANSPORT URBAIN..........45
CHAPITRE 3 : LE SERVICE PUBLIC LOCAL ET LES
TRANSPORTS URBAINS
................................................47
SECTION I : NOTIONS DE SERVICE PUBLIC ET DE
SERVICE PUBLIC
LOCAL........................................................................47
I- DEFINITION ET FONCTIONNEMENT DU SERVICE
PUBLIC...............47
I.1 : DEFINITION DU SERVICE
PUBLIC..........................................................48
I.2- FONCTIONNEMENT DU SERVICE
PUBLIC................................................50
II- LE SERVICE PUBLIC
LOCAL.........................................................51
II.1- FONCTIONNEMENT ET GESTION DU SERVICE PUBLIC
LOCAL...................51
II.2- L'EVOLUTION DES RELATIONS ENTRE SERVICE NATIONAL ET
SERVICE PUBLIC
LOCAL.................................................................................52
SECTION II : LE SERVICE PUBLIC LOCAL FACE AU
DEVELOPPEMENT
DURABLE......................................................54
I- BREVE APPROCHE DU DEVELOPPEMENT
DURABLE........................54
I.1- DEFINITION DU DEVELOPPEMENT
DURABLE..........................................54
I.2- LIEN ENTRE DEVELOPPEMENT DURABLE ET SERVICE
PUBLIC..................55
II- L'EXPERIENCE DES COLLECTIVITES EN
France.............................56
II.1- LA MISE EN PLACE D'UN CADRE
REGLEMENTAIRE........................56
II.2- L'EXERCICE DU DEVELOPPEMENT DURABLE PAR LE GOUVERNEMENT
LOCAL..................................................................57
CHAPITRE 4 : INTERVENTION DE LA C.U.D DANS LA
SOCATUR....................................................................59
SECTION I : PRESENTATION SOCIO-ECONOMIQUE ET
PROBLEMES DE MOBILITE DE
DOUALA.....................................59
I- ANALYSE SPATIO-ECONOMIQUE DE
DOUALA.................................59
I.1- CONCENTRATION ET METROPOLISATION A
DOUALA................................59
I.1.1- La concentration
doualaise........................................................................59
I.1.2- Un mouvement de
métropolisation...............................................................60
II- MOBILITE ET ACCESSIBILITE : LES DEFIS A
RELEVER PAR LA
CUD.................................................................................................62
II.1- ANALYSE DE LA MULTI MODALITE DANS LA VILLE DE
DOUALA......62
II.2- INVENTAIRE DES PROBLEMES LIES AUX CONDITIONS DE MOBILITE
DANS LA VILLE DE
DOUALA...............................................................66
SECTION II : IMPLICATION DE LA CUD DANS LE
FONCTIONEMENT DE LA
SOCATUR...........................................67
I- LES MOYENS DEPLOYES PAR LA C.U.D : ACTIONS SUR
LES INFRASTRUCTURES ET LES MOYENS
LOGISTIQUES...........................67
I.1- LES ACTIONS DE LA C.U.D EN INFRASTRUCTURES
ROUTIERES...........68
I.2- LES MOYENS
LOGISTIQUES...........................................................70
II- ACTION DIRECTE A TRAVERS LA
SOCATUR..................................70
II.1- LA PRISE DE PARTICIPATION DIRECTE DANS LE CAPITAL DE LA
SOCATUR..................................................................................................70
II.2- UNE PARTICIPATION A VISEE
SOCIALE...................................................72
II.3
RECOMMANDATIONS.............................................................................75
II.3.1- L'amélioration des transports collectifs de
masse : une nécessité pour la
C.U.D...................................................................................................77
II.3.1.1- Les mesures
organisationnelles........................................................80
II.3.1.2- Proposition d'un modèle d'Autorité
Organisatrice du Transport dans la ville de
Douala............................................................................................. 81
II.3.2- Mesures
financières.......................................................................83
II.3.3- Les mesures liées à la
SOCATUR......................................................83
Conclusion de la deuxième
partie.....................................................84
Conclusion
générale..........................................................86
Annexe......................................................................................91
Bibliographie...............................................................................94
Tables des
matières.......................................................................97
* 1Communauté
Economique et Monétaire de l'Afrique Centrale
* 2J-R ESSOMBE EDIMO
(2007) : Spatialité et développement économique
à Douala entre le hasard et la nécessité, L'Harmattan,
Paris, page 44
* 3 Néologisme que nous
devons à J-R ESSOMBE EDIMO (2007).op.cit.
