Communauté française de
Belgique
FACULTE UNIVERSITAIRE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DE
GEMBLOUX
Diagnostic des potentialités et
vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier
face à la pression démographique liée à la
périurbanisation de Port-au-Prince (Haïti) comme base d'une
planification du développement de son habitat.
Travail de fin d'études
Année académique 2005-2006
Présenté par : Nixon
SANON
Promoteur : Professeur Claude FELTZ
En vue de l'obtention du diplôme d'études
approfondies
En Sciences agronomiques et Ingénierie biologique
(c) Toute reproduction du présent document, par
quelque procédé que ce soit, ne peut être
réalisée qu'avec l'autorisation de l'auteur et de
l'autorité académique de la Faculté universitaire des
sciences agronomiques de Gembloux.
Le présent document n'engage que son auteur.
Communauté française de
Belgique
FACULTE UNIVERSITAIRE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DE
GEMBLOUX
Diagnostic des potentialités et
vulnérabilités du milieu naturel à la commune de Gressier
face à la pression démographique liée à la
périurbanisation de Port-au-Prince (Haïti) comme base d'une
planification du développement de son habitat.
Travail de fin d'études
Année académique 2005-2006
Présenté par : Nixon
SANON
Promoteur : Professeur Claude FELTZ
En vue de l'obtention du diplôme d'études
approfondies
En Sciences agronomiques et Ingénierie biologique
REMERCIEMENTS
La réalisation de tout document n'est jamais l'oeuvre
d'une seule personne. Je remercie ainsi tous ceux qui, d'une manière ou
d'une autre, m'ont aidé à réaliser ce travail. Je pense
particulièrement à :
Ø M. le Professeur Claude FELTZ pour son encadrement
sans faille ;
Ø l'Agence Universitaire de la Francophonie qui a
financé ma formation en DEA ;
Ø Le personnel de l'Unité de Traitement des
Systèmes d'Informations Géographiques ;
Ø Le personnel d'I-mage consult ;
Ø M. Professeur Philippe LEJEUNE pour ses conseils
avisés ;
Ø Aux membres du Jury ;
Ø L'Ingénieur agronome Jude ZEPHYR ;
Ø Ma famille pour son soutien ;
Ø Mes compatriotes haïtiens en Belgique.
RÉSUMÉ
Située non loin de la capitale d'Haïti, la commune
de Gressier fait l'objet d'une urbanisation accrue au niveau de sa partie
côtière. Profitant des faiblesses institutionnelles et en absence
d'outils locaux d'aménagement territorial, la population multiplie les
constructions anarchiques au détriment du milieu biophysique. Celui-ci,
compte tenu de ses sensibilités, risque de se dégrader de
façon irréversible.
Aussi, dans le but de générer une base
d'informations pertinentes sur le milieu et dans le souci de faire ressortir la
nécessité d'y intervenir, ce travail vise à étudier
les vulnérabilités et les potentialités du milieu naturel
à Gressier face à l'urbanisation à travers un diagnostic
territorial et socio-économique sur la base des données
cartographiques existantes.
Il apparaît urgent, à travers cette
démarche, d'élaborer un schéma d'affectation des terres
qui définisse une nouvelle forme d'organisation spatiale de l'habitat au
niveau communal.
Mots-clés : urbanisation,
organisation spatiale, milieu naturel, schéma d'affectation des
terres
ABSTRACT
Gressier, near Haiti's capital, faces increased urbanization
problems at this side coast. Because of regulations land management are not
locally existed, spontaneous buildings take place and threaten considerably
natural areas.
So, with the aim of generating a base of relevant information
about the environment (middle) and in the concern to highlight the necessity of
intervening there, this work aims at studying the vulnerabilities and the
potentialities of the natural environment (middle) to Gressier in front of the
urbanization through a territorial and socioeconomic diagnosis on the basis of
the existing cartographic data.
It appears that a new territory approach is urgently needed in
order to define appropriate places for building.
Keywords: urbanisation, land management,
natural areas
TABLE DES MATIÈRES
REMERCIEMENTS..........................................................................................iv
RESUME........................................................................................................v
TABLE DES
MATIERES....................................................................................vi
LISTE DES
TABLEAUX...................................................................................viii
LISTE DES
FIGURES........................................................................................ix
LISTE DES SIGLES ET
ACRONYMES..................................................................x
INTRODUCTION
1
Chapitre 1
4
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE D'HAÏTI
4
1.1- CARACTÉRISTIQUES PHYSIQUES
5
1.1.1- Relief
5
1.1.2- Géologie d'Haïti
5
1.2- CARACTÉRISTIQUES SOCIO-ÉCONOMIQUES
D'HAÏTI
8
1.2.1 -Population
8
1.2.2- Economie
9
1.2.3- Education
9
1.3- ORGANISATION ADMINISTRATIVE
9
Chapitre
2......................................................................................................11
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE EN HAÏTI
11
2.1-L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE AVANT
1987....................................................11
2.2- L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE APRÈS
1987
14
Chapitre 3
16
MÉTHODOLOGIE GÉNÉRALE
16
3.1-DEFINITION DE QUELQUES
CONCEPTS................................................................16
3.2- DÉMARCHE
17
3.3- MATÉRIEL CARTOGRAPHIQUE
19
Chapitre 4
21
DIAGNOSTIC TERRITORIAL
21
4.1- DIAGNOSTIC BIOPHYSIQUE
21
4.1.1 - Présentation/
Caractéristiques physiques
21
4.1.2- Relief
21
4.1.3- Climat
21
4.1.4 - Le substrat physique
22
4.1.5 - Les eaux de surface (réseau
hydrographique)
27
4.1.6 - Végétation
27
4.2- EQUIPEMENT INFRASTRUCTUREL ET SERVICES PUBLICS
28
4.2.1- Infrastructures
28
Chapitre 5
30
DIAGNOSTIC SOCIO-ÉCONOMIQUE
30
5.1- POPULATION
30
5.2- ACTIVITÉS ÉCONOMIQUES
31
5.3-CARACTERISATION DE L'HABITAT
33
5.3.1- Typologie de l'habitat selon le mode de
production
33
5.3.2-Typologie de l'habitat selon le mode
d'agglomération.........................................35
5.3.3- Evolution de la densité de
l'habitat
36
5.3.4- Evaluation de l'habitat
37
Chapitre
6......................................................................................................40
SYNTHÈSE DU DIAGNOSTIC :
40
PROBLEMES D'OCCUPATION DU TERRITOIRE
40
6.1- RELATION HABITAT-PENTE
40
6.2- RELATION HABITAT ET RISQUE D'ÉROSION
42
6.3- RELATION HABITAT ET RESSOURCES EN EAUX
SOUTERRAINES
43
6.4- RELATION POTENTIALITÉS DES SOLS ET HABITAT
45
Chapitre
7.....................................................................................................47
PISTES DE SOLUTION
47
7.1- ENJEUX DE GESTION
47
7.2- MESURES ADÉQUATES
50
7.2.1- Principes
d'arbitrage...........................................................................50
7.2.2-Critères..............................................................................................51
7.3- ZONES POTENTIELLES DE
DEVELOPPEMENT DU
BATI...............................................53
CONCLUSION
55
BIBLIOGRAPHIE
57
ANNEXE
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1. Evolution de la densité de la population de la
commune de Gressier
Tableau 2. Potentialités des sols de la commune de
Gressier
Tableau 3. Proportion des classes de pente de la commune de
Gressier
Tableau 4. Localisation et proportion des sols agricoles
Tableau 5. Atouts, Faiblesses, Opportunités et Menaces
(AFOM) de la commune de Gressier
LISTE DES FIGURES
Figure 1. Localisation de la République d'Haïti
dans les Antilles
Figure 2. Carte tectonique et des principaux massifs de la
République d'Haïti
Figure 3. Classes d'altitude -
Modèle Numérique de Terrain du territoire communal
Figure 4. Localisation de la commune de Gressier par rapport
à Port-au-Prince
Figure 5. Délimitations administratives de la commune
de Gressier
Figure 6. Formations géologiques de la commune de
Gressier
Figure 7. Age des roches de la commune
de Gressier
Figure 8. Lithologie de la commune de Gressier
Figure 9. Productivité des
aquifères
Figure 10. Potentialités
agricoles des sols de Gressier
Figure 11. Occupation du sol de Gressier (2000)
Figure 12. Occupation du sol de Gressier (1982)
Figure 13. Réseau hydrographique de la commune de
Gressier
Figure 14. Espaces boisés de la commune de Gressier
Figure 15. Réseau routier de la commune de Gressier
Figure 16. Localisation de l'habitat et les classes de
pentes
Figure 17. Carte des risques d'érosion et localisation
de l'habitat
Figure 18. Localisation de l'habitat et
vulnérabilité des aquifères
Figure 19. Localisation de l'habitat et potentialités
des sols
Figure 20. Aptitude topographique au
bâti
Figure 21. Carte de vulnérabilité des
aquifères
Figure 22. Aptitude des sols à l'agriculture
Figure 23. Superposition des
contraintes au développement de l'habitat
Figure 24. Zones d'habitat actuelles et zones potentielles de
développement de l'habitat
Figure 25. Localisation des zones d'habitat et des zones
potentielles de développement de l'habitat et les classes d'altitude (ZH
et ZPDH)
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
ACP : Afrique -Caraïbe- Pacifique
AD : Assemblées Départementales
AFOM : Atouts Faiblesses Opportunités Menaces
AM : Assemblées Municipales
ASEC : Assemblées de Sections Communales
ASRDLF : L'Association de Science Régionale De Langue
Française
BDPA : Bureau pour le Développement et la Production
Agricole
BRH : Banque de la République d'Haïti
CASEC : Conseil d'Administration de SEction Communale
CCR : Comités Consultatifs Régionaux
CNRA : Commission Nationale à la Réforme
Administrative
CNSA : Coordination Nationale de la Sécurité
Alimentaire
CNVJ : Commission Nationale Vérité et
Justice
CONADEP : COnseil National de Développement et de
Planification
CONAT : Commission Nationale à l'Aménagement
du Territoire
CORCOPLAN : COmité Régional de COordination et
de PLANification
CORDES : COmité Régional de
Développement Economique et Social
DATPE : Direction de l'Aménagement du Territoire et
de la Protection de l'Environnement
DMA : Defense Mapping Agency
DRS : Directions Régionales Sectorielles
FAO : Food and Agriculture Organization of the United
Nations
GIH : Gouvernement Intérimaire Haïtien
IHSI : Institut Haïtien de Statistique et
d'Informatique
LAQUE : Laboratoire de Qualité de l'Eau et de
l'Environnement
MARNDR : Ministère de l'Agriculture, des Ressources
Naturelles et du Développement Rural
MDE : Ministère De l'Environnement
MENJS : Ministère de l'Education Nationale de la
Jeunesse et des Sports
MNT : Modèle Numérique de Terrain
MSP : Ministère de la Santé Publique
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
SNAT : Schéma National d'Aménagement du
Territoire
SMN : Service de Météorologie Nationale
SMUH : Secrétariat des Missions d'Urbanisme et
d'Habitat
UE : Union Européenne
UNESCO : United Nations Educational, Scientific and Cultural
Organization
UNOPS: United Nations Office for Project Services
USAID : United States Agency for International Development
USD : Unités Spatiales de Développement
USDA : United States Department of Agriculture
UTSIG : Unité de Traitement des Systèmes
d'Informations Géographiques
INTRODUCTION
Haïti, comme beaucoup de pays en voie de
développement, est caractérisé par un fort taux de
population rurale occupée dans l'agriculture1(*). Les habitants du milieu rural
représentent 60% de la population haïtienne (IHSI, 2005). Cependant
l'agriculture est l'un des secteurs les plus négligés par l'Etat
haïtien et depuis les années 50 la productivité agricole n'a
cessé de baisser. En un demi-siècle, Haïti est passé
d'une production agricole presque suffisante pour nourrir la population
à un déficit alimentaire de près de 60% (CNSA, 2005).
Le secteur agricole est en crise. Outre l'environnement
naturel difficile du pays, la croissance démographique, la
désorganisation de l'Etat et le manque d'infrastructures dans le milieu
rural constituent des causes profondes de cette crise.
La population rurale croît à un rythme annuel de
2% environ consacrant une forte pression sur les terres agricoles (500
habitants/km2 de terres agricoles (GIH, 2004). La faiblesse de la
législation haïtienne favorise le morcellement des terres (1,8 ha
en moyenne par exploitant)2(*). Cette exiguïté des exploitations
agricoles est incompatible avec leur viabilité. Il en résulte
l'épuisement, l'érosion des sols joints à l'archaïsme
des instruments aratoires utilisés dans l'agriculture, le faible niveau
de transformation des produits agricoles. Dépourvu de tout, le monde
rural bénéficie peu en terme d'investissements publics et
privés, ce qui explique le pourcentage élevé de gens du
milieu rural vivant en dessous du seuil de pauvreté, soit 77% (GIH,
2004).
Face à cette situation de pauvreté extrême
des campagnes, les ruraux fuient le milieu rural pour s'établir dans les
villes, particulièrement dans la région métropolitaine de
Port-au-Prince3(*) où
vit ¼ de la population haïtienne sur un espace représentant
6,5% du territoire national. Port-au-Prince devient donc un exutoire, absorbant
le « trop plein » démographique des zones
rurales. Le développement de Port-au-Prince s'est poursuivi pendant des
décennies dans un climat de confusion et d'anarchie totale.
L'urbanisation de Port-au-Prince s'est manifestée uniquement dans ses
dimensions démographique (taille de la population) et morphologique
(concentration de la population et de l'habitat) sans ses dimensions
fonctionnelles (administration) et d'équipements (infrastructures).
Cette situation a consacré « une urbanisation sans
urbanisme » (BAPTISTE, 1998).
Dépourvue d'infrastructures adéquates pour sa
population croissante et en absence d'un véritable plan de
développement, la capitale haïtienne s'est transformée en
une ville-marché4(*)
ceinturée de bidonvilles. Déjà en 1986, leur population
représentait 25% de la population des zones urbaines du pays. Le
phénomène s'est amplifié dans les années 1990 et on
estime qu'aujourd'hui plus de 65% de la population de Port-au-Prince vit dans
des bidonvilles5(*). Comme
le souligne BAPTISTE (1998), la bidonvilisation apparaît comme la
consécration de la suprématie du non-contrôlé sur le
contrôlé, du non-planifié sur le planifié, de
l'informel sur le formel.
Depuis plusieurs années, on assiste à un
éclatement spatial de la capitale qui a pour effet de dépeupler
le centre au profit de la périphérie, une
périphérie rurale. Cet éclatement consacre la
périurbanisation de Port-au-Prince.
Si l'on tient compte du fait que le pays n'a pas encore
atteint la phase de transition urbaine6(*), il y a lieu de penser que les mouvements
centripète (population de campagne vers les villes ou exode rural) et
centrifuge (population des centres-villes vers la campagne
périphérique) qu'impliquent le processus d'urbanisation vont
continuer. En effet, au nord de Port-au-Prince, la plaine fertile
dénommée plaine du Cul-de-sac, d'une superficie de 1610
km2, est pratiquement entièrement urbanisée. Pourtant,
cette plaine fait partie d'une zone déclarée non
aedificandi. L'extension de Port-au-Prince, coincée entre le Morne
de l'Hôpital et la mer, ne peut se faire que vers le sud-ouest,
c'est-à-dire vers la côte de Gressier et la plaine de
Léogane : c'est ce qui se produit depuis un certain nombre
d'années sans que les autorités n'interviennent pour freiner
cette dynamique d'urbanisation des plaines agricoles.
Gressier se trouve en effet à environ 24 km au
sud-ouest de Port-au-Prince. Elevée au rang de commune en 1982, elle
présente une partie côtière fertile et une grande partie
montagneuse. La partie côtière fait l'objet d'une forte pression
de la population provenant de Port-au-Prince.
Pour faire face à cette pression une planification des
usages du sol s'impose. Le présent travail entend contribuer à
cette tâche par l'analyse qui en est le préliminaire à
savoir le diagnostic des potentialités et vulnérabilités
du territoire.
