MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE,
BURKINA FASO
SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
--------------
-----------------------
Unité-Progrès-Justice
UNIVERSITE DE
OUAGADOUGOU
-----------------------
UNITE DE FORMATION ET DE RECHRERCHE
EN SCIENCES HUMAINES (UFR/SH)
----------------------
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
----------------------
FORMATION DOCTORALE EN DYNAMIQUE
DES ESPACES ET SOCIETE
----------------------
MEMOIRE DE MASTER
OPTION GESTION DES RESSOURCES NATURELLES
THEME
CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET
PROBLEMATIQUE DES CULTURES IRRIGUEES : CAS DES CULTURES
MARAÎCHERES
Présenté et soutenu par
Sous la direction de
Yidourega Dieudonné
BATIONON Pr
Evariste Dapola DA
Année Académique 2008-2009
DEDICACE
A mon père Emmanuel
BATIONON à titre posthume
A ma mère pour son
Amour et son Courage
A mes frères et
soeurs
A mon épouse pour
sa constante disponibilité
A mes fils
A tous ceux qui n'ont
cessé de me témoigner leur attachement
Dans l'espoir de mieux
faire demain, je dédie ce travail.
REMERCIEMENTS
Au terme de ce travail, il est de notre devoir de remercier
tous ceux qui de loin ou de près, nous ont apporté leur
soutien.
Nous adressons nos sincères remerciements à tout
le corps enseignant du département de Géographie qui a bien voulu
assurer notre formation. Une mention particulière est faite ici à
mon Directeur de mémoire Pr Evariste Dapola DA, pour sa patience, sa
compréhension et ses multiples conseils sans lesquels ce travail
n'aurait pas vu le jour.
Notre reconnaissance et nos remerciements les plus
sincères aussi au Pr Dieudonné OUEDRAOGO responsable de la
formation doctorale en dynamique des espaces et société du
département de géographie.
Nous ne pouvons passer sous silence, les précieux
conseils et appuis multiformes du Pr. Georges COMPAORE et du Dr Georges GUIELA
qui ont guidé nos premiers pas dans la recherche.
A tous les étudiants de la promotion de MASTER
2008-2009, nous leur disons merci.
Merci également à mon épouse et à
mes deux fils.
Nous ne pouvons nous taire sur la collaboration et l'appui des
amis, des connaissances et parents.
RESUME
Le climat mondial selon de nombreuses études
réalisées par différents experts est en train de se
réchauffer. Ce réchauffement aurait entraîné en un
siècle l'augmentation de la température moyenne du globe de
l'ordre de 0,74°C. Il serait en grande partie lié aux gaz à
effet de serre que les différentes activités humaines rejettent
dans l'atmosphère.
Selon les simulations des différents modèles
climatiques, le réchauffement en cours va entraîner de multiples
bouleversements parmi lesquels une modification des précipitations aux
différentes latitudes. On estime que le volume des précipitations
devrait croître dans les hautes et moyennes latitudes. Par contre, au
niveau des latitudes tropicales, le volume des précipitations devrait
baisser.
Cette modification des précipitations aura des
répercussions énormes sur les différentes activités
humaines et plus particulièrement sur l'agriculture qui est très
tributaire du climat.
Dans le cadre du présent mémoire, un accent
particulier a été porté sur le secteur des cultures
maraîchères qui constitue pour de millions de petits producteurs
à travers le monde une importante source de revenus. Cependant, la
faiblesse des moyens techniques de ce secteur d'activité dans de
nombreux pays en développement le rend très vulnérable aux
changements climatiques qui s'annoncent.
L'étude tente d'une part, d'identifier les incidences
de ces changements climatiques sur la disponibilité de l'eau pour la
pratique de l'activité maraîchère. D'autre part, elle tente
de voir les incidences qu'une hausse des températures pourrait avoir sur
ces cultures maraîchères.
Mots clés : changements climatiques,
précipitations, gaz à effet de serre, cultures irriguées,
cultures maraîchères
SOMMAIRE
DEDICACE
2
REMERCIEMENTS
3
RESUME
4
LISTE DES FIGURES
8
LISTE DES CARTES
8
LISTE DES TABLEAUX
8
PHOTOS DE
COUVERTURE...............................................................................................8
INTRODUCTION...............................................................................................................9
PREMIERE PARTIE :
PROBLEMATIQUE ET METHODOLOGIE
12
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, HYPOTHESES
ET OBJECTIFS DE RECHERCHE
13
1.1. CONTEXTE GÉNÉRAL
13
1.2. CONSÉQUENCES
GÉNÉRALES LIÉES AUX CHANGEMENTS CLIMATIQUES
14
1.3. CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET EAU
16
1.4. HYPOTHÈSES ET OBJECTIFS DE
RECHERCHE
18
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA REVUE
DE LA LITTERATURE
19
2.1. FONDEMENTS THÉORIQUES DES
CHANGEMENTS CLIMATIQUES
19
2.1.1. Réchauffement climatique
naturel
19
2.1.2. Réchauffement climatique
lié aux actions anthropiques
21
2.2. CADRE CONCEPTUEL
22
2.2.1 Définition des concepts
22
2.2.1.1. Changements climatiques
22
2.2.1.2. Variabilité du
climat
23
2.2.1.3. Cultures irriguées
23
2.2.1.4 Cultures
maraîchères
24
2.2.2 Variables de l'étude
25
2.3. REVUE DOCUMENTAIRE
26
2.3.1. Collecte des données
26
2.3.2. Traitement et analyse des
données
27
DEUXIEME PARTIE :
CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET CULTURES
MARAICHERES
29
CHAPITRE III : CHANGEMENTS
CLIMATIQUES, UNE REALITE A L'ECHELLE MONDIALE
30
3.1 RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE À
L'ÉCHELLE MONDIALE
30
3.2 RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE EN AFRIQUE DE
L'OUEST
32
3.3 MODIFICATION DES PRÉCIPITATIONS
À L'ÉCHELLE MONDIALE
35
3.4. MODIFICATION DES PRÉCIPITATIONS EN
AFRIQUE DE L'OUEST
36
CHAPITRE IV : CHANGEMENTS CLIMATIQUES
ET CULTURES MARAICHERES
41
4.1. EXIGENCES DES CULTURES
MARAÎCHÈRES
41
4.2. INCIDENCES DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR
LES CULTURES MARAÎCHÈRES
42
4.2.1. Incidence des changements climatiques
sur la disponibilité de l'eau
42
4.2.2. Incidences de l'accroissement des
températures sur les cultures maraîchères
47
4.2. 3. Effets de la hausse de CO2
dans l'atmosphère sur les cultures maraîchères
49
CONCLUSION................................................................................................................53
BIBLIOGRAPHIE GENERALE
56
ANNEXES
61
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS UTILISES
CSLP :
|
Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
|
CIFOR :
|
Centre International de Recherche sur les Forêts
|
FAO :
|
Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
|
GIEC :
|
Groupe Intergouvernemental d'experts sur l'Evolution du
Climat
|
IRD :
|
Institut de Recherche sur le Développement
|
INERA :
|
Institut de l'Environnement et des Recherches Agricoles
|
PANA :
|
Programme d'Action National d'Adaptation aux changements
climatiques
|
PMA :
|
Pays les Moins Avancés
|
PNUD :
|
Programme des Nations Unies pour le Développement
|
REEB :
|
Rapport sur l'Etat de l'Environnement au Burkina Faso
|
RMDH :
|
Rapport Mondial sur le Développement Humain
|
SP/CONNED :
|
Secrétariat Permanent du Conseil National pour
l'Environnement et le Développement Durable
|
LISTE DES FIGURES
FIGURE 1 : EVOLUTION DES CONCENTRATIONS ATMOSPHERIQUES DES
GAZ A EFFET DE SERRE ....... .........31
FIGURE 2: VARIATION DE LA TEMPÉRATURE
À LA SURFACE DU GLOBE
31
FIGURE 3: ÉVOLUTION DES TEMPÉRATURES
MINIMALES AU NIVEAU DE BOBO DIOULASSO
33
FIGURE 4: ÉVOLUTION DES TEMPÉRATURES
MINIMALES AU NIVEAU DE DORI
34
FIGURE 5: ÉVOLUTION DES TEMPÉRATURES
MINIMALES ET MAXIMALES AU NIVEAU DE OUAGADOUGOU
34
LISTE DES CARTES
CARTE 1: MIGRATION DES ISOHYÈTES 600 mm, 800
mm, 1000 mm DE 1951 À 2000 AU BURKINA FASO.....
38
CARTE 2: DOMAINES CLIMATIQUES DU BURKINA FASO
(1951-1980)
39
CARTE 3: DOMAINES CLIMATIQUES DU BURKINA FASO
(1971-2000)
39
LISTE DES TABLEAUX
TABLEAU 1 : CADRE OPÉRATOIRE
25
TABLEAU 2 : EXIGENCE DE QUELQUES CULTURES
MARAÎCHÈRES
41
PHOTOS DE COUVERTURE
PHOTO 1 : IMAGE SATELLITE (FAO)
.....................................................................................................................1
PHOTO 2 : CHAMP DE CULTURES MARAICHERES AU
SANGUIE............. ..............................................1
Le grand défi auquel
l'humanité sera confrontée au cours du XXIe siècle est
sans nul doute les changements climatiques. En effet, il est de plus en plus
établi scientifiquement que des changements du climat de la terre sont
en cours, du fait du rejet dans l'atmosphère de gaz à effet de
serre par certaines activités humaines. Ces changements climatiques
induiront une augmentation lente et continue de la température globale
moyenne de la surface de la terre ainsi qu'une augmentation de la
fréquence et de l'intensité des phénomènes
climatiques extrêmes (sécheresses, inondations, vagues de chaleur
par exemple). Les changements climatiques sont donc porteurs de menaces
potentielles diverses pour l'humanité. Ces menaces sont d'ordre
économique, humanitaire, environnemental, politique et
géopolitique. La manière dont le monde gère les
changements climatiques de nos jours aura un effet direct sur les perspectives
de développement humain pour une large portion de l'humanité.
Pour le RMDH (PNUD 2008), en cas d'échec, les 40% de la population
mondiale la plus pauvre, soit environ 2,6 milliards de personnes, seront
condamnés à un futur comportant moins d'opportunités. Par
ailleurs, les changements climatiques accentueront encore les
inégalités profondes entre les pays. En effet, il est admis que
les changements climatiques n'auront pas la même ampleur, du moins les
mêmes conséquences dans les différents pays de la
planète. Autrement dit, les pays riches qui ont une grande part de
responsabilité dans l'émission des gaz à effet de serre
(80%) seront plus aptes à atténuer les chocs climatiques que les
pays pauvres.
A ce niveau, l'Afrique dont le taux d'émission de gaz
à effet de serre est le plus faible (3%) est présentée
comme le continent le plus vulnérable aux chocs climatiques qui
s'annoncent. Cela s'explique par le fait que le continent africain est le moins
préparé sur les plans technique, scientifique, financier et
même des ressources humaines qualifiées pour faire face aux
changements climatiques. Il est également le continent présentant
le nombre le plus élevé de pauvres. Or, selon le RMDH (PNUD
2008), « Lorsque le niveau de pauvreté est élevé
et le niveau de développement humain bas, la capacité des foyers
pauvres à gérer les risques climatiques s'en trouve
limitée ». Cette situation correspond bien à celle de
l'Afrique.
Selon le GIEC (2001), un tiers de la population mondiale, soit
environ 1,7 milliard de personnes vivent actuellement dans des pays qui
subissent un stress hydrique. En matière de stress hydrique,
l'indicateur le plus couramment utilisé consiste en l'utilisation de
plus de 20% des ressources en eaux renouvelables disponibles. D'après
les projections, ce chiffre devrait être porté à quelque
cinq milliards de personnes d'ici 2025, compte tenu du taux de croissance
démographique. Les changements climatiques projetés pourraient en
outre avoir un effet négatif sur le débit des cours d'eau et la
réalimentation des nappes souterraines dans beaucoup de pays
exposés au stress hydrique, notamment en Asie centrale, en Afrique et
dans les pays du bassin méditerranéen.
Une telle situation aura des répercussions sur les
activités agricoles de millions de producteurs à travers le
monde. A ce niveau, les différentes simulations réalisées
démontrent que les changements climatiques vont surtout affecter
l'agriculture des pays en voie de développement. Une telle situation
influencera sans nul doute les moyens d'existence et l'accès
aux aliments de millions de producteurs des pays en développement
compromettant leur sécurité et leur bien être.
Au cours des deux dernières décennies, et face
aux aléas climatiques, de nombreux pays ont fait la promotion des
cultures maraîchères en vue d'une part d'atténuer
l'insécurité alimentaire et d'autre part d'accroître les
revenus des producteurs.
L'activité maraîchère est pratiquée
par des millions de petits exploitants à travers le monde. Pour le cas
spécifique des pays en voie de développement, la plupart des
producteurs pratique l'activité maraîchère le long des
cours d'eau, autour de retenues d'eau ou à partir de puits
traditionnels. Autrement dit, l'activité est menée de
façon simple sans grands aménagements spécifiques par de
petits producteurs.
