Conclusion et perspectives de recherche
La présente réflexion avait pour objectif
d'analyser d'abord le contexte et les mécanismes par lesquels la victime
tente de se construire et de consolider son identité à travers un
« nous », comme membre de l`AERG et membre d'une
« famille » au sens de l'AERG. Dans cette perspective nous
avons décelé les motifs et la raison d'être de l'AERG
depuis sa création. Le contexte, les conditions de vie difficiles,
l'angoisse, le besoin de survivre et d'honorer la mémoire des siens,
sont autant des facteurs qui ont motivé la création de cette
structure qui permet aux membres de se reconnaître et de s'entraider. Le
nous ne peut s'affirmer et se construire que par rapport à un
« autre » qui permet au « nous » de se
réaliser.
Ensuite, cette réflexion permet de déceler les
différentes figures de l'autre et de montrer les défis auxquels
se heurte la construction de l'identité de la victime, rescapée
du génocide. Pour y arriver nous sommes partis des valeurs fondamentales
de l'AERG et nous avons fait ressortir les différentes figures de
« l'autre » à partir des discours et des opinions
des rescapés membres de l'AERG.
Enfin, ces deux paramètres ont suffis pour comprendre
le contexte dans lequel le l'AERG tente de réaliser ses objectifs mais
aussi et surtout de saisir les motifs fondamentaux de son engagement dans
l'organisation de la commémoration du génocide à l'UNR au
milieu des ces « autres » qui apporte son soutien au
« nous » d'une part et ces « autres »
indifférents ou qui en concurrence font obstacle à la
réussite de la commémoration du génocide et à sa
mémoire en général. Dans ce contexte, la victime exprime
sans cesse le besoin d'être reconnu en tant que telle mais aussi
sollicite l'appui et le soutien des « autres » membres de
la communauté rwandaise.
L'enjeu est de taille et le défi est encore majeur. En
effet, la participation à la commémoration reste faible ou du
moins passive voire combattue au sein de la communauté universitaire.
Par conséquent, le défi de construire une la mémoire
collective (ou nationale) exige encore un effort soutenu et l'engagement de
tous les niveaux et acteurs de la communauté rwandaise.
Rappelons enfin que cette recherche s'inscrit dans une
perspective de recherche doctorale sur la gestion politique de la
mémoire. Elle ne saurait donc pas être exhaustive à ce
niveau.
Si on en reste à la commémoration du
génocide à l'UNR, plusieurs pistes de recherche sont
envisageables. Une première orientation prendrait en compte tous les
aspects de la commémoration à l'UNR, incluant le sens des mots,
les interactions entre différentes figures et les articulations entre
les différents niveaux du pouvoir dans l'organisation de la
commémoration au Rwanda...
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