L'objectif principal de notre travail est donc de faire
ressortir la vulnérabilité du milieu naturel à Gressier
face à l'urbanisation incontrôlée de sa partie
côtière particulièrement et de proposer des lieux plus
appropriés pour le développement de l'habitat dans le respect du
milieu.
Ce travail commence par une présentation du contexte
géographique d'Haïti.
Pour une compréhension du problème de
primauté (au sens de macrocéphalie) de Port-au-Prince sur les
autres villes du pays, un chapitre de ce travail est consacré à
la situation de l'appareil d'aménagement du territoire en Haïti. Il
est question ensuite de la caractérisation et de l'utilisation de la
zone d'étude et enfin, la définition des enjeux de gestion de
cette zone et des mesures nécessaires pour y parvenir.
Chapitre 1
CONTEXTE GEOGRAPHIQUE
D'HAITI
PRÉSENTATION D'HAÏTI
La République d'Haïti correspond à la
région occidentale de l'Ile d'Haïti, dont la partie orientale est
occupée par la République Dominicaine (figure 1). Elle a une
superficie de 27.750 Km2, soit un peu plus de celle de la
moitié de sa voisine. Elle s'étend approximativement sur 230 Km
du nord au sud et 290 Km de l'est à l'ouest.
Elle est comprise entre 18° et 20° de latitude nord, à
l'exception de l'Ile de la Tortue, qui déborde légèrement
le 20è degré vers le nord et entre les degrés
de longitude ouest : 71,30° et 74,30°. Elle est donc incluse entièrement
dans la zone tropicale. Elle en présente les caractéristiques
climatiques, en particulier l'alternance des saisons sèches et humides
et la température moyenne élevée. Toutefois, l'importance
des reliefs entraîne un adoucissement de la température.
Sauf sur sa frontière orientale, la République
d'Haïti est entourée par la mer. Au nord, elle est baignée
par l'Océan Atlantique, au par la Mer des Caraïbes, à
l'ouest par les eaux des golfes de la Gonâve et des Gonaives,
terminaisons occidentales de la grande fosse de Bartlett, ainsi que par celles
du Passage du Vent et du canal de la Jamaïque qui la séparent,
respectivement, de Cuba et de la Jamaïque.
Figure 1. Localisation de la République dans les
Antilles
Source :
http://www.tlfq.ulaval.ca/axl/amsudant/Antilles-map.htm
1.1- Caractéristiques
physiques
1.1.1- Relief
Le relief d'Haïti est très accidenté. Le
point culminant d'Haïti, le Pic la Selle (dans le massif du même
nom) s'élève à 2.680 m. Les plaines sont moins
développées, elles ne sont guère que des vallées
synclinales, limitées par des failles bordières.
Le territoire de la République d'Haïti, dans son
ensemble, peut être considérée comme une chaîne
complexe, de direction WNW-ESE, au nord de la plaine du Cul-de-sac, et W-E au
sud. Son relief est constitué d'une série d'anticlinaux et de
synclinaux, dont la structure est compliquée par l'existence de
nombreuses failles, le plus souvent parallèles aux lignes structurales
(figure 2).
La lithologie est majoritairement calcaire. Toutes les
chaînes, à l'exception du Massif du Nord, montrent à
l'affleurement une majorité calcaire. Il n'est donc pas étonnant
que les phénomènes karstiques y présentent un
développement remarquable.
Du point de vue géologique, certains des Massifs
d'Haïti ont été subdivisés et les principales
unités structurales sont en allant du sud au nord (BUTTERLIN, 1954):
- Le Massif de la Hotte
- Le Massif de la Selle
- La Plaine du Cul-de-sac
- Les Chaînes des Matheux et du Trou d'Eau
- La Plaine de la Vallée de l'Artibonite
- Les Montagnes Noires
- Le Plateau Central
- Le Massif du Nord
- La Plaine du Nord
- La Presqu'île du Nord-Ouest
La commune de Gressier est située au nord-ouest du
Massif de la Selle.
1.1.2- Géologie
d'Haïti
1.1.2.1- Structure générale
d'Haïti
Le territoire de la République d'Haïti a une
structure jurassienne, qui tient à la fois à ses
caractères tectoniques et aux formations qui la constituent.
Elle comprend une série de chaînes anticlinales
et de vallées synclinales, disposés en arc et limitées, le
plus souvent, par des failles et alternant du nord au sud. Le faillage est
également accentué au sein des différentes unités
tectoniques (BUTTERLIN, 1954).
1.1.2.2- Histoire géologique d'Haïti
Antécrétacé
Les plus anciennes formations haïtiennes qui soient
datées par leur faune appartiennent à l'Aptien ou à
l'Albien.
Woodring, cité par BUTTERLIN (1954), attribue au Trias
ou au Jurassique des roches magmatiques qui forment la plus grande partie du
Massif du nord et affleurent aussi largement dans la presqu'île du
Nord-Ouest et les Montagnes Noires (Labradorites et basaltes anciens,
péridotites, andésites et dacites) ainsi que les roches
métamorphiques qui semblent en dériver. L'existence des
formations semblables, mais dont l'âge est mieux défini, dans
d'autres régions d'Haïti ou des Grandes Antilles et une
détermination plus précise de l'âge des séries qui
les recouvrent, amènent à la conclusion que les labradorites et
les basaltes des régions septentrionales sont du Crétacé
(inférieur et peut-être, en partie, supérieur). On ne peut
donc rien dire de certain au sujet de l'histoire géologique d'Haïti
avant le Crétacé.
Crétacé
A part les formations magmatiques, le Crétacé
comprend les roches basaltiques de la Presqu'île du Sud. Elles
correspondent, à la fois, au Crétacé inférieur et
au Crétacé supérieur.
Les roches intrusives crétacées,
épaisses, se rencontrent surtout dans les Massifs du Nord et de la
Hotte. Elles sont représentées par des argiles schisteuses et des
marnes ou par des calcaires, de couleur souvent foncée, avec des veines
de calcite.
Le Crétacé correspond à une phase
géosynclinale. Il est surtout "volcanogène", mais les formations
sédimentaires sont bien développées dans le
Crétacé supérieur.
Eocène
Les formations magmatiques éocènes sont
représentées par:
- des labradorites et des basaltes, éocènes
moyens, qui affleurent sur la côte méridionale de la
Presqu'île du Nord-Ouest;
- des dolérites intrusives et des basaltes
associés, à augite titanifère, souvent riches en
analcime.
Les formations sédimentaires éocènes
fournissent les affleurements de roches les plus étendus de l'ensemble
des Chaînes haïtiennes, à l'exception du Massif du Nord.
Elles sont représentées essentiellement par des calcaires.
L'Eocène a été marqué par une
transgression marine progressive sur les reliefs édifiés au
Crétacé supérieur et en voie d'érosion.
Oligocène
Il présente seulement des affleurements volcaniques.
Des labradorites et des basaltes sont connus dans la partie dans la partie
occidentale du Massif du Nord et dans la Chaîne des matheux.
L'Oligocène inférieur et surtout
l'Oligocène moyen sont marqués par une transgression marine
importante. A l'Oligocène supérieur, par suite des premiers
mouvements tectoniques, la mer commence à régresser.
Miocène
Les affleurements limités de basaltes, sur les pentes
méridionales de la Chaîne des Matheux, fournissent les seules
roches volcaniques miocènes connues en Haïti.
Les formations sédimentaires, intensément
plissées, sont détritiques, très littorales,
fossilifères, à faciès molasse.
Le Miocène a été marqué par la
continuation et l'accentuation des mouvements tectoniques et de la
régression marine. La mer n'a pu se maintenir qu'en bordure des
Massifs.
Pliocène
Il est surtout représenté par des formations
continentales alluvionnaires, souvent assez difficiles à séparer
de celles du Pléistocène.
Le Pliocène a été marqué par une
émission étendue de la l'Île d'Haïti, entraînant
une érosion intense. La mer n'a continué à occuper que des
régions très déprimées. Les mouvements tectoniques
se sont poursuivis au cours du Pliocène.
Pléistocène et Récent
Le Pléistocène et Récent ont
été des périodes d'érosion. Le relâchement
des forces de compression tectonique a entraîné un faillage
normal, très extensif, qui a donné à la République
d'Haïti ses limites et sa physionomie actuelle et a été
accompagné d'éruptions volcaniques.
1.1.3- Climat
Haïti se situe dans la zone tropicale humide. De
grandes variations régionales, dues à la topographie et à
la direction des vents dominants, sont observées. Ces facteurs sont
responsables des chutes de pluie selon trois groupes :
1) d'avril à juin, l'air chaud et humide est
apporté par les Alizés venant du nord-ouest. Cette saison de
pluie est due aux courants de convection sur les plaines côtières
et les montagnes septentrionales de la pointe occidentale de la
presqu'île du sud. Elle est aussi provoquée par les montagnes de
l'intérieur par effet orographique.
2) du mois d'août à celui de novembre, se
forment des cyclones et des dépressions provoquant des averses sur la
totalité du pays.
3) d'octobre à décembre, le Nordé et les
pluies abondantes du nord et du versant septentrional de la presqu'île du
sud sont apportés par les fronts froids de l'Amérique du nord.
Les précipitations varient entre 400 mm (dans les
régions sous le vent) et plus de 2000 mm (en haute altitude). La
pluviométrie moyenne annuelle est de 1400 mm.
La température moyenne annuelle est de 27°C.
1.2- Caractéristiques
socio-économiques d'Haïti
1.2.1 -Population
1.2.1.1- Répartition spatiale
Selon les résultats du dernier recensement
général de la population et de l'habitat de 2003, Haïti
compte une population de 8.373.750 habitants. Plus d'un tiers de cette
population (37%) habite l'Ouest, département où se trouve la
capitale du pays. Environ 60% de la population du pays vit en milieu rural.
1.2.1.2 - Structure de la population
La population haïtienne présente une structure
jeune. Plus de la moitié de la population a moins de 21 ans. Les
personnes âgées de moins de 15 ans représentent 36,5% de la
population ; celles de 15 à 64 ans, 58,4% ; tandis que la population
âgée de 65 ans et plus, 5,1%.
Plus de la moitié de la population du pays (51,8%) est
constituée de femmes. Par rapport au milieu de résidence,
l'excédent de femmes est beaucoup plus prononcé en milieu urbain
où l'on compte 86 hommes pour 100 femmes alors que le rapport est de 98
hommes pour 100 femmes en milieu rural.
1.2.2- Economie
L'économie haïtienne est principalement
tournée vers l'agriculture. Le secteur agricole représente 25,3%
du PIB en 2004 (BRH, 2004). Près de 50% de la population active vit de
l'agriculture (IHSI, 2005), une agriculture de subsistance dont les maigres
surplus sont commercialisés sur les marchés locaux. La part
vouée à l'exportation est désormais très mince
(café, cacao, produits textiles, huiles essentielles, mangues...) :
ce secteur a enregistré un recul de 5,6% en 2003 (BRH, 2004).
Quant au secteur secondaire, hormis l'artisanat et les petites
unités de transformation des produits agricoles (huiles essentielles,
rhum), ce secteur a subi une contraction en 2004 de 1,47% (BRH, 2004). Sa part
dans le PIB représente 23,5%.
La précarité de la situation socio-politique du
pays a entraîné une baisse de 4,23% au niveau du secteur tertiaire
(BRH, 2004). Ce secteur représente 51,2% du PIB.
En 2004, le PIB a subi une baisse de 3,8% tandis que le taux
de croissance de la population reste constante, soit 2,2%(BRH, 2004).
1.2.3- Education
Le taux d'alphabétisation de la population de 10 ans
et plus est de 61 %. Cet indicateur est plus élevé chez les
hommes que chez les femmes (63,8 % contre 58,03%) et est de loin meilleur en
milieu urbain qu'en milieu rural (80,5 % contre 47,1 %).
Sur l'ensemble de la population âgée de cinq ans
et plus ; 37,4 % n'a aucun niveau ; 35,2 % a atteint le niveau
primaire ; 21,5 % le niveau secondaire et la proportion des personnes
ayant le niveau universitaire n'est que 1,1 % .
1.3- ORGANISATION
ADMINISTRATIVE
La république d'Haïti est divisée en dix
(10) départements, quarante-deux (42) arrondissements, cent trente-cinq
communes (135) et cinq cent soixante-cinq (565) sections communales.
- Département (CNRA, 2002): Du point de vue
géographique, le département est considéré comme la
plus grande division territoriale regroupant les arrondissements et les
communes. Les départements ont des superficies qui varient de 1630
à 4991 km2.
- L'arrondissement englobe un certain nombre de communes. De
superficies varient de 45,7 à 1942 km2, les arrondissements
correspondent souvent à des bassins versants ou des sous-bassins
versants et présentant une certaine unité géographique.
- Communes: les communes sont composées de villes, de
quartiers et de sections communales. Les communes ont des superficies comprises
entre 9 à 645 km2. D'une manière
générale, ce sont des fragments de bassins versants, qui ne
présentent aucune unité géographique.
- Sections communales: Elles représentent la plus
petite division territoriale, constituées d'habitations. Les sections
communales ont des superficies comprises entre 3,5 à 287 km2.
C'est à cet échelon territorial que la population rurale s'est
auto-organisée à défaut de toute présence de
l'Etat. Les sections communales demeurent largement dépourvues de
services publics qui, lorsqu'ils existent, se limitent à
l'éducation de base et aux soins primaires de santé.
Dans les chefs-lieux de département siègent les
délégués départementaux (représentant de
l'exécutif), et les directions départementales des
ministères. Au niveau des arrondissements se retrouvent les
vice-délégués de l'exécutif, et les districts
ministériels. Les communes sont dirigées par les maires
usuellement appelés « magistrats communaux », alors que
chacune des sections communales est dirigée par un Conseil
d'Administration de Section Communale (CASEC).
Le découpage territorial, héritage du
passé colonial, ne tient pas compte, de nos jours, du poids
démographique et du niveau d'activité des entités
territoriales. Ainsi, faute d'une véritable organisation
hiérarchique du territoire, certaines sections communales, par exemple,
débordent largement le cadre communal ; certaines entités
territoriales qui, théoriquement, sont au niveau hiérarchique
inférieur possèdent un poids démographique et
économique supérieur à celles supposées de niveau
hiérarchique supérieur. Les limites géographiques de ces
entités ne sont pas toujours bien définies. Le chapitre suivant
traite des grandes tendances ou les tentatives d'aménagement spatial qui
ont prédominé en Haïti au cours des cinquante
dernières années.
Chapitre 2
L'AMENAGEMENT DU TERRITOIRE
EN HAITI
Les préoccupations explicites d'organiser le
territoire national remonte aux années soixante lorsque certaines
études ont révélé la nécessité d'un
aménagement volontaire du pays afin de combattre le développement
monopolaire de la capitale Port-au-Prince et de réduire les
disparités constatées au niveau des principales villes du pays
(PROPHÈTE, 2002). D'où la création du Conseil National de
Développement et de Planification (CONADEP) en 1963 devenu en 1976 une
direction dotée de responsabilités explicites en matière
d'aménagement du territoire à travers la Direction de
l'Aménagement du Territoire et de la Protection de l'Environnement
(DATPE). Celle-ci a récemment pris la dénomination d'Unité
d'Aménagement du Territoire.
Selon PROPHÈTE (2002), deux grandes périodes ont
marqué l'expérience haïtienne en matière
d'aménagement du territoire : la première, dominée
par l'idée de régionalisation, remonte aux années 70
jusqu'en 1987 ; la seconde caractérisée plutôt par la
décentralisation et la planification de type territorial, part de
l'adoption de la constitution de 1987 et ce jusqu'à nos jours.