Avec les changements climatiques qui s'annoncent, la
problématique de l'accès à l'eau se posera avec
acuité au fil des ans. Pour de nombreux pays tropicaux, cela se traduira
par :
- la baisse de la pluviométrie,
- la baisse des régimes des cours d'eau,
- la baisse du niveau des nappes phréatiques,
- le stress hydrique, etc.
Une telle situation aura irrémédiablement des
répercussions sur l'activité maraîchère. C'est pour
tenter de mieux appréhender les différentes répercussions
des changements climatiques sur l'activité maraîchère que
nous avons choisi dans le cadre de notre mémoire de Master en
géographie de travailler sur le thème :
« changements climatiques et problématique des
cultures irriguées : cas des cultures
maraîchères»
L'objectif visé à travers un tel thème
est de faire l'état des connaissances autour de la problématique.
Pour atteindre un tel objectif, nous avons adopté la méthodologie
de travail suivante :
- revue de littérature sur internet notamment sur les
sites traitant de la thématique ;
- revue de la littérature dans les centres de
documentation ;
- entretien avec des personnes ressources au niveau de
l'administration et d'institutions de recherches ;
- élaboration de grilles de lecture et d'analyse des
documents, etc.
La collecte des différentes données
documentaires nous a permis d'élaborer le présent document qui
comprend:
- une première partie présentant la
problématique et la méthodologie de revue de la
littérature ;
- une deuxième partie articulée autour des
changements climatiques et leurs incidences sur les cultures
maraîchères.
PROBLEMATIQUE ET
METHODOLOGIE
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, HYPOTHESES ET OBJECTIFS DE
RECHERCHE
1.1. Contexte général
Le changement climatique est un processus naturel qui
a lieu simultanément à différentes échelles
chronologiques (astronomique, géologique et décennale). Il
concerne la variation au fil du temps du climat mondial ou des climats
régionaux, et peut être causé à la fois par des
forces naturelles et des activités humaines. Or, il semblerait que le
climat actuel à l'échelle mondiale est en pleine mutation.
Ce changement climatique serait consécutif
d'après les données du GIEC (2001) à l'augmentation des
températures mondiales moyennes observée depuis la moitié
du vingtième siècle, phénomène connu sous le nom de
réchauffement de la planète. Celui-ci serait
probablement dû, dans une large mesure, à l'activité
humaine, notamment le brûlage de combustibles fossiles et la
déforestation qui ont accru la quantité de gaz à effet de
serre présents dans l'atmosphère. Le réchauffement est,
à son tour, responsable des changements spectaculaires auxquels nous
assistons : cyclones de plus en plus violents, sécheresses
fréquentes, inondations, hausse du niveau de la mer, etc.
En un siècle, la température moyenne du globe a
augmenté de 0,74 °C. Ce chiffre apparemment faible est pourtant
lourd de conséquences. Ce sont surtout les régions de
l'hémisphère Nord qui se sont réchauffées ; elles
connaissent moins de jours très froids en hiver et plus de
journées très chaudes en été. Depuis 1993, le
niveau de la mer monte en moyenne de 3,1 mm par an. Depuis l'ère
industrielle et les années 1900, il pleut nettement plus en
Amérique du nord et du sud, en Europe du nord et en Asie centrale, et
moins en Asie du sud-est, sur le pourtour méditerranéen et au
Sahel. Les cyclones tropicaux intenses sont plus nombreux en Atlantique Nord.
Si ces faits sont maintenant avérés et les chiffres formels, les
causes précises, elles, sont plus difficiles à déterminer
(CTA, 2008).
Ces dérèglements climatiques ont de plus en
plus des conséquences évidentes sur les activités
humaines.
1.2. Conséquences
générales liées aux changements climatiques
Les pays de l'hémisphère Nord, qui subissent
actuellement le réchauffement le plus marqué, ne sont pourtant
pas les plus pénalisés. La chaleur accrue allonge la
période de végétation des arbres et des plantes. Les
espèces qui ne poussaient qu'au sud de ces pays remontent vers le
nord.
Ce sont les zones tropicales sèches, déjà
fragilisées par la pression démographique, qui subiront de plein
fouet les effets des modifications climatiques. Car là, à
l'inverse des zones tempérées, la période
végétative raccourcit quand la température augmente. Plus
préoccupants encore sont les changements dans la durée des
saisons des pluies et dans l'intensité des précipitations, qui
conditionnent les cultures. Les baisses de production dans ces zones où
les habitants vivent essentiellement de l'agriculture ont des effets ravageurs.
L'Afrique est particulièrement touchée, surtout les pays les
moins avancés, déjà très vulnérables
socialement et économiquement.
L'évolution actuelle du climat entraînera des
conséquences à grande échelle pour des
écosystèmes et occasionnera de grands bouleversements
climatiques. A cet effet, selon le quatrième rapport d'évaluation
du GIEC (2007), la variabilité du climat s'accentuera presque partout.
Comme on peut le constater, les changements climatiques en
cours auront irrémédiablement des conséquences sur la vie
des hommes et les activités qu'ils mènent. A ce niveau, les
activités agricoles semblent les plus vulnérables car
étant très tributaires du climat. Or, le secteur de l'agriculture
emploie, selon le rapport de la banque mondiale (2007) 1,3 milliard de petits
paysans et constitue le principal moyen de subsistance pour 86% des populations
rurales à travers le monde. L'agriculture est donc devenue un secteur
stratégique pour l'économie de nombreux pays du monde et plus
particulièrement des pays en voie de développement. A cet effet,
elle contribue à:
- 5% de croissance économique des pays
développés ;
- 7% de croissance économique des pays en
mutation ;
- 32% de la croissance des pays d'Afrique subsaharienne
Ces données démontrent que l'agriculture
constitue le principal moteur de croissance économique en Afrique
subsaharienne.
Elle a connu d'importants progrès au cours de ces deux
dernières décennies. En effet, pour faire face à une
croissance démographique soutenue au niveau mondial, il a fallu
développer de nouvelles techniques de production agricole. C'est dans ce
contexte que l'agriculture irriguée a été mise à
contribution pour faire face aux besoins alimentaires. De nos jours, la FAO
(2007) dans son rapport sur la situation de l'agriculture mondiale estime que
277 098 000 ha de terres sont irrigués à travers le
monde.
Face à l'insécurité alimentaire et aux
aléas climatiques, les pays d'Afrique subsaharienne ont également
développé les cultures irriguées avec un accent
particulier pour les cultures maraîchères qui, au fil des
années ont pris de l'ampleur et s'imposent aujourd'hui comme une
véritable activité génératrice de revenus majeure.
Un pays comme le Burkina Faso, selon les Statistiques de la
Direction Générale des Prévisions et des Statistiques
Agricoles (DGPSA) du ministère de l'agriculture, comptait au cours de la
campagne maraîchère 2004 - 2005, 170 873 maraîchers
dont 127 127 hommes et 43 746 femmes. Ceux-ci ont emblavé
8 879 ha et produit 166 147 tonnes de produits maraîchers dont
156 636 tonnes ont été vendus. Le chiffre d'affaires
réalisé au cours de cette campagne par les maraîchers est
estimé à 14 987 384 322 F CFA.
Le maraîchage occupe de plus en plus un poids
économique assez important au niveau de l'économie du Burkina et
participe à la lutte contre la pauvreté en milieu rural
conformément aux orientations du CSLP. Avec les données
précédentes, on peut relever aussi que plus de 1% de la
population Burkinabé pratique l'activité maraîchère
et que celle - ci concerne à la fois les hommes et les femmes qui
représentent 25% des maraîchers du Burkina. Autrement dit, un
maraîcher sur quatre est du sexe féminin.
Quant au Maroc, les cultures maraîchères y
occupent une superficie de près de 250 000 ha et assurent une
production moyenne de 6 000 000 de tonnes. Elles interviennent pour 22%
dans la valeur brute des productions végétales et 17% dans
l'emploi global généré par les productions
végétales (Afrique agriculture N° 366 septembre - octobre
2008).
Les cultures maraîchères à
l'échelle mondiale ne sont pas produites dans les mêmes conditions
climatiques ni dans les mêmes conditions techniques. En effet, au niveau
des pays développés qui disposent de puissants moyens financiers
et techniques celles-ci sont pratiquées grâce à des
systèmes ultra modernes d'irrigation. Cela leur permet de produire tout
au long de l'année et d'accroître par ricochet leur
productivité.
En revanche, dans les pays en voie de développement,
l'activité maraîchère est généralement
menée aux abords des cours d'eau ou dans les bas fonds où l'on
creuse des puits traditionnels (8 à 15 m) en vue de pratiquer
l'irrigation des cultures avec des moyens techniques archaïques. Elle est
généralement menée comme activité de contre saison
compte tenu des différentes limites techniques. Malgré toutes ces
insuffisances, l'activité maraîchère demeure une importante
source de revenus pour de millions de producteurs des pays en voie de
développement.
Quelque soit le lieu géographique de production des
cultures maraîchères et les moyens techniques en présence,
le principal facteur de production indispensable reste l'eau. D'après
toujours la FAO (2007), l'agriculture représente environ 70 % de
l'utilisation d'eau mondiale, et jusqu'à 95 % dans de nombreux pays en
développement, ce qui signifie qu'elle a une incidence sur les
disponibilités comme sur la qualité de l'eau disponible pour les
autres utilisations humaines. Or, la disponibilité de la ressource eau
risque de se poser avec acuité dans les décennies à
venir.
1.3. Changements climatiques et eau
Les changements climatiques et la crise de l'eau sont
frères siamois. Ils sont devenus des questions relevant du destin de
l'humanité. L'avenir de la planète dépend des
réponses apportées. «La crise de l'eau douce est aussi
importante et représente la même menace que le changement
climatique », écrit le PNUD (2007) dans le RMDH.
Selon la plus haute autorité scientifique mondiale en
matière de climatologie, le GIEC, 20% des problèmes globaux de
l'eau résultent du réchauffement climatique. La
sécurité alimentaire, la faim, les maladies et la pauvreté
y sont étroitement liées. A ce niveau, des millions de personnes
dans le sud - et en priorité les plus pauvres qui luttent
quotidiennement pour leur survie - sont sans défense face aux caprices
du climat. Il leur manque les moyens financiers et techniques pour pouvoir
prendre les dispositions et les mesures nécessaires, comme le font les
pays industrialisés, par exemple avec la construction de barrages ou de
digues. Les observations climatiques, les prévisions et les
systèmes d'avertissement sont peu répandus dans les pays en
développement. Les conditions climatiques extrêmes prennent une
dimension dramatique dans le sous-continent indien, en Afrique australe et dans
une grande partie de l'Amérique latine. De longues périodes de
sécheresse et des pluies diluviennes accompagnées d'inondations
détruisent les bases d'existence des populations. Le cycle naturel de
l'eau est rompu et compromet ensuite la distribution ainsi que l'utilisation
des ressources en eau. Le GIEC prévoit entre autres, le tarissement des
fleuves dans de nombreuses contrées du monde. Les régions les
plus touchées sont celles qui souffrent aujourd'hui déjà
de la rareté de l'eau, par exemple les pays
méditerranéens, la zone sahélienne, l'Afrique australe et
en partie l'Asie centrale et du sud. Le volume d'eau du fleuve Niger,
l'artère vitale du Sahel, a déjà fortement diminué
au cours des dernières années. La Banque mondiale redoute que les
changements climatiques coupent l'accès à l'eau à des
milliards de personnes dans les prochaines décennies. Un mauvais
accès à l'eau aura des effets catastrophiques sur les
activités agricoles des producteurs et plus particulièrement sur
les cultures maraîchères (GÄHWILER F et SCHMIDT P, in
« Partenaires helvetas », N°177 Août 2004-2004).
Toutes ces données tendent à montrer que les
changements climatiques auront des répercussions majeures sur les
activités agricoles et plus particulièrement les cultures
maraîchères qui dépendent essentiellement de l'irrigation
et qui sont très sensibles aux variations de température. Or, il
est de plus en plus admis qu'avec les changements climatiques en cours, les
températures connaîtront une tendance à la hausse et
l'accès à l'eau deviendra de plus en plus problématique
à l'échelle mondiale. Une telle situation nous amène
à nous poser la question suivante :
Les changements climatiques pourraient-ils remettre en
cause l'activité maraîchère?
Pour tenter d'apporter une réponse à une telle
question, nous avons identifié des hypothèses et fixer des
objectifs clairs à atteindre et qui nous ont servi de fil conducteur
tout au long de la revue documentaire que nous avons faite dans le cadre de
cette étude.