* 4 J-R ESSOMBE EDIMO
(2007) : op.cit.p.84.
* 5 Cessation de toutes
sortes d'activités occasionnées pendant les
évènements politiques du début des années 90
notamment.
* 6 Société des
Transports Urbains du Cameroun.
* 7 Désigne dans le
langage courant tout type de véhicule utilisé dans le cadre du
transport urbain.
* 8
Collectivités Territoriales Décentralisées
* 9 Loi du 22 juillet
2004.
* 10
Société Camerounaise de Transport Urbain
* 11 Voitures privées
utilisées à titre commercial par les propriétaires
* 12X. GODARD (1990) :
Mobilité et Transport dans les villes en développement,
l'Harmattan, Paris.
* 13 SITRASS (2004) :
Pauvreté et Mobilité Urbaine à Douala : Rapport
final, SSATP. 142 pages.
* 14 J-R ESSOMBE EDIMO
(2007) : Spatialité et développement économique
à Douala entre le hasard et la nécessité, l'Harmattan,
Paris, op.cit.
* 15 J.R ESSOMBE EDIMO
(2007) Dynamique territoriale de la concentration des entreprises à
Douala : polarisation et effets de diffusion, in `'Revue Mondes en
Développement'', n°142.
* 16 X.GODARD et P. TEURNIER
(1994) : Les transports urbains en Afrique à l'heure de
l'ajustement, collection ville et citadins Paris.
* 17
DEPUDD : Direction des Etudes pour la Planification et le
Développement Durable.
* 18 J.R ESSOMBE EDIMO
(2008,a) : Economie spatiale, cours professé à la F.S.E.G,
DESS « Economie des transports et logistique des
échanges » Université de Yaoundé II SOA.
* 19 Définition
du vocable transport selon le dictionnaire Larousse illustré (2007),
page 1855.
* 20
« Institutions et recompositions territoriales » mis en
ligne le 25/06/2008 http : rives.revues.org/document 1873html.
* 21 A. SMITH (1991) :
La richesse des nations : GF Flammarion.531p
* 22 J.R. ESSOMBE EDIMO
(2008 b) : Economie Publique, Cours professé en année de
Maîtrise, F.S.E.G., Université de Yaoundé II-SOA.
* 23 J. GENEREUX, (1990,
1995, 2000, 2004) HACHETTE LIVRE p 159.
* 24 Editions Payot,
Paris.
* 25 Mc Millan, London,
1930, traduction française 1971b.
* 26 Dans le secteur
de transport urbain de personnes, on distingue le transport collectif et le
transport individuel. Tout au long de ce travail, nous ne nous
intéresserons qu'aux modes de transport collectif de personnes.
* 27 La loi de WALRAS
stipule que la valeur totale des offres étant identiquement égale
à la valeur totale des demandes, si l'équilibre entre l'offre et
la demande est réalisé sur n-1 marchés, il l'est
également sur le Nième marché. Voir J. GENEREUX (2006, op.
Cit.).
* 28Selon les propos
tenus par le Secrétaire Général de SYNATAW (Syndicat
National des Taxis du Wouri) (2008)
* 29 Statistiques
issues du rapport de stage sur « l'offre de transports urbains
à Douala ; mise en place d'un outil de suivi », stage
effectué en 2007 au sein de la CUD.
* 30 B.PECQUEUR
(2003) : L'économie territoriale, une nouvelle forme
d'interprétation de la mondialisation, in l'Economie Politique,
n°33.
* 31 JR. ESSOMBE EDIMO (2007
a) : p. 62.
* 32 Les modalités de
contrôle sont fixées par l'Arrêté du Ministre en
charge des transports N°011/A/MINT du 23 février 1998.
* 33 Son fonctionnement est
régi par la décision N°001107/MINT/DT du 26 août
1993
* 34 Ces transporteurs, au
sens de la convention, sont tenus à l'obligation de se munir d'une
vignette spéciale et d'un sauf-conduit international, dont les
modalités de production et de distribution sont conjointement
fixées par le Bureau National de Fret Tchadien (BNF) et le BGFT.
* 35 . Il en est
également du domicile et de la nationalité des parties, à
l'exclusion des transports effectués sous l'empire des conventions
postales internationales ou régionales, des transports funéraires
et enfin du transport des marchandises dangereuses.
* 36 Voir première
partie du mémoire infra.
* 37 V.BARBIER, P.FROIS et
P. LE MASNE (2003) : Service public local et Développement Durable
dans « Revue RERU (2003).