2.1- L'AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE AVANT 1987
C'est une période de tâtonnements et de mise
en place en vue d'asseoir les bases du sous-système de planification
spatiale6(*) qui devrait
permettre :
· d'arriver à la décentralisation des
actions de développement par l'implantation, au niveau régional,
grâce à un budget d'investissement régionalisé, des
activités, des infrastructures et des équipements
adéquats;
· d'assurer l'intégration des diverses
régions dans le circuit économique national;
· de créer une armature urbaine fonctionnelle,
afin de pallier les problèmes de déséquilibres
régionaux et de macrocéphalie urbaine de la capitale;
· de disposer, au niveau régional, d'organes de
conception, de décision et d'exécution.
L'étape de tâtonnement coïncidait avec le
démarrage des premières activités de planification
spatiale en 1971. Il convient de mentionner que les dispositions ponctuelles
prises par les pouvoirs publics ont été surtout d'ordre
institutionnel par la création d'une part, de structures
spécialisées dans le domaine de la planification territoriale et,
d'autre part, de structures territoriales d'interventions publiques à
caractère de développement.
L'étape de mise en place de la régionalisation
se caractérisait par la définition de politiques,
d'instrumentalisation, de réglementation et aussi institutionnel. Tout
ceci avait pour objectifs de mettre l'accent sur la répartition
rationnelle de la population sur un territoire convenablement
aménagé à long terme, le développement
intégré et l'aménagement de l'espace haïtien comme
élément essentiel à la réduction du
déséquilibre urbain/rural.
Le point de départ de cette étape se situe vers
l'année 1976 lorsque la Division d'Aménagement du Territoire et
de l'Environnement a été remplacée par la DATPE. Celle-ci
allait véritablement marquer l'Aménagement du Territoire en
Haïti par les nombreuses études et travaux réalisés
qui allaient permettre aux pouvoirs publics de cerner les problèmes
relatifs à l'organisation spatiale en Haïti. Ces études ont
abouti à la mise en place d'un ensemble d'outils qui définissent
la politique nationale de l'aménagement du territoire. Parmi ces outils,
citons le Schéma National d'Aménagement du Territoire (SNAT), le
Plan de Développement de Port-au-Prince, la Loi sur la
régionalisation, la Loi sur l'organisation communale, le
décret-loi sur le lotissement, la stratégie de
développement urbaine, région et stratégie de
développement régional. Tous ces outils, d'une manière ou
d'une autre, reposaient sur la stratégie de régionalisation,
laquelle devait faciliter aussi bien le développement national que
régional. Pour ce faire, l'on préconisait la mise en place de
toute une série d'éléments qui pouvaient être
appréhendés du point de vue technique (structuration
territoriale), d'instrumentalisation (mise en place d'outils ou d'instruments
de planification) et de mécanismes institutionnels
(organisationnels) :
· Technique. La création de circonscriptions
d'actions régionales par le découpage du territoire en 4
régions (Nord, Sud, Ouest, Transversale), la création des
pôles de croissance liés à la décentralisation
industrielle au niveau de ces pôles, l'établissement des zones
prioritaires de développement à l'intérieur des
régions appelées Unités Spatiales de Développement
(USD) et enfin l'organisation et la hiérarchisation de l'armature
urbaine et rurale du pays autour des centres existant ou à créer,
sur la base de la théorie de CHRISTALLER7(*) (PROPHÈTE, 2002).
· Instrumentalisation. En matière d'instruments
l'on retrouvait le budget d'investissement régionalisé, les
schémas d'aménagement, plans et programmes de
développement régionaux.
· Mécanismes institutionnels. La mise en place au
niveau des régions des structures spécifiques, telles que la
COmmission Régionale de COordination et de PLANification (CORCOPLAN),
les Directions Régionales Sectorielles (DRS), les Comités
Consultatifs Régionaux (CCR), le COmité Régional de
Développement Economique et Social (CORDES), la COmmission Nationale
à l'Aménagement du Territoire (CONAT).
En pratique, peu d'éléments de cette
stratégie ont été effectivement mise en place hormis la
création de directions régionales par certains ministères
et le fonctionnement de la CORCOPLAN au niveau des régions. Mais le
budget qui devait être alloué au fonctionnement de ces structures
n'a jamais été débloqué. Ce qui tend à
suggérer que la volonté politique d'opérationnaliser la
régionalisation était quasiment inexistante. Les schémas
d'aménagement et les plans de développement régionaux
n'ont pas été élaborés ; les zones
d'intervention pour la coordination des actions de développement n'ont
jamais été définies ; les organes de conception, de
décision et d'exécution au niveau régional et les USD
n'ont jamais été mis en place. De plus, les lois adoptées
sont restées inappliquées.
Les expériences en aménagement du territoire en
France ont montré que les structures immatérielles sont les plus
résistantes au changement, même quand de grands moyens sont
mobilisés pour les vaincre. Dans un contexte hypercentralisé, la
régionalisation en Haïti ne peut être
concrétisée que si les fondements du système politique
même sont remis en cause.
2.2- L'AMÉNAGEMENT
DU TERRITOIRE APRÈS 1987
Après la chute de la dictature des Duvalier, la
constitution de 1987 est venue avec une nouvelle approche de la planification
et du développement national qui repose essentiellement sur la
décentralisation. Celle-ci est donc vue comme un système capable
de guider les planificateurs dans l'élaboration des politiques et
programmes décentralisés. Autrement dit la
décentralisation doit s'inscrire dans un cadre général de
planification et développement permettant aux instances
décentralisées, qui sont physiquement les plus proches de la
population (principe de subsidiarité), de mieux formuler et appliquer
les plans de développement. C'est dans cette optique que la constitution
a préconisé la décentralisation comme voie du
développement national. Elle a fait de la section communale, de la
commune et du département des collectivités territoriales,
lesquelles deviennent des entités territoriales de planification qui ont
le droit à travers les différentes assemblées des sections
communales (ASEC), municipales (AM) et départementales (AD), de se
prononcer sur l'aménagement et le développement de leur milieu.
En outre, en son article 81, elle confie au conseil départemental
qu'assiste l'assemblée départementale la responsabilité
d'élaborer les plans de développement.
Comme on l'a vu plus haut, la constitution de 1987 fait des
collectivités territoriales les unités de base de la
planification avec compétence d'aménager leur territoire.
Techniquement et structurellement, elles ne sont pas préparées
pour assumer une telle responsabilité. Les collectivités
territoriales ne se sont pas dotées de cadres et d'outils de pour
réaliser une telle tâche. C'est à juste titre que
PROPHÈTE (2002) écrit que les problèmes d'ordonnancement
de l'espace et d'harmonisation des relations de l'homme avec son milieu n'ont
pas encore acquis de valeurs sociales en Haïti.
L'instabilité du personnel élu au sein des
collectivités territoriales a aussi un poids énorme sur
l'inorganisation du territoire haïtien. En effet, chaque cinq ans il se
produit un renouvellement quasi total des élus locaux et donc
très peu de continuité dans les actions entreprises au niveau
local (GIH, 2004). A ceci s'ajoute l'instabilité des employés des
collectivités, du fait que chaque nouveau cartel élu vient avec
sa propre équipe.
En outre, les exigences constitutionnelles en matière
de décentralisation et d'aménagement du territoire n'ont
guère été suivies de mesures législatives et
réglementaires (GIH, 2004). Il en résulte une absence de cadre
cohérent et actualisé d'aménagement du territoire et d'une
politique de décentralisation créant un vide qui justifie le
lancement par des entités internationales de projets pilotes de
développement local utilisant des approches différentes et
supportées par des structures de circonstance8(*).
Le résultat de toutes ces incohérences s'est
traduit au niveau national par des structures hyper centralisées et
improductives ; 70 % des fonctionnaires travaillent à
Port-au-Prince, 90 % des investissements s'y concentrent, 36 % de la population
urbaine du pays vit à Port-au-Prince, 50 % des hôpitaux y
fonctionnent (GIH, 2004). Sous l'effet de cette centralisation à
outrance, Port-au-Prince est devenue une ville-marché ceinturée
de bidonvilles avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur
l'environnement, le cadre de vie et particulièrement sur la
sécurité de la population. La périurbanisation de plus en
plus lointaine de Port-au-Prince vers les zones rurales
périphériques n'est que l'expression de la macrocéphalie
de la capitale construite à l'origine pour 100.000 habitants et qui
accueille aujourd'hui près de 2.000.000 (SAFFACHE, 2002).
Chapitre 3
MÉTHODOLOGIE
GÉNÉRALE
La pression
démographique et le climat socio-politique à Port-au-Prince
favorisent l'urbanisation des communes périphériques. Cette
périurbanisation induit une pression démographique et
immobilière qui a des impacts préjudiciables sur le capital
naturel de ces communes. La canalisation de cette pression passe par la
connaissance et l'évaluation de ce capital naturel en vue de
l'élaboration des outils de planification territoriale.
3.1- DÉFINITION DE QUELQUES CONCEPTS
Avant d'aborder la méthodologie proprement dite, il
nous paraît important de préciser deux concepts qui permettent une
meilleure compréhension de celle-ci. Ces concepts sont : la
planification spatiale et l'aménagement du territoire.
La planification territoriale consiste selon FELTZ (2006)
à réfléchir sur les outils qui permettent d'anticiper les
évolutions territoriales pour les orienter vers des solutions
profitables à la population dans le respect de l'environnement. Pour
WACHTER (2000), la planification territoriale s'apparente à un processus
de régulation des contraintes et opportunités d'une action
d'aménagement.
Un des outils essentiels de
la planification territoriale est la gestion de l'affectation des sols. En
effet, dans le souci d'optimisation des usages du sol, il convient de
déterminer les aptitudes de ce dernier, les confronter aux usages et de
dégager les éventuels problèmes d'affectation pour une
utilisation future optimale du sol. La planification territoriale de
régulation des usages du sol nécessite ainsi la constitution
d'une base informative sur le territoire préalable à cette
planification.
Selon la définition généralement admise
en France, l'aménagement du territoire est « la recherche
dans un cadre géographique donné d'une meilleure
répartition des hommes en fonction des ressources naturelles et de
l'activité économique » (WIKIPEDIA, 2005).
L'aménagement du territoire apparaît ainsi comme une exigence de
justice spatiale et mais aussi comme une exigence économique en
introduisant l'idée d'une spécialisation fonctionnelle des
milieux.
A part l'exigence économique, MONOD et CASTELBAJAC
(1973) reconnaissent à l'aménagement du territoire une exigence
sociale et environnementale en soutenant que celui-ci n'a pas pour but unique
de favoriser le développement économique mais aussi de
réconcilier ce développement avec une certaine qualité de
vie.
La méthode de l'aménagement du territoire suit
un enchaînement de concepts et consiste selon FELTZ (2006)
à :
· effectuer un diagnostic d'état et
d'évolution tendancielle du territoire, de la société et
des activités pour identifier les atouts, les potentialités et
opportunités mais aussi les faiblesses et les menaces auxquelles fait
face le territoire en vue de proposer des mesures de gestion adéquates.
Ces propositions visent à mettre en valeur les potentialités du
territoire, optimiser les usages du sol selon ses aptitudes et ses
vulnérabilités, planifier les besoins territoriaux ;
· mettre en évidence les questions essentielles du
devenir du territoire et de sa population (les problèmes
diagnostiqués) ;
· Proposer des pistes d'intervention pour répondre
aux problèmes et besoins rencontrés.
3.2- DÉMARCHE
L'objectif principal de notre travail est de
caractériser et d'évaluer l'ensemble des composantes biophysiques
du territoire communal de Gressier en vue de préciser et de
cartographier ses potentialités et vulnérabilités à
accueillir l'extension urbaine lointaine de Port-au-Prince.
Les étapes clés de notre démarche
s'articulent comme suit :
- diagnostic territorial
- diagnostic socio-économique
- synthèse du diagnostic de la commune
- définition des enjeux de gestion et les options de
développement de l'espace communal
1- Diagnostic territorial
C'est la base et la première étape de notre
démarche et il a pour but de connaître et d'évaluer le
territoire. L'évaluation territoriale est une démarche
synthétique visant à décrire les attributs, les structures
et les dynamiques d'un territoire (Both et al., 2003). Elle vise notamment
à rendre compte des atouts et des faiblesses d'un territoire. Il
comporte le diagnostic biophysique et celui
d'équipement/infrastructures.
· Diagnostic biophysique
Il consiste en :
a) un inventaire du substrat physique (sol, sous-sol) et de la
végétation comme patrimoine à protéger.
b) une analyse des aptitudes des terres et leurs occupations
actuelles pour faire ressortir leur utilisation optimale
c) l'identification de situations de dégradation du
territoire communal ou d'incompatibilités d'usages pour y proposer des
mesures de remédiation
d) l'identification des potentialités et
vulnérabilités du milieu mais aussi les opportunités et
les menaces. Les potentialités sont à mettre en valeur; les
menaces doivent être anticipées.
· Diagnostic d'équipements/infrastructures et
services publics
Il vise à identifier, localiser :
a) le réseau de voiries
b) le réseau d'adduction d'eau
c) les équipements sanitaires
2- Diagnostic socio-économique
Le diagnostic socio-économique de la population vise
à :
a) comprendre la dynamique démographique pour
prévoir l'évolution de la population sur le territoire et de ses
besoins territoriaux et infrastructurels
b) analyser les conditions économiques de vie de la
population et l'habitat
c) analyser les activités de la population et leurs
besoins spatiaux
3- Synthèse du diagnostic
Elle consiste, dans le cas de Gressier, à mettre en
évidence l'utilisation de l'espace communal. Nous centrerons notre
analyse particulièrement sur les problèmes concernant
l'implantation du bâti par rapport à la topographie, l'aptitude
agronomique des sols et à la localisation des aquifères.
4- Définition des enjeux de gestion et des options de
développement du territoire communal
L'aménagement du territoire, un processus d'aide
à la décision publique, n'est pas un processus
« technocratique ». Notre démarche vise à
préparer un document en vue d'une possible prise en main par les
autorités locales de Gressier de la gestion de son territoire
municipal.
3.3- MATÉRIEL
CARTOGRAPHIQUE
Notre démarche va se réaliser au niveau
cartographique. Les données cartographiques disponibles pour la commune
sont des couches concernant l'érosion, la géologie,
l'hydrogéologie, la potentialité des sols du point de vue
agronomique, la limite communale de Gressier. Ces couches ont été
constituées par l'UTSIG 9(*)(à l'aide du logiciel Arcview 3.2 de ESRI)
à partir de photographies aériennes prises le dans le cadre d'un
projet de couverture aérienne de tout le pays en 2002 (Voir annexe 1).
Nous disposons également de cartes topographiques (4) à
l'échelle 1/50.000 sur la commune de Gressier, d'une carte d'occupation
du sol à l'échelle 1/250.000 datant de 1982 dressée par le
BDPA et d'une photo aérienne prise en 2002 orthorectifiée par
aérotriangulation, de résolution spatiale
(géométrique) de 5 mètres.
Pour le diagnostic biophysique, nous avons utilisé les
couches dont nous disposons. Pour cela, nous avons utilisé le logiciel
Arcview 3.2 de la société ESRI pour visualiser, manipuler et
combiner les couches.
1) Dans le but de caractériser et d'évaluer le
milieu naturel, nous avons utilisé des cartes existant sur le substrat
physique de Gressier. Ce sont :
- les cartes géologiques avec la couche
« géologie » produite par l'UTSIG en mettant
l'emphase sur les formations géologiques d'une part ; et sur les
périodes géologiques, d'autre part.
- la carte hydrogéologique avec la couche
« hydrogéologie », l'objectif est de localiser et
définir les types d'aquifères
- la carte des potentialités agronomiques10(*) des sols à
l'échelle 1/250.000 produite par le BDPA
- La carte d'occupation actuelle des sols à
l'échelle 1/250.000 produite par l'UTSIG
- La carte d'occupation des sols de 1982 à
l'échelle 1/250.000 produite par le BDPA, numérisé puis
vectorisé à l'aide du logiciel arcview 3.2
- La carte du réseau hydrographique à
l'échelle 1/50.000
2) Utilisation de l'espace communal / synthèse du
diagnostic
Il s'agit de mettre en relation un ensemble de facteurs
naturel et anthropique qui permettent de caractériser les risques pesant
sur le milieu. Ces facteurs sont : les classes de pente, le risque
d'érosion, l'hydrogéologie, l'aptitude agronomique des sols. Tous
ces facteurs seront mis en relation avec l'habitat.
a) Production de la carte des pentes
Nous avons dû produire un Modèle Numérique
de Terrain (MNT) (figure 3). Pour ce faire, nous avons numérisé
les cartes topographiques, suivi de leur géoréferencement
à l'aide d'ImageWarp (une extension d'Arcview 3.2) et les
rassembler pour avoir le territoire communal. Nous avons digitalisé les
courbes de niveau (équidistantes de 20 m) auxquelles est
attribuée l'altitude correspondante.