1.4. Hypothèses et objectifs de
recherche
En vue donc de mener à bien ce travail de recherche
nous avons émis une hypothèse principale de travail qui stipule
que : les changements climatiques pourraient remettre en cause la
pratique de l'activité maraîchère. Pour
vérifier cette hypothèse, trois (03) hypothèses
secondaires ont été identifiées :
- avec les changements climatiques en cours, les
producteurs auront de plus en plus difficilement accès à l'eau
pour la pratique de l'activité maraîchère ;
- l'accroissement des températures dans un contexte
de changement climatique pourrait hypothéquer l'activité
maraîchère ;
- l'accroissement du CO2 dans
l'atmosphère pourrait compromettre l'activité
maraîchère.
En vue de vérifier ces différentes
hypothèses, nous avons identifié un objectif
général qui consistait à faire lors de la revue
documentaire le point sur les incidences que pourraient avoir les changements
climatiques sur l'activité maraîchère.
Cet objectif général se décline en trois
(03) objectifs spécifiques:
- identifier les incidences des changements climatiques
sur la disponibilité de l'eau pour l'activité
maraîchère ;
- identifier les incidences de l'accroissement des
températures sur les cultures maraîchères ;
- identifier les incidences de l'accroissement du
CO2 sur les cultures maraîchères.
CHAPITRE II : METHODOLOGIE DE LA REVUE DE LA
LITTERATURE
Le présent chapitre traite du cadre théorique et
conceptuel, puis de la démarche utilisée pour la collecte,
l'exploitation des ouvrages identifiés et le traitement des
données.
2.1. Fondements théoriques des
changements climatiques
Au niveau de la littérature, deux principales
thèses s'affrontent en matière de réchauffement
climatique, même si l'une est en passe de prendre le dessus :
- la première thèse soutient que le
réchauffement climatique actuel est naturel ;
- la deuxième thèse soutient que le
réchauffement climatique actuel est beaucoup plus lié aux
activités anthropiques.
Mais qu'en est-il exactement ?
Avant d'entamer toute discussion, revenons sur la notion
de « réchauffement climatique » et donnons-en
une brève définition.
Le réchauffement climatique correspond à une
augmentation globale des températures moyennes des océans et de
l'atmosphère. Il s'agit donc d'un phénomène
observable à l'échelle du globe. Les
phénomènes climatiques ne peuvent par ailleurs être
appréciés sur de très courtes durées : aujourd'hui,
le terme de réchauffement climatique s'applique aux changements
constatés depuis environ 1975.
http://www.linternaute.com/science/environnement/dossiers/07/rechauffement/1.shtml
Pour mieux comprendre les choses, passons en revue chacune des
thèses.
2.1.1. Réchauffement climatique naturel
Pour les tenants de cette thèse, le climat mondial
résulte des cycles de glaciations et de périodes interglaciaires.
Soit une période froide, suivie d'un réchauffement qui conduit
à une période plus chaude. Autrement dit, le réchauffement
climatique en cours est un processus naturel lié à la fois
à la position de la terre par rapport au soleil et aussi à des
phénomènes purement terrestres. Ils s'appuient essentiellement
sur la théorie astronomique du climat de Milankovitch.
Selon cette théorie, le climat est directement relié à
trois phénomènes terrestres : l'excentricité de la terre,
son obliquité et la précession des équinoxes.
Pour les défenseurs du réchauffement naturel du
climat les principaux éléments naturels qui influent sur le
climat sont :
- l'albédo : il correspond au
rapport énergie solaire réfléchie sur énergie
solaire incidente. Plus concrètement, les zones géographiques qui
ont un albédo fort sont les zones qui réfléchissent
beaucoup comme les banquises, les glaciers etc. En effet, les surfaces blanches
renvoient environ 80% de la lumière absorbée ;
- les cycles solaires :
l'activité du soleil varie. Cela crée donc divers
phénomènes qui se répètent dans le temps suivant
une sorte de périodicité. Une période égale un
cycle de l'activité solaire ;
- les tâches solaires : elles
expliquent les petits changements climatiques ayant une
périodicité d'environ 11 ans ;
- la dérive des continents ou
déplacements des continents: elle est responsable des
modifications ou de la création de nouveaux courants marins qui
influencent le climat ;
- les concentrations de gaz à effets de serre
: l'effet de serre est un phénomène naturel et non
humain. Les gaz à effet de serre (GES), peuvent donc se concentrer
naturellement dans l'atmosphère.
Des scientifiques de haut niveau s'inscrivent dans cette
logique. Ainsi, dans son livre «Global Warming: Myth or Reality? The
Erring ways of Climatology (2005) » (Réchauffement
planétaire : mythe ou réalité ? Les errements de la
climatologie), Marcel Leroux qui est un professeur émérite de
climatologie à l'Université Jean-Moulin (Lyon - France)
écrit : « L'effet de serre n'est pas la cause du changement
climatique. Les causes probables sont donc : des paramètres orbitaux
bien établis à l'échelle paléo climatique, avec des
conséquences climatiques freinées par l'effet d'inertie des
accumulations glaciaires; l'activité solaire (...); l'activité
volcanique et les aérosols associés (plus particulièrement
les sulfates), dont les effets (à court terme) sont incontestables; et
loin après, l'effet de serre, et en particulier celui causé par
la vapeur d'eau, dont l'influence est inconnue. Ces facteurs se conjuguent en
permanence et il semble difficile d'établir l'importance relative de ces
différents facteurs sur l'évolution du climat. De même, il
est tendancieux de faire ressortir le facteur anthropique alors qu'il est,
clairement, le moins crédible parmi tous les autres facteurs
cités ci-dessus »
http://www.fao.org/nr/clim/docs/clim_080502_fr.pdf
Il est évident que des phénomènes
naturels induisent une partie du réchauffement. Toutefois, de nombreux
scientifiques sont aujourd'hui d'accord pour affirmer qu'ils ne peuvent,
à eux seuls, expliquer l'ampleur de l'augmentation des
températures moyennes que l'on observe depuis 30 ans.
2.1.2. Réchauffement climatique lié aux actions
anthropiques
Les tenants de cette thèse sont essentiellement les 600
climatologues qui se réunissent périodiquement au sein du GIEC
pour analyser la tendance générale de l'évolution du
climat. Les différents rapports produits par ces différents
scientifiques au cours des deux dernières décennies tendent
à montrer que le réchauffement climatique actuel est le
corollaire des activités humaines à travers l'augmentation des
gaz à effet de serre. Ces climatologues ont pu démontrer
scientifiquement le lien qu'il y avait entre le réchauffement climatique
et l'accroissement des gaz à effet serre.
Il est établi que lorsque le soleil envoie ses rayons
lumineux sur la surface de la terre, celle-ci absorbe une partie de leur
chaleur, en réfléchit une autre dans l'atmosphère et en
renvoie une troisième sous forme de rayonnement infrarouge. Ce
rayonnement est freiné par les nuages et la vapeur d'eau, ce qui permet
une stabilisation de la température terrestre. Le problème qui se
pose aujourd'hui est que la concentration des gaz à effet de serre (GES)
produits par les activités humaines a considérablement
augmenté. Ces GES piègent une plus grande partie du rayonnement,
lequel se réverbère sur la terre et la réchauffe : c'est
le fameux effet de serre. Un phénomène expliqué en 1824
!
Le principal GES est le dioxyde de carbone ou CO2, qui
représente près de 70 % des GES d'origine humaine. Six milliards
de tonnes proviennent de la combustion des énergies fossiles,
essentiellement le pétrole, dans l'industrie et le transport. Les pays
occidentaux en sont les plus gros émetteurs, Etats Unis en tête.
Mais ils sont en passe d'être rattrapés par les pays
émergents tels que: la Chine et l'Inde.
Il faut y ajouter 1,6 milliard de tonnes provenant de la
déforestation dans les pays du sud. Une forêt qui brûle
libère du carbone alors que, quand les arbres poussent, elle en stocke.
De même, le labour libère le carbone stocké dans le sol. Le
pire, selon les recherches les plus récentes, est que, plus la
planète se réchauffe, moins les plantes et les mers absorbent le
CO2 et plus la température terrestre augmente.
Les activités agricoles participent aussi à
l'effet de serre. En effet, le méthane (CH4), le second GES le plus
important, est généré en majeure partie par l'agriculture.
Il est principalement issu de la fermentation anaérobie (sans air),
importante dans les rizières et les zones inondées
(tourbières, étangs). Les bovins qui ruminent et rejettent des
gaz dans l'atmosphère émettent près de 100 millions tonnes
de méthane par an.
Cependant, le plus grand danger pour la planète est la
fonte du permafrost. Ces sols des zones arctiques, en se dégelant,
pourraient rejeter dans l'atmosphère des milliards de tonnes de
méthane et de CO2.
Ce sont tous ces constats qui ont conduit les scientifiques
à conclure dans le rapport du GIEC (2007): « les
causes du réchauffement climatique sont attribuables à 90% aux
activités humaines, et en particulier à la production massive de
gaz à effets de serre »
Cette théorie a le vent en poupe et est de plus en plus
admise par l'opinion publique de nombreux pays à travers le monde.
2.2. Cadre conceptuel
2.2.1 Définition des concepts
Il y a une abondante littérature en lien avec les
changements climatiques. C'est la raison pour laquelle dans le cadre de notre
étude nous avons jugé utile de définir certains concepts
clé.
2.2.1.1. Changements
climatiques
Selon le GIEC, les changements climatiques peuvent être
définis comme étant « Une variation statistiquement
significative de l'état moyen du climat ou de sa variabilité,
persistant pendant une période prolongée
(généralement des décennies ou plus). Les changements
climatiques peuvent être dus à des processus internes naturels ou
à des forçages externes, ou encore à la persistance de
variations anthropiques de la composition de l'atmosphère ou de
l'utilisation des sols ».
Par contre, on notera que la Convention-Cadre des Nations
Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), dans son article premier,
définit les changements climatiques comme «des changements qui sont
attribués directement ou indirectement à une activité
humaine altérant la composition de l'atmosphère mondiale et qui
viennent s'ajouter à la variabilité naturelle du climat
observée au cours de périodes comparables». La CCNUCC fait
donc une distinction entre «les changements climatiques» attribuables
à l'activité humaine altérant la composition de
l'atmosphère et la «variabilité du climat» imputable
à des causes naturelles.
2.2.1.2. Variabilité du climat
Pour le GIEC, par variabilité du climat, on entend
généralement les variations de l'état moyen et d'autres
variables statistiques (écarts-types, apparition d'extrêmes, etc.)
du climat à toutes les échelles temporelles et spatiales autres
que celle de phénomènes météorologiques
particuliers.
La variabilité peut être due à des
processus internes naturels au sein du système climatique
(variabilité interne) ou à des variations du
forçage externe naturel ou anthropique (variabilité
externe).
2.2.1.3. Cultures
irriguées
Pour MOLLARD E et WALTER A (2008), le terme irrigation a
été popularisé au début du XXe siècle,
époque où les grands équipements hydrauliques se sont
développés pour combler les pénuries d'eau, permettre
l'intensification de l'agriculture et engendrer une nouvelle révolution
agricole. La diffusion du mot « irrigation » a
occulté la variété des « arrosements »
et « baignades » antérieurs ainsi que les
innombrables dénominations des canaux.
Ces différents éléments nous permettent
de définir les cultures irriguées comme étant l'ensemble
des cultures pratiquées par l'homme et bénéficiant d'un
apport hydrique quelque soit les modalités techniques utilisées.
Les eaux d'irrigation sont maîtrisées au moyen de puits, de
galeries drainantes, de canaux, de bassins et de réservoirs auxquels il
faut ajouter les structures de collecte des ruissellements.
2.2.1.4 Cultures
maraîchères
Il est toujours difficile de trouver une définition
juste au concept de cultures maraîchères, car plusieurs notions
renvoient à la même réalité. Ainsi horticulture,
cultures légumières, ont à peu près le même
sens que cultures maraîchères au niveau de la revue de la
littérature que nous avons faite.
Les cultures maraîchères peuvent être
définies comme étant « la production d'un ensemble de
plantes annuelles ou pérennes, arbustives ou herbacées dans un
espace agraire délimité, généralement
exploité de façon intensive dont la récolte est vendue en
plus ou moins grande quantité et fournit les ingrédients entrant
dans la composition des sauces ou de salades » (AUTISSIER V. 1994).
On rencontre en général trois types de jardins
maraîchers :
- les cultures de contre saison dans une exploitation
familiale ;
- les cultures maraîchères en
périmètre irrigué ;
- les cultures maraîchères sous serre.
Dans le cadre de cette étude, l'accent sera mis d'une
part sur les cultures maraîchères de contre saison car des
millions de petits producteurs à travers le monde pratiquent ce type
d'activité maraîchère avec des moyens rudimentaires et
seront donc probablement plus vulnérables aux changements climatiques.
Les caractéristiques essentielles de ce type d'activité
maraîchère sont :
- la faiblesse des superficies emblavées (500 m²-
1000 m²) ;
- l'irrigation se pratique généralement à
la main avec un arrosoir ou une puisette ;
- l'eau est obtenue à partir d'un puisard ou d'un cours
d'eau ;
D'autre part, l'accent sera mis sur les cultures
maraîchères exotiques qui ont été introduites dans
de nombreux pays en développement par le biais de la colonisation et qui
procurent des revenus plus substantiels aux producteurs. Par ailleurs, ces
plantes compte tenu de leur origine, sont très sensibles aux variations
des températures, au stress hydrique et aux germes pathogènes
locaux. Or, avec les changements climatiques, ces facteurs seront probablement
amplifiés.