* 38 On peut revenir, à
cet égard, à la première partie infra.
* 39 Les externalités
sociales concernent les inégalités sociales pouvant être
nationales.
* 40 cf. première
partie, infra. Ajoutons que pour le Cameroun, il serait plus judicieux de
parler de « déconcentration » plus que de
« décentralisation ». Dès lors qu'il s'est
agi, dans cette loi, de transférer certaine compétences (ou
charges) de l'Etat central à des collectivités locales à
qui, par ailleurs, il n'est aucunement prévu des moyens financiers
additionnels pour la réalisation de ce surcroît de charges.
* 41 Société
National des Chemins de Fer français
* 42 Avenir de
l'environnement mondial Geo4 résumé pour les décideurs.
(2007) Programme des Nations Unis pour l'Environnement
* 43 Op.cit page 6
* 44 International
Council for Local Environment Initiation.
* 45 V. BARBIER,
P.FROIS et P. LE MASNE (2003) Service Public et Développement Durable,
in Revue PERU, n°2, op.cit. P.327.
* 46 Port Autonome de Douala
(2005) : Un pôle de référence au coeur du Golfe de
Guinée : l'exploitation portuaire, p.17, Douala
* 47 Source ADC
(Aéroports du Cameroun)
* 48 Comme la sous-section
précédente, cette partie de notre travail procède de
l'ouvrage « Spatialité et développement
économique à Douala entre le hasard et la nécessité
éd.l'Harmattan, de J.R ESSOMBE EDIMO (2007), p.p. 145/48.
* 49 Ce sont des
voitures à usage personnel mais, fréquemment utilisées
dans le transport des personnes par certains agents.
* 50 S. de LIMA et A.
WIOLAND (2007). Etude sur l'offre de transports urbains à Douala :
mise en place d'un outil de suivi.
* 51 En 1945, signifiait
« franc des colonies françaises d'Afrique » ;
en 1958, il devint le « franc de la communauté
française d'Afrique », et aujourd'hui, « franc de la
communauté financière d'Afrique » des pays membres de
l'UEMOA, et « franc de la coopération financière en
Afrique centrale » pour les pays membres de la CEMAC.
* 52 Cessation
volontaire de toute activité notamment le travail dans certaines villes
camerounaises en 1992 suite aux troubles politiques
générées par l'avènement du multipartisme, de la
démocratie et les aléas des élections
présidentielles.
* 53 M SAHABANA
(2006) : les autobus en site propre intégral, une solution à
la crise des transports dans les grandes agglomérations subsahariennes,
Université Lumière Lion 2.
* 54 Dans le contexte du
projet de la Stratégie de Développement de douala (CDS), le PID
est une composante du volet institutionnel, parrainée par l'AFD (Agence
Française de Développement) et la Banque Mondiale,
cofinancée par Cities Alliance et par les apports du D (Contrat
Développement Désendettement), de l'IDA (International
Developpement Agency) et de la C.U.D.
* 55 Kilomètre par
seconde.
* 56 Les 13 lignes de la
défunte SOTUC.
* 57 Forum international
pour le transport rural et le développement (FITRD) : rapport
annuel (2005), Agence suédoise de coopération internationale au
développement 19 p.
* 58 Cameroon Tribune
(2008) : n°9, 2000/5399.
* 59 Solidarité
Internationale sur les Transports et la Recherche en Afrique Sub-saharienne.
* 60 Fonds Monétaire
International (2008) : les perspectives Economiques Régionales de
l'Afrique, Washington D.C.
* 61Données provenant
des résultats de l'étude sur l'offre de transports urbains
à Douala (2007) : mise en place d'un outil de suivi : S. de
LIMA et A. WIOLAND.
* 62 La notation est
effectuée de 1 à 4 et par ordre décroissant de
qualité
* 63 Sources :
Ministère des Transports, Yaoundé.
* 64 Rappel :
D.D.=Développement Durable
* 65 Schéma Directeur
d'Aménagement Urbain de Douala.
* 66 Partenariat public
privé.
* 67 Autorité
Organisatrice du Transport Urbain à Douala comme mesure
organisationnelle.
* 68 V.ONGOLO ZOGO :
cours de DESS d'analyse économique du secteur des transports (2008),
Université de Yaoundé II SOA
* 69 Rappel : Plan de
Déplacement Urbain.
* 70 City Developpement
Strategy ou Stratégie de Développement de Douala et de son aire
métropolitaine, et dont l'étude aura été
initié en 2008.
|