A l'aide du logiciel Ilwis 3.2 développé par ITC
(International Institute for Aerospace Survey and Earth Sciences), nous avons
produit le MNT (en mode Grid) ; les classes de pente sont
dérivées du MNT en utilisant l'extension Spatial Analyst
d'Arcview 3.2 (le script r2vpoly.ave a été utilisé dans la
conversion des classes de pente en mode vectoriel).
b) Habitat
La couche de l'habitat a été
élaborée à partir de la photographie aérienne.
Pour préparer les couches bâti et voiries
(sentiers) en mode vectoriel, nous avons utilisé Arcview 3.2 et le
logiciel Grille 3.2. Celui-ci a permis la réalisation d'un quadrillage
du territoire communal avec des carrés de 1,5 m de coté. Compte
tenu de la densité du bâti en zones de plaine, son identification
était plus aisée qu'au niveau des montagnes où l'habitat
est dispersé. Le bâti, au niveau de la côte, est
représenté par des polygones tandis qu'au niveau des montagnes,
compte tenu de sa faible densité, nous avons opté pour une
représentation par des points.
Les couches de voiries (sentiers) ont été
réalisées de la même façon mais sont
schématisées par des lignes.
Chapitre 4
DIAGNOSTIC TERRITORIAL
4.1- DIAGNOSTIC
BIOPHYSIQUE
4.1.1 - Présentation/
Caractéristiques physiques
La commune de Gressier est située dans la partie
orientale de la presqu'île du sud sur le versant nord du massif de la
Selle. Elle est limitée au nord par le golfe de la Gonâve, au sud
et à l'ouest par la plaine de Léogane, à l'est par le
Massif de la Selle et la commune de Carrefour. Ses coordonnées
géographiques sont localisées entre les méridiens
72°33' à 72°44' ouest et les parallèles 18°26' et
18°34° nord. Gressier est localisé à 24 km au sud-ouest
de Port-au-Prince (figure 4).
D'une superficie de 102,69 km2 (IHSI, 1998), la
commune de Gressier est subdivisée en 3 sections communales :
Morne-à-Chandelles (38,45 km2), Petit Boucan (44,07
km2) et Morne Bateau (23,14 km2). Ces sections communales
sont subdivisées à leur tour en localités ou habitations
(figure 5).
4.1.2- Relief
La commune de Gressier est caractérisée par
une succession de montagnes et de dépressions allant de 0 à 800
mètres. Toutes les sections communales ont une partie
côtière et une partie montagneuse.
4.1.3- Climat
Il n'y a pas de données climatiques locales
disponibles pour la commune de Gressier. D'ailleurs, il n'existe dans cette
zone aucune station pluviométrique. Cependant, pour se faire une
idée de la situation climatique de la zone, on a retenu les
données climatiques de la commune limitrophe, Léogane,
située au sud et à l'ouest de Gressier.
4.1.3.1- Température
La température moyenne annuelle varie sur une
durée de dix ans entre 27,5 et 28,5°C et les moyennes mensuelles
sont présentées dans le tableau suivant :
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
T(°C)
|
25,3
|
25,6
|
26,3
|
27
|
27,4
|
28,3
|
28,7
|
28,3
|
28,5
|
27,8
|
26,8
|
25,4
|
Source : TAHAL (1981)
rapporté par FILS-AIMÉ (2004)
4.1.3.2 - Pluviométrie
Selon TAHAL (1981) cité par FILS-AIMÉ (2004),
la pluviométrie annuelle de la région varie entre 1300 et 1500
mm.
Les données de précipitations moyennes
mensuelles fournies par le Service de Météorologie Nationale
(SMN) et calculées sur une période de 15 ans (1979-1993) sont les
suivantes :
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
P(mm)
|
62,1
|
34,9
|
81,6
|
174,4
|
176,5
|
112,2
|
105,0
|
130,5
|
146,6
|
137,0
|
73,9
|
49,0
|
Source : SMN
4.1.4 - Le substrat
physique
4.1.4.1 - Sous-sol
Géologie
Comme nous avons indiqué plus haut, le relief
d'Haïti est formé d'un ensemble de plaines et de chaînes de
montagnes subdivisées en Massifs. La commune de Gressier fait partie du
Massif de la Selle et est située au nord-ouest de ce Massif. Le sous-sol
de Gressier est constitué de deux formations géologiques
inégalement représentées (figure 6). Il s'agit des
formations sédimentaires et magmatiques.
Formations Magmatiques
Ces formations très peu représentées
datent du Crétacé (figure 7). Elles sont constituées de
basaltes (ou labradorites), de dolérites et de roches basiques
métamorphiques. Ces formations sont localisées dans la bordure
sud de Gressier.
Formations sédimentaires
Eocène non-subdivisé
L'éocène non-subdivisé situé au
sud et sud-est de Gressier- est représenté par des calcaires
massifs (terre rouge), à altération latéritique; des
calcaires crayeux, blancs.
Miocène
Il est constitué de formations très
détritiques, surtout conglomératiques, à galets calcaires;
de sables, de grès et de calcaires tendres; par des alluvions
quaternaires localisées dans la zone centrale de la commune de
Gressier.
Pliocène
Il est surtout représenté par des formations
continentales alluvionnaires, souvent assez difficiles à séparer
de celles du Pléistocène.
Pléistocène et Récent
Cette période est représentée par des
alluvions. Celles-ci sont surtout répandues dans la zone
côtière de Gressier. Ces alluvions comprennent, comme à
l'ordinaire, deux séries, une constituée de formations
cohérentes, pléistocènes, l'autre de dépôts
meubles, récents.
Géotechnique
Du point de vue géotechnique peu d'informations
existent sur la commune de Gressier. La qualité constructive des sols
est donc peu connue. Cependant, les marnes et les sables, datant du
miocène supérieur et du pliocène dans le cas de Gressier,
sont généralement des matériaux meubles en surface et
particulièrement sensibles à l'érosion superficielle et
aux mouvements de masse (figure 8). Ces matériaux non consolidés
sont connus pour leur instabilité notamment due aux
phénomènes de gonflement et de retrait (CHRISTE et al, 2001).
Hydrogéologie
Comme LANDRY (1992) l'a souligné, la
répartition, la quantité et la qualité des eaux
souterraines sont déterminées par les conditions
géologiques. Formés surtout de roches calcaires, les sols de
Gressier présente une infiltration considérable (BUTTERLIN,
1954). Il faut toutefois faire une distinction entre les calcaires crayeux
à silex qui apparaissent à l'éocène et
l'oligocène et les calcaires massifs bréchoides surtout
éocènes. Les premiers sont compacts et ne présentent une
infiltration importante que par les joints de stratification et les diaclases;
les seconds, bréchoides, par suite des frottements intenses qui ont
accompagné les plissements, sont très perméables. Il s'y
développe des fissures qui tendent à s'agrandir
considérablement par la dissolution. Les calcaires crayeux sont
recouverts d'un terre noire ou d'une croûte de "tuf", les deux d'une
perméabilité moyenne. Les aquifères situés sous ces
couches ont une productivité variée (figure 9).
Les calcaires massifs, eux, donnent par altération une
argile latéritique rouge, surtout bien développée sur les
plateaux élevés (BUTTERLIN, 1954). Cette argile est à la
fois très poreuse et très perméable. La porosité,
qui atteint 50%, est plus élevée sur les premières
dizaines de centimètres qu'en profondeur où le sol est plus
compact. Il a un pouvoir de rétention considérable et les mesures
effectuées pas Goldrich et Bergquist cités par BUTTERLIN (1954)
montrent que 98% des pores peuvent retenir l'eau. Mais la
perméabilité, qui décroît, elle aussi, probablement
avec la profondeur, n'empêche pas l'eau d'atteindre les calcaires
sous-jacents.
Dans les plaines côtières de Gressier
constituées d'alluvions récentes, meubles; l'infiltration est
considérable, les aquifères sont plus productifs, et la nappe
phréatique se trouve à une profondeur qui dépend de celle
des niveaux argileux imperméables et n'est généralement
pas très important.
4.1.4.2 - Sol (aptitudes)
La résolution des problèmes d'affectation des
sols requiert plus la connaissance de l'aptitude agronomique du sol pour
optimiser son usage plutôt que sa nature et ses caractéristiques.
Nous allons brièvement présenter les sols de
Gressier du point de vue physique et de façon détaillée
décrire leurs potentialités agronomiques.
La nature et les caractéristiques des sols de Gressier
varient suivant que l'on se trouve en montagnes ou en plaines.
Dans les montagnes et les plateaux, les calcaires massifs
donnent par altération une argile latéritique rouge à la
fois très poreuse et très perméable (BUTTERLIN, 1954).
Beaucoup de ces sols rouges se développant sur du calcaire sont des sols
à sesquioxydes d'alumines et renferment souvent des matières
tuffacées non altérées et sont donc impurs.
L'hypothèse d'une formation des sols rouges, à partir de
débris volcaniques pyroclastiques, en couches continues, ou
dispersées dans la masse calcaire est donc possible (COLMET-DAAGE et
al., 1969 ). Les calcaires crayeux, eux, sont recouverts d'une couche d'une
terre noire ou d'une croûte de "tuf" d'une perméabilité
moyenne.
Les sols de plaines de Gressier appartiennent dans leur
totalité à la catégorie des sols alluviaux. Ils sont
formés de dépôts fluviatiles et de composition
hétérogène allant des matériaux fins aux cailloux
calcaires arrondis. Ce sont en général des sols de couleur
brun-foncé. Leur texture va de limono-sableuse à
argilo-limoneuse. Leur pH légèrement alcalin oscille entre 7,0 et
8,0. Ils bénéficient dans leur majorité un excellent
drainage vertical sauf dans la partie basse à cause du haut niveau de la
nappe (NORRIS, 1983) cité par CÉRAQUI (2000).
L'expansion démographique, la nécessité
de nourrir une population croissante et la compétition économique
conduisent à devoir arbitrer l'affectation des terres agricoles en
fonction de leur potentiel productif. Il est donc souhaitable, au niveau d'une
région d'établir un document définissant les surfaces
d'une potentialité donnée pour une production ou un groupe de
productions (LEGROS, 1996). Ainsi, sur la base de la classification de la
United States Department of Agriculture (USDA, 1973), huit classes de
potentialités des sols ont été définies à
Gressier (Tableau 1). Les critères pris en compte dans la formulation de
cette classification sont multiples, on peut citer en autres : la texture
et la structure du sol à la profondeur qui influence l'environnement des
racines et le mouvement de l'air et de l'eau ; la susceptibilité
à l'érosion influencée par le type de sol, la pente et
l'effet de l'érosion sur l'occupation et la gestion du sol ;
engorgement continu ou périodique d'eau dans le sol causé par une
faible perméabilité et le matériel sous-jacent, niveau
élevé de la nappe, ou inondation ; la profondeur de sol
meuble aux couches limitant la pénétration racinaire ; les
sels toxiques à la croissance des plantes ; les obstacles physiques
tels les roches, de profonds ravins ; le climat (température et
humidité).
On doit toutefois rappeler que l'aptitude culturale d'un sol
est difficile à définir car ce n'est pas seulement un
problème technique (LEGROS, 1996). D'autres contraintes tels les
aléas économiques peuvent surgir. Mais dans le souci de
dégager les problèmes d'affectation du sol, il convient de
confronter ses usages actuels et ses potentialités pour faire des
propositions dans le but d'optimiser son usage. Or, comme le montre les figures
10 et 11, les usages actuels du sol ne correspondent pas à leurs
aptitudes. Des terres qui, selon la classification de l'USDA, ont de faibles
potentialités ou sont de qualité médiocre supportent des
cultures agricoles denses ou moyennement denses.
Tableau 1. Tableau résumant les aptitudes
agronomiques de Gressier
Classes de potentialités des sols
(USDA)
|
Aptitudes (indépendamment du climat)
|
Principaux caractères physiques (sauf
codification supplémentaire)
|
I
Excellentes
|
Grandes cultures mécanisées
Irrigation par gravité possible avec localement
drainage
Productivité élevée
|
Sols alluviaux bien drainés
Topographie plane (pentes 0-2%)
|
II
Très bonnes
|
Cultures mécanisées
Irrigation possible
Bonne productivité
|
Sols bien drainés, glacis ou collines douces (pentes
2-5%)
Sols alluviaux de textures lourdes (tendance vertique) ou
grossière
|
III
Bonnes
|
Petite mécanisation possible
Irrigation par aspersion avec précautions
anti-érosives
Productivité moyenne ou limitation dans le choix des
cultures
|
Sols de collines ou de glacis, de pente 5-8%, de profondeur
moyenne
Sols alluviaux très caillouteux ou hydromorphes en
profondeur
|
IV
Moyennes
|
Difficilement mécanisable
Petite irrigation de montagne localement
Agriculture traditionnelle avec mesures de conservation des
sols
|
Sols généralement peu profonds de collines et
bas mornes, de pente moyenne 8-15%
|
V
Limitées à la riziculture ou
Médiocres
|
Marécages, parcours
Sous réserve d'aménagements hydro-agricoles
importants (drainage, irrigation, protection contre les crues), riziculture et
cultures dessaisonnées à forte productivité
|
Marécages temporaires, sols temporairement hydromorphes
ou inondables, généralement assez argileux, parfois
salés
|
VI
Faibles
|
Petite agriculture de montagne très localement, petite
irrigation
Parcours, boisements
Parcours
Localement riziculture si déssalement des sols
possible
|
Sols de morne de profondeur variable, érodables, pente
moyenne 12-30%
Sols érodés sur matériaux tendres
Sols salins temporairement hydromorphes (nappe) ou
inondable
|
VII
Limitées
|
Cultures arboricoles
Petite agriculture avec conservation des sols
Parcours, boisement
Parcours
Drainage en général impossible
|
Sols de montagnes peu profonds, très érodables,
pente moyenne 30-60%
« Bad-lands » sur marnes
Sols hydromorphes permanents, salés, souvent
inondés
|
VIII
Très limitées
|
Forets, pas d'aptitude agricole à moyen terme
Mangroves, marécages côtiers
Lits grossiers, épandage de rivières
|
Sols de profondeur variable, pente supérieure à
60%, en voie d'érosion accélérée sous culture
(basalte)
Sols hydromorphes salés
Sols squelettiques caillouteux, inondables
|
Source : Carte de potentialités des
sols d'Haïti (BPDA, 1982)
L'occupation agricole du sol n'a pas beaucoup changé au
niveau des montagnes (figures 11 et 12). Celles-ci sont toujours
dominées par des systèmes agroforestiers. Par contre au niveau de
la côte, la mangrove et les cultures spécialisées (cocotier
par exemple) occupent une place moins importante.
4.1.5 - Les eaux de surface
(réseau hydrographique)
Le sous-sol de la commune de Gressier constitué en
majeure partie de calcaires favorise une infiltration considérable de
l'eau. Ce qui donne naissance à de nombreux cours d'eau
intermittents.
Il existe une seule rivière permanente dite
rivière Momance servant de frontière naturelle entre cette
commune et la commune de Léogane au sud (figure 13). Cette
rivière prend sa source dans les régions volcaniques du haut
Massif de la Selle comme c'est le cas de toutes les rivières
permanentes de ce Massif qui représente le château d'eau des
communes environnantes. Le débit moyen annuel mesuré sur vingt
années d'observation (1920-1940) était de 5.88
m3/seconde pour la rivière Momance (en amont, 18°28 N et
72°33 O). Dans l'état actuel de dégradation des sols de
Gressier, une diminution considérable du débit moyen annuel ne
serait pas étonnante si des mesures étaient
réalisées actuellement.