Sans être exhaustif, les principales plantes qui seront
concernées par la présente étude sont : la tomate, la
salade, le chou, la carotte, l'oignon, le concombre, la pomme de terre, le
poivron, l'aubergine, etc. Celles-ci représentent souvent près de
90% des recettes réalisées par les producteurs.
2.2.2 Variables de l'étude
Pour tester les hypothèses de travail, nous avons eu
recours à des variables. Il s'agit des données nécessaires
pour confirmer ou infirmer les présomptions de recherche.
Le niveau des précipitations, la température,
les régimes des cours d'eau, la disponibilité des eaux
souterraines et de surface, ont servi à analyser les incidences des
changements climatiques sur la disponibilité de l'eau pour
l'activité maraîchère.
Pour apprécier les incidences de la température
et du dioxyde de carbone sur l'activité maraîchère,
l'évaporation, l'évapotranspiration, les besoins hydriques des
plantes, la photosynthèse sont les variables auxquelles nous avons eu
recours. Le tableau suivant résume le cadre opératoire de la
recherche.
Tableau 1 : Cadre
opératoire
Hypothèses
|
Concepts
|
Variables
|
Indicateurs
|
Avec les changements climatiques en cours, les producteurs
auront de plus en plus difficilement accès à l'eau pour la
pratique de l'activité maraîchère ;
|
Changements climatiques
Culture maraîchère
|
Pluviométrie
Régime des cours d'eau
Eaux souterraines
Eaux de surface
|
Hauteur d'eau tombée
Débits des cours d'eau
Niveau de la nappe phréatique
|
L'accroissement des températures dans un contexte
de changement climatique pourrait hypothéquer l'activité
maraîchère
|
Températures
|
Evaporation
Evapotranspiration
|
Besoins hydriques des plantes
Niveau d'humidité
|
L'accroissement du CO2 dans l'atmosphère
pourrait compromettre l'activité maraîchère
|
Gaz à effet de serre
|
Photosynthèse
Production
|
Masse végétale
Rendements
|
2.3. Revue documentaire
Pour mener à bien la revue documentaire nous avons dans
un premier temps cherché à identifier les centres de
documentation des institutions ayant un lien avec notre thématique de
travail. Les principaux centres de documentation que nous avons
identifiés et fréquentés sont :
- les centres de documentation du Ministère de
l'Environnement et du Cadre de Vie (MECV), du Ministère de
l'Agriculture, de l'Hydraulique et des Ressources Halieutiques (MAHRH) pour la
partie Institutionnelle ;
- les centres de documentation du CIFOR, de l'INERA, du
SP/CONNED ;
- la bibliothèque centrale de l'Université de
Ouagadougou,
- la bibliothèque de l'Institut International de
l'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2IE),
- le Centre d'Information et de Recherche pour le
Développement (CIRD).
Au niveau de ces différents centres, nous avons
recherché au niveau des bases de données les documents ayant un
lien avec notre thème.
Par ailleurs, nous avons énormément fait recours
à internet pour l'obtention de données sur la thématique.
Ainsi, nous avons eu à visiter des sites du GIEC, du PNUD, de la FAO, de
la banque mondiale, etc.
Des échanges avec des spécialistes du domaine
nous ont permis de collecter des informations pertinentes pour notre
thème.
2.3.1. Collecte des données
Les méthodes utilisées pour la collecte des
données sont la revue documentaire, les interviews semi
structurés, etc. Pour la revue documentaire, l'accent a
été mis sur quatre catégories de documents : la
littérature scientifique, la littérature grise, la
littérature administrative et la littérature « grand
public ». Nous avons au niveau de chaque catégorie fait
l'inventaire des documents qui répondaient aux préoccupations de
notre thème et procéder ensuite à leur lecture. Pour la
lecture proprement dite, nous jetons un coup d'oeil sur la table des
matières pour sélectionner les parties du document qui ont un
lien avec nos questions de recherche.
Nous avons élaboré une grille de recension pour
retenir les éléments les plus pertinents lors de la lecture.
2.3.2. Traitement et analyse des données
Les données collectées dans le cadre de la revue
documentaire ont fait l'objet d'un traitement manuel à partir d'une
grille de traitement et d'analyse. Cette grille a consisté
essentiellement en l'élaboration d'un tableau à cinq colonnes
comprenant :
- le nom de l'auteur ;
- le titre du document ;
- la problématique succincte traitée par
l'auteur ;
- la démarche suivie ;
- les résultats atteints
Cela nous a permis de mieux appréhender et comprendre
les stratégies et techniques développées par les
différents chercheurs.
De la revue de la littérature, il ressort que lorsque
l'on cherche à prévoir l'impact des changements du climat sur une
activité aussi complexe que l'agriculture, on est confronté
à deux séries de difficultés, liées à deux
niveaux d'incertitude.
Selon AMPHOUX M. et al (2003), les premières
incertitudes proviennent des modèles utilisés pour prévoir
le climat à venir. En effet, toute projection, aussi précise et
calibrée soit-elle, demeure toujours une approximation. La seconde
source d'erreurs consiste en l'interprétation, une fois les
prévisions climatiques établies, de l'impact proprement dit des
changements à venir sur l'activité agricole. La combinaison de
ces deux séries d'erreurs conduit donc à un panel très
large de prévisions.
Si des incertitudes existent dans les modèles
climatiques, elles ne sont malheureusement pas les seules. En effet, une fois
que les prévisions concernant l'évolution du climat sont
réalisées, il reste encore à déterminer quels
seront les effets de ce changement climatique sur le sujet central de cette
étude, à savoir les cultures maraîchères.
Après la phase de prévision climatique
proprement dite, une phase d'analyse doit donc être entreprise. Cette
seconde phase est d'autant plus délicate que le secteur de l'agriculture
est à l'interface entre plusieurs problématiques au sein
desquelles le changement climatique joue un rôle décisif (le
stress hydrique, la dégradation des sols, les économies
régionales, etc.). De nombreuses interactions sont donc à prendre
en compte.
C'est pourquoi malgré les différentes tendances
qui sont faites, de nombreuses incertitudes demeurent quant à l'impact
réel des changements climatiques sur les activités agricoles
à l'échelle locale. Le champ de la recherche reste largement
ouvert à ce niveau, car une meilleure connaissance du milieu physique et
humain d'une zone d'étude peut permettre d'affiner les résultats
d'une recherche.
Nous comptons donc tenir compte de cette connaissance que nous
avons du milieu pour collecter les données relatives à la
disponibilité de l'eau pour la pratique de l'activité
maraîchère au niveau du Sanguié dans le cadre de nos
travaux de recherche en thèse.
CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET
CULTURES MARAICHERES
CHAPITRE III : CHANGEMENTS CLIMATIQUES, UNE REALITE A
L'ECHELLE MONDIALE
A travers le présent chapitre, nous essayons de
démontrer que les changements climatiques sont bel et bien une
réalité à l'échelle mondiale et non une simple vue
de l'esprit.
3.1 Réchauffement climatique à l'échelle
mondiale
Le réchauffement climatique de la planète est
désormais une certitude. En effet, selon les principales conclusions du
quatrième rapport du GIEC, depuis le début de la
révolution industrielle (moitié du XIXe siècle), les
concentrations de gaz carbonique dans l'atmosphère ont augmenté
d'environ 31%, celles du méthane ont plus que doublé, et celles
de l'oxyde nitreux se sont accrues de 17 %. Les figures 1 et 2 qui
représentent des résultats de mesures scientifiques (GIEC, 2001)
montrent une bonne corrélation entre les concentrations de gaz à
effet de serre dans l'atmosphère et la variation de la
température à la surface de la terre.
Il existe aujourd'hui un ensemble de preuves scientifiques
aboutissant à un monde en train de se réchauffer et à une
évolution du climat (GIEC, 2007) :
· des mesures réalisées par la
communauté scientifique internationale indiquent une hausse de la
température moyenne mondiale de l'ordre de 0,56 à 0,92°C
entre 1906 et 2005. Onze des douze dernières années (1995-2006)
figurent parmi les douze années les plus chaudes depuis 1850, date
à laquelle ont commencé les relevés instrumentaux de la
température à la surface de la terre ;
· sur l'ensemble de la planète, le niveau moyen de
la mer s'est élevé en moyenne de 1,8 mm/an entre 1961 et 2003, et
d'environ 3,1 mm/an en moyenne entre 1993 et 2003 ;
· la couverture neigeuse a diminué de quelque 10%
depuis la fin des années 1960 dans les moyennes et hautes latitudes de
l'hémisphère Nord (presque tous les glaciers de montagne
observés dans les régions non polaires ont reculé pendant
cette période) ;
· de nombreuses régions du monde subissent
davantage de précipitations. Dans certaines parties de l'Afrique et de
l'Asie, la fréquence et l'intensité des sécheresses
semblent avoir augmenté.
Figure
1: Evolution des concentrations atmosphériques
Figure 2: Variation de la température à la
surface du globe
des gaz à
effet de serre
Source : Rapport GIEC
2001
Il est très probable que la plupart de l'augmentation
de la température moyenne mondiale observée ces 50
dernières années soit due aux émissions de gaz à
effet de serre engendrées par les activités humaines.
On s'attend à ce que la température moyenne
mondiale augmente de 0,2°C par décennie au cours des deux
prochaines décennies. Si les émissions de gaz à effet de
serre devaient se poursuivre à un rythme identique ou supérieur
au rythme actuel, cela accentuerait encore davantage l'augmentation de la
température mondiale et causerait de nombreux autres changements
climatiques au cours du XXIe siècle.
Les estimations les plus fiables concernant l'augmentation de
la température mondiale entre les années 80 et la fin du XXIe
siècle sont comprises entre 1,8°C et 4°C. D'ici la fin du XXIe
siècle, le niveau moyen des mers devrait augmenter de 18 à 59 cm.
Le réchauffement et l'augmentation du niveau des mers provoqués
par les activités humaines se poursuivront pendant des siècles,
même, si l'on parvenait à stabiliser les concentrations des gaz
à effet de serre. Si ce réchauffement persiste pendant de
nombreux siècles, la calotte glaciaire du Groenland pourrait fondre
intégralement, provoquant ainsi une augmentation du niveau moyen des
mers de quelque 7m.
3.2 Réchauffement climatique en Afrique de l'Ouest
Les travaux de recherche du GIEC démontrent la tendance
au réchauffement global et le rôle majeur des activités
humaines. Entre facteurs globaux et dynamiques régionales, le climat de
l'Afrique de l'Ouest est soumis à de fortes variations.
L'évolution des températures en Afrique de l'Ouest et plus
spécifiquement au Sahel, a suivi une tendance plus rapide que le
réchauffement mondial. L'augmentation varie de 0,2 à 0,8
degrés Celsius depuis la fin des années 1970. Le GIEC confirme
également qu'au cours du XXIème Siècle, le
réchauffement climatique en Afrique sera plus important qu'au niveau
mondial. La hausse de la température moyenne entre 1980/99 et 2080/99
s'échelonnera entre 3 et 4 degrés Celsius sur l'ensemble du
continent, 1,5 fois plus qu'au niveau mondial. Cette hausse sera moins forte au
sein des espaces côtiers et équatoriaux (3 degrés Celsius)
et la plus élevée dans la partie Ouest du Sahara.
Dans le paragraphe suivant, nous tenterons de voir
l'évolution des températures dans un pays comme le Burkina Faso
situé en plein coeur de l'Afrique de l'Ouest.
Réchauffement climatique au Burkina
Faso
Un pays comme le Burkina connaît également le
phénomène du réchauffement climatique. Les
températures au Burkina connaissent une forte variabilité
spatio-temporelle. Les moyennes mensuelles dépassent rarement 35 °C
et les extrêmes se rencontrent au nord avec une valeur minimale absolue
de 5°C à Markoye en janvier 1975 et une valeur maximale absolue de
47,2 °C à Dori en 1984. Dans l'ensemble, l'évolution
temporelle des températures montre une tendance à la hausse dans
les principaux domaines climatiques au Burkina. Le renforcement de
l'anticyclone des Açores qui repousse le Front Inter-Tropical (FIT) vers
le sud et permet ainsi plus fréquemment l'envahissement des pays de
l'Ouest africain par des masses d'air sec et chaud du nord-est, l'harmattan,
est responsable de cette hausse des températures moyennes qui semble
plus élevée en région sahélienne qu'ailleurs
(SP/CONNED 2008).
Les trois graphiques ci-dessous démontrent cette
tendance à la hausse des températures au niveau du Burkina
Faso.