Compte tenu du régime épisodique des autres
cours d'eau, aucune mesure de débit n'a été
effectuée pour ceux-ci.
De nombreuses sources ont ressurgi au niveau des piedmonts et
servent principalement de points d'eau de boisson à la population.
Faut-il souligner que seulement 30 % de la population rurale du pays a
accès à de l'eau potable desservie par le Service National en Eau
Potable (PNUD, 2004 a). En 1998, l'IHSI avait répertorié six
sources au niveau de la commune de Gressier mais ce chiffre est loin de la
réalité. D'après nos enquêtes11(*) la seule section communale de
Morne-à-Chandelles ne compte pas moins d'une vingtaine de sources. La
plupart de ces sources ne sont pas captées mais sont utilisées
telles qu'elles sont offertes par la nature c'est-à-dire aucune analyse
ni traitement de l'eau ne sont réalisés avant la consommation par
la population.
4.1.6 -
Végétation
La végétation est subtropicale
composée surtout d'arbustes (citrus par exemple), d'arbres fruitiers et
forestiers (par exemple manguiers, avocatiers, arbres-véritables,
trompette, bois blanc, chêne, acajou, campêche) localisées
dans les plaines, les fonds frais et les montagnes. La végétation
naturelle composée de feuillis tend à disparaître sous la
pression démographique, seules subsistent quelques poches d'arbres et
d'arbustes (figure 14) qui nécessitent des mesures urgentes de
conservation.
4.2- EQUIPEMENT
INFRASTRUCTUREL ET SERVICES PUBLICS
4.2.1- Infrastructures
Bien que la population ne cesse d'augmenter à
Gressier - par la croissance naturelle et la migration - les installations qui
pourraient soutenir des activités de production ne suivent pas. La
dégradation du milieu immédiat n'est que la conséquence
logique de cette situation.
4.2.1.1- Réseau routier
A part la route nationale numéro 2 qui traverse
Gressier sur la bande côtière, le réseau routier des
sections communales est en terre battue (figure 15). L'état de
carrossabilité de ces routes dépend de la saison de
l'année. Les localités, les hameaux et les habitations
isolées qui constituent les sections communales sont reliés par
des sentiers.
4.2.1.2 - Réseau d'approvisionnement en
énergie, télécommunication et d'adduction d'eau
A part au niveau de la zone côtière, la
population n'est pas approvisionnée ni en électricité ni
en eau potable et le réseau des télécommunications est
quasiment inexistant.
4.2.1.3- Structures d'enseignement
Victime de la forte centralisation de l'appareil
politico-administratif sur la capitale, faute de moyens, Gressier n'est pas
doté d'équipement en matière de formation des jeunes.
L'organe chargé de cette mission - le Ministère de l'Education
Nationale, de la Jeunesse et des Sports (MENJS)- n'est pas
représenté dans la zone. Ce vide institutionnel laisse la place
à une profusion d'écoles privées de toutes sortes. Un
centre universitaire, oeuvre d'une mission évangélique,
fonctionne à Gressier.
Dans un pays où le taux d'analphabétisme est
relativement élevé, soit 40 % de la population âgée
de 10 ans et plus (IHSI, 2005), aucun centre d'alphabétisation n'existe
à Gressier.
4.2.1.4- Structures sanitaires
Parmi les 4 centres de santé que compte Gressier, un
seul dépend du Ministère de la Santé Publique (MSP). Ces
centres sont localisés dans le bourg de Gressier. Les gens des
localités reculées ne sont pas touchés par les services de
ces centres qui ont un personnel très restreint.
Le réseau de collecte et de traitement d'eaux
usées est inexistant dans la commune de Gressier.
Chapitre 5
DIAGNOSTIC
SOCIO-ÉCONOMIQUE
5.1- POPULATION
À travers ses activités, la population influe
considérablement sur le milieu. Avec une densité
démographique de 253 hab. /km2, Gressier fait face
actuellement à une situation d'urbanisation spontanée qui peut
avoir de sérieuses conséquences sur le milieu naturel. Pour bien
comprendre la situation actuelle du milieu et faire ressortir les enjeux de
gestion de celui-ci, il faut analyser les données sur la population, sa
structure, sa répartition et son évolution.
En 1998, les projections faites par l'IHSI pour la population
se situaient à 17.491 habitants
(IHSI, 1998) en se basant sur le taux de croissance naturelle
de la population de la zone. Mais en 2005, la population de Gressier
s'élevait à 25.947 habitants avec 13.254 femmes et 12.693 hommes
(IHSI, 2005).
Comme le tableau suivant le montre, la population de Gressier
a augmenté de près de 50 % de 2000 à 2003. Cette
augmentation est à la base des zones d'extension de la partie
côtière de la commune de Gressier. La densité
démographique ci-dessous donne une idée de la pression
exercée sur le milieu mais ne traduit pas la répartition de la
population qui, ces dernières années se concentrent dans la zone
côtière très accessible et proche de Port-au-Prince.
Tableau 2. Evolution de la densité
démographique de Gressier
Année
|
Population totale (hab.)
|
Densité communale (hab.
/km2)
|
1982
|
17.127
|
167
|
1998
|
17.491
|
170
|
2000
|
17.459
|
170
|
2003
|
25.947
|
253
|
Source : IHSI (1998 et 2005)
De 1982 à 2000, la population n'a augmenté que
très faiblement pour ne pas dire qu'elle restait constante mais
après l'année 2000, le contexte politique du pays a
engendré des troubles sociaux à la capitale qui ont conduit
à un retour vers les régions rurales
périphériques.
Comme l'a si bien expliqué CORNEVIN (1982), la position
de Port-au-Prince coincée entre le Morne de l'Hôpital et la mer ne
permet d'extension que vers le sud-ouest en direction de Gressier et vers le
nord dans la Plaine du Cul-de-Sac. Celle-ci étant de nos jours
entièrement urbanisée, l'extension ne peut donc plus se faire que
vers Gressier face à l'augmentation constante de la population
haïtienne.
5.2- ACTIVITÉS
ÉCONOMIQUES
L'agriculture, l'élevage, la production de charbon
de bois et la pêche, dans une moindre mesure, au niveau de la côte,
sont à la base de l'économie de la zone.
L'agriculture demeure la principale activité de la
population de Gressier ; une agriculture de subsistance, orientée vers
la production de denrées telles le maïs (Zea mays), le
petit-mil (Pennisetum glaucum), le manioc
(Manihot esculenta), la patate (Ipomoea batatas), le pois
congo (Cajanus Cajan). Ces produits servent principalement à
l'autoconsommation. Les excédents résultant de bonnes
récoltes sont vendus dans les marchés environnants. C'est une
agriculture tributaire de la pluie, à faible productivité et dont
l'utilisation des outils rudimentaires est l'un des traits dominants.
Les terres cultivées sont majoritairement en
métayage12(*).
Faute d'accessibilité et surtout de moyens financiers, les fertilisants
chimiques ne sont pas utilisés dans l'agriculture.
A coté de l'agriculture, l'élevage est
pratiqué par les agriculteurs. En règle générale,
les ménages possèdent du bétail qu'ils
élèvent, libres ou à la corde, dans le cadre de
systèmes herbagers et détriticoles. Le cheptel est ainsi
très diversifié (poule, boeuf, cabri, cheval, âne...) et
sert à valoriser les sous-produits agricoles, à garantir les
emprunts chez l'usurier, à satisfaire des besoins monétaires
immédiats et à transporter les excédents des produits
agricoles aux marchés.
La production de charbon de bois est une activité
très développée à Gressier. Rappelons qu'en
Haïti le bois et le charbon de bois représentent 71 % des sources
d'énergie et 96 % des ménages utilisent le charbon de bois pour
la cuisson des aliments (PNUD, 2004 a) et l'activité de production de
charbon de bois est liée à une force de travail de plus de
150.000 emplois et brasse un chiffre d'affaires de plus de 65 millions de
dollars (VICTOR, 2000).
La pêche est artisanale et est essentiellement
pratiquée par les ménages « pauvres » vivant
à proximité de la mer.
Mis à part l'agriculture et l'élevage, le
commerce de détail des produits agro-alimentaires et autres est une
activité qui se développe de plus en plus, l'agriculture ne
pouvant plus satisfaire les besoins d'une population croissante.
Dans le profil des modes de vie en Haïti, la United
States Agency for International Development (USAID, 2005) a classé les
ménages de la région de Gressier en quatre catégories
socio-économiques sur la base de l'accès à la terre
(principal facteur de catégorisation), la propriété de
bétail et la réception de transferts d'argent en provenance de
l'étranger.
Ces catégories sont :
§ Catégorie 1 - Les ménages « les
mieux lotis »
Ceux-ci possèdent au moins 5 carreaux13(*) de terre en partie
cultivée, en pâturage ou boisée. Ils
bénéficient des transferts d'argent de l'étranger. Ce qui
accroît, entre autre, leur capacité d'investissement.
§ Catégorie 2 - Les ménages
« moyens »
Ils comportent les mêmes éléments que la
catégorie décrite précédemment. Cependant, ils
exploitent des superficies inférieures qui proviennent d'accords de
métayage et d'affermage. Leurs terres ont généralement une
moindre valeur et ils disposent d'un plus petit cheptel.
§ Catégorie 3 - Les ménages
« pauvres »
La superficie moyenne des parcelles cultivées par ces
ménages est inférieure à 1 carreau dont une partie
provient d'accords de métayage et d'affermage. Ils possèdent du
petit bétail et ont en gardiennage parfois de gros bétail
appartenant aux ménages plus aisés. Ils ne
bénéficient généralement pas de transferts d'argent
de l'étranger. Pour compenser et balancer les contraintes auxquelles ils
sont confrontés, ils vendent leur force de travail aux ménages
les plus aisés et diversifient leurs activités. C'est la
catégorie la plus importante à Gressier.
§ Catégorie 4 - Les ménages
« très pauvres »
Ces derniers dépendent des dons et du soutien des 3
autres catégories. Ils ne sont pas économiquement productifs. Ils
représentent les groupes les plus vulnérables de la population de
Gressier.
Il convient de noter que la taille des ménages
croît avec le degré de pauvreté, de l'ordre de 4 à 5
pour les « mieux lotis », 6 à7 pour le groupe
« moyen » et 8 à 10 pour les
« pauvres ».
5.3-CARACTERISATION DE
L'HABITAT
L'habitat ne peut être considéré ni
comme une habitation ni comme un logement, mais comme un ensemble
réunissant le logement ou l'habitation et des éléments
complémentaires qui concourent à assurer le
« bien-être » de ses occupants. Ces composantes
complémentaires à l'habitat, quant à leur existence,
varient suivant les pays et parfois même entre les villes à
l'intérieur d'un même pays (SMUH, 1975). Pour éviter toute
incompréhension, on peut citer comme éléments
complémentaires à l'habitat ceux qui ont une fonction sociale
(espace vert, place publique, mobilier urbain, etc.), une fonction
éducative (écoles, maisons de jeunes, etc.), une fonction
sanitaire (centres de santé, etc.), une fonction commerciale (centre
commercial, boutique, marchés, etc.). En fait, l'habitat est le mode
d'organisation et de peuplement par l'homme du milieu où il vit14(*).
5.3.1- Typologie de l'habitat
selon le mode de production
Le mode de production de l'habitat sous-entend
d'après SMUH (1975) l'ensemble de toutes les interventions, qui sont,
d'une façon ou d'une autre, la cause de création, de
modifications, d'évolution d'un habitat. Ce qui signifie qu'il existe
des modèles de développement classiques de l'habitat.
Ainsi, le mode 1 dit « fait et fourni »
(EMMANUEl et al., 2000) dénommé aussi « habitat
planifié » est le mode selon lequel la conception, le
financement et la réalisation des logements sont dus à la
responsabilité d'un seul intervenant ou d'un nombre restreint
d'intervenants, sans décision directe des futurs habitants. Ce mode peut
être schématisé comme suit :
Terre
Infrastructures/services
Population
Logements
Dans le mode 2 dit « sites et services »
ou « habitat administré », la construction des
logements et les éléments complémentaires de l'habitat
sont laissés aux initiatives des particuliers sur des parcelles ayant un
statut légal. Mais un ensemble de règlements sont
édictés par une administration et régissent ces
constructions ; l'administration veille au respect de ces
règlements. Ce mode peut être schématisé
ainsi :
Infrastructures/services
Terre
Administration
Logements
Population
Le mode 3 est dit « bidonville ou
bidonvilisation » ou « habitat des populations à
faible revenu ». Ce mode de production résulte d'une
croissance démographique élevée et de faibles revenus
monétaires par la population. C'est un habitat qui se développe
en général en toute illégalité15(*).
Logements précaires
(Habitat spontané)
Population
Terre/logements planifiés ou administrés
abandonnés
Aucun de ces modes de production ne correspond à
l'habitat à Gressier. En effet, au niveau des plaines, en dépit
du fait que les logements sont « en dur », à
plusieurs niveaux parfois et ayant un caractère esthétique, ils
ne peuvent, malgré un certain confort qu'ils peuvent donner à
leurs occupants, considérés comme faisant partie de l'habitat
administré étant donné l'absence de règlements
d'urbanisme qui pourraient contraindre ou préciser ce qu'on a le droit
de faire, ce qu'on est obligé de faire et ce qui est interdit.
Cet habitat, vu que les acteurs interviennent pour leur
compte, ne peut pas être considéré comme un habitat
planifié. Cet habitat ne peut pas être considéré non
plus comme celui des populations à faible revenu compte tenu des
matériaux utilisés pour sa construction et son esthétique
dans certains cas.
Au niveau des montagnes, l'habitat ne répond non plus
à aucun des modes de production définis préalablement. Ce
sont des habitations rurales traditionnelles quant à leur architecture
et aux matériaux utilisés pour leur construction.
5.3.2- Typologie de l'habitat selon le mode
d'agglomération
A Gressier, il existe deux types d'habitats d'origine
différente :
- L'habitat urbain, formant de petites agglomérations
auxquelles on attribue le nom de « bourg ». Ce type
d'habitat, d'origine plus ou moins récente, se rencontre
particulièrement groupé le long de la principale voie de
communication reliant la capitale et le sud du pays. Les logements sont
presqu'entièrement en dur.
- L'habitat rural
L'habitat rural à Gressier est formé d'habitat
dispersé en hameaux. Ce type d'habitat se rencontre au niveau des
montagnes et est formé majoritairement de torchis qui peuvent être
en clissage (armature de lattes fendues disposées horizontalement entre
les poteaux, cette armature est ensuite recouverte de pisé), en bois, en
maçonnerie ou en bois et maçonnerie. Cette forme d'occupation des
montagnes incultes n'est compréhensible que par une analyse historique
approfondie des causes.
Le type de société qui s'est instauré
dans les régions rurales est tout à fait particulier. Avec
l'indépendance de 1804 disparut la grande propriété, et
avec elle le type d'exploitation agricole de l'époque coloniale.
Après l'indépendance la population rurale se dissémina
dans les montagnes sans jamais parvenir ensuite à se regrouper
véritablement en villages comportant des places ou des rues
identifiables. La topographie et le manque de terres cultivables peuvent sans
doute partiellement expliquer le désordre qui prévaut dans
l'emplacement des habitations (BASTIEN, 1985). Le paysan réduit au
minimum la largeur des sentiers vicinaux afin d'économiser le terrain,
allant même jusqu'à créer un replat sur une pente en y
dressant un talus pour construire sa maison, au lieu d'utiliser pour ce faire
un morceau de terrain plat. Ce type d'aménagement sur des pentes
dénudées ne fait que favoriser l'érosion des sols.
Comme CORNEVIN (1982) l'a souligné, une des constantes
de la démographie haïtienne est la dispersion paysanne qui
correspond au réflexe de l'ancien esclave face au travail forcé,
au recrutement militaire et aux diverses formes de contraintes administratives.
En effet, du temps de l'esclavage, les colons infligeaient toutes les formes de
supplices, même les plus inimaginables, pour «contenir »
les esclaves et les obliger à subir les conditions inhumaines du
système exclavagiste. Selon FOUCHARD (1972), St Domingue16(*) fut un moulin à broyer
les esclaves autant que la canne et le principal tombeau de la Traite.
L'esclavage a conduit à la résistance permanente et multiforme
des esclaves dès les premiers moments de captivité (CNVJ, 1995).
L'une des formes de cette résistance était le marronnage17(*). Le marronnage était
dans un premier temps l'expression du refus des esclaves du système et
s'enfuyaient pour créer une zone en dehors du système, un espace
alternatif aussi réduit, aussi éphémère soit-il
(TOUAM BONA, 2005). Haïti étant constituée de 75 % de
montagnes. Il n'y avait que les montagnes qui offraient cet espace.
Même après l'abolition de l'esclavage en 1793, le
marronnage allait pourtant se poursuivre. En effet, un nouveau système
de servage remplaçait formellement le système exclavagiste et qui
allait être maintenu même après l'indépendance, c'est
le caporalisme agraire. Ceci représente un ensemble de lois et
règlements coercitifs et inhumains adoptés pour maintenir
à tout prix la prospérité dans l'ancienne colonie18(*). La réaction des
cultivateurs ne se fit pas attendre. Toute une catégorie composée
de nouveaux libres se sont réfugiés dans les montagnes rejoignant
d'anciens marrons pour fuir le caporalisme agraire institué dans les
anciennes plantations de plaines, un nouveau système qui leur rappelle
l'esclavage. Cette nouvelle société des montagnes allait
bâtir sa propre réalité pour affronter les défis de
la vie d'un nouvel environnement hostile. Il se développa alors dans les
montagnes un réseau d'habitat dispersé qui conduisit, comme
ANDRÉ (1968) le souligne, à l'isolement du paysan haïtien.
Isolement tel qu'on ne peut lui fournir aucun équipement collectif
valable, aucun service (adduction d'eau, électricité,
écoles, dispensaires, centres de loisirs, etc.). Il résulte une
évolution en vase clos, la survivance des mythes et de valeurs qui
freinent le développement économique. Nous y reviendrons.
5.3.3- Evolution de la
densité de l'habitat
La formation de petites unités bâties le long
des routes à Gressier est un phénomène plus ou moins
récent. Avant l'élévation de Gressier au rang de commune,
on pouvait compter 0 et 1 à 2 implantations19(*) par Km2. Dans les
montagnes par contre le nombre d'implantations variait de 2 à 15 par
Km2.
De nos jours, au niveau de certains endroits des montagnes,
à la place des maisons rurales traditionnelles, des constructions
« en dur » et recouvertes en tôles galvanisées
sont établies. Au niveau de la côte, les constructions sont
quasiment toujours « en dur ». Malgré tout, la
dispersion en hameau au niveau des montagnes persiste encore aujourd'hui
même si la densité est plus élevée. Contrairement
à ce que pense SORRE (1952) qui considère ce type d'habitat comme
une forme transitoire vu dans une perspective historique, l'occupation des
montagnes de Gressier diffère très peu de ce qu'elle était
après l'indépendance en 1804. Cette forme d'occupation est le
résultat d'un ensemble de politiques gouvernementales entre autres le
caporalisme agraire.
5.3.4- Evaluation de l'habitat
Il faut entendre par l'évaluation de l'habitat la
considération d'un ensemble de critères d'appréciation de
l'habitat. Les critères, en général, ne sont pas
universels. Ils dépendent des contextes juridique, administratif,
économique et culturel des pays (SMUH, 1975). A la lumière de
cette considération, on a retenu les critères suivants pour
l'évaluation de l'habitat à Gressier :
- Les critères quantifiables (relatifs aux
coûts)
§ Densités
§ Voiries
§ Réseaux
- Les critères relatifs à la qualité
a) Critères quantifiables
§ Densités : Si la densité moyenne de
la population à Gressier est connue (253 hab. /km2), la
répartition de cette population à travers les plaines et les
montagnes ne l'est pas. Il en est de même pour le cadre bâti.
Cependant celui-ci est plus dense au niveau de la côte qu'au niveau des
montagnes. Une des raisons qui pourrait expliquer l'inexistence de cette
donnée est l'absence de cadastre aussi bien physique que juridique en
Haïti et la non systématisation de délivrance de permis de
construire.
§ Voiries : Le réseau routier de Gressier est
en terre battue. Chaque section communale est reliée à la
côte par une route en terre compactée. Les sections communales et
les localités ne sont reliées entre elles que par des sentiers.
L'état de praticabilité de ces routes et sentiers dépend
de la saison de l'année. Les routes, pour la plupart, sont
inadaptées aux nécessités de circulation d'automobiles, et
ont une faible emprise.
§ Réseaux : A l'exception de la côte
où les réseaux de téléphone et d'installation
électrique fonctionnent et desservent une partie de la population, les
réseaux de distribution d'eau, d'évacuation d'eaux pluviales et
de collecte d'eaux usées n'existent pas. Au niveau des montagnes, aucun
de ces réseaux n'existe. La dispersion de l'habitat ne favorise pas
l'installation de ces réseaux.
b) Critères de qualité : facteurs
climatiques, équipement et sécurité foncière
L'une des fonctions de l'habitat est la protection de
l'homme contre les facteurs climatiques. Cependant, d'une manière
générale les facteurs climatiques, particulièrement
l'ensoleillement ne sont pas pris en compte dans la disposition et
l'orientation générale de l'habitat. Seule compte la
possibilité de se loger et de survivre dans un contexte de forte
pression démographique et de spéculation immobilière
(particulièrement dans la zone côtière). Comme nous l'avons
souligné, l'habitat n'offre pas un niveau suffisant d'équipement
et d'infrastructures.
Si le statut du sol et des constructions au niveau des plaines
est favorable aux habitants après acquisition, il est tout à fait
préjudiciable à la collectivité qui perd ainsi des zones
agricoles de qualité. Ceci est le résultat de l'absence d'un
cadre institutionnel et réglementaire qui définit les
affectations des sols. Le problème de sécurité
foncière, quant à l'habitation, au niveau des montagnes ne se
pose pas eu égard au droit coutumier qui consacre l'indivision des
terres entre les héritiers.
En définitive, le secteur habitat a des impacts
négatifs sur l'environnement, qui découlent des conditions
socio-économiques des habitants, de leur mode de vie et du type
d'aménagement de l'espace occupé. En effet, comme le souligne
EMMANUEL et al. (2000), l'absence d'activités génératrices
de revenus et de production de richesses dans les sections communales et dans
les villes du pays, la centralisation des activités dans la
région métropolitaine de Port-au-Prince, la quasi-inexistence
d'un secteur formel, composé d'acteurs publics et privés, dans la
construction des habitations et la non intégration de l'habitat dans les
politiques de santé publique compromettent davantage le
développement sain de ce secteur dans le pays. Pourtant,
l'amélioration des conditions générales de l'habitat
aurait une influence significative et positive sur la qualité de vie de
la population.
Chapitre 6
SYNTHÈSE DU
DIAGNOSTIC
PROBLEMES D'OCCUPATION DU
TERRITOIRE
Au niveau de ce
chapitre, nous avons mis en relation avec l'habitat un ensemble de facteurs
naturel et anthropique qui permettent de caractériser les risques pesant
sur le milieu. Ces facteurs sont : les classes de pente, le risque
d'érosion, l'hydrogéologie, l'aptitude agronomique des sols.
6.1- RELATION
HABITAT-PENTE
Gressier présente un relief accidenté et des
milieux très pentus. Les pentes supérieures à 25 %
représentent plus de 50 % du territoire communal (Tableau 3).
Tableau 3. Classes de pente et leur
proportion
Classes de pente (%)
|
Proportion (%)
|
0-5
|
18
|
5-15
|
12,5
|
15-25
|
19
|
25-40
|
25
|
> 40
|
25,5
|
L'occupation de l'espace par l'habitat est différente
suivant que l'on se trouve sur la côte ou au niveau des montagnes.
Sur la côte, l'habitat est concentré le long de
la route nationale. L'habitat est implanté majoritairement dans les
zones de pente comprises entre 0 et 5 % mais aussi entre 5 et 15 % (figure 16).
On constate une tendance à l'implantation de l'habitat dans les zones
de mangroves qui, de nos jours sont déboisées. L'occupation
spontanée qui se dessine sur la côte de Gressier est la même
que celle de toutes les zones périphériques de Port-au-Prince,
à savoir la bidonvilisation des zones côtières. En effet,
le processus d'urbanisation de Port-au-Prince s'est poursuivi pendant des
décennies dans un climat de confusion et d'anarchie totale. Une
urbanisation sans urbanisme selon BAPTISTE (1998). Ce processus est
caractérisé par l'absence de l'Etat, abandonné aux
aléas des logiques du marché et l'initiative presqu'exclusive de
l'informel. Les zones dans la périphérie relativement lointaine
de Port-au-Prince n'échappe plus à cette urbanisation sauvage.
La destruction des mangroves et la construction d'habitat dans
ces zones font courir à la population de ces zones et au milieu naturel
d'énormes risques. Haïti fait partie de l'arc insulaire des
Antilles né de la jonction des plaques tectoniques caraïbe et
atlantique. Le pays subit, à cause de cette situation, des menaces
constantes de séismes et de raz-de-marée. D'après Calais
cité par le Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD (2004 b), des conditions géologiques susceptibles de
déclencher un évènement de grandes proportions (7,5 sur
l'échelle de Richter) à cause de l'accumulation d'énergie
due à la longue période de
« silence sismique » existent en Haïti. Si de
tels évènements survenaient les gens habitant les mangroves
seraient les premiers touchés. La destruction des mangroves en plus des
conséquences écologiques (les côtes ne sont plus
protégées des vagues, de l'inondation, des cyclones et sont
polluées) entraîne des conséquences économiques
défavorables. Les frayères sont détruites20(*).
Une autre tendance qui peut être préjudiciable
pour le milieu, si des mesures de protection ne sont pas prises, est
l'implantation d'habitat dans les zones de pente de 15 à 25 %.
Au niveau des montagnes, l'habitat est dispersé. Si
certains noyaux d'habitats sont localisés sur des replats sommitaux (de
pente 0-5 %), d'autres par contre sont situés dans des zones de pente
abrupte. On aurait tendance à considérer ce choix d'habiter des
zones aussi pentues comme irrationnel mais cette situation répond
à une causalité qui le situe et le détermine. En effet,
l'existence des réseaux d'habitat diffus dans les montagnes trouve son
origine dans le système de esclavagiste d'une part et d'autre part de
certaines mesures prises qui ne sont pas toujours favorables à la
population (voir 5.2.2).
6.2- RELATION HABITAT ET
RISQUE D'ÉROSION
Le milieu physique de la commune de Gressier dans
l'ensemble présente un risque d'érosion élevé
(figure 17). Les causes de ce risque sont multiples. Une grande partie du
territoire communal, soit près de 75 % se situe à une altitude
supérieure à 200 mètres et constituée de pentes
supérieures à 25 % où la pluviométrie est plus
élevée et intense. A ces facteurs conjugués s'ajoute un
autre facteur tout aussi important, la lithologie. En effet, comme la figure 8
le montre une bonne partie du territoire est constituée de sables, de
marnes. Ces matériaux sont particulièrement sensibles à
l'érosion superficielle. Mais ces facteurs à eux seuls pourraient
ne pas constituer un problème si le milieu n'était pas
déboisé.
L'habitat est concentré majoritairement au niveau de la
côte dans les zones à risque moyen d'érosion. Cependant
compte tenu de la pression urbanistique, il se développe des noyaux
d'habitations sur les zones à risque élevé
d'érosion, non éloignées de la route nationale. Ces noyaux
sont de moindre ampleur que sur la côte mais leur présence est
tout aussi inquiétante.
L'accessibilité de ces zones bâties à
partir de la voirie et leur proximité avec la côte sont autant de
raisons qui laissent anticiper que l'occupation des ces espaces par un habitat
dense par la population profitant du vide institutionnel existant est
imminente.
Au niveau des montagnes, l'habitat occupe aussi bien les zones
à risque moyen d'érosion que celles à risque
élevé. Les affleurements rocheux qui apparaissent en certains
endroits au niveau de ces zones ne sont que la conséquence logique de ce
mode d'occupation des montagnes. Si au niveau de la côte et dans des
zones proches, l'accessibilité, suite à la pression
démographique, semble faciliter l'occupation des zones à risque
d'érosion élevé, la dispersion aléatoire de
l'habitat dans les montagnes à pente abrupte constitue un
réaction des paysans fuyant le système de plantation après
l'indépendance comme nous l'avions dit.
6.3- RELATION HABITAT ET
RESSOURCES EN EAUX SOUTERRAINES
Il convient ici de traiter de la
vulnérabilité des eaux souterraines face au bâti. La
vulnérabilité des eaux souterraines doit être comprise
comme un défaut de protection ou de défense naturelle des
aquifères contre des menaces de pollution en fonction des conditions
hydrogéologiques locales (DAVOUST, 2006).
Le risque de pollution des aquifères au niveau des
montagnes serait très faible compte tenu de la profondeur de la surface
piézométrique à ce niveau. Mais ce risque sur les eaux
souterraines paraît bien plus effectif au niveau de la côte
où l'habitat y est concentré. En effet, comme la figure 18
l'illustre, le bâti est implanté dans la zone des aquifères
alluviaux à nappe libre et semi-captive.
Rappelons que le niveau supérieur d'un aquifère
à nappe libre n'est pas limité par une couche géologique
imperméable. Ce qui rend une nappe libre naturellement vulnérable
à la pollution et la contamination d'une nappe semi-captive par une
nappe libre peut avoir lieu par drainance de l'une vers l'autre (CASTANY,
1998). Le milieu urbain haïtien étant caractérisé du
point de vue sanitaire par le système des latrines et en absence de
système de collecte, les eaux usées sont déversées
directement dans le milieu ambiant. Le risque de pollution des
aquifères, aussi bien à nappe libre qu'à nappe en partie
captive, est donc bien réel au niveau de la plaine côtière
de Gressier où l'existence d'un puits et d'une latrine dans une
même cour est courante. D'ailleurs on assiste déjà à
une augmentation de substances organiques et inorganiques dans les eaux
souterraines de la plaine de Léogane -prolongement de la plaine
côtière de Gressier- très urbanisée (EMMANUEL et
LINDSKOG, 2000).
En outre, avec le réchauffement climatique, les
prévisions faites sur l'indice de disponibilité de l'eau en
Haïti sont très alarmantes. Selon ces prévisions, les
changements climatiques entraîneraient une augmentation du niveau de la
mer qui provoquerait l'intrusion marine vers les eaux souterraines et donc la
salinisation de nappes côtières. Or, les plaines
côtières fournissent plus de la moitié des ressources en
eau du pays du fait de leur facilité d'accès (UNESCO, 1999). Le
recul de la côte et l'augmentation de la salinisation des eaux
souterraines côtières auraient aussi une incidence importante sur
les établissements humains proches de la frange côtière
(MDE, 2001). D'où l'importance d'une gestion efficiente de l'eau contre
la contamination en mettant l'emphase sur les eaux souterraines à cause
de la fragilité de cette ressource. Notons que la plus grande
réserve en eau souterraine du pays, la Plaine du Cul-de-Sac, au nord de
Port-au-Prince, fait déjà face à ce processus de
salinisation dû au forage et à l'exploitation
incontrôlée des puits suite à une urbanisation
accélérée (EMMANUEL et LINDSKOG, 2000).
La gestion des ressources en eaux de surface et souterraines
du pays incombe au Ministère de l'Agriculture, des Ressources Naturelles
et du Développement Rural (MARNDR) mais celui-ci est incapable de faire
respecter les lois relatives à l'exploitation des eaux souterraines.