Figure 3: évolution des températures
minimales au niveau de Bobo Dioulasso
Source : SP/ CONNED
2008
Figure 4: évolution des températures
minimales au niveau de Dori
Source : SP/CONNED
2008
Figure 5: évolution des températures minimales et maximales
au niveau de Ouagadougou
Source : SP/CONNED
2008
A travers ces trois graphiques, la tendance à
l'augmentation des valeurs des températures au Burkina Faso est
avérée et cela est en concordance avec les données du
GIEC, sur le phénomène global du réchauffement de la
planète.
Les modèles climatiques sont relativement satisfaisants
pour prévoir le changement de température à
l'échelle du globe et il ya un consensus de la communauté
scientifique autour du réchauffement du climat de la terre. Les
différentes études scientifiques réalisées estiment
qu'il y a probablement un fort lien entre le réchauffement climatique en
cours et les autres phénomènes climatiques.
3.3 Modification des précipitations à
l'échelle mondiale
Le réchauffement climatique en cours a des incidences
sur les précipitations et à ce niveau, on note de plus en plus
des manifestations climatiques extrêmes telles que : les
sécheresses, les inondations, les tempêtes, les ouragans, etc.
Selon certains spécialistes, on note une recrudescence de ces
catastrophes climatiques. Ils estiment que 326 catastrophes en moyenne par an
ont été signalées entre 2000 et 2004. Ces catastrophes
frappent indistinctement pays pauvres et pays riches sous toutes les latitudes.
On peut citer à titre d'exemple les ouragans Katrina, Mitch, Wilma,
Béta, etc. Face à ces différentes catastrophes, certains
n'ont pas hésité à dire que le climat mondial était
déréglé et qu'il était même devenu
«fou».
Toutes ces catastrophes font naître des suppositions
à propos d'un lien potentiel entre ces phénomènes et les
changements climatiques.
D'autres spécialistes par contre estiment que les
catastrophes climatiques ont toujours marqué l'histoire de
l'humanité et que leur tendance à la hausse n'est pas
justifiée. Cependant, ils reconnaissent que les catastrophes climatiques
actuelles sont sans commune mesure au niveau de l'intensité de leur
violence.
Pour de nombreux scientifiques et notamment ceux du GIEC, avec
le réchauffement climatique en cours, on assistera de plus en plus
à une augmentation très probable des précipitations aux
latitudes moyennes et élevées et à leur diminution dans
les latitudes subtropicales. Certaines données semblent
confirmées une telle hypothèse. En effet, selon des simulations
faites par l'International Institute for Applied Systems Analysis (IIASA)
à partir des données de base du GIEC et relatives au
scénario d'émission des gaz à effet de serre, on assistera
à une expansion significative vers le nord des zones
tempérées sous les hautes latitudes et une expansion des zones
arides sous les latitudes plus basses.
Par ailleurs, il est probable que les précipitations
augmenteront en été et en hiver sur les régions aux
latitudes supérieures. Des augmentations sont également
prévues en hiver pour les latitudes nord moyennes, en Afrique tropicale
et en Antarctique, et en été en Asie australe et orientale. Des
diminutions des précipitations hivernales sont prévues pour
l'Australie, l'Amérique centrale et l'Afrique australe. Très
probablement, les variations des précipitations interannuelles seront
plus importantes sur la plupart des régions pour lesquelles on
prévoit une augmentation des précipitations moyennes (GIEC
2001).
La plus grande partie de l'Europe centrale et occidentale
deviendrait subtropicale avec des précipitations hivernales et pas de
gelées. (DE HAEN H, in « Rural 21 le journal
international du développement rural », Volume 14
N°2/2008).
Pour le continent africain dont une grande partie se trouve au
sein d'un régime tropical, à l'exception de la partie
méditerranéenne et de l'Afrique du sud, on note que la
pluviométrie s'échelonne sur un vaste gradient de moins d'1 mm/an
dans certaines régions du Sahara à plus de 5 000 mm/an à
l'équateur.
Pour les prochaines décennies, les différentes
projections climatiques prévoient que la côte
méditerranéenne de l'Afrique, comme le pourtour
méditerranéen dans son ensemble, devrait connaître une
diminution des précipitations (-15 à -20 %). Cet
assèchement affecterait la rive nord du Sahara. A l'autre
extrémité du continent, l'hiver mais surtout le printemps en
Afrique australe devrait être également moins pluvieux. Dans la
ceinture tropicale, les résultats des modèles montrent un
accroissement de la
Pluviométrie dans la corne de l'Afrique.
Les modèles climatiques permettent de prévoir
les grandes tendances à l'échelle mondiale sur le comportement
futur des précipitations mais elles comportent de nombreuses
incertitudes au niveau régional. Ces incertitudes s'accroissent
également lorsque les simulations portent sur une période
étalée dans le temps (100 ans) puisque de nombreux facteurs ne
sont pas maîtrisés.
C'est la raison pour laquelle de nombreux programmes de
recherche sont mis en place au niveau régional pour une meilleure
compréhension des phénomènes climatiques en vue de leur
meilleure prévision à l'échelle régionale. On peut
citer à ce niveau le projet Recherche Interdisciplinaire et
Participative sur les Interactions entre les Ecosystèmes, le Climat et
les Sociétés en Afrique de l'Ouest (RIPIECSA), le programme
Analyses Multidisciplinaires de la Mousson Africaine (AMMA).
3.4. Modification des précipitations en Afrique de
l'Ouest
La région Ouest africaine semble être la
région du monde qui a connu le plus fort déficit de pluies depuis
plus de 30 ans puisque la pluviosité annuelle aurait diminué de
40% entre 1968 et 1990. La situation semble ces dernières années
revenir à la normale avec toutefois une occurrence plus fréquente
de phénomènes extrêmes : périodes sèches en
saison des pluies, inondations graves à certains moments. Aujourd'hui,
les pluies s'arrêtent parfois inopinément durant plusieurs
semaines, tombent brusquement en trombes ou se prolongent anormalement.
Aucune conclusion ne peut être tirée concernant
le régime des précipitations en Afrique de l'Ouest puisque les
prévisions varient beaucoup d'un modèle à l'autre pour la
région. Certains penchent pour un retour vers une période plus
humide, d'autres au contraire pour le retour de la sécheresse.
Les fluctuations pluviométriques observées dans
la zone Afrique de l'Ouest sont aussi valables pour un pays comme le Burkina
Faso qui est sous l'influence de la mousson Ouest africaine.
Modification des précipitations au Burkina
Faso
Les manifestations des changements climatiques au niveau des
précipitations sont également perceptibles au Burkina à
travers :
- une baisse de la pluviométrie au cours des cinquante
dernières années et qui s'est accentuée au cours de la
décennie 1981-1990 qui est considérée comme la plus
sèche avec la disparition de l'isohyète 1 100 mm au sud et
l'apparition au nord de l'isohyète 300 mm ;
- les migrations des isohyètes moyennes annuelles vers
le sud ;
- la fréquence des poches de
sécheresse, etc.
Selon PANA (2003), on note globalement que la
pluviométrie moyenne annuelle au Burkina Faso, a connu une baisse
sensible comme l'atteste la carte n° 1 qui montre le déplacement
latitudinal des isohyètes moyennes vers le sud en l'espace de trois
normales (période de 30 années consécutives) 1951-1980,
1961-1990 et 1971-2000.
Carte 1: migration des
isohyètes 600mm, 800mm, 1000mm de 1951 à 2000 au Burkina
Faso
Source : PANA, 2003
Ces migrations des isohyètes moyennes annuelles ont
aussi eu pour conséquences des changements notables dans la
délimitation des domaines climatiques du pays. En effet, la comparaison
des cartes n° 2 et n° 3 montre un rétrécissement
très important du domaine soudanien entre les deux normales
précitées. Le climat soudano-sahélien (pluviométrie
annuelle < 900 mm) et le climat sahélien (pluviométrie <
600 mm) sont respectivement descendus d'environ 100 km vers le sud.
Carte
2: domaines climatiques du Burkina Faso (1951-1980)
Source : PANA, 2003
Carte 3: domaines climatiques du Burkina Faso
(1971-2000)
Source : PANA 2003
Au cours des cinq dernières années
également, la variabilité a été très forte
se traduisant par des débuts ou des fins de saison pluvieuse
précoces en certains endroits et trop tardifs en d'autres, par des
poches de sécheresses fréquentes en cours de saison. Cette
situation a plutôt renforcé la pluviométrie de la
moitié nord du pays tout en réduisant celle de la partie sud du
pays sans toutefois bouleverser l'allure générale du gradient
sud-nord de la répartition spatiale générale de la
pluviométrie.
Cette forte variabilité de la pluviométrie a
nettement réduit en définitive la quantité globale de la
pluviométrie annuelle tout en compliquant sa gestion pour les besoins de
l'agriculture pluviale (SP/ CONNED 2008).
Les différents modèles climatiques
prévoient une tendance à la baisse de la pluviométrie au
niveau du Burkina. Cette hypothèse confirmerait en fait les grandes
tendances annoncées au niveau mondial et aura des répercussions
énormes sur l'agriculture irriguée et plus
particulièrement les cultures maraîchères.
CHAPITRE IV : CHANGEMENTS CLIMATIQUES ET CULTURES
MARAICHERES
Ce chapitre traite essentiellement des incidences que les
changements climatiques pourraient avoir sur les cultures
maraîchères. Mais auparavant, il serait intéressant de
décrire dans un premier temps certaines exigences des cultures
maraichères notamment dans les domaines de l'eau et de la
température.
4.1. Exigences des cultures
maraîchères
Les cultures maraîchères contrairement aux
cultures pluviales ont des besoins spécifiques en eau et en
température. Lorsque ces exigences ne sont pas remplies, les plants ne
produisent pas ou la production est de mauvaise qualité. C'est la raison
pour laquelle le choix de l'époque de cultures maraîchères
est particulièrement déterminant. Le tableau suivant nous donne
les exigences en eau et températures de quelques cultures
maraîchères.
Tableau 2 : exigence de quelques cultures
maraîchères
Cultures maraîchères
|
Besoins en eau
|
Températures favorables
|
|
|
20 - 30 °
|
30 - 40°
|
Pomme de terre
|
650 mm
|
++
|
+
|
Haricot vert
|
250 - 300mm
|
++
|
|
- Tomate
|
700 - 750mm
|
++
|
+
|
Oignon
|
450 - 500 mm
|
++
|
+
|
Choux
|
650 mm
|
++
|
+
|
Carotte
|
400 - 500 mm
|
++
|
|
-
Source : DUPRIEZ H
1987
Légende : ++ : très
favorable ; + : favorable ; - : défavorable
Ce tableau permet de voir qu'en dehors du haricot vert, toutes
les autres cultures ont des besoins élevés en eau et
préfèrent des températures douces pour leur croissance.
Avec l'accroissement des températures qui s'annonce, il faudrait
s'attendre au niveau de la zone tropicale à une augmentation de la
cadence d'évaporation réduisant le niveau d'humidité et
des ressources en eau disponibles pour la croissance des plantes.
Par ailleurs, les cultures maraîchères pourraient
faire les frais d'une variabilité importante au niveau du climat. En
effet, dans un tel contexte, les saisons des pluies pourraient être
décalées, voire perturbées, et ne correspondraient plus
avec les cycles de croissance des plantes, entraînant
inévitablement une perte de rendement.
4.2. Incidences des changements climatiques sur les cultures
maraîchères
Dans le cadre de notre étude, nous avons
privilégié le cas particulier des cultures
maraîchères qui sont devenues au fil du temps une véritable
activité génératrice de revenus au profit de millions de
producteurs. Vu le caractère stratégique de ces cultures pour de
nombreux pays en voie de développement, et leur sensibilité aux
variations climatiques (température et apport d'eau), il est assez
intéressant de voir les incidences que pourraient avoir les changements
climatiques en cours sur cette partie de l'agriculture. En rappel, de
nombreuses cultures maraîchères pratiquées sous les
tropiques supportent les températures comprises entre 18° et
30°. Il faut souligner que plusieurs facteurs entrent en ligne de compte
dans la production des plantes et nous n'avons pas la prétention de
passer en revue tous ces facteurs. C'est la raison pour laquelle nous avons
décidé de mettre l'accent sur trois facteurs essentiels :
l'eau, la température et le CO2.
4.2.1. Incidence des changements climatiques sur la
disponibilité de l'eau
Sur la base des résultats des différents
modèles climatiques, on peut supposer que les régions des hautes
et moyennes latitudes connaîtront moins de difficultés pour leur
approvisionnement en eau car les précipitations devraient y être
plus importantes. Par ailleurs, ces zones sont de véritables
réserves d'eau douce avec les différents glaciers qui s'y
trouvent. On estime que la fonte des permafrosts libérera des milliards
de tonnes d'eau dans des pays comme le Canada, les Etats Unis, la Russie,
etc.