Ainsi n'importe qui peut décider en toute illégalité de
creuser son puits et s'approvisionner. Ce fait, qu'il faut reconnaître,
est dû au faible de taux de couverture des besoins en eau de la
population. Un taux qui avoisinait 40 % en 1997 (ADAM, 1998).
On l'a déjà dit l'extension de Port-au-Prince ne
peut plus se faire que vers Gressier et explique l'implantation d'un ensemble
de logements ne respectant aucune norme, et compte tenu de l'absence des
piliers de la planification spatiale21(*) à Gressier, le risque de surexploitation de la
nappe côtière est important. Une exploitation intensive de l'eau
souterraine d'un aquifère côtier affluant à la mer, comme
c'est le cas à Gressier, à des débits supérieurs
à ceux de l'alimentation (une situation très probable en
Haïti compte tenu de la faible couverture boisée du pays)
déprime la surface piézométrique et l'eau salée
pénètre progressivement à l'intérieur de
l'aquifère (CASTANY, 1998). C'est pourquoi l'exploitation des ressources
de ce type d'aquifère doit être planifié avec
précision, ce qui n'est pas le cas à Gressier.
6.4- RELATION
POTENTIALITÉS DES SOLS ET HABITAT
En se basant sur les critères de définition
des potentialités des sols établis par USDA, la commune de
Gressier présente peu de sols aptes à la pratique de
l'agriculture, environ 28 % de l'espace communal si on considère les
sols à potentialités agricoles moyennes (tableau 4). Ces sols
à potentialités agricoles favorables sont localisés en
plaines (figure 19). C'est sur ces rares sols que s'est implanté
l'habitat au niveau de la côte.
Au niveau des montagnes, les sols sont pour la plupart
limités et ne conviennent pas vraiment à la pratique de
l'agriculture sans des mesures de conservation et de bonification. Ce sont des
sols situés, pour la plupart, sur des pentes supérieures à
25 % et qui présentent des risques d'érosion
élevés. En dépit de ces contraintes, ces sols supportent
un réseau d'habitat dispersé où l'agriculture est
pratiquée. Les montagnes de fortes pentes, où se prêtent
mal l'agriculture et la construction sur les flancs non protégés,
le sont alors que les plaines fertiles qui se prêtent au contraire
à des activités agricoles sont plutôt en grande partie
utilisées pour la construction (tableau 4).
Tableau 4. Localisation et proportion des sols de
Gressier
Potentialités des sols
|
Pourcentage
|
Localisation
|
Excellente
|
3
|
Plaines
|
Très bonne
|
5
|
Plaines
|
Bonne
|
9
|
Plaines
|
Moyenne
|
11.5
|
Plaines et Plateaux
|
Faible
|
5.5
|
Collines et Plateaux
|
Médiocre
|
1
|
Plaines (marécages)
|
Limitée
|
57
|
Montagnes
|
Très limitée
|
8
|
Montagnes
|
Face aux difficultés à faire respecter les lois
et en absence d'alternative viable face à la croissance
démographique, l'urbanisation de la côte de Gressier est
aisément compréhensible. Car, à part pour des raisons de
sécurité, nous dit CERDA, cité par ABERASTURI (1979), les
agglomérations sont toujours développées sur des terres
fertiles. Il est « logique » que la population
s'établisse sur ces terres. Par contre, l'implantation de l'habitat dans
les montagnes et la pratique de l'agriculture sur les flancs des montagnes
incultes ne peuvent être expliquées que par des facteurs
historiques.
En effet, la misère et l'esclavage pour citer TURCAN
(1985) ont chassé les paysans haïtiens vers les montagnes,
où ils tirent un revenu insuffisant de la culture des pentes des
collines. Cette occupation des montagnes fait qu'Haïti présente un
environnement physique très dégradé22(*). Jusque dans les années
50, la relation entre le paysan et la terre se maintenait relativement en
équilibre selon SEPTEMBRE (2003) et sans conséquence
négative majeure ou automatiquement visible pour l'un et pour l'autre.
Mais à partir des années 60, deux grandes causes allaient jouer
de manière progressive et intensive. Il y a, d'une part, les cyclones
qui causaient beaucoup de dégâts sur les terres, la couverture
végétale et les moyens matériels d'existence de la
population rurale. Cette dégradation s'accentue, d'autre part, par des
facteurs politico-économiques externes comme l'abattage sytematique du
cheptel porcin et la chute du prix du café sur le marché
international, et aussi par des facteurs locaux comme la pression
démographique, la colonisation des terres impropres à
l'agriculture, l'exploitation abusive et non protégée des sols
très préjudiciable à l'environnement de montagnes.
Face à des terres incultes et un milieu
déboisé, le paysan migre vers les centres urbains,
particulièrement à Port-au-Prince qui, regroupe 25 % de la
population totale du pays. L'insécurité, les tensions sociales,
l'insalubrité de cet environnement le poussent depuis quelques
années à rurbaniser les rares plaines fertiles du pays. Des
montagnes déboisées aux plaines agricoles construites de
façon anarchique, la boucle est bouclée. Quelles solutions
peuvent être alors apportées à ces problèmes ?
Nous allons essayer d'apporter quelques éléments de solution dans
le chapitre suivant.
Chapitre 7
PISTES DE SOLUTION
7.1- ENJEUX DE GESTION
Haïti est arrivé à un carrefour de son
évolution où des choix d'orientation en matière de
développement doivent être faits. De tels choix dépendront
le maintien du pays dans la précarité de la situation
économique actuelle ou l'amélioration durable des conditions de
vie de la population à travers des processus de développement
bien planifiés. Car chaque fois qu'il y a migration de population,
ouverture de nouvelles terres, réorganisation des cultures existantes,
l'organisation ou la réorganisation spatiale doit être
recherchée comme solution aux mutations sociétales (SIRVEN,
1984).
Haïti est constitué de montagnes couvrant les 3/4
de son territoire. Plus de 60 % de ce territoire abrite des montagnes de pente
supérieure à 20 %. Les plaines et les plateaux avec des pentes de
0 à 10 % ne représentent que 29,5 % de la superficie totale du
pays. Le territoire approprié pour l'agriculture ne représente
que 30 % de la superficie du pays (USAID, 2005). L'Etat haïtien ne peut
donc plus se permettre de constater l'urbanisation non-controlée des
rares plaines agricoles dont dispose le pays sans réagir, sous peine
d'importer entièrement les ressources alimentaires nécessaires ou
de connaître des situations de famines de grande ampleur faute de devises
pour pouvoir les importer. Déjà en 2004, pour un pays dit
à vocation agricole, les importations alimentaires et l'aide alimentaire
représentaient respectivement 52 % et 5 % de la consommation alimentaire
(CNSA, 2004).
Face à l'urbanisation anarchique des plaines agricoles,
l'épuisement de certaines nappes côtières, la
dégradation de l'habitat, le pays n'a pas beaucoup de choix pour la
résolution de ces problèmes. Nous pensons que le pays à
tout intérêt à adopter morphologie spatiale qui favorise
la formation de villages au niveau des zones rurales dans une perspective de
développement. LAMBERT, cité par MUGABE (2005) a affirmé,
à propos du regroupement de population, que l'histoire économique
et sociale semble révéler une étroite corrélation
entre le phénomène d'agglomération et de
développement.
A Gressier comme dans toutes les zones rurales du pays, la
terre agricole fait l'objet d'une forte pression face à une population
croissante. Il apparaît urgent à la fois de diminuer cette
pression sur les terres et de faciliter l'augmentation du revenu de la
population rurale par un transfert vers d'autres secteurs économiques,
encore très peu développés en milieu rural. Certains
planificateurs pensent que ces activités peuvent naître dans le
milieu rural grâce aux effets d'agglomération crées par le
regroupement. Selon AYDALOT cité par MUGABE (2005), les effets
d'agglomération sont produits par l'existence d'activités
diverses, principalement à l'heure actuelle par les services rendus aux
particuliers, c'est-à-dire des activités tertiaires. L'apparition
d'industries s'ensuit dont parmi elles, des industries motrices d'effet de
dépendance réelle qui induisent à leur tour d'autres
activités. Prenons un exemple d'un village avec un seuil de population
important où il y a une école. La présence de
l'école nécessite des enseignants. Ceux-ci auront des besoins
(articles de première nécessité), pour cela il faudra une
boutique (service). Celle-ci devra être tenue par une personne qui
dès lors n'aura pas le temps de pratiquer l'agriculture. Ce
commerçant et les enseignants auront besoin des agriculteurs pour la
fourniture des produits agricoles pour la consommation. Les
bénéfices tirés de l'agriculture pourront être
investis dans d'autres secteurs. Le village aura besoin d'un dispensaire. Les
infirmières demanderont des produits manufacturés et d'autres
commerces apparaîtront dans le village. La satisfaction d'une demande
exigera la mise en place des activités économiques qui à
leur tour vont induire d'autres activités par effet d'entraînement
ou d'agglomération. Le regroupement ou l'agglomération de la
population dans une politique développement a un impact certain sur la
diversification économique locale et apparaît comme une solution
viable dans la résolution du problème de la pression
foncière et de l'habitat (MUGABE, 2005).
Avant de proposer quelques éléments à
prendre en compte pour le regroupement de la population à Gressier et
les sites appropriés, considérons quelques difficultés
liées à l'habitat dispersé à Gressier (valable
pour l'ensemble du milieu rural haïtien).
· Difficultés d'accès aux infrastructures
de base
La commune de Gressier comporte très peu
d'écoles primaires ou secondaires. Celles-ci sont de surcroît
dispersées et n'atteignent pas, comme c'est le cas au niveau des
montagnes, le niveau secondaire. Les écoliers, pour accéder
à ce niveau, se rendent au bourg, sur la côte.
La commune de Gressier dispose de trois centres de
santé localisés tous sur la côte. Des cas de
décès en cours de route vers un centre de santé sont
courants.
A part la route nationale numéro 2 qui borde le
territoire communal sur la côte, Gressier ne dispose pas de route
asphaltée; l'interconnexion communale se fait par des sentiers.
Hormis au niveau de la côte, la population de la commune
n'a accès ni à l'électricité, ni au
téléphone, ni à l'eau potable23(*).
· Difficultés de diversification
économique
Comme nous l'avons mentionné plus haut, la dispersion
de l'habitat favorise la prédominance de l'agriculture dans le milieu
rural haïtien. Or, seule la diversification des activités
économiques peut entraîner la création d'emplois non
agricoles dans le milieu rural pour diminuer la pression sur les terres.
· Difficultés d'encadrement des agriculteurs et
d'augmentation de la productivité des sols
Avec une population rurale très dispersée, il
est très difficile d'encadrer techniquement les agriculteurs et agir sur
l'augmentation de la productivité agricole. En effet, à Gressier
la productivité des sols ne cesse de baisser. Faute
d'accessibilité, les engrais minéraux ne sont pas utilisés
dans l'agriculture. Les sols sont épuisés faute d'avoir du temps
de reconstituer naturellement leur fertilité. Les outils utilisés
sont très rudimentaires. Face à un tableau aussi sombre, les
agriculteurs n'ont d'autres choix que d'attaquer le capital naturel du milieu
avec toutes les conséquences que cela implique (érosion,
ensablement des plages des côtes, etc.).
· Difficulté de contrôler les mouvements de
la population
Les planificateurs admettent qu'il est plus facile d'assurer
un meilleur contrôle du mouvement des populations en les regroupant sur
un espace restreint que sur un vaste espace. De plus, la circonscription de la
population sur un espace restreint a pour effet de limiter son impact, ses
velléités prédatrices sur le milieu naturel.
Toutes ces difficultés de résoudre les
problèmes de masse, de trouver une adéquation entre le maintien
d'un niveau de vie de la population et de conserver les ressources naturelles
plaident pour un nouveau mode d'organisation de l'habitat dans le milieu rural
haïtien en général et à Gressier en particulier.
7.2- MESURES
ADÉQUATES
La proposition des lieux de développement du
bâti à Gressier est formulée suivant un ensemble de
principes d'arbitrage et de critères.
7.2.1- Principes
d'arbitrage
Les principes d'arbitrage représentent un ensemble de
propositions qui sont appelées à régir l'affectation des
sols et qui servent de base à leur conversion vers un usage optimal. Ces
principes visent à :
· préserver les meilleurs sols agricoles de
l'envahissement du bâti ;
· protéger la mangrove du bâti ;
· Protéger le couvert boisé ;
· Epargner les fortes pentes de la construction du
bâti ;
· privilégier le développement bâti
dans les zones accessibles ;
· Structurer le bâti en bordure de la route
nationale ;
· orienter le nouveau bâti vers les zones les moins
vulnérables tant du point de vue topographique, hydrogéologique
que géotechnique.
Les actions corollaires de ces principes seraient de
déplacer les gens établis dans la zone de mangrove,
d'empêcher la construction du bâti dans les zones à forte
potentialité agricole pour réserver ainsi les meilleures terres
agricoles à l'agriculture, d'éviter les constructions dans les
zones de forte pente qui devraient être de préférence
couvertes d'arbres.
Concernant l'organisation de l'habitat, la logique de
l'habitat doit prédominer celle du logement. Le regroupement de la
population doit être vu comme un moyen de favoriser le
développement du milieu rural et non comme une fin.
En effet, les expériences en matière de
réinstallation de population ont montré que les programmes de
villagisation qui ont échoué sont ceux pour lesquels
l'insuffisance et la qualité des infrastructures dans les villages
étaient criantes. Gressier, situé à la
périphérie relativement lointaine de Port-au-Prince, dans le
cadre d'une volonté d'établissement d'un modèle de
hiérarchie urbaine du pays, ne pourra pas recevoir un niveau
élevé d'infrastructures et services, mais devra
bénéficier d'un niveau d'équipement infrastructurel et
d'investissement public suffisants qui garantiront le maintien sur place de sa
population.
La création d'emplois non agricole dans les villages
sera déterminante dans la perspective d'une diminution de la pression
sur l'environnement immédiat des villages d'une part et sur
l'environnement plus lointain d'autre part sous peine de retourner à la
situation de dispersion de l'habitat de départ.
Le regroupement de l'habitat à Gressier pourrait
être orienté dans un cadre normatif qui consisterait à
élaborer un plan de régulation foncière définissant
les lieux d'implantation admissibles ou non au bâti ou dans un cadre
incitatif qui consisterait à équiper les lieux adéquats
pour inciter les implantations.
7.2.2- Critères
Les critères pris en compte pour la proposition des
zones de développement du bâti sont la topographie (les pentes),
les potentialités agricoles des sols, les conditions
hydrogéologiques locales, l'accessibilité par les voiries et la
géotechnique.
· Topographie (aptitude topographique au bâti)
On considère généralement comme aptes
à recevoir le bâti les terres dont la pente ne dépasse pas
15 % mais aussi les terres de pente comprise entre 15 et 25 % (figure 20).
Cependant pour ces dernières, des précautions et des mesures de
conservation s'imposent telles des aménagements contre l'érosion,
l'amélioration des boisements ou la reforestation. Les terres de pente
dépassant 25 % sont à considérer comme inaptes à la
construction de logements compte tenu des conditions climatiques existant dans
un pays tropical comme Haïti.
Les terres comprises entre 0 et 15 % situées sur des
sols agricoles fertiles, bien qu'ils soient topographiquement aptes au
bâti, sont à considérer comme nécessitant des
mesures de protection contre le bâti. Le nouveau bâti devrait
être orienté hors de ces terres.
· Hydrogéologie (vulnérabilité des
aquifères face au bâti)
Il convient de considérer pour ce critère tant
la vulnérabilité des aquifères, leur productivité
et leur accessibilité. En effet, les aquifères les plus
productifs sont conjointement ceux qui sont les plus vulnérables (figure
9). La vulnérabilité est liée aux conditions
géologiques locales. Cette vulnérabilité représente
l'un des critères important à prendre en compte dans la
sélection des zones de bâti. Cependant, cette
vulnérabilité est considérée ici par rapport
à la densité du bâti. Les propriétés
physiques et hydrodynamiques du sol qui lui confèrent ou non son pouvoir
épurateur ne sont pas pris en compte ainsi que les
propriétés du sous-sol qui favorisent ou non le transfert
vertical des polluants en profondeur et la nature et la
perméabilité des aquifères qui atténuent ou
favorisent la propagation des polluants (NIJSKENS, 2004).