Par contre, la situation sera plus délicate pour les
pays situés dans les latitudes tropicales qui rencontrent
déjà d'énormes difficultés pour leur
approvisionnement en eau. La situation devrait s'aggraver dans les prochaines
décennies puisque ces pays tropicaux assisteront selon les tendances
générales à une baisse du niveau de leurs
précipitations. Cette situation va probablement avoir des effets sur la
disponibilité des eaux de surface et des eaux souterraines. Cette
hypothèse est corroborée par les données du GIEC qui
affirme dans son rapport 2007 « Dans de nombreuses
régions dans lesquelles l'eau est rare, les changements climatiques
devraient encore limiter la disponibilité d'eau en raison de la
fréquence accrue des périodes de sécheresse, de
l'augmentation de l'évaporation de l'eau et des changements des
modèles de précipitation »
Les régions les plus touchées seront
probablement les pays méditerranéens, la zone sahélienne,
l'Afrique australe et en partie l'Asie centrale et du sud.
Les changements climatiques auront également des effets
sur les écoulements des cours d'eau. Ainsi, pour CHARTRES C., directeur
général de l'Institut international de la gestion de l'eau au Sri
Lanka, «le rythme et l'importance des débits fluviaux
varieront, affectant ainsi les plans d'eaux fluviaux ». Il ajoute que
la fonte des glaciers aura pour conséquence la diminution de la
disponibilité de l'eau en été, y compris celle qui irrigue
le bassin de l'Indus, un phénomène qui pourrait affecter environ
17% de la population mondiale.
http://www.scidev.net/fr/latin-america-and-
caribbean/features/les-cultures-peuvent-elles-r-sister-au-changement-.html
En Afrique, on a noté que suite à la baisse de
la pluviométrie à partir des années 1970, les
écoulements des principaux fleuves ont baissé. Le débit du
fleuve Niger a diminué de 30 % entre 1971 et 1989 ; ceux des
fleuves Sénégal et Gambie de près 60 %. Cette diminution a
été relativement plus importante que celle des
précipitations. A côté des facteurs climatiques,
l'accroissement des besoins en eau constitue un facteur majeur du
prélèvement de cette ressource (UICN, 2004).
Il est en effet difficile d'attribuer cette baisse des
régimes des fleuves au facteur climatique uniquement. On suppose que la
construction de différents ouvrages hydrauliques pour faire face
à une consommation croissante de la population ou à la
multiplication des projets d'irrigation et d'hydro-électricité
est également un facteur qui peut jouer sur les régimes des
fleuves.
Les fluctuations rapides de la superficie du lac Tchad en
fournissent une bonne illustration. Avant les années 1980, la diminution
de la pluviométrie (les précipitations sur le lac
représentent 13 à 14 % des apports annuels en eau) et la baisse
consécutive du débit des fleuves Chari (83 % des apports du lac)
et de son affluent le Logone expliquent en grande partie la réduction de
la superficie du lac à côté de l'évaporation et de
l'infiltration. Après les années 1980, l'irrigation pour
l'agriculture et l'arboriculture dans le bassin du Chari et Logone
constitueraient les principales causes de la réduction des eaux du lac.
(ANDIGUE J. 2007).
A l'avenir, les changements climatiques pourraient avoir des
effets durables sur les quantités d'eau en circulation dans les bassins
et dans les nappes souterraines rechargées en saison des pluies. Mais
globalement, l'Afrique de l'Ouest n'est pas menacée à moyen terme
par le manque d'eau renouvelable, même si des problèmes locaux se
poseront (DUBUS K. et al, 2005).
Cependant, l'Afrique d'une manière
générale, rencontrera des difficultés liées
à la disponibilité de la ressource eau compte tenu de sa faible
capacité de mobilisation d'eau de surface. En effet,
selon les données de la Commission Internationale des Grands Barrages,
en 1998, il existait 25 400 grands barrages dans le monde et leur
répartition par zone géographique donne:
- Afrique : 5 %
- Amérique du Nord : 30,61%
- Amérique du Sud : 2,66%
- Asie : 33,38%
- Europe : 24,38%
En termes donc de mobilisation d'eau de surface, l'Afrique et
l'Amérique du sud devraient donc rencontrer d'énormes
difficultés. La situation sera plus préoccupante pour l'Afrique
à cause de son fort taux de croissance démographique et de sa
dépendance vis-à-vis de l'agriculture.
Pour le cas spécifique du Burkina, le problème
de la disponibilité des ressources en eau se posera de plus en plus avec
acuité dans les prochaines années. La disponibilité en eau
au Burkina Faso varie considérablement avec les conditions
pluviométriques et au cours des 50 dernières années, les
disponibilités en eau ont baissé de façon drastique en
rapport avec la baisse pluviométrique. On note aussi que
l'écoulement annuel des eaux dans les quatre bassins versants nationaux
est actuellement estimé à 7,5 milliards de m3 dont
environ 2,66 milliards de m3 d'eau sont annuellement stockés
sur une superficie de près de 100 000 ha constituée de barrages,
lacs naturels et retenues d'eau.
Les ressources totales en eau du pays (eau de surface + eau
souterraine) sont estimées à 402 milliards de m3,
variant dans une fourchette de 268 à 534 milliards de m3
selon les années.
La pression sur les ressources en eau est liée aux
différentes sources de prélèvement et à la demande
climatique (évaporation et évapotranspiration). Ainsi, la demande
totale annuelle du Burkina Faso en eau, évaluée à 4,8
milliards de m3, peut se repartir comme suit :
- demande consommatrice (10%),
- demande hydroélectrique (44 %),
- demande climatique (46 %).
Il apparaît clairement que la forte évaporation
des eaux de surface et du sol est à l'origine du déficit
chronique en eau observé au Burkina Faso considéré comme
un pays à stress hydrique très élevé selon les
normes de l'Organisation Mondiale de la Météorologie (PANA,
2003). Malheureusement, cette situation risque de s'aggraver au cours des
années à venir avec la hausse des températures liée
au réchauffement climatique.
Le second REEB du SP/CONNED (2008), confirme cette
éventualité en affirmant « tout porte à croire
que le potentiel de ressources en eau du Burkina
régresse de manière significative et ne répond
plus aux besoins croissants du pays ». Une évaluation
prospective met en évidence que le Burkina Faso passera :
- d'une situation de stress hydrique modéré en
année normale, moyen à élevé en année
très sèche au début des années 2000 ;
- à une situation de stress hydrique
élevé permanent à l'horizon 2010 - 2015.
Toutes ces données confirment que l'accès
à l'eau sera de plus en plus problématique dans les
décennies à venir pour de nombreux pays en développement.
Cette difficulté d'accès à l'eau aura d'énormes
répercussions sur l'agriculture qui constitue le principal moteur de
croissance économique d'un continent comme l'Afrique. Cette situation
sera plus préoccupante au niveau de l'agriculture irriguée et
plus particulièrement des cultures maraîchères qui
constituent la principale activité génératrice de revenus
pour des millions de producteurs.
Ainsi, la difficulté d'accès à l'eau
pourrait compromettre les cultures maraîchères dans les zones
tropicales car celles-ci sont très exigeantes en matière d'eau.
On estime qu'il faut environ 6 000 à 8 000 litres d'eau par jour pour
un jardin de 1 000 m².
Ceci sera surtout vrai pour les petites exploitations qui
disposent de peu de moyens techniques et financiers pour faire face aux
pénuries d'eau.
Selon une étude menée au Maroc, on a
constaté ces dernières décennies une régression du
nombre des exploitations de petite taille qui font généralement
moins de 5 hectares. (BOUAZZA Z. et al, 2007).
Malgré ces différentes difficultés, il
faut signaler que des stratégies d'adaptation sont également
développées par les producteurs en vue de faire face à la
faible disponibilité de l'eau.
On peut citer à titre d'exemple la technique
d'irrigation goutte à goute qui a fait ses preuves dans le district de
Palpa situé à l'Ouest du Népal. Les petits paysans de ce
district pratique la culture commerciale de légumes qui
représenterait une source de revenus très importante pour ces
derniers. A cause des précipitations faibles et
irrégulières dans la région, il est difficile d'avoir
suffisamment d'eau pour irriguer. La culture de légumes est donc
problématique, particulièrement durant les mois secs en hiver et
au printemps, alors que c'est à cette époque
précisément que la demande en légumes frais est importante
et que leur vente pourrait générer d'importants
bénéfices. Dans cette région vallonnée, avec des
petites terrasses et une mosaïque de parcelles cultivables, l'irrigation
à grande échelle serait coûteuse et peu adaptée.
Mais, depuis quelques années, les systèmes d'irrigation au goutte
à goutte offrent une alternative non conventionnelle, simple et
avantageuse.
Le LISP («Local Initiatives Support Programme»), un
programme d'appui pour les initiatives villageoises lancé en 1996 par
Helvetas Népal, assure depuis quelques années la promotion de
méthodes d'irrigation dans le district de Palpa. Ainsi, les petits
paysans peuvent cultiver des légumes tout au long de l'année, ce
qui leur assure un revenu sur les marchés locaux. La technique
d'irrigation est adaptée aux besoins des paysans et de l'environnement:
des tuyaux et des petits tubes amènent l'eau directement à la
racine de la plante afin de réduire au maximum le gaspillage. La
méthode est économe en eau et en temps, de sorte que les paysans
peuvent se consacrer à d'autres occupations.
(GÄHWILER F et SCHMIDT P, in « Partenaires
helvetas », N°177 Août 2004-2004).
Il faut signaler également que dans le domaine
génétique, les chercheurs mettent de plus en plus l'accent sur
des plantes résistantes au stress hydrique.
Pour mieux appréhender l'incidence des changements
climatiques sur la disponibilité de l'eau, il faudra aller
au-delà des modèles généraux de la circulation des
eaux et développer plus des modèles spécifiques de bassins
fluviaux et de fermes, démontrant ainsi la façon dont le
changement climatique affectera les disponibilités en eaux fluviales et
le niveau des lacs.
Par ailleurs, davantage de données sur les eaux
souterraines et les aquifères sont nécessaires au niveau des pays
en développement et plus particulièrement de l'Afrique afin de
mieux analyser l'incidence des changements climatiques sur la
disponibilité de l'eau pour la pratique de cultures
maraîchères.
Ces différentes observations sont également
valables pour le cas particulier du Burkina qui globalement va connaître
un stress hydrique beaucoup plus élevé et permanent à
l'horizon 2010-2015. A ce niveau, il serait plus intéressant d'avoir des
simulations au niveau régional voire provincial pour appréhender
l'évolution du niveau de la nappe phréatique, l'évolution
des précipitations en vue de se faire une meilleure idée sur
l'incidence des changements climatiques sur la disponibilité de l'eau
pour la pratique maraîchère pour une province comme le
Sanguié.
4.2.2. Incidences de l'accroissement des températures
sur les cultures maraîchères
D'une manière générale, on estime qu'il y
aura au cours du XXIe siècle un accroissement des températures
à l'échelle du globe de l'ordre de 1,8°C et 4°C. On
estime qu'en moyenne la température du globe devrait croître de
0,2°C tous les dix ans.
A ce niveau, il semblerait que l'accroissement des
températures serait favorable à l'agriculture dans les pays des
hautes et moyennes latitudes à cause du dégel et de
l'accroissement des périodes végétatives des plantes. Un
tel contexte serait favorable en fait aux cultures maraîchères qui
ont besoin de températures comprises entre 18 et 30 °C pour bien
produire. Certaines simulations faites sur des plantes comme la pomme de terre
prévoient une augmentation des rendements de l'ordre de +20% pour
l'Europe du nord et + 8% pour l'Europe du sud (qui va se réchauffer au
cours des décennies à venir).
Globalement si le réchauffement devrait être
profitable aux pays du nord, il ya d'autres facteurs imprévisibles qui
peuvent perturber un tel optimisme. Il s'agit notamment selon certains experts
du manque de prise en compte par les modèles climatiques des
évènements climatiques extrêmes. Parce qu'ils sont
difficilement prévisibles et très violents, les extrêmes
climatiques sont les facteurs les plus dangereux pour l'agriculture et plus
particulièrement pour les cultures maraîchères.
L'augmentation de la moyenne des températures est un faux indicateur du
changement climatique. Une série de vagues de chaleur suivie par une
série de gels peuvent très bien donner une moyenne de
températures normale alors que les plantes n'auront pas pu se
développer.
Par ailleurs, on pourrait assister à l'apparition de
ravageurs qui jusque là étaient inconnus dans les latitudes
tempérées mais qui à la faveur du réchauffement
pourraient proliférer dans ces zones et être nuisibles aux
plantes.
La situation agricole serait plus délicate dans les
zones tropicales et on estime que globalement les rendements agricoles
devraient baisser dans ces zones à cause de la fréquence des
sécheresses et du stress hydrique.
La situation serait plus critique pour les cultures
maraîchères qui verraient leurs besoins en eau croître de
façon substantielle à cause de l'accroissement des
températures pendant que dans le même temps les
disponibilités en eau s'amenuiseraient à cause de la baisse
générale de la pluviométrie. Par ailleurs, une hausse de
température augmenterait la cadence d'évaporation,
réduisant ainsi le niveau d'humidité disponible pour la
croissance des plantes.
Dans son article intitulé changement
climatique : gagnants et perdants paru sur le site
http://www.potato2008.org/fr/points-de-vue/bindi.html,
BINDI M qui est l'un des principaux auteurs du quatrième rapport
d'évaluation, Climate change (2007) montre que pour le cas de
la pomme de terre, étant donné que les plants produisent moins de
tubercules quand la température dépasse 17 °C, il se
pourrait que le réchauffement entraîne une baisse de rendement des
variétés de pommes de terre cultivées aujourd'hui dans des
conditions proches des limites supérieures de température
tolérées par la culture. En effet, des études
effectuées dans de nombreuses régions du monde montrent que, s'il
n'y a pas d'adaptation, l'élévation des températures fera
chuter les rendements de 10 à 19 pour cent en 2010-2039 et de 18
à 32 pour cent en 2040-2069. La région la plus vulnérable
sera la ceinture tropicale, où les pertes pourraient atteindre plus de
50 pour cent.»
Par contre, une simulation effectuée dans les pays
d'Europe du nord a montré que l'augmentation des températures se
traduirait par un allongement de la période végétative et
un accroissement considérable des rendements. On pourrait par
conséquent étendre la culture de la pomme de terre à des
régions où les températures étaient jusqu'à
présent trop basses, tels que le Canada, la Sibérie et la
Scandinavie, et dans des régions montagneuses, comme l'altiplano du
Pérou et de la Bolivie.
Bien qu'une probable hausse des températures soit
défavorable aux cultures maraîchères en zone tropicale, il
ya de nombreux facteurs que les modèles climatiques ne prennent pas en
compte pour le moment et qui pourraient changer la donne, il s'agit de
l'adaptation des populations au processus de changement climatique. On peut
citer à titre d'exemple les techniques de paillage et de
« casier » développées par les
maraîchers du Burkina au nord (zone climatique où les
températures sont très élevées et dépassent
40°C en avril) qui permettent de lutter contre la hausse des
températures et facilitent la conservation de l'humidité.
Enfin, la recherche fait d'énormes progrès et il
n'est pas exclu qu'au cours des prochaines décennies, on ait des
semences maraîchères de plus en plus résistantes aux
températures élevées.
Un autre facteur lié à l'accroissement de la
température et qui pourrait avoir des répercussions sur la
croissance des cultures maraîchères est le CO2.
4.2.
3. Effets de la hausse de CO2 dans l'atmosphère sur les cultures
maraîchères
L'augmentation des concentrations atmosphériques en
dioxyde de carbone pourrait être
bénéfique. Les plantes croissent en raison de la
photosynthèse dont la cadence serait stimulée par des taux plus
élevés de dioxyde de carbone. Ainsi, la cadence de croissance et
la productivité des plantes pourraient augmenter.
La plupart des cultures développées dans des
régions fraîches et tempérées répondent
positivement à une plus grande concentration de dioxyde de carbone,
c'est le cas de la majorité des cultures maraîchères
d'origine européenne.
Ainsi, les différents types de plantes ont
différents mécanismes de fixation du carbone, ce processus qui
fait que durant la photosynthèse le CO2 est converti en
carbone organique. Sans entrer dans les détails, disons que pour
certaines plantes, ce mécanisme passe par la synthèse de
composés à trois atomes de carbone. C'est ce qu'on appelle la
photosynthèse C3 qui implique les plantes dites plantes
C3 localisées dans leur majorité en zone
tempérée (cas de nombreuses cultures maraîchères).
Il y a aussi la photosynthèse C4, impliquant des
composés à quatre atomes de carbone, et conséquemment les
plantes C4 localisées dans les zones tropicales.
De nombreuses études tendent à prouver qu'une
augmentation du CO2 serait donc bénéfique aux plantes
C3 car il jouerait un rôle de fertilisant.
Cependant, ces résultats sur une augmentation de
CO2 doivent être largement nuancés puisque
l'interaction avec d'autres facteurs est à prendre en compte en
effet :
· Une hausse du taux de CO2,
accompagnée d'une augmentation modérée de la
température, si les ressources en eau sont suffisantes,
entraînerait alors une production globale plus forte
· Une hausse du taux de CO2,
accompagnée d'une augmentation modérée de la
température et des pluies, peut mener à une petite
augmentation de la production globale.
· Une hausse du taux de CO2,
accompagnée d'une augmentation de température d'environ 3°C
et d'une diminution des pluies de 20%, conduira à une
réduction de rendement pour toutes les cultures de
champs.
· Une hausse du taux de CO2,
accompagnée d'une augmentation importante de la température et
d'une augmentation modérée des pluies raccourcira la
période de croissance, et à terme entraînera une
baisse de la production.
Ainsi, il ne faut pas prendre en compte la variation d'un
unique paramètre, mais faire intervenir les interactions qui peuvent
exister entre toutes les composantes de variation du climat. (AMPHOUX M. et al
2003).
A ce niveau aussi, il existe de nombreuses lacunes et on
dispose de peu d'informations sur des études réalisées sur
le comportement des cultures maraîchères par rapport à
l'accroissement du taux de CO2 dans l'atmosphère au niveau de
pays africains.
En résumé, l'accroissement des
températures et du dioxyde de carbone serait beaucoup plus favorable aux
cultures maraîchères dans les zones tempérées car il
faciliterait le dégel et accroîtrait la période
végétative des plantes. Par ailleurs, l'accroissement de CO2
dans l'atmosphère faciliterait la croissance de la majeure partie
des cultures maraîchères qui sont des plantes C3.
Toutefois, des évènements imprévisibles
tels que la variabilité climatique ou l'apparition de nombreux insectes
avec l'accroissement des températures devrait tempérer cet
optimisme.
L'augmentation des températures et du CO2
serait beaucoup plus problématique pour les cultures
maraîchères en zone tropicale puisqu'une telle situation
accroîtrait l'évaporation, l'évapotranspiration et
accroîtrait par ricochet les besoins en eau des plantes alors que les
différents modèles climatiques prévoient un accroissement
du stress hydrique dans cette zone consécutivement à une baisse
générale de la pluviométrie. En fait, le facteur
déterminant ici reste la disponibilité de l'eau pour la pratique
de l'activité maraîchère dans un tel contexte.
C'est pourquoi dans le cadre de futurs travaux de recherche
nous comptons travailler sur la problématique
« changements climatiques et incidences sur la
disponibilité d'eau pour la pratique de l'activité
maraîchère dans la province du
Sanguié ».
Les raisons qui sous tendent un tel choix se retrouvent
partiellement dans les données de la DGPSA. En effet, selon cette
institution, l'activité maraîchère couvre l'ensemble des 45
provinces du Burkina Faso. Cependant, celles - ci n'ont pas le même poids
en termes de production maraîchère et d'effectifs
maraîchers. Ainsi, du point de vue de la production, en 2004 - 2005, les
provinces les plus importantes sont respectivement: le Yatenga, le Sanmatenga,
l'Oubritenga et le Sanguié qui totalisent 59 539 tonnes de produits
maraîchers, soit 36% de la production maraîchère du Burkina
Faso. Ces quatre provinces comptent aussi 43 973 maraîchers, soit
26 % de l'effectif des maraîchers du Burkina. A ce niveau, le
Sanguié vient en première position avec 16 298
maraîchers soit environ 10 % des effectifs maraîchers du Burkina
Faso.
Par rapport à la principale source d'eau pour la
production maraîchère :
- 82% des maraîchers du Sanguié utilisent l'eau
des puits traditionnels ;
- 64 % des maraîchers de l'Oubritenga utilisent l'eau de
barrages ;
- 51% des maraîchers du Yatenga utilisent l'eau de
barrages ;
- 44% des maraîchers du Sanmatenga utilisent l'eau de
barrages.
Ainsi, en termes d'effectifs et surtout de l'origine de la
principale source d'eau pour la production maraîchère, les
producteurs du Sanguié semblent les plus vulnérables avec les
changements climatiques qui se confirment au fil des ans. Les producteurs du
Sanguié contrairement à ce qui se passe dans les autres zones de
production maraîchère disposent de peu de réserve d'eau de
surface pour l'activité maraîchère.
Or, selon le SP/CONNED (2008), le Burkina Faso sera dans une
situation de stress hydrique permanent à l'horizon 2010-2015. C'est
pourquoi dans le cadre de futurs travaux de recherche, il serait
intéressant de travailler sur cette problématique au niveau du
Sanguié dont l'économie dépend essentiellement de
l'activité maraîchère.
L'objectif général visé à travers
une telle étude est de vérifier si la province du Sanguié
disposera de l'eau nécessaire à la pratique de l'activité
maraîchère avec les changements climatiques qui s'annoncent. Pour
atteindre un tel objectif, nous allons chercher à :
- analyser la tendance générale de la
pluviométrie au niveau de la province au cours des cinquante (50)
dernières années ;
- vérifier la capacité de mobilisation de
ressources en eau de la province ;
- évaluer l'évolution du niveau de la nappe
phréatique ;
- évaluer les besoins en eau de la province sur une
période des trente (30) prochaines années
L'analyse de toutes ces données devrait dégager
les tendances générales en rapport avec la disponibilité
de la ressource eau au niveau de la province du Sanguié pour les
années à venir.
Au terme de notre étude
dont l'objectif général était d'identifier les incidences
des changements climatiques en cours sur les cultures maraîchères,
que pouvons nous retenir ?
Il faut d'abord rappeler que pour mener à bien un tel
travail nous avons adopté une méthode de travail qui a
consisté dans un premier à définir le cadre
théorique de notre travail et à procéder à un revue
de la littérature assez poussée qui nous a permis de collecter
des données aux plans : national, régional et même
mondial en rapport avec la thématique. Nous avons ensuite traité
les différentes données collectées en vue d'identifier les
différentes réponses qui étaient apportées aux
questions spécifiques que nous avions poussées. A ce niveau, nous
nous sommes beaucoup inspirés des différents travaux du GIEC qui
est la principale autorité mondiale reconnue de nos jours en
matière de prévision climatique. De ces différents
travaux, il est de plus en plus admis que des changements sont en cours au
niveau du climat mondial. Ces principaux changements sont :
- le réchauffement climatique ;
- la fonte des calottes glaciaires ;
- la fréquence d'extrêmes climatiques tels
que : les inondations, les sécheresses, la violence des ouragans
et tempêtes, etc.
- l'accroissement des niveaux de gaz à effet de serre
dans l'atmosphère ;
- la modification des modèles de précipitations,
etc.
Toutes ces différentes modifications ont
été prouvées scientifiquement et on a même
établi une corrélation entre le réchauffement climatique
et l'accroissement des gaz à effet de serre. Cette corrélation a
permis de démontrer la responsabilité des actions anthropiques
sur le réchauffement climatique en cours à travers la forte
émission des gaz à effet de serre.
Ensuite, nous avons tenté d'identifier les incidences
que pourraient avoir les changements climatiques sur la disponibilité de
l'eau. A ce niveau, il faut avouer que les grandes tendances qui se dessinent
confirment qu'on assistera jusqu'à l'horizon 2050 à un
accroissement des précipitations dans les zones de hautes et moyennes
latitudes et à une libération de millions d'hectares de terres
arables à travers la fonte de la neige. Toutes choses qui devraient
être favorables à la pratique des cultures
maraîchères dans ces zones.
Par contre, la situation au niveau des zones tropicales risque
d'être catastrophique puisque les différents modèles
climatiques prévoient une baisse des précipitations au niveau de
ces latitudes. Par ailleurs, de nombreux cours d'eau verront leurs
débits baisser ou même pourraient disparaître. Tout cela va
accroître la problématique d'accès à l'eau dans des
pays qui font déjà face au stress hydrique. Cette situation aura
des répercussions sur la pratique de l'activité
maraîchère pour de millions de producteurs qui auront de plus en
plus accès difficilement à l'eau pour la pratique de leur
activité. Toutefois, il faut avouer que ces différentes tendances
sont d'ordre général et que d'énormes travaux de recherche
restent à faire au niveau régional et même local pour
identifier les incidences des changements climatiques sur la
disponibilité de l'eau aux niveaux régional et même
national. Par ailleurs, les modèles climatiques ne prennent pas en
compte d'une part le processus d'adaptation des populations face aux
changements en cours. D'autre part, la recherche évolue et pourrait
mettre à la disposition des producteurs des semences résistantes
au stress hydrique. Tout cela permettra d'atténuer les
conséquences probables des changements climatiques sur l'activité
maraîchère.
Il a été démontré aussi au cours
de cette étude que l'accroissement de la température pourrait
avoir des répercussions sur l'activité maraîchère. A
ce niveau, les résultats montrent que les pays des hautes et moyennes
latitudes pourraient tirer profit de l'accroissement des températures
sur les cultures maraîchères puisqu'une telle situation
favoriserait le dégel et accroîtrait également la
période végétative des plantes. En revanche,
l'accroissement des températures pourrait entraîner l'apparition
d'insectes inconnus à ces latitudes et qui seraient nuisibles aux
cultures.