Les aquifères les plus vulnérables,
c'est-à-dire ceux à nappe libre, nécessitent des mesures
de protection contre la pollution et l'épuisement. Nous pensons qu'il
faudrait freiner la concentration d'habitat à ces endroits de
manière à contenir la densification de population et orienter le
nouveau bâti vers les zones d'aquifères les moins
vulnérables (figure 21). L'objectif n'est pas de d'empêcher
complètement la construction mais d'arrêter son
développement pour limiter son impact sur le milieu, en tout cas
d'éviter les zones les plus vulnérables, de créer
prioritairement la distribution d'eau dans ces zones et de les équiper
d'un système de collecte des eaux usées.
· Potentialités agricoles des terres (aptitude des
sols à l'agriculture)
Nous proposons de réserver pour l'agriculture les
terres les plus aptes, soit celles à potentialités agricoles
excellentes, très bonnes, bonnes et moyennes. Les terres à
potentialités limitées sont à considérer comme
aptes sous réserve de conservation et de bonification et inaptes
à l'agriculture, les terres de potentialités faibles,
médiocres et très limitées (figure 22). Pour nous, les
meilleures terres agricoles devraient être réservées
à l'agriculture et par conséquent l'implantation du nouveau
bâti devrait être freinée et orientée vers les zones
moins aptes.
· Accessibilité
Les zones d'implantation du nouveau bâti doivent
être accessibles. Le choix des zones est proposé en fonction de la
proximité des routes côtières déjà existantes
et des possibilités de construction de routes au niveau des montagnes.
Car, à part les zones côtières qui sont dotées de
routes voiturables (route asphaltée et en terre battue), les montagnes
ne comportent que des sentiers.
· Géotechnique : Ce critère a trait
à la qualité de portance constructive des sols. Une bonne partie
du territoire communal de Gressier est constituée de marnes et de
sables. Mais le potentiel et la pression de gonflement de ces matériaux
ne sont pas connus. On sait que les marnes, ayant des caractéristiques
mécaniques médiocres, donnent naissance à des sols
gonflants qui peuvent engendrer des dégradations des ouvrages suite
à la variation de la teneur en eau (DERRICHE et CHEIKH-LOUNIS, 2004).
Construire sur ce genre de formations consiste à concevoir des ouvrages
qui résistent aux mouvements du sol (ABOUBEKR et MAMOUNE, 2004).
La commune de Gressier faisant déjà l'objet
d'une forte pression urbanistique induite par la périurbanisation de
Port-au-Prince, l'inaptitude à un usage donné selon les
critères considérés n'exclut pas entièrement cet
usage ou n'entraîne pas le déplacement de la population dans les
endroits où les problèmes d'affectation existent. Cependant, dans
l'optique d'une vision prospective de l'aménagement communal, il
conviendrait de définir un ensemble d'outils réglementaires qui
pourrait orienter et freiner un usage ou processus donné
préjudiciable au milieu.
7.3- ZONES D'HABITAT ACTUELLES ET ZONES POTENTIELLES
DE DÉVELOPPEMENT DE L'HABITAT (ZH et ZPDH)
Considérant les critères (figure 23) et les
principes énoncés précédemment en première
analyse, on peut retenir les zones suivantes (figure 24) :
Ø Zone 1 : déjà moyennement
occupée par le bâti, c'est une zone de potentialité moyenne
du point de vue agricole. La partie la plus proche de Port-au-Prince subit une
forte urbanisation. Compte tenu de la vulnérabilité de la nappe
à cet endroit, il serait approprié de favoriser l'implantation du
nouveau bâti plutôt vers les plateaux (sud de cette zone) et
protéger la mangrove dans la partie nord afin de diminuer la
densité de la population dans cette dernière.
Ø Zone 2 : actuellement peu occupée par le
bâti, cette zone a une potentialité agricole à la fois
moyenne et limitée. La nappe au niveau de cette zone n'est pas
vulnérable. La majeure partie de cette zone est comprise entre 0 et 15
%. Cette zone semble appropriée pour recevoir le nouveau bâti.
Cependant cette zone est constituée du point de vue lithologique de
marnes et de sables. Pour réduire les risques d'instabilité sur
ces formations de mauvaise constructibilité, des techniques de
stabilisation devraient être appliquées dans la fondation des
ouvrages.
Ø Zone 3 : C'est la zone des meilleures terres
agricoles, mais c'est aussi au niveau de cette zone que se concentre l'habitat
sur la côte. Cette zone agricole devrait cependant être
protégée du bâti sous peine de consacrer l'urbanisation
entière de cette plaine côtière. A l'ouest de cette zone,
l'aquifère est sensible, il conviendrait de contenir la pression
urbanistique sur cette zone et la diriger vers les zones 2 et 3 à l'aide
d'outils plus ou moins flexible.
Ø Zone 4, 5 et 6 : Ce sont les zones
situées à plus de 500 m d'altitude (figure 25). Ces zones de
plateaux seraient appropriées pour le regroupement de la population des
montagnes. Ce sont des zones à potentiel agricole limité,
à l'exception de la zone 4 qui présente une partie à
potentialité agricole moyenne.
CONCLUSION
Dans notre démarche de construction d'une base
objective de planification territoriale de l'habitat à Gressier, face
à la périurbanisation de Port-au-Prince, nous avons voulu mettre
l'emphase sur les vulnérabilités du milieu naturel de cette
commune. Ces vulnérabilités trouvent leur origine dans les
sensibilités du milieu (topographie, conditions hydrogéologiques
et pédologiques locales etc.) et l'existence de facteurs
démographiques, socio-économiques et institutionnels qui agissent
défavorablement sur le milieu.
Le solde migratoire positif de la commune joint à
l'état de pauvreté de la population, l'absence
d'équipements infrastructurels et la structure topographique
générale de Gressier contribuent à la dégradation
du milieu (érosion, destruction de la mangrove, occupation des sols
agricoles par le bâti etc.).
La constitution d'une base de données
géographiques à partir des cartes disponibles nous a permis
d'objectiver et de spatialiser les contraintes et de faire des propositions de
spatialisation de l'habitat.
La conjonction des vulnérabilités du milieu et
des facteurs cités plus haut plaident pour une nouvelle organisation
spatiale du territoire communal. La villagisation est pour nous la solution la
plus appropriée pour freiner et minimiser l'impact de la population sur
le milieu par la diversification des activités qui peut en
découler.
Cette villagisation doit cependant s'effectuer par le
regroupement de la population dans des zones moins fragiles, où leur
action sera circonscrite et limitée dans l'espace par la mise en place
d'infrastructures qui soutiendront les activités diversifiées de
production qui représentent la meilleure façon de concilier
l'accroissement démographique, une meilleure qualité de vie et la
préservation/reconstitution du capital naturel du milieu.
Notre travail constitue une approche préalable qui
définit les limites des zones appropriées pour le
développement de l'habitat en utilisant les données existantes.
Mais des études sur la conception et les stratégies de mise en
oeuvre d'une nouvelle organisation spatiale devraient être menées.
En dépit de certaines limites de notre étude,
notamment dues à l'échelle petite des cartes de base disponibles,
notre travail permet d'ores et déjà de pointer du doigt un
problème très sérieux auquel fait face Haïti, une
urbanisation incontrôlée des régions rurales
périphériques de Port-au-Prince, et pourra orienter les
interventions nécessaires à la résolution de ce
problème.
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http://fr.wikipedia.org/wiki/Am%c3A9nagement_du_territoire,
consulté le 14 novembre 2005
ANNEXE
Annexe 1 : Métadonnées
Description
|
Type de fichier
|
Date de création/production
|
Source
|
Méthodologie
|
Echelle/résolution
|
Référence spatiale
|
Orthophotoplan
|
Raster
(image)
|
2003
|
Prise de vue aérienne 2002
|
Orthorectification par aérotriangulation.
Prise de point de référence par GPS
différentiel
|
5 m
|
UTM WGS 84
|
Risque d'érosion
|
Vecteur, polygone
|
2000
|
UTSIG
|
Equation de Wischmeier, photo- interprétation, à
partir d'images SPOT de 1998, complétée par des travaux de
vérité de terrain
|
5 m
|
UTM WGS 84
|
Potentialités des sols
|
Vecteur, polygone
|
1982
|
BDPA (Bureau pour le Développement et la Production
Agricole)
|
Emphase mise sur la capacité agrologique des sols
(modèle américain, USDA)
|
1/250.000
|
UTM WGS 84
|
Limite communale
|
Vecteur, polygone
|
1998
|
Délimitation officielle existante
|
UTSIG
Scannée et numérisée entre à partir
de cartes (papier) de délimitation des sections communales
|
1/50.000
|
UTM WGS 84
|
Géologie
|
Vecteur, polygone
|
1998
|
Jacques BUTTERLIN
|
Scannée et numérisée à partir de
cartes (papier)
|
1/250.000
|
|
Hydrogéologie
|
Vecteur, polygone
|
1998
|
Jacques BUTTERLIN
|
Scannée et numérisée à partir de
cartes (papier)
|
1/250.000
|
|
Occupation des sols 1982
|
Vecteur, polygone
|
1982
|
BPDA
|
Scannée et numérisée à partir de
cartes (papier)
|
1/250.000
|
UTM WGS 84
|
Occupation des sols 2000
|
Vecteur, polygone
|
2000
|
UTSIG
|
Photo- interprétation, à partir d'images SPOT de
1998, complétée par des travaux de vérité de
terrain
|
5 m
|
UTM WGS 84
|
MNT
|
Raster
(grid)
|
2006
|
Cartes topographiques (1/50.000
|
Scannérisation de cartes topographiques (1/50.000),
géoréferencement (Image Warp d'arcview 3.2), digitalisation des
courbes de niveau (Arcview 3.2), création du MNT à l'aide d'Ilwis
3.2
|
1/50.000
|
|
Description
|
Type de fichier
|
Date de création/production
|
Source
|
Méthodologie
|
Echelle/résolution
|
Référence spatiale
|
Pentes
|
Vecteur, polygone
|
2006
|
Cartes topographiques (1/50.000)
|
Dérivé du MNT à l'aide de l'extension
Spatial Analyst d'arcview 3.2
|
1/50.000
|
|
Réseau hydrographique
|
Vecteur, ligne
|
2000
|
UTSIG
|
photo- interprétation, à partir d'images SPOT de
1998, complétée par des travaux de vérité de
terrain
|
|
UTM WGS 84
|
Voiries
|
Vecteur, ligne
|
2006
|
Cartes topographiques (1/50.000)
|
Scannérisation, géoréferencement et
digitalisation de cartes topographiques (1/50.000)
|
1/50.000
|
|
Bâti
|
Vecteur, polygone
|
2006
|
Cartes topographiques (1/50.000)
|
Digitalisation à partir de l'orthophotoplan
|
5 m
|
|
* 1 93,3% de la population
rurale active s'occupe de l'agriculture en Haïti (IHSI, 2005).
* 2 Par exemple l'article 674
du code civil haïtien stipule que : «Nul n'est obligé de
demeurer dans l'indivision et le partage peut être toujours
provoqué nonobstant prohibitions et conventions contraires».
* 3 Cette région, en
plus de Port-au-Prince, comprend Pétion-ville, Carrefour, Delmas et
Croix des Bouquets. Cette région a une superficie de 18,04
km2 (BAPTISTE, 1998).
* 4 Le manque
d'opportunités économiques a provoqué un boom dans le
secteur informel. Les acteurs de ce secteur entretiennent de petits commerces
répartis partout dans la capitale.
* 5 Source : Projet
HAI/94/003 - Evaluation de la population de l'aire métropolitaine de
Port-au-Prince (1994), cité par BAPTISTE (1998).
5 Période au cours de laquelle la population
passe d'une majorité rurale à une majorité urbaine
(VÉRON, 2006).
* 6L'Organisation regroupant
à l'échelle nationale toutes les approches de planification en
usage constitue le Système National de Planification. Celui
comporte :
· Le Sous-système National de Planification
Globale;
· Le Sous-système National de Planification
Sectorielle;
· Le Sous-système National de Projets;
· Le Sous-système de Planification Spatiale
(Bernardin, 1999).
* 7 La théorie des
lieux centraux appelée également théorie de CHRISTALLER a
été conçue par W. CHRISTALLER pour expliquer la taille et
le nombre des villes et leur espacement dans un territoire. Elle s'appuie sur
une définition de la ville qui en fait essentiellement un centre de
distribution de biens et de services pour une population dispersée, et
sur des principes d'optimisation (qui tiennent compte des coûts de
transport).
* 8 Projet HAI/94/016 d'appui
institutionnel en aménagement du territoire
Projet HAI/94/003 d'appui prioritaire aux municipalités
haïtiennes
Politique nationale de l'habitat et du logement (BAPTISTE,
1998)
* 9 Unité de Traitement
des Systèmes d'Information Géographique, Organisme responsable
des SIG en Haïti.
* 10 La carte des
potentialités des sols a été dressée à
partir de la synthèse des documents pédologiques et
géologiques existants et d'une
photo-interprétation.
* 11 Monographie agricole de la
commune de Gressier (2005).
* 12 Selon CERAQUI (2000),
le régime foncier de Gressier est caractérisé par le
métayage (53%), la propriété (35%)
et l'affermage (12%). Le métayage appelé aussi
« deux moitiés » est un système de tenure
des terres dans lequel un propriétaire terrien octroie une partie de ses
terres à un paysan moins favorisé pour une période
déterminée. Ce dernier, en retour, fournit les intrants
nécessaires à la mise sous culture des parcelles (semences et
force de travail). Au moment de la récolte, les produits
récoltés sont alors répartis sur la base d'un accord
préalablement convenu entre les parties (USAID, 2005).
* 13 1 carreau = 1,29
ha
* 14 Le Petit Robert de la
langue française (2000).
* 15 Il n'existe cependant
une cloison étanche entre les différents modes de production.
L'habitat administré peut aussi prendre le caractère d'un habitat
planifié. (SMUH, 1975).
* 16 Haïti et la
République Dominicaine formaient alors Saint Domingue.
* 17 Marron, de l'espagnol
cimarron signifiant fourré, brousse et par extension celui qui
vit à l'état sauvage (Cornevin, 1982).
* 18 Par exemple l'article
14 de la constitution de 1801 attachait le cultivateur à l'habitation
pour la continuité des travaux de cultures. A noter également
l'obligation qui a été faite aux cultivateurs de partager les
revenus selon un barème qui attribue le quart des produits de
l'exploitation à la masse de la main-d'oeuvre (MORAL, 1978).
* 19 Une implantation = 5
habitants (Une famille moyenne) (DATPE, 1982).
* 20 Comme dans toutes les
régions côtières d'Haïti, on pratique sur la
côte de Gressier une pêche artisanale. Les pêcheurs n'ont pas
les moyens d'atteindre les eaux profondes et poissonneuses. L'activité
de pêche se réduit donc au plateau continental très
restreint (500 km2) devenu très pauvre en poissons. Le pays
se voit obligé d'importer plus de 60% de ses besoins en produits de mer
(UE/ACP, 2003).
L'altération des plages suite à la destruction
de la mangrove ne favorise pas la valorisation des potentialités
touristiques du pays.
* 21 Selon FELTZ (2006) les
quatre piliers de la planification spatiale sont les outils de conception
(plan, schéma, etc.), les outils de fixation (lois, règlements,
etc.), les permis administratifs (régime des autorisations
d'aménagement) et la police d'aménagement (l'autorité
communale).
* 22 Selon la FAO (1999), la
couverture forestière d'Haïti représente moins 1% du
territoire.
* 23 L'eau de consommation
provient des sources, des cours d'eau ou quelques points d'eau
aménagés. L'eau ne fait
l'objet donc d'aucun traitement.