L'accroissement des températures aura des
répercussions négatives sur l'activité
maraîchère dans les zones tropicales en ce sens qu'il
accroîtrait l'évaporation, l'évapotranspiration et
provoquerait par ricochet un accroissement des besoins hydriques des plantes
alors que les modèles climatiques prévoient une difficulté
d'accès à l'eau dans ces latitudes au cours des prochaines
décennies. A ce niveau aussi, des efforts d'adaptation sont
déployés par les populations pour faire face à la
montée des températures. On a cité le cas des populations
du nord du Burkina qui pratiquent l'activité dans une zone où les
températures moyennes vont au-delà des 35°C en
développant les techniques de paillage qui conservent l'humidité
et qui atténuent la hausse des températures. La recherche
également oriente ses efforts vers des plantes résistantes aux
hausses de température.
Enfin nous avons essayé aussi d'appréhender les
incidences de l'accroissement du niveau de CO2 sur la croissance des
cultures maraîchères. En rappel, il semblerait qu'on distingue au
niveau des plantes :
- les plantes C3 disposant de trois atomes de
carbone pour la photosynthèse et qui répondraient favorablement
à une augmentation du niveau de CO2 qui jouerait un
rôle de fertilisant à leur niveau. La majeure partie de ces
plantes est localisée dans les pays tempérés et une grande
partie aussi des cultures maraîchères d'origine
européenne répondrait à ce critère ;
- les plantes C4 disposant de quatre atomes pour la
réalisation de la photosynthèse et qui ne tireraient pas profit
d'une éventuelle augmentation du niveau de CO2 dans
l'atmosphère et localisées essentiellement dans les zones
tropicales.
A ce niveau aussi, d'importantes nuances sont à
apporter quant aux bénéfices tirés pour les plantes et
relatifs à une éventuelle augmentation du niveau de CO2
puisque l'interaction avec d'autres facteurs tels que les
précipitations et la température sont à prendre en
compte.
En fait, au cours de cette étude, il est ressorti que
l'eau reste le facteur clé qui va conditionner l'activité
maraîchère au cours des prochaines décennies.
Malheureusement, les travaux sur les incidences des changements climatiques sur
ce facteur au niveau régional voire national restent insuffisants c'est
la raison pour laquelle nous comptons dans le cadre de futurs travaux de
recherche nous plancher plus spécifiquement sur la problématique
« changements climatiques et incidence sur la
disponibilité d'eau pour la pratique de l'activité
maraîchère dans la province du Sanguié »
Un tel choix se justifie par le fait que d'une part la
province du Sanguié occupe la quatrième position en termes de
production maraîchère. D'autre part, elle paraît être
la plus vulnérable aux changements climatiques compte tenu du fait qu'au
niveau de l'origine de la principale source d'eau pour la production
maraîchère, 82% des maraîchers du Sanguié utilisent
l'eau des puits traditionnels. Ce chiffre est le plus élevé de
l'ensemble des quatre premières provinces productrices de cultures
maraîchères et qui sont respectivement : le Yatenga,
l'Oubritenga, le Sanmatenga et le Sanguié.
BIBLIOGRAPHIE GENERALE
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: les cultures peuvent elles résister au
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http://www.fao.org/nr/clim/docs/clim_080502_fr.pdf
: le climat et les changements du climat, 26 octobre 2009.
ANNEXES
Grille de lecture de la revue documentaire
Auteur
|
Titre du document
|
Problématique succincte
|
Démarche
|
Résultats obtenus
|
BIBLIOGRAPHIE INSITUTIONNELLE
|
AMPHOUX M et al 2003
|
Les impacts du changement climatique sur l'agriculture
en Europe et aux Etats-Unis (rapport d'atelier)
|
Cette étude, réalisée dans le cadre de
l'atelier Changement climatique de l'Ecole Nationale des Ponts et
Chaussées, vise à déterminer les effets du changement
climatique à venir sur un secteur capital de l'activité
humaine : l'agriculture. Ce secteur, à la croisée de deux
thématiques centrales, l'économie et l'environnement,
représente un sujet d'étude particulièrement
intéressant ; il est d'autant plus intéressant que sa
dépendance vis-à-vis du climat est très forte
|
Utilisation des modèles climatiques pour prévoir
le climat futur
Analyse de l'impact d'un tel climat sur l'agriculture
|
Hausse de la température :
Décalage des cultures et rendements plus élevés au Nord
Apparition de nouvelles cultures dans les plus hautes latitudes,
Prolifération de parasites, Raccourcissement des périodes de gel,
Impacts sur l'humidité et les ressources en eau,
Précipitations :
Variabilité accrue,
Hausse du taux de CO2 : Gain ou perte de
rendement selon le type de plante (C3 ou C4),
|
GUILLET L et al 2007
|
Les effets du changement climatique sur l'agriculture
Américaine (rapport d'étude)
|
En 2001, l'U.S. Global Change Research Program, le programme
national d'encadrement des recherches dans le domaine du changement climatique,
a publié le rapport d'évaluation des potentielles
conséquences du changement climatique sur l'agriculture aux Etats-Unis
qui concluait que l'agriculture américaine tirerait profit des
changements climatiques à travers notamment l'augmentation du
CO2. Le présent rapport apporte plutôt un bémol
à ces différentes prédictions de l'US Global Change
Research
|
Modèles climatiques, modèles systèmes de
cultures, modèles économiques
|
Prédictions de l'US Global Change Research :
augmentation uniforme du taux de CO2, augmentation des
températures, augmentation des précipitations. Ces
prédictions sont remises en cause par le présent rapport qui
prend en compte les extrêmes climatiques et les ravageurs qui devraient
être nuisibles à l'agriculture. L'effet fertilisant du
CO2 est également atténué
|
BOUAZZA Z et al 2002
|
Vulnérabilité et adaptation du secteur
irrigué du Maroc face aux impacts des changements climatiques
|
Dans une récente étude, réalisée
en 2001 pour le compte du ministère de l'environnement,
l'équipe tente d'aborder, de façon globale, le
devenir de la production nationale à
l'horizon 2020 et d'évaluer la
vulnérabilité du secteur agricole face aux impacts potentiels des
changements climatiques.
|
Modèle climatique du GIEC
Simulation sur les besoins hydriques des plantes à
l'aide du modèle Cropwat de la FAO
|
Menace sur le secteur agricole serait sérieuse à
l'horizon 2020 ; pression croissante sur les ressources en eau en terme de
quantité d'eau consommée à l'hectare ; le stress
hydrique sera aggravé d'ou l'impact négatif sur le rendement,
l'accroissement des besoins en eau d'irrigation pourrait représenter de
+7% à +12% des besoins normaux actuel
|
Ministère de l'environnement et de
l'assainissement du Mali
|
Perception des risques des changements climatiques par les
couches les plus Vulnérables (Rapport)
|
Avec les changements climatiques en cours, le Ministère
Malien de l'environnement a commandité la présente étude
afin de : définir les secteurs prioritaires d'adaptation,
identifier les types de risques dans les secteurs prioritaires, décrire
la perception des risques vécus ou à craindre par les femmes et
les autres couches les plus vulnérables dans le domaine des changements
climatiques
|
Revue documentaire ; élaboration de guide
d'entretien et de fiches d'enquête, collecte de données sur le
terrain
|
Perception risques climatiques :
fréquence des sécheresses, accroissement des températures,
inondation, vents violents
Secteurs prioritaires d'adaptation :
agriculture, élevage, foresterie, ressources en eau, santé,
habitat, etc.
|
http://www.atlas-ouestafrique.org/spip.php?article228
|
Le continent africain face
au climat
|
Dans le cadre des changements climatiques en cours, on a
tenté sur ce site de faire ressortir l'impact de ces changements sur la
température et les précipitations en Afrique
|
Synthèse des rapports du GIEC ;
Analyse adaptée au continent africain
|
Température : hausse de la
température moyenne entre 3 et 4°C à l'horizon 2100 sur
l'ensemble du continent, hausse moins forte au sein des espaces côtiers
et équatoriaux (+3°C) et la plus élevée dans la
partie ouest du Sahara (+4°C)
Précipitations : diminution des
précipitations (-15 à -20 %) autour de la côte
méditerranéenne de l'Afrique au cours de ce siècle, hiver
mais surtout printemps moins pluvieux en Afrique australe, accroissement de la
pluviométrie dans la corne de l'Afrique
|
DE MARSILY G, 2008
|
Eau, Changement climatique, Alimentation et Evolution
démographique (article)
|
Cet article propose une vue d'ensemble des ressources en eaux
à l'échelle mondiale, à l'horizon du milieu du
21ème siècle. On considère d'abord les conséquences
probables du changement climatique en ce qui concerne les
événements moyens aussi bien qu'extrêmes
|
Modèles climatiques basés en grande partie sur
les scénarios d'émission des gaz à effet de serre du
GIEC
|
Accroissement des précipitations en
Afrique équatoriale, Europe du Nord et Nord canada, baisse des
précipitations en Afrique du Nord, prévisions incertaines pour le
sahel africain et l'Europe du sud
Augmentation des ressources en eaux en Europe
du Nord, Russie, Amérique du Nord et la zone tropicale, permettant une
production agricole plus élevée.
-Forte diminution des ressources en eaux en Europe du Sud,
Asie du Sud Est, Amérique du Sud, Afrique et Australie avec des effets
sévères sur la production agricole.
|
FAO 2005
|
L'irrigation en Afrique en chiffres. (Rapport)
|
En 1993, la FAO a lancé un programme connu sous le nom
d'AQUASTAT, son système mondial d'information sur l'eau et l'agriculture
(http://www.fao.org/ ag/aquastat). Ce rapport présente les informations
les plus récentes sur la disponibilité de l'eau et
son utilisation sur le continent africain, notamment sur
l'utilisation et la gestion de l'eau en agriculture. Il analyse les changements
survenus pendant les dix années écoulées depuis la
première enquête en 1995.
|
Revue documentaire, Internet, enquêtes internationales
|
Le rapport fait le point pour chaque pays de la situation de
l'hydraulique agricole et de l'hydraulique rurale en général,
avec une attention spéciale pour l'irrigation. Il Offre une base pour
les analyses au niveau régional et continental en fournissant une
information systématique et fiable sur la situation des ressources en
eau et de l'hydraulique agricole pouvant contribuer à la planification
et aux projections régionales
|
Programmes d'Action Nationaux pour l'Adaptation (PANA)
2003
|
Synthèse des études de vulnérabilité
et d'adaptation aux changements climatiques : étude de cas du Burkina
Faso(Rapport)
|
Dans le cadre des changements climatiques, le présent
document donne un aperçu sur les principaux résultats obtenus
concernant l'état de vulnérabilité et les
différentes stratégies d'adaptation utilisées.
|
Revue documentaire, collecte de données, modèles
climatiques, etc.
|
Constats de l'étude : pollution de
l'air, baisse de la pluviométrie, la hausse des températures,
dégradation des sols et des ressources végétales, baisse
de la disponibilité en eau
Stratégies d'adaptation :
élaboration et adoption de différents codes de conduite dans la
gestion du patrimoine naturel commun, mise en oeuvre de technique de CES/ DRS
par les populations, vulgarisation de plusieurs paquets technologiques
grâce à la recherche, etc.
|
Groupe Inter gouvernemental d'experts sur l'Evolution du
Climat (GIEC 2001)
|
Changements Climatiques 2001 : Rapport de synthèse.
Résumé à l'intention des décideurs
|
Ce rapport est une synthèse du contenu du
troisième rapport du GIEC publié en 2001 et portant sur
l'état général du climat mondial
|
Modèles climatiques, collecte de données à
l'échelle mondiale, observations satellite, scénarios
d'émission des gaz à effet de serre
|
Les changements climatiques seraient liés aux actions
anthropiques
Le rapport fournit aussi de nouvelles
prévisions sur les futures concentrations atmosphériques de gaz
à effet de serre, les profils des changements mondiaux et
régionaux, le rythme des variations des températures, des
précipitations, du niveau de la mer, et la modification des
phénomènes climatiques extrêmes.
|
SP/CONEDD (2008)
|
Deuxième Rapport sur l'Etat de l'Environnement au Burkina
Faso (REEB 2)
|
L'élaboration du deuxième rapport sur l'état
de l'environnement s'inscrit dans le cadre des politiques de
développement durable et de lutte contre la pauvreté. Il vise une
meilleure connaissance des problématiques environnementales, la
compréhension des grandes évolutions de l'état de
l'environnement et leurs conséquences.
|
Analyse des données documentaires disponibles.
|
La comparaison des données issues des diagnostics
menés au titre du premier et du deuxième rapport sur
l'état de l'environnement au Burkina Faso met en évidence une
aggravation des pressions s'exerçant sur les ressources et milieux
naturels (sols, air, eau, végétation, biodiversité) et des
problèmes d'environnement qui en résultent (dégradation
des terres, déforestation, dégradation des ressources en eau,
érosion de la biodiversité). Une aggravation des problèmes
d'environnement démultipliée par les impacts du changement
climatique.
